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Entéléchie : tant pis !

Quand on voit la situation du parti socialiste français, Di Rupo peut se vanter de ne plus être au pouvoir. Un deuxième mandat n’aurait été que le prolongement du précédent : une politique d’équilibre du budget, au détriment des deux classes inférieures (basse-moyenne et ouvrière). Réduits à la politique de Valls, les socialistes belges auraient été divisés, sinon malmenés par l’opinion. Quand on songe que Valls irait jusqu’à changer le nom du parti, qu’il flirte ouvertement avec Gattaz et le patronat, oui vraiment, Di Rupo l’a échappé belle.
Qu’il dise n’étant plus aux affaires, qu’il n’aurait pas fait la politique de Charles Michel, on peut en douter. Aucune mesure de l’ancien gouvernement n’est abrogée par le nouveau. Même les négociateurs de la N-VA, s’ils ont mis leur grain de sel dans le contrat de gouvernement, n’ont, en aucune manière, désavoué ce qu’a fait Di Rupo. C’est à cause de lui que des premières mesures vont s’abattre sur les chômeurs au premier janvier 2005.
Ces deux vieux pays, que sont la France et la baroque Belgique, commettent l’erreur de s’écarter des règles d’une démocratie vivante, pour un régime de fiction d’un dialogue des milieux économiques avec les dirigeants politiques, en oubliant l’électeur et ce que son vote signifie au moment de le mettre dans l’urne.
La démocratie, n’est pas qu’une longue délégation du pouvoir aux cadres des partis vainqueurs des élections. La seule légitimité est celle de la foule. On ne peut pas se faire élire sur un programme et en faire un autre. Sinon, en sollicitant à nouveau l’opinion par un retour aux urnes.
Il ne peut pas y avoir deux souverainetés. On ne peut pas gérer un État avec la seule légitimité du suffrage tous les quatre ou cinq ans et prendre des décisions importantes en petit comité, en ignorant la foule. L’une serait la souveraineté positive selon Montesquieu et l’autre une souveraineté négative, celle que l’on affronte trop tardivement et qu’on baptise populiste, sans doute parce qu’elle n’a qu’un pouvoir de contestation.
La Belgique ne pourra pousser le régime actuel vers une démocratie plus acceptable, que le jour où elle aura incorporé les nouvelles technologies, Internet, les Communications instantanées notamment par la téléphonie sans fil, wi-fi, la robotique et la bureautique, comme étant un des éléments de la démocratie participative, et non pas de la réglementer au profit d’une classe dirigeante et réélue par le jeu des partis, plutôt que par la compétition devant l’électeur.

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Au cours de cette période sombre d’un capitalisme très mal en point, nos gouvernements appliquent l’autoritarisme en invoquant la nécessité. Ils savent très bien que l’électeur n’admettrait jamais les mesures qu’ils prennent, s’ils sollicitaient son avis. Aussi ne le lui demandent-ils pas. Nous vivons l’autoritarisme des petits chefs, même s’ils sont premiers ministres. C’est regrettable. Peut-être que le pays s’en trouverait mieux si d’autres formules dégagées d’un consensus populaire permettraient d’arriver au même résultat.
C’est regrettable, par exemple, que les chefs du parti socialiste appuient maintenant un rapprochement entre l’économie libérale et eux, à un moment où l’économie est au plus mal, alors que du temps des Trente Glorieuses, il n’en était pas question.
De là à penser que les dirigeants de la gauche et de la droite sont d’accord à prolonger la machine et de nous en imputer les réparations, il n’y a qu’un pas. De plus en plus d’électeurs pensent que les chefs l’ont franchi.
L’art de bien gouverner échappe à ceux qui tiennent les manettes. Leur premier réflexe tient à ce qu’ils ne sont pas prêts de les lâcher, tant les avantages d’y être sont évidents. Inconsciemment, ils pensent que pour se faire réélire ils doivent être autoritaires. Pour cela, il y a les petits chefs, ils y descendent, veulent qu’on leur en attribue le mérite. Ils perdent leur hauteur de vue, pour autant qu’ils en aient eu une. Alors qu’ils ignorent si l’autorité dont ils font preuve, était celle qui convenait au bien public.
Les réformes que Charles Michel se hâtent de mettre en chantier, dans l’incertitude que la N-VA ne surenchérira pas, sont pour ce qui concerne les retraites, les diverses législations sur le travail, etc. des réformes qui réclameraient bien plus qu’une législature pour arriver à bonne fin : veiller au rapprochement des plus faibles, vers les plus fortunés, des plus maltraités aux plus favorisés.
Toute autre forme de gouvernement est détestable et va, tôt ou tard, à l’échec.
La question des conflits d'intérêts est fondamentale. Trop souvent des compromis sont en fait une façon déguisée de contourner les problèmes d’intérêts sans les résoudre, pour les oublier dans un placard. La droitisation des États d’Europe est un facteur qui les multiplie.
L’homme ne peut prédire le futur, estime Dennis Gabor (1), mais il peut l’inventer.
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1. Prix Nobel 1971.

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