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Un État schizoïde.

Il paraît que nous sommes parmi les leaders des pays les plus taxés au monde. Cela doit être vrai, rien qu’à considérer les élucubrations des happe-chair de la gent parlementaire, dans la construction de l’État, toujours belge jusqu’à nouvel ordre.
Reste qu’à partir de ce constat, on pourrait imaginer des réformes de structure, comme disait André Renard, pour rendre le pays aux citoyens et commencer la démolition de l’usine à gaz que nos élus ont créée, souvent contre notre plein gré. Sauf, demander à ceux qui ont construit pièce par pièce le monstre que nous avons sous nos yeux, de le réduire en cendre pour faire du neuf et du moins cher, paraît hors de leur entendement. C’est comme si on demandait à un escroc de se réformer en commençant par se juger lui-même ! Le comble c’est que la boulette vient de loin. Justement du temps d’André Renard, initiée par lui, dans sa démarche de réformer les structures.
Trois générations de parlementaires après, les couches de tubulures et de bétonnages massifs ont fait de cette usine à gaz une ratière, dont seules nos élites ont les plans des couloirs, des entrelacs de poutres et des méandres d’impasses et d’interdits. Ils y vivent à l’aise, hors de portée de toute critique, invulnérables, puisque ce sont eux qui font les lois.
Bien sûr que tout ne part pas dans le gras des poches-égouts de cette gentry spéciale. Malgré le délabrement des hôpitaux, les chinoiseries de l’État libéral, social encore quelques temps, et les mirages du laisser-faire d’une économie de marché veillant au remplacement des secteurs publics par le privé, la sécurité sociale joue encore un grand rôle pour aider les gens à s’en sortir. Sous le plâtre et le superflu, les fibres faisant corps avec la population existent toujours et ne demandent qu’à fonctionner.
C’est dire si tout était fait avec plus de sérieux et dans l’amour du peuple, comme le citoyen de base aurait pu être fier de son pays !
Ces réflexions ne sont pas nées d’hier, elles ont été exhumées des dossiers toujours instruits et jamais ouverts de tout un contentieux vieux d’une cinquantaine d’années. Elles reviennent à la surface grâce aux bruits que le gouvernement fait courir selon lesquels le ministre des Finances Van Peteghem veut supprimer la TVA sur les fruits et légumes.
Revoilà partie toute l’usine à gaz vers des idéaux dont aucun notable ne veut réellement, tant on ne peut pas passer son temps sur des grignotages de fiscalité de la TVA ou des impôts sur le travail, sans remettre sur la table le dossier des impôts des personnes et des biens.

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Il est inadmissible que l’on puisse taxer les travailleurs et les pensionnés dont certains ont des revenus supérieurs à 1500 euros bruts et passent sous le seuil des 1500 euros en revenus nets, après l’essorage d’une fiscalité meurtrière pour ces infimes revenus, sur le temps qu’on donne aux hauts revenus toutes sortes de facilités surtout octroyées lors du gouvernement Michel sous l’impulsion du ministre Reynders. Que Van Peteghem veuille faire passer la quotité exemptée d’impôts, de 9.000 à 13.000 euros, n’est pas suffisante pour que le revenu minimum net soit de 1500 euros !
La question des tranches d’index des hauts revenus, actuellement au même taux que les bas salaires, reste pendante. Gênés aux entournures par ces suppléments sur les mirifiques traitements que nous allouons ou plutôt que s’allouent les responsables politiques de haut vol, le gouvernement régional wallon vient de les dégrever de 8 %, ce qui est largement insuffisant.
Il suffirait d’une loi établissant à 5.000 euros le total des indemnités de toutes sortes, y compris celle des ministres, pour que s’égaient dans la nature tous les parasites qui font de la politique le meilleur job qu’ils aient trouvé, laissant la place à une nouvelle forme de parlementarisme autrement plus préoccupée du bonheur des gens que d’elle-même.
Du coup, cet apport de sang frais dans une démocratie exsangue donnerait de nouvelles perspectives dans l’ordre des salaires et revenus. On peut imaginer qu’un ministre à 5.000 euros regarderait d’un œil moins complaisant un actionnaire qui se gave de l’inflation et des coûts des matières premières.
De même, l’usine à gaz serait passée au scanner. L’argent que l’État actuel jette par les fenêtres en une multitude de postes qui font doublons ou triplons, aurait de fortes chances de revenir à des dépenses utiles.
Détricoter l’ouvrage par les mêmes qui l’ont tricoté étant impossible, ce renouvellement passe aussi par une réforme des partis et l’accaparement de certaines professions libérales à décrocher de hauts emplois publics, délaissant ainsi leurs professions pour certaines d’État plus lucratives.
On pense aussi à des créatures avides dans le genre de Georges-Louis Bouchez qui perçoit des indemnités de sénateur coopté pour une mission qu’il ne fait manifestement pas, comme aussi à certains hauts fonctionnaires de l’ombre dont on s’aperçoit, qu’ils gagnent plus d’argent que leur ministre !

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