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Mal parti et bien arrivé !

Personne n’a encore relevé le paradoxe d’une politique générale de mondialisation des échanges commerciaux et en même temps l’enfermement entre des murs de chaque État ouvert au commerce !
C’est une mondialisation qui a horreur du cosmopolitisme !
On vend et achète de tout à n’importe qui, sans cesser d’édifier de nouvelles barrières à l’intérieur même d’une Europe qui était censée les renverser. Et même entre les murs des États, par les inégalités sociales qui sautent aux yeux de tous, voilà que des barrières symboliques mais ô combien efficaces se dressent séparant les riches des pauvres, les civilisés des barbares, les intelligences scolaires des intelligences naturelles.
La pire chicane de toutes, une religion d’un seul Dieu contre une autre religion d’une même adoration unique, à croire, puisqu’il n’y aurait qu’un seul Dieu, qu’on croit avoir le bon et que les autres sont des imposteurs, d’où des haines atroces et des guerres sanglantes d’une confondante bêtise.
Pardon pour ceux qui lisent ce blog sans faire pour autant de la philosophie, mais le cosmopolitisme kantien n’est pas qu’une idéologie de la bourgeoisie des Lumières vue de Königsberg, C’est une façon de tenir bon sur des principes de laïcité à un moment fort du resurgissement d’une foi mettant à mal la raison, la critique et l’intelligence.
Il faut y regarder à deux fois, mais ce principe de laïcité est le seul garant de la démocratie, si faible soit-il.
Ce qui promeut l’Humanité, ce qui la propulse et la transcende vers plus d’égalité, c’est justement la défaite d’une croyance, celle d’une Humanité créée par Dieu.
À croire que les débats actuels nous replongent cent ans en arrière.
C’est le défaut d’une génération qui, ne sachant plus lire, oublie les leçons du passé, non pas pour se conformer à ce qui fut, mais pour user des matériaux desquels on a appris à se servir, pour aller de l’avant et bâtir autre chose.
Comment repenser un monde sans savoir ce qu’il advint des encyclopédistes, dont on ne nous apprend plus la connaissance et du balbutiement de tout le reste ?

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Voilà le danger du néant qui approche. Le monde finit par se détester et les gens se vouent à la catastrophe, comme si par définition la catastrophe n’était pas autre chose que l’inéluctable contre lequel on ne peut pas lutter !
La pire catastrophe n’est-elle pas celle décrite par Walter Benjamin « …que rien n’arrive » ?
Le monde clos est fini. Le monde cosmique commence. L’univers est infini, voilà qui donne une claque à l’homme narcissique. L’homme n’est plus le centre de l’univers. Il a perdu sa position privilégiée de « chouchou » des dieux, jusqu’à devenir soit le fils, soit le prophète, pour finir en massacreur-soldat suppléant à tout, Dieu compris, par des prêtres-commerçants.
Les promesses du futur ne sont-elle pas dans ce que l’homme peut encore inventer ?
On nous dit que le danger viendra de ce que créant sans cesse, l’homme ne finisse par inventer une chose immaîtrisable, comme la scission de l’atome à grande échelle ou une intelligence artificielle supérieure à celle de son créateur.
D’autres craignent qu’un gros caillou de la taille d’un terrain de football, nous tombant sur la tête, cela soit suffisant pour clore le chapitre des mammifères.
Faut-il pour autant se réveiller la nuit et avoir peur ?
« Les philosophes ont interprété le monde, écrit Marx, il faut désormais le transformer ».
Transformons les inégalités en égalités, la faim en un programme de ressources alimentaires, la soif en une préservation de l’eau des océans, les frontières en limites des cultures exclusivement, de sorte que les savoirs locaux puissent être préservés et en même temps ouverts sur les autres.
Terminons-en avec les lois économiques du travail productivistes. Partageons les corvées et n’appelons plus cela travail, donnons aux créateurs les moyens de créer.
Bref, il y a tant de choses à faire qu’être conservateur aujourd’hui, c’est presque adorer les temps anciens de barbarie, plutôt que celui d’un ordre, de toute façon disparu.

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MERCI POUR CE MAGNIFIQUE TEXTE

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