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30 septembre 2022

L’annexion.

Quand on a loupé « un coup », un chef de la trempe de Poutine ne peut pas revenir en arrière. Il faut donc trouver d’autres objectifs afin de persuader les Russes qu’il touche au but assigné dès le début.
Pour ceux qui d’entre ses compatriotes ne le croient pas et veulent la paix en élevant la voix, la facture est de dix ans de prison.
Dans ces conditions et malgré quelques irréductibles, tout le monde est d’accord.
Il fallait cependant envelopper le discours de ce vendredi d’un certain apparat, dans la grande salle du trône du Kremlin, afin d’en jeter plein la vue à un Occident « décadent » et pour le grand plaisir de la contemplation des fastes et des ors, des gens de la rue de Moscou à Saint-Pétersbourg.
Cette nouvelle annexion inspirée des Sudètes rappelle qu’il n’est pas le premier dans la version des Anschluss et autres gamineries. Un prédécesseur plus glorieux que lui dans son rude métier, même mort, tient toujours les devants de la scène depuis 1945.
Et c’est cela le singulier, Vladimir Poutine a-t-il l’étoffe pour l’égaler, voire le dépasser ? Peut-il aller plus loin, monter d’un cran dans son forcing au palmarès de grand leader tout terrain, utiliser enfin la bombe qui fait mal, même cent années plus tard, montrer qu’il a surpassé la période artisanale des V1 et des V2 d’Adolf ?
Le « oui » de la réponse pouvait tenir dans les têtes de la foule triée sur le volet, bien patriote et médaillée. Composée d’un archimandrite, d’un grand mufti et peut-être de quelques cénobites chargés d’attirer l’œil gourmand de la télévision de Moscou, elle semblait comme énamourée du chef. Debout en un quart de seconde sur un battement de cils de Poutine et rassise aussi vite sur un borborygme du même, présageant la suite du discours, l’assistance avait la gravité heureuse des grands moments partagés. L’Occident en reste sur le flanc, blessé inquiet, devant cette nomenklatura enthousiastes aux ordres.
Ainsi se sacralisa l’acte d’annexion des quatre régions ukrainiennes ayant « massivement voté oui » au référendum. Sur papier vert de l’espérance, ce dernier avait été distribué dans les chaumières par des militaires du pays voisin armés jusqu’aux dents. Le résultat trouve son épilogue au Kremlin, dans un ballet d’ouvreurs de portes en costume d’officier du temps du général Dourakine résistant à Napoléon. Les quatre hauts dirigeants des Régions annexées, signataires en costume de ville sortis tout chics des décombres et des ruines, complètent la distribution pour la signature officielle de l’annexion. Proposition, discussion, distribution des bulletins et leur remplissage diligentés sur moins d’une semaine, effectués par une armée d’occupation, sur un territoire conquis, expliqué par Poutine aux Occidentaux laissent ceux-ci absents, interdits mais attentifs.

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C’est ce qui s’appelle une vocation expresse et une théâtralisation surjouée d’un événement, dont on n’a pas fini de parler. Du grand art évidemment, destiné uniquement à nourrir la fausse idiotie nappant l’intelligence aigüe d’un peuple russe résigné, plutôt que « faire les méchants yeux » à Jo Biden et à Ursula von der Leyen.
Si Poutine croit vraiment que l’Ouest veut faire de la Russie une « colonie », alors là, vraiment, on peut s’inquiéter pour la suite. Se voyant libérateur des peuples opprimés, vu ainsi il est dangereux.
Dans son discours furieux, inexact et de pur propagande, le sommet a été atteint par une phrase d’anthologie « Ils ne veulent pas nous voir (les Occidentaux) comme une société libre, ils veulent nous voir comme une masse d’esclaves ». Si ce haut moment pouvait par magie toucher les dizaines de prisonniers politiques de ce Régime avide de liberté, on aurait pu entendre le bruit des gamelles frappant la grille des prisons des dizaines de milliers de prisonniers politiques disséminés à travers le pays, de Vladivostok à Moscou.
La suite ? Elle va de soi. Poutine, bon prince veut bien négocier à condition que l’Ukraine cède un quart de son territoire à son agresseur. Du ragoût pour Zelensky, on le sent apte à pousser de plus belle son offensive, titillé par cette provocation, afin de bouter l’envahisseur dehors, en ne tenant pas compte des Régions subitement devenues russes à 100 %, par la grâce de l’autre.
Vladimir poussera-t-il sur le bouton rouge, puisque la mère patrie aurait été touchée au cœur par le viol du territoire sacré par des forces barbares ? Sera-t-il abattu avant par un opposant effrayé des conséquences ? S’enfuira-t-il sans tambour ni trompette ?
L’embêtant, pour un dictateur, il l’est à vie, puisqu’il s’est nommé lui-même ne demandant l’avis des autres qu’après sa nomination. Il ne peut donc pas fuir.
L’ONU devrait pouvoir récupérer les dictateurs et leur offrir un havre de paix en cas de renoncement.
Il est vraisemblable que Poutine ne raisonne pas ainsi.
On attend la suite avec impatience.

29 septembre 2022

Un Tonton belge !

Quand on pense à la « génération Mitterrand » très médiatisée en Belgique et qui correspond à peu près au début du militantisme actif d’Elio Di Rupo au PS, on se demande si « La force tranquille », l’ultime slogan de Tonton, ne s’est pas imposée à tout jamais chez nous, au point d’être la force tranquille de l’homme endormi, que fut le président montois de 1999 à 2019 ?
On trouve chez Di Rupo bien des points communs avec le Français. Il serait peut-être flatté en lisant cela, si ce n’est que dans l’esprit de beaucoup de militants, Mitterrand serait à la base de l’effondrement de son parti, François Hollande, moins de vingt ans plus tard, ayant achevé le travail.
Di Rupo correspondrait à la dernière phase du mitterrandisme : l’homme d’État hiératique, là le sauveur de la République, ici le sauveur de la dynastie ; mais surtout, le continuateur des réformes libérales lorsque fin des années 80, le néolibéralisme pointait son nez dans les affaires courantes des pays et de l’Europe. Le socialisme, encore allié au monde du travail, aurait pu casser dans l’œuf, ce qui est devenu le cauchemar d’aujourd’hui.
Cet appauvrissement du « goût des autres » d’un grand parti ouvrier a été à la base de choix douteux et d’un changement de cap, quasiment 90° sur vingt ans. Vingt ans, c’est le temps du long règne de celui qui, à près de 70 ans d’âge, est toujours le président-ministre du gouvernement de la Région wallonne, au cœur de la mécanique et de l’organisation dont dépend le sort des francophones de ce pays.
Le PS en 2019 a changé de chef. C’est un leurre. Le nouveau a sa belle-mère attachée à ses basques. Son « double » à la Région garde tous les apparatchicks conservateurs du parti derrière lui. Même si Magnette en avait l’intention, cela reste à démontrer, il ne pourrait impulser un nouveau souffle au PS, capable de redonner des couleurs et remettre à flot le parti !
Sous le règne de Di Rupo, les électeurs de gauche et particulièrement les électeurs socialistes de cœur et de tradition, se sont retrouvés devant les mêmes pièges électoraux à chaque législature. S’abstenir ou voter à contre-cœur, tant la gauche de gouvernement faisait peine à voir, tant les compromissions pour mettre en selle un ou l’autre cacique dans le gouvernement, vidaient de toute substance sociale et créative les aspirations des syndiqués de la FGTB, qui, faut-il le rappeler, ont toute la direction affiliée au parti socialiste.

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Les obstacles présentés par les leaders du PS, impossibles à surmonter, sont restés les mêmes depuis les débuts du déclin : l’UE plus libérale que jamais et les marchés financier, institutions qui, de la bouche même de Di Rupo, torpilleraient tout programme socialiste.
Un esprit caustique pourrait demander ce qu’il fait dans les allées du pouvoir libéral, sinon le cautionner !
Alors, ces hauts dirigeants à la Rose ont géré le manque au lieu de changer la vie !
Ils n’ont pas résisté à la vision répandue d’une pression centripète, persuadés que la société changeait de paradigme et qu’on assisterait à une telle élévation du niveau de vie, que la classe laborieuse en serait aspirée. Toute la politique aurait consisté à suivre le courant, afin de coller à la réalité de la masse.
Grossière erreur, dont on n’a pas fini de payer les conséquences.
Ce début d’automne présage un hiver qui comptera dans les annales des saisons catastrophes.
Les chefs des trois grandes sections Liège, Mons et Charleroi partagent des idées semblables. Leur seul objectif est à présent de monter de toutes pièces une alternance, en réalité un grossier enfumage, dans lequel l’électeur ne s’y retrouvera pas.
Les années ont accumulé les défaites et les déceptions puisque dorénavant cette association du PS au parti libéral le lie sans espoir aux règles strictes du capitalisme, jusque y compris dans son incapacité de répondre aux besoins des populations.
Qu’ont fait ces élites sous la direction de Di Rupo ? Gâcher leur rapport avec les Gilets Jaunes belges qu’ils ont tué dans l’œuf, par des propos singuliers dans la bouche d’un homme de gauche, taxant ces pauvres gens de communistes. Rater la lutte contre le Covid en laissant supposer que le ministre de la santé Vandenbroucke, socialiste flamand, est dans la continuité de ce que Maguy Deblock a fait sous Sophie Wilmès, alors qu’elle a détruit l’hôpital en même temps que les masques, dans cette folie libérale de « rentabiliser » le social.
Enfin, on attend toujours au PS, que monte une voix singulière stipendiant la politique de l’Europe à propos de la guerre en Ukraine, de l’inflation et des ressources en énergie qui pourraient manquer cet hiver.

27 septembre 2022

Revue « Rires et rillettes »

Il semble que dans l’actualité tout ce qui concerne le désastre vers lequel l’Europe nous conduit n’existe pas ! Ses conséquences : misère, inflation, autorités débordées par la fureur populaire ne sautent pas aux yeux des responsables.
Même le petit dernier des Michel, booster par Bouchez aux emplois, a pris l’attitude « maison » du monsieur qui sort du restaurant et qui nous gratifie de quelques rots bien sentis. Il a acquis l’alopécie qui font les grands hommes de la famille. Il ira loin.
Le gouvernement agit et pense, mais à quoi ? On n’en saura pas plus.
Alexander De Croo atteint de « voyagite » semble tellement plus à l’aise à New-York qu’à Bruxelles, qu’on se demande ce qu’il fait encore parmi nous ?
La ministre Karine Lalieux à peine a-t-elle claironné sa victoire des 1500 € net de la pension minimale, que l’actualité balaie ses propos d’autant que les calculs pour y arriver s’échelonnent sur deux ou trois ans.
Deux ou trois ans, le bout du monde, le temps d’atteindre les 3 millions de pauvres en Belgique, chiffre plancher auquel David Clarinval, ministre des Classes moyennes, ne désespère pas d’arriver.
Le fonds de commerce des partis de pouvoir établi sur un socle d’électeurs sans opinion, comme une majorité en perpétue la tradition, risque de déposer son bilan.
Le PS en Wallonie et la N-VA en Flandre pourraient se nanifier. Les remplaçants sont là. Ils attendent.
Le Vlaams Belang et le PTB sont les outsiders que tout le monde faisait semblant de ne pas voir.
Le dynaste de l’Europe, Elio Di Rupo et son séide Paul Magnette risquent dans l’aventure, de perdre le gras du ventre flasque des électeurs du centre. D’où une Percée du PTB et son nouveau statut de parti incontournable pour la gestion de la Wallonie, pour bientôt.
Le difficile pour Raoul Hedebouw, quand il remplacera Di Rupo à la présidence du gouvernement wallon, ce sera de partir des réformes sociales qui n’existent pas, pour y adapter les siennes.
Borsus, le libéral intouchable du gouvernement wallon, pourrait aussi par défaut, échelonner les paiements de sa gentilhommière marchoise, par manque de rentrées dues à la désaffection de l’électeur « moyenne entreprise » qui aurait vu son tracteur saisi, par voie de justice, à la Foire de Libramont.
Chaque ténor désormais a le contre-ut malaisé, couvert par les choristes déchaînés. On baissera le rideau plus tard. Il était logique par ces temps difficiles, que le ténor soit sifflé et quitte la scène, malgré le vacarme le rendant inaudible ! On sait en Belgique que plus personne ne démissionne. Il y a prescription d’une législature à l’autre. Seule la profondeur de l’oubli lave plus blanc.

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L’électeur sentimental a beaucoup aimé le retrait de Sophie Wilmès de la vie politique pour faire l’infirmière privée. Comment pourrait-elle donner à sa formation politique un regain à la Giono, tant qu’elle est adulée ? Le chien Crucke de Georges-Louis Bouchez n’a pas la solution, son maître non plus, mais on sent que ça va venir.
A cette petite revue des malheurs intimes d’une Belgique en souffrance, il serait cruel d’y porter les fers aux pieds des relations que nous avons avec l’Europe, encore moins d’évoquer la guerre d’Ukraine et nos soucis de plaire à notre belle-mère américaine.
Trop c’est trop.
Les motifs sont d’ailleurs suffisants pour que la bronca soit fameuse.
Reste une petite chose. Est-ce vrai ? Est-ce faux ? Jan Jambon, homologue flamand du futur pensionné d’office Elio Di Rupo, a l’intention de revaloriser le travail par un sacré coup de pouce aux salaires des travailleurs flamands.
Il serait le premier Flamand à rallumer la mèche des rivalités entre les Régions à régime linguistique différent (inutile de préciser lesquelles, elles le sont toutes).
Cette idée généreuse et de bon sens aurait pour conséquence de ranimer les activités de l’Usine à gaz Belgique. Elle ferait ainsi, de l’ouvrier flamand, une sorte de nouveau colonial se défaussant sur les « nègres » de Wallonie.
On ne peut mieux trouver meilleur argument pour l’exploitation politique du futur… enfin, si futur il y a ?
Comme on voit, les raisons d’un rentre-dedans national, européen ou mondial ne manquent pas. C’est en politique un grand moment de confusion au cours duquel le peuple à l’occasion de s’exprimer. La chose étant faite, après quelques carreaux cassés, ce sont les mêmes briscards qui reprennent les rênes du char de l’État la législature suivante.
La révolution, la vraie, sera pour dans quelques années, quand les difficultés énumérées par le nouveau gouvernement se seront gonflées des nouvelles !
On ne change pas, au milieu du gué, un attelage qui perd !

26 septembre 2022

En 2005, le PS contre le peuple !

Bien des raisons font que ce que nous vendent les gens de pouvoir comme une démocratie, n’en soit plus une.
L’exemple ci-dessous montre comment un des personnages importants de Wallonie a pris une décision personnelle et arbitraire, entraînant un peuple, vers un avenir qu’il n’avait pas choisi.
Le dimanche 29 mai 2005, au terme d'un débat démocratique d'une exceptionnelle vitalité, le peuple français rejette à une écrasante majorité (55%) le traité constitutionnel européen, pourtant encensé par la quasi-totalité des médias et de la classe dirigeante. Le 2 juin, le peuple hollandais le rejette à son tour.
Nous avions ici un signal de deux démocraties fondatrices de l’Europe, l’une d’origine latine et l’autre d’origine germanique, pour repenser le traité constitutionnel par une consultation populaire directe.
C’était sans compter sur une opposition particulière : celle des élus proeuropéens, fervent partisans du dit-traité.
Le Belge Di Rupo, ministre-président de Wallonie à l’époque, mystifie les Wallons en faisant adopter – sans référendum – le traité constitutionnel européen par le parlement Wallon le 29 juin 2005.
La suite est logique comme un alignement de dominos dont on pousse le premier pour faire tomber les autres. Le 19 juillet 2005, la Communauté française de Bruxelles l’approuve. Enfin, le 8 février, c’est au tour du Parlement flamand de ratifier le traité.
Tous nos malheurs viennent de ce Traité et personne n’a encore fait la synthèse et dégager les responsabilités de cette catastrophe sociale.
De quoi est fait ce dont Di Rupo n’a pas souhaité que nous exprimions notre avis ?
C’est ainsi qu’on ne saura jamais si oui ou non, les électeurs étaient d’accord pour s’embarquer dans une Europe néolibérale, ouvrant la possibilité de signer les traités de libre échange avec qui veut, livrant nos métiers à la concurrence asiatique, détruisant les valeurs sociales entourant la protection des travailleurs.
Di Rupo a sans doute épluché ce traité et de n’avoir pas vu les conséquences de celui-ci dans la vie et la situation professionnelle du plus grand nombre de ses concitoyens, en dit long sur ce qu’il pense de cette société et du peu de cas qu’il fait de l’avis des gens.
La séparation entre les populations européennes des dirigeants, partisans d’une Europe des seules valeurs marchandes saute aux yeux du premier venu, tandis qu’il échappe à la sagacité des enquêteurs et journalistes proches du pouvoir.
Le projet a été rédigé par une centaine de personnes choisies par leurs pairs (gouvernants, hauts fonctionnaires, parlementaires européens ou nationaux...), sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing.
Cette « Convention » avait pris acte de l'échec des sommets européens d'Amsterdam (1997) et de Nice (2001) et s’était donnée pour objectif de rétablir l'équilibre des pouvoirs entre grands et petits États membres, de simplifier les processus de prise de décision, de doter l'Union d'une véritable politique étrangère et de défense, de relancer la symbolique européenne.
Les promoteurs du traité ne doutaient donc pas de son acceptation par les citoyens, au vu des premiers sondages (60% d'avis favorables).
Le doute s'insinue dans l'opinion. En France, Laurent Fabius, se prononce pour le Non.

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Le débat monte en intensité et les sceptiques s'arrachent l'édition de poche du traité. Plus de 200 000 exemplaires sont vendus malgré le caractère on ne peut plus aride de ses 300 pages.
L'extrême gauche dénonce un traité qui grave dans le marbre le principe néolibéral selon lequel le bien-être commun reposerait sur une « concurrence libre et non faussée ». De son côté, l'opposition de droite au traité s'indigne de la volonté des instances européennes de faire entrer la Turquie islamiste d'Erdogan dans l'Union européenne.
C'est la conjugaison de ces deux courants qui va faire basculer la majorité en France et en Hollande et peut-être même dans certains autre pays si les dirigeants n’avaient pas triché en niant expressément le pouvoir du peuple.
Dans le « non » résolu en France, Di Rupo et le PS y voient la victoire de l'ignorance et du populisme.
Après le vote également négatif des Néerlandais, les autres gouvernements de l'Union annulent les projets similaires de référendum.
La contre-offensive de la classe dirigeante pour faire passer le Traité est une autre histoire, dont Di Rupo encore une fois en notre nom se montre complice.
Il ne faudra que deux ans aux dirigeants français et européens pour remettre le traité en selle. Sous le nom de « traité modificatif », le texte est ratifié à Lisbonne, le 13 décembre 2007, par les dirigeants des vingt-sept États membres de l'Union, lesquels se gardent de prendre à nouveau l'avis de leurs concitoyens.
Depuis ce tour de passe-passe, les grandes orientations politiques, au niveau national et plus encore européen, échappent aux citoyens. Le système électoral tourne à vide, sans plus aucune chance d'influer sur elles. L'abstention et le vote « eurosceptique » deviennent largement majoritaires comme lors des élections de 2014 au Parlement de Strasbourg. Des penseurs évoquent l'entrée de l'Europe dans une ère post-démocratique...

24 septembre 2022

Les violons de l’automne.

Ces chroniques n’ont jamais fait le coup de la nostalgie à personne, si ce n’est le « c’était mieux avant ? » qui traitait surtout d’économie politique, avec un point d’interrogation quand même.
Ce basculement dans l’automne n’est pas ordinaire. Sommes-nous en train de quitter une certaine manière de vivre, pour un avenir incertain semé d’embûches ?
Certes, cette manière de vivre est loin d’être idéale, elle est même, par certains côtés, condamnable. Ces chroniques ne cessent de la dénoncer ; mais elle est le produit de nos faiblesses pour un système économique subi et parfois honni, jamais adopté par le peuple, qu’il spolie des fruits de son travail.
Voilà l’automne à peine nommé, que s’installe le froid dans nos maisons et que le réflexe d’ouvrir les vannes de nos calorifères ne nous vient pas. On s’essaie à résister au froid.
Il y a quelque chose qui empêche ce réflexe. La peur de ce qui pourrait arriver ! L’ignoble facture dont un des zéros, au moins, sert à grossir la fortune des actionnaires.
Mieux encore, on pense aux spéculations des puissants sur les peuples en état de faiblesse. Comme écrivit Valéry « la faiblesse de la force, c’est de ne croire qu’à la force ». À l’économie en folie, on associe la guerre, celle qui fait rage en ce moment et qui fait trembler les poteries aux fenêtres de certains de nos partenaires, trop près des furieux combattants !
Le jour bascule dans la nuit. Les ténèbres gagnent du terrain. Il est fini le temps des cerises que certains n’ont pas mangées à plus de six euros le kilo, déjà touchés par les restrictions dans les prémices de ce qui arrive.
Pourtant on le savait que le néolibéralisme était une farce sinistre qui finirait en tragédie. Enfin, on le savait… dans une minorité distincte des engouements d’une majorité votant libéral par atavisme héréditaire.
Nous payerons notre insouciance au prix fort. La facture est lourde. On la sent comme un rhumatisme par temps humide. On passera à l'heure d'hiver le sachant ! La désolation redeviendra la norme jusqu'à mars et qui sait, après, si les suites de la désolation ne plomberaient pas le printemps ?
Car quel que soit notre état d’esprit, l’économie se fiche de nous et trace sa route sans notre avis. La dette souveraine augmente avec l’inflation et rappelle la hantise de la remontée des taux d’intérêt… jusqu’au prix du pain. Tout a de l’importance !
Sans compter que nous sommes au septième mois de guerre en Ukraine qui n’avait rien demandé et la Russie qui n’aurait rien demandé non plus, sans le fou du Kremlin. En Mars qui « se rit des averses et prépare en secret le printemps », ce conflit aura un an !
Enfin, s’il va jusque-là avec les aléas et les retournements, une balle qui éclate la tête du locataire du Kremlin ou le même, à la veille d’être déposé, posant hystériquement un index furieux sur le bouton rouge de l’apocalypse. Voilà qui raccourcirait le parcours du combattant ! Comme dans la pétaudière ils sont deux, même si le Russe partait en fumée ou en sucette, Zelenski lui, serait toujours là, armé de pied en cape, en guerre, quoi qu’il arrive ! Il tient à son rôle d’agressé. Il nous en dit tous les jours l’intérêt, pendant que nous notons la liste des provisions en cartouches et en bombes qui ne cessent de s’agrandir, livrés à domicile séance tenante.

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Ne venez pas me dire que les lumières de l'automne sont les plus belles, les feuilles des arbres plus colorées et les insectes plus actifs dans la pourriture régénératrice des sols !
L'automne serait la saison de toutes les brutalités et des renoncements définitifs. La nature se rebelle contre nous et non sans raison, après ce que nous lui faisons subir. Nos actions font le reste. Vous avez remarqué ? Depuis février 2022, elles sont toutes déraisonnables.
Le printemps reviendra, c’est certain, avec nous ou sans nous.
Si on voulait une vie pénible, on irait lutter avec nos sœurs d'Iran qui veulent mettre les voiles sous les serpillères comme chiffons de remplacement, nous cesserions de gifler nos campagnes et revenus victorieux d’Iran, nous irions jusqu’au Kremlin prendre l’autre despote à la gorge.
À défaut de détester cette vie pénible, nous en avons choisi une autre qui pourrait à l’usage se révéler plus pénible encore. Comme nous ne le savons pas, nous y avons jeter notre va-tout. On récrimine, vitupère, mais c’est sur papier. En fait d’activité on donne des encouragements aux insurgées d’Iran en écrivant de beaux articles de nos correspondants de guerre, depuis le marbre du journal et pendus au téléphone. On se met dans le rouge pour aider nos frères ukrainiens, mais notre coup de main ne doit surtout pas déplaire au camp d’en face.
Cet automne, en attendant Godot, nous soutiendrons les bonnes causes que nous désignent notre pygmalion américain. Nous baisserons le chauffage, ferons des soupes qui tiennent chaud et espérerons qu’au printemps, nous serons toujours là à soigner nos trouilles, dans notre maison de paille du plus imprévoyant des « Trois petits cochons ». Qu’importe quel loup de passage choisira un d’entre- nous pour le dévorer. En priant le ciel de passer inaperçu, pourvu que cela ne soit pas moi, pensons-nous tous ! .
Résistons jusqu’à avril, on sera au printemps.

23 septembre 2022

Dans de beaux draps (1).

On a beau dire, mais le discours mercredi du loustic de Moscou fait froid dans le dos. On n’est pas au cinéma, c’est bel et bien un dictateur qui a échoué en février, qui se retrouve en septembre avec une guerre sur les bras, dont il ne voit pas comment sortir !
Hitler en 39 avait encore toute son armée, et le peuple allemand toutes ses illusions. Le chancelier bénéficiait d’un énorme enthousiasme outre-Rhin. Ses mensonges gros comme des maisons passaient pour les seules vérités du moment. C’est ce qui rassemble ces deux hommes : les mensonges. Ainsi pour Poutine, c’est l’Europe qui veut anéantir la Russie et c’est pour se défendre qu’il a envahi l’Ukraine.
Mais de l’armada de février qui n’allait faire qu’une bouchée des « fascistes » de Kiev, un bon tiers sinon plus, rouille au grand air. L’armée n’a pas le moral et l’hiver n’est pas loin. Ce qui était un avantage pour Staline en 43 est un inconvénient pour son successeur en 2022.
Quand on en est à raconter n’importe quoi chez soi pour endormir l’opinion, il faut faire gaffe. Les Russes ne sont pas des idiots. Même si les Services du Kremlin rendent plus difficiles les relations électroniques extérieures, un petit fûté de Saint-Pétersbourg peut se tenir au courant de la version occidentale.
Acculé, le président Poutine est obligé de recourir à la mobilisation partielle du peuple russe. Jusqu’à présent l’enfoiré avait des militaires professionnels à sa disposition. Ils ont fondu comme neige au soleil. Il a écumé les prisons, fait venir des Tchétchènes. Il faut croire que ce n’est pas assez, que la grande faucheuse en redemande.
Or les mères russes sont pareilles à toutes les mères. Avoir un fils pris par l’Armée et qui vous revient trois semaines plus tard dans une petite caisse, aucune mère au monde ne pardonne ça !
Alors les raisons du conflit, la manière de l’entreprendre, toute cette comédie de l’agresseur agressé, retombe en pluie d’accusations et le dictateur doit dorénavant faire gaffe à ses abatis.
Poutine qui n’est pas tombé de la dernière pluie, à la septantaine se verrait bien encore dix ans le cul dans les rembourrés de la forteresse moscovite.

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Or, la méchante tournure des événements ne paraît pas disposée à lui offrir des fleurs, sinon en couronnes. Son nouveau truc diabolique, il vient de nous le faire savoir. Il organise un référendum bidon sur les territoires dans lesquels son armée campe. Près de 100 % d’avis favorables dans les urnes pour le rattachement à la Russie, évidemment. Quinze jours plus tard, à grands renforts de flonflons les territoires sont annexés sans autre forme de procès. Du coup décrétée arbitrairement terre russe, elle jouit de tout l’arsenal nucléaire et devient hors la guerre d’Ukraine, un territoire sacré !
Et c’est là que Poutine joue à l’apprenti sorcier.
Comme les Ukrainiens avec derrière eux les USA et l’Europe n’entendront pas tenir compte des prises de territoires par une armée russe d’occupation, Zelenski poursuivra la guerre selon les plans de l’état-major sans tenir compte des nouveautés mises en avant par la dictature du kremlin.
Que va faire Poutine ?
Osera-il se servir de l’arme atomique ?
Et comme ce type est acculé et en passe d’être tué ou démis, sa dernière carte ne serait-elle pas d’essayer « l’irréparable » ?
Or entre Bruxelles et Kiev, il y a 1800 km environ, à vol d’oiseau. C’est à peu près celle de Tchernobyl à Bruxelles. On voit le genre. Il est impossible de laisser passer ça…
On voit l’engrenage !
Est-ce suffisamment évident que tout peut finir en apocalypse ?
Après les propos démentiels de ce mercredi, il n’y aurait aucune issue pour sortir de la crise. Si l’OTAN reste l’arme au pied et distribue des masques et des médicaments depuis la Pologne jusqu’au Portugal, c’est toute la crédibilité de l’Occident qui tombe et c’est un fou furieux qui gagne et sauve sa peau en même temps !
Alors tout lui serait permis et l’UE déjà cliente privilégiée des USA avec le néolibéralisme le deviendrait également de la Grande Russie avec le néopoutinisme. 27 pays pleins de domestiques à se partager deux maîtres !
Voilà qui est impensable.
On connaît les dictateurs depuis Adolf, on croit les satisfaire en donnant un doigt, ils veulent le bras et puis tout le reste.
Ce sera donc une réplique atomique de l’OTAN.
Inutile d’en écrire plus, c’est déjà assez accablant comme ça !
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1. Ce titre tiré d’un livre interdit de Céline, sonne mieux que « Dans de beaux suaires » !

21 septembre 2022

La gifle d’Adrien.

Adrien Quatennens, député Insoumis du Nord, a reconnu de violentes "disputes" et une "gifle" à l'encontre de son épouse, quelques jours après que Le Canard Enchaîné révèle le dépôt d'une main courante de sa compagne. Ces faits sont vieux de deux ans.
Le terme main courante est joli contre une main leste.
Nous sommes à un tournant de civilisation où une gifle, inexcusable certes, venant d’un homme atteignant une femme, n’a pas la même portée que s’il s’agissait d’une gifle venant d’une femme atteignant un homme.
Le geste du premier est celui « d’une brute ne sachant pas se contrôler » et de la seconde « une défense, après une agression verbale ou une tentative de violence, prise dans un réflexe d’autodéfense ! ».
C’est un sacré débat qu’ouvrent « les violences faites aux femmes ». Aux noms de toutes celles qui sont mortes des coups reçus des brutes qu’elles avaient eu le malheur d’intégrer dans leur vie, est-ce équitable de mettre tous les hommes dans le même panier ?
En écrivant cette phrase interrogative, je prends soudain conscience qu’il sera dorénavant facile de me placer dans le camp des machos pardonnant des gestes « malheureux » d’hommes coupables seulement « d’un coup de sang ! ».
Les rapport conflictuels dépassant le caractère anodin d’un échange un peu vif existent depuis la nuit des temps, dans les relations entre adultes. Par le passé, rares étaient les hommes capables de reconnaître combien il était déshonorant de jouir de tous les moyens et privilèges de la vie civile, pour dominer les femmes, alors que celles-ci n’en avaient aucun, les forçant quasiment au destin tragique de mère au foyer ou entrer en rébellion à la Georges Sand et à l’Olympe de Gouges contre la société.
C’est un nouveau rapport qui existe aujourd’hui, grâce aux témoignages courageux de celles qui dorénavant veulent être à égalité en tout avec les hommes.
Adrien Quatennens s’auto-inflige une sanction « Je pourrais faire le dos rond, minimiser les faits et attendre que la tempête passe", mais parce que je suis responsable politiquement et que je tiens à l'exemplarité à laquelle je veux m'assigner et qui a toujours été ma ligne de conduite, j'en tire les conséquences politiques".
Bref, le député se met "en retrait" de sa fonction de coordinateur de La France insoumise (LFI). Cette affaire a ravivé les débats à gauche sur le traitement, au sein des partis, des violences faites aux femmes, tout en plongeant le parti (LFI) de Quatennens dans l’embarras.
Ce qui serait resté un « incident » à joindre au dossier de la demande en divorce, devient par la réaction de Quatennens, une affaire publique touchant un parti et une opinion publique largement travaillée par les propos incendiaires de madame Sandrine Rousseau, féministe enragée et écologiste à ses heures.
Cette querelle qui a mal tourné entre conjoints aurait pu avec un couple moins médiatisé passer complètement inaperçue comme des centaines d’autres, quand elles ne se vident pas devant un tribunal pour violences, avec divorce à la clé.
En ne distinguant pas de nuances entre l’incident de la gifle et les passages à tabac des brutes souvent avinées traitant mal leurs compagnes, on en arrive à un amalgame ‘tous des porcs » et la messe est dite.

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Pourquoi pas jeter la gent masculine dans un opprobre général et dire selon Boris Vian « Mais il en faut des affreux… Bon dieu, qu’est-ce qu’on fera sans affreux… vous ne vous rendez pas compte, je vous le répète… Qui est-ce qui ira au cinéma, si tous les gens sont beaux comme des apollons ? » (Et on tuera tous les affreux.)
Sur franceinfo, la députée LFI Raquel Garrido a insisté sur le traitement des questions de violences sexistes et sexuelles au sein du mouvement. "La personne importante ici, c'est Céline Quatennens, a-t-elle déclaré. Il faut montrer que nous avons écouté ce qu'elle a dit. Au point qu'Adrien Quatennens se mette en retrait." Selon la députée de la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis, c'est la culture de LFI face à ces questions qui a motivé l'"exercice de transparence totale" du député du Nord, apportant "la preuve" que "la question des violences sexuelles et sexistes est prise en compte de façon très sérieuse."
On devine la panique des Insoumis à la suite d’une ancienne scène de ménage mal gérée par Quatennens vieille de deux ans, décrite par l’intéressé comme une faute et en exprimant ses regrets.
Et si l’opinion exigeait davantage qu’une autocritique ?
N’arriverait-on pas, sans le vouloir, à la radicalité woke de Sandrine Rousseau ?

20 septembre 2022

Ordre et désordre.

« Je m’intéresse à n’importe qui, sauf aux autres » a écrit Cioran, dans un excès de haine envers lui-même.
Il a tort. Des institutions qu’on crée au nom de l’autorité supérieure de l’État s’intéressent à nous, au point que nous soyons obligés de penser à elle.
C’est notamment le cas de la police.
On peut, badaud discret, peu pressé de rentrer chez soi, être happé par une manifestation, un fait-divers, un attentat, se faire embarquer avec des inconnus pour un commissariat, être malmené parce qu’on se trouvait à un mauvais moment à un mauvais endroit ou tout simplement finir à l’hôpital avec un œil crevé sur un ordre d’un gradé du ministère de l’intérieur de tirer dans le « tas ».
C’est un débat actuel en France sur la dangerosité de se trouver à proximité d’un contrôle de police et le refus d’obtempérer d’un automobiliste. Ça dégaine vite et on comprend la frousse du fonctionnaire qui se fait rouler sur les pieds par un conducteur qui ne veut pas qu’on le contrôle.
Mélenchon trouve que la police en fait trop sur la voie publique, la droite pas assez et Macron juste ce qu’il faut. Ce doit être à peu près le même raisonnement en Belgique dans l’opinion généralement rassemblée en trois courants : gauche – centre – droite.
L’époque est plus violente que celle d’hier pour au moins un facteur dont personne ne tient compte : l’individualisation accélérée des groupes sociaux soumis aux règles du marché et de l’économie libérale. Le système économique est violent par nature, sa pression sur l’individu génère de la violence.
Le reste fait débat : immigration, drogue, rejet des centres villes de ses anciens habitants par gentrification et destruction d’anciens logements, clochardisation des inadaptés, terrorisme, ghettoïsation par culture et religion importées. Même l’insécurité dénoncée engendre de la violence, parce qu’elle sous-entend l’illusion dangereuse du contrôle de la vie sociale. Il est bien connu que les majorités silencieuses demandent l’ordre par une augmentation des effectifs de police et une technocratie de pointe.
De tous temps, même lors des périodes heureuses où le crime était rare et l’obéissance civique répandue, l’ambigüité de la police dans ses fonctions et sa manière d’agir a toujours été un sujet de controverses. Les contrôles de la police par une autre police se font presque toujours entre compères. Les policiers font corps pour défendre leurs collègues et c’est un réflexe d’autoprotection en protégeant un collègue, on se protège soi-même. Sauf preuve ou témoignage sérieux, les vérités de la police sont les vérités du juge d’instruction. L’accusation d’outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions est une tarte à la crème dont usent et abusent certains policiers.

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La police est en principe une institution soumise au système judiciaire aux fins du droit et aussi une agence de contrôle social, cassant des mouvements populaires et des grèves sous le prétexte d’assurer l’ordre sur la voie publique. Sa mission est aussi socialement contestable et préventivement discutable.
Selon les gouvernements dont elle est l’émanation, elle est éminemment politique.
Cette dernière fonction tend à lui transférer la charge d’apprécier ce qui est conforme à l’ordre et ce qui ne l’est pas et à lui faire voir la procédure légale comme l’obstacle. N’entend-on pas régulièrement les policier eux-mêmes se plaindre en chorus avec le public, qu’un délinquant arrêté est aussitôt remis en liberté par les autorités judiciaires ?
Le souci de la sécurité, de la surveillance et de la prévention a pour conséquence l’hypertrophie de la fonction du policier. Cela s’appelle en d’autres termes une justice sur le terrain rendue par des fonctionnaires qui n’ont pas pour mission de faire justice sans procès.
La détention prolongée et les interrogatoires au siège de la sûreté, dans les casernes ou dans les appartements discrets loués par une police politique seraient l’aboutissement dangereux de ce désir de la droite de reprendre les choses en main pour que l’ordre règne.
On n’en est pas là, mais le risque est grand pour que cela le devienne.
On a vu lors de la vague d’attentats fomentés par le prosélytisme musulman, jusqu’où pouvait aller l’État sous prétexte de rassurer les populations.
L’absurde rejoint la réalité et témoigne de ce qu’au nom de la démocratie, le ministre de l’Intérieur peut aller en Belgique, jusqu’à nier ses principes. Son homologue français Darmanin s’est illustré plus d’une fois, dans l’art de ne pas dire une vérité qui le dérangeait pour construire une version dont personne n’est dupe.
On le sait. Et qui mieux que Paul Valéry peut en convenir : « L’État est un être énorme qui ne vit que par une foule de petits hommes qui en font mouvoir gauchement les mains et les pieds inertes, dont le gros œil de verre ne voit que des centimes ou des milliards. »

19 septembre 2022

Charles joue avec des allumettes !

La Belgique est co-responsable des événements à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe. Sinon, on laisse aller les choses entre quelques mains : les commissaires européens et sa cheffe, avec Charles Michel dans un poste de représentation où un ambitieux comme lui peut se tailler la part du lion.
C’est exactement ce qu’il se passe, nous sommes responsables d’une machine que nous ne contrôlons pas, voire que nous n’avons jamais contrôlée depuis le début, lorsque l’ensorceleur Jacques Delors avait d’autorité prise sur tout.
Qu’est-ce que le gouvernement belge peut faire sinon respecter les Traités et tenir compte des observations de ce monstre grouillant de fonctionnaires qu’est le Conseil de l’Europe ?
Avec le gouvernement de p… respectueuses qu’on a, on peut être certain que nous n’avons aucune politique extérieure sinon celle que l’Europe nous impose et, comme ça tombe bien, une grande vassalité pour le tuteur que nous nous sommes choisis : les États-Unis d’Amérique, à l’instar de l’Europe. A l’intérieur, que je sache, Alexander De Croo ne dit pas un mot de l’action de la Belgique à l’UE, et pour cause, il a fait du néolibéralisme son cheval de bataille à l’échelle du continent, exactement dans les pas d’Ursula von der Leyen.
Bref, toutes les décisions se prennent ailleurs et nous voilà responsables d’une Europe qui ne va pas bien, notre responsabilité n’étant engagée que par défaut de démocratie, à savoir, comme dirait Richard Virenque au Tour de France « À l’insu de notre plein gré ».

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Or, nous avons une guerre à la frontière des 27 menée par un désir expansionniste d’un nouveau tsar. Nous y avons mis notre grain de sel, condamné l’agresseur et assuré l’agressé de notre solidarité.
C’est alors que nous sommes rendus compte que l’Europe n’avait aucun poids politique et qu’elle dépendait pour tout de la politique extérieure des USA, heureusement l’allié providentiel.
Nous avons cru « intelligent » de mettre économiquement la Russie par terre et c’est nous qui le sommes dans la perspective d’une disette sans précédent d’énergie qui nous pend sous le nez dès cet hiver, avec l’inflation à la clé et toutes les misères d’une population en quasi-insurrection.
Les initiatives des États membres pour rassembler une armée européenne sous un seul commandement annoncées à grands coups de milliards d’euros, se sont bornées jusqu’à présent à l’achat d’avions de chasse américains qui sont loin de valoir les Rafales français. Que je sache les projets d’une force militaire capable de contenir les foucades d’un Poutine sont au point mort. Nous ne devons notre sécurité qu’au seul allié américain.
Il n’y a pas d’exemple dans l’histoire d’un tel rassemblement de peuples sans armée, prétendant se faire respecter des autres.
Cette naïveté jointe à l’inconscience de toutes les lacunes et erreurs depuis la création de l’Europe, en dit long sur l’invraisemblance d’une association d’États sur la seule idée que le business mondial irait s’emparer de toutes les têtes pour un désarmement général sous les effets du néolibéralisme !
Comme si des puissances militaires comme la Chine, la Russie et les USA allaient désarmer en faisant confiance aux autres !
« Six mois après avoir envahi l’Ukraine, la Russie envisage d’annexer une partie du territoire qu’elle occupe. De leur côté, les pays occidentaux fournissent au pays agressé des armes toujours plus sophistiquées en même temps qu’ils y envoient des escouades de « conseillers militaires ». Moscou ne veut plus seulement soumettre l’Ukraine, mais la dépecer ; Washington ne veut plus seulement contenir la Russie, mais la vaincre. Rien ne paraît enrayer cet engrenage où chacun des camps, de plus en plus dominé par des partisans de la guerre, pense avoir les coudées franches parce qu’il parie que son adversaire, même acculé, ne commettra jamais l’irréparable pour se dégager. Or des erreurs de pronostic de ce genre peuplent les cimetières. » (Le Monde Diplomatique)
Plus on avance dans le conflit, plus on s’aperçoit de l’impréparation politique de l’Europe. De sottise en sottise, on est devant l’évidence que von der Leyen et Michel ne sont pas des pilotes chevronnés et qu’avec eux nous courons à la catastrophe.
On ne connaît pas dans l’Histoire une seule civilisation qui ait réussi dans les conditions actuelles de la situation dans laquelle l’Europe se trouve. C’est pitoyable. Et malgré tout, à entendre ce qui se dit Rond-Point Schumann, on est saisi d’une telle inconscience des patrons de la boutique.
Le bouquet, c’est la dernière fanfaronnade de Michel et von der Leyen au président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ils l’aideraient à récupérer militairement le terrain conquis par l’ennemi !
Si à l’automne Poutine annexe à tout-va le Donbass, les régions de Kherson et de Zaporijia un peu plus au sud, les Occidentaux aideront-ils Kiev à les reconquérir ? Le risque serait énorme d’une confrontation directe avec Moscou, quelquefois que Poutine appliquerait à ces territoires, la protection nucléaire qu’il réserve à « l’éternelle » Russie !

17 septembre 2022

Pyxide pour les cons !

Le dernier sondage RTL-Le Soir donne pour Wallonie-Bruxelles une presque égalité entre les deux partis, PS-MR.
C’est-à-dire que le MR progresse et que le PS fait du surplace.
En gros, le MR prend des couleurs et les Ecolos en perdent, le PS stagne.
Le PTB reste le 3e parti de Wallonie avec 18,4% des sondés.
Les Engagés ex CDH sont dégagés loin du PTB, par un shot hors terrain des électeurs.
Dans la sécheresse des chiffres il y a un abîme entre les faits qui accablent le système libéral et l’engouement pour les deux partis MR et PS qui tiennent toujours le haut du pavé dans l’adulation du dit système..
Cela signifie que la majorité des électeurs n’est au courant, ni de l’actualité, ni des perspectives dans une Europe néolibérale.
Elle vaque à ses petits besoins et « se trouvera fort dépourvue » quand la brise sera venue.
Mais ce n’est même pas une cigale, artiste selon La Fontaine qui oublie la réalité dans les rires et les chants. C’est la soupe primale d’une démocratie à la va comme je te pousse.
Ce que j’en dis n’est pas le produit d’une formidable envie de pousser un parti et l’immense déception que les sondages n’aient pas entérinés mon soutien à ce parti.
Non, c’est le constat d’un citoyen qui lit les journaux, s’intéresse à l’économie, s’inquiète de la dérive productiviste du capitalisme et s’aperçoit avec effarement que le système va droit à un mur. On assiste à une fin de civilisation, voire du règne de l’Humain ; tandis que la majorité en Belgique et probablement en Europe tout entière pense au contraire qu’une bière, le foot et les télé-feuilletons se perpétueront à tout jamais, si elle laisse cette majorité remplir les cœurs de bonheur, pour la plus grande gloire de la Belgique et de l’Europe !
Cette inconscience m’affole. Je ne suis pas loin de penser qu’un Belge sur deux est un con irrémédiable, quelqu’un dont il est inutile de prendre l’avis en considération, puisqu’il n’en a pas. Sinon celui de la majorité éternelle qui fait que tout espoir de changement est impossible. Ce qui arrange tellement les médiocres qui nous commandent qu’ils n’ont même plus à se surveiller, quand ils profèrent leurs conneries. Au contraire, Bouchez et Magnette en inventent et des gratinées, pour que le public applaudisse et en redemande.
Ils ont compris que le public à jamais immature redemande du cirque, de l’exploit, du sport et du sexe en trois couleurs non-stop… et « de la bière, nom de dieu » chantait jadis Soldat Louis.
On ne lutte pas contre la connerie. Elle est incorruptible. Elle enveloppe l’espace dans sa glu et personne n’en réchappe. L’approcher est dangereux. Elle est contagieuse. Depuis que j’en écris, je me sens devenir tout chose, prêt à tout croire, tout accepter. La connerie est l’arme fatale qui sidère le plouc et le rend à tout jamais impropre à tout travail de l’esprit.

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Mon petit doigt me dit que ce courant robotisant l’électeur belge doit correspondre aux 27 pays de l’Union et que le tartempion belge à des semblables un peu partout.
Il doit se reproduire aussi vite que les punaises de lit qui dégustent toutes les nuits les chairs molles des immolés volontaires à la gloire de MM. Les ministres.
Cela donne une Europe rassotée de Jo Biden, assoiffée de productivisme et de coût de fabrication compétitif. Dans une franche rigolade, quant aux mesures à prendre pour redresser les foucades climatiques que nous provoquons, l’observateur un tantinet sérieux doit se taper la tête au mur !
J’envisage de fermer le blog Richard3.com et de me consacrer aux mots croisés avec quelques partenaires. Peut-être que m’enfoncer dans le gâtisme permettrait d’apprécier cette majorité à sa juste valeur.
Ce serait à la fois me désolidariser des emmerdeurs qui survivent à égratigner les emblématiques souverains des cons et disparaître dans le tas de purin, soupe élémentaire de la démocratie conforme aux aspirations de Charles Michel et d’Ursula von der Leyen.
Le monde tournerait pareil sans avancer, ni reculer l’échéance fatale. La connerie militante finirait sa course dans un immense égout. Palais des rats du futur.
Car les cons laisseront des survivants. Ceux qui se seront le mieux adaptés aux frasques qu’ils auront provoquées de la nature. Les petits rongeurs ont de l’avenir.
Sauf rémission de la connerie pour une certaine forme peu évoluée, mais positive de la conscience intelligente, les élections futures remettront en selle les mêmes ringards sur les mêmes haridelles, pour les mêmes infinis dérisoires dont cette démocratie porte l’exclusivité.
Leur compendium pourra s’écrire sur un timbre-poste. Le clausule final sera proclamé par les journaux et votre serviteur sera à ressasser son amertume, sur les supports qu’il peut.

16 septembre 2022

Les Gaietés de l’escadron !

Parfois des circonstances particulières font sortir de l’ombre des personnages que nous avons élus il y a très longtemps et qui se sont arrangés pour être réélus à chaque législature, sans que nous sachions vraiment pourquoi ils sont toujours là, même si nous ne nous souvenions plus d’avoir coché leurs noms dans l’isoloir.
C’est le cas de Jean-Claude Marcourt, président du parlement wallon et du bureau, sorti de la boîte de Pandore à l’occasion de l’affaire du greffier Frédéric Janssens.
Le greffier était une sorte de satrape répandant la terreur parmi le personnel, au point que ce dernier n’osait se syndiquer !
Le Bureau du parlement l’a suspendu pendant six mois.
Entendons-nous là-dessus, Frédéric Janssens « suspendu » bénéficie en somme de six mois de vacances payées qui n’auront aucune incidence sur le calcul de sa pension, lorsque l’heure en aura sonné. C’est comme ça qu’on « mate » les fortes têtes dans les ramifications mystérieuses de la haute administration. Georges-Louis Bouchez devrait mettre son nez là-dedans, plutôt que serrer la vis aux chômeurs. Il aurait du grain à moudre.
Le grand thaumaturge de toute cette affaire est le socialiste Jean-Claude Marcourt. C’est un personnage de vaudeville. On le verrait bien tenir deux rôles dans les Gaietés de l’Escadron de Georges Courteline, à la fois capitaine Hurluret et adjudant Flick.
Si le greffier Janssens n’a pas été remercié pour faute grave (menace de mort à l’encontre d’un employé) c’est que le bougre est un adhérent du PS de première catégorie et que depuis qu’il vaque aux affaires régionales, il doit avoir des dossiers sur tout le monde.
Marcourt en capitaine Hurluret ferait merveille. Hurluret est le type de l’officier de carrière sorti du rang, dissimulant sous des dehors bourru, une indulgence sans borne pour les « rossards » qui le bernent. Car, sait-on jamais, comment ils pourraient se venger quand on les tient trop serrés ?
En adjudant Flick, il donnerait sa pleine mesure. Flick est plus qu’un personnage. C’est une silhouette proverbiale de l’insuffisance mentale et de la hargne qu’on prêtait aux sous-officiers de carrière, quand l’œuvre fut écrite quelques années avant 1900.
La guigne… « cette guigne persistante qui m’a suivi et poursuivi à toute heure de ma vie sans que j’aie encore pu découvrir le pourquoi de cet entêtement déplorable – a voulu que je fisse mon service militaire dans des conditions toutes spéciales d’abandon, d’ennui et de tristesse ; en sorte qu’aujourd’hui le temps du régiment n’apparaît plus à mon souvenir qu’avec cette amertume cruelle, mêlée d’une pointe de douceur, des épreuves autrefois subies et par lesquelles on ne passera plus», écrit Courteline. Cette guigne est celle de l’électeur d’aujourd’hui obligé de subir ces ganaches persistantes de ministres régionaux qui ont réussi à ridiculiser la démocratie par la caricature qu’ils font d’eux-mêmes. Courteline partait à l’assaut du militarisme belliqueux des années 1880. L’électeur sensible en 2022, brandit l’étendard de la révolte par le rire et l’ironie face aux suppôts de Di Rupo et de Borsus, son compère, attelés aux péripéties flaccides des gouvernances wallonnes.
La pièce de théâtre n’eut pas le succès escompté. Dans le climat délétère qui régnait alors en France, le public n'apprécia pas cette charge irrespectueuse de l'armée française et un ancien officier, présent dans la salle, menaça même les auteurs de leur « botter le derrière ».

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En 2022, le public accablé par ses soucis domestiques ne croit pas que le gouvernement wallon et, par de-là le fédéral et l’européen ont une responsabilité dans le marasme dans lequel la Belgique se noie.
Des propos comme les miens sont jugés malveillants et irresponsables, pour ne pas dire pire !
Pourtant rien qu’à considérer l’affaire Janssens, c’est hallucinant que le Bureau ait placé le greffier en mesure de faire du ski à Garmisch-Partenkirchen à nos frais et stipulé que sa première action serait d'organiser une rencontre avec le conseil du personnel de manière à établir un programme de consultations. Dans l'évolution du dossier, le Bureau examine la possibilité de se faire accompagner d'un organe extérieur pour lui permettre d'atteindre les objectifs fixés.
Hurluret-Marcourt réserve son côté Marcourt-Flick aux rencontres avec le conseil du personnel. Mais attention, jamais d’exposition aux jugements critiques des citoyens, les gens doivent garder en mémoire l’image lisse d’un grand homme d’État. C’est son avocat, qui se fera un plaisir de rencontrer son homologue en représentation du personnel. La « petite » note des frais et les arrhes à convenir sont à la charge des citoyens, bien entendu.
"Le Bureau espère que ces premières mesures participeront à apaiser le climat au sein du greffe et entend poursuivre la réflexion sur les réformes à adopter, tant au niveau du climat social que dans la gestion du Parlement". Amen.

15 septembre 2022

LA LUTTE DES PLACES.

Au PS, ça ne date pas d’hier, la lutte des classes est devenue la lutte des places.
Un petit retour en arrière s’impose.
Dès le début du flirt socialiste avec les libéraux, un certain malentendu avait toujours assombri les relations entre le PS et le PRL.
Jean Gol, président du PRL en 1992, resté proche d’André Cools, avait comme interlocuteur au PS, le président Spitaels. Il n’était question que de collaboration entre les deux partis, tout en tenant compte de l’importance du PS qui dominait largement les libéraux au nombre de voix. Comme en politique belge, l’alliance se fait toujours contre quelqu’un, en l’occurrence il s’agissait de couper les ailes au PSC, de le dépecer (déjà) et s’en repaître.
Le malentendu s’était focalisé autour de la lutte des classes, définie dans la Charte de Quaregnon fondatrice du PS. Il aura suffi à Jean Gol de citer quelques passages de la Charte de Quaregnon, dont celui-ci « … la réalisation de cette politique était incompatible avec le maintien du régime capitaliste qui divise la société en deux classes nécessairement antagonistes : l'une, qui peut jouir de la propriété, sans travail, l'autre, obligée d'abandonner une part de son produit à la classe possédante. » pour mettre Spitaels mal à l’aise, conscient de la pertinence de la remarque de Gol par rapport à la volonté du PS de séduire des travailleurs en pleine mutation sociale, analysait-il, en passe de faire partie bientôt de la middle-class à l’américaine ! On pouvait hésiter légitimement à confier une partie du pouvoir de la société libérale à ceux qui préconisaient sa destruction. Gol prêchait un convaincu, tant en cette fin de siècle, il devenait évident que le système économique d’Adam Smith prévaudrait dorénavant dans le monde, depuis la chute de l’URSS en 1991.
Le néolibéralisme était alors une petite merveille de nouveautés qui allait porter ses fruits dans la décennie suivante et ouvrir une ère de prospérité sans égale. C’est du moins ce que croyaient largement les ténors du PS à l’époque et qu’approuvait leur président.
Il aurait suffi un peu de curiosité intellectuelle des dirigeants socialistes de l’époque pour deviner la suite beaucoup moins réjouissante du capitalisme, notamment en lisant des économistes en marge, des philosophes et des sociologues du temps, dont le regretté Pierre Bourdieu, pour tempérer leur enthousiasme sur l’avenir de l’économie libérale.
Non, il n’y eut pas de suite aux Trente Glorieuses, mais des appauvrissement successifs, des dispersions aux quatre vents des industries pour des pays à bas salaires, accompagnés de la sottise de croire en l’avenir d’une société de services !
Et quand bien même auraient-ils eu une étincelle d’intelligence, ces responsables du PS étaient déjà, par leur mode de vie, dans une « dolce vita » de la classe « supérieure » !
La convocation d’un Congrès épurant les statuts du PS du paragraphe « honteux » n’eut pas lieu. Avait-il été déjà envisagé dans des réunions discrètes des présidents locaux du parti ? On ne le saura jamais. Car après 1991 éclatait l’affaire Agusta, le 6 janvier 1994, qui emporta Spitaels et d’autres affairistes dans les oubliettes de l’Histoire, mit Guy Coeme sur la touche en frôlant l’incarcération et fit trembler Busquin, qui succédait Spitaels à la présidence du parti, dans la confusion de l’urgence.
On connaît la suite. Elio Di Rupo devint président en octobre 1999.
Il aura fallu attendre le 26 novembre 2017 au Congrès de Liège Pour que Di Rupo concrétise le souhait des caciques du parti, depuis toujours demandeurs, en touchant au texte de la Charte de

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Quaregnon, ni vu, ni connu… enfin le croyait-il.
Celle-ci n’avait jamais été amendée depuis son adoption en 1894. La Charte s’était imposée, dans la durée, comme un sésame précieux pour des jours heureux en rappelant les fondements du socialisme belge et son attachement à la lutte des classes.
Un débat initié par Di Rupo par sa volonté d’en gommer le côté « marxiste » au Congrès de Liège, sans l’oser pouvoir dire ouvertement, tout en demi-teinte par son côté « furbo ». Son initiative, sous prétexte de dépoussiérer cette vieillerie par les suggestions des militants, fut très largement contestée, notamment par la base, justement parce que ne faisant plus aucune référence à la lutte des classes.
Spitaels peut reposer en paix, Di Rupo a accompli son rêve. Le PS s’est renié en 2017 définitivement.
Cinq ans plus tard, en 2022, cette erreur pourrait se payer comptant dès cet hiver qu’on annonce difficile, chez les libéraux eux-mêmes.
Comme le PS est rivé au système économique libéral, il ne faudra pas compter sur lui pour contester les moyens dérisoires que le gouvernement d’Alexander De Croo met au point, pour que les gens ne souffrent pas trop de la cherté des huiles et du gaz.
Le voilà condamné à suivre tous les autres partis dits de gouvernement à se féliciter des mesures prises par Ursula von der Leyen au nom de l’Europe pour maîtriser les prix. Son chemin de Canossa ne sera pas terminé pour autant, il lui faudra encore applaudir aux directives de Jo Biden et n’avoir d’autres solutions à apporter au problème Ukrainien que celles proposées par l’Amérique et l’Europe libérale étrangement unies par l’OTAN et les ramifications maffieuses du commerce international des armes. Je ne sais pas si les militants de base qui restent au PS seront heureux des dirigeants d’un parti tout dévoué à la cause capitaliste.

13 septembre 2022

« J’ACCUSE » un nouveau Zola est né !

Tout le condominium réuni, fleur de sel de ce que l’on fait de mieux dans la politique belge, serait-il une girouette poussée aux quatre vents ? Pourrait-il y avoir des défections parmi les partis traditionnels qui contrediraient que la Belgique soit un pays hautement libéral, dans ses quatre points cardinaux francophones : MR, PS, Écolo & Les Engagés (1), excluant d’emblée le PTB, décrété par essence, antinomique au progrès, au commerce et à la concurrence ?
On suppose d’emblée que non. À première vue, tous se sont engagés dans le système libéral. Un retrait serait s’exclure des bienfaits d’une prime de fidélité du commerce et des banques.
Un canard boiteux serait-il possible dans la haute-cour des illustres faisant de celle-ci une basse-cour où caquèterait au moins, un volatile hostile ?
Entre dieu et les hommes qui font ce pays, un Juda se serait-il glissé parmi les partis de gouvernance alternée, dans l’herméneutique d’un faux Hermès ?
Parfois par une mésentente particulière entre les compères fédéraux, l’un ou l’autre parti franchement libéral est écarté d’une coalition de gouvernement. Ce n’est pas grave. Pour un bon déroulement de l’alternance, une opposition joue à plein pour la montre d’une démocratie qui fonctionne. Le parti écarté grommelle un peu, dénonce quelques détails dans la finition du programme. Il râle surtout parce qu’il cesse d’en croquer et que ses leaders sont à replacer dans le futur.
Mais jamais, au grand jamais, celui qui est sur la touche ne change d’avis sur le fondamental. Il reste un libéral farouche, fier de l’être, respectant Adam Smith et Alexis de Tocqueville. Il proteste juste ce qu’il convient à une opposition de protester, dans la convenance du chic bon-genre, au fair-play.
Les débats entre Didier Reynders et Elio Di Rupo par le passé et ceux entre Georges-Louis Bouchez et Paul Magnette d’aujourd’hui sont d’aimables assauts à fleurets mouchetés pour le plaisir d’une guerre en dentelles. Personne n’est dupe. Ils ont signé un pacte. Ils se doivent entraide et protection.
A quoi rimerait un gouvernement Vivaldi s’il n’y avait que des épinettes dans l’orchestre ?
Les temps seraient-ils en train de changer ?
Les libéraux ardents, PS, Ecolo, Défi & Engagés se sentent pris au piège d’un MR qui ne promet rien de bon pour l’avenir. C’est à qui sautera le premier de la plateforme du tramway en marche.
Qu’il n’y ait plus, dans une vison du futur, que le seul Georges-Louis Bouchez sur le radeau de la méduse, hissant son caleçon souillé de la merde du trouillard sur un mât de fortune, vu le bilan actuel du libéralisme néo ou pas, c’est vraisemblable. L’espace d’un mois ou deux d’hiver, il va dériver du capitalisme prospère au capitalisme banqueroutier. Pour qu’un steamer américain de passage le recueille, par sensibilité olfactive de sa merde, il n’y a qu’un pas. Il restera le premier libéral montant un gouvernement d’exil à Washington. C’est fort possible. Parfois l’Histoire s’accélère et soudain, tout va tellement vite !

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Des usucapions serrés sur la plateforme du tramway, un vient de sauter.
À ne pas croire, c’est son parti qui a dominé la Belgique pendant cent ans ! D’abord Chrétien dans un magister PSC, puis CDH jusqu’à Lutgen, le voilà « Les Engagés » sous Maxime Prévot.
On va crier au scandale, dire, une fois de plus, que le chroniqueur pousse le bouchon trop loin.
La preuve est écrite que dorénavant, le parti « Les Engagés » se pose en concurrent du PTB !
Voici le « J’accuse » du nouveau Zola concurrent de Raoul Hedebouw.
« J’ACCUSE. J’accuse ces gouvernements de non-assistance à personne en danger. Quand on voit que 45 % de nos citoyens risquent de basculer dans la précarité, qu’on a déjà aujourd’hui deux citoyens belges sur trois qui se privent de loisirs, de culture, pour pouvoir simplement disposer encore de moyens suffisants pour se chauffer, pour s’éclairer ou pour se nourrir. Quand on voit le nombre d’indépendants qui sont à deux doigts de basculer vers la faillite. Des commerçants et des restaurateurs sont forcés de fermer boutique quelques jours et devoir éventuellement avoir un deuxième job pour nouer les deux bouts. Oui, il y un choc sociétal majeur qui se prépare, et je trouve qu’on n’a pas une réaction gouvernementale à la hauteur des enjeux ».
Le tout est de savoir si une réaction gouvernementale est encore possible « à la hauteur des enjeux ». Si Maxime Prévot était rappelé comme sauveur des usucapions serrés l’un contre l’autre sur la plateforme du tramway ou si le glaive libéral n’allait pas lui trancher le cou symboliquement pour haute trahison, Prevot devrait y penser.
Cette défense des petits, Bouchez ne la lui pardonnera pas. Magnette sera bien content de la gaffe à la Lutgen du président des « Engagés », les Ecolos passeront leur tour, tout à la traduction en wokisme du « J’accuse » de Prévot.
On ne dépasse pas impunément la ligne rouge entre capitalisme et marxisme. Si les propos de Prevot ne sont que des mots au sortir d’une table bien arrosée, les trois prêtres du libéralisme pourraient pardonner… mais s’il à l’intention d’engager des pourparlers avec le PTB et qu’il est vraiment sincère dans ses propos, alors il est perdu pour les salons libéraux bruxellois qui font les princes des bons gouvernements.
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1. Défi étant un souriceau du MR.

12 septembre 2022

Bamako sur Meuse.

Un commissaire de police en Flandre soupçonné de garder pour lui certaines grosses amendes routières, notamment la surcharge en poids de camions étrangers (paiement cash) ; un inspecteur de la police judiciaire fédérale de Liège sous mandat d’arrêt pour avoir détourné des objets appartenant à un suspect ; enquête avec dépôt de plainte contre le greffier Frédéric Janssens du Parlement wallon ; cinq députés wallons, dont le président Jean-Claude Marcourt (PS), Jacqueline Galant (MR) et Manu Disabato (Ecolo), les secrétaires Sophie Pécriaux (PS) et Sybille de Coster-Bauchau (MR) impliqués dans la dite gestion, pour le moins fantaisiste de l’institution, on a tort d’abandonner le dossier « corruption » pour soigner nos stress à propos de la guerre en Ukraine qui risque de nous tomber dessus, de l’inflation et de la politique néolibérale toujours menées tambour battant par nos « élites » parachutées à l’Europe et qui coûte un argent « bête ».
On court éteindre un incendie, alors qu’un autre ravage aussi notre pouvoir d’achat, celui qu’ont allumé les pyromanes du capitalisme triomphant !
On a tort de faire confiance au point de les laisser gérer sans beaucoup de contrôle, en bon père de famille selon la formule, les caisses diverse détentrices des prélèvements parfois inappropriés et sauvages que des lois, on dirait faites pour eux, extirpent avec adresse de nos portefeuilles.
On ne se méfie pas assez des dirigeants qui tiennent la caisse, dépôt sacré de nos souffrances, de nos taxes, impôts et amendes, comme si depuis l’ancienne et fameuse émission de Jean-Claude Defossé à la RTBF : « les travaux inutiles », avec les dérives maffieuses qu’ils impliquaient, nos grands responsables étaient brusquement devenus honnêtes !
Distraits et la tête ailleurs, les taxés d’office ont oublié que l’instinct prédateur de certains bien placés dispose à l’escroquerie et à la carambole, l’œil rivé sur la bille rouge et le bon coup.
Les temps sont ainsi faits où vols et réussites sont imbriqués et confondus par le fait du système économique dans lequel nous sommes embourbés jusqu’au cou. Le libéralisme dans sa phase « alerte, on coule » est propice au dérapage quand on a devant soi la caisse avec sa clé, qu’il n’y a plus un chat dans les corridors et dehors, un peuple qui ne contrôle plus l’instance « supérieure » qui n’a jamais craché sur le beau pognon résultat de nos sueurs.
Dire que tous s’en mettent pleins les poches ne seraient pas juste. Déjà qu’on les gave d’une paie haute de gamme pour représenter des pauvres types à 1800 € le mois, afin d’éviter les tentations de s’empiffrer de notre beau pognon. Pour certains, c’est une aumône, voire une insulte pour leur immense mérite, d’autres enfin sont prêts à tout, jusqu’à voler votre portefeuille dans la rue.
Qu’un Bouchez vole l’État en empochant légalement un salaire de sénateur-coopté qui sert de paiement à sa présidence du MR et que personne ne s’en inquiète, comment voulez-vous que des élus moins « prestigieux » n’essaient pas des coups ni vus, ni connus ? Les règlements parfois absurdes, voire incompréhensibles, sont tous discutables et sujets à interprétation. Ils s’en servent pour se remplir les poches. On a vécu l’affaire des mandats politiques dans des conseils d’administration au temps de Stéphane Moreau, pour comprendre que certains privilégiés se faisaient douce violence, pour se mettre des enveloppes dans la poche sans trop se poser de questions.

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L’affaire des incinérateurs d’Intradel et les commissions d’Alain Mathot ont été jugées il n’y a pas longtemps. La Justice aurait pu démêler l’écheveau un peu plus et découvrir quelques comparses. Elle ne l’a pas fait. C’est que, à trop tirer le filet hors de l’eau, expose aux yeux du public quelques belles prises, mais tellement connues pour leur probité légendaire, qu’il vaut mieux les laisser filer vers les hauts fonds où elles ont leurs habitudes, pour éviter le scandale d’Armand De Decker, que certains prétendent avoir été assassiné pour « raison d’Etat », comme fut André Cools !
Il serait quand même mal venu au moment où on somme les gens de moins consommer, que ceux qui nous haranguent soient impliqués dans des affaires de corruption ou de vol qualifié dans les caisses de l’État.
C’est également valable dans les manœuvres du MR dont le but est de se décharger sur le dos des chômeurs de sa responsabilité dans la faillite du système. Cela ficherait mal de réduire les chômeurs à la plus grande pauvreté sur le temps que les gestionnaires de l’État se sucrent et jettent l’argent par les fenêtres.
Nous sommes à l’aube de temps difficiles dont nous ignorons les conséquences sur notre façon de vivre et de consommer. Il apparaît comme un pur bon sens de trouver d’urgence des gens intègres pour contrôler tout de A à Z, y compris, par exemple, des constructions folles comme la gare de Mons qui est le résultat d’une escroquerie sur la crédulité des gens.
Indépendamment d’un autre œuf à peler avec l’Europe pour l’imbécillité de son parcours international, ce serait quand même bienvenu de reparler de la sécurité de notre fric dans les mains incertaines d’irresponsables politiques, comme il s’avère à peu près qu’elles soient au Fédéral et dans les Régions.

10 septembre 2022

Quel avenir pour l’Europe ?

Le fonctionnement de la démocratie de nos pays passe par l’Europe pour tout. Le commandement à Bruxelles de l’UE est devenu exclusif, doctrinaire et autodestructeur ! Exclusif : il s’agit d’un embarquement général sur la nef du néolibéralisme : amiral Jo Biden. Doctrinaire : contents et mécontents savent que le néolibéralisme est à prendre tel quel, sans discuter. Autodestructeur : l’absence de choix est antinomique en démocratie.
C’est entendu, on aide l’Ukraine et on affaiblit économiquement son agresseur. Résultat : on se demande comment on va passer l’Hiver. L’euro dégringole et la Russie ne se porte pas mal du tout !
L’Europe se vide de sa substance et s’oublie dans un activisme où elle se nie en voulant se parachever. Nous le savons depuis la crise du Covid-19 que nos dirigeants sont incompétents et ne savent pas surmonter les crises. Cependant, ils se relaient pour nous dire que tout va bien, qu’il n’y aura pas de coupure d’électricité cet hiver et qu’on ne manquera pas de gaz. Depuis qu’Alexander De Croo en a fait un second hymne national, plus personne n’y croit.
Inutile de s’en raconter, le néolibéralisme c’est le libéralisme à l’ancienne de laquelle on a supprimé les choix sociaux. Reste ce qui n’est plus un choix, puisque c’est la seule option, le démiurge omniscient : le financier avec l’obsessionnel de la rentabilité, les USA et leurs dollars. Depuis que le rouble se convertit en yuan dans des banques à Moscou et à Saint-Pétersbourg, la monnaie chinoise prend des couleurs. Il n’est pas dit que le dollar va pouvoir rester la seule monnaie de référence. L’euro, n’en parlons plus…
Nous n’avons pas vu les signes avant-coureurs de cette radicalisation parce que nous étions toujours dominés par la révolution communiste de 1917, jusqu’en ses derniers soubresauts et la fin de la croisade made in America dite « contre le mal ». Gorbatchev mit la clé sous le paillasson de l’URSS en 1991, avec sa démission de secrétaire général du parti unique.
Au lieu de saisir la chance d’une grande Europe, nous nous sommes rangés derrière les USA pour que survive l’OTAN. Patiemment, cette organisation noyautée par la CIA a renoué avec la guerre froide, au point que c’est pratiquement notre politique qui a enfanté un nouveau Staline, élève de l’ancien KGB. Vladimir Poutine !

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C’est au cours de ces années que les libéraux concoctent une politique globale d’un marché désormais sans concurrence idéologique, mais aussi sans avancées sociales et à bas salaire.
Ce seront finalement les libéraux qui signeront des traités de libre-échange et des collaborations d’État à État sur les fabrications et à l’intérieur avec le saccage systématique des entreprises sociales ou d’intérêt public, le tout magnifiquement secondé par la Commission européenne, le parlement et les diverses chefferies dont celle actuellement de Charles Michel.
En moins d’une vingtaine d’année, le monde a changé de base sans que le peuple ait été vraiment consulté sur une révolution technique et administrative d’une sorte d’impérialisme libéral sans exemple, même dans les dictatures extrêmes.
C’est le monde du traité de Maëstricht qui se met en place, bon gré, mal gré, dans une sorte d’indifférence des peuples vaincus.
Les solutions collectivistes encore vivaces avant 1980, se dissipent dans l’air sans laisser de traces. La vague d’individualisation gagne l’Europe, gangrène les dernières institutions collectives qui nous ont si cruellement fait défaut en 2020, pour résister aux assauts de la pandémie.
On pourrait dresser un inventaire des modifications apportées au système libéral. Il s’agit réellement d’une mutation à l’inverse de celle du papillon, nous nous métamorphosons en chenille !
L’ère nouvelle n’est pas la réconciliation du capital et du travail, mais une sorte de séparation entre les deux piliers du système libéral du fait des libéraux qui pensent la gauche syndicale exsangue de sa base, tandis que les chefs syndicalistes flirtent avec l’aisance de la bourgeoisie en suivant l’exemple des personnages qui font l’État.
On se demande si l’Europe est encore capable de distinguer grand-chose de notre avenir. Elle ne voit pas les voies possibles indépendantes du néolibéralisme pour y conduire ses adhérents.
Non, ses racines libérales semblent si profondes, ses administrations si convaincues à suivre un boulevard unique vers des apothéoses, sans possibilité d’accès aux voies latérales ou bissectrices, que l’immense gâchis d’incompréhension entre l’Europe et sa population semble inévitablement déboucher sur un conflit majeur, soit interne, soit avec la Russie.
Alors, ça va péter dans combien de temps ? il faudra attendre le plein hiver pour le savoir.

9 septembre 2022

Un enterrement hors classe.

Les médias n’ont pas changé depuis si longtemps, qu’on peine à distinguer une once de réalisme et de sérieux, chez les propagateurs de nouvelles, depuis la mort de Pie XII.
Ceci en parcourant presse et télé à propos de la mort d’Elisabeth II.
Le lecteur est coincé entre son agacement de voir et d’entendre cent fois la même chose et l’espèce de commisération respectueuse devant la mort, toutes les morts en général, à propos d’une vieille dame de 96 ans.
On célèbre aujourd’hui une cheffe d’État qui ne s’est strictement jamais mêlée de politique. On ne sait donc son opinion sur rien. Son rôle consistait à serrer des mains, lire des discours préparés par son premier ministre. Elle est restée toute sa vie dans son rôle d’inaugurer des dispensaires, de se montrer avec des chapeaux dont on ne sait si on les a sortis de la boîte avant qu’elle s’en coiffe, d’aller de château en château pour que ses photographes de cour puissent exercer leur talent.
Cependant les éloges abondent sur sa vive intelligence des choses politiques, par son admirable talent à laisser traîner quelques signes d’interprétation de sa pensée confuciusenne sur ses vêtements et ses chapeaux.
De cette vie oisive, coupée de visites d’États, de banquets en grande tenue, on fait toute une mythologie dont le peuple des télés s’ébaubit, sans que de toute cette saga ne se reflète rien des véritables événements qui secouent notre planète et dressent les tyrans contre les peuples et les peuples entre eux, pour des raisons aussi peu compatibles avec la Reine Elisabeth II, qu’un dentifrice avec un suppositoire.
Il y a dans l’attitude des gens outre un patriotisme stéréotypé souvent fabriqué depuis l’école, une sorte d’admiration pour les riches, qui servent à nous représenter, même s’ils ne font rien, a contrario de leurs congénères, milliardaires de la Bourse et du brigandage industriel. Les vieilles dynasties dont on ne connaît pas l’histoire ont quelque chose dans la durée qui s’appelle la mémoire familiale qui force l’admiration des imbéciles heureux venus de nulle part, c’est-à-dire de partout !. Certaines remontent à Charlemagne, tandis que le reste de la population connaît à peine un arrière-grand-père. Ils s’affichent dans les livres d’histoire, à l’inverse, du reste de la population, pour laquelle il ne reste que deux lignes dans le grand livre d’État-civil de la maison communale.
Avant de devenir la maison de Windsor en 1917, les origines de la famille royale anglaise sont essentiellement germaniques, comme la famille royale belge. L’actuel Charles III est par sa mère Elisabeth II, issu de la Maison de Hanovre, une dynastie royale allemande qui a régné sur le duché de Brunswick-Lunebourg, avant d’atterrir en Grande-Bretagne. Elle succède à la maison Stuart sur le trône britannique en 1714 et s'y maintient jusqu'à la mort de Victoria en 1901. À la mort de Victoria, le trône du Royaume-Uni passe à la maison de Saxe-Cobourg-Gotha, branche cadette, en la personne d'Édouard VII, maltôte des deux branches en une seule bien allemande.

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Pas de quoi pavoiser en parcourant les filiations de ces grandes dynasties souvent passant tout juste d’une génération à l’autre grâce à un bâtard providentiel ou un cousin bienveillant se substituant à un monarque sexuellement défaillant.
Quoique aventure très banale, comme il en arrive tous les jours dans les métropoles, voilà le personnage objet d’adoration d’une partie du peuple, plus people qu’autre chose, le reste du troupeau obligé de suivre pour ne pas se faire conspuer et marginaliser par une opinion reflet de tout ce qui tourne autour de l’Officiel.
Dans le cas d’Elisabeth II, nous allons passer une semaine d’enfilades de non-événements, avec grands renforts de drapeaux et de musiques militaires. On nous sommera de distinguer dans la foule recueillie lors de ces cérémonies, le président Macron et le roi des Belges. A l’occasion du grand deuil de la reine Mathilde, on reparlera du cousinage de « nos deux dynasties ». Les petits drapeaux seront agités. Les selfies seront respectueux et dignes, au passage de la bière.
Durant cette semaine nous oublierons l’inflation, l’incertitude à propos du climat, l’hiver difficile que nous aurons, le prix du gaz, le coup tordu que le MR prépare contre les chômeurs, la dérive du gouvernement De Croo à propos des pensions, etc. C’est toujours cela de gagné sur le temps des conflits dans lesquels on entre en ce mois de septembre. On hésitera entre le God Save the Queen et le discours ambigu de l’européenne Ursula von der Leyen.
Nous saurons tout sur la texture du cordon du poêle du drap funéraire, des retrouvailles « émouvantes » des fils de lady Di et de l‘émotion de Charles III. Rien ne nous fera détourner le regard de ce spectacle-enterrement.
Ces dix jours de bonus, bénédiction pour des programmateurs laborieux et des bouclages de presse difficiles, seront à peine perturbés si, parmi les forcenés qui se battent autour de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia, la plus grande d’Europe, un enfoiré d’un des deux camps décide d’attirer l’attention en tirant au canon sur un des réacteurs.

7 septembre 2022

DÉPÔT DE BILAN

J’étais en état de sidération sur le parking du Carrefour, cet après-midi. Combien de temps suis-je resté les deux mains sur le volant, incapable de sortir d’un tourbillon d’idées toutes centrées sur un dépôt de bilan personnel, que j’aurais dû faire depuis longtemps.
Un voile s’était déchiré qui me rendait perceptible l’histoire d’un type, la mienne, incertaine, chaotique, pour tout dire, un type en état d’apraxie. Je me croyais de gauche. En étais-je bien sûr ? Et si j’étais devenu « non bis in idem » un suppôt aux pieds crochus de droite, par le travail d’une imagination qui n’aime pas repasser les mêmes plats ?
Auparavant, j’avais vu déambuler d’une démarche gracieuse, un bel homme noir en boubou traditionnel d’où ne dépassait qu’une paire de tong. Depuis l’entrée du magasin jusqu’à ma voiture, soit une vingtaine de mètres, j’avais pu observer cette lenteur dans la démarche qu’ont les gens sous le soleil à la recherche de l’ombre, à la fois traînante et chaloupée. Pendant ce temps, appuyé sur l’arrière de mon break, un autre bel athlète probablement né sur une berge du fleuve Congo, parlait à son smartphone comme s’il était quelqu’un. Dans le rétroviseur, je le voyais très expressif, s’indigner et rire franchement l’espace d’une réplique, sans marquer trop d’étonnement à ce que son locuteur ne soit qu’un morceau de plastique agrémenté de composant taïwanais.
L’idée de descendre de mon auto pour lui demander de ne pas s’appuyer sur la tôle d’icelle ne m’était pas venue. Je suis plutôt d’un naturel paisible que renforçait la musculature des bras qui saillaient d’un teeshirt Adidas du téléphoniste. Et en plus, va savoir, si ce bel athlète était aussi quérulent ou en passe d’être énervé par la mauvaise tournure de sa conversation éthérée ?
Parfois, slalomant entre les voitures, de jeunes métisses ondoyaient, nombril à l’air, vers l’entrée du supermarché. Elles en croisaient d’autres qui en sortaient. Aucune n’était de connivence. Elles semblaient provenir du quartier du Laveu, sans se connaître, ni même, j’en jurerais, dans l’impossibilité d’un bon mot pour n’avoir pas vu le film de Costa Gavras avec Yves Montand en vedette. Elles avaient cet air légèrement assoupi qui est une défense contre les moiteurs d’entre le midi et le soir à Kinshasa ou à Ouagadougou, dans la perspective d’une montée de la rue des Wallons, la bien nommée, un filet à la main.
Je me trouvais transporté sous les tropiques, nonobstant la présence du beau-parleur au téléphone tout en training Adidas, à présent que je le voyais mieux, puisqu’il avait quitté douloureusement l’arrière de ma bagnole, l’épaule endolorie, pour arpenter le reste du parking, son petit bout de capteurs électroniques à l’oreille, soudain pris d’une agitation inexplicable pour le voyeur que j’étais devenu.
Débouchant de nulle part, un barbu en abaya frôla le capot de ma Rossinante, cap sur les choses dont on ne soucie guère quand elles sont à portées d’être saisie, en chariotées vers une caisse, mais qui sont sous la forme d’un mirage au bord d’un oued asséché, tandis qu’au lointain se profilent les Monts Atlas.
Massif comme un minaret, barbu comme Khomeiny, il allait à grands pas comme Perrette, quérir un pot de lait ou toute autre chose qu’on négocie dans les souks du côté de Rabat et qu’ici, quel qu’en soit le prix, on achète sans dire un mot, accablé sans l’oser pouvoir dire d’une surenchère des étiquettes.

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La guerre en Europe, le président russe fermant le robinet du gaz, les Américains poussant à la guerre et Poutine à la conquête d’une Grande Russie, de Croo poussant le char de l’État, Bouchez en mouche du coche derrière, un hiver radiateur gelé, l’inflation et l’ozone produit à foison par une économie toujours délirante et des riches toujours plus riches, bref un avenir à se flinguer, comme cela était saugrenu, sur le parking de Carrefour ce mercredi après-midi !
Une seule pensée en tête, obsédante, suis-je de gauche ou de droite.
Et si je n’étais qu’un imbécile heureux né place Delcour d’une mère hutoise et d’un père principautaire maëstrichtois, rongé par la jalousie de voir « mon sol » envahi, submergé, occupé par toute une jeunesse conquérante ? Comme si ce sol n’avait jamais été qu’à moi, morcelé, vendu barricadé, par des Cockerill, des Mittal, des Rossel, des Alexandre Van Damme et encore par d’autres, bien avant que je ne naisse !
Suis-je un islamo-gauchiste compatible ou un nationaliste exacerbé par la perte de la terre de mes ancêtres ?
C’est alors qu’en dépôt de bilan, un commissaire-priseur vint à trouver un point commun entre les badauds de ce supermarché et moi. Pour nous trouver, un mercredi après-midi sur un parking de supermarché, une seule raison évidente nous ne fichions rien qui vaille ce jour-là. Seules, caissières et assortisseuses du Carrefour bossaient, farouchement, désespérément !
Est-ce qu’un constat est une idée de droite ou une idée de gauche ?

6 septembre 2022

DES MOTS D’ARISTOS.

Je me souviens de l’école primaire d’il y a belle lurette. J’y suis passé et avec moi, bien d’autres garnements de mon âge. Ce n’est pas mon propos de la mettre sur un piédestal par rapport à celle d’aujourd’hui, d’en faire une chronique toute de nostalgie à sa gloire ; mais de me ressouvenir de ceux avec qui je partageai six ans d’école.
En six ans, on a le temps de se familiariser avec les condisciples parfois de la première à la sixième, qui ont usé leur fond de culotte sur les mêmes bancs.
En classe, aux récréations et sur le chemin du retour, j’avais appris à les connaître. Oh ! bien sûr sommairement, comme un enfant entre 7 et onze ans peut le faire.
Avec le recul et un décalage d’un demi-siècle, il est possible de faire quelques comparaisons intéressantes, entre le potache d’avant-hier et celui de 2022.
La classe était grosso-modo partagée en trois niveaux : les bons, les moyens, les faibles comme l’actuelle, la seule différence était entre les proportions des trois catégories. Les bons y étaient moins de cinq, les moyens formaient le groupe le plus important, les faibles rejoignaient en nombre les bons sur une trentaine d’élèves. Aujourd’hui le groupe le plus important accueille les faibles.
Tout est là ! Que s’est-il passé ? Démission des parents, relâchement des programmes, mauvaise adaptation des personnels aux modifications à n’en plus finir des instructions des ministères ? Il y a un peu de tout ça. Mais il y a surtout un trop grand afflux d’enfants qui n’ont pas été élevé dans la langue française jusqu’à leur scolarité et qui finalement prendront un retard irrattrapable sur la période cruciale de la formation primaire, à moins de les inclure dans un programme spécial, une école « comment bien s’exprimer dans la langue du pays d’accueil. De ce point de vue la Belgique, terre d’accueil, pourrait s’appeler également terre d’écueil.
Quand on ne comprend pas ce que l’on entend, on a peine à comprendre ce qu’on lit.
Je me souviens d’un camarade qu’on avait surnommé « pogn so’t gueûye » (poing sur la gueule), tant on pouvait dire des mots les plus en usage pour mettre un sens à la phrase, qu’il ne comprenait pas, ce qui le rendait furieux, croyant qu’on se moquait, d’où son « pogn so’t gueûye » une menace qu’il mettait souvent à exécution. Comme on est cruel à cet âge-là, c’était à qui le pousserait à bout, esquivant ses coups et fuyant dans un grand éclat de rire. Heureusement que Pogn so’t gueûye n’était pas rancunier.
Avec le recul, on peut penser que ses parents s’exprimaient encore en wallon, ce qui était déjà à l’époque peu courant, bien que les gens parlassent encore occasionnellement en wallon, dans la vie de tous les jours.

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On était loin du temps où allait affluer dans nos contrées des milliers d’émigrés, locuteurs exclusifs de langues très éloignées du français.
La perte de vocabulaire ou l’absence de vocabulaire dans notre langue est un des facteurs déterminants dans la montée de la violence dans les rues et les lieux de rencontre d’abord d’une certaine jeunesse, puis d’âge mûr. Que de crimes ont été ou seront perpétrés faute de mots !
La langue est en danger dès qu’un groupe important de personnes la parlent avec les mots qu’il peut, transformant en sabir toute conversation. L’art de bien dire devient impossible et ce sur les territoires de la francophonie, dès lors qu’un nombre conséquent d’individus ne s’expriment pas de manière compréhensible dans la langue officielle. On devrait presque souhaiter une forme d’épistocratie exclusive à la langue, du personnel politique ayant barre sur l’enseignement.
Ah ! l’art de la conversation, mais avant tout, l’art de s’exprimer avec des mots justes, quand le vis-à-vis les connaît et les pratique aussi bien que vous, est un des fleurons de la culture française.
Comme on demandait au cardinal de Bernis s’il avait une préférence pour le paradis ou l’enfer, il répondit qu’il préférait le paradis pour le repos et l’enfer pour la conversation.
Quoique parfois délectable, il n’est même plus question de parler comme on le pratiquait dans les salons des siècles passés. Nous ne sommes plus en ce siècle à la recherche d’un esthétisme ou d’un hédonisme dans des conversation de salon mondain. Cet art protéiforme si subtil dans ses codes ne nous concerne plus.
Mais comme il est agréable d’en lire les comptes-rendus à travers l’histoire des salons célèbres, comme cette langue aux multiples tournures même avec affèteries et atticisme nous manque. Comme la littérature de Flaubert à Hugo, de Sand à Zola, oui même Zola, perdue pour la plupart des locuteurs est un drame dont la langue risque de ne pas se relever!
Cet art fut presque perdu à la Révolution quand les conditions sociologiques qui l'avaient fait naître fit place à l’orateur véhément. Voulez-vous mettre fin à la violence ? Rouvrez les salons sous des formes moins élitistes. Démocratisez-les en passant par l’École de la parole.
Comprendre et parler le français est la seule exigence que l’on devrait imposer à ceux qui viennent d’ailleurs, cela dans un délai à convenir. C’est une question de vie ou de mort pour la génération qui suit la nôtre.

5 septembre 2022

Ouverture de la chasse aux chômeurs !

Autant il est exclu de contrôler les personnes bénéficiant de gros revenus par actionnariats, propriétés d’entreprises ou de naissance dégageant une forte plus-value, autant le MR adore mettre sur le gril les pauvres diables au chômage, pour en extraire une dernière goutte de jus.
C’est dans son ADN.
Le clan Michel y a excellé. Il a réveillé le bourgeois dormant chez des citoyens qui sont loin de l’être et ne le seront jamais. Comme la plupart des apolitiques de ce pays, la placidité leur tient lieu de colonne vertébrale. Mais le clan Michel est surpassé en canaillerie par le nouveau maître à penser, Georges-Bouchez.
Bon client des médias, il est disert et superficiel. Il plaît à une clientèle qui n’aime pas « se prendre la tête ». Pape régional montois de l’orthodoxie néolibérale, sa notoriété est remontée jusqu’à Bruxelles et a plu aux patrons. Passé du régional au national, il est l’invité régulier des chaînes télés.
Fabrice Grosfilley, bonimenteur à RTL, remplit son agenda de ce président « incel », exemple parfait du « self made man ». Une réussite à l’américaine comme on les aime avenus Louise.
GL Bouchez dans un de ses derniers monologues « pour sauver le pays » a plaidé pour un durcissement du droit au chômage. En clair, il veut limiter les allocations, après deux ans de vaines démarches à la recherche d’un emploi.
« Des milliers d’emplois non pourvus sont à la disposition des chômeurs. Il y a dans ce pays des chômeurs qui ne veulent pas travailler. Notre devoir est de les sanctionner jusqu’à ce qu’ils comprennent où est leur intérêt », explique-t-il à Grosfilley en extase devant tant de clairvoyance.
Monsieur Bouchez n’en est pas encore au camp de travail forcé, mais l’idée est dans l’air. Les chômeurs en camp de travail seraient habillés pareils, comptés dès cinq heures du matin dans la cour des baraques, avant la gamelle de soupe. Ils iraient au travail au son d’une musique entraînante, sous l’œil amusé des surveillants. Parfois, un patron viendrait interrompre la monotonie des heures pour choisir quelques spécimens qu’il adjoindrait à son entreprise pour de nouvelles expériences.
On ne va pas revenir sur la notion d’emplois en pénurie. Les uns, de haute qualification, sans qu’aucune école belge ait la possibilité d’en donner les rudiments ; les autres, d’effroyables pièges à cons que des esclavagistes libéraux exhibent comme un Saint-Sacrement ; le tout, enfin, contestable dans les chiffres.

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Le toton montois des dames des vestiaires libéraux, tourne sur lui-même pour qu’on l’admire. Le public en redemande. C’est le pare-feu parfait. On ne voit que lui . Derrière, une société en ruine se consume. L’incendie attaque la planète entière. En Belgique, des jeunes sont pris au piège dans les flammes de l’inflation. Ils sont sous la menace du camp !...
La hausse des prix a entraîné un relèvement rapide des taux d’intérêt pour des prêts immobiliers, ce qui réduit mécaniquement le nombre de jeunes ménages « capables » d’emprunter. Grosfilley comprend que le président Bouchez ne veuille pas en parler.
Le seul, le grand, l’immense problème pour GL Bouchez, celui qui empêche l’épanouissement de la société libérale, c’est le chômeur !
Il n’en démordra pas, lui, le parasite parfait dont nous payons sa prélature présidentielle avenue de la Toison d’Or, à coup de mensualités pour un poste de sénateur-coopté dont il n’a que faire. Ah ! que le public révolté ne puisse l’exclure de son faux job de sénateur-coopté, comme c’est frustrant !
Selon GL Bouchez, il y aurait actuellement 125 métiers en pénurie en Wallonie, mais plus de 200.000 chômeurs ! Il conviendrait, donc de pousser ces chômeurs à accepter ces emplois, ou à s'y former. Avec des sanctions à la clé en cas de refus.
"Un chômeur de longue durée (plus de deux ans) qui refuserait deux formations et/ou deux emplois dans un métier en pénurie, doit pouvoir être directement sanctionné", estime-t-il en feldwebel de la société capitaliste. Pour le leader des bleus, les personnes concernées devraient accepter d'exercer un métier en pénurie, et ce, quelles que soient leurs formations de départ.
"Oui, il va falloir se faire un peu violence dans certains cas. L'Etat ne peut plus venir en aide si vous ne lui venez pas en aide", finit ce chômeur de luxe.
Grosfilley est heureux. RTL est aux anges et l’interview en bobines, pourra repasser vingt fois !
Pour quelques esprits libres, la vision du libéral est dénuée de sens. Les traités d’économie sont formels là-dessus. Une société libérale pour qu’elle fonctionne à besoin de classes sociales en compétitions, sauf pour la dernière, celle du fond du panier, qui sert d’enfer à montrer du doigt. Les patrons appellent ça un volant de sécurité. On ouvre et on ferme à volonté la trappe pour y fourrer qui on veut ou en extraire quelques poignées d’hommes-machines, afin de maintenir les salaires à des taux aussi bas que possibles.
Comment ouvrir des écoles sur des techniques toujours en laboratoire et avoir une main-d’œuvre aussitôt adaptée ? Cela relève de la science-fiction.
L’histoire des malheureux prêts à tout, torche-merde parfaits de la gentry élégante, esclaves d’arrière-salle de restaurant et manœuvres super légers pour des charges super lourdes, c’est l’autre volet de la manière de réduire à l’esclavage des existences sacrifiées, sur l’autel des profits.

3 septembre 2022

Seule la grenouille y croâ !

Ce qui saute aux yeux dès qu’on parle de la laïcité en Belgique, c’est l’extrême religiosité des chefs d’État qui se sont succédé sur le trône. Il me semble, en toute objectivité que les te deum, les cérémonies religieuses de toutes sortes devraient être d’ordre personnel. On se souvient encore du roi Beaudouin, cagot par excellence, marié à une dévote comme on ne fait plus. Certains ont encore en mémoire son refus de parapher la loi sur l’avortement et le simulacre d’une mise en indisponibilité de régner qui fut une véritable mascarade.
Depuis, les suivants n’ont pas démenti une foi depuis toujours publique de la monarchie. On aurait pu supposer qu’Albert eût eu une attitude plus discrète à son appartenance à un culte quasiment national. Il n’en a rien été, même si l’évolution des mœurs rend son église petit à petit obsolète.
Les épouses des trois derniers rois sont allées s’agenouiller devant le pape, le voile sur la tête, vu d’un mauvais œil mais pour d’autres motifs sur le chef des femmes musulmanes.
La dynastie a toujours servi la Belgique ainsi. L’État, dirigé par des personnels politiques de droite, a fonctionné pareillement, sous la tutelle discrète du clergé. Il a emboîté le pas du souverain en place. On ne compte plus les premiers ministres qui se sont fait un devoir d’être les propagandistes de la religion emblématique de la dynastie.
Pourtant, la Constitution est résolument séparatrice. Elle continue à faire les yeux doux aux cultes, en les finançant; en admettant qu’ils interviennent dans l’enseignement public, par les cours de religion; en perpétuant leurs privilèges archaïques dans l’espace public, exactement comme en 1900 à l’apogée « du sabre et du goupillon ».
Pour rappel, en Belgique, les cultes reconnus ont accès à un financement public important. Ils sont six à coûter chaque année une pincée de millions d’euros aux citoyens, même athées
: catholicisme, protestantisme, anglicanisme, judaïsme, orthodoxie et islam. Depuis 1993, ce financement est accessible aux organisations philosophiques non confessionnelles, aujourd’hui la laïcité organisée, et demain, le bouddhisme.
L’article 19 de la Constitution consacre la liberté des cultes. La prise en charge par l’État des traitements et des pensions des ministres du culte fait partie de l’article 181 de la Constitution.
Tous les États de l’UE n’ont pas notre générosité. Je me suis laissé dire, mais sans confirmation, que
certains Lands pratiquent une contribution volontaire du citoyen pour le culte de son choix. Ce qui paraît être bien plus juste qu’une contribution générale des citoyens chez lesquels on demande, pour certains, de financer et d’entretenir des propagateurs de sornettes.

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On pourrait penser a contrario que ce financement pouvait passer pour une manière de contrôler le pouvoir des églises. L’article 268 du Code pénal selon lequel « seront punis d’un emprisonnement de huit jours à trois mois et d’une amende de vingt-six [euros] à cinq cents [euros], les ministres d’un culte qui, dans l’exercice de leur ministère, par des discours prononcés en assemblée publique, auront directement attaqué le gouvernement, une loi, un arrêté royal ou tout autre acte de l’autorité publique ». Si les curés de ce point de vue se sont calmés, par contre les Imans semblent avoir pris le relais dans la débine et la déconsidération du pays où ils exercent leur culte, à savoir la Belgique : misogynes comme il n’est plus permis, racistes, défaitistes considérant foutu le pays qui les accueille, on pourrait facilement en mettre une bonne part sur la touche pendant un certain temps. C’est probablement la même veine que la couardise qui empêcha jadis certains magistrats d’envoyer des prêtres catholiques méditer quelques jours en tôle, qui prévaut actuellement chez les procureurs d’aujourd’hui par crainte de la branche guerrière de l’Islam !
Autre flèche à l’Arc d’Artémis, un décret révolutionnaire, toujours d’application aujourd’hui, interdit aux ministres du culte de traiter, en chaire, d’autres questions que celles liées au culte.
A partir du socle protecteur de la bienveillance et du financement, les revendication fondées sur la liberté s’épanouissent au détriment de la laïcité. Sans immixtion de l’autorité publique, l’église peut intervenir dans les domaines scolaires et caritatifs. Nul doute que la concurrence islamique n’attend que l’occasion pour s’engouffrer dans la brèche et prendre les places laissées vacantes par les cathos.
Le système est à ce point mal fichu qu’il n’existe pas de loi qui organise la reconnaissance des cultes en tant que telle. Celle-ci se déduit de la législation relative au temporel des cultes. C’est incidemment en modifiant la législation relative aux fabriques d’églises et aux autres lieux de culte que le législateur a reconnu implicitement l’existence de certains cultes. Si un farfelu obtenait d’un gros paquet d’adhérents de vouer un culte à un poil de barbe d’un anachorète mort d’une soupe aux champignons sur la Semois en 1912, l’État serait tenu d’entretenir ses druides et ses faunesques.
On en est là !...

2 septembre 2022

Une cause perdue !

On peut dire la même chose depuis si longtemps, qu’on pourrait dresser un compendium rassemblant connaissances et écrits haut de trois étages sur le calvaire des Palestiniens, livrés à leurs tourmenteurs israéliens.
Résolutions onusiennes, objurgations des grands États paternalistes à l’encontre de leurs fils hébreux chéris, reportages saisissants de journalistes indépendants, dénonciations des exactions de l’armée d’occupation, protestation de l’emprise progressive et jamais ralentie des colons, tout aura été dénoncé, commenté, débattu en vain dans tous les pays, y compris en Israël, sur la manière dont un État anéantit une population installée depuis des siècles sur un sol dont il veut la déposséder.
Tel-Aviv se moque de tout, fait la sourde oreille quand ça l’arrange ou hurle qu’on l’écorche et l’assassine, dès qu’un État ami fait une remarque.
Ce pays serait de mèche avec les Occidentaux qu’on ne pourrait faire mieux ! Les organes d’infos, presses et télés de l’UE filtrent volontairement ce que nous ne devrions pas lire ou voir venant d’un pays plutôt hostile à Israël ! Nous serions des sortes d’émonctoires des turpitudes d’une démocratie pour Israël et nous et dictature pour les autres.
Israël a une martingale, celle d’une diaspora qui s’entend à jouer l’insultée pour tout propos qui pourrait dans une juridiction amie, sinon complaisante, passer pour de l’antisémitisme. Cela empêche l’opinion occidentale de soutenir la cause palestinienne à fond dans ce qu’il y a de véritablement scandaleux : la poigne de fer de Tsahal sur un peuple désarmé et vaincu !
Quelques courageux en Israël dénoncent l’hypocrisie générale.
C’est le cas de Gideon Levy, journaliste israélien au journal Haaretz, qui titrait depuis Tell Aviv, en juillet 2022, après la visite de Jo Biden au Proche-Orient, « Biden signe le certificat de décès des
Palestiniens ».
Le Président américain était revenu sur la solution à deux États. « Pas à court terme », s’était-il empressé d’ajouter, autrement dit « jamais » semblait vouloir dire par son air satisfait son homologue israélien à ses côtés !
Et même si cette dernière hypothèse était envisagée, elle le serait par qui ? Par les Israéliens pardi qui se trouveraient immédiatement contredits par les colons implantés sur les territoires occupés, au mépris des conventions internationales et même parfois des interdictions d’Israël.
700.000 aujourd’hui, bientôt un million, comment recaser une pareille population à l’intérieur des frontières de leur pays. C’est impossible !

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Le courageux Gideon Levy pense que c’est une page qui se tourne, celle où les Palestiniens ont joué la carte de la modération et de l’Occident. « Désormais, avec les nouvelles lois contre le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), et les définitions déformées de l’antisionisme qui tendent à l’assimiler à l’antisémitisme, les États-Unis et l’Europe sont perdus pour les Palestiniens, dont le sort risque de ressembler à celui des peuples indigènes des États-Unis ».
Israël poussera-t-il à une autre solution, celle de promouvoir d’autres Gaza, prison à ciel ouvert hyper gardée de toute part, y compris de la mer ? Les Palestiniens s’entasseraient dans des sortes de réserves comme les Peaux Rouges d’Amérique ! Il ne leur resterait plus qu’à vivre du tourisme et à monter des scénettes pour l’amusement de quelques riches vacanciers venus se divertir depuis des paquebots de luxe, amarrés non loin de la côte sous la protection, évidemment de la marine israélienne.
Depuis la guerre israélo-arabe de juin 1967, la situation politique, diplomatique et sociale n’a été aussi désespérée pour ces pauvres gens. Les Palestiniens avaient déjà connu une traversée du désert après la création d’Israël en 1948, la liquidation de leurs directions politiques, l’expulsion de plusieurs centaines de milliers d’entre eux dispersés à travers les camps de réfugiés. Mais en 1967-1969, les organisations de fedayins avaient créé la surprise et occupé le vide laissé par la défaite des pays arabes ; une nouvelle génération prenait les armes et proclamait que la libération serait l’œuvre des Palestiniens eux-mêmes. La renaissance de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avait signé le retour politique d’un peuple qu’Israël s’était promis d’effacer et avait permis à la Palestine de ne pas finir dans la honte et la résignation.
Ce passé semble déjà bien lointain. Les Palestiniens paraissent être abandonnés par les pays Arabes à l’exception d’une forte concentration de réfugiés arabes mais surtout palestiniens au Liban.
Ce qui fait craindre qu’une intervention militaire d’Israël dans ce pays n’est pas à exclure.
Les Occidentaux ont l’habitude des coups tordus venant de Tell Aviv. C’est à croire que l’invasion des Russes en Ukraine est le seul événement qui vaille et qu’une pareille incursion d’Israël au Liban ne vaudrait même pas cinq ligne de faits divers.