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Alain la poche profonde ?

Protagoras, le sophiste qui ne nous fréquente plus depuis deux mille ans et des poussières, aurait prononcé, entre autres, des paroles que nous devrions méditer, tout imbus du troisième millénaire que nous sommes : - …les gens attachent toujours plus d’importance aux leçons qu’ils paient qu’à celles qu’on leur donne gratuitement.
Réflexion d’une grande vérité, tant nous attribuons à l’argent une vertu qu’il n’a pas.
Alors qu’au contraire, nous devrions nous méfier de ceux qui sont payés pour nous tenir un discours « en toute bonne foi » comme on l’entend souvent dire par nos ministres et députés.
Et pas qu’eux ! Comment pouvons-nous prendre pour argent content, le raisonnement d’un économiste venu nous parler de la crise et qui travaille dans une banque ?
Mais, s’il nous disait que l’économie capitaliste est une escroquerie, que la situation n’est aussi grave que parce que d’immenses fortunes se sont faites sur de grosses faillites, il ne finirait pas la semaine à la banque et RTL-TVi y regarderait à deux fois avant de le réinviter.
Ce raisonnement simpliste et pourtant d’une grande logique pourquoi la majorité ne supporte-t-elle pas de l’entendre ? Et pourquoi s’obstine-t-elle à prendre pour vrai ce que la moitié du pays prend pour faux ?
Quels sont les premiers mots du MR Alain Courtois devant des journalistes réunis à Bruxelles avant même qu’il admette avoir commis des "imprudences" dans une affaire récentes de gros sous disparus dans la nature : - « je suis un homme honnête, un citoyen honnête… », etc. Si personne n’en doute, pourquoi le dire soi-même ? L’honnêteté, c’est comme la beauté, une question d’appréciation dont il faut laisser le soin aux autres d’avoir ou pas.
Cette volonté de toujours considérer le bénévolat comme suspect est probablement en nous bien avant même l’existence de Protagoras.
C’est Périclès qui, pour encourager les citoyens à participer activement à la vie d’Athènes, institua la rémunération des fonctions publiques par des indemnités forfaitaires.
Ainsi, dès cette époque, les citoyens trainaient les pieds pour remplir des fonctions essentielles, qui n’étaientt pas payées. Aujourd’hui, il n’existe plus que les membres d’un bureau de vote pour exercer gratuitement cette fonction citoyenne. On voit le résultat, c’est la croix et la bannière pour dégotter des responsables ! Le dévouement ne paie plus.
Et pourtant, sur les podiums, à les entendre, nos représentants affirment tous qu’ils se « dévouent » à la chose publique, sauf que se sont eux qui fixent leurs propres rémunérations. A Athènes, c’était quand même Périclès et quelques sages qui mesuraient leurs besoins et les rétribuaient en conséquence.
Si les Athéniens ne tombèrent pas dans les excès de la démocratie directe, ce fut surtout grâce à l’autorité morale de leurs dirigeants.
Comment peut-on accorder aujourd’hui la moindre estime et la moindre valeur morale aux ministres et députés d’un pays qui a fait de l’argent la seule « vertu », celle qui commande à tout et qui peut tout par son pouvoir et la fascination qu’elle exerce ?
Le seul fait qu’un travailleur honnête perde de son pouvoir d’achat, sur le même temps que les entrepreneurs et les rentiers accroissent le leur, devrait faire crier d’horreur le peuple tout entier et bousculer les avocats au pouvoir.
On interview De Croo, père, dans son bureau donnant sur son parc, ou Onkelinx faisant des exercices d’assouplissement dans sa propriété de Lasnes, on aperçoit de loin les murailles de la maison d’Italie de Guy Verhofstadt et les hectares de vigne interdits à la circulation qui sépare les autochtones de ce riche allochtone. On jubile à la retraite dorée de tel autre grossium… et on trouve ça normal, mieux, mérité, même.

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On sait bien que la vertu qu’on leur demande est difficile à définir, mais ils n’ont même pas la dignité de défendre ce que Protagoras appelait un droit « positif » non pas fondé sur la morale, mais sur l’utilité sociale ou alors ce droit « positif », ils vont le chercher si loin, dans le bas de laine des riches, qu’il se perd en cours de route dans leurs poches profondes.

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