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Sarkozy et Maurras.

Faut-il s’étonner qu’en France la droite soit prépondérante, alors que la barre à gauche ne l’a été qu’occasionnellement du Front populaire à nos jours,?
Une des erreurs de Jacques Chirac est de ne pas avoir perçu à temps le mouvement ascendant de la pensée de droite. A défaut de sa personne, même Dominique de Villepin, en contre-feux de la montée de Sarkozy, n’a pu rétablir la situation en faveur de Chirac, sinon d’un chiraquisme de l’UMP dont il aurait assumé la continuité.
La droitisation accélérée de la société française a de multiples causes. Une des principales est la crise de l'identité nationale, dont les signes sont nombreux. Les Français n’ignorent pas que la Loi du premier occupant est un leurre. Ils sont effrayés par l'immigration, en même temps que l'élargissement de l'Europe les abaissent d’un rang à chaque nouvelle adhésion. L’aventure de la Serbie au Kosovo leur sert d’exemple. Le Kosovo est le berceau de la Serbie. C’est là que la nation serbe s’est forgée L’implantation massive de Musulmans a quelque peu modifié la donne. Aujourd’hui majoritaires, les nouveaux habitants veulent leur autonomie.
L’opinion internationale donne tort à la Serbie.
La droite française a retenu la leçon.
Dans le lointain passé, tous les peuples émigrants devenus majoritaires dans les pays « squattés » ont fini par les annexer. La Turquie moderne est un bel exemple d’appropriation des territoires tenus par des naturels affaiblis ou divisés. L’empire d’Orient finit à la prise de Constantinople. L’action fondatrice poursuivit son élan jusqu’à occuper une partie importante de l’Europe, avant de redescendre aux limites actuelles de l’Etat turc, en conservant une partie du Kurdistan contre l’avis des populations, et en ayant passé par le génocide du peuple arménien, toujours contesté par la Turquie de 2007.

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Encore qu’il s’agissait d’un seul grand peuple, déposant la culture grecque pour imposer la sienne. Mais que dire des immigrations patchwork, formant à la longue une majorité, mais disparate et sans culture déterminée ?
La droite française, c’est d’abord l’inquiétude de perdre l’identité française, la culture, le rayonnement d’une langue sans pareille. Qu’elle s’appelle nationalisme, racisme ou xénophobie, qu’importe, elle va à contre courant d’une gauche accueillante et laxiste, qui se rend compte un peu tard, qu’une générosité vraie ne peut s’étendre indéfiniment sans faire courir de risques à ceux qui la prodiguent.
Indépendamment de cette raison forte, la droite française a conservé tous les poncifs des droites du passé : haine du présent assimilée à une décadence, regret d’un âge d’or dont on se demande après coup s’il a jamais vraiment existé, méfiance à l’encontre des organisations du travail et rejet d’une sécurité sociale jugée excessive, apologie des sociétés élitaires, regret du chef et d’une discipline, etc.
Nicolas Sarkozy, maurrassien pragmatique, a compris l’évolution du concept politique français. Chirac n'a pas eu cette clairvoyance, par effet générationnel sans doute.
C’est donc à un triomphe de l’UMP auquel l’Europe va assister, avec l’effondrement du « Modem » Mouvement des modérés de Bayrou à peine lancé, l’effritement du PS sujet à une crise interne qui va devenir publique après les élections et poursuite de la descente dans les caves de l’oubli du PC et des différents mouvements d’extrême gauche au seul profit de la LCR d’Olivier Besancenot qui se maintiendra avec peut-être une légère progression de l’ordre de 1 ou 2 %.
Sans doute effrayé d’une majorité absolue, Sarkozy a négocié et réussi l’entrée dans son gouvernement de figures emblématiques du centre et de la gauche modérée. Offrez une place en vue à n’importe quel adversaire, aussitôt vous en ferez un renégat, qui vous devra tout et que vous pourrez manœuvrer à l’aise. C’est bien connu.
Le maurrassisme de Sarkozy a pour ambition d'assurer la cohésion de la France et sa grandeur en appliquant une médecine réaliste et purgative à l’américaine.
Comme Maurras, Sarkozy est persuadé que la société française est minée par la décadence, et la corruption, à quoi il faut ajouter le risque savamment agité dans la population de la perte de l’identité française par l’immigration illégale.
Les influences philosophiques de Charles Maurras vont de Platon à Aristote, Dante, Thomas d'Aquin, Joseph de Maistre, etc. Ses influences historiques vont de Sainte-Beuve à Fustel de Coulanges en passant par Taine et Ernest Renan. Sarkozy, avocat, est un lettré qui a un parcours intellectuel et des goûts proches de Maurras, comme en atteste la confrontation qu’il eut il y a quelques mois avec le philosophe Michel Onfray.
Pour Maurras, le coupable est l'esprit révolutionnaire et romantique, véhiculé par les forces antifrançaises que furent selon lui à cette époque les quatre « États confédérés », à savoir : les juifs, les protestants, les francs-maçons, et les étrangers (que Maurras appelait "métèques").
Le pays a évolué et les anciennes haines se sont tues dans les affres de l’holocauste, restent les étrangers. C’est encore le sujet dans la France profonde loin des endroits touristiques, des hôtels et des bords de mer. Il est très difficile, sans aucun revenu et avec sa seule force de travail, de s’implanter dans les villes et villages français de la ruralité.
En 1914 comme en 1940, Maurras resta fidèle à son principe du compromis nationaliste, c'est-à-dire de l'union nationale en cas de crise, et à sa hantise profonde de la guerre civile en soutenant Clemenceau puis Pétain.
En s’empressant de rappeler l’amitié de la France à l’Amérique, Sarkozy n’a-t-il pas, d’une certaine manière, montré l’allégeance du pays au capitalisme et son absolue nécessité de l’imposer comme loi générale jusque dans les banlieues où elle est prise à partie et contredite ? N’est-ce pas vouloir une forme de nationalisme autoritaire avec l’exemple d’une Amérique assimilant la liberté au libéralisme, dans une confusion des genres qui arrange la droite et condamne la gauche à la résistance ?
Cette ligne de conduite n’est-elle pas purement maurrassienne ?

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