« La tristesse d’Olympia. | Accueil | Entre Ralph Lauren et Mickael Kors… »

Bouffon du roi ou du peuple ?

Le renouvellement de mai 68 par le mai 18 de Mélenchon à Martinez n’a pas eu lieu. Il y a eu du monde dans les rues. Rufin a fait la fête à Macron. Il n’était pas seul et puis plus rien. On déroule toujours à l’Élysée, les lois passent et les oppositions finissent par se lasser. Qu’il y ait un train sur deux ou un train sur dix, une sorte d’apathie finit par avoir raison de tout le monde, à commencer par les voyageurs.
Fatalitas, Chéri Bibi revient à la mode.
Ce qui se passe en France est à méditer en Belgique. On a évité la grande confrontation avec le système. Sinon, on aurait été dans le même état de nerf sans pour autant perdre le désir d’en découdre.
Cette forme de désintérêt général est-elle le produit d’une satisfaction muette de notre médiocrité paisible « quand on voit ce qui se passe dans certains pays » ? En ce cas ce serait la peur de descendre de l’étage où nous sommes. La propagande du Régime pour l’économie mondialisée aurait-elle fini par payer ?
Il doit y avoir un peu de tout cela.
Mais, c’est surtout que nous avons oublié ce qu’est vraiment le peuple. Ce n’est pas lui qui a fait la Révolution française, mais un quarteron de révoltés unis à des groupes d’intellectuels issus des classes aisées, sinon de la noblesse. Le peuple a suivi parce que confusément il a vu dans cette révolution un changement dont il serait bénéficiaire, ne serait-ce que la reconnaissance de son existence par les élites.
Il n’est pas dit, par les temps qui courent, que nous avons encore en nous de l’indignation quand on nous humilie. Sans quoi nous aurions craché à la face de ceux qui fourguent au peuple une instruction professionnelle qui consiste à la réduction de l’intelligence en gestes et condition de travail.
Avec les moyens dont disposent les pouvoirs dans les États européens, 1789 ne pourrait plus se reproduire. La minorité agissante serait en prison et les intellectuels déclassés punis par leurs pairs seraient sans travail.
Est-ce à dire que nous sommes condamnés à écouter d’une oreille les discours largement payés à la ligne de la classe au pouvoir, et l’autre, l’emplir des clameurs de la coupe du monde du football ?
L’indifférence apparente peut cacher une sourde colère. Elle s’exprime encore par les critiques d’une gauche qui n’est pas morte, mais un vent contraire empêche le feu de l’action de reprendre.

1pepa2pa.jpg

Et c’est là le piège présent sous les pas de nos élites.
Quand tout semble sous contrôle, le pouvoir a tendance à se croire tout permis, il prend ses aises, veut accroître ses bénéfices et en faire bénéficier ses amis. Il finit par exagérer dans l’exploitation des masses. Il n’est plus guider par la tête, mais par le ventre. Son appétit est inextinguible.
La foule est avant tout bon enfant, jusqu’au point d’avoir voté un jour pour Adolphe Hitler et introduit le loup dans la bergerie démocratiquement.
C’est toujours ainsi que ça finit : par un désastre.
Nous avons subi deux conflits majeurs au cours du siècle dernier. Mais c’étaient des conflits européens, entre européens, même si le carcinome s’est répandu ailleurs. Cependant, sous chaque idéologie se tient toujours le seul motif sur quoi tout bouge, se dispute et se transforme : l’économie.
C’était le sujet principal de toutes les discordes du XX siècle, ce sera aussi celui du XXI.
Il n’y a qu’un seul moteur dans le rapport entre gouvernants et gouvernés, celui qui fait que les détenteurs du pouvoir sont capables ou non d’entretenir les foules dans une sorte de digestion lente et douce après les repas.
Quand il n’y a plus de repas pour quelques-uns, les masses endormies restent toujours somnolentes à l’état de veille ; mais quand la disette gagne trop de monde, c’est là que tout peut arriver.
L’économie mondiale est un sujet de préoccupation des élites. Ils sont parvenus à convaincre ceux qui n’en attendent rien de bon, mais qui ont toujours l’écuelle pleine, que les cafouillages sont le signe que tout va s’améliorer. Ils préparent déjà les bons motifs qui feront de la crise future qui aura lieu de toute façon, parce que le capitalisme c’est ça, une sorte de ratage prévisible, comme des livres qui tombent d’une étagère et qui feront qu’on va se mettre à les ranger bien mieux.
Mais ce faisant, il faut que l’écuelle ne reste pas vide trop longtemps, que les gens puissent se rendormir à digérer leurs côtes de porc de chez Carrefour.
L’échec de mai 18 vient d’un sentiment honorable, ceux qui ont pensé avec ce que l’élite fait subir au peuple que cette fois « ça y est » !
Ils étaient top confiants. Personnellement, je les estime davantage d’avoir crû en des possibles en misant sur l’intelligence du peuple. L’avenir est aux idéalistes et pas aux fatalistes.
Ils n’ont pas été découragés. Leurs pendants en Belgique leur sont reconnaissants, je présume.
Pour le moment, Macron signe à la Trump des lois nouvelles, entouré de Christophe Castaner et de la ministre de la Justice Nicole Belloubet, Pour que la mise en scène soit à son avantage, il a fait asseoir Castaner, sur une chaise basse. La bouffonnerie bat son plein.
À Bruxelles, Charles Michel n’a plus que dix mois pour trouver une solution à sa survie. On lui conseillerait de déjà faire ses paquets, si l’on avait de l’estime pour lui.

Poster un commentaire