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Sont-ils assez burnés ?

Le public n’est pas informé de l’amplitude de la crise, du marasme de l’économie et de la fragilité de l’échafaudage européen.
Ce 25 encore, RTL nous inflige aux informations, la présence d’Andréas Höfert, chef économiste à l’UBS, société suisse de services financiers en gestion de fortune (Private Wealth Management). A 19 h 30, la RTBF interviewe le même personnage !
C’est dire comme il est urgent de fermer le poste (comme on disait jadis) et de s’informer ailleurs. Quant à l’ULB, on comprend pourquoi elle est une pépinière de parfaits petits crétins en économie, puisque Höfert s’y produisait devant les caméras de RTL.
On perçoit bien que les allées et venues de Merkel et de Sarkozy à Bruxelles, Paris et Berlin sont des signes d’un malaise et des difficultés de parler d’une même voix, mais ce n’est pas entre deux shows à la télé que les citoyens peuvent entendre les raisons de la crise.
Ceux qui ont encore quelques pépètes de côté, sont comme le valet de Don Juan qui s’inquiétait pour ses gages. Et si l’Euro foirait au point que chaque État retrouverait son ancienne monnaie, qu’arriverait-il aux quatre sous des « petites » gens ?
Une seule info vérifiable : le duo franco-allemand est loin d’avoir trouvé l’accord qui libérerait de l’inquiétude.
Le panier percé grec attend un bon vannier qui lui referait un fond solide, mais selon Angela Merkel « Les négociations avec les banques viennent de débuter et il serait inutile de faire des spéculations ».
L’écart est de 10 % entre les banques qui ne veulent pas d’une décote supérieure à 40 % et les 50 demandés par les politiques. Elles veulent bien perdre mais pas la moitié, même si elles n’ont pas grand-chose à redouter, puisque les Etats recapitaliseraient les banques qui seraient en difficulté, en oubliant les petits actionnaires qui ont vu leurs actions perdre dans certains cas les trois quarts de la valeur à laquelle les petits actionnaires les ont souscrites.
Chose curieuse, les plus enragés capitalistes, mondialistes et antisociaux de ce fichu pays sont justement dans cette catégorie de citoyens qui thésaurisent et à qui, sans coup férir, on fait les poches en premier, au moindre coup dur !
Faut-il se réjouir que cette engeance typique des classes moyennes disparaisse, à cause des excès du capitalisme tant aimé, ne laissant bien portants que les gros carnassiers du système ?
Justement, à propos de la recapitalisation, on a parlé de 110 milliards. Ce chiffre a été obtenu en retenant un ratio de 9 % (1) par le calcul de l’exposition des banques à la dette souveraine. Aucune banque n’atteindra ce ratio, même si elles ont jusqu’à juin 2012 pour se mettre en adéquation. En outre, les 46 milliards d’aide pour les banques portugaises, irlandaises et grecques, viennent en déduction des 110 milliards annoncés, voilà qui grève d’autant la recapitalisation promise.
Les économistes sérieux estiment qu’avec ces demi-mesures, les États européens prouvent aux USA et à la Chine qu’ils n’ont pas les moyens financiers de leur ambition. Et ça, c’est fâcheux pour les agences de notation à l’affût.

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Dimanche on a vu le visage lifté de Berlusconi s’allonger, les autres le sommant d’être à la hauteur de ses responsabilités. Le cavaliere a promis de serrer la vis, et, pour cause, aucun accord sur la FESF (Fonds européen de stabilité financière) pour aider les Italiens et les Espagnols n’a été trouvé et c’est le help your self pour tout le monde.
Il ne reste plus à Berlu qu’à réduire son déficit et sa dette sur les classes moyennes italiennes, en-dessous, on frise le seuil de pauvreté.
La ressource de la planche à billets, chère aux Américains, n’est pas pour nous, puisque nous n’avons pas une économie européenne intégrée et puis aussi, parce que cette politique est contraire à celle d’Angela Merkel. La planche à billets, c’est la porte ouverte à une inflation incontrôlable. Que dire de celui qui s’est saigné toute sa vie professionnelle pour ses vieux jours et qui voit sa « fortune » balayée par 15 % d’inflation l’an. Sinon, qu’il est marron au même titre que le petit actionnaire de tout à l’heure.
Obama et Cameron meurent d’envie de nous donner des conseils. C’est un comble. L’Américain est super-endetté et Cameron, est aussi fauché que son compère à la tête d’une livre sterling, bien plus mal en point que l’euro.
En dernière nouvelle, Alain Minc qui remplace à lui seul les trois frères Fratellini ne fait pas rire à Bouglione, mais chez Moody’s, en mettant les Français en garde contre un vote à gauche à l’élection de 2012.
Franchement, dans ces conditions, c’est miracle que la Belgique passe à travers la note dégradée. Serait-ce que son état de grâce est en rapport direct avec son absence de gouvernement ? On peut imaginer que si Di Rupo formait un gouvernement qui n’entreprendrait pas un programme de féroces économies, on commencerait une dégringolade dans les cotations qui nous vaudrait un accroissement meurtrier de la dette.
Ici comme ailleurs, les classes moyennes sont sur les genoux, plus bas, on touche le fond et la misère. Reste le haut ? Les socialistes mous sont-ils assez burnés ? Le socialisme à la Tony Blair d’Elio Di Rupo, dans les pourparlers pour former un gouvernement, laisserait penser qu’hélas…
Réponse dans quinze jours.
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1. Ratio de liquidité générale (current ratio) Rapport entre les actifs courants et les dettes à court terme. Ex : actifs à 250000 € et dettes à 125000 €, le ratio est de 2 € d’actifs courants par1 € d’endettement. Pardonnez-moi ces détails de spécialiste ; mais, cela prouve combien il est facile de jeter de la poudre aux yeux du grand public.

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