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Rudi or not Rudy ?

On est littéralement secoué de rire à la déclaration de Rudi Vervoort (PS, président bruxellois) contre la double fonction de Rudy Demotte, président de la Fédération Wallonie-Bruxelles et ministre-président de la région wallonne.
Un socialiste qui dénonce les multiples casquettes dans son parti et notamment celle de Robespierre Demotte en personne, c’est rare.
Bien sûr, la position officielle du PS ne fait pas de doute : le Parti est pour le décumul. Pourtant, dès qu’on a touché à la deuxième casquette de Rudy, Thierry Giet le président par intérim, lui que ne dit jamais rien, est monté au créneau "Pas à l'ordre du jour", a-t-il tempêté à propos de la double casquette de Rudy !... Pas question d’un dédoublement de la présidence des gouvernements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Di Rupo avait sans doute téléphoné en urgence à son remplaçant, à voir la promptitude avec laquelle la réplique officielle a fusé !
Le double langage sied bien à la double casquette.
Di Rupo est incontestablement le maître chapelier du PS. Après avoir mis sous cellophane deux de ses casquettes, la mairie de Mons et la présidence du PS et conservé quelques belles présences dans des endroits où le jeton est roi, le Napoléon du Kriegsspiel ne pouvait pas permettre à un trublion bruxellois d’avoir un avis, sur la prestation de Rudy Demotte sous sa casquette bruxello-wallonne.
J’ignore qui a lancé ce bouteillon dans les rangs du PS, mais le non cumul des mandats est plus que jamais une utopie qu’on jette aux foules impatientes de changement. L’effet de tribune est garanti.
Et pour cause : comment se fait-on connaître dans cette démocratie à représentation multiple ?
Mais en étant partout, en s’occupant de tout (soi-disant).
Et voilà, une fois de plus, le doigt mis sur une difficulté non résolue de la démocratie : comment se faire connaître ?
Jusqu’à présent ce sont les bateleurs, les grandes gueules et les « m’as-tu-vu pour que tu te pousses » qui arrivent en tête du bouillon de culture électoral.
L’électeur n’est pas à ce point imbécile d’être la dupe des têtes de gondole. Il sait bien qu’en général, ce ne sont pas les modestes et les timides qui occupent les grandes affiches et ont les premières places partout. Il connaît d’instinct ce que Valéry a écrit sur le sujet « Chaque esprit qu’on trouve puissant commence par la faute qui le fait connaître. En échange du pourboire public, il donne le temps qu’il faut pour se rendre perceptible ».

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Et si ce non cumul était une règle infranchissable, vous verriez bien des carrières se résumer à peu de chose et des grands noms portés par des petits messieurs.
Cela remettrait à une juste proportion des choses, le poids des valeurs humaines dans la vie politique.
Une loi fixant la balance entre le revenu maximum et le salaire minimum rabaisserait le caquet des impudents, dans les secteur public et privé.
On voit bien qu’évidemment on n’en est pas là.
L’enjeu est important pour celui qui est au sommet. Même si les confrontations d’intérêts donnaient enfin de la vie à une démocratie qui n’en a plus, on n’aimerait pas partager le pouvoir en haut lieu. Vous voyez d’ici, Dupont ministre, Dubois bourgmestre et Durand député ! De quoi les illustres auraient l’air ? Et pas sûrs de passer aux élections suivantes !...
On voit bien que dans le système présent, l’électeur n’est plus l’arbitre de son propre destin. La délégation de ses pouvoirs est en réalité la spoliation de ses droits.
Il n’a plus son mot à dire, depuis que l’on sait que les programmes des élus ne sont que des appâts grossiers pour ferrer le plus de pièces possibles et remplir la nasse. Dans le vivier gigotent onze millions de dupes.
Le non cumul ferait émerger une nouvelle race de politiciens, certes tout aussi menteuse, mais qui servirait moins longtemps dans des fonctions électives, donc qui serait moins nocive et qu’à la longue, quelques intelligences timides mais remarquables, ayant vraiment le seul objectif du bien public, remplaceraient.
Les libéraux et les socialistes en place, vivant du salaire de la Nation, émargent tout autant d’elle, que les chômeurs et les « cas » du CPAS. Il est étonnant qu’aucun citoyen ordinaire ne le leur ait rappelé.

Commentaires

La double casquette a le mérite de forcer Wallons et Bruxellois francophones à coopérer plutôt qu'à s'étriper. Le francophone est par nature centrifuge et personnel. La fonction de Demotte, "bouchon de carafe", est précisément d'empêcher les démons de sortir du bocal où ils s'agitent ... :)

Je te comprends bien, mon cher Michel. Mais, ce qui cloche c'est la façon dont "le bouchon de carafe" a hérité de sa deuxième casquette. Il y a, me semble-t-il, une absence de démocratie dans cette désignation.

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