« Panne d’élites ! | Accueil | Hollande président ? »

Au train où va la fonte…

Le directeur pour l’Europe des ressources humaines d’Arcelor-Mittal a oublié de dire pourquoi la ligne à chaud de Seraing située à 30 km pour l’alimentation du froid à Chertal, est moins rentable que celle de Dunkerque, située à 350 km du même Chertal !
Même si Seraing est 50 euros au-dessus du prix de revient à la tonne d’acier produite, le transport de ladite sur une distance de plus de 320 km supérieure au 30 km de Seraing à Cheratte, est de loin largement au-dessus de 50 euros.
Du point de vue technique, c’est une autre performance de trouver des cubilots thermos capables de garder l’acier à température (environ 1500°) entre 6 et 8 heures, nécessaires pour le trajet. Le système qui fonctionne encore met entre une demi-heure et une heure de trajet. Les thermos employés actuellement ne sont pas adaptés et capables de tourner entre Chertal et Dunkerque.
En outre, l’itinéraire n’est pas en ligne directe et pour une liaison régulière, il faudrait revoir les horaires des trains sur ce trajet compliqué. La suppression de beaucoup de lignes de chemin de fer en France et au littoral belge complique la tâche.
Il serait nécessaire d’étudier très rapidement un nouveau matériel. Quand bien même améliorerait-on les cubilots thermos existant, pour assurer une production continue, on devrait en tripler le nombre. En outre, l’accord des chemins de fer français et belge serait nécessaire. En effet, ces trains sont des bombes sur rail. Un accident ferroviaire d’un tel matériel pourrait avoir des conséquences apocalyptiques.
En augmentant les distances, on augmente les risques.
Sans avoir fait une sérieuse étude de la question, envisagé des parcours sécurisés, prévus des équipes de nuit et de jour, des conducteurs de train supplémentaires, il est clair qu’on mène les travailleurs en bateau.
Mittal n’a jamais pensé une seconde à ce qu’il dit à propos des moyens d’acheminer la fonte à pied d’œuvre.
C’est immédiatement, en concertation avec les syndicats et les travailleurs que la Région wallonne doit prendre ses dispositions et nationaliser l’outil en attendant de trouver un repreneur.
Deux hauts-fourneaux qui peuvent entrer rapidement en activité, une ligne à froid au bout de la chaîne qui est performante, il n’y a pas de doute que la Région pourrait trouvé repreneur très vite.
La politique de Mittal est simple. Il délocalise, non pas à Dunkerque, mais en Chine, en Inde et au Brésil une production d’acier dont il ne restera bientôt pas grand chose en Europe. Son intention est de ne laisser que des ruines derrière lui, afin de ne pas avoir un concurrent capable en Europe de produire de l’acier avec ses propres installations.

31m000.jpg

A l’abandon, la friche industrielle aura le temps de rouiller avant que la Région wallonne gagne son procès pour défaut de dépollution. De toute manière, Mittal ne sera plus en Belgique. Il faudra entreprendre une procédure internationale onéreuse, dont il n’est pas dit que la Région sorte victorieuse.
A moins d’une invention en matériaux composites mettant l’acier au rancart, contrairement à ce qu’on entend sur l’obsolescence des hauts-fourneaux, l’industrie de l’acier et de ses dérivés à encore au moins jusqu’à la fin du siècle à être indispensable.
La crise ralentit, certes, la demande. Mais qui dit, avec la montée inexorable des coûts de transport, que l’acier venu d’au-delà des mers sera toujours à cent euros inférieur à la tonne produite en Europe ?
Les émissions RTBF-RTL de ce dimanche midi portant sur cette question ont été particulièrement vides de sens et pratiquement imbéciles, à part le constat du délégué syndical qui a traité Mittal de voyou. En effet, nos élites ne se sont pas gênées pour évoquer les séances de courbettes, les aides et les propos aimables à l’égard de Mittal, avant de parler de poursuites possibles afin de remettre les sites en état de dépollution. Ce qui est une manière détournée de baisser les bras et de se résigner à la fermeture.
Personne n’ayant posé les questions ci-dessus, c’est dans l’erreur absolue que cette pénible séance s’est poursuivie dans la torpeur d’une belle journée d’été, une des dernières de la saison.
Si je peux donner mon avis sur Seraing et Chertal, il faudrait un coup de force des personnels, saisissant les outils comme prises à valoir sur les millions que l’escroc à la tête d’Arcelor-Mittal doit à la Région et aux travailleurs, les maintenir en état de fonctionner, et si Rudy Demotte a des couilles, qu’il fasse tourner l’outil, même à pertes, et chercher un nouveau Jean Gandois pour mettre au point une politique de survie.
Evidemment avec des loustics légalistes comme Reynders et Wathelet, ce ne serait pas facile… mais c’est la seule solution…
Quant à Mittal, qu’il aille se faire foutre…
Une chose encore, il faudrait aussi geler les comptes bancaires d’Arcelor-Mittal dans les banques belges, comme garantie des sommes détournées pour non respect des contrats.
Comme on voit, avec la belle brochette de pleutres, de faux-culs et de « Calimero » qu’on a vu sur le plateau, tout sera fait « pour éviter le pire » ce qui veut dire en langue de bois des Universités, les ouvriers seront chômeurs, la métallurgie s’est fichu dans le bassin et on en a pour dix ans à découper les ferrailles revendues au poids (80 euros la tonne). Un conseil, si c’est pour refondre à Dunkerque, mieux vaut le canal Albert et le cabotage d’Anvers à destination. C’est moins cher que le train.

Poster un commentaire