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Pauvre Europe !

Mais quelle hypocrisie que ces dirigeants de l’Europe, avec un Juncker donneur de leçons, lui qui dirigea pendant tant d’années un paradis fiscal !
Et ce Verhofstadt fougueusement conformiste, réclamant à Tsípras des réformes qui ne conduiront pas à épurer la dette, mais à la gonfler des intérêts de retard.
Et ce François Hollande, ami du peuple grec, mais qui se ralliera à la position de madame Merkel !
Et… ces pays du Nord… vertueux et pauvres ou pauvres parce que vertueux, tous ralliés inconditionnels au néolibéralisme par répulsion au souvenir de l’URSS.
Voilà le procès bien établi, carré, des dirigeants ultralibéraux d’une Europe ultralibérale. Ce qui est dû est dû, peu importe qui a dépensé l’argent, c’est le dernier qui reste (comme dans les jeux d’enfant) qui gagne ou qui perd.
Ils ont tous décidés que les Grecs perdraient, sauf s’ils se défont « des gauchistes », sauf s’ils récusent l’obligation qui ressort du référendum, à ne plus poursuivre la saignée du peuple.
Décidément, l’Europe a des difficultés avec le peuple, dès qu’il est question d’un référendum. Ce ne serait pas le premier que l’Europe contournerait, comme dirait l’ineffable Gerlache de la RTBF « parce que consulter le peuple en-dehors des élections, c’est du populisme ! ».
Restons lucides, la Grèce ne compte que pour 2 % du PIB européen. Sa dette est bien moindre que celle de la France. Cependant, compte tenu de son évolution, du caractère élevé des intérêts, les plans de restriction touchant à la consommation intérieure n’aboutiront qu’à permettre de nouveaux prêts, c’est-à-dire de postposer de quelques années que la question d’aujourd’hui soit reposée. Mais reposée à qui, à un peuple encore plus pauvre que ce qu’il est aujourd’hui.
Les solutions existent. Elles consisteraient à effacer une grande partie de la dette en échange d’une restructuration de l’État grec. Pour éviter de froisser un peuple qui sait ce que signifient la démocratie et l’indépendance (la résistance sous la botte des Ottomans jusqu’en 1830, l’invasion allemande en 40, déposition de la dynastie régnante, les colonels, etc), on pourrait éviter des mots comme « tutelle », « administration directe de l’Europe », mais en même temps conseiller utilement le gouvernement grec pour une restructuration de son administration, la plus importante d’Europe au nombre de fonctionnaires en proportion du nombre d’habitants, fonder une économie qui fonctionne en éliminant le travail au noir, un règlement européen pour faire en sorte que les armateurs grecs ne changent pas de pavillon, s’ils étaient enfin taxés au prorata du chiffre d’affaire, trouver un compromis avec l’Église sur ses biens non taxés, et enfin redéfinir les moyens nécessaires à l’armée grecque, dont on sait qu’elle consomme à elle seule près de la moitié du budget de l’État.
Tout cela ne saurait se faire en six mois, mais sur des années.

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Cette politique est possible et elle est la seule pour le bien de l’Europe et de la Grèce.
Pourquoi les États du Nord de l’Europe, jusqu’aux Pays-Bas ne veulent pas en entendre parler ? Pour toutes les fausses raisons et quelques bonnes, dont la disparité des pensions, des garanties sur la durée du temps de travail et les acquis des fonctionnaires. Mais surtout pour une raison qui se trouve dans toutes les autres et qui est la pierre d’achoppement de tout : l’Europe ne veut déroger en rien à l’orthodoxie libérale, les sacro-saintes dispositions sur les devoirs des emprunteurs vis-à-vis des créanciers, des règles du commerce et du libre échange.
Bref, Tsípras est un rouge et avec un rouge, on ne négocie pas ce qui est la partie inaltérable du système capitaliste, sans quoi, ce n’est plus le système capitaliste.
Alors, de ce point de vue, les rangs se resserrent autour de Juncker, les hésitants rallient les lois du marché qui tiennent lieu de morale et de bible internationale, et tout est dit.
Si l’Europe sociale n’existe pas, par contre l’Europe atlantiste et orthodoxe existe bel et bien, les temples sont à la City et à Wall Street et non à l’Acropole, ce débris dont les Grecs s’efforcent de recoller les morceaux depuis les canonnades des Anglais et Lord Elgin arrachant les frises du Parthénon.
Mais non, les individus qui gouvernent l’Europe préférerait la saborder, plutôt que d’admettre que le système de Bruxelles est défaillant et que l’économie tourne au massacre du plus grand nombre pour la fortune de quelques-uns.
Et bien tant pis. Qui pleurerait sur cette Europe là ?
La grande décision est pour dimanche : le grexit début de l’europlouf ? Pourquoi pas !
Nous saurons de Juncker aux chefs des États membres, que l’argent les aura rendus fous.

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