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Delwit : sommité avec piédestal.

A propos de l’accord intrafrancophone en vue d’accueillir les compétences transférées lors de la dernière réforme de l’État, Pascal Delwit, le mage écouté de l’ULB, déclare aux journaux que les réformes vont dans le bon sens et trouvent à s’exécuter dans le cadre administratif de l’alliance Wallonie- Bruxelles.
Par exemple, dans le domaine des allocations familiales, ce sera donc la Commission communautaire commune (Cocom), qui fonctionnera à la double majorité régionale et linguistique à Bruxelles, et même pour la réforme des soins de santé, l’option régionale, moins complexe, mais pas toute simple quand même, devra passer par la Commission inter-régionale.
Alors, je ne sais pas si Pascal Delwit ne se moque pas des usagers et des bénéficiaires par ses appréciations des accords gouvernementaux entre Flamands et Francophones. Y aurait-il un accord tacite entre Delwit et les autorités jusqu’au bout d’un destin, que je devine tragique, du système politique belge ? Une attitude trop souvent complaisante à la position officielle annule, par avance, une critique des conséquences.
La Belgique cumule deux difficultés : celle d’atténuer le plus possible la douloureuse descente aux enfers de l’Europe en faisant croire des contrevérités aux populations et, d’autre part, un système tri-caméral que peu de pays ont adopté avec des fortunes diverses : le Consulat en France et la fin de l’apartheid en Afrique du Sud.
Cette chronique n’a pas la prétention de montrer les difficultés du tri-caméralisme ; mais d’attirer l’attention sur la vulnérabilité de notre position au sein même de l’Europe.
Je n’aime pas Pascal Delwit, ce n’est pas une question d’homme : je ne le connais pas. Il est peut-être charmant et agréable dans la conversation. Je ne l’aime pas parce que c’est un intellectuel comme il y en a beaucoup qui ne va pas jusqu’au bout du raisonnement.
C’est un de ces universitaires, qui donnera pour seule consigne aux voyageurs que nous sommes, de sauter du train cinq minutes avant le crash, Son devoir d’intellectuel se mêlant à la politique, n’était-il pas de réfléchir pour ralentir la machine et faire passer le convoi, sur une voie parallèle ?

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Prenons un exemple : le chômage.
Il est énorme, impensable il y a seulement un quart de siècle, il a atteint un pourcentage qui fait craindre le pire.
Et que propose Pascal Delwit avec les membres du gouvernement ?... des mesures d’austérité et des réformes dans le but de restreindre les indemnités de chômage, étant entendu que la croissance du PIB – c’est un effet bien connu et qui n’est pas contesté – est le seul moyen envisagé pour diminuer le nombre de chômeurs.
Malgré tous les efforts faits depuis deux ans, le PIB progresse très peu, peut-être 0,2 % cette année.
Question : Combien faudrait-il de points du PIB en plus pour résorber le taux de chômage jusqu’à un taux raisonnable de l’ordre de 4 à 6 % comme il l’était pendant les Trente Glorieuses ? Delwit devrait pouvoir répondre. Dans l’état actuel des choses, on l’évaluerait pour faire large, entre 5 et 8 % !
Ces pourcentages de croissance du PIB, dans le système économique belge, avec l’aggravation du poids de notre administration et la bureaucratie du tricaméralisme, sont inatteignables !
Dès lors, qu’est-ce que Pascal Delwit défend avec le gouvernement ?
Une politique qui porte l’échec en elle et qui condamne au mensonge ceux qui la mettent en œuvre.
Pourquoi ne pas dire les choses comme elles sont ?
Pourquoi ne pas avouer que ce système conduit tout droit à un mur ? Pourquoi vanter le tricaméralisme qui nous y conduira un peu plus vite que nos voisins ?
J’ai pris l’exemple du chômage. Il y en a d’autres pour lesquels les mesures préconisées ne serviront à pas grand-chose et peut-être même s’avéreront-elles nuisibles !
Le tort de ces gens qui vivent de la gamelle administrative et bourgeoise, c’est de ne pas oser aller au fond des choses. De ne pas dire par exemple, qu’on aurait pu profiter de l’essor considérable de la mécanisation des efforts et de l’intellectualisation de la bureautique, pour imaginer un autre monde dans lequel chacun aurait eu à produire une part de l’effort qui serait moitié moindre de ceux qui travaillent encore dans des usines robotisées et dans des bureaux sur écran électronique. Et, par l’effet du nombre des consciences et des intellectuels au service du progrès général, abattre un système basé sur la réussite individuelle par l’argent sacralisant le résultat. Il n’est même pas trop tard pour un autre dialogue sur l’avenir.
Certains économistes de renom s’y sont mis, avec certains politiciens. Pas Pascal Delwit. C’est ce que je lui reproche. Parce que, si son métier consiste à faire des analyses sans projection, n’importe qui dans la rue peut en faire autant.

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