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30 avril 2007

On vote aussi en Belgique.

On l’a presque oublié…
C’est à la belge que nous préparons nos élections législatives en parlant davantage de l’élection de la présidence de la République française.
Nous débattons de la pertinence de Ségo ou Sarko, non pas par attachement viscéral à nos voisins, mais parce que c’est une manière pour nous d’évacuer nos préoccupations qui ne sont pas des moindres.
Depuis que le PS grâce à l’impulsion de Di Rupo est devenu le premier parti à soutenir la royauté et l’Etat belge dans sa structure fédéraliste, nous n’avons de cesse de freiner l’évolution confédérale à tendance séparatiste des Flamands.
C’est ainsi que les différents accumulés au long de la législature entre les Flamands et les Wallons sont devenus un formidable contentieux qu’à défaut d’avoir désamorcé, Verhofstadt lègue à son successeur. Dans la dernière bataille au Sénat afin de savoir quels sont les articles qui seront soumis à révision de la Constitution, les socialistes ne veulent pas que l’on touche à trop d’articles et encore moins que l’on modifie la procédure vieille de plus de 150 ans, dont le principe fait que toute modification a besoin de deux législatures pour arriver à terme.
Cette procédure est un obstacle sur la route de l’indépendance de la Flandre, que Yves Leterme vient de dénoncer.
Pour les francophones, la séparation d’avec les Flamands n’est pas envisageable.
Les syndicats et les organisations sociales s’y opposent aussi. Si bien qu’à l’échéance électorale, il faudra bien trouver une majorité des deux côtés de la frontière linguistique sur un accord de gouvernement, ne serait-ce que pour débloquer le contentieux Bruxelles – Hall – Vilvoorde.
Que fait la royauté pour épauler Elio Di Rupo dans sa tentative de pérenniser la monarchie ?
Le Prince Philippe a eu quelques maladresses à l’égard de la presse flamande, tandis que son père anoblit à tour de bras des personnalités flamandes, espérant rallier plus facilement à sa cause des barons et des comtes.
Les patrons sont plus que jamais unitaires. Il leur semble que les investissements viennent plus facilement dans un pays qui peut encore paraître sans problème vu de l’étranger.
C’est paradoxalement le statut de Bruxelles en cas de séparation qui freine l’opinion flamande dans sa fuite en avant. Dans l’état actuel des discussions, il n’y a que la proposition de Jean-Marie Dedecker d’organiser un référendum pour que les Bruxellois se prononcent sur leur devenir, qui semblerait concilier l’opinion et le décisionnel. C’est la seule initiative actuelle concernant la capitale en cas de discussion. Mais, comme toujours, les autorités flamandes redoutent les résultats d’une telle initiative, comme ils bloquent depuis trente ans l’organisation du recensement linguistique de ce pays.
Certains observateurs pensent que seul le statut d’une ville région qui prendrait sa destinée en main avec ses atouts au carrefour de l’Europe, serait la seule porte de sortie honorable que négocieraient royalistes et séparatistes.
Dans une pareille éventualité, le problème du survol de la capitale par les avions décollant de Zaventem en terre flamande, serait illégal, donc résolu.
Voilà où nous en sommes. C’est black out du côté wallon sur les mesures à prendre dans le prochain gouvernement.

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Y aura-t-il même un futur gouvernement ? Tant les marges de compromis sont minces… à moins qu’une fois de plus les partis wallons piaillent beaucoup, afin de faire peur à l’adversaire et s‘apprêtent à capituler, aussitôt que celui-ci fera un geste de mauvaise humeur.
Il y a quelques semaines, le président Di Rupo avait laissé courir le bruit qu’il avait toutes les qualités pour être premier ministre.
Trop marqué en faveur de la cour, compte tenu des antagonismes, est-ce une bonne idée ?
Les politiques communales alimentant la chronique judiciaire ne sont pas de nature en Wallonie à redonner confiance au Flamands, qui hésitent dans la poursuite d’une collaboration fédérale.
Les dettes de l’Etat sous forme d’emprunts seraient un véritable casse-tête, afin de savoir quels sont les pourcentages que les Communautés prendraient en charge. Si les scissionnistes disent « non » et ne reconnaissent pas leur responsabilité dans ces emprunts, ce serait une nouvelle version des emprunts russes. N’allez pas croire que l’étranger en serait beaucoup affecté. L’Etat belge a principalement contracté ses dettes parmi les épargnants nationaux.
C’est même une source de parasitisme local, puisque ces dettes rapportent encore jusqu’à des 10 ou 12 % d’intérêt, alors que les banques en sont à 2,5 voire 3,5 %.
On parle aussi de la désillusion soudaine de Di Rupo quant à la capacité de survie de l’Etat et de son changement de cap possible après les législatives.
Au discours flamand selon lequel la Wallonie est un fardeau pour la Flandre a répondu le plan Marshall du ministre président de la région wallonne.
Le bilan est pour le moins mitigé. Les résultats sont minces et le chômage n’a pas diminué.
Ce qui laisserait supposer qu’ayant brûlé ses dernières cartouches, Di Rupo ferait un pas supplémentaire vers le confédéral.
L’après élection nous en dira plus. Elle s’avère déjà capitale pour notre avenir.

29 avril 2007

Les affaires sont les affaires.

Oussama ben Oufti – On veut plus de la Kalachnikov, ni du GP 35, qu’est-ce que tu nous charries avec ta difficulté d’approvisionnement ?
David Richenstein – Mais tu n’as même plus les moyens d’une caisse de Beretta M 12 ! Tu crois que je les achète comment mes armes ? Avec le coran ?...
O. O. – Comment tu veux qu’on reprenne Kaboul ? Du temps des Russkofs on avait le fin du fin de l’arme. Le timbré de Virginie Tech aurait pas fait deux pas…
D. R. – C’était de l’américain pur, direct du pentagone avec la brochure en arabe, en sanscrit, en yiddish et en anglais. C’est papa Reagan qui payait la facture. Aujourd’hui c’est Usama bin Laden. Où est-y ce con ? C’est pas vrai, ça… Est jamais à la facture... I’ peut se foutre de la gueule de tout l’occident, mais pas de Richenstein, nom de dieu !... C’est la dure loi du commerce… Toi même, malgré tes « c’est pour Allah » combien tu douilles pour la peau d’un kamikaze ? Tu paies pas en roupies, je sais, tu douilles en dollars… C’est combien la liquette d’un martyr ?
O. O. – On voudrait mille SCAR. Tu te rappelles l’échec du Forty-Nine ? Quatorze combattants suprêmes, martyrs à cause que la balle au lieu de partir par devant pétait par derrière…
D. R. – On peut pas finir mieux ! Au paradis des pèdzouilles, c’est ce qu’ils voulaient, non ?. Je me tape trois mille de montagne pour sortir ta camelote du Pakistan. et au mulet encore… Je paie le bakchich à chaque chef de village… Tandis que toi, tes champs de pavots, la main-d’œuvre gratos sous la terreur… Merde, tu fais du blé au nom d’Allah avec ta cooke ! Où tu mets les picaillons ? On t’a vu il y a quelques mois en liquette dans un bordel de Bollywood… t’as trouvé le pognon sous ta barbe ?
O. O. – Voilà un mois, bin Laden s’est fait épingler par une patrouille de tringlots franchouillards, il a quand même dû lâcher un million de dollars aux Marines qu’étaient heureusement les supérieurs des gus tricolores… Sans quoi, on perdait le chef historique..
D. R. – Ecoute j’ai le tout dernier 5,56 OTAN avec pour chaque flingot 2000 cartouches. Je te fais les 1000 et la sauce qui va avec pour 1 millions cinq…
O. O. – Je dois te remercier, ou je fais le muezzin pour dire à nos frères que tu es un voleur ?
D. R. – T’échauffe pas ben Oufti. Tu sais quand même faire de la fraîche sans récolter le pavot… T’enlèves un couple ou l’autre de bénévoles d’une mission caritatives. Tu menaces de les exécuter, et le gouvernement des ressortissants de ladite mission te fait avoir la valise de dollars, contre tes ONG. Tu connais la chanson, crénom d’Allah !... L’année dernière…

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O. O. – L’année dernière les Talibans gardiens de deux couillons de touristes amerloques voulaient plus les lâcher… On a eu beau leur faire comprendre que c’était de la rigolade, on a dû les flinguer, avant d’arriver aux deux amerloques, verts de peur.
D. R. – Tu veux pas ? Bon. Je remballe la marchandise.
O. O. – C’est trop cher.
D. R. – Tu veux donner un coup de fil au fabricant, pour savoir ce qu’ils me coûtent ?
O. O. – Un million !
D. R. – Un million deux ! Dernier prix.
O. O – Tope là, vieille crapule…
D. R. – Voilà mon salaud. Mais, t’es sûr que c’est pour la cause ? Parce que si c’est pour rien que le banditisme, arrondir tes surfaces de culture… je peux pas descendre en-dessous d’un million quatre…
O. O. – Où ils sont ces petites merveilles pour trucider les infidèles ?
D. R. – Tu me crois assez con pour négocier avec toi, la marchandise sous la bâche, dis ma couille ? Et d’abord, tu as l’oseille ?
O. O. – On a piqué deux infidèles et leurs guides d’une ONG qui tombaient pile pour nous renflouer.
D. R. – De ceux qu’on parle dans les journaux ?
O. O. – Faudra le temps de négocier.
D. R. – T’as la fine fleur du quai d’Orsay qu’est venue avec la valise de biftons. Comme je vois, ils sont près des élections, ils vont pas faire les marchands de tapis… Tu grinces de la dent intégriste et ça te mange dans la main…
O. O – Si on hésite, qu’on veut trancher les kikis… on peut se faire un million deux.
D. R. – Si j’apprends que t’as négocié à un million cinq, c’est fini pour un million deux, tu saisis, l’artiste ?
O. O. – C’est pas sûr. Mais s’il y a du rabiot, on coupe la pierre sacrée en deux…
D. R. – Pour la bonne cause tu vendrais la Kaaba… Au fait, c’est quoi la bonne cause ?
O. O. – T’as qu’à demander aux ayatollahs du djihad. Moi, j’suis qu’un combattant de base…
D. R. – Tu crois toujours à la « Reconquista » à l’envers ?
O. O. – J’ai repris un hectare de pavots à mon compte. A trois hectares, j’arrête… Je me casse des conneries. J’ai quand même déjà trente huit enfants…
D. R. – Tiens, prends un parabellum, cadeau de la maison…

28 avril 2007

« La main passe »

On cherche une salle actuellement en France pour jouer « La main passe » vaudeville de Georges Feydeau, mise en scène de Nicolas Sarkozy, interprété par Ségolène Royal et François Bayrou.
Synopsis de l’oeuvrette :
Après l'annonce par François Bayrou de ne donner aucune consigne de vote tout en acceptant de débattre avec Ségolène Royal, celle-ci avait proposé de le rencontrer lors du Forum de la presse quotidienne régionale, dont elle sera l'invitée vendredi.
Mais le Syndicat de la presse quotidienne régionale s'est opposé ce jeudi matin à la tenue d'un tel débat, officiellement en raison de son manque de préparation. La véritable raison de ce refus, la pression qu’ont exercée les partisans de Sarkozy sur des journalistes de la presse quotidienne régionale susceptibles d’être présents et ou d’animer le débat. Il y a à peine une semaine, la même pression avait été exercée sur les parlementaires de l’UDF pour qu’ils se désolidarisent de leur Président Bayrou. D’aucuns ont obéi allègrement à l’UMP et comme Santini sont passés chez Sarkozy sans état d’âme. On peut dire que l’UMP agit presque souverainement dans une France quadrillée par la droite.
Sur ce scénario, ajoutez quelques portes qui claquent, des quiproquos et des professions de foi la main sur le cœur, c’est la trame parfaite d’un vaudeville 1900.
C’est dire comme l’UMP joue en maître du jeu, grâce aux hommes placés aux postes clés les plus élevés de la nation, depuis douze ans que Jacques Chirac assure ses arrières.
Assez curieusement, du temps où Chirac s’illusionnait d’en reprendre pour cinq ans ou, à défaut, Villepin son homme de paille, Sarkozy avait été aussi la victime de cette fin de règne. Il y a du reste, des affaires toujours en cours, qui laissent à penser que le tandem Chirac-Villepin est pour quelque chose dans l’affaire Clearstream qui, par certains côtés, mettrait en cause Sarkozy.
Pour lors, les refus des médias et des journalistes essuyés par Ségolène et Bayrou surprennent. Qui donc cracherait sur un tel débat assuré de l’audience la plus grande pour tous ces gens avides de publicités et d’audimat ?
Fallait-il que les propriétaires de chaînes et de journaux soient au petit soin de l’UMP pour faire la fine bouche !
La candidate socialiste a attribué cette décision à des « pressions » de la part de son adversaire de l'UMP, qui aurait reçu le président du SPQR.
L'Etat Sarkozy se croit déjà tout permis, a fulminé pour sa part Jack Lang, conseiller spécial de la candidate.
L'offensive de Ségolène Royal en direction de l'UDF provoque quelques grincements de dents à gauche. S'il y avait une alliance du PS avec le centre, il y a la moitié des socialistes qui fichent le camp dans l'abstention, a estimé le sénateur PS de l'Essonne Jean-Luc Mélenchon.
Dans le même temps, le « vrai » débat, celui des deux finalistes, se met en place. L'organisation du débat télévisé du 2 mai entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy a été réglée jeudi « dans les moindres détails » lors d'une rencontre au CSA entre les mandataires des deux candidats.

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Après de nombreux rebondissements, candidats et médias ont finalement trouvé un terrain d'entente pour l'organisation du débat entre Ségolène Royal et François Bayrou : il se déroulera samedi 28 avril entre 11 heures et 12 h 30 sur la radio RMC et la chaîne BFM TV (qui appartiennent au même groupe NextRadio TV) en direct de l'hôtel Westin, dans le 1er arrondissement de Paris. Tous les journalistes qui le désirent pourront se rendre à cette confrontation, inédite dans une campagne électorale française.
A l’heure actuelle, on ignore encore si ce débat sera relayé en Belgique. On se rappelle que la RTBf avait planté ses micros à l’ambassade de Belgique à Paris afin d’afficher les résultats probables avant la fermeture de tous les bureaux de vote au premier tour, ce qui avait été interdit pour les médias français.
Nous verrons si nos Fregoli de l’information n’aurons pas des « pudeurs » comme leurs homologues français pour nous « brancher » sur ce débat qui nous intéresse.
Suite samedi 11 heures…

27 avril 2007

Inaudible !

Soirée kitsch et ringarde sur RTL ce mercredi… Di Rupo, c’est le Lionel Jospin de la politique belge, il suffit qu’il apparaisse, pour que quelque part on se dise : c’est foutu !
La singeuse a encore fonctionné entre RTL et les débats français, suite à la course à l’échalote Ségo-Sarko. En Flandrie wallonneuse, cela donne : Elio Di Rupo contre Yves Leterme.
Débat animé nous annonçait-on. Eh bien ! on n’a rien vu. Et aussi ce qui est plus grave, parfois rien entendu, quand Leterme était traduit en français, la voix du traducteur se mêlant à la voix de l’illustre Flamand, une belle cacophonie montait aux oreilles.
Non seulement, c’était difficilement supportable, mais encore ce qu’on entendait des débats l’était encore plus. Il est difficile de rassembler en une heure tous les poncifs et les lieux communs de la politique comme l’ont fait ces deux-là. Pourtant, nous en avons d’aussi balèzes au parti MR, Kubla, par exemple….
Di Rupo, avec ses allures chafouines, son sourire entendu et son nœud papillon est l’archétype de César Birotteau, parfumeur, ce chef-d’œuvre de Balzac.
Devant le navrant du spectacle, on ne peut que s’étonner de la bêtise générale qui sévit dans nos contrées en laissant ces deux-là nous représenter, vanter nos mérites, parler de nos défauts, augurer de notre avenir. Nous n’avons pas autre chose dans les stocks à présenter ?
Franchement, la Belgique, patrie du surréalisme, c’est incontestable ; de l’absolue médiocrité des êtres, aussi. C’est peut-être un mérite, dans le fond, d’être médiocre ? En tous cas, ça paie en politique. C’est rassurant un médiocre. On se dit, ce qu’il fait, je pourrais le faire aussi. On vote pour lui, comme on vote pour soi. La médiocrité, ça se déguste en famille… Notre aptitude y est résiliente…
Dans ce pays de profonde placidité, le train est un symbole. Cela permet à dix millions de Belges de le regarder passé.
Pendant que ça discourait dans la cacophonie du plateau, on avait au moins la latitude d’être ailleurs, de rêver par exemple à la Chine qui pollue dorénavant comme une grande, c’est-à-dire comme les USA. Ce qui fout par terre les espérances de Kyoto et les recettes précuites de Hulot sur l’effet de serre…
Parfois du sirop servi à la louche par l’empêché de Mons, un mot, une phrase sortaient du pot-bouille insondable : « Le plan Marshall que j’ai mis en place… certes, les Flamands sont parmi les plus riches de la planète… le réservoir de main-d’œuvre, l’espace disponible, se trouvent en Wallonie… ».
En somme, la Wallonie pour Di Rupo, c’est le Congo de la Flandre. Le temps des Missions n’était pas terminé. Nous allons voir bientôt les prospecteurs flamands nous tomber dessus, examiner les dents, les avant-bras pour les piqûres éventuelles de morphine, de notre réservoir de main-d’œuvre, puis organiser des charters pour Gand, Anvers, Bruges, histoire de doter la population la plus riche, des services de la plus pauvre.
Comme les Flamands sont des experts en colonialisme, dans leur sabir inimitable, ils vont nous attirer par « Toi, li en pas savoir, que mi peux toi y en donner du gras salaire ! ».
C’était humiliant à la fin. On se serait cru chez Salvator en Sicile, quand on fait le tri de la main-d’œuvre arabe pour le ramassage du raisin.
D’autant que l’Illustre montois venait de sortir l’antienne « …mon père, juste une valise en carton (prononcer cartonne) quand il est venu d’Italie… comme Onkelinx père, Flamand pur sucre de Tienen, obligé de partir… chassé par la misère et, ô miracle, jaillissante de ce malheur de l’émigrant, la pure merveille onkelinienne : Laurette… ».
A cause du traducteur bruyant comme le brouillage de Radio Londres par les Allemands en 40, saura-t-on jamais si les poncifs de Leterme égalaient les lieux communs du cavaliere rosso ?

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Et surnageant des fritures et des accents rocailleux d’une langue qu’on aurait difficile à situer ailleurs que dans les 347 dialectes perdus par an des ethnies amazoniennes et new-zélandaises du patrimoine de l’humanité, tout sourire dans sa jaquette flottante, la voix du Premier namurois-montois-belgo-flamand, vantait les mérites d’une Belgique fédérée et unie. Il atteignait au pathétique dans le divorce entre la tonalité joyeuse de l’attaque vocale et la sourde inquiétude du fond du bocal. On aurait dit Sarah Bernard en 1902 dans Phèdre.
Assurément, s’il était encore parmi nous aujourd’hui, cela aurait évidemment intéressé Saussure.
C’est ainsi que nous nous voyons en Belgique, comme ces deux-là. mi-farauds, mi-embarrassés de l’énormité de nos mensonges ; mais avec, heureusement, un tel retard mental sous les couches universitaires, que cela donne une excuse permanente qui fait qu’en Europe, être Belge, c’est péter dans les serres de Laeken afin de démontrer que l’on peut faire des gaz à effet de serre de manière très contrôlée.

26 avril 2007

Violence et politique.

L’élection de la présidence en France ne dépend pas de la capacité de mobilisation de la droite ou de la gauche. L’élection dépend de la capacité des candidats à faire admettre leur priorité à arrêter le cours de la violence, et pas seulement dans les banlieues, mais partout, et d’en convaincre le centre.
Il en a toujours été ainsi, c’est une frange de dix à quinze pour cent d’électeurs, sans opinion précise, qui emporte l’ensemble de l’électorat vers la droite ou vers la gauche. Jusqu’à présent, c’est le gilet de flanelle et les pantoufles doublées d’ouate qui ont empoché la mise. C’est-à-dire la droite, qui s’est accommodée de Sancho Pança, au détriment de son maître Don Quichotte.
Le Centre pense que l’imagination et la volonté de changement sont synonymes d’aventures et de risques. Or, de quoi la petite épargne est-elle friande ? Sinon de stabilité et de calme !
C’est terrible à dire, mais l’intelligence critique n’a jamais été le fort de l’opinion centriste.
Y a-t-il jamais eu un seul centriste capable d’analyser la violence ? Or, ce serait tout le moins, si l’on veut faire face aux attentats permanents envers autrui, quitte à sélectionner, par ailleurs, les facteurs qui déterminent cette violence, comme l’incapacité du système économique à fournir des emplois en abondance et bien rémunérés.
Par principes, toutes les violences sont équivalentes, d’où qu’elles viennent : certaines catégories sociales, partis, groupes corporatistes, voire l’Etat lui-même.
L’Etat dans sa volonté de n’épargner personne de par ses Lois, en réalité opprime tout le monde. C’est une sorte de gangstérisme qui se vérifie dans les faits en ce qu’il est désormais difficile de savoir si un délit à un caractère politique ou tombe dans le droit commun.
Yves Michaud « Violences et politiques » précise : « …si l’apparition de la violence est plus l’indice du dissensus social que de la violence effective de la société, elle est immédiatement ambiguë. Elle peut avoir le sens d’une mise en question de règles intolérables et donc de la démystification de leur oppression ; c’est bien ainsi qu’elle est apparue comme dénonciation de la domination d’une classe sur une autre. Mais elle peut préfigurer la guerre civile puisque celle-ci n’est que l’exacerbation de la dissolution des critères communs. ».
Depuis la vague de fond économique qui a emporté toute conduite éthique, la question de l’organisation de cette domination est passée à l’arrière plan. Cependant, c’est bien elle qui fonde le social, soit à récriminer, soit au consensus. Le Centre qui n’y voit goutte, sera-t-il capable de faire la différence entre une politique de droite qui trouve bon que cette domination soit de la seule compétence privée ou d’une politique de gauche qui veut opposer au laisser-faire, le bien faire en fonction d’un progrès collectif ?
Qui ne voit que l’hystérie de la sécurité est liée au laisser-faire tant celui-ci engendre des comportements violents !
Que fait la Justice en l’occurrence ?
Dans sa crainte de la violence, le droit cherche moins l’apaisement qu’à maintenir son complexe du « sphinx ». Ainsi, il dissimule la propre origine de sa violence. Il applique la Loi, certes, mais à sa manière, souvent inquiétante, partisane, en un mot il obéit à un réflexe de classe.
C’est la défaillance insigne de cette notoire dissimulation, qui met le doigt sur l’origine du droit dans la violence, et qui transparaît dans la lutte contre la violence opposée.
Dans les discours sur l’insécurité et la montée des violences, on voit bien qu’en réalité s’affrontent deux violence, puisque la répression de l’une ne va pas sans la violence de l’autre !
C’est aussi le constat révélé d’un pouvoir qui détient sa propre violence, contre une partie du peuple qui détient la sienne : les gens ne croient plus en la justice, à son efficacité et surtout à son impartialité.
Si le centre qui fait l’élection, penche pour Sarkozy, soyons assurés que la prédominance de la violence « légale » sera répressive de la violence populaire.
Comme ce centre ne veut pas de vague, en réfléchissant un peu, elle aurait intérêt à se porter massivement – au contraire - sur les propositions de Ségolène Royal. Cependant, encore une fois, on peut douter de sa capacité de réflexion !
Pourquoi, va-t-on en France vers des catastrophes en votant à droite ?

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Les discours sur la montée de la violence sont évidemment des appels en faveur d’un ordre fort et respecté, laissant entendre que des menaces pèseraient sur lui. Oublie-t-on qu’ainsi posée, la perspective débouchera tôt ou tard sur une violence de l’ordre pour l’ordre de type fasciste ?
Le régime de sécurité intérieure que Sarkozy veut imposer avec sa tolérance zéro, est une des formes les plus connues du fascisme. Ce règne de la force qui croit pouvoir tout régler, c’est ce qu’on appelle le fascisme ordinaire.
En ne se prononçant pas, Bayrou en prépare le lit. C’est ce qu’on appelle un allié mou de la manière forte. S’il croit représenter son électorat de cette manière, il entend bien laisser sur la pente naturelle de la droite, un centre sans guide et sans réflexion. Je ne vois pas ce qui le retient de commencer des pourparlers avec le vainqueur qu’il aura contribué à faire élire : Nicolas Sarkozy, comme déjà une partie de ses parlementaires ne l’ont pas attendu pour la chasse à la gamelle à droite.

25 avril 2007

Onkelinx fait pan pan !

Tandis que la législation sur les armes se durcit en Belgique, au point que même les flics n’auront plus le droit de rentrer chez eux avec leur arme de service, tout se passe dans l’opinion comme si cette mesure – bien accueillie - va faire diminuer les agressions et les suicides.
Rien n’est moins sûr.
Ce dont on est certains, c’est que seuls les voyous partageront avec les policiers en service, l’avantage d’être armés.
Faut-il s’en réjouir dans une démocratie qui n’offre pas une garantie de protection à 100 % des citoyens ? La preuve n’est-elle pas dans la montée de la délinquance, malgré l’augmentation des effectifs de police ?
Sous le coup des meurtres à Virginia Tech, la population en redemanderait encore des Lois contre les armes qui tuent. Pourquoi ne pas interdire les tournevis, les ouvre-boîte et les brochettes à merguez, aussi dangereux et d’une manipulation autorisée ?
Cependant, on en est à ce point de la bêtise confondante, que personne ne voit que l’interdiction parfaite, absolue, d’armes de défense, c’est avant tout la marque des dictatures. Ah ! il aurait été calamiteux du temps de la Wehrmacht entre 40 et 45 que nous eussions été en possession ne serait-ce que d’un tromblon à un coup !
Ainsi livré pieds et poings liés à une démocratie pointilleuse, soupçonneuse et allant dans le sens du poil du Belge qui regarde sous son lit avant d’aller dormir et qui a dans sa musette dix histoires terrifiantes sur les mésaventures de voisins braqués, malmenés, violés, nous voilà mûrs pour tous les coups de force.
Les brigadistes, les échauffés de droite, les catastrophés de gauche, les patriotes exacerbés, les militaires visionnaires pourront se donner le mot : la Belgique n’est plus qu’une vaste bergerie, l’occuperait qui veut.
La résistance ? Parlons-en. On a vu comme on désarme facilement les paras sous nos régimes humanitaires.
Eh bien ! au lieu de me rassurer, cette mesure supplémentaire m’inquiète.
Que fera dorénavant un policier sur le chemin du retour quand il sera le témoin d’une agression armée ? Rien évidemment. Et il aura raison. Ce n’est pas de ses petits poings qu’il va éviter la balle qui sortira du révolver d’en face.
Comme devrait être inquiet l’habitant isolé, quand il ferme les volets le soir, que la gendarmerie la plus proche est à 10 kilomètres et son voisin à cinq !
On a fait des prodiges d’information il y a à peine quinze jours, de ce couple de vieux torturés par des crapules qui en voulaient à son magot. On a vu la dame sur son lit contusionnée racontant le martyr de son mari, mort des coups à lui portés.
On aurait pu se demander «mais que fait la police ? », seule habilitée à défendre le citoyen désarmé, vulnérable et proie offerte ?
Elle fait ce qu’elle peut, aurait-elle répondu. Tout en sachant qu’entre l’agression, quand elle est signalée au plus près des faits et les secours, il se passe presque toujours une bonne heure.
Ce qui laisse largement le temps aux salauds de parfaire leur crime et de s’en aller tranquillement par la grande porte.
S’il faut interdire absolument tout port d’armes de poing et à fortiori de guerre dans les lieux publics, il n’est pas raisonnable de laisser le citoyen chez lui à la merci du premier briseur de vitre qui renifle l’odeur de l’argent.
Ce n’est pas seulement le fait d’une dictature de pousser si loin l’interdiction, c’est enlever toute possibilité aux faibles de s’en sortir lorsqu’ils sont agressés dans leur pré carré.
Fort heureusement, il en est de même de toutes les Lois, elles ne sont respectées que lorsqu’elles sont frappées du coin du bon sens. Celle-ci étant particulièrement discutable, Onkelinx en personne, ne peut pas au vu des statistiques, savourer la victoire de son petit putsch, même s’il y a des admirateurs de son initiative.

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En effet, malgré le battage médiatique, les rallonges des délais, peu d’armes privées ont été rentrées à la police pour destruction. Si bien qu’aujourd’hui la moitié des belges est en infraction et passible d’une amende, voire d’un emprisonnement.
Il a toujours été discutable d’élaborer des Lois sur le champ des émotions, des faits divers ou des événements internationaux. Elle devrait savoir cela, elle qui est au pouvoir depuis plus de vingt ans !
Madame Onkelinx est une femme dangereuse qui surfe sur l’émotion des gens pour arriver à ses fins. Elle le fait souvent en ne s’entourant que d’avis qui partage à l’avance son point de vue, si bien que ses lois s’avèrent la plupart du temps mal fagotées, dès que le soufflé de l’événement est retombé.
Ici, elle prête la main à un coup de force, celui d’un remake « Tueurs fous du Brabant wallon » qu’elle n’aura pas prévu, mais qu’elle aura favorisé par son inconscience.
Ah ! la ministre, à défaut de Schaerbeek, nous aura bien eus !

24 avril 2007

Avant la cloche du deuxième sprint.

Commenter les élections des présidentielles en France du premier tour, on voit ça dans tous les journaux. Les statisticiens se transforment en politologues, les Instituts de sondage en dernier salon de la République. Reynders s’enflamme pour Sarkozy et Di Rupo pour Ségolène.
Ce n’est pas faire preuve d’originalité d’affirmer que Nicolas Sarkozy à 8 chances sur dix de passer la barre des 50 % et d’être élu, les bookmakers anglais le prennent gagnant.
Sauf imprévu, gaffe majeure de l’un et performance oratoire de Ségolène, les jeux sont faits.
Je voudrais seulement attirer l’attention sur le fait qu’en France, les électeurs ont presque toujours voté à droite.
Du Général à Pompidou, de Giscard à Chirac, cela fait un demi siècle d’une majorité présidentielle de droite. Si l’on excepte les deux mandats de Mitterrand. Mais, Mitterrand n’était pas réellement socialiste. Ce personnage ambigu, opportuniste, avait le sens de l’histoire, un flair rare. Titulaire de la francisque – une décoration de Vichy – il aurait pu devenir un nouveau Papon. Il se convainc que son avenir politique n’est pas chez le Maréchal Pétain et le voilà Résistant. Et tout est à l’avenant, comme par exemple son habileté à conquérir le parti socialiste dont il devint le premier secrétaire, lui qui était par nature centriste. Bayrou lui aurait bien plu !
Donc la majorité en France est d’inspiration droitière. L’alternance relève de l’exception. Jospin, autre socialiste de raccroc, en a fait les frais, le jour fatal où Jean-Marie Le Pen est passé devant lui au premier tour de l’élection présidentielle.
Péripétie funeste qui ne s’est pas reproduite. L’engouement pour cette élection est en partie dû à cet événement de 2002..
Royal a peu de chance de remporter le morceau.
Les Français croient tout ce qu’on leur raconte à droite, à commencer par le conte de fée du changement de Sarkozy. Homme de parti, homme de pouvoir, voilà vingt ans qu’il est aux affaires, s’il avait eu la moindre velléité de changer les choses, on s’en serait aperçu !
Si changement il y a à droite, ce ne sera pas du côté de la fracture sociale qu’il aura lieu. On a vu le cynisme de Chirac, réélu sur un programme d’ouverture entre tous les Français et ce qu’il en est advenu.

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C’est le drame des élus de droite. Ils sont élus pour conserver, garder ce qui est, maintenir les droits d’un côté et les nier de l’autre. C’est clair, Sarkozy élu sera paralysé sur les questions essentielles, comme l’a été Chirac.
Son ministère de l’immigration n’augure rien de bon.
Quelqu’un a dit que la droite française était la plus bête du monde. Ce record n’est pas usurpé.
Aussi bizarre que cela paraisse, il ne faut pas avoir été décoré de la francisque sous Pétain pour le penser, la seule capable de faire actuellement une politique de droite intelligente est… Ségolène Royal.
Car le programme qu’elle présente, s’il tranche par rapport à celui du président de l’UMP, c’est quand même un programme respectueux des marchés et de la démocratie confisquée par le système capitaliste. Certes, il y aura des réajustements, des criantes injustices seront réduites, c’est dans l’ensemble un moindre mal qu’une politique qui consisterait à ne rien lâcher tout en se fâchant définitivement avec les banlieues et les jeunes de la deuxième génération d’immigrés, aujourd’hui Français, mais Français sans droit.
En votant Ségolène la droite maintiendrait ses privilèges, en votant Sarko, en voulant tout conserver, elle risque de tout perdre.
Evidemment, la droite ne le fera pas, puisqu’elle ne veut rien lâcher et qu’elle croit qu’elle va tout garder avec son champion !
Les réformes douces de Royal sont pourtant bénignes. Prenons le SMIG à 1500 euros. Comme il est suggéré, le SMIG ne sera effectif qu’en 2009 et il s’agit de 1500 euros bruts. Si l’on considère l’inflation de 2 à 3 % l’an, quoique les autorités puissent dire, est-ce que cette réforme serait exagérée et de nature à bouleverser l’échelle des salaires ?
Et tout est l’avenant, comme les logements sociaux, la création de crèche, l’emploi avec abattement des charges patronales, tout enfin va dans le sens d’un saupoudrage à moindre coût.
En plus, le vote Ségolène garantit une paix civile et le calme des banlieues, c’est appréciable.
Les révolutionnaires d’extrême gauche le savent : un bon recrutement et une politique critique ne sont possibles que sous un gouvernement conservateur.
Et si les mouvements d’humeur n’ont pas cessé sous le gouvernement de Jospin, il faut bien avouer, le PS, dans la cohabitation, n’a pas fait une politique de gauche.
Si on pouvait connaître pour qui votent Chirac et Villepin, on serait fort surpris. La droite devrait s’interroger à son tour et les prendre en exemple.

23 avril 2007

Inquiétante Amérique.

On veut donner du sens à tout, surtout à ce qui n’en a pas. C’est comme le besoin de se justifier sur des types de raisonnements ou des événements, alors que nulle demande ne nous parvient ; car les gens s’en fichent. Ils sont comme nous, ils cherchent l’occasion de se justifier, de paraître avoir pour tout une réponse intelligente.
Si bien que chacun a une vision de ce qui le retient à tout ficher par terre et s’abandonner au désespoir.
C’est dorénavant devenu très difficile d’adhérer.
Adhérer, mais c’est faire partie de quelque chose et d’y croire.
Si on mettait bout à bout toute la littérature, tous les discours qui depuis La Fayette sont partis de la vieille Europe pour aboutir en hymne à l’amour de l’Amérique, on remplirait une vaste bibliothèque.
Bon nombre d’hommes encore vivants auraient à fournir sur ce mémorial, quelques explications.
Comme c’est le temps présent qui intéresse, il est prudent de s’abstenir d’un enthousiasme débordant sur l’Amérique ; bien que la patrie de Bush soit toujours l’Eldorado pour l’Européen, ses cadres et ses mandataires politiques.
La passion de l’Amérique est enracinée en nous. C’est comme si nous avions tous un jour traversé l’Atlantique pour nous accrocher, éperdus, au pont de Brooklyn pour ne plus jamais s’en déprendre.
Voilà pourquoi, cette « ancienne » nouvelle terre, quoi qu’elle fasse, est intouchable.
Nous en avons tellement rêvé que nous ne pouvons revenir en arrière.
Henry Miller, un Américain d’origine européenne, a écrit des livres pertinents sur New York, puisqu’il y a vécu, aimé, souffert et travaillé.
C’est vivant et troublant de détails.
La crasse, la maladie et la plus grande misère n’ont jamais déserté les bords de l’Hudson; Et si le chômage y est insignifiant, la précarité y est telle qu’un petit boulot s’acquiert avec la perspective de le perdre la semaine suivante. Il n’y a donc aucun répit pour les petites gens. Le système les y a toujours écrasés.
Nous nous demandons après ces récits comment nous avons pu prendre cette nouvelle Europe comme exemple ?

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Comment avons-nous osé - et encore aujourd’hui nous ne changeons pas d’avis - prendre parti dans la guerre froide contre ce grand pays d’Europe qu’est la Russie et nous faire les hommes liges du nouveau monde ?
La misère n’était-elle pas effroyable d’un côté comme de l’autre ? N’avions-nous pas l’occasion d’aider l’URSS à conforter son système anticapitaliste, à épurer ses apparatchiks et ses cadres abusifs afin de montrer une autre voie au monde ? Peut-être le communisme y aurait-il réussi à la satisfaction générale ?
Au lieu de quoi, nous avons choisi une misère plutôt qu’une autre.
Nous aurions dû au moins faire une projection, puisque nous l’avions faite du communisme, de l’avenir du capitalisme, avant de prendre parti.
A notre corps défendant, ce sont nos responsables qui ont choisi pour nous, liés plus qu’ils ne le laissaient paraître à l’Amérique des banques, des cartels et des trusts. Nous, nous étions persuadés que notre statut d’Européen allait nous mener à la classe moyenne, dont nous nous rapprochions déjà par les discours socialistes qui avaient singulièrement évolués et qui nous voyaient « mieux » que ce que nous sommes. Une sorte d’alliance entre la middle class américaine allait nous faire sauter la misère de tous les Bronx et gagner au moins deux générations de traîne-savate.
A présent que - avatar de l’autre - la galère communiste a sombré, il reste à naviguer vers des lendemains d’incertitude sur la galère qui reste.
Et que disent nos machiavel en précipitant la manœuvre ?
L’Amérique reste l’exemple d’une démocratie où tout peu se faire, mais où aussi, tout peut se dire; ce qui en atténue les excès !
Mais l’échéance approche où il faudra avouer que le capitalisme à l’américaine est un redoutable échec.
Nos hommes politiques n’en sont pas encore persuadés. Il s’agira d’abord qu’ils s’en persuadent, avant de changer leurs discours.
Certes des petites rébellions se sont hasardées au cours de l’histoire.
Il ne faut pas se bercer d’illusions, l’Amérique et son fichu système capitaliste, nous l’aurons encore pendant longtemps. L’Europe s’est trop compromise, trop mouillée dans les intrigues de la mondialisation. Les hommes en vue d’ici s’y sont tellement promenés, y ont récoltés tellement d’appuis, intrigués avec tellement de banques, que bien malin saurait dire comme ils s’en dégageront, s’ils s’en dégagent jamais ?

22 avril 2007

Sarkozy : un homme du passé !

A relire les leçons de Raymond Aron à la Sorbonne dans les années 1955-1956, on est porté à croire que décédé en 1983, s’il avait vécu une dizaine d’années de plus, sans doute aurait-il changé ses positions vis-à-vis de la société. Car, il y a un monde de différence entre la société que nous décrit Aron et celle mondialisée d’aujourd’hui.
En reprenant son analyse de sa cinquième leçon, celle qui porte sur « les classes dans les sociétés capitalistes », on peut le suivre pas à pas. Après s’être attardé sur les distinguos entre les classes paysannes, atomisées aujourd’hui, et quelques autres classes artisanales et de petits commerces, il en arrive à distinguer essentiellement deux classes : celle des industriels et des possédants économiques, d’une part, et celle des ouvriers et employés, d’autre part.
A la différence des marxistes, Raymond Aron a posé la question de savoir si les intérêts entre ces deux classes étaient réellement antagonistes, pour en arriver à la conclusion, qu’ils ne l’étaient qu’en apparence.
Je tairai la subtilité de son discours, ce que l’on peut en dire, c’est qu’il aura déterminé quelques générations d’étudiants à abandonner toute prétention à la radicalisation politique et assuré la plateforme libérale d’une continuité théorique.
Cependant, avant d’en arriver là, il nous aura livré quelques pertinentes vérités.
Sa définitions de classe : « …un groupe qui englobe un grand nombre d’individus jamais rassemblés physiquement… sans organisation précise, ni légalement constituée, on peut y entrer et en sortir sans le savoir… » est correcte.
Sa critique des sociétés modernes l’est tout autant : « …dans la mesure où elles sont à la fois industrielles et démocratiques, sont affectées d’une double contradiction : convaincues d’une puissance de production sans limite, elles sont choquées par les îlots de pauvreté qui n’ont pas disparu, elles proclament à tous les vents l’égalité fondamentale des individus, et elles sont frappées par les inégalités qui subsistent entre les citoyens. ». Par après, le discours confirme cette première constatation : « …la contradiction entre l’égalité de droit et l’égalité de fait est profonde…Le sort de l’individu ne paraît pas déterminé par ses mérites ou ses démérites… Donc l’inégalité n’est pas conforme à l’équité… ».
Pourquoi, dès lors, Raymond Aron en est-il arrivé à l’hypothèse que les tensions de classes n’étaient qu’apparentes et qu’en réalité il y avait une solidarité de fait entre les résultats d’une entreprise et les progrès parallèles des salaires et des conditions de travail ?
Dans les années cinquante, des rapports accablants vinrent éclairer les économistes un instant troublés par les « résultats » du marxisme en Union Soviétique. Les plans quinquennaux surtout en disaient long sur l’incapacité de l’URSS à modifier sensiblement le sort des Russes. De même que la guerre froide, mais cela était dû à la concurrence frontale entre l’Amérique et l’Union Soviétique, avait « pompé » jusqu’à 33 % du produit intérieur brut en faveur de l’armement.
Viscéralement antimarxiste, Raymond Aron s’était donc convaincu de l’absolue nécessité d’une harmonie d’intérêts entre les possédants et les possédés, malgré les apparences, d’où ses leçons dont il avait besoin pour se persuader lui-même, avant les étudiants de la Sorbonne.
Les temps ont changé.
Les années cinquante virent la fin du paternalisme. La situation d’un ouvrier ou d’un employé faisant une carrière complète dans une seule entreprise fut remplacée peu à peu par une instabilité d’emploi et la fin d’un courant direct entre l’employeur et le personnel. Les petites entreprises furent rachetées par les moyennes et les moyennes par les grosses, si bien qu’à l’aube du troisième millénaire, les affaires se sont mondialisées, les directions diluées dans des montages qui échappent aux personnels. Ce capitalisme fuyant, impalpable, international n’est responsable que des profits qu’ils génèrent pour les seuls actionnaires.
Du coup les antagonismes resurgissent, noyés encore par les partis politiques qui, à droite comme à gauche, cherchent des repères et, en tous cas, les conditions d’un nouvel ancrage de ce capitalisme mondialisé avec la démocratie et la dignité des personnes. Quadrature du cercle où vont se casser les dents les partis de gauche qui, justement trop crédules, avaient opté pour la thèse de Raymond Aron et abandonné le principe de la lutte des classes.
En réalité, il ne s’agit plus vraiment de la lutte des classes, puisque le plus clair de la population, même si certaines catégories sont moins vulnérables que d’autres, est en perte de capacité responsable et décisionnelle ; mais de la lutte d’une écrasante majorité contre une oligarchie cosmopolite et disséminée dans les arrières cours des banques, protégée par des strates d’intermédiaires, et n’ayant à titre personnel aucune responsabilité apparente dans les transferts de biens et d’usines, jetant à la rue, cependant, sur une simple décision, des dizaines de milliers de personnes, sans aucun scrupule.

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Les cours magistraux de Raymond Aron ont couvert une époque, fait le point sur la société des années cinquante. Pour le reste, ils n’étaient pas prémonitoires ; mieux, ils n’ont guère préparé à vivre le monde d’aujourd’hui. Ils n’ont été bénéfiques qu’à une tendance que l’on peut qualifier d’utile à Sarkozy, c’est-à-dire une analyse expliquant la société actuelle avec des événements d’hier, sans contredire jamais le nouveau capitalisme.
Aussi bien, le caractère obsolète des analyses du président de l’UMP saute aux yeux après la lecture de « la lutte des classes » de Raymond Aron.
Si les Français élisent cet homme, ils auront vite la désagréable surprise de voir sous les allures de l’homme moderne, un homme du passé, terriblement marqué par « l’expérience » et les « convictions » d’un autre âge, présageant de nouvelles catastrophes sociales.

21 avril 2007

Correspondance intime

Lettre 1
Pardonne-moi, François, de ne t’avoir pas donné de mes nouvelles depuis un mois que je suis ici. Je te serais obligée de chercher sur mon secrétaire à notre ancien domicile, les œuvres complètes de Lionel. Tu trouveras facilement, c’est un petit fascicule de 64 pages au maximum. Et aussi, m’envoyer en même temps, les discours lors de la campagne au PS de candidature à la présidence de tous ceux qui se sont présentés contre moi.
Tu ajouteras au paquet quelques vêtements de soirée quand nous recevions rue de Solferino. Tu m’enverras cela, le plus tôt que tu pourras, à l’Elysée.
Ne te présente pas pour faire la commission toi-même, comme tu n’es pas accrédité, on ne pourra que te refouler et cela te sera une humiliation de plus.

Lettre 2
Je vais et je viens dans le château. Ce que je dis, ce que fais, que m’importe ! Je pense au coin d’une certaine taverne où je me suis assise tant de fois.
Je pense à Paris, aux boulevards, aux hommes que j’ai connus, aux voitures qui se croisent, au monde où j’ai erré vingt ans, à ses raouts où je me plongeais au sein des nuits, dans quelque dessein inavouable et le désir qu’avaient nos amis d’être drôles jusqu’au cynisme. Tu te souviens de Jack cette nuit de la Saint-Sylvestre où il frappa de son sexe les douze coups de minuit sur le piano ?
Je réfléchis à mes travaux, à mes jours de découragement, à toute cette fantasmagorie de la vie qui a flotté autour de moi, mes plaisirs, mes peines, mes désirs.
A présent, que je me suis installée, le Conseil me fait horreur. Tous ces gens, chez moi sans aucune surveillance pour l’argenterie… J’avoue avoir abandonné mes projets par conviction qu’ils ne valaient rien.. J’entends l’ivresse du pouvoir monter dans les cœurs des ministres et je suis déjà lasse d’eux. Leur conviction qu’ils font l’histoire, est d’une prétention !... J’en suis arrivée à penser juste le contraire. Ce ne sont pas eux qui font l’histoire, mais l’histoire qui les fait.
L’autre jour, désespérément seule, je suis descendue au corps de garde où j’ai bu du gros rouge avec la troupe. Un militaire m’a raccompagnée jusqu’à ma chambre et là nous avons fait l’amour et j’ai pensé à toi… Le lendemain, je le faisais déplacer à Toul, par respect pour toi.
J’ai demandé à l’économat des aiguilles et de la laine. Je tricote des après-midi entières. Cela me repose.

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Lettre 3
Tu sais François, je n’ai jamais voulu embrasser ce qu’on appelle une carrière. J’ai ouvert les bras dans l’immensité et j’ai attendu. J’ai connu le monde et j’ai froissé mon être sur cette meule qu’on nomme la vie ; mais pareil au diamant que la pierre ne peut mordre, j’ai creusé la meule elle-même.
Je me faisais une autre idée de la France avant. Aujourd’hui que j’usurpe le droit de l’incarner, je me pose la question de savoir si je l’ai jamais aimée ?
Car, enfin, que représente-t-elle vraiment, sinon un morceau de l’Europe où se croisent des singularités qui ne peuvent faire une Nation seulement par l’intérêt qu’ils ont à être ensemble ?
Au départ des locataires précédents, les déménageurs ont oublié quelques brouillons de lettres dans la petite corbeille à papier sous le bureau régence où je me suis installée après Jacques.
Par désoeuvrement je les ai défroissés. Eh bien ! le Président était dans le même vague à l’âme que moi. Sur le temps que je m’interroge sur mon amour pour elle, lui n’aimait pas la France, au point qu’il eût plusieurs fois l’intention de faire sauter des charges d’atomes sur le territoire, afin qu’il n’en restât rien… Bien sûr, il lui fallut douze ans de règne avant d’en arriver là. Je ne suis encore qu’à mon premier trimestre. Si comme je le crains les choses perdurent, il me faudra moins de temps que lui.

Lettre 4
Il m’est arrivé une demande en mariage du successeur de Vladimir au Kremlin. Il paraît que ce type est fou de moi. Or, il a vingt-cinq ans de moins, ce qui est assez flatteur.
Si j’étais de bonne humeur, je te ferais rire en racontant la scène, lorsqu’au Conseil j’en fis part à Dominique. Quoique marié à Anne, il s’est montré tellement jaloux qu’il m’a fait peur. J’ai même failli remanier le gouvernement à cause de lui !
Hier, je me suis interrogée sur le protocole qui exige que j’arrive toujours quand tout le monde est assemblé. La dernière entrevue avec le premier ministre s’est mal passée. Il était en retard. Si bien que j’ai attendu une demie heure cachée dans un salon, plus un quart d’heure quand l’huissier m’a dit qu’il était arrivé.
Je ne sais plus où j’en suis. C’est incroyable : je n’aurais jamais dû me présenter. La France, parlons-en, je crains qu’elle ne m’aime pas et que c’est réciproque. Elle me le dit presque par la voix de Nicolas. Le pauvre, je ne sais pas qui lui a fait le coup, mais sa nationalité française est remise en question par certains papiers oubliés en Hongrie. Il se pourrait que cette négligence ait été signalée par Dominique de… en quittant Matignon à la démission du précédent gouvernement.
Décidément, si j’ai des amis redoutables, Nicolas en est pourvu de fameux aussi.
Je te laisse. On m’apporte les pelotes de laine que j’avais commandées.

20 avril 2007

Drame au Conservatoire

La rumeur : Madame Marie-Dominique Simonet veut couper la réplique des comédiens du Conservatoire de Liège pour 2011. Les 85 élèves de Comédie du Conservatoire et leurs professeurs sont en grève.

Joëlle Milquet
Marie-Do…

Marie-Dominique
Ah ! douleur non encore éprouvée !
A quel nouveau tourment je me suis réservée !
Tout ce que j’ai souffert, mes craintes, mes transports,
La fureur de mes feux, l’horreur de mes remords,
Et d’un cruel refus l’insupportable injure…
Joëlle Milquet
Quoi ! Vous ne saviez pas qu’Elio était gay pur
Et du Conservatoire a comblé tous ses vœux
D’un petit premier rôle a tout mangé des yeux !
Marie-Dominique
Comment se sont-ils vus ? Depuis quand dois-je induire ?
De leur furtive ardeur ne pouvais-tu m’instruire ?
Les a-t-on vus souvent se parler se chercher ?
Et comment la jaquette a-t-elle pu se montrer ?
Joëlle Milquet
Hélas ! ils se voyaient en pleine licence :
Dès lors que d’Arena s’approuva l’innocence
Par décret, sans remords, leurs penchant amoureux
Sur les bancs de l’école ils poussèrent leurs feux !
Ils ne se verront plus.

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Marie-Dominique

Ils se verront toujours.
Mais qu’ils n’espèrent rien de leurs vaines amours.
Au moment où je parle, ah, mortelle pensée
De Liège et de Mons l’école sera fermée.
Joëlle Milquet
Malgré ce même exil qui va les écarter,
Ils font mille serments de ne se point quitter…
Et le bruit court qu’Elio en son âme sincère
Pense à doter le beau de quelque ministère…
Marie-Dominique
Dans mes jaloux transports je le veux implorer
Que fais-je ? où ma raison va-t-elle s’égarer ?
Joëlle Milquet
Vous aimez ; on ne peut vaincre sa destinée :
Par un charme fatal vous fûtes entraînées.
Regardez donc plutôt si quelque beau parti
Une femme sensible en notre vieux parti
D’une autre flamme enfin comblerait vos années…
Et…
Marie-Dominique
Vous aussi Sapho vous aurait retournée !
Joëlle Milquet
L’occasion est belle il la faut embrasser…
Quelle peur vous retient ? Vous semblez balancer ?
Quand je suis toute de feu, d’où vous vient cette glace ?
Marie-Dominique
Je ne suis pas madame un miroir à deux faces…
A la fin, s’il en est, je hais des comédiens
L’infamante manie qu’Arena soutient
Aussi vais-je porter le glaive en cette école
Et du bon Léonard encenser le beau rôle.
Rideau.

19 avril 2007

Un musée virtuel à Bruxelles

- Vous êtes dans le palais des Illusions. Vous avez devant vous le siège du gouvernement rue de la Loi. Vous voyez le bâtiment. La double porte blanche entrebâillée, le policier devant et vous pouvez distinguer la frêle silhouette d’une vice-première sortant de sa grosse voiture, des fardes sous le bras. Elle s’avance sur le trottoir d’un pas résolu qui se voudrait décisif, mais où se devine la contraction freinante de la cuisse héronnière, puisqu’elle n’a pas l’intention de s’engouffrer sous le porche sans s’arrêter, mais, au contraire, offrir son profil gauche à la caméra de la télévision. Elles sourit à son habitude. Vous posez la question du jour. Elle vous répond et comme il se doit, sa réponse n’apporte aucun éclaircissement. Cependant, tout le monde est ravi, elle la première.
Eh bien ! Mesdames et Messieurs, tout est faux. Vous êtes dans le royaume du trompe-l’œil. Vous passeriez le cordon de protection, vous vous approcheriez davantage, vous vous apercevriez qu’il n’y a pas de rue de la Loi, que le policier n’est qu’une composante d’un éclairage savant et que la vice-première n’a rien sous ses amples jupes qu’une subliminale astuce, un trou noir électromagnétique...
A gauche vous avez une séance d’un tribunal. On y juge un entrepreneur du bâtiment qui faisait travailler des Hongrois en noir. L’un d’entre eux est mort en tombant d’une échelle. On n’a jamais retrouvé son corps. On pense qu’il a été coulé dans le béton de la pile Sud du nouveau pont construit spécialement pour l’arrivée du TGV gare centrale. Personne n’a envie de démolir l’ouvrage d’art pour avoir la preuve de sa parfaite résilience. Ainsi l’entrepreneur sera relaxé et condamné seulement à 120 euros d’amende pour défaut de port de casque. Nous avons introduit un gadget amusant pour les enfants. Quand on appuie sur le nez du juge, l’appendice devient rouge. Pour les autres, la scène est vivante. Les avocats bougent, s’émeuvent, font des gestes larges. Le juge s’assoupit. Les assesseurs semblent effondrés devant l’ampleur des faits, l’évidence du crime. Cependant tout s’éclaire à la sentence. Même l’entrepreneur un instant angoissé fait tourner sa grosse bague en or de l’auriculaire gauche avec le pouce et l’index de la main droite. Pour rendre la scène plus saisissante encore, sur un signe, tout disparaît et que voyez-vous ?... le cabinet de toilette privé du procureur général. Un zoom sur le vase et sous le rebord, une ligne brunâtre signale à la technicienne de surface que la merde collante s’extrait aussi bien du postérieur d’un ouvrier de Chertal, que d’un procureur du Royaume.

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Vous êtes à présent au milieu d’une foule de faux chômeurs. 4000 exactement. Trois entonnoirs placés en retrait simulent les filières. 400 d’entre eux sont auditionnés par le service anti-fraude de l’ONEm. Les 400 ont l’air confiant. Les 3600 autres sont consternés. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas vu les fonctionnaires qui vont les auditionner et qui ressemblent étrangement aux fonctionnaires qui leur ont fourni moyennant 100 euros par fiche de paie et jusqu'à 350 pour le document C4, les documents nécessaires afin qu’ils perçoivent les allocations adéquates. Ici, vous êtes au cœur d’un trompe-l’œil en trois dimensions. L’illusion est parfaite Par les trois entonnoirs vous distinguez des créatures qu’on ne trouve que sur les pages des magazines, fins escrocs, émules de Stavisky, baron de Crack et belles de salon d’avenue Louise. Rien que du beau monde. Vous les voyez danser et rire, la bouteille de champagne saisie par le parquet ciré est au centre du manège. Vous poussez sur le bouton vert à votre droite, aussitôt les mêmes se produisent en hauts fonctionnaires, lors d’une Assemblée parlementaire. Ils parlent tous à la fois de dignité, de probité, d’honnêteté et d’outrage à leur personne par les basses calomnies. Dans les séances de nuit, alors que les enfants sont au lit, les mêmes montrent leur sexe et copulent, quand vous poussez sur le bouton rouge. L’illusion est telle que j’ai vu des visiteurs faire le geste de s’essuyer après une giclée de sperme subliminale.
La visite n’est pas terminée. Vous entrez dans un autre irréalisme, une autre illusion. Vous gravissez les marches d’accès de l’imposant vestibule de la maison communale de Charleroi. Le personnel passe et repasse. Par un procédé à nous seul connu, les fibres des tissus disparaissent, ne laissant apparaître sur les corps nus, que les métaux et les résines. Vous ne voyez plus que les prothèses dentaires et les révolvers et autres couteaux à cran d’arrêt des personnes approchées. Ils sont tous armés ! Moyennant un supplément vous pouvez ouvrir les coffres et remplir vos sacs des devises euros et dollars qu’ils contiennent. Vous entrez dans un jeu vidéo. En qualité de bourgmestre, d’échevins ou de receveur communal, vous aurez des obstacles à surmonter avant de vous envoler avec la caisse. Le gagnant est celui qui passera à travers le réseau de fins tireurs, qui a pour mission de garder l’or sans lequel vous loupez un voyage en Martinique. Avant cela, il vous faudra affronter les plus fines gâchettes qui défendent la sortie.
La fin de la visite s’achève sur la vision d’une classe dans laquelle des isoloirs sont posés. Des gens vont et viennent, poussent la pointe d’un crayon sur un écran qui s’allume et s’éteint puis vous rend une espèce de carte de banque que vous glissez par la fente d’un cube en bois avant de sortir. Vous suivez par laser la trace électronique de votre action. Vous assistez au rendez-vous des feux follets que font tous les lasers rassemblés. Juste avant d’arriver à une salle de réunion flanqués de gros fauteuils en cuir, les feux follets sont pris dans une tourmente magnétique et disparaissent dans un monstrueux égout sous le trottoir dans lequel des rats croupissent. Certains semblent toucher par les courants, d’autres fondent dans l’ipséité du cloaque. Enfin, certains gonflent au point d’avoir une taille d’homme. Leurs traits changent, leurs pattes deviennent des mains. Les museaux accouchent de visages. Enfin, ils sortent des tuyaux débarrassés des souillures des millions de dysenteries véhiculées. Ils pénètrent dans le salon, s’asseyent sur les gros fauteuils en cuir et soudain se transforment encore en visages connus des médias et adulés ou honnis des foules. Des gens gravissimes annoncent des résultats, citent des noms, s’extasient sur la démocratie. C’est la fête, la bouteille de champagne de tout à l’heure resurgit.
Vous passez sous la tenture, Messieurs dames, la visite du musée est terminée. N’essayez pas de boire une coupette, le champagne est virtuel comme le reste. Rien n’existe du reste, comme nous vous l’avions annoncé. Tout est faux heureusement. Le pays est beau, les gens y sont sains et les magouilleurs rarissimes. Vous retrouverez le concret à la sortie, tout en n’oubliant pas le guide, s’il vous plaît…

18 avril 2007

Un vrai programme socialiste.

Le bilan provisoire de la tuerie de l'université Virginia Tech, est d'au moins trente et un morts. Pour ce pays qui aime les superlatifs, voilà bien un triste record qui efface celui de Columbine, en 1999.
C’est évidemment de la violence en milieu scolaire dont il est question. L’Europe n’est pas exempte de cette violence perceptible par tout le monde. Nous n’avons pas encore atteint ce degré d’horreur ; mais, que cela ne nous empêche pas d’essayer de comprendre cette lente mais régulière montée de la violence en milieu scolaire. Il en va de la sécurité de nos enseignants, de la qualité de ce qu’ils enseignent et enfin du milieu où des enfants apprennent à devenir des hommes.
On sait pour le massacre antérieur, celui de Columbine, que Dylan Klebold et Eric Harris, âgés respectivement de 17 et 18 ans, avaient choisi de passer à l'action le 20 avril, date anniversaire de la naissance d'Hitler.
Il n’est pas certain que ces jeunes gens eussent passé à l’acte si la société américaine si pudibonde avait levé le masque et parlé du fascisme rampant et des motivations de ses partisans. Mais, le pouvait-elle quand la plupart de ses dirigeants en font partie ? Ce qui ne veut pas dire que cette seule hypocrisie est à la base de la tuerie. La vente libre des armes y compris des armes de guerre est un facteur favorisant la violence, surtout chez les jeunes.
Mais l’Amérique, plus encore que l’Europe, préfère le black-out sur certains sujets.
Ces interdictions sont le point de départ de toutes les frustrations et de toutes les folies, dont un exemple est celui du créationnisme enseigné dans certains Etats.
L’école est le reflet de la société. Si elle va mal, c’est aussi parce que la société ne va pas bien. Il y a un rapport évident de la montée de la violence dans les rapports qui existent entre le monde politique, le monde industriel, les citoyens et les milieux scolaires.
La violence suggérée par les jeux vidéos et leurs relations directes sur le comportement des adolescents est dénoncée par tous les psychologues ; mais c’est surtout parce que les familles sont atomisées par le fait social et par le manque d’idéal que naissent des foyers de violence.
La logique de l’argent, le combat pour l’affirmation de soi et la compétition constante que cela implique, peuvent placer des individus maltraités et méprisés par le système dans l’alternative de se désolidariser d’eux-mêmes et s’avouer vaincus ou nier la validité sociale d’un classement arbitraire et se révolter contre sa ségrégation.

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Nos jeunes « voyous » ne le sont que parce que nous ne leur avons pas donné le choix entre une vie paisible et une vie déréglée, « sauvage » en quelque sorte. Et si nous ne leur avons pas donné le choix, c’est que nous n’en avions pas les moyens. Le chômage, le désoeuvrement, l’exemple d’hommes et de femmes, peut-être les parents de ces jeunes, cassés par la société, mis au rebus par le monde industriel, font que les poisons perfusent d’une génération à l’autre, dans cette seule générosité permise du renoncement, de la médiocrité, de la misère et de la révolte.
Bien sûr, il faut se garder de tout amalgamer et même dans les sociétés parfaites, ou plus protectrices de plein emploi, il y a toujours quelque part des instincts pervers, des déviations psychopathes, des troubles comportementaux de certains individus peu accessibles à la morale, qui sont nés pour « déranger » le citoyen standard.
Aux USA, le taux de chômage est deux fois moindre qu’en France et en Belgique, cependant la violence reste maîtresse de la rue et des écoles, à un degré inimaginable par rapport à nos régions (pour combien de temps encore ?).
C’est l’augmentation des comportements délinquants qui inquiète et c’est de ce basculement dans l’irrespect des autres qui fait problème.
Et justement, cet exemple d’une Amérique violente ne devrait-elle pas nous alerter sur notre politique économique, qui serait une des causes de cette violence ?
Car enfin, si notre politique consiste à privatiser les secteurs économiques dans une Europe ultralibérale, n’allons-nous pas vers des situations identiques de violence urbaine ?
Ne cherchons–nous pas de la sorte à imiter ce qu’il y a de pire dans la société américaine ? Une loi de la jungle dont nul ne sortirait indemne : ceux qui y ont réussi, défendant une liberté qui ne serait pas la même pour ceux qui y ont échoué !
Il ferait beau voir que nos fonctionnaires européens, nos parlementaires et nos hommes politiques intégrés dans les Commissions fussent à même de comprendre ce que de toute évidence ils ne connaissent pas : la vie au ras des pâquerettes ?
Les espoirs déçus, les ressentiments d’une population discriminée par l’argent et la bonne ou mauvaise fortune d’être né quelque part, que peut-on y comprendre Rond-point Schumann ?
Quant à nos régionaux, les circulaires Arena, la dernière sur les gays est d’une bêtise consternante. Cela n’augure pas d’un avenir « intelligent » du traitement de la violence.
Déjà après Columbine, et maintenant davantage après Virginia Tech, alors que nous constatons une montée des violences dans nos écoles, nous aurions dû mettre sur pied les états généraux de l’enseignement et laisser la parole aux enseignants, plutôt que poursuivre un pseudo dialogue qui tourne court à chaque fois, entre les politiques et la population sur ce terrain délicat de la formation de la jeunesse et des responsabilités parentales.
Ensuite, à la lumière de ce que ces états généraux auraient produit, tout en ne se laissant pas entraîner par la logique économique du laisser-faire dont on voit bien les dégâts aux USA, revenir à une conduite appropriée davantage à l’humain.
Ce serait, évidemment, un vrai programme socialiste.
Reste à voir si les PS d’Europe en sont capables.

17 avril 2007

Une démocratie interrompue.

Les agités du bocal vivent en France une semaine idéale, celle qui précède la désignation pour le second tour des deux candidats à la présidence de la République.
Pour les autres, c’est une semaine de boulot, comme il y a pléthore dans une vie de travail.
Rares sont ceux qui entre les agités, et les fatalistes, s’interrogeront sur la qualité du chapiteau sous lequel se produisent les artistes.
Une inquiétude : les journalistes effervescents, les statisticiens fous et les marchands de bons conseils se sont-ils jamais posé la question de la qualité du produit qu’ils nous vendent ?
La démocratie parlementaire, liée au capitalisme, ne souffre-t-elle pas d’un discrédit qui gagne d’autres milieux que populaires ? Ce qui expliquerait en partie l’abstentionnisme qui est en France une tache d’huile sur du coton.
Ce qui, de déduction en déduction, nous conduit à considérer à l’intérieur du camp abstentionniste des sous catégories :
1. les justes qui veulent une autre morale ;
2. les fascistes qui désirent se défaire du parlementarisme ;
3. les naïfs qui croient tout acquis définitivement ;
4. les indifférents à la chose publique.
Que faire dès lors que l’on se sente attaché aux idées démocratiques et qu’à côté de soi les médias et les partis nous assurent que tout est au mieux possible, tandis qu’à l’opposé des énergumènes hurlent le contraire et que vous êtes vous-mêmes convaincus qu’ils ont tort les uns et les autres ?
Faut-il baisser les bras et admettre les injustices, les désordres d’une société qui n’est démocratique que de nom, au nom d’une lutte contre le seul fascisme ?
C’est un piège où sont tombés les partis de gauche.

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Le PS belge qui réserve ses ukases et ses affiches, toute son énergie en somme, à désigner les fascistes comme étant le principal ennemi, détourne ainsi l’opinion d’autres ennemis davantage redoutables qui prônent un système économique mortifère.
Faut-il tout sacrifier à cette seule lutte antifasciste, comme aurait aussi tendance à le faire le PS français, s’il ne fallait pas quand même différencier sa candidate des concurrents Bayrou et Sarkozy ? Encore qu’on ne puisse entendre dans les discours du PS aucune remise en question du capitalisme amalgamé de magistrale façon par la droite à la démocratie.
Nous sommes les jouets d’un mouvement non concerté mais harmonieux des opinions des partis qui tend à nous faire croire que nous sommes entraînés vers le progrès et avec nous l’ensemble des sociétés et de l’existence humaine en général, par la seule force du droit et de la raison. Aucun discours de la gauche à la droite ne remet cet optimisme en question. En clair, cela signifie officiellement que la marche de l’humanité va dans le bon sens.
Progrès et démocratie vont donc de pair. Mettre en doute l’un c’est attaquer l’autre. Si bien que celui qui met en doute la matérialité de la démocratie, émet aussi une opinion négative du progrès.
Et pourtant, il ferait beau voir que le progrès fût constant et qu’il ne s’accommodât pas de quelques retentissants reculs !
Trop d’événements ont révélé la précarité de ce que nous appelons pompeusement « la civilisation ». Les acquisitions les plus évidentes se sont souvent effacées devant des mythologies collectives. Je pense aujourd’hui au ravage dû à l’expansion totalitaire de la religion musulmane. La politique dépouillée de ses masques a montré ses limites, ne serait-ce que dans sa lâcheté de l’abandon du principe de laïcité en confondant son rôle avec celui d’arrangements œcuméniques dans un laisser faire de brassage des peuples et des religions, espérant ainsi apporter une contribution à la lutte contre un racisme rampant et faisant pire en le rendant clandestin.
Du même coup, on a critiqué le raisonnement qui démontrait le contraire.
Notre époque serait donc favorable à une histoire universelle, puisque la planète entière participerait à un sort désormais commun. La civilisation du présent serait par conséquent commune à tous et ce progrès serait dû à la démocratie !
Ce qui rend une telle lecture des faits impossible, c’est que l’Europe ne sait plus si elle préfère ce qu’elle apporte ou ce qu’elle détruit.
En d’autres termes, le « dégoûtant empirisme » que dénonça si bien Georges Bataille, est en train d’empêcher toute critique constructive, et corrompt à la base toute tentative d’assainissement.
Nous sommes donc bien dans la phase ultime d’une démocratie interrompue.

16 avril 2007

Un œuf à peler.

Pendant les fêtes pascales, j’ai usé de la zapette comme tout oisif qui se respecte.
Évidemment, impossible de rater l’événement du jour : le pape au balcon et la foule massée place Saint-Pierre.
Enrégimentés selon leur origine dans des carrés de chaises, entourés de Suisses, les fidèles s’agitaient seulement au passage des paroles du pape dans leur langue, pour retomber ensuite hébétés, avec sur le visage l’adoration muette du chien pour son maître.
C’est toute la philosophie du Gai Savoir de Nietzsche qui me revint à l’esprit.
Comment peut-on croire encore à la sagesse des hommes quand les explications mystiques considérées comme profondes, ne sont même pas superficielles ?
Et je pensais à tous ces gens sérieux, convaincus, regardant avec amour le vieillard ânonnant en beaucoup de langues différentes sa propre conviction de ce qu’il serait finalement aléatoire et improbable de désigner comme une vérité, avec plus de chances de tomber pile sur une supercherie. Et je me disais en les voyant prier avec ferveur : Comment peuvent-ils être convaincus avec tant d’assurance ? Ignorent-ils à ce point les aléas de la pensée humaine ?
Et je reconnus les effets sur eux de la prière.
« La prière a été inventée par les hommes qui n’ont jamais de pensée par eux-mêmes et qui ne connaissent pas ou laisser échapper sans s’en apercevoir l’élévation de l’âme : que feraient-ils dans les lieux saints et dans toutes les situations importantes de la vie qui exigent la tranquillité et une espèce de dignité ? Pour que du moins ils ne gênent pas, la sagesse de tous les fondateurs des religions, des petits comme des grands, a recommandé la formule de la prière, tel un long travail mécanique des lèvres, allié à un effort de mémoire, avec une position uniformément déterminée des mains, des pieds et des yeux. Qu’ils ruminent donc, pareils aux habitants du Tibet, leur innombrable « salut précieuse fleur de lotus », ou qu’ils comptent sur leurs doigts, comme à Benares, le nom du dieu Ram-Ram-Ram ou qu’ils vénèrent Vishnou avec ses mille, Allah avec ses quatre-vingt-dix-neuf appellations, ou qu’ils se servent des moulins à prière ou de rosaires, - l’essentiel, c’est qu’avec ce travail ils soient immobilisés pendant un certain temps et offrent un aspect supportable : leur façon de prier a été inventée au profit des gens pieux qui connaissent les pensées et les exaltations puisées en eux-mêmes. D’ailleurs, eux aussi, ils ont leurs heures de fatigue où une série de paroles et de sons vénérables et une mécanique pieuse leur font du bien. Mais tandis que ces hommes rares - dans toutes les religions l’homme religieux est une exception - savent se tirer d’affaire tout seuls, les pauvres d’esprit n’y arrivent pas, et leur défendre de marmotter des prières serait leur voler leur religion, comme le protestantisme réussit à le faire de plus en plus. La religion n’exige d’eux rien d’autre que de se tenir tranquilles, y compris avec les yeux, les mains, les jambes et autres organes : ainsi ils sont momentanément embellis et - plus semblables à des hommes ».
(Extrait du gai Savoir, article 128 du Livre troisième)
Et avec le philosophe, je me posai la question : « A quoi servent donc ces églises, si elles ne sont pas les tombes de Dieu ? »

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Le propre des églises, des temples, des mosquées, des synagogues n’est-il pas la systématisation de « l’erreur » des autres, pour la glorification de la pensée juste à l’endroit où elle est proférée ?
Autrement dit, les religions n’exaltent-elles pas d’abord des sentiments de haine et d’exclusion ?
Aujourd’hui, c’est la religion musulmane qui a le pompon; mais les autres ont eu aussi leur heure de gloire, leurs fous de dieu, leurs intégristes et il n’est pas trop tard que l’une cède le relais aux autres, dans une entente spirituelle dont le seul but est de traduire le plus grand nombre possible de gens devant leurs tribunaux, afin que nous recevions au nom de leurs Dieux respectifs et qui pour une fois font position commune, la raclée de bois vert que nous méritons.

15 avril 2007

Le prix de la pomme de terre.

A propos de l’engagement par Joëlle Milquet de la journaliste de la RTBf Anne Delvaux, et de Pol Van Den Driessche, chef politique à VTM approché par le CDNV, on a pu lire tout et n’importe quoi : opportunisme, prime à la notoriété publique, manque d’éléments valables dans les quartiers généraux des partis, bref, tout, sauf la question essentielle.
Dans une société régie par le suffrage universel, comment donner la même chance à tout candidat briguant le suffrage des électeurs ?
Personne n’a réussi à apporter le moindre correctif à une des inégalités les plus criantes entre les citoyens, réduisant la démocratie à un simulacre.
Le népotisme singulier des chefs de parti appelant à eux des « locomotives » extérieures (cas Happart), modifiant des listes suivant des courants internes, sévit depuis toujours.
De véritables dynasties de père en fils/fille, toutes aux affaires, affiliées au même parti, y prélèvent par des mandats souvent cumulés, l’essentiel de leur subsistance. Trois générations vivent parfois des rentes de la pensée unique d’un grand’père.
Ce singulier conformisme des convictions serait étonnant, s’il n’était davantage suspect. Si le fils pense comme le père, n’est-ce pas plutôt en raison d’un confort intellectuel duquel il y a lieu de s’inquiéter ?
Les dynasties célèbres, on les connaît : Michel, Onkelinx, Mathot, Wathelet, même Happart dans l’amour à son jumeau … etc..
Comme l’a dit Louis Michel à la promotion du fiston Charles « être le fils de… ne peut pas être un handicap. » On rassure tout de suite la famille Michel, cela n’a jamais été un handicap pour personne, plutôt une aubaine.
Alisson Declercq à Charleroi et tant de deuxième génération rassurent les socialistes et les libéraux, sur « l’handicap » d’un père aux affaires.
C’est sur la facilité de l’ascension des louveteaux qu’il faudrait parler.
Pour les héritiers, le coup de pouce décisif est évident. Dans le cas des « forces vives » pêchées à l’extérieur, voir Anne Delvaux, Simonet, Ries et quelques autres, les deux premières n’étaient même pas inscrites au CDh. Elles avaient la reconnaissance du public pour des raisons indépendantes de la politique. Est-ce que ces personnes avaient des convictions, un programme, un idéal avant, d’être approchées ?
Il existe donc, il faut que l’électeur le sache, des privilégiés qui, quand ils le veulent, peuvent se présenter et être élus.
Les quelques interviews d’Anne Delvaux aux médias qu’elle quitte, sont éclairants sur sa personne. On imagine mal un futur mandataire n’ayant pas une vision claire de la société qu’il veut réformer. Pourtant, c’est le cas. En gros, Anne Delvaux s’insurge de la misère dans le monde, a les yeux qui se brouillent quand elle évoque la Belgique unie, et veut déposer des lois afin de protéger la jeunesse contre la liberté d’expression sur Internet. Vous me direz, d’autres ont débuté plus modestement encore. C’est le cas de Robert Collignon, fils d’un député permanent et qui avait l’ambition au départ de doter le parc d’enfants d’Amay … de balançoires ! Ce qui ne l’a pas empêché d’être Président du Parlement wallon, par la suite.

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A-t-elle jamais réfléchi, M’ame Delvaux et ses pareilles à la crise sociale et au besoin de réforme de ce pays ? Que pense-t-elle de l’organisation industrielle actuelle ? Est-elle pour ou contre la maintenance en l’état de la société de consommation et de l’omniprésence du système économique prépondérant ?
Voilà des questions essentielles que se posent sans doute des milliers de Belges, des électeurs condamnés au silence par les partis politiques, qui n’auront jamais l’occasion de s’exprimer.
L’élection devrait être l’occasion d’un grand débat où chacun à sa manière et selon ses convictions aurait une tribune.
C’est d’une grande naïveté de croire que les « fils de » ainsi que les personnalités attirées par les partis sont les meilleurs, qu’ils ont par conséquent, comme au tennis, le droit d’être bye au premier tour, que leurs paroles sont les plus intelligentes que nous puissions entendre.
Chacun déposera son petit bulletin dans l’urne, sans grande conviction et sans la moindre illusion sur la capacité des ténors choisis par les présidents, les papas et les mamans.
Qu’est-ce que vous voulez, quand on est incapable à trouver des formules pour l’égalité réelle des citoyens, comment voulez-vous que cela fonctionne ?
Le principe étant celui de durer, les « privilégiés » auront à cœur de rester passifs, normatifs et centristes. Ils nous représenteront au début dans l’enthousiasme des premières paies, après par intérêt personnel, ils deviendront mous et contents d’eux-mêmes. Ils auront des bilans favorables plein les tiroirs.
Cela n’empêchera pas le prix des pommes de terre d’augmenter, la vie sociale de se dégrader, les Flamands d’être plus nombreux que les Wallons et Anne Delvaux de s’intégrer parfaitement dans un parti, à faire de beaux discours et aller bronzer ensuite lors des vacances parlementaires, en s’imaginant parfaitement dans son rôle, en un mot : la conscience nette.

14 avril 2007

Une solution finale.

On a beau se dire, la valeur d’un homme n’a rien à voir avec ce qu’il gagne, ni avec son statut, c’est toute la philosophie et la morale qui sont ici contrebattues par les faits.
Platon situait la fourchette de revenu des citoyens de 1 à 5. Aujourd’hui elle est de 1 à 30 !
Les derniers exploits de Forgeard, le patron qui s’est fait viré pour incompétence, n’est pas dans le fait qu’il a failli mettre en liquidation la société européenne Airbus, mais dans l’indemnité de sa sortie de connerie. L'ex-patron d'Airbus, Noël Forgeard, a eu droit à plus de 6 millions d'euros d’indemnités, auxquels s'ajoute une prime de non-concurrence de 2,4 millions.
Comment est-ce possible ce pactole venant d’une entreprise où les Etats allemand et français ont une part et qui s’apprête à licencier des milliers de travailleurs ?
C’est la magie des Conseils d’Administration ! Le patron sortant est celui qui peut tout jusqu’à la dernière minute.
On peut rêver à limiter le payement des parachutes dorés en Europe ; comme beaucoup de sociétés ont leur siège au Honduras ou à Madagascar, vous pensez si les marlous s’en tapent.
Nous touchons ici au fétichisme de l’argent.
Pourquoi, diable, Forgeard, la soixantaine gaillarde, a-t-il besoin de tant d’argent pour péter dans la soie jusqu’au jour où il faudra bien péter moins haut et claboter comme tout le monde ?
Beaucoup moins de ce que lui ont alloué les actionnaires.
C’est ça qui est affligeant, Forgeard et tous ceux de son espèce, sans payer aucun droit de succession par des procédés les plus honnêtes du monde, vont pourvoir leurs proches, famille, maîtresses, hommes de confiance, etc, d’argent facile. C’est ainsi que se crée dans la société une nouvelle couche de parasites, une faune de personnages surdimensionnés par leur capacité financière et hors de contrôle.
Le pactole divisé ou pas, le porteur aura à sa portée des éléments de domination, voire de violence, venant du fait que l’argent est indifférent à la nature et à la finalité de l’échange. Ces masses d’argent manipulées par des individus sans scrupule du type Forgeard peuvent tromper les banques (ont-elles besoin de l‘être ?) sur l’argent sale, puisque c’est dans la gestion des grandes fortunes qu’il est le plus facile de l’intégrer. Tandis que le pauvre con qui va à la banque déposer trois mille euros, devra en donner la provenance au guichetier !
Aujourd’hui, toutes les grandes fortunes ont un rapport direct avec l’argent sale. Certaines grandes fortunes sont elles-mêmes faites uniquement d’argent sale. Va-t-on va demander à un milliardaire russe qui investit 10 millions d’euros dans un collier de diamant chez Cartier, si son argent est sale ?

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Même ceux qui fulminent et qui considèrent que l’argent est devenu un « acte religieux », sont sensibles à leur petit niveau au profit et à la puissance qu’il procure.
Ainsi Claude Rolin, secrétaire général de la CSC lorsqu’il s’écrie - pour le scandale d’un patron américain de la bière belge, licencié à la manière Forgeard - "Cela crie à l'injustice. Ce n'est pas acceptable d'un point de vue éthique. Il faut veiller à ce que l'économie belge reste compétitive grâce à la modération salariale (5 pc de hausse sur deux ans), de l'autre, les rémunérations des CEO ne font l'objet d'aucun encadrement. Au moment des négociations en vue de l'accord interprofessionnel, de nombreux travailleurs sont indignés des montants atteints. Comme si le seul manager devait être rémunéré pour les résultats de la société. Ces absurdités fragilisent le système. Un petit nombre de personnes jettent le discrédit sur le fonctionnement de l'économie". L’ami Rolin doit quand même se sentir beaucoup mieux rémunéré que l’employé des guichets de son syndicat et risque, lui aussi, à son modeste niveau de jeter le discrédit à l’intérieur de l’organisations syndicale, toute proportion gardée, évidemment. C’est dire comme le rapport avec l’argent est fort ambigu.
Le culte du profit occulte toute tentative de remettre à plat les questions de rémunération. Depuis le haut jusqu’au bas de l’échelle, ce ne sont que chuchotements et mystère.
L’amour du pognon en occident a submergé la foi chrétienne. Il annonce la mort d’un dieu et s’inscrit comme un événement majeur dans l’Histoire des religions.
La culture des marchands agit comme une religion. C’est toute une nouvelle conception de la vie humaine. La conversion au culte de l’économie est un fait total.
Des parachutes dorés, aux pauvres lois morales dont les dirigeants ne parviennent plus à entretenir les peuples, il est clair que la société contemporaine est à la veille d’une grande implosion, dans laquelle les Forgeard et consorts, et même les Rolin, seront engloutis dans le magma.
A l’avènement du chaos, il se trouvera des scrupuleux qui auront des remords vis-à-vis des événements passés à la lumière desquels on aurait pu agir autrement.
Qu’importe, il sera trop tard.
Et ici, il n’y a pas un délai de quinze ans comme en écologie.
Nous n’avons pas osé une solution. C’était celle des Versaillais de 1871 qui tuèrent 15.000 parisiens parce qu’ils avaient des mains calleuses d’ouvriers. Vous voyez bien que c’est impossible d’appliquer cette formule aux 15.000 plus grosses fortunes d’Europe.
Et pourtant, c’était la seule solution.

13 avril 2007

Ces dames sont au salon.

Anne Delvaux quitte la RTBF pour s'engager en politique au CDH !
Que voilà une information, dis donc !
Delpérée au bastringue, Milquet à la caisse et les mignonnes Delvaux et Simonet en vitrine !
On ne peut pas dire que Milquet fasse dans la dentelle.
La profession d’ouvreuse à la télévision mène à tout, à condition d’être ramasseuse de voix. Le reste, on s’en fout. Le programme du CDH, vous pensez, même Milquet s’en tape.
On ânonne suivant le prompteur toutes les conneries débilitantes qui font du Belge moyen un des meilleurs sondés au monde ; puis quand on a suffisamment mijoté et fait fantasmer le turgescent amateur, on descend dans la rue afin que le reste de la population mate la personne. Car enfin, la Delvaux, est-elle grande, petite, les jambes fortes, fluettes, le cul bien potelé ou plat, mystère ? Déjà avec l’ancienne de RTL, la Ries, on a été déçu, celle-ci quelle cote on va mettre ? Monseigneur Léonard en tremble. On a vu le haut, on attend le bas. Si elle s’était pas présentée, comment on saurait ?
Deuxième sur la liste, tout de suite derrière l’éteignoir de chandelle Delpérée, que voilà une promotion pour pas cher. Joëlle adore tirer ses charmantes du joug oppressant du travail pour des carrières de placeuses humanistes d’aspirateurs au pouvoir. Déjà qu’elle avait séduit la Simonet qui s’emmerdait aux voies navigables à Liège, la législature précédente, et qui est passée illico aux voix flottantes. Voilà qu’elle frappe boulevard Reyers, sacrée mutine !
Manque plus qu’une meneuse de revue du théâtre des Galeries pour conduire nos charmantes à la chambrette des députées.
Le PS se tâte, à part Yeux de braise, l’Homo n’a personne. On ne peut pas dire qu’Anne-Marie Zinzin ou Laurette d’Anderlecht soient glamours. Reste plus qu’au chef à s’habiller Gay-Pride et se mettre en vitrine dans les télévisions locales.
Quant au CDh, à croire qu’il n’y a plus de gens montrables, ou que les assidues chaisières ont trop de poils au menton pour être affichables et télévisuelles. Sinon, on ne dit pas l’effet d’un parachutage au nez de celles et ceux qui glandent depuis dix ans et qui doivent regretter de n’avoir pas consommé avec Gérard Deprez sur un guéridon du MR en attendant le verdict de gros Loulou.
On suggère quelques pointures en prison qui seraient fortiches au score, tant on a d’eux des souvenirs impérissables. Dutroux, par exemple. On le verrait au Front à Charleroi. Les Carolos sont tellement dégoûtés des pieds nickelés locaux qu’ils sont capables de faire un tabac au grand homme !
Rayon célébrité, plus frais un Tom Boonen aurait des chances de remiser son vélo pour quatre ans. Hennin plus du tout Hardenne n’a qu’à téléphoner un seul « oui » depuis Monaco et c’est parti pour une nouvelle carrière, dans un parti au choix.
Qu’est-ce que ces militants de la dernière minute ont à dire, sinon ce qu’on entend depuis des années : la politique belge est au niveau du caniveau.

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Peut-être bien, d’ailleurs, dans ce contexte, qu’Anne Delvaux ait tout à fait une place.
« Une décision mûrement réfléchie », donc elle réfléchit, c’est toujours ça !
« Ce parti met l'Humain au centre de mes préoccupations, ce qui me correspond parfaitement. La vie est courte et des opportunités comme celle-là, il faut les saisir. Je me sens proche des idées des humanistes. Certains diront qu'il s'agit de l'ancien PSC : NON ! C'est le Centre démocrate humaniste. Catholiques et non-catholiques, on avance ! ».
Voilà une nouvelle militante qui se sent proche ! Elle adhère presque… Encore un effort et la voilà sénatrice et presque membre du parti.
On sent l’opportunisme percer dans ses déclarations. Les treize années boulevard Reyers ont dû lui tomber sur la patate. Cependant, on n’a jamais vu des parachutés faire de brillantes carrières. La raison est que si tout le monde s’efface pour laisser ramasser des voix à l’impétrante, une fois la chose faite, les frustrées en attente de mandats vont déchiqueter la Delvaux que c’en sera un bonheur. Et malheur à la femme-tronc si elle trouve Milquet trop maquillée ou vulgaire et qu’elle veuille prendre sa place.
Elle pourrait très bien finir sa carrière aux archives de la RTBf.
La madone des petits écrans avait "Envie d'autre chose". "Je n'ai vraiment pas l'impression d'être utilisée, se défend-elle. Il y a des intérêts qui se sont trouvés au même moment sur la même longueur d'ondes. J'ai constamment envie d'apprendre, je ne dis pas que je n'apprenais plus rien à la RTBF mais j'avais envie de connaître autre chose."
Il est vrai que, voilà longtemps que nous n’attendons plus rien de la télévision nationale.
Une nouvelle recrue des Banques, vocation classe moyenne, la Delvaux ?
Même pas.
Juste là pour passer les épingles à la présidente au dernier essayage avant les urnes.

12 avril 2007

Les présidentielles : un mini événement.

L’élection prochaine en France, le tapage qui en est fait, la mobilisation des partisans des candidats face à une certaine apathie des électeurs, le battage médiatique, tout enfin, laisserait penser que, quelle que soit la personnalité élue, le destin du pays s’en trouvera modifié par une nouvelle et radicale transformation.
Les politiques confrontées sont-elles à ce point antagonistes, si l’on excepte celles pratiquées par les extrêmes et qui n’ont aucune chance de pouvoir les appliquer par l’élection de leurs leaders ?
A y regarder de près, on se persuade vite qu’il n’y a pas trente six manières de disposer des budgets, qu’ils ne sont pas extensibles et qu’ils ne peuvent croître que par la croissance ou de nouvelles taxes.
Mais ce qui rendent les observateurs sceptiques, empêchent les transformistes et les euphoriques de voir sur le terrain des réformes en profondeur, ce sont bien évidemment les règles incontournables du système économique mondial !
C’est un carcan dont plus personne aujourd’hui parmi les chefs d’État des grandes puissances n’envisage le moindre changement. Mieux, la Chine communiste s’y est ralliée. On verra comme Hugo Chavez s’en tirera dans sa rébellion ouverte.
Omni puissant le système économique mondial fait évidemment de l’ombre à la politique, puisque c’est lui qui détermine les moyens dont chacun dispose pour promouvoir ses concepts.
Bâti sur le profit, émancipé de toute morale, énonçant avec mépris pour l’ensemble de l’humanité un système de prîmes aux plus « intégrés », c’est-à-dire aux plus roublards et de pénalités aux moins adaptés, c’est devant cette chose que le nouveau président de la République devra s’expliquer avec les Français.
Comme il ne pourra pas grand-chose, beaucoup de promesses ne seront pas tenues, comme à la fin du règne d’un Chirac, l’opinion en arrivera à désespérer un peu plus « de la fracture sociale ».
Les Français ont grand tort d’avoir rehaussé la fonction présidentielle à la façon d’un adoubement d’un roi à Saint-denis. Ainsi se sont-ils jetés un peu plus dans la pompe des apparences du pouvoir et ses conséquences funestes sur le moral des populations.
Le président Coty qui n’inaugurait que les Chrysanthèmes était dans une situation représentative plus adéquate que ne le sera jamais le tonitruant Sarkozy, successeur probable, du « très écouté » Chirac dans le concert des Nations et dont la politique à tous égards, intérieure, comme extérieure, a été égale à zéro !
C’est que depuis plus de dix ans le système économique mondial a resserrer ses réseaux, a pris plus d’importance et impose à présent la logique capitaliste sans état d’âme.
Pour bien saisir les progrès réalisés par la machination mondiale, il suffit de réaliser qu’elle s’est appropriée les notions de liberté et de démocratie au point de les avoir intégrées et assimilées à la fabrication des produits dans la liberté d’entreprendre.
Aujourd’hui, les chefs d’Etat « en pointe » le savent bien, puisqu’ils parlent de « moraliser » le marché mondial, tout en intégrant avant même toute discussion, la morale au système économique universel. Si bien que l’on comprend qu’il s’agit en réalité de dédouaner le système en lui prêtant des vertus qu’il n’a pas.

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C’est là toute l’ambiguïté de l’exercice du pouvoir, comment expliquer aux masses que le seul « avantage » du système, c’est son efficacité et que ce seul avantage prime sur toutes les autres manières de vivre ensemble dans le respect d’autrui et du bien public ?
Car les désavantages sont énormes et iront croissant avec les nouvelles inquiétudes écologiques. Comment, en effet, concilier la recherche du profit avec l’épuisement des ressources naturelles et la montée des dangers en partie directement liés au système économique mondial ?
Quand des hommes vivant en société regroupant des millions, voire des milliards d’humains, laissent aux puissances d’argent le soin de distribuer les dividendes de leur travail à une poignée de prédateurs économiques, on peut s’attendre au pire de la part des assujettis à une telle puissance privée.
Comment le nouveau président va-t-il concilier ces antagonismes ?
On aura compris que ni la gauche traditionnelle, ni la droite classique n’ont les moyens de renverser le pouvoir de l’argent.
Il s’agira bien de compter « avec ». C’est-à-dire que les compromis de compromis deviendront vite incompréhensibles aux Français. Et cela davantage avec Sarkozy, qu’avec Ségolène Royal; car, malgré tout, il reste à la gauche collaborationniste un fond de teint aux couleurs populaires que le PS conserve encore dans sa trousse à maquillage de ses sentiments à notre égard.

11 avril 2007

L’éloge de la masturbation.

Il paraît que dans les cours de récré, des marmots de six-sept ans se traitent de pédé. Afin de faire cesser cette ambiance déplorable de corps de garde, d’autant que dans ce pays, on n’est plus astreint au régime militaire, l’évanescente Marie Aréna a mis au point une notice à la gloire des gays célèbres, à seule fin que la jeunesse trouve de plus judicieuses invectives.
Le voilà dans toute sa dialectique imbécile, ce régime qui passe son temps à normaliser dans des termes convenables jusqu’au plus intime des gens.
Que la femme d’ouvrage, pour sa dignité, devienne technicienne de surface, je n’y vois qu’une attitude plus respectueuse vers elle; qu’un sourd passe de son statut à celui identique mais moins « traumatisant » de mal entendant, il y a la un excès dans les précautions du langage dont je ne vois pas l’utilité. D’autant qu’un sourd profond, ce n’est pas un mal entendant, c’est un sourd, tout simplement. Mais ce qui atteint l’absurde, c’est de faire un discours sur les goûts et les couleurs en matière de sexe. Chacun s’exprime là de la manière qu’il veut et cela ne regarde personne.
Pour la sémillante Marie, il convient, au contraire, de mettre des étiquettes sur les mœurs, et d’appeler à l’aide, pour ce faire, les gays célèbres.
Cela arrangera-t-il les choses sous les préaux si au lieu de se traiter réciproquement de pédé, les élèves se traitent de Jules César, d’Oscar Wilde ou d’Elio di Rupo ?
Car, si c’est sans savoir qui était Jules, Oscar ou Elio, je ne vois qu’une issue et elle est malheureuse, c’est de substituer une injure anonyme à une autre personnalisée, apparentant ainsi le gay célébré aux noms abominés que l’histoire nous a légués, comme Adolphe Hitler, ou Torquemada.
Il paraît qu’Elio n’avait pas été consulté pour que son nom parût au dictionnaire didactique des gens de la jaquette, mais qu’il aurait approuvé après coup le choix d’exposer aux regards enfantins ce qui avant avait l’aspect d’une sale manie et qui est aujourd’hui entrer parfaitement dans les mœurs, fût-ce par la porte étroite.
Il est quand même singulier ce procédé de madame Arena. Même passé à la postérité pour quelques singularités, il me serait inopportun que l’on considérât mes relations sexuelles d’hétéro comme devant faire modèle, même si dans les parages des écoles, des mouflets déchaînés se traitaient de besogneux de la quéquette, de baiseurs de pute et j’en passe, en tenant compte que rien n’égale la jeune imagination dans ces domaines particuliers dans lesquels la modernité de l’expression est d’une force insoupçonnée.
A moins que cherchant la notoriété à tout prix, le président du PS n’en ait conclu que toute publicité est bonne à prendre pourvu que se répandît le nom d’un homme proclamé le meilleur par les uns, vilipendé par les autres.
Reste que les exemples les plus célèbres ne sont plus de ce monde pour approuver ou désapprouver la ministre aux yeux de braise.
Si Alexandre le Héros en était et Jules le Grand pareil, comme André Gide, ils n’en étaient pas moins des polyvalents aux exploits - si l’on en croit la légende - supérieurs au simple mortel. Auraient-ils apprécié que leurs belles hétaïres sussent leur passé d’homo ? On n’en sait rien et dans le doute, la discrétion s’impose.
Par contre pour Kemal Atatürk, la chose est certaine, ses plus chauds partisans ne le voyaient pas comme cela. Cette opinion générale va évidemment à contre sens de la politique arénienne de la vérité historique et tendrait à augmenter par le nombre l’outrage dans lequel voulait obstinément faire sortir la ministre tous ceux que le terme de pédé offusquaient.
Comment dans les cours d’école va réagir désormais le fort contingent turc ?
Y aura-t-il des mises au point ?
Et dans quel sens devra-t-on dire aux jeunes attentifs que le père de la Nation n’en était pas ?
Voilà bien le piège dans le genre d’éducation actuel qui fourre son nez dans tout, pour en ressortir plus ahuri encore que par le passé. La ministre poussera-t-elle l’audace jusqu’à faire supprimer dans le Larousse une des sept définitions du mot « tapette » ?

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On s’est attaqué aux mauvaises habitudes comme le tabac, le racisme rampant, la haine des autres, avec le résultat que l’on sait. Il semblerait que le racisme ordinaire soit toujours autant répandu qu’avant. Voilà qu’on s’attache au sexe et qu’on nous montre ce qui se fait, mais ne se dit pas en termes agressifs. Cependant, l’homosexualité n’est pas, dans ce domaine, le plus répandu des moyens d’exulter, comme l’hétérosexualité du reste, la masturbation vient en tête dans les deux sexes.
Qu’est-ce que l’opportuniste Marie attend pour en faire l’éloge ?
Encore qu’à la réflexion, il semblerait inutile d’en faire une circulaire. Cette forme d’érotisme circule bien toute seule, même dans les petites classes, encore que les exemples de grands masturbés de Dali à Genêt en passant par Céline et la vaillante sentinelle de Brassens, soient encore assez mal connus et mériteraient de l‘être.

9 avril 2007

La ligne de flottaison.



On amuse les gens, comme à l’ancien temps des bals musettes. On parle de progrès, de la qualité de la vie, de l’amélioration constante des conditions d’existence.
Pourtant, croirait-on vivre cent cinquante ans après Germinal, quand des gens dorment dans la rue, tandis que s’affichent les salaires des dix meilleurs « gagneurs » du pays ?
Et encore, on nous prévient, nos patrons ont du mérite. S’ils étaient américains, ils gagneraient beaucoup plus.
Il y a dans cette dichotomie une injure à l’intelligence des gens.
D’autant que, attention, les pauvres décideurs ont des responsabilités, un travail énorme, que nous ne sommes pas capables de comprendre, avec notre insouciance, notre perpétuel ricanement, nos besoins toujours en expansion, à tel point que dès qu’on nous demande un petit effort, comme travailler un peu plus et gagner un peu moins, on ne voit plus personne !
Mais qu’est-ce que c’est que ce beau tapage autour du progrès ?
Notre responsabilité est bien engagée. Si le produit intérieur brut ne progresse pas assez, c’est entièrement de notre faute. On travaille mieux et pour pas cher au Bangladesh.
Justement, parlons-en du Bangladesh.
On en est arrivé à nous faire entrer dans la tête que notre excessive consommation allait être bientôt la cause d’un grand désastre naturel. Notre immodestie réchauffe la planète. Il faudra trouver les moyens de consommer moins. Cela correspond très bien à la politique du gagner moins et travailler plus. Notre destin est bien clair : nous devons croire au progrès social, à la démocratie et au slogan selon lequel tout s’achète et tout se vend, pourvu que l’intermédiaire s’y retrouve, sauf que le travail en plus, c’est en principe des biens de consommation arrachés à la planète, disputés aux ressources naturelles, qu‘il faudra bien que les humains consomment.
Si ce n’est plus à nous que ce travail supplémentaire va profiter, c’est à qui alors ?
On ne sait pas. Personne ne sait rien. C’est une sorte de chape de plomb qui s’est abattue sur les « animateurs » des progrès. Ils auraient bien aimer nous expliquer les raisons qui les animent, un club sur une chaîne de télévision pour une vaste prise en charge des problèmes, les assises d‘une planète étranglée de nos grosses paluches d‘équarisseurs de forêts amazoniennes. C’est absurde, la fine combine qui concilierait production accrue et diminution de la consommation, apparemment nous sommes trop bêtes pour en saisir le mécanisme. Décidément trop actifs au musette, trop portés sur la modernité en matière de plaisir, nous ne pourrions apprécier l‘effort de tous les staffs « animateurs ». Nous décourageons les bonnes volontés !
Pourtant, on nous avait prévenu, nous dérangeons le cours naturel de la planète. L‘autre, avec son gros salaire ne dérangeait personne. Nous, plus vicieux, nous dérangeons tout le monde. Et ce n’est pas faute de ne pas nous avoir été semoncés. Déjà, il y a plus de cinquante ans, on n’en n’avait plus que pour vingt ans à peine. Un demi siècle plus tard, on en a quand même encore pour quinze ans. Quinze ans de paradis, comme du temps où Johnny Wesmuller transforma les studios de Hollywood en paradis tropical. On a économisé sur la date de l’imminence de la catastrophe ! Ce n’est pas mal, dans le fond.
De notre criminelle conduite, qui va pâtir en premier ?
Les pays pauvres, pardi !
Les marinas des côtes d’Afrique sont menacées. Les propriétaires des yachts qui y mouillent régulièrement sont consternés.
On aurait pu imaginer les dix plus gros salaires de Belgique prêter leurs embarcations de fortune à la misère du monde, d’autant que les pays pauvres sont ceux qu’ils préfèrent, attendu que les domestiques y sont pour rien.
Hélas ! C’est nous les criminels. Faudra jamais l’oublier.
L’Haut-lieu en est à ne plus savoir que dire. Que leur système soit la cause de tout, c’est ça qui serait tragique si cela devait revenir aux oreilles des besogneux.
Heureusement personne ne le leur dira.
On continuera de voter Sarkozy. C’est tout juste si le col du verre de bière prendra la dimension de celui de Lagerfeld.
Faudra supporter de bosser les pieds dans l’eau. C’est tout.
Mon arrière grande père l’avait bien jusqu’aux couilles, jadis, dans les corons.
C’est quand même un progrès, non ?

8 avril 2007

l’appel des clocloches.

Tout est déjà trop loin, ou trop tard.
Qu’est-ce qui ferait bien revenir en arrière, nouveau départ à l’aptitude zéro, les surmenés du travail ?
Personne n’a jamais innové quoi que ce soit. On est dans quelque chose que, si ça tombe, même les grands parents n’en ont jamais voulu. Revenus du royaume des ombres, ils s’exclameraient : « Vous en êtes toujours là ! ».
Avec des bonnes volontés de raccroc, la plupart venant d’on ne sait qui, pour faire on ne sait quoi, la Société s’est ainsi formée, sans aucun modèle que suivre une vague piste au milieu des cimetières et des vivants, dans une confusion telle que même le jeu politique ne parvient plus à rattraper rien, à modifier rien
Là-dessus, des métiers se sont organisés, les uns nécessaires, les autres fort peu importants. L’étrange, ce sont les métiers fort peu importants qui ont pris le pas sur les autres. On ne sait plus travailler à rien, sans les banques. Les banques passent leur temps à nous prêter notre argent ! C’est judicieux, mais franchement, est-ce qu’un boulanger n’est pas plus utile ?
Bien entendu, des traditions naissent d’un vide continu. Le libéralisme, par exemple. Les grandes traditions s’y prennent mieux que les pieds au cul. Alexis de Tocqueville, le père de la merde actuelle avec quelques autres forbans, moralistes de bazar pour comptoir mozambicain, voilà les héros de Didier Reynders. Et c’est de cet exemple là que nous nous réclamons aussi ! C’est là-dessus que Hobbes, Keynes et les autres ont disposé de l’avenir de tous, que des relais se sont fondés et que le petit personnel pointe depuis sous l’œil des behavioristes, avant d‘enfiler la blouse de monsieur Parker, au nom de l‘efficacité américaine.
Et c’est dans ce terreau à asticots que s’est enracinée la démocratie !
Nous n’en avons pas fini de l’admirer, telle quelle, mirobolante tarte à la crème que nous envoient plein dans la gueule, ceux qui croient pour nous à ces simagrées.
C’est de ces fariboles que l’on nourrit le peuple; celui-ci gavé de toutes les conneries est prêt à croire tout, absolument tout, et surtout à monter au créneau pour défendre « sa » liberté, unique en son genre, puisque le plus clair de celle-ci consiste à « se placer » dans un de ces trucs sordides où le destin contraire pousse la planète entière.
L’Haut-lieu passe la guimauve dans de subtils dosages. C’est facile, tout lui appartient. Il s’est affilié à tous les partis, connaît par leurs prénoms tous les échevins de Charleroi, fréquente les patrons de la FEB, fonctionne sur RTL et RTB, distille la même soupe populaire pour les émasculés, les cinglés et les pervers. On ne serait pas plus étonné que cela de le voir ombudsman à la FGTB, fréquenter le patronage de monseigneur Léonard et bondir tous les lundis à la Loge de la rue Darchis.
Grâce à la démocratie capitalisante et pourvoyeuse de bienfaits, on ne serait pas bouleversé d’apprendre que la majorité absolue soit enfin atteinte par la minorité vitaliste, énergique et traditionnelle d’avenir.
C’est ça, après tout, la démocratie : une gonzesse qui se laisse pincer les nichons par les plus hardis, tandis qu’elle appelle les flics pour les plus couillons.
C’est ainsi que nous la voulons tellement et qu’elle ne nous veut pas, que nous la violons tous les jours, éperdument amoureux. Alors que nous savons tous dans quel lit elle couche et avec qui elle fait ses cochonneries de vieilles vicieuses.
D’accord, elle n’est pas pour nous. Nous n’avons jamais eu les moyens de l’entretenir, ses dépenses, ses lubies, ses coups de cœur. Nous ne pouvons que mater quand elle bouge ses bas pour s’ébattre dans les draps de soie, grosse truie pathétique, quand l’Haut-lieu l’injecte en notre nom à tous.
Et cela nous fait plaisir, de voir comme elle est bien maquée par la bande internationale de reconversion des énergies et des profits, dont nous recueillons les étrons comme des reliques, avec le sentiment que nous nous élevons au-delà du permis dans le sens du devoir, de la patrie et des traditions.
Il manque à ce tableau de rêve les moyens de nous faire péter des flammes pour le bonheur général qui ne touche jamais que quelques particuliers. Avec le réchauffement de la planète assuré, je crois que l’Haut-lieu a trouvé la combine pour nous faire bosser à l’œil.
Le libéralisme démocratique et populaire au service de l’écologie, il ne manquait plus que cela !

7 avril 2007

Le démon de l’écriture.

Ainsi vont les choses, les techniques évoluent et ce qui semblait être incontournable, disparaît comme si cela n’avait jamais été.
C’est ainsi que l’imprimerie plomb dont l’usage remontait à Gutenberg, s’est effacée dans les années 60 au profit du système d’impression offset.
Avec cette mutation des techniques, les journaux et périodiques se sont adaptés, tant bien que mal. Mais, il était dit que la fin des linotypes, des courses bruyantes des grouillots, des ordres rauques des protes, des va et vient des journalistes procédant à des ultimes corrections sur « le marbre » et des correcteurs plume de coq à la visière brassant des morasses à peine sèches, allaient précipiter dans le vide les journalistes eux-mêmes.
Y a-t-il eu un effet de symbiose entre la technique et la plume ?
On ne peut pas nier que le plomb véhiculait des traditions parfois centenaires lesquelles entretenaient d’autres traditions, intellectuelles celle-là qui regroupaient en un seul corps les esprits qui nourrissaient le plomb de leur savoir et de leur opinion.

Évidemment, ce qui fait l’essentiel des problèmes de la presse aujourd’hui tient plus d’un souci de rentabilité et d’efficacité comptable dans un contexte où l’écrit cède peu à peu la place à l’image, qu’à la nature dénaturée des nouveaux professionnels.
J’ai cru longtemps que les journalistes faisaient leur malheur eux-mêmes, par leur manque d’audace, par l’abandon de l’esprit de polémique et par la soumission volontaire aux intérêts partisans de leurs employeurs.
Je m’étais trompé.
La presse se meurt parce que les mœurs ont changé et que les nouvelles générations de lecteurs se contentent d’aperçus sommaires des situations qui auparavant auraient fait polémiques au sein de la corporation.
Les typographes de jadis, dont la reconversion à l’offset ne se fit pas sans peine, ni sans déchets ont depuis longtemps abandonné la partie. C’est à présent le tour des journalistes de payer le prix fort des modifications de l’information.
On peut épiloguer sur la disparition prochaine de la presse écrite. Tout n’est pas encore joué. Certains organes de presse affichent une belle santé. Ils sont évidemment rares. Tout se passe comme si les nouvelles concentrations poussaient les lecteurs de moins en moins nombreux à se regrouper sur quelques titres prestigieux.
Mais, ce qui faisait l’intérêt de la presse à l’ancienne, c’était justement cette grande diversité dans l’opinion, dans les formules et dans la volonté toujours combattue par les directions de laisser les journalistes s’exprimer en toute liberté.
Les nouvelles concernant l’éducation des masses sont mauvaises. Faut-il attribuer le déclin de celle-ci à la volonté centriste d’exterminer les contraires ? Ou bien l’esprit critique qui venait aux masses dès la naissance, a-t-il battu en retraite devant le nouvel illettrisme ?
Les lecteurs disparaissent, les moyens mis à disposition pour les investigations diminuent. Les Agences de presse fournissent le plus clair d’une information internationale, non recoupée ou rarement. Tout cela contribue à faire de l’eau au moulin des détracteurs de la presse écrite.
C’est dans la logique capitaliste des regroupements et des licenciements dans des perspectives d’un avenir décidément bouché, qu‘il faut envisager toute perspective d‘avenir.
Ce n’est pas aux journalistes de passer ainsi la main, et comme le firent les corporations plomb de l’imprimerie du livre, faire une révérence et présenter au public des excuses d’être encore là.
Le défaut actuel se situe dans l’éducation des masses et le peu d’intérêt qu’offre l’écrit au vaste public. Celui-ci devrait savoir que si les journalistes disparaissent, c’est un peu de leur pouvoir démocratique qui disparaît avec eux.
La seule manière de faire pour sauvegarder cet outil essentiel de la démocratie, c’est de reprendre patiemment l’éducation par la langue à ceux qui jamais plus n’écrivent, ni ne lisent Le sauront-ils encore demain, au train où vont les choses ?
Les perspectives d’élection en France comme en Belgique ranime quelque peu le souffle moribond.
C’est en cette occasion le moment de faire sentir le besoin d’informations écrites.
Il est regrettable qu’une publicité venant de l’Education nationale ne vienne pas appuyer ce léger regain.
Seule source de satisfaction, mais qui concerne au-delà du journalisme classique ceux qui ont la passion d’écrire pour être lus, les blogs sur le NET sont en progression exponentielle. On y trouve le meilleur et le pire et il manquera toujours à cette nouvelle formule journalistique, le sens d’une certaine mesure, la rationalité informative, les sources sérieuses et surtout les recoupements nécessaires à toute information digne de foi.

6 avril 2007

Allo facteur ?

Allo facteur ?

C’est l’empêché de Mons à l’appareil…

Il n’y a pas de quoi se réveiller la nuit, mais le PS a tenu quand même à préciser son programme applicable dans trois mois, dans la mesure où il fera partie du gouvernement et où dans la coalition de celui-ci, il n’y aura pas de-ci, de-là, quelques innovations à raboter, voire à abandonner au profit d’une réforme du partenaire.
On voit ainsi qu’il n’y a pas de la coupe aux lèvres et que déjà déçu devant la timidité de propositions plutôt centristes et modérées, les électeurs socialistes risquent de ne pas voir grand-chose à l’arrivée, d’autant qu’en plus des aléas déjà cités, il y a ce que tout responsable oublie souvent en cours de route, selon la formule de Queuille « il n’est aucun problème, qu’une absence de décision ne puisse résoudre ».
Mais à la boutade de l’ancien président du Conseil français, un raisonnement plus sérieux vient corroborer le honteux immobilisme du socialisme ambiant et, avec lui, celui de tous les autres partis.
L’histoire se fait de telle façon que le résultat final se dégage toujours des conflits d’un grand nombre de volontés individuelles, dont chacune à son tour est faite telle qu’elle est par une foule de conditions particulières d’existence ; il y a donc là d’innombrables forces qui se contrecarrent mutuellement, un groupe infini de parallélogrammes de forces, d’où ressort une résultante – l’événement historique – qui peut être regardée elle-même, à son tour, comme le produit d’une force agissant comme un tout, de façon inconsciente et aveugle.
On voit à cette citation d’Engels à quels aléas nous nous heurtons et comme électeur peut, à bon droit, se dire impuissant et écoeuré devant la politique.
Alors, vous pensez, les « Chantiers de demain » du parti… de toutes manières ce ne sont pas les promoteurs qui se retroussent les manches, là comme chez Bouygues.
Au fait, vous avez déjà entendu parler des « Chantiers de demain » où nous étions conviés, vous et moi ?
J’attends toujours le petit carton. Car, il y en a à poser, des questions et pas qu’aux rosés !
D’après ce qu’on lit dans les journaux, les chantiers sont restés des plus modestes. On est loin avec Di Rupo des projets de Calatrava.

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Une meilleure prise en compte des loyers dans le calcul de l’index, la lutte contre le cancer, le congé de maternité rénové que voilà beaucoup de bruits pour des choses « allant d’elles-mêmes » ! A commencer par l’index. Pas que des loyers, l’index ne reflète pas le coût de la vie. C’est bien connu. Amalgamer le prix des appareils électroménager et du matériel hi-fi, stable sinon en baisse, avec le prix du pain, de la viande, des fruits et des légumes en forte hausse, en même temps qu’on en fait sortir le coût des carburants, c’est se moquer des petites gens qui savent combien les prix ont bondi depuis l’euro dans le domaine qui touche surtout les bas salaires. Alors réparer, un tant soit peu, cette imposture de l’index, c’est bien, mais ce n’est pas une avancée sociale, c’est réparer une injustice flagrante.
Un couplet sur la drogue, un autre pour les jeunes mamans en quête de crèches, une roucoulade du genre Téléthon contre le cancer, bon sang, mais c’est bien sûr, cela concerne tout le monde et personne…
Les chantiers en sont arrivés à préconiser un plus grand rôle social des facteurs, c’est vous dire, même si le projet est sympa, où on en est dans la revendication sous la houlette de l’empêché de Mons.
On ne voit pas le futur gouvernement se former ou échouer sur l’impératif besoin de rendre au facteur le côté rural et bon enfant du facteur de Jacques Tati !
On voit dans l’ornière de laquelle un Elio Di Rupo Premier ministre nous ferait tomber ! Il se dépêcherait, le bougre, de nous anesthésier afin de passer à côté des grandes questions que le citoyen se pose.
La coexistence entre Flamands et Francophones ? Elio en parle… pour créer des écoles bilingues en Wallonie et des grands événements culturels festifs rassemblant les deux Communautés ! Sans blague, si c’est tout ce qu’il a trouvé ? D’ici à ce qu’il découvre les joyeusetés du patronage de Monseigneur Cardijn et la vie des paroisses dans les années 1930, il n’y a qu’un pas. Mais ce type a les approches d’un curé de campagne ! On savait que Mons était un bled qui se donne des allures de centre européen de la culture, mais sortir à ce point des pointures comme celle d’Elio, faut-il qu’il n’y ait plus rien dans les tripes socialistes.
Une seule vérité, cependant, "Le PS d'aujourd'hui n'est pas celui d'hier. Nous voulons maintenir la cohésion du pays et vivre ensemble".Ça on le sait depuis qu’il a été armé chevalier de la Cour.
La dynamique des "chantiers de demain" se poursuivra du mois de juillet à la fin de l'année par l'organisation de forums dans toute la Communauté française. On est averti, les « chantiers de demain » ne sont pas près d’arrêter de nous les beurrer, pas comme le chantier en veilleuse de l’extension du palais de justice de la place que les Montois nous envieraient s’ils avaient un autre Prince évêque !
J’ignore si les socialistes vont se ressourcer en permanence avec leur gourou actuel. Mais la source qu’ils ont choisie n’est pas celle du peuple. Je peux en témoigner.

5 avril 2007

On vote au temps des cerises.

Pendant les guerres, la détention du manuel du petit déserteur était passible de poursuite. Aujourd’hui, le même mais spécialisé dans l’élection est tout autant vilipendé par « les forces vives », ce magma d’intérêts régulièrement en irruption dans des affaires judiciaires ;
Le citoyen a-t-il raison de traîner les pieds le dimanche où on l’invite sous peine de poursuite à donner son avis quand il n’en a pas envie ?
L’Haut-lieu le déclare coupable de se désintéresser de Lui, de ne pas écouter le message qu’il délivre dans les meetings. Il l’accuse de préférer les petits délassements d’après le boulot, aux vastes enjeux dans lesquels l’Haut-lieu s’implique en son nom.
Comme il espère qu’en dernière minute le citoyen se ravise et se jette sur les journaux et qu’enfin il se fasse une opinion, l’Haut-lieu ne tient ce discours défaitiste qu’en privé. Devant le citoyen, il l’abjure aux noms des plus grandes valeurs démocratiques de revoir son point de vue ; ainsi il se donne bonne conscience à peu de frais et s’autoproclame démocrate.

Le petit déserteur des urnes explique autrement son attitude. Les affaires, dont le monde politique est gangrené, ont détruit son moral. Les explications qu’on lui donne ne lui suffisent pas. Peu à peu, il s’est installé dans une méfiance instinctive, ayant fait la différence entre le discours et la réalité. Il s’imagine être victime d’un complot, une sorte d’alliance entre les pouvoirs afin de le pressurer à mort.
Les sociologues et les statisticiens alimentent de leurs considérations les discours contradictoires.
Ils en concluent que le citoyen version 2007 est définitivement déconnecté, une sorte de légume sans capacité de comprendre, passif, indifférent, un ovni venu d’ailleurs pour des errances terrestres sans perspectives.
Il n’est venu à l’esprit de personne que cette non-présence – il suffit de voir les « foules » le 1er Mai pour s’en convaincre – cache en réalité un désir ininterprété qu’on s’occupe de lui, qu’on s’intéresse à son sort autrement que par de belles phrases dans les dîners en ville. Il veut faire part de son réel qui n’est le bienvenu nulle part et surtout pas dans les milieux socialistes. Qu’y a-t-il pourtant d’aussi représentatif d’une souffrance que le haussement d’épaule ? Les aquoibonistes sont sortis du poème de Donnay et sont à présent des millions. Et cette opinion-là – je le déclare – il faudra bien un jour que l’Haut-lieu s’en préoccupe, s’il veut encore s’asseoir sur le velours turgescent du Sénat face à la redondante Lizin.
Ce qui chagrine les traîneurs de savate face à la grandiose machine où il est souverain trois minutes tous les quatre ans, c’est le peu de qualité des éligibles, de ces familles recomposées de notables et de fonctionnaires, dans lesquelles les visages familiers se perpétuent du père au fils, de l’amant à la belle-sœur, de la mère à la fille, dans un imbroglio à la Dallas qui n’a son égal que dans les bureaux de ces mêmes municipalistes où se retrouvent dans un ordre dégradé à peu près tous les critères de la mise en forme des strates supérieures.
Quelqu’un a dit « ce ne sont pas les meilleurs, mais les pires qui dirigent ». La Ville de Charleroi est l’illustration même de ce propos désabusé.
On en arrive alors que tous ceux qu’on voit sur le devant de la scène, tout ce panel tant de fois au pouvoir et se relevant quand même à la suite des désastreux bilans, disparaissent par le trou du souffleur et gagnent l’anonymat des couloirs d’évacuation en cas d’incendie.
On pourrait se poser la question de savoir si le suffrage universel ne procéderait pas mieux par tirage au sort ?
Ce serait une façon de dire qu’on ne peut pas avoir pire que ce qu’on a eu.
Bien sûr, il faudrait des règles pour désigner parmi les citoyens ceux qui sont aptes et ceux qui ne le sont pas à l’exercice du pouvoir, des filtres portant sur les mœurs, les aptitudes et les programmes, sur le temps que se dresserait une liste de ceux qui malgré ce qu’on leur offre ne le souhaiteraient pas.
Ne serait-ce pas démontrer ainsi que le pouvoir est bien réellement dans les mains de tous et redonner vie au concept de Sartre : « Un homme parmi les hommes et que vaut n’importe qui.»
Enfin, nous verrions ce que peut faire la compétence des incompétents en lieu et place de l’incompétence des compétents, selon une belle formule d’Edouard Delruelle relevée dans le n° 8 du magazine Philosophie.
Nous en aurions fini avec les sagas familiales, les prévaricateurs, les concussionnaires et les corrompus. Peut-être verrions poindre à l’horizon les mêmes vices transpercés les anonymes ; mais au moins nous aurions eu une initiative rafraîchissante et certainement riche d’enseignements.
C’est toujours ça !
Mais on pourrait aussi découvrir de grands commis intègres et d’audacieux novateurs, ce qui n’est pas le cas en ce moment ; ça se saurait !

3 avril 2007

Un piège abscons

Un petit livre bien décapant (1.) nous plonge dans le quotidien du piège abscons. Les auteurs démontent les cinq phases de la mâchoire du piège des plus classiques et des plus imparables :
1. La personne s’engage dans une suite d’événements qu’elle provoque qui lui coûte du temps, de grands efforts, et des moyens ;
2. Hélas ! la réussite n’est pas perceptible ;
3. Mais la personne pense qu’il faut persévérer dans son action pour atteindre au résultat ;
4. Le processus se poursuit avec une dépense de moyens inutilement renforcés et coûteux ;
5. Comme la personne n’a pas déterminé au départ le maximum d’efforts et de moyens jusqu’où elle aurait été capable d’aller, il n’y a plus de limite à son investissement.
Beauvois et Joule donnent l’exemple de certains couples qui auraient eu toutes les raisons de se séparer : « les raisons de poursuivre la cohabitation, sinon l’alliance, furent nombreuses. Il y eut d’abord les amis communs, puis vinrent l’éducation des enfants et la maison achetée à crédit, jusqu’à ce que ne demeure que la plus lourde d’entre elles : l’inaptitude à vivre autre chose.
A ne pas reconnaître cette raison, ils évitent ainsi de reconnaître que les précédentes n’étaient en définitive que les éléments d’un piège abscons ou d’une dramatique escalade d’engagement. »
La caractéristique principale de ce que l’on nomme « piège abscons » est que l’individu s’y retrouve « engagé dans un processus qui se poursuivra de lui-même jusqu’à ce qu’il décide activement de l’interrompre, si toutefois il le décide ». C’est la raison pour laquelle les services inutiles sont toujours vendus sous forme d’abonnements reconductibles tacitement. Des expériences l’ont montré : « les joueurs qui perdent le plus sont ceux qui doivent dire "stop" et qui ne savent pas le dire. A l’inverse, ceux qui doivent dire "allez" pour signifier qu’ils doivent continuer, et par conséquent qui sont conduits à décider à intervalles réguliers de poursuivre ou non le jeu, sont ceux qui perdent le moins d’argent. »
C’est l’histoire classique du couple qui n’en finit pas de rompre ; de l’hésitant entre deux situations sans jamais se décider pour aucune ; de celui qui s’obstine à faire rouler une vieille voiture et qui y investit le prix d’une nouvelle ; de l’industriel qui contre l’avis de son Conseil d’administration achète une entreprise qui conduit la sienne à la faillite et qu’il ne se résout pas à lâcher quand il en est encore temps ; de l’amateur de bons vins qui se fait avoir en payant cher de la piquette qu’il essaie de placer à son tour chez des amis, en devenant même complice de son arnaqueur, afin de rentrer dans ses frais.

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En Irak, Dobeliou Bush semble s’être pris les pinceaux dans un piège abscons, selon « l’effet de gel » expliqué par Kurt Lewin. C’est une manière de persévérer suicidaire, car nous pensons qu’un premier acte engage. Nous justifions nos actions après coût, nous refusons de nous rendre à l’évidence. Nous ne nous dédisons pas.
Emporté par des événements qu’il a créés, Bush s’est figé les pieds dans le béton en Irak. Il persévère dans la foi de départ qui n’est pas entamée dans une victoire « à la longue ». Il n’a pas assimilé dans ses données, la leçon du Vietnam et l’inutilité des renforts du président Johnson avec 500.000 militaires, il commet la même erreur d’augmentation d’effectif donc de pertes encore plus grande pour un statu quo.
Il justifie ses actions désastreuses au fur et à mesure en perdant à chaque fois un peu plus le soutien de la Nation.
La foi dans un dieu résolument démocrate dont il se prévaut n’apporte aucune justification rationnelle, au contraire, porte le trouble dans les esprits et place l’idéal d’une démocratie qui serait exemplaire dans la mouvance d’une religion, par nature sectaire et ségrégationniste.
Bush ne l’a pas implicitement déclaré, mais il doit être proche avec son Eglise, des théories créationnistes, d’autant que des écoles aux USA ont abandonné le darwinisme en faveur de ce que certaines organisations religieuses donnent en pâture à leurs écoliers et qu’il apparaît que certains Républicains sont favorables à ce concept.
Si Bush cherche des analogies entre son intervention en Irak et certains textes bibliques, il n’est plus dans un piège abscons, mais dans un piège à cons.
Et on croyait les capitalistes convaincus sérieux !

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1.Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvais, in Presses universitaires de France ; Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens.