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Joe Biden et nous.

Nous nous complaisons dans les bavardages sur les vaccins, les confinements et le télétravail. Le gouvernement s’y entend à merveille. On a oublié que la cheffe des affaires étrangères est Sophie Wilmès. Elle est toujours dans le bain de la pandémie et ignore l’imbrication de la Belgique dans le vaste monde. On se demande même si elle sait qu’elle est ministre des affaires étrangères, emploi qu’on lui a concédé pour avoir sauvé la face de la démocratie libérale.
Pourtant la politique suit son cours en-dehors des frontières. Cet éloignement de la realpolitik est hautement préjudiciable. Le réveil sera douloureux. Les autorités de ce pays glissent sur l’essentiel de façon délibérée, pour nous chambrer sur la rengaine de la pandémie.
La dernière saillie de Biden à propos de Poutine devrait nous alerter. Dire d’un chef d’État qu’il est un « tueur » est un casus belli avec les Russes. Soutenir que Poutine n’a pas d’âme, au nom de son esprit chrétien, Biden en remet une couche sur l’évangélisation du Kremlin. Il serait utile que Wilmès rappelle à ce président qu’on n’est plus au temps des croisades.
Que l’Europe ne soit nulle part, c’est entendu ; mais qu’elle passe pour être le toutou des Américains cela devient franchement indécent. Qu’elle en remette une couche avec l’aplatissement complet des gens de Bouchez devant leur dieu de Washington, nous fait redouter le pire si les relations entre Biden et Poutine venaient à se tendre davantage.
Depuis l’annexion de la Crimée et la guerre locale du Donbass, nous nous comportons comme des modèles de vertu devant le crime, comme si nous étions des missionnaires du Bien dans une société qui ne compte que sur les rapports de force. Nous nous en remettons au très catholique Biden et délaissons nos propres intérêts à suivre les USA dans leur guerre froide. Merkel, plus pragmatique, n’entend pas arrêter la construction de son gazoduc qui devrait approvisionner l’Allemagne depuis la Russie. Elle a bien vu que l’intérêt de l’Allemagne ne coïncidait pas avec ceux des USA.
C’est le grand malheur de l’Europe de ne pouvoir se passer des Américains dans la conduite d’une politique extérieure, puisque nous n’avons pas une armée crédible, que celle sous commandement américain de l’OTAN.

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Et voilà que la deuxième patate chaude, nous vient de Chine ! Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, a fait part de désaccords irréconciliables, en revenant sur le génocide par Pékin des musulmans ouïghours, les manifestations réprimées de Hong Kong, la revendication chinoise sur Taïwan, les cybers attaques contre les États-Unis et la coercition économique des alliés des USA. Nous n’avons pas à nous mêler de ce conflit pour la première place entre ces deux grandes puissances.
Ça tombe bien, nous comptons pour du beurre. Nous ne sommes invités nulle part y compris dans la conférence sur l’Afghanistan qui a lieu à Moscou et où on voit une forte délégation américaine, alors que l’Europe est un important bailleur de fonds pour le gouvernement afghan.
Ce parti-pris d’ignorer l’Europe, rejaillit sur la politique de Wilmès, déjà fan de l’Amérique et à moitié anglaise. Cela risque de nous coûter cher. Par exemple, l’extension de l’aéroport de Liège principalement dû au commerce que l’Europe a avec la Chine, les implications que nous avons indirectement avec notre ancienne colonie en train de négocier des contrats économiques avec d’autres pays sans nous. Sophie Wilmès ferait bien de la ramener moins sur l’amitié avec les USA et voir jusqu’où cette amitié, pas si évidente que ça (Trump nous en a montré les limites) peut aller sans nuire à nos intérêts.
La sottise des libéraux et notamment de Georges-Louis Bouchez sur le libéralisme importé des USA commence à être dangereuse pour l’économie de la Belgique.
La vision de Biden fait peur quand il parle de Xi Jin Ping “Chacun de ces actes menace l’ordre fondé sur des règles qui garantit la stabilité mondiale. C’est pourquoi il ne s’agit pas seulement de questions intérieures.” La réponse de l’autre, bien entendu, ne s’est pas faite attendre et avait tout l’air d’une escalade verbale “La Chine est fermement opposée aux ingérences américaines dans les affaires intérieures de la Chine, et nous prendrons des mesures fermes en réponse”.
Pendant ce temps, Sophie Wilmès affiche son anglais et nous américanise par sa politique. L’Europe se gargarise des droits de l’Homme sans avoir les moyens de les faire appliquer.

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