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L’État voyou… et les dirigeants ?

Il y a bien d’autres raisons pour qualifier l’État belge de voyou, comme l’a affirmé M. de Codt, le premier président de la Cour de cassation, le plus haut magistrat dans la chefferie du droit.
Sinon qu’un État voyou ne l’est jamais que parce que ses dirigeants le sont. C’est une dernière pudeur d’expliquer que l’État est voyou, mais que ses dirigeants ne le sont pas.
En réalité, l’État n’est voyou que parce que ses dirigeants le sont.
Est-il admissible que le pouvoir étale son opulence devant le peuple, avec ses salaires, ses privilèges, ses cinq gouvernements et ses Provinces pour délaisser sa justice, abandonner à la cupidité privée des pans entiers de son administration, sous payer les travailleurs du bas de l’échelle, réduire à la mendicité ses vieux, ses malades et se venger sur les chômeurs du manque d’appétit économique et l’absence de croissance de son économie ?
Il y a depuis longtemps un grand malentendu entre les dirigeants et le peuple. Il concerne l’économie qui s’est tellement bien imbriquée dans la démocratie que l’une ne va pas sans l’autre.
Or, le peuple n’est pas cette bête brute qui s’en va les défendre depuis les tranchées de 14 et qui cent ans plus tard se voit remercier parce qu’on n’a plus besoin de lui.
Le pacte tacite et non écrit qui l’unit à la démocratie et à l’économie est clair. Quel que soit celui qui les représente devrait le savoir : le peuple se satisfait d’une part des produits qu’il crée par son travail, mais il n’est pas dupe de ce que lui prennent tous les autres.
Quoi qu’il arrive, il s’estime frustré et volé quand il ne progresse plus dans son salaire et son mode de vie. Alors, quand il ne stagne même plus mais qu’il régresse, je ne vous dis pas ce qu’il pense de l’État, de ses dirigeants, de ses économistes et du parasitisme des riches.
Quand, à la base des richesses qu’il produit, on lui raconte qu’il n’a plus de progrès à attendre de son travail et qu’au contraire celui-ci vaut de moins en moins, alors qu’il n’a jamais vu autant de prospérité autour de lui, son sang ne fait qu’un tour. En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, le pacte tacite et non écrit n’existe plus, l’économie et la démocratie ne valent plus rien.
C’est ce qu’est en train de faire savoir monsieur de Codt pour le seul département de la justice.
Et cette affaire de la misère des magistrats, des prisons, des postes, des polices, des transports publics, jointe à celle énumérée plus haut des gens dont on ne parle jamais, eh bien cela ne passe plus. L’opulence fait tache, les ministres sont suspects.
Le peuple n’est pas responsable des hoquets du capitalisme, le nombre de milliardaires ne l’intéresse pas et même la soie et l’opulence qu’il concède à son personnel politique lui serait tout à fait égale, si on ne le prenait pas pour un imbécile en lui volant jusqu’à l’écuelle de ses repas.
Les Michel et consort auront beau multiplier les discours raisonneurs, les partis de pouvoir, copains comme cochons se rabibocher sur les thèses populistes d’un Gerlache, rien n’y fera.

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On ne fait pas confiance à des voyous.
Que pourra-t-il se passer par la suite ?
La puissance de l’argent peut beaucoup. Le couplet que l’on étrangle la démocratie, en ne faisant plus confiance au personnel politique, est toujours porteur. Les têtes d’affiche peuvent rassembler des armées de policiers, lancer une « démocratie » du 49-3 comme en France. Le scrutin ne sert à rien, quand le peuple s’en détourne, Pour qu’une démocratie existe, il faut qu’elle assume un plan du vivre ensemble, qui n’est ni industriel, ni commercial.
Nul ne saurait dire de quoi demain sera fait.
Quand une société n’a plus que vaguement le souci de l’intérêt général, les riches doivent se méfier. Ils sont allés trop loin dans leur accaparement. Ils ont trop bien réussi.
C’est là où ils peuvent tout perdre.

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