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Delhaize, du petit pois à la purée.

On ne sait d’où sort Denis Knoops, le CEO de Delhaize, peut-être même ne sort-il de nulle part ? Peut-être d’une riche famille d’actionnaires, dont on sait qu’elles sont des mille-feuilles ; de la famille Delhaize même, cousin, enfant reconnu ou pas, fils d’une vieux serviteur, Dom Juan sur le retour, séducteur potentiel d’une nouvelle Liliane Bettencourt culbutée sur des cageots de légumes avariés, dans le fond d’une réserve d’un aïeul Delhaize, qui sait ?
On ne sait pas non plus ce qu’il peut, ou ne peut pas, prendre comme décision, éclaireur kamikaze ou un des trois fils de Charlemagne ? Ce qu’on peut dire, c’est que nous avons affaire à un briscard de la vieille école qui n’est pas très doué en communication.
Une vieille école souvent décriée, voire dépassée, pourtant avec « moins de cons » qu’on ne suppose (Comme ils sont moins nombreux à travailler dans les directions, il y en a forcément moins à ce niveau que parmi les ploucs des magasins).
Vieille école, qu’on en juge.
« Eux, c’est eux et nous, c’est nous » disaient jadis les patrons qui tenaient farouchement à ce que chez eux, il n’y ait qu’un maître, traitant de tout, vendant, achetant, matériel et personnel, sans tenir compte de l’avis des personnes travaillant dans leur entreprise, déjà « bons Delhaiziens », comme on dit jadis « bons Grand-Bazariens » dévoués au seul enrichissement familial et actionnarial.
Cette race-là de propriétaires sait mieux que personne ce qu’il faut faire et ne s’embarrasse surtout pas des avis des personnels. Elle considère même ceux-ci avec quelque mépris. Ils dissimulent sous une teinture paternaliste leur conviction d’avoir sous leurs ordres des êtres tout à fait et à jamais inférieurs.
Ils envoient le fiston en Suisse dans des institutions spécialisées qui délivrent des diplômes à valeur universitaire au prorata de l’argent que le rejeton vient y dépenser ou quand l’héritier est intelligent, ils l’expédient aux universités célébrissimes. La jeune pousse en sort avec des idées « plus modernes », sans évidemment rien connaître de la peine des hommes et du travail de subsistance élémentaire.

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Les Delhaize, c’est le cas d’une famille gagnée par le goût de la boutique depuis 150 ans, passant du petit boutiquier au grand. Le dernier des descendants directs a dirigé le groupe jusqu’à la fin de l’année 2013 : Pierre-Olivier Beckers reçut comme cadeau de départ 7,6 millions d’euros. Il est vrai qu’il avait un salaire de 425.000 € par mois.
Dans sa recherche de l'oiseau rare, le groupe avait fait appel au chasseur de têtes Egon Zehnder, qui accompagne le Comité de rémunération et de nomination (composé du président du conseil d'administration Mats Jansson, de Jacques de Vaucleroy — un des trois représentants familiaux au CA , d'Hugh Farrington et de Bill McEwan) et l'actuel CEO.
Denis Knoops est un kamikaze chargé de faire le ménage, travaillant peut-être aux ordres de la famille (à moins que celle-ci ait perdu la main), dans une société qui fait des bénéfices et qui ne prend pas la peine d’envisager des modifications en douceur.
Le CEO actuel (jusqu’à quand ?) fait du rentre-dedans, pour que ça aille vite.
Toujours est-il qu’appeler « vrais Delhaiziens » ceux qui travaillent malgré la menace de fermeture, alors que leurs collègues en grève sont dehors avec des pancartes, c’est donner quittance d’une conduite de la peur, à de pauvres gens déboussolés, alors que leur place, celle de la dignité, exigeât qu’ils fussent dehors.
Si le concept moral de Denis Knoops consiste à cela, nul doute que Delhaize a choisi un petit monsieur pour une sale besogne et que les « bons et les mauvais Delhaiziens » ont intérêt à se méfier.
Suite de l’affrontement au conseil d'entreprise extraordinaire prévu le mercredi 18 juin.
Mais quels sont encore les noms des enfoirés qui, à l’issue des Trente Glorieuses, prédisaient une Europe des services et des industries performantes et un Tiers Monde chargé des besognes ingrates dans des usines de fabrications simples ?
Réponse : tous ceux qui actuellement encore tiennent le haut du pavé dans nos universités et dans nos médias et parlent à présent d’une « nécessaire adaptation aux réalités d’un commerce mondialisé ». Denis Knoops serait un de ceux-là, qu’on n’en serait pas étonné.

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