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30 juin 2005

Tu cherches quelqu’un ?

Pendant les chaleurs les viandes sont au frigo.
C’est pas toujours la joie d’être sous le soleil « exactement ».
-Tu cherches quelqu’un ?
-Pour chercher, oui, je cherche, mais pas quelqu’un…
-Tu cherches quoi, alors ?
-Un peu de fraîcheur.
-Dis tout de suite que je suis vieille ?
La conversation s’arrête. Un autre type passe.
-Tu cherches quelqu’un ?
L’autre ne répond pas. Il a compris. L’Onze est à dix pas.
Il s’en va, comme moi.
La pauvre cherche toujours…
Vu l’aspect du Onze, la clim, c’est plus cher. Quant à y aller chercher, il faut s’armer des plus beaux souvenirs pour croire qu’on va y faire l’amour.
« Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent… »
A dix mètres de là, des Julot attablés sont écrasés de chaleur. Ils attendent que leurs marmites sortent de pression.
Je gamberge, la fille était drôlement bien faite, pas maquillée et l’air pas vulgaire, même discrète dans son « tu cherches quelqu’un »… une occasionnelle… pas la riche nature encagée dans ces foutues rues à deux pas qui sentent la pisse et le manque… plutôt une deuxième année de l’ULg qui doit payer son kot et qui n’a plus un rond… à moins… une tracassée du chtibre qui a besoin de fric pour ses savonnettes et qui, tant qu’à faire… Pour 50 t’as plus rien de nos jours…

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C’est un temps à s’éponger dehors.
Elle rame peut-être pour un des voyous en terrasse ?
D’accord, ils ont chaud, mais eux foutent rien.
« Elle se mettait sur la paille
Pour un maquereau roux et rose
C’était un juif il sentait l’ail
Et l’avait venant de Formose
Tirée d’un bordel de Shanghai »
Et puis qu’est-ce que j’en ai à foutre de la misère qui traîne ?
Depuis les hiérodules, le monde n’a pas changé.
A l’autre bout, les quais… le dimanche matin les plus travailleurs sont presque toujours des femmes. Elles crient pour qu’on leur achète les cerises qui vont tourner. Du public groggy s’échappe un halo de chaleur qui fait trembler l’image du massif pont des arches.
Quelle connerie que ce soient les mêmes qui trinquent !
Et cette malheureuse qui ahane à l’heure qu’il est sous un pachyderme qui résiste à bander : «Vas-y mon gros, j’ai un train à prendre ! ». Plutôt oui… elle doit s’en faire, au moins dix avant l’apéro de 3 heures, pour que fière elle glisse sous la table les X fois 50 au mac.
Alors, étudiante, occasionnelle, à la cravache du cocu volontaire ?
Comme dit Prévert, c’est étrange que « tu cherches quelqu’un ? » Avez-vous déjà rencontré quelqu’un qui ne cherchait personne ? Non.
Moi, j’ai toujours cherché quelqu’un. Et vous ?
C’est ainsi que je me suis rencontré, tout à fait par hasard. Je me suis dit : « Toi, tu cherches quelqu’un ! » C’est bizarre, j’avais cette impression-là. Ce n’était pas la bonne, car, si je cherchais quelqu’un, en me rencontrant, je ne me suis pas apprécié. Je ne me connaissais pas assez pour engager la conversation. Je ne me suis rien dit. Je cherche toujours…
Tu ne peux pas commencer tes phrases par autre chose que « je » ?
"être ange, c’est étrange, dit l’ange.
être âne, c’est étrâne, dit l’âne.
cela ne veut rien dire, dit l’ange,
en haussant les ailes. Pourtant
Si étrange veut dire quelque chose,
étrâne est plus étrange qu’étrange, dit l’âne
etrange est ! dit l’ange en tapant
des pieds. Etranger vous même ! dit l’âne et il s’envole."

28 juin 2005

La vraie vie.

Emblème de la colonisation des consciences, la télévision ?
Il ne faut pas exagérer la capacité de nuisance de notre outil à décerveler.
On peut fermer le poste et passer à des choses sérieuses.
Seulement voilà, d’autres choix demandent parfois plus de curiosité et d’esprit critique. Après une journée de travail, ce n’est pas si facile.
On a réfléchi assez comme ça au bureau ou sur le chantier.
Dans l’état de somnolence du téléspectateur, la prestation de l’un ou l’autre animal de studio est largement suffisante à combler le vide.
Comme au cirque, Monsieur Loyal, l’animateur maison m’attire moins que l’Auguste, son visiteur.
Le premier justifie ses pirouettes par le salaire que la chaîne lui octroie. Ainsi, la satisfaction qu’il retire de son côté « m’as-tu-vu » est occultée par le besoin de gagner sa vie. S’il en remet une couche, il peut dire que c’est par conscience professionnelle. Mais le second ? Si notre Auguste n’entre pas dans la catégorie des artistes venus faire la promo d’un disque ou d’un film, s’il n’a rien à vendre que sa satisfaction d’être Lui, ce n’est pas par esprit de lucre qu’il est là, mais par l’importance qu’il se donne.
C’est lui le VRP du complot ourdi contre nous.
Omnipotent médiatique, il a ses entrées. Il tire son autorité audiovisuelle de son audimat. Il se duplicate sur toutes les chaînes. Son discours est identique : qu’il soit de Collaro ou de Massimo Gargia, qu’il panouille dans la chansonnette comme Carlos ou dans la nymphette comme Paul-loup ou encore qu’il s’emploie dans la polémique comme Jack Lang, sa présence nous encombre de ses petits riens.
Notre mémoire, ce placard à balais des lieux communs, s’emplit d’encombrants divers. Nous tirons notre futilité du jet-setter. Notre désir, c’est de lui ressembler, d’où la fascination étrange qu’il exerce.
Au bout du compte, notre rapport au monde est son œuvre. Il est l’auxiliaire bénévole d’un pouvoir politique qui a besoin de lui pour nous faire patienter.
Une minorité irritée de l’omnipotence du jet-setter se découvre vertueuse et altruiste. Comme elle n’est pas importante, on lui laisse pratiquer la vertu sans dommage pour l’Etat.
Le gros du public – celui qu’on tient en laisse et qu’on surveille - est admirateur du jet-setter, par le mode de vie qu’il suggère et la façon avec laquelle il méprise le travail, qu’il feint d’honorer, mais dont on sait qu’il ne le pratique pas.

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Le jet-setter tire sa vogue de la grâce d’être l’élu, sans effort ni remise en question. Il est visible qu’il n’en a aucun mérite. La partie de plaisir dure aussi longtemps que son compte en banque. Ex garçon de plage comme Massimo, ou secrétaire poids lourd comme Carlos, les débuts modestes à la portée de tout le monde persuadent que toute chance est égale au départ de chacun d’entre nous. Il suffit de ne pas passer à côté de la chance. Maquereau pour femme finissante, journaliste sportif fourré dans les soutiens-gorge des présidentes de chaînes, chanteur populaire, socialiste de salon, écrivain recommandé par le grand rabbin, ami du prince de Monaco, intime de madame Alain Barrière, tous les débuts n’ont qu’un point commun, personne ne travaille réellement et chacun vit d’expédients, à l’affût de ce qui peut changer la vie. Regardez Steevy de la bande à Laurent Ruquier qui fait sa pelote sur la présentation « originale » de sa personne. Ce type est parvenu à se faire du blé sur la forme de ses caleçons ! Sa position est commode. On n’attend pas de lui qu’il raisonne mais qu’il l’ouvre sur tout, qu’il montre son inculture et ce type de raisonnement qui fait l’unanimité des cons.
Un bilan hâtif montre l’influence qu’exerce sur nous le jet-setter façon 2005.
En gros, la télévision, source exposante du phénomène, n’est pas de ce seul fait un miroir de la société ; mais par l’illusion qu’elle crée, c’est la société qui s’y croit projetée. Et comme toujours, quand on vit dans l’illusion de ce que l’on est, très rapidement on croit incarner la modernité même du monde en marche !..
Aujourd’hui, nous sommes des jet-setters virtuels, ne serait-ce que par l’ampleur du phénomène vacances.
Ce qui nous manque indépendamment d’avoir été maquereau, opportuniste, héritier ou petit ami d’une star, c’est la volonté de nous arracher du fauteuil dans lequel nous sommes vautrés pour éteindre le petit écran.
Sitôt l’image disparue, nous nous rendons à l’évidence : la vraie vie, c’est mieux.

Vaudeville à l’ULB.

Vivent les étudiants, ma mère, vivent les étudiants…
Ils ont la capuche à leur vêtement, vivent les étudiants…

Les films américains ont fini par déranger la cervelle de Pierre De Maret, recteur de l’ULB. Il introduira cette année un cérémonial de remise des diplômes, avec toges noires et capuches, sans oublier le chapeau à floche que les diplômés lancent en l’air en criant : « hurrah ».
Au moment où le pays est en récession, voilà que son « élite » s’amuse et tombe dans le kitch !
Il ne manque plus à Laurette que proposer d’appeler les juges « votre honneur ». Ce qui ne saurait tarder.
Si c’est pour nous faire savoir que nos chercheurs ont assez cherché et qu’il serait temps de sacrifier à la plaisanterie, on le savait déjà. Ce n’était pas la peine d’imaginer une Convention à la Stan Laurel et Oliver Hardy.
Mais, si c’est pour se moquer du monde, c’est plutôt réussi. Ce recteur après des colloques sur la mondialisation et le poison des délocalisations… a commandé ses toges et ses chapeaux… au Vietnam ! A croire qu’avant d’être une université, Saigon était une manufacture de chemises.
Evidemment, comme halloween, tout ce qui vient des USA est, pour nos « élites », délicieux et bon à prendre. Ainsi, après avoir terminé leurs études, nos entogés et chapeautés ne se trouveront pas dépaysés quand ils rejoindront les laboratoires de recherche de l’Oncle Sam, non pas que les locaux là-bas soient mieux équipés que les nôtres, mais au décompte fin du mois, le dollar y est plus abondant.
Toutes les facultés ont adoré l’idée.
L’ancienne école de commerce Solvay, la Solvay business School, récemment labellisée Equis, a pris les devants, rapport à la couleur des chapeaux. Elle a retenu la couleur orange.
Marie Black, de ladite, veut cette couleur absolument. Et quand Marie Black veut quelque chose…
Les établissements étant différents, les étiquettes seront modulées selon les facultés.
Les facultés des Lettres pourraient s’inspirer de l’Académie française : habit vert et épée.
Puisqu’on déguise les étudiants, il faudrait aussi songer aux professeurs. Le cérémonial anglais est particulièrement adapté à la haute idée qu’ils ont d’eux-mêmes. On voit bien nos illustres en perruque et masse à la main.
Evidemment, les cérémonies seront télévisées. Les cœurs dans les chaumières seront ravis. Naguère, les Américains doutaient de l’efficacité de nos facultés. Avec la photo à l’appui, ils ne pourront. « Oui, les Européens ont aussi des écoles sérieuses », diront-ils dans leur jargon, sans cesser de mastiquer leur chewing-gum.
« Bien sûr que si j’avais su qu’on me donnerait le costume avec le diplôme, j’aurais au moins essayé de terminer mes primaires », dira l’homme de la rue…
On voit la force de l’exemple

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Marie Black, pour la Solvay Business School est donc toute moite d’impatience – et pas qu’à cause de la chaleur.
Depuis « Le médecin malgré lui », le costume fait le docteur. C’est bien connu.
Pourquoi avoir attendu si longtemps avant d’opter pour le déguisement ?
Déjà on parle de « tradition » alors que le show est toujours à l’étude. On voit d’ici le photographe qui aura à cœur de saisir le moment où tous les chapeaux sont en l’air.
Et si on ne s’arrêtait pas aux universités ? Pourquoi ne pas revenir aux guildes et aux métiers ? Les charcutiers en tablier à une bride, les ministres en haut-de-chausse, les dames en vertugadin, et les chômeurs tout nus ?
Pour l’été déguisons-nous en santon de Provence sur les routes du Midi !
Une inquiétude, cette mascarade sera-t-elle subventionnée par madame Simonet, ministre en charge des universités ? D’autant qu’après avoir interdit aux établissements La Chaussée d’exporter ses machines à douilles, elle doit être à court de munitions.

27 juin 2005

Beaucoup de bruit pour rien.

Passons les « clubbers » et les 36 chars massés au parc d’Avroy. Je ne dis que dalle de la « City parade » en « ouverture ». Je me tâtais afin d’y jeter un œil, que les chars étaient à Coronmeuse.
J’y suis allé plus tard, en pleine effervescence techno.
Ce n’est pas mon genre d’applaudir quand un truc me débecte afin de passer pour un type cool. Je n’en ai rien à foutre des autorités, ni du grand public, ni des ahuris enthousiastes… Après tout, bande de caves, c’est ma ville aussi. Suis-je seul à ne pas être d’accord avec 200.000 personnes, ou ceux qui sont de mon avis craignent de passer pour de vieux cons ?
Cette question ne résoudra pas le problème, puisqu’on attend déjà 250.000 personnes pour l’année prochaine.
Résultat, j’en suis revenu consterné, complètement abruti aux décibels et des cris de ceux qui se saoulaient pour faire comme tout le monde… Savoir si les survivants se taperaient un cornet de frites avant de se saouler une seconde fois n’a aucun intérêt.
De musique : point ! Des sons, des sons et encore des sons, comme un immature qui trimballe l’enceinte d’une salle de concert dans sa 1000cc.
L’after-parade - on dit pareil pour un after-shave - promettait deux mégas concerts. J’en ai supporté un, quelques minutes, ce qui m’a déterminé à fuir l’autre.
Il a fallu que je fasse un sacré crochet pour ne pas revenir par les rues du flux migratoire, 200.000 selon la police, deux lascars, selon moi, particulièrement éméchés qui tripotaient les mamelles d’une gracieuse aussi beurrée, enfin ce trio repartait vers l’amont, alors que la foule charriait ses détritus vers l’aval.
« N’hésitez pas à poster tous vos commentaires sur ce super événement ! » glapissent les blogueurs sourds, ce dimanche sur la toile.
Quand ils seront hors de leur hébétement, ils pourront lire celui-ci.
Le dimanche matin aux alentours de la Batte, Liège ressemblait à un champ d’épandage des immondices. Parmi les tessons, les raclures innommables, traînaient des tee-shirts, des slips, des préservatifs et jusqu’à une laisse de chien auprès d’une canette droite dans laquelle était fiché un étron ! L’inventaire de Prévert plus que complet…
Ah ! les responsables de la propreté qui exigent un comportement citoyen sur les trottoirs ont dû prendre un sale coup !
Allez verbaliser après ça pour un chewing-gum craché ou une mémère qui ne ramasse pas la crotte de Bobby ?

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Le Tout-Liège à la techno, c’est le tam-tam des origines qui remonte au cerveau. D’abord on tape sur des bidons en balançant la tête d’avant en arrière ; puis (on a tous un ancêtre qui a eu le palu quelque part, il y a de ça mille ans), la fièvre part des tripes et comme c’est pas assez bruyant, on souffle avec la bouche « tchouk-tchouk-vrang. ». La transe saisit la rue. On n’est plus à Liège, mais au Bénin, quand c’était encore le Dahomey. On est vôdum ou candomblé, l’adrénaline monte à la gueule, on est pesant comme si on avait un fer à repasser à la place des couilles. On s’agite comme une bouteille d’orangina. Un jus noir sort des orifices, glissent sur les poitrails découverts. On voit sur le nombril des filles la fausse pierre précieuse qui sert de vêtement se ternir par l’effet d’une liqueur generis qui monte du cul par les fibres du slip. Elles sont « to feel fuckish » pour parler le langage after-parade. Les mecs sont dans un état… comme ils ne savent plus où ils sont, loin de les affoler, ils ne marchent plus à l’odeur. Les phéromones ne font plus d’effet sous les bâches des tréteaux, trempés de bière.
Sur les trottoirs, à bonne distance, d’anciens pédophiles rasent les murs devant cette jeunesse en caleçon qui effrayerait jusqu’aux avocats de Michael Jackson !
Les filles des salons de la Batte ont l’air de revenir d’un prêche de Mahmoud Ahmadinejad, le nouveau bourreau de la femme iranienne, avec leurs strings larges comme des tchadors à côté de la foule techno, tout en muscles et ficelles.

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Ça sent le cul passé à la graisse de frite !
D’habitude suivis du doigt vengeur « classe moyenne », les clodos se sont réfugiés sur la passerelle. Leur débraillé fait figure de tenue de soirée !
- Tiens, en voilà des jetés, gargouille un barbu qui négocie le portrait que je lui tire.
Les autres se concertent. Un d’entre eux vient d’être « agressé » par une Hollandaise à moitié à poil, qui voulait à tout prix photographier sa queue !
-C’est pas des mœurs, hoquette-t-il en buvant sa bière.
Place Cockerill contre les murs de la faculté, les forces de l’ordre secouées par l’onde de choc des baffles géants pourtant à 50 mètres, ont les pantalons qui ondulent. Personne sait résister à la tempête acoustique. Seuls ceux qui sont victimes d’acouphènes trouvent ça intéressant.
Les habitants de Bierset qui ne se sont pas dérangés n’entendent même plus les avions ! C’est dire si le son porte...
Parmi les fuyards de ce tsunami auditif, on reconnaît les anciens artilleurs, parce qu’ils gardent la bouche ouverte.
Pour sortir du sortilège vaudou l’effort est nécessaire. On remonte les bouteilles vides et les papiers gras jusqu’à ce qu’on puisse à nouveau entendre le tic-tac d’une montre.
A « statistiquer » les 200.000 agités, on conclurait que la soirée a permis le recrutement de 17.542 nouveaux fumeurs, 1400 prises de shit, 369 cirrhoses dans les 12 mois, 875 vocations alcooliques, 12 séropositifs nouveaux et 128 maladies vénériennes. Quant aux dealers, ils sont surmenés mais confiants pour l’avenir. Le Commissaire-en-chef, bon enfant, n’a rien à signaler.
Demain, on recommence les campagnes de prévention. On espère sauver deux vies.
Je me rentre chez moi groggy.
Pardon Mozart, vous ne méritiez pas cela.

26 juin 2005

Une affaire confidentielle.

- Pourquoi ne veux-tu plus que je t’appelle Puputte ?
- Mais enfin, Corneille, tu ne te rends pas compte de ce que les gens pourraient penser ?
- Voilà dix ans que je t’appelle Puputte.
- Maintenant, je ne veux plus.
-Tu me vois t’appeler Pulchérie ?
-Mon père était un idiot. Quand bien même, je préfère Pulchérie à Puputte.
-Pourquoi, bon sang, aujourd’hui ?
-Après ce qui s’est passé, mets-toi à ma place.
-Tu es bizarre. Quand tu ne me trompais pas, tu ne disais rien quand je t’appelais Puputte. Maintenant que tu m’as trompé, cela te gêne !
- …si encore nous n’étions que deux à savoir…
- De février à juillet, nous étions au moins trois : toi Puputte, moi Corneille et Pierrot-le-Gros, ton amant !
-Je voulais dire que si nous n’avions été que deux au moment où tu ne le savais pas…
-Attends. Tu es en train de me dire que lorsque je ne le savais pas, d’autres que toi et le gros étaient au courant ?
-Comment aurais-tu voulu ? Ginette est ma meilleure amie. Quand elle a trompé son mari, je l’ai su tout de suite ! Je ne pouvais pas faire moins… Puis, elle servait de boîte à lettre, forcément son mari et son lad était au courant.
-Son lad ?
- Tu sais qu’elle a toujours aimé les chevaux.
-Et alors ?
-Elle vit entre sa maison et son écurie.
-Ça ne me dit pas…
-Merde ! Ouvre les yeux, son amant, c’est son lad ! Tu la vois dire la nouvelle à son mari et pas à son amant ? C’est une question d’équité…
-Equité et équitation, ça va ensemble, non ?
-Fais pas de l’esprit, je te prie, quand je te parle sérieusement.
-…Trois, plus le Gros et toi, ça fait cinq… et je n’étais toujours pas au courant.
-Six, si on ajoute Zoulida.
-Zoulida ?
-Oui, la femme d’ouvrage de Pierrot, qui était devenue sa maîtresse pour des raisons de commodité. Dès qu’il m’a eue, il a tout dit à Zoulida. Question d’honnêteté. Elle est partie en claquant la porte, et dieu sait, bavarde comme elle est…
-Six ! Et je ne savais toujours rien…
-Et puis, il y a Gogosse et son mari, Kiloulou !
-Mes meilleurs amis ! Tu as raconté que tu couchais avec le Gros à mes meilleurs amis ?
-Ecoute, Gogose est une fine mouche. A la tête que je faisais avec toi, elle avait deviné. Tu étais le seul à ne rien voir. Elle-même l’année dernière avait fait ça avec le laitier. Kiloulou a pardonné. Elle ne m’en a parlé que parce qu’elle voyait bien que j’étais mal…
-Vous voilà six, non, sept…
-Non, dix !
-Quoi ? Elle a eu deux amants à qui elle leur a dit ?
-Non. Un, le dernier, celui sur lequel Kiloulou a passé l’éponge, le laitier… qu’elle a juré de ne plus revoir, mais qu’elle voit toujours de temps en temps, parce qu’il est trop malheureux… Il l’aurait mal pris s’il n’avait pas su…
- Sept plus deux ça fait neuf et tu as dis dix ! C’est qui le dixième ?
-Leur fille Caline !
-Suis-je bête, je l’avais oubliée celle-là
-Elle a beaucoup souffert, tu sais !
-Qui, leur fille Caline ?
-Non, Gogosse.
-Quand elle trompait Kiloulou ?
-On voit bien que tu n’as pas notre sensibilité...
-Pourquoi Gogosse n’est-elle pas partie avec le laitier, quand tu vois la tronche de Kiloulou ?
-Tu l’imagines en tournée avec ses bouteilles ?… son vernis à ongles tout écaillé, les cheveux baguettes sous la pluie… Et puis, c’était un coup de foudre passager !
-Je le connais, son laitier. Il est marié et à quatre enfants !... en plus il a une jambe artificielle…
-Oui, mais pas la plus importante. Alors comme elle me racontait que Kiloulou avait pardonné, j’ai fondu en larmes et j’ai dit que je voulais te quitter aussi !

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-Comment tu voulais me quitter, alors que je ne le savais pas encore ?
-Il y avait trop de gens qui le savaient. J’ai pris peur. Tu te rappelles la Mercedes verte du Gros ?
-La caisse pourrie que c’était !
-Ce jour-là elle est tombée en panne.
-Le jour du départ ! Et c’est pour ça que tu n’es pas partie !
-Oui.
-A quoi ça tient quand même ! Une bagnole vous lâche et tout est dépeuplé… Dix personnes dans les confidences, sans que je sois au courant, c’était beaucoup…
-Oui… enfin, onze avec ma mère…

25 juin 2005

Blairisme

Après le discours de Tony Blair à l’Europe, un constat s’impose.
Les arguments de la Grande-Bretagne sont imparables !
Ils sont imparables parce que nos apprentis sorciers de la gauche et même une partie de la droite se sont inscrits dans une démarche libérale pour une mondialisation, mais en traînant les pieds et en espérant la conservation d’une certaine forme de sécurité sociale et d’une tradition respectée des usages syndicalo-patronaux dans le rapports au travail et à l’économie.
Or les faits sont là. Et Tony Blair a raison d’invoquer une attitude passéiste de la France, de l’Allemagne et en général des anciens pays de l’Europe, dont la Belgique, face aux réalités des marchés et de la concurrence.
Quelques exemples : Un budget de l’Europe qui dépense sept fois plus d’argent pour l’agriculture que pour la science, la technologie, la recherche, l’innovation, ce n’est pas un budget qui correspond aux besoins.
Que dire à cela, si ce n’est que c’est le bon sens même.
Autre cas de figure : Le plus gros problème en Europe, ce sont les vingt millions de chômeurs ! Que prévoit le budget en la matière : rien !
Le modèle européen ne fonctionne pas convenablement. L’économie européenne est loin d’être la plus compétitive au monde.
Tony Blair, évidemment, préconise pour l’emploi en Europe le système qui prévaut en Grande-Bretagne et qui a montré son efficacité, dont tout le monde connaît les dégâts sociaux.
Mais, encore une fois, dans la logique libérale, c’est Tony Blair qui a raison.
Et voilà où l’on s’aperçoit que la gauche est prise en tenailles.
Elle croyait, du moins Di Rupo le pensait, pouvoir amender, en étant assis aux bonnes places de décision, un système qui broie ceux qui ne peuvent suivre et être assimilés par la machine capitaliste. On voit la limite du raisonnement du président du PS. Il ne peut plus, embarqué avec tous les autres partis de gauches collaborationnistes dans la tourmente économique mondiale, procéder à quelques réajustements des mesures afin de ne pas jeter à la rue des milliers de nouveaux pauvres. Il doit suivre le troupeau marchand et centriste. Il ne peut pas dans cette logique dire que Tony Blair a tort !
Alors que fait-il ? Jusqu’à présent, il a tenté par l’intermédiaire de ses ministres fédéraux quelques timides « réajustement » visant à « durcir » les réglementations sur les chômeurs de longue durée et freiner un désir de justice sociale des populations qui lui font confiance. Tout cela est insuffisant, bien entendu, voire inutile, car ses mesurettes restent fort en retrait de ce qu’exige la logique économique.
C’est de la poudre aux yeux pour d’évidentes raisons préélectorales. Comme il procède, la Wallonie n’est plus au bord du gouffre. Elle y descend.
Il n’a plus que deux solutions, faire du blairisme et aller jusqu’au bout dans la mue de sa politique centriste et dès lors, partager son électorat avec le MR ou se démettre de ses fonctions de président du PS et céder la place à un vrai homme de gauche qui voudrait gérer la crise en sortant du gouvernement de collaboration.

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A vrai dire, dans un premier temps, ce dernier ne pourra rien faire que montrer dans l’opposition un autre visage de la gauche que celui de l’extrême gauche qui veut une révolution tout de suite, sans troupe, sans logique et même sans plan. Ce qui est ridicule.
Si cette nouvelle gauche est bien conduite, elle peut inquiéter la politique de soumission à la mondialisation à longue échéance. Comme pour le « non » à l’Europe, un nouveau leader pourrait regrouper une majorité sur un projet populaire. Bien entendu, entre-temps, il devra opportunément faire du bruit autour de sa différence et tenter de regrouper les partis socialistes dans l’ensemble de l’Europe, de sorte que naîtrait une force capable de stopper l’évolution actuelle.
Voilà. C’est clair. Ou bien le parti socialiste s’enfonce dans la collaboration et fait du blairisme sa planche de salut, ou il fait son autocritique et se retire avec ses partisans de la scène politique pour délibérer et élaborer un projet à visage humain.
Cette dernière hypothèse est hélas, la plus invraisemblable, tant les décideurs du PS sont imbriqués dans des fonctions et dans des salaires qui ne leur permettent pas de se ressourcer avec seulement mille euros par mois pour vivre, comme la plupart de leurs électeurs.
C’est dommage. Mais c’est ainsi. L’argent corrompt. C’est un fait avéré et qui touche aussi bien à droite qu’à gauche, sauf qu’à droite, souvent, c’est une cerise sur le gâteau, tandis qu’à gauche, sans leurs rémunérations et leurs mandats divers, les politiques deviennent des chômeurs comme 20 % de la population aujourd’hui.
Et ça, ces messieurs dames ne sont pas prêts à ces sacrifices.

23 juin 2005

Emile Cioran

Quelqu’un qui m’est cher m’a reproché de passer sous silence le dixième anniversaire de la mort de Cioran (1911-1995).
Ce sont les scrupules qui me retinrent ce 21 juin d’écrire quelques mots, comme en 1995, l’année de sa mort.
Qu’aurais-je pu écrire d’original sur un homme qui ne manquait pas d’originalité ?
Il est vrai que les médias ont privilégié le centième anniversaire de la naissance de Jean-Paul Sartre et mis « Emil » au purgatoire.
C’est presque un devoir que de l’en retirer.
Sartre, vendeur de journaux d’extrême gauche à la sortie des usines de Billancourt, est plus médiatique. Le destin de la critique centriste et frileuse, n’est-ce pas d’accabler après leur mort ceux qui ne pensent pas comme Aron et Finkielkraut ?
En ce sens, c’est le plus beau cadeau que l’on ait donné à Sartre d’encore irriter les philosophes officialisés d’aujourd’hui.
Pour Cioran, le problème est différent.
Cas unique de l’histoire de la philosophie contemporaine, Cioran, Roumain émigré en France, a écrit son œuvre dans une langue qui n’était pas la sienne. La pertinence et l’acidité de ses propos dans une prose magnifique – l’amphigourisme étant le péché mignon des philosophes auquel il n’a jamais cédé – rappellent Chamfort, pour la forme et l’élégance.
J’ignore l’opinion des culs de chapelle de la place du XX-Août, je considère Cioran comme le continuateur du scepticisme grec de Pyrrhon à Timon de Phlionte, jusqu’aux Ménodote et Sextus Empiricus de la décadence.
Arrachons notre faux-col et poursuivons.
Autre scrupule, Cioran aurait-il apprécié que l’on s’abandonnât à la commémoration de l’anniversaire de sa mort ? Son effacement volontaire exigeait peut-être que l’on respectât sa mémoire par le silence ?
Ces écrits parlent pour lui et sonnent hauts et clairs à une époque de suffisance de soi et d’aberrations ontiques.
Il serait facile d’agrémenter cet hommage de certaines de ses citations. L’homme qui « s’intéressait à n’importe qui, sauf aux autres » avait si bien pénétré l’âme humaine qu’on peut dire au contraire qu’il s’y est intéressé plus que bien d’autres et c’est ce qui le rend si pertinent dans son amertume et sa désillusion. Ce ne sont pas ses humeurs atrabilaires qui ont fait de Cioran le champion d’une forme de désespoir esquissée par Kierkegaard, mais l’observation froide et détachée de ses contemporains, en-dehors d’un savoir qu’il avait pourtant grand. En un mot, c’était un honnête homme qui écrivait avec probité les choses vues et senties.
Ses « Cahiers » (1957-1972) - un bloc-notes sur la couverture duquel il avait écrit « à détruire » et qui fut publié en 1997 chez Gallimard – voient passer Cioran de l’état d’adulte à celui de vieillard. Ce grand observateur ne nous cache rien de sa métamorphose tragique
On pourrait se servir de ce qu’il écrivit à propos de Diogène : « J’ai toujours pensé qu’il avait subi, dans sa jeunesse, quelque déconvenue amoureuse : on ne s’engage pas dans la voie du ricanement sans le concours d’une maladie vénérienne ou d’une boniche intraitable », pour nous souvenir combien fut tumultueuse sa jeunesse et comme le drame ultime de son existence en découla.

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C’est que confronté à son déclin et à sa mort prochaine Cioran n’a pas été exorcisé de toute amertume. La fatalité du dénouement, au contraire de la passivité des Assis, a décuplé sa révolte.
C’est avec un corps perclus qu’il se tournait vers nous, avec par avance le goût amer de l’échec de toute spéculation.
Il a célébré l’infortune d’être vieux comme personne et fort curieusement, loin d’être une œuvre à ne pas lire après 65 ans, son travail nous apparaît fort réjouissant parce que d’une grande lucidité et d’une profonde pénétration d’esprit. La vérité n’est jamais triste. Ce qu’il dit de quelques-uns et de lui-même ne peut qu’être pire de ce nous pensons de nous. Sa noirceur extrême, par un paradoxe fréquent en philosophie, en fait une ode à la vie. L’œuvre de Cioran de ce point de vue est aussi roborative que celle de cet autre sceptique : L.F. Céline.
«Nullement notre dimension fondamentale, l’histoire n’est que l’apothéose des apparences.» Ce qu’il pensait des apparences propres à l’histoire, l’était aussi du genre humain.
Reste, que son souhait de n’écrire des livres que pour y dire des choses qu’on n’oserait confier à personne, a été exaucé.
« Exister serait une entreprise totalement impraticable si on cessait d’accorder de l’importance à ce qui n’en a pas. » cela nous laisse quelques belles années devant nous. Cependant, pour une fois, accordons de l’importance à ce qui en a et n’oublions pas Cioran.

Tous fichés !

L’homo sapiens belgicus n’est pas plus bête qu’un autre. Pris individuellement, il est même plus avisé que d’aucuns avec un arsenal d’idées. C’est en troupeau qu’il devient imbécile. A croire que la multitude ne vaut rien (Chamfort) ou que les chefs comptent parmi les pires demeurés de la planète.
Exemple la carte d’identité électronique, le passeport infalsifiable et probablement demain le « Sésame ouvre-toi » de son propre domicile.
C’est grand, c’est génial, c’est du belge aboient les thuriféraires du fichage généralisé.
Les gazettes et les télés, quand elles ne sont pas en train de lécher le cul des importants, adorent ce genre d’information. Cela permet de varier le menu en évitant les sujets qui fâchent.
Sur le domaine des papiers infalsifiables les Américains nous envient. Mieux, un grossium de Washington a pris un Boeing juste pour nous le dire à Bruxelles.
Nous en sommes arrivés là parce qu’on nous farcit la tête des agressions sauvages, des maudits étrangers qui vivent rentiers chez nous sous de fausses identités, des vicieux intégristes qui bourrent leurs chaussures d’explosif pour nous mettre les viscères à l’air. Bref, on nous fait savoir sans arrêt que notre vie est en danger, qu’outre les doubles serrures, les verrous à 3 lames et les alarmes hurlantes, il faut que nous soyons dotés d’une arme fatale aux contrefacteurs : la carte d’identité indestructible, inimitable à base de notre ADN, de notre iris et de nos empreintes, le tout répertorié en un fichier central, avec nos urines, notre sperme et notre salive, dans un petit sachet en annexe.
Grâce à quoi, les malfaiteurs de nos cauchemars et de nos réalités surmédiatisées s’enfuiront d’eux-mêmes épouvantés !...
Les identités infalsifiables sur papier spécial auraient certainement séduit la gestapo en 44. On se souvient comme la discrimination entre les Juifs et les autres a été possible à cause des signes (l’étoile jaune) visibles sur les personnes.
Admettons que notre système n’en soit pas là, bon. Mais, tout en faisant confiance à l’esprit démocrate qui anime nos dirigeants, compte tenu des coûts, par rapport aux délits des falsificateurs, est-ce une bonne affaire ? Non.
Serait-ce que la criminalité, quoique en disent les communautés et les médias, est une plaie exponentielle ? Non. On connaît même les vrais remèdes : moins de chômage et plus de justice sociale.
Dans l’incapacité d’appliquer les vrais remèdes, l’Autorité se méfie de nos viandes. On ne conserve pas des sociétés à 20 % de chômeurs, sans risque d’explosion. Un fichier central fait en ce moment bander tous les commissaires en chef du pays. Le présupposé de la violence accrue passe les frontières et atterrit sur tous les bureaux d’Interpol. Nous sommes tous potentiellement dangereux, surtout d’après les représentants de l’ordre qui dévoient ainsi sur nous la responsabilité de leur propre incurie.
Et, ils n’ont pas tout à fait tort, les bougres, dans le stress des cadences accélérées et des boulots mal payés, tout homo sapiens peut devenir ce qu’en langage journalistique on appelle un forcené. Encore que les plus dangereux sont les flics eux-mêmes avec le gros flingue qui leur bat les couilles, ils détiennent le record des accidents et des meurtres par arme à feu du Royaume ! J’espère qu’ils seront fichés aussi, comme ils le méritent…

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Je prêche dans le vide. Je sais. On va même faire le fièrot à Benidorm dans 15 jours ; nous les infalsifiables, en traitant les Espagnols d’attardés sécuritaires.
On l’entendra siffler bientôt le boulet de l’angoisse, lorsque ce fichier central solennellement décrété inviolable, sera pénétré, souillé, entubé par tous les vicieux qui veulent savoir la manière dont nous vivons, ce que nous foutons de nos dix doigts, ce que nous aimons dans l’éventail des vices en paquets cadeaux de la société de consommation – en levrette ou position du missionnaire ? - si nous sommes tricards, séropositifs ou pédophiles ou si nous avons été serrés à la gorge par un huissier de justice. Et les premiers violeurs de l’inviolable seront les flics eux-mêmes dont la tentation sera forte de savoir tout sur la blonde du coin ou avec qui leur femme s’est envoyée en l’air la semaine dernière…
On a vu ce qu’on est capable de faire du bon côté du comptoir, avec ce haut fonctionnaire des impôts magouilleur de première dans son frichti personnel.
Les flics ont une revanche à prendre sur nous : leur ratage dans l’affaire Julie et Melissa, leur incapacité, même diplômés en criminologie, d’avoir la moindre déduction à la Colombo.
Ces béotiens casquettés ne jurent plus que par biométrie, échange de polices, efficacité redoublée, anthropométrie.
Le comble, c’est que les citoyens qui se trouveront en liquette pour le comptage des prépuces dans le futur méga-interpol sont pour !
Alors, pourquoi tant de police et tant d’empressement, puisqu’on se mettra bientôt les bracelets nous-mêmes, puisqu’on aime ça et qu’on ne regrette qu’une chose : l’inquisition, ce temps béni où ça sentait la viande grillée dans les barbecues de l’Eglise !
Je me demande si le Belge, entre son masochisme et son sadisme innés, n’est pas en train d’acquérir par sens du devoir, la qualité du con suprême, celle que Patrick Sébastien s’était décernée dans une interview célèbre. Notre nouveau challenge (prononcer à l’américaine) : tourner sur soi-même à une telle vitesse qu’on finit par s’enculer de ses propres attributs.
Les cons triomphent ! Oui, mais on ne sait pas lesquels. Nous, les cons, sommes cernés par d’autres cons. La confusion est extrême. On ne sait qui, à l’heure présente, des deux partis, est plus con que l’autre.

22 juin 2005

Eurosceptique

On s’étonne : notre niveau de vie baisse-t-il ?
On se paie de mots.
Notre niveau de vie ne baisse pas. Ce sont nos voisins qui progressent plus vite que nous.
On veut que nous nous ressemblions tous, de Gibraltar à Riga, question consommation, horaire de travail, salaire ! Les mêmes désirs et la même gueule retouchée à la chirurgie. Et si le modèle type était Michael Jackson ? Vous nous voyez en Mickey pousser l’escarpolette à des gamins des rues, dans votre parc d’attraction privé ?
Pour qu’ainsi l’Europe soit comparable aux Etats-Unis, ceux-ci au Japon et le Japon à la Chine, etc. ?
Mais, ce sont des malades, les libéraux, avec leur économie à la con !...
Sous prétexte que cela revient moins cher la grande série, on nous prépare un bel avenir.
C’est cela la mondialisation : la conformité dans un système cher à Bush et Tony Blair.
Heureusement une majorité de Français et de Hollandais ont fichu une belle pagaille dans l’Europe. On était parti pour s’ennuyer ensemble et en même temps, voilà qu’une majorité n’est plus d’accord !
Du coup, ça redonne des couleurs à tout le monde. Même Giscard est sorti de Chamalières pour défendre sa constitution. C’est ainsi qu’on a appris que c’est le chapitre 3 qui créait des problèmes… celui justement que Tony Blair a tenu d’y voir parce qu’il définissait une Europe libérale et mondialiste. Après s’être engagé aux côtés des Américains en Irak, il ne pouvait faire mieux.
De Gaulle nous avait prévenu, les Rosbifs se sont inscrits à l’Europe pour mieux la saboter par l’intérieur. Le comble, c’est qu’on ne peut pas les exclure…
Et on en apprend de belles.
Par exemple l’Euro. L’Haut-lieu nous avait juré qu’il n’y avait pas inflation. Catastrophe, le premier ministre luxembourgeois, président jusqu’à la fin du mois, nous a expliqué la combine. Les électroménagers ont baissé et cette baisse a réussi la stabilisation de l’index, car tous les produits de première nécessité ont augmenté !
Reynders aura beau apprendre par cœur une page par jour de son cher Alexis de Tocqueville, les libéraux nous racontent des craques sur les bienfaits de la libre concurrence. Exemple, le pain. La concurrence n’a rien arrangé du tout. Les prix du pain se sont envolés, jusqu’à 1 € 80 pour un pain blanc ordinaire de 800 gr, 10 € est un prix courant pour une pâtisserie qui ne valait pas 200 francs avant !
Les fruits et les légumes, n’en parlons pas. Les loyers, allez donc du côté de Bruxelles, vous ne trouverez rien de décent en dessous de 6 à 700 € !
Il y a une entente tacite entre ceux qui nous vendent les aliments et les producteurs des produits indispensables. A moins que cette entente soit à un niveau de décision plus élevé ?
Si c’est ça l’ère de prospérité qui s’ouvre à nous, merci bien.

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La guèguerre entre Chirac et Schröder contre Blair prend une méchante tournure. Le Français et l’Allemand sont en fin de course. Chirac n’a jamais été aussi bas dans les sondages. Schröder est en passe de perdre les élections au profit de la CDU Angela Merkel, favorable aux thèses de Blair.
Et si du point de vue strictement économique, c’était le tandem Bush Blair qui aurait raison ?
Peu importe ce que deviendrait nos viandes, bien identiques et stéréotypées, peu importe que les agriculteurs français ne seraient pas d’accord, du moment qu’on aurait du boulot mal payé, certes, instables, de toute évidence, avec un régime de 50 à 60 heures semaine, parce que cette formule déjà pratiquée en Grande-Bretagne qui a elle-même copié les Etats-Unis a fait ses preuves. Elle ferait avancer l’uniformité des gens dans la misère, donc elle serait excellente pour l’économie libérale, même si du point de vue social, ce serait une pure catastrophe !
Le comble c’est que si nous renâclons au projet Blair, une armée de crève-la-faim aux frontières de nos Etats n’attend qu’un signal pour bondir sur l’occasion…
Une réussite, au crédit de l’Europe quand même, alors qu’on n’y croyait pas : la fusion des commissariats de police ! Avec un fichier unique et une collaboration sans frontière, un policier grec pourra dire bientôt à un voleur de bicyclette de Bressoux haut : qu’ils est bien connu des services de police du Pirée.
On se demande si c’est bien une réussite ?

21 juin 2005

Les 88 mesures !

-Elio Di Rupo, président du Parti socialiste, une formation politique dominante en Wallonie…
- Non !...
-Elle draine près de 40 % des électeurs. Di Rupo a lancé l’idée d’un "plan Marshall" destiné à redresser l’économie régionale.
-Marshall était américain. Où Elio, quoique américanolâtre, dénicherait-il un nouveau Marshall aux States ?
- Ne ris pas. Il est très affecté par l’effondrement de l’industrie traditionnelle. Le revenu des ménages en Wallonie est inférieur de quelques 3 000 euros à la moyenne belge, le produit intérieur brut (PIB) par habitant y est de 19 000 euros, pour 25 400 en Flandre, le chômage avoisine 12 %, avec des pointes de 20 % dans les grandes villes et un taux d’emploi parmi les plus faibles d’Europe pour les jeunes.
-Arrête, tu vas me faire pleurer…
-Un slogan court dans les milieux nationalistes de Flandre. Il affirme que, tous les quatre ans, un couple flamand offre l’équivalent d’une nouvelle voiture à un couple wallon...
- Ils ne disent pas la marque ?
-Pourquoi veux-tu qu’ils disent la marque ?
-Ainsi on saurait que parfois une voiture, Mercedes, Toyota, etc. est offerte par la Communauté flamande aux Wallons. Restera plus qu’à savoir si c’est par tombola ou par mérite…
-Va savoir… On le fait bien pour les camionnettes offertes par le Téléthon
-Ça me plairait de rouler dans un bahut que m’aurait offert le Vlaams belang !
-…plutôt, ça les ferait drôlement chier.
-Je mettrais une pancarte : voiture offerte par Frank Vanhecke ou Filip Dewinter.
-Tu ferais pas dix mètres dans les rues de Liège...
-Et le plan Marshall de l’aigle de Mons, c’est quoi ?
- Un groupe d’économistes wallons a jeté un pavé dans la mare. Une séparation d’avec les pointus conduirait à une perte de revenus d’environ 20 % pour les Wallons. Pour limiter cette chute, le gouvernement régional wallon n’aurait qu’une solution : augmenter les cotisations sociales et les charges sur le travail.
-Si c’est ce qu’Elio appelle le plan Marshall, on comprend pourquoi Laurette s’est tirée à Bruxelles. Bilingue comme elle est, elle n’aura pas de mal à se recaser dans le SP.
-Les libéraux ont enfoncé le clou en dénonçant les effets pervers de la prédominance du secteur public, via, notamment, les nombreuses collectivités intercommunales de développement qui quadrillent le territoire wallon.
-Eux sont pour le plombier polonais, la Poste aux mains de l’US Postal et les enseignants engagés par les Editions Larousse au salaire d’un plouc de la FNAC. Ce n’est pas toujours le plan Marshall d’Elio !
-Di Rupo prône "un véritable sursaut" et une "exigence d’efficacité" pour les aides publiques, qui ratent souvent leur cible. La priorité doit être la création de nouvelles entreprises, l’aide au développement de celles qui existent et d’un climat social serein". Allusion à de récents conflits dans les transports publics.
-Est-ce qu’on va encore longtemps se payer de mots ? Elio, on dirait Dalida dans « Parolé-parolé »…
- Il a quand même défini 88 mesures !
-88 mesures ! C’est une sorte de tailleur d’habits de chômeur son Marshall… Si on se souvient de son plan stratégique d’il y a 5 ans, qui n’avait arrangé que la ville de Mons…
-Cette fois, on est au bout du rouleau.
-Oui. On va être la honte de l’Europe.
-Les Flamands vont nous abandonner.

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-La Wallonie ne sera plus qu’un terrain vague…
-C’est déjà le cas à Seraing…
-On ne nous veut plus nulle part.
-Mais Di Rupo a 88 mesures…
-Je me suis laissé dire que la première est la meilleure.
-Je croyais que c’était la dernière ?
-Il veut que les Flamands ne s’arrêtent pas aux Fourons. Il préconise qu’ils annexent toute la Wallonie !
-Et les 87 autres ?
- Ce sont toutes des mesures d’aides pour les Wallons : la sécu, les pensions et l’aménagement du territoire....
-Je retire tout ce que j’ai dit à propos d’Elio. C’est pas con, ces 88 mesures !...

20 juin 2005

Soldes d’été

Les amuseurs publics sont sur le départ.
Leur stock de gaudrioles épuisé, ils bouclent les valises et s’enfuient sous des cieux plus cléments avec votre pognon. Comme vous n’en aviez pas d’autre, ça vous oblige à rester bosser, leur fournir un nouveau matelas pour juillet 2006.
C’est pareil pour tout : les patrons, les partis, l’Europe. Eux n’influenceront en rien les statistiques, qu’ils restent ou s’en aillent… mais les chômeurs et les travailleurs, salaire ras les pâquerettes, on verra bien si les consignes ont été respectées : régime, et arête de poisson. Sinon, Kubla vous le dit depuis qu’il ne dirige plus l’économie wallonne : nous vivons comme les Flamands des années 50 !
C’est dire les nouveaux sacrifices à la rentrée, question de rattraper le « retard » ! 55 ans, c’est pas rien…
L’austérité est plus facile à dire qu’à faire ; mais, depuis qu’on fait dans le conjoncturel, le marasme est plus sérieux. On a du retard même à prendre le tram 33, avec la grève des bus et les friches industrielles. Pour ces dernières, on en a pour huit ans à l’avance. Ce n’est pas dit, car dans son décompte le ministre a oublié les nouvelles. Pour aller plus vite, si on construisait en friches industrielles sur les zonings ? On gagnerait du temps.
Pour notre sous-régionalisme, Blair qui va passer à la présidence de l’Europe pour 6 mois a des remèdes. Retour aux 45 heures dans un premier temps, sans augmentation des salaires, mais comme les ouvriers au minimum faisaient la gueule parce qu’ils gagnaient pareil que chômer, Tony à la fine solution : baisser les allocations de remplacement.
C’est pas l’Europe politique, c’est l’Europe des affaires et du réalisme anglo-saxon. Qu’on ait voté oui, ou non, c’est comme ça, puis marre.
Heureusement Bagdad sauve la mise, sans quoi, personne n’aurait rien à dire, surtout sur ce qui précède. Encore 35 morts en périphérie, à deux pas de l’Ambassade des Etats-Unis, un restaurant en heure de pointe… Anne Delvaux profite du restaurant de Bagdad pour nous faire une séquence sur le souci majeur des Belges : nos mangeons trop. Blair peut restreindre, freiner les appétits. Un pauvre obèse n’est pas crédible.
Vous avez déjà vu un gros faire la manche tournant Saint-Paul ?
Il manquait les OVNIS. Ils reviennent juste pour les vacances. Le phénomène surnaturel a toujours fait vendre les journaux sur les plages. Si on explique bien la mauvaise conjoncture et les 55 ans de retard, que les solutions sont à notre portée et, comme a dit Kubla, tenons nous aux trois propositions : augmentation du travail, diminution des salaires et flexibilité, il reste heureusement des mystères. Les OVNIS sont là pour nous rappeler que nous ne savons pas tout. Si ça se trouve, comme nous vivons toujours en 1950, quand nous aurons rattrapé les Flamands dans six mois d’après Van Cau et six ans selon Kubla, nous aurons d’autres explications bien meilleures sur les OVNIS.

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Mais dans les retards sous-régionalistes, épinglons tout de même Waterloo avec ses 190 ans et les incertitudes sur l’issue de la dernière bataille de l’empereur.
Nous avons compris cet après-midi que 55 ans de retard, c’est moins grave que 190 ! La preuve, il n’y avait qu’à Waterloo que l’on ait dû attendre fin de journée pour connaître l’issue du dernier combat du Corse.
On attendait Grouchy, ce fut la canicule sur la célèbre butte.
En espérant notre sursaut, nos grands hommes avant de prendre quelques jours de repos bien mérités, nous créditent d’une discrimination positive en pariant sur notre avenir.
Pour une fois qu’on nous fait confiance, ce n’est pas le moment de flancher.

19 juin 2005

Nous nous sommes tant plus !

Six mois sans nouvelle !
Bien sûr, nous nous sommes quittés sans un mot. Tu ne m’en prodigueras plus de ta voix douce… d’autant douce que tes collègues ont l’oreille fine ! !
Et l’inquiétude dans laquelle je suis, cela compte-t-il pour toi ?
Certes, j’ai reçu de ladite clinique beaucoup de mots qui ne signalaient en rien ta chère présence. On ne peut pas dire que les suppléments d’honoraire, les tubes à peine ouverts mais qu’on paie en entier, la moindre attache, la moindre bande velpo s’ajoutant aux frais de bureau, seraient perçus comme une manifestation d’intérêt de ta part !
Qu’est-ce qui ne s’est rien passé qui aurait pu altérer nos non-relations ?
Nous nous sommes vouvoyés, avec une certaine solennité de ma part. Le phénomène devait te sembler extraterrestre par comparaison à la clientèle habituelle. Si bien que tu prias ta fille de passer par hasard à l’heure d’un de nos rendez-vous. Tu te fiais à son jugement. Peut-être influença-t-elle la suite de nos relations ?
J’avais une façon singulière d’appuyer goulûment sur « am » de Myriam, comme pour « miam-miam ». Nous nous sommes regardés de travers sans animosité. Notre position en quinconce en était la cause. Commencer des amours en biais n’aurait pas été de bon augure. Aussi nous ne nous sommes pas aimés ni de trois quarts, ni de moitié, alors que je serais descendu au dixième !
Ton œil éléate se mouillait parfois à certaines élucubrations, après que nous eussions disparus derrière de grandes voiles jadis blanches. Comme cela a dû changer !
Tu faisais preuve de fidélité par la tranquille assurance avec laquelle tu m’inscrivais dans tes agendas.
Que de choses ai-je perdues !
Pour t’oublier, j’ai voyagé, comme lorsque tu voyageais par les chromos offerts par ton père du temps de ta jeunesse.
Je te vis partout… une fin d’après-midi de mousson au Hawal Mahal, palais du vent, à Jaipur. Tu étais en cotonnade blanche, comme Tara la déesse aux yeux verts (depuis elle ne quitte plus ma table de travail). Lorsque tu m’as vu, tu étais au bras d’un fermier hesbignon. Je vous ai suivis un temps dans le Bazar et lorsque je l’ai vu t’offrir une tour Eiffel dans une boule de verre, je n’ai pas attendu qu’il neige pour mettre entre ce rustre et moi au moins deux mille cinq cents kilomètres.
A peine un mois plus tard, j’étais à Troie, cherchant ton souffle sur la colline. Nous étions, le vent et moi, à huit kilomètres de la mer. Selon la tradition homérique, tu ne pouvais apparaître qu’en Belle Hélène… Hélas ! le golfe d’Adramyttium n’était qu’un wharf pour touristes bruxellois. Je n’étais pas Pâris. Par contre l’homme qui t’accompagnait, était le roi Priam. Je l’ai reconnu à sa démarche chaloupée de paysan de l’Hellespont, vaincu une seconde fois par Ménélas…
Dans le souk, j’étais si près de ta nuque que sous quelques cheveux follets, j’en admirai le grain. Je murmurai « Iyi bayramlar ». Priam t’offrit un coupe-papier au manche en peluche de tigre. C’était si horrible que je vomis derrière des cageots.
Depuis je ne voyage plus, peur de rencontrer tes amants.

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Tu n’as qu’un seul défaut, celui d’accompagner ton goût pour les choses fines de l’art et des textes, de la consternante balourdise des hommes que tu es seule à apprécier.
Ton dernier butor me crucifie, puisque je sais que c’est rédhibitoire à nous.
La peur me vient d’une rencontre avec un de ces sanguins rustiques qui ont l’heur de te plaire, malgré l’air de sortir d’un tracteur sucrier !
L’autre jour, Perspective Newski, j’étais persuadé que nous marchions sur les trottoirs opposés vers le musée Pouchkine…
Ah ! si seulement encore une fois, vous pouviez me toucher le bras…
Depuis, je ne sors plus de mon lit et j’ai renoncé à la revue « Voyages ».

Me voici devant tous un homme plein de sens
Connaissant la vie et de la mort ce qu’un vivant peut connaître
Ayant éprouvé les douleurs et les joies de l’amour
Ayant su quelquefois imposer ses idées
Connaissant plusieurs langages
Ayant pas mal voyagé

Elle a l’aspect charmant
D’une adorable rousse
Ses cheveux sont d’or on dirait
Un bel éclair qui durerait
Ou ces flammes qui se pavanent
Dans les roses-thé qui se fanent
Mais riez de moi
Hommes de partout surtout gens d’ici
Car il y a tant de choses que je n’ose vous dire
Tant de choses que vous ne me laisseriez pas dire
Ayez pitié de moi

18 juin 2005

Ah ! ce qu’on est drôle !

Dans le grandiose d’une harmonie planétaire qui affiche complet, alors qu’on ne s’est jamais tant mordu la gueule, les premiers cocus sont les artistes, parce qu’ils donnent le ton, parce qu’ils sont représentés par la plus belle collection de gougnafes qu’oncques ne vit de mémoire d’homme avec les humoristes tous temps et leurs chefs de file Roland Ruquier le roi du rire forcé, Ardisson l’inventeur de la pause bisous et l’ineffable Patrick Sébastien, surnommé le con suprême, sans compter les autres caïds du chatouille-moi pour me faire rire, dont notre gloire nationale François Pirette, le rien de deux sets à…, mirliflores qui sévissent pour le plus grand bonheur des marques de lessive et quelques téléspectateurs.
Avec eux on n’est pas sorti de la guimauve.
Ils donnent l’impression que tout baigne dans un univers harmonieux, quand les Steevy ont leur chance et que nous aussi, nous aurons la nôtre, car nous le méritons.
Autrement dit, si ceux qui sont en piste le sont c’est parce qu’ils le valent bien ; tous les autres, sauf nous en attente de génie, c’est de la merde.
On est dans le plaisant-grivois. C’est l’avantage de la connerie ambiante : ça occupe le terrain, ça fait vendre les stocks débarqués des containers chinois et la claque pleure en plus aux moutons du Petit Prince… sans rien branler de la situation actuelle.
Alors que la question politique est une question esthétique, et réciproquement.
L’abandon de la pensée politique par le monde de l’art, pour le fric, est un des drames les plus amers de la pensée contemporaine.
Car ces clowns pour matinée enfantine auraient dans leur froc de quoi faire sauter la banque, s’ils avaient des couilles !
Mais voilà, ces rois du rire, malgré leurs trémolos et les Téléthons, n’aiment rien d’autres qu’eux-mêmes, à tel point qu’il faut les voir par le biais de leurs substituts dans la basse-cour de de Chavanne se gonfler d’importance et ramasser du pognon en écrasant une fausse larme sur le sort des orphelins du Rwanda. Ils sont carrément immondes.
Où est leur créativité qui transformera le monde en vue de bâtir une nouvelle sensibilité ?
L’ambition esthétique est morte à cause de ces commerciaux des multinationales, multirécidivistes des « bons mots », comme la mouche bleue sélective des urinoirs publics, préfère à Liège l’édicule de la cathédrale à celui du boulevard. La population rotant et pétant à l’écran large est aujourd’hui privée de toute expérience esthétique, entièrement soumise au marketing mondial. Une minorité de la clientèle, « artésienne » résistante, fait son deuil des morts à la vitrine et résilie ses contrats télévisuels.
Et qu’on ne vienne pas dire qu’heureusement on a les comiques, depuis qu’on ne peut plus piffer les gueules d’enterrement, les dialogues des carmélites et ces massifs d’importants qui foisonnent à la RTB et à RTL comme les rhododendrons autour des serres de Laeken !
Merde, la réalité est plus drôle qu’Arthur, plus pince-sans-rire que Baffie, animateur surdoué de la branlette à Lagardère. C’est que la réalité ne peut plus être dite, même si les décors seraient en carton de l’Hôtel de Bourgogne où Molière joua Tartufe.
C’est la flatterie de l’imbécile. C’est le triomphe de l’ignare. C’est le culte de l’idiot.
Le triomphe de Jean-Marie Le Pen, au deuxième tour pour la présidence de la république, leur pète en pleine tronche. Car, quoique ils s’en défendraient si on le leur rappelait, mais ce sont eux les véritables propagandistes de l’extrême droite, non pas qu’ils en aient les discours, non, ils font pire, ils réduisent leur clientèle à cette seule alternative, parce que leurs rires gras, à la longue, poussent au désespoir.

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Les hommes, les femmes, les jeunes gens de Belgique ou de France ne savent plus ce qui se passe, anesthésiés par l’efficace poison de la pseudo-culture, par l’esthétique bidon des marchands de soupe vedettes, des concours officiels, des discours sur l’art et des universitaires de la fosse d’aisance pour asticots prioritaires. Les gens sont enfermés dans une zone hors circuit des neurones. Les mains désormais sales, ils sont irrécupérables, juste capables de chier juste dans la lunette « Sphinx ».
Cette misère touche tout le monde. « Le désert croît » dirait le prédicateur Nietzsche, chéri des adolphins. Ils sont la "civilisation", elle-même devenue le symbole de leur ghetto. La société vit dans des zones esthétiquement sinistrées. De profundis…
Ce qui s’est passé, c’est tout con et s’explique à l’aise. Au cours des années 50, pour absorber une surproduction de biens dont personne n’a besoin, l’industrie américaine met en œuvre des techniques de marketing (imaginées vers 1930 par Edward Barnay) qui ne cesseront de s’intensifier durant le XXe siècle. La plus-value de l’investissement n’atteint son apogée que sur les économies des marchés de masse toujours plus vastes. Pour gagner ces marchés de masse, l’industrie développe une esthétique où elle utilise les médias audiovisuels qui vont, en fonctionnalisant la dimension esthétique faire adopter des comportements de consommation.
C’est le début d’une misère symbolique et affective. Les « clients » sont privés de leur capacité de l’esprit critique. Ils sont mûrs pour qu’on leur fourgue n’importe quoi.
Le rapport aux objets industriels se standardise.
Les histrions intégrés à la marchandisation généralisée aident aux projets de déshumanisation pour raison commerciale. Ils détricotent l’individu pour mieux nous mettre à plat et nous baiser plus à l’aise.
L’objectif serait une pause bisou généralisée. Vous auriez l’impression que votre langue touche l’appareil dentaire d’Ardisson au plus profond de son palais, lors même que ce n’est qu’un groupe financier qui vous la met bien profond.

17 juin 2005

Athéisme atypique.

Qu’Il ait eu des frères et des sœurs ? Les familles en ce temps-là avaient l’obligation pour survivre d’être nombreuses. Que sa Mère ait été une femme active, tirant l’eau du puits, cousant et ravaudant, préparant les repas avec le mil et les légumes et puis, une fois la maisonnée couchée à même les nattes, rejoignant son mari, ne s’efforçait-Elle pas de le satisfaire malgré sa fatigue et mieux encore ne cherchait-elle pas aussi un plaisir bien mérité ? Mais qu’y a-t-il là de répréhensible, voire de honteux ?
On atteint à l’orgasme comme on peut. Sainte-Thérèse d’Avila n’avait-elle pas des spasmes de plaisir en s’offrant à la langue de feu qui la pénétrait ? Ne touchait-elle pas au sublime par caresse mystique ?
Que l’Enfant grandissant en sagesse se soit abandonné parfois à la fougue de son tempérament, au point d’éprouver les passions humaines et d’en avoir l’exacte et pleine satisfaction, c’est ce que l’ensemble de l’humanité fait depuis toujours !
Que n’en eussé-je usé moi-même avec Myriam !
Qu’ensuite Il réunît dans des lieux publics les gens de son village vers qui allait sa sympathie et que cette sympathie fût payée de retour, n’est-ce pas ce que Socrate, Platon, Epicure et tant d’autres firent quelques siècles auparavant et, de telle façon et avec une telle renommée que même si le grec n’était pas enseigné là où Il vécut, en a-t-il eu l’écho !
Que son fond d’homme juste et bon l’ait fait réfléchir au joug des militaires et des occupants, qu’Il se soit, par raisonnement et analyse, intéressé plus aux pauvres qu’aux riches, n’est-ce pas encore au temps présent si exclusivement attaché aux valeurs de l’argent, une leçon pour nous tous ?
Que Ses discours aient gêné les gens en place, plus que sa vie itinérante de prêcheur sans doute désinvolte et amoureux des femmes, voilà malgré les théodicées emphases, l’occasion pour les pharisiens de réagir contre l’intrus, ce discoureur, ergoteur et philosophe dangereux !
Mais sa valeur n’était-elle pas dans ce que Sartre appelle « un Homme parmi les Hommes et que vaut n’importe qui »?
Pourquoi, bon sang, avoir exclu de l’Image qu’on en a en 2005 tout ce qui vient d’être écrit ? Pourquoi en avoir fait cette présence glacée, lointaine, entourée de gens sans contour depuis qu’ils sont sans humanité, parce que leurs thuriféraires les ont rendus exceptionnels et hors atteinte ?
Quelle erreur des clercs d’avoir forcé le peuple à adorer la projection qu’ils en donnaient ? Et, comble de l’horreur, d’avoir poursuivi et massacré tout qui avait l’impudence de penser qu’au contraire, Il ne pouvait être plus haut qu’en étant Homme ?
Et durant des siècles, ils se sont acharnés à consolider l’image qu’ils s’en faisaient !

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Les textes fantaisistes s’ajoutant aux erreurs historiques grossières, ils tissèrent autour d’une histoire exemplaire par sa lumineuse candeur, une sorte d’hybride fabrique à décerveler pour un simulacre de doctrine et de foi, juste bonne à grossir les rangs des hérésies et des pantalonnades des autres monothéistes, engagés par similitude sur les chemins des à-peu-près et de l’amalgame.
D’une belle image, limpide, d’un homme révolutionnaire par les principes énoncés, ils ont fait une caricature au service d’un pouvoir, le leur, fort bien intégré aux pouvoirs temporels révérés depuis Constantin.
Et voilà l’Homme sacré du début servant de faire valoir à une racaille en soutane, montré aux foules comme Yvette Horner sur un camion du Tour de France !
On Le voit assister aux mômeries d’un personnel ceint d’écarlate, habillé de dentelles, comme les Auguste de la Rome antique, virevoltant autour d’œuvres d’art, élevant des ciboires, magnant des burettes, psalmodiant dans trente-six langues, les cent mille mots des étiquettes de leur naufrage moral.
Faut-il qu’Il soit vraiment mort ou vraiment bon de tolérer cela, si comme certains l’espèrent ils ne Le voient que bon, quand tant d’autres Le croient bien mort !
Et s’il s’agissait d’un meurtre ?
S’il s’avérait que les voyous qui l’enclouèrent n’étaient qu’une infime partie de la bande d’assassins qui, aujourd’hui encore, Le pourfende de sa bêtise et de sa cupidité ?
Et si seul le crime poursuivait depuis la nuit des temps jusqu’à la fin du monde sa trajectoire sanglante ?
Et si, les temps tragiques que nous traversons étaient prévus sur nos montagnes de Meguiddo et que notre folie ait enfanté cinq milliards d’Harmaguédon ?

16 juin 2005

Une carrière au bond.

Ce lundi s’est ouvert la conférence sur les fins de carrière.
Verhofstadt l’a rappelé immédiatement : il n’est pas candidat à la prépension. Encore jeune et dynamique, il peut encore servir l’entreprise de rejointoiement qui unit des matériaux aussi disparates que les riches et les pauvres, les Flamands et les Wallons. Un bon lifting, une meilleure approche des subjonctifs et le voilà reparti pour les 25 prochaines années.
Premier objectif : augmenter le nombre d’emplois, l’un des plus bas d’Europe.
Pour être dans la norme de 10 euros de l’heure (salaire moyen en Belgique) les ministres devraient prester 165 heures semaine ce qui leur laisserait 3 heures pour manger et dormir le septième jour ! Avec des nouveaux bas de rétention, Laurette Onkelinx a assuré que dormir debout à la Chambre sans que cela s’aperçoive, c’est possible.
Plutôt que d’augmenter la TVA, reste à diminuer drastiquement les dépenses de l’Haut-lieu, si l’on veut arriver à un équilibre de la sécu et des pensions.
Didier Reynders, notre charmeur aux finances, pense que si nous employions les WC Sphinx nous ferions des économies d’eau. Grâce à un épurateur nouvelle formule équipant les lunettes des WC Sphinx, on pourrait recycler les chasses d’eau. Il en a fait la démonstration en buvant l’eau de son wc immédiatement après qu’il ait déféqué le repas de la veille, pourtant riche en éléments nutritifs, puisqu’il était payé par la collectivité fêtant la délégation belge revenue à pied de la Chine ! Il s’est dit satisfait du résultat, si l’on excepte la digestion difficile d’un poisson du Mékong farci au gingembre, bloquant l’épurateur.
Ce qui a donné l’idée à son chef de cabinet de proposer à l’Université de Liège une recherche depuis la lunette des WC Sphinx afin de reconstituer la nourriture ingérée et dissoute dans les sels. Il suffirait d’y introduire les calories digérées par le tube digestif et ainsi de recommencer le cycle.
On mange déjà de la merde dans les magasins d’alimentation à grands débits sans qu’il n’y ait jamais eu beaucoup de morts. La manger carrément, grâce à l’Université de Liège serait possible. Une version de l’ULB améliorée, redonne à l’homme son sens du cycle fécal : le premier bol alimentaire est ingéré, on en excrète l’inassimilable qui, compacté, constitue le deuxième bol ; les substances nutritives non assimilées, une seconde digestion permettra de les intégrer !
Du coup l’augmentation de la TVA sur le pain et les pommes de terre n’aurait pas trop d’influence sur l’index des prix, puisque les aliments pourraient servir deux ou trois fois.
Si Verhofstadt se juge bon pour le service, il ne voit pas pourquoi les Belges de 50 ans poursuivraient le rêve de ne plus rien faire. Le gouvernement a déjà approuvé des mesures qui encadreront essentiellement les entreprises en limitant les prépensions.
Toujours à l’Université de Liège, des psychologues cherchent les raisons qui conduisent plus de jeunes au suicide que les vieux. Si par des moyens nouveaux on parvenait à inverser la tendance et que le seuil de 55 ans serait un cap plus difficile à franchir que celui des 15, 16 ans, le problème des prépensions et même des pensions serait en partie résolu.
Vande Lanotte a proposé d’offrir un WC Sphinx en guise de cadeau de départ aux nouveaux prépensionnés, à la suite du malaise que Didier Reynders aurait eu le lendemain de sa démonstration en buvant l’eau de sa cuvette. Des fois qu’un bon empoisonnement collectif résoudrait la question. Evidemment, tous les prépensionnés ne mangent pas des poissons du Mékong au gingembre !

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A la suite de cette démonstration du ministre des finances devant un parterre de journalistes dont mes éminents confrères de la presse régionale au premier rang desquels nous avons distingué la présence du rédacteur en chef de Proxi-Liège, j’ai pu me procurer des documents confidentiels découpés en carrés et pendus à un clou du WC de notre grand homme d’Etat. Ils traitaient de la problématique du suicide.
Que les secrétaires de plus de 50 ans n’acceptent sous aucun prétexte un WC Sphinx en cadeau à l’occasion de leur préretraite. Si par aventure, elles en étaient déjà pourvues, qu’elles n’utilisent pas celui de la série avec lunette doublée en peau de vison. A la rigueur, qu’elles demandent à Reynders de le tester. C’est un homme de devoir. Il se fera un plaisir de s’y asseoir en public. Ses fèces étant élégantes et se déroulant en volutes libérales, afin de glisser dans les fines tuyauteries du progrès, comme les bobsleighs sur les pentes de Garmisch-partenkirchen, il pense qu’en étant bien chiant, il a des chances de se faire réélire aux prochaines élections.

15 juin 2005

Marx ou Elio ?

L’histoire du monde n’a été qu’une succession de conflits entre dominants et dominés, conquérants et conquis, maîtres et esclaves, forts et faibles, nobles et serfs, industriels et ceux qui n’ont que leur force de travail, riches et pauvres, et tout dernièrement, les partis politiques qui ont dit « oui » à la constitution Giscard et le petit peuple qui a dit « non ».
Dans cette bipolarisation conflictuelle, ce sont toujours des intérêts contre d’autres intérêts. Et il n’y a pas de raison que cela cesse, l’humanité n’ayant jamais crû en sagesse en même temps qu’en nombre.
Lorsque Raffarin au début de son mandat de premier ministre a parlé de la France d’en bas, n’était-ce pas une façon de confirmer que la France était coupée en deux, la France d’en bas supposant qu’il y ait une France d’en haut ?
Le clivage n’est pas net. La démocratie, c’est un malentendu entre ceux qui ont le pouvoir économico politique, et ceux qui n’ont que leur bon vouloir. Et l’on sait comme cette capacité dernière est malmenée par les temps qui courent.
Il y a plus de 30 ans, le PS avait solennellement rejeté le principe de la lutte des classes. Cette politique était devenue obsolète. Il était nécessaire d’abandonner une attitude hostile vis-à-vis des nantis pour normaliser des relations humaines désormais sans classe.
Cette abolition avait pour but de rapprocher les socialistes des détenteurs de la force économique afin que les producteurs partageassent les fruits de la prospérité. Autrement dit, dès que cette politique fut décidée, pour se faire accepter du camp d’en face, fallait-il que les droites considérassent les socialistes comme des alliés plutôt que comme des ennemis. A cette époque, les puissances d’argent étaient dominées par la frousse du communisme. Elles avaient lâché du lest et auraient été prêtes à en lâcher encore. Ce qu’elles n’ont plus voulu faire dès la chute du mur de Berlin.
Quand la confusion d’intérêts paraît donner raison au rapprochement, le renoncement socialiste semble logique ; mais quand d’évidence elle ne l’est plus, c’est le drame.
Lorsqu’elle fut voulue, cette abolition de la lutte des classes ne reposait que sur des suppositions et des projections dans le futur qui se sont révélées fausses. Cette nouvelle culture exprimait la primauté du rapport à l’argent qu’avouait désormais une société sans alternative réelle, et dans laquelle tout le monde, peu ou prou, s’intégrait dans le marché. Il y avait donc une intériorisation du libéralisme et du marché comme règle de l’échange. Cela concrétisait la montée en puissance d’une culture de la performance. Longtemps, être moderne signifiait rejeter la tradition et être transgressif. Aujourd’hui, ce serait plutôt épouser la cause de José Bové et par un retour en arrière, éprouver de la nostalgie pour ce que valurent de bienfaits les conquêtes des travailleurs du temps de la lutte des classes.
Les socialistes réformistes à l’image de Di Rupo sont en passe de faire figure de collaborateurs godillots par les classes supérieures, et de « vendus » par le monde du travail. Cette situation inquiète la gauche qui devra en tenir compte dans ses choix du futur.
Aujourd’hui, chacun fait l’inventaire de ses acquis et constate qu’ils sont en perte de vitesse chez les petits et exponentiels chez les pourvus.
La droite a depuis longtemps choisi le camp de la mondialisation et de la concurrence sauvage, la gauche ne sait plus quel est le sien.
Au moment d’une emprise sans pareille du capitalisme, la réaction en termes de lutte des classes manque à l’arsenal de la réplique. La lutte des classes avait au moins le mérite d’exposer clairement que la victoire d’un camp fait toujours le malheur de l’autre.

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Tout ce qu’a écrit Karl Marx, sent le soufre, c’est entendu. Pourtant, frappé du coin du bon sens, le marxisme apporte souvent des solutions à la boulimie capitaliste. Le rejet du marxisme est plus qu’une question de mode. Par l’habileté des propagandistes pro-américains de la guerre froide, nous est resté la conviction que Marx a engendré tous les malheurs du communisme. Si cette oeuvre était celle aujourd’hui de Bernard-Henri Lévy, on en serait à tisser des couronnes pour ceindre le vaste front de l’auteur du Capital.
Les socialistes réformateurs ont réfuté le schéma de la lutte des classes pour s’engager dans l’empirisme d’une réconciliation avec le monde libéral. Ils s’y sont enfermés, trop marqués par leur collaboration pour en sortir facilement.
Si très rapidement ils ne parviennent pas à vaincre le chômage, ils vont se trouver en porte-à-faux entre ce qu’ils prétendent être et ce qu’ils sont réellement.
C’est un dilemme, car enfin, ils ne peuvent rien modifier dans le social sans l’aval de l’économique.
A la rigueur, ils se fondront dans le parti libéral comme le FDF et la frange PSC de Deprez. Ils ne tiennent déjà plus la gauche que par leurs réseaux, le clientélisme et l’espèce de réputation qu’ils usurpent en matière de justice sociale.
Oser dire que le système actuel ne leur convient plus et revenir au marxisme, voilà la seule issue. Ce n’est pas pour demain.

14 juin 2005

L’homme de demain sera flexible ou ne sera pas.

Ainsi en auront décidé ceux qui pensent pour nous, agissent pour nous et… vivent de nous !
Le discours officiel nous le chante sur tous les toits : « La société que nous avons forgée pour nous et pour notre bonheur, comme nous le croyions naïvement, nous échappe. Nous sommes les Frankenstein de la modernité. Patiemment, pendant de nombreuses années nous avons forgé au secret de nos laboratoires un homme nouveau qui ne nous ressemble en rien.
Le monstre sitôt sorti de la salle d’opération est appelé à vivre dans le précaire, dans les lendemains qui déchantent. C’est un nomade qui ne possède rien que sa force de travail dont on ne veut pas tous les jours. Il doit se dire « mobilisé » et prêt à répondre à n’importe quelle offre d’emploi. Il a organisé en PC sa caravane dans laquelle il vit (c’est un nomade). Il attend les instructions du FOREM.
Un emploi de boulanger à Termonde, alors qu’il habite Verviers et qu’il est menuisier, ne doit pas le rebuter. Il se déplace, il se remet en cause dans des stages, il apprend le flamand, en un mot il est flexible.
Sa disponibilité est telle qu’il a abandonné depuis longtemps le désir de fonder une famille. Il aurait bien voulu, mais les circonstances sont là. Il est sous-payé en attendant d’être chômeur momentanément pour se lancer dans un stage qui lui évitera une pénalité dans ses allocations.
La jeune fille qu’il avait rencontrée et avec laquelle il avait songé à fonder une famille est sortie du même laboratoire que lui et a les mêmes perspectives d’avenir. Pire encore, parce que c’est une femme.

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Mais programmée pour le travail, elle s’est décentralisée à Anvers où elle est barmaid sur le port, étant entendu que les offres d’emploi non satisfaites dans le métier de pute sont parmi les plus élevées dans la Belgique nouvelle.
Elle est naturellement devenue flexible sur les multispires de son lieu de travail.
Enfin la flexibilité générale a fait baisser le nombre de demandeurs d’emploi, ce qui a permis à la Belgique d’offrir au monde la vitrine d’une prospérité nouvelle, grâce à cela tous les partisans de la flexibilité accrue ont naturellement augmenté leur niveau de vie. Même la population flexible a évolué considérablement. Plus pauvre qu’avant, sa préoccupation majeure qui est de trouver à s’employer l’occupe tellement qu’elle passe son temps entre le travail et les dépressions nerveuses qui commencent à créer un véritable souci pour la Sécurité sociale au point qu’on pense la rendre flexible aussi en n’accordant des indemnités pour les soins et les hospitalisations que pour six mois seulement, après, le patient devrait refaire un stage afin de bénéficier à nouveau d’une protection pour la dépression nerveuse suivante.
Grâce aux modèles danois et britannique, la flexibilité socialo-libérale belge s’est appropriée par mimétisme les qualités physiques nécessaires aux emplois proposés. Les jambes se sont allongées pour les couses rapides d’une offre à l’autre, les diplômes et les curriculum ont trouvé une place dans la vaste poche ventrale qui pousse désormais sur le ventre de la nouvelle génération, comme les marsupiaux, tandis que la bouche des intéressés se rétrécissait en cul de poule. Moralement le flexible s’est endurci au point de se confondre en excuse à la moindre rebuffade des gens qui n’étant pas en position d’être flexibles sont devenus cassants.
Comme l’homme nouveau n’a plus de femme, ni de domicile fixe, on lui a donné le statut d’itinérant permanent, seul le bureau électoral où il va apposer son empreinte digitale sur la feuille « oui » le jour des élections reste fixé à côté de l’hôtel de police de l’endroit de sa naissance.
Malgré cela, la population augmente légèrement chaque année, car la flexibilité ayant gagné le monde entier, il arrive que les flexibles de Nankin ou de Budapest se voient notifier un engagement pour Herstal ou Ville-du-Bois où sous peine d’être rayés des listes, ils doivent impérativement se présenter le lundi suivant la désignation.
La recherche sous cette impulsion souple a fait d’énormes progrès sur l’humain. C’est ainsi que comme le ver de terre dont certaines espèces ont le pouvoir de se régénérer et de se reconstruire quand on les coupe en morceaux, on pourra bientôt envoyer les jambes d’un flexible travailler à la poste, tandis que les bras seront employés à cirer les chaussures des fonctionnaires du Rond-point Schuman.
Des combinaisons sont possibles. Pour éviter des pertes de temps aux parades amoureuses, on est parvenu à donner à certains flexibles volontaires, on en est encore au stade expérimental, le caractère de l’escargot. Equipé des deux sexes, le flexible pourra entre ses trois ou quatre métiers satisfaire ses besoins sexuels en cours de route, sans perte de temps préjudiciable aux statistiques.
Enfin le Belge souple, flexible morcelable et hermaphrodite est devenu la référence en matière de résorption du chômage, non seulement en Europe, mais dans le monde entier, là où les jet-setters et les barons de l’économie avaient peine à recruter du personnel.
On pense qu’en 2095, il n’y aura plus que dix-sept chômeurs invétérés, non flexibles et unisexes, mauvais Belges et fort capables de voter « non » à tout progrès. Les libéraux saisis de la question veulent les parquer dans une réserve naturelle à Saint-Hubert, tandis que l’arrière petite fille de Marie Arena, ministre de la flexibilité au nom de l’efficacité socialiste souhaiterait qu’on les fusille pour haute trahison et défaut de moralité. Le lointain parent de Laurent Fabius, président de la république depuis 2093, rêvant à sa réélection, songerait plutôt à les envoyer en villégiature aux îles Caïmans, quitte à ce que le bateau sombre en cours de route.

13 juin 2005

Un littérateur démasqué.

- Y a personne ?
-Tu vois bien qu’il n’est pas là.
-C’est curieux, la porte était ouverte.
- Méfiant comme il est, ce n’est pas dans ses habitudes.
-Si on regardait ce qu’il était en train de faire ?
-C’est indiscret.
-Et lui, il est discret avec toutes les histoires qu’il raconte ?
-Tu crois qu’elles ne sont pas toutes issues de son cerveau malade ?
-Il en aurait de l’imagination … vu tout ce qu’il écrit !
-Je me suis souvent posé la question, comment peut-il écrire un truc tous les jours ?
-Il a ses nègres…
-Certainement. Mais, on n’a jamais vu personne.
-Le téléphone, les courriels et puis il sort.
-En ce moment, tu crois qu’il a quelqu’un ?
-Justement, sur son bureau, au-dessus de la pile de livres, un poème à Myriam.
-Qui c’est, Myriam ?
-Il ne nous l’a jamais dit.
-Avec toutes les putes dont il nous inflige les photos, ce n’est pas difficile…
-Qu’est-ce que tu en sais ?
-Alors, c’est un amour impossible.
-Oui, une bonne femme qui en a fait le tour et qui s’en méfie.
-Comme elle a raison.
-Puisqu’on fouille, tu n’aurais pas trouvé un papelard qu’il signe de son vrai nom ?
-Pourquoi ? Il ne s’appelle pas Richard d’York ?
-T’es con ou tu le fais exprès ?
-Alors, il ne se prend pas pour de la merde.
-Sûr. D’un côté, il joue les affranchis…
-On ne sait pas s’il est de gauche ou de droite..
-S’il est extrémiste…
-En tout cas, il n’est pas socialiste…
-Oui, il bouffe un Di Rupo tous les matins…
-Dis plutôt qu’il fait un Di Rupo tous les matins…
-Il prend son pied en tirant la chasse !
-Et d’un autre il se fait appeler d’York… sans blague !
-Si on lisait le poème qu’il a écrit pour sa Myriam ?
-Non. Elle pourrait se reconnaître.
-Tu as raison. Pour ce con, on s’en fout, mais pour elle – puisqu’on ne la connaît pas…
- Son ordi n’est pas fermé. J’ouvre à Word… C’est un dialogue…
-Encore !
-Oui, un dialogue, la page est plus vite remplie.
-Il est payé à la ligne, alors… quel salaud !
-Il touche. Je te l’avais toujours dit.
-Voyons ce qu’il écrit :

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« Comment décaler les sons
Une fiction de votre cru !
Oui, le tout de mon cru !
Par là aussi, vous êtes passée par Latine, chère Gisèle.
Celles que la Muse habite, cher Antoine, quand les voies crissent et les railles coupent.
A-t-on sut le sujet ?
C’est : « comment décaler les sons ».
Mais la coulure a-t-elle endolori le fond ?
C’est l’histoire d’une cache à houille. La mine et ses piquets, un drame pur.
C’est un marin support anodin qui découvre l’anneau de Titus. Une fosse qui tient la Gisèle. »

-Tu y piges quelque chose ?
-Non. Mais avec lui, on s’attend à tout.
-Quel minable !
-J’entends du bruit. Attention le voilà.
Richard – Salut les mecs. Y a longtemps que vous êtes là ?
-Non. On vient d’arriver. On ne savait pas où tu étais.
Richard. – J’en sors. Je viens de faire un Di Rupo bien moulé…
(Les deux autres se regardent avec un air d’évidente satisfaction et se disent en chœur)
-Hein ! Qu’est-ce que je t’avais dit ?

12 juin 2005

The lost week-end

En discothèque, c’est moins pour faire une rencontre avec un plus si affinité que pour ne plus se sentir seul. Tout le monde sait que « le plus si affinité » ne va jamais bien loin, un peu comme les chiens qui se reniflent les parties génitales, passent à l’acte et vaquent ensuite à leur passe-temps favori qui est d’aiguiser leur odorat sur des senteurs qui ne sont pas précisément des nuits de Chine, à savoir, qu’ils repartent en chasse comme s’il n’avait rien vécu.
Mais à la différence des chiens, l’homme se souvient et souvent son passé le conditionne à répéter à l’infini ce qu’il estime bon pour lui et qui à l’expérience n’est qu’une chimère de plus. Et puis, il y a chez certains cette sorte de remord quand la conscience distingue le bien du mal. Ce qui n’est pas toujours le cas.
La solitude est le mal de la société de consommation.
Selon le philosophe Berdiaeff, c’est la marque de la détresse humaine. On croit pouvoir surmonter ce tragique, tout en sachant que c’est impossible.
Mais les sorteurs n’en ont pas conscience, évidemment. Ils finissent par éprouver ce que le philosophe a prédit mais sans pouvoir analyser ce phénomène de solitude afin de le comprendre et d’essayer de le maîtriser, d’où l’angoisse permanente dans la recherche de l’autre et une insatisfaction pénible au bout de quelques relations.
La solitude est liée à la désillusion. On a raté quelque chose au départ, une motivation suffisante, le sentiment de n’avoir pas la profession qui convient, d’avoir une compagne ou un compagnon dont on a vite fait le tour – enfin le croit-on – et qui, devenant sans mystère, devient sans intérêt.
Parfois, à force de se croire meurtri, le sorteur devient une sorte de monstre cynique et sans sentiment. Quoique entouré de ses victimes passées, présentes et futures, après une acculturation du milieu lénifiant du bruit, du shit et de la fureur, la solitude lui devient nécessaire. Elle n’est plus refoulée, mais sublimée par dégoût de soi et des autres.
Les multiples sorties, les baisades (selon Flaubert), les prises d’alcool, n’ont plus qu’une seule fonction celle de divertir du temps qui passe et de masquer par des artifices une condition morale misérable.

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L’impératif festif n’est plus rien que l’animalité du chien sur la piste des femelles urinantes, qu’une déprimante culture du futile et du vain, même si donner les hit des Led Zeppelin peut momentanément satisfaire une prétention à la connaissance spécialisée au milieu dans lequel on se trémousse.
Ce nihilisme des temps modernes, s’il irrite le travailleur anonyme, au point qu’il stigmatise la jeunesse oisive et dépravée, sans trop savoir lui-même ce que son mépris recouvre de refoulement et d’envie tout aussi grossière, ne saurait être perçu comme un plaisir, mais comme une souffrance, tant avec un peu de psychologie on décèle aisément sous la pose, une détresse profonde et souterraine.
Cet arrachement au défilement des heures, loin d’apaiser l’angoisse, la « glucomatise ». Le sorteur a besoin de poursuivre le plus longtemps possible le rêve de son existence nocturne. Il va donc, naturellement, s’arracher de son quotidien en s’enfonçant dans l’oreille la sono des soirs de discothèque. Il se vêt de tenues qui sont les plus propices à attirer l’attention et les achète quel qu’en soit le prix, afin de se fabriquer un look qu’il veut personnaliser, mais qui n’est que le stéréotype de la multitude.
Pauvre vie en somme d’une humanité qui s’abstrait de l’humain et de la connaissance, pour se singulariser dans la sono, l’alcool, la drogue et le sexe dont elle ne sortira que fort endommagée et qui mettra longtemps avant de se reconstruire.

11 juin 2005

Brothel sprouts of society.

Le jet-setter sert de prétexte à nos politiques pour ne pas désespérer de l’avenir en occupant les étranges lucarnes et les radios de sa grande et futile présence.
La récente perte d’un porte-étendard de la confrérie a été l’occasion de les voir regroupés à Saint-Trop pour une mise en bière festive.
Barclay à quatre-vingts piges et quelques était avec les autres boute-en-train de Ramatuelle et d’ailleurs une des nombreuses icônes de la modernité rigolote.
L’art de vivre cultivé comme perpétuellement à la Ferme-celebrity est une manière d’être qui s’envie dans les « une pièce cuisine » de la misère urbaine. Grâce à eux, la déchéance des classes au seuil de pauvreté est moins perçue par les intéressés eux-mêmes. Ce sont les réclames vivantes d’un Loto qui concourt, les jours de tirage, à faire renaître l’espoir.
Les nouveaux Brummell ont noms Massimo Gargia, Stephane Collaro ou Carlos et chez nous Plastic Bertrand et Radiguez.
Consommateurs insatiables, ils sont à la recherche du plaisir permanent sur le temps que leurs admirateurs suent sang et eau dans les usines.
Ils symbolisent la flemme qui rapporte et la chasse aux jouissances. Sportifs à l’occasion, à la pointe des équipements les plus sophistiqués, ils ne se déplacent que dans les palaces branchés à quelques encablures des ports ou des stades, entourés des femmes aux antipodes d’être celles de ménage.
Sont-ils heureux, ces grands oisifs ?
Ils sautent d’un endroit branché à un autre, sans jamais s’arrêter, comme si de ne pas défrayer la chronique mondaine ou des scandales au moins une fois le mois était une déchéance.

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Comme ils entretiennent un rapport frénétique avec le temps, on ne sait les approcher qu’entre deux avions, leur seul moyen de transport.
Mais, quand ils ne sont pas en représentation chez Patrick Sébastien ou Thierry Ardisson, lorsque, par exemple entre Ibiza et Dubaï, ils sont seuls deux heures durant avec eux-mêmes dans un jet privé, loin des fans, ne doivent-ils pas ressentir ce que Schopenhauer écrivait à propos de l’ennui « le tourment des classes supérieures » ?
Que ressentent-ils à occuper l’espace médiatique pour expliquer les malheurs qui parsèment leur vie, à mettre à nu une intimité si peu riche qu’ils ont besoin de la partager avec des jeunesses qui ont la moitié de leur âge, dont ils finissent par se séparer comme Pol-Loup Sulitzer à 65 ans, tandis qu’une hémiplégie faciale le rend quasiment inaudible.
Et le public marche et s’apitoie. On les aime glorieux, les jet-setters, mais aussi malades, trompés, ridicules, tant qu’ils se donnent en représentation, comme la petite fille de Michèle Morgan et son mari, fils de Richard Anthony. S’ils le pouvaient, ils s’enfileraient sur le plateau devant Fogiel, se passeraient des seringues et tireraient des fumettes en public. Tant ils aiment transgresser pour nous faire comprendre qu’ils sont au-dessus de nos misérables vies de plouc. Et on applaudit à leur gloire et à leur misère qui, on le sait, n’est qu’une misère de théâtre.
Il n’y a qu’une chose que personne ne leur pardonnerait, c’est de vivre comme nous, en pantoufles à boire des bières devant un match de foot. Ce qu’ils font, sans exception, mais dans le plus grand secret comme une honte pire que les photos prises au télé de Ducruet se faisant sucer par une pute anversoise, du temps qu’il était le mari de Steph de Monac.
Barbey d’Aurevilly l’avait découvert avant nos jet-setters, les dandys ne sont que les produits d’une société qui s’ennuie. Il faut croire que l’on s’ennuie beaucoup tant les magazines people regorgent de photos de ce quart-monde du dessus.
Gatsby le magnifique fut le héros d’un roman de Fitzgerald. L’intérêt de sa trajectoire réside dans sa renommée fondée sur une richesse soudaine. La déchéance fatale qui le conduira à la mort est en somme le constat qu’il n’est pas du monde aristocratique et fermé des vrais et authentiques snobs de la société du temps.
Aujourd’hui, ce n’est plus pareil, le gotha se morfond dans des châteaux dont les toits percent. Ces nobliaux ne sont plus que des fins de dynastie pour des émissions culturelles de France 3.
La vulgarité du jet-setter nous le rend proche, la gouaille voyoute que nous admirons en eux, nous le réprouvons avec indignation ailleurs. Ils se sont fait tout seuls, comme Steevy, l’ancien vendeur de pizzas embauché par Ruquier pour son émission « on va se gêner » dont la naïveté et l’inconsciente bêtise font rire tout le monde et qui se fait du blé sur sa réputation de pédé.
L’espèce de privilège qu’ils ont de dire devant un auditoire ravi « va te faire enculer » ou « elle était maquée avec Roland Dumas » leur donne une façon d’être dont nous envions la liberté jusqu’à la pauvreté du vocabulaire.
Comme a écrit Christophe Puyou : « le jet-setter symbolise la vie rêvée, celle où tout est luxe et volupté. Il est malheureusement des rêves qui se muent sans crier gare en cauchemars. »

9 juin 2005

Couloir C, porte 8.

- Nous classons les dossiers de l’Exposition de 1905. Mademoiselle Godesec gère deux expropriations en litiges, l’une de 1903 et l’autre de 1904. Enfin, la toiture du bâtiment de la Boverie, aujourd’hui notre musée d’art moderne, fait toujours l’objet d’une procédure de l’Administration à l’égard des entreprises Toit-bleu de Remicourt…
- Tout ça de l’exposition de 1905 ?
-Absolument. Un cas de contrôleur des billets du portique dérivation qui a disparu fin septembre 1905, avec une certaine somme, 13 francs, je crois…
-13 francs !
-Monsieur, 13 francs or de 1905…
-Il n’a pas été arrêté ?
-On était sur une piste en 1922, depuis, plus rien.
- Cent ans plus tard, il y a des chances qu’on ne le retrouve plus.
-Monsieur, l’Administration ne néglige rien. Mademoiselle Godesec a aussi dans ses attributions l’Exposition de l’Eau de 1939.
-Encore des litiges ?
-Pire. C’est un casse-tête. Les personnels n’ont pas été licenciés, puisque la fermeture a eu lieu à la déclaration de guerre. Nous avons 42 préavis qui n’ont pas été distribués.
-C’est grave ?
-Nous ne voulons pas nous placer en-dehors du code du travail.
-Je vois sur votre document que vous en aviez 43 l’année dernière ?
-Oui. Hector Balefoie a été retrouvé dans un hospice. Il avait 88 ans.
-Vous lui avez notifié son préavis ?
-Oui. Avec les frais, sans compter le fisc, il nous devait 26 €.
-Qu’a-t-il dit ?
-On ne sait pas. On est arrivé aux obsèques. Et c’est là que ça se complique.
-Ah bon !
-Le dossier est au contentieux. Nous cherchons à savoir si Balefoie avait des héritiers.
-Je vois que vous avez encore un bureau de la milice.
-Oui. Et alors ?
-Il n’y a plus de milicien depuis la fin du service militaire !
-On voterait demain la reprise de la milice, que ferions-nous ? Ce serait un comble ! L’armée nous a prêté l’adjudant Bédarieux. Nous manquons d’effectif.
-Et que fait-il ?
- Il archivise les rapports des caporaux de la Chartreuse à l’instruction des miliciens de 1949 à 1959. Par exemple, le rapport du caporal Debatz à son maréchal des logis chef Lourdeaux. Debatz se plaint du manque d’air dans les latrines.
-Je suppose que Bédarieux travaille aussi sur les archives des casernes Fonck et Citadelle ?

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- Ce travail est prévu pour 2007.
-Et que faites-vous pour conserver la mémoire de Liège ?
-Les travaux Destenay ont détruit le Centre ville. Sans les archives de l’ancienne maison du peuple, les plans de construction du Sarma et du Gymnase, que saurions-nous de ce périmètre dévasté ?
-Rien.
- Toutes les pierres, les poutres et jusqu’aux clous forgés sont répertoriés ! L’ancien Gymnase et les bâtiments de la Coopérative recélaient d’importants vestiges.
-Et où se trouvent-ils ?
-On n’en sait rien. Notre rôle consiste à conserver les documents pas les traces.
-Pouvez-vous par les documents retrouver les traces ?
-On ne peut pas.
-Pourquoi ?
-Ce n’est pas le même service.
-De sorte que vous ne savez pas où sont les vestiges ?
- Ils ont probablement disparu, achetés par des touristes allemands, dispersés par des fermiers, ou enfouis dans nos dépôts catacombes.
-Peut-être les retrouvera-t-on dans quelques générations au hasard d’une fouille archéologique ?
-Oui. Et c’est là que nous interviendrons et nous prouverons que l’ancien Sarma ou la maison du peuple n’ont jamais existé sur le terrain d’un ancien charbonnage, que les anciennes écuries du Palais des Princes-Evêques n’étaient pas à Jupille.
- Combien employez-vous de personnes dans vos bureaux ?
-C’est confidentiel. Nous ne sommes pas assez.
-C’était Germain Lehontheux pour la RTBF.
-Vous n’enregistrez plus, là ?
-Non, pourquoi ?
-Juste pour savoir combien vous êtes à la radio de Mons par décision du duce ?

8 juin 2005

Règlement de compte au PS français.

Il y avait au PS français, avant le référendum, un quatuor de présidentiables : Hollande, Fabius, Strauss-Kahn et Jack Lang.
Le Conseil national du PS s’est réuni, samedi après-midi à Paris, dans une ambiance électrique. Une réunion qui aboutit, sans surprise, à l’éviction de Laurent Fabius et de cinq de ses partisans du secrétariat national du parti, afin de mettre en place la "direction homogène" du « oui ».
En écartant Fabius, le quatuor est devenu un trio.
Et ça continue à la base. Partisans du oui et du non, sans se soucier des « leaders » épurés, règlent leurs comptes. Pourquoi ces petits meurtres entre amis s’arrêteraient aux seules victimes du « non », quand les trois survivants se regardent en chien de faïence pour les présidentielles de 2007 ?
Fabius dégommé, la grogne est toujours là.
On se croirait au bureau de Di Rupo ! Il ne manque plus que la chanson de Guy Béart : « Le premier qui dit la vérité, il sera exécuté ! » Quoique chez nous, la prudence est de rigueur, ne serait-ce que par couardise ou parce que sans enjeu comme en France, les places sont attribuées et prises depuis si longtemps que les nouveaux attendent des morts pour avancer, avec la résignation qu’il sied, quand tout avancement ne tient qu’au fait du prince !
Revenons au triumvirat français, sans quoi on va s’y perdre. Les « triomphes » des leaders « historiques » ne manquent pas. Le trio cache mal sa joie sous la tristesse de circonstance.
Décidément les partis de gauche ont bien du mal à profiter des erreurs de la droite. Il se pourrait qu’ainsi Chirac qu’on croyait « cuit » pour une troisième mandat pourrait ressusciter, lui, ou son ombre Sarkozy !... tant l’ambition ronge les autres.
On peut dire que jadis, Mitterrand les avait bel et bien tous baisés !
A défaut de prise en compte des refuzniks, rue de Solferino, les ouistes crient vengeance contre les responsables nonistes du parti qui n’ont pas respecté la ligne, malgré les évictions.
On en a lu de bonnes sur un site mis à la disposition des militants ! « Dégommer Méluch » (Jean-luc Mélanchon), tandis qu’un autre envoyait son coup de Jarnac à Fabius. « Tels des Jean Moulin, entrons en résistance contre la bêtise de l’extrême gauche" écrivait un autre ( « Le PS n’a pas de leader viable (désolé, Hollande), pas de plan, pas d’idées, il n’a que des insultes" conclura un vieux militant désabusé. Un ouiste suggère de lancer une pétition contre "Mélenchon, Emmanuelli, Fabius". Un noniste s’énerve : "Vous êtes en plein délire revanchard, les tenants du non n’ont pas de comptes à rendre (...). Par contre, toi, le oui-ouiste dépressif, tu devras en rendre sur ton rapprochement avec la droite." (Rapporté par Le Monde).
On a là tous les ingrédients si couramment employés en Belgique aussi, non pas contre la droite libérale, mais contre une gauche que le PS qualifie volontiers de « populiste », c’est-à-dire la seule qui fasse de la résistance au réformisme !
Ah ! le 4 juin aura été une grande journée ! Le conseil national se tenait à huis clos, mais les participants venus s’en faire l’écho auprès des journalistes ont évoqué une ambiance de meeting électoral, avec des applaudissements passionnés pour Hollande. Celui-ci aurait toutefois provoqué des sifflets en dénonçant "la xénophobie" utilisée selon lui par les partisans du non pendant la campagne référendaire, autour du thème du "plombier polonais". La nouvelle révocation de l’Edit de Nantes s’est faite par le vote du texte proposé par François Hollande. Il a été acquis par 167 voix pour, contre 122 et 18 abstentions. Ce n’est plus tout à fait l’unanimité des ouistes d’avant le référendum. Ça sent même la scission.
Dans la foulée, un Congrès anticipé aura lieu le 18 novembre plutôt que mi-2006, afin de s’entendre sur "l’orientation du parti".
On se réjouit à l’avance du show ! Qu’est-ce qu’une majorité de militants qui avait pris position pour le oui au référendum va bien pouvoir trouver comme arguments contre le suffrage universel des Français ?
Face à une "crise de régime, une crise politique et une crise sociale" qui contiennent "tous les ingrédients d’un mécontentement social grandissant", M. Hollande se place assez mal en n’attribuant aucun mérite à ceux qui ont vu où se trouvait le choix des électeurs.
L’organisation d’une "convention socialiste européenne sur l’avenir de l’Europe politique", réclamée par le PS français après la victoire du non, le 29 mai en France, au référendum sur la Constitution, risque de mettre au grand jour les dissensions au sein des gauches des pays qui n’ont pas tranché par référendum. Di Rupo va être aux premières loges. Il est vrai qu’officiellement tous les ténors du PS de chez nous à l’exception de Jean-Maurice Dehousse étaient pour le oui. Il faut voir si la « contagion française » ne va pas déteindre sur cette belle unanimité.
De toute manière, qu’elles soient françaises ou belges les directions du PS ne sont pas prêtes à accorder le moindre crédit au non. Tony Blair, lui, en a profité pour se tirer sur la pointe des pieds sur la question du texte constitutionnel.

7 juin 2005

Blablabla.

-Josette, qui aurait cru !
-Oui, c’est surprenant.
-Surtout qu’elle n’en a pas l’air.
-C’est elle avec Georgina qui…
-Georgina ? De qui tu parles ?
-Oui, Georgina ! Tu te rappelles ? La femme du docteur…
-Tu veux parler de Paul ? Et Georgina, c’est sa femme ?
-Oui.
-De quoi on parlait encore ?
-De Josette.
- Je ne la voyais pas avec Jean Schäffer.
-Jean Schäffer, c’est impossible.
-Pourquoi c’est impossible avec Jean Schäffer ?
-Il est mort l’année dernière.
-Je t’ai dit que c’était impossible avec Jean Schäffer, car même s’il n’était pas mort l’année dernière, ce serait impossible quand même.
-Ah oui ! Tu fais allusion à sa… enfin quoi, nous savions tous qu’il en était.
-Et la sienne flottait vraiment…
-Alors, on m’a mal renseignée… où j’ai mal compris.
-C’est comme ça, elle est avec Loulou.
-L’assureur ? Là c’est nouveau. Et pourquoi tu dis que c’est surprenant et qu’elle en n’avait pas l’air ?

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-Non, arrête, c’est toi qui as dit qu’elle n’en avait pas l’air…
-Ah ! il faut croire… Georgina, attends voir, celle qui se met des kilos de peinture et qui prend deux sièges au cinéma, un pour elle et l’autre pour ses achats dans les boutiques à fric ?
-Pour en revenir à… je ne sais plus sur quoi on devait revenir ?...
-…parce que Loulou, c’est un drôle de type.
-Quoi ? Il en est aussi ?
-Non. Lui, son truc c’était la fesse africaine. Il les trouvait sublimes.
-Tu dis la fesse, puis qu’il les trouvait sublimes. Elles sont quand même deux !
-Ce que je veux dire, c’est que Loulou, avant, ne jurait plus que par son Ougandaise.
-Avant quoi ?
-Avant qu’on ne se rencontre…
-C’est vrai que Josette en comparaison… Pourtant, pour avoir un cul, elle a un cul…
-On peut dire que c’est trop d’un côté et pas assez de l’autre…
-On dirait un poussah, tu sais ces clowns arrondis et plombés à la base et qui ne se renversent jamais…
-Je sais quand même ce que c’est qu’un poussah…
-Pardon.
-Et comment as-tu su ?
-C’est elle qui me l’a dit. Je suis sa meilleure amie et…
-Bien entendu, elle t’a demandé de ne rien dire à personne ?
-Evidemment, mais toi, c’est pas pareil. Tu es ma meilleure amie aussi…
-Si bien qu’entre meilleures amies…
-On se dit tout.
-Bien voyons, sauf que Josette je la connais à peine… Mais ce n’est pas grave.
- Par contre Loulou, tu dois l’avoir connu, après l’Ougandaise ?
- Ce type a raconté partout que nous avions couché ensemble !
-Alors, ce n’est pas vrai ?
-Si c’est vrai, mais il n’avait pas à le dire… Surtout avec son handicap secret !
-Son handicap secret ?
-Oui. Quand on n’en a qu’une, on fait attention à ce qu’on dit sur les autres !
-Il n’en a qu’une ! Peut-être que Josette ne le sait pas… et pourquoi il n’avait pas à dire ça ?
-Ecoute, il était encore avec Miette au temps de l’Ougandaise. Depuis, elle est en dépression nerveuse.
-Tu me l’as dit, ça me revient… il était encore avec Miette ! Pourquoi tu lui en veux ?
-Une femme qui le dit c’est pas pareil qu’un homme. Ensuite, j’étais dans une mauvaise passe et toutes vous me disiez « comment ça se fait que tu n’as personne, jolie comme tu es ? »
-Tu es sûre que nous t’avons dit « jolie comme tu es » ?
-Oui, pourquoi ?
-Oh ! comme ça. Les compliments sont si rares entre nous…
-Où tu vas, maintenant ?
-Je vais chez Josette, lui raconter ce que tu m’as dit à propos de Loulou !... qu’il a trompé Miette avec toi et qu’il n’en a qu’une…
-Ne dis surtout pas à Josette que je te l’ai dit.
-Tu me connais. Je ne donne jamais mes sources.

Le « Oui » contre le suffrage universel

Tandis que les notables, partisans du « oui », affrontent les petites gens partisans du «non », nos chaînes de télévision privée et publique poursuivent implacablement le débat à concurrence de trois bonimenteurs pour le « oui » contre un pour le « non », tout à fait comme en France.
Sauf de rares avis pour tirer les conclusions démocratiques du « non » majoritaire en France et aux Pays-Bas, les autres persistent à se moquer du suffrage universel et à prendre l’électeur pour un con.
Et pendant ces bavardages, les statistiques changent d’objet ou plutôt, disent d’une autre manière ce qu’on savait déjà en voyant nos voisins dire « non » : la pauvreté menace les Belges.
Tandis que nos universitaires salivent sur l’opportunité du plombier polonais pour nos tuyauteries, comme sur la nécessaire concurrence et la nécessité d’une forte croissance, plus de 15 % des Belges sont directement exposés au risque de pauvreté, selon les chiffres d’une enquête européenne. Pour le ministre de l’intégration sociale Christian Dupont, sans sécurité sociale, 44% des Belges se trouveraient en-deçà du seuil de pauvreté.
Si ce n’est pas à l’Europe à qui l’on doit cette descente aux enfers et pas à nos pays non plus, alors, plus qu’une seule explication, on doit cela au progrès !
Est-ce à dire que nos « élites » avancent, donc progressent, parce que la population recule !
Et on voudrait que ceux qui reculent obéissent à ceux qui avancent ?
Ce que les libéraux et les socialistes ne comprennent pas, évidemment.
Ils ont élaboré un système très performant et qui colle parfaitement à la mondialisation des économies, mais voilà, il est tellement performant qu’il n’a plus besoin de nous pour fonctionner ! Les fonctionnaires européens, les classes politiques et les industriels s’autosuffisent, si l’on excepte les plombiers polonais pour les tuyauteries et les couturières chinoises pour les chemises.
Ce n’est pas la chienlit du « non » qui le dit mais « L’European Union Statistics on Income and Living Conditions » qui étudie le revenu et les conditions de vie des Européens. En somme, c’est leur propre organisme qui pète les plombs, un peu comme si Busquin et Di Rupo passaient brusquement du centre où ils font merveille à la gauche où plus personne ne les connaît !
Après avoir humé l’assiette au beurre avec les revenus de la belle société du « oui », voici le brouet aux navets comme pendant la période la plus noire de la guerre 40-45 : un ménage unipersonnel gagne en moyenne 1.422,81 euros par mois et 17.073,67 euros par an.
Le seuil du risque de pauvreté est donc atteint, pour un ménage d’une personne, à partir de revenus ne dépassant pas 772,56 euros par mois et 9.270,67 euros par an. Ce risque menace plus directement encore les chômeurs (32%), les parents seuls (31,2%), les locataires (24,6%) et les plus de 65 ans (22,6%).
On ne se demande plus en Belgique le choix qu’aurait fait un plus de 65 ans, locataire et vivant seul avec un petit-fils à charge, si le Duce du PS avait été d’accord de procéder à un référendum, même si ce « pauvre vieux » avait eu des sympathies pour Valéry Giscard de Machin et Jean-Luc Hardy Dehaan.
Aux chiottes l’Europe de la misère, aux chiottes la Belgique de la « constipation » du Rond-point Schumann.

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Chez les affranchis de notre société moderne, le risque de pauvreté y est limité à 6,4%. De même, les propriétaires sont eux aussi mieux protégés (12,4%), tandis que les hommes sont moins exposés que les femmes au même risque : 14,2% contre 16,2%.
Il faut qu’à la misère apparaisse le char divin des élus. Que l’on sache, braves gens que les 20% de la population au revenu le plus élevé ont un revenu 4,3 fois supérieur à celui des 20% au revenu le plus faible.
Tout ça vu dans le cadre de la lutte pour l’intégration et des efforts en vue d’établir des indicateurs structurels capables d’appréhender la cohésion sociale.
Un jour qui se rapproche, on verra paraître des rapports tellement accablants que leur lecture sera insoutenable, ce qui permettra à nos génies de la gauche réformiste et conformiste d’écrire des textes encore plus fort sur l’économie mondiale et ses bienfaits ; ainsi que sur la nécessité d’une Europe plus forte et plus constitutionnalisée.
Ce jour-là on verra à la braderie de Mons, Di Rupo en personne vendre des chemises chinoises pour payer son plombier polonais.
Un vrai triomphe !

6 juin 2005

Les interdictions de Laurette !

- C’est fait ! On est rassuré ! On a enfin la nouvelle Loi !
- De quoi ? Des 44 % de Belges au seuil de pauvreté et qui vont voir leur sort s’améliorer ?
- Non, vous rêvez. Ils resteront toujours sur leur seuil à voir passer les autres.
- Alors de quoi ? On a la solution pour BHV ?
-C’est toujours au frigo avec nos viandes.
- De quoi, alors, on est rassuré ? Des nuisances de Zaventem ? Du « oui » de Di Rupo pour l’Europe comme les Lettons ?
- Vous le faites exprès ? Mais de la nouvelle loi sur les armes que le Conseil des ministres vient d’approuver et qui sort des cartons de Laurette Onkelinx.
- Ah ! enfin. Le crime du commissaire qui a tué avec son arme de service une policière ne pourra plus se faire ?
-Non. Les commissaires pourront toujours.
-Pourtant, ce n’est pas la première fois que des policiers peu au courant qu’ils ont une arme dangereuse à la ceinture avec des balles dedans envoient des projectiles par inadvertance…
-Par advertance aussi. Eux, ce sont les gardiens de l’ordre, n’est-ce pas. Ils ont le droit.
-Mais alors, cette Loi s’adresse à qui ? Aux gangsters ?
-Non. Eux ils s’approvisionnent à l’étranger. Nos armes de poing ne leur suffisent pas. Leur métier exige des armes de haute performance. En ce moment l’armée russe déstocke. On trouve sur le marché des bazookas, des mitrailleuses et même des tanks à des prix bradés.
-Alors, je ne vois pas ? Elle est pour qui cette nouvelle Loi Onkelinx ?
-Mais pour nous, mon cher.
-Vous détenez des armes, vous ?
-Non. Et vous ?
-Pas davantage.
-Elle sert à quoi cette nouvelle Loi ?
-Mais à rien, comme toutes les nouvelles Lois Onkelinx.
-Pourquoi l’a-t-elle faite ? Parce qu’elle est sincère et qu’elle ne lit pas les journaux ?
-Oui. Vous avez raison. Si elle les lisait, elle verrait que les crimes avec armes sont le fait des policiers et des gangsters.
-Deux catégories qui ne sont pas reprises dans la Loi.
-C’est comme ça. Que voulez-vous, il faut bien qu’ils servent à quelque chose, nos ministres.

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- Et la fameuse réforme de la justice ?
-Elle y travaille, mais c’est plus lent que pour les armes.
-Et les prisons surchargées ?
-Elle hésite. Grâce à l’indépendance de la justice, les magistrats n’en font qu’à leur tête.
-Si bien qu’à l’avance, on sait que les directives pour désengorger les prisons ne seront pas suivies d’effet.
-Tandis que la Loi sur les armes, là, c’est spectaculaire, d’autant qu’elle ne servira à rien.
-Oui, mais qu’elle publicité pour Onkelinx !
-On dira elle a bravé les lobby de l’armement…
-Comme si on était en Amérique, alors que la FN ne fabrique pas des armes pour le citoyen de chez nous, mais uniquement pour la guerre et les policiers.
-Il y a quand même les armes de chasse. Ce sera mieux contrôlé.
-Il y a une recrudescence des crimes à l’arme de chasse ?
-Non. C’est plutôt calme…
-Il paraît qu’elle a la preuve qu’au Canada il y a moins de crimes depuis qu’on a voté une Loi du même genre.
-Les gangsters canadiens utilisent des armes de chasse ou des pistolets 6 mm ?
-Non. Ils achètent chez les Russes comme nos voyous. L’année dernière un chasseur dans le grand Nord a raté un ours et a tué un caribou, espèce menacée d’extinction. Alors, on a pris des mesures…
-Depuis, il n’y a plus eu de caribous tués par balle ?
-Si. Mais c’était par la police.
-Donc, c’était autorisé.
-Voilà.
- Elle va loin Onkelinx dans sa Loi. Il paraît qu’elle va contrôler jusqu’aux manifestations folkloriques qui utilisent des armes historiques.
- Il y a eu des morts lors des tirs des sociétés de marche des soldats de Napoléon ?
-Non. Mais ça se pourrait… des fois qu’un fusil leur péterait au visage.
-Elle est forte la Laurette ! Il faut croire que le gouvernement est aux abois et qu’il faut trouver des Lois de diversion pour que les gens ne pensent plus aux lois qui seraient nécessaires.
-Elle va aussi proposer une loi sur les armes blanches. Les bouchers n’auront plus droit qu’aux canifs suisses aux lames réglementaires de 5 cm maximum.
-Celle-là, elle pourra se brosser.
-Pourquoi ?
-Interdire le sabre de Saint Georges ! Avec quoi il terrasserait le dragon à la ducasse de Mons ? il faudra qu’elle passe sur le corps de Di Rupo pour ça !

5 juin 2005

On tourne chez les frères Serin.

- Pourtant, t’es un type bien ! Je ne la comprends pas.
- Moi non plus. Surtout quand tu vois la gueule de l’autre !
-Faut croire qu’elle en avait vraiment marre.
-Faut croire.
-Qu’est-ce qu’elle devient ?
-Je l’ai perdue de vue…
-En dernière nouvelle, elle était avec qui ?
-On m’a dit qu’elle s’était mise avec un ancien joueur de football. Un con !...
-Oui, ces femmes-là se mettent toujours avec des cons.
-Un type intelligent pourrait pas les supporter.
-T’étais avec elle depuis combien de temps ?
-Ça fait un bail.
-Donc t’étais un con aussi…
-Moi, c’est pas la même chose.
-Ah bon ?
-Tu penses, de mon temps elle n’était pas trop conne.
-Pourquoi ?
-Elle avait une vie régulière. Je lui apprenais des choses…
-Comment t’expliques qu’elle aurait viré conne au moment où tu lui apprenais des choses ?
-Elle s’est lassée d’apprendre. Sa nature s’est probablement rebellée. J’ai vieilli. Pas elle.
-Dis plutôt que tu as fini par l’emmerder !
-Probable.
-Que tu lui disais plus rien.
-C’est certain. Elle avait un fond de vice que j’ai apprécié, puis peu à peu, le désir s’est émoussé.
-A quoi elle passait le temps ?
-Au début, elle passait ses journées à faire son portrait, mais toujours en s’idéalisant, en plus jeune…
-C’était pas vraiment une artiste…
-Sur la fin, ses dessins devenaient de plus en plus rouges…
-Probablement le feu au derrière ?
-…et comme elle me disait plus rien de ce côté-là…
-T’as été cocu !
-Non. C’est trop facile.
-Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
-Ses amies. Fallait voir les phénomènes… de ces racoleuses de bastringues…
-Elles sortaient ensemble et elles l’ont dévergondée ?
-C’est probable… quoique de par sa nature, fallait pas la pousser. Elle avait des dispositions !
- Elle s’est sentie vieillir, a regretté le temps qui passe et pris son pied. C’est classique.
-Pourquoi me demandes-tu ça ?
-Je fais une enquête sur les couples.
-Tu ne me l’avais pas dit !
-Tu ne me l’as pas demandé.
-C’était à toi de me le dire. Jamais, je ne t’aurais fait des confidences.
-Tu parles ! Voilà dix ans qu’on se connaît et tu m’en parles toutes les semaines.
-C’est quoi au juste ton enquête ?
-C’est pour un magazine féminin. Il paraît que neuf fois sur dix, le cocu est macho.
- Je vois. C’est lui qui l’a cherché ! Il n’a que ce qu’il mérite !
-D’après les statistiques, c’est dans 85 % des cas.
-Ecoute, ce que je t’en ai dit à propos d’Estelle, en réalité, on est resté dix ans ensemble et elle n’a flanché que dans les six derniers mois.
-Tandis que nous, hein Roger, voilà dix ans qu’on se connaît, et ça ne fait que six mois qu’on est ensemble.
- Denise, tu ne vas comparer notre couple avec celui que j’avais avec Estelle ?
-Non. C’est vrai. Ce n’est pas la même chose. Elle a mis neuf ans et demi avant de te tromper. Moi, je l’ai fait au bout de trois mois !
- Ce n’est pas possible ! Enfin, tu n’es pas sérieuse ! Et avec qui s’il te plaît ?
- Avec le joueur de football. Tu as raison, c’est un con. Mais c’est un sacré baiseur !
-C’est effrayant, ce que tu me dis-là ! Et tout ça à propos des statistiques ! Mais qu’est-ce qu’il a de plus que moi, ce type ?
-Tu veux que je te fasse un dessin ?

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Une voix off – C’est bon. Couper. On va reprendre. Le cocu plus indigné s’il te plaît.
-Ecoute, j’intériorise la colère, tu saisis pas mon jeu ? Une question, je peux ?
La voix off – Vas-y !
-Pourquoi je jouerais pas le footballeur ? J’ai quand même un physique plus avantageux que Gourmet, non ?
-Ce serait trop naturel. Gourmet est loin d’être un con. C’est son intelligence du jeu qui fait qu’il est un con plus convainquant !
-Et moi alors ?
-Toi, tu es naturellement con et ça se voit trop…

4 juin 2005

Les beaux emplois du FOREM

Aujourd’hui un collège pour Jet-setter débutant.

La dernière phobie des jet-setters : apprendre à leurs enfants de rester riches.
Cette idée vient des Etats-Unis, bien entendu. Les familles américaines disposant d’un capital de plus de dix millions de dollars, dont le nombre a doublé depuis le début des années 90, envoient désormais leurs enfants en formations intensives pour les préparer à gérer leur capital et le faire prospérer.
Ce n’est pas encore le cas en Europe. Les enfants de riches et de stars, stars eux-mêmes par contagion et curiosité des médias ne sont pas toujours habiles à profiter de la gloire facile que les géniteurs leur apportent. Ils sont parfois incapables de gérer au mieux ce capital indéfinissable de la notoriété, quand ils ne deviennent pas des voyous et des délinquants. Alors qu’il leur aurait suffi d’exploiter le plus infime talent, la plus ridicule spécificité de leur propre fonds de commerce pour remplir le tiroir-caisse, comme certaines vedettes des arts et du cinéma qui ont eu un boulevard ouvert à la moindre de leur entreprise et qui se sont goinfrés grâce à la jobardise générale et sans autre talent que celui de papa ou de maman.
Aujourd’hui chez l’Oncle Sam, des programmes se multiplient, souvent proposés par des banques et des cabinets-conseils à leurs meilleurs clients. Les plus marioles de ces avisés enseignants ne s’intéressent qu’aux familles disposant d’un capital d’au moins 50 millions de dollars.
Moyennant 5000 $ par personne la Iff Advisors de Californie propose des stages de 5 jours sur la plage pour les fils et filles à papa afin de leur mettre un peu de plomb dans la cervelle tout en surfant sur la vague l’après-midi et se retrouver le soir aux parties fines, le plaisir n’étant jamais trop loin, histoire de ne pas trop les dépayser.
Mais, il y a aussi des mentors plus ambitieux pour des stages allant jusqu’à deux ans. Alors, l’inscription se fait sur devis, avec contrat entre avocats, comme il se doit.
Si le jeune futur prodige se drogue, on le désintoxique. S’il se masturbe, on lui fournit de la belle pute californienne genre « Alerte à Malibu ». Si junior est débile léger, on lui apprend à avoir l’air important plutôt qu’imbécile et on lui attache un/e secrétaire à l’orthographe précise. Si enfin il manque de manière, on le forme à mettre le couvert, à séduire par des mots convenus et à des baisades selon le goût des rombières américaines qui gardent leur chapeau sur la tête quand elles font l’amour. Aux incurables, on leur propose des experts boursiers et des avocats qui, s’ils ne dépouillent pas tout de suite le jet-setter en herbe, se feront quand même des surplus copieux sur les carcasses incultes.
Ainsi la famille est rassurée et l’héritage se transmettra sans partir en quenouille ou revenir aux descendants de ceux qu’il fallut spolier pour entrer dans le club des millionnaires.

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Les dynasties industrielles ont compris l’effet dévastateur que peut avoir l’argent sur des enfants qui héritent sans expérience ni formation : les premiers, les fondateurs, souvent des voyous financiers, font fortune, la deuxième génération s’use à être bien reçue dans les milieux fermés du pognon. Elle s’inscrit dans la jet-set, mais pas assez tôt pour vider les comptes et enfin, la troisième, la plus fragile, en profite mais sottement et finit par se ruiner pour une ballerine du Bolchoï en décentralisation au Metropolitan ou, pire, par l’Etat. Pour M. Freeman, c’est le problème le plus grave auquel les familles riches sont confrontées.
La pêche aux clients de cette nouvelle forme d’enseignement se fait dans les eaux où les merlans ont entre 18 et 30 ans. Nous voulons les choper quand ils sont encore en âge d’apprendre, avant que la fortune ne les ait gâtés tout à fait, commente Freeman dans un langage plus chantourné que celui de votre serviteur.
Le divorce est le fléau qui fait le plus de tort à la conservation de l’oseille. Quand les femmes de milliardaires divorcent, surtout celles qui ont 25 ans de moins que leur richissime mari et que le beau-fils ne montre aucun appétit pour la reprise à corps de la frétillante, les fortunes volent en éclats. On sait les Américains accrocs des consultations d’avocats, contrats supervisés et clauses suspensives et, voyez, malgré cela, l’hécatombe des fortunes sombrant dans les controverses !
Comment gérer le trésor de guerre ou de rapine, comment le faire prospérer hors-taxe, comment le protéger des concurrents maffieux et comment le transférer dans le cadre d’une succession, à un innocent avide de jeter l’argent par les fenêtres, les nouvelles écoles jettent les bases d’un enseignement que seuls les Américains savent rendre efficace.
Les stages emploient des psychologues en porte-jarretelles pour les hommes et en survêt de tennisman pour les filles. Ainsi, tout le monde est outillé pour le consensus.
Une bonne nouvelle, ces formations nécessaires se feront bientôt en Europe. Juste un peu de patience. Il paraît qu’on a déjà des inscriptions. La première promotion s’appellera "Eddy Barclay".
Voilà enfin une école qui ne sollicitera pas les subventions d’Arena. Et si elle veut y donner cours, pourquoi pas ? On trouvera bien une guêpière en harmonie avec son type de carnation.
C’est tout bon pour l’emploi comme dirait Tchantchès !

3 juin 2005

Le bal des cocus

A 62 % - 7 % de mieux que les Français - les Hollandais ont rejeté la copie de Valéry au concours de l’Eurovision constitutionnelle.
Si personne n’arrête le massacre,les pays à qui il reste un brin de démocratie et qui ont appelé leurs ressortissants à un référendum finiront par voter « non ». Voilà, du coup, les « mussoliniens » qui ont passé outre, dans l’embarras. Et qu’y a-t-il de plus « mussolinien » en Europe que notre Di Rupo national, dans sa farouche volonté à ne pas appeler au peuple, dès lors qu’il a été élu ?
Ainsi, pendant près de 50 ans, on nous a vanté un modèle européen depuis les salons dorés des républiques et des monarchies qui n’est que le sur-mesure de ces messieurs et dames de l’establishment et qui n’est en rien celui du peuple européen !
Le voilà bien le modèle de l’Europe, un mauvais remake d’une Amérique vendue aux multinationales ! Du coup, les pèpères de la gauche salonarde se rongent les ongles d’avoir aboyé avec la meute libérale. Ils ont trop vite abandonné leurs vieilles godasses pour les Nike du conformisme libéral.
Leur vision était trop courte. Il va falloir se reconvertir dans une gauche plus musclée ou disparaître dans le marais centriste !
En sont-ils encore capables ?
Que les lucides de l’Haut-lieu en déroute conseillent quand même aux hallucinés de la geste bureaucratico-bourgeoise de l’Europe de souffler sur les bougies de la tarte à la crème et d’arrêter les frais de la consultation à propos de la Constitution Giscard. La mise au placard rapide est la seule solution. L’entartage n’est pas loin, pas vrai mon Godin ?
Reste deux solutions : celle de Tony Blair, à savoir une Europe de libre échange et la seconde une refonte complète des buts de l’Europe avant tout élargissement.
La première, c’est la suite logique de l’empirisme et du laisser-aller. La « réussite » britannique est à notre portée. Elle est à base de dérégulation, de dénationalisations et de catastrophes en matière de chemins de fer, de pertes d’emplois stables pour des prestations aléatoires et intérimaires, de salaires en chute libre et d’instabilité si grande qu’appliquer le « miracle » anglais en Belgique, c’est l’émeute assurée dans six mois ! Que ceux qui admirent le taux de 5 % de chômage de l’Angleterre demandent aux populations de là-bas si elles en sont heureuses ?
La seconde solution, c’est la remise en cause du système capitaliste dans ce qu’il a de plus nuisible pour les collectivités. Tout système économique doit favoriser le plus grand nombre, qui ne voit que celui-ci n’est parfait que pour le plus petit ?
S’il est bon pour Verhofstadt, Di Rupo et Milquet, il n’est pas bon pour la multitude. Et c’est partout pareil en Europe. Donc, il faut des changements plus importants que les timides réformettes de nos Mussolini en campagne du « oui ».
L’Europe ne peut pas se faire contre ses peuples !
Quel modèle choisir ?
A ma connaissance, il n’y en a pas. Il faut donc rêver à partir d’utopies et voir ce qu’il est possible d’en prendre pour le bien public.

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Le communisme comme le capitalisme a foiré. On voit bien Poutine se débattre entre son éducation dirigiste et un libre échangisme qui, jusqu’à preuve du contraire, produit encore plus de misère que sous Leonid Breshnev.
Et si on relisait Karl Marx, plutôt que le jeter avec dégoût dans le fonds des bibliothèques philosophiques ?
Tout ce qu’il dit, vaut bien les jacasseries d’Alexis de Tocqueville, le parangon de Louis Michel !
C’est là une belle rédemption des partis socialistes en vue : reprendre tout à zéro et voir s’il n’est pas possible de trouver une troisième voix à l’expérience des autres, plutôt que de sombrer dans les certitudes libérales ou communistes qui, tout le monde en est persuadé, sont des voies sans issue.
Mais voilà, nos ferrailleurs d’illusions sont partis en flèche dans l’Europe libérale. C’est douloureux pour des prétentieux de s’autocritiquer devant le peuple. Vous voyez d’ici tout le bureau du PS, Di Rupo en tête, nous dire les larmes aux yeux que s’ils nous ont trompés, c’est qu’ils se sont trompés eux-mêmes les premiers ! Dans la meute, il s’en trouvera un qu’on ne soupçonnait pas, moins marqué à la culotte libérale que les autres, qui risquerait de dépendre le portrait de Benito du bureau présidentiel.
C’est comme ça en politique. Quand les gens ne les voient plus les meilleurs et les plus beaux, c’est fini !
A moins… Villepin se donne cent jours pour réussir… le temps du retour de l’île d’Elbe, mais à l’issue desquels ce fut Waterloo. Le Mazarin de Mons, plutôt que de jouer les imbéciles sur le référendum raté et de s’obstiner dans le « oui » que vous n’avez pas compris, devrait se saisir du « non » populaire et en faire quelque chose. Mazarin voulait débaucher Louis XIV jeunet en mettant sous lui une de ses nièces, son admirateur montois pourrait essayer de nous séduire aussi, cent jours pour Di Rupo quand on a son bureau boulevard de l’Empereur, le coup est jouable.

2 juin 2005

Garçon ? La même chose !...

Chirac à l’Elysée, Villepin à Matignon et tout le monde dans le pétrin.
On sait aujourd’hui qui a servi de modèle au génial Franquin pour son Gaston Lagaf : Jacques Chirac !
De l’Elysée au château de Bity en Corrèze, il n’y a pas 400 kilomètres. Avec les moyens dont dispose le président de la république, il démissionne le matin et est dans son parc l’après-midi !
Comment faire savoir à un personnage politique qu’il a fait son temps et que, pour le bien de la Nation, il ferait mieux de laisser tomber ?
Un sportif, c’est plus facile. Un match de trop signifie qu’il n’en fera pas un deuxième. Mais quand on est élu au suffrage universel et qu’il faut attendre deux ans dans le cas de Chirac pour l’envoyer planter ses choux en son château de Corrèze, s’il s’obstine, c’est véritablement une catastrophe.
D’autant que s’il s’accroche au pouvoir, on ne sait pas si c’est parce qu’il aime la France ou s’il craint les affaires qu’il a écartées par son immunité de président qui, entre parenthèse, est une Loi qui a été installée par Jospin lorsqu’il était premier ministre du même pour sauver la mise déjà à ce moment-là !.
C’est clair que le replâtrage de la cause chiraquienne, après que le fusible Raffarin ait sauté, n’arrange pas les choses pour la majorité présidentielle, mais aussi pour la France.
Du rififi à la montagne élyséenne pour accoucher d’une souris à Matignon.
Le tandem Villepin Sarkozy n’est pas propre à sauver le pays du gouffre. Mais, c’est une façon de mettre son féal et son adversaire face à face pour les annuler afin de revenir en 2007 pour cinq ans.
Comme si ce président désavoué avait encore une chance de repiquer au truc !
C’est donc bien à une manœuvre politicienne de dernière chance à laquelle nous assistons, au grand dommage des Français, bien entendu qui « oui » et « non » confondus continuent à être les dindons de la farce.
Le coup de tonnerre du « non » annonciateur d’orages n’a pas l’air d’émouvoir tout ce beau monde qui depuis dix ans, derrière son chef, vit sur la rente de « la fracture sociale » qu’on allait réduire, sans qu’aucune attelle n’ait jamais été mise.
Les Français sont sans doute las des beaux discours, et ils n’ont pas manqué de le faire savoir. De sorte que le métier de premier ministre après Raffarin est un véritable guet-apens dans lequel vont tomber Villepin, c’est certain, et Sarkozy, c’est moins sûr.
Les Socialistes français ne sont pas, eux non plus, dans un bon état. Le mauvais jugement de Hollande et ses ambitions personnelles de réussir là où Jospin a échoué ne se conjuguent pas en une formule heureuse.

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On ne peut pas dire qu’il est « cuit », mais bien « ils sont cuits » en parlant de la gauche salonarde et réformiste qui aura du mal à persuader les gens d’en-bas comme leurs apparatchiks.
A la place de Hollande, je me méfierais d’anticiper le Congrès qui devait avoir lieu l’année prochaine. Les initiatives de cet ordre se retournent parfois contre leurs promoteurs.
Les socialistes réformistes ont enterré bien vite le vieux rêve marxiste, tant les libéraux ont fini par les persuader que c’était une utopie ringarde.
Il fallait conserver cette menace pour faire baisser le ton au capitalisme triomphant, quitte à l’aménager sérieusement de façon à ne pas tout casser.
S’il y a bien un Congrès urgent à faire, c’est bien finalement celui qui ressortirait les vieux rêves et proposerait des voies parallèles au système économique et social actuel qui n’a pas fini d’éprouver les petites gens.
Ce n’est pas qu’une alliance avec les Verts et les Communistes de madame Buffet qu’il faut envisager au PS, mais aussi avec Besancenot et Laguiller, même si cela confine à l’exercice de haute voltige, car ces militants d’extrême gauche ont des idées qu’il serait ridicule d’ignorer à l’heure où la droite de Chirac prétend qu’aucune idée ne sera écartée pour changer la situation de l’emploi et de la sécurité sociale en France.
La gauche plus prude que la droite, cela serait la preuve que cette gauche qui a failli lors du référendum, faillira encore, car elle ne croit plus au socialisme !.
Ce n’est tout de même pas ce que Hollande souhaite ?
Ou alors, qu’il le dise et qu’il aille faire de la critique constructive avec François Bayrou, mais alors hors du parti socialiste !

1 juin 2005

La chanson de Jackie

Celui qui traite son frère de crétin en répondra devant le Sanhédrin.
Alors ?
« Même si un jour à Knokke-le-Zoute
Je deviens comme je le redoute
Chanteur pour femmes finissantes… »
Quand Brel chante « La chanson de Jackie » : « Beau, beau et con à la fois… » est-on sûr qu’il fantasme et envie la beauté des autres ? C’est un paradoxe, mais il n’est pas prouvé qu’il ne rêve pas plutôt d’être con ! Nous, évidemment, nous pensons qu’il n’aurait accepté d’être con que pour être beau. Il veut bien en payer le prix, acceptant l’un en guise de punition pour avoir l’autre. Peut-être…
Jalouse, l’espèce humaine ? Evidemment !
Et qui a dit qu’être beau, c’est être con ? Et qu’être moche, c’est être intelligent ?
On peut être moche et con. C’est même le sort de la plupart.
Boris Vian qui voulait tuer tous les affreux, s’est tué à la tâche, avant d’avoir commencé son travail.
« Etre une heure, une heure seulement, beau, beau et con à la fois ! ».
La connerie selon Brel n’est qu’une intelligente adaptation aux circonstances. On peut être comptable, finir directeur-adjoint d’une fabrique de papier-carton, avoir une femme présentable, une belle voiture, être parfaitement adapté au bonheur libéral, se sentir bien à l’aise dans les discours pontifiants sur la démocratie, voter oui à l’Europe, avoir la conscience en repos, verser dix euros sur le compte « Tsunami » et être un fameux con !
Ce prix-là, Brel était-il sûr d’avoir les moyens de le payer au même prix qu’être beau, lui qui a fichu le camp à Paris abandonnant femme et enfant pour ne pas finir « con » ?
Au fronton du temple de Delphes, il y a 2500 ans déjà, on pouvait lire « Connais-toi toi-même ». Cette inscription fut reprise par Socrate qui n’en ratait aucune. Qu’est-ce que sa femme en pensait, pour tout autant qu’il en ait eu une ? Car, qui peut se vanter de se connaître est probablement un sot, davantage que celui que Brel envie en chanson.
Si l’imbécile c’est l’autre, comment vais-je savoir, en vertu du principe énoncé par Socrate, ce qu’est la bêtise ?

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Aha ! Raisonneur ! Votre compte est bon…
Peut-être en suis-je un moi-même sans être beau, mais il y a longtemps que j’envie les sots, à la manière de Brel. C’est tout de même plus facile vivre à partager les « valeurs » avec la multitude satisfaite, plutôt que penser qu’elles sont fausses et qu’ainsi la multitude à tort.
Et plutôt qu’être seul à s’exprimer sur les sujets qui n’intéressent pas grand monde, avec une petite dose de lâcheté, un peu d’indifférence pour les malheurs de l’humanité, peut-être parviendrait-on à ce que plus rien d’étranger ne nous touche. Etre heureux selon les critères d’aujourd’hui, c’est rejoindre Brel dans sa quête « beau et con à la fois ».
Même fermer sa gueule quand on n’est pas d’accord à ceci de pratique que cela ne vous met en concurrence avec personne. On garde des chances d’être « reconnu », apte. A quoi ? Mais à se rassurer et rassurer l’opinion sur nous. Ne rien dire, fait passer pour un penseur profond. Un taciturne a la sympathie des cons.
Celui qui dit son opinion indispose, car il oblige l’autre à la réflexion.
En un mot, plutôt que le « Connais-toi toi-même » qui a fait tant de tort aux Grecs du temps de Socrate, par les défauts qu’ils se trouvaient, quand ils n’avaient pas le droit d’en trouver aux tyrans qui les opprimaient, c’est sur la réflexion d’Oscar Wilde qu’il aurait fallu méditer :
« Dans la vie, le premier devoir est d’être aussi artificiel que possible. Personne n’a encore découvert quel était le second ».
Quand les gens sont superficiels, le pouvoir reste stable. Il est quasiment le même en Belgique depuis 50 ans. On se rue tête baissée dans l’Europe pour qu’on nous fiche la paix. En France, on ergote, et on est malheureux. La placidité belge n’a d’égal que le bœuf qui regarde de son pré passer les trains. N’est-on pas heureux ainsi ? On accueille plus de monde au salon de l’Auto au Heysel que dans l’ensemble des réunions politiques, syndicales, les théâtres et les conférences pendant un an sur tout le territoire. Cette curiosité-là n’engendrera pas la guerre civile. On ne va pas se battre parce que Peugeot a un nouveau six cylindres. On va prioritairement au Salon parce qu’on n’a rien d’autre à faire et qu’on est désoeuvré quand le patron ne nous commande pas des heures supplémentaires.
La superficialité serait-elle la première des vertus de la démocratie ? Elle l’est sûrement en Belgique.
Affirmer, que si en Belgique « il fait bon vivre » c’est parce que justement les citoyens sont majoritairement des cons. Tout apparaît d’une bonne logique.
Rassurez-vous, ce n’est pas de la prétention de ma part. C’est un con qui vous le dit.