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30 novembre 2006

Euro Tunnel : abysses et profondeur.

Les pointures, pas qu’à Charleroi qu’on les trouve. Les grandes n’y pourraient survivre. Il leur faut des eaux plus profondes, là où la justice ne descend pas en bathyscaphe.
Exemple :
Le petit actionnariat n’est pas nécessairement le lot d’une catégorie de spéculateurs honteux, sorte de maquereaux de la finance, ne produisant rien par eux-mêmes, souvent propriétaires d’inqualifiables taudis, médecins gros producteurs de vignettes ou fils dévoyés de notaire. Il est parfois le signe du désir de croire à la prospérité par le financement spéculatif du travail honnête et l’artisanat vertueux, pour lesquels placer le fruit de son travail dans la « petite » action est un acte de foi.
Le grand projet napoléonien de joindre la France à l’Angleterre, repris sous Mitterrand par Euro Tunnel avait emporté l’adhésion de la multitude de gens simples qui croient en l’avenir de l’Europe et en la solidité du capitalisme lorsqu’il s’appuie sur les démocraties.
Bref, ce terreau magnifique de naïveté et de lieux communs s’était rué sur cette occasion patriotique de placer son capital, d’autant qu’on lui avait promis de solides bénéfices.
Las, quelques temps après l’inauguration, il fallut déchanter. Euro Tunnel ne pouvait dégager de bénéfices quoique très rentable par ses activités, de par son gigantesque endettement. Cette nouvelle fit le tour des bourses. Quelques années plus tard, l’action ne valait plus que 44 cents et avait ruiné les naïfs, qui passaient derechef du camp des malchanceux à celui des gogos.
Avec 9 milliards d’euros à rembourser, l’affaire était entendue et le bilan bientôt déposé, avec les risques d’une liquidation. Comme on le sait, la cupidité des liquidateurs n’a pas de limite. Les tribunaux de commerce sont de véritables mines pour chercheurs d’or appliquant, en théorie, la loi à la lettre, donc classés dans la catégorie des aventuriers honnêtes. Les financiers français ont eu peur de l’aventure, des fois qu’ils seraient tombés sur la fine fleur de l’entourloupe, la pratique douteuse, succédant à la théorie.
Les banques prêteuses firent le calcul qu’en transformant leurs crédits en action, elles reprenaient à leur compte une bonne affaire, en dépouillant les petits actionnaires des milliards qu’ils y avaient investis.
Cinquante-trois établissements de crédit représentant 6,13 milliards de créances se sont prononcés. Un vote positif ouvre la voie à une validation du plan de refinancement par le tribunal et à sa mise en oeuvre par l'entreprise. Le tribunal a lancé cet été une procédure de sauvegarde du groupe.
L'assureur-crédit américain MBIA et la Banque européenne d'investissement (BEI) ont apporté leur soutien.
Certes les petits actionnaires ne perdront pas tout, l’action, ne valant plus rien, pourrait s’échanger contre une autre de quelques dizaines de cents. On ne serait pas surpris qu’il serait encore fait appel à eux pour l’augmentation de capital.
Ceux qui seraient de nature à répondre favorablement à cette nouvelle offre pourraient entrer dans le Guinness Book des records en qualité de débiles profonds surdoués.
Le plus drôle c’est que certains accepteront.
Comme quoi le goût de l’argent est un mal profond qui, comme l’alcoolisme ou la drogue, est curable fort difficilement.

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En réalité, cette affaire n’est pas si compliquée que cela. Il s’agit d’un jeu d’écriture. Avant les bénéfices (100 millions d’euros par an, mais davantage sans dettes) étaient aspirés par les banques en paiement des intérêts des prêts consentis. Aujourd’hui, le fric passera directement dans les caisses des banques. C’est en somme un jeu d’écriture en moins. Les gogos, qui ont financé de moitié cette gigantesque entreprise, n’ont aucun moyen de présenter leur créance et faire part égale avec les banques. Heureux qu’ils n’aient pas tout perdu.
La morale de cette histoire, si tant est qu’avec ce qui se rattache au fric il y ait une morale, les banques ont perçu les intérêts versés de leurs fonds avancés. Ils récupèrent presque tous leurs capitaux en devenant propriétaire et pourront se servir tout de suite dans la caisse, en empochant au passage les fonds versés par les gogos.
Voilà comment on devient propriétaire d’une bonne affaire.
Aux dernières nouvelles, on pourrait signaler aux admirables patriotes d’Euro Tunnel qu’ils investiraient dans l’usine de VW à Forrest, que ce serait bien vu par tout le monde.
C’est grand, c’est propre, c’est vide… et ça peut rapporter gros.
Il paraît que la nouvelle Audi est une véritable affaire en or ! Elle aurait la possibilité d’emprunter l’Euro Tunnel sans monter sur le train !
Les banques se chargeraient éventuellement de trouver des sponsors…

29 novembre 2006

Vive l’Haut-lieu...

…et m’emmerdez pas !

On s’étonnait de la stabilité de l’électorat belge.
Massivement centriste, l’électeur a horreur de ce qui bouge. Viscéralement conservateur, il ne vote socialiste que dans la mesure où ce parti précise qu’il ne fera rien qui puisse bousculer le citoyen. Chômeurs, pensionnés, bas salaires – une majorité dans ce pays – estiment que tout est pour le mieux dans la meilleure des Belgique possibles.
L’électeur fuit les nouvelles inquiétantes, les guerres entre Juifs et Palestiniens, les intégristes musulmans, les pollutions, la fin prochaine du gasoil, le cancer et la crise de 29.
Son frénétique besoin d’achats compense. Le supermarché est son univers. Il y régule son humeur belliqueuse d’acheteur compulsif. Il s’y forge une mentalité de gagnant. Il estime que, sous certaines conditions, il peut aller jusqu’à voler ou saccager, s’il lui en prend la fantaisie. Il s’y révèle ce qu’il se défend d’être ailleurs. Timidement, il essaie d’exporter ce pouvoir consommant dans les transports en commun, il y vérifie son absolu droit de s’asseoir avant tout le monde et surtout les personnes âgées. Les conflits sociaux l’irritent. On le voit bien avec les consommateurs-ouvriers de VW à Forrest. Au plus fort des manifestations, il n’y a pas 300 membres du personnel sur 5000 qui se pointent. Roi à son volant, la vie lui paraît tellement belle qu’il ne voit pas celui qui rate un virage, il ne voit pas le compteur qui grimpe à 160 quand la vitesse est limitée à 90 et il fait des appels de phare furieux aux gens qui respectent le code de la route.
Il est moulé dans l’égoïsme, base essentielle de la société performante. Il y adhère sans nul besoin de propagande, sans vraiment autre chose pour cimenter l’adhésion générale que l’insensibilité qu’il oppose à la misère. La dignité du pauvre qui cache ce qui n’est pas beau à faire voir, vient à son aide. Les prospectus suggérant les futures vacances font le reste.
« Sauver son emploi » est un devoir sacré. C’est le seul qu’il connaisse. Les sacrifices qu’il consent d’avance et qui vont lui faire perdre peu à peu les acquis sociaux, sont des arguments de syndicat pour le détourner des heures supplémentaires. Puisque l’électroménager baisse ses prix, que le matériel Hi Fi reste à des taux raisonnables et que les nouveautés cravachent sa tentation du gadget, il juge la société formidable. L’époque, en-dehors de laquelle il ne voudrait pas vivre, le comble de bonheur.

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Un sondage de quelques 70.000 personnes dans 28 pays, dont près de 2.000 en Belgique, montre que le Belge aime les patrons, si l’on en croit le bureau de recrutement Kelly Services.
On te croit Kelly !
« Deux tiers (65%) des travailleurs belges se déclareraient heureux, voire très heureux de leurs conditions de travail actuelles, selon ce sondage, qui n'a soumis le jugement des travailleurs sur leurs employeurs qu'à quatre critères: la communication, le leadership, l'esprit d'équipe et les capacités de délégation. »
Les employeurs belges accéderaient ainsi à la 2e place en Europe derrière l'Irlande, et à la 11e place au niveau mondial. On ne peut mieux illustrer le niveau auquel nous sommes arrivés. Le Belge moyen vit ce sondage comme une fierté.
Et si en mars dernier une "enquête" montrait que plus des trois quarts des travailleurs belges étaient globalement insatisfaits de leur travail, il ne faut voir là qu’une contradiction apparente. Car, ces mécontents personne ne leur a demandé pourquoi ils l’étaient. Nous sommes en mesure de dire aux patrons qu’ils étaient mécontents de leurs salaires trop élevés, de leur peu d’heures semaines, des prépensions, des privilèges et d’une sécurité sociale trop généreuse. Le travailleur belge ne comprend pas pourquoi les Chinois vendent des chemises à 5 euros et qu’on l’empêche d’en faire autant. Il réclame des mesures. Les patrons sont trop mous, trop laxistes !
Il entend plaider sa cause prochainement.
Que la FEB se le tienne pour dit.
Elle recevra bientôt une importante délégation tous syndicats confondus pour réclamer le rétablissement des 45 heures. Les pensionnés ne seront pas en reste. Certains ont déjà renvoyé le surplus de leurs retraites qu’ils estiment trop importantes à Didier Reynders.
Elio di Rupo va pouvoir réveillonner tranquille. Le plan Marshall dès janvier prochain va entrer dans une phase décisive.
Vive le patronat, vive la Belgique, mort aux vieux, aux chômeurs. Les pauvres sous les ponts, pour une Belgique croyante et heureuse.
Ah !... nom de dieu…

28 novembre 2006

Rencontre

-Oh ! mon dieu… C’est vous !
-Eh ! oui…
-Ça vous fait combien ?
-Oh… pas mal !
-Moi, je vais sur mes 76… Mais vous ?
-Si je vous le disais !…
-Vous n’avez pas changé.
-Vous non plus.
-Toujours le même air…
-Qu’est-ce que vous voulez, on ne se refait pas…
-Pourtant, j’ai été surprise en vous voyant.
-Ah ?
-Quelqu’un m’a dit que vous étiez mort !
-Comme quoi…
-C’est qui encore ? Il le tenait de bonne source. Il l’avait lu dans les journaux.
-Vous m’en direz tant ! Vous savez les journaux racontent n’importe quoi.
-Oui. C’est les morts célèbres qui les font vivre. Pourtant vous…
-Oui.
-Les temps sont durs…
-Moi, ça va…
-Vous en avez de la chance !
-Je ne me plains pas.
-Malgré tous vos malheurs ! Votre emphysème…
-Hou la la… C’est du passé…
-Vous aviez la réputation d’en avoir eu beaucoup!
-De l’emphysème ?
-Non. Des malheurs !
-J’en ai eu aussi.
-Et personne pour vous aider !
-Personne.
-Vous savez ce que je me suis dite en vous voyant ?
-Non.
-Celui-là, avec la veine qu’il a, tu vas voir ma vieille qu’il travaille chez Volkswagen.
-Je n’y ai jamais mis les pieds.
-Heureusement.
-Vous l’avez dit.
-Est-ce que vous avez des nouvelles de…
-Ne m’en parlez pas.
-Vous n’allez pas me dire qu’il est mort ?
-Si !...
-Si jeune.
-Qui l’aurait cru.
-Et sa veuve ?

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-Remariée !
-Mon dieu, elle n’a pas perdu de temps.
-Les bonnes occasions sont rares.
-Elle en a profité.
-Mettez-vous à sa place.
-Et avec qui ?
-Avec moi !
-Tout de suite après ?
-Les délais étaient passés.
-Et alors, la personne qui est avec vous ?
-Vous ne le direz à personne ?
-Bien sûr que non.
-C’est sa fille.
-Quel mal y t-il à cela ?
-Aucun.
-Et alors ?
-C’est que j’ai quitté sa mère pour…
-Non !
-Comme je vous le dis…
-Ah ! écoutez… je ne sais quoi dire…
-Alors, ne dites rien.
- … ?
-Au plaisir madame.
(le couple resté seul)
Elle – Qui c’était ?
Lui – Je n’en ai pas la moindre idée.

27 novembre 2006

Nos-V’la gåye sins strumer

(Nous voilà dans de beaux draps)

Depuis le début de la saga de la place Saint-Lambert, cela sent l’arnaque, le fait accompli, le népotisme, enfin tout ce qu’on voudra sauf le projet établi sur un consensus des Liégeois.
Et l’affaire remonte…
La folie bétonnière s’était emparée de Destrenay, bourgmestre de Liège, décédé en 1973, mais qui avait eu le temps d’élaborer des plans démentiels qui destinaient à la place Saint-Lambert le rôle qu’a actuellement l’échangeur de Loncin.
Le bougre avait passé le relais !...
Il faut dire que le PS poussait à la charrette à cause des Grands magasins du Phare, miraculeusement sauvés d’une catastrophe financière par une expropriation providentielle.
Aux projets, succédèrent d’autres projets, des plans et contre plans, ce qui n’arrêta pas les pioches jusqu’à ce que la roche fut mise à nu.
Inutile de revenir sur ces travaux qui durèrent trente ans et qui sont loin d’être terminés, puisque si du côté de l’îlot Saint-Michel, on en est à peu près sorti par la construction d’une caserne de type stalinien, par contre on n’est nulle part côté Tivoli.
Il faut aussi noter que les Autorités si elles ont procédé par affichage des travaux, projet après projet, jamais il ne fut question d’en appeler aux Liégeois par une sorte de référendum sur le sort de la place Saint-Lambert.
Bien entendu, il en est de même pour la tranche des travaux qui englobe la gare du Palais sur laquelle les Autorités s’obstinent à construire un blockhaus en qualité d’annexe de la Justice.
On sait l’acharnement à construire cette horreur architecturale, malgré les plaintes des riverains et notamment des habitants de Pierreuse.
Reynders le veut ce bâtiment, le bourgmestre aussi et bien d’autres encore à commencer par ceux qui n’habitent évidemment pas le quartier.
Une première tentative de deux tours ascenseurs juste devant la belle façade qui abrite les services du gouverneur avait tourné court. Aussitôt démolies, le tout à grands frais, un nouveau projet surgissait, controversé, arrêté, repris. C’est de celui-là dont il est question aujourd’hui.
La justice n’a rien à faire place Saint-Lambert. Le Palais des Princes-Evêques est aux Liégeois. Sa destination, c’est la création d’un grand musée qui retracerait l’histoire politique et culturelle de la Principauté. Mille ans d’histoire, ce n’est pas rien.
Mais les Autorités ne veulent pas en démordre, alors que l’hôpital Saint-Laurent, implanté sur le site de l’abbaye du même nom, vaste propriété à l’allure imposante, pourrait regrouper tous les services de la justice, moyennant quelques aménagements.
Reynders s’obstine, on sait trop pourquoi. Mais les autres ? Quelle mouche a piqué ces Liégeois ?

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Comme une circulaire émanant des habitants mécontents le souligne, cet ensemble en construction côté gare du Palais est incongru dans ce site historique et d'habitat.
Inesthétique par sa masse, la banalité et la monotonie de son architecture (voir îlot St Michel), par sa pesante passerelle de béton barrant tout le paysage classé. Ecrasant, notamment par une tour d'une hauteur équivalente à un building de 12 étages (comme ceux de Droixhe) - le plus beau monument de Liège, le Palais des Princes-Evêques.
C’est également une absurdité économique ;
Avec ce projet, c'est la plus belle entrée de notre ville qui est gâchée à jamais. Celle qui ferait la carte de visite de Liège parmi les villes de caractères dans les guides touristiques du monde entier. Il y empirera encore la circulation.
Le moteur économique et touristique du Palais des Princes Evêques serait perdu à jamais. En effet, les 40.000 m2 de bureaux des constructions ne suffisent pas et une grande partie du Palais serait encore occupée par la Justice.
Où en est-on ?
Le Conseil d’Etat a prononcé l’annulation pure et simple du permis de bâtir des Extensions du Palais de Justice de Liège. Il se base sur le second moyen des requérants concernant la hauteur du bâtiment F (situé le long de la rue Fonds Saint-Servais), hauteur qui est en contradiction avec le règlement sur les bâtisses de la Ville de Liège.
A la suite de cet arrêt du Conseil d’Etat, les promoteurs de cette hérésie s’affairent. Ils vont sans doute trouver des astuces, changer des règlements, tripoter les projets, bref, ils ne se résigneront pas.
Le fantôme du bétonneur Destenay hante les couloirs de la Violette.
A la place des courageux qui ne veulent pas de ce bâtiment qui va dénaturer les abords du palais, je me méfierais. Les hommes d’Etat qui nous gouvernent, n’ont plus guère de pouvoir, sinon jouer avec nos nerfs, depuis que le pouvoir économique les domine des pieds et de la tête.
On entendra encore parler de cette lamentable affaire. La population doit rester sur ses gardes.
Il n’y a pas plus versatile qu’un homme politique, quand il est contesté.

26 novembre 2006

La Belgique bradée.

A-t-on bien mesuré l’importance de l’événement économique de cette semaine avec la fin de l’usine performante de VW à Forrest ?
Tout ce qui s’est dit sur le dynamisme et le pragmatisme de l’économie capitaliste était donc faux.
Voilà une usine qui tire le maximum de la productivité des hommes, qui est rationnelle en soi et qu’on efface d’un trait de plume au profit d’entités moins performantes, mais qui ont le mérite d’être situées en Allemagne !
On aura beau agiter le nationalisme qui profite aux unités établies dans le pays de la Maison mère ; rien ne justifie une pareille hérésie économique.
Sinon, il faut revoir les cours dans les universités et mettre en doute le credo de la loi du concept libéral de l’économie.
Ce qui est fâcheux, c’est que ce credo est celui de nos économistes les plus écoutés en Belgique. C’est aussi l’hymne à la liberté d’entreprendre du Mouvement réformateur et du Parti socialiste, comme meilleur façon d’accroître le PNB et le bien-être qui est en cause.
C’est ainsi que nos industries, nos talents, nos fabrications les plus spécifiques à la Belgique, comme la bière et le chocolat, ont été vendus à l’étranger sans aucun état d’âme.
Le voilà bien le drame, car nos anciennes firmes l’ont fait par amour des plus-values et conviction libérale. C’est toujours vers ces bradeurs que le monde des affaires et le monde politique se tournent, comme s’il ne suffisait pas de nous conduire au bord du gouffre et que nous y précipiter serait plus adéquat !
Faut-il rappeler aux jeunes générations qu’au sortir de la guerre notre savoir-faire était intact et que nous fabriquions à partir de notre acier des avions, des voitures, des motos, des locomotives et des tramways !
Certes, nous n’étions pas dimensionnés pour résister à la concurrence, nous a-t-on assez dit ; mais comme VW l’entend aujourd’hui, nous aurions pu nous organiser pour une autosuffisance qui se justifierait en 2006 au vu de l’industrie comme elle va.
A défaut de quoi, vendus à l’étranger, nous ne sommes plus qu’une minuscule terre de misère où, ceux qui le peuvent, envisagent de plier bagage.
Nos dirigeants politiques font la démonstration qu’ils sont impuissants à empêcher un massacre industriel. Ce ne sera pas le peuple qui leur aura enlevé leurs attributs, mais le pouvoir économique.

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Du coup les mandats politiques perçus comme le résultat des élections n’ont plus aucun sens, puisqu’une grande partie du pouvoir échappe aux citoyens, par ce moyen démocratique.
La boucle est bouclée et nous voilà à la merci d’un repli à l’étranger de ce que nous avons abandonné dans l’euphorie des pontes du commerce d’une mondialisation de l’économie.
Dorénavant, ce ne sont plus les pays à bas salaires qui seront les seuls à être attractifs, mais les Etats des maisons mères, capables de retenir leurs industriels par des subventions ou des taxations dissuasives, comme à l’inverse, subissant le chantage des entrepreneurs eux-mêmes, les menaçant d’apocalypses...
On avait déjà vu s’amorcer cette tendance avec la fermeture de Renault Vilvoorde. Elle a fait des progrès depuis, pour aboutir à la fermeture d’aujourd’hui qui pourrait en annoncer d’autres de même ampleur, sur le temps que s’évacuent en douceur des entreprises plus petites, comme le Café Char Noir à Liège, comme nous avons vendu la capacité de faire des pneus (Englebert) et de l’acier à de grands groupes.
Les médias par les journaux télévisés de RTL et de la RTBf ont réagi comme le système attendait qu’ils réagisent. En première partie, un exposé des faits et des mouvements sociaux qui s’amorcent, suivis immédiatement des « cellules de crise » pour larguer les gens en douceur, avec des promesses de réinsertion. Comme si faire monteur de voitures était la même chose que travailler dans le bâtiment, comme si le gâchis allait pouvoir se réparer à coup d’intérims, de prépensions et de stages de formation !
Les Allemands, allumant un contre-feu, Martin Winterkorn aurait l’intention de faire construire un nouveau modèle d’Audi sur le site… en 2009 ! « Der Spiegel ».
Cette proposition rappelle le mirobolant plan de relance d’ARCELOR avant de l’oublier, juste avant que Mittal ne l’absorbe, et que Dollé ne s’éclipse avec de sérieuses indemnités.
Comme on se raccroche à tout, les syndicats disent « faut voir », mais quid des travailleurs jusqu’en 2009 ?
Nous voilà beaux avec nos savoir-faire sans usine !
Nous remercierons ceux qui, en bradant tout, auront donné le conseil du siècle et notamment nos interlocuteurs de la finance, du patronat et du parti libéral : la Belgique est au cœur de l’Europe, elle ne peut qu’attirer les investisseurs.
Si le système capitaliste va droit dans le mur, avec cette politique, nous y serons avant nos voisins. Ce sera moins dur pour les Français et les Allemands. C’est toujours ça.

25 novembre 2006

Ferdine la douleur.

Que les pisse-froids et les moutardiers du pape se le tiennent pour dit, et à ceux-là ajoutons la gauche qui diabolise les écrivains fachos dans l’espoir de faire oublier la collaboration avec les libéraux, je considère que Louis-Ferdinand Céline est parmi les plus grands écrivains du XXme siècle.
Tant pis pour ceux qui n’adhèrent pas à la prose du « Voyage au bout de la nuit ».
Oui, je suis de parti pris et j’assume…
Cela saute aux yeux que ce romancier dit la misère comme personne en même temps qu’il cloue au mur la vacherie humaine avec une aisance insolente, mais avec la justesse de celui qui décrit un chien qui l’a mordu..
Les ratiocineurs diront que c’est du populisme vérisme et ainsi tenteront de réduire l’œuvre à une sorte de naturalisme primitif.
Son œuvre compte neuf opus. Du premier au neuvième, on a compris, elle ne ressemble à rien. Elle est spéciale, unique et n’entre dans aucun moule. Ses imitateurs, encore aujourd’hui, sont nombreux. Cependant, ils n’arrivent pas à bien gérer les « trois petits points ». Cela sent le réchauffé, l’appliqué, le lourd…
C’est un art du paroxysme, de la folie maîtrisée et d’une simplicité qui est la forme la plus grande de l’art en littérature. Son chef-d’œuvre simplissime est « Casse pipe ». Si tant est que l’on puisse comprendre le ressort du militaire et l’insondable bêtise de l’état de celui-ci, lisez ou relisez ce petit livre. Il n’a l’air de rien. Il est écrit comme « La mare au diable » de Sand, mais à son opposé, avec la même économie de moyens. C’est drôlement efficace.
Revenons au Voyage qui fit connaître « l’artiste ».
Les érudits penseront au Candide de Voltaire, tant les tribulations de Bardamu sont proches de cette fatalité de la vie qui fait tout voir par le cul d’une bouteille.
« Tant que le militaire ne tue pas, c’est un enfant. On l’amuse aisément. N’ayant pas l’habitude de penser, dès qu’on lui parle il est forcé pour essayer de vous comprendre de se résoudre à des efforts accablants. Le capitaine Frémizon ne me tuait pas, il n’était pas en train de boire non plus, il ne faisait rien avec ses mains, ni avec ses pieds, il essayait seulement de penser. C’était énormément trop pour lui. Au fond, je le tenais par la tête. » (Le Voyage page 151).
Céline est plus qu’un visionnaire, sa répulsion du monde et des hommes est telle qu’elle nous apparaît comme une vérité suprême et imprononçable, sauf par lui. Cet homme serait un saint, s’il n’avait puisé dans ses propres abjections le sentiment de l’universel.
Reste ce qu’on lui reproche avec le plus de commodité, son antisémitisme et sa collaboration avec les nazis.
Comment concevoir une admiration sans borne pour une œuvre originale et forte avec une idéologie détestable et un engagement politique inacceptable ?
C’est un peu le drame des écrivains « dépravés ». Plus près de nous, on pense à Artaud, Bukowski, Genêt… la liste est plus longue qu’il n’y paraît.
Ni Gide, ni Sartre (ce dernier pensait que Céline touchait de l’argent de l’ennemi) n’ont rien perçu du personnage, ni de sa grandeur issue de sa bassesse.

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Pourquoi dissocier l’écrivain de génie, du salaud ? Salaud de circonstance, avec la part de fatalité d’une existence débutant passage Choiseul à la lumière des manchons à gaz, se poursuivant au front, jusqu’à la blessure de 1915, la réforme avec la médaille militaire et le départ, vers un autre destin.
Cet homme d’outrance, d’énormité est celui qui a quand même aidé des générations dont la mienne à mieux comprendre les mécanismes humains, à faire détester la guerre, les pouvoirs d’argent, à surmonter les rancoeurs, mettre un nom sur les dégoûts et à prendre tôt le parti des exclus pour ne plus jamais lâcher, comme lui, « la rampe du pont » de Courbevoie.
Avec Céline une page s’est tournée. La littérature pour fin d’après-midi de la ménagère qui a son dîner sur le feu et quelques minutes devant elle, est définitivement révolue.
Voici la littérature où le mal est mis en scène par un orfèvre qui à force de vivre dans l’ignoble, se grandit de son désespoir de n’être que cela.
On ne peut pas pousser plus avant le mimétisme de l’homme et de l’œuvre.
Céline a poussé au plus haut la description du carnaval macabre de nos destinées. Il est à ce titre le seul à pouvoir justifier du pourquoi ?... des plus banaux aux plus terribles d’entre nous.

24 novembre 2006

L'assaut est presque général

Commenter l’actualité quand il y a pléthore devient un jeu d’enfant, sauf pour les échotiers des manifestations socialo-libérales. Déjà que plus personne fait attention aux commémos. C’est dire l’embarras de Lêd Wandion, l’échotier de « Venez vous rôtir les roustons à Liège, sa foire, ses marchés de Noël » seul à son assiette en carton avec dessus un morceau de boudin noir offert par les commerçants du centre. C’est d’un triste !...
Pendant qu’il se les brise avant de nous les briser, Guy Verhofstadt bâtit son budget 2007 sur le sable, dit-on en Haut-lieu.
Aujourd’hui c’est la journée noire. Une de ces journées où même l’ami des vedettes, Elio de Mons, lui-même, a un doute sur la capacité centriste socialiste de regrouper les camarades. Je lui cède une formule pour pas un rond : « un capitalisme mondialiste mais modéré par le socialisme centriste ».
Ce n’est pas le moment.
Pensez donc, les ministres régionaux et communautaires viennent de mettre en place, avec le soutien du fédéral de l'Emploi Peter Vanvelthoven, la cellule de crise Volkswagen qui accompagnera jusque chez eux – mais pas plus loin - les 4.000 travailleurs de l'usine forestoise de VW licenciés.
De quoi vous dégoûter du capitalisme, de l’Allemagne, de l’Europe, de la saucisse de Francfort et de Verhofstadt toujours en panne de budget 2007.
Lêd Wandion jette son assiette en carton pour boire une petite mousse offerte par la Ville. Le soir, il va au Beaujolpif nouveau… il ne sait pour cirer quelles pompes ?.
On s’étonne, pas de nouvelles de Charleroi ! La juge Baekeland serait-elle promue à un placard à balais dorés ?
Généreux, Van Cau en sort une autre de sa gibecière. Comme du temps ou Guy Mathot volait d’affaire en affaire, poursuivi par la fatalité et une hôtesse de l’air. (Déjà la SABENA !)
Cette fois le nom de code c’est « Econoler ».
Qualifiée d'« explosive », l'affaire masquerait un ingénieux mécanisme de détournement de fonds touchant directement les caisses de la Ville, du temps où Van Cau était bourgmestre.
En voilà un événement ! Comment est-ce possible ?
Lêd Wandion finit sa mousse, va pisser derrière les échoppes de Noël à en mouiller ses molières. A Bruxelles, Guy Verhofstadt refait ses comptes. Il ne se serait trompé que de quelques centaines de millions d’euros, et encore, sait-on jamais que l’industrie automobile reprendrait en 2007 ? Il téléphone à son garagiste pour savoir si la Golf se vend bien.

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On en resterait là, le coup de tonnerre du contrat canadien d’Econoler entendu, un nouveau scandale éclate, cette fois à l'agence de la personne handicapée wallonne, Awiph, à Namur : utilisations de véhicules, usage de matériel informatique... voire enrichissement personnel.
Des millions d'€ volatilisés. Tout cet argent sur le dos de la personne handicapée !
Certains marlous ont profité du flou de la législation pour leur profit personnel. « Au-delà d'une ou de deux personnes, cela concernerait un groupe », explique la ministre de la Santé, Christiane Vienne. A Vienne que pourra dit Rovillard.
Rovillard, c’est celui de l’Awiph qui aime le plus les voyages..
Les voyages de Rovillard… On avait celui de Monsieur Berrichon. Il paraît que ceux de Rovillard, c’est du costaud, de la classe des hôtels genre réceptions de l’Ambassade de Belgique en France, crevettes à l’armagnac, caviar et foie gras façon « carrefour de l’Europe » et sauces veloutées à la montoise. Un régal. Les handicapés seraient-ils atteints d’agueusie ? C’est ce que pense Lêd Wandion qui repisse à nouveau sur ses chaussures à la troisième mousse. Le Beaujolais attendra. Il prend note du discours du Bourgmestre.
On passe rapidement sur le café Chat Noir qui sera meilleur quand le personnel licencié n’aura plus de chaussettes, Verhofstadt prend son boulier flamand qui n’est pas le même que le boulier wallon, tandis que Van Cau clame son innocence, quand le pauvre Mathot, là où il est, ne le peut plus.
On croit en avoir fini de cette rude journée. On s’apprête à se couler entre les couvertures et tâter d’une main distraite l’admirable postérieur de la voisine. Lêd Wandion rentre chez lui tenant les murs et après avoir dégueulé sur le seuil du voisin, quand soudain… mais où ? A Charleroi, bien sûr, le dossier sensible de Cariat rebondit, alors que le ministre Marcourt (un autre défaitiste) exige que VW Forest fasse preuve de davantage de clarté quant à son plan industriel afin de maintenir 1.500 personnes pour 60.000 Polo par an, alors que le scénario est une plaisanterie.
Lors de perquisitions à l'ICDI, les enquêteurs ont ouvert le coffre du "patron" (Cariat).
Il contenait du numéraire et des titres pour au moins 2 millions d'euros, peut-être 2,5.
Tout a été saisi. La défense, qui parle de "problème privé", veut lever les saisies.
On veut acculer ce pauvre Cariat à la ruine, lui qui a tant donné pour le parti, ses ouvriers, la Ville de Charleroi, pour la Saint-Nicolas des éboueurs…
Priver un honnête homme de ses économies, ce n’est pas bien.
Après cette rude journée durant laquelle le capitalisme a encore frappé, tout le monde s’endort du sommeil du juste centriste et démocrate.
On pense aux escrocs futurs, à la Belgique laborieuse de demain et aux petits épargnants socialistes de Charleroi, dénommée Région du Centre, ce qui est un aveu en soi…
La seule bonne nouvelle : l’extension du palais de justice est stoppée par la Cassation. Que tous les robins et les assimilés rendent le Palais aux Liégeois et que le gouverneur en déguerpisse aussi. L’hôpital Saint Laurent va être désaffecté. Voilà l’endroit rêvé ! Le Palais est un musée. C’est sa destination naturelle.
Lêd Wandion ouvre la porte. C’est sa mégère qui allume et glapit « C’est à cette heure-ci que tu rentres ? ». Il murmure d’un ton las « …trop d’infos ce soir, chérie ».

23 novembre 2006

Aux farauds et aux religieux.

Le dernier assassinat d’une longue série au Liban ouvre le champ de la spéculation. Antoine Sfeir, l’excellent directeur des Cahiers d’Orient, se demande à qui profite le crime.
« On est bien obligé de constater que ceux qui pouvaient souhaiter la mort de Pierre Gemayel sont tous ceux qui veulent le retour de la Syrie sur la scène libanaise et la désintégration de l'Etat libanais. Les exécutants sont peut-être libanais, mais les commanditaires sont syriens. La construction d'un Etat libanais fort et indépendant est ce qui peut arriver de pire à la Syrie, qui peut pour l'instant agir au Liban comme si elle était chez elle. »
Ce raisonnement se tient. Il ne fait pas de doute que la Syrie tire les ficelles quelque part, derrière, à tellement loin dans les niveaux intermédiaires, qu’il sera sans doute impossible de remonter jusqu’à son président.
On pensait que l’assassinat de Rafic Hariri avait fait déborder le vase et que le Conseil de sécurité en approuvant un projet de création d'un tribunal international devant juger les assassins présumés de l'ex-Premier ministre libanais, la Syrie allait se calmer.
Comme il n’en est rien, on peut avancer une autre hypothèse encore moins réjouissante.
Ceux qui manipulent les croyants de l’Islam ont un point commun : leur peu de scrupule dans la manière de gouverner les fanatiques à des fins politiques.
La Syrie aujourd’hui ne fait pas tache dans un décor de feu et de sang, même si elle fait semblant d’écarter dans son discours les déclarations belliqueuses à l’encontre de gens qui ne partagent pas les projets panislamistes.
Autrement dit, la religion musulmane est en phase agressive, comme l’a été la religion catholique jusqu’à la Réforme, et elle n’est pas prête à baisser le ton.
C’est une erreur, l’Histoire l’a démontré, d’essayer de raisonner des gens qui veulent notre peau. Le procédé est simple, on accepte de l’ennemi toutes ses faiblesses et toutes ses concessions, on feint d’y être sensible et au moment où l’ennemi croit que tout est arrangé, on lui tombe dessus. C’est Hitler jouant à l’homme apaisé avec Daladier et Chamberlain en 39, tandis que ses panzers se massent à la frontière belge afin de contourner la ligne Maginot.
Certes, à une croisade anti-occidentale qui n’est qu’à son début, tous les musulmans ne s’associent pas, mais qu’ils le veuillent ou non, leur religion est en train de leur jouer un mauvais tour par l’assimilation qu’en pourraient faire ceux qui en exploitent la violence.
On ne peut pas dire que l’invasion de l’Irak par l’irresponsable de Washington ait déclenché le mouvement, mais il l’a accéléré.

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En Belgique les Autorités se cramponnent à des affirmations diabolisant le racisme, l’antisémitisme et l’antiislamisme. Elles ne voient pas ou ne feignent pas voir que le problème s’est déplacé et qu’aujourd’hui si toute la population belge souffre des mesures de sécurité, envers un terrorisme sans origine précise, alors que tout le monde sait que ce terrorisme est essentiellement le fait d’intégristes musulmans, c’est parce qu’elle a longtemps cru qu’en combattant le racisme, un consensus de cohabitation dans la paix finirait par apaiser les tensions et amalgamer les anciens ressortissants des pays musulmans devenus citoyens belges au reste de la population laïque ou de confessions diverses.
Nos Elites dirigeantes et discourantes n’ont pas vu que la religion musulmane grâce ou à cause de son aile intégriste est en train d’asseoir une autorité politique basée sur le coran partout où elle le peut.
Même l’antireligieux qu’était Saddam Hussein ne quitte plus le coran dans le prétoire où l’on vient de le condamner à être pendu. Son geste le brandissant devant les caméras n’est pas gratuit.
Le Liban au lieu d’avoir secoué le joug d’Israël et de la Syrie, replonge aux enfers. Les intégristes poursuivent leurs manœuvres d’intimidation jusque dans les mosquées, rêvant de convertir ou de tuer.
Bachar el-Assad usant adroitement de la haine et des instincts de ces meurtriers assied sa politique d’oppression du Liban sur le meurtre.
Je plains les communautés maronites et autres dans le pays du Cèdre.
La religion d’exclusion que nous accueillons pourtant ici comme toutes les autres religions, fait là-bas, ce qu’elle fera peut-être un jour chez nous.
Allez-y, poursuivez le rêve œcuméniste, construisez des mosquées, acceptez les voiles, les tchadors, les chichis et les mômeries d’un nouveau Moyen-Âge et demain, les adeptes de votre dieu exporté d’Orient couperont les mains pour un oui ou un non. Certes vous éviterez ce sang répandu qui n’est pas le vôtre de peur de souiller le bas de la djellaba de la religion unique, mais jusqu’à quand ?

22 novembre 2006

Les succès du jour.

Rien que du malheur aux infos.
Oyons le vieux libéral, glouton à la découpe des coupons, incrustés à un bureau, la pipe au râtelier porcelaine, bonhomme d’interview des informations libérales d’isotélies, susurrer dans sa béatitude : « Qu’une société étrangère rachète une entreprise belge, c’est une bonne chose. Cela prouve que nous avons du savoir-faire et que nous savons ajouter une plus-value au produit, par l’excellence de notre main d’œuvre ».
-C’est bon pour moi. C’est bon pour toi ?
-C’est bon pour moi.
Les voitures, le car qui ressemble au car dentaire de la Province, embarquent fils, spots, tronches d’activistes et chauffeurs rondouillards vers la maison mère où le sous-chef passe la bande au chef qui en réfère au secrétaire du secrétaire de rédaction, et ainsi de suite jusqu’au directeur de l’information.
-Fini chez le vieux. ?
-T’as tout ? Il était comment ?
-Toujours pareil. Professionnel…
Peut-être ce soir que deux informations ne seront pas traitées par les mêmes buralistes et ne seront pas illustrées par le Dieudonné des Bourses, et qu’on ne tournera pas en rond comme on dansait, sur le pont des symboles.
Bien emmerdant pour les théories, même Di Rupo aux crevettes-champagne d’une ambassade n’aura pas « le mot » au flash du journal…
Que dire des économistes débottés du Thalys, rapatriés Wall Street, en prévision de la nouvelle et accourus renforcer l’équipe du bateau ivre de la Place Reyers.
Sous la pression des syndicats allemands, avec l’accord des Lands et la bénédiction de la chancelière, en toute solidarité européenne, la production de la Golf va quitter l'usine du constructeur automobile allemand Volkswagen à Forest au profit de deux sites allemands, ce qui entraînera la suppression de deux tiers des emplois. Les syndicats et le gouvernement sont sous le choc. La Commission européenne envisage des aides.
L’ex-PDG de Vilvoorde-Renault, Pierre Dreyfus, se marre.
Les voilà bien les grandes phrases du vicomte, l’envolée des économistes et la bonne foi des crétins qui se mondialisent, se compétitisent et se challengérisent pour plus de pognon, pour plus de progrès, comme ne dit pas Etienne : « Se trousser les manches et montrer ce que l’on sait faire dans la mousse de caca socialo-libérale ».

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Deuxième pataquès, celui-là réduit à rien, parce que régional… liégeois, minuscule cité vivant très bien de rien, à la mousse et à la frite : la direction de Kraft Foods Belgium, filiale belge du groupe chocolatier américain du même nom, a annoncé son intention de fermer son unité de production de café de Jupille, à Liège, ce qui risque d'entraîner la suppression de 93 emplois.
Nous, on avait quelques types, des femmes aussi, courageuses, qui fabriquaient à la torréfaction liégeoise un bon café Chat Noir. On y pensait en passant devant sur l’autoroute… because l’odeur… Qu’il y ait eu les cons d’anciens propriétaires qui sont partis en bradant les tôles et les gens en-dessous à un chocolatier amerloque, parce qu’ils étaient incompétents ou en proie aux démons de se faire sucer à Monaco par de la starlette, on n’en avait rien à foutre et on ne le saura jamais..
Peut-être même que ces flèches ont fait le détour par le château pour y être transformés en barons, félicités, applaudis par les merlans qui vivent des grandes transformations mondiales.
Aujourd’hui le chocolatier – entre parenthèse quelle dégueulasserie le chocolat américain, pire que le russe, pourtant comme abjection, c’est déjà pas mal – met les voiles sous des cieux plus beau avec la marque Chat Noir où le torréfacteur est payé trois bananes et un pied au cul par jour.
Donc, bande d’esclaves, vous en aurez encore du kawa Chat Noir, mais vous plaignez pas s’il devient aussi dégueulasse que le chocolat américain.
Nos 93 torréfacteurs seront sur le carreau, tout le monde s’en fout et vive le libéralisme.
Et dire qu’on demande encore aujourd’hui un café liégeois à New York et qu’on nous le sert avec cette façon de faire du bistrotier de Manhattan, grand sourire, grande gueule et claquant du bec…
Mais pas que des malheurs.
L’énergie se libéralise ! On attend les commentaires. Pourvu que les coupures de courant futures n’interrompent pas trop souvent les interviews enthousiastes de nos économistes !

21 novembre 2006

La nouvelle bourgeoisie (suite de la suite)

Illustrant mes propos selon lesquels on ne peut pas impunément fréquenter les salons, les ambassades et les restaurants chics, le flash de vendredi du journal « Le Soir » a surpris le plus parisien de nos montois en conversation chaleureuse avec des personnalités controversées.
Rien de plus anodin pour illustrer parfaitement le bourgeoisisme de nos notables socialistes.
Il y a florès de ces clichés pris sur le vif lors d’événements mondains.
Les officiels ont la même attitude, de Londres à Paris, de la droite la plus véhémente à la gauche centriste libérale… On les croirait d’un moule unique : celui de la réussite.
Le stéréotype du bon goût sera social ou ne sera pas, aurait dit Malraux, s’il avait vécu. On ne saurait distinguer l’arrière petit-neveu de Louis XVIII, d’un fils de mineur de fond. On touche au mystique, à la glorieuse synthèse, à l’atticisme politique….
Comment Zola a-t-il pu imaginer que la compassion universelle passerait par le carreau des mines, et que le socialisme militant haranguerait les foules, juché sur une caisse à savon ? La moquette fait davantage pour le socialisme que Gervaise et l’Assommoir.
La révolution par la distinction généralisée, Bourdieu n’avait pas pensé à ça.
Voilà, l’égalité, celle qui confond les genres, mélange les origines, malaxe les susceptibilités. Une espèce unique : le salonard parisien, patrimoine national !
On distingue à peine le maître du valet, la soubrette de la maîtresse (parfois deux en une). Vendredi passé, chez Pierre-Dominique Schmidt, ambassadeur bcbg, Elio di Rupo, Luciano D’Onofrio, Michel Daerden et Bernard Tapie, en confusion des genres et représentation mondaine !
Un quatuor magique au service de notre promotion !
Qui passe les plats et les verres ? Tout le monde et personne dans la fusion enthousiaste et, disons le, complice du moment !

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Le prestige au service de l’emploi, sûrement des ouvriers de chez VW sauvés… Enfin, une grande leçon de socialisme…
Jusque dans l’ineffable pli d’aisance des braguettes, le coton des caleçons, on sent la douceur de vivre, la fraternité chaleureuse. Etonnons-nous qu’après ces effusions nos élus s’obstinent à croire le réflexe maison répandu parmi les Belges, et non point en exclusivité à une minorité accapareuse.
Ces salons préfigurent la société de demain, quand le socialisme mondialisé en parallèle au capitalisme montrera le meilleur des mérites de chacun. Même le garçon stoïque derrière le bar a l’air aussi cossu et heureux que les hauts clients. On le sent prêt à chanter la Marseillaise ou l’un ou l’autre ersatz à la mode. C’est dire le niveau atteint sous les dorures et les strass des lustres vénitiens !...
Il ne manquait qu’un cadre historique à la révolution sociale. C’est Paris-centre le plus adapté !
La photo du Soir immortalise un Di Rupo digne, pinçant les lèvres entre deux gorgées de veuve Clicquot réserve de l’Ambassade de Belgique, en conversation délicate avec Bernard Tapie, l’hilare Daerden et el maëstro du football Luciano D’Onofrio condamné dans le cadre des transferts suspects de l’OM à deux ans de prison avec sursis dont 6 mois ferme.
La scène est d’une rare intensité, s’il n’y avait Daerden les yeux proches de sortir de la tête et le visage massif et fort de Tapie, dévorant goulûment du regard le ministre président maïeur empêché de Mons, pour en tempérer la dramaturgie.
Un Rembrandt aurait-il suffi à immortaliser la chose ?.
Ces gens découvraient sans le savoir une nouvelle formule : le populisme de droite !
On dit que Di Rupo fit pression pour que le Soir ne publiât pas le document ; mais mollement, d’une sociale attitude désinvolte.
Il n’y a plus aucune honte à ce que des citoyens ordinaires dégustent des petits fours, boivent du champagne et devisent avec le tout venant parisien de l’égalité entre Belges.
Que la Laurette des prétoires se rassure, Lantin aura sa chance aussi. Quand l’inhumanité aura disparu sur les canapés fragiles et les bois laqués de la délégation.
Dorénavant, lorsque dans dix ans j’aurai assez économisé pour passer une soirée au Moulin Rouge, je ne manquerai pas de sonner à notre ambassade afin de vérifier par l’accueil qui me sera fait, de la nouvelle authenticité du socialisme belge.

20 novembre 2006

Les Belges sont pessimistes.

-J’ouvre le journal et sur quoi je tombe ?
-…. ?
-…plus de la moitié des Belges sont pessimistes !
-Te voilà rassuré, puisque, en un sens, plus de la moitié des Belges sont susceptibles de lire Richard III …
-Attends. Je n’avais lu que le début.
-Quoi, c’est pire ?
- Plus de la moitié des Belges sont pessimistes à propos de l’évolution du trafic routier…
-Ah ! les cons…
-56 % des Belges exactement…
-44 % restant, c’est une minorité ! Les pas cons sont en minorité !...
-Au lieu de se tourner vers des problèmes qui mettent en jeu notre survie, de quoi le Belge moyen se préoccupe ?... du trafic routier.
-C’est ça qui est important, le trafic routier. Qu’est-ce qu’on en a à foutre qu’il soit interrompu dans dix ans faute de carburant, c’est aujourd’hui les bouchons… non ? C’est aujourd’hui qu’il faut qu’on en cause…
-Alors, ce qui se rapporte pas aux bouchons, ça sert à rien !
-Faudra que tu t’occupes du trafic routier.
-Peut-être ai-je tort ?
-Sûrement.
-Faudra sortir les paillettes et faire sauter les bouchons…
-Tu vois, t’y viens…
-…le mois prochain. Ecrire plus léger, plus optimiste… pétillant.
-Oui. Pas d’idées… du glamour, du sexe, des faits-divers qui collent à l’époque et à tous les cinglés….
-Elle passe son bébé au court bouillon. Au moment de le manger, on l’appelle sur son G. Le temps de répondre : « Oui, c’est moi, c’est toi ? », elle l’oublie ; puis jette le bébé avec l’eau du bain, sans s’en rendre compte…
-Trois fois qu’il a dit « l’eau du bain », Villepin, à l’interview exceptionnelle sur la Cinq !
-Le voisin l’interpelle, vu que ça déborde à cause de la tuyauterie bouchée. Il va devoir affronter deux bouchons, le mec, le sien formé du bébé et de l’eau du bain, et celui du carrefour Léonard, le plus terrible…
-Voilà un beau début grand public.

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-Le hic, c’est que je ne sais pas l’écrire. C’est plus fort que moi, je peux pas !
-Même si c’est actuel ?
-C’est par dégoût que je tiens l’aubette. J’ai personne à caser… Si c’est pour se faire du lecteur-con, y a des meilleurs ailleurs..
-Tu commences à me les casser. C’est vrai, tu es chiant… Tu veux qu’on te plaigne ? Tu veux qu’on t’admire ?
-Non. Je veux qu’on m’aime !
-Pourquoi on t’aimerait ? Qu’as-tu fait pour ?
-Les contempteurs d’événements, les relations relatives, les enfonceurs de portes ouvertes, les enculés du régime, les belles mentalités… je veux qu’on m’aime ! Tiens, van Cau, je veux qu’il m’aime. Il fait commerce d’aimer. Ça lui serait facile… C’est son métier après tout.
-Chacun son os. Autant te dire, sur le tien y a plus rien à ronger.
-Y a jamais rien eu.
-Pourquoi tu ferais pas l’apologie de Ségolène ? Du genre : « Enfin une femme ! Même si elle a rien à dire que de très libéral… que c’est pas elle qui va secouer la France… pourtant c’est un grand jour… l’événement… etc.
-On n’est pas Français. On a d’autres problèmes.
-Les bouchons ?
-Oui, le stress du plus grand nombre. Ces milliers de mecs qui vont attendre dans leur voiture que ça se dégage. Ils doivent rentrer chez eux pour pas rater l’Inspecteur Barnaby… L’angoisse…
-Prendre en compte la préoccupation principale, tu ferais ça ?
-Pourquoi pas. La connerie, c’est la nouvelle sagesse, puisque c’est celle du plus grand nombre. C’est l’histoire des sensés et des fous. Quand les fous sont la majorité, les censés sont à l’asile.
-On y est…
- Les fous ne font pas le détail.
-Ils ont raison et pas qu’au carrefour Léonard. Qu’est-ce que c’est pour un premier ministre qui sait pas supprimer les bouchons !
-T’échangerais ta bagnole contre un abonnement de Bus ?
-Non. Mais j’échangerais bien un abonnement de bus, contre une nouvelle bagnole.
-Pour bouchonner avec la meute ?

19 novembre 2006

Bush perd, Blair part.

La politique interventionniste de Bush en Irak n’a pas fini de se révéler une pure catastrophe pour le monde occidental.
Les élections aux USA confirment cette opinion, puisque le bon résultat de la politique économique de Dobeliou n’a pas suffit à faire gagner les élections à mi-mandat au parti républicain.
C’est donc sur la question de la guerre d’Irak non résolue que Bush a perdu ses deux majorités.
Pourquoi la défaite annoncée de l’Irak est-elle dix fois plus grave que celle tant cuisamment vécue au Vietnam ?
Parce que la situation n’est plus la même qu’il y a trente ans.
Alors, le bloc communiste et le bloc occidental se faisaient face et des événements frictionnels se passaient à leur périphérie. C’est presque l’histoire géologique du monde avec ses plaques tectoniques, en quelque sorte, reproduite par la réalité géopolitique.
Il n’y avait guère de danger que cet antagonisme dépasse la périphérie des Etats. Seule l’affaire de Cuba avait vu Kroutchev s’engager bien imprudemment dans le pré carré de son adversaire. On a vu comment cette crise s’est résolue : par la décision sage de ne pas entrer dans la phase aigue d’un affrontement total entre les deux grands et le retrait des fusées soviétiques d’un territoire si proche des USA. De même, jusque tard dans la lente décrépitude du régime soviétique, il n’a jamais été question d’une intervention du « monde libre », à l’exemple du printemps de Prague et malgré l’appel de ses habitants, période dramatique durant laquelle le monde occidental assista impassible à la reprise en main du Régime avec l’appui des chars de l’Armée Rouge..
Aujourd’hui que ce face à face n’existe plus, les ennemis se sont dilués et peuvent aussi bien tuer cinquante personnes à Bagdad que 3000 à New York, sans pour autant que l’on ne puisse se confronter avec un adversaire capable d’aligner une armée.
En Irak, l’armée américaine perd des hommes tous les jours, sans pourtant savoir contre quoi elle se bat.
Mais, plus grave encore, à moins de laisser pourrir davantage la situation sans trouver une issue raisonnable, le retrait presque inévitable de l’Armée américaine en Irak laisserait un pays où trois factions s’affronteraient. L’intervention des Etats arabes voisins dans cette occurrence paraît inévitable, l’Iran ne pouvant supporter le sort réservé aux Chiites et les Sunnites se voyant protégés par le reste de la Nation arabe. Quant aux Kurdes, la Turquie toute proche et qui avait déjà voulu intervenir préventivement lors de l’invasion américaine, ne pourra pas rester l’arme au pied.

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Le Moyen-Orient s’embrasant, il est bien hasardeux de savoir jusqu’où un tel conflit pourrait dégénérer. C’est d’autant plus incertain que les USA à force de protéger et soutenir Israël dans ses projections colonialistes et ses exactions parmi les populations arabes, sont presque obligés d’intervenir à chaque fois que ce pays se dit menacé. Que feraient les USA grand inconditionnel de l’Etat juif, si les Arabes dans l’élan de leur guerre fratricide venaient à trouver en Israël le bouc émissaire idéal ?
Quel serait le bilan de Bush dans 2 ans si l’armée quittait l’Irak en y ayant perdu des milliers de soldats, sans adversaires déclarés, sans aucune chance d’aboutir à la démocratie rêvée selon les Evangélistes américains et son zélé propagandiste, dans une anarchie la plus complète et une guerre civile épouvantable !
Franchement, il n’y a pas pire scénario que Bush va laisser à son successeur à la Maison Blanche.
Si encore cette politique désastreuse s’arrêtait à la seule Amérique du Nord ! Mais non, elle a franchi l’Atlantique et nous empêche de dormir, nous aussi, en Europe.
Car non seulement la démocratie s’éloigne à grands pas de l’Irak, mais en plus, ce fourneau en ébullition fourni à l’intégrisme des milliers de combattants, qui sans l’intervention américaine, ne se seraient jamais senti une âme de martyr !
Bush dans sa grande maladresse a donc rendu un mauvais service à la cause de la liberté.
Le second responsable, c’est le suiveur anglais Tony Blair, qui va bientôt quitter la vie politique et qui partira avec une aussi mauvaise réputation que celle qu’avait eue avant lui Margaret Thatcher.
Tous les criminels de guerre ne sont pas pendus comme à Nuremberg. Ceux-ci partiront dans les honneurs pour une retraite bien méritée.
Les démocraties ont parfois de ces curieux jugements…

18 novembre 2006

La nouvelle bourgeoisie (suite)

La classe émergente (voir 17 sept.) n’est pas rien puisqu’elle est une classe dirigeante sur le plan politique qui vit financièrement des citoyens, moyennant quoi elle organise la société à leur place.
Aux tables des négociations, ses influences sont grandes avec les autres classes dirigeantes. Si bien qu’elle est incontournable et omniprésente dans les médias, dans l’industrie et dans le mécénat. Les négociateurs issus de la nouvelle bourgeoisie incorporent naturellement leurs soucis personnels aux intérêts collectifs sans critique apparente.
Cette façon de faire réjouit les grands patrons qui trouvent dans leur cohabitation avec la nouvelle bourgeoisie une ambiance propice aux affaires.
On voit bien par les comportements de ses différents acteurs, que la nouvelle bourgeoise entend à ce que ses membres aient le sens de la solidarité de classe.
Si bien que les étiquettes PS, MR, CDh ou Ecolo masquent à peine un seul programme pour tous.
Cette solidarité prend la forme d’une collaboration entre partis dans les composantes nationales ou locales. Ces chers collègues résident dans les mêmes cadres de vie, roulent dans des voitures aux performances identiques, séjournent dans les mêmes palaces, rencontrent les mêmes délégations, se fournissent chez les mêmes traiteurs, s’habillent et se chaussent dans les mêmes maisons. Ils ont étudié dans les mêmes écoles, surtout le droit.
Dans ces conditions, les mêmes goûts et les mêmes habitudes paraissent une chose évidente. Il ne faut pas s’étonner que les raisonnements soient identiques. Les différences sont souvent artificielles. Une trop grande conformité pourrait s’avérer dangereuse pour la démocratie.
Comme toute classe nouvelle qui monte en force, la classe bourgeoise politique protège et dissimule ses membres qui ont failli, dans l’espoir de sauvegarder une réputation collective qui, mise en doute, conduirait à l’antiparlementarisme. Selon une morale bourgeoise qui prétend comme Tartufe que « ce n’est pas péché que pécher en silence. », la classe émergente absout les adroits ; mais quid des maladroits ?
Autant les canailleries dont les anecdotes circulent sous le boisseau réjouissent les membres de la bourgeoisie politique, autant celles, qui tombent dans la ligne de tir de la justice, réunissent toute la classe politique dans la même réprobation indignée.
C’est donc tout à fait unanimement que Milquet, Di Rupo, Durand et Reynders condamnent les magouilleurs de Charleroi, quitte à ce que l’opinion moins remontée, ils réintègrent en sous-main les fautifs dans le cocooning bourgeois.
Il y a un paradoxe dans l’absolution du défaillant par le peuple lui-même. Parfois, certains repris de justice, après avoir purgé leur peine, redeviennent plus populaires que jamais. La bourgeoisie nouvelle le sait. Et comme elle a dans sa gibecière quelques emplois de remplacement en réserve, le fautif ne perdra rien de ses émoluments avant de réintégrer son corps.

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Nous ne casserons pas de sitôt le moule à faire des députés. Les promus se trouvent immédiatement solidaires de leurs aînés. Ils sont l’avenir de la profession, sinon de la Nation.
Ils revendiquent d’une élection, qu’elle soit libre d’émettre une opinion contradictoire ; mais en même temps, ils mettent en quarantaine toute opinion qui n’est pas conforme à leur point de vue.
Cette classe, comme celle dont elle a pris la place, privilégie ses propres enfants.
Comme au temps du patronat de l’âge classique, les membres actifs de la nouvelle classe bourgeoise couvent leurs progénitures avec amour, et les préparent à diriger le pays, par droit naturel de succession.
Il est facile à un ministre ou à tout autre mandataire bien placé de pousser et de faire accepter sont petit dernier dans le Parti. Il est difficile à un militant de base sans appui de se faire connaître. Les places sont de toute manière dévolues à l’avance.
Il y a une autoprotection qui fait merveille dans le milieu. Elle rassemble les familles de pouvoir et les exonère du déclassement, dans une profession qui n’égale pas celle du père.
Les compétences se transmettent avec les places comme un patrimoine le plus précieux.
Le système fabrique une démocratie confisquée.
Nous n’avons plus qu’à la boucler.

17 novembre 2006

La nouvelle bourgeoisie.

Une récente double page dans « Le Soir Illustré » donne un aperçu de ce que la presse perd aujourd’hui en réflexions et en analyses. On y montre les lieux d’habitation de nos ministres anciens et nouveaux, ainsi que de nos bourgmestres et échevins. Le commentaire est celui du catalogue « Maisons et jardins ».
Il a échappé au thuriféraire de service que tous sont logés à la même enseigne : celle de la bonne bourgeoisie.
A quelques encablures de cette machine à décerveler les gens qu’est un journal aujourd’hui, un écrivain-philosophe se penche sur ce qu’il convient d’appeler « la disparition de la bourgeoisie ».
« …Cette crise est en étroite relation avec les transformations qui ont eu lieu dans la propriété et le contrôle du capital, caractérisées par la disparition progressive de la bourgeoisie des entrepreneurs individuels ou familiaux du XIXe siècle, au profit d’une classe qui contrôle plus ou moins collectivement le capital, beaucoup plus centralisé. Cette centralisation progressive du capital se traduit par le dépassement des formes de la propriété privative familiale de l’entreprise et l’invention de formes sociales de la propriété : la société anonyme, les « corporations » qui contrôlent le capital. Progressivement, la bourgeoisie du XIXe siècle est remplacée par ce que Galbraith, entre autres, a appelé les « technostructures », terme qui prête d’ailleurs à beaucoup d’ambiguïtés. »
Nous le constatons, la bourgeoisie classique n’est plus. Même si tout le monde se veut bourgeois. Déjà en 1900, Charles Péguy avait constaté le phénomène : « Tout le monde devient bourgeois, c’est ça la modernité ».
Evidemment Péguy faisait allusion à la sotte prétention des classes subalternes à l’aspiration d’accéder à la classe supérieure.
Or, la société a peur du vide, comme la nature. Comment se fait-il que cette bourgeoisie ancienne ayant fait naufrage dans le capitalisme moderne, il s’est trouvé une classe montante qui l’a remplacée sans qu’elle soit d’employés, d’ouvriers, voire d’artisans, une classe aux revenus stables, ayant repris à son compte les coins douillets, les oasis de paix, sans avoir eu de prime abord – pour la première génération tout au moins – ce petit coup de pouce familial qui fait les bons départs ?
Ne cherchons pas plus avant, cette nouvelle bourgeoisie est essentiellement constituée de mandataires politiques à tous les niveaux et disposant d’un revenu parfois important et cumulable.
A cette constatation, le Soir illustré répond à sa manière sans chercher à comprendre le phénomène de substitution qui s’est produit et se reproduit tous les jours tout au long des charges et mandats rémunérés que les mandataires publics s’allouent comme jadis le patron faisait son salaire.

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Si les demeures reflètent la personnalité de ceux qui les occupe, il est aisé de dresser une typologie des lieux. On peut situer la fourchette des prix des habitations de cette nouvelle bourgeoisie entre 300.000 et 600.000 euros, voire davantage. Les périphéries, les boulevards calmes, les rues larges seront préférés aux rues étroites, dans des environnements non pollués par des autoroutes ou des zonings, de préférence à proximité d’espaces verts ou des dunes, comme c’est le cas de la villa knokkoise de Marc Verwilghen.
Jean-Luc Dehaene s’est choisi une maison moderne en forme de cube avec un grand dégagement devant et un jardin derrière à Vilvorde dont il est le maire. Di Rupo a sa dolce vita à deux pas de l’hôtel de ville de Mons avec un nombre respectables de fenêtres de façade. Au loin, c’étaient les corons, pouvait chanter Bachelet. Très loin alors, semble dire cette maison patricienne. Séduit par l’escalier, Freddy Thielemans s’est amouraché d’une maison Art Déco, des faubourgs arborés - évidemment - de Bruxelles.
Joëlle Milquet vit dans une immense bâtisse, trois façades à Bruxelles-ville ; mais, attention, non loin de l’hippodrome de Boitsfort, quand même. Yves Leterme, plus discret, ne fait jaser personne puisqu’il cache son bonheur dans le silence des frondaisons. Happart joue les parents pauvres dans un appartement moyen à Liège, mais va se ressourcer dans une ferme à Rullen qui pourrait loger plus d’une famille à l’aise. Déjà chef de cabinet en 93, André Antoine ne pouvait que mieux prospérer par la suite pour la décoration intérieure, dans un charmant coin de Perwez. Laurette Onkelinx voit grand partout où elle passe. Elle loue à Schaerbeek un bâtiment très 1900, mais sans doute très confortable qui pourrait héberger la moitié des squatters de Schaerbeek, mais, c’est en attendant la villa « Samsufit » qui pousse ailleurs. A Alleur, Daerden fait dans le romantique. On n’en saura pas plus. Demotte achète la maison contiguë à la sienne pour des raisons sentimentales. Un clou chasse l’autre et l’ancien propriétaire a fait place au génie financier des circuits, Kubla Serge, qui joue le gentleman- farmer à Waterloo, d’où il peut méditer sur le fameux Lion. Enfin Isabelle Durant « campe » depuis 20 ans dans une maison à trois niveaux et prend ainsi la place de trois ménages de l’ancienne petite bourgeoisie, mais c’est à la bonne franquette et dans le luxe « naturel ».
Si tout cela ne sent pas la crise de bourgeoisisme, je ne sais plus ce que ce mot veut dire.
Bien entendu, dans cette floraison d’éminences politiques de rangs divers, il y a des avocats, surtout, des universitaires qui auraient pu faire du blé autrement ; mais, justement, ils ont choisi de défendre « la veuve et l’orphelin ». Résultat, ils n’ont pas si mal choisi, quand même.

16 novembre 2006

Tous au rapport !

Le rapport annuel du FMI, s’il loue la politique menée par la Belgique en matière d'économie et de budget, est, par cette louange même, assez accablant pour le parti socialiste membre du gouvernement et solidaire de la politique libérale de ce pays.
En effet, que dit le FMI en évoquant les sept années d'équilibre budgétaire, sinon que le travail, la santé et les pensions ont subi cette politique qui a vu se restreindre les quelques avantages acquis, jusqu’à se trouver dans un état plus mauvais aujourd’hui qu’il y a sept ans..
Ce qui est une bonne note pour le Fond Monétaire International, mais une pilule amère pour les petites gens.
Aux partenaires sociaux, le FMI demande de suivre la même voie de modération salariale, cela en cas de dérapage des négociations qui sont en cours entre patrons et syndicats, à toutes fins utiles, des fois que quelques socialistes réellement à gauche s’insurgeraient sur la politique de droite de Di Rupo.
Cependant, ce n’est pas encore assez pour cette institution internationale, l’oracle des Libéraux. Elle suggère des mesures complémentaires afin de compenser les effets du vieillissement et de la mondialisation.
Nous voilà prévenus.
Pour ceux qui se laisseraient encore avoir par les propos doucereux de Di Rupo sur sa politique sociale, l’année prochaine, le gouvernement devra prendre des mesures, afin de s'assurer réellement un excédent de 0,3 pc, explique le FMI. Après cela, les efforts devront être maintenus. Les excédents doivent continuer à s'élever - jusqu'à 1,8 pc du PIB à l'horizon 2012 - et le solde primaire ne peut pas descendre plus bas, prescrit le FMI.
Cela est bien clair. Nous sommes dans une ère de restriction et – quel que soit le cas de figure – toute participation aux futures coalitions fédérales de gouvernement devra aller dans ce sens.
C’est embêtant pour les co-gestionnaires socialistes, mais ils devront s’y plier, ou aller faire une cure d’opposition, ce qu’aucun bourgeois rose ne souhaite.
A cette perspective peu réjouissante, mais nécessaire du point de vue capitaliste, viennent s’ajouter les conséquences du vieillissement de la population. A cause de ce phénomène, les dépenses s'élèveront en effet à 6 pc du PIB d'ici 2050. La Belgique est sur le bon chemin, mais doit encore faire des efforts pour prévenir les surcoûts, explique encore le rapport.

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Les vieux vont finir par gêner, c’est certain. Ils gênent déjà dans les familles. Ils seront d’ici 2050 franchement dérangeants et désagréables. Alors, vous pensez, socialiste ou pas au pouvoir, ils peuvent toujours se brosser plutôt que d’espérer des revenus décents, nos vieux !
Le comble, ce sont des experts de quarante ans aujourd’hui et qui en auront nonante en 2050 qui tiennent ces propos ! S’ils sont logiques avec eux-mêmes, après avoir accompli leur mission et remis leur rapport, ils n’auront plus qu’à se suicider.
Mais le meilleur du rapport est à venir :
Le FMI ne propose pas seulement de plus gros excédents comme solution, il plaide aussi pour une nouvelle réforme de notre système de pension (travailler plus longtemps, suppression progressive de prépensions, etc.) ainsi que des économies dans le secteur des soins de santé.
Que voilà un beau programme socialiste, dis donc !...
Aussi, ce rapport du FMI, vous ne risquez pas de l’entendre commenter par les héros du peuple qui se battent pour nous dans les gouvernements de droite dont ils font partie à l’insu de leur plein gré (expression mode). Vous me direz avec les affaires en cours, ils n’ont pas le temps. Certes, mais ils pourraient quand même faire un effort pour que les sommes détournées dans tous les compartiments de la vie publique soient au moins reversées dans les budgets des pensions et des allocations sociales et non pas redistribuées en fonction des souhaits du FMI.
Au fond de la coupe, la dernière amertume s’adresse à qui a encore un boulot.
La politique de l'emploi doit elle aussi être réorganisée. Le Pacte des Générations et la politique d'activation des chômeurs sont une première étape encourageante, mais il faut plus, laisse entendre le fonds monétaire. Le FMI suggère une meilleure coordination entre les différents acteurs de la politique d'activation, une nouvelle diminution des charges sur le travail, la limitation dans le temps des allocations de chômage et des investissements plus importants dans la formation et l'éducation.
Voilà, vous savez tout.
Le Premier ministre Guy Verhofstadt s'est dit satisfait de ce rapport du FMI. C'est un encouragement à poursuivre dans la voie que nous avons choisie, a-t-il déclaré mardi matin.
C’est dire comme les socialistes sont tombés bien bas.
D’un côté, ils applaudissent et participent au libéralisme avancé de ce malheureux Etat et de l’autre – enfin les plus dépravés d’entre eux – puisent dans les fonds publics pour adoucir leur fin de mois.
Il y en a à qui on devrait interdire de chanter l’Internationale dans les meetings pour cause de pollution vocale.

15 novembre 2006

Planning à la judiciaire

-Où tu vas demain ?
-On sait pas. On attend l’ordre des « perquises »
-T’en as combien ?
-Pour le moment seize. Mais on manque de matériel.
-Paraît que le Parquet a demandé du renfort.
-Oui, on va toucher trois camions de la poste.
-C’est plus pratique pour les ordinateurs et les archives.
-Hier, on avait oublié une mémoire sur la chaussée. Ce sont les éboueurs qui l’avaient chargée lors du ramassage des encombrants.
-Alors ?
-On l’a récupérée en bon état. Elle était coincée dans les plis d’un matelas.
-T’es pas sur le coup d’Immo Congo ?
-Non. Moi je fais toujours les sociétés de logement. Je pars à l’Abris Tude.
-C’est quoi ?
-Une société du côté de… un truc en tude… Je sais plus…
-On n’arrête plus. Hier, j’étais à Toit à toi. On l’a échappé belle pour les heures supp avec la maison Wallonie-Bruxelles de Kin.
-C’est pas mal un petit voyage à Kinshasa, quoique en ce moment !...
-Il paraît qu’ils ont donné le feu vert pour que les députés enquêtent.
-Oui. On va avoir le temps de souffler. D’ici à ce qu’ils déposent des conclusions…
-Parfois, quand ils sont tous mouillés, ça va plus vite. On rentre à l’heure chez soi…
-Oui. Mais en attendant, comment on va récupérer les jours ?…
-Ils m’en doivent trente-cinq.
-T’y crois, à la nouvelle Commission ?
-Elle a du pain sur la planche.
- Chaque jour apporte son lot d'éléments neufs.
-T’aurais pas des classeurs en trop ?
-Je me sers de ceux des vieilles affaires.
-Qu’est-ce que tu fais de la paperasse ?
-J’ai trouvé une place derrière la chaudière à gaz.
-Je n’y avais pas pensé. Je peux descendre trois caisses ?
-Pas plus, alors.
-C’est que je ne peux plus m’asseoir à mon bureau.
-Ils ne se contentent plus d’une Commission ordinaire. Elle sera spéciale, cette fois.
-Qu’est-ce que ça change ?
-Pour ma femme qui est à l’économat, ça va faire des tasses de café en plus.
-C’est qu’on en boit là-dedans.
-C’est toujours du Chat noir ?
-Ecolo veut Douw Egbert déca.
-Tu crois qu’ils ont une commission ?
-Non. C’est un type de chez eux qui a des aigreurs.
-Paraît que c’est Milquet qui avait déjà signalé la chose en décembre 2005.
-Qu’est-ce qu’elle foutait à Kinshasa ?
-Va savoir ?

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-Ils en veulent aux architectes, aux corporations ! Ils s’attaquent aux corps de métiers du bâtiment.
-Ils respectent plus rien.
-Même eux. Tiens, j’aimerais pas être ministre en ce moment.
- Un marrant, c’est Alain Destexhe (MR). Il a interpellé Mme Simonet en janvier. Puis, il a refait les comptes. Est-ce qu’on sait pourquoi ? Voilà qu’il conteste l'explication de M. Lebrun. Le contrat ne serait pas si rentable que ça.
- C’est la Région qui aurait roulé Immo Congo ?
-Sacré Alain ! C’est, un pince-sans-rire.
-C’est pas tout. Il paraît qu’on pète dans la soie à Paris pareil.
-Si t’y vas, je te filerais l’agenda des spectacles. Le Cirque d’Hiver vient de rouvrir. T’as les théâtres, Montmartre…
-C’est encore Charleroi qui s’est goinfré à la rénovation parisienne. Deux architectes carolos pour les travaux d'intérieur. à l’extérieur, Culot, je crois…
-Il y a de ces noms de circonstance !...
-C’est Marie-Dominique Simonet qui s’est penchée sur le dossier parisien, le coût des travaux est de 6,5 millions d'€.
-Pas mal. Elle aussi d’ailleurs, quand elle se penche… Elle est encore bien. Quel âge elle a ?
- Une commission rogatoire pourrait se rendre en Suisse à des fins de vérification bancaire.
-Tu sais pas où ? Parce que j’ai loué tout juillet à Lausanne, au bord du lac. Et si je pouvais y aller, ça me ferait plaisir de voir la piaule par rapport au plan d’eau.

14 novembre 2006

A l’insu de leur plein gré…

On a eu Richard Virenque, qui nous a promené pendant quelques tours de France sur le dopage, qui finit par craquer ; mais, à son corps défendant, ce qu’il traduisit par « à l’insu de mon plein gré ».
Avant cela, il y avait eu le célèbre « responsable, mais pas coupable » de madame Georgina Dufoix.
Ces formules magiques ne pouvaient pas échapper à l’attention de nos hommes politiques.
C’est ainsi que le secrétaire fédéral d'Ecolo, Jean-Marc Nollllllet (les ‘lll’ supplémentaires, c’est pour saluer la diction exemplaire d’un bonimenteur de la RTBf), et Hervé Hasquin, tous deux ministres à l'époque où la décision a été prise de saler le loyer de Kinshasa de la Communauté Wallonie-Bruxelles, se sont essayés à la nouvelle formule.
Ils n’ont rien vu et pour cause, ils ne se souviennent plus d’avoir été là !
Ces deux-là étaient ministres, responsables, mais le public ne savait pas, qu’ils y étaient à l’insu de leur plein gré. Renseignements pris, ils ignoraient eux-mêmes qu’ils étaient bel et bien des titulaires. C’est la femme de Nollllet qui à la fin du mois lui aurait dit : « Chéri, tu as été augmenté chez Ecolo. C’est chouette de leur part ! » et Nolllet occupé à trier les ordures ménagères du compost de son jardin, n’avait pas prêté attention.
Cela arrive parfois dans les tournantes. On est élu sur une liste d’un parti sans savoir que ce n’est pas le sien. Pour Ecolo, c’est normal, puisque tous les partis sont écologistes, alors, le malheureux Nollllet a pu très bien accéder à un ministère sans le savoir. Quant au MR Hervé Hasquin, son parti à force de reconnaître les siens dans des fonctions qu’ils n’exercent pas, par exemple, l’affirmation de Didier Reynders « votre bourgmestre de Liège », aura certainement troublé notre homme. Il a cru qu’on anticipait sa nomination sans qu’il en fût vraiment titulaire. Par la suite, Double H se serait dit qu’au contraire de Didier, il l’était devenu réellement. Mais il était trop tard !
Quelqu’un avait signé à sa place des locations honteuses.
Ce sont des choses qui arrivent.
Aujourd’hui, ils estiment qu'ils ont été abusés.
Beaucoup de jeunes filles qui sortent d’une discothèque disent aussi qu’elles ont été abusées. Parfois l’abuseur répare. Mais statistiquement, c’est rare. C’est pourquoi Nollllet va plaider au bureau de son parti en faveur d'une commission d'enquête parlementaire spéciale pour connaître le nom de son abuseur. Selon ses déclarations il aurait été abusé à l’insu de son plein gré alors qu’il faisait nuit dans les couloirs du ministère.
Oscar Tapinois, l’inspecteur chargé de l’enquête semble avoir mis le doigt sur les contradictions du plaignant. Etait-il là à l’insu de son plein gré où a-t-il été abusé en toute connaissance de cause ? Double H lui, est formel, son abuseur lui a manqué de respect sur le coin de son bureau et il a signé sans s’en apercevoir !
Bref, comme toute affaire judiciaire qui se passe à Charleroi et environ, le mystère reste entier. Aux dernières nouvelles, Van Cau n’est pas encore suspecté. On lui laisse le temps de retrouver ses agendas qui auraient été détruits par un secrétaire maladroit à l’insu de son plein gré, lui aussi.

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Hervé Hasquin qui était ministre-président du gouvernement de la Communauté française au moment où cette décision a été prise, a confirmé que le gouvernement dans lequel siégeait M. Nollet a été abusé.
Témoignage précieux, puisqu’il corrobore l’alibi de M. Nollllet !
Mais ils avouent quelques instants plus tard qu’ils ont lu la presse et écouter la radio ensemble, pour apprendre qu'un certain nombre d'événements se sont passés à leur insu, a martelé M. Hasquin avec force, mais dignité. C'est évidemment éminemment déplaisant, ajouta-t-il, puisque, comme vous le savez la société gagnante finalement s'ouvre au capital de la concurrente vaincue. Il y a vu quelque chose d'étrange. Mais, c’est tellement étrange qu’il s’est dit que c’était normal dans une société libérale. Et il est parti en week-end.
Cependant, maintenant on comprend pourquoi la société a fusionné avec sa rivale. Parce qu'à l'évidence, elle a été soumise à des pressions, voire à des chantages, et donc ça, évidemment, nous l'ignorions, affirme encore M. Hasquin, avec de plus en plus de force. Et de conclure la Région wallonne avait la main.
Apparemment, ce n’était pas la bonne main.
Oscar Tapinois, inspecteur, cherche la bonne main.
Et si tout ce beau monde avait la nôtre en pleine figure ?

13 novembre 2006

Les partis BIO !...

Tous les partis sont maintenant écologistes.
Même la poudre à lessiver l’est devenue…
On les voyait venir depuis que l’écologie est un slogan porteur. Un code magique de trois lettres sert de mot de passe : BIO !...
Le « C’est nouveau, ça vient de sortir » de Coluche se remplace par « C’est BIO. ». C’est plus propre, meilleur pour la santé, donc pour soi et l’environnement, c’est aider l’écologie en les achetant, dit la Pub.
Là-dessus on voit la gueule enfarinée d’un acteur sur le retour qui parle de son cholestérol et c’est gagné.
Cela ne réduit pas que notre cholestérol, c’est la politique « mondiale » qui s’en approprie…
L’effet de mode, les bruits qui courent selon lesquels on va droit dans le mur, et puis ça ne mange pas de pain, annonçaient ce virage qui n’en est pas un, puisque à 180°, les partis se sont retrouvés exactement à la même place.
Qu’est-ce qui change, me direz-vous ? Rien, sauf que nos pointures sont écolos et BIO par la même occasion.
Vendre plus chers certains produits à peu près identiques à ceux qui « polluent », parce qu’ils sont BIO – entendez par là parce que d’une certaine manière ils sont écologistes, réjouit l’acheteur. Comprenne qui pourra.
A vrai dire, le parti écolo est le seul parti qui l’étant avant les autres, l’est devenu beaucoup moins en comparaison ; puisque ce parti est à la recherche d’une crédibilité de gouvernement et que pour ce faire, il peine à imaginer un programme qui traite de la société telle qu’elle est, c’est-à-dire très loin de la conscience de la pollution, du gaspillage et de l’industrialisation à outrance.
Un PS qui a tant de choses à faire oublier, vous pensez quelle merveilleuse occasion de détourner l’attention du mal qui le ronge, d’autant que son programme est le même que celui du MR. Les orangés de Joelle Milquet le sont aussi pour la beauté du geste et le rapport qualité prix. Les Libéraux ont toujours pensé que dénoncer les petits pollueurs détourne l’attention des gros. Logique, non ?
Donc, parfait, puisqu’on est tous des écolos, qu’est-ce qu’on fait ?
Rien.
L‘ampleur des taches dépasse la capacité d’entendement de nos décideurs. Et puis il faudrait changer les discours, ne plus héberger des industries polluantes, changer les mentalités sur la consommation, arrêter de construire des autoroutes, de promouvoir le circuit de Francorchamps, renvoyer les Frères Happart faire pousser des pommes BIO au plateau de Herve, laisser filer le chômage vers des sommets encore jamais atteints, etc…
Quand bien même nous serions tous devenus écolos-BIO en Belgique, et ailleurs ?
Pour qu’il y ait dans le monde la possibilité d’un retour à une plus saine gestion de l’environnement, il faudrait que tous les pays de la planète arrêtent de polluer au même moment !

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Qui dit pollution, dit produire de la richesse. Si les pays se regardent en chiens de faïence et se disent « …dans les derniers à virer écolo, je garderai un avantage économique sur tous les autres. », il n’y a pas une chance sur mille qu’on trouve un arrangement équitable mondial ! Et à ce petit jeu, l’Amérique du nord est très forte. D’ailleurs, elle s’est arrangée : elle pollue et elle est BIO en même temps, puis, elle nous emmerde…
Ensuite, pensons aux pays émergents, certes l’Inde et la Chine progressent de 10% l’an en PNB, ils sont presque au niveau des USA question pollution, dites leur d’arrêter les machines parce qu’elles polluent trop, ils répliqueront que par tête d’habitant, un Chinois est 90 fois moins pollueur qu’un Américain.
Enfin, les décideurs politiques n’ont cure d’égaler les grands noms de l’histoire. Pour eux, les réélections exigent un travail à court terme. On les juge sur deux, trois, cinq ans au plus. Pourquoi voulez-vous qu’ils tiennent des discours du genre « avec les pesticides et les engrais chimiques que nous mangeons à cause de nos agriculteurs, il y aura dans cinquante ans, un habitant sur deux qui développera un cancer au cours de sa vie. »
C’est bien de rêver d’écologie. Mais c’est inutile d’envisager que nous changions quoi que ce soit dans le système capitaliste. Cinquante ans, c’est une notion lointaine et non rentable.
Voilà, le mot est lâché. Ce n’est pas sans raison. Car, sur le temps que les discours de plus en plus alarmistes secouent notre conscience, la publicité nous rappelle que la consommation tous azimuts va bon train, que d’ici la fin de l’année des millions de gens consommeront BIO à tout va et que la couche d’ozone va encore prendre un coup.
Pas partout dans le monde, bien entendu, mais du bon côté de la planète, c’est-à-dire nous.
Et voilà qui soulève une nouvelle difficulté, car qui pourrait en vouloir à des gens démunis de tout de polluer afin de produire pour changer leur mode de vie et arriver à une consommation modérée, peu écologiste certes, mais qu’on ne pourrait leur refuser !
C’est la logique même, le système capitaliste ne vaut rien. Il conduit le monde à sa perte. Nous ne pouvons pas le changer, d’autant que les écologistes eux-mêmes sont parvenus à nous faire croire que l’on peut être capitaliste et écologiste.
Alors ?
Il n’y a plus qu’à s’en foutre. Foi de Richard III !

12 novembre 2006

A France Baeckeland, Jean-Marie d’Huy et Henri Pons


On parle des affaires chez nous et du lent pourrissement du monde politique à partir de son maillon le plus faible, en l’occurrence le PS de Charleroi, mais en France, ce n’est pas triste non plus.
Le Liégeois qui s’est toujours cru un peu Français suit aussi les grandes affaires de mœurs en France comme il s’intéresse à la politique française. C’est ainsi qu’il a pour Ségolène Royal l’œil de Chimène et qu’il attend que la France l’étonne encore en élisant la belle Ségolène à la présidence de la République.
Il y a justement une affaire qui joint à la fois les délits de droit commun et la politique, en France, c’est l’affaire Clearstream. On en parle moins que l’affaire d’Outreau, bien qu’elle ne touche pas l’opinion sur le même plan, elle peut se révéler tout aussi explosive.
En gros, un faux impliquant Nicolas Sarkozy dans un bordereau bancaire a été fabriqué dans l’intention de nuire à l’homme politique. Ce faux aurait été commandité, sinon commandé, par les plus hautes instances de l’Etat. A l’heure actuelle, seul Dominique de Villepin est mouillé dans cette combine – mais il nie évidemment.
Procédant à des nominations de hauts magistrats, comme par hasard, le président Chirac, il y a quelques mois, a nommé au parquet de Paris un Procureur général de ses amis, espérant, sans doute, que certaines affaires délicates seraient mises dans le placard à casserole.
Mais les juges d’instructions – ils sont deux – n’entendent pas obéir aux injonctions. Entre les juges d'instruction de l'affaire Clearstream et les services du procureur de Paris, l'affrontement s'étale désormais au grand jour. L'audition attendue de Dominique de Villepin y est aussi pour quelque chose.
Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, les deux magistrats, nous font penser à la juge d’instruction des affaires de Charleroi, France Baeckeland, qui par son obstination et son désir de servir la justice et le droit, poursuit vaillamment ses enquêtes dans des milieux politiques versatiles et dangereux, seule contre tous pourrait-on dire.
C’est le lundi 6 novembre, que Jean-Marie d'Huy et Henri Pons ont marqué leur intention de convoquer le premier ministre et amorcer le bras de fer avec le procureur de Paris.
Première fausse surprise, les agendas de M. de Villepin au Quai d'Orsay n'ont pas été conservés leur a-t-on signifié. Voilà qui en dit long sur les intentions du premier ministre et de ses ministres de faire obstruction à la recherche de la vérité ; car, peut-on concevoir que des agendas de cette importance puissent être détruits dans les deux années suivantes de leur achèvement ?

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Par rapport à la Belgique, évoquer la perspective de mettre en examen sur une affaire le premier ministre Villepin, c’est bien plus salé que vider quelques échevins de Charleroi des auges où ils bâfraient les deniers publics.
C'est en effet la question du sort réservé au chef du gouvernement qui oppose les juges au parquet. Dans un réquisitoire supplétif daté du 28 octobre, les services du procureur avaient préconisé la convocation de M. de Villepin "en qualité de témoin", à l'instar de Mme Alliot-Marie (Le Monde du 31 octobre). La ministre de la défense, dont l'audition a été autorisée par le conseil des ministres, a été interrogée, vendredi 10 novembre, sous un statut, qui scelle l'inexistence de toute présomption d'infraction à l'encontre de la personne interrogée.
D'évidence, MM. d'Huy et Pons apprécient différemment que le procureur général de Paris, l'implication de M. de Villepin aux sources de l'affaire Clearstream. Depuis plusieurs semaines, leur stratégie d'encerclement est apparue au fil des interrogatoires : ils s'efforcent de déterminer le degré de participation du premier ministre, qui était au moment des faits poursuivis (en 2003 et 2004) ministre des affaires étrangères puis ministre de l'intérieur.
En Belgique comme en France, avec la venue des nouveaux juges d’instruction issus des écoles de la magistrature, un vent nouveau commencerait-il à souffler ? Y aurait-il enfin une égalité de traitement entre les affaires des délinquants ordinaires et les délinquants de haut vol ?
En un mot, est-ce que la justice se déciderait enfin à être la justice pour tous ?
Attendons la suite, des fois qu’en Belgique, comme en France, l’un ou l’autre artifice, injonction ou mutation ne dérange la quiétude des magistrats instructeurs et casse la mécanique d’un procès possible.
De toute manière, la délinquance est aussi bien en haut comme en bas de l’échelle sociale ; mais, n’est-elle pas pire encore quand elle se donne des allures de « sauveteur du peuple » et dissimule sa rapacité et son goût du pouvoir sous les traits du démocrate aimant les citoyens ?
C’est à peu près le même crime que celui d’un curé qui abuse de son enfant de chœur dans la sacristie !
Quel bel homme avec une belle tête d’homme sincère, ce Dominique de Villepin !
Et quel coup fatal porté au cœur de ceux qui à défaut d’un esprit d’analyse sont conduits à l’admiration gratuite des belles gueules et des belles attitudes sur le marché public de la politique et du bagout, lorsqu’il convient d’admettre que les belles gueules peuvent être aussi de belles fripouilles.

11 novembre 2006

Garçon ?... la même chose.

On croyait en avoir fini avec les affaires. Les socialistes de Charleroi et le parti lui-même enfin débarrassés des brebis galeuses, ouf, il n’était pas trop tôt. On allait voir une véritable renaissance morale resurgir du fond des consciences et, foi de Di Rupo, la vertu enfin triompher du vice.
Eh bien ! non.
Ce n’est pas tout le troupeau qu’il faudra abattre, mais presque.
Les affaires au PS, c’est comme dans les champignonnières. On ne sait jamais où le petit dernier va sortir. Mais quel terreau ce parti !...
On apprend que la représentation Wallonie-Bruxelles à Kinshasa louait à la Société Immo-Congo dont le siège est rue de Jumet à Gosselies un immeuble pour 270.000 euros par an et ce avec un bail de vingt ans !
Les actualités nous ont montré les abords de ce mirifique bien. Franchement, le tout a plutôt l’allure d’un entrepôt minable, que d’un palace.
Cette affaire sent l’arnaque à plein nez.
Comme l’explique des journalistes du Soir : « … le bâtiment visé par ce bail aurait été choisi en 2004, alors que la représentation Wallonie-Bruxelles à Kinshasa se cherchait un nouveau bâtiment. Dans un premier temps, une société appelée "Intelligence et Communication" aurait été candidate à l'achat et à la rénovation du bâtiment destiné à la Communauté Wallonie-Bruxelles, alors présidée par Hervé Hasquin. Pourtant, quelques jours plus tard, c'est une autre société, candidate également mais évincée auparavant qui va se trouver dans le contrat de bail signé avec la Communauté française: cette société, dénommée Immo-Congo, avait été fondée quelques jours plus tôt et est basée à Gosselies. »
Le texte du Soir est sous la responsabilité de ce journal quant à la personne citée. Il ne m’appartient pas de dire de quelle manière elle est ou non impliquée dans ce nouveau dossier, mais d’autres noms apparaissent et notamment celui de l’épouse d’un réviseur d’entreprise de la région de Charleroi, circonscrivant les devoirs d’enquête autour et dans l’entourage du président de l’USC de Charleroi.
A la fin, trop c’est trop.
Si ce nouveau coup tombe à plat sans aucune réaction du PS, on pourra dire que celui-ci aura vécu dans sa forme actuelle.
Quand on lit ce qui précède, on se demande à quoi sert la Cour des Comptes ou tout autre organisme chargé de vérifier l’exactitude et le bien fondé de la bonne marche de nos contrats.
Et le parlement wallon ? A quoi sert-il au juste ?
Car ici, il ne s’agit plus de la dérive de quelques brebis galeuses, il ne s’est donc trouvé personne pour crier casse-cou au PS et personne au parlement wallon pour interroger les responsables afin qu’ils justifient cela ?
Tout est donc si cloisonné dans la boutique qu’on signe chacun pour soi des pièces administratives qui vont engager les Wallons et leur dette publique pour 20 ans !
Il est vrai que depuis Francorchamps, il ne faut s’étonner de rien.
Au-delà d’un parti dont la moralité s’effiloche au fil des affaires, c’est l’organisation entière de la Communauté Wallonie Bruxelles qui est en cause.

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Il deviendra de plus en plus difficile à Elio Di Rupo de diriger le gouvernement wallon avec l’objectif de faire des économies et de promouvoir l’industrie, en restant crédible.
La thèse que tout est parti de Charleroi gangrené par quelques filous locaux semble caduque. Les affaires carolorégiennes ont depuis essaimé quelque peu et fait des petits ailleurs.
Ce n’est évidemment pas à moi qui ne suis pas membre de ce parti et quoique étant de gauche, de prendre en compte la politique du PS, ni d’en minimiser l’importance, comme en général le font ceux qui en vivent d’une manière ou d’une autre en matière de défense quand cela tourne mal ; mais, il me semblerait logique que des vieux serviteurs de ce parti, la plupart des militants honnêtes, réclament une assemblée extraordinaire et quasiment des Assises.
C’est toute la classe politique qui se trouve à présent polluée des scandales à répétition, depuis que d’une Commune, ils sont passés à la Communauté Wallonie-Bruxelles.
La Région va devoir épurer les dettes que des inconscients ou des escrocs ont faites en notre nom.
Et en cette qualité de partie prenante, la question est : ne serait-il pas temps de déposer le bilan et d’instituer le peuple réviseur d’entreprise ?

10 novembre 2006

Les élections aux Etats-Unis.

200 millions d'Américains ont voté mardi 7 novembre pour renouveler la Chambre des représentants, un tiers des sénateurs et 36 gouverneurs. L'opposition démocrate a conquis la Chambre des représentants et la majorité des postes de gouverneurs. Au Sénat, les résultats viennent de tomber : les Démocrates y sont également majoritaires avec un siège de plus que les Républicains. C’est donc une victoire complète.
Qu’est-ce que cette élection va changer pour nous, et pour l’électeur américain ?
Pratiquement rien. C’est que, aux Etats-Unis, comme en Belgique d’ailleurs, les programmes de la majorité et de l’opposition sont assez semblables. Les deux partis gagnent et perdent en titillant l’électeur du centre.
Lorsque Bush a fait envahir l’Irak au nom des vertus qu’il voit dans la démocratie américaine, il a commencé par mentir à l’opinion concernant le danger d’une arme atomique de Saddam Hussein, les démocrates et notamment Hillary Clinton étaient d’accord.
Il fallait en finir avec le terrorisme et trouver un responsable autre que l’insaisissable ben Laden.
Depuis, l’enlisement de l’armée, les morts chaque jours plus nombreux de militaires, l’opinion américaine a basculé dans le camp des quelques pacifistes qui étaient regardés de travers en 2001, après le 11 septembre.
Dès lors, sentant le vent, les démocrates n’ont plus soutenu la politique américaine en Irak pour finir par la critiquer.
Cependant tout le monde s’est bien gardé parmi les adversaires de Bush de proposer un plan de rapatriement du personnel militaire stationné en Irak, comme il serait logique de le faire.
Autrement dit, l’enlisement des Etats-Unis est bien réel en Irak et il se pourrait que cela dure au-delà du mandat présidentiel de Bush, sans que les Démocrates y puissent grand-chose.
Sur la question de l’écologie, si le candidat malheureux à la présidence, Al Gore, a promené partout dans le monde son film catastrophe sur le réchauffement de la planète, il n’est pas sûr que Hillary Clinton, si elle était élue à la présidence des USA, ratifierait le traité de Kyoto.
Enfin, puisque 80 % des énergies naturelles ne sont pas renouvelables, il est clair que le système capitaliste qui promeut l’expansion continue et l’exploitation à outrance des matières premières générant le profit va précipiter la planète dans le chaos et accélérer la venue des désastres auprès desquels les famines et les guerres d’aujourd’hui seront peu de chose. Or, les discours sur l’excellence du système capitaliste, son incomparable supériorité sur tous les autres et l’amalgame que l’on fait avec la démocratie elle-même, ne sont évidemment pas les moyens de réfléchir à une autre gestion du travail des hommes.
A ce niveau, les Américains sont loin d’avoir jeter leur gourme. L’opinion y est depuis toujours conservatrice. Il faut reconnaître que des socialistes aux libéraux, l’Europe en est réduite au même aveuglement.
Sommes-nous ensorcelés par le système capitaliste au point que nous en chanterions encore les louanges les pieds dans l’eau de Bruges à Gand, comme dirait Brel, pour ne parler que de notre petit pays, si par malheur la fonte des glaces haussait les océans, ne serait-ce que de 5 centimètres ?

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Enfin, en ce qui concerne la politique internationale des Etats-Unis, sa vision du monde est une pure aberration moralisatrice. Est-ce un bienfait pour l’humanité, sinon même pour Israël, cette façon de « sentir » les choses au Moyen-Orient ?
Cette semaine encore, dix-huit Palestiniens, dont quatre femmes et quatre enfants, ont été tués et plus de 20 blessés, mercredi, lors de bombardements israéliens à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. Ce genre d’information revient de façon rémanente sans que s’émeuvent des entités comme l’Europe et l’Amérique.
Quand on sait que l’électorat juif en Amérique vote traditionnellement démocrate, peut-on imaginer que celle-ci au pouvoir cherchera une solution équitable en Palestine ?
Certes nous n’aimons pas la politique de Bush, nous en sommes même arrivés à ne pas aimer l’homme. Et que sa politique soit dorénavant regardée à la loupe par les démocrates ne soit pas une mauvaise chose, c’est incontestable ; mais, imaginer que l’Amérique va changer de cap dans ses options fondamentales, non. Elle restera bel et bien le plus gros pollueur de la planète, poursuivra son exploitation des pays les plus pauvres au nom de la libre entreprise, restera au côté d’Israël dans ses pires exactions et contribuera à accélérer, malgré elle, la fin du capitalisme, malheureusement dans les pires conditions qui soient pour l’humanité.

9 novembre 2006

Honneur aux travailleurs flamands.

On est forts… Il paraît qu’on vit depuis dix ans sur le dos des Flamands. Ils travaillent plus que nous, tellement plus que nous on fout plus rien. Ce n’est pas eux qui le disent, mais l’Union wallonne des entreprises. De quoi je me mêle…
Marie Arena fait ce qu’elle peut – c’est-à-dire pas grand-chose – pour avancer les chiffres d’un taux d’emploi en légère augmentation, et faire plaisir aux cadres wallons de la Région, malgré tout très éloignés de la moyenne européenne. (Pas les cadres wallons, les chiffres.)
Elle croyait que Marie-Dominique Simonet avait ses patrons bien en main et que pourvu qu’on les laissât se gaver de subsides et qu’on fermât les yeux sur l’intérim, ils la boucleraient sur les capacités travaillantes de la jeunesse wallonne.
Mais voilà, les chiffres du chômage wallon n’ont plus été aussi mauvais depuis 10 ans ! Ces dix années correspondent au temps que les Flamands disent nous avoir sur le dos. Alors, de quoi ils se plaignent les admirateurs de la belle Marie-Dominique ? Ils n’ont pas à nous supporter, puisque les Flamands s’en chargent !
Mais ce n’est pas tout.
Ils accusent une Marie Arena, la perle de notre démocratie avancée, de laisser crétiniser l’école par les crétins de l’enseignement !
Comme si les pauvres qui enseignent en pouvaient !
A la vérité, les athlètes du capitalisme mondial que sont nos patrons étouffent dans leurs costumes trois pièces en Wallonie. Ils avaient rêvé de grands destins, d’Amérique et où vont-ils ? A Libramont à la foire aux boudins !
Il y a bien certes quelques parfums d’exotisme et quelques satisfactions de l’esprit, dans les missions commerciales, mais outre que c’est le Prince Philippe et Marie-Dominique Simonet toujours à la portière à nous faire des petits signes d’amitié, qui pompent l’air, nos nouveaux Rastignac ressemblent à Saccard l’usurier, sur les photos de famille.
C’est ça, Saccard Aristide, de la Curée d’Emile Zola. Le portrait collectif est frappant. Si ces gens (les patrons) avaient tant soit peu de lettres et d’esprit, ils se reconnaîtraient dans ce portrait « …ce petit homme à la mine chafouine porte en lui toute l’avidité de jouissance matérielle des Rougon, avec une nuance particulière de sournoiserie qui le rend prêt aux intrigues les plus vulgaires ».
De quel droit ces minables du coffre-fort allégé se permettent-ils de critiquer nos chômeurs et le dernier carré d’intellectuels qui nous reste, les enseignants ?
Ce faisant, ils ne perçoivent pas qu’au-delà de leurs perfidies, c’est toute la nation flamande qui pourrait la trouver mauvaise. Ne vont-ils pas éveiller chez elle quelque revendication secrète, comme par exemple celle de ne plus nous prendre en charge à la prochaine législature !

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Ce serait le comble que placés dans l’alternative de réclamer leurs traitements ou de payer les subsides aux entreprises, nos ministres, dès la fermeture du robinet flamand, se verraient contraints d’arrêter de subsidier ce joli parterre d’entreprises, alors immanquablement en déficit !
On voit d’ici l’emblématique Marie Arena vendre son cher bureau à l’encan alors qu’il lui a coûté tant de larmes et d’excuses chuchotées d’une voix chevrotantes d’émotion ! et Madame Simonet sous-louer une mansarde au port autonome où sa petite marinière sur jupette plissée, jadis, fit merveille, au point que bons nombres de journalistes locaux s’en souviennent encore !...
Tout ça à cause d’une bave patronale auprès de laquelle celle des crapauds est un élixir…
La voilà bien la stratégie de l’Union wallonne des entreprises, toute dans les mains de nos crétins présidents directeurs de nos mirifiques établissements.
Heureusement il y a parmi cette aristocratie cossue de bureau, un garçon tout simple et qui n’oublie pas qu’avant son mariage, il était d’un milieu fort modeste, Monsieur Mené, si vous m’entendez, rétablissez donc la vérité parmi vos pairs.
Ceux qui vivent aux crochets des Flamands vous en devraient bien de la reconnaissance.
Une supplique aux Flamands : Si vous travailliez davantage, peut-être serions-nous mieux indemnisés en Wallonie ?... Parlez-en à vos patrons. Faites des heures supplémentaires.
Merci d’avance.

8 novembre 2006

Riposte.

Ce dimanche, un débat sur TV5 « Y a-t-il un fossé entre les générations ? »
Un plateau de choix autour de Serge Moatti « Riposte ».
Débat d’intellectuels, comme il n’est pas possible de l’organiser en Belgique. Nos élites paraissent bien lourdes lorsqu’on les compare à leurs homologues français.
Ce n’est pas, qu’en fin de compte, nous ayons des arguments moins bons, c’est parce que nous ne savons pas nous exprimer avec la vivacité et l’élégance qui sont deux éléments indispensables à sauvegarder l’attention du public et qu’on sait si bien prodiguer en France.
Les participants étaient quasiment tous issus des universités. Même les jeunes sur le plateau en étaient. On avait parfois l’impression qu’une classe en jugeait une autre.
Le débat ne sortit jamais des intérêts d’un certain milieu social. Il est exact que la bourgeoisie est déchirée et n’existe plus en tant que telle, sous les assauts d’un système économique mondialisé.
L’évolution des rapports entre générations est fonction du chômage massif qui disloque les familles et cannibalise les relations entre les classes d’âge dans les entreprises.
Rien de neuf, en somme, s’il y avait la moindre perspective de faire baisser le chômage, mère des vicissitudes actuelles, cela se saurait. Tout le monde sait que l’université n’a jamais brillé par les initiatives de ses chercheurs en la matière.
Cependant, une différence certaine s’est dégagée quand même entre les générations d’aujourd’hui et celles des années 60. Au niveau de l’artisan, de l’ouvrier et du paysan, cette génération ancienne était capable d’écouter et de participer aux discours universitaires. Aujourd’hui, avec 16 % d’analphabètes au sortir du primaire, les populations laborieuses non seulement n’ont plus les capacités d’intervenir en donnant leur sentiment, mais encore ne contrôlent plus ceux qui parlent à leur place.
C’est répondre en partie à l’impossibilité du dialogue. La situation explosive des banlieues fait suite à la vie misérable des émigrés de deuxième et troisième générations qu’il n’a pas été possible de former dans un esprit de justice et d’égalité au même titre que l’ensemble de la population scolarisée.
Ce plateau se scinda en deux camps :

Les sceptiques.
Il y a une incompréhension flagrante entre les baby-boomers et les générations X et Y. Leurs valeurs, attentes, attitudes par rapport au travail sont très différentes, et cela touche autant les rapports avec la hiérarchie que le système de récompense. Les conflits ne pourront qu'augmenter; dans un contexte de pénurie appréhendée de main-d'œuvre, nous aurons de la difficulté à séduire et retenir les jeunes générations.

Les optimistes
Il n'y a pas plus de conflits qu'avant : il y a toujours existé une incompréhension d'une génération à l'autre. Le problème actuel est peut-être plutôt l'expression d'un conflit entre les individus et les organisations : manque de souplesse des forces de l’ordre, manque de flexibilité de la part des entreprises, leadership à revoir, communications à améliorer.

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Reste l’impression, qu’avec la classe dirigeante d’aujourd’hui, rien ne changera. Les bus continueront de flamber en France. Les jeunes des banlieues auront l’impression qu’on les met en cage et que leurs geôliers sont leurs ennemis irréductibles.
Plus calme, la jeunesse d’ici n’en pense pas moins.
Certains signes avant-coureurs laissent supposer que la violence organisée n’est pas à exclure.
Nous ne devons sans doute qu’à la lourdeur belge le retard de nos banlieues sur la banlieue française.
Ce n’est pas grand-chose, mais c’est toujours ça.
Au moins notre lenteur à comprendre l’événement et à y participer aura eu parmi tous ses défauts quelques petits mérites, ce qui ne veut pas dire qu’il ne serait pas temps d’évaluer nos chances pour ne pas basculer dans les mêmes errements d’un discours universitaire inefficace et peu réaliste.
Une fois de plus, tout passe par l’éducation et la culture, et surtout l’esprit d’analyse que les jeunes ont perdu.
Ce ne sont pas les enseignants qui ne valent rien, mais les programmes qui ne collent pas.

7 novembre 2006

Une fusion fusionnante.

Il n’a pas fallu longtemps pour que Lakshmi Mittal sorte du bois et prenne la tête du groupe Arcelor Mittal. Les grandes manœuvres de Guy Dollé privilégiant les actionnaires et négligeant le personnel ayant fait long feu, les accords conclus n’auront été que des chiffons de papier.
Trois mois après avoir étrenné sa casquette de PDG, Roland Junck d’ex-Arcelor est remplacé par Siva-la-guerre réincarné en Lakshmi Mittal.
Qu’on se rassure dans les chaumières, Junck et Dollé ne manqueront de rien.
On n’en aurait rien à cirer de cette bataille de requins, si nous n’avions pas été actionnaires par Région wallonne interposée et si nous n’avions pas eu des promesses, la main sur le cœur, de celui qui était venu courtiser ses futurs actionnaires namurois, au moment où Dollé flattait les siens et rameutait les nationalistes financiers de son agenda.
Mittal nous était apparu comme un homme épris du travail bien fait de nos sidérurgistes et on avait même espéré que le bassin liégeois retrouverait une seconde jeunesse grâce à ce coup de barre indien.
Certes, coup de barre il y aura, mais aux dernières nouvelles, cela se pourrait bien que ce fût sur la tête des ouvriers et des syndicalistes trop confiants.
Tandis que le Premier ministre Guy Verhofstadt, le ministre des Finances Didier Reynders et le secrétaire d'Etat à la simplification administrative Vincent Van Quickenborne batifolent en Inde pour y vendre nos savonnettes, Lakshmi s’apprête à brader nos installations métallurgiques aux démolisseurs indiens. C’est ce qui s’appelle un bel échange.
Pourrait-il en être autrement quand on sait que ce sont les négociateurs de Francorchamps avec Ecclestone qui se sont entremis avec Mittal. Déjà le Dollé c’était fichu de nos hommes politiques, Lakshmi parachève.
L’embêtant, c’est qu’il y a dans ce trafic des milliers de travailleurs dont le salaire est suspendu à un poil de Vishnou.
En s’attendant au pire, MM. Happart, Kubla et consort seront satisfaits d’apprendre que le chiffre d'affaires du groupe Arcelor Mittal ressort à 22,05 milliards de dollars sur la période, après 22,4 milliards au trimestre précédent.
En voilà du fric qui passera sous le nez de tout le monde sauf pour quelques coffres forts secrets quelque part dans la plus « grande démocratie » au monde.
Exit Junck – il gardera quand même un fauteuil au conseil d’administration – l’autre luxembourgeois de service Joseph Kinsch, "chairman" du conseil d'administration a communiqué à la presse « la voix de son maître » : "Nous effectuons ces changements pour clarifier le leadership au sein du groupe. Ces derniers mois, nous avaient montré que la structure précédente n'était pas dans le meilleur intérêt du groupe ».
Les rescapés de haut rang d’ARCELOR étudient la personnalité du patron afin d’aller dans le sens du poil. En effet, outre l’argent, qu’aime Lakshmi ? Est-il bouddhiste ? Indouiste ? Que prend-il pour son petit déjeuner ? A-t-il des aventures avec des femmes ? Avec des hommes ? Toutes études stratégiques importantes, les seules au demeurant qui soient capitales pour durer dans cette nouvelle Babylone industrielle.
Le capitalisme militant a toujours ses adeptes.

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“La toute première priorité pour Arcelor Mittal est de réussir l'intégration des deux groupes et de réaliser les synergies et les avantages de la fusion", a commenté Lakshmi Mittal. Que les balourds de la Région wallonne qui pensaient avoir gardé quelques sympathies dans le groupe se le tiennent pour dit. Avec leur flair habituel, ils ont misé perdants.
A présent, il est clair, les dirigeants que nous avons ne peuvent qu’accumuler boulette sur boulette. Ce n’est pas avec ces « cadors » que le social en Wallonie rivalisera un jour en astuce et en intelligence et qu’on ne payera plus la redevance TV comme nos amis flamands.
On imagine bien que seules nos viandes les intéressent et que myopes, leur vue ne dépasse pas la hauteur de notre porte-monnaie.
Une question : qui a payé le champagne quand Mittal est venu les entretenir de ses mirifiques projets pour la Wallonie ?

6 novembre 2006

Sapiens tyrannosaurus 2006

En voyant tous ces éminents personnages, certains à l’échelon local, quelques uns à l’échelon national, tomber de haut pour des questions de gros sous, mais toujours sans perdre la face ou paraître contrariés devant les caméras ou dans des voitures banalisées de la police, je me disais qu’il n’y a pas de différence entre la tête d’un honnête homme et celle de quelqu’un qui ne l’est plus… On se pose parfois la question « qui tient qui ? » tant du policier en civil au prévenu, on ne sait qui est enchaîné à l’autre par décision de justice.
Tout compte fait, en me regardant dans une glace, je pense que l’homme est bon à tout et que l’honnêteté n’est souvent qu’une façade. Cette qualité ne requiert pas un mérite bien particulier. Ce n’est parfois qu’une question de chance.
C’est même facile d’être honnête quand on naît dans certains milieux et diablement plus difficile quand on vient de nulle part, c’est-à-dire de la rue.
Le comble, c’est que les juges ne jugent pas au mérite et surtout ne tiennent pas compte des circonstances atténuantes si celles-ci sont dues à la misère. Je crois même au contraire que les délinquants salés par les juges ont le faciès quartmondiste et que leur enfance n’est qu’une suite de malchances et de désastres. Ainsi l’appareil judiciaire rejoint l’opinion et la police de proximité – comme on dit – dans le délit de sale gueule.
Idem dans la vie professionnelle, tout ce qui se termine en iste et quelques fois en ier seront nécessairement moins bien lotis que ceux dont le métier se termine en ogue, être pompiste ou rhumatologue, là est la question.
On n’a pas besoin d’étudier Conrad Lorenz pour comprendre que l’agressivité de l’animal et de l’homme, c’est kif-kif. La parade amoureuse d’un jars ou d’un mec consiste, l’un comme l’autre, à jouer des mécaniques, à faire effet…
La rivalité entre deux termitières donne une idée des affrontements des Juifs et des Palestiniens. L’instinct de combat est si vif que souvent les animaux combattent contre leurs propres congénères ; mais, on peut dire que nous avons fait mieux depuis 14-18.
Qu’on se rassure, l’agression n’a rien de pathologique, elle est un instinct. Quand un type vous plaque au mur, le cutter à un millimètre de vous tailler le kiki, ce n’est pas grave. C’est inscrit dans ses gènes. Nous sommes des violents. Le bonhomme qui ramasse l’oiseau tombé du nid ou qui se lève pour céder sa place à une vieille femme dans un bus, c’est plus inquiétant, lui n’est pas normal !
C’est ainsi qu’en politique, les écologistes qui trient les papiers, s’inquiètent du réchauffement de la planète et font des composts au fond du jardin, ce n’est pas normal. Pour être dans les normes, il faut piquer dans la caisse et casser la gueule à celui qui ose prétendre que vous êtes en train de voler l’argent public, se foutre de la fonte des glaces et cirer ses chaussures sur le bas des tentures d’un hôtel où vous venez de baiser la femme de votre meilleur ami.

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On nous dit que l’évolution a inventé des mécanismes ingénieux pour diriger notre agressivité vers des voies inoffensives. Deux primates vont s’affronter en grognant et en se reniflant. ; mais c’est un jeu. Ils simulent… Celui qui a les plus grandes canines chasse l’autre. L’homme n’a pas ce dispositif de sécurité. Il ne joue pas. Son instinct d’agression semble avoir dépassé son utilité première. Autrement dit, l’homme est plus con qu’un gorille. C’est bien ce qu’il m’avait semblé.
Reste à savoir lutter contre la violence.
Un observateur qui a entrevu la manière dont la vie se déroule dans les entreprises, n’ignore pas que l’agressivité y est célébrée comme une vertu. La division du travail en est le résultat. Les vaincus font en général le sale boulot à bas salaire. Les challenges réussis ne sont que les trophées des spécialistes en peau de banane. Dans toutes les compétitions de ce type, les perdants restent sur le carreau. C’est même recommandé de vider les losers.
Il y a des « métiers » qui sont de véritables punitions. Comme il faut bien qu’il y ait des esclaves modernes pour les occuper, on a inventé toute sorte de contraintes qui sont des substituts d’agressivité ; alors qu’il aurait suffi de surpayer ces emplois pour qu’il y ait au moins une motivation réelle.
Il y a des patrons connus du FOREm qui ont la réputation de faire souffrir les intérimaires. On se refile les adresses des deux côtés du bureau. Quand on n’est pas bien jugé ou qu’on gêne, hop, on fout l’impétrant chômeur faire une cure chez ces patrons malades mentaux, des fois que pour l’occasion, le malheureux s’empoignerait avec l’olibrius. Ce serait alors, sur un rapport circonstancié, très facile de rayer « le violent » ou, à tout le moins, le pénaliser de quelques semaines.
Les salauds qui jouent à ce petit jeu font, paraît-il, leur devoir civique.


5 novembre 2006

Karl Marx à Droixhe.

-On est mal barrés, avec l’extinction des espèces, paraît que bientôt il n‘y aura plus de poissons que chez Humblet, la fonte des glaces que dans les verres de whisky, le pétrole : c’est la fin dans dix ou quinze ans, le trou dans la couche d’ozone et Isabelle Durant qui rempile à Schaerbeek, est-ce que la société pourrait être autre que capitaliste ?
C’est Anatole qui pose la question.
Nous, on est sciés. On parlait des filles… du beau derrière de Simone la Camerounaise du 27 bloc C, c’est vrai qu’elle ont de ces fesses, les Noires… comment elles font ? – paraît que les mères les massent toute jeune à la bière !... - du coca que certains trouvent pas bon light, du foot pour ceux qu’ont pas grand-chose à dire, du MP3… enfin de ce qui est social, activités et démocratie, quoi... Et voilà Anatole qui nous sort sa vanne, qu’on en reste comme deux ronds de flan.
-Où c’est que tu vas chercher ça, mec ? T’attirerais pas le désastre ? C’est quoi l’ozone ? Nous on connaît que la zone.
On savait même pas que la société était capitaliste !...
- T’es sûr de ce que t’avances ? Pourtant, c’est nous la démocratie, mon con ! Ça se saurait !
Anatole est têtu. Il rempile.
-Nous les jeunes, on voudrait savoir si on pourrait pas faire un meilleur usage du capitalisme.
Nicole qu’est toujours avec nous, à cause de ses besoins terribles, voilà qu’elle rabaisse sa jupe et s’en va sur la pointe des pieds. Pour elle, le meilleur usage, c’est qu’au moins les bleus sous sa liquette, liment pas à côté du petit bouton.
-Combien de fois qu’il faut dire que c’est juste en-dessous !
Faudra bien qu’on discute avec ce bouffon qui fait fuir la boîte à plaisir.
Reste plus qu’Arlette. Si l’enfoiré n’a pas autre chose à dire, elle va passer un sacré quart d’heure, si Khaled veut bien. Faut bien que les faiblasses comprennent qui tient la barre…
-Tiens la guerre au Liban, en Irak, partout… c’est-y pas causé par le capitalisme ?
On savait même pas qu’ils étaient en guerre le Liban contre l’Irak ! Tu connais un Irakien, toi, le je-sais-tout ?
-Non. Mais le type chez lequel on peut acheter un paquet de clopes après minuit est Libanais.
-C’est toujours quelque chose.
-C’est qu’on dépend du hasard pour vivre et quand on s’occupe de nous, c’est pour faire chier.
On est bien d’accord, les éducateurs au gnouf. Surtout le petit Léon qui sort d’une « maison » parce qu’il vendait de la daube à l’école.
-J’ai jamais compris. Je vendais que de la bonne, pure marocaine…
Mais Anatole décramponne pas.
-Le vendeur d’électroniques « chez Saoud », c’est sur nous qu’il l’assure, son blé.
Tous les crevards sont contre l’Anatole. C’est normal. Voilà un type, Saoud, qui s’est fait piller deux fois, qu’on y a crevé un œil l’année dernière pour 36 euros dans son tiroir, et il aurait pas droit de s’enrichir ?
C’est pas ça qu’a voulu dire Anatole. Il en bafouille, il vise plus haut, les étoiles.

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-La politique, les générations suivantes, les poissons qui baisent plus et qui piquent vers le fond pour pas voir le mazout qu’est au-dessus. Tiens, ce con qui disait qu’on allait bientôt plus en avoir. Il tapisse les océans, le mazout !… Pas difficile qu’on en ait plus. Y a plus qu’à le récupérer.
-Et le chômage ?
On est furieux. On est tous des rayés, enfin ceux qu’ont fini de tripler leur dernière année technique.
-C’est les chômeurs, les capitalistes, nom de dieu. C’est eux qu’ont droit et pas nous.
Si c’est ça le capitalisme, oui, on est contre.
-Et le travail ?
Pour faire quoi ? Des conneries qu’on sait pas à quoi elles servent ? Et puis on saurait même, on s’en fout. Ce qu’on veut, c’est des produits finis, avec des touches pour appuyer dessus et des piles.
Le ferrailleur Defrance peut toujours courir. Personne veut se faire couper les doigts à la cisaille. Les riches gardent tous leurs doigts jusqu’au bout, pourquoi pas nous ?…
Anatole exulte. On vient de citer un exemple de riche qui lui botte.
-C’est trop chères les piles, qui dit Jacquemard, inspiré depuis que son transistor est nase.
Si le capitalisme vend des piles exprès pour nous emmerder à des prix pareils, oui, on n’en a rien à foutre du capitalisme…
Déjà on n’est plus attentif. Arlette montre son cul à Khaled. Elle a toujours bandé pour lui. Faut dire qu’il a le prestige, 15 jours au centre fermé/ouvert l’année dernière, ça fait du galon.
-Et le travail intérimaire, c’te vacherie…
On coupe Anatole, c’est trop. Arlette attige Khaled. Mais Khaled est un caïd, il veut bien partager si on lui demande. Faut qu’Arlette s’exécute. Elle nous sort un nibar. On y tâte un peu le mamelon.
-Arrête, qu’elle dit, c’est sensible aujourd’hui.
Elles ont toujours quelque chose pour chialer…
Khaled rigole, lui peut les pincer comme il veut. Elle demande que ça.
C’est ça le capitaliste resurgit de nulle part, Anatole. Khaled peut et toi tu peux pas.
-Et pourquoi je peux pas, s’insurge Jacquemard qui se poignait dans un coin, histoire de calmer son désespoir ?
-Parce que Khaled peut te casser la gueule et toi, tu peux pas.
Evidemment vu sous cet angle, c’est moche le capitalisme, sauf pour Khaled.

4 novembre 2006

Bandits

-Toi ti en as la pièce d’en bas et la pièce d’en haut.
-Où c’est qu’on chie ?
-Le WC est au troisième pour tout li monde. Mais il est bouché.
-Alors comment qu’on fait ?
-Tu li prends le gros seau quand ti tu laves pas les pieds dedans pour li chier l’étron et tu descends dans li belle cave voûtée pour li collecteur di la ville di Lièche.
-Et quand tu vas réparer où c’est qu’on chie normalement ?
-Pas capable di garder li trou libre li locataire ! Enfer et bandes hygiéniques, c’est li femme di Marocain d’en bas qui fait boucher tout.
-T’as vu la pièce du dessus ?
-Elle est pas si grande, mais c’est quand même une fenêtre et li rideau encore dessus.
-Juste la largeur de la fenêtre qui fait quoi ? Un mètre vingt par là…
-Mais li est profonde jusqu’à cage d’escalier et l’escalier di li cabinette.
-Combien tu me comptes ?
-500 plus les charges, prix de faveur, je te jure…
-Et comment qu’on fait pour le payement ?
-Tu donnes tout de suite et tu viens, mais pas à plus de quatre. Ici c’est une maison sérieusse.
-Et les autres fois ?
-J’y viens le 31 ou li 30 et tu donnes 500. Si toi pas donner à moi, toi dois trouver autre chose et moi fais venir Ali, gros comme deux fois toi qui t’aidera à mettre tout dans la valisse…
-Tu trouves pas que c’est un peu cher, 500 euros ? Et les charges ça monte à quoi ?
-Pas grand chosse. Li électricité dans el’corridor. La femme d’ouvrache…
-La femme d’ouvrache ? On dirait pas. Elle doit pas venir souvent.
-Elle vient, mais elle fait les deusse. D’abord li propriétaire que j’habite en face, beaucoup de travail, puis li corridor, petit et toujours crasseux, donc inutile di essuyer. Ti verras, la femme d’ouvrache a un beau cul et pour 50 par mois elle ti prendra les poussière dans li pantalon…
-On est donc à 550. C’est toujours trop cher.
-Ecoute t’as une gueule de petit Français sympa. Tiens je te fais l’appart plus un coup tous les moisse avec la femme d’ouvrache pour 540, dernier prix. Je ti jure que j’y perds !...

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-Vous avez satisfait aux tests. Vous vous doutez bien… puisque je vous ai convoquée… bon diplôme, malheureusement de l’Université de Liège, Louvain cela aurait été mieux, enfin !... La seule chose qui me gêne, c’est que vous êtes jeune et cela peut être un handicap.
-Vous avez dit entre 25 et 30 ?
-Oui. Mais nous avions engagé il y a six mois, une personne de 34 ans déjà et qui nous avait juré qu’elle avait un stérilet et puis qu’elle n’en voulait pas ! Résultat, elle est enceinte. Vous devez, du reste, d’être engagée à la suite de ce malheureux concours de circonstance.
-Qu’est-ce que je peux vous dire sur la chose ? Je suis célibataire et je n’ai pas de relation.
-On dit ça et puis c’est toujours du moment… Enfin, nous prenons le risque. Evidemment, vous êtes engagée au tarif réglementaire, c’est-à-dire au minimum et pour un essai de 3 mois renouvelable, jusqu’à ce que nous prenions une décision. Etes-vous syndiquée ?
-Non.
-On peut savoir pourquoi ?
-Je trouve que les différends doivent se résoudre entre les parties… et…
-Bien. Nous n’en demandons pas plus. Vous savez, nous sommes une grande famille et nous ne tenons pas compte des horaires que nous arrangeons entre nous. Comme vous êtes la dernière entrée, vous aurez des horaires coupés, en fonction des commandes. Une semaine 25 heures et l’autre 60, comme tout le monde ici, même moi le patron. C’est ce que j’appelle retrousser ses manches tous ensemble. Vous comprenez que les syndicats veulent la fin des entreprises moyennes et que nous n’aurions jamais que de l’incompréhension de la part d’une personne syndiquée.
-Dans les perspectives d’avenir, il y a de l’avancement ?
-J’aime les gens qui ont de l’ambition et qui posent ce préalable. J’y réponds sans hésiter que vous pourriez monter très vite. C’est une question d’atomes crochus entre nous. Je dois dire pour être franc que si vous avez été choisie, c’est parce que je vous ai vue à la réception, il y a 15 jours depuis la caméra de mon bureau. Vous étiez magnifique, des bas noirs, une silhouette, un air à la fois inquiet et conquérant. Enfin, je ne vous en dirai pas plus, vous avez toutes les qualités pour monter très vite. Et si vous êtes habiles, vous ne servirez pas le café longtemps dans le bureau du deuxième, ni distribuerez longtemps le courrier une demie heure avant le travail. Mais en attendant de faire vos preuves, notre femme de ménage vient de rentrer un certificat de maladie, elle en a pour 15 jours. Nous avons une tradition, pas d’intérim ni de société de nettoyage, tout se fait entre nous. C’est aussi la tâche de la dernière entrée de remplacer éventuellement la femme d’ouvrage, moyennant un petit supplément par heure de remplacement bien entendu… Ici, nous sommes une Maison honnête, bien connue à Bruxelles. L’année dernière nous avons inauguré nos locaux devant trois députés MR. Une dernière chose, pour qui votez-vous d’habitude ? Vous n’êtes pas obligée de répondre, bien entendu.

3 novembre 2006

Emile se touche ou se tâte ?

-T’es sur la pente, trésor… Faut bien qu’on s’en rende compte pour toi, bijou… Tu tombes dans le raisonnement. Tu fignoles sur la conscience. Bref, tu deviens emmerdant…
-T’as raison mec, foutrement. Je vire curé. Je vois plus rien l’œil en coin, sévère. J’absous d’avance, si on veut écouter mon prêchi-prêcha… Je condamne un peu. J’invective même, juste ce qu’il faut. Puis, je tombe dans le retour d’âge, le galimatias incompréhensible. Je louche de travers, ce qui fait que tout tourne à bon sens ! S’il y a un truc qui me fait résister, c’est la pensée que je pourrais virer tout à fait objectif, fleur avec les décideurs, bourgeois décadent. Josette aux branleurs du peuple : touchez pas trop à la sécu, pitié pour les handicapés graves du chômage. J’implore… Je pense trop à une championne du genre qu’en est à son trentième anniversaire de recherches en la matière… Certes, elle m’a salement plaqué un jour de décembre, lourdé comme je te le dis. Pourtant, suis-je tolérant, je l’aime toujours cette pouffe… T’y comprends quelque chose ? Je ramollis…
-T’as des exemples de vérolés branleurs ?
-Oui. Des potes qui ont pris des cartes honteuses, qui sont passés bourre mou chez le piaf montois, celui qui voit la vie en rose. Ces nouveaux gauchos font halloween et votent à la bonne conscience pour les marles qu’avant ils débectaient. On peut se tromper, puis en revenir. Faut croire que non, pour eux, c’est l’adhésion totale… Ils se promènent dans les affaires, faut voir ailleurs qu’ils disent, si ça puerait pas mieux leur égout… le chou qui se mêle à la merde, de ces fortes odeurs de pauvres chez les riches libéraux. Note, c’est sûr que ça fouette aussi chez les performants du placement à deux chiffres.
-Ils ont viré honnêtes. C’est courant. On peut pas toute sa vie cavaler pour libérer le monde. D’abord tu libéreras rien, ensuite, c’est toi qu’il faudra libérer de tes chimères. Puis, entre le pain dur et le pain d’épice, ils ont choisi. C’étaient des obèses dans l’âme, des gras de la conscience…

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-C’est surtout Gustave Chapon qui fait que je me cramponne à la paroi. Ne serait-ce que pour pas voir sa gueule s’allumer à l’éparpillement de ma viande.
-Quoi, Chapon, le pignouf des galeries informantes ? Le lecteur attentif du petit Pierrot illustré ? C’est ton pote ?
-C’est pas à croire. Mais c’était ainsi. Il l’était ! On en a passé des nuits à refaire le monde. On était tellement pote, que j’y ai un peu soulevé sa meuf, histoire de lui faire plaisir, comme il avait le viagra qui lui remontait par les oreilles et qu’il pointait à six heures bien fait de la petite aiguille. Et j’y ai eu du mérite. Enfin tu connais sa Nina. Tu la mets dans un sac et t’en fais les pions du scrabble…
-Tu parles. A elle seule elle fait les soeur Verjus, de ‘ces dames au Chapeau vert »…
-Tu vois c’est le mauvais exemple. Des trucs que les jeunes pourraient pas comprendre… le saut d’au moins trois générations. Mais j‘aime, parce que t’es malhonnête dans ta métaphore. Les sœurs s’appelaient pas Verjus… enfin…
-Ce que tu peux être moraliste.
-C’est ça qui me tue. C’est Chapon qui me retient. Toucher à sa gamelle, jamais. Pourtant, ça me revient l’acide du fin fond. J’ai le bourgeoisisme qui me guette…
-T’as quand même les moyens de te tirer du mauvais pas ?
-Je m’applique. Mais le cœur n’y est plus. J’ai plus le fantasme qu’il faudrait au moment d’insérer. Je vois plus que des Nina en cours de route. De ces femmes qui correspondent exactement aux chromosomes de Chapon. L’accouplement des paires. Ça donne pas qu’à réfléchir, ça donne aussi l’envie de gerber et pourtant lui et moi, on a les mêmes paires.
-Ressaisis-toi, t’es pas encore crevé. T’as de beaux restes. T’es apprécié même bavassant râleur parmi la gent bloguante. Tu t’en es fais une spécialité, Emile. Une sorte de plaisir dans l’obscène, la majesté de l’asticot…
- Si Chapon me débecte, c’est parce que j’ai peur de devenir Chapon à mon tour.
-T’aurais des scrupules à me passer Nina ?
-C’est la brouette à Chapon. Je me suis mis entre ses bras, pour me rendre utile. Je veux dire que tout ce que ce type touche est ignoble, bourgeoisement ignoble. J’en ai rien à foutre de sauver sa créature. Elle est insauvable. Si t’en veux, t’as qu’à faire ton intéressant. Dans les paroxysmes où l’a mise Chapon, rien qu’au doigt c‘est la fontaine, et c’est pas de la fable…
-C’est seulement maintenant que tu te sens centriste ?
-Non. C’est une ancienne querelle. Un ressenti qui date. Une sorte de vomi qu’a séché sur mes semelles, au point qu’on sait plus si c’est le vernis qu’a pété, ou si c’est la merde de Bouli, l’animal à Nina, qu’était sur le trottoir tellement bien en évidence que j’y ai mis le pied. Je suis déchiré entre la branlette et la morale.
-J’espère que tu as choisi la branlette ?
-Je me tâte.
-C’est bon signe.
-Je cause au figuré. Tantôt sérieux, tantôt enfoiré. Et je sais pas encore si c’est l’enfoiré qui va pas se casser la gueule.
-Tu vas pas faire ça, hein ! la fiotte ?
-Je ne sais pas ma poule… J’ai reçu des propositions. Je laisse le mercanti imprimer en-dessous de ma vindicte un truc du genre « les conneries que vous lisez d’Emile, sont sponsorisées par Pèse-Obèse, la bascule des gros cons qui veulent pas le rester ».
-Tu vas pas tomber là-dedans ?
-Non. Mais ça fait chier de perdre de la thune. Et que c’est justement des nases comme Chapon qui en prennent.

2 novembre 2006

Moi, honnête ?

Un nul parle de sa politique et se fait applaudir. Je me dis qu’à sa place, J’aurais pu faire mieux.
On se le dit, mais entre ce que l’on pense de soi et ce que les autres pensent de vous, il y a de la marge.
D’abord est-ce que les autres pensent seulement quelque chose de vous ?
A part ce type sur l’estrade qui a ramé 25 ans dans des comités et des brasseries pour qu’on le reconnaisse, l’entourage a des visages qui ne disent rien. Même vous, vous n’auriez pas eu la patience (le nul appelle cela dévouement) d’atteindre à cette notoriété par « usure ».
Bien sûr, on a des contacts, on est même parfois si près des autres que l’on peut non seulement leur parler, mais encore les toucher. Est-ce pour cela qu’on les connaît et qu’ils vous connaissent, a fortiori pourquoi voulez-vous qu’ils pensent quelque chose de vous, alors que la plupart du temps, vous ne pensez rien d’eux ?
Le nul sur l’estrade qui pérore semble être connu, à en croire les regards chargés d’admiration des fans.
Et d’abord quel est le langage que vous tiendriez à sa place ?
Un langage si radicalement opposé, pensez-vous, que vous attireriez davantage l’attention. Oui, certes, mais la sympathie ? Peut-être qu’en développant vos raisons, alièneriez-vous la sympathie bon enfant du public ?
De quel droit monteriez-vous sur l’estrade, alors que vous n’avez pas galéré dans des comités à tenir la serviette des vieux, à prévenir leurs envies et à ranger les chaises ?
Qui sait si l’émotion ne vous étreindrait pas au point de perdre le fil de ce que vous alliez marteler comme vérités premières ?
Et puis vous savez bien qu’on ne peut pas avoir un autre discours que celui que les gens attendent. Ils sont là pour écouter celui qui parle leur dire qu’ils ont raison.
Ne vous méprenez pas sur vous-même en restant anonyme.
Vous vous imaginez quoi ? Que vous pourriez refaire tout autrement votre existence, s’il vous était loisible de la détricoter pour la retricoter selon un autre point, avec d’autres aiguilles ?
Une vie supposée n’est-elle pas induite de ce qu’elle est ? La vie imaginaire est magnifiée parce que justement elle n’a pas eu lieu.
Il est pénible de convenir – de moi à moi – que ce que nous sommes n’est pas le fruit du hasard, mais de la conjonction de notre personnalité et des circonstances. Avec ce que nous étions au départ – les 5 premières années déterminent toute la suite – je présume que nous la recommencerions presque à l’identique. Ou alors, il faudrait revenir à notre gestation, pourquoi pas supposer dans le ventre d’une autre mère tant qu’on y est, avec un autre père, autrement dit, être quelqu’un de tout à fait autre et qui n’aurait plus rien à voir avec vous.
N’est-ce pas absurde ?

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A force de se dire qu’on ne ferait pas deux fois la même erreur, nous nous convainquons que l’expérience nous apprend à mieux vivre.
Mais, il y a des casiers judiciaires impressionnants. Et puis combien de divorcés se remarient pour divorcer une deuxième fois ?
Nous nous consolons de l’échec de notre vie en pensant que nous avions une vie cachée qui aurait pu être et qui restant ignorée nous donne à la fois les regrets de n’avoir pas pu l’exhumer et aussi de nourrir l’estime que nous avons de nous-mêmes, en imaginant qu’elle nous aurait transcendé ; car, évidemment, nous valons tous beaucoup plus que ce que nous paraissons.
De cela émane la question de fond : la vie que nous menons et parce qu’il n’y en a pas d’autres, la vie donc, de vous à moi, vaut-elle la peine d’être vécue ?
Au début de ce billet, j’écoutais un nul parler de politique devant une foule conquise à l’avance.
Lorsqu’il est descendu des tréteaux serrer des mains et embrasser le troisième âge, je n’avais même pas écouté son beau discours.
Je ne sais même pas s’il est aussi nul !
Je vais pourtant le démolir au nom de mes principes et de mes convictions.
Si je ne l’ai pas encore fait et que j’hésite, c’est parce que je me demande si j’ai une conviction et quels sont mes principes ?
La politique, quand on est un petit peu honnête avec soi-même, ce n’est pas simple. Quant à l’être avec les autres, sans barguigner, c’est impossible.

1 novembre 2006

PS entre deux chaises

Il y a sans doute plusieurs socialismes, comme le libéralisme a, au cours de son histoire, revêtu plusieurs aspects. Il y a le socialisme des corons de 1900, en passant par l’anti paternalisme de l’entre-deux guerres. Quant au libéralisme, il en est en 2006 à la quintessence de l’égoïsme sous prétexte d’efficacité, et responsable de millions de chômeurs. Et peut-être bien que sans sentiment, ni état d’âme, est-il le plus performant, mais en même temps le plus inhumain.
Le libéralisme a pris un tournant crucial à la fin du régime soviétique. Il s’est radicalisé. Sans la forte opposition des Républiques de l’Est, il s’est lâché. Sa logique a de quoi effrayer. Nous ne sommes qu’au début d’une marche aux abîmes.
En fin de compte, c’est le socialisme qui m’intéresse.
Le socialisme s’est toujours senti mal à l’aise dans des habits de domestiques. Il vaut mieux que l’image de godillot de l’économie privée qu’il donne aujourd’hui.
Aussi curieux que cela puisse paraître, je n’ai jamais douté qu’il quittera le ponton à temps. Je suis comme Rosa Luxembourg qui pensait que « renoncer à la lutte pour le socialisme, c’est renoncer en même temps au mouvement ouvrier et à la démocratie elle-même. »
Les coucheries avec le capital ne sont le fait que de quelques chefs dévoyés, de quelques ambitieux qui ont oublié que le socialisme, c’est d’abord le collectif.
L’avatar de Charleroi est là pour nous rappeler que l’argent corrompt.
Il a fallu que ce soit un CDH, Jacques Etienne, futur bourgmestre de Namur, qui rappelle lors d’un débat télévisé que les corruptions ont toujours existé et qu’elles sont inscrites dans la nature de l’homme, d’où une protestation générale des experts d’université, des socialistes et des libéraux. Et pourtant, c’est lui qui a raison et il est dommage que ce ne soit pas un socialiste qui l’ait dit.
Hélas ! le socialisme est représenté aujourd’hui en Belgique par des hommes qui le dénaturent. Ce n’est pas évidemment ce socialisme là que je défends. Et cependant je me sens plus proche d’un Di Rupo que d’un Reynders.
Alors que tous les dirigeants de cette démocratie n’ont d’autres mots en bouche que ceux qui se réfèrent à elle, ils finissent toujours par n’en faire qu’à leurs têtes, selon une politique qui n’est presque jamais en concomitance avec les sentiments de l’électeur. S’il y a bien dans le déroulement des faits un concept bafoué, c’est bien celui du suffrage universel. Et comment en serait-il autrement ?

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Les libéraux ont entraîné les socialistes à considérer l’ordre mondial capitaliste comme incontournable. Tous les partis de pouvoir poursuivent à peu près la même politique. Qu’une majorité de citoyens décrète par un vote de sortir du système prépondérant, croyez-vous que cela se pourrait ?
Absolument pas. Les politiques feraient le gros dos, traîneraient les pieds et, comme on verra resurgir le projet de la Constitution européenne, plus rapidement encore tous conviendraient que ce vote est insensé et qu’il est inapplicable.
Autrement dit, en n’étant pas dans l’opposition d’idées, les socialistes au pouvoir renient leur principe et n’obtempèrent pas pour autant au suffrage universel ; alors qu’ils devraient s’opposer à la catastrophe qui se prépare en offrant d’autres solutions que celles de se ramasser derrière le diktat industriel, comme sait si bien le faire l’Europe et l’Amérique, même si leurs propositions ne seraient encore qu’utopies.
C’est Renan qui met à mal l’illusion du suffrage universel : « Si un homme instruit, au terme de 30 ans de travail arrive à déterminer le système social parfait et que la compréhension de celui-ci demande plusieurs mois à des hommes aussi instruits que lui, je lui souhaite bien du plaisir pour le faire ratifier par un vote du peuple. »
Le socialisme dans l’opposition contre le capitalisme était innovant, créateur d’espérance. Il n’est plus qu’un parti comme les autres aujourd’hui. Et cela me navre
Avait-il besoin d’une majorité pour combattre une injustice ?
Il s’en passait très bien. Et une fois le peuple persuadé, il ne s’en portait que mieux.
J’ai toujours pensé que la démocratie dite représentative n’est pas une vraie démocratie, écrit le philosophe Cornelius Castoriadis. Dire : quelqu’un va me représenter pendant cinq ans de façon irrévocable, ça revient à dire que je me dévêts de ma souveraineté en tant que peuple.
Entre Renan qui ne fait pas confiance à l’intelligence intuitive de l’électeur et Castoriadis qui rêve d’une compétence générale à s’autodéterminer, il y avait place pour un parti socialiste volontaire, luttant contre le bourgeoisisme insensé qui s’est emparé de l’électorat laissant la voie libre à la mondialisation de l’économie capitaliste.