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L’attente amoureuse…

On aura beau gommer la partie honteuse de nos sociétés libérales, il n’en demeure pas moins que loin d’être collectivistes, ces sociétés se fondent sur l’immoralité de leur commerce.
Le deal a, de tous temps, associé leurs turpitudes à la morale, sans que ça fasse désordre et se voie trop. Pour un Jean-Jacques Rousseau, il y a un paquet de philosophes qui s’y sont trompés, de Kant, Hegel, Kierkegaard, à Alain et Valéry, tous se sont résignés à l’inexorabilité de leur complicité.
La guerre commerciale qui débute entre les États-Unis et le reste du monde, sauf Israël, fait partie de cette immoralité dans un registre très ancien, celui du fort contre le faible.
L’escalade des tensions entre les Etats-Unis et leurs partenaires rend l’immoralité de cette pratique chaque jour moins théorique.
Les premières conséquences économiques d’une déflagration commerciale mondiale devraient accentuer davantage le rôle joué par la puissance militaire des États-Unis, sans laquelle la puissance commerciale ne saurait être.
On assiste à un des hauts moments du commerce. À l’image des galions de Philippe II chargés d’or des pays conquis d’Amérique du Sud, Trump est un nouveau Cortès pour un chemin inverse.
Le mot exact de cette opération de Trump n’est pas difficile à trouver, sous la menace de ses tanks, de ses avions, de ses bateaux, Trump espère rapatrier un butin de son opération commerciale, rien d’autres.
Le porte-avions remplace l’arquebuse. C’est plus efficace.
On admire au passage avec quel art en Belgique, les tenants de ce gangstérisme d’État parviennent à poursuivre leur « grand rêve du monde libre ». Les MR et les autres nous enchaînent avec enthousiasme à la puissance américaine ! Dommage que la guerre commerciale ne soit pas officiellement ce qu’elle est réellement : une guerre tout court.
Les vaincus commercialement et militairement, c’est-à-dire le peuple, voient avec inquiétude un choc probable comparable à celui de 2008-2009, au cas où les États-Unis l’emporteraient.
Nos extra-lucides parlent à voix basse de « guerre totale » : une hausse de 60 points de pourcentage des tarifs douaniers sur les biens échangés entre les grands pays, alors qu’ils sont de 3 % en moyenne des Etats-Unis à Europe, ferait une baisse du pouvoir d’achat d’environ 1.000 € par citoyen de l’UE.
En effet, elle serait très variablement répercutée selon le type d’économie. La France par exemple perdrait 1.125 € l’an par habitant.
Allant de la crainte à l’espoir depuis le Brexit, le marché unique européen n’a pas trop souffert, sans droits de douane en interne. Avec l’exercice de musculation trumpien, l’UE accuserait une perte « permanente » de 4 % du PIB selon les économistes Jean Sébastien, André Sapir et Martin Philippe.

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Les effets provoqués par une avalanche de surtaxes sont prouvés. A court terme, elles font grimper le prix des produits importés. Les répercussions sont immédiates sur le pouvoir d’achat des ménages. Mais également sur la compétitivité des entreprises, dans un monde où les chaînes de production sont de plus en plus morcelées.
Faut-il rappeler que ce désastre prévisible l’est sciemment et préparé par une surpuissance dans le cadre d’un système économique qui fait ainsi une nouvelle fois preuve d’une réal-politique qui s’appelle du cynisme.
Le multilatéralisme qui passe par des mesures de rétorsion proportionnées est la seule réplique proposée par Juncker, mais elle a l’inconvénient de conduire à l’escalade. À ce jeu, nous sommes perdus d’avance.
Donner une nouvelle dimension aux accords commerciaux, mais comment ? Il n’y a que dans les films que l’on négocie avec la maffia.
On est en juillet, les vacances, le tralala du foot, le vélo en relais, etc. C’est vers octobre que cela pourrait se gâter, quand il sera beaucoup trop tard pour radicaliser une réplique dont, de toute manière, l’Europe vassalisée est incapable. Reste la grande inconnue de la Chine.
On attend… pour Charles Michel ce n’est pas trop douloureux, c’est une attente amoureuse !

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