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« Pour une tour de Babel sociale » (suite).

Evidemment le problème linguistique en Belgique, s’il ne consistait qu’à produire quelques formulaires saupoudrés de quelques gestes de bonnes volonté, ne serait pas dans l’impasse actuelle.
Des facilités dans tout le royaume concourraient à détendre l’atmosphère. Et puis cela mettrait les rieurs du côté de la Région qui ouvrirait la première ses portes à la tolérance.
Le nœud gordien est bien dans les communes périphériques de la capitale où la langue principale pratiquée n’est pas celle de la Région..
Inutile d’épiloguer sur la stupidité de cette frontière imaginaire. Elle n’a pas fini pour autant de distiller ses nuisances depuis qu’une rare incompétence en a déterminé le tracé.
Elle est là, il faut faire avec.
Il s’agit de protéger des minorités d’un genre particulier, puisqu’elles sont localement majoritaires !
Ce ne sont pas des émigrés économiques venus d’ailleurs qui à force deviennent une majorité, comme au Kosovo ; mais, des Belges dont c’est le droit d’habiter là où ils veulent, et de parler la langue de leurs parents.
La situation est tout à fait inédite. Sinon à se référer à celle du Ruanda entre Tutsis et Hutus, où des illuminés poussèrent les Hutus au génocide, alors qu’ils cohabitaient depuis toujours dans les villes et les villages avec les Tutsis.
Dix ménages francophones qui s’installeraient à Hasselt ne feraient nul esclandre. Les familles s’éparpilleraient et pour être assimilées apprendraient la langue. Qu’elles ne perdent pas le contact entre elles au point de constituer une association francophone ne ferait pas en soi une révolution culturelle.
Il n’y a pas une seule Commune à proximité de la frontière linguistique qui soit unilingue. C’est aussi valable en région wallonne. Une simple promenade dans la Basse-Meuse renseigne tout de suite sur l’imbrication des deux langues. Une famille sur trois y est mixte ou compte l’un ou plusieurs grands-parents issus du Limbourg flamand, sinon hollandais.
Quand on voit les mouvements de la population du Brabant, on s’aperçoit que la vitalité bruxelloise où le bilinguisme est d’application n’a d’autre exutoire que les communes flamandes de proximité.
L’Europe a plusieurs fois mis le doigt sur le phénomène bruxellois en parlant d’anomalie administrative, voire de ségrégation où le flamand est de stricte application à peine aux faubourgs de la ville.
Cet imbroglio ne peut se décliner dans une seule langue, mais dans les deux.
Le bilinguisme administratif complet devraient être d’application dans tout le Brabant, qu’il soit flamand ou wallon et même ailleurs en région wallonne ou flamande, quand il y a problème. Ce que ne semble vouloir à aucun prix le gouvernement régional flamand, en cela appuyé par le gouvernement fédéral dont le premier ministre est toujours flamand. Des pressions au nom de la Belgique et sans qu’il ait été demandé aux francophones leur avis, ont été exercées sur la Commissaire européenne qui avait soulevé des objections à cet unilinguisme contraire aux droits de l’Homme.
Les arguments flamands, qui eux revendiquent la priorité au droit du sol, rappellent fâcheusement un nationalisme de triste mémoire dont l’épilogue fut Nuremberg.
Les négociateurs francophones, sous peine d’être en quasi illégalité avec l’Europe, ne peuvent pas faire droit aux revendications flamandes.
S’ils le font - Didier Reynders semble adhérer à cette option - c’est l’ensemble de la classe politique francophone qui en paiera les conséquences.
Dans l’immédiat, certes, on louera la sagesse des négociateurs qui auront préféré la tranquillité du jour au prix d’un reniement du droit ; mais, dans l’avenir, le concert de protestations ne pourra que s’amplifier, rappelant l’histoire des Fourons, reproduite à l’échelle de la capitale, de l’Europe et du monde.
Il n’est pas vrai que la poursuite de l’Etat belge est à ce prix.

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Liège est la dernière grande ville française de cœur et d’esprit. Après, commence le monde germanique heureusement pacifié et ami.
Si une folie furieuse enflammait les extrémistes flamingants au point de menacer les francophones jusqu’à la pointe extrême de la francophonie des bords de Meuse, nul doute que la France se souviendrait du Département de l’Ourthe et des attaches plus anciennes que celles nouées en 1830 par nos ancêtres qui firent la Belgique.
Est-ce bien cet ultime épisode de la farce linguistique que veulent les Flamands ?

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