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Perspective et prospection.

L’interprétation de la démographie des peuples permet, sinon de les comprendre, à tout le moins de deviner leurs intentions, au travers de leurs projets.
Un fin démographe, Emmanuel Todd en fait une démonstration magistrale.
C’est ainsi qu’il n’hésite pas de titrer son billet dans l’hebdomadaire Marianne de « démographie de la troisième guerre mondiale ».
En effet, nous sommes entrés dans une guerre longue en Ukraine. Deux camps se sont formés pas si éloignés de ceux qui se liguèrent contre l’Allemagne et le Japon, sauf, qu’aujourd’hui les deux anciens adversaires se sont intégrés dans le camp occidental en le renforçant, tandis que notre ancien Allié l’URSS s’est éloigné bien plus sous sa nouvelle appellation Russie, qu’il ne le fut du temps de l’État communiste.
Guerre longue qu’initialement Poutine croyait courte. Il pensait avec une minuscule armée de 200.000 hommes faire une promenade de santé jusqu’à Kiev en février. Si cela avait été le cas, l’OTAN et l’Europe auraient fait le dos rond et se seraient plutôt tournés vers la défense des pays Baltes. Enthousiasmé par son succès facile, l’Homme fort du Kremlin qui avait déjà auparavant mesuré la faiblesse du camp d’en face par ses exactions à Alep en soutien à Bachar el-Assad sans réaction d’Obama, l’invasion de la Crimée sans un seul coup de feu, suivis de la déposition de Zelensky, tout semblait propice à d’autres conquêtes.
Todd fait une différence démographique entre les guerres 1 et 2 d’une part et celle qui a débuté sous nos yeux en février 2022. La démographie était en expansion générale pour les deux premières, celle-ci couvre une période de fléchissement que l’ONU estime à cinquante années, de 2000 à 2050. La Russie passerait d’une population de 146 M à 136 M, tandis que l’extrême Occident se porterait un peu mieux, surtout les États-Unis qui passeraient de 282 M à 380 m.
Ce sentiment d’expansion des populations expliquerait la volonté de Washington de freiner les ambitions de la Russie et de la Chine, elle-même en voie de perdre des dizaines de millions d’habitants.
La Russie et la Chine sont déjà touchées par cette contraction démographique.
La démographie ascendante montre l’Homme à profusion et influence sur les décisions des chefs. L’inverse s’observe en Russie dans la difficulté de mobiliser 300.000 hommes pour les incorporer au corps expéditionnaire qui piétine en Ukraine.
Pour rappel la Russie quand elle s’appelait URSS avait fait entrer 500.000 hommes en Tchécoslovaquie en 1968. Six années plus tôt, la France entretenait 400.000 hommes en Algérie.
Quant à la Chine une contraction des populations impacte directement l’industrie mondiale, ce qui se traduit par une inflation généralisée.

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Malgré sa belle performance démographique l’Amérique n’est pas si triomphante. Le déficit commercial augmente, les populations intégrées surtout mexicaines sont loin d’être productives, enfin le système scolaire américain ségrégue les classes sociales par les coûts en minerval, si bien que l’Amérique ne forme plus les ingénieurs dont elle a besoin qu’en raison de 7 % !
La troisième guerre mondiale met face à face des puissances déclinantes à des rythmes différents. L’effet produit est déstabilisateur.
Malgré les boucheries des deux guerres mondiales vécues et assumées par des populations des deux camps, la vitalité par les naissances compensatrices permit les Trente Glorieuses.
On ne pourra pas en dire autant de la troisième qui comptera déjà un an en février prochain.
Ce sera la guerre du déclin prédit Emmanuel Todd.
Vainqueurs et vaincus en sortiront affaiblis. Elle débouchera sur un sombre avenir démographique dans une économie à la peine. Les défis climatiques ne seront pas relevés avec toute la vigueur qui s’impose.
Seule palme d’or au tableau, les 10 milliards d’habitants, prédits par les gazetiers au niveau mondial, resteront dans le domaine de la fiction. Fin de siècle, on sera probablement entre 5 à 6 milliards d’habitants. Les changements comme la montée des eaux, l’augmentation des températures et la pollution des airs pourraient même faire retomber la population mondiale en-dessous des 5 milliards !
Sauf bien entendu l’usage à grande échelle de l’arme atomique. Sait-on jamais ? si celle-ci venait à être commune à un grand nombre de nations. Il se trouverait sans doute un État capable d’actionner la mécanique du feu céleste. Ce qui est terrible dans ce scénario après le geste initial criminel, c’est que les autres n’ont pas le choix, ils seront fatalement obligés à le faire aussi, remettant ainsi le compteur à zéro et replaçant les survivants à l’âge des cavernes.

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