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Qu’adviendrait-il d'elle?... et d'eux ?

Béatrice Delvaux est bien aimable. Flamendo-francophone parfaite et belgicaine jusqu’aux bouts vernis des ongles, elle aura beau expliquer aux Flamands l’idolâtrie wallonne pour la politique française, comme sa direction multifonctions lui recommande, elle ne pourrait bien définir la « passion » pour la culture française de la moitié de la Belgique (avec une minorité flamande au même diapason ça fait le compte), qu’en considérant la Belgique comme un accident malheureux de l’histoire.
Elle est suffisamment intelligente pour en avoir pris conscience : la Belgique n’existe pas !
C’est l’histoire de deux peuples piégés par les Anglais, élucubrés par Metternich et mis en bouteille par Talleyrand.
Pendant le premier demi-siècle de cette hérésie, les élites ont cru que le peuple flamand allait se dissoudre dans la langue et par la culture française.
Cela aurait pu réussir si les élites du pays toutes francophones n’avaient pas traité avec mépris les populations hétéroclites parlant dix flamands différents, comme elles ont traité par le même mépris les populations wallonnes, jusqu’à proscrire le wallon de tout acte administratif et de toutes les écoles du royaume.
Il faut dire aussi que le wallon, tante aînée de la langue française (on a parlé le wallon avant le français) est lui aussi éparpillé en de nombreuses variantes, allant du Pays de Liège à Tournai, avec le picard.
C’était tout cuit pour les Wallons parce qu’ils étaient déjà en grande partie bilingues, puis au fur et à mesure de l’abandon d’une langue devenue dialecte, unilingues francophones. Cela allait de soi, puisque l’histoire a souvent confondu la Wallonie avec la Bourgogne, puis avec le Nord de la France, pour être assimilée à la Révolution française et jusqu’à la fin de l’empire à la France.
L’histoire de la principauté de Liège est particulière. Le prince-évêque avait partie liée avec l’Allemagne, la population la constamment eue avec la France. Aux marges de la francophonie, celle-ci plus que tout autre, se renforça par l’affrontement avec ses ennemis.
C’est un peu l’histoire de la Flandre, mais à rebours.
Le temps ne fait rien à l’affaire : le pays est un assemblage factice. Comment expliquer autrement l’impression d’une majorité de Wallons qui se retrouvent à l’aise à Lille ou à Valencienne et qui éprouvent un malaise en franchissant la frontière linguistique, comme s’ils entraient dans un autre pays, hostile au leur ?

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La Belgique n’existe pas, ai-je écrit. Ce n’est pas tout à fait exact. Le million d’habitants de Bruxelles réalise à lui seul la synthèse voulue par les élites de la Fondation et qui fut un échec retentissant. Bruxelles n’est pas bilingue. Les Flamands qui y résident sont naturellement aspirés par la culture française. Sur une génération, ils deviennent francophones. Les Flamands le ressentent si bien qu’ils veulent étouffer Bruxelles, tout au moins, arrêter l’hémorragie qui leur fait perdre du terrain au niveau de leur langue. Ils ajoutent aux lois des lois dites linguistiques. Ils affolent Di Rupo… comme si cela servait à quelque chose !
C’est Bruxelles qui complique tout, quand on veut bien se donner la peine de voir, puisque la Belgique n’existe pas sauf à Bruxelles, que le problème n’a de sens de l’existence du pays qu’à Bruxelles.
Même si Béatrice Delvaux ne pense pas vraiment ce qu’elle dit, il est probable qu’elle ne peut pas tenir d’autres propos que les siens sans avoir des problèmes avec sa direction. Aussi, faut-il faire la part des choses en sachant qu’il lui était impossible de décliner dans le journal flamand du groupe, les raisons évoquées dans cette chronique et qui expliquent davantage et en plus sérieux « la passion » que Béatrice Delvaux est censée décrire à ses amis, sans les heurter et aussi sans leur faire comprendre que si eux n’ont plus rien à faire de nous, ce sentiment est partagé.
Le pays est en sursis. Faut-il le préciser ? Le moindre faux-pas du « M’as-tu-vu ? » du 16 de la rue de la Loi, peut lui être fatal.
Les industriels en tremblent à l’avance. Ils se coalisent contre le destin. Ils sont ridicules.
Jusqu’à quand cet assemblage d’une Belgique politiquement voulue, à une époque qui ne correspond plus à la nôtre, une chimère qui empêche deux manières différentes de la vie sociale de prospérer individuellement ?
Une multitude d’intérêts parasites maintiennent l’assemblage malgracieux contre toute logique. Une autre question est de savoir si nous serions plus heureux d’être Français ?
Qu’adviendrait-il de nos mandataires et de leur petit record de 541 jours de palabres pour monter un gouvernement patchwork ? Et du journal Le Soir – et pas que lui – à côté de publications comme « Le Monde », « Libé » et même « L’Express » ?
Pour garder une chance de péricliter ensemble dans une fausse harmonie, la Belgique est le carrefour des pouvoirs surmultipliés, l’étonnement de l’Europe, le mouton à cinq pattes... Trop de besogneux remplissent leurs besaces dans des mandats doublés, voire triplés.
Voilà pourquoi votre fille est muette, dirait Molière, en parlant de Béatrice Delvaux.

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