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Finançons la paix !

Situation ubuesque et tragique à Madaya et dans d’autres villes de Syrie à proximité de la frontière libanaise. À Madaya des adversaires de Bachar el-Assad (L’Armée de la conquête ?) se maintiennent dans la bourgade encerclée par le Hezbollah et l’armée de Bachar, tandis qu’à proximité dans des villes plus importantes, c’est l’inverse : les troupes de Bachar et leurs alliés du Hezbollah y sont encerclés.
La différence tient en ce que les environs de Madaya sont minés ce qui empêche les gens de se nourrir des produits de la terre, en outre la population à pratiquement doublé à cause de réfugiés venus de Zabadani. Elle est actuellement de 40.000 personnes.
Dans ce micmac guerrier dans lequel Bachar el-Assad a plongé le pays en ne démissionnant pas à temps de la présidence, bien malin qui pourrait dresser une carte fiable du conflit, ou plutôt des différents conflits qui vont et viennent, s’allument et s’éteignent laissant chaque fois les villes en ruine et les habitants atterrés. Le tout poussé à la terreur extrême par les charognards de Daech qui profitent de l’insurrection pour s’infiltrer au nom d’Allah dans des no-mans-lands où ils s’implantent facilement, malgré la concurrence d’Al-Qaïda pas mort dans la Région.
La chronologie des faits reste approximative, la voilà sous réserve : le 4 juillet 2015, le Hezbollah et l'armée syrienne lancent une offensive sur Zabadani, une ville isolée et encerclée, dernier bastion rebelle dans le Qalamoun, tenue par Ahrar al-Sham. Les rebelles résistent et un cessez-le-feu est conclu le 24 septembre, en même temps que dans les villages de Foua et Kafraya, les positions loyalistes d'Idleb sont encerclées par les rebelles.
Au sud de Zabadani, la commune de Madaya est assiégée à partir de juillet par les forces loyalistes. Au bout de quelques mois, la famine s’installe. L’accès à la ville de l’aide humanitaire n’est accordé que le 17 octobre 2015 et le 7 janvier 2016.
Les gens y meurent de faim, le froid y aggrave la souffrance dans une indifférence quasi générale.
Pourquoi cette incursion dans un univers qui nous est pratiquement inconnu sinon par les comptes-rendus de quelques agences de presse ?
Parce qu’aujourd’hui l’économie se veut mondiale. Si nous en tirons des conclusions négatives dans nos métiers et les salaires que nous en avons, elles n’en sont pas pour autant complètes, parce que la mondialisation est aussi mise directement en cause dans ce conflit devenu international. La libre circulation des personnes et des biens s’en trouve directement compromise, le commerce de tout et de n’importe quoi aussi, puisqu’il alimente le conflit en armes et munitions.

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Attendu que l’Europe est tacitement d’accord avec ce principe économique de globalisation, qu’elle s’apprête à signer des accords avec les USA qui vont en ce sens, qu’elle s’accorde avec la Chine et les Émirats sans trop faire la fine bouche sur les Droits de l’Homme, le conflit Syrien et la création de l’EI contredisent cette mondialisation par des violences, des espaces de non-droits et donc de non-commercialisation globale.
Puisqu’il y a imbrication de l’économie dans les démocraties au point qu’elle interfère sur les décisions des Etats (1), des organismes internationaux de la finance et du commerce devraient donc financer les démocraties pour mettre un terme aux conflits du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, en même temps qu’ils useraient de leur influence pour empêcher tout commerce avec ceux qui troublent les règles du marché.
Utopie ? La mondialisation montre son côté le plus désastreux, si elle pouvait au moins en montrer un autre ?
Parce que du cash, ce n’est pas ce qui manque. Ce qui manque, c’est la volonté politique des mandatés de nos démocraties d’en prendre une part pour financer la paix.
Contraignons le capitalisme à financer la paix ! (2)
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1. La politique du gouvernement Charles Michel est édifiante. Ce type est complètement acquis à l’économie de marché, conventionnelle et mondialiste, au point de se désintéresser des misères sociales que cette politique engendre.
2. L’emmerdant, c’est qu’on nous vend une économie du « bon côté », or sa partie honteuse est de l’autre côté. Et c’est ce que Charles Michel et les autres oublient de nous dire.

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