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Marrons glacés et axiologie.

Les embaumeurs de la vie politique vous saluent bien pour 2011.
Ça se voit sur les photos, ils sont plus heureux que nous d’avoir passé 2010 bien au chaud à côté du chauffage central autour des dernières tables de négociation de l’année.
Ils finissent le séjour en chalet de montagne réservé pour les fêtes, la conscience tranquille et satisfaite du devoir accompli. Ils se sont adressés aux populations qui souffrent du froid, la facture de leur thermomètre au beau fixe.
Bien entendu, ils se feront un devoir de dénoncer le populisme latent des chroniqueurs de mon espèce qui osent contredire leur ardent désir de former un gouvernement.
On ne le savait pas, mais ils n’ont traîné de la sorte que pour battre le record de 194 jours de l’Orange bleue de 2007. Avec six mois et demi de palabres, ils pourront entrer dans le livre des records la tête haute. Avec la forme qu’ils détiennent actuellement, ils espèrent pouvoir atteindre mars ou avril 2011 sans gouvernement, mettant ainsi leur palmarès loin au-dessus des tablettes olympiques. Le Comité Olympique des dérangés de la manchette (oui, ils sont presque tous avocat) sera saisi au cas où on irait aux élections. Le record sera-t-il compté jusqu’au jour de la dissolution des Chambres ou jusqu’à la formation d’un gouvernement après les élections ?
C’est dans la joie et la bonne humeur qu’ils attendront la décision des juges olympiques.
Dans les conditions de mystère actuelles, il est impossible de faire le bilan des tractations puisqu’on ne connaît de leur déroulement que la liste des éminents qui se sont succédés à la tête des négociateurs, autant dire trois fois rien. Bien malins sont ceux qui pourraient prétendre connaître les sujets de discussion et les accords partiels – s’ils existent – auxquels nos accoucheurs royaux sont arrivés.
D’ailleurs, ils se confondent tous, le palais s’étant ingénié à les baptiser de noms dont toutes les terminaisons sont en « eur ». Pour les suivants, le roi hésite entre souteneur et « complicateur ». Dans le cas où on lui ferait remarquer que « complicateur » n’existe pas dans la langue française, il pourrait rétorquer qu’enfin voilà un mot neutre qui serait mieux accepté des Flamands. La cour hésite quant à l’emploi de souteneur. Un souteneur est un homme qui vit aux crochets des femmes, or la cour vit aux crochets de tous les citoyens, nuance…

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Il paraît qu’un haut moment de la vie politique en 2010 aura été l’invitation de Reynders, logothète libéral, à Bart De Wever, holiste flamingant, pour se goinfrer discret chez Bruneau, un restaurant de Bruxelles qui a la truffe cotée.
C’était tellement discret que tout le monde l’a su. Comme il n’y avait rien à en dire, on a quand même appris ce que ces deux fleurons de la table belge ont engouffré en une soirée.
Interrogée, la dame de cour n’a pas voulu dire aux journalistes si nos deux athlètes de l’art politique sont allés ensemble ou alternativement à la toilette. D’après des indiscrétions, ils se seraient amusés à uriner au plus loin. Bart De Wever vu l’humidité qui se percevait à l’endroit de la braguette a pu avoir perdu.
Johan Vande Lanotte (SP.A) conciliateur depuis le 21 octobre n’aurait pas apprécié l’aparté de Bart avec un étranger aux négociations, comme son interview à un magazine allemand, Der Spiegel. C’est toute la différence entre un homme de sérail et de tradition et un type comme Bart qui s’est fait connaître plus à la télévision que dans les meetings. Vande Lanotte, le meilleur d’entre nous, ne sait-il pas que s’il se présentait contre un Dutroux, celui-ci aurait plus de voix de préférence que lui ?
C’est ça la démocratie aujourd’hui. Bart De Wever l’a bien compris.
Avant le conciliateur, qu’est-ce qu’on a eu ?
Oui, le préformateur Di Rupo. Un préformateur préforme, cela va sans dire. Or la préforme de l’Aigle de Mons justement était informe. La chose fut abandonnée dans un bac à sable comme un bren d’un chien vagabond. Par contre, tout le monde a retenu le plan B, qu’en toute innocence le chef du parti le plus populaire de Wallonie avait lâché à la suite d’une séance avec Bart De Wever, si pénible qu’ils s’étaient quittés sans même s’embrasser.
Or, le plan B était une pure invention de dépit. Tout le monde en rit encore.
Bref, l’échec est sur toute les lèvres et c’est un plaisir de savoir que le mot se dit « schaak » en flamand. Ainsi, nous aurons fait un progrès de plus dans la langue de Vondel.
Si entre deux « schaak » on avait un formateur au printemps, ne serait-ce que quelques semaines, histoire de passer un premier mai révolutionnaire tranquille, le roi pourrait nommer après un nouveau « schaak » un formulateur spécialement nommé afin de trouver une formule par laquelle nous serions traités de gros cons, sans que gros apparaissent trop, pour ne pas froisser inutilement Bart 1er, le futur monarque de la Flandrie, pays charmant depuis lequel Charles Quint en personne ne voyait jamais le soleil se coucher, et pour cause, l’astre du jour avait déjà la trouille que Bart ne lui vole la vedette.

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