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31 août 2008

Ça me gonfle…

Ah !... faut faire extrêmement gaffe, quand on est un petit grain à moudre dans la machine des lois, faut pas tomber au fond du moulin.
Sinon, vous le sentez passer le grand couperet de la liberté pour tous !
Les vieux rentiers et les jeunes voyous, abonnés de la démocratie des bons de caisse, puent le passe-droit, l’arbitraire, la désinvolture.
Les lois, ne s’en foutent que ceux qui les inventent et ceux qui sont au-dessus. On prend la mesure du costard des riches « lato sensu ».
Elles sont pas faites pour rigoler. Faut pas s’y laisser engluer. Seul antidote, la fuite ! Ou alors faut du répondant, le téléphone utile…
Autrement, c’est la galère pour un rien.
Sans cravate, sans lacets, c’est le parcours du gueux qui commence.
Pas que la salle d’attente de biribi. Proust, fils de banquier, a jamais su ce qu’est la recherche du temps perdu pour un assujetti…
Exemple, les heures à glander dans les locaux de la médecine du travail qu’un ausculteur vienne crier le bon numéro. C’est pas le Loto, on est vite sur ses cannes quand même ! Jamais les faire attendre, ça les indispose !
Jamais contredire, nécessité absolue ! Définitivement en minorité qu’on est !
Quand c’est votre tour, une seule expression : certainement ; évidemment, c’est bien aussi.
Sortir des réflexions, c’est pas leur programme.
Chez les poulagas, même conseil.
La cloche, ça peut passer à travers. La gueusaille complète quand il y a un trou. C’est du folklore à l’encoignure. Délinquants et flics en fraternité absolue. Le cogne a l’autre à sa botte. Il plastronne, fait professeur Médrano. Pour une fois qu’on le prend pas pour un con…
Ce qui le dérange, c’est l’asticot qui ne l’appelle pas inspecteur. Le képi blaire pas l’incongru, le pas conforme. L’arsouille et le métèque font bicher l’Ordre. Quoi… quoi ! ça réplique, ça veut avoir raison !... ça argumente, parole ! L’inspecteur aime pas être contrarié, ça met son intelligence en question. La réflexion, c’est pas son fort.
Ce qu’il déteste par dessus tout, c’est quand le loustic fait appel à son humanité. Une gonzesse, passe encore, surtout si elle se fait tirer sans porter plainte pour viol.
Mais un mec qui demande au galonné d’être gentil, parole, il le prend pour un pédé ?
Vous sortez de votre caisse, un dixième dans le citron au-dessus de ce qu’il est permis de siffler. Devant chez vous, un immature qu’a son CAP de cuisinier et qui fait policier à défaut de rien foutre, vous attend à l’alcootest. Même s’il est chargé au point qu’il aurait intérêt à pas allumer une clope, le représentant du chose peut vous en faire voir !
Vous avez plus qu’à la fermer. Heureux si vous vous en sortez avec une transaction, qu’on vous montre pas du doigt dans le quartier.

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C’est pas des séraphins, les gros bras séculiers. Après le glaive, c’est pas du bonus non plus. Le juge qui se branle sous le comptoir pendant qu’il vous donne le maximum, ça s’est vu. Vous êtes bon pour la rentrée des classes, l’abécédaire du code de la route.
C’est au tango, qu’on voit l’homme.
Prendre la priorité quand on l’a pas, ah ! le criminel ! La jambe croisée sur la motte à Léontine, au paso-doble, le charmeur, c’est pas pour votre gueule. Le mouchoir qu’on trouve pas dans la boîte à gants et qu’est cause de tout, ça prend pas. On l’avait pas vu, c’est tout, foi de macho…
Pourquoi qu’on ferme pas les bistrots, tant qu’on y est ?
Les voitures à la casse, ça mettrait le psychologue à dix balles, le juge à 50 et le flic, clarkiste chez IKEA.
Une étude montre que vivre à la frange dans nos grandes démocraties, c’est carrément un suicide. Vous pouvez à deux euros près passer à la tranche supérieure, ou louper la carte de VIPO. Le dixième au-dessus, c’est le revolver sur la tempe, quasiment.
La Loi à la carte, c’est plus cher. Ça va chercher des zéros additionnels.
Et heureusement dirait Paul Frère, parce qu’alors faudrait mettre la barre plus haut.
Ce serait la vie chère chez les riches, un monde !
Quand on voit dans quelle merde on est !... la pauvreté qui gagne, la liberté qu’est hors de prix ! Fiché brigadiste, tombé dans le CCC, faut voir ce que ça coûte. Pire que tout, Fourniret et Dutroux font enfants de chœur, à côté.
La norme, c’est la norme, nom de dieu ! Chiez dans le vase, à côté, c’est le délit.
Le prudent qu’a compris ferme sa gueule, prend sa carte au PS et dit que plus à gauche, c’est criminel et compagnie
Applaudir les rentiers séniles du parlement qui interdisent tout, arme, mégot, conduite après 80 balais (pour bientôt), méfiance à 20 aussi, payer impôts, accises, TVA, est l’absolue nécessité.
Douiller aux Assurances : normal. Pourtant, toucher pour un sinistre, faut voir les embarras qu’on fait, les franchises, les spécificités bas de page en corps 6. Le paria, c’est l’ivrogne assuré. La façon dont Assurtourisk lui parle, lui met l’huissier aux chausses pour un jour de retard !... Le maximum d’ennuis qu’on lui promet !... quitte à lui essuyer le cul le lendemain, pour lui filer une assurance vie…
On pourra pas dire qu’on l’a pas voulue, cette société à la con, désirée à fond, démocratique à jamais. On est déjà sur le toboggan à la naissance, sans le savoir…
Par pitié, juste le talon de la botte plein dans le mille, m’sieu le gendarme, pour me faire jouir !

30 août 2008

François à La Rochelle.

Voilà le PS français embarqué dans son université d’été de La Rochelle, pourquoi faire ?
Ségolène Royal ne fait que passer, elle est attendue ailleurs. Mais elle est toujours la vedette. Les autres enragent, mais ils ne peuvent rien contre la salle. On la comprend de partir au plus vite. Ce qui est drôle, c’est que tous les ténors sont d’accord pour élire au Congrès du 6 novembre un premier secrétaire rassembleur, avec un programme qui soit de gauche. Après on verra qui donnera la réplique pour gagner la prochaine présidentielle.
Pourtant, ils sont déjà à couteau tiré, avec ou sans bise de Ségolène à François.
A la fois moment de détente et mauvais oeil à la Rochelle, Lionel Jospin est venu apporter sa scoumoune de loser à la tribune. Il a confondu PSE (Parti socialiste européen) avec PSU, le parti d’origine de Rocard.
Guy Mollet doit savourer le moment dans sa tombe.
Dans « La Bohême » il ne faut qu’un ténor. Au PS, ce n’est pas pareil. Il y a même une diva qui postule.
En attendant, l’heure n’est pas à la désignation. Mais elle est subliminale dans tous les rapports et dans toutes les conversations. En principe, le colloque singulier d’été n’est pas là pour redistribuer les cartes, mais pour dégager une aptitude – si possible de combat – à suivre un plan collectif qui ait au moins de la couleur et du caractère.
Le drame socialiste français a beaucoup d’analogies avec le drame belge. Les deux partis veulent en réalité que tout change, dans le fol espoir que ce bouleversement n’aura pas lieu, parce qu’il nécessiterait une petite révolution de palais et que personne n’en a vraiment envie.
C’est surtout à force de croire que le système libéral se réformera tout seul que les socialistes partent perdant. Parce qu’il ne pourra se réformer que sous une pression extérieure, alors que les socialistes sont bel et bien dedans. On ne peut pas adhérer mieux qu’ils ne le font actuellement aux idées libérales. D’une certaine manière, si nous parlons de l’expérience belge, Elio Di Rupo paraît plus libéral que Didier Reynders !
C’est dire, où on en est !
François Hollande n’en est pas encore là. Et c’est tout comme. S’il n’était devenu prudent avec un pôle « de gauche » à vocation majoritaire pour adversaire. C’est quand même un comble pour un parti socialiste d’en être arrivé, non pas à des courants qui susciteraient plutôt des débats sur les priorités, mais un pôle, c’est-à-dire une majorité possible qui serait en désaccord profond avec une autre majorité possible !
En clair cela s’appelle un affrontement interne qui ressemble à deux parts à peu près égales de militants prêts à tout pour gagner le pouvoir.

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L’aile gauche et l’aile droite ont malgré tout un point commun, elles sont habitées par de vieilles idées. L’une veut retourner au socialisme, oui, mais lequel ? L’autre veut réformer un libéralisme qui date des 30 glorieuses, donc qui n’existe plus en l'état et qui prospère sous une autre forme, dite globale.
En réalité, ces deux ailes sont le résultat d’un courant conservateur, mais ayant des affluents d’origines différentes.
L’ambition des anti-Hollande est de retourner aux thèmes qui firent les choux gras de la gauche des années « glorieuses », c’est-à-dire l’Etat providence qui recourt à l’impôt nécessaire à la dépense publique – comme le fit déjà la 2me République avec la création d’Ateliers nationaux, il y a plus de 150 ans, afin d’y employer le peuple !
Comment rendre efficace une expérience si ancienne et qui a échoué à chacune de ses tentatives ?
Enfin l’autre aile, semble être le refuge des bobos, des pourvus, des bien installés dans le système... Elle s’appuie essentiellement sur son succès aux municipales où elle a gagné du terrain sur l’UMP. Elle compte gérer l’Etat comme elle gère les villes, sauf que ces dernières n’ont pas vocation à changer le système au plus haut et à déterminer la politique sociale.
Français ou belges, le système de solidarité et la politique éducative ne fonctionnent plus. Et c’est ce que la gauche française n’a pas encore entériné et pour cause, elle n’est pas au pouvoir. Le socialisme belge l’a fait. Il a serré la vis des chômeurs et des allocataires sociaux avec la complicité du parti libéral. Il n’a pas réussi non plus dans l’enseignement. Il a réduit à rien les beaux slogans de l’égalité des chances, en même temps que la précarité s’emparait de presque toutes les activités, plaçant les mandataires politiques et les fonctionnaires dans une position bien meilleure que le reste des travailleurs.
L’Université d’été à La Rochelle ?
Autant aller en Ecosse, chercher Nessie dans le Loch Ness !
J’ai trouvé la fin du papier du correspondant de l’Express parfait pour clore le mien :
« Au fil des années, cette université, dont c'est la quinzième édition, ressemble de moins en moins à une "université" où l'on potasse, et de plus en plus à une soirée cinéma. Il faut choisir entre plusieurs films. "C'est le festival de Cannes", raillait l'an dernier le député Gaétan Gorce. Un concours d'ego entre rivaux, par caméras interposées. »
« C'est en tout cas le dernier festival que préside François Hollande, bronzé et plus svelte qu'avant les vacances, qui termine son mandat en novembre. "Je ne fais pas ma tournée d'adieux", clame-t-il. Les acteurs ne meurent jamais. »

29 août 2008

Roselyne Bachelot

Les médias français se satisfont de peu de choses dans la critique d’opposition à un ministre. Que reproche-t-on à Roselyne Bachelot ? D’avoir effectué sa rentrée au conseil des ministres en «crocs» roses, selon une promesse qu’elle avait faite avant les JO.
Deux jours auparavant, elle se faisait soulever triomphalement par des sportifs revenus médaillés de Pékin, dans la cour de l’Elysée.
Ce prétexte assez mince qui permet à l’opposition d’élever la voix, montre l’état de délabrement de la gauche, ralliée au libéralisme !
Ce qui est encore plus étonnant, c’est la réaction du public toute opinion confondue, effarouché par « le manque de dignité » et le « respect que l’on doit à la fonction de ministre. Alors que les mêmes ne se privent pas de maugréer contre la folie des grandeurs, les traitements surfaits et le mépris des électeurs qu’affichent certains parvenus jusqu’à des ministères « qu’ils ne méritent pas ».
Les « frasques » et les « originalités » des personnes en vue seraient propres à rendre la vie publique plus gaie. Vivre détendu et dans la bonne humeur rend les choses moins difficiles. Il est bon que les gens s’aperçoivent que les privilégiés sont des hommes et des femmes comme eux.
Le respect excessif n’est pas le moyen idéal d’égaliser les rapports entre administrateurs et administrés. Il sous-entend une hiérarchie fondée souvent sur l’injustice, qui débouche parfois sur une soumission du plus grand nombre à une élite de situation.
Se conduire avec originalité et désinvolture réduit les écarts quand cette conduite est bon enfant et traduit l’état naturel d’un caractère voué à la facétie.
C’est aussi une forme de politesse afin de mettre l’autre « à l’aise ».
S’il n’y avait pas derrière la fantaisie une intention démagogique : celle de plaire à tout prix, voire même de distraire l’attention des gens afin de dissimuler des raisons plus obscures, il n’y aurait aucun mal à ce qu’un dirigeant soit plaisant et familier, si c’est sa nature.
Ce n’est hélas, pas souvent le cas.
Faire parler de soi, se mettre en évidence, relève le plus souvent d’un calcul ou d’une erreur d’appréciation. Comme celle d’un Sarkozy, tout à la joie de son élection, et qui s’empresse de fêter son succès au Ritz avec ses amis milliardaires. Comment démêler le fil de ce qui relève du populisme et de la démagogie, dans une démarche publique ?
Pourtant, Sarkozy, déclarant qu’il ne mentirait pas et ferait ce qu’il dit, était sincère. Le Ritz, le yacht de Bolloré, ses mésaventures conjugales et ses amours actuelles, cette sincérité-là lui a plus nui que s’il avait dissimulé le personnage qu’il est.
Nous avons un ministre qui par sa nature et ses comportements s’est fait une réputation à la Roselyne Bachelot. C’est Michel Daerden.
A ses dépens, il a nourri sa propre caricature dans les gazettes et dans les milieux de la politique.
Même lorsqu’il a un comportement normal, on lui prête l’attitude d’un ivrogne, comme aux JO où un faux bruit rapporté par les journaux flamands nous informait qu’il avait perturbé une rencontre de tennis.
La semaine dernière, sa fille DJ à Paris, ancienne droguée, à la fois vulgaire et originale (lit-on dans les journaux) a obtenu un emploi à RTL, pistonnée par papa. Y aurait-il eu les horreurs que l’on a lues pour une affaire aussi banale, si Daerden n’avait pas eu son heure de gloire à l’issue du championnat de football et le sacre du Standard et n’était devenu un ministre qui a bu un coup de trop, c’est-à-dire une star dans le genre douteux ? S’il n’avait été le héros à la gloire des bières belges ? S’il n’avait eu une élocution difficile, officiellement causée par une éducation de gaucher contrarié, alors qu’il paraissait visiblement en état d’ivresse au moment de ses balbutiements inaudibles ?
Roselyne Bachelot pour en revenir à ses crocs et les hurrahs musclés des athlètes du JO, s’est montrée par le passé chanceuse ou trop fine pour se faire remarquer innocemment.
Ses gaffes en sont-elles vraiment ? D’avoir déclaré à la télé que Chirac devenait sourd l’a fait tomber du piédestal où ses relations enthousiastes l’avaient mise avec lui ; mais, n’était-ce pas déjà pour s’affranchir de l’ancienne tutelle afin de rejoindre les fans de Sarkozy ?

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Voilà le dilemme.
Comment croire à la sincérité des gens au pouvoir, quand on sait quelle rouerie il faut pour passer de militant de base à militant exerçant un mandat ?
La naïveté de Roselyne Bachelot paraît improbable.
Nous ne saurons jamais démêler le vrai de l’artifice dans sa démarche.
Reste une femme au vocabulaire étendu, à l’intelligence certaine et qui est encore à 61 ans un bel animal compétitif en politique, ce dont on la félicite, même si nous ne sommes pas de son camp.

28 août 2008

Syndrome de la patrie en danger.

Le syndrome de Stendhal est le malaise que l’être sensible – comme devait être l’auteur de la Chartreuse de Parme – ressent devant une œuvre d’art. L’extase le prit au sortir de Santa Croce. Me trouvant à Florence cet été, sur la place de l’église, sur les lieux mêmes du malaise stendhalien, la feuille de salade à vingt euros pour avoir le droit d’être à l’ombre et assis faillit me faire tourner de l’œil, d’autant qu’il fallut aussi payer le couvert en supplément, une arnaque constante dans les moeurs des restaurateurs italiens !
Il existe beaucoup de syndromes à propos d’une série de beautés florentines.
Les éblouissements sont plutôt affaire d’êtres prédisposés, avec des antécédents passés inaperçus du médecin de famille, ou ce sont des vicieux dont les Agences vous diront le pourcentage..
Un voyage ardemment désiré, un marbre de Michel-Ange, comme Pierrot devant le Moïse à Rome et « crac », dirait l’artiste de la pub au pare-brise éclaté, la pathologie se déclare.
Que ceux qui ne partent jamais en vacances se rassurent, on peut être troublé à domicile. Un discours d’Obama, une apparition télévisée de Kouchner devant le Dalaï Lama et « crac » (voir plus haut).
La plupart des extases d’appart’ surviennent surtout à la réception d’un exploit d’huissier ou d’une lettre de licenciement, rarement à la vision d’une voisine en petite tenue.
Certaines crises atteignent des paroxysmes.
D’accord, Pierrot à Rome, c’était moins pour le Moïse que pour les phéromones d’une tour-operator. Mais ça, on ne peut pas savoir ce qui se passe chez les gens atteints.
On s’est jeté dans la Seine pour moins que ça !
Le syndrome de Lourdes est fréquent. C’est tellement connu que les extasiés sont à la merci des pickpockets qui fréquentent les lieux saints assidûment et qui vont jusqu’à provoquer l’extase des autres par la simulation de la leur ! Louis XV avait bien ses convulsionnaires de Saint Médard !
Ayant raté l’extase de Santa Croce, je désespérais de rejoindre Stendhal dans une communion quasiment épilectique, lorsque je fus saisi par la beauté du drame belge !
J’étais rue de la Loi, par hasard, je dus me retenir à la grille du parc en face du 16 !
Le drame est beau quand il est de l’étoffe d’une Bérénice ou d’une Antigone, telles sont nos interprètes Laurette, Evelyne et Isabelle !
Le drame belge joué de la sorte est unique au monde.
Tous ces grands Belges célèbres alors qu’ils ne sont pas morts, dont certains étaient là devant moi, me donnèrent cette émotion intense que je n’avais pas ressentie sur le tombeau de Rossini.
Je fus saisi de logorrhée : « Que c’est beau, c’est beau, c’est beau… ». J’en serais encore à répéter ces paroles, si un militaire armé ne m’avait enjoint de chanter la beauté du site ailleurs.
Et moi qui n’avais plus la moindre once de patriotisme depuis longtemps, je me mis au garde-à-vous !
Intuitivement dans l’immobilité, je sentis sous mes pieds la future frontière linguistique.
« Que ce petit pays est grand », me disais-je, prêt à de nouveaux sanglots. La vue du Palais de justice en contrebas fit sécher mes larmes.
La masse de pierre symbolisant l’ordre et la loi provoqua seulement de la tachycardie.
Je ne voyais plus les passants. Je marchais titubant avec l’impression de rugir comme un lion de l’Atlas ( réminiscence scolaire de Tartarin), alors que de mes lèvres montait un chant d’amour.
Une image m’apparut d’évidence, celle de l’exaltation orgasmique de sainte Thérèse d’Avila. A la place du Bernin, c’était moi qui burinait le carrare en plein milieu de la Chapelle Cornaro de Santa Maria Della Vittoria à Rome que les grands masturbateurs qui s’y connaissent fréquentent afin d’y apprécier en amateurs une manière agréable d’adorer Dieu.
Mais ce n’était pas elle que je voyais dans mon trouble. C’était le visage d’une autre femme. Mais où diable l’avais-je rencontrée ?
Une incarnation pure de la Belgique était devant moi ! Elle était nue évidemment sous la soie du drapeau qu’elle ceignait comme Dorothy Lamour en paréo dans « Toura, déesse de la Jungle » en 1937 !
On sentait sous le voile la riche nature qui s’offre en réparation de nos péchés séparatistes, en même temps que se devinaient ses formes plantureuses.
Ô sainteté suprême, « amour de la patrie, amour que nul n’oublie, chacun en a sa part et tous l‘ont en entier », m’écriais-je, mêlant astucieusement la patrie au poème à la Mère, de Hugo !
Je crus entendre Axel Red me remercier. Un gigantesque drapeau flottait au vent sur une façade officielle, retenu par le doigt même du Dieu de la chapelle Sixtine.. Dans ses plis, je distinguai enfin notre Léopoldine. C’était madame Houard revenant d’Avila qui me souriait !...
Oui, c’était elle l’extasiée, la sublimée, l’hyper Belge !
Je demandai l’heure à un passant. Il me répondit en flamand que j’aille me faire foutre. C’est le moment que choisit un pigeon pour me chier dessus.
Il se mit à pleuvoir. Depuis longtemps le défilé des grosses voitures de la rue de la Loi avait fini par lasser les militaires qui avaient refermé la porte cochère.
Il n’y avait plus que deux ou trois photographes qui traînaient autour d’une dernière BMW espérant y glaner quelques ultimes nouvelles.
Comment étais-je passé aussi vite de la rue de la Loi aux abords du palais de Justice ?
C’était simple, plusieurs jours s’étaient écoulés.
Mon extase avait duré une semaine et j’avais divagué de la place Royale aux Marolles.
Entre-temps, la Flandre avait déclaré son indépendance. Ils allaient annexer Bruxelles, comme Poutine l’Ossétie du Sud, ce que refusait l’OTAN et le Conseil de l’Europe.
J’étais atteint du syndrome des rondelles. C’est fréquent m’expliqua le neurologue. Vous aimez la forme phallique du saucisson. Pour survivre, vous êtes obligé de le découper en rondelles.
Le spécialiste m’apprit aussi à propos de madame Houard que je faisais une fixation sur les femmes rondes.
Mesdames, si vous vous croyez dans le cas… téléphonez-mi….

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27 août 2008

Histoire de vider son sac.

On rentre. Bon. On est rentré, et alors ?
C’est peut-être le moment de parler télévision.
Pendant les vacances on a été servis, de rediffs en rediffs on n’a rien vu ou si peu de neuf que c’est à se demander pourquoi il n’y a pas un petit mariolle qui enverrait ses personnels en vacances au mois de janvier et qui pèterait le feu en juillet et août ? A lui la forte audience et les parts de marché !
C’est une sorte d’accord tacite entre privé et public, ils savent bien qu’ils sont sans concurrence. C’est hors de portée d’un innovateur fou de télé de créer une nouvelle chaîne sans d’importants capitaux et un accord gouvernemental.
Alors, c’est à prendre ou à laisser. On laisse, bien entendu, complètement dégoûté… et on y revient, poussé par une fatalité inexplicable.
Les remaniements dont on entend les échos en vacances ne bouleversent que les assidus et les fans de tel mirliflore qu’on dégomme ou d’une telle « grande artiste » qui fait son entrée. Même les accros finissent par se dire que cela ne sert à rien de changer les têtes, puisqu’on ne change pas la manière.
A croire que ces gens sortent des mêmes écoles, comme des mêmes coiffeurs. Un peu comme nos politiques ont « fait » avocat ou sciences politiques.
Les gros appétits du pouvoir ne vont pas s’éclipser dans le va et vient inter saisons. On oublie souvent que les directions sont immuables. Le fonds de commerce est celui des privilégiés de la fortune. Ils y poussent leurs pions et côtoient les créatures d’autres réussites, celles-là politiques. Ce petit monde se connaît, s’appelle par le prénom, se tutoie et se rend des services.
On l’a vu avec d’Arvor qui se croyait éternel.
Il n’était pas du premier cercle. C’est tout. Son erreur était de ne pas le savoir. Pour un journaliste de l’information, c’est un comble. A ce point de vue, on a eu raison, dans la logique de ces gens-là, de le licencier par manque de respect pour la hiérarchie (désigner par « petit garçon » un Nicolas Sarkozy, cela a pesé lourd)
Les chaînes déjà anciennes – je pense à RTL – qui poussent leur petit dernier en ayant l’air de nous dire que celui-ci sera un peu plus frondeur, un peu plus indépendant, se moquent des téléspectateurs. La formule change à peine. C’est surtout dans l’économie des moyens qu’on sent la différence. Sitôt lancée, la chaîne nouvelle rêve de faire du TF1 avec beaucoup moins de sous, d’arnaquer le public aux audiences, services public et privé confondus. On veut intéresser d’abord celui qui vend des paquets de poudre à lessiver, avant l’autre imbécile qui regarde d’un œil rond les effets miracles du produit sur la propreté de caleçons qui sortent de la machine dans leurs plis.
Très vite, on va revoir le modèle classique. Les gens de télévision sont formatés dans les mêmes moules. Les audiences conditionnent les choix. Pas de problème, c’est le feuilleton américain qui passe en tête. On se bat pour passer les séries policières produites à Hollywood. C’est rapide, bien torché, personne en Europe ne sait faire ça.

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Ciblé, le téléspectateur moyen rend les armes. Du métallo au cadre moyen, il adore. Vous pensez si le travail d’esprit, le rire fin et le culturel ont une chance ! Pas la moindre. Et comment le pourraient-ils, quand on contemple les QI en vitrine des prétentions démesurées.
Si même de bons écrivains posent à la FNAC et écrivent ce que vous leur suggérez, rien que parce que vous avez acheté leurs livres, alors pourquoi pas la foule des anonymes qui fait de la télévision ?
Tout ce qui touche à l’esprit demande un effort. Les gens de télévision ont compris que cet effort est apparemment de trop et qu’il faut en soulager la clientèle.
Ils s’y emploient, faut-il le dire avec un certain succès.
Umberto Eco prétend que : «la télévision abrutit les gens cultivés et cultive les abrutis». C’est loin d’être la vérité. La télévision rend idiot tout le monde.
A commencer par votre serviteur.

26 août 2008

Le Journal Le Monde se tire...

…une balle dans le pied.

La nouvelle est bien triste, le journal Le Monde pour rester présent parmi les quotidiens va devoir se séparer d’une partie de sa rédaction.
Voilà pas mal d’années que le temps n’est plus au beau pour ceux dont la passion coïncidait avec le souci d’informer.
Je sais. J’ai souvent dit du mal de la presse et de ceux qui la font.
C’est peut-être parce que j’avais beaucoup d’ambition pour elle et de ce fait, l’ai-je trop aimée ?
Et aussi ai-je eu sans l’oser pouvoir dire le désir d’en être ?
Cependant la mesure n’est pas mon fort et j’aurais eu bien du mal à contrôler ce que je pense avant de passer à ce que j’en écris.
Mais c’est aussi un reproche que l’on peut faire à la presse : son esprit de mesure.
Je ne défendais qu’une cause qui me paraissait juste. Eux défendent l’information nécessaire à former l’opinion. On pourrait peut-être chipoter sur la nature du charbon qui alimente la chaudière de la locomotive, mais bon, voilà du temps qu’on roule à l’électricité. Peut-être ne m’en suis-je pas aperçu ?
Enfin, ce n’est pas le jour de sortir ses états d’âme, au moment où les autres sont en peine.
Le Monde va se sentir déforcé et amoindri à la suite de cette purge qu’on dit nécessaire.
Le dilemme n’est pas neuf. On allège la rédaction pour combler les déficits. Le journal perd de sa substance donc de son intérêt et au lieu de combler les déficits de cette manière, on les alourdit.
On se souvient qu’à Liège, le journal La Meuse comme on l’entendait à la grande époque est mort de cette manière, si l’on considère que le squelette qui survit actuellement grâce aux béquilles d’une association d’infirmes n’est plus qu’une chimère de journal
La liste des licenciés touche aux relations du journal avec l’étranger. Ce choix est celui qui dans tous les cas prélude aux belles morts générales de l’écrit. Sans correspondant permanent, il n’est de recours possibles qu’aux agences d’information extérieures au journal. Donc, l’information ainsi diffusée est celle que vous avez dans tous les autres journaux, elle coïncide souvent avec l’avis officiel des pays concernés.
On voit directement où cette diminution des effectifs conduit.
On en a un avant-goût de ce qui se passera bientôt au Monde, avec l’exemple du conflit russo-géorgien.
La version du russe agresseur est celle qui s’est répandue, réveillant le réflexe antirusse. Sarkozy s’est empressé de sommer la Russie de se retirer des territoires « martyrs ». Les journaux proches du pouvoir, de l’OTAN et de l’Europe ont parlé d’exactions de la soldatesque. Le président Bush a réussi son petit numéro. Or, c’est bien le président géorgien Mikheil Saakashvili qui a attaqué les forces de maintien de la paix en Ossétie du Sud, mettant le feu aux poudres.
Certes, ce détail a été évoqué, mais on ne lui a pas donné l’importance qu’il méritait. On a glissé tout de suite sur les perspectives d’accord avec l’OTAN des anciennes Républiques de l’ex-URSS.
Le reste de l’actualité n’est pas rien. Le Parlement russe a voté à l'unanimité une déclaration qui appelle le président, Dmitri Medvedev, à reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Moscou se dit prêt à aller jusqu'à la "rupture" avec l'Otan. Ces minorités russophones n’ont pas tort N’avons-nous pas poussé à l’indépendance du Kosovo, pour les mêmes raisons ?

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La disparition des correspondants-maison à l’étranger va faire perdre au Monde sa capacité à vivre les choses au plus près avec ses lecteurs.
Nous perdrons de précieux points de vue pour nous faire une opinion circonstanciée.
Le conflit des journalistes du Monde avec Alain Minc et Cie devait se terminer ainsi, par un plan de départs volontaires.
Les licenciements secs auront été évités.
Mais, c’est sans garantie pour l’avenir. Et on connaît l’effet domino des plans de suppressions d’emplois ; la perte de lecteurs se poursuit, dame, l’information s’amincit, les commentaires se raréfient, la pertinence entre en jeu.
N’a-t-on pas connu ça à Liège et ailleurs ?
Avec les gens de qualité qui vont battre le pavé de la Capitale, on pourrait bâtir un excellent journal. Certains, d’ailleurs, n’auront aucune peine à se refaire une santé dans une autre publication. C’est évidemment de bonne guerre. Cela pourrait créer indirectement une nouvelle perte de lecteurs qui suivraient les plumes qu’ils estiment.
Le service Correction est aussi touché avec le départ de Josette Rolinat. On se doute bien qu’à partir des factures à payer, on se moque des fautes d’orthographe. Et pourtant, on a tort. La déchéance se voit dans le laisser-aller, l’abandon d’une certaine tenue. C’est une constante dans l’aventure de la presse, le correcteur est souvent le premier visé.
Merci pour les profs et les élèves, un bon conseil ne lisez plus Le Monde, il pourrait bien vous gâter l’accord des participes.
Reste à se demander comment la direction va naviguer sans ses bons quartiers-maîtres ?
Dans la liste des « disparus » je n’ai pas vu le nom de ma petite préférée : Raphaëlle Bacqué. Ce m’est une douce consolation.
Mais tout de même, un journal qui s’effiloche par-ci, un autre qui meurt par-là, c’est un peu la liberté des citoyens qui fout le camp !

25 août 2008

Quand Hogge patouille sa Chine

On sent bien que ce n’est pas encore la rentrée.
Les JO ont rendu un mauvais service à l’information. Les médias se sont abandonnés à la facilité. Les questions de société ne fréquentent pas les stades. Pour elles, fin août est une période creuse.
Les congés payés rentrent en maugréant sur le prix de l’assiette de moules du bord des plages. L’élite sur le départ attend que les môles se dégarnissent pour ne pas côtoyer les pouilleux.
Reprendre les colères là où elles étaient en suspens depuis fin juin n’est pas facile. Les politiques en léthargie, il faut réveiller tout ça, réactiver les mémoires. C’est un travail.
L’hiatus de deux mois éclaire les erreurs d’appréciation des éditorialistes. C’est toujours délicat de repartir pour une nouvelle saison, quand on pense dorénavant le contraire de ce qu’on a écrit.
En Belgique, les trois maires du palais n’ont pas réussi à faire le ménage du roi. La couronne ne brille pas des mille feux que l’opinion houardiste attendait.
Le CDN&V-NVA se retient de titiller Leterme, patientant que les Flamands aient finis les mamours à leur sauteuse.
La bande à Bodart amorce la transition. C’est un symbole, le sport passe le relais au banditisme. C’est à se demander pourquoi aucun professionnel indépendant n’a pas proposé une parabole, celle du sportif qui se laisse entraîner, par des entraîneurs d’un genre spécial ?
Le retard à l’allumage était une des plaies de l’automobile, il est la cause aujourd’hui des départs lents des informations en transition saisonnière. Seuls les services d’écoute téléphonique avaient du personnel qui n’était pas en vacances. Et comme Bodart téléphonait beaucoup…
C’est le drame de l’usure de certains événements. Ce qui relève du sport, flambe comme le phosphore d’une allumette. Le folklore, c’est pire. On ne se souvient déjà plus du 15 août en Outremeuse.
Le reste est à l’avenant. Ce qu’on aura retiré de la visite du Dalaï Lama sur le Larzac : « T’as vu le temps qu’il fait à une chiée de Millau ?», plus quelques couplets bling-bling avec une Carla bien jolie et pour quelques rares observateurs la comparaison des deux Sarko, celui de la campagne de son élection et celui des contrats avec la Chine. C’est tout, si l’on excepte les 10 paras tués et la polémique sur l’Afghanistan par une presse qui a mis un crêpe à la manchette. C’est que l’opposition socialiste n’est pas vaillante non plus, et pas qu’en France et en Belgique.

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Mais le drame est ailleurs. Comment faire part aux admirateurs de Johnny que nous entrons dans une phase aiguë de la récession ? Par quel événement people pourrait-on camoufler le fiasco de la mondialisation de l’économie ? D’autant que les élites qui sont majoritaires dans les Conseils d’administration des journaux « populaires », qui contrôlent les grands animateurs de Télé et les droites politiques en général, ne sont pas prêtes à nous permettre de lire une information libérée de leurs peurs et de leur vie déconnectée de la réalité.
Alors, il faut trouver les moyens de distraire le chômeur, l’ouvrier qu’on va licencier et la ménagère qui vit ses fins de mois dans l’angoisse.
Le talent d’un Hugo pour sortir les diamants de leur gangue serait à peine suffisant.
C’est peu dire que les grands professionnels sont limités et que cela commence à se voir.
La misère la plus dangereuse, ce n’est pas la misère installée, celle qui accable depuis toujours les générations perdues, non, la misère la plus dangereuse, c’est celle qui tombe sur le brave type qui avait son boulot et qui ne se posait jamais de question sur son entreprise, sur son salaire et sur la société en général et qui se voit brusquement vidé de son travail sans raison apparente. Pour certains malchanceux, tout peut basculer dans l’inimaginable.
A ceux-là, on ne peut pas leur raconter grand chose qui puisse les réjouir.
Comment leur faire savoir que s’ils ne retrouvent pas un boulot vite fait, les nouvelles lois vont s’occuper d’eux de manière musclée ?
Les brèves, les paillettes, les strass, les changements d’animateurs, les décolletés profonds seront incapables de les distraire.
Comment voulez-vous qu’une info qui est payée pour dire le contraire, s’élève contre les inégalités, les injustices et cette façon mielleuse d’interpréter les droits de l’homme qui fait vomir le philosophe, comme on l’a vu en Chine ?
La boucle est bouclée : la Chine, les JO, le Dalaï Lama, les trois chevaliers d’Albert II, la môme à Sarko, sans oublier Kouchner, le m’as-tu-vu et Jack Lang le portant beau, les partis flamands et quoi encore ? la main de ma sœur dans la culotte d’Albert Londres.
La vraie fin des jeux, pourrait ne jamais avoir lieu !

24 août 2008

En 2012 les JO au Tibet libre ?

Hogge, le rigolo olympique, l’avait déclaré avant les jeux : « La Chine va s’ouvrir aux droits de l’homme, grâce au sport ». A Hu Jintao, président d’un milliard et demi d’hommes, les grands leaders de la démocratie active poussaient des hourrah avec le feu de l’enthousiasme. Sauf Angela Merkel qui a vécu une partie de sa vie en Europe de l’Est, nos grands bonimenteurs se sont rués sur les bonnes places de l’ouverture. Déjà quelques coups de matraque distribués au hasard d’une police médaillée d’or avant les jeux pour ses performances, d’écoutes téléphoniques soupçonneuses et des démêlés avec Google auguraient mal de l’avenir.
Hogge et les enthousiasmés de son Comité olympique durent se contenter des promesses de rédemption du parti unique chinois.
Qu’à cela ne tienne, le président Hogge fit un discours musclé admirable de fermeté que contredisait la situation sur le terrain. Force fut après aux autres d’utiliser l’argument selon lequel il fallait dissocier les jeux de la politique.
A un jour de la fin du grand cirque, la Chine est plus que jamais un pays à part. Elle fait la preuve qu’elle peut faire un bisness performant dans un système autoritaire, que l’on peut marier à la fois la grande pauvreté et le progrès économique et que la doctrine marxiste s’accommode des enrichissements personnels à condition qu’ils soient supervisés par le parti communiste.
Le Tibet, n’en parlons pas. Le Dalaï Lama n’a pas intérêt à séduire les foules pékinoise de ses décolletés orange. Et si les Européens veulent vendre leur camelote sur les marchés de Nankin, ils doivent prendre le plus grand soin à s’interdire toute pensée qui pourrait contrarier Pékin..
Finalement, tous les braillards du dixième de seconde, les excités de l’arrivée au sprint, les cravachés de l’impossible auront couvert de leurs voix éraillées par l’émotion et les cris, le tumulte de leur consciences, pour tout autant qu’ils en aient une.
Résultat : "Bilan désastreux" de la liberté d'expression pendant les JO.
Nos grands professionnels de la presse, Reporters sans frontières, et jusqu’aux anciens amis de Bernard Kouchner estiment la situation après les jeux, pire qu’avant ! Ils accusent le Comité international olympique de "lâcheté".
Ah ! il ne fallait pas y aller, c’est sûr. Et avant, il fallait résister aux petits soins, cadeaux et promesses. A-t-on déjà compté une majorité de gens honnêtes dans l’histoire des Comités olympiques depuis Coubertin ?

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Coubertin, le premier mariolle à monter l’affaire, serait bien surpris, le cher baron, de voir l’ampleur de la petite entreprise.
La trêve olympique a été l’occasion pour la Chine de vider les trottoirs de Pékin de sa chienlit, d’établir des listes sévères de « contre-révolutionnaires » et de serrer la vis à Lhassa. Bref, le prétexte était l’occasion de cloisonner les alentours des stades et d’empêcher les internautes de communiquer entre eux. De ce point de vue, tout s’est admirablement bien passé.
22 journalistes étrangers ont été agressés, interpellés ou entravés dans leur travail pendant les jeux, et plus de 50 militants des droits de l'Homme pékinois ont été placés en résidence surveillée, harcelés ou contraints de quitter la capitale pendant les jeux. Au moins 15 citoyens chinois ont été arrêtés pour avoir simplement demandé le droit de manifester et 47 militants pro tibétains, principalement de l'organisation Students for a Free Tibet, ont été interpellés et expulsés.
Le CIO pendant ce temps se félicitait de la bonne tenue des jeux et de la pluie de records.
En Belgique, les beaufs accrocs de télé ne s’étaient jamais beaucoup intéressés à la liberté d’expression, puisqu’ils ne savent pas ce que c’est, et qu’ils n’ont jamais rien eu à dire !
Quant aux officiels, ils attendent dimanche la fin des JO, avant de reparler du Tibet, des emprisonnements arbitraires et des manquements aux Droits de l’Homme en Chine, afin de mettre les bouchées doubles dans l’indignation.
Certains tairons leurs convictions démocratiques eu égard aux commandes chinoises d’avions, de machines outils, bref de tout ce qui conditionne la survie d’un marché européen en récession.
Et puisqu’il faut un bouc émissaire, Jacques Rogge pourrait être celui-là. C’est d’autant plus facile, qu’il s’est beaucoup trompé dans la capacité du CIO à faire changer la Chine, qu’il a eu des déclarations qui ne l’honorent pas, au point que pour RSF, Jacques Rogge, président du CIO, « a montré une lâcheté et une couardise sans comparaison depuis sept ans, il a menti à tout le monde", et RSF de conclure : « il ne doit pas être réélu l'an prochain à l'expiration de son mandat. »
Voilà encore une bonne place à prendre. Hogge est médecin, l’alternance dans les diplômes laisse espérer les autres. D’ici à ce que nos avocats et nos sciences économiques se mettent à suer dans des trainings, il n’y a qu’un pas.

23 août 2008

Chasseur de cons

-Chasseur de cons, c’est un métier ?
-C'est un hobby. C’est à peu près ce que vous faites sans l’oser pouvoir dire.
-Ce que je fais est un travail. J’en suis rémunéré. Je suis un professionnel.
-Comme quoi ceux qui vous paient pour faire ça, en sont aussi.
-Quel est le but que vous poursuivez ?
-Je traque la bêtise, en sachant aussi que par la même occasion, j’expose la mienne à la capture d’autres chasseurs de cons..
-Vous êtes un con ?
-Oui. Et je n’en suis pas fier. C’est justement ceux qui en sont fiers qui m’intéressent.
-Il y en a beaucoup ?
-On ne s’imagine pas.
-Y en a-t-il plus en Belgique, qu’ailleurs ,
-Non. Nous sommes dans la moyenne. Le Belge est un con moyen en nombre et en nature, quoique les Français puissent dire, pas plus qu’eux ou les Suisses.
-Il y a un pays d’Europe au-dessus de la moyenne ?
-Oui. Monaco. Il y a plus de cons qu’ailleurs, parce qu’ils y sont prétentieux et parce qu’ils ont beaucoup d’autres cons à leur service.
-Serait-ce que les riches soient plus cons que les pauvres ?
-Les pauvres sont nettement plus cons que les riches à certains points de vue, notamment au travail. Un type qui fait bosser un autre est moins con que celui qui bosse. Mais ce n’est pas ce rapport-là que Monaco met en évidence. C’est l’étalement de la fortune. C’est comme si un gangster faisait une exposition de ce qu’il a volé.
-Ça vous choque ?
-Pas plus qu’autre chose. Mais l’effet bling-bling finira par nuire à celui qui ne peut pas s’empêcher de faire voir comme il est beau et riche. Le yacht de Bolloré a plus nui à Sarkozy qu’il a permis à celui-ci d’y prendre du bon temps.
-Quand vous chassez le con, vous êtes équipé de quoi ?
-De rien de particulier. Je me sers d’un esprit critique.
-Vous les capturez avec ça ?
-C’est le contraire, ils me capturent en me captivant.
-Comment s’y prennent-ils ?
-Ils me fascinent. C’est peu banal de nous trouver dans la société dont on dit qu’elle est malade, alors qu’on sait que ce sont les cons qui le sont.

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-Alors, supprimons-les !
-Vous savez bien que c’est impossible. Ce serait un génocide.
-Vous êtes bien comme un de vos lecteurs vous décrivait. Vous n’apportez jamais de solution !
-Celui-là, en est un fameux aussi. Si j’avais des solutions, je ne serais pas dans la catégorie des cons faméliques, mais dans la catégorie des cons bling-bling ou en prison, en con contrarié.
-Quand faites-vous la chasse aux cons ?
-Tous les jeudis je pars en safari.
-Avec des chasseurs de cons, comme vous ?
-Dans la traque aux cons, parfois le traqueur devient le traqué. Il ne le sait pas. C’est une question de point de vue.
-C’est parfois difficile de les approcher ?
-Jamais le jeudi. Ils s’abreuvent à un marigot.
-C’est la fine fleur ?
-A peu près.
-De quoi parlez-vous dans l’herbe haute à attendre le grand con ?
-De prison.
-Un con qui parle d’un con fait de la philosophie ?
-Toujours ! C’est ce qui est curieux chez les cons. Vous les croyez déterminés. Après qu’ils s’en soient expliqués un quart d’heure, vous ne savez plus. Eux non plus !
-La prison de con serait une prison modèle ?
-Non, justement. Ce serait une maison de reconstruction !
-Pour reconstruire le délinquant ?
-Le délinquant, c’est un honnête homme qui s’est fait prendre, donc c’est un con.
-La maison de reconstruction serait un endroit où les cons viendraient se refaire une santé pour ne plus se faire prendre ?
-En quelque sorte. Une salle d’attente à l’honnêteté.
-C’est insensé !
-Je vous le disais, c’est une histoire de cons.
-Jeudi prochain vous repartez en safari ?
-Bien entendu.
-Vous choisissez l’espèce de con à capturer ?
-On ne choisit pas. Vous ne savez pas ce que vous allez attraper.
-Vous espérez capturer le grand con ?
-C’est impossible. Il est parmi les membres du safari.
-C’est qui ?
-On en sacre un tous les jeudis.

22 août 2008

Idiots ou criminels ?

Les événements économiques conduisent à un resserrement des pouvoirs globalisés. La prophétie de Huxley va se réaliser (1).
En-dehors des décisions qui sont à présent du ressort planétaire, d’autres facteurs sont aux clignotants qui signalent les progrès de la mondialisation de l’économie.
S’il en est un qui nous interpelle directement, c’est bien le déclin du discours politique.
Celui-ci a quasiment disparu. Ce n’est pas que nous manquions de talents oratoires, ni de grands leaders, il se révèle aujourd’hui inexistant parce que le personnel politique a passé le relais au pouvoir économique dont on sait la discrétion.
L’homme politique hésite à se prononcer sur ce qui lui échappe, dans la crainte de se voir contredit par les faits économiques sur lesquels il n’a plus prise.
Que l’on se souvienne : qu’ont-ils encore à voir les leaders d’aujourd’hui, sinon être les pâles copies des grands talents du passé ?
Comment exalter une projection dans un futur que l’on ne maîtrise plus ? Comment faire rêver les foules sans menacer les classes supérieures du courroux légitime des autres ?
Le socialisme qui était porteur d’espoir ne l’est évidemment plus, dans l’abandon de sa doctrine au profit des chimères libérales.
Et comme ces chimères sont elles-mêmes peu de chose devant les métamorphoses capitalistes, force est bien de constater la mort des oppositions au nouveau pouvoir économique.
Les trois familles politiques où se percevaient les différences sont réduites à des instruments de gestion au ras des pâquerettes, à peu près identiques et à bout de souffle.
L’enveloppe vide ne suscite aucun enthousiasme des citoyens. Ceux-ci ont du mal à participer à ce qui reste de vie sociale et à s’intéresser à la vie publique.
On le voit bien dans les lieux de débat contradictoire. Les préoccupations essentielles se sont envolées : l’emploi gratifiant, les conditions de travail et la volonté de l’Etat de contrôler l’économie. Le seul ersatz de remplacement que l’on ait trouvé en Belgique, porte sur les rapports entre les Régions ! Ces débats remplissent le seul rôle que le pouvoir politique peut encore jouer dans un climat chamboulé par les nouvelles règles de marché.
Jusqu’à présent, cette substitution comble les vides, amuse ou terrorise les foules. Les politiques semblent y avoir trouvé le rôle à jouer qu’ils n’avaient plus ailleurs.
Quel est le programme qui pourrait encore remplir les salles, en-dehors de celui de l’antagonisme actuel ?

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Mieux encore, la complaisance du pouvoir politique à l’égard de l’économique est tel, que l’on est parvenu à inclure dans les différences entre Wallons et Flamands, la « réussite » économique des derniers, en opposition au peu d’enthousiasme des premiers, sans jamais aborder le problème de fond qui n’est rien autre qu’une stratégie globale sur laquelle nous n’avons aucune prise ! Que Mittal soit né à Liège au lieu du Rajasthan et toute la polémique eût changé de camp !
La politique a profondément évolué au prorata des démissions de compétence. Le désintéressement des masses n’en est que la conséquence.
Le conflit social ne se règle plus au niveau des classes, mais au coup par coup, dans un dysfonctionnement tributaire des facteurs extérieurs et dans une compétition corporatiste intercontinentale qui arrange bien le parti du consensus de l’économie mondiale.
Les idéalistes, ceux qui ont animé la vie sociale, avec une part de naïveté et de romantisme, certes, mais aussi avec la certitude d’une vie meilleure au bout du rêve, ont été liquidés au profit de la réalité mercantile.
Il ne reste à la vie publique, après le « drame » linguistique, que le people et le médiatique.
Le 15 août en Outremeuse en est l’avant goût. Que sont devenus les corporations, les artisans durs à la tâche, ceux qui s’arrêtent un instant de revendiquer afin de souffler un peu, mais dont on voit les outils et la détermination dans le cortège, devenu aujourd’hui tout à fait carnavalesque ?
Que signifie encore l’esprit « Tchantchès », ce petit compagnon de tous les apprentissages, vêtu du sarrau et les sabots aux pieds ?
Cette longue descente vers la médiocrité des pouvoirs, conduit à l’insignifiance et demain, sans doute, au grotesque du politique.
Ce ne serait qu’un travers de plus à la belge, si ce n’était dorénavant un mal propre à l’Europe.
Les aspects essentiels de la condition humaine sortent du domaine public, même si certains partis d’extrême gauche, je pense en France au parti d’Olivier Besancenot, relèvent le défi.
La consommation est le centre d’intérêt exclusif. Il s’inscrit jusque dans le devenir du fédéral, puisque c’est la consommation flamande « freinée » par la « paresse » wallonne qui dresse les gens les uns contre les autres !
On savait les temps d’une grande pauvreté intellectuelle. Beaucoup ignoraient que cela fût à ce point.
Alors, Idiots ou criminels, nos politiques ?
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1. Aldous Huxley, « Retour au meilleur des mondes », Plon Pocket 1973. Voir aussi « Le meilleur des mondes », chez le même éditeur.

21 août 2008

Le MR entubé…

François MORIN, professeur de sciences économiques à l’université de Toulouse-1, ancien membre du Conseil général de la Banque de France, a publié de nombreux ouvrages dont « Le cœur financier européen » en 1993. Vient de paraître aux Éditions du Seuil « Le nouveau mur de l’argent » sous-titré « Essai sur la finance globalisée ».
Nos illustres, qu’ils nous la baillent belle sous le costume de l’économiste ou sous celui de la nouvelle bourgeoisie politique, peuvent nous vanter les qualités de la mondialisation, on comprend aujourd’hui pourquoi : ils ne savent toujours pas lire.
La triade de la haute finance (Etats-Unis, Europe, Japon) s’est emparée des principaux leviers de tous les moyens de production du monde, au point de reléguer le pouvoir politique à quémander quelques faveurs dans les salles d‘attente de leurs bureaux.
Cela ne date pas d’hier, mais c’est plus d’actualité que jamais. Dorénavant toute politique locale ou nationale a besoin de son approbation.
« Si la providence n’a créé le genre humain ni entièrement indépendant, ni tout à fait esclave », c’était sans compter sur la nouvelle économie qui allait contredire Didier Reynders et Alexis de Tocqueville, son bon maître, sur un a priori : nous sommes bel et bien tout à fait esclaves !
« La financiarisation du système », l'expression à la mode de la nouvelle politique économique, est uniquement diligentée par les intérêts de la haute finance.
En gros, c’est un oligopole d’une trentaine de grandes banques internationales, parmi elles, une dizaine qui font la pluie et le beau temps. Ces investisseurs institutionnels auprès desquels le budget d’un Etat comme la Belgique ne vaut pas la vapeur d’une frite, sont nos véritables décideurs, bien supérieurs à nos pantins préférés que nous élisons tous les quatre ans.
Cet oligopole financier commande les grands ensembles de la production industrielle et de l'agro-business, du grand commerce et des transports majeurs dans le monde.
Ce maître des Etats du monde ne connaît la compétition qu’au niveau le plus insignifiant. Que les corporations se tapent dessus pour l’emploi et s’offrent à des salaires compétitifs, il comprend et approuve. Par contre la concurrence qui fait baisser les prix, argument qui se retrouve dans le discours libéral de base, il se marre : il n’en sera jamais question !
Entre membres de l’oligopole, règne le consensus par des accords bien trop en amont des Etats qui se croient encore souverains, pour que cela se perçoive dans les milieux de la finance des rues.

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Si par malheur, il devait arriver qu’un consensus se terminât par une concurrence au sommet non résolue, ce qui est toujours possible, celle-ci pourrait aboutir à des guerres entre Etats à coups de kalachnikovs et de déclarations incendiaires. Il se pourrait même que de petites querelles entre amis se vidassent par nos viandes interposées. Auquel cas, nos chefs historiques se feraient un devoir de comptabiliser nos héroïsmes sur les tablettes de la nation reconnaissante.
En 2008, la triade met la dernière main à la conquête du contrôle du marché financier mondialisé. Elle a dépossédé les Ministères des Finances et les Banques centrales dans leurs fonctions à déterminer les taux d’intérêt, de même qu’elle fixe les taux de change par le poids de ses devises. Le problème qui reste à trancher consiste à faire ou ne pas faire une petite place à la puissance montante chinoise.
Il paraît que l’ancienne méthode, celle où les politiciens avaient encore un mot à dire, ne permettaient pas une allocation optimale des capitaux. La nouvelle ne le permet pas davantage, mais c’est moins grave puisque l’oligopole s’est débarrassé des représentants du peuple, qui, faut-il le dire, ne représentaient déjà plus qu’eux-mêmes depuis un certain temps.
Bien entendu, nos mirliflores ont une bonne décennie devant eux, avant que leurs diplômés en sciences politico-économiques se réveillent et changent de discours.
Les ambitieux de la haute finance ne se sont pas trop attardés au contrôle des marchés financiers nationaux, la mondialisation s’achève avec brio.
Le troisième millénaire, c’est un 1789 à l’envers et en douceur, entre voleurs de grands chemins. Les acteurs ne sont pas traités de voyous par la bourgeoisie. Au contraire, tant celle-ci croit avoir sa part quand le moment sera venu.
Comme cette part se révèle imaginaire, on peut conclure que la bourgeoisie s’est fait avoir. Evidemment, celle-ci se retournera sur plus faible qu’elle, c’est-à-dire sur nous, pour compenser ses pertes.
C’est ce qui affleure déjà dans le discours libéral.
La suite, avec un parti socialiste à la dévotion du libéralisme, ne pourra être que douloureuse pour la population laborieuse.
A moins…

20 août 2008

L’œil du cyclone

La Société bichonne l’homme moyen. Comme notre climat, on le veut tempéré.
C’est le résultat d’une politique globale qui tend à se défaire des extrêmes au seul bénéfice d’un archétype du bon citoyen. Celui-ci doit rassurer, travailler et se montrer enthousiaste de la qualité de vie dans son entreprise, dans son environnement familial, et dans l’exercice d’une forme apodictique de démocratie qu’il croit la meilleure.
Cette politique trouve sa justification, puisqu’elle forme un noyau de bons défenseurs qui prend son relais et fait la propagande du système à sa place.
Dans la mesure où la périphérie est rejetée dans la marginalité, les efforts collectifs ne se concentrent que sur l’homme moyen . La société devient alors son cocon, qu’il défendra sans qu’on le lui demande.
L’école, selon les propos d’hier, opère déjà une sélection involontaire, malgré l’opposition des profs aux programmes de ségrégation.
L’élève à problèmes est aussi celui qui dénonce la société à problèmes.
Ce qui ne signifie pas que tous les marginaux de la naissance à la mort soient des victimes ; mais, ils en constituent certainement le plus grand nombre.
Pour l’amour de l’homme moyen, l’école a renoncé à comprendre un autre que lui.
En accord avec le corps social majoritaire, sa volonté est d’écarter et si besoin est de détruire, tout ce qui est nuisible à son centre.

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Reste à savoir ce dont est composé ce centre, afin de déterminer qui en profite.
La première chose qui frappe c’est la médiocrité de la majorité des hommes qui la composent.
Il n’y a pour s’en convaincre que de regarder ce dont l’homme moyen se repaît : spectacles, lectures, loisirs à l’image de son travail terne et peu gratifiant, intellectuellement parlant.
Ses options politiques et les personnages qu’il admire correspondent à ses choix dans l’existence, comme les concours auxquels il participe ou qu’il départage par son jugement.
Mais son défaut marquant est cette absence de décision dans laquelle il se perd. Lorsque ses mentors le laissent disposer d’une gamme de moyens, il n’en choisit le plus souvent aucun.
Incapable de regarder la mort en face, l’homme moyen transforme tout en comédie. Mais attention, il n’aborde pas la comédie fine, celle qui laisse deviner sous l’apparente désinvolture l’abîme qui est en nous, ni même la parodie, celle qui moque notre état de déréliction, notre égocentrisme ou notre veulerie ; mais la farce, la farce grossière, celle dont on dit parfois qu’elle est de mauvais goût.
Les tornades et les cyclones sont d’actualité. C’est exactement ce qui caractérise l’homme moyen (1), tout est autour de lui dans la fureur des éléments déchaînés, lui est dans l’œil du cyclone, bien au calme et il ne voit rien en dehors de son jardinet où il écoute le chant des oiseaux.
Il se noie dans l’inessentiel, se veut profond, alors qu’il n’est que futile. L’art dont il se dit expert reflète seulement son goût de l’ornement décoratif, à l’instar des objets qu’il expose sur la tablette de sa cheminée.
Il vit par délégation le destin des autres dans une fantasmagorie qui le transforme en héros, transporté par une exaltation confortable entre un pack de bière et un seau de pop-corn.
C’est son heure de témérité.
Le reste du temps, en endossant le costume gris sombre, il glisse silencieux sur les moquettes de la soumission à la recherche d’une respectabilité de façade qui en fait d’abord un valet. Aspiré par le centre, il n’est plus personne.
Sa fin dernière coïncide à peu près à l’échéance de sa dernière hypothèque qui lui a valu le titre de propriétaire de son pavillon avec jardinet.
Il quitte sous l’œil goguenard de ses semblables (tous convaincus de ne pas lui ressembler) une profession dont il n’a reçu aucune gratification morale, ni retiré aucun bénéfice intellectuel, nanti d’une décoration de première classe épinglé sur son revers de la main même de qui l’a tenu cloîtré.
Lorsque ses héritiers, après s’être querellés sur la valeur marchande et sur les parts de chacun de ses biens, vendront son local et ses objets personnels, des passants anonymes pourront se payer ses cahiers intimes et ses photos de jeunesse aux Petites Puces Saint-gilles, tombés entre des secondes mains mercantiles.
Avant l’issue fatale, le court espace entre la fin de son travail et sa mort qui aurait pu le réconcilier avec lui-même et la vie comme elle va, ne sera pas celui dont il aurait pu rêver.
Dans la foule anonyme, il aura eu le temps de pester contre les Arabes, mot-valise afin de désigner tous les étrangers, les jeunes qu’il accuse de toutes les déprédations et de tous les forfaits en association avec les « Arabes » et regretté que les Lois ne soient pas plus sévères, avant d’entrer au funérarium à la suite d’un cancer, dans l’indifférence de ses héritiers, préoccupés à leur tour de se positionner à l’intérieur du cyclone, dans son œil très exactement.
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1. En esquissant ce portrait de l'homme moyen, je m'aperçois que dans certains quarts d'heure, j'y ressemble furieusement.

19 août 2008

Une belge attitude !

-Dynaste de la Force à quoi attribuez-vous vos 18 médailles d’or ?
-A ma seule passion : la Belgique !
-C’est-à-dire ?
-L’élan patriotique uniquement, le sursaut vous comprenez ?
-Pas très bien.
-Quand j’ai gagné la médaille d’or chez les plus de 100 kilos en judo, alors que j’en pèse 57, j’ai pensé à Bart !
-Bart ?
-De Wever, l’homme qui aime la Flandre et qui n’abandonne jamais. J’étais plaqué au sol au bord d’un arm-lock …
-…un étranglement.
-Je me suis souvenu de Bart et de ma mère flamande. J’ai poussé un cri, la seconde après j’avais un koka.
-Light ?
-Oui. Mais suffisant.
-Et votre finale kayak en couple ?
-Jean-Charles était épuisé. « Ecoute, dit-il, finis sans moi ». Vous savez comme il est boudeur ! Il n’avait pas eu ses bonbons De Beukelaer qu’il prend le matin. Je lui ai dit : « enlève au moins ta pagaie, tu freines le bateau ». En effet, nous étions dépassés par les autres équipages. Alors j’ai pensé à Elio.
-Elio ?
-Di Rupo, si dévoué à la cause wallonne, si persévérant dans son travail, Belge avant tout. Alors j’ai pagayé comme un fou, débordant mes adversaires. Jean-Charles à l’avant criait « hou hou » chaque fois que je dépassais des concurrents. Mon père wallon de Charleroi et ma petite cousine de Mons me regardaient à la télé à Frameries, depuis la maison du peuple.
-Mais les plus belles médailles sont celles de la natation et de l’athlétisme. Pouvez-vous en dire quelques mots ?
-Nous nous étions arrangés au départ avec Michael Phelps. C’était 7 médailles chacun. Il m’a roulé dans le 4 fois 4 nages. La Belgique a de grands athlètes pour un si petit et magnifique pays, mais nous n’étions que 3 au départ. J’ai donc naturellement pris les deux derniers relais. Mais Phelps était plus frais. J’ai eu beau me concentrer sur la grande figure d’Yves Leterme qui doit finir la semaine à Pékin, je me suis dit : « Fais ça pour lui !», j’ai échoué d’un centième de seconde. Je n’ai eu que la médaille d’argent.
-Vous étiez déçu ?
-Oui, c’est certain. Vous pensez devant notre Premier, une médaille d’or ! Mais ce sera pour les jeux de Londres, dans 4 ans. Alors, je serai marié à Frida, une Belge d’Eupen. Cela me motivera davantage. La Belgique dans sa diversité me montre le chemin.

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-Et le dopage, vous êtes toujours accroc au pot belge ?
-Plus que jamais.
-Et les contrôles ?
-Sur les marchés de Pékin on trouve de bons produits masquant.
-Et en athlétisme, racontez-nous votre saut en hauteur ?
-Toute ma vie j’ai été un sauteur. Les Flamandes et les Wallonnes vous le diront. Mais il me fallait une motivation supplémentaire, j’ai associé mon bond à l’images des frères Van Rompuy. Oui, ils ne sautent même plus, ils rebondissent. J’ai pris mon élan, j’ai crié « vive le roi » et je me suis enroulé autour de la barre que j’avais fait placer à 3 mètres 10 !
-C’est un nouveau record du monde !
-Oui, mais si j’avais pensé à José Happart je sautais plus haut encore.
-Ça, c’est du Belge ! Pourtant, vous avez échoué au triple saut !
-C’est vrai. Mes sauts n’ont pas été homologués. En réalité, au troisième j’étais hors du stade. Parlons plutôt de ma plus belle médaille, celle du jumping.
-Là, la presse mondiale vous a couvert d’éloges.
-Je montais Gamin, un Ardennais de près de 500 kilos. L’entraîneur m’avait dit qu’au départ je devais dire à l’oreille de mon cheval quelques mots en flamand. Oui, Pomponnette, sa jument, est née à Weezembeek-Opem. Vous me connaissez, parfait trilingue comme tous les bons Belges, je lui ai dit : « Achtung ! Je moet niet te veel denken over wat zal komen, nom di diou ! “ J’avais oublié qu’on lui avait retiré Pomponnette pour une saillie avec “Ardent” son rival de “Ville-du-Bois”, un hameau de Vielsalm. Est-ce qu’il l’a mal pris ? ou est-ce la rage de vaincre à la Belge ? Nous avons fait un parcours rageur sans faute. Mon concurrent immédiat a été relégué à 13 secondes.
-C’est fabuleux !
-Toute cette énergie, toutes ces médailles, je compte les déposer à la Colonne du Congrès avant de me rendre chez le roi afin de lui offrir mon vélo, celui de ma victoire sur piste devant trois champions du monde.
-Comptez-vous exploiter vos succès ?
-Je vais faire un disque avec Madame Houard dans nos trois langues nationales. Puis, j’irai me reposer les jours pairs à la mer et impairs dans les Ardennes.
-C’est très fatigant, faire 250 km tous les jours !
-Sans oublier les après-midi à Eupen auprès de ma fiancée.

18 août 2008

L’école : creuset de la démocratie.

Inquiétante rentrée aussi au niveau scolaire.
On chercherait en vain dans la presse de cette pré-rentrée une quelconque information sur les besoins de l’enseignement, tant au niveau du matériel, de la revalorisation nécessaire des traitements des profs, que de l’adaptation des programmes au monde d’aujourd’hui.(1)
C’est à croire que les querelles entre Communautés soient les choses les plus importantes que nous ayons à régler.
Eh bien ! ce n’est pas le cas. La chose la plus importante concerne l’avenir des jeunes qui passe par la scolarisation selon les moyens intellectuels de chacun.
Jusqu’à présent seuls les riches dans des écoles sur mesure pouvaient se le permettre. Pourquoi pas aussi ceux qui sont à la base de la richesse générale dont les enfants valent bien les leurs ?
Certes, nous aurons droit d’ici à la rentrée à quelques réflexions amères, orientées sur l’inadaptation des formations à la réalité professionnelle, une manière pour la droite fascisante d’adapter les jeunes cervelles aux besoins de l’industrie, sans se soucier des vocations et des désirs personnels de nos enfants.
Personne dans les rédactions ne se sentira le cœur d’en critiquer la pertinence, de sorte que ce reproche d’un courant venu des Flandres préoccupera prioritairement l’enseignement wallon.
Si tout l’enseignement ne va pas à vau-l’eau, c’est uniquement dû à la conscience professionnelle de nos enseignants, au courage qu’ils montrent tous les jours à donner le goût du savoir à une jeunesse désorientée, manipulée et inquiète. Ils le font – pourrait-on dire – gracieusement si l’on veut bien tenir compte des heures qu’ils passent en-dehors des cours à sauver ce qui peut l’être et si l’on compare cette somme de travail à leur modeste salaire.
Avez-vous déjà vu un avocat ou un médecin travailler à titre gracieux ?
Pour remonter la pente, il est nécessaire de redonner aux femmes et aux hommes qui enseignent une autorité et un prestige que le Pouvoir éducatif leur a fait perdre depuis la lutte pour les quotas, la veulerie des directions d’école vis-à-vis des parents, des ukases du pouvoir administratif et de la politique laxiste de la Région wallonne.
Une école qui se désagrège, c’est une école qui n’offre plus les moyens aux profs de se faire respecter, un pouvoir qui oublie de pourvoir les classes en matériel : de la simple éponge du tableau noir, à l’ordinateur de qualité.
Viennent ensuite les programmes !
Il n’y a pas pire enseignement que celui qui consiste à passer dans le même moule des dizaines d’intelligences différentes, de sorte qu’il oublie des intelligences trop spécialisées. Nous perdons chaque année des milliers d’enfants qui se seraient volontiers intéressés à certaines activités et qui ne le peuvent pas puisque nous n’entendons former que des médiocres, c’est-à-dire des élèves qui ont la moyenne dans TOUTES les disciplines.

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Ce massacre ne pouvait se passer que dans de vastes regroupements d’écoles-casernes où l’individu ne compte pas. Cette opération se poursuit. Le pouvoir s’en réjouit. C’est dire comment et par qui nous sommes conduits !
L’Université en est le triste sommet. Formés de la même manière, ornés des attributs célébrant le triomphe de l’économie de marché, décorés de la même issue pour les belles réussites, nous n’avons plus dans nos élites que des gens poursuivant une carrière, se préoccupant de leur statut, et ne désirant rien d’autres que confort et reconnaissance. Ainsi, nous manquons d’esprit curieux hors des sentiers battus, ce qui est un comble pour une école qui doit former des chercheurs dans toutes les disciplines, et pas seulement scientifiques.
Les programmes sont tels, que nos programmateurs ne peuvent être qu’à leur image : d’indécrottables nullités !
On le voit bien dans la belle collection d’avocats et d’économistes qui ne sont pas fichus dans nos gouvernements d’innover et qui nous ont conduits à l’abîme devant lequel nous sommes.
C’est à partir de la sixième primaire que les programmes déraillent et que les profs font ce qu’ils peuvent pour en atténuer les mauvais effets.
On voit bien ce que le Gouvernement souhaite en matière d’enseignement. Un enseignement souple, adapté en suivant la dérive de la société, dans ses besoins et ses appels d’offre immédiats. Ainsi, se néglige la part essentielle de l’enseignement, celle qui concerne la formation humaniste, celle qui ne ferait pas de nos enfants des robots ou des révoltés, mais des femmes et des hommes sensibles et critiques, pouvant jouer partout un rôle.
Quand on lit les circulaires de nos responsables (la pire a sans doute été Marie Aréna), on est surpris de la ténacité avec laquelle ces responsables ont poussé l’enseignement à l’économie, à la radinerie extrême, sans aucune perspective d’ouverture vers ce que l’enseignement devrait être : la source d’un épanouissement individuel .
Sur le même temps qu’éclataient les budgets consacrés aux traitements et aux salaires des personnels politiques et de hautes administrations, c’était assez cynique !
Alors, que nous aurions souhaité voir s’accomplir l’inverse : il n’est rien de trop beau pour des écoles qui sont les ferments de notre futur. Et sans évidemment jeter l’argent par les fenêtres, quel ne serait pas avisé un Etat qui privilégierait d’abord l’enseignement, source de ce que nous serons demains ! L’effet premier serait l’arrêt de la croissante et inquiétante délinquance juvénile. Le retour, en quelque sorte au goût de la démocratie et d’une morale collective que nous avons perdus pour celui du profit.
Revenir à l’essentiel : la formation dans une harmonie humaniste, est tellement évident, qu’on se demande si ces gens, pratiquement tous universitaires, sont réellement intelligents !
Sinon, poussés par les bas instincts, l’amour de l’argent et l’amour du pouvoir, ils ne seraient là que pour nous réduire à une masse informe, malléable et corvéable.
N’est-ce pas criminel que de voir l’avenir de nos enfants dans les mains de ces super cuistres ?
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1. Un monde fort différent de celui qu’on croit en Haut lieu.

17 août 2008

Septembre à moins 15.

Cette année, tout le monde aura traîné les pieds en appréhendant la rentrée.
Bien que l’on parle encore des bouchons sur les routes et que les voitures qui s’arrêtent sur les aires de repos soient visiblement en transit de pays où il pleut moins, il y a comme une atmosphère de résignation qui y règne.
Les personnels politiques sont inquiets.
Les recommandations du trio royal sur les réformes de l’Etat ne donneront pas pour autant la direction de la sortie du tunnel.
On ne voit pas comment Leterme et son gouvernement pourront s’en sortir.
Les gens se font à l’idée d’un désastre. Les journaux qui n’augurent rien de bon des intentions de Leterme se rabattent sur les jeux de Pékin et la guéguerre en Géorgie.
Le grand public semble être tenu à l’écart.
Parfois un sondage rappelle que l’érosion du fédéral fait se replier les Communautés sur elles-mêmes, donc sur l’éventualité d’une séparation.
On en parle plus qu’avant à mots de moins en moins couverts.
L’interaction entre ceux qui dirigent et ceux qui sont dirigés est pratiquement nulle.
C’est que toute la politique tend à traiter les hommes comme des sujets et non comme des citoyens.
Même l’intention de laisser la bride sur le cou indique suffisamment que s’il y a une relation entre le cheval et le cavalier, c’est toujours le cavalier qui dispose de la volonté de l’autre.
Offrir quelques parts de pouvoir finit quand même par imposer des « avantages » dont il n’est pas impossible qu’ils se transforment en inconvénient.
Les Francophones de la périphérie commencent à en mesurer les limites avant de subir les aspects restrictifs d’une liberté dorénavant mesurée.
Lorsqu’une Nation spécialise certaines de ses élites à sa direction, c’est à chaque montée des compétences, un peu de la démocratie qui disparaît dans ses constructions.
L’esprit adapté à s’occuper des hommes ne peut que les réduire à des êtres de figuration dans ses spéculations. Il n’en retiendra que les propriétés nécessaires afin de poursuivre ses programmes. Ils y seront les acteurs lisant un texte sous l’ordre d’un metteur en scène.
On oriente ainsi l’acteur à jouer une pièce dans laquelle il n’est maître que de son jeu.
Les Lois contre les « abus » chômage, tabac, armes, racisme, sont des indications précises du metteur en scène de la vie courante où l’acteur ne peut donner un avis ; même si, au départ, elles lui ont été présentées de telle sorte qu’il y était favorable.

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La difficulté de faire une société humaine pour que l’ensemble de celle-ci se reconnaisse maîtresse de son destin, résulte bien de l’impossibilité d’associer le peuple au pouvoir.
J’ignore la part de l’artiste dans les prestations des Reynders, Di Rupo, Javaux et autre Milquet, il faut convenir qu’elle est identique à celui qui expose ses œuvres à l’attention du public.
L’artiste prépare les visiteurs aux « audaces » de son savoir faire. Et comment pourrait-il éviter qu’il ne travaille en amont le « matériel » humain qui se presse à son exposition ?
Les penchants du populaire doivent être épurés des scories des regrets et des « c’est mieux ailleurs ». Il convient que la spontanéité soit séduite par l’artiste à l’aide de formules capables d’être comprises par tous et qui répondent aux éventuelles objections.
Les sentiments du public « éduqué » doivent se transformer en ajouts pour les « maîtres » qui deviennent les maîtres de la mode, du savoir vivre et finalement du savoir être.
Jusqu’à aujourd’hui, il convenait de penser que les exigences flamandes étaient excessives et qu’à celles-là nous opposerions les nôtres, afin de les contrebattre et d’assurer les Flamands que nous avions aussi des demandes et que nous y tenions.
Le maestro de Mons en avait établi une liste qui semblait avoir le consensus des autres ténors.
Nous verrons bien la force du vent et d’où il soufflera à la rentrée.
Dans quelque direction que l’on aille, l’esprit politique s’opposera aux citoyens, auxquels il conteste le droit de chacun à la liberté.
Jusqu’où ira-t-il ?
Parfois certaines démocraties glissent à pas lents sans que l’on ne s’en aperçoive, vers une forme de dictature.
La reprise des pourparlers communautaires en septembre poussée par l’état d’urgence pourrait nous révéler bientôt un visage de la démocratie que les gens revenus de vacances ou des hallucinations cathodiques des diffusions olympiques ne connaissent pas.
Et ce ne serait pas une heureuse surprise.

16 août 2008

Désaccord, progrès et relation.

Dans la plupart des débats philosophiques, toute conclusion a sa part de doutes. C’est en tout cas ce qui ressort des débats sur quantité de sujets qui ont un rapport sinon direct, tout au moins apparenté à la morale et à la politique.
C’est sans le savoir que l’aléatoire hante toute conclusion.
Nous serions donc des sceptiques, alors que la plupart s’en défend.
C’est Royer-Collard qui le constate : on ne fait pas au scepticisme sa part : dès qu’il a pénétré dans l’entendement, il l’envahit tout entier.
Ce sont aussi les temps particulièrement troublés en politique qui font qu’en Belgique nous sommes devenus majoritairement des sceptiques, sans le savoir.
Mais quel est donc cet esprit indépendant qui se forge souvent une opinion contradictoire de la majorité, il est vrai portée à conclure dans la facilité du consensus mou ?
Le sceptique n’est pas celui qui doute systématiquement de tout, par principe ou par esprit de contradiction; ce n’est pas non plus quelqu’un qui raisonne en oxymoron et qui dit blanc parce qu’on lui dit noir ; un sceptique doute de toute construction intellectuelle humaine et n’admet pour vrais que les phénomènes, dont il a constaté les effets et admis la matérialité.
Aussi en réfutant le dogmatisme, le sceptique sert avant tout l’esprit critique dont nous avons tant besoin, alors que nos sociétés dans leur évolution en manquent particulièrement.
Nous aurions intérêt, plutôt que de citer en référence toujours les classiques d’Aristote à Kant - il serait malséant de nommer d’autres philosophes plus récents tant la liste serait non exhaustive - d’approfondir la connaissance de Pyrrhon, Carnéade, Ænésidème et d’autres encore, afin d’apporter un éclairage différent sur l’ensemble de la philosophie en général et de la conduite de ce pays, qui en est à son treizième mois de folie politique, en particulier.
L’époque a dénaturé le sens du mot critique, de même que le sens dispute s’est modifié.
L’évolution du sens démontre que nos sociétés ne supportent qu’à faibles doses l’exercice plein et entier du raisonnement
On garde plutôt des faveurs à la crédulité, qu’à la sincérité.

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S’il est un usage indispensable de la critique, c’est bien dans la recherche et les sciences appliquées
Pourquoi ce que l’on admet dans les sciences comme un facteur nécessaire au succès, est considéré dans les spéculations qui traitent de la morale et de la politique, comme étant le résultat d’un comportement pervers ?
Nous sommes en 2008 arrivés aux mêmes conclusions que celles qui voyaient l’ataraxie comme l’élément clé de la sagesse philosophique. Pyrrhon eut le mérite de secouer les penseurs et d’établir pour raisonnable un « ni oui, ni non » voire un « peut-être si… » qui n’est rien d’autre que la suspension du jugement en attendant une meilleure assise pour une meilleure prise.
Quand nos décideurs s’inscrivent dans la certitude d’un plan qu’ils ne nous livrent qu’à demi en braillant dans nos télévisions, nous devrions pouvoir dire avec Xénophane de Colophon : « Il n’est aucun homme qui connaisse la vérité avec certitude et il n’y en aura jamais aucun, car même lorsqu’il arrive à un homme de dire quelque chose de rigoureusement vrai, lui-même ne le sait pas. Pourtant nous sommes réduits à la conjecture ».
Le Belge est particulièrement sensible à la philosophie ataraxique, entraîné par sa nature placide à l’obéissance et au détachement des spéculations critiques.
En fonction de quel critère choisir les différentes hypothèses vraisemblables ?
Les Epicuriens choisiront le principe du choix subjectif.
Pyrrhon pense les choses égales et sans différences, instables et indiscernables et que, par conséquent, nos opinions ne sont ni vraies, ni fausses.
Voilà treize mois que le pays va de mal en pis, faute d’un raisonnement qui conviendrait que puisque personne n’a raison, c’est que tout le monde a tort.
De la religiosité nous devrions passer à la religion des faits.
En se soudant à la civilisation romaine, la civilisation grecque reste au niveau de la pensée philosophique dans la langue grecque.
Cessons de comparer le flamand au français, ne sombrons pas dans le ridicule de la religiosité linguistique ; car, les deux langues n’ont pas le même passé et la même richesse accumulée de savoir.
L’une est de construction récente et l’autre est d’une incomparable dimension.
On ne résoudra le problème belge que sur un mode sceptique, avec dans l’esprit la conviction que l’inégalité des deux langues est un fait, qu’elle est historique et qu’il conviendrait d’en tenir compte.
Une justice qui traite de la même manière deux choses inégales ne peut se targuer de trancher justement.
Si le monde flamand pense le contraire, ce sera à lui de le dire et de prendre l’initiative de se séparer de nous.
Ainsi, ce sera un fait dont les sceptiques se satisferont.

15 août 2008

Ça ne nous regarde pas.

-Ça fait mal quand je vois qu’on cite des noms en politique, qu’on traîne dans la boue des gens honorables, qui donnent la pièce aux mancheux, ne décausent pas les voisins !
-Pourquoi tant de haine ?
-J’suis d’accord pour des débats d’idées, mais faut pas charrier. On n’a pas le droit d’attaquer des personnes !
-T’as raison, je suis de ton avis. Prends par exemple le parti socialiste, quand je dis qu’ils sont tous nuls, je ne cite personne.
-Voilà comme il faut faire. On peut critiquer de cette manière là. Et t’as raison de citer le PS quand tu vois comment il est dirigé, le petit bourgeois qu’a réussi…
-Lequel ?
-Celui qui se teint les cheveux.
-Fais gaffe au détail qui tue !... En ne le citant pas, tu restes libre dans ton jugement.
-C’est comme celle de Seraing, qu’est partie à Bruxelles, elle est pareille…
-Pire ! C’est avocat et compagnie. Qu’est-ce qu’elle fait, je te le demande ?
-Elle jase. C’est tout ce qu’elle sait faire.
-Ailleurs, c’est de la même eau.
-Au MR, tu vois le genre de cloche ?
-Le gros qu’a un nez passé au Bourgogne ?
-Non. Pas celui-là, l’autre.
-Celui qu’a l’air poupin, mais c’est…
-Non. Pas de nom. Si tu donnes un nom, tu peux plus être toi-même. Tu te disqualifies !.
-Ah ! oui, l’avocat…
-Ils le sont tous. Façon de faire pour pas montrer du doigt, tu dis « avocat » ainsi t’es neutre.
-Oui… le président du chose ! Qu’était porte serviette du temps de Jean…
-Stop. Même les morts t’as pas le droit. I’ sont plus là pour se défendre. Note, qu’ils ont fait les cons aussi bien que ceux d’aujourd’hui, mais ça ne nous regarde pas.
-…même que l’asticot se croyait bourgmestre avant les élections. Je vois qui c’est. On lui avait donné un circuit de trains électriques en remerciement des services rendus.
-A qui, il avait rendu service ?
-Mais à celui qu’est mort.
-Eh bien, même le loustic, j’y dirai pas son blase. Question de respect des personnes.
-Celui-là, vaut bien l’autre.
-Ils se valent tous.
-C’est à dire qu’ils valent rien.
-Quand on cite une commune selon ton principe, on n’a pas le droit de citer son Conseil, ni son maïeur ?
-Oui.
-Quand je dis Charleroi, ça ne t’évoque rien ?
-Et Liège et Namur et Dinant, aussi, ça évoque que pour ceux qui connaissent. Ceux qui connaissent n’ont pas besoin que tu ouvres le bottin. Rien qu’au nom de la commune, ils voient leurs petites gueules d’enfoirés. Ils les suivent carrément à la trace, avec leurs petites mallettes pleines de biftons…

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-C’est quand même une belle bande de dégueulasses.
-T’as pas le droit d’impliquer tout le monde…
-T’en as même qui sont de la jaquette…
-La je t’arrête. Parler de ça, même sans citer de nom, tu fais un procès aux gays. La politique n’a rien à voir avec les mœurs. Chacun est libre de choisir. Faut respecter ça…
-C’était une façon de dire que certains s’occupent plus de leur cul que du nôtre.
-Pourquoi, t’as des regrets ?
-Je voulais juste dire que personne ne sait ce que je suis. Je cache ma sexualité. Eux l’exposent, s’en attribuent le mérite. Alors qu’ils feraient mieux de s’occuper…
-De ton cul. Tu l’as déjà dit.
-Je trouve que ne pas parler des gens qu’on critique, c’est pire que si on en parlait.
-C’est vrai qu’on laisse planer le doute.
-Ça me gêne de le dire, mais il y a une Bruxelloise qui me plaît bien dans la bande. J’ai le droit de citer son nom ?
-Pourquoi tu voudrais citer son nom, t’as pas assez fait de tort aux autres ?
-Elle a des lunettes et comme on dit femme à lunettes…
-Bon et alors ?
-Elle est bandante…
-Alors c’est pas Isa…
-Stop.
-C’est l’autre. Celle qui s’occupe des transports ?
-C’est une écolo qui emprunte des trucs marrants, des trottinettes électriques, des transports en commun et qu’est dans le staff de Pi…
-Je veux pas entendre, de nom, te dis-je. Combien de fois je dois le répéter ? T’es pire que De Wever ! C’était convenu comme ça… Et pourquoi elle te plaît ?
-C’est le genre de bonne femme que j’aurais aimé avoir dans la vie…
-On parle de politique, ou on parle de cul ?
-On en a bien parlé tout à l’heure !
-Ceux-là étaient spéciaux. Et puis on a décidé que l’intimité des gens ne devait pas être dévoilée.
-Même quand c’est pour une relation hétéro ?
-Pourquoi, vous êtes ensemble ?
-Non, mais je lance un appel.

14 août 2008

Le philosophe fait son char.

-Alors on fait quoi pour le char ?
-Comment ! Il n’est pas prêt ?
-Non. Il n’y a rien de prévu.
-C’est fou, ça ! C’est maintenant qu’on en parle ?
-On pensait que t’avais bien une idée.
-Une idée de quoi ?
-T’es le président.
-Démissionnaire.
-Voilà deux ans que t’es démissionnaire. On a personne.
-Merde.
-Et si on faisait un char de philosophes.
-Une sorte de restaurant à roulettes ?
-Non, un char avec des trucs d’anciens Grecs, des barbus habillés en drap de lit. Tu vois ce que je veux dire ?
-Des barbus, on a déjà…
-Où on irait chercher l’argument ?
-C’est quoi l’argument ?
-Je veux dire, qu’est-ce que des barbus en drap de lit foutraient à Outremeuse le 15 août ?
-Ils rendraient visite à leurs collègues liégeois.
-T’en connais, toi, des philosophes à Liège ?
-Non. A part ceux qui traînent dans les cafés et qui discutent du standard.
-Si on en avait quelques-uns, on les mettrait sur le char dans des vieux fauteuils des puces de Saint-Pholien.
-Ouais. Ils poseraient des questions aux gens…
-Non, c’est plutôt aux gens à leur poser des questions.
-Du genre ?
-D’où viens-je ? Où vais-je ? Dans quel état j'erre ? Des conneries du genre, quoi.
-Faut pas rêver. C’est trop dur ça, pour eux.
-On pourrait alors établir chef de l’Olympe celui qu’aurait le costume de Saint-Nicolas. C’est lui qu’aurait la mission de questionner les gens pour leur demander s’ils ont un sujet.
-Il faudrait bien que Saint-Nicolas réponde. On revient à la case départ.
-Non. Des sujets, c’est pas ça qui manque. Chacun voudra que ce soit le sien qui passe.
-Juste. D’où une discussion pour savoir qui est le plus intéressant.
-Le temps de départager les forts en gueule, la procession repart et les gens sont baisés !
-Et on recommence au coin de rue suivant.
-Faudra quand même des têtes au minimum requis. Platon, par exemple, qui c’est qui connaît encore Platon aujourd’hui ?
-Personne.
-Donc on pourrait inventer d’autres têtes d’œuf !
-J’en connais un, Gérémie Opdebeek.
-A fait quoi, le mec ?
-Inventeur de la pince à linge.
-T’es sûr ?
-C’est ce qu’on m’a dit
-C’est pas des inventeurs, qu’il faut, mais des philosophes. C’est une espèce qui mélange tout et qui de rien écrit des pages et des pages pour poser la question. Si bien que quand t’as fini de lire, tu sais même plus ce qu’il voulait au départ.
-Des scientifiques ?
-De mon cul, oui.
-Donc, ça peut se trouver !
-C’est l’espèce la plus répandue. Je te dis. Tous imbattables sur la question de se connaître soi-même.

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-Ils se connaissent eux-mêmes ?
-Oui. Mais ils n’en parlent jamais. Tu penses, ils se connaissent trop bien. Alors, ils sont gênés d’en parler.
-Ma belle-mère qu’est forte question parlote, cite souvent Philippe Bouvard.
-Voilà. C’est pas Platon, mais il est presque de la même époque.
-Et puis, ils n’auront qu’à se débrouiller.
-On peut leur proposer, mais à une condition.
-Laquelle ?
-Faut surtout pas qu’ils aient le temps de réfléchir.
-Pourquoi ?
-Parce que le 15 aôut. C’est après-demain. Et si l’engeance se met à réfléchir, le char ne partira qu’à la foire d’octobre. Et c’est pas le but.

13 août 2008

La vie en rose et bleu

Maudite celle-là qui ayant renoncé
A n’être qu’une amante aime la chaste Gloire

Il est temps d’annoncer le ciel bleu au-dessus de la pluie éprouvante. Le voile s’est déchiré sur la vie pleine d’attraits. D’un constat d’huissier, si les chaises sont bancales, nous nous assiérons sur le bord des talus. Et nous ferons des aigreurs administratives et des injonctions menaçantes un feu de joie.
L’ennui n’allonge la vie que des comptables du temps.
Les autres ont des souvenirs et sont curieux d’avenir.
Il est des vies brèves plus réussies que des longues.
Plutôt que le million caché dans la soupente, le cœur le dépense partout.
Les coupures risquaient sous la pioche des démolisseurs du futur ne valoir que le poids du papier abandonné par des souris rassasiées.
Que ceux qui n’attendent rien reçoivent tout de la vie.
Et que ceux qui attendent tout ne reçoivent rien.
Les décors sont ceux que l’on veut bien planter et la pièce n’est bête à pleurer que pour les tristes. Le reste la trouve absurde, donc étonnante. Elle éveille la curiosité.
Les tristes ne pensent qu’à la mort en oubliant la vie. Les autres pensent à la vie en oubliant la mort !
Cricri croyait avoir des dons. Ce n’était que des manies. Elle se faisait une opinion…
Même les manies peuvent être agréables. Il n’est besoin que de les aimer. Elles vous le rendent bien.
Les artistes sont des êtres vulnérables. Il suffit de leur dire qu’ils ont du talent ou qu’ils en sont privés, pour les raccommoder ou les fâcher avec la vie.
Combien de soirées perdues sur cette équivoque ?
Alors, que l’on croit s’en fiche, la moindre critique négative fait mordre la poussière.
Pierrot avait compris que le bonheur, pour Cricri, dépendait d’une admiration sans bornes. Il y avait trop longtemps que le mari était en titre, et que l’artiste ne lui disait plus grand chose. Pierrot dévoré de curiosité était en attente d’être heureux.
Il n’était artiste que dans son genre, une spécialité qui ne s’approuve ou ne se désapprouve que par les fâcheux et les maris. Sa spécialité était d’être comblé, parfois par un rien.
Dans l’immédiat, le dévoilement satisfait la connaissance. Puis l’habitude s’installe mais de manière si adroite que c’est toujours un plaisir, aiguisé par les dangers supposés des lois.
Bafoués, les propriétaires du vent réclament qu’il soit procédé à l’arrestation de ceux qui respirent.
Pierrot respirait beaucoup, dame, c’était un homme corpulent.
C’est le mouvement qui compte. La valse des sentiments, la manière la plus lente ou la plus prompte est affaire de griserie et de vitesse.
Le flatteur vit aux dépens de celle qui le broute.
Même la jalousie est un sentiment qui peut être enthousiaste. Il y a des cocus chaleureux, heureux de vivre et qui disent à la cantonade qu’ils le savaient qu’ils le seraient. Et puisqu’ils le sont, ils se plaisent à vanter leur jugement. D’avoir vu clair leur donne une haute opinion d’eux-mêmes, tout leur plaisir vient de là.
L’artiste pensait que si le jaloux l’était, c’était par amour-propre.
Elle croyait dur comme fer en être dépourvue. L’erreur est humaine.
L’artiste est ainsi doublement consacrée, l’amant réjouit et le mari heureux !
Il en va de toute situation qu’un grincheux eût déplorée triste.
Vallée des plaisirs quand on la fréquente et vallée de larmes quand on la quitte : ce n’est pas ainsi qu’il faut voir la vie. Vallée de larmes pour qui ? Depuis le temps que l’on croit que c’est pour ceux qui restent, il n’y aurait plus un seul optimiste sur terre. Quant à celui qui s’en va, les pleurs s’arrêtent comme les bagnoles, au dernier feu.

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-T’arrives, pigeon ?
-J’écris.
-Quoi ?
-Des conneries…
-Alors, tu montes ?
-J’me demandais, à propos d’Apollinaire…
-T’en veux ? T’as pas digéré ?...

12 août 2008

L’Hellespont des cons…

Ce n’est pas demain que nous suivrons Phrixos pour atteindre la toison d'or.
Ce qui ne va plus dans cette société, c’est la désagréable impression qu’on a de n’en pas avoir assez pour le travail qu’on fait.
Cette fourmilière de serviteurs de l’Etat, politiciens de père en fils, n’est pas foutue d’exercer le pouvoir avec tact, mesure et justice, afin de gérer au mieux la part qui revient à celui qui bosse.
Il paraît que ça ne se fait pas et que ça se négocie « entre partenaires sociaux ». C’est vrai qu’ils nous font croire qu’on est sorti de la lutte des classes et que nous sommes tous partenaires !
Merde, ils se foutent de nous !...
Nous entretenons à grands frais des incapables ! Sous prétexte de complexification des temps modernes, ils disent n’importe quoi et agissent à leur manière. C’est-à-dire qu’ils laissent pisser le mérinos, pour avoir droit à leur petit pourboire.
Oh ! ce n’est pas bien méchant. Ils ne gagnent pas des fortunes. Juste quatre ou cinq fois un salaire d’ouvrier qualifié…
Quand bien même, ils valent pas cinq menuisiers, cinq soudeurs, cinq institureurs…
D’une passion réelle de la démocratie, on est passé au professionnalisme.
Dans les allées du pouvoir se côtoient les vieux de la vieille dont on ne saurait dire s’ils se font du blé à contrecoeur et les jeunes loups de la génération chômage qui apprécient la soupe aux mandats.
La politique n’est plus un sacerdoce. 50.000 personnes en vivent à des degrés divers, depuis le mandataire communal au premier ministre. Socialement, cette nouvelle classe renfloue l’ancienne dite des « classes moyennes » qui a du plomb dans l’aile depuis que le petit commerce a mis la clé sous le paillasson ; que ce qu’on croit être des commerçants prospères ne sont plus que des gérants criblés de dettes.
Le vrai bling-bling, l’ostentatoire, les 30.000 euros claqués pour des magnums de champ’ rien que pour une soirée d’amis, ce cirque ne touche qu’une petite minorité. Peut-être n’y en a-t-il aucun dans les 50.000. Ceux-ci ne paient pas de mine, n’étalent pas leur aspect – Mercedes, BMW - extérieur de richesse, sauf quelques ministres ; mais bon sang, ce qu’elle coûte cette engeance, les obligations auxquelles elle nous condamne !...
Ah ! si ce n’était que pour faire du social, on serait d’accord. Mais dans un budget, la part du pauvre est infime.
J’entends bien les commentaires des gens de la rue qui regardent les autres en vitrine.
Le badaud haussera le ton et, avec un geste de découragement, dira : « On sait tout ça. Comment changer les choses ? Il n’y a rien à faire ».
Eh bien ! il a tort. La fatalité, c’est un coupable facile et vite trouvé.
Ce n’est pas faire du populisme que de dénoncer la dérive de nos mandataires vers des rentes quasiment familiales, avec comme unique sanction la perspective de se faire moffler aux élections suivantes, quand on sait que la plupart sont hors d’atteinte du suffrage universel.
Ce n’est pas s’autodétruire que de blâmer ce fort courant de donneurs de leçons, trop grassement payé pour le peu de services qu’il rend à la Nation.
Au contraire, il est bon de chercher les moyens de renouveler une démocratie qui depuis qu’elle est devenue européenne échappe de plus en plus aux citoyens.
Ce serait plutôt le laxisme et le laisser faire présents qui sont inciviques et populistes.
C’est en traînant les pieds qu’on va voter en sachant l’inanité des efforts du collectif pour mélanger les cartes et changer le jeu.
C’était tout le problème des Athéniens du temps de la rivalité de Sparte. Pour ce dernier, l’affaire était dans le sac, un roi et des coups de pieds au cul faisant office des tables de la Loi ; mais, les autres ?

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Les citoyens d’Athènes ont essayé tous les régimes, pendant ce fameux siècles de Périclès.. Ils ne sont tombés dans la dictature que quelques fois. La démocratie eut quelques variantes, ce que regrettait le « charmant » Platon qui était plutôt pour une dictature des prêtres ! Mais leur idée de génie a été de tirer les responsables de la Nation au sort !
Ainsi formé, un groupe de 500 citoyens désignait dix stratèges chargés des affaires courantes. Les stratèges étaient réélus chaque année. Certains payèrent de leur vie la responsabilité des échecs et des guerres perdues. Au temps d’Alcibiade, on eût prié Leterme de boire la ciguë ! En 404 av. J.C. Lysandre met fin à la démocratie athénienne par l’anéantissement de sa flotte, puis de la ville. Depuis, pas que les Grecs qui sont marrons. Nous le sommes tous avec nos ersatz et nos bouffonneries pseudo-démocratiques.
Pourquoi pas, après tout, renouer avec le tirage au sort pour une Assemblée représentative ?
Ce ne pourrait être pire que la dictature de nos imbéciles instruits.
Y en a marre de ceux qui sortent d’un cours d’économie politique pour rendre un pouvoir conforme à l’économie mondiale…. économie mondiale dont les cadors pissent à la raie de nos illustres.
Des barrières artificielles infantilisent le peuple. Celui-ci, modeste, rougirait d’être appelé aux affaires. On fait tout pour l’en dissuader. Or, il n’y a pas pire ganache que celui qui se croit indispensable. Le peuple ne l’a jamais cru. Et là, il a tort. Le premier devoir dans une démocratie ne serait-ce pas de redonner confiance aux gens par l’espoir à se diriger eux-mêmes ? Car le peuple seul est indispensable. Celui qui ne sait pas ça, n’a pas sa place aux tribunes.
En disant que les affaires sont aujourd’hui trop compliquées et hors de portée d’une intelligence moyenne et populaire, on s’attribue un mérite en traitant les autres d’imbéciles.
J’ai conscience que ce peigne-cul de Léon Degrelle avait le même langage que moi dans sa période 36-38, mais c’est un risque à prendre. Il faut des hommes nouveaux qui soient intègres !
Evidemment pas, des petits fascistes qui attendent la place de nos lourdauds. Non, on a besoin de sang neuf… innocent, naïf, je m’en fous de la question des mots, mais autre chose que le produit de nos diarrhées électives.
Je pense que le peuple s’en sortirait beaucoup mieux que les cuistres éduqués pour. Puisque ceux-ci font la preuve journellement que les Universités ne diplôment pas que des lumières, mais forment aussi des cadres stupides, en quête de statuts et de privilèges.
Enfin, les partis qui convergent tous aujourd’hui vers un centre bourgeois et capitaliste reprendraient des couleurs, s’ils s’apercevaient que ce centre n’existe que dans leur imagination, et pour leur seul confort.
Mais je rêve…

11 août 2008

Un destin indicible.

Eudoxin Acide de la Plâtrière connu pour sa ressemblance avec Patrick Poivre d’Arvor n’a pas existé de la manière que généralement le grand public croit.
Comme tous les mythes, celui-ci était à considérer avec modération. En réalité, Eudoxin Acide de la Plâtrière était trois ! Comme la Trinité : le saint d’esprit, le Père et le rejeton.
Eudoxin et ses frères afin de maintenir un insoutenable suspens avaient décidé de ne jamais sortir ensemble. Ils s’étaient réparti les tâches de façon à ce que le public crût à un seul et infatigable travailleur.
Eudoxin jouait le rôle de Patrick, un peu à la manière de Bruel.
Il était l’aîné, guère plus âgé cependant. Son rôle était de séduire. Que de lèvres purpurines murmurèrent son nom sur les oreillers ! C’était lui qui obtenait les aveux complets, entre le mur tendu de soie rose, et le lit, son véritable instrument de travail, afin de les répandre dans les chaumières par leurs étranges lucarnes.
Comme le chanteur, il soulevait l’enthousiasme des minettes et des mémères. Tout lui était bon pourvu qu’elles fussent du sexe, ce qui n’est souvent vérifiable qu’à l’ultime moment. Il courut ce risque depuis son plus jeune âge. Quand vous voyiez sur le plateau un œil libidineux traîner sur un décolleté, c’était celui d’Eudoxin. On dit qu’il fut parfois trompé par des leurres et que les coquettes furent quelques-unes à être coquets ! Mais on dit tant de choses…
Evidemment, Eudoxin fut celui qui vieillit le plus vite. L’usure par le sexe est la plus rapide. Si bien qu’à la fin, il paraissait dix années de plus que les deux autres. Son aspect extérieur demandait réparation. La réputation des frères était en jeu. Dans le contrat qu’ils reconduisaient tacitement de saison en saison, il était convenu qu’Eudoxin devait soutenir le regard des plus belles, tant par la qualité du cheveu, que par la fermeté des chairs. Eudoxin avait pris sa voix veloutée à Yves Lecoq, afin qu’ils se gargarisassent ensemble aux marionnettes de l’Info. C’était son plus bel organe, quoique ait pu dire ces dames.
Acide, faisait son Poivre.
Sa causticité était son encaustique souci. Trop flatteur, trop onctueux, il rassurait les plus hautes autorités, alors que son secret espoir était de les déranger. Par besoin de se croire journaliste, il se voulut illustre, alors qu’il lustrait les plus belles vestes à forcer sur la brosse. Les chaumières ne l’intéressaient guère où pourtant il délégua Eudoxin, qu’il obligea à se prostituer à partir de vingt heures, seulement les jours ouvrables.

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De guère lasse, Acide désespéré de n’être pas Chamfort, finit par déposer au pied de La Plâtrière, les quelques oeuvrettes composées les soirs de solitude, quand les oisillons aux tailles fines pépient ailleurs, non sans avoir oublié leur string sur les appuies fauteuil. Afin que D’Arvor et lui devinssent auteur et postulassent un siège plus académique que celui dit du bain.
Tout reposa désormais sur les épaules de La Plâtrière, gentilhomme breton de petite souche, qui songea un instant à signer Pierre-Jakez Hélias et qui y renonça, attendu qu’il n’était pas natif de Pouldreuzic, mais de Reims dans la Marne.
De La Plâtrière avait un secret qu’il cachait jalousement aux deux autres, il n’était pas plus De La Plâtrière que Poivre n’était d’Arvor. Eudoxin et Acide croyaient qu’ils étaient trois, alors qu’en réalité, ils étaient deux, comme Erckmann-Chatrian ! De La Plâtrière était leur fantasme, comme le comte de Lautréamont était celui de Lucien Ducasse, à la différence que La Plâtrière n’existait pas en tant qu’artiste. Il ne savait pas écrire, bien qu’ayant derrière lui une multitude de romans qui se vendent encore gare de l’Est. Sa plume sentait l’effort, comme les draps d’Eudoxin, le suint. Il n’y pouvait rien. Le monde est plein de vocations de ce genre. Bernard-Henry se croit bien philosophe !
Mais les frères avaient des relations, ils étaient célèbres et babillards. Les conquêtes féminines, de jadis, au souvenir des ardeurs, émurent l’opinion. On s’intéressa à l’inintéressant. Des people crurent percevoir sous le souffle asthmatique de la soixantaine, le frémissement inattendu de secrets près d’être révélés aux gens du peuple.
Enfin, de La Plâtrière à défaut de vie propre, se lança à dire le plus grand bien de celles des autres, comme Eudoxin. Ce qui se traduisit par des fâcheries, tant les plus basses flatteries, quand elles sont écrites, passent plus difficilement.
Jusqu’au jour où Richard III découvrit aux puces son livre « J’ai tant rêvé de Moi » dédicacé à un membre de l’Académie française dont il vaut mieux taire le nom ; car, le livre était non coupé !
Ô grandeur ! Ô décadence !...
Après que Sarkozy eut mis un terme au rêve prométhéen, Eudoxin Acide de la Plâtrière misa sur de La Plâtrière.
Comme Bouvard et Pécuchet, ils se remettent à l’écriture.

10 août 2008

La vie a-t-elle un sens ?

Si elle n’en a pas, lui en attribuer un est tout aussi redoutable.
Dans le premier cas, c’est un fait de nature. Dans le second, une invention humaine.
Selon Thucydide, Phrynichos était un homme intelligent. Une première démarche auprès du Lacédémonien avait été une imprudence ; on ne se confie pas ainsi à qui vous est hostile. Mais la seconde avait été une simple folie. Trahi une première fois, qu’avait besoin Phrynichos de se confier à nouveau pour les mêmes questions dont sa vie n’avait tenu qu’à un fil, au même personnage !
L’homme est ainsi fait qu’il n’a cure des expériences et qu’un homme amoureux ou cupide commettra les mêmes erreurs non seulement avec la personne qui l’a trahi, mais encore avec d’autres, et ainsi de suite jusqu’à la fin.
Que dire lorsque l’argent entre en compétition avec les sentiments. Même quand cela ne coûte rien, on hésite à la démarche. On n’est sûr de rien. Une mauvaise interprétation, une virgule mal placée et voilà la gratuité qui s’avère onéreuse !
Sans oublier l’ambition de régner sur les autres, de les représenter et d’interpréter ce qu’ils pensent ! Sinon que cette ambition valorise celui qui parvient à se rendre crédible par les deux sources qui stimulent : le paraître et l’argent.
Il y aurait beaucoup à dire sur la fuite de l’automobiliste après avoir renversé un piéton, ou déformé une carrosserie lors d’une sortie douteuse d’un parking.
Evidemment si la vie n’a aucun sens, il n’y a pas de morale.
Alors, seulement guidé par une pulsion, une fantaisie, un plaisir recherché, le pire n’a pas besoin d’être absout, puisqu’il n’y a pas faute.
Ainsi, l’homme fuit la sanction comme un tort qu’on lui fait.
L’industriel audacieux agrandit ou rétrécit son entreprise non pas dans le but de payer un personnel et entretenir d’autres familles que la sienne ; mais, dans les seules intentions de vivre plus au large, d’avoir moins de contraintes et d’accroître ses gains.
Qui pourrait l’en blâmer si l’homme pousse ainsi qu’une herbe folle entre les pavés des villes, qu’il ne poursuit aucun but précis, et que son avenir n’intéresse personne, sauf lui ?
La vérité empêche le rapport social. Vivre dans la liberté ne se peut que dans les déserts.
La vie n’a pas de sens et cependant il nous en faut chercher un si nous voulons ne pas nous entretuer.
Mais quel est le bon programme qui résoudrait à la fois la liberté individuelle et la liberté pour tous ?
Il n’y en a pas.
Diodore n’est pas le seul avec ses apories sur les bras. Et Zeller de conclure : donc rien n’est possible qui n’est ni ne sera.
Pour un peu on finirait par douter de la réalité de son existence.
Quelle serait donc la manière harmonieuse de nous entendre ?
Cela supposerait l’uniformité des mœurs et des caractères le tout chapeauté par une exigence supérieure. Alors que c’est le doute qui plane, selon Malebranche, sur toutes les spéculations.
Car, comme il n’y a pas de but, il n’y a pas de morale.
Il ne pourrait y en avoir puisque toute morale à un fil conducteur qui mène à la finalité du pourquoi ?
Et quand bien même nous en aurions une vue plus franche, tout le monde connaît l’histoire du mouton noir, ou du grain pourri dans la grappe de raisin.
Si cette société n’a pas de morale, c’est parce qu’elle n’a pas de finalité. La preuve en est que ses moutons croissent tellement qu’on ne sait plus où les mettre et que les prisons en sont pleines.
Les raisonnement les plus absurdes découlent de ce hooliganisme généralisé. Un sagouin a souiller ma façade de graffitis, pourquoi mon voisin qui a la sienne indemne ne recevrait pas une souillure qui serait mon oeuvre, de sorte que l’équilibre entre lui et moi se rétablirait ?
On voit comme l’équité attribue aveuglément les bienfaits comme les méfaits.
La vie n’aurait-elle un sens que parce qu’on trahit ?
Je me le suis souvent demandé.
Qu’il s’agisse d’un idéal, d’une femme, d’un ami, d’un intérêt inavouable, l’homme trahit, renie comme il respire.
C’est peut-être par contagion, par dénonciation pour la préservation de soi ou d’un intérêt matériel, même sans conséquence.
La rage de l’un pousse l’autre à la surenchère.

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Alcibiade trahit parce que Athènes le condamne à mort ; Phrynichos trahit parce que Alcibiade à l’intention de postuler sa mort. On use de coup de plus en plus bas, parce que la lutte est sans merci et qu’en général c’est le plus fourbe qui gagne.
Dans l’univers de la finance c’est pareil. On ne résiste à des indélicatesses financières que par de plus grandes indélicatesses. Ce n’est pas un hasard, si les choses allant, l’aventure humaine empire et les morts violentes n’apaisent pas ceux qui restent.
A l’ami qui me demandait une recette de morale collective, je répondrai qu’il n’y en a pas. Il n’y a que de misérables expériences empiriques pour des lendemains hasardeux.
A l’autre qui me demandait comment substituer un système régénéré à un système capitaliste décadent ?
Il n’y en a pas.
Nous n’obéissons qu’à une seule force qu’on ne peut éviter : l’inertie. Seuls ceux qui savent faire bouger les autres progressent. Les progrès sont aussitôt remis en question par des données imprévues, des appétits ignorés, des leviers nouveaux mis en activité par l’imagination débordante de l’intérêt personnel.
Toute l’efficacité de la nouvelle philosophie tient dans les caddies d’un supermarché. Avant, on les retrouvait partout, jusque dans les rues voisines, contre les capots des voitures. Aujourd’hui, il faut laisser un euro dans le monnayeur, si on veut abandonner le caddie n’importe où.
Merveilleuse efficacité que cette démonstration de l’intérêt palpable que l’on a ou non de faire les choses.
Heureux, lorsque l’on passe de cet exemple à celui des grandes usines où vivent mal des gens sous-payés et malheureux, qu’on n’ait pas encore trouvé une formule du genre de celle qui rassemble les caddies, adaptée à l’homme.
C’est que l’homme n’est pas un assemblage de fer sur roulette. Les patrons s’en rendent compte. Mais cela ne sert à rien ; car les buts qu’ils poursuivent, ne servent qu’eux-mêmes.

9 août 2008

C’est parti !

On l’a échappé belle !
Avec la plus large représentation de nos gros bras aux jeux de 2008, on est immunisés pour un temps.
Sans Pékin, on ne sait pas ce qu’il serait advenu de la situation tendue à Bruxelles.
Les supporters des Tibétains ne vont pas nous casser les burnes longtemps. Ils ne savent pas les malheureux que le 8 est le chiffre porte-bonheur exclusivement réservé aux Chinois
L’incapacité à trouver une solution à la crise allait peut-être gâché les vacances de nos Monsieur Hulot du gouvernement. C’est pas le moment des droits de l’homme…
Ouf ! on est le 8 août. Leterme croyait jamais arriver jusque là.
Les ministres pourront se passer les relais châteaux et la carte des vins en se croisant à la barre de la rue de la Loi, pour ces fameux remplacements dont nous avons besoin pour faire croire que nous sommes toujours un pays.
Quand on voit nos stars : Arena, Onkelinx, Milquet qui n’ont plus rien à se mettre, ça va chier dans les boutiques de luxe.
Les gazettes feront le plein des nouvelles sensationnelles qui tiendront sur un timbre poste, mais qui rempliront des pages entières.
Et puis, même si nous ne brillons pas par le nombre de médailles, le Belge moyen pourra quand même s’enthousiasmer aux performances, dopé par la période, le grandiose, les drapeaux, les maillots tendus sur des cuisses d’acier, l’extase du sprint au moment du coup de rein…
Les patriotes ne manqueront pas de souligner l’admirable cohésion, malgré nos deux parlers contradictoires, de la délégation belge.
Ainsi nos lascars, Leterme et les autres, s’enfuiront vers des cieux plus cléments, en faisant semblant de s’intéresser au sport.
C’est très porteur le sport. Je n’ai jamais vu un responsable, même d’une buvette socialiste à Mons, déclarer qu’il s’en fout.
Tous sportifs !

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Des hommes en vue qui ont des biceps d’enfant de dix ans et le poids d’un cheval de trait, les jours de communion sportive, ont intérêt d’arborer le tee-shirt aux couleurs olympiques, de faire un tour de piste, l’essuie éponge autour du cou et – sage précaution – avoir l’indispensable drapeau belge roulé dans une poche de training, des fois qu’une caméra de la RTBf passerait par là ?
D’autant que les 3 semaines de rabiot engendrent des retombées comme des tournées dans des stades à Bruxelles ou ailleurs qui prolongeront ainsi l’anesthésie générale.
Ce qui peut nous amener aux alentours du 20 septembre, si Kim Geevaert est en forme. C’est-à-dire une bonne quinzaine après la rentrée dans les écoles et les usines.
Le drame pourrait être repoussé davantage, si après il y avait un autre événement comme une guerre entre la Suisse et le Lichtenstein ou un grand décès qui précipiterait la Belgique dans une neuvaine de deuil national, si vous voyez ce que je veux dire.
Il y aurait un grand rassemblement avec pleurs de la nation tout entière. On écouterait hoqueter de douleur nos constitutionnalistes. Les parlementaires évoqueraient la grande figure, trop tôt disparue, des trémolos dans la voix. Puis, tout de suite après, la gaieté, la ferveur populaire, pour l’avènement du suivant. Certes, cela n’aurait pas l’ampleur de l’entrée de la flamme olympique à Pékin, mais les peuples sont friands de ces choses-là.
Comme on a mauvais genre à se disputer autour des catafalques ou des Joyeuses entrées, on toucherait à la fin de l’année sans trouble, ce qui nous sauverait de Halle Vilvoorde de justesse. On aboutirait enfin à l’élection d’Obama.
Vraiment vernis, de méchantes et fortes pluies feraient les liaisons entre les cérémonies. Mais, il ne faut pas trop compter sur la nature. C’est la seule à s’en foutre…
Une mini tornade s’abattant sur la forêt de Soignes ferait comme le passage de la mer Rouge. Des milliers d’arbres abattus par la force du vent, Charles Picqué et Rudy Demotte auraient leur avenue francophones déboisée, pour l’entrevue historique.
On peut compter sur l’effort patriotique de nos journalistes pour boucher les trous, si par malheur nous ramassions des casquettes aux olympiades au point que l’après jeu serait amer.
Un dévouement sublime de la haute personnalité ne serait pas à exclure, si la survie du pays était à ce prix !...
Enfin, touchons du bois. La première phase est déclenchée. Nos moteurs de l’information tournent à plein régime, nos journalistes sont à leur poste et on sent tout doucement revenir les temps heureux de la Belgique joyeuse.
Les trois quarts des citoyens exultent et passeront des nuits blanches, l’œil rivé sur les exploits pékinois.
Le quart restant s’emmerdera comme d’habitude. C’est normal. Que voulez-vous qu’on fasse avec des gens qui ne sont pas sportifs et qui n’attendent qu’une occasion d’importuner les autres ?

8 août 2008

Alcibiade et les autres…

Jacqueline de Romilly, comme a dit Proust à propos des duchesses, est une dame tout à fait charmante, quoique de l’académie française. Cette enseignante nous a laissé quelques travaux remarquables par leur limpidité sur la Grèce antique, dont elle est une spécialiste incontestée.
Elle a tracé un portrait fort intéressant d’Alcibiade, ce fils adoptif de Périclès, né vers 450 av. JC et mort à Melissa (Phrygie) vers 404.
Quel est le rapport entre cet homme du grand Siècle, dit de Périclès (Vme s. av. JC.), et nous, du petit XXIme qui s’annonce si mal ?
Ce type, cet Alcibiade, vu par Jacqueline de Romilly fait penser à l’homme politique moderne !
Sans doute ne l’a-t-elle pas fait exprès, puisqu’elle le défend en lui ménageant son estime. Involontairement, elle nous en trace un portrait qu’on ne trouvera pas dans les livres d’histoire : celui d’un faiseur, tour à tour bobo et bling-bling, à qui on passe tout, une sorte d’enfant gâté. Du reste il symbolise la jeunesse et jusqu’à la fin, dit-on, il passera pour ne pas « faire » son âge. On sent que l’auteur, malgré les siècles qui se sont écoulés, est toujours sous le charme du coquin.
Alcibiade est une sorte de Jack Lang jumelé à Nicolas Sarkozy, intelligent, fort habile à conquérir les foules par un discours adroit et malgré, nous dit-elle, un léger zézaiement qui en faisait le charme.
Alcibiade est beau, riche, illustre par sa naissance, polyvalent en amour comme la plupart des Grecs de l’époque. Il aurait couché avec son mentor Socrate qui, cependant, aurait résisté à son charme. Un peu comme si dans les années soixante une femme ou un homme avait résisté à Marlon Brando !
Ce jeune intrigant a tout fait dans sa carrière fulgurante. Il a trompé, couché, s’est débauché, est allé jusqu’à posséder sept chars avec chevaux et équipages pour les JO de l’époque, est devenu stratège parmi les dix qui dirigeaient Athènes.
Mais, il est allé trop loin. Après avoir poussé la Ville à conquérir la Sicile, Grâce à son expérience, il fut élu stratège en 420 ; il était alors déjà chef des démocrates extrêmes, une sorte de parti libéral de la jeunesse qui ne croyait pas trop aux dieux, et à la sagesse des Anciens. Son impérialisme ambitieux contribua en majeure partie à la rupture de la paix de Nicias et à l'envoi, en 415, de l'expédition de Sicile, dont il fut un des trois chefs. Il concourut ainsi au déclin de la Cité ; car cette expédition fut un désastre.
Condamné à mort pour s’être moqué des mystères d’Eleusis, et peut-être d’avoir mutilé les bornes à l’effigie d’Hermès qui limitaient les propriétés, il s’enfuit à Sparte chez l’ennemi juré d’Athènes, convainc la Cité rivale de combattre sa Ville et divulgue tous les petits secrets de ses défenses.

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Ce charmant jeune homme donne trois conseils à Sparte qui vont mettre Athènes à genoux. Ce qui ne l’empêche pas de faire un enfant à la femme de son hôte, le roi Agis.
Habitué aux agapes et aux fastes, à Spartes, il devient frugal, couche à la dure et se montre en tous points pareil à ces rudes soldats, dans le but de s’y faire accepter comme étant des leurs !
Et Jacqueline de Romilly l’aime encore !
Retournement à nouveau de cuirasse – à défaut de veste – il manœuvre pour réintégrer Athènes en 407, à la faveur d’un régime démocratique moins sévère. Il reprend du service en politique. On espère trouver en lui un capitaine capable et un moyen d'alliance avec les Perses. En 406, une nouvelle défaite de la flotte grecque à la bataille de Notion lui fit perdre son prestige. Il ne fut pas élu stratège pour 406-405.
Cet homme de pouvoir, déçu de ne pas en être une fois de plus, se retira en Chersonèse de Thrace après que les Athéniens eussent perdu la bataille d'Aigos Potamos en 405.
Il meurt assassiné, de la main, sans doute, d’un mari jaloux, l’année suivante.
Aujourd’hui, le vide qui entoure les éclats et le bruit entretenus par la presse people, mais aussi par les autres moyens de diffusion d’une certaine élite de pouvoir, fait penser à Alcibiade. Pour que ces « grands faits » politiques, son charme, ses mouvements, ses trahisons aient été transmis par les historiens du temps et nous soient parvenus, fallait-il qu’il soit à lui seul, l’homme qui s’exhibe, et celui qui construit sa légende, l’homme spectacle qui étonne et émeut, démiurge de l’action politique, bref un avocat d’aujourd’hui.
C’est ainsi que le sarkozysme réalise le rêve d’une certaine gauche…Lui aussi s’est arrangé pour que ses renoncements, ses attentes, voire ses trahisons ne ternissent pas l’engouement des foules.
Dans les sociétés humaines, les classes « supérieures » fixent symboliquement les modèles de comportement. Par une sorte de fatalité, elles nous convainquent et nous les croyons, parce que nous sommes simples et qu’elles ont l’arme de la duplicité dans leur arsenal.
Une élite respectable donnerait envie d’être socialement imitée.
Le spectacle de nos Alcibiade a quelque chose d’écoeurant. Comme est écoeurante toute imitation qui, venant d’en bas, renvoie encore plus bas que terre.
L’exemple des anonymes qui font la prospérité générale et qui ne reçoivent que mépris pour prix de leur travail, devrait être le seul qui vaille afin qu’on en fasse le récit.
Une société ne peut se contenter du statut des élites. Je l’ai dit cent fois, un homme quel que soit son mérite ne peut en valoir cent autres, selon le principe de Sartre il devrait n’être qu’un homme parmi les hommes et que vaut n’importe qui.

7 août 2008

Avocat !

Que voilà une profession d’avenir et sans numerus clausus, puisque aussi bien on y réussit le plus souvent à condition d’en sortir.
Aux manettes d’un pays ergotant, plastronnant, quelle est la profession la plus adaptée : celle d’avocat !
Voilà pourquoi « votre fille n’est pas muette » dirait aujourd’hui Molière.
C’est la profession la plus répandue dans les sentiers du pouvoir.
Vivent les avocats, ma mère… la couille en chocolat de la chanson paillarde est remplacée par celle en or, dans le répertoire de la geste parlementaire.
La liste de ces professionnels de la dialectique représentants du peuple est impressionnante. Le parlement est un vaste prétoire, sauf qu’il n’y a pas de juge et aucun coupable !
A part l’un ou l’autre apothicaire, économiste ou expert-comptable égaré, le peuple n’élit pratiquement que des avocats !...
Du coup la démocratie représentative n’est pas conforme à la diversité des professions des électeurs..
Un abus ? Certes, mais rien dans la Constitution n’interdit aux robins à postuler une représentation politique.
Pourquoi la profession d’avocat prédispose-t-elle à l’accès de l’assiette au beurre ? A bien des égards, elle est idéale pour plusieurs raisons. La collectivité universitaire, à travers cette profession, est la grande gagnante.
L’avocat qui débute est souvent une personne qui déchante vite. La clientèle est constituée à 90 % de paumés et d’insolvables. Se fourrer dans un cabinet tenu par un cher maître qui a percé, réduit le jeune à un travail de bureau qu’une secrétaire à niveau moyen ferait mieux que lui. Les arrhes s’appellent le salaire et il n’est pas lourd.

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Alors restent deux alternatives, à défaut de blanchir sous le harnais et finir tel un clerc de notaire : entrer dans une grande boîte d’assurance, comme Ethias, qui malgré ses airs de sainte nitouche a besoin d’avocats pour faire cracher au bassinet sa propre clientèle, ou s’engager dans un parti avec l’intention d’y briller.
Bien entendu, la représentation populaire ne saurait caser tout le monde. Vous ne voyez que ceux qui ont réussi. La multitude attend au portillon. D’ici à ce qu’ils manifestent pour augmenter le nombre de députés et de sénateurs !
Etre avocat, c’est comme la médecine, savoir relativiser les choses. Pour celle-ci les hommes sont mortels et, pour celui-là, les hommes sont faillibles.
Les Lois sont plus qu’imparfaites. Elles sont injustes parce qu’elles traitent indifféremment dans le même moule une multitude de situations. La Justice est impossible. Elle n’est là que pour éviter les tempêtes sociales, calmer les tempéraments. Elle est donc partisane et férocement inégalitaire.
L’avocat sait cela. Son moment jouissif, c’est quand il parvient à disculper un client qu’il sait coupable et fait condamner la partie adverse qu’il sait innocente.
Il n’y a pas une profession – à part le croquemort qui professionnellement parlant doit avoir une gueule d’enterrement – où le cynisme, l’artifice, la mauvaise foi sont érigés en système.
C’est un des rares métiers où mentir est nécessaire. Cette profession par ses attaches politiques est entrée de plein pied dans cette frange bourgeoise qu’on appelle bobo (D. brooks, « Bobos in paradise »).
Cette profession est en tête du hit-parade des professionnels de la politique.
Les qualités, comme les références rhétoriciennes et l’éloquence sont indispensables, non pas de la raison, mais à l’établissement d’une vérité pirandellienne qui arrange celui qui en fait briller certaines facettes.
Le ministre-avocat, servira les banalités que l’on souhaite entendre et qui sont bonnes pour lui. Il saura terminer par une pirouette une interview qui aurait embarrasser un honnête homme.
Cela ne veut pas dire que tous les avocats sont des experts en filouterie. Il y en a même qui ont fait de grandes choses, soit par hasard, soit par heureuses dispositions, étant entendu qu’on n’en est pas moins homme.
Dans ce siècle, il faut rapidement juger les gens. Les diplômes dispensent de faire la preuve qu’on est compétent, et accessoirement intelligent.
N’ont-ils pas avant tout le mérite de procurer d’emblée un statut, sans que le récipiendaire ait besoin de faire d’autres preuves que celles qui lui procurent la capacité d’exercer ?
Diplômée, cette « élite » squatte les postes-clés de la société informationnelle, dans les médias, la publicité et l’industrie culturelle, détenant un pouvoir idéologique certain.
Eh oui ! un universitaire dans une course au savoir part presque toujours gagnant quand il est en concurrence avec des diplômes inférieurs. Il s’en distingue par une présupposition d’aptitudes et une sorte de reconnaissance préétablie.
N’est-elle pas angoissante la situation désastreuse dans laquelle le pays est plongé ? Ne la doit-on pas à nos universitaires ? Quelles conclusions devrions-nous en tirer, afin que celles-ci échappassent à la malignité publique ?
Nous qui les voyons dorénavant « masters » ont-ils gagné en savoir et en humanité ?
Le ticket pour la réussite sociale handicape le reste de la population. Le comble c’est cette dernière qui trouve cette situation normale ! C’est même elle qui se saigne aux quatre veines pour que ses rejetons ne croupissent pas en usine.
Fallacieux espoir, en même temps formidable désillusion de la grandeur du travail manuel dont le mépris atteint aujourd’hui ceux qui en vivent.
Bien entendu, les pièces et diplômes certifiés ne sont que foutaises classificatoires et courses d’obstacles afin d’éviter l’évidence de l’égalité universelle que, justement, l’université ne nous apprend plus dans ses prétentions élitistes et ses qualifications adaptées.
L’avocat est le nouveau mæstro d’une politique dont, en Belgique, on ne mesure pas bien le désastre..
C’est ainsi que l’avocat Leterme (droit et sciences politiques) sera remplacé par l’avocat Reynders pendant les vacances et quand ce sera le tour de l’avocat Reynders de jouer les filles de l’air, ce sera l’avocate Onkelinx qui fera du remplacement, susbtituée à son tour par la ministre du travail, l’avocate Joëlle Miquet. Les vices premières et le vice premier, rue de la Loi, qui dit mieux ?
Qu’on s’étonne après cela que nous soyons tous coupables ?

6 août 2008

Soutenir Siné.

Alors que l’on croyait l’affaire de Charlie hebdo terminée, opposant son rédacteur en chef, Paul Val, à Siné, pour des propos qualifiés par le premier d’antisémites, Bernard-Henry Lévy en ajoute une couche. D’autres enfin ont repris qui pour Val, qui pour Siné, si bien qu’un incident de rédaction d’un journal satirique est devenu une affaire nationale qui porte sur la liberté d’expression.
C’est toute la problématique des lois contre le racisme et l’antisémitisme qui fait polémique. Ne sont-elles pas à la fois le bien et le mal associés ? Doit-on sous des prétextes divers empêcher de s’exprimer ceux qui ne pensent pas comme la majorité ?
Dans le procès fait à Siné par le bouillant B.-H. Lévy, on ressent un certain malaise de la manière, avec laquelle le philosophe évoque des « mots qui comptent » ; en commençant par oublier ceux qui ont été écrits par Siné, pour s’étaler avec la complaisance de l’artiste qui se sait du génie, sur les siens.
A la citation, c’est B.-H. Lévy qui passerait pour intransigeant dans sa façon sommaire de cataloguer l’antisémitisme. Pour lui l’antisémitisme commence là où on ne célèbre pas avec dévotion le « martyr » des Juifs dans leur histoire en général et celui de la 2me guerre mondiale en particulier, là où l’on reste circonspect en ne prenant pas parti dans la guerre israélo-palestinienne, bref, quand on ne professe pas une admiration sans borne pour « le peuple martyr ».
L’avocate Gisèle Halimi reprenant le texte litigieux de Siné l’a décortiqué en professionnelle du droit et elle est formelle : « …dans un procès en justice, il n'y aurait strictement aucune chance pour que Siné, sur la base de ces lignes, soit condamné pour antisémitisme. »
La position adoptée par B.-H. Lévy, comme celle de beaucoup de coreligionnaires et d’assimilés est à l’opposé d’un apaisement en ce domaine. Elle est au contraire fortement attentatoire à la liberté tout court et de la sorte, elle pousse justement ceux qui ne sont pas racistes vers des conclusions d’affrontement et d’excès.
Le cas Dieudonné est à ce titre exemplaire.
D’une blague de potache chez Ardisson, voilà l’humoriste sommé de se dédire. Il n’entend pas plier. Il le dit et s’explique. Une polémique à la Siné s’installe avec les mêmes accusateurs ou à peu près. Dieudonné se voit endéans la quinzaine conspué, et interdit d’antenne. Il résiste, se défend – mais comment se défendre devant des juges qui ne vous entendent pas ? –
Enfin Dieudonné s’entêtant, donne raison à ses adversaires en dérapant de phrases équivoques, en provocations. Il finit par demander à J.-M. Le Pen d’être le parrain de sa petite dernière. Ce que celui-ci accepte avec jubilation, on s’en doute.
S’il n’y avait pas eu cette effervescente meute devant le gag de l’humoriste déguisé en intégriste juif et cet hallali à son encontre, y aurait-il eu de sa part une réelle poussée antisémite ?

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Les philosophes médiatisés n'en sont pas à une gymnastique dialectique près pour frapper l'opinion et mettre « les légalistes » de leur côté.
On ne peut pas émettre un avis dubitatif sur Israël sans contrarier des intellectuels des milieux les plus divers qui, de près ou de loin, se sentent concernés dès que des sujets touchant à cette nation ou à sa diaspora sont abordés.
L’audacieux qui s’y frotte sans l’aval de ces milieux est tout de suite suspecté d’être un nazi rentré. Des accusateurs surgissant de partout sentent monter du malheureux les senteurs nidoreuses de Josef Mengele et de Robert Faurisson.
Pour l’opinion, l’amalgame est aussitôt fait : racisme, négation de l’holocauste, imprécation injurieuse et diffamatoire sont intimement liés.
Un journaliste (qu’il me pardonne, je n’ai pas retenu son nom) exprime très bien ce que les amoureux de la liberté ressentent :
« Il était prévisible que cette affaire suscite les récurrents effets de manche et sonneries de tocsin. Il n'y a là qu'un symptôme supplémentaire d'un triste état de fait : on ne respire plus, dans ce pays. La France pète de trouille, et ça ne sent pas bon. La poltronnerie de la plupart favorise l'autoritarisme de quelques-uns. Toute pensée, toute parole libres sont immédiatement soumises à un feu roulant d'intimidations, de condamnations ronflantes et sans appel. Comme le dit un proverbe japonais : "Le clou qui dépasse appelle le marteau." Malheur à celui qui critique les replis communautaristes, l'invasion massive du religieux dans l'espace public, la défaite annoncée de la laïcité dont le discours de Latran était un avant-goût, les clés des banlieues remises aux barbus par une république capitularde, l'arrogance grandissante des imams et des rabbins, la montée des intégrismes sous couvert de quête légitime d'identité, la politique israélienne ou palestinienne. Antisémite ! Islamophobe ! ».
« La rhétorique victimaire, chère à nos dirigeants, est omniprésente. Philippe Val n'est plus un patron de journal qui a licencié arbitrairement un collaborateur : il devient la victime d'une horde déchaînée dont l'oeil perçant du philosophe a saisi les motivations racistes. Ainsi Jean Sarkozy, bien fils de son père en matière d'arrogance, d'opportunisme et de grossièreté, est transformé en victime d'attaques honteuses dignes du Pilori (un journal antisémite sous l'Occupation) ou de la Milice. »
En Belgique comme en France, nous devrions prendre très au sérieux la généralisation peureuse de l’opinion, relayée par la Loi.
La simplification des choses apporte de la confusion.
Il y aurait les bons citoyens, bien libéraux et démocrates et les autres, les racistes et les totalitaires dont il faut clouer le bec. Il n’y a plus de presse libre, plus d’opposition, plus rien qui ne contredise une vérité rédhibitoire.
Bientôt nous aurons une police à laquelle se confieront les bien-pensants, une police du bien dire et du bien penser, une police si délicate que nous la consommerons comme le sucre dans le café sans le savoir. Et pour cause, cette police est parmi nous. Les « bons » citoyens auront un carnet en poche, le crayon derrière l’oreille, et seront prêts à relever les propos « inadaptés », à y inscrire les plaques minéralogiques suspectes. Ce sera une police auxiliaire et supplétive parfaite, de la délation et de la lettre anonyme.
Et ces chers imbéciles jubileront quand ils auront eu la peau de ceux qui ne pensent pas comme eux, sans savoir qu’ils auront, eux aussi, la tête près du billot.

5 août 2008

L’emploi et la sanction.

Qui dit qu’on ne s’arrange pas entre communautés ?
Du côté d’Yves Leterme, on signale quelques discrètes avancées. Le bougre marche sur ses chaussettes. Il arrive par derrière et zou ! vous flanque un stylo dans les doigts. Vous n’avez plus qu’à signer.
Les partis, pour une fois, sont unanimes.
Quel est le problème ainsi résolu en deux coups de cuillère à pot ?
S’il y a 100 demandeurs d’emploi pour 10 places à pourvoir, il y aura 90 personnes sur le carreau. Eh bien ! non. Les partis repoussent cette sombre perspective. Il y aura 80 personnes sur le carreau et 10 qui seront exclues du carreau, s’il est prouvé qu’elles n’ont pas fait l’effort nécessaire.
Pour appuyer cette mathématique imparable, les employeurs se chargent d’alimenter les échos sur le chômeur volontaire et paresseux en produisant une liste d’emplois vacants, comme ferrailleur-bijoutier électronicien ou scaphandrier poseur de câbles sous-marin à haute tension. On voit le champ des demandeurs est vaste.
Ainsi l’opinion pourra conspuer le parasitisme social, le seul responsable du marasme inflationniste actuel !
Qu’on s’entende bien. Tant que BHV n’a pas de solution, il n’y a d’accord sur rien. Il semble cependant que plus des petits accords trament des complicités par-delà les haines linguistiques, il sera plus facile de tisser de nouveaux liens entre les partis.
Que demandent les socialo-libéraux ?
Que les affaires reprennent. Dans la conjoncture, il n’y a pas d’autres solutions à celle qui consiste à faire payer les faibles, car eux, au moins, ils ne savent pas se défendre.
Ce que nos politiques sociales font très bien.
Donc, la nouvelle procédure consistera à encourager le chômeur à trouver du travail et à lui faire encourir des sanctions s’il reste en défaut de recherche active d’emploi. Avant, la capture du gibier en défaut de recherche active était fédérale. Comme Bruxelles est à des années lumière, on radiait des morts au lieu et place du chômeur « paresseux ». Avec la nouveauté, les adjudants locaux pourront après un coup de fil à l’Etat-major namurois, saquer dans la viande feignante.
Ainsi, les socialistes qui ont placé en priorité leurs créatures socialisantes dans tous les endroits possibles seront en tête de banc pour vitrioler la misère !...
Que voilà une importante mission.
Quand par hasard, la presse volontiers discrète dans ce domaine, sortira de ses cartons un cas d’abominable acharnement sur un malheureux, il y a quatre chances sur cinq pour que le malfrat-fonctionnaire soit socialiste !
Voilà jusqu’où la collaboration sociale peut aller.
On n’en est pas encore à signaler les bavures, mais si on laisse la responsabilité des sanctions aux plus bas échelons, il faut s’attendre à des explosions sadiques de fonctionnaires frustrés.
La compétence de signer un contrat avec le chômeur par les autorités de proximité n’est évidemment que le côté « sympa » de la chose. Les sanctions au verso du contrat sont indispensables pour nos guerriers de l’absolue conviction que le social n’est pas une vache à lait.
Il reste quelques hésitants à ce marché de la viande sous contrôle local. En Flandre, on souhaite régionaliser la compétence de sanction le plus vite possible, mais certains francophones hésitent encore, pour des raisons électorales, il va de soi.

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Admettons, par exemple que les sanctions pleuvent dans des ghettos de proximité de grands centres comme Liège ou Charleroi ! Quel sera le vote dans ces communes sinistrées ?
Moralité, il y a moins de vétérinaires sociaux en Wallonie capables de marquer d’un cachet « bon pour l’abattoir » la couenne des sanctionnés de l’indicible.
Mais que voilà encore un emploi vacant à haute performance pour le catalogue des métiers qui ne trouvent pas de titulaire : « sanctionneur ONEM » !
Un polytechnicien – jeune et superbe – membre de la cour du prince socialiste, a gambergé sur la chose : « C’est la sécurité sociale qui finance les allocations de chômage. Si la sanction en cas de non-respect des contrats est régionalisée, il y a fort à parier que l’on reprochera à la Wallonie d’être plus laxiste que la Flandre, et de coûter trop cher en allocations. La pression pour régionaliser la sécurité sociale sera alors beaucoup plus forte ».
Di Rupo (1), au départ enthousiasmé des contrats de remise au travail, angoisse un peu sur les conséquences probables d’une nouvelle traque sous les auspices de la Région.
Les syndicats ne mouftent mot. Les patrons se font manucurer en attendant. Il y a comme un consensus de recueillement entre ces bestiaux-là. Ils se disent, que les politiciens prennent l’initiative sur un sujet pareil, tant mieux pour nous.
Décidément Leterme n’a pas son pareil pour gaffer. C’est même le premier grand gaffeur toute catégorie que nous ayons aux affaires depuis longtemps.
Il faudra que le roi nous le garde.
Il fait la preuve qu’on peut faire le con et ramasser beaucoup d’argent. C’est un bon signe pour les chômeurs qui hésitent à se lancer…
---
1. Pour sa gouverne, son parti frère, le PS français vient d’adopter une résolution concernant le même problème qu’il ferait bien de méditer :
« Le Parti socialiste estime que le projet de renforcement des sanctions contre les chômeurs qui ne retrouvent pas d’emploi, “élaboré sans la moindre concertation avec les organisations syndicales, est le dernier avatar de la politique de rigueur systématisée par la droite“.
Dans un communiqué, le Bureau national du Parti socialiste juge que la “première conséquence d’une telle régression sera une nouvelle vague d’exclusion de demandeurs d’emploi de l’indemnisation chômage“. Le PS prédit “une énième altération du pouvoir d’achat de nos concitoyens les plus durement frappés par la précarité”.
Pour le PS, “il est manifeste que cette majorité est prête à tout pour parvenir à afficher une baisse statistique des chiffres du chômage“. Après la “multiplication des radiations administratives, l’encouragement au travail précaire et aux contrats à temps très partiel”, le PS déplore que vienne “l’obligation pour les chômeurs d’accepter des emplois au rabais, même loin de chez eux, sous peine d’exclusion de l’indemnisation chômage“. »

4 août 2008

T’es branché, Coco ?

Mais que voilà l’idée bonne !
Avant, on avait le système pileux absolument obscène, la lèvre dure sans collagène, la carrure trop balaise, l’œil peu velouté. Les mâles n’auront plus l’air de descendre d’une locomotive à charbon quand ils se rendront en ville, grâce aux soins du corps. Il leur manquait un accessoire dans leurs petites menottes manucurées. Le miracle s’accomplit, mes loulous…
Catherine Loiret, à la recherche permanente des "must have", lance les "it-bags" pour hommes d’affaires, et du monde.
C’était affligeant de voir sur le front de mer les touristes à la quinzaine serrant frileusement leur pognon dans de petites mallettes à courroie autour du cou.
Sur la gidouille retenu par un large ceinturon noir, c’était pire.
Fini d’arborer la sacoche pour homme, compromis entre un étui à révolver et un porte-carte-scout. L’ « it-bags » aura la même fonction, mais avec un « design » qui fera du vacancier un homme sexy.
Ah ! on va se l’arracher
On voit déjà au Parlement nos députés branchés comparer leur « it-bags » aux sacoches Hermès des dames.
Pas un défilé sans que les précieux accessoires ne soient, eux aussi, sur le podium, volant parfois la vedette aux vêtements.
Le phénomène, jusqu'à présent réservé à la clientèle féminine, s'étend désormais aux deux sexes.
Comme tout accessoire en peau, celui-ci va valoir celle des fesses.
On est ravi pour choupette. L’accessoire, un peu de Botox pour les faux plis de la tronche et voilà l’homme moderne bien loin de l’affreux sagouin cavernicole qu’il était à moins de cent mille ans.
L’ennui pour Catherine Loiret, ça fait bien un siècle que l’ouvrier part au turbin avec son frichti et le thermos, le tout dans un sac – cuir ou toile – que certains portent en bandoulière. Les mannequins propagateurs d’idées nouvelles auraient-ils été supplantés par l’engeance laborieuse voilà plus d’un siècle ?
L’it-bags ne serait pas l’innovante occasion des Steevie à talonnettes et tête à claque de s’aller montrer dans les endroits branchés, la nouveauté à l’aisselle !
Mais quelle est donc cette horreur !
Quand on expose à Dubaï, on ne sort pas du bateau-lavoir. Il faudra bien que miss Loiret se renseigne. Le balluchon est la marque des transhumances antiques. Evidemment si les Grecs de Périclès n’ont pas fait breveter !...

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Après tout, cette ancienneté du laborieux sur l’objet n’est pas très gênant, puisque les mondes du dessus et du dessous vivent en parallèle sans jamais se rencontrer.
A part aux myrtilles, le destin des hommes est asymptote.
-T’as vu, Mimile, Jean-François m’a frôlé !...
Vous les voyez pas se fendre de 295 euros, alors que le faux-cuir n’en vaut pas dix !
Catherine, faubourg Saint-Honoré, fait comme si… Il y a préemption.
Sobre, costaud et tout terrain, le free size est l’auxiliaire parfait du shopping pour les magasins spécialisés de l’homme moderne. Les sacs en papier de soie, avec les grands noms du luxe bien en vue, avaient la propriété – à part d’être peu pratiques - d’épater le plouc, mais aussi de tisonner ses sarcasmes. Surtout si l’esthète embarrassé de ses sachets de frivolités sortait d’un salon de coiffure, la talonnette dorée claquant sur l’asphalte et cet air déjà vu de vieilles gonzesses qui paierait un Brésilien du bois pour se faire une pipe, s’il n’avait rendez-vous place des Vosges chez Jack Lang, pour s’enthousiasmer des propos de Comte-Sponville sur la tolérance.
Et puis l’autre, l’arsouille à la gamelle, son infâme balluchon n’est pas à confondre ! Il n’a pas la hauteur qui se règle par des boutons de manchette. Où mettrait-il le journal du jour, l’enfoiré, s’il lui arrivait parfois de lire ? Tandis que Michou le glisse dans le bas du sac dans une encoche prévue à cet effet ! Enfin, le balourd n’a jamais un départ en week-end improvisé. Par contre Jean-Lou est souvent entre deux TGV. Pas de problème, puisque le sac peut s'agrandir et se transformer en 48 heures.
Catherine Loiret le confirme : "C'est ça, pour moi, le vrai luxe. Ne pas avoir à nous adapter à nos accessoires, mais les faire plier à nos exigences."
D’ici à ce que la bêche et le marteau se plient aux exigences de l’ouvrier agricole, il faudrait pour cela que Catherine se lève de bonne heure afin de gagner les champs pour une inspiration champêtre d’une nouvelle marque déposée.

3 août 2008

Vive le sport !

Dans moins d'une semaine, on aura du sport à la louche, tout son pesant comptant… C’est ça qui va soulager le monde des embarras, des haines et des guerres. Le sport n’est qu’embarras, haines et guerres aussi ; mais le venin en est plus subtil, le triomphe ou l’anéantissement… momentané, la guerre… une miniature. Ce qui sauve tout dans le sport, c’est son peu de conséquence ailleurs que dans la vanité humaine : la distinction et la médaille.
…..
Du sport, rien que du sport, avec les exploits, l’ambiance, les magouilles, les dopages, tout enfin qui fait du sport le roi de l’info bidon, de l’info indispensable à l’été, à la Chine, à la Belgique, à la sarkofrance, au monde, du beau, du bon, du bling-bling. La planète sport aura le regard rivé sur Pékin de la XXIXe olympiade.
On n’en dort plus. Déjà les beaufs se sont rués sur l’écran plat, large, d’au moins 2 M². Les bières sont au frigo. On rêve à la pose idéale, une main fourrée dans le caleçon à s’astiquer le chtibe, l’autre dans l’élastique de la petite culotte de Josiane, deux secondes sur le divan, en passage rapide avant d’égoutter les pommes de terre, l’œil sur la passe magique de Chose devant le but de Truc, l’écran plat en essai préparatoire au 400 de la Biélorusse, celle qui a des seins qu’on se demande si ça l’avantage pas au rush final ?
Aux essais, Jacques Rogge avec sa gueule en éteignoir ne moufte guère. A-t-on jamais vu moins enthousiaste pour la fête à Neuneu ?
Le grand écran déforme les tronches quand c’est pris de trop près. Celle de Rogge met en relief le fond des trous de nez. On croirait y voir les 25.000 journalistes prévus qui s’y ébattent à l’aise.
«Pour la première fois, les médias pourront faire des reportages librement et les transmettre en Chine sans restriction. Il n'y aura pas de censure sur Internet».
Depuis, le président chinois Hu Jintao a beaucoup déçu. Les marchands de la libre entreprise croyaient pouvoir brader la démocratie américaine en solde sur la place Tian Anmen. A défaut du permis d’infiltrer, ils recrutent des agents secrets, à tout hasard. Voilà que des loustics contestent le privilège de la démocratie à compter les cacas dans l’œil communiste ! Un comble…
Mais, les beaufs croient d’abord ce qui est positif. Ils pètent d’aise en signe de ralliement ; boivent une bière et disent à Ginette qui passe la serpillière sous les pieds : « Ils l’ont dans le cul, les macaques. Ils pourront pas résister à la démocratie ! ». « Sauf, s’ils collectionnent les médailles », répond Ginette.
Ah ! bienheureux ce sport bouche-trous, merveille du muscle et de l’équipement Addidas, refuge des sans-espoirs, les sans-travail, qui de 17 à 35 ans pensent faire des sous dans le ping-pong ou le foot et se retrouveront, s’ils ont de la chance, nettoyeurs-karcher à la STIB.
Les beaufs-manga se nettoieront le poireau par l’autre bout de la cybernétique, travaillés par la perspective des cyber guerriers chinois chargés de surveiller les internautes et de bloquer l'accès des sites suspects.
Sur le thème « La Chine n'a pas de cadeau à faire au reste du monde », le jeu commence par des rafales sur le Comité des JO. Hogge vaut dix points. Les autres varient de 5 à 1. Suit une série de tortures. Les athlètes s’éparpillent, façon puzzle. Il ne faut pas coller la paire de biceps d’Ouliakoff, à la nageuse Marion Laflotte.
C’est une anticipation, les beaufs s’y collent. Les bières commencent à manquer. Ginette court chez le Pakistanais. Faut ce qu’il faut…

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Les athlètes un peu fanés, ceux des jeux des années 80 s’installent profs éducatifs à l'intention des jeunes sur les valeurs olympiques. Les vertus du sport, vous pensez si ça intéresse les Etats !…
Une vertu pas chère et qui va de soi. On se demande qui oserait contester, quel consternant voyou ne laisserait pas sa lame au vestiaire pour s’essayer un panier de basket ?
Voilà du coup les éducateurs de rue qui ont trouvé leur bible : faites du sport entre deux arrachés de sac : « mais faites du sport, nom de dieu ! Vous verrez, comme le sport vous améliorera ».
Bientôt, vous n’en arracherez plus qu’un par semaine, puis plus du tout.
-Alors, quoi, m’sieu ? On crèvera de faim, alors !
-Non, mon fils, le sport pourvoira à tout !
-Ah oui ! vive le sport.
Les intellos réfugiés dans le socialisme vont chipoter sur les importantes différences culturelles de l'Asie par rapport à Athènes ou Sidney. En Chine, tous les athlètes ont le doigt sur la couture du pantalon. On gagne pour la patrie. Ailleurs on gagne pour le pognon. Et après ? Au moins celui qu’a un petit pois à la place de la cervelle peut devenir soulier d’or. Les gros statuts l’ont dans le cul ! Zidane les emmerde…
Ça remet de l’équilibre entre les hommes, hein, mon con !
Les faux jetons traîtres au socialisme sont naturellement portés à magnifier ce pour quoi ils ont trahi. Pour eux les Chinois souffrent de ne pas connaître les joies du libéralisme à l’exception de 5 à 6 cents millionnaires.
Les beaufs des sociétés mutuellistes et de gymnastiques regrettent le temps où il y avait des réunions sportives deux fois par mois à la buvette du stade, afin de préparer le premier Mai. Ils ignorent complètement que ce sont eux qui ont dénaturé le premier Mai, pour en faire une fête votive en l’honneur de Sainte Elastique.
Mais quand on est socialiste-part-en-couilles cela ne se sait pas.
De tous ceux qui avaient juré de boycotter les JO de Pékin, seul Berlusconi n’ira pas. Il craint la chaleur. C’est la seule raison qui ne met pas en cause le « Peuple » chinois dans son gouvernement !
Chacun est libre de considérer les choses à sa guise, pas vrai ?
La Belgique préfère, vu son passif actuel, le côté positif. Elle ira d’une seule voix sous la bannière aux anneaux, chanter sa Brabançonne.
Même la nuit les beaufs suivront les retransmissions. Ginette a son gode.
Merde ! pour une fois que l’Info vaut le coup…

2 août 2008

Les chevau-légers du roi.

La dernière apparition du Trio François-Xavier de Donnea, Raymond Langendries et Karl-Heinz Lambertz est un vrai chef-d’œuvre d’opportunité et en même temps d’une telle insignifiance, qu’on en reste saisi dans un pays pourtant surréaliste…
Insignifiance puisqu’ils n’ont aucune proposition, aucune piste, rien de ce pourquoi « officiellement » ils avaient été rassemblés par le roi ; mais indispensables, puisque ce petit chef-d’œuvre de parler pour ne rien dire met en boîte les nationalistes flamingants qui, d’ultimatum repoussé, en dernier ultimatum avant la rupture, sont en en train de dépasser le mur du son de la connerie.
Les médiateurs ont bel et bien accouché d’une souris. Mais c’est une souris blanche qui tourne dans son tonneau à la grande joie des enfants et des Francophones, alors que les Flamands s’en étranglent à force qu’on veuille la leur faire avaler !
Voilà le bel échafaudage séparatiste de la N-VA un moment accroché à la façade du CD&V qui ne sert plus à rien, sauf si Bart De Wever monte par les échelles et menace Marianne Thyssen, présidente des démocrates chrétiens flamands, de se jeter dans le vide.
Chiche ?
Que voilà de la fine diplomatie à la Talleyrand !...
Les lois de l’inertie au secours de l’Etat.
Sauf, si l’opinion flamande lassée de ses mandataires et de l’Etat belge ne sombre dans l’obsession du Vlaams Belang, à savoir la création séance tenante d’un Etat flamand, une nation nouvelle endogame, dont le désir tourne à l’idée fixe
On le saura l’année prochaine, ou même avant – s’il y a un pilote dans l’avion au Parlement flamand.
Sinon, aux élections de 2009, il s’agira de trouver un truc pour monter un autre vaudeville.
En attendant le dialogue communautaire grâce ou à cause de nos trois héros est remis à la saint Glinglin.
Le cartel flamand, parti du Premier ministre, n’a rien compris. Il énumère toujours ses sept exigences préalables. le Trio s’en tape. Les sept exigences deviendront au train actuel, les sept plaies d’Egypte fin d’année. En attendant, ce serait plutôt Blanche-neige (la Nation flamande) et les sept nains : les joyeux lurons du CD&V-N-VA attendant l’hypostase de Leterme.
Les Hommes du roi ne sont d’accord que sur le point 5 : Le dialogue démarre sur un agenda ouvert. Pour l’agenda ouvert, le Trio est de première force. Ils l’ont ouvert devant le peuple. Ils sont disponibles. Il suffit de proposer des dates. Comme tout le monde propose la sienne, une Commission pour comparer les agendas sera nécessaire. On voit la difficulté. C’est Albert qui se marre… quant à démarrer…

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Et puis, les JO de Pékin vont capter l’attention. C’est déjà parti avec les méchants Chinois qui ne veulent pas d’Internet et des journalistes occidentaux qui fourrent leur nez dans tout.
Avant l’ouverture, on en est aux regrets de s’être fourré dans un Pékin pollué de façon indicible.
C’est bon pour le moral des royalistes.
Vous pensez, les embarras d’agenda, à côté de la censure d’Internet par la Chine!
Et si un journaliste trop curieux ramassait un bon coup de matraque sur la tronche ?
Et si nous avions une médaille ou l’autre, à cause d’un « grand pays » qui doperait ses athlètes, par exemple ?
Et si ma tante en avait…
Cela en ferait des colonnes et des colonnes entre les sept péchés capitaux et nous !
C'est le premier acquis souligné par les trois « sages » : tous les interlocuteurs sont prêts à s'asseoir à la table pour faire aboutir une réforme de l'Etat approfondie. Reste à trouver la forme de la table ?
Et franchement, peut-on faire autrement que le Trio d’enfer ?
A-t-on jamais vu négocier quand une partie n’a rien à négocier et que l’autre à un cahier de revendications rempli et qui exige de n’en oublier aucune ?
C’est à peu près comme dans le wagon fatal où furent négociés les deux armistices, celui de 18 et celui de 40. Une partie n’avait qu’à signer sans lire le protocole. Le coup suivant, c’était l’autre…
En plein solipsisme, les négociateurs noueront des contacts discrets au mois d’août. Ils cherchent un quatrième pour la partie de carte.
Depuis qu’il a été désigné par le roi, François-Xavier de Donnea renaît à la vie. Il s’éteignait, cet homme-là. Le voilà adoubé et apte à passer dans l’Histoire. Il rêve d’une refonte des manuels. Avant et après le passage de François-Xavier sur les traces de la Belgique éternelle.
A quand le mariage avec madame Houard à Sainte Gudule ?
Quant aux deux autres, ils finiront barons. A moins que cela ne soit déjà fait ?

1 août 2008

L’OMC DCD ?

L’échec de l’OMC à Genève est passé à peu près inaperçu sauf dans les journaux spécialisés.
Pourtant, mine de rien, cette mésentente des Nations va tarir davantage les rares tentatives de solidarité entre pays riches et pays pauvres. Chacun va grappiller de son côté des accords bilatéraux, tandis que le dernier prétexte du grand rassemblement de l’humanité pour le progrès ne tient pas la route; alors que les autres – de prétextes – sont inavouables, à commencer par le plus célèbre : la mondialisation de l’économie !.
D’abord à quoi sert l’OMC ?
L'Organisation mondiale du commerce (OMC, ou World Trade Organization, WTO) s'occupe des règles du commerce international entre les pays, suscitant notamment des Accords de la majeure partie des puissances commerciales du monde. Le but est de réduire les obstacles au libre-échange en mettant en relations producteurs, importateurs et services financiers.
C’est avant tout une sorte de grandes bourses d’échange, à laquelle on applique des « potions magiques » comme la suppression des barrières douanières. Et qui dit « bourse » aura tout de suite deviné qu’il s’agit d’un rapport de force entre puissants et pauvres, une sorte de foire d’empoigne à l’image des Américains qui sont là pour ne rien concéder en-dessous de la valeur qu’ils supposent du dynamisme de leur économie qui donne des signes de redémarrage.
Autrement dit, les pauvres sont priés de faire l’escalade des grues sur les chantiers de construction à Genève, afin de signaler leur présence à Pascal Lamy, directeur général de l’OMC comme leurs collègues bruxellois en pauvreté tentent de le faire pour Annemie Turtelboom, sans que de part et d’autre, l’efficacité ait été démontrée…
C’est comme ça qu’ils sont, les décideurs de l’économie : ils sont unanimes pour réaffirmer leur attachement à l'Organisation mondiale du Commerce ; mais estiment qu'il faut du temps pour relancer des pourparlers engagés il y a sept ans. Et qu’en attendant, soufflez hautbois, résonnez musette, ils reprennent leurs billes pour conduire à leur guise l’indispensable quête du plus bas prix pour acheter et la plus haute proposition pour vendre. Et que le meilleur gagne en bouffant l’autre !
« Nous aurions tous été gagnants avec un accord » ont assuré les plus fines raclures de la voyoucratie mondiale, au bar de l’aéroport, persuadés que sans accord, les nations pauvres payeront davantage.
Il leur a fallu neuf jours pour conclure qu’après l’échec, on se retrouverait ailleurs. La liste des grands hôtels est sans doute fournie avec le programme. On se doute bien que de pareilles réunions, retenant dans un lieu de prestige les plus hauts personnages du monde, ne pourraient avoir lieu à Houtsiplout.

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On se quitte sur des malentendus. Heureusement il n’y eut pas échanges de coups. Bah ! dès qu’il s’agit de pognon, vous savez comme sont les gens, les gros n’y échappent pas. Ils se seraient même engueulés entre Européens et Américains sur les aides qu’ils apportent les uns et les autres à leur aviation ! Pendant ce temps, les subventions des riches à leur agriculture tuent les cultures des pays pauvres, si bien qu’être planteur de coton en Afrique est moins rentable que piller les immondices à Buenos-Aires.
Certains voient mal l’avenir de l’OMC . A moins que le bidule ne se transforme en une sorte de Foire de Libramont à grande échelle où chacun apporte « son manger » et campe devant « ses affaires » dans la crainte qu’on ne les vole la nuit.
On s’arrangerait quand même pour une ou l’autre réunion dans les plus chics hôtels, afin de faire venir à la Foire les grands argentiers du commerce et de la banque qui ne se déplacent jamais à plus de 5 kilomètres d’un terrain de golf.
Pour beaucoup, l’OMC pourrait disparaître tout à fait..
A moins que le GATT dumping/ subventions/ mesures sanitaires/ etc, (une division de l’OMC ), ne reprenne l’organisation sous son sigle ?
L’OMC n’a réussi jusqu’à présent qu’à fâcher les altermondialistes, les opinions occidentales étant anesthésiées sur ces questions depuis longtemps.
Les traités signés sont accusés de favoriser les entrepreneurs des pays riches au détriment des salariés des pays pauvres. Une récente étude montre également que les salariés des pays riches, par l’effet d’aspiration vers le bas, sont touchés à leur tour par l’effet des accords.
La différence de traitement entre sa capacité à faire appliquer les réformes en matière de commerce, en comparaison du peu d'intérêt manifesté à faire respecter les droits sociaux et éthiques (pas de règle sur les salaires, sur l'environnement, sur les droits syndicaux etc., place le productivisme et les intérêts du commerce au-dessus des considérations sociales, sanitaires et écologiques. C’est aussi ce que l’on reproche au traité européen repoussé par les Irlandais.
Bref, une petite merde de plus, mettant en relief la capacité des uns à plumer les autres.
Qu’il faille ne pas trop en parler dans les milieux de l’information, vu sous cet angle, on comprend…