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31 mars 2005

Cette année, le premier mai tombe le premier avril !


premier mai

Alors que la conjoncture est au plus haut dans les prix et la demande en acier, notamment à cause de la montée en puissance et en consommation de la Chine, la fermeture du haut-fourneau 6 d’Arcelor a été avancée à la mi-avril pour, selon la direction, des raisons conjoncturelles !
Les partis wallons et les syndicats qui ont négocié les fermetures des hauts-fourneaux ont pratiquement bradé les travailleurs, alors que déjà, les négociateurs lors du transfert d’USINOR, avaient mesuré la versatilité d’ARCELOR qui les avait amadoués en ratifiant un programme d’investissement et d’amélioration des lignes à chaud qui n’a jamais été qu’un chiffon de papier. Quelques mois plus tard, non seulement ce qui avait été promis n’était pas tenu, mais ARCELOR décidait d’investir ailleurs et notamment au Brésil et signifiait son désengagement du site. Ce mépris des conventions n’est pas neuf et la « surprise » du ministre wallon est plus qu’étonnante : elle est proprement indécente !
Comme à la SABENA, les politiques ont été bernés par des industriels sans scrupule qui suivait un plan d’action tenu secret, dont le ressort aujourd’hui connu est la destruction sur leurs arrières européens des entreprises de la transformation de l’acier par des rachats, afin d’assurer dans des régions à bas salaires un nouveau monopole de la production d’acier. Le comble, ne profitant pas de la leçon, les négociateurs wallons et les syndicalistes tombaient d’accord sur un plan de fermeture chaudement approuvé par les futurs prépensionnés de l’entreprise, qui se fichaient alors des licenciements prévisibles des travailleurs des entreprises sous-traitantes et des petits ateliers spécialisés.
Dans ce sauve qui peut général, une fois de plus, le dégoûtant empirisme de la région wallonne a joué son rôle de soutien inconditionnel de l’économie libérale. Avec Gandois, ils étaient les patrons et ils n’ont pas eu les c… de reprendre leurs billes aux premières entourloupes de ces industriels marrons.
A présent, on craint le pire pour les autres investissements, s’ils sont du même tonneau que les précédents… La FGTB se fend d’un communiqué « vengeur » quand il est trop tard, bien entendu, et que les jeux sont faits.
Dans ce communiqué, la FGTB parle du « sens moral » qui fait défaut chez ARCELOR. Voilà qui aura dû faire bien rire les intéressés, et qui démontre – s’il en était besoin – la naïveté coupable du syndicat et des élus du bassin.
Et quand il est trop tard, que la grève plairait plutôt à ARCELOR, les mêmes naïfs sortent les mots que l’on dit dans ces cas-là et qui n’émeuvent plus personne : "Dans les jours, mois et années qui viennent, elle ne pourra que continuer à considérer que le seul langage à avoir est celui de la force puisqu’il est impossible de discuter avec des girouettes".
Le rideau est presque tombé sur une aventure métallurgiste vieille de 175 ans. Le paysage est saccagé, les bords de Meuse méconnaissables, les bois de Seraing sont devenus des dépotoirs, des monceaux de déchets mettront des centaines d’années à diluer leur saloperie à chaque pluie. Des ouvriers, nul ne s’est enrichi. Le chômage n’a jamais été aussi élevé et les perspectives de reconversion aussi nulles.
Les fameuses entreprises de haute technologie qu’allait développer l’Université de Liège sont inexistantes et ARCELOR s’enfuit avec la caisse sans réinvestir dans la région.
On peut le dire : on est gâtés !...
Le tout sous couvert de légalité et de respect des conventions européennes !
Qu’on ne se plaigne pas en l’Haut-lieu si l’Europe va encore en prendre un coup au passage. Heureusement que le sphinx de Mons avait prévu la grogne et bloquer la démocratie là où elle aurait risqué de se retourner contre lui : au référendum sur le projet de la Constitution européenne.
On se demande ce qu’ils vont bien dire au premier mai, pour enthousiasmer les « foules » en délire ?
Une seule solution, qu’ARCELOR demande à ceux qui ne savent rien lui refuser de fêter le premier mai, le premier avril ! Il mettrait les quelques rieurs qui restent de son côté. Comme poisson, ce serait un fameux.

30 mars 2005

Métamorphose


Métamorphose

-Mademoiselle Farida Fayçal ? Je suis envoyé du journal « Le musulman Chrétien », le journal de la foi universelle. Vous soulevez un problème délicat à la Communauté musulmane…
-Oui. Surtout à l’imam du quartier.
-Expliquez nous.
- Je suis très croyante et avant je me rendais régulièrement à la mosquée.
-Attendez, une femme à la mosquée, je croyais qu’à la prière on n’acceptait que des hommes ?
-Avant, je m’appelais Ali Fayçal. Depuis l’enfance j’étais mal dans ma peau. Lors d’un voyage à Haïti, j’ai pris un verre au piano-bar de Papeete où j’ai fait la connaissance d’un rae rae.
-Qu’est-ce qu’un rae rae ?
-On les appelle les hommes douceurs, là-bas.
-Des transsexuels ?
-Pas tous. Bref, je me suis ouverte à ma vraie nature. J’étais une femme dans un corps d’homme.
-En quoi est-ce que cela a changé votre vie ?
-J’ai décidé d’assumer ma vraie nature et j’ai pris le prénom de ma grand’mère en hommage. Aujourd’hui, je m’appelle Farida.
-En effet, vous ne pouviez pas habillée en femme – moi-même j’ai été trompé sur votre sexe - exercer votre dur métier de docker au port d’Anvers sous le nom d’Ali. Vous êtes une très belle femme, chère Farida, soit dit en passant…. avec des seins superbes… Mais je ne vois pas le problème ?
-Il est justement dans ma piété et l’exigence de ma foi. En effet, j’ai demandé à l’imam l’autorisation de porter le voile islamique. Et il me l’a refusé ! Si bien que montrer mes cheveux aux regards concupiscents des hommes est pour moi un véritable calvaire !...
-Pourquoi ne pas passer outre et le porter quand même ?
-Je le pourrais facilement. Personne dans la rue ne douterait que je sois une bonne musulmane, mais mon employeur Frits Bodferdik exige que je lui montre la permission de l’imam à ce qu’un croyant musulman désigné comme « mâle » porte un voile. Et l’imam de mon quartier ne veut pas en démordre, pour lui je ne suis pas une femme.
- Voilà un cas bien douloureux. Pourquoi ne demandez-vous pas un recours au Conseil islamique ?
-C’est plus compliqué que cela.
-Encore plus compliqué !
-Figurez-vous qu’à Papeete, je suis tombée amoureuse d’un touriste belge. C’est un bon musulman, comme moi, et nous avons tout de suite sympathisé. Il m’a raconté son odyssée et tout de suite je me suis retrouvée en lui, dans un portrait à l’envers, en quelque sorte…
-Quoi !... laissez-moi deviner, votre amoureux, était une femme !
-Tout à fait. Et comble de coïncidence, il fréquente la même mosquée. Sauf qu’il n’a rien dit à l’imam qui l’a cru bon musulman. Aujourd’hui nous voudrions bien nous marier…
-Mais vous le pouvez, vu que lui c’est une femme et que vous, vous êtes homme !
-Oui, mais nous marier sous l’aspect que nous avons aujourd’hui. Et cela ne serait possible que si nous nous faisions opérer en même temps.
-Oui. Que le chirurgien greffe vos attributs sur lui et vous que vous receviez le sexe d’elle…
-Non. Qu’elle reçoive mon sexe et moi son sexe…
-Oui, c’est ce que je dis.
- Le tout c’est de savoir s’il y a une sourate adaptée à cette modification.
-Vous savez, on fait dire tellement de choses au Coran qu’une sourate de plus ou de moins…
-Je tirerai mon argumentation de l’exemple de la religion catholique.
-Ah ?
-Oui. Depuis que les prêtres catholiques s’habillent comme tout le monde, vous ne trouvez pas bizarre que seul leur chef, Jean-Paul II s’habille toujours en femme ?
-Tiens, je n’avais pas remarqué.

29 mars 2005

On nous taille un sacré costard !

Le non au référendum du 29 mai sur la Constitution européenne l’emporterait en France avec 55 pc des voix contre 45 pc au oui, selon un sondage IPSOS-Europe1-le Figaro rendu public dimanche.
Et en Belgique ?
Il n’est pas sûr que si un débat avait lieu, le oui l’emporterait.
Mais voilà, drôle de démocratie que la nôtre où il semblerait que des obstacles insurmontables empêchent une consultation populaire sur ce que sera l’Europe.
Et on voudrait que les gens s’y intéressent ? Ainsi, nous mandatons nos parlementaires pour approuver une Constitution dont nous n’avons même pas pu prendre connaissance ! Un blanc-seing a des gens dont je doute qu’il serve mes intérêts, voilà bien une étrange situation.
Alors que la vraie raison est le peu de confiance que l’Haut-lieu, partisan du oui, a dans « la sagesse » des Belges qui selon toute vraisemblance, pourraient voter non.
Que les Belges ne puissent pas donner leur avis sur un sujet aussi important montre bien que notre démocratie est « confisquée » par ceux qui entendent mener jusqu’au bout une politique atlantiste de collaboration avec un libéralisme de plus en plus dur, de plus en plus axé sur le modèle américain.

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La dernière maladresse des autorités européennes c’est d’avoir mis en chantier, avant la ratification de la nouvelle constitution européenne, le dernier ours de heer Frits Bolkestein. Que nous dit ce Hollandais atlantiste ? Que dorénavant à la libre circulation des marchandises va se superposer la libre circulation des travailleurs parmi les 25. Cela pourrait sembler une bonne chose, cette liberté de mouvement, sauf qu’elle va permettre la pénétration de façon directe et indirecte des chantiers et des entreprises des pays à hauts salaires, par des catégories de travailleurs aux pays à bas salaires.
Le nivellement vers le bas si chers aux industriels qui « décentralisent » déjà vers les pays à bas salaires, n’est pas une bonne chose pour les habitants de ce côté de l’Europe.
Il avait été préconisé de rechercher un équilibre entre les salaires de l’Est et les salaires de l’Ouest, ainsi que des couvertures sociales, avant de laisser œuvrer l’ami Frits.
Mais, il paraît qu’on ne peut plus attendre.
Les partis socialistes français et belges ont pris position à la fois pour l’Europe et contre la circulaire Bolkestein. La difficulté, c’est d’expliquer cela à l’électeur de gauche.
Chirac embarque la France dans un referendum pour dans six semaines. Di Rupo est farouchement contre. En effet, de son strict point de vue, expliquer qu’il ne faut pas amalgamer la Constitution et la circulaire Bolkestein est un exercice difficile. D’autant qu’on peut très bien penser que si déjà on veut mettre à mal le niveau de vie des uns en leur opposant le niveau de vie des autres, c’est plutôt le signe que l’Europe est décidément bien à droite et que la Constitution qu’on lui prépare va se tailler un beau costard sur notre dos.
Dans ces conditions, ne serait-ce pas préférable que ce soit l’électeur qui se détermine, plutôt que le petit-fils de Rose ?
A travers cette politique de droite menée par la gauche, il y a la présence d’un homme double : Elio Di Rupo, Belgicain farouche et royaliste avant d’être socialiste et réformateur.
Mais, on n’a pas tout dit sur la question de l’Europe.
Une Constitution libérale et qui ne laisse guère de la place à une société autre que celle qui nous conduit dans la logique de la mondialisation de l’économie, une circulaire Bolkestein qui va flinguer nos salaires, la suite est logique : diminution des indemnités des sinistrés du travail pour en arriver à rassembler les chômeurs, les indigents, les laissés pour compte, les pensionnés et les handicapés dans une sorte de ministère de « l’action sociale » dont le but est de raboter nos droits pour les mettre en « corrélation » avec le système américain « Welfare ».
Aux States, les récipiendaires de cette assistance sont soumis à des conditions draconiennes de revenus, statut matrimonial et résidence, et sont placés sous une tutelle pointilleuse qui les met pratiquement en-dehors de la société, faisant d’eux des citoyens de deuxième catégorie, au motif que le secours octroyé l’est sans « volonté de se réinsérer » de leur part et donc qu’ils menacent « l’éthique du travail ». Les dernières sanctions de Vandenbroeck en matière de chômage ne sont rien d’autre qu’un premier pas vers le « Welfare » à l’américaine. Le fait aussi que les pensions en Belgique soient de 200 à 300 euros inférieures aux pensions françaises, est le second.

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Soufflez hautbois, résonnez musettes, la semaine commence plutôt mal. Il n’y a pas que le pape qu’on voit de dos. Ainsi, en cas de malheur, on ne saura plus si c’est Didier ou Elio. Et vive l’Europe, nom de dieu !...
Aujourd’hui l’électeur déboussolé sent son peu de poids dans une démocratie qui n’en a plus que l’apparence, alors que la menace d’une OPA des ogres de l’économie mondiale sur l’avenir se précise.
A quand une vraie gauche et un vrai parti socialiste ?

28 mars 2005

Trois petits points et puis s’en vont.

-Comment dois-je vous appeler, Monsieur l’exorciseur ? Eminence ? Professeur ?
-Appelez-moi mon père.
-Bien Monseigneur.
-J’ai été appelé de la Loge … pour exorciser la direction d’un parti important de Wallonie dirigé par un grand monsieur : Monsieur Pourdi…
-A la Loge du Progrès Progressiste Productiviste… on exorcise ?
-Voyons Monsieur Léonce, nous avons des règles strictes, vous le savez bien… jamais prononcer le mot !
-Ah ! oui, le mystère… appelons-la, le pépépé.
-Si vous voulez. Je disais donc que Monsieur Pourdi…Renato…
-Non Elio. Pourdi est un pseudonyme.
-Enfin, Monsieur Léonce, je vous demande un peu de tenue.
-Appelons Renato Pourdi, monsieur Didi. Ça vous va ?
-Je reprends depuis le début. Mais ce que nous venons de dire sera coupé au montage ?
-Faites-moi confiance.
-J’ai été appelé du pépépé par Monsieur Didi pour exorciser à la direction d’un grand parti qui compte beaucoup d’adhérents à notre Loge, deux personnes possédées.
- Un diable chez les didistes !... Vous êtes exorciseur catholique, mon révérend ?
-Mon Père !
-Mon révérend… mon père !...
-Non. Mais notre Loge… m’a…
-Oui, la Loge du Pro…
- Voilà, le pépépé a créé un poste d’exorciseur laïc pour les cas où certains de nos frères auraient contracté une nouvelle danse de Saint-Guy du démon qui consiste à polluer les boîtes à lettres…
-Quelles lettres ?
- …des lettres aux magistrats, compliquée par des menaces à des policiers…
-Du même démon ?
-Non. De deux démons différents… un, mettons à Dolembreux…
-…crise dite du Rondia….
-Vous êtes insupportable Léonce. Rappelez-moi votre grade ?
-Frère portier du trente troisième dessous.
-Quand vous aurez le petit tablier, la jupette et le sabre gothique vous pourrez parler.
-Bien excellence.
-Qu’est-ce que je disais ?
-Vous disiez qu’Anne-Marie avait contracté la maladie, mais sans les complications.
-Qui vous parle d’Anne-Marie ?
-C’est vous qui…
-Moi ? Je vous parle de deux malades, l’un de…
-Huy.
-…Dolembreux et l’autre de Paliseul.
-Bruxelles. Ah ! c’est le conseiller communal !...
-Donc notre frère … Didi m’a demandé de les exorciser afin de chasser le diable que le bureau semble avoir vu rôder boulevard de ....
- L’empire des sens… Pourquoi, ce sont des pratiques condamnables à ce point dans le grand parti que nous ne nommerons pas ?
-Pas en elles-mêmes, mon fils. Vous pensez bien que les partis traditionnels ont justement cette tradition-là bien ancrée en eux.
-Alors où est le problème ?
-Il ne faut pas se laisser surprendre par l’opposition, mon petit et surtout ne pas avoir après une attitude coupable. Le président … Roupi…
-Roupa ?
-…Didi est formel. Il est interdit de se faire prendre sur des fautes aussi facilement évitables.
-Que faut-il faire quand on est pris ?
-C’est l’exorciseur qui parle ici, il y a un principe, il est sacré, il est saint ; il est … secret : Il tient en trois mots : N’avouez jamais !
-Alors qu’allez-vous faire, monseigneur ?
-Je vais extirper Satan de leurs âmes noircies, et changer quelque peu leurs visages, afin de les rendre différents. Si bien qu’ils redeviendront rosés, la couleur préférée de …
-Chose.
-Vous voyez quand vous voulez !

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-Ils seront de nouveau opérationnels, rénovés, rétablis ?
-La fin de l’exorcisme est une incantation laïque dite de l’amnistie.
-Tant mieux, car Didi aura besoin de tout le monde pour faire avaler la pilule aux hors … de notre confrérie…, pour … le projet de Constitution européenne.

27 mars 2005

C’est le printemps…

-A force de voir du mal partout, tu ne t’es même pas aperçu que le printemps était revenu !
- C’est vrai. Mon nez bourgeonne !
-Voilà, c’est bien ce que je disais tu vois toujours le mauvais côté des choses.
-Tu parles comme Léon.
-Regarde la belle carrière que tu aurais pu faire dans la politique, si tu avais été un peu plus coulant et respectueux !
-Léon dit la même chose. J’aurais pu me fourrer au PS.
-Tu n’aurais pas longtemps rangé les chaises. Tu t’inscrivais à une Loge et tu suivais le Grand Maître… avec les études que tu as faites… avocat, le bon profil… C’est parfait.
-J’aurais pu me fourrer au MR aussi...
-Tu n’aurais pas longtemps collé des affiches. Tu t’inscrivais à une Loge et…
-Tu l’as déjà dit.
- Mais enfin, tu sais bien que j’ai raison. Au lieu de quoi…
-Au lieu de quoi, quoi ? J’ai mon franc parlé. Je dis ce que je pense. J’ai du plaisir autrement que m’afficher partout, courir les réunions et risquer la cirrhose…
-Et moi ? Que fais-tu de moi ? Ce que tu me fais perdre en relation, en plaisir de recevoir, de partir en vacances, de changer l’appartement avec un architecte-chou, d’exister enfin ?
-Nous y voilà. Mais, ce n’est pas ce que tu penses, le métier d’homme public. Il faut du désintéressement, de l’altruisme de la persévérance et l’amour des petites gens, des humbles… Ils doivent ristourner une part de leur salaire au parti, ils ont des frais, des obligations…
-Tu parles sérieusement ?
-On ne peut plus.
-Tu passes ton temps à écrire le contraire.
-C’est que moi, je me trouverais du côté des honnêtes, des bosseurs, de ceux qui y croient.
-Vraiment ? Il y en a encore ?
-Je t’assure.
-Tu ne toucherais de commission nulle part ? Les cadeaux « pour madame » tu ne m’en rapporterais jamais ?
-Cela s’appelle des pots-de-vin. Je ne suis pas un ripou…
-Mais tu es un monstre !...
-Qu’est-ce que tu racontes ?
-Tu serais habillé comme aujourd’hui, tu aurais toujours ta voiture vieille de dix ans et tu remettrais les chaises en place avec les paumés du parti après les discours et les ovations ?
-Mais oui…
-Mais, il n’y en a plus des types comme ça… Regarde autour de toi. T’as vu leurs bagnoles, où ils habitent, où ils partent en vacances et tout ça en remettant une part de leur salaire au parti ! T’es con, ou quoi ?
-J’hallucine, là ? Tu me parles du printemps, des petits oiseaux, des fleurs, tu me dis que je vois tout en noir et que je ferais mieux de faire comme tout le monde, puis c’est toi qui m’explique comment ces gens-là vivent en vantant la vie qu’ils ont !... et tu me reproches de ne pas en faire autant et de ne pas m’en mettre plein les poches!... Mais, c’est exactement ce que je dénonce tous les jours !
-Voilà bien ton mauvais esprit. Nous devons de l’argent partout. On vient de recevoir une feuille d’impôt que je me demande avec quoi on va payer. Ta voiture est une épave. Je finis l’argent que j’ai hérité de la quincaillerie de mes parents. Je t’explique comment faire pour t’en sortir et tu me le reproches !
-Il y a des millions de gens qui vivent cent fois plus mal que nous et qui ne se plaignent jamais. Ce sont eux qui sont intéressants. Les anciens pauvres qui ont réussi ne m’intéressent pas. Aller crier partout « honneur et démocratie » afin de profiter de l’argent de la collectivité me dégoûte… dire aux autres qu’il faut faire ceinture alors que je déplace l’ardillon de la mienne de deux crans chaque année, non merci…
-Tu vas nous faire la tirade de Cyrano, ma parole !... Tu m’énerves tellement que je vais finir par dire ce que je t’avais promis de ne plus dire à notre dernière querelle !...
- Quoi donc ?... Dis le…
-Tu es un raté, Gustave, un envieux et un raté…

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-Ça manquait. Voilà, tu as réussi. Est-ce que moi je te rappelle que tu as été, il n’y a pas longtemps « la pouffe du patapouf » ?
-Tu avais juré que tu ne me parlerais plus de lui !
-Chacun son immoralité, merde ! Je suis un con qui aime le peuple. Toi, tu es une conne qui s’est faite avoir par un vieux dégueulasse !
-Puisque tu le prends ainsi, je vais le rejoindre !
-Ah ! parce que ce n’est pas fini ! On en apprend tous les jours…
-Tu vois chaque fois qu’on se parle où ça nous mène ?
-C’est ça, ne nous parlons plus.
-Et dire que je te parlais du printemps !...

26 mars 2005

Attention, un Bolkestein peut en cacher un autre !

A force d’être obscur, de nous prendre pour des moins que rien, de se plier en quatre pour que triomphe l’économie au détriment d’un social malmené, bref, à force de prôner une politique dont on voit les dégâts à tous les niveaux, nos parlementaires européens vont se retrouver avec une Europe dont personne ne veut, une population des pays de l’Union découragée et qui ne croit plus à l’avenir version biseness US, sauf quelques nouveaux adhérents de l’Est qui se demandent dans quoi ils sont tombés, avec leur conception d’une politique très atlantiste.
Même Guy Verhofstadt doute que Barroso et son équipe puissent véritablement pousser les Etats membres dans la bonne direction. Mais, s’il y a bien un parti qui risque de prendre des coups dans l’aventure, c’est bien le parti de Di Rupo, à l’instar du PS français emberlificoté dans une stratégie avec la droite pour l’adoption du projet de Constitution ; sauf qu’ici, circonstance aggravante, en ne demandant pas l’avis des Belges, on pense éviter l’écueil, alors qu’on va droit vers une crise.
Certes, Di Rupo n’a pas son Fabius comme son collègue François Hollande, encore que Joëlle Milquet avec son CDh bien qu’elle soit pour le traité aussi, pourrait bénéficier de la masse des déçus du conducator montois.
La circulaire Bolkestein n’est pas là pour arranger les affaires, même si elle n’a rien à voir avec la Constitution, comme la demande d’adhésion de la Turquie et quoique on ait claironné partout que Chirac avait arrangé la chose, sinon qu’il lui a été concédé d’attendre après son referendum pour reparler de l’ami Frits.

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Trop, c’est trop, l’ensemble ne se digère pas, d’autant que les explications des défenseurs des projets à savoir presque l’ensemble de la classe politique belge n’a rien vu de ce qui se prépare. C’est bien la première fois que l’Haut-lieu est en contradiction visible avec les citoyens. Par le passé, il l’a été souvent, mais cela se cachait derrière des mots et des attitudes hypocrites, si bien que les opposants se voyaient isolés ou fortement minoritaires.
En France, on a dit que la politique de Raffarin était aussi amalgamée à l’Europe du fiasco que l’on sent poindre dans l’agitation sociale actuelle. Mais, qu’on ne se fasse pas trop d’illusions, chez nous on sent le public dans la même disposition d’esprit. C’est ça le mystère des mouvements d’opinion. On croit maîtriser le genre. On pense généralement que le citoyen se fout de l’Europe et n’y comprend plus rien. Même si cela est en partie la vérité, le peuple est ainsi fait qu’il accumule souffrance et résignation, jusqu’au moment où le poids de la société devient insupportable et malgré les autopompes et les systèmes policiers en place, quoique les bonimenteurs fassent, il se met en colère, ne discerne plus l’objet de sa querelle, pour s’effrayer ensuite de sa propre agressivité et remettre en selle les guignols que la veille encore il ne voulait plus.
En attendant que l’opinion de la rue s’en prenne à quelques vitrines et quelques lieux publics, le gouvernement vivote avec le sentiment que l’économie version libéralo-américaine est bel et bien en train de gagner toute l’Europe et qu’il n’est plus possible de faire machine arrière.
M. Verhofstadt devrait présenter à ses homologues des idées personnelles sur la stratégie. Le thatchérisme n’est pas mort chez cet homme du passé, puisqu’il veut créer un "code de convergence" avec des normes minimales et maximales, et modifier le rapport fiscalité directe/indirecte. Une vieille idée qui conforterait les riches en transférant une partie des prélèvements des salaires et les revenus sur la tva.
Si cette nouvelle folie du libéral voyait le jour, on assisterait à une nouvelle flambée de l’inflation et à un appauvrissement plus accentué encore des petits salaires et des allocataires sociaux.
Ce serait peut-être l’occasion des socialistes de s’opposer à cette nouvelle tentative droitière, s’ils en ont encore la volonté.
Quant au reste, les chefs de gouvernement de l’Europe réunis à Bruxelles rappelleront la nécessité pour les pays industrialisés de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 15 à 30 pc d’ici 2020, et de 60 à 80 pc d’ici 2050.
Comme il l’avait déjà annoncé il y a deux semaines, le Premier ministre déposera un amendement pour que l’on tienne compte de "la densité de population et du tissu industriel" dans l’effort de réduction de CO2 que les pays européens devront fournir dans le cadre d’un Kyoto II.
Guy Verhofstadt souhaiterait polluer un peu plus que ce qu’il avait promis de réduire. Il s’est rendu compte qu’au petit jeu de cache cache, des malins polluent toujours autant qu’avant et qu’il n’y a pas de raison qu’on soit les seuls à observer les règlements.
Il y a un Dobeliou Bush qui sommeille dans cet homme-là.

25 mars 2005

Giscard d’Estaing dit « non » à la Constitution européenne

!
Philippe Pont d’Avroy – Que pensez-vous de la controverse à propos de votre projet de Constitution européenne ?
Valéry Giscard d’Estaing – Je n’avais pas relu ce texte depuis 2003 – je rappelle qu’on m’a imposé un collaborateur étranger aux subtilités de la diplomatie et de la langue française : Jean-Luc Dehaen. Comme vous le savez, depuis que j’ai été élu à l’Académie française, j’ai repris le manuscrit. Sous la Coupole, cela fait un tout autre effet.
PPDA – Votre impression ?
VGE – Je le dis clairement, elle est négative.
PPDA – C’est-à-dire ?
VGE – Eh bien ! au référendum du 29 mai, je voterai non !
PPDA – Votre propre texte ! Vous voterez non !
VGE – Absolument.
PPDA – Pouvez-vous expliquer la raison ?
VGE – Il convient qu’à force d’écrire mon style s’est formé de manière que les choses qui nous coûtent le moins aient une teinture de celles qui le sont plus travaillées…
PPDA – Voulez-vous parler plus clairement, monsieur d’Estaing ,
VGE – Il faut une vue qui aille loin, qui conduise tout, et…
PPDA – J’insiste, comment voulez-vous que mes lecteurs se fassent une opinion ?
VGE – En un mot, autant je suis satisfait de mon roman « Le passage »…
PPDA - …éreinté par la critique…
VGE -…de gauche… que de mon texte sur la Constitution européenne – permettez une digression sur le rôle de Saint-Simon à la Régence…?
PPDA – Non. Monsieur d’Estaing. On a déjà trop de mal à suivre…
VGE - …je suis mécontent des parties écrites par Monsieur Dehaen. On y relève des lourdeurs de style, des obscurités, quelques kôlons incompréhensibles…
PPDA – Kôlons ?
VGE – Un kôlon désigne un membre de phrase isolable dans les phrases complexes, et…
PPDA – Voyons, Monsieur d’Estaing, comment voulez-vous que j’écrive pour mes lecteurs que vous n’aimez guère les textes de votre collègue Dehaen qui souffrirait de certaines douleurs aux kôlons !
VGE – D’expolition qu’il ne faut pas confondre avec polyonymie…
PPDA – Après le kôlon, la polyo… Allons, ne parlons plus du style flamand de Jean-Luc Dehaen, ni de votre texte égal à Saint-Simon.
VGE – Un exemple : dès la préface, nous n’étions pas d’accord, Jean-Luc et moi. Au membre de phrase « rapprocher les citoyens du projet européen » Jean-luc tenait absolument à l’ajout « une fois » ! Impossible de lui faire comprendre que ce tour bruxellois ne serait pas compris des scandinaves…
PPDA - Sur le fond, tout de même, votre projet de Constitution est un grand texte. Vous êtes au moins de mon avis ?
VGE – Je l’ai cru, jusqu’à ce que les socialistes et François Hollande le plébiscitent. Je me suis demandé, mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien trouver dans ce que je propose ? J’ai cherché. Il n’y a rien de social dans ce texte libéral, verrouillé contre tout changement par l’exigence d’une unanimité des pays membres pour le modifier.

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PPDA – Et pourquoi voterez-vous « non » au référendum de mai ?
VGE – Posez-vous la question de savoir pourquoi les socialistes sont friands de ce texte ?
PPDA – Parce qu’il est nul ?
VGE – Au contraire. Ils sont pour de crainte que si cette Constitution ne passait pas, une Constitution moins libérale et donc plus sociale pourrait voir le jour. Voilà ce qu’ils redoutent.
PPDA – Je ne comprends pas. Ils seraient ravis, plutôt !
VGE – Ils seraient incapables d’en assumer le programme et seraient en fin de compte plus discrédités encore aux yeux de leur opinion. Donc, je vais voter contre en espérant qu’une Constitution plus sociale les prive de toute crédibilité !
PPDA – Vous savez que vous me stupéfiez !
VGE – Je voterai « non » deux fois à mon projet de constitution. « Non », parce que Dehaen écrit comme un cochon et « non » parce que les socialistes disent « oui ».
PPDA – Quels sont vos projets, Monsieur le Président ?
VGE – Après mon roman « Le passage », je prépare pour la rentrée d’octobre une suite « L’homéotéleute était “ shemale” ». Julliard m’a assuré que le Goncourt sera pour moi.
PPDA – C’est un roman sur les transsexuels ? »
VGE – Pas du tout. C’est l’histoire d’un vieux latiniste de collège qui est pris d’une itération chronique dans l’élocution.
PPDA – Ah bien !...
VGE – Voulez-vous que j’entre dans le détail ?
PPDA – Non, non !... L’interview est déjà assez plombée. Inutile d’en ajouter…

24 mars 2005

Dobeliou en Alaska

Le conseil d’administration de l’entreprise américaine de pollution de la planète sous la présidence de dobeliou vient, depuis ses bureaux de la Maison Blanche, d’autoriser les forages pour la recherche du pétrole en Alaska.
C’est dire si les Américains qui consomment le quart du pétrole extrait sur l’ensemble de la planète et qui ne produisent que 15 % de leurs besoins, ont déjà chaud aux fesses pour se procurer la précieuse huile.
Et ce n’est pas fini.
A 56 dollars le baril, nous ne finirons pas la décennie sans qu’il en vaille le double.
La question est de savoir combien de temps encore pourra-t-on sacrifier l’environnement à l’économie.
Le pays le plus riche de la planète peut-il à sa guise disposer des derniers espaces naturels sans en référer aux autres pays ? Même si ce territoire est américain, rappelons qu’il a été acheté pour une poignée de dollars en 1867 à un tsar désargenté, les Américains s’y conduisent comme des taggers dans un jardin public.
C’est bien comme les scientifiques l’ont prévu, et ce que les économistes récusent : c’est le début de la fin du productivisme.
Les Etats-Unis première puissance mondiale entendent bien être les derniers à faire tourner leurs moteurs à plein régime, dans n’importe quelle condition et en se fichant des autres.
Finalement, la mondialisation de l’économie dans laquelle se ruent tous les gogos en se disant qu’il y a de l’argent à y ramasser, n’est pas autre chose qu’une OPA des USA sur l’économie mondiale.
On en voit les premiers effets.
Que pèse l’Alaska avec ses ours, ses phoques et ses rennes ? Que pèse le restant de l’humanité devant l’appétit insatiable de l’ogre ?
Et dire qu’en Belgique, les bons élèves de la relance économique prêchent toujours avec autant de ferveur l’orthodoxie des marchés dans le cadre d’une stricte économie libérale ! Il n’y a pas un jour, pas une heure sans qu’on entende le credo de ces consternants imbéciles, économistes et partis politiques confondus, relayés par les publicités, les radios et les télévisions venus se masturber en public sur l’état de leurs salaires, de leurs comptes en banque et de leurs voyages d’affaires à l’étranger, tandis que leurs valets de la politique s’en prennent au million de chômeurs, aux pensionnés misérables (discours sur le vieillissement des populations), responsables selon eux du mauvais moral de la Belgique.
Tous les vérolés du système au rendez-vous de la croissance, tous sur le pont d’un Titanic bien plus près que l’autre de l’iceberg fatal, vous le diront : l’avenir c’est l’abondance, le siècle d’or, la nouvelle ruée vers le profit !... tout le désastre de la pensée béhavioriste est là !
C’est que ces sophistes ne peuvent pas dire autre chose. C’est certain qu’ils seront les derniers à consommer, rouler en voiture, prendre des avions et se taper de la créole locale sur le sable blanc des lagons.
Mais, pour les autres, à cause de la faiblesse d’une gauche caviardée et pourrie par l’illusion des riches, ils pourront tous crever. Ce qu’ils feront du reste, avec encore, pour certains, les couplets patriotiques les plus ringards à la bouche dans des enterrements consternants de bêtise collective.

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Allons, convenez-en, vous nous avez embarqué sur un ponton amarré au yacht de Dobeliou qui coulera derechef et dont vous vous tirerez, en sautant au bon moment avant les femmes et les enfants dans les canots de sauvetage.
Vous n’en êtes pas à votre coup d’essai. Vous étiez déjà là pour nous mettre en garde contre un socialisme d’action, contre un communisme dont vous redoutiez le pire. Et aujourd’hui qu’il n’y a plus d’épouvantail, rien que la certitude qu’il n’y a pas d’alternative à vos manoeuvres lucratives, vous prendriez bien votre pied à voir nos pauvres gueules d’enfoirés soupirer une dernière fois pour nos bagnoles et notre électroménager.
Ce qui va en rester de toute cette merde mécanique et motorisée ? Bien malin qui le dira. Ce qui est sûr qui n’existe plus déjà, c’est la solidarité et la fraternité entre les hommes.
C’était, n’est-ce pas, la condition nécessaire à votre association de malfaiteurs.
C’est fait. Vous marquez un point.
Peut-être aurons-nous l’occasion de faire la belle ?
Il faut se méfier des cocus. Parfois, poussés à bout, une branche et une corde suffisent pour soulager de vingt ans d’infamie.
On verra si dans une pareille alternative, vous serez moins farauds, quand votre cou saura le poids de votre cul.

23 mars 2005

Pour une européenne attitude…

C’est quand même plus reposant de « faire » socialiste en Belgique qu’en France !
Quand on voit le pétrin dans lequel Hollande s’est fourré ! Le parti qui menace de se couper en deux ! D’un côté les rosés collaborationnistes et de l’autre les militants qui en ont marre du système libéral, on se dit : « En Belgique au moins Di Rupo et ses boys tiennent bien les cordons du poêle, ils veulent personne d’autres pour enterrer la gauche. »
De quoi !... de quoi ! dit Elio, ils veulent se prononcer sur l’Europe, la Constitution… mais de quoi ça se mêle ? Il suffit que je dise que l’Europe c’est « y a bon » et puis marre !...
Ce que Hollande et notre aigle de Mons font semblant d’ignorer, c’est que le populo se fout de l’Europe et de la Constitution, et de la circulaire Bolkestein… et des accords de ci, et du sommet de ça… Il s’en fout ! Mais, ce dont il ne se fout pas, le populo, c’est de la merde noire dans laquelle il vit, et pas que les oisifs d’en bas… non, les ouvriers et les employés de petites conditions. Ils se disent ces gens « Ah ! - que ce soit la gauche ou la droite – personne ne nous écoute !... La Belgique, l’Europe et pourquoi pas ma tante ?... Est-ce qu’ils savent comme je la saute, moi, avec mes 1200 euros par mois, pour me loger et nourrir ma famille ? Eh bien !... puisqu’ils se foutent de ma gueule, je vais me foutre de la leur à commencer par leur Constitution. Ils peuvent se la mettre au cul leur Europe du pognon. Qu’ils poursuivent leur ronde des sourires, des poignées de main et des réceptions Paris-Berlin-Londres-Bruxelles, je n’en ai rien à foutre. Le jour où nous verrons leurs petites gueules enfarinées et leurs costards à 5000 euros dans les usines où je bosse depuis que j’ai 18 ans, quand ils mettront leurs jolis culs dans les couloirs des CPAS afin d’apprendre comme il faut tendre la main pour bouffer une semaine, alors, peut-être qu’ils auront un autre discours et qu’on pourra y causer de l’Europe. » Voilà ce qu’ils disent les gens qu’Elio et Hollande font semblant d’avoir compris pour le « oui » massif à l’Europe.
Hollande a été trop présomptueux, un peu à la manière Jospin. Exactement comme Lionel à deux doigts du scrutin où il se voyait déjà président de la république : « Les socialistes ne savent pas ce qu’ils veulent, mais moi je sais pour eux. » Il a cru finasser pour se rallier le centre en disant qu’il n’avait pas un programme « de gauche ». Le con !... tout énarque, Cour des comptes, et ancien premier ministre qu’il était. Le con !...
Hollande, lui, « Le « Non », c’est celui de Le Pen, de Laguiller. » Comme au bon vieux temps : « Allez les amis, vous n’allez pas mêler vos voix avec ça !... »
Di Rupo dit pareil, s’embarque pareil, et, spécialité maison, ne se fait pas faute d’assaisonner la droite flamande et wallonne et l’extrême gauche s’il y en avait encore une. Du coup il la ressuscite… pour tenir le même discours que Hollande, mais pas de la même manière, un peu lâchement dans un bunker à l’abri des critiques, puisque le débat fut escamoté samedi dernier… les premières rangées à montrer leur bonheur à la vedette : Van Cau les yeux noyés, Laurette à l’extase et Marie regardant le Christ - semaine des rameaux oblige - les yeux mouillés depuis le traquezir avec l’architecte d’intérieur… public people conquis… caméra RTBf comprise… l’unanimité de la gauche caviar. Il manquait l’ombre de Jack Lang à côté du bon Hollande… On n’était qu’en Belgique. On se rendait compte de rien. L’accent sentait la frite. Pas une seule voix discordante !... unanimité complète… comme chez Saddam du temps où les opposants ne la ramenaient pas depuis qu’on savait les poteaux d’exécution dans la cour… ici à la place, on ne voyait que les mandats… Même pas aux étages une voix discordante, pas un syndicaliste « en colère »… tous alignés… déchéance !...

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Donc, l’Europe, c’est magnifique. La Constitution à la Dehaen est une sublimité hors pair, Frits Bolkestein est un dieu de la raison pure, l’adhésion des Turcs ce sera bientôt. Alors pourquoi s’énervaient-ils ainsi à la tribune, sans une voix discordante ? Pourquoi, bon dieu ! puisque tout le monde s’en fout !
Voilà à quoi ils ont réduit l’idée européenne après vingt ans de combines et d’empirismes, ils ont réussi à dégoûter tout le ponde !
Chapeau les européens, chapeau Didier, Elio, Joëlle et tous les autres. Bel exemple que vous donnez d’une assiettée au beurre à bâfrer entre vous, alors que les gens la sautent dans le ruisseau.
Vous la voulez ainsi l’Europe ? D’accord. Mais foutez nous la paix avec vos grands discours. Laissez nous bosser. Nous ne savons faire que cela et avec de moins en moins de reconnaissance de votre part ? On vous fait confiance : dès que vous l’ouvrirez après qu’elle soit passée votre Constitution, ce sera pour parler de l’ingratitude des foules.
Un seul regret, c’est le format du projet qu’on se procure dans les librairies : impossible de se torcher avec ! J’ai essayé, parole ! Quelques belles phrases de Giscard, des « allei une fois » de notre bon gros national et ça y était, une affaire de 2 centimètres, pas plus… C’est le seul reproche sérieux… Le vraiment redoutable caillot qui m’est resté. Vous me direz, y a pas de quoi non plus… au prix du Moltonel !

22 mars 2005

Propos sibyllins

-Dis-moi, franchement, qu’est-ce que tu penses de Wilhelm Reich ?
-C’est le moment, quand même !...
-Tu veux que je me mette sur le côté ?
-Oui, ça va beaucoup mieux.
-Et Wilhelm Reich ?
- Décidément… Tu penses à l’avenir orgasmique de l’humanité… franchement…
-Mouille donc ton doigt !...
- …que toutes les névroses proviennent de l’incapacité d’aimer ?
-Non. Que la santé psychique dépend de la puissance orgastique.
-C’est pour moi que tu dis ça ?
-Ne va pas si vite. Quand je te le dirai… C’est mieux. Mais ne t’arrête pas…
-Aïe, tu t’appuies sur mon coude..
-Pardon. …t’arrête pas !
-Tu crois que j’ai des troubles psychiques qui provoquent des perturbations sexuelles ? En un mot tu crois que je suis cinglé, parce que, certains jours, je bande flanelle ?
-Ah ! non, je n’ai pas dis ça… Je n’ai même plus rien à dire… T’arrête pas… C’est bon.
-Qu’est-ce que tu fais ? Tu viens de renverser la table de nuit avec le pied !
-T’es à côté, chéri…
-C’est parce que j’ai glissé… C’est mieux. Là je le sens…
-Tu peux la fermer quinze secondes, s’il-te-plaît ?…
-Freud a écrit quelque part que les enfants sont des pervers polymorphes… y a pas qu’eux !
-Aha ! Ah ! Oui… Non. Oui. Si !...
-Mais à propos de Reich, tu sais qu’il est mort en tôle ?
- Non. Stop, je te dis ! Tu me fais mal, maintenant.
-Je disais à propos de Reich…
-Tu ne veux pas parler d’autre chose ? Sinon nous ne trouverons pas le sommeil.
-Ah ! parce qu’on va dormir ?
-Pas toi , Tu n’as pas sommeil ?
- Bien, c’est que j’attends. La réciprocité, tu connais ?
-Tu n’en as pas marre ?
-Parle pour toi ?
-Pourquoi faut-il qu’on en arrive toujours là ?
-En fait…
-C’est vrai à la fin, tu parles de Reich…
-Je te signale que c’est toi qui en as parlé la première.
-Oui, mais Freud, c’est toi. Tu crois que je suis nymphomane ?
-Non, chérie.
-Et là, qu’est-ce que je sens ?
-Oui, tu sens bien.
- C’est le dasein de Heidegger, dis-donc… l’objet questionné requiert un appareil conceptuel propre…
-Pour le moment, je m’en fous de Heidegger et de sa technique de l’être étant… Tes lèvres, nom de Dieu !...

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- Attends, que je me tourne…
-Oui, tu vas foutre tout par terre….
- Hup, glouf, ça va ? J’ai un poil sur la langue…
- O du Liebe meiner Liebe, mein Jesu, was für Seelenweh - so gehst du nun, mein Jesu, hin - Selig, wer an Jesum denkt...
-Qu’est-ce que tu dis ?
-Je chante…
-Tu chantes toujours la même chose au moment de…
-C’est qu’au sublime de la chose, il faut du Bach…
- Franchement je suis éreintée…
-Moi aussi…
-Demain je vais avoir une rude journée.
-Tu leur donnes quoi ?
-L’existence de Dieu selon Thomas d’Aquin.
-C’est pas facile de gagner sa vie…
-Quand je pense que je donne religion dans une école catho !...

21 mars 2005

Songes creux par 54° 56’ de longitude E.

…et 19° 58’ de latitude S.

Les foldingues oublient généralement que l’heure de gloire est derrière eux. L’imprévoyance, notamment côté énergie, est à peine perceptible. Mais d’ici moins de dix ans, elle nous fera « chier » du poivre moulu.
Oho ! comme vous y allez, chère peste catastrophique et scatologique personnage, répliqueront-t-ils, de l’air condescendant de celui qui affirme savoir tout - dont on saura par après qu’il ne connaissait pas grand-chose ! « Nos référents, notre productivité, etc. garantissent l’avenir ! Nos techniques de plus en plus pointues et seules performantes sont prêtes à affronter le pire. Une ère industrielle nouvelle enverra l’ancienne aux chiottes avec son petit personnel caracolant et cocu de première. Les moteurs amélioreront les conditions d’un progrès sans fin. »
Le nec est en train de naître : le robot intelligent capable de se multiplier selon les besoins. Coït réussi, bitte d’acier pour tôle ondulée. Quand le robot prendra la position du missionnaire pour se reproduire, comme dans le “facteur sonne toujours deux fois”, Bill Gates aura réussi sa pénétration des marchés.
125 F.U.C.K (Foundation Ubuesk Councill Khon-system) pliera son propre acier, chimiobricolera ses propres nano tubes !
Juste un moment de patience, Bill Gates, Silicon Valley, étudie le sperme mécanique, fertilisant et générateur industriel. Avant de les licencier, on branle le petit personnel dans une éprouvette géante qui transforme le résultat en une vaste usine à faire toute seule en un jour ce que ces galopants imbéciles ont réussi à peine en dix ans de sueur froide !
Bavardage social, rodomontades d’eunuques, délires d’assujettis à la schizophrénie américaine ?… ça ne sert plus à rien la dispute des Friedricht August von Hayek, Keynes et Adam Smith, tous sociologues de comptoir, ratiocinants ivrognes. Plus la brève est brève plus elle fait mouche. Eux sont encore trop verbeux, découpeurs de litotes, amoureux d’oxymores. Encore un petit effort, Silicon Association enculera les mouches, la mécanique quantique absolument nécessaire à l’explication du phénomène 125 F.U.C.K. !
Car, mesdames et messieurs, suivons le guide qu’on rigole. On est dans le terminal, un peu comme celui d’Orly où les voyageurs se le ramassent sur la gueule, dans l’univers fini où tout le monde imite tout le monde, puisque le productivisme et l’efficacité induisent le modèle unique. Von Frick ou Taduflouze des grands magasins La Faillite le diront encore bien après leur mort dans une casemate de Wall Street : « Si t’as pas la dernière nouveauté en matière industrielle, t’es cuit, bonhomme ». Donc tout le monde va vers la même chapelle, avec les mêmes arguments et la même dévotion irréductible. C’est plus la peine de les appeler, de les réduire à réfléchir, c’est la puce à laser induit qu’il leur faut, la super height tecnology, 125 F.U.C.K…
On peut pas arrêter le progrès… C’est comme cent bataillons revenant de la guerre en vue de Baisenville, personne peut plus les retenir rien qu’à savoir qu’il y a qu’à se débraguetter pour envoyer la sauce… Les chefs ont intérêt à se jeter dans le fossé pour laisser passer la bête…
Le modèle unique, c’est le seul qu’imite personne forcément. C’est clair que ce modèle est la clé de voûte du théâtre de marionnettes, que tous les rigolos vont tenter d’imiter, rien que lui… Raisonner de cet engouement à l’intérieur des foules est impossible. On risque de se faire piétiner. Ainsi moi, Richard III tellement méprisé, saoulé d’injures, crachats, surtout de ceux qui vont tomber les premiers, je ne suis pas loin de me considérer comme un prophète calomnié… Et personne se demande si le modèle unique est le bon, si ce vers quoi nous nous ruons est porteur d’avenir ! Et si 125 F.U.C.K. avait la main lourde, la tôle froide et le culot en guidon de vélo ?

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Ça se voit en Belgique, les partis si unanimement d’accord, l’économie premier plan, l’avenir sur les rails, le Thalys social pour bientôt, le gouvernement wallon en transes, Laurette à son troisième orgasme, les éjaculateurs précoces au Nirvana… tandis que la Némésis s’apprête à punir la démesure d’Hybris !...

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Même pas le « si c’était une merde » ? Non, non ! confiance totale 100 %. Tu mets cent euros da carbu dans la vulve, t’as la garantie de ramasser dix fois plus ! Autonomie longue durée... On fait le même modèle en Andalouse, avant ou après Franco, au choix. T’as aussi la variante homo qu’est pas mal non plus. Et qu’il fasse gaffe, celui qui n’en est pas. Jamais tourner le dos à la machine…
Depuis que nous collectionnons les avatars, les désastres… vous me direz que ça devrait rendre les foules prudentes, moins imbibées de songes creux… au contraire, surtout maintenant qu’on n’a plus le choix, qu’on peut plus reculer : la foi absolue, surtout à gauche… La théorie des automates, John von Neumann prédisait qu’un jour viendrait où le constructeur d’automates serait aussi désarmé devant sa créature que nous le sommes devant les phénomènes complexes de l’univers. C’est fait. On est même deux fois désarmés, une première fois devant ce que le génie de l’homme a créé et qui ne servira bientôt plus à rien, et une deuxième de ce qu’il aura fallu détruire d’espèces et de ressource pour arriver à rien.
Comme Jean-Paul II qui s’est peut-être un jour posé la question : et si Dieu n’existait pas ?... de même, il serait tant que Reynders et Di Rupo se la posent aussi.
Et si la réussite libérale n’était qu’une vaste foutaise ?

20 mars 2005

Rose a 120 ans !

-Ça vous fait quoi ?
-Kumin ?
-D’avoir 120 ans ?
- Tant que ça !
-Vous connaissez Elio Di Rupo ?
-C’est qui ?
-Votre arrière petit fils !
-Kumin ?
-Celui qui vous préside !
-Un ouverier ?
-Pas lui, mais ceux qui votent pour lui.
-Si ce n’est pas un ouverier, comment ça se fait qu’il est mon arrière petit fils ?
- C’est qui votre arrière petit fils, alors ?
-Emile Vandervelde.
-Vous l’avez bien connu ?
-Kumin ?
-Emile Vandervelde ?
-On a eu des enfants ensemble. On était des jeunes gens de gauche.
-Comment était-il ?
- Beau. Il me disait toujours, Rose, ceux qui viennent ne nous vaudront jamais.
-Vous l’avez cru ?
-Regarde comme ils s’occupent de moi ?
-Ils fêtent vos 120 ans, quand même.
-Après la fête, ils me remettront aux « Heures tranquilles ».
-Vous n’êtes pas bien au home ?
-Quand je pense que c’est mon fils Jules Destrée qui les a élevés !
-Ceux-là qui ?
-Bien oui, les collaborateurs des libéraux, tiens.
-Vous avez honte de vos petits enfants ?
- Des ingrats qui ne savent plus d’où ils viennent.
- Rose, est-ce que vos arrières petites filles viennent vous voir au « Heures tranquilles » ?
-Jamais, tiens. Je suis bien trop peu de choses pour elles !
-Même pas une petite carte pour le nouvel an ?

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-Kumin ?
-Une carte de temps en temps ?
-Anne-Marie m’écrit de temps en temps.
-Celle-là écrit à tout le monde.
-Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais l’infirmière m’a lu sa dernière lettre. Personne n’y a rien compris.
-Qu’est-ce qu’elle disait ?
- Elle demandait que je revoie ma position au sujet d’une affaire de ce je ne sais quoi qui se passe au tribunal !
-Qu’avez-vous fait ?
-La lettre est toujours dans le bureau de la directrice.
-Qu’est-ce qu’elle fait là ?
-C’est pour un dossier, qu’elle m’a dit, au cas où mes petits enfants ne paieraient plus la maison de retraite.
-Avez-vous appris pour Guy ?
-Le gamin, c’est jeune, hein !...
- Il venait vous voir ?
-Non, hein, comme tous les autres. Pourtant, avant il venait souvent. Il embrassait tout le monde et il nous apportait des gâteaux, et puis....
- Puis ?
-Bien, c’est après quand je lui ai fait une procuration pour qu’il vote à ma place. On ne l’a plus revu. C’est quand même fort, hein, Charles.
-Charles ? Moi, je suis Jean-Maurice.
-Jean-Maurice?
-Oui, le fils de Fernand.
-Ah ! avec mes yeux… je croyais que c’était Charles.
-Quel Charles ?
-Bien, le fils de Louis Michel.
-Qu’est-ce qu’il vient faire ici ?
-Il vient prendre de mes nouvelles. Quand je lui dis que ça va, on voit bien que ça ne lui fait pas plaisir et comme il est gentil, je lui dis que je n’en ai plus pour longtemps. Il repart tout content.
-Et la procuration, comme Guy est mort, qu’est-ce qu’elle est devenue ?
-Est-ce que je sais moi.
-Si vous m’en signiez une autre ?
-Comme ça je ne te verrais plus ! Si j’avais encore la force je ficherais tout le monde à la porte.
-Vous les excluriez ?
-Pourquoi pas. Ils ne sont plus de ma famille depuis longtemps.

19 mars 2005

Un pauvre con !

- T’y penses encore ?
- Ah ! je voudrais bien n’y plus penser. Mais, je ne peux pas. Elle me hante…
-On est en mars, depuis janvier… quand même ! Est-ce raisonnable ?
-Non, ce n’est pas raisonnable. T’as déjà vu un amoureux raisonnable ?
-Pourtant, elle ne t’a jamais laissé entendre…
-Non. Seule une attirance que je croyais réciproque, une sorte d’état de grâce quand nous étions un petit quart d’heure ensemble… était visible, même par ses collègues…
- Peut-être n’as-tu pas été assez insistant ?
-Demander deux fois n’est pas mon fort.
-Tu ne lui convenais pas dans les circonstances que tu m’as dites ?
-J’ai toujours été trop quelque chose : trop petit, trop gros, trop vieux, trop caustique, trop insolite…
-Trop intelligent ?
- Ce n’est pas à moi de le dire. Mais, je la voyais mal à l’aise quand des collègues l’interpellaient au milieu de notre conversation. Elle avait honte des autres…
-Et peut-être d’elle ?
-Non. C’est une femme intuitive, certainement de goût, pianiste, elle m’a parlé de son Steiner. Si nous nous étions revus, elle s’y serait remise… tout ce talent en friche, sans doute négligé à cause de la connerie d’une situation, d’un statut, d’un travail…
-Elle t’en a touché un mot ?
-Rapidement, comme ça. Tu comprends, elle me livrait au hasard des conversations, des petites choses… comme ça venait. Je n’insistais pas. Ses collègues devaient la connaître un million de fois mieux que moi. Par exemple, je n’ai jamais su son nom de famille… question de discrétion. Pourtant, j’aurais pu, encore maintenant, c’était facile. Eh bien ! je ne l’ai pas fait.
-Qu’est-ce qui a déterminé que vous en êtes restés là ?
-Va savoir ? La famille a joué un rôle. Le « quand dira-t-on ? » Qu’est-ce qu’un énergumène de mon espèce ferait à la campagne ?

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- Tu aurais pu t’intéresser.. genre sous-préfet aux champs, en chemise le dos contre une meule de foin.
-Je n’ai rien contre la betterave à l’infini, mais je ne me sens à l’aise que dans les grandes villes et, déjà, Liège est si minuscule... Je ne me vois pas attendant derrière deux bavardes qui enregistrent leur Loto, qu’un libraire veuille bien me prendre l’euro vingt cents du « Monde ». Je me sens incapable de faire la conversation, le gâteau sur l’assiette à deux doigts du nez, à des roucoulantes qui s’estiment frustrées d’avoir si peu trompé leurs maris quand elles le pouvaient encore.
-T’es en train de me dire que c’est tant mieux qu’elle soit sortie de ta vie ?
-Surtout qu’elle n’y est jamais entrée ! Peut-être bien qu’il y a quelque chose de vrai dans ce que tu dis. Elle savait intuitivement qu’avec moi, cela n’aurait pas été…
-Le voyageur aux semelles de vent ?
-Plus grand-chose m’intéresse… Je relis Gibbon, le déclin de Rome !... C’est dire. Je rêve plus que je ne pratique.
-Tu es bien amer !
-C’est trois mois après janvier que je pense à ça. Il me faut bien de minables raisons pour m’encourager à l’oubli…
-Alors, pourquoi tu m’en parles ?
-C’est toi qui m’as demandé si j’y pensais encore !
-Tu as raison.
-On ne se défait pas facilement d’un sentiment non abouti… Peut-être vaut-il mieux ainsi. J’aurais été embarrassé ? Quand j’aime, je suis gauche… Elle aurait été déçue. Je le sais. C’est toujours ainsi quand j’éprouve quelque chose de profond.
-Tu es trop compliqué. Les femmes aiment les situations moins ambiguës, plus simples… Que comptes-tu faire à l’avenir ?
-Rien. Je pars à l’île Maurice avec « piti Marie » une créole de mes amies…
Zoli ti fam kuma twa
Kuma lakoler pran mwa
Mo ris li mo amen dan lakur

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-Pauvre con !...

18 mars 2005

Avec les excuses de Richard…

Après les excuses que Verhofstadt a présentées à Ariel Sharon au sujet des fonctionnaires belges des années 1942-1945 qui auraient, par erreur, envoyé des innocents à la mort alors que les vrais Belges étaient à Londres ; après les excuses d’Anne-Marie Lizin au sujet d’une minute d’égarement au cours de laquelle elle aurait envoyé par erreur une lettre à une juge au tribunal de Liège, sans avoir jamais eu l’intention de faire pression sur quiconque ; qu’il me soit permis, chers lecteurs, de présenter au nom de Richard III les excuses que j’aurais du vous présenter depuis longtemps pour mon manque de tenue, les fautes d’orthographe d’inattention, mais qui ne sont pas pour autant excusables, les photos de femmes aux gros seins pas toujours de très bon goût et surtout, pour avoir traité les Belges moyens de cons !
Je m’adresse à mon ami Léon pour l’avoir accusé de trahir l’idéal socialiste en adhérant au PS, version « temps moderne », alors qu’il ne s’agissait pour lui que de rester compétitif au niveau de l’emploi, et de l’avoir, par la même occasion, traiter de Belge moyen (voir plus haut), pour lui offrir mes excuses et l’assurer de mon amitié.
Je prie ma chère Myriam, à jamais perdue et loin de mon coeur, de bien vouloir m’excuser d’avoir une seule seconde penser qu’elle aurait pu devenir ma maîtresse ! Cette dame digne et inaccessible ne cessera de hanter mes rêves et je lui vouerai jusqu’à ma mort des sentiments qu’elle n’a pas voulu accepter.
En ma qualité de sujets de Sa Majesté, moi, sieur d’York, présente publiquement mes excuses à la Famille royale britannique pour les sarcasmes, dénigrements et lazzis dont je les aurais abreuvés, ainsi qu’à tous les monarques, présidents à vie, radjahs et conducators, de même aux dictateurs et aux despotes pour les avoir salis plus que les autres.
Je souhaite que le Président Bush, accepte mes excuses pour toutes les ordures que je n’ai cessé d’écrire depuis la guerre juste et sainte d’Irak Richard mettra un point d’honneur à servir dans l’armée US pour la suivante, mettant au service de la démocratie et d’une juste cause, son art de la guerre et l’expérience de ses nombreux crimes.
J’adresse des excuses au peuple russe, souvent critiqué, pour sa guerre en Tchétchénie, et au peuple Tchétchène pour sa guerre contre le peuple russe.
Je tiens à ce que Saddam Hussein sache, depuis qu’il est prisonnier que ma compassion lui est acquise et que jamais plus, avant qu’il ne soit fusillé comme il le mérite, je n’aurai une parole blessante à son encontre.
Enfin, Richard exprime ses regrets et ses repentirs à lui-même pour s’être sous-estimé dans certaines circonstances où, selon toute apparence, il était de loin supérieur à son rival, si bien qu’il s’est fait souffrir inutilement.
J’adresse, évidemment, à toutes mes anciennes relations féminines qui m’ont odieusement trompé, comme à toutes les saintes que j’ai trompées ignominieusement, mon admiration sincère et mes absolus regrets.

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Je voudrais présenter aussi mes excuses aux membres de ma famille qui ne m’ont pas fait confiance et que j’ai terriblement déçus. Je voudrais leur dire, combien leur rancœur tenace, leur méchanceté gratuite et leur bêtise profonde me touchent et me vont droit au cœur. Résolu à les en aimer davantage, je ferai tout pour les rendre plus heureux encore en me conduisant comme ils le souhaitent, n’ayant que pour but celui d’être conforme à l’image qu’ils ont de moi : ma tante Cory qui me hait depuis que j’étais dans le ventre de ma mère la duchesse d’York et mon oncle Michel qui s’est empressé de coucher avec ma première femme, la douce Elmyre.
Je me suis tant acharné sur le parti socialiste que je ne saurais trop présenter à son président, le camarade Di Rupo et aux membres du bureau, mes excuses sincères. Au sujet de la fameuses lettre à la magistrate qu’Anne-Marie Lizin aurait écrite, il s’agit d’un faux. J’en assume toute la responsabilité. La preuve ? Je crois m’être trompé dans l’orthographe du nom et signé Zinzin !
Je réserve pour la fin mes excuses les plus expresses aux deux créatures que j’ai sur les bras, pour n’avoir pas eu le courage de les départager, l’une étant mon oiseau des Iles et l’autre ma relation avec l’Est de Europe. L’Europe à quoi je voue au passage une grande admiration. Je voterai la brillante Constitution sur laquelle Elio ne veut pas que les Belges se prononcent.
Là-dessus, le devoir accompli, je vais dormir et rêver de Myriam.
Demain matin, c’est promis, je retirerai les excuses que j’ai faites. On ne se refait pas.

17 mars 2005

La vie immergée

- J’ai fait un simple calcul. Si tu additionnes le temps que tu passes dans ta bagnole à rouler, à la laver, à te faire entuber à l’autosécu, à te faire éponger dans les garages l’huile qui pisse du moteur, à travailler pour l’avoir à toi (ce truc coûte aujourd’hui le prix d’une maison d’il y a seulement dix ans), sans compter les banques où tu te présentes pour un prêt… quand t’as bien additionné le paquet de temps que tu lui consacres, puis que tu divises la chose par le nombre de kilomètres parcourus, tu t’aperçois que ta moyenne est de sept kilomètres à l’heure !... plus que la marche à pied, mais moins que si t’avais un vélo…
- C’est comme moi, vingt cinq ans de mariage avec Cri-d’Amour, si t’enlèves les engueulades, les séances de ronflement, les vaisselles et les après-midi chez belle-maman, que t’en arrives à traîner au boulot tellement t’as peur de rentrer chez toi, si t’additionnes le temps passé et que tu le divises par le nombre de fois que t’as vraiment pris ton pied, ça te fait 6 jours et demi de bonheur…
-Emilio, lui n’a eu qu’un jour…
-Elle a foutu le camp avec le photographe du mariage, tu parles d’une statistique…
-T’as quand même par ci, par là quelques bons moments ?
-Quand elle est chez sa coiffeuse et que je suis au foot.
-C’est pas lourd.
-Oui, c’est cher payé.
-Pourtant tu vas fêter ça. Vingt-cinq ans ! Un quart de siècle !...
-On se demande si c’est bien vrai, Cri-d’Amour et moi, vingt-cinq ans !...
-A cette occasion, j’irai vous chercher pour faire un tour en bagnole.
-Oui, ça fera remonter ta moyenne.
-C’est comme le temps que tu passes à voter. Un quart d’heure tous les quatre ans, à partir de dix-huit ans. Si tu vis jusqu’à quatre-vingts piges, ça te fait 6 heures vingt minutes au cours desquelles t’es un citoyen, un vrai démocrate…
-C’est pas énorme.
-D’autant que ton avis, personne en a rien à foutre.
-Alors pourquoi on te le demande ?
-Pour nourrir les statistiques.
-Pas pour nourrir les statistiques, pour nourrir ceux qui s’occupent des statistiques.
-Monsieur est raisonneur.
-J’ai connu un type qui était parvenu à démontrer qu’après une carrière complète à la Ville de Liège, qu’en fin de compte, il avait jamais travaillé !
-Là, c’est le mauvais exemple…

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-Je reconnais.
-Je dis que c’est le mauvais exemple, parce que tu nourris les bruits qu’on fait courir exprès pour discréditer les Services publics, à seule fin de privatiser à plein berzingue, de sorte que quand t’auras tout privatisé, faudra que tu paies d’abord avant d’ouvrir ta gueule. Et c’est pas sûr qu’on t’écoutera si t’as pas le pognon pour convaincre...
-C’est pas déjà ce qu’on fait ?
-Non, maintenant on paie après.
-C’est pas la même chose ?
-Non. Puisque t’es servi.
-C’est pas grand-chose.
-D’accord, mais c’est pour tout le monde.
-Ce qui est écrit et prouvé, c’est qu’on est des cons.
-Où tu vois ça ?
-Par exemple, prends la bagnole. Le mec qui s’occupe de rien, qui paie pas un rond, qu’arrive et qui monte à l’arrière, qu’on conduit aussi sec à son boulot et qu’on reprend le soir, si tu divises ce qui paie, par le nombre de kilomètres, t’arrives à une moyenne de 140 à 160 kilomètres heure.
- Le mec est en infraction !
-Et alors ? Verhofstadt a pas payé l’amende !
- Je vais te dire, on a les statistiques qu’on mérite !

16 mars 2005

Le plus grand Belge de tous les temps

On ne sait pas si France-2 a bénéficié d’une importante part de marché avec «Le plus grand Français de tous les temps», ce qu’on sait tient dans l’affligeante connerie d’une émission qui mélange l’abbé Pierre, la môme Piaf, Poulidor et le Général de Gaulle dans le même chapeau… encore que, la loi de la popularité ne passe pas nécessairement par la « grandeur » des personnages.
Le sondage BVA a établi cent candidatures. La finale se jouera entre les dix meilleures.
L’important sera l’audience, dispensatrice des pèpettes de la publicité.
France-2 diffusera 10 documentaires sur les 10 finalistes, pour les départager.
Comme en Belgique on pique toutes les idées à la France, sûrement qu’une de nos télés ressortira le concept.
« Le plus grand Belge de tous les temps ». On est plié en quatre d’avance !
Depuis hier, c’est Anne-Marie Lizin qui tient la cote.

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De l’entregent, du bagout, des casseroles au cul, socialiste di rupotienne et volubile comme une cage de canaris, les Belges n’adorent rien tant que les carrières qui sentent le soufre, Voyez Guy Coeme, à peine sorti du purgatoire… un triomphe !
La charmante Hutoise est en apesanteur, dommage que l’émission ne passera pas d’ici jeudi.
Il faudra qu’Anne-Marie se méfie de Pierrette Cahay-André, la Visétoise, sur les rangs depuis peu et qui goûte à l’actualité avec le même bonheur !
Trois sondages seront nécessaires, un pour chacune de nos langues nationales. Côté Vlaams, à part Thyl Ulenspiegel, je ne vois que Dehaene. Il y a aussi Adriaan Martens, médecin flamand, condamné à mort par contumace en 1920 pour collaboration avec l’ennemi et gracié suite à une mesure d’amnistie remontant à 1936, très aimé à droite. Peut être un jeune en exercice, Frank Vandenbroucke, héros du SP et premier socialiste au monde à mettre au point une Loi contre les chômeurs. Nul doute que le profil « à la flamande ! » du plus grand Belge de tous les temps sera exceptionnel !

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Même à touiller le fond de la marmite, en Wallonie et à Bruxelles, nous n’avons pas notre Napoléon, ni même notre Pasteur… Des Saints ? Oui, à la pelle : le Frère Mutien-Marie, le bienheureux, Eddy Merckx le Saint Guidon bruxellois et Adamo le martyr montois (bah ! Jemappes n’est pas loin). Il y a aussi Léon Degrelle qui a la cote côté du Front, et Dutroux pour une minorité de citoyennes déboussolées, comme la fleur des pois qui lui écrivait des mots d’amour à sa cellule d’Arlon.
La liste péniblement établie, il faudrait encore qu’on se tape sur le museau pour trouver l’homme des hommes, le super crack pour recevoir le Tchantchès d’or.
Des bruits circulent côté cimetière de Seraing, Guy est encore chaud dans les mémoires, si le vote se passe avant l’hiver, il n’aura pas le temps de refroidir. Il est mort, donc il rassure tout le monde, les affaires se sont éteintes. Il ne fait plus de l’ombre dans le match à quatre qui va se jouer à Liège pour sa succession à la tête du PS. C’est devenu une icône ! Au Premier mai, on voit d’ici le discours de l’Haut-lieu liégeois en hommage posthume. Daerden tirera de son fonds, outre quelques larmes, les saisissantes stances à Du Perier, de François Malherbe (dommage que le poète n’est pas Belge. Perier à la télévision, c’est du bonus pour Coca ! ). Les roses ont besoin d’icônes ces temps-ci, depuis que celle de Di Rupo commence à se lézarder sur l’autel de la patrie. Quant à Jean-Marie Happart, il n’est plus ce qu’il était. Au parlement wallon, les deux ou trois journalistes qui ne peuvent faire autrement que d’être là se plaignent du manque d’articulation du président. L’ex-héros fouronnais leur réplique, toujours inaudible, « laborieux de père en fils… je peux affirmer le contraire de ce que je viens de dire la minute suivante, sans que les gens s’en aperçoivent».
Si encore François Mitterrand avait eu une grand’mère native de Tournai ou d’Oostende ! Si Yves Montand avait eu un fils de la concierge du théâtre des Variétés quand il roucoulait à Bruxelles, dans les années 60 ? Montand junior aurait quarante ans et serait venu défendre la candidature du paternel devant Fabienne Vande Meerssche, résultat ADN à la main.
Les Anglais ont élu, Winston Churchill. Ils ont failli élire Lady Di ! Une chance pour le rottweiler du prince Charles. Ils ne m’ont pas conservé sur la liste, il paraît que je suis resté depuis la guerre des Deux Roses (rien à voir avec le PS et le SP) un sombre assassin à cause de Shakespeare !
Les Allemands ont voté Konrad Adenauer (Ils n’ont pas osé élire celui à qui vous pensez).
Mais nous, bon Dieu, nous, qui ?
Anne-Marie, Pierrette, Gérémie Opdebeek, Liane de Pougy, Annie Cordy, Marie (une admiratrice personnelle) ou le Soldat Inconnu ?
Aux dernières nouvelles, Didier Reynders nous signale que si on ne trouve personne…

15 mars 2005

Le FOREM racole des fonds

- T’as ton diplôme ?
- Ouais.
-De quoi ?
-Chauffagiste de ruches.
-C’est quoi ?
-On chauffe les ruches l’hiver, rapport au miel du printemps.
-C’est quoi ce truc ?
-Je sais pas Auguste. I’ paraît qu’elles produisent plus à température.
-Non ! T’as eu ton diplôme comment ?
- En six semaines au FOREM.
-En cours accéléré ?
-Faut croire.
-Ça fait quoi de leur mettre une résistance au cul, les abeilles ?
- Je sais pas. L’explication, c’est en deuxième session. Moi, j’ai fait première. On fait des trucs. On t’explique après.
-C’est comme Chez Chaudron & ses fils.
-C’est quoi, ça.
-Ouais. J’ai fait des trucs. Mais là, on te les explique jamais. T’as pas le temps… T’as des débouchés ?
- Faut pas trop les déboucher, rapport à la mortalité… C’est dans le manuel.
-Je te parle d’un emploi stable ?
-On sait pas. I’-z-ont plus de stages que d’emplois.
-Voilà pourquoi le ministre veut plus voir ceux qui s’incrustent au chômedu !
- Justement, on fait des stages fictifs pour des emplois fictifs ! Ainsi, ça correspond.
-C’est logique.
-A défaut d’occuper les gens au travail, on les occupe dans des stages. L’essentiel, c’est qu’on soit occupé s’pas ? Et toi, t’as l’emploi « stage » ?
- Je suis diplômé depuis hier démonteur d’haut-fourneau.
- C’est en prévision des démontages prévus à Seraing dès le mois d’août prochain ? C’est chouette. Un métier d’avenir, dis-donc !
-Le plus beau c’est que Branle-d’or Sacilor, le sous-traitant, n’engagera que dans six mois et qu’il y aura six mois et quinze jours que je serai diplômé à ce moment-là.
-T’auras plus droit à ton chômage au moment qu’on va dynamiter l’haut-fourneau?
-Ouais, ainsi n’étant plus chômeur, on ne m’engagera pas !
-Ah ! putain… Ils sont forts aux stages !... Qu’est-ce que tu vas faire ?
-Je vais aller suivre d’autres stages, pour d’autres emplois bouchés.

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-Quoi ?
-Sonneur de trompe sur les voies des chemins de fer.
-On engage à la SNCB ?
-Oui, mais je n’ai pas beaucoup de chance.
-Pourquoi ?
-Je me suis laissé dire que les derniers pris ont fait six ans de conservatoire, section cors et piston.
-Et toi, t’as pas fait conservatoire ?
-Trois ans de guitare à Montegnée…
- Ce sera pas suffisant.
- T’es pas inscrit au stage garde-frontière linguistique ? I’ paraît qu’on en demande.
-Si, sauf que je parle pas Flamand.
-Alors, t’as le pré-stage en immersion flamande. Tu vas trois mois à l’école des ministres flamands du gouvernement où le FOREM t’immerge…
-C’est fini ce stage-là. Après trois mois, t’as plus que les gens d’Eupen qui comprennent ce que tu dis… A force d’être immergé tu peux plus voir un aquarium de toute ta vie
-Alors t’as plus que le stage pour faire stagiaire.
-C’est quoi, ce truc ?
-On t’apprend à faire stagiaire. C’est-à-dire qu’on te prend dans un stage où on est sûr qu’à la sortie tu passeras les délais, comme toi avec l’haut-fourneau. En cours accéléré, si tu réussis, t’es rayé du chômage en six semaines. Intéressant, non ?

14 mars 2005

Après Marie, voilà Anne-Marie...

Hou ! les gros menteurs… tous indignés de la « conduite » d’Anne-Marie Lizin qui a écrit une lettre à la présidente de la cour d’appel de Liège – ce qu’ils n’ont jamais fait - dans laquelle elle lui demande de réexaminer un dossier de garde d’enfants… comme si tout ce beau monde n’avait jamais eu aucun reproche à se faire, dans aucun domaine touchant la justice.
A ces parangons des vertus constitutionnelles, l’ineffable Anne-Marie a présenté ses excuses.
Di Rupo qui n’arrête plus de monter aux créneaux pour défendre ses dames (on se souvient de l’affaire Arena) a fait son boulot de nettoyeur devant les radios et télévisions.
Pas d’accord ! beuglent les autres partis drapés dans leur indignation et les trois couleurs. Les excuses sont insuffisantes, d’autant que l’évanescente, depuis qu’elle préside le Sénat, a vu son tour de tête prendre des proportions inquiétantes.
Il y a jusqu’au tutoiement que la magistrate n’a pas supporté de son Excellence. Il paraît que Madame Lizin n’a pas voulu influencer la magistrate par cette familiarité, elle a voulu montrer que la bassesse des serviteurs de la justice n’était pas un frein à sa familière amitié. Pour un peu, elle eût donné du camarade, si cela avait été encore de saison… La plus haute dame du royaume, après la reine, avait envie de poser la main sur la tête de la magistrate pour s’écrier : A facto ad jus non datur consequentia. (Le fait ne constitue pas un droit)

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Pour Me Pierre Chomé, Mme Lizin n’aime pas les séparations : dans les familles, les Régions, bref… toutes les séparations. Elle n’a pas supporté la séparation des pouvoirs non plus. C’est un véritable déchirement. Il estime néanmoins que la moderne Théroigne de Méricourt-toujours ne peut pas faire l’objet de poursuites, en raison de son immunité mais aussi parce qu’il n’y a pas d’infraction. Mme Lizin a adressé cette lettre au domicile de la magistrate une semaine avant la date prévue pour le jugement, donc c’est tout privé et immunisé tout ça… pas de quoi dénoncer la camarade, d’autant que le Vlaams Belang guette… la moindre faute, crac ! Des gens à cheval sur les principes, au Vlaams... Plus constitutionnalistes qu’eux, tu meurs !...
"Je serais très heureuse que tu puisses réexaminer l’évolution du dossier ci-joint de madame S.", a écrit Mme Lizin. Juste un mot gentil.
J’ai aussitôt envoyé une lettre à Anne-Marie « …juste pour que tu réexamines ma situation, au sujet de ma déclaration d’impôt. Je sais, mon arrondissement n’est pas le tien, mais je trouve que cette année ma facture est plus salée que d’habitude. Et à qui s’adresser, sinon à toi, une des plus hautes instances du pays, pour un réexamen sérieux. Reçois, chère Anne-Marie, etc… etc… »
Il n’y a de ma part aucune violation de la séparation des pouvoirs. Ce faisant, je lui fais confiance, étant entendu que – quoique monarque – je ne bénéficie d’aucune immunité parlementaire, foi de Richard III.
Comme la magistrate concernée, en joignant cette lettre au dossier de la procédure et en rouvrant les débats aux fins de permettre aux parties de prendre position, j’espère qu’Anne-Marie rouvrira mon dossier pour une vérification sérieuse de la somme que l’Etat me réclame au titre des Contributions directes.
Onkelinx qui n’avait soufflé mot aux dépenses d’Arena pour l’ambiance intérieure de son ministère, se souvenant que parmi ses mandats, elle avait celui de la justice, n’admet pas un tel comportement de la camarade présidente du Sénat. Elle aussi, forte de son expérience en séparation, veut une séparation stricte et complète. On verra plus tard qui aura la garde des dossiers « la magistrate consternée a, en l’espèce, adopté une position juste et adéquate en rendant public, dans le cadre du débat judiciaire, le courrier qui lui a été adressé. »
Il manquait deux femmes à l’appel de cette bataille de femmes. Madame Milquet crie aussi à la faute. Ancienne avocate, la présidente du CDh souhaite qu’un code de déontologie puisse être établi afin de préciser le type de démarches autorisées à l’égard des autres services de l’Etat dans des dossiers individuels. Vlan, voilà une Loi en plus sur le chantier du Parlement.
Isabelle Durant a été la plus dure envers la pauvre Anne-Marie. S’immiscer gravement, bafouer les règles sont des termes forts. Isabelle va jusqu’à trouver incompatible la machine à électeurs d’Anne-Marie à Huy – sa célèbre permanence sociale - avec la présidence du Sénat.
J’ai gardé le MR pour la bonne bouche. Didier est sous le choc. Pourvu qu’il n’ait pas besoin d’un triple pontage pour continuer le combat libéral comme Bill Clinton !
La belle hutoise tenterait de nier les faits !
Depuis que Ducarme et Duquesne se sont éloignés du pouvoir, le vent du renouveau a requinqué les consciences… Enfin, le parti renoue avec la vertu ! Il était temps. Des bruits courent que Didier porterait un cilice sous sa chemise !
Le fils Michel demande à voir.
Et tout ça pourquoi ? hein, ils se demandent tous… C’est que Anne-Marie, en se faisant prendre, risque de gâter la potée.
Pour une fois, je suis d’accord avec les Justes du Royaume pour stigmatiser la dame.
Il aurait été si facile et tellement plus efficace de donner un simple coup de téléphone !

13 mars 2005

Une bouche de la vérité bien nourrie

Nos collabos secrets des années vert de gris ont eu plus de chance que leurs homologues polonais et roumains.
Nos balances qui tapissaient les murs de la gestapo de leurs dénonciations, à la Libération après une chiasse d’une quinzaine de jours où il ne faisait pas bon être adolphin, ont respiré un bon coup quand les Résistants ont rendu leurs armes aux Américains et à la Brigade Piron, pour bosser à l’usine.
Ah ! la lettre aux Autorités allemandes, dans quelle main était-elle en 45 ?
« Je vous signale qu’au 54, rue Marcel Déat, on écoute Londres et sans doute qu’on héberge des Juifs, signé un admirateur d’Adolf ».
A la Libé, enquête, empreinte digitale, comparaison d’écriture, contre-délation des voisins libérés des Fritz, et hop, l’adolphin pouvait se retrouver en cabane où tout pouvait arriver.
Ce n’était pas le moment de faire les mariolles.
Je suppose que les collabos survivants ont perdu la mémoire depuis longtemps. Les autres… le diable les emporte !
Les sacs de lettres anonymes ont disparu, sauf, de ci, de là, une enveloppe restée coincée derrière un tiroir ou un facteur résistant qui a pris le risque de ne pas donner cette saloperie aux Allemands.
Pour les plus exaltés, le temps d’enterrer au fond du jardin la croix de fer du fils gagnée à Tcherkassy, ils ont hissé les trois couleurs et fait du marché noir avec les Américains.
Sur la lancée de sa connerie, l’Adolphe, « Nuit et brouillard » à fond, a fait détruire par ses sbires archives et traces. Pas pour faire plaisir aux collabos, c’était dans son esprit pour que rien ne subsiste derrière lui, déjà « précurseur » esprit d’Oussama. Heureusement que certains officiers de la Wermacht étaient moins salauds. Ils n’ont brûlé que les papiers, pas les maisons. Enfin, pas tous.
Mais les communistes polonais ! de ces kilomètres d’archives… de ces inoubliables collaborateurs secrets, à tel point que les listes circulent sur Internet, mais en patchwork avec leurs victimes. Si bien que les Polonais découvrent horrifiés que leur voisin si gentil « en était » mais nul ne saurait dire si c’était devant ou derrière les barreaux !...
Quant aux Roumains, la bureaucratie y était telle que la Securitate, la police du Conducador, s’est peut-être persuadée que la meilleure façon de noyer le poisson, était encore de faire visiter les caves. Personne n’aurait le courage, pensait-elle d’ouvrir les cartons.
Officiellement les argousins de Ceausescu comptaient 20.000 officiers. Mais la Securitate s’était assurée de la complicité de plus de 600.000 informateurs, recrutés à tous les niveaux de la Société.

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Las ! une association de détenus politiques épluche les monstrueuses archives. Déjà les statistiques – les Roumains sont des gens à statistiques – ont déterminé que 39 % des informateurs avaient fait des études supérieures et 37 % des études secondaires. C’est dire si côté intellectuel, ça y allait la balance. A peine un 1 % 5 de ceux-ci étaient rémunérés et un autre 1 % 5 avaient cédé au chantage. Les 97 % des admirateurs-délateurs de Ceausescu avaient été poussés par des « sentiments patriotiques et politiques ».
Les chercheurs qui lisent les dossiers sont stupéfaits du ridicule des accusations et de la bêtise des agents de la Securitate. Ils inventaient les ennemis du régime à tout va pour étendre les petites affaires délatrices. Avec ses 21 millions 600.000 habitants la police politique avait de quoi faire.
Tout le monde avait sa fiche, selon que le citoyen roumain était délateur ou victime. L’espoir du régime était sans doute de faire passer les délateurs à 10 millions et quelques, de sorte que le génie des Carpates place sous les verrous la moitié de la population.
Enfoncé l’Adolphe…
Je croyais – comme j’étais naïf – que seule la population allemande était disciplinée au point de suivre son führer dans toutes ses conneries. Je me trompais, en Europe, on n’est pas mal non plus dans l’étude sur le chien de Pavlov.
On bondit au coup de sonnette, à la dénonciation, à l’amour des polices et du dictateur avec tellement de zèle qu’on se demande si on n’a pas intérêt à se réfugier sur une île déserte… et encore, sans papier ni crayon. On serait capable de se dénoncer soi-même !

12 mars 2005

La cata… la cata… la cata…

Les Twin towers et le drame du 11 septembre ne se sont pas éloignés de nos esprits. Les répliques des USA sont toujours en cours. Par contre, nous n’avons intégré cet événement d’histoire que comme un avatar de la folie meurtrière de quelques fanatiques, alors que sa répétition à Madrid et surtout en Irak devrait nous faire sentir qu’il y a sous ces attentats une dimension qui nous échappe. Celle d’une guerre possible opposant des puissances formidablement armées contre des factions brandissant des tournevis et des cutters.
Bien entendu, nous sommes dans le camp de la guerre fraîche et joyeuse et, par conséquent, nous sommes remplis d’horreur à l’encontre des criminels qui s’en prennent à des civils.
Le plus révoltant des attentats a été celui revendiqué par Shamil Basayev, d’un commando tchétchène prenant près de 1.200 personnes en otages - dont la moitié d’enfants - dans une école d’Ossétie du Nord, le jour de la rentrée des classes.
J’avoue avoir versé des larmes de dégoût en regardant les scènes épouvantables de cette barbarie à la télévision.
Chose curieuse, j’ai, par contre, ressenti un sentiment de vengeance justifiée lorsque tout dernièrement j’ai revu des reportages sur le bombardement de Dresde en 1945, quelques mois avant la fin de l’Allemagne nazie, dans lequel périrent des dizaines de milliers de femmes et d’enfants, tout aussi innocents que les otages d’Ossétie sous les bombes américaines et anglaises.
L’homme est une bête curieuse. Ce qu’il condamne d’un côté, il l’accepte de l’autre. Alors que toutes les guerres sont des saloperies sans nom. Dans le cas des attentats, on nous a fait remarquer que ce n’était pas « faire la guerre », qu’il ne s’agissait rien d’autre que d’une maffia criminelle. D’accord. Mais alors, qu’on me dise ce qu’est une maffia criminelle, où commence-t-elle et où devient-elle une « juste cause » démocratique ?


On dit que le troisième millénaire a commencé le 11 septembre 2001, que c’est une véritable coupure historique. L’événement de ce jour-là est sorti du virtuel pour entrer dans le réel.
A revoir les films amateurs qui ont été tournés au moment des faits, on est frappé de l’incrédulité qui se lit sur les visages. Les gens ont du mal à croire ce qui leur apparaît comme insensé et impossible, à peu près de la même manière que s’ils contemplaient un phénomène inexplicable et qui pourtant a lieu, comme a pu être le tsunami ressenti comme une vengeance des dieux par les populations insulaires !
Mais alors, la pire des monstruosités, du fait de la nature ou de celui des hommes, devient possible ! En principe, ce qui devient possible, ne l’était pas auparavant ! La logique voudrait, que si cela s’est produit, ce soit au contraire, qu’elle était possible ! Donc, tout peut arriver.
Ainsi, une fois de plus, nous aurons passé de l’abstrait au concret, sans bien comprendre...
Proust dans « Albertine disparue » décrit le désarroi et l’incrédulité qui saisissent les gens devant l’imprévisible. « Pour se représenter une situation inconnue l’imagination emprunte des éléments connus et à cause de cela ne se la représente pas ».
C’est bien le drame des démocraties dont les dirigeants ne gèrent que l’immédiat et surtout ne préparent pas les lendemains possibles, a fortiori s’ils les pressentent catastrophiques.
Nous payons chèrement le slogan électoral : « Votez pour moi et cela ira mieux ! ».
C’est le problème de Bush qui ne signe pas les accords de Kyoto et qui pousse l’Amérique à vivre dans des conditions telles que cela s’avérera une lourde faute aux générations américaines futures. Il ne le peut pas, comme ne le peuvent pas tous les dirigeants occidentaux pour la bonne raison qu’ils sont élus pour des « challenges » euphoriques et prospères, et non pour des prévisions aléatoires.
Un homme politique est élu pour gaspiller, non pour prévoir les difficultés générées par son gaspillage. « Après nous le déluge » est la clé du code. Résultat, tôt ou tard, c’est le déluge. Eh bien ! nous y sommes…
Si les actes barbares du type « 11 septembre » sont inscrits dans la mémoire collective et donc possibles, il en est des crises de civilisation tout aussi redoutables, mais qui restent dans les esprits comme « impossibles ». Les gens pensaient exactement la même chose cinq minutes avant l’attentat contre les Twin towers.
Une crise de civilisation réputée « impossible » est, cependant, « certaine ».
Le tout est de savoir quand elle aura lieu ?

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Il y a d’abord l’enseignement de l’Histoire.
Rien ne dure. Rien n’est infini. Tout évolue jusqu’à un point de rupture d’une civilisation qui dès lors, devient « ancienne ».
Qui ne voit comme l’économie productiviste pousse l’homme vers des impasses et comme les signes avant-coureurs sont nombreux qu’une telle chose nous pende sous le nez !
Cette civilisation qui allait soi-disant faire entrer l’homme dans une ère de prospérité sans égale s’achève sur des décombres et en ayant déçu tout le monde. Le premier des signes d’une crise majeure est dans l’absolue foi de façade de nos contemporains dans l’avenir. Un peu à la manière de Clint Easwood en manager de boxe dans son dernier film. Derrière la façade, la peur du lendemain partagée par tous.
Le deuxième signe se vit sur le terrain où se constate l’énorme différence entre ce qui se dit dans les sphères du pouvoir et la réalité de la rue.
Et enfin, comme la romaine et la grecque qui périrent de leur incapacité à intégrer leurs esclaves, notre civilisation se perd dans la même incapacité, avec ses centaines de millions de travailleurs-esclaves et de chômeurs misérables.
Les éléments naturels malmenés, les huiles fossiles épuisées, à eux seuls seraient suffisants pour précipiter une fin de civilisation par un effet « mécanique », pareil à la catastrophe qui mit fin aux dinosaures.
Il y a un argument imparable qui rend crédible la vraisemblance du scénario. C’est le même qui a fait croire impossible l’effondrement des Twin towers : c’est la certitude obsédante et imbécile que la démocratie libérale est la seule voie possible, ce qui a pour conséquence une absence cruelle de projet ou plan de remplacement sur d’autres critères comme l’écologie et la fin du productivisme.
C’est justement, parce qu’on la croit debout pour mille ans, comme croyait Adolphe son IIIme Reich, que la démocratie approximative qui saupoudre ses « valeurs » soporifiques, pourrait s’effondrer dans les mêmes cris d’incompréhension des spectateurs des Twin Towers..

11 mars 2005

Robert compte pour du beurre.

- Entre Lucienne, mets-toi à l’aise…
Dring Dring
- On sonne ! Tu permets… va au salon… J’arrive.
(Robert ouvre la porte d’entrée)
-Par exemple Eridan !
-Je te dérange ?
-Oui, non, c’est-à-dire…
-Je te dérange.
-Voilà huit jours que je n’ai plus de tes nouvelles. Tu m’as quitté en me disant que je comptais pour du beurre !
-Et tu l’as cru ?
-Tu as refusé que je t’embrasse !
-Je peux entrer ?
-C’est que…
-Tu as quelqu’un ?
-Enfin !...
-Si tu as quelqu’un !
-Eh bien oui !...
-Je la connais ?
-C’est Lucienne.
-Lucienne ? Cela ne m’étonne pas. Voilà longtemps qu’elle te court après. Je me demande ce qu’elle te trouve… Tu la sautes ?
-Enfin Eridan !... Lucienne est au salon… ce n’est pas le moment de…
- D’accord. Je passe directement dans la chambre.
-Non. Tu reviens demain, si tu veux, qu’on discute…
(la voix off de Lucienne)
-Robert, tu viens ?
(Eridan est déjà à l’entrée de la chambre).
-Une minute, j’arrive. (à Eridan) Tu promets de rester calme ?
- A condition que tu ne tardes pas trop.
(la voix off de Lucienne)
-C’est qui ?
-Rien. Personne. J’arrive !...
-Merci pour personne. C’est pire que compter pour du beurre.
(Robert revient au salon)
-C’était mon voisin. Il a besoin de moi pour installer un petit échafaudage… enfin une bêtise. Si tu veux, on peut remettre à demain ?
-Mais non, Robert. Je t’attendrai. Tu as des magazines. Je sais où est le porto…
(un bruit sourd sur la cloison)
-Tu as entendu. Il y a quelqu’un dans la chambre ?
-Non. C’est le voisin qui étançonne avant que je n’arrive pour l’échafaudage.
(la voix off d’Eridan)
-Alors, tu viens ?
-Tu entends ? Il y a quelqu’un dans la chambre !
-Non. C’est le voisin qui m’attend.
-Il a une voix de femme ?
- C’est sa femme… Je reviens…

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(Dans la chambre)
-Mais tu es au lit, Eridan ! Qu’est-ce que tu fais ?
- Tu le vois bien je tire sur les manches de ta chemise…
(Une demi-heure plus tard. Robert rentre au salon.)
-Voilà c’est fait. L’échafaudage est en place…
- Tu as un pan de ta chemise hors du pantalon…
- Pardonne-moi.
(Surgit Eridan de la chambre.)
- Tu ne m’avais pas dit qu’il y avait quelqu’un chez toi ! Mais je la connais, c’est Lucienne…
-Tiens, c’est Eridam ! D’où viens-tu ?
-Qu’est-ce que ça veut dire, Robert ? J’entre chez toi en confiance et tu avais Eridan dans ton lit ! Mais quel monstre es-tu ?
-Tu m’avais pourtant promis que tu ne sortirais pas de la chambre, c’est…
-Monstrueux. C’est moi qui sors !...
-Mais Lucienne, je vais t’expliquer…
(Lucienne claque la porte)
- Voyons Eridan, quelle mouche t’a piqué ? De quoi j’ai l’air ?
- Franchement, j’étais venue pour savoir si je t’aimais encore ou pas. Je m’étais dite, laissons-lui une dernière chance. Et…
-Et ?
-Est-ce que tu m’aimes ?
-Oui, je t’aime.
-Je voulais en être sûre, parce que moi, toute réflexion faite, je ne t’aime plus. Tu comprends, il fallait que j’en sois certaine… J’aurais du m’en douter, tu n’as jamais su me faire jouir… Adieu Robert. Si tu te dépêches, tu peux rattraper cette petite conne de Lucienne. Elle est tout à fait ton genre.

10 mars 2005

La Bellum gallicum des vieux !

Le 23 août 79 de notre ère (merci Myriam), les habitants de Pompéi écoutaient avec ravissement les notables romains venus en villégiature leur parler des victoires de Rome sur l’univers barbare.
Le lendemain, le 24 août 79, le Vésuve soldait les comptes de tout le monde en avalant 25.000 personnes, les toges rouges, celles bridées d’argent et d’or, les malheureux esclaves, les riches négociants, les péripatéticiennes et les artisans de la plèbe. Tout le monde à la trappe, à commencer par les philosophes, les brillants sophistes et les sénateurs en villégiature, hommes, femmes, enfants, chevaux, en quelques minutes. Ah ! ce n’était plus le moment de discuter, de relativiser l’importance des choses… Un grand boum, puis le mot fin. Rideau jusqu’au XVIme siècle, et les premières découvertes.
Les plus avisés des Romains ignoraient jusqu’à la présence du volcan qui dormait depuis 3500 ans.
On voit d’ici un Louis Michel déguisé en grand prêtre de Jupiter prédire à Pompéi, le 24 août matin, la venue d’un monde meilleur, fruit du travail des esclaves pour le plus grand bénéfice des riches familles de Rome ! Une prémonition du monde moderne, un génie de l’intuition et puis, plouf, la fuite de l’orateur qui ne fera pas cent mètres, la cata sous la pierre ponce !
En écoutant ce soir le sempiternel discours de Didier Reynders sur l’avenir des pensions et le sort que l’avenir réserve à une population vieillissante, on se dit comme sont dérisoires les discours sur l’avenir économique de la Belgique qui ne prennent pas en compte d’autres facteurs bien plus essentiels comme l’écologie et l’épuisement des ressources minéralogiques de la planète !
C’est comme si Descartes faisait un discours sur la méthode devant le fouillis sans nom de son secrétaire ou qu’Einstein découvrait le fil à couper le beurre après son E = m . c².
Qu’est-ce qu’il en sait, Didier Reynders, de notre avenir, tant lui et ses semblables n’envisageraient rien tant comme une catastrophe de dire honnêtement qu’ils n’en savent rien ?

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C’est bien le malheur et la faiblesse des démocraties d’avoir à leur tête des individus qui ne font de la politique que pour durer, dont le principal souci est de prendre le pouls des gens pour leur dire ce qu’ils veulent entendre, à savoir que demain ce sera mieux qu’aujourd’hui.
Encore que lui, Didier Reynders est dans son rôle de contemplateur admiratif du système économique dominant, le seul qu’il connaisse et qu’il admirera jusqu’au bout, dût-il fermer les yeux sur les dégâts de la logique d’une mondialisation destructrice des hommes et de l’environnement.
Mais la gauche ?
Comment peut-on accompagner ces monstres d’égoïsme, ces fourriers de cette société marchande qui nous conduit droit au mur, sans le moindre sursaut d’orgueil pour l’honneur ?
Toute valeur d’usage peut être produite de deux façons : le mode autonome et le mode hétéronome. Nous sommes en plein dans le second. Nous produisons au service d’une fin qui n’est plus la nôtre. Le mode autonome venant de l’individu contient toutes les valeurs humaines qui ne sont reprises nulle part dans la suite des « nécessités » de l’économie du second.
La gauche sait cela et cependant, elle ne dit rien. Elle laisse faire, quand elle n’aide pas, elle-même, au nom d’on ne sait quel profit que retireront ceux qui deviennent un peu plus de jour en jour les pions d’une partie d’échec qui se joue ailleurs.
Cette trahison, nous en sommes responsables tant nous avons cru comme les responsables politiques que nous avons élus, que le capitalisme pouvait s’éclairer, s’humaniser. Quelle erreur grossière ! Ainsi, nous sommes nos propres fossoyeurs…
Il n’est même plus question pour on ne sait quel avenir d’envisager une synergie positive entre le mode autonome qui nous est propre et le mode hétéronome qu’on nous impose, puisque cette réhumanisation n’est même pas dans le programme des futurs « combats » de la gauche !
Ce renoncement à la veille des grandes remises en question est accablant.
Cela signifie que nous aurons à subir jusqu’au bout les faux raisonnements et les collaborations douteuses quand bien même, lorsque demain, le système serait aux abois. On peut se demander si à ce moment nous ne marcherions pas en bons petits soldats vers de nouvelles et exaltantes boucheries, de bien belles guerres saignantes à souhait… avec un Reynders chef de section et un maréchal des logis Di Rupo plus vrai que nature !
Il paraît à Pompéi, c’est Caius Caecilius Secundus qui l’écrit à son ami Tacite, que tout se passa si vite que personne ne se rendit compte de rien.
Alors… si c’est pour ne pas souffrir… mais alors que Didier Reynders abrège son discours sur les vieux, quand on va mourir, on a autre chose à faire qu’écouter des conneries.

9 mars 2005

Frits Bolkestein or the modern prometheus

ERCKMANN et CHATRIAN en devenant Hollandais passent de Fritz à Frits, comme Frankenstein devient Bolkestein, en naissant, tel le monstre de Poséidon, des eaux du Zuiderzee.
La collection des Commissaires européens – si ça continue – deviendra une curiosité à l’identique des Princes Hohenzollern peints et pendus dans les galeries de Sigmaringen. Plus on les observe, plus on leur trouve des airs de famille sous leurs tares apparentes.

Quoique imitant Amin Dada qui appelait les crocodiles en faisant cliqueter ses médailles au-dessus du lac, et alors que ces animaux affectueux s’empressaient vers le yacht présidentiel en souvenir des dînettes des ennemis du prince, le Président Di Rupo eut beau battre le rappel de ses grands prédateurs du boulevard de l’Empereur, il n’y eut guère de monde après le Congrès du PS pour s’enthousiasmer de la mise au frigo de la directive Bolkestein, d’autant qu’Elio s’était réjoui trop vite.
Il s’agissait simplement pour la Commission de resserrer les boulons de la majorité de droite du Parlement européen et pas de supprimer le bidule.
Elio Di Rupo a raison de se méfier du Hollandais. L’initiative de l’ami Frits ouvre la porte au dumping social et nous conduit – toujours sans nous demander notre avis – à une vie à l’américaine.
Pourtant, Di Rupo est prêt à subir tous les outrages de Bolkestein. Il a passé un deal et a besoin de l’Europe pour sauver la Belgique et la dynastie. Enfin, il est persuadé que l’on n’attend que lui au château. Il hésite déjà entre être sacré comte ou baron. Quoique baron, il l’est déjà. C’est lui qui à la foire du Parlement applaudit le plus fort dès qu’on agite les trois couleurs.
Du reste, son initiative contre la directive Bolkestein était respectable.
Qu’est-ce que la directive "Bolkestein" ?
Elle permettra aux entreprises d’offrir leurs services dans n’importe quel pays de l’Union, sans autre obligation que d’être en règle avec les lois du pays d’origine. Cela fait peser une menace sur des secteurs d’intérêt public comme la santé, l’éducation ou la culture qui devront affronter la concurrence. Mais la Commission l’a répété vendredi, le grand marché des services est indispensable à la relance de Lisbonne. Il pèse plus de la moitié du PIB de l’Union et un bon 60% de ses emplois. Bref, il n’est pas question de faire marche arrière et d’enterrer le texte.
Les opposants voudraient que l’Union s’emploie d’abord à harmoniser les règles de fonctionnement de ses services, comme elle l’a toujours fait jusqu’ici, notamment pour la libéralisation des télécommunications ou de l’énergie. Mais ce processus est long, et la Commission ne veut plus attendre ...

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La Commission joue sur l’exemple du « dynamisme » américain et les initiatives de l’OMC.
Mais, ce faisant, elle bouleverse l’ordre des choses et ce n’est pas lorsqu’on élargit l’Europe à dix nouveaux membres et qu’on propose aux peuples et aux parlements de l’Union de ratifier un traité établissant une Constitution pour l’Europe, qu’on innove dans des secteurs aussi sensibles et chargés de sens en matière de Droit et de solidarité ;
La Commission, en intégrant dans le champ d’application du texte une partie des services d’intérêt général, et en mettant en avant le principe du pays d’origine, renonce à progresser dans la voie de l’harmonisation progressive du droit et de la préparation d’un cadre juridique pour les services publics.
Quand on pense que les principaux secteurs professionnels concernés n’étaient même pas avertis de l’existence de la directive, on se demande ce que font les Parlementaires européens de gauche ?
Evidemment, laisser les principaux concernés sur la touche a la même origine méprisante de ceux qui nous demandent de faire confiance aux mandataires qui vont dire « oui » à la Constitution sur un texte qui n’est disponible dans les librairies qu’au prix de 4 euros.
A l’heure où dans le monde la misère grandit, qu’elle est perceptible dans nos grandes villes, accélérer l’allure pour nous rendre de plus en plus égoïstes donc anti-social, c’est nous retrancher de toute possibilité d’entretenir l’espoir d’une vie meilleure à la moitié de l’humanité. C’est, mieux que d’emboîter le pas des Américains dans la sale affaire de l’agression de l’Irak, c’est nous condamner de vivre comme eux et finalement, de mourir comme eux, dans la réprobation générale et l’absolu mépris de l’honnête homme.

8 mars 2005

Du rêve au cauchemar…

Bien sûr que les altermondialistes ont raison de dénoncer la mondialisation de l’économie comme la cause de l’aggravation des conditions de vie des 3 milliards 6oo millions d’être humains vivant avec moins d’un dollar par jour, bien sûr que les écologistes sont parfaitement en droit de craindre le pire dans les 50 prochaines années d’un accident climatique à force de pollution et de réchauffement subséquent de la planète, bien sûr que le club de Lisbonne et Ricardo Petrella ont raison de dénoncer un tsunami par semaine avec la mort de 250.000 personnes par manque d’eau, de soin et de nourriture, bien sûr, bien sûr…
Si les conditions actuelles sont dures pour la plupart des gens, y compris les couches défavorisées des populations occidentales, il ne faut pas s’en prendre aux effets, c’est-à-dire au système capitaliste qui pousse à l’égoïsme forcené pour surnager et surclasser les autres, il faut s’en prendre aux causes, c’est-à-dire à la nature fondamentalement perverse de l’homme, à la manière qu’il a toujours eue de vivre dans des hiérarchies de pouvoir établies depuis la nuit des temps, à son effroi anticipatif d’être un jour démuni et à son instinct d’accaparement des êtres et des biens.
Voilà les racines du mal. Voilà ce qu’il faut modifier.
C’est à ce titre que le capitalisme si bien en adéquation avec l’homme a des chances d’être encore longtemps le seul système possible.
Des hommes se sont élevés contre les horreurs de leurs temps, les crimes odieux, les massacres perpétrés de sang-froid. Qu’on les appelle dieu, prophète ou philosophe, ils ont permis à « l’honnête homme » de ne pas se sentir seul au milieu des chacals. Ils nous ont permis, à nous qui sommes les témoins passifs d’horreurs, à nous sentir moins sales et à nous dire que tout n’est pas irrémédiablement perdu.
Quant à vouloir nous faire croire qu’à force d’enfoncer le clou, tout pourrait un jour basculer par la seule arithmétique du bien victorieux du mal, c’est reproduire un angélisme qui concourt au découragement et au scepticisme collectif.
Comment osons-nous avoir la prétention de changer le monde, quand nous sommes incapables de changer les relations entre « voisins » ?
Ce petit fait-divers ramène à la réalité.
« Des habitants de Bourg-en-Bresse manifestent contre des SDF ».
En un mot trois cents personnes, habituées de la place des Bons-Enfants, ont manifesté leur ras-le-bol depuis que des marginaux, une trentaine environ, tous plus ou moins sans abri, se regroupent au centre ville. Le maire interpellé par les manifestants a reconnu ne pas pouvoir apporter de solutions miracles ».
Les détails des reproches sont bien connus. Ils sont les mêmes partout.
« Zonards inéducables, malpolis, profiteurs, voleurs. Ce ne sont pas des gens comme nous. Il faut les empêcher de nuire, etc. » Langage classique des « Assis » de Rimbaud.
Une analyse en profondeur de la société de consommation, pourvoyeuse des « déchets sociaux », même si elle n’est pas responsable de toutes les dérives, n’est faite par aucun des « scandalisés » qu’ils soient de Bourg-en-Bresse ou d’ailleurs.
Ce qu’on leur reproche à ces pauvres, c’est d’être visibles. Combien leur saurait-on gré de se terrer dans un trou et d’y attendre la mort. « Une mort digne » glapiraient les gazettes et les bourgeois.
Peut-on imaginer que l’incroyable succession de drames sociaux dont notre société abonde va trouver un début de solution dans un cadre général et européen ?
L’actuelle proposition de Constitution européenne fait entrer l’Europe, c’est-à-dire nous, dans un processus irréversible de privatisation de l’ensemble des activités encore gérées collectivement : la poste, les chemins de fer, les pensions et les assurances sociales, sans que la gauche s’en inquiète beaucoup. Nous nous écartons davantage par cela de toute possibilité de partage avec les 3 milliards et quelques de personnes à moins d’un euro par jour de « revenu » !

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C’est exprimer la volonté d’entrer dans l’égoïsme le plus radical qui soit.
Au reste, on va le savoir de suite, les récessions qui s’annoncent, les effondrements qui se profilent : le monde occidental a bien l’intention de les récupérer sur le dollar par jour des pauvres, sous prétexte que parmi eux, il y en a des millions qui vivent avec 50 cents !
Alors, rêvons à un monde meilleur, certes, mais pas trop, de peur que ce rêve ne tourne au cauchemar.

7 mars 2005

Certificat de visite

- Ah ! tu fais chier, mec… tu fais chier…
-Nom de dieu ! Marc, je n’ai encore rien dit…
-T’as intérêt, Acteon, t’as intérêt !...
-Pourquoi tu répètes toujours tout deux fois ?
-Comment ça deux fois, comment ça ?
-Tiens à l’instant là, tu as dit deux fois « comment ça » !
-Fais pas chier, Marc, je reviens de l’autosécu…
-T’es pas le seul à revenir de l’autosécu avec une bagnole pourrie !
-Mais ça sert à rien, l’autosécu, ça sert à rien !
-Quand même, si-z-ont plus voulu que tu roules, faut croire qu’elle était vraiment pourrie !
-Merde, que non, ça roule encore. C’est chez eux que ça roule pas. Et puis, pourquoi qu’on les refuse les voitures ?… Après qu’on les refuse, elles font encore dix ou quinze ans de route à Ouagadougou ou à Kin ! Elles sont pourries, merde, ou elles sont pas ?…
-Hein, je te le demande ?
-C’est pour que les dealers vendent de la bagnole neuve… que ça turbine chez Volkswagen. Et que les ferrailleurs exportent les containers, pleins…. les containers
- On économise des morts sur la route, grâce à l’autosécu…
-T’as déjà vu qu’on économisait des morts sur la route, parce que tu roules plus à cause d’un bouchon de réservoir pas conforme ? …que ton extincteur est périmé ou que t’as un Michelin à gauche et un Uniroyal à droite. Merde… T’as lu les statistiques ?
-Tu remplaces et puis tu roules avec. Positif, tu roules, avec ça…
-C’est toi qui répète deux fois, banane ! C’est quand même eux avec leur plongeur qui te disent si tu pollues, mec…
-Là, pardon la pollution, t’as cent bagnoles qui glandent des plombes à l’autosécu. C’est l’autosécu qu’organise la pollution !...
-Ils ont besoin de ton pognon, chéri, alors i’ t’inventent des obligations. Tu casques, à l’autosécu. Tu casques partout, pas un seul chrome qu’échappe… i-z-empochent les ristournes…
-Note, je sais pourquoi, ils nous emmerdent que c’est plus possib’, qu’ils nous emmerdent.
-Aha ! pourquoi ?
-Parce qu’i’ peuvent plus emmerder ceux qu’ont foutu le camp avec l’oseille… I’ sont fleurs. I’ a plus que nos gueules. Faut qu’ils emmerdent, ils tombent sur nous, question d’emmerder.

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-Et l’emp’oi, mec, l’emp’oi ? Qui c’est qu’a l’emp’oi ? C’est Tonton Uessa. Mais l’autr’, tonton Uessa, est pas fourré à la fabrique Nationale ou à Cockerill… Est pas con. On le voit jamais où c’est que les aut’ travaillent …
-Il est où Tonton Uessa ?
-Aux Bahamas, merde, le salingue, à se faire roustir les binos avec Miss Monde à poil sous les cocotiers… C’est pas le tsunami qui va branler sa bomba…
-La planque !
-Parfaitement. L’autosécu peut pas les épingler, ell’ compte plus que sur nous, la vache, ell’compte plus !... pour repasser.
-T’as vu tout ça à l’autosécu ?
-Parfaitement, dans la file d’attente. Faut dire que les autr’ énervés sortaient toutes les cinq minutes de leurs ferrailles, tournaient autour, klaxonnaient, jouaient des phares. Tapotaient su’ l’volant, histoire d’entendre le tuut-tuut de leur bahut. Viens pas dire que ça fait pas chier l’autosécu ?
-Si on devait faire que ce qui fait chier personne, on trouverait pas… par contre… ce qui fait chier tout le monde… t’as pour faire des volumes.
-Des volumes ?
-Des pages, quoi !
-Comment des pages quoi, comment des pages ?
-Tu vas poursuivr’ longtemps, dis, à me les casser à répéter deux fois ? Pour t’emmerder, c’est à remplir des dizaines de livres de tout ce qu’i’ peuvent pour nous emmerder. Capito ?
-T’as dit des volumes. Volumes, quoi, ça veut dire des livres, volumes, ça veut dire !
-Tu lis jamais ?
-Quand je lis, je lis dans les livres, pas dans les volumes.
-C’est la même chose, Ducon, la même chose !
-Tu peux lire un volume d’air, pauvr’ type ?
- Ah ! tiens, t’es trop con. Tu fais plaisir aux contributions, tellement t’es con !
-Pourquoi ?
- Parce que les contrib’ c’est pour mieux nous emmerder. Ce qu’i’ prennent pas à l’autosécu, ils te finissent en direct…
-En plein dans la gueule ?
-Oui, plein dans la gueule, qu’i’ taxent deux fois tellement qu’elle augmente de volume, ta gueule, parole…

6 mars 2005

Le syndrome des affaires

Plus le pouvoir économique monte en force, au point de mettre au second plan le pouvoir politique, plus ce dernier, par compensation de sa perte d’autorité d’un côté, augmente ses démonstrations d’autorité de l’autre. C’est comme dans une dictature en proie à la guerre civile, plus la portion de territoire dans les mains du dictateur diminue, plus celui-ci emploie la manière forte pour contraindre davantage le peuple à subir son joug.
Dans un pays qui compte un million de chômeurs, une aggravation de la pauvreté et une diminution des revenus des pensionnés et des travailleurs de base, n’est-ce pas dérisoire de sortir – en vrac et dans le désordre - des lois antitabac sans que l’on détermine ce qu’est le stress primal qui en perpétue l’usage, d’inonder les ménages pauvres de feuilles d’impôt et d’intimidation à payer dans les délais, d’augmenter toutes les amendes aux infractions du code de la route, d’installer des éducateurs de jeunes, d’améliorer à toute force l’environnement pour la qualité de vie en ignorant que la qualité de vie commence par le niveau de vie, de multiplier les contrôles tatillons et contraignants, y compris l’inspection automobile, de s’inquiéter de la statistique des vols dans les grands magasins, de réprimer la petite délinquance, de surveiller les quartiers à problèmes, de nourrir la conviction d’une insécurité grandissante par des mesures d’investissements de protection, d’aller jusqu’à établir les prix du pain pour en arriver à ce qu’il coûte aussi cher, bref, de verser peu à peu dans un régime dictatorial, quand il suffirait pour éliminer d’un coup 90 % des problèmes d’offrir un travail convenable et bien payé aux gens, et d’élever d’autant les pensions et les indemnisations de maladie et de chômage ?
Pourquoi le législateur ne le fait-il pas ?
Parce qu’il a perdu le pouvoir de gérer l’Etat aux noms des seuls citoyens et qu’il ne le peut pas dans un concept égoïste et libéral.
Les partis politiques qui forment les majorités comme les minorités, qui sont en permanence les pourvoyeurs du pouvoir et des oppositions ne peuvent plus peser sur l’économie qui leur échappe. Le nouveau pouvoir essentiellement économique énonce ses propres lois, contradictoires à la volonté populaire puisqu’elles produisent des dégâts visibles sous nos yeux.
Le pouvoir politique a pris le parti qu’ont pris les syndicats vis-à-vis des employeurs :
Il joue un rôle d’intermédiaire entre le pouvoir économique et nous, avec ce que cela implique de compromission, de lâcheté et d’abandon des principes et finalement de collaboration infamante. En liant son destin à l’économie libérale, le système politique est devenu aussi immoral que son mentor.

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C’est un ministre socialiste qui pénalise les chômeurs. C’est un MR qui parle de supprimer l’imposition des revenus quitte à compenser par l’augmentation des taxes indirectes. C’est l’ensemble de la classe politique qui se démène pour « attirer » l’investisseur, c’est-à-dire caresser dans le sens du poil le pouvoir qui les domine.
C’est tout le drame dans lequel nous sombrons. Incapables de trouver une nouvelle formule, le pouvoir politique voit toutes les richesses produites par les citoyens se dévoyer au profit de quelques privilégiés, contre lesquels il n’a pas prise. Evidemment sa prise de conscience serait plus grande si ses indemnités ses jetons de présence et ses petits privilèges s’en trouvaient également touchés.
Il est tout de même paradoxal que plus nous produisons de richesse, plus nous nous appauvrissons !
Il y a jusqu’à la chasse à l’argent noir qui délimite les pouvoirs de contrôle de l’Etat aux quelques voyous, concussionnaires et profiteurs interlopes, de bas étage, sachant qu’il est impossible de contrôler les grosses fortunes, surtout celle qui se sont établies sur plusieurs générations et encore moins, d’inculper les pontes.
Il arrive même parfois, poussé par ses démons contradictoires que le législateur élève au maximum les taxes indirectes comme sur les pneus ou les freins, en même temps qu’il déplore les accidents dus à l’usure de ces articles essentiels dans le freinage des véhicules. Il sait très bien, en laissant les taxes sur ces articles à des taux plus doux, qu’il sauverait des vies humaines.
C’est également le cas des Ecolos qui poussent à l’augmentation des taxes sur les eaux sous bouteille plastique et qui parlent d’engagement à gauche, alors que les personnes âgées des maisons de retraite n’ont que ce genre de flacons pour se désaltérer, la consigne en verre étant trop dangereuse.
On l’a assez dit : Etat voyou, Etat proxénète, Etat pervers ? Non ! Etat incapable, Etat diminué, Etat subalterne, Etat croupion, oui.
L’Europe au lieu de renforcer le pouvoir citoyen, le dilue et le pervertit davantage. Elle le fait inconsciemment en se superposant au pouvoir de la nation, en multipliant les sources de décisions parfois contradictoires.
Pour que l’Europe soit efficace, il faudrait en finir avec les Parlements locaux et les souverainetés nationales, supprimer les intermédiaires entre l’Europe et nous, faire qu’en sorte le parlement européen soit seul à bord et qu’il ne dépende que des citoyens électeurs européens, ou supprimer l’Europe.
Ce n’est pas demain la veille… Il y a trop de gens aux ambitions politiques à pourvoir. L’Europe et les Etats sont les derniers employeurs généreux. On sait pourquoi.

5 mars 2005

Jivaros d’entreprise.

Les Beaux emplois du Forem.

- Madame Irène Godarès ?
-Elle-même.
-C’est pour l’entretien d’embauche.
-A quel nom ?
-Tiner
-Alex ?
-Non, Florent.
-Florent Tiner, je ne vois pas.
-Je suis bien chez Allidur le réchaud qui chauffe dur ?
-Exact. Attendez, oui, voilà votre demande. Asseyez-vous.
-Où ?
-Sur une chaise.
-Je n’en vois pas.
-Alors, par terre !
-Je préfère le coin de votre bureau. Si ça ne vous dérange pas ?
-Faites votre bilan professionnel.
-J’y suis mal. Hein, c’est pour un test qu’il n’y a pas de chaise ?
- Si vous voulez. Il y en a une dans ce bureau.
-La vôtre !
-Non, derrière la porte.
-Tiens, je ne l’avais pas remarquée. C’est fait exprès ?
-Et votre parcours professionnel ?
-Varié.
-C’est-à-dire ?
-J’ai fait un peu de tout.
-Peu d’expérience, hein ? Qu’avez-vous à me regarder comme ça ?
-C’est que je me prépare à des questions personnelles.
-Lesquelles souhaiteriez-vous que je vous pose ?
-On peut dire que vous êtes conciliante, vous ! Mais, il y en a une que je me pose…
- Moi aussi. L’examen de votre dossier est complexe. Si je vous proposais de finir l’examen d’embauche chez moi, ce soir 22 heures ? Accepteriez-vous ?
-J’allais vous le suggérer. C’est entendu, 22 heures.
-En attendant, travaillons encore un peu. Et alors, votre bilan professionnel ?
-Vous avez ma lettre de demande de rendez-vous.
-Oui, mais il n’y a rien des études que vous avez faites.
-C’est parce qu’il n’y a rien à dire
-Vous n’avez pas fait d’études ?
-Si, mais pour faire magasinier aux pièces, on n’a pas besoin d’avoir fait des études.
-Vous êtes-vous renseigné sur l’entreprise avant de venir au rendez-vous d’embauche ?
- Oui. Allidur c’est une contraction du nom de l’industriel saoudien Ali ben Dhûr ?
-Exact.

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-Celui qui a été condamné en Allemagne pour escroquerie ?
-Simple calomnie.
-Alors, c’est lui ?
-Oui, mais avec sursis.
-Vous voyez que je suis renseigné.
-Vous avez oublié le sursis. Qu’est-ce que vous faites ?
-J’essaie de prendre votre place derrière le bureau, la chaise n’a que trois pieds. Encore un test ?
-Où allez-vous, comme ça ?
-J’essaie de me mettre dans la peau du recruteur.
-Où avez-vous appris ces manières ?
- Au Forem, on suit des cours d’embauche. On nous dit de nous mettre à la place du recruteur.
-Pour deviner ses pensées seulement, pas son corps !
-Voilà dix minutes que je suis devant vous et dedans, il y en a cinq durant lesquelles je n’ai pensé qu’à vos rotoneaux.
-Exprimez-vous plus clairement.
-D’accord, je vous donne un synonyme anglais, ainsi on aura passé le test des langues : butter-boxes.
-Vous voulez m’avoir au charme ?
-Je ne sais pas à quoi je veux vous avoir, mais pour vous avoir, oui, je veux !
-Dites-donc, c’est moi qui pose les questions. Enfin, j’en sais assez. Je garde votre dossier en suspens. Nous verrons vos capacités techniques ce soir…
-Chez vous ? D’accord, 22 heures.
-C’est entendu. Encore une chose, quelle est la question que vous vous posiez ?
-Je me demandais, quand avez-vous su qu’en réalité je m’appelle Ishmet ben Ali ben Dhûr, le fils de l’escroc ?
- Depuis que vous avez l’intention de venir chez moi et que vous ne m’avez même pas demandé mon adresse.

4 mars 2005

L’enthousiasme de Riccardo.

Je reviens d’une conférence débat du politologue et économiste, Riccardo Petrella, titulaire d’un doctorat en sciences politiques et sociales de l’Université de Florence (Italie), fondateur et principal animateur du groupe de Lisbonne, composé de vingt et un membres dont des universitaires, dirigeants d’entreprises, journalistes et responsables de grandes institutions culturelles, conseiller du Centre Commun de Recherche de la Commission Européenne, professeur d’économie politique à l’ Université Catholique de Louvain (Belgique) et président du Comité international pour un contrat mondial de l’eau. Ses prises de position contre la marchandisation du monde et pour la défense du bien commun en font une figure emblématique de l’altermondialisme.

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…discours généreux en termes accessibles d’un observateur lucide, mais qui après un constat d’huissier d’une société capitaliste déliquescente adopte des conclusions surréalistes qui consistent à dire « vous savez, cela ne tourne pas rond, les égoïsmes sont fortement ancrés dans l’homme, mais ne désespérons pas de l’humanité. Tout est encore possible. »
Et d’énumérer trois points qui pourront déterminer une ouverture sur un humanisme mondial en réponse à une mondialisation du commerce.

1. Déclarer illégale la pauvreté ;
2. Organisation mondiale de l’humanité en remplacement de l’ONU ;
3. Déclarer biens publics mondiaux, l’air, le soleil, l’eau, la forêt.

Monsieur Petrella a tout le temps pour arriver à ce résultat, 30, 40, 50 ans.

Le sujet de la conférence était « le rêve d’un monde meilleur ».
D’accord, rêvons, mais les yeux fermés comme sont les rêves, parce qu’ouverts une altermondialisation en douceur dans le but de réduire les foyers de pauvreté dans le monde, principalement en Afrique, en Inde et en Amérique du Sud, passe par le partage des richesses produites dans les pays riches et exploitées dans les pays misérables, et c’est impossible pour 3 raisons.

1. Les productions des pays riches et le niveau de vie vont se trouver durablement affectés très prochainement par les pénuries de matières premières dont le pétrole. Les égoïsmes générés par l’enrichissement des classes privilégiées vont donc se durcir dès les signes avant coureurs de cet effondrement de l’offre. Déclarer illégale la pauvreté risque dans ces conditions qu’au contraire, ce soit le pauvre qui soit déclaré illégal ;
2. Aucune civilisation ne dure. La nôtre est en marche depuis le siècle des Lumières, soit moins de trois siècles. Les civilisations grecques et romaines ont à peine duré un ou deux siècles de plus. La démocratie libérale tiendra-t-elle aussi longtemps ? Il n’est pas sûr. C’est le Moyen-Âge avec ses mille ans qui aura duré le plus. Parce qu’il n’avait pas la cohérence et l’idéologie politique des trois autres. La question est de savoir si en 2005 nous avons une chance de changer les défauts de l’homme qui ont fait les sociétés modernes ce qu’elles sont, en qualités humanistes et poursuivre la construction d’un monde autrement ? Contrairement à M. Petrella, je ne le pense pas.
3. On a essayé de socialiser les éléments essentiels à la vie de cette planète par le passé. Rousseau posait déjà la question de la propriété en termes d’aujourd’hui. Le communisme – un des avatars du capitalisme – a tenté l’expérience avec la catastrophe sur tous les plans que l’on sait.

J’admire la manière dont M. Petrella aborde ces graves questions : avec humour et foi.
Combien j’aimerais qu’il ait raison.
Il est vrai que le rêve débouche sur l’utopie et qu’on n’arrivera jamais à rien en rêvant seul. Mais si le devenir de l’humanité, pour tout autant qu’elle en ait un, doit passer par la solidarité, ce n’est hélas pas M. Petrella et les sophistes qui prendront le meilleur sur les égoïsmes et les Etats forts, comme les USA.
Que pense M. Petrella de la loi Tobin (1/2 % de taxes sur les transactions commerciales pour le tiers-monde) ? On n’est encore nulle part. Alors, à quoi bon se leurrer ?
C’est dommage. M. Petrella était si enthousiaste, si exhubérant, qu’on avait envie de tout cœur qu’il ait raison…

3 mars 2005

Un débat au C.P.C.R.

Samedi dernier, un petit groupe de discussion débattait d’un sujet qui ne semble pas passionner les foules, mais qui, pourtant, pèse lourd dans l’actualité :
« Puis-je agir sur la société ?».
La question est de savoir si notre « qualité » de citoyen signifie encore quelque chose. La difficulté de ce genre de discussion, c’est de ne pas s’écarter du sujet, ce qui est souvent le péché mignon de tout discours philosophique.
Dans une tentative de réponse cohérente, il me sembla utile de définir ce qu’est la société en 2005. En effet, on ne peut envisager d’agir sur une chose qui reste indéfinie.
Comme le régime se dénomme lui-même « démocratie libérale » et qu’il est plus souvent question de « démocratie » que de « libéralisme », ce dernier terme paraissant volontairement moins en évidence que le premier pour des raisons stratégiques, je fis donc le parallèle entre la démocratie grecque à son apogée (au siècle de Périclès) et la nôtre qui s’en réfère sans arrêt.
Pour une Cité de 450.000 âmes (Athènes et sa campagne), le décompte est vite fait. Si l’on considère 400.000 esclaves, plus les femmes et les enfants des citoyens, à qui s’ajoutent les métèques (étrangers) privés du droit de vote, ainsi que les citoyens (hommes adultes) abîmés par l’âge et hors capacité de débattre et de voter, on en arrive à environ 1 % et demi de la population pesant sur la conduite des affaires. Peut-on appeler ce régime une démocratie dans le sens où nous employons ce terme de nos jours ?
La réponse est : « non », de toute évidence. Avons-nous fait mieux ?
En 2005, la participation des gens à la vie collective par le suffrage universel à toute l’apparence d’une amélioration du système grec. Mais, ce n’est qu’une apparence.

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A cela quatre raisons :
1. Le citoyen délègue ses pouvoirs, sans aucun moyen de communiquer son avis que par les urnes, une fois tous les quatre ans, donc sans pouvoir proposer des alternatives aux actes ponctuels posés sur des sujets déterminés ;
2. Les majorités sont toujours composées de plusieurs partis, d’où des programmes de compromis fort éloignés des programmes électoraux. La frustration de l’électeur est quasiment permanente ;
3. Aux Assemblées législatives se superposent le Parlement européen et ses directives à l’adresse de tous les Etats membres, ce qui dilue encore plus le pouvoir du citoyen entre la forme locale et la forme extraterritoriale du pouvoir ;
4. Enfin, le pouvoir économique s’est détaché progressivement du pouvoir politique, jusqu’à en être distinct. Il est devenu prépondérant. L’action du politique s’en trouve amoindrie et subalterne. Les compétences économiques se déplacent et se concentrent en des points lointains de la planète, hors du contrôle des Etats européens.
Je croyais avoir exposé clairement ce que je pensais de la démocratie belge à la sauce moderne : une fiction aussi vide du pouvoir réel des gens que l’ébauche grecque qui, elle, avait le mérite d’innover et de chercher des voies.
Personne n’a voulu ou n’a pu définir ce qu’était une « démocratie libérale » en 2005. Il s’est trouvé l’un ou l’autre participant trop préoccupé de ce qu’il allait dire, pour y réfléchir vraiment. Certains y ont vu de ma part une prétention au bel esprit. Comme si faire une référence à la Grèce en matière de démocratie était une manière de chloroformer le débat.
Puisqu’on n’avait pas réussi à définir la société autrement, il convenait de connaître quelles perspectives nous attendaient et nos chances de peser sur les décisions..
Or, s’il est bien une réalité déjà perceptible, c’est la fin prochaine du combustible minéral. L’or noir ne sera plus dans une évaluation qui varie entre 2040 et le XXIIme siècle qu’une fiction ou une rareté pour le seul confort d’une minorité. Entre-temps, il y aura un pic de production satisfaisant tous les besoins et au-delà duquel, la demande ne pourra plus être satisfaite à 100 %, ce qui créera des tensions de crise. On situe ce pic entre 2007 et 2010.
On peut contester ces chiffres, mais envisagés avec pessimisme ou optimisme, ils tomberont un jour comme un couperet et modifieront sensiblement le concept libéral de croissance indéfinie.
Déjà démuni et sans pouvoir, comment le citoyen pourra-t-il agir sur la société afin d’avoir son mot à dire dans l’importante mutation qui se dessine ?
Vous le croirez si vous voulez, personne dans le groupe n’a envisagé cette hypothèse, sinon pour la contester.
C’est donc bien gauche droite confondues que les citoyens ont une vision étroitement libérale de la croissance. Ils la croient continue indéfiniment !...
J’ai réalisé comme il est illusoire de penser que les foules « sentent » l’histoire. De l’assassinat de Sarajevo, au retour de Munich en 1938 d’un Daladier triomphant, l’opinion n’a guère été prémonitoire. Malgré ses millions de chômeurs et ses certitudes de pénurie dans un proche avenir, personne n’imagine que la démocratie libérale est à son déclin.
L’individualisme actuel engendre un égoïsme qui anesthésie le sens critique. Les constats du chômage, de la pauvreté, de l’injustice, inspirent une fatalité résignée. Cela sauve la société libérale d’un jugement sévère.
Implicitement, nous pensions que nous ne pouvions agir sur la société, sauf à un échelon minuscule et non significatif, sans l’oser pouvoir dire.
Ne serait-ce que parce qu’il a permis de réfléchir sur l’irresponsabilité des foules et leur incapacité d’agir par elles-mêmes, le débat fut très intéressant.

2 mars 2005

L’Europe des Douze !

-Tout va bien entre nous, Simone. Tu travailles, moi pas. Mais ce n’est pas un problème. Tu rentres le soir, je ne te dis pas que j’ai faim et j’attends patiemment que tu te sois déstressée de ton dur métier d’hôtesse. Cependant, il y a une chose qui m’inquiète ?
-Quoi ? C’est rapport à hier quand j’ai mis ton pied droit dans ta pantoufle gauche ?
- Non. Ce n’est pas ça.
-Je sais. C’est quand je suis revenue un peu saoule d’avoir bu avec des clients et que j’ai oublié de mettre le réveil sur 4 heures pour faire le ménage ?
-Non, non ! La fatigue, je comprends. Une nuit de poker, je suis lessivé le lendemain. Alors, toi, avec les clients, c’est physique. Quoique l’autre nuit, tu avais oublié de retirer ta membrane et là, j’étais vraiment en rogne. C’était dégueulasse.
- Ah ! je la sentais plus…
-Je t’ai un peu cognée. Tu l’avais mérité.
-Oui. T’as eu tort. Les bleus, c’est pas commercial !
-Je me demande, ce qui va se passer dans cinq ou dix ans, quand tu auras cinq ou dix ans de plus ?
-Mais, tu auras cinq ou dix ans de plus aussi, et je ne vois pas où est le problème ?
- Moi, ce n’est pas la même chose. Comme je n’ai pas de métier, je me conserve. Mais toi, tu te donnes à fond…. Tu as trop de conscience professionnelle. Mais le résultat est là. Tu finiras par être plus abîmée que moi.
-J’ai 25 ans de moins… et alors, ça compensera mon vieillissement prématuré. J’ai 25 ans et tu en as 50. C’est plutôt le contraire qui risque de se produire. Quand tu auras 60 ans, je n’en aurai encore que 35.
-Justement, tu veux que je te montre comment elles sont tes collègues à 35 ans ? Des épaves !
-Pas toutes. Josy est bien conservée à 42 ans. Il faut voir la belle clientèle qu’elle a… des curés, des hommes d’affaire, des femmes politiques…
-Comment des femmes politiques ?
- Oui, tu sais bien qu’elle a failli aller à Lantin à cause de son député…
- D’accord. Tu prends Josy comme exemple. Pourquoi est-elle bien conservée ? Parce qu’elle a commencé tard. Toi, à 18 ans tu travaillais au port d’Anvers… et pas pour moi !
-Tu vas encore me le reprocher ?
-Non. Mais chaque fois que tu avais quelqu’un de nouveau, tu tombais de plus en plus bas. Tu te rappelles le marin chinois ? Moi, je t’ai trouvé un local, chauffage central, sauna, confort…

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-C’est vrai.
-Juste pour te dire que Josy en plus d’avoir commencé tard, s’est tout de suite spécialisée.
-Tu sais combien ça coûte le cuir ?
-Tu n’as pas besoin de te mettre du cuir griffé Saint-Laurent sur le dos !
-Tu me prends tous mes sous !
-Emprunte, nom de dieu, ménage-toi. Demande à Josy !
-Et qu’est-ce qui arrivera si je ne me spécialise pas, quand j’aurai 35 ans ?
-Notre amour pourrait sombrer, toi trop moche et moi portant mes regards ailleurs… C’est ça que tu veux ? Je ne pourrais pas supporter de te voir toute ridée, surtout du bassin. Je pourrais m’enticher d’une de tes collègues. L’autre jour, tu bullais devant « Chez François » à côté de toi, il y avait une Albanaise magnifique. C’est bon que je sois barge de toi, mais dans dix ans !
-L’Albanaise en aurait 28 et toi, toujours 60, dans dix ans !
-Tu m’énerves, à toujours ramener vos âges au mien. Comme si c’était comparable… T’as vu Hallyday ?
-Tu es bien conservé, je reconnais.
-On ne peut mieux.
- Tu me diras, c’est le hasard, mais l’Albanaise m’a présentée à son mari…
-Albanais ?
-Non, Marocain, ben Yaya.
-De la bande à Sheriff ben Yaya ? Attention… ils rigolent pas !
-Je lui ai parlé de toi ! Sheriff trouve que c’est pas juste que tu ne fasses rien. Il a demandé à son pote de te prendre aux taxis, à partir de demain tu fais la nuit.
-Comment ça je fais la nuit ?
-Oui, t’as entendu. L’Albanaise veut bien qu’on s’associe et on va se marier tous les trois, Sheriff, elle et moi.
-J’ai jamais rien entendu d’aussi con !
-Toi dorénavant tu bosses aux taxis et tu fermes ta gueule.
-Et si je te corrigeais une bonne fois ?
-Tu peux. T’auras Sheriff à l’addition. Si t’as compris la manoeuvre, après ta nuit aux taxis, tu fais la tambouille en rentrant. S’il en reste après le déjeuner, c’est pour toi.
-Mais Simone, ils sont pas de chez nous, ces gens-là !
- C’est l’Europe de demain, Antonio.
-Je le savais, que ça pouvait plus durer, l’Europe des Douze !…

1 mars 2005

Di Ruppet’s show

…faire un Congrès pour la ratification de la Constitution européenne dans les bâtiments du parlement européen à Bruxelles, c’est proprement se foutre de la gueule des autres, c’est-à-dire des militants qui sont opposés à cette ratification.
C’est ce qu’a fait le PS sous la houlette d’un Di Rupo plus Orléaniste que le roi, plus « Schumaniaque » que Robert et enfin, plus démocrate libéral que Paul Frère.
C’est dire si l’ambiance était unanime !
Napoléon manipulait le Conseil des Cinq Cents, ici, avec une centaine de godillots en moins, la chose était aisée pour un Elio en pleine forme, les cheveux plus geai Oréal que jamais, le demi-sourire conquérant et l’argument au bord des lèvres d’un curé de et en campagne.
Seule la fédération liégeoise traînait la semelle. Il y aurait même eu quelques francs tireurs pour perturber la salle, si Jean-Maurice Dehousse ne s’était démené pour recoudre les pièces qui apparurent finalement comme un bel édredon par ces temps de fraîcheur, dissimulant ainsi quelques courtepointes (écrit abord en deux mots puis en un)
Comme le montois ne veut toujours pas d’un référendum sur cette chose qui va nous tomber dessus, pour faire diversion, il a évoqué la possibilité d’une consultation afin de savoir si la population veut continuer à vivre dans une Belgique unie.
C’est quand même un comble alors qu’on va déménager dans un logement communautaire, enfoncé jusqu’au cou dans un système libéral mondialiste dont nous ne pourrons plus sortir, de nous demander si nous voulons garder le trois pièces cuisine ancien !
Le Vlaams Belang, partisan de l’organisation d’un tel referendum, se dit prêt à relever le défi et veut déposer une proposition au parlement... avec le PS, pour rendre possible une telle consultation. Il n’y a aucune chance que les autres partis changent la Constitution, pour que Di Rupo s’affiche grand démocrate !
Si le Président estime qu’un référendum sur la Constitution européenne est un risque énorme, que dire de son idée de questionner les Belges, afin de savoir s’ils veulent rester ensemble ?
Evidemment on ne peut pas faire passer un brouet de navets pour un filtre d’amour. Alors, il a fallu expliquer au Congressistes que le « Oui » voulait à peu près dire « non » à l’Europe libérale.
« Il n’y a pas de solution de rechange crédible à l’Union pour espérer réguler la mondialisation », a dit un Elio pessimiste. C’est presque l’histoire pathétique d’un type qui trompe sa femme et qui s’en repent en rentrant chez lui, mais qui, dès le lendemain, reprend le chemin du nid d’amour de sa maîtresse. Car, elle s’en fout du « Oui mais », la belle garce mondiale, à partir du moment où Di Rupo, nous met à poil en déposant sur la table de nuit notre sueur, notre sang et nos larmes.

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La nouvelle Constitution apparaît à notre homme comme un instrument qui améliorera les institutions européennes. Mais elle ne constitue pas une fin en soi. Le tout est de savoir comment Di Rupo luttera contre l’Europe libérale, une fois qu’il aura voté « oui » ?.
Au passage, il a égratigné notre premier ministre Guy Verhofstadt, tout à son idée d’opérer un glissement massif de la fiscalité directe vers la fiscalité indirecte, pour rencontrer la stratégie de Lisbonne. « …c’est par essence la fiscalité la plus injuste car elle frappe indistinctement le riche et le pauvre », a dit Di Rupo, ce en quoi, il a parfaitement raison. Malheureusement, il a oublié de nous dire comment il allait s’y prendre, là aussi, pour que cette orientation ne se fasse pas, alors que le premier ministre retourne à pas rapides à ses anciens démons thatchéristes, encadré par les ministres socialistes wallons et bruxellois du gouvernement fédéral.
Les représentants des fédérations du PS ont exprimé l’appui quasi unanime de leurs membres au "oui de combat". Ce serait comme un « oui » privatif !
Au passage, Di Rupo s’est tapé un petit pouvoir de plus « …l’ordre de désignation des candidats à l’élection de député provincial ne se fera qu’après concertation avec le président du parti et sur avis conforme de celui-ci". Dorénavant, il faudra passer par lui pour les nominations juteuses et décoratives. Un vrai boulimique à la Guy Mathot, on vous dit, ce président montois.
En conclusion, avant de nous déclarer incapables et nous mettre sous tutelle, et si Di Rupo et ses boys se démenaient pour offrir à chaque électeur le projet de la Constitution européenne ? Au moins les gens sauraient de quoi l’Haut-lieu parle !