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Les grands hommes meurent trop tard !

C’est un truisme : les grands hommes meurent trop tard !
Que de carrières « éblouissantes » auraient pu commencer plus tôt sans cette longévité induite par la renommée glorieuse. Le « Petit dictionnaire des Belges » (Le Cri RTBF) en aurait fait ses délices, peut-être dans un deuxième tome ?
Hélas ! nos grands hommes ne savent pas partir avant qu’ils ne déçoivent ! Certains prennent le parti de décevoir tout de suite, afin de marquer leur intention de rester.
A l’annonce du cancer de Herman De Croo, par l’intéressé lui-même, que de joies secrètes parmi les libéraux flamands a-t-il soulevées par son imprudente déclaration, surtout ceux qui croyaient son fils Alexandre attaché à faire fortune dans le commerce. Ils ignoraient comme les charges issues des élections sont transmissibles ! Leurs attraits sont supérieurs aux charmes du négoce !
Si encore le père, en rémission, avait eu la délicatesse d’en laisser un peu pour les autres et n’avait fait le mort que pour mettre en selle Alexandre, avant de réapparaître si opportunément qu’on se demande si tout cela n’était pas plié à l’avance ?
Ne vaut-il pas mieux d’être deux sur une bonne affaire, que tout seul sur une mauvaise ?... a pensé Herman devant les caméras, au sortir d’un match de foot.
Idem des renoncements déclarés de la présidente du CDH, Joëlle Milquet.
Ce n’est pas très commercial de dire qu’on remet ses affaires. Ainsi le prix ne peut qu’en être rabaissé !
Certes, elle avait choisi le successeur, l’élu idéal, pour en tirer – sans doute - de la reconnaissance, et mettre l’emploi hors d’atteinte des fâcheux qui s’imaginent avoir du mérite tels qu’ils sont, tant ils tiennent pour rien ceux du cœur !
Il y a au CDH trop de naïfs qui se font prendre à chaque coup dans les pièges à renard. Ils pensent que croire en Dieu, au roi, à la Belgique joyeuse et à la présidente est un bagage suffisant pour postuler. C’est ainsi qu’au CDH, les naïfs ont même cru aux élections internes !
Une agonie est d’autant retentissante qu’elle est courte.
Les Belges frappés de stupeur à la mort du roi Baudouin !
Certains imaginent que seuls les gens stupides sont frappés de stupeur. Eh bien non ! On est frappé de stupeur parce qu’il faut être frappé par quelque chose quand un personnage important tire sa révérence. Ceux qui échafaudaient des plans sur un remariage du roi, après la disparition d’une reine sans progéniture, se trompèrent lourdement.

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Par contre à Tel-Aviv, on se trompe en pensant que Sharon est mort, après une agonie bien méritante de plusieurs années. D’aucuns sont étonnés de n’être pas au courant de sa survie. Il va bien dans l’état où il se trouve. En l’occurrence, on dit que son état est stationnaire, à l’image de l’Etat d’Israël que l’on croirait figé depuis que le grand homme en quitta la direction, comme si le stationnement de l’un avait passé le mot au stationnement de l’autre.
On n’espère pas libérer la chambre avant plusieurs autres années, en rappelant qu’il n’a pas démissionné, mais qu’il est seulement empêché !
Il n’y a guère d’autre exemple. La preuve qu’il reste un personnage important, c’est qu’on n’a pas débranché la machine, ce qu’on aurait fait pour n’importe qui, sauf pour lui et quelques autres.
A part les grands hommes d’Etat et les vedettes du cinéma, le public n’est pas amené à pleurer sur le tout venant et surtout pas sur lui-même ! Sauf en cas de décès collectif. Le nombre suscite toujours plus de douleur.
A combien estimer le nombre de morts anonymes pour qu’on en parle dans les journaux ?
Voilà une question qui mériterait un sondage par téléphone.
Je ne me prononcerai pas là-dessus.
Et ceux qui meurent d’ennui, personne ne sait ce qu’ils deviennent ! Forcément, ils ne se vantent pas d’en être revenus, les seuls d’ailleurs...
C’est pourquoi, il est très difficile de prétendre faire des statistiques sur ces morts intermittentes.
L’opinion aura toujours une idée reçue d’avance.
On ne traite pas d’un sujet quelconque, mais du bruit qu’il fait. Ce genre de bruit est par nature insonore.
Le grand bruit de la chute d’Albert 1er dans les buissons du contrebas de la roche tragique de Marche-les-Dames, ne fut d’abord perçu par personne, sauf par quelques lapins de garenne, avant de devenir assourdissant. Par contre le bruit que fit Félix Faure à sa mort fut tout de suite ressentit bruyant comme un scandale. Si bien que le salon bleu de l’Elysée fut appelé par la suite « pompe funèbre », la pompe n’avait pas attendu la fin du constat pour disparaître par une porte dérobée.
Qu’en sera-t-il demain de nos grands hommes en devenir ?
Entreront-ils dans le Petit dictionnaire des Belges, par la petite porte, en sortiront-ils par la grande ou l’inverse ?
Et même ceux qui sont classés parmi nos chefs-d’oeuvre : De Haene au musée Grévin ? Van Rompuy chez Tussauds ? Il paraît qu’on y dépiaute le mannequin d’une personnalité cinq ans après sa mort, sauf pour De Gaulle, Claude François et Napoléon, Sim n’a pas tenu quinze jours !...
Emile Verhaeren, par exemple, au moment de la scission de la Belgique, sera-t-il dans le dictionnaire wallon ou le dictionnaire flamand ? Vaste question ! Né Flamand d’Anvers et écrivain français, si c’est Bart De Wever au pouvoir, il sera rayé du woordenbook, mai si c’est Alexandre, fils de Herman ?
Devant la montagne de questions aussi importantes, on voit bien le boulevard qui s’offre pour éviter celles qui dérangent.

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