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La nouvelle morale.

Il y avait par le passé une constante dans les organisations syndicales et les partis de gauche : le divorce qui existait entre l’idéal des militants doctrinaires et le pragmatisme des cotisants.
Les uns voulaient uns société égalitaire, tandis que les autres ne rêvaient que d’une société moins inégalitaire.
Les grèves « pour le principe » ont vu leurs dernières péripéties s’achever entre 60 et 61 en Belgique, et mai 68 en France.
Pour toujours figurer, les partis et les syndicats oublièrent ensuite les principes. Ils exclurent même les doctrinaires trop turbulents.
La FGTB a donc enterré les principes et ouvert des guichets de défense des salariés. Le débat s’est déplacé des usines aux tribunaux du travail.
Le PS, de son côté, renonçait à la lutte des classes en prétendant amender la société capitaliste en la réformant.
Cela fera près de 50 ans que cette politique a pris corps. Elle aurait pu porter ses fruits, si le capitalisme n’avait pas singulièrement évolué en s’internationalisant.
C’est à cette métamorphose que les forces de gauche « adaptées » ne peuvent donner la réplique. Elles ont été débordées par le renversement des valeurs morales, une « nouvelle » morale en quelque sorte, non pas le fruit de la précédente, mais plutôt son contraire. On a joué avec les mots en faisant de l’esclave antique, l’ouvrier-machine sans que cela passe comme un retour au passé, mais au contraire, comme un progrès considérable. On avait raison du point de vue économique et tort du point de vue de la morale.
Il suffit de baptiser « morale » le progrès économique pour passer à la nouvelle morale ! Ainsi l’exploitation de l’homme par l’homme devenait une juste chaîne hiérarchique dans laquelle chacun est à sa place « selon ses mérites ! ».
Les partis de gauche et les syndicats se sont engagés dans la propagation de cette curieuse morale de telle manière qu’ils ne peuvent plus faire machine arrière. Les partis conservateurs se sont rendus compte à la longue, du piège qui s’était refermé sur la gauche collaborationniste et ont décidé de l’exploiter, en énonçant avec calme et sang-froid les mêmes revendications, offrant des plateaux de télévision pour des « débats constructifs » à des gens que naguère ils n’auraient pas salués, s’appropriant les grands hommes et les valeurs de la gauche. Et pourquoi ne le feraient-ils pas, puisque le public ne se rend pas compte que sous la même étiquette se cachent des objectifs différents, mais tous adaptés à la nouvelle morale ?
Le Mouvement Réformateur a compris la leçon de Sarkozy et est en train de dire la même chose que le Parti socialiste. Si bien que l’électeur de gauche traditionnel est pris d’un doute et qu’il n’est dû qu’au vieux réflexe de classe – celui que les responsables du PS abominent – de maintenir à peu près le Parti socialiste à un niveau honorable. Mais en sera-t-il de même aux prochaines élections ? Et dans le futur ?

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La confusion est extrême. Elle est voulue par la droite. La gauche ne pourrait s’en défendre qu’avec un programme revenant à l’ancienne morale, celle qui se fonde sur la liberté de l’individu et la quête du bonheur pour tous, la justice et l’égalité, le choix enfin de pouvoir être ce que l’on est.
Hélas ! le réformisme a fait des ravages dans les bureaux du PS régionaux et nationaux. Quant on voit sur quoi tente de se différencier de Reynders, un Elio Di Rupo et même une intermédiaire comme Joëlle Milquet, à la limite pourtant de ce qu’ils croient être possible, on se demande quand le petit poucet en bonnet rouge va se faire dévorer par le grand méchant loup qui abandonne aujourd’hui Hume et Locke pour Dworkin et Rawls, en laissant croire qu’il est déguisé en Jaurès.
Voilà où en sont arrivés ceux qui croyaient qu’être de gauche, c’était dans le fond faire une place confortable à tous les travailleurs dans le cadre d’un Patro universel.
Dans un système essentiellement basé sur l’égoïsme et l’accaparement du travail aussitôt converti en biens personnels, c’est ce qui s’appelle un bide..
Bien entendu l’électeur n’est pas encore arrivé à ces conclusions. Il lui reste encore à s’enthousiasmer de la nouvelle morale et à donner une majorité libérale à la Région wallonne et qui sait au Fédéral lors des futures élections.
A moins de quelque désastre retentissant, il faudra encore au PS traverser bien des vicissitudes pour recouvrer une foi qui donnerait aux gens une bonne raison de voter à gauche.

Commentaires

Ca, pour être bien chié, c'est bien chié! Et je le dis pour faire court!

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