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Apprendre le flamand !

Qu’on cesse de faire croire qu’apprendre le flamand c’est capital !
Si nos partenaires habitaient les îles Lofoten, on devrait apprendre le norvégien ?
A part un geste de courtoisie pour des voisins qui rechignent à nous rendre la pareille, qu’est-ce qu’apprendre le flamand, sinon une perte de temps pour qui veut aller au plus utile dans l’apprentissage des langues ?
A vrai dire, ils ne sont pas simples nos voisins. Officiellement, ils sont farouchement contre le français. Ils l’interdisent partout chez eux où ils le peuvent… et officieusement, ils le parlent tous ! Parfois en cachette, mais ils le parlent tous ! Et ceux qui n’en conviennent pas, plus que les autres.
Ce n’est pas que les Flamands soient doués pour les langues plus que les francophones, c’est tout simplement parce qu’ils n’ont pas le choix s’ils veulent s’ouvrir sur la connaissance. La meilleure manière d’exprimer sa pensée, c’est encore le français, même si certains se ruent sur l’anglais par détestation du français et aussi parce que l’anglais est la langue du business.
Évidemment, ils sont mal barrés et pas qu’avec le français, avec l’allemand aussi, si riche en littérature et en philosophie.
Ces langues voisines sont incomparables à la leur. Sans char, ils le pensent aussi.
Mais voilà, nous sommes dans un pays où les vérités ne se disent pas.
En attendant, nos mouflets sont poussés dans des écoles mixtes ou purement néerlandophones par des mères qui ont mordu dans les salades de nos télés, les éditoriaux du Soir et les reportages attendrissant de Di Rupo noircissant des cahiers d’écolier en exercices dans la langue du curé Vondel, pour dire deux mots en public qui font sourire la moitié du pays et consternent l’autre moitié.
Alors, les gniards des bords de Meuse passent un temps fou à construire des phrases avec le participe passé en queue de peloton qui ne seront pas comprises par les dockers d’Anvers, ni par les commerçants de Hasselt.
Quand on pense que toute la littérature sur les technologies de pointe est en anglais, que l’import-export pleure après des trilingues anglais-portugais-chinois, que personne ne saurait exporter du pétrole sans parler l’arabe et qu’on vient nous faire croire qu’apprendre le flamand, c’est assurer l’avenir de nos enfants !
Il est vrai qu’existent des professionnels qui ont l’obligation de parler flamand.
Ils ont l’excuse du guichet, de l’obligation de s’exprimer devant une clientèle qui fait semblant de ne pas entendre le français et qui se fiche carrément du malheureux bilingue, tendance Molière.
D’autres, comme l’héritière du trône, plongée dès sa petite enfance dans le bilinguisme, ne peut pas couper au programme, absolument capital pour l’avenir de la dynastie d’exceller dans le néerlandais. Et qu’est-ce que lui apprennent les profs du plat pays ? Que Charles Quint était natif de Gand et qu’il ne pétait pas un mot d’espagnol !
Qu’est-ce qu’on pourrait dire à ces mères éplorées qui ne voient pas leur progéniture faire des progrès en flamand ?
…que la frontière linguistique est toute tracée, elle commence là où on fait semblant de ne pas comprendre l’autre.

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Ce n’est pas un prétentieux qui voit le français comme la plus admirable langue au monde qui vous le dit, mais un citoyen quelconque. On se jette dans l’apprentissage d’une deuxième, voire d’une troisième langue, sans maîtriser la sienne.
Et on s’étonne qu’en immersion… il y ait tant de noyés !

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