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Quota et blablabla.

Badaboum ! revoilà le communautaire. On se disait aussi que le militantisme flamingant n’allait pas attendre la fin de cette législature pour titiller les francophones.
Cette fois, on redémarre sur les quotas en médecine.
Le recteur de la KULeuven et ancien sénateur CD&V, Rik Torfs, amorce la pompe à scission de la sécurité sociale.
Pour comprendre, il faut revenir à la proposition de l’Inami d'ajuster la clé de répartition Nord-Sud des numéros accordés aux étudiants sortant de leurs études en l'établissant à 56,5/43,5 plutôt que 60/40 pour tenir compte des besoins constatés en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Torfs crie au loup, proteste auprès de la ministre de la Santé, Maggie De Block (Open Vld). Médecin elle-même, elle serait prête à céder. Selon le recteur, la Flandre doit recevoir de sérieuses compensations. Sinon, il faudra envisager de scinder la sécurité sociale.
Si les quotas remontent légèrement en Francophonie, c’est qu’au train où vont les retraites dans le métier, certaines régions ne seront plus desservies par un généraliste.
C’est qu’il est beaucoup plus intéressant, après des études de médecine réussies, de se lancer dans une spécialité pour deux raisons. La première tient aux honoraires et la seconde au diagnostic. Le spécialiste consulté n’a besoin d’être compétent que dans la branche où il exerce sa spécialité. On demande au généraliste d’être compétent partout. Il est primordial d’au moins connaître l’origine du mal, pour en déterminer les causes et envoyer, le cas échéant, le patient chez le spécialiste qui convient.
Je me suis toujours demandé pourquoi on fait tant de chichis à propos de ces professions libérales.
En réalité, la législation sur le travail en Belgique est une machine de guerre contre les professions « subalternes » et un sacré bouclier de protection aux médecins et professeurs de médecine.
Plus il y a de maçons, plus la main-d’œuvre est en concurrence et plus les salaires stagnent ou diminuent. Il en va de même pour toutes les autres professions non protégées. On va même faire appel à des ouvriers/employés hors de Belgique, depuis que l’Europe pousse à ce genre de concurrence. Les quotas commencent aux pharmaciens, font un détour chez les notaires et finissent en apothéose chez les médecins.
Le baratin de nos « élites » sur la libre concurrence « nécessaire à la démocratie » ne concerne pas certaines professions.
On pourrait dans la belle logique de la mise en compétition, là aussi supprimer les quotas et faire en sorte que la concurrence joue sur les prix de la consultation.
Mais non. Il paraît qu’on mettrait en danger la qualité de la médecine ? En quoi, puisque ne peuvent pratiquer que des personnes dûment diplômées ?

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Le patient serait bâclé à 20 euros la consultation et chouchouté à 40 ? Idem pour le spécialiste avec des visites au tarif supérieur, évidemment.
En attendant une loi sans dérogation et faite pour tous, Rik Torfs joue avec celle qu’on a pour prolonger la pratique actuelle qui fera bientôt de la Wallonie des campagnes, un désert médical.
Il est vrai qu’au train où vont les choses, quota ou pas, tout cela n’aura plus guère d’importance.
La Belgique n’a pas encore sa loi El Khomry, comme en France, Charles Michel et Bart De Wever y pensent. Il faut qu’ils fassent vite pour faire leur joli coup.
Demain, peut-être n’y aura-t-il plus d’Europe du tout..

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