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Patrizia et le lit de Poutine

Bienheureux Italiens ! Grâce à leur premier ministre Berlusconi, ils ont au moins dix ans d’étude d’avance sur nous de la démocratie façon capitaliste.
Certes, nous n’avons pas des artistes de la trempe du Commandatore et notre schmilblick avance à pas feutrés. Il y a parfois un flash : une vidéo de papa Daerden, une note de la coiffeuse d’Anne-marie, une diatribe de l’ex-commissaire Michel d’une rare sottise, des bruits de couloir carolo ; c’est surtout du côté des pointus flamands, leur nationalisme, le mépris des minorités que des trous béants se voient depuis la terre des objets volants de la démocratie made in Belgium.
Mais rien de comparable à la réincarnation d’un Laurent le Magnifique, n’est, de près ou de loin, visible de la Tour japonaise ou de la Grand place de Bruxelles.
Qui mieux que Sylvio nous mettrait au fait d’un système arrivé au bout du rouleau, quasiment déshabillé de toute morale par le profit ? Quel autre exemple plus didactique que celui-là pour nous ouvrir les yeux ?
N’est-ce pas assez téméraire et pour lors assez injuste, me direz-vous, de prétendre assimiler une caricature de démocrate avec le sérieux des nôtres, d’autant que les petites faiblesses que vous dénoncez chez nous, sont également dénoncées avec plus de vigueur encore, par les pairs de nos indélicats ?
J’ai eu tort d’employer un raccourci de cette hardiesse.
C’est presque aussi insolent que le commercial qui paierait les ouvriers qui ont menacé de faire sauter leur usine à l’aide de bonbonnes de butane, d’utiliser la marque « Beau-gaz » !
Certains ne comprendraient pas, d’autant que s’il n’était pas en charge d’une grande Nation européenne, la plus ancienne de toutes avec la grecque, le cavaliere serait dans son droit de fréquenter qui bon lui semble, même « La prostituta de lujo Patrizia D’Addario » comme disent les journaux qui n’ont pas encore été vendus à l’homme d’affaire président du conseil italien.
Sylvio aux putes relève même d’un cran cette profession difficile dans laquelle on est le plus souvent mal payée pour prendre des risques.
De ce point de vue la transgression serait sympathique et plutôt libératoire d’une conduite de faux derches qui est souvent la nôtre.
Mais voilà, l’homme a des responsabilités, les plus hautes qui soient, pour une collectivité de millions de personnes.
Ce n’est pas en Belgique que nous aurions mis en selle un « cavaliere » de cette sorte.
On ne voit pas Van Rompuy danser au bord d’une piscine fluorescente à deux heures du matin, une coupe de don Pérignon dans une main et de l’autre étreignant le sein généreux d’une partenaire occasionnelle à mille euros la nuit, la dame s’apprêtant à rejoindre le lit à baldaquin offert par Poutine à son client, en travailleuse probe, afin de simuler quelques orgasmes assortis de quelques cris.

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Il y a chez nous la retenue des petites gens habitant un petit pays. La peur de se faire prendre et la honte d’être condamné par l’opinion publique, ne pousse pas l’homme politique à des performances, quoique l’opinion publique italienne serait plutôt admirative.
Et puis, vous auriez mille fois raison, tout n’est pas pourri dans le royaume, même si l’édifice menace ruine, même si parmi les grands malades qui nous gouvernent, certains discours démontrent que d’aucuns n’ont plus toutes leurs facultés, même si le pouvoir ne montait pas à la tête et que l’argent n’a pas d’odeur..
Un texte ancien pêché dans un livre (Epilogues) du formidable écrivain que fut Rémy de Gourmont, me pousse à m’interroger sur le bien fondé de ce que j’avance, à savoir qu’il est hasardeux de comparer Sylvio Berlusconi à l’un quelconque de nos hommes politiques.
Et si je me trompais ? Et s’ils étaient tous plus ou moins de mèche ?
« De même que le premier souci de l’assassin est de s’aller distraire dans une maison close, le premier souci du concussionnaire est de crier : Devoir et Patrie ! L’un et l’autre semblent affirmer ainsi des préoccupations très différentes de celles qui les étreignent : - Voyez, je ne pense qu’au plaisir ; - Voyez, je ne pense qu’à la vertu. Et c’est vrai sans doute, car seuls les coquins pensent à la vertu ; les honnêtes gens la pratiquent sans y penser, et surtout sans en parler. Il n’est pas naturel qu’un homme considérable comme Monsieur …. Se réveille avec l’idée de rédiger un petit manuel de la probité, et dans ce manuel tout un chapitre dévolu à morigéner les petits garçons qui, en revenant de l’école, maraudent sous les pommiers ou dans les vignes. Non, ce n’est pas naturel, surtout lorsqu’on a sur ces sujets « devoir et patrie », rien à dire qui ne soit banal ».

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