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Coups de feu sur Utoeya island

Quand même un mot à propos d’Anders Breivik et l’extrême droite.
Ce tueur norvégien est le produit extrême d’une droite qui vire à l’aigreur nationaliste. Les maîtres d’œuvres de l’opinion en Flandre, Bart De Wever et Filip Dewinter, feraient bien de s’en souvenir dans la manipulation des foules.
Cela ne veut pas dire que la droite est une armée de tueurs en puissance. Mais, c’est une pépinière d’où peut éclore un monstre.
On a vu en 40-45, l’âme flamande sensible « au drame de l’Occident ». Une croisade contre le bolchevisme sous Adolphe peut ressembler à celle de Robert le moine de la première croisade, ou celle de la N-VA pour sauvegarder de la convoitise extérieure, le petit lopin de terre de Vondel. Passer de l’envie de libérer le tombeau du Christ du joug des Arabes, à celle de bouter le « bicot » et son homologue francophone dehors la Flandre, il n’y a qu’une petite faiblesse d’esprit en plus, des jeunes Flamands sont bien morts à Tcherkassy en 43, pour moins que ça.
On verra bien comment Eloi Di Roublardo a vendu la Wallonie à la Flandre pour le prix d’une quiétude momentanée. Et s’il a pu les rouler, je suis prêt à crier bravissimo, maestro !
Pour faire complet au drame norvégien, un zest de franc-maçonnerie, c’est-à-dire l’amour du secret avec une connivence de frère à frère, et on a tout dit.
Il y a une progression dans la frustration dont les gens de droite devraient se méfier.
On commence par croire que les Michel ont raison, les chômeurs de longue durée sont les grands responsables de tous nos maux. On n’en peut plus de savoir « les parasites » encore en vie et bien nourris. Phase numéro 2 : on fait le décompte des basanés et des Européens du Sud « réfractaires » au travail. Puis, on se met à admirer Jeanne d’Arc, comment elle a bouté les Anglais hors de France. Comme il y a peu de loustics capables de tenir des discours aux imbéciles heureux qui sont nés quelque part, on suit la démarche des mirliflores qui exploitent les allergies raciales. La suite va d’elle-même, on est parti pour le grand soir des Camelots du roi, version Ulenspiegel.
La haine progresse souvent par bouffée ou par étapes, comme le tour de France. En Belgique, c’est le tour des Régions. La flandérite est une entérite grave qui s’attrape en regardant les concours « d’esprit » à la télévision flamande.
Observez bien De Wever, on croirait que c’est le même depuis le début de sa popularité, erreur, ce type progresse dans la haine et le mépris des autres. La télévision lui aura apporté l’assurance qui lui manquait.
Du côté de Florette Onglelisse et d’Eloi Di Roublardo, on n’en est pas là. Le socialisme sous sa forme protestataire et anticapitaliste est définitivement enterré sous les bureaux du Bd de l’Empereur, dans la crypte aux actes manqués. On n’a d’yeux que pour un rassemblement, mais moral, joint à une fidélité sans faille à la dynastie. On glose aussi, à propos de la vie chère, on parle chiffon et, parfois, quand on a bu un verre, du temps heureux où des hardis ouvriers, torses nus à faire rêver le président, juchés sur des chaises thonet, réclamaient le droit d’être entendus.

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C’est une génération qui a honte de ses parents incultes, qui se bouche le nez en parlant des Coopératives ouvrières et leur bide retentissant dans les années soixante. Les accents canailles ne leur reviennent que par bouffées, quand ils affrontent un semblable, mais d’un autre parti ou qu’ils parlent entre eux de leurs affaires de cul.
Le père métallurgiste n’est utile que pour masquer qu’on a fait « avocat » dans les buvettes des Maisons du Peuple.
Voilà belle lurette que la gauche social-démocrate a rangé ses brigades rouges dans les placards de l’histoire. Si Renard et Yerna revenaient, leurs têtes seraient mises à prix. Le « ça ira ! » ne met plus sous la lanterne, que les papillons de nuit.
On s’apprête à fêter les 60 ans d’Eloi Di Roublardo, à cet âge-là, voilà 5 ans que Jaurès était mort assassiné. Tant mieux si notre bonhomme est toujours en vie, ce n’est pas sa contestation qui le mettrait en danger !
Le PS n’est plus craint de personne. Il n’a pas d’ennemis déclarés. Onglelisse est fort attachée à la multiculture, même si celle-ci ne nous apparaît pas de façon transcendante lorsqu’on l’observe dans un Maghreb transplanté à Schaerbeek. Di Roublardo, quoique chimiste, ne stocke pas du Nitrate pour faire boum, un jour de déprime, dans ses caves montoises.
Ce sont des pacifistes, légèrement de droite, patriotes et royalistes qui ne feraient pas de mal à une mouche juchée sur une pile de bons de caisse.
Plus souvent que la droite, j’ai fait de la gauche au pouvoir mon punching-ball favori.
Pourtant, il serait fort improbable qu’un Anders Breivik sortît de ses rangs.
On n’en jurerait pas de la sorte du côté des croisés du Nord.
Le PS, pour en arriver à sa politique actuelle, a fait un long cheminement vers le centre. Il est tout au début d’une idylle avec la droite, tandis que MM. De Wever et Dewinter en sont arrivés à la fin des possibles de cette même droite, en équilibre entre démocratie et dictature.
C’est sur ce terrain, en dérapage très proche des intégrismes religieux, que l’on trouvera le plus facilement des successeurs à Anders Breivik.
Wouter Beke a l’air d’un ancien étudiant de Leuven qui vient à peine de ranger sa casquette à penne avec son train électrique, dans le grenier de la maison paternelle. Il n’a qu’un problème : ses boutons de jeunesse qui persistent passé la trentaine.
On verra dans quelques années, s’il a fait du chemin vers De Winter et s’il est de ceux qui prônent l’Oréal pour la magie de la blondeur nordique.

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