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Onkelinx agricole.

Dans sa maison de campagne de Lasne, Laurette Onkelinx a offert aux journalistes du « Soir » une méditation sur ses propres contradictions et celles de son parti, dont elle deviendra bientôt la présidente (Si Di Rupo endosse la défroque de Leterme).
La ministre a beaucoup de soucis à se faire pour la suite, non plus avec les Flamands, mais avec les Wallons qu’ils votent ou ne votent pas socialiste.
Comment concilier la rigueur et la justice, quand on est dans un parti qui a opté pour une économie libérale de marché ? Sinon en se défaussant sur la masse des salariés !
Quand on a perdu l’estime des gens qui travaillent dur et vivent mal, comment leur faire admettre qu’il leur faut contribuer plus que les autres par l’effet de masse, au redressement d’un système libéral qui fait la part belle aux riches ?
On a déjà la réponse. Les accords sociaux se feront donnant/donnant.
Laurette Onkelinx parle du « donnant » de son parti. « On devra bien accepter la maîtrise dans les soins de santé, ou la réforme du chômage. Pour le chômage, je ne suis pas favorable à la limitation des allocations dans le temps, c'est la pauvreté assurée à terme mais, oui, on peut être plus sévères sur la législation générale ; bien sûr si, en même temps, on travaille au « suivi » du chômeur vers l'emploi. »
Une petite erreur de la dame du PS, ce n’est pas « la pauvreté à terme », être chômeur, comme être pensionné, du reste, c’est déjà la pauvreté immédiate.
Si elle n’est pas favorable à la limitation des allocations de chômage, ce n’est pas pour autant que cela ne se fera pas. Matériellement elle votera pour, mais moralement, elle sera contre, si vous voyez ce que je veux dire.
Vous avez saisi la politique du PS. « Ce n’est pas de notre faute, si nous en sommes arrivés là ».
Qu’est-ce que les gens qui souffrent déjà de la situation actuelle diront, quand ils sauront que les nouvelles restrictions qui les accablent n’ont pas été voulues par le PS ? Mais, ils s’en fichent de savoir qui est de cœur avec eux et contre de fait, quand ils recevront leur fiche de paie ou quand ils paieront plus de TVA sur ce qu’ils achètent pour se nourrir.
En entrant dans le système libéral, le parti socialiste a collaboré à une économie dont il ignorait qu’elle allait être défavorable à ce point aux salariés. Maintenant le parti le sait. Les dirigeants du PS n’ont pas le courage de revenir en arrière… N’est pas Montebourg ou Mélenchon qui veut !
Le Parti a raté le tournant lorsque les dirigeants ont préféré à « la lutte des classes, la collaboration des classes ». Ils sont partis de la définition qu’avait donnée Marx, de la lutte des classes. C’est-à-dire qu’ils ont appliqué à une économie de marché, la définition d’un système communiste.
Les économistes Pareto et Weber en donnent une interprétation différente qui s’est révélée juste, malgré le siècle qui la sépare de la réalité d’aujourd’hui.
La lutte des classes suivant la théorie de Marx et la pratique de l’URSS jusque dans les années 80, n’était rien d’autre qu’une « variante » du système capitaliste, les élites sont celles d’un parti, d’un apparatchik, les producteurs dans la situation du prolétariat, sont les exploités. Qu’est-ce qui change ? Rien. Sinon que le caractère des liens entre la bureaucratie dictatoriale et les travailleurs est d’ordre religieux.
Le système libéral ne vaut guère mieux et est à peu près identique. Quand la liberté supposée de l’économie de marché aggrave les souffrances du peuple, les maîtres de l’économie globale s’autoprotègent par « la religion » du système libéral. C’est la diffusion propagandiste de son excellence par rapport au communisme, mettant ainsi sur le même pied le côté religieux de son aventure économique. C’est le discours non-rajeuni d’une Sabine Laruelle et approximativement le même que la fermière du week-end de Lasne.

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Pareto, davantage que Weber, admet la lutte des classes, mais en donnant à réfléchir sur une théorie différente du marxisme. La société ne tend pas à se diviser en deux classes, les divisions s’accentuent entre les bourgeois et les prolétaires. La société est fondée sur l’opposition entre les gouvernants et les gouvernés, faisant des premiers une « élite » ayant détourné à son seul usage le système électoral démocratique.
L’hétérogénéité sociale est irréductible et l’espoir d’une société sans classes n’a été historiquement perçu nulle part. Dans l’état actuel du capitalisme, cela ne pourrait se concevoir dans le futur, sauf si un superspéculateur poursuivant sa prise de poids, affichait encore plus d’insolence dans son pouvoir, le rendant partout illimité. La disproportion entre la multitude et sa gouvernance ferait du système une seule classe au travail, pour une élite oisive, ce qui serait une situation inédite. Ce n’est pas encore le cas, quoique cela soit dans un futur possible. Les matons et les flics d’une société à classe unique seraient des gens du peuple qui tirent sur le peuple. Ce serait par un retour saisissant de l’Histoire, les Versaillais tirant sur les ouvriers de la Commune de Paris en 1871.
Sans préjuger de l’évolution d’une mondialisation de l’économie de casino fondée sur les liquidités en-dehors de l’entreprenariat, puisque Pareto est mort en 1923, il avait prévu l’effondrement des valeurs humaines pour les valeurs financières, en annonçant la venue des élites violentes, avec l’expansion de la bureaucratie et la domination des clercs.
Ce dimanche dans son parc privé à Lasne, Laurette Onkelinx a fait aux journalistes du Soir la démonstration de l’impuissance d’un parti socialiste ne s’appuyant plus sur sa base revendicative, mais sur la faculté des gens de recevoir des coups, dans la résignation de ne pouvoir les rendre. C’est ça, la « non-lutte des classes ».

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