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28 février 2010

Graines de bagne…

Avons-nous changé l’état de nos prisons et de notre justice ?
Ou est-ce pire en 2010 qu’avant ?
Déjà le nombre de prisonniers à singulièrement augmenté, mais pas en proportion des USA (1).
Est-ce notre système qui fabrique de la délinquance ou notre police qui est plus efficace ?
La réponse varie selon la sensibilité de gauche ou de droite de celui qui s’exprime.
Peut-être, sont-ce aussi les lois qu’adorent déposer les gouvernements inefficaces et qui s’imaginent diriger le pays par lois et ordonnances. Depuis que Laurette Onkelinx est passée par la Justice, l’accélération des propositions de loi, certaines si imbéciles qu’elles ne s’appliqueront jamais, a eu une influence fâcheuse sur les citoyens et la justice rendue en leurs noms…
Jadis, les rois montraient leur puissance par des exécutions publiques. Il y avait peu de prisonniers, attendu que les prisons servaient d’antichambre des exécutions et ceux qui échappaient à la potence étaient bannis.
Les longues peines n’existaient pas, sauf lorsqu’elles étaient l’instrument de la haine d’un puissant à l’encontre d’un malheureux. C’est l’histoire du marquis de Sade, poursuivi sa vie durant par la haine de sa belle-mère, puis par la méfiance de Napoléon à l’égard du subversif. La plupart des prisonniers que l’on n’exécutait pas et qui n’avaient pas les moyens de l’exil, étaient conduits à la nef des fous avec les vagabonds, les prostituées, et les orphelins.
Les originaux, souvent des personnages gênants pour le pouvoir, y séjournaient plus ou moins suivant le caprice du prince.
C’était un lieu clos, sorte de cour des miracles où l’on vaquait et divaguait d’un couloir à l’autre, les agités étaient entravés. Ils ne survivaient pas longtemps à ce régime.
Dès l’Antiquité, pour rendre plus rapides les vaisseaux de guerre, on en fit des galères. On y envoyait ramer pour le simple vol d’une dentelle. Tous les rameurs n’étaient pas des galériens, de pauvres diables y étaient volontaires.
Avec la démocratie et l’élévation du niveau de vie, les vols et les déprédations emplissent nos prisons de sujets ardemment capitalistes et qui ont cru à un enrichissement rapide comme les banquiers de 2008.
L’éducation reçue selon laquelle il convient d’être quelqu’un « qui se bat » dans un système où tout est à prendre sans se faire prendre, pousse la délinquance à s’adapter et, en multipliant les formes d’action, augmente d’autant les occasions de faillite, au propre, comme au figuré.
Le Robin des Bois qui vole « pour le peuple » fait partie de la mythologie au même titre que le politicien qui fait de la politique « par amour du bien public » (on ferait mieux de mettre ce dernier terme au pluriel).
Dans beaucoup de pays, l’autorité habilitée à mettre des gens en prison est la justice. Bien entendu, il y a d’innombrables situation où la justice n’est en fait que l’exécutif du pouvoir. Dans la plupart des cas, elle est sous influence, au moins de l’air du temps de la société dans laquelle elle fait son métier. Criminelle au début du siècle dernier, l’avorteuse peut aujourd’hui faire fortune dans la contraception. Par contre, le raciste qui vivait de sa prose dans « Gil Blas » en 1900 peut finir en prison pour propos antisémites dans n’importe quel journal !
La fameuse indépendance de la justice est évidemment un leurre souvent employé dans les démocraties afin de dédouaner après-coup certains écarts qui suscitent la colère ou l’incompréhension des foules.

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Après tout, les juges sont des gens comme les autres, avec leurs défauts, leurs qualités et leurs vices. Juger en faisant abstraction de ce que l’on est, est contraire à la psychologie des individus, néanmoins cela peut arriver. En jouant du droit et de l’usage, on peut rester intègre ou devenir une sacrée fripouille avec tous les honneurs de l’honnête homme.
C’est pourquoi, on a raison de dire que la justice n’est pas qualifiée pour dire le juste et l’injuste, mais pour trancher dans la droite ligne des mœurs et du cadre d’une société déterminée, selon un Droit établi par l’usage et les hommes d’influence. La justice n’est là que pour maintenir l’ordre public, étant par là conservatrice par essence.
Parfois, prenant son courage à deux mains, quelqu’un milite pour une cause qu’il croit bonne, comme l’abolition de la peine de mort proposée par Badinter et promulguée sans avoir demandé l’avis des gens majoritairement pour le maintien.
Depuis les années 80, des décisions administratives privent tous les jours des personnes de liberté, comme peuvent le faire la police des frontières et le Service des Etrangers.
Y a-t-il eu vraiment des changements radicaux entre les prisons de l’Ancien Régime et les prisons de nos démocraties ?
L’insalubrité et la promiscuité y sont quasiment identiques, les humiliations et les fouilles à corps font partie des règles strictes d’application, le travail, s’il n’est pas obligatoire, ni celui d’un galérien, y est fortement conseillé. La rééducation et la scolarisation que l’Administration pénitentiaire nous propose à titre d’exemple touchent infiniment peu d’individus. Beaucoup de prisonniers relèveraient plutôt de l’hôpital psychiatrique. Comme là, il y a encore moins de places, on comprend la confusion des genres.
L’Etat de droit aussi bancal soit-il ne doit pas s’arrêter aux portes des prisons. « Une société se juge à l’état de ses prisons » a dit Albert Camus. Sacré Albert, une société se jugerait plutôt à la diminution de celles-ci en corrélation avec la diminution du nombre de ses prisonniers. Or, avec la criminalisation de la misère, c’est au contraire un accroissement de détenus que l’on observe.
La nouveauté consiste en Belgique à exporter nos détenus vers les prisons hollandaises, les nôtres se révélant trop peu nombreuses. En France, c’est la garde à vue qui fait problème.
Parfois c’est la justice qui ne suit pas, submergée par les affaires, puis c’est au tour des prisons d’être des endroits infâmes et surpeuplés.
Juge-t-on le degré de civilisation au nombre de détenus ? Alors, nous sommes certainement plus « civilisés » ou au peu de prisonniers, dans ce cas c’est l’Ancien Régime.
Dans la confusion où nous sommes des valeurs, tant que les valeurs morales seront moins importantes que les valeurs en bourse, le nombre de prisonniers ne pourra qu’augmenter. Tant que la justice sera faussée par ces mêmes valeurs en Bourse, elle sera injuste.
On ne sortira pas du dilemme.
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1. En juin 2008, environ 2,3 millions de personnes étaient enfermées dans une prison des États-Unis, soit environ 0,7% de la population. Dans les années 2000, le pays a le taux d'incarcération le plus élevé du monde et compte plus de prisonniers que la République populaire de Chine (environ 1,5 millions de détenus) ou que la Russie (environ 760 000) Wikipédia source.

27 février 2010

Le drame social.

Nous ne supportons pas l’injustice. Nous sommes irrités tous les jours par ce que nous rapportent les journaux. Est-ce vrai, est-ce faux ? Le débat n’est pas là. Il y a bien dans tout ce qu’on nous rapporte quelques injustices patentes. Cela nourrit notre ressentiment et nous pousse à reconsidérer tout ce qu’on nous dit à propos du néocapitalisme, de l’abolition de la lutte des classes, et de la justesse d’un devenir social-démocrate. Nous sentons bien que l’apologie de tout cela ne sonne pas juste, compte tenu de la situation dans laquelle nous barbotons.
Nos amis politiques, enfin ceux pour qui nous avons voté, eux aussi – enfin dans leur discours – ne supportent pas l’injustice ; mais s’il s’agit bien de parler de la même voix avec nous et surtout de la même chose, il y a un « je ne sais quoi » qui sonne faux dans ce qu’ils nous disent. Ils abordent l’injustice par la conscience qu’elle pourrait exister en-dehors d’eux, tandis que nous, nous la vivons !
Et c’est tout à fait différent.
Lorsqu’ils se disent au courant des injustices, ne se sentent-ils pas gênés d’en parler alors que cela ne meurtrit pas leur chair, qu’ils ne la vivent pas tous les jours ?
Comment ne sont-ils pas gênés d’oser parler de patience à ceux qui subissent tout depuis si longtemps ?
Il y a un abîme entre la théorie et la pratique.
Ainsi nous savons par notre expérience ce qu’eux supposent par l’expérience de laboratoire. A considérer la belle brochette d’avocats et d’économistes à éplucher les lois, fort peu sont disposés de passer de la théorie à la pratique. Le cas de figure, c’est sur autrui.
C’est ainsi que nous savons qu’aujourd’hui, en Belgique, un homme ne vaut pas un autre, qu’un savoir n’est pas récompensé de la même manière qu’un autre, qu’une naissance dans un certain milieu ne vaudra jamais une naissance dans un autre, etc.
La justice passant par la parole de Sartre : « Un homme parmi les hommes et que vaut n’importe qui. » n’est pas dans nos mœurs.
Nos amis politiques ne le savent pas. Ils n’en ont pas vécu la souffrance tous les jours et même s’ils l’ont vécue, ils ne peuvent plus en débattre parce qu’ils l’ont dépassée. Ils vivent dans un autre monde.
Ce qui est curieux, c’est que le monde dans lequel ils vivent n’est pas essentiellement issu du système.
Les mondes totalitaires eux aussi n’en sont pas épargnés.
Avant le communisme en Chine, les castes n’avaient jamais existé. Le mandarinat n’était à proprement parlé qu’une société de lettrés qu’il fallait dissocier du seigneur local, ou même le très lointain empereur et sa cour retranchée dans la cité interdite.
Avec Mao et la venue d’une société « juste et égalitaire », chaque citoyen eut droit à un casier social. Le maoïsme, sous prétexte de justice, venait de créer les castes. La couleur rouge était évidemment la bonne et la noire, la plus mauvaise. Ces couleurs-là fixaient les destins.
Du petit bourgeois au gros industriels, des petits fonctionnaires aux gros, en l’espace d’un jour, tous se virent dotés de la case noire. Ils n’avaient plus aucun droit.
Seule la case rouge autorisait les porteurs d’entrer au parti, de fréquenter les écoles et de bénéficier des bontés du régime.
Ce serait évidemment une contradiction difficile à comprendre surtout de la part de ceux qui souhaitent établir un système plus égalitaire que le système capitaliste, si la réponse ne se trouvait pas dans la théorie du marxisme-léninisme.
A long terme, l’Etat doit se dissoudre. En attendant, la période dite transitoire passe par ce que Staline estimait être l’accentuation de la lutte des classes.
L’URSS n’a jamais dépassé cette transition. La Chine de Mao s’y était inscrite. La Corée du Nord en 2010 y est encore.
Ce qui n’avait pas été prévu alors et qui survint de façon paradoxale, ce sont les cadres du parti – un peu comme dans le système capitaliste, nos élus – qui se sont organisés en classes privilégiées. C’est-à-dire qu’ils ont reconstitué à leur seul usage une classe supérieure.

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Lorsque nous aspirons à une société plus juste, nous ne pouvons admettre que ce serait pour en recréer une autre, dans une autre forme sans doute, mais tout aussi injuste.
Pour parvenir à une société moins injuste, il faudrait qu’une volonté d’égalité naisse dans le cœur des hommes. Cela n’est pas le cas dans une conjoncture hautement consumériste.
Cependant, il existe un moyen simple de remettre le train fou dans ses rails.
Ce serait de casser les castes sociales en détruisant les statuts qui confèrent des droits illégitimes. Cela consisterait à envisager une fourchette entre les salaires, selon une échelle à fixer entre le plus bas et le plus haut et inclure les revenus extérieurs au travail dans ce calcul.
Tout ce qui dépasserait le plafond reviendrait à alimenter les salaires inférieurs en les augmentant d’une sorte de bonus à l’envers de ce qui est pratiqué aujourd’hui.
La première difficulté viendrait des réticences de ceux qui ont un certain pouvoir dans la vie publique et sociale, principalement du personnel politique, en bref de tous ceux qui à tort ou à raison se croient bénéficiaires du système et qui ne veulent en changer à aucun prix.
Resterait à leur faire comprendre que c’est ça… ou Mao !
Tout est possible par la volonté du plus grand nombre.
Force est de constater qu’elle n’existe pas.
C’est là notre drame.

26 février 2010

Assassins mode d’emploi !

L’histoire bégaie. Surtout depuis que la plus puissante démocratie du monde – la plus peuplée est dit-on l’Inde – les USA, joue à l’élastique avec le sens du mot « démocratie ». On l’a vu avec Allende au Chili, poussé à la « muerte » avec l’aide du FBI par Pinochet, pourtant l’assassiné avait été élu dans les règles.
Aujourd’hui, c’est madame Clinton qui reconnaît la révolution au Honduras, défaisant un autre président démocratiquement élu, par une junte instrumentalisée par le FBI.
Alors, c’est quoi la démocratie vue depuis les USA ?
De Nixon, à Bush, de Clinton à Obama, démocrates et républicains, comme ici pour l’opérette belge : socialiste et libéraux, même combat ?
Un Président renversé et exilé par l’armée, syndicalistes et représentants de la gauche, arrêtés, congrès approuvant la suspension "provisoire" de plusieurs libertés constitutionnelles, ambassadeurs étrangers molestés : ils ont tout fait les militaires au Honduras.
Et qui en a parlé, puisque madame Clinton a reconnu, etc… etc… ?
Par rapport à l’Iran dont nous sommes au courant des moindres faits et gestes des étudiants dans la rue soutenant Moussavi/Rafsandjani pour marquer leur opposition au régime des mollahs, pas de mobilisation internationale pour le Honduras, comparable à celle qui a saisi le monde pour "appuyer la révolution de masse" contre Mahmoud Ahmadinejad
Complice les journaux ?
Il se pourrait. Quand on voit Le Soir qui privilégie des statistiques sur l’embauche possible dans le secteur de la grande distribution par rapport à la lutte des travailleurs de chez Carrefour et que cet article d’actu passe en bas de page, la priorité étant donnée aux suppositions de l’autre, on se demande ?
On se demande si le Honduras n’est pas aussi victime du syndrome identique « ne pas faire peur aux gens et rendre l’espoir dans la démocratie « qui sauvera le monde ».
A l’heure de Tegucigalpa, "mui calente", mais pas de quoi faire cuire un œuf !
« where is my vote ? » pourrait être traduit par les Honduriens : « ¿dónde está mi voto? », sans guère retourner les sangs de nos bons apôtres, experts en démocratie.
On finirait pas être tenté de faire l’analogie d’une démocratie américaine avec la social-démocratie d’Adolphe. Pas d’Auschwitz, ni de Dachau de notre Oncle Sam vénéré, pas encore, quoique une timide tentative à Guantanamo, des incarcérés sans preuves, sans jugement, tout dans l’informel, camp militaire, barbelés, vêtement orange pour le repérage, chaîne aux pieds… c’est troublant tout de même.
C’est pour la démocratie ? Pour venger les Twin Towers ? Ah ! bon… si c’est comme ça… ils ne l’ont pas volé, ces barbares.
Le Honduras non plus, sans doute, qui laissait après le vote démocratique les holdings et les grandes familles dans l’inquiétude.
Comme avec la Palestine.... A Gaza ils sont morts de faim et de froid par milliers cet hiver, devant une armée israélienne, d’abord suréquipée par les USA, puis fabriquant ses engins de mort sous licence américaine.
Comme partout où la démocratie à l’américaine met son nez.

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On voit bien qu’on enferme les gens derrière des mots. On les embobine sur des slogans. On endommage leus neurones avec « les choses sacrées qui méritent le respect ».
Le parti pris l’est et de façon indiscutable, depuis que la démocratie est l’arbre sacré dont nous gardons les fruits. .
En réalité, le démocrate est un guerrier comme les autres à qui on dit de défendre ce qu’il n’a pas. Alors, parce qu’il est chômeur ou qu’il ne sait faire que cela, il s’enrôle dans la plus grande armée du monde casser du Taliban en Afghanistan.
Comme dans toute aventure où l’on risque sa peau, on se persuade très vite que la balle d’en face qui vous est destinée a été tirée par un suppôt du démon venu des enfers pour vous pourrir la vie.
C’est une version que les chefs du parti démocrate aiment entendre ; car, contrairement à l’évangélisme que profèrent les gazettes d’expression française de Belgique supporters de la démocratie, on ne fait rien sans haine !
Les Etats sont comme des clubs de foot, ils forment des joueurs pour casser des tibias en face, s’il le faut.
Pourtant, c’est par vague que le citoyen s’écrase contre les môles du mépris. Le citoyen veut croire que la démocratie, c’est bon, c’est chaud, c’est humain. Nous sommes tous frères clament-ils et ils pleureraient de bonheur en voyant des nouveaux insecticides qui épargneraient les pucerons sur les feuilles de l’écologie.
Hélas ! peuple facile à berner… la démocratie est la tête de l’hydre qui se croit immortelle, mais les autres… celles qui se régénèrent quand on les coupe, anarchie, despotisme, tyrannie, dictature, oligarchie, sont attachées au même corps de chien, elles sont nos « twin » n’oubliez pas !

25 février 2010

Carrefour : le panier était percé…

…et la ménagère n’en savait rien !

Les grands magasins se portent bien, sauf Carrefour.
Cela ne veut pas dire que les autres sont un peu plus salauds vis-à-vis des personnels et qu’il ferait « plus doux » d’installer sa cantine dans les réfectoires du libre-service français ; c’est simplement que Carrefour s’est voulu une nouvelle sorte de produits financiers, en plus de vendre de la conserve.
Pour le reste, c’est l’égalité complète avec les autres tôliers des bas salaires, des travailleuses à mi-temps, de la politique d’embauche des jeunes à contrats déterminés. C’est tout le secteur qui parle d’une même voix, avec à chaque réforme un mot d’ordre général : Haro sur le personnel !
Une fois de plus, c’est le système libéral qui se tire une balle dans le pied.
Le secteur de la grande distribution est en effet un des principaux responsables de la destruction du premier échelon de la classe moyenne : les petits commerçants, chers à la harengère du MR Sabine Laruelle. Jadis on pouvait passer de la condition salariale, à la condition d’entrepreneur. Les supers ont ringardisé le petit commerce. On se demande comment les aigris de la charcuterie familiale, les héritiers de la boulangerie du coin, les fils du droguiste inscrits au chômage votent encore MR !
Créer « sa petite entreprise » persiste chez les doux dingues, la pasionaria MR de la middle class sillonne les marchés sur le coup de midi pour encourager les derniers marchands d’oignons à se lever à trois heures du mat.
Jadis, on pouvait sans trop débourser, s’installer à son compte dans l’épicerie, la confection ou l’article saisonnier. Cela comportait beaucoup d’aléas, mais une fermeture volontaire, plus rarement une faillite, n’entraînaient pas les grandes conséquences qu’a la clé sous le paillasson d’un supermarché.
Ceci n’est pas une façon de prétendre préférer la lampe à l’huile plutôt que l’éclairage électrique, mais se demander si – ce que l’on appelle le progrès – l’est toujours ?
Ces monstres de la vente construits dans les périphéries, combien de temps tiendront-ils encore dans leur organisation actuelle, en sachant qu’il faut être propriétaire d’une automobile pour y faire ses courses et qu’au regard de leur gigantisme, les personnes âgées ne peuvent raisonnablement y faire de la marche à pied pour une boîte de petits pois.
Le tissu de base de la classe moyenne démantelé, l’impossibilité de trouver un paquet de clous ou une boîte d’allumette, un kilo de sel, un poisson frais, etc. à moins de dix kilomètres, le consommateur n’a pas d’autre choix que de s’aller formater avec les autres à la marque « de son super favori » ne sachant plus, au regard de l’emballage, ce qu’il y a dessous et ce qu’il mangera le soir.
Quant aux prix, avec la réputation de certains bougnats de vendre moins cher, n’est-ce pas un argument un tantinet usurpé ou pris sur la sueur des magasiniers et des caissières ?
Cela ne veut pas dire « rendez-nous nos petits épiciers d’antan », mais cela veut dire quand tous les partis de pouvoir, de la gauche à la droite, encensent le système, qu’ils ne viennent pas joindre leurs larmes de crocodile aux personnels des supermarchés malmenés par leur direction.
Car, n’est-ce pas dans la logique capitaliste d’être aujourd’hui jeté comme un kleenex, quand on n’est plus rentable ou quand il y a plus de fric à ramasser ailleurs ? N’est-ce pas, cette réalité-là pour laquelle ils militent si fermement ?
Mais, comme dans toute chose, à chaque malheur le profit est bon, si le petit commerce est mort et avec lui la perspective d’une classe moyenne basée sur l’effort personnel qui disparaît, un autre, plus exotique, avec des prestations inconnues ici, voit le jour. Certes, il contrevient à toutes les règles, s’ouvre la nuit ou à l’aube, emploie les cousins et les nièces ; mais il résiste, parce que c’est une nécessité.

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Les gens des quartiers désertés grâce, à un contournement du droit, en-dehors de toute convention, peuvent à nouveau ne pas faire dix kilomètres pour une boîte de Pilchard.
Personne ne dit rien. Sabine la harengère non plus.
Faut-il en rire ou en pleurer ?
Quand on voit les dégâts que la grande distribution a créés dans l’environnement, le peu de perspectives d’avenir pour ceux qui y travaillent, la piètre qualité qui s’y développe comme un argument principal de profit, on se demande si, une fois de plus, le progrès capitaliste n’est pas une soupe à la grimace dont nous n’avons pas fini d’en redemander, dotés comme nous le sommes, d’un masochisme infini.

24 février 2010

Vendus à découvert ?

Nos grands démocrates, tous partis confondus, ont décidé de jouer la finance internationale contre le peuple. C’est le cas plus particulièrement en Grèce, ces temps-ci, mais ça l’est aussi en Belgique où sur le temps que la controverse aimable sur le vote obligatoire anime des gens comme l’ineffable Monfils, nos grands responsables nous concoctent des mesures de régression sociale dans des domaines fort différents comme l’âge de la pension, les taxes « écolo » et les mesures de reclassement des chômeurs qu’il serait plus juste d’appeler les mesures d’exclusion.
C’est comme si la compétence de nos chaperons qui se la disent vaste s’arrêtait pourtant au portail de l’économie.
Il est avéré aujourd’hui que les grandes envolées lyriques sur l’assainissement des marchés financiers ne seront suivies d’aucun effet. Mais ce tic qui nous est venu de Sarkozy a gagné les partis si bien que de Di Rupo à Didier Reynders, on poursuit le même discours sans que les gens s’aperçoivent qu’il date déjà d’un an et que toute mesure que l’on aurait prise alors devrait déjà être adaptée aux Hedge funds de 2010 qui ne se sont pas endormis en cours de route.
Alors, vous pensez, le plaisir des gens comme Gary Cohn, patron de Goldman Sachs, James Dimon, patron de la banque JP Morgan qui s’attendaient à un réveil des démocraties depuis fin 2008 et qui sont toujours sur la brèche dans les meilleures conditions pour se faire un maximum de blé !
De Wall Street à la City, les langues se délient. Le coup de Goldman Sachs en raid sur la Grèce lui aurait rapporté outre les 300 millions de dollars de commissions initiales, entre 1 à 3 milliards de dollars !
Les hommes d’affaire sont clairs sur la légitimité de ces monstrueux bénéfices, aucune loi n’interdit la cupidité et à Goldman Sachs d’adorer faire de l’argent en spéculant sur la crédulité des dirigeants avec de bons tuyaux. Tout se fait à la vue de tous et en se fichant que les citoyens grecs devront se serrer leurs ceintures de plusieurs crans.
Le discours sur l’éthique du ministre Reynders, mais aussi de son homologue Christine Lagarde, jusqu’au président de la banque centrale européenne Jean-Claude Trichet est pitoyable. Il consiste à rappeler certaines règles de conduite entre gens de bonne compagnie, sans monter un programme afin d’appliquer sous forme de règles les résolutions du discours.
On poursuit ainsi à travers de nouvelles illusions, l’illusion initiale du grand coup de pied dans la fourmilière, sans jamais le donner. C’est une politique d’un genre nouveau, d’hologrammes tellement ténus qu’ils sont invisibles pour tout le monde.
Avant la crise, on ne s’en était pas trop aperçu. A part certains économistes plus sérieux que les habituels guignols entendus sur nos ondes nationales, personne n’imaginait que nous assisterions à la démission définitive de la démocratie par le processus en cours de la globalisation du monde financier.
Aujourd’hui qui pourrait contester ce fait ?
Désormais la finance mondialisée dicte sa loi aux démocraties.
Nos ministres face aux grandes banques ne sont que des ploucs le doigt sur la couture du pantalon. Ils jouent le jeu des précurseurs en la matière que sont les syndicats devenus depuis les Trente glorieuses, la courroie de transmission indispensable entre les travailleurs et la FEB, afin d’assurer aux patrons une paix sociale qui permet de faire plus de bénéfices.
Eux, malgré cet exemple, tremblent devant la haute finance personnalisée au début de cette chronique, plus quelques autres dont Hugh Hendry, John Paulson, et quelques président d’Agence de notation, faiseurs et défaiseurs d’empire, vrais maîtres d’un système qui échappe au contrôle de nos handicapés de la calculette, de nos branleurs de lois régionales et de nos Cassandre en représentation à l’Europe.

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C’est merveilleux de voir « nos décideurs » dans le rôle de « transmetteurs » de la bonne parole capitaliste, trancher dans nos existences au nom de la realpolitik. Parce qu’ils ne savent plus faire que cela, nos sabreurs, foncez sur nos viandes et nous rendre responsables de leur impuissance !
Voilà le sort grec bien catalogué, bien inscrit dans la ligne du temps. Demain, ce sera celui de l’Islande. Dieu merci ! doit jubiler Trichet, ils ne sont pas dans la zone euro.
En attendant des pays qui nous sont plus proches, peut-être nous-mêmes, ce naufrage islandais n’a pas fini de faire des remous. Alors que ce pays avait dénationalisé les banques et promu un capitalisme débridé, les voilà acculés au remboursement à la place des banques dénationalisées aux gogos d’Angleterre et de Hollande qui s’étaient précipités vers ce nouvel Eldorado !
Pour se défaire d’une dette qui n’est pas la leur, les Islandais devraient débourser 12.000 euros par ménage !
En attendant, le chômage y galope et les entreprises ferment faute de moyens.
Question à dix balles, après la Grèce et l’Islande, à qui le tour ?

23 février 2010

Monfils a tort...

…puisque, selon Guitry, « mon père avait raison » !

Déposer un bulletin dans l’urne ou ne pas le déposer, telle est la liberté du citoyen dans presque tous les pays d’Europe, sauf en Belgique, au Luxembourg et en Grèce.
Dans ces trois pays, bouder le vote c’est un délit. Ailleurs, s’abstenir est une manière d’affirmer qu’aucun des partis sollicitant le suffrage des citoyens n’a convaincu. C’est donc un acte citoyen qui a un sens.
En Belgique, le comptage des voix inclut les votes blancs ou nuls. L’obligation de se présenter au lieu mentionné sur la convocation et donc de participer aux opérations de vote quand on n’en a pas envie, fausse le scrutin. Certains partis, plus anciens que d’autres, font partie des habitudes parnurgiennes des populations et bénéficient de ce vote obligatoire, au détriment des nouveaux moins ancrés dans la mémoire collective, puisqu’il n’y a aucune école du citoyen (1).
C’est sans doute le cas du PS et du MR, vieux partis dont l’histoire intime dispose de toute la force du passé de ce pays depuis au moins les cent dernières années.
On comprend mieux pourquoi le sénateur Philippe Monfils, MR, défend l’obligation de vote. Lui qui d’habitude se contente d’admirer Didier Reynders pour tout travail parlementaire personnel, s’est fendu d’une longue diatribe sur la question. Il a peur de n’être plus légitimé, comme s’il l’était aujourd’hui, alors que c’est son chef de file qui lui procure son gagne-pain en le plaçant sur la liste électorale MR dans un ordre utile à sa réélection.
Venant de la part d’un libéral qui se dit attaché aux libertés, même si ce ne sont que les libertés d’entreprendre qui l’intéresse, ruer dans les brancards pour ne pas rendre la liberté aux citoyens d’aller ou non aux urnes, est assez paradoxal.
Venant du Talleyrand liégeois, ce n’est pas étonnant.
Voyons ses arguments :
« Ce n’est pas au moment où se développent des sentiments très profonds d’antipolitisme, de poujadisme, que l’on doit se permettre de supprimer le vote obligatoire. Il n’y a pas tellement de pays au monde où l’on peut se vanter d’avoir un vote libre et qui aboutit réellement à l’instauration d’un Parlement démocratiquement élu. »
On a compris. Les citoyens de plus en plus nombreux qui s’opposent à ce que les partis politiques poursuivent la confiscation de la démocratie à leur seuls avantages où voulez-vous qu’ils s’expriment, puisqu’on refuse de les entendre ? Il ne leur reste plus que l’alternative de marquer leur différence en s’abstenant de voter.
Prenons mon exemple : pour qui dois-je voter, puisque tous les partis, droite et gauche, sont pour le système économique qui a montré ses limites en 2008 ? Où voulez-vous que je milite pour une démocratie plus sociale, plus propre, parmi ces corrompus ?
Qu’importe, on ne veut pas entendre la plainte des opposants sans parti. Non, Monsieur Monfils, ce ne sont pas des poujadistes, des extrémistes comme vous le prétendez, mais des gens qui se sentent abandonnés par le genre de démocratie que vous portez aux nues. Ils doivent voter. Cela vous arrange bien. Sans doute parce que le nombre des abstentions serait trop important. Cela deviendrait gênant pour votre « glorieuse » carrière.
C’est tout le style de notre Talleyrand de mêler l’antipolitisme au poujadisme. Ainsi, on ne sait pas qui est qui. En jetant l’anathème sur tout qui n’est pas derrière sa conception particulière de la « démocratie », il empêche de fait un débat sur ce que devrait être la démocratie et ce qu’elle n’est pas en Belgique. Lui, c’est le meilleur démocrate possible, les autres qui ne veulent plus voter tant ils sont écoeurés devant le spectacle que lui et ses pareils donnent à la nation, sont des extrémistes…
« Supprimer le vote obligatoire, c’est l’aventure. Je suis certain qu’un certain nombre de personnes iraient à la pêche le jour des élections, et cela fera le jeu des extrémistes. Parce que dans l’isoloir, le Belge reste assez raisonnable. »

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Voilà bien les pêcheurs à la ligne qualifiés de dangereux extrémistes ! A suive ce raisonnement, le Belge qui ne voterait plus deviendrait un dangereux extrémiste et lorsqu’il vote, cette simple action le débarrasse de ses mauvais penchants au point de devenir raisonnable et de voter MR !
Le reste du délire est aussi édifiant :
« C’est quoi le droit ? Pour moi, le droit de chacun, c’est précisément avoir la possibilité de choisir ses élus. Je suis persuadé que si on arrivait au vote facultatif, vous verriez la légitimité des élus tout de suite mise en cause. Des gens pousseraient des hauts cris : “Regardez ce gouvernement, il n’est soutenu en réalité que par 14 %.” Je préfère de loin être l’élu de 90 % des gens que l’élu de 34-45 % des gens qui se sont déplacés pour voter. »
Donc, Monfils l’avoue enfin, il serait en réalité soutenu par 14 % des voix à peine – sans doute beaucoup moins - mais derrière son chef, les pauvres types qui vont aux urnes en traînant les pieds font 90 % des citoyens, ça grossit les supporters du MR !
C’est justement parce que cette démocratie n’en est plus une vraiment, qu’aller voter pour déléguer « les pouvoirs » à des présidents de parti qui désignent arbitrairement les députés, n’incite pas particulièrement le citoyen à donner son avis, puisqu’on n’en tient pas compte !
J’attends toujours que Monfils, par son exemple, me donne envie d’aller voter.
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1. On supprime un peu partout les heures de morale, alors que c’est le cours idéal pour faire des citoyens. Un sondage a montré que l’électeur moyen est inconscient de ses droits. Un nombre encore plus élevé est incapable de dire comment le système fonctionne. A leur décharge, la Belgique est un pays compliqué.

22 février 2010

On tient le coupable !

Sans ironie aucune, nos deux babillards télévisuels – RTBF, RTL - étaient branchés sur « le drame effroyable » (l’accident de chemin de fer de la semaine dernière).
A part l’unanimité des condoléances navrées des participants des deux débats, le reste fut du tonneau dont on a l’habitude : une certaine lâcheté des dirigeants et une véhémence sans égale des petites gens acteurs et spectateurs de cette sombre tragédie, puisque depuis qu’on leur assène la tolérance zéro, ils voudraient enfin qu’on l’applique à quelque chose.
Evidemment le lampiste, il en faut toujours un, à savoir le conducteur du convoi tamponneur, qui aurait grillé un feu rouge à 99,7 % de chance comme a dit un délégué syndical (franchement il me serait difficile de lui payer une cotisation à celui-là) paiera les pots cassés.
Les autres, ces huiles qu’on parachute dans les hautes sphères des administrations, ces gestionnaires de l’ombre, pourront toujours se regarder dans une glace, comme l’a dit l’un d’entre eux, avec la satisfaction d’y voir une belle gueule paisible et bien nourrie, prompte à palper le beau pognon bien vu, bien pris.
Le drame effroyable aurait-il pu être empêché ?
Il me semble qu’un seul feu rouge, même s’il est précédé d’une série de petits feux chargés d’attirer l’attention du conducteur, me paraît une barrière bien légère pour arrêter un mastodonte de plusieurs centaines de tonnes et qui peut faire autant de dégâts qu’un bombardement.
Sinon, le salaire des conducteurs pour une responsabilité pareille devrait être au moins du double des administrateurs avantageusement sanglés dans des costumes de qualité et dûment cravatés comme il se doit devant les autres, les vrais responsables des chemins de fer belges, bien mal fichus et cols ouverts sur des vêtements bon marché.
On a bien parlé des freins automatiques, des systèmes qu’on a commencé d’installer et de l’argent que ça coûte, et si on ne les a pas installés tout de suite, c’est la faute à l’Europe, à l’invention belge qui n’est pas la même que la française, au programme mis en place et qui ne sera bouclé que dans deux ans… bref, il n’y en avait pas sur ce convoi de la catastrophe dont le malheur retombe sur Fatalitas et Cie, sur les voyageurs qui ont eu la malencontreuse idée de monter dans la première voiture et de ce fichu conducteur qui brûle les feux et - nous dit-on – ce ne serait pas la première fois, mais jamais, au grand jamais, aux merveilleux administrateurs qui se dévouent corps et âme quelque part dans Bruxelles.
Incidemment, mais cela ne nous rendra pas la paix intérieure, le gain de la productivité depuis que la SNCB a été scindée en trois, est de 30 % !
Alors, là chapeau ! c’est formidable 30 % pris sur qui ?... sur le lampiste, n’est-ce pas. Le conducteur qui passe d’un train à l’autre, qui force pour garder les yeux ouverts, qui dort entre deux gares, qui consulte ses horaires, ouvre son bidon et mange son sandwich sur le poisseux des tableaux de bord, et qui brûle de temps en temps un feu rouge, même qu’il a été brûlé plus de 1.300 fois l’année dernière !… Non, vous n’y êtes pas, ce n’est pas lui qui les a tous grillés !
30 % pris sur le personnel exclusivement et le matériel rentabilisé jusqu’à la corde.
Ah ! 30 %... quand le privé prendra la bonne affaire, que ce sera succulent… les braves rentiers en bavent à l’avance.
C’est l’Europe qui veut tout privatiser, même les service publics, surtout les services publics, afin d’égaler en pagaille les chemins de fer britannique privatisés depuis longtemps.
Une des causes du crash ferroviaire est dans la décapitation de la SNCB.
La SNCB qui exploite le réseau et qui est responsable de tout ce qui concerne les services des trains (voyageurs et marchandises), Infrabel qui gère tout ce qui est relatif à l'infrastructure des voies et aux systèmes de sécurité, la SNCB-Holding qui chapeaute ces 2 filiales et gère également les ressources humaines, le patrimoine (les bâtiments de gares par exemple) et la sécurité. Depuis 2005, c’est la politique de « c’est pas moi, c’est l’autre ».
Et on passe sur les bienfaits de cette trilogie quasiment wagnérienne… les merveilleux postes parapluies ainsi créés et les compétences qui s’emploient et qu’on emploie en plus dans notre formidable réseau !
On nous dit que c’est pour mieux te privatiser mon enfant. C’est étrange quand même ce capitalisme qui tend à rassembler tout sous la responsabilité d’une seule et grande banque mondiale au-dessus et au-dessous, qui veut ramifier à l’extrême ses petits souriceaux graines futures de profiteurs en herbe !
Et devinez qui était le plus chaud partisan de ce nouvel avatar économique sabrant dans les emplois du bas, instaurant des normes behavioristes, ponctuant chaque couloir de son petit chef, de son ingénieur génial, le tout enfonçant les portes ouvertes et se payant des gares pharaoniques ?
Monsieur le président du parti socialiste, Elio Di Rupo en personne ! (encore un qui peut se regarder dans une glace le matin en se rasant et en sifflotant l’Internationale !

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Alors, oui, dans ces conditions, on ne va pas recommencer l’affaire Dutroux et chercher des responsables jusque dans le cheveu d’une auxiliaire de police.
Le responsable de tout, on le tient.
Il récupère à l‘hôpital, momentanément, en attendant biribi.
Alors, que demander de plus ?

21 février 2010

L’éloge « du Soi ».

Une bizarrerie de plus à placer en bonne place dans le registre des contradictions de cette société : entre son but qui est officiellement d’assurer le plus de liberté et d’autonomie possible aux citoyens et la réalité sociale.
Le plus grand nombre est submergé par l’archétype social. Il doit travailler, se marier, avoir des enfants et économiser pour acheter ou entretenir une maison. Il peut être politiquement correct en optant pour la gauche, le centre ou la droite, l’option anarchiste est davantage réprouvée que l’indifférence qui est acceptée tant elle sert les intérêts de l’Haut-lieu. Ses habitudes de consommation passent par les sollicitations publicitaires et les intégrations diverses dans les groupes qu’il fréquente. Ses loisirs doivent être sains et conformes à un consensus moral à évolution lente et de masse.
La voie de l’individuation tant prônée par l’option libérale est pour le moins occultée par l’unique moyen qui donne du champ à une certaine liberté : le droit d’entreprendre.
Mais la voie de l’individuation n’a pas le sens restrictif que cette société lui concède. Elle doit tendre à faire de l’être une personne réellement individuelle dans la mesure où nous entendons par là la forme de notre unicité la plus intime, dernière et irrévocable.
C’est ce qu’on appelle en psychanalyse la réalisation du Soi.
Cette réalisation n’est pas possible quand il faut se plier au concept social pour simplement satisfaire aux besoins essentiels.
C’est donc encore et une fois de plus celui dont les moyens dispensent de la réalité sociale qui peut s’il en exprime l’intention entrer dans l’individuation réelle. La catégorie à l’autre bout de la chaîne, la clochardisation, le peut aussi, mais c’est souvent au prix d’une rapide dégradation physique.

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On voit bien que vu de la sorte, c’est le collectif qui devrait l’emporter. En réalité, c’est le contraire qui se produit !
L’abdication de soi au profit d’une idéalisation du social, quand elle n’est pas un simulacre pour des raisons politiques, est une « vertu » dans le sens d’un sacrifice volontaire au profit de tous.
Cette individualisation de soi pourrait être considérée comme un égoïsme si l’égoïste n’était pas astreint au même exercice social que l’altruiste afin d’être intégré dans la société.
Cette société apparemment respectueuse de la liberté individuelle est en réalité fort avare d’individualisation.
Cette autonomie des actes et de la pensée rend, au contraire de l’individualisme libéral, plus de services à la société.
Elle s’oppose à la perpétuation d’une humanité réduite à l’obéissance dans l’accomplissement d’un devenir qu’elle n’a pas souhaité. Elle empêche la perpétuation des rites sociaux qui ne servent qu’à empêcher la réflexion et la taxinomie des choses selon un ordre qu’elle n’a pas déterminé par la raison. Enfin, elle rend l’angoisse existentielle moins lourde à supporter (1)
L’individualisation entre tous les mérites aurait celui d’empêcher que le pouvoir ne tombe dans des mains criminelles, comme celui de croire toute doctrine économique éternelle et incontournable.
Elle remettrait en question la base même déjà fortement entamée et corrompue des institutions démocratiques, et notamment des partis politiques.
Enfin, elle serait source de progrès et d’espoir ce qui par les temps qui courent est loin d’être négligeable.
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1. Malaise dans la civilisation, Sigmund Freud, in PUF, 1973, éd.

20 février 2010

Creative accounting

Après le plongeon de la Grèce, c’est toute la zone euro menacée d’une nouvelle bulle financière dans laquelle nous serions tous impliqués et la Belgique directement dans le point de mire du courant spéculatif, juste derrière l’Espagne, le Portugal et l’Italie.
C’est au moment où Lehman Brothers spécule sur la capacité de la Grèce à rembourser ses dettes, que Junker, le Luxembourgeois, au nom des pays de la Communauté, avoue avoir été trompé par la présentation du dossier présenté par la Grèce lors de son entrée dans la zone euro. Ce qui est évidemment faux ; car, tous les pays constituant la zone étaient parfaitement au courant des difficultés financières que traversait ce pays au moment de sa demande. Evidemment, c’était avant la crise de 2008. Cinq ans auparavant la Grèce était admise au vu et au su de tout le monde, le scénario établissait que la Grèce allait pouvoir éponger son déficit et qu’on oublierait cette anomalie grâce à la prospérité générale.
Qu’est-ce que le « creative accounting » littéralement « la comptabilité créative » ?
Et cette question est importante puisque Didier Reynders, notre ministre des finances, nous a impliqué dans cette pratique en rémunérant des créanciers sur des sommes qu’il n’a pas, mais dont il espère la récupération par le Trésor public !
La comptabilité créative est l'ensemble des techniques qu’utilise un Etat ou une entreprise en comptabilité pour modifier légalement la présentation de ses comptes dans un sens plus favorable à ses attentes.
Didier Reynders n’a jamais fait autre chose que présenter ses bilans dans une comptabilité d’intention. Mais pour lors, la Grèce avait fait mieux pour entrer dans la zone euro. Elle avait demandé à Lehman Brothers de lui arranger un dossier favorable.
La banque prit donc 10 milliards de dettes du pays, en transforma 9 en bons souverains et versa 1 milliard cash dans les recettes de l’Etat, ce qui ramena la Grèce à un déficit raisonnable apparent avec 1 milliard de liquidité en fonds de roulement.
Au passage, Lehman Brothers empocha 300 millions de dollars de commission.
Début 2010, quasiment par un délit d’initié, la banque remet la dette en circulation pour défaut probable de remboursement et accule la Grèce quasiment à la faillite.
Le pays plonge et les taux s’envolent. La banque ratisse par en-dessous et décuple ses bénéfices.
Voilà pour le scénario.

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Mais, ce n’est qu’un début. Avec une Europe molle, toute racrapotée sur elle-même, des pays comme l’Allemagne qui pensent qu’il ne faut pas sauver la Grèce et qu’il faut au contraire la sortir de la zone Euro, quitte après qu’elle ait dévalué sa monnaie nationale, la récupérer par la suite, cette politique du pire pourrait nous tomber dessus et constituer un scénario catastrophe pour les autres pays fragilisés par leur gestion déplorable de la crise, dont la Belgique, avec le plus mauvais ministre des finances que nous ayons eu depuis ces cinquante dernières années !
La comptabilité créative a un coût. Le calcul du résultat fiscal peut impliquer une double comptabilisation si celle-ci ne correspond pas à la comptabilité imposée par le fisc. Pour les Etats, la facture se paie par un plongeon de la monnaie. Avec l’euro, l’effet serait de domino, l’un entraînant l’autre.
On voit déjà la dévaluation de l’Euro s’effectuer sans qu’il y ait encore péril en la demeure. Guy Quaden dirait que c’est une bonne chose pour les exportations. Mais quand une descente s’amorce, il est difficile de prévoir quand elle s’arrêtera et à quel niveau.
Aux Etats-Unis, Obama a également des problèmes quoique n’étant pas identiques à l’Europe. Du reste, l’opération contre la Grèce jouée par Lehman Brothers n’est pas perçue de la même manière qu’ici. On trouve que c’est de bonne guerre et qu’une banque est faite pour gagner le plus d’argent possible. C’est ce qui pousse Obama à vouloir séparer les deux métiers : une banque de prêts et l’autre de spéculation boursière. Son problème, c’est que Lehman Brothers a été le deuxième contributeur dans le financement de la campagne de son élection.
Actuellement les anciens directeurs et administrateurs de la banque sont ou ont été impliqués dans les cabinets de Bush et d’Obama.
Quand va-t-on enfin comprendre qu’une banque n’agit pas pour le bien du client, mais pour son seul profit ?
Les naïfs ne sont toujours pas revenus de la surprise que ceux qui ont mangé dans la main du public en 2008, veulent la mordre aujourd’hui.
Des entités comme Lehman Brothers – cette banque n’est pas la seule – comptent sur l’emprise de l’économie pour se croire protégées de toutes mésaventures, comme en 2008, où elles furent sauvées par le public.
Bien sûr, les politiques vont tenter des parades contre les dangers des spéculations tous azimuts. Mais comme les ministres des finances de l’Europe ont toujours une guerre de retard, ce n’est pas demain qu’on empêchera les bulles d’éclater les unes après les autres, gavant certains, ruinant d’autres. Jusqu’au plongeon fatal qui ouvre une crise.
Ne sommes-nous pas dans la mondialisation des records ?
Et nous n’avons encore rien vu !

19 février 2010

Entre colère et mépris.

La colère, à cause de la formidable carte que le PS aurait pu jouer dans l’effondrement du système libéral plombé par la spéculation la plus éhontée et la plus égoïste à laquelle l’économie se confond désormais.
Le mépris, parce que l’ensemble des « leaders » de ce parti (En France on dit les éléphants) est condamné à vendre son exécrable marchandise jusqu’au bout, emporté dans l’opprobre général mais luttant, comme parfois résistent pour la pension complète, certains vieux travailleurs malades de fatigue.
Ce parti n’ayant plus d’avenir et destiné à se fondre parmi les conservateurs, peut-il encore se transformer, retourner aux sources et s’inspirer du peuple ?
Dans une société où l’on voit poindre une crise engendrée de celle de 2008, faisant régresser l’ensemble du pays de palier en palier, l’idée ancienne d’un socialisme révolutionnaire doit renaître.
On assiste aux derniers efforts du PS à nous faire croire qu’une émancipation collective est pire que tout. Comme si la situation dans laquelle nous sommes est préférable à ce que cette société aurait pu être sous un autre régime, sans évidemment en avoir fait l’expérience, mais décriée en se référant au système soviétique dans lequel, selon Di Rupo et ses pareils, nous aurions été entraînés. !
Qu’en savent-ils ?
Alors que la question est « s’ils avaient su dans les années grasses dans quoi nous allions sombrer, auraient-ils couru comme ils l’ont fait se jeter pieds et poings liés dans le système libéral ? »

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Ne faudrait-il pas reconsidérer la compatibilité de la justice sociale avec l’autonomie individuelle et faire la part du mensonge et de la vérité dans ce que l’on nous assène de leur incompatibilité ?
Malheureusement les socialistes et les libéraux associés au gouvernement déshabillent l’autonomie individuelle de son contenu essentiel : la liberté et l’usage que l’on en fait, avec les lois de sécurité initiées par Laurette Onkelinx, quand elle était ministre de la justice et poursuivies par le ministre actuel de l’Intérieur.
Si bien que le PS va se retrouver impliqué dans une situation où la liberté individuelle se bornera à la seule initiative d’entreprendre, le tout noyé dans des écoutes téléphoniques, des radars, des agents de sécurité, des espions télévisuels et des forces de l’ordre renforcées et suréquipées.
Le résultat ne se fera pas attendre, il est déjà en promotion et on le sent poindre dans les discours, nous n’aurons toujours pas l’amorce d’une quelconque justice sociale et nous aurons perdu l’autonomie individuelle.
Nous sommes entrés dans ce que le sociologue Zygmunt Bauman décrit comme des sociétés liquides : les classes, les institutions, les structures sociales qui donnaient un sens à l’Etat de droit, structures floues mais réelles qui protégeaient les individus, se sont dissoutes.
Les individus ainsi « libérés » les uns des autres sont à la merci d’une vulnérabilité nouvelle.
Chance ou malchance ? C’est à l’appréciation de la manière dont un renouveau du socialisme pourrait disposer des atouts ancien pour en finir avec ce qu’il y avait de rigide et de méprisant dans le socialisme primitif pour l’individu au nom de la collectivité, afin de faire évoluer les esprits vers les possibilités réelles de vie de chacun.
Ce n’est pas impossible.
Trouver la charnière entre la justice sociale et le sentiment individuel de la réussite est le sens de demain pour un socialisme retrouvé.
Le PS en est à mille lieues.
Tout reste à faire.
En attendant que la gauche assure les droits nouveaux, place à l’initiative privée : celle de Pierre Legros, ancien bâtonnier (1), est assez exemplaire. Il voudrait socialiser la justice et la rendre accessible aux plus démunis exactement comme la santé et l’éducation. Il suffirait que les citoyens paient une contribution annuelle minime.
L’idée est à explorer. Il y en a d’autres qui partent dans toutes les directions.
Il suffirait de ne pas toujours céder aux volontés du pouvoir économique sous prétexte qu’il faut retenir les décideurs à tout prix. Eh bien ! non, pas à tout prix.
Tant que le PS restera sur la ligne politique qu’il défend, il sera incapable d’évoluer dans une véritable reprise en main de l’Etat au service de la population et non des industriels.
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1. Ainsi on ne dira pas que je passe mon temps à descendre la profession d’avocat.

18 février 2010

La vernation de printemps…

…comme les serpents, nos maquereaux changent de peau !

Sur RTL on a eu droit, une pénultième fois, aux commentaires de Guy Quaden sur les événements financiers qui ont conduit à la crise de 2008, sous la forme d’une évaluation après coup qui voudrait dire à peu près « je vous avais prévenu et voilà ce qui en a résulté ».
Or, Monsieur Guy Quaden comme tous les économistes consultés sur cette chaîne, comme d’ailleurs sur la chaîne concurrente, n’avait rien vu venir. Encore aujourd’hui, on se demande s’il a compris quelque chose aux jeux spéculatifs et à la course aux profits ?
La preuve, en 2008, il préconisait la sortie de crise pour 2009 et en ce début de 2010 : l’hémorragie des emplois devrait être stoppée pour dans six mois !
C’est sans doute en reconnaissance de son optimisme à court terme et sa parfaite adaptation aux vues de Didier Reynders, que celui-ci va proposé au roi le renouvellement du mandat de Guy Quaden en tant que gouverneur de la Banque Nationale de Belgique. L’autre qui va être touché par la limite d’âge a évidemment accepté avec enthousiasme. Chez ces gens-là, pas question de prépension, mais de rabiot.
L’année du « redressement » pour le patron de la BNB est plutôt celle d’une confirmation de la débâcle. Moins 3 % pour le PIB en 2009 ! Quaden est un économiste de la vieille école, cependant séduit par la mondialisation, il nous ramène à la crise de 29, puis aux année difficiles qui suivirent 1945, afin de lâcher du bout des lèvres que l’après 2008 est déjà catalogué comme une récession gravissime.
Mais, c’est en cela que Didjé l’adore, la vision de M. Quaden – une de plus – qui n’est pas encore infirmée puisqu’une vision est par nature pour le futur, « le pays a malgré tout "échappé à la dépression" ! Pour lui, 67. 000 emplois perdus en 2009, 7,9 % de la population au chômage (les chiffres réels sont bien supérieurs), ce n’est pas une dépression, et de nous parler du fameux décalage entre une reprise et le chômage !
Quant à la dette, elle est passée à 97,8% du PIB, l’année dernière elle était de 89,8%.
On frôle les 100 % !
Où Guy Quaden est fort, c’est quand il compare nos chiffres désastreux à d’autres économies européennes, dont il a soin d’extraire, de-ci, de-là, des chiffres plus désastreux encore.
C’est ainsi que si chez nous ce n’est pas la gloire, ailleurs, d’après lui, c’est la cata.
Cette manie aussi de dissocier la crise financière de la crise sociale, de sorte que lorsqu’on parle de la sortie de crise, il faut comprendre les profits de la finance et oublier la situation dans laquelle se trouve le plus clair de la population.
A côté des cocoricos de ce grand mystificateur, Didjé n’est pas en reste avec les 192 millions d’euros que l’Etat va récupérer en dividendes à BNP Paribas, puisqu’il a bradé FORTIS contre 128 millions d’actions à ladite.
Ce que le grand public ignore, c’est que FORTIS a contribué pour 708 millions d’euros au bénéfice 2009 de BNP Paribas. C’est-à-dire que nous avons perdu 516 millions d’euros rien que pour 2009, si nous avions eu l’intelligence de gérer la banque autrement ! Ce demi milliard, produit des activités de la banque en Belgique, va alimenter le capital français sans aucune contrepartie.

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Ce qui est effarant dans la situation économique actuelle, c’est que tous les facteurs d’une nouvelle bulle spéculative sont réunis dans la perspective prochaine d’une nouvelle explosion comparable, sinon, pire que celle de 2008 !
Ils le savent tous, comme ils savent que les bonnes résolutions du premier semestre 2009, les réunions du G20, les discours de Sarkozy, de tout cela rien n’est sorti en Europe pour éviter que la valse aux billets de banque ne recommence.
Barroso et sa Commission ne se sont préoccupés que de leur réélection.
Les salaires au plus haut échelon ont poursuivi leur séparation des salaires du plus bas.
Les attaques spéculatives sur les pays à la traîne comme la Grèce et l’Espagne ne mettent ces pays au bord de l’abîme que parce qu’ils ne peuvent plus emprunter des fonds qu’à plus de 7 %, alors que les autres membres de l’Europe « bénéficient » de plus de souplesse (3,5 pour l’Allemagne). Les marchés provisoirement « sauvés » profitent du renflouement de leurs caisses par les Etats pour étrangler ces pays auxquels s’ajoute l’Irlande… et peut-être nous demain ?
On vient de publier la liste de quelques salaires que l’Etat paie à ses grands commis : Didier Bellens (910.000 euros + 775.000 euros au minimum) pour Belgacom. A la Poste Johnny Thijs ramasse 900.000 euros, je pourrais poursuivre, mais est-ce que cela ne suffit pas afin de convenir que ce gouvernement se fiche du monde ?
La preuve, c’est « Marianne » l’hebdomadaire français qui nous la livre : l’américain Georges Smoot, prix Nobel de physique en 2006, s’apprête à rejoindre l’université Paris-VII Diderot en qualité de professeur de première classe avec un salaire de 4.500 euros par mois ! C’est-à-dire 48 fois moins que les émoluments d’Henri Proglio que l’Etat français vient d’engager à l’EDF !
Un PDG même aussi « irremplaçable » et aussi « compétent » vaut-il 48 fois plus qu’un scientifique de renommée internationale ?
Si vous répondez qu’il le vaut - comme certainement Didjé aurait répondu - alors allez bosser pour des clous au redressement du pays et ne vous plaignez plus du système.

17 février 2010

La chronique du règne.

La Libre consacre un article à Patrick Rambaud pour sa troisième chronique du règne de Nicolas Ier. (Grasset, 176 p).
Le texte de cet écrivain est jubilatoire. Les événements qu’il rapporte à la cour de Sa Compulsive Grandeur sont à la fois grossis ou imaginés et pourtant tellement vrais, que l’on se demande si l’actualité ne s’en nourrirait pas, plutôt que l’inverse.
Ce Prix Goncourt 1997 avec «La bataille», sait discipliner sa plume et comme il nous dit être un fervent lecteur du duc de Saint-Simon, il ne serait pas peu flatté si on lui disait que par son style, il en approche.
Henri Tisot a été l’imitateur quasi officiel du général de Gaulle. Au départ à la retraite de ce dernier, Henri Tisot eut bien des difficultés à refaire surface au théâtre. On lui doit quelques livres qui ne sont pas des pastiches du général. Patrick Rambaud n’a pas débuté sa carrière dans l’imitation de Saint-Simon, qui décocha quelques flèches à Louis XIV dont il était mal vu pour avoir quitté trop tôt son service, aussi nous n’avons aucune crainte pour l’avenir de Rambaud, qui n’a jamais été au service du président, par contre on n’en dirait pas autant de son modèle.
Patrick Rambaud serait plutôt un chroniqueur de la trempe de Joinville qui s’illustra sous Saint-Louis.
Pourtant, il se défend d’asseoir sa célébrité en souhaitant que Sarkozy doublât le temps de son règne en 2012. Non pas qu’il lui manque le souffle de Saint-Simon qui arrêta sa chronique à la Régence du neveu du roi, mais il se voit mal passer du père au fils, le prince Jean, en 2017 !
C’est bien la première fois qu’un écrivain programme la fin d’une série, ce que n’ont pas fait Romain Roland et Georges Duhamel. S’ils avaient vécu cent ans, ils eussent rempli les rayons de la Grande Bibliothèque.
Le dernier opus de l’écrivain court du 1er juillet 2008 à l’été 2009. Il déroule la fresque comme sur une tapisserie de Beauvais de Nicolas Ier, «Surempereur providentiel» présidant six mois l’Europe.
Saint-Simon décrivait le règne d’un roi, conquérant, certes, mais pas dans la démesure de Napoléon 1er. Choisissant Bonaparte, l’auteur semble avoir pris son parti de nouer les deux règnes, si bien que sur l’ensemble de son pastiche, on voit tour à tour Sarkozy sous les traits de Fouquet à la cour de Chirac, s’évadant de Pignerolles et en Napoléon-le-grand, alors que lui conviendrait mieux le neveu, Napoléon-le-petit, épousant la Montijo, d’un sang chaud espagnol, pour s’en repentir et convoler avec une Diva comparable à Hortense Schneider, quoique venant d’Italie, la Carlita !
Evidemment, vous ne trouverez pas cela dans l’œuvre du moderne Saint-Simon, c’est aussi un privilège de lecture d’imaginer d’autres égéries du règne.

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Patrick Rambaud est plus transparent que moi dans le décrit de « sa » cour : la comtesse Bruni y a des yeux de porcelaine, il la dépeint superbement en deux mots. La baronne d’Ati « qu’une lettre de cachet expédie au Parlement de Strasbourg », fait partie de ce monde du pouvoir aussi gesticulant sous une apparente maîtrise que les marionnettes du Muppet’s show.
Ecrire la chronique d’un règne n’est pas une sinécure, c’est une entreprise de tous les jours qui tient aussi bien par les informations et donc la lecture de journaux et revues, mais aussi d’une transposition caustique des informations.
Rambaud est tout autant archiviste-documentaliste qu’écrivain.
Il écrit, dit-il, du mois d’avril au mois de novembre, gardant pour le mauvais temps la découpe des articles et leur classement.
Il écrit sur une vieille Remington comme un privé de Hadley Chase ou de notre Simenon..
Que trouver de plus, sinon que des écrivains comme lui, on n’en fait plus !
Nous éprouvons soudain une certaine angoisse : et si sous l’avalanche des protestations, des projets avortés et du mécontentement montant, même à l’UMP, Nicolas 1er venait à rendre son sceptre à la République ?
Rambaud n’aurait plus qu’à changer le premier de ses « a » en « i » et faire le pastiche d’une « Saison en enfer ».

16 février 2010

Les grands hommes meurent trop tard !

C’est un truisme : les grands hommes meurent trop tard !
Que de carrières « éblouissantes » auraient pu commencer plus tôt sans cette longévité induite par la renommée glorieuse. Le « Petit dictionnaire des Belges » (Le Cri RTBF) en aurait fait ses délices, peut-être dans un deuxième tome ?
Hélas ! nos grands hommes ne savent pas partir avant qu’ils ne déçoivent ! Certains prennent le parti de décevoir tout de suite, afin de marquer leur intention de rester.
A l’annonce du cancer de Herman De Croo, par l’intéressé lui-même, que de joies secrètes parmi les libéraux flamands a-t-il soulevées par son imprudente déclaration, surtout ceux qui croyaient son fils Alexandre attaché à faire fortune dans le commerce. Ils ignoraient comme les charges issues des élections sont transmissibles ! Leurs attraits sont supérieurs aux charmes du négoce !
Si encore le père, en rémission, avait eu la délicatesse d’en laisser un peu pour les autres et n’avait fait le mort que pour mettre en selle Alexandre, avant de réapparaître si opportunément qu’on se demande si tout cela n’était pas plié à l’avance ?
Ne vaut-il pas mieux d’être deux sur une bonne affaire, que tout seul sur une mauvaise ?... a pensé Herman devant les caméras, au sortir d’un match de foot.
Idem des renoncements déclarés de la présidente du CDH, Joëlle Milquet.
Ce n’est pas très commercial de dire qu’on remet ses affaires. Ainsi le prix ne peut qu’en être rabaissé !
Certes, elle avait choisi le successeur, l’élu idéal, pour en tirer – sans doute - de la reconnaissance, et mettre l’emploi hors d’atteinte des fâcheux qui s’imaginent avoir du mérite tels qu’ils sont, tant ils tiennent pour rien ceux du cœur !
Il y a au CDH trop de naïfs qui se font prendre à chaque coup dans les pièges à renard. Ils pensent que croire en Dieu, au roi, à la Belgique joyeuse et à la présidente est un bagage suffisant pour postuler. C’est ainsi qu’au CDH, les naïfs ont même cru aux élections internes !
Une agonie est d’autant retentissante qu’elle est courte.
Les Belges frappés de stupeur à la mort du roi Baudouin !
Certains imaginent que seuls les gens stupides sont frappés de stupeur. Eh bien non ! On est frappé de stupeur parce qu’il faut être frappé par quelque chose quand un personnage important tire sa révérence. Ceux qui échafaudaient des plans sur un remariage du roi, après la disparition d’une reine sans progéniture, se trompèrent lourdement.

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Par contre à Tel-Aviv, on se trompe en pensant que Sharon est mort, après une agonie bien méritante de plusieurs années. D’aucuns sont étonnés de n’être pas au courant de sa survie. Il va bien dans l’état où il se trouve. En l’occurrence, on dit que son état est stationnaire, à l’image de l’Etat d’Israël que l’on croirait figé depuis que le grand homme en quitta la direction, comme si le stationnement de l’un avait passé le mot au stationnement de l’autre.
On n’espère pas libérer la chambre avant plusieurs autres années, en rappelant qu’il n’a pas démissionné, mais qu’il est seulement empêché !
Il n’y a guère d’autre exemple. La preuve qu’il reste un personnage important, c’est qu’on n’a pas débranché la machine, ce qu’on aurait fait pour n’importe qui, sauf pour lui et quelques autres.
A part les grands hommes d’Etat et les vedettes du cinéma, le public n’est pas amené à pleurer sur le tout venant et surtout pas sur lui-même ! Sauf en cas de décès collectif. Le nombre suscite toujours plus de douleur.
A combien estimer le nombre de morts anonymes pour qu’on en parle dans les journaux ?
Voilà une question qui mériterait un sondage par téléphone.
Je ne me prononcerai pas là-dessus.
Et ceux qui meurent d’ennui, personne ne sait ce qu’ils deviennent ! Forcément, ils ne se vantent pas d’en être revenus, les seuls d’ailleurs...
C’est pourquoi, il est très difficile de prétendre faire des statistiques sur ces morts intermittentes.
L’opinion aura toujours une idée reçue d’avance.
On ne traite pas d’un sujet quelconque, mais du bruit qu’il fait. Ce genre de bruit est par nature insonore.
Le grand bruit de la chute d’Albert 1er dans les buissons du contrebas de la roche tragique de Marche-les-Dames, ne fut d’abord perçu par personne, sauf par quelques lapins de garenne, avant de devenir assourdissant. Par contre le bruit que fit Félix Faure à sa mort fut tout de suite ressentit bruyant comme un scandale. Si bien que le salon bleu de l’Elysée fut appelé par la suite « pompe funèbre », la pompe n’avait pas attendu la fin du constat pour disparaître par une porte dérobée.
Qu’en sera-t-il demain de nos grands hommes en devenir ?
Entreront-ils dans le Petit dictionnaire des Belges, par la petite porte, en sortiront-ils par la grande ou l’inverse ?
Et même ceux qui sont classés parmi nos chefs-d’oeuvre : De Haene au musée Grévin ? Van Rompuy chez Tussauds ? Il paraît qu’on y dépiaute le mannequin d’une personnalité cinq ans après sa mort, sauf pour De Gaulle, Claude François et Napoléon, Sim n’a pas tenu quinze jours !...
Emile Verhaeren, par exemple, au moment de la scission de la Belgique, sera-t-il dans le dictionnaire wallon ou le dictionnaire flamand ? Vaste question ! Né Flamand d’Anvers et écrivain français, si c’est Bart De Wever au pouvoir, il sera rayé du woordenbook, mai si c’est Alexandre, fils de Herman ?
Devant la montagne de questions aussi importantes, on voit bien le boulevard qui s’offre pour éviter celles qui dérangent.

15 février 2010

De la tôle à l’Audi.

La 14eme chambre du tribunal civil de Bruxelles a débouté, dans un jugement rendu mercredi dernier, Jean-Denis Lejeune d’une action intentée contre le journaliste du “Soir” Hugues Dorzée et sa rédactrice en chef Béatrice Delvaux.
C’est sous ce chapeau que j’ai lu l’enquête de Hugues Dorzée.
Le fait est rarissime, pour que cela prenne quelque valeur sous ma plume, je salue le journaliste pour son excellent travail, et je trouve la conduite du Soir exemplaire dans cette affaire pour me réjouir que Madame Delvaux ait gagné le procès.
Tout est clair, juste et bien détaillé. Ce journal a fait un travail de pro, celui d’informer de façon complète et honnête les lecteurs. Ce n’était pas facile, puisqu’il était impliqué au premier chef dans cette affaire.
Jean-Denis Lejeune aurait eu une conduite plus astucieuse en se faisant oublier, surtout après sa demande d’emploi dans la représentation politique au plus offrant. Même si cette façon de faire était sans doute assortie de quelques milliers de voix supplémentaires pour le parti acceptant l’offre, c’était une sacrée maladresse qui signifiait aussi que JDL n’avait aucune conviction bien particulière et que tous les partis en lice avaient leur chance. Et c’est là que le personnage inquiète, il n’avait pas réfléchi à ce qu’il y avait de choquant dans sa démarche.
Dans l’enquête du journaliste du Soir, apparaît – en marge du procès - une procédure d’attribution sur diplôme des postes dans l’administration, et que je suppose être du même ordre d’esprit dans la représentation nationale. J’estime ce procédé spécieux et par certains côtés tout à fait détestable, et cependant dans l’air du temps.
On estimerait donc qu’un diplôme fait l’homme et qu’un grade n’est accordé qu’à celui qui a les années de scolarité adéquates, signifiant ainsi que la seule compétence est du domaine de l’école.
C’est ainsi qu’on ne reproche pas à Jean-Denis Lejeune des fautes professionnelles, une inaptitude au poste que les Autorités lui avaient confié, non, on lui reproche de n’avoir pas fait d’études correspondantes au salaire qu’il a perçu.
Du coup, c’est toute l’aigreur des sous-chefs de bureau qui remonte des mille ulcères de jalousie que l’insoutenable discrimination débride !
Ce raisonnement conduit à la situation antidémocratique qui est la nôtre par l’envahissement des postes importants par une chiée d’avocats et de licenciés en sciences politiques. Pour avoir des diplômes, ils en ont. Ils n’ont même que cela, plus quelquefois « un ami de maman bien placé » pour le coup de pouce. Ils ont donc droit à la pâtée de type supérieur et à bouche que veux-tu. Sont-ils compétents ? Apparemment, vu l’état du pays, certains auraient mieux fait de choisir une profession adaptée à leur maladresse. Mais ils sont dans l’ordre établi par les règlements et leurs doubles gamelles sont légitimement acquises.

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Evidemment, avec ce système, le peuple dans sa presque totalité ne joue qu’un rôle très épisodique d’arbitre.
Quand il faut bien que ce joli monde se départage, le peuple qui n’est plus rien depuis longtemps, paraît d’un seul coup, d’un seul, hautement qualifié pour décréter que telle ou telle lumière, tel ou tel héros, sorti de Yale ou de Louvain, est dans la capacité de conduire le troupeau vers des contrées de cocagne ! Autrement dit, ceux à qui on dénigre le droit d’exister dans des fonctions importantes, auraient brusquement tous les talents pour démêler le bon grain de l’ivraie par un choix supérieur, celui de l’électeur !
Mais comment ferait-il, le peuple, à qui on interdit le droit d’intervenir, parce qu’il n’a qu’un diplôme de carrossier ? Et encore, existe-t-il vraiment des diplômes de carrossier ? On se le demande.
Evidemment, il y a aussi ce qui se passe en-dessous des stars, dans les cabinets, les hauts postes de l’Administration. Là l’usage est moins bien perçu des profanes et c’est à ce niveau que le carrossier de la Ville de Liège s’est fait bosseler la carrosserie, par des cols blancs qui n’ont le plus souvent que le mérite d’être sortis des études « on se demande bien comment » et dont la seule ambition est de finir leurs jours à côté du chauffage central dans le luxe des bureaux refaits en priorité. Ceux-là qui parfois ont l’oreille des vedettes, si bien que les manches de lustrine que l’on ne voit plus que dans un théâtre de boulevard du temps de Courteline, réapparaissent en filigrane sur les beaux costumes des ministres .
Plus bas, dans l’Administration profonde, le moindre échelon réclame son lot d’années d’école. Ce serait une bonne chose si ces écoles avaient pour but de former des citoyens et des hommes. Hélas ! on sait bien que les études supérieures ne sont là que pour la réplication de la société conservatrice et traditionnelle.
Jean-Denis Lejeune, n’était peut-être pas adapté à faire le métier qu’il était censé accomplir et dont le terrible malheur qui l’a frappé a été le tremplin. Electron libre, incapacité de se plier à la hiérarchie, sans doute il y a de tout cela dans son chef. On peut comprendre ce qu’ont souffert les surdiplômés de l’arrivée de ce Huron, comme celui de Voltaire reçu à l’Opéra !
Que va-t-on faire de l’icône se lamentent les élites !
Car ils sont emmerdés.
Comme ils souhaiteraient que l’intrus retournât à ses marteaux et ses tôles froissées !
On les comprend. Mais, mettez-vous aussi à la place de l’intéressé. Quand on a goûté à la grosse bagnole, à l’importance de rendez-vous et d’actions que l’on décide soi-même, qui font que le temps passe comme un rêve et que l’on se sente exister et être utile, difficile de remettre un bleu et d’entrer dans l’atelier en tapant sur le ventre de son voisin en jurant « Nom de dieu, t’as vu l’heure ? Voilà seulement une heure qu’on est dans cette foutue baraque ! Merde, encore six à tirer » !
Evidemment, Béatrice Delvaux et Hughes Dorzée, ne peuvent pas savoir cela…
C’est dommage, s’ils l’avaient écrit, ils auraient eu droit au prix d’excellence.

14 février 2010

Que la fête commence !

Tout est dans le comportement, la rencontre du regard, le geste qui « va vers les autres », qui offre, en somme, tout le reste.
Les techniques du racolage en supermarché ou en politique sont bien connues.
La suprématie de l’imaginaire sur le réel est un fait accompli depuis que nous sommes passés de la civilisation de l’écrit à la civilisation de l’image.
Les techniques ont réussi à basculer « le faire » dans « le faire semblant ».
Maintenant tout le monde fait semblant. C’est ça la modernité. Ceux qui « font sans semblant » en sont tellement mal payés, qu’ils ne s’en remettront pas; à la retraite ils toucheront le minimum de ce que l’Etat, parcimonieux pour les « gens de peu », leur offrira.
Il y a un faire semblant pour les dirigeants, pour les chercheurs, pour les militaires ; travailler sans faire semblant, ne nourrit plus son homme.
Les comportements s’orientent en fonction du champ et de notre implication.
Pour jouer à être le meilleur, il faut bien pourtant que les autres jouent à être mauvais. Il y a donc une complaisance de ceux qui jouent à être mauvais par rapport à celui qui joue à être le meilleur. C’est ce qu’on appelle la hiérarchie, qu’elle soit sociale ou de bureau.
Ce qui compte, à l’exploit du meilleur, c’est l’harmonie des rôles dans une médiocrité générale qui lui donne ainsi du relief par contraste. De l’intérieur vers l’extérieur, l’harmonie est universelle. Si Mahmoud Ahmadinejad est le meilleur, c’est parce qu’Yves Leterme l’est aussi.
Une théorie de la société prouverait qu’une hypersélection par les grandes écoles donne aussi une hypersélection par l’hôpital psychiatrique. Plus la supercherie tend à nous faire admirer les brillants sujets que la démocratie libérale procure à l’admiration des foules, plus il y a des chances d’y trouver les plus infâmes bas-fonds où végètent les plus misérables individus, derrière nos paravents sociaux !
De la peur de la contagion par la variole, nous sommes passés à la peur des autres, une sorte de délire qui fait craindre à tous, ce qui ne manquera pas d’arriver à l’un d’entre-nous sur cent mille.
Le remède de l’enfermement ne nous soulagera pas de la peur des autres, puisque notre comportement l’engendre. La violence n’est pas pire que celle que nous avions en 1900, mais étant mieux connue dans ses faits-divers, celle d’aujourd’hui paraît en expansion.
Cette peur est l’aboutissement de la science et du confort des temps modernes. Au lieu de nous affranchir du conformisme, cette peur nous en imprègne. Nous ne sommes pas loin de penser que la mort qui est l’aboutissement de toutes les peurs, peut être évitable, pas tant pour les autres, puisqu’il faut bien faire une certaine place aux nouveaux venus, mais pour nous-mêmes. Or, le sanglant du fait-divers nous éloigne de l’idéal absolu de l’immortalité.
Tous les discours servent à annoncer ce qui se fait déjà, à prédire ce qui est advenu et surtout à améliorer le standing de ceux qui les prononcent.
La statistique est le « penser juste » de ce qui est faux.
Le discours de l’institution est le sommet du convenu. C’est par réflexe tribal que l’Institution pervertit les autres de sa propre perversion.

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La crise est survenue à point nommé pour raffermir le pouvoir du meilleur sur les mauvais. Ainsi, nous savons gré aux institutions de se servir de notre argent pour sauver les banques qui, avant, nous regardaient de haut et qui, après, nous regardent d’encore plus haut, puisque nous sommes passés du statut de naïf à celui d’imbécile.
L’institutionnel a confisqué les grands discours du passé, celui de Marx, comme celui de Jésus Christ. Le superlatif a tué le relatif. Tout ce qui n’est pas machine à faire de l’argent n’intéresse plus. La philosophie elle-même n’est écoutée que lorsqu’elle prédit que les pommes de la récolte suivante seront en or. Y rabâchent les docteurs en apocalypse et les découvreurs de Marx sous les troènes qui masquent les horizons enchanteurs. Onfray n’est gracié qu’en qualité d’hédoniste. Il ne ferait pas deux salles d’un coup à son discours, l’une pour admirer le grand homme en chair et en os comme sur les foires de jadis, l’autre pour béer devant un grand écran, s’il n’était que le pourfendeur du capitalisme.
L’illusion d’une renaissance de l’humain est morte. Les illusions du monde moderne sont bien présentes. Le bal peut commencer !

13 février 2010

Un consultant dur en affaire.

-Monsieur Bling… j’avais rendez-vous.
-Vous êtes Monsieur Petit-Moyen ?
-C’est cela.
-Je vous écoute.
-Depuis plus de six mois, j’occupe un poste assez important, après avoir été élu au…
-C’est inutile que vous me disiez dans quel parti vous êtes. Plus il y a de la discrétion…
-Or, j’ai des frais. Je suis marié, des enfants, je ne fais pas de la politique pour gagner moins qu’un chef de service à l’Administration.
-Vous faites de la politique pourquoi ?
-…pour gagner plus qu’en travaillant au ministère de…
-Je ne veux pas savoir de quel ministère il s’agit. Cela n’avancerait en rien la solution que nous vous conseillerons. Comme votre dossier… ouvert au nom de Petit-Moyen, - évidemment un pseudonyme. Vous êtes bien dans la Commission de l’énergie et président de la Borinage des flux - appellation fictive – bien entendu ?
-Exact.
-C’est une société de moyenne importance qui pourrait être convoitée par une concurrente plus argentée. Votre jeton de présence est de ?
-500 euros.
-Avec combien de réunions ?
-Moins de six par an.
-Cela vous fait au maximum 3.000 par an.
-Oui.
-Ce n’est pas beaucoup. Certes, vous y restez peu de temps.
-Une heure environ chaque fois, plus les déplacements.
-Ajouté à votre traitement de parlementaire, cela ne va pas chercher loin.
-D’autant que ma femme s’est mise en tête d’acheter un chalet à Gstaad.
-J’ai une offre d’achat de la société que nous appellerons Coffre-Tout, intéressée par la Borinage des flux.
-A combien reviendrait ma commission si je suggère au conseil d’administration d’accepter l’offre de Coffre-Tout ?
-Monsieur Petit-Moyen, ne raisonnons pas ainsi. Certes, nous pouvons négocier un pas-de-porte, mais si je suis votre conseil, ce n’est pas pour vous faire gagner des clopinettes. Coffre-Tout fait une offre. Elle sera acceptée. Parfait. Aussitôt, vous monterez une société de consultance, avec Coffre-Tout en client exclusif, qui vous versera facilement trente fois plus que ce que vous percevez en jetons de présence, le tout par contrat !
-Mais, je n’y connais rien en flux ; Comment voulez-vous que je donne des avis ?
-Monsieur Petit-Moyen, il ne s’agit pas de connaître, mais d’être consulté !

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-Consulté sur quoi ?
-Sur ce que vous voudrez. Le temps qu’il fait, qui sera champion de foot cette année, enfin vous trouverez bien quelque chose. Vous avez un carnet d’adresse qui peut être utile à Coffre-Tout ? Vous allez lui faire gagner de l’argent. Il vous en sera reconnaissant.
-Il faudra que ma société présente un rapport. Et si on vérifie mon travail de consultant ?
-Rien de plus facile. Vous ouvrez Wikipédia sur la Toile et vous copiez une ou deux pages, par exemple, l’étiage des eaux en Nouvelle-Calédonie que vous remplacez par Wallonie.
-Vous croyez que c’est honnête ?
-Et la tournée des députés wallons aux States, vous croyez qu’elle l’était ?... qu’ils ont eu le temps de voir des entreprises et passer des contrats en visitant le Grand Canyon du Colorado ?
-Et si on s’en aperçoit ?
-Vous placez votre belle-mère, madame Gros-Moyen, à la présidence de votre société. Votre nom n’apparaîtra nulle part. Madame Gros-Moyen n’a pas de casier ?
-De casier ? Elle n’est pas dans la limonade.
-Je parle de casier judiciaire ?
-Tout est prescrit…
-Vous voyez bien !...
-Vous croyez que la consultance…
-Mais c’est l’avenir, la consultance. On consulte pour tout de nos jours. Vous n’allez pas faire la fine bouche dans un pays où tout le monde cherche le profit ! Il faut consulter pour obtenir des résultats !
-Quel est votre rôle, Monsieur Bling, dans cette fusion ?
-J’aide le contact. Le député Chose est le patron de Coffre-Tout. Officiellement, c’est sa femme, Madame Machin, qui est à la barre. Vous avez sa parole. C’est donc comme si c’était fait.
-30 fois les 3.000 de jetons, ça fait…
-80.000 !
-Je pensais que ça faisait 90.000 !
-Et ma commission ? Vous croyez que Bling travaille pour rien !
-La première année 80.000 et les autres 90.000 alors ?
-Non, monsieur Petit-Moyen, 80.000 pour vous et 10.000 pour moi chaque année.
-Mais, monsieur Bling, c’est la Belgique que vous dépouillerez de 10.000 par an !
-Monsieur Petit-Moyen, nous sommes ici pour affaire. La Belgique n’a rien à voir là-dedans. Mais dites donc… vous, il me semble que vous avez fait beaucoup de progrès depuis que vous êtes entré dans ce bureau !

12 février 2010

Des tyrans à foison.

Bien entendu, il serait malséant de revenir en arrière afin de relativiser la victoire alliée et la défaite allemande de 45. Il est heureux pour nous que les nazis n’aient pas eux la bombe atomique. Notre avenir eût été complètement différent.
La question n’est pas dans la légitimité de se défendre d’une oppression, mais bien de savoir que faire de la victoire sur l’oppresseur ?
Dans notre cas, n’a-t-elle pas a été l’occasion de confirmer la conviction occidentale que la cause des Alliés était bonne ; car, elle fut cautionnée par l’Histoire ?
Les vainqueurs courent un risque particulier : croire que sortis vainqueurs d’une lutte contre le mal, ils soient devenus l’incarnation définitive du bien.
Nous l’avons vu par le passé. Cela se vérifie dans nos luttes actuelles, nous nous sommes aveuglés de cette victoire sur le nazisme. Depuis, nous considérons que le mal est dans le camp qui aura l’audace de nous contester quand nous disons le droit et la morale. En un mot, nous avons acquis depuis 45 une bonne conscience qui ne s’est jamais départie.
Nos anciens alliés sont devenus nos pires ennemis et loin de les aider à sortir du stalinisme, nous les avons poussés à la guerre froide et à la course aux armements. Ensuite vinrent les derniers soubresauts des pays occidentaux dans la liquidation de leurs colonies avec l’ultime prétexte de défendre le périmètre du monde libre dans l’affaire de Corée, puis dans les défaites successives de la France et des USA au Vietnam.
Gendarmes nés du monde, les USA sont intervenus en Irak, puis ils nous ont persuadés de les suivre en Afghanistan.
Tout cela avec la bonne conscience d’un monde ‘libre’ qui aurait selon ce principe « toujours raison ».
Romain Gary, l’écrivain, trouve à cela une conséquence qui ne nous a pas traversé l’esprit « lorsqu’une guerre est gagnée, ce sont les vaincus qui sont libérés, pas les vainqueurs ». Depuis l’Irak, les vainqueurs jouent les deux rôles.
On ne peut pas dire que cette guerre a des conséquences heureuses pour la démocratie et la paix. Elle a suscité plus de vocations djihadistes qu’elle n’en a éteintes. Par le contre-exemple d’un pays en proie à de plus grands désordres après l’intervention, que par le passé, l’esprit d’une démocratie progressiste et apaisante s’en est allé au cimetière pavé d’illusions, comme l’enfer, de bonnes intentions.
« Le terrible est dans la victoire » aurait pu dire David Rousset en 2010 comme en 1973 dans son livre « La société éclatée ».
Le tragique des « nobles causes », c’est qu’elles sont obligées de combattre le mal en se servant des moyens de l’adversaire. En pire, même, si on considère la victoire des USA sur le Japon grâce aux effets des bombes atomiques larguées sur ce pays.
Pour sauver « le bien » nous devons faire mieux que le « mal », voilà un paradoxe dont on ne se relève pas indemne !

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Le tyran condamne ses ennemis à lui ressembler !
Les victimes sont alors celles que fait le tyran pour affirmer son pouvoir et celles que font ses opposants pour l’abattre. Or, une victime est par nature innocente. On ne peut pas voir dans l’incendie de Dresde, la Florence de l’Elbe, par l’aviation alliées du 13 au 15 février 45 et qui fit peut-être 100.000 morts par bombes à fragmentation et incendiaires, le juste châtiment de 100.000 nazis, d’autant que le trafic des trains de réfugiés fut à la base d’un jugement erroné des services de renseignements qui y virent une concentration de divisions de la Wehrmacht.
La souffrance des victimes ne leur confère aucune vertu et le crime organisé par la « juste cause » passe souvent pour la punition légitime infligée aux bourreaux.
Les justiciers n’en sont pas à justifier leurs crimes. Le meurtre et l’assassinat s’y revendiquent comme des actes nobles hautement héroïques, quand les vaincus habités d’identiques exploits sont les massacreurs !
La haine de l’autre, l’excellence du sentiment de croire que l’on est dans le bon camp conduisent à l’exclusion de ce qui est différent. Le racisme n’est la propriété exclusive de personne ; mais au contraire, il se mélange aisément au sang de tous, car il est universel.
Penser que des lois pourraient en venir à bout est d’une grande bêtise, mais dans l’air du temps qui légifère sur tout dans le but de faire croire à la main ferme de celui qui gouverne.
L’amour a-t-il encore une place dans le processus qui nous voit défenseurs de la morale et de la démocratie face à des peuples qui vivent autrement que nous ; alors que nous sommes les interprètes, sinon, co-auteurs, de la tragédie économique si étrangement associée à la morale et à la démocratie ?
Nous reprochons aux autres, des régimes qui rendent esclaves les peuples, alors que nous vivons sous des oligarchies d’argent qui ont fait plus de victimes que les pays dépourvus de droits !
La résistance des faibles, n’est-ce pas l’amour en marche ? Et à ce titre, les opposants à Mahmoud Ahmadinejad ne sont-ils pas plus proches des deux millions de pauvres que compte la Belgique, que ces derniers, citoyens de seconde zone, dans le condominium Flandre Wallonie d’avocats et d’industriels qui gouvernent le pays à leur place ?

11 février 2010

Montois, je vous aime.

-La ville de Mons était candidate ?
-Il paraît.
-Candidate à quoi ?
-Je suis comme toi, la gazette qui traînait dans les WC avait été déchirée au titre. Et je ne sais pas à quoi elle était candidate.
-Ce qu’on lit, c’est que Di Rupo a ramé sec pour Mons, plus que pour le PS.
-Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
-En bas de page, il y aurait eu des engueulades avec Liège qui s’était mise en tête d’être candidate, même que ça a failli mal tourné… C’est le surdoué qui leur a dit, c’est ça ou je replonge le parti dans l’opposition. Alors, tu comprends, à la perspective du pognon qu’ils allaient perdre…
-A quoi ils passent leur temps tout de même ! Alors, qu’ils nous disent que la priorité est au social vu la situation désastreuse du pays, eux, ils s’engueulent pour être candidat unique.
-Je me demande bien de quoi ?
-…la ville moins polluée d’Europe, peut-être ?
-Mons aurait facile. Il n’y a pas d’industrie. Le chômage y est un des plus élevés de Wallonie. Forcément, le vide est dépolluant.
-Brusquement, j’ai une illumination, comme il n’y a guère de vie intellectuelle, que la connerie télévisuelle a pris le pas sur tout, que la dernière librairie du centre est en voie de fermer ses volets, et comme en politique on dit que rien n’est impossible, ce ne serait pas de la culture pour laquelle Mons serait candidate, par hasard ?
-Mons candidate à la culture, tu rigoles ?
-…d’autant qu’on écrit que la ville a été testée par un collège d’expert et qu’elle sera accompagnée par une ville tchèque de son importance. Et puis, moi jaloux ? Niveau intello aux échevinats de Mons et de Liège, c’est kif-kif : Ducon est aux manettes !
-C’est bien européen, un challenge pareil ! Deux ringards de Belgique et de Tchéquie, à cent lieues l’un de l’autre, sous le haut patronage de Barroso, champion du fado…
-Ça va pas mobiliser les foules. Les touristes feront pas le détour ! Même Di Rupo en mannekepis de bronze derrière l’hôtel de Ville, un car de gays en transit pour un concert de Dave se détournerait pas...
-Les foules n’en peuvent plus des paillettes. Peut-être que Mons va inaugurer un nouveau style.
-Lequel ?
-Le style croquemort. Je vois d’ici le discours inaugural « On n’a rien à vous vendre. Nous sommes une petite communauté sans intérêt et à par moi, hyperdiplômé, tous mes compatriotes sont pratiquement illettrés, mais nous avons une grande qualité. Nous croyons à l’Europe ! Nous aimons l’Europe ! Merci l’Europe, etc. etc. ».
-Oui, Di Rupo a toujours été excellent quand il s’agit d’exalter des qualités qui n’existent pas. J’attends toujours qu’il justifie par exemple le choix du PS pour la Social-démocratie.
-Quand on voit le désastre où ça nous a conduit !

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-Heureusement que tout cela sera balayé par Mons en 2015 !
-D’ici là, les services culturels de la Ville auront eu le temps d’apprendre à lire.
-Di Rupo lui-même… en 2015 !
-Tu crois qu’ils ne sera plus le bourgmestre de Mons qui a convaincu le président du PS que Mons devait être la seule candidate au destin culturel européen pour 2015 ?
-On ne sait pas. Peut-être même qu’il n’y aura plus de PS dans 5 ans !
-Voilà le thème : Mons capitale européenne de l’illusion culturelle !
-Ils auraient des arguments. Publier la liste des experts belges qui ont examiné le cas de Mons et l’ont désignée à l’unanimité.
-On dit que José Happart en a fait partie.
-C’est bien possible, après tout. Par rapport aux autres, il fait peut-être plus « intellectuel » que Trillet.
-Qui c’est Trillet ?
-C’était le dernier de ma classe à l’école du plateau… Tu pourrais pas comprendre.
-Et Van Cauwenberghe aussi, dans les experts ?
-Tu ne confonds pas avec la série télé ?
-Non. Il est avocat. Il a sûrement lu Marguerite Yourcenar, comme Elio.
-C’est une fausse nouvelle. Il n’y aurait pas eu unanimité. Il y aurait au moins un expert contre. J’oserais même dire « unani-inimitié ».
-C’est très mauvais ce que tu viens de dire. Bien trop subtil pour la culture en 2015. Quand on pense au progrès que la bêtise peut encore faire d’ici cinq ans…
-Ce serait donc par anticipation qu’on aurait décidé de faire de Mons la ville lauréate !
-C’est limpide !
-Pourtant, la pensée récurrente ? L’Aigle de Mons a présenté des projets !
-C’était en collaboration avec d’autres villes, plus pointues en ce domaine. Il crie déjà à l’aide !
-Mais voilà le trait de génie dirupien ! Il veut développer les routes conduisant à Mons, améliorer le réseau des voix ferrées, rallier Mons par air et par mer !
-Par mer ?
-Oui, créer un canal Dunkerke-Mons pour les porte-containers de 30.000 tonnes !
-Une sorte de canal de Panama ! Mais, la culture là-dedans ? La transcendance ?
-Tu sais bien que dans le système capitaliste, la seule culture est celle de l’argent. Et il espère en drainer du pognon, l’artiste, rien qu’en subventions – Rudy s’attend au pire - et l’europe-system qui en redemande ! Vous voulez du Doudou, des drapeaux et des danses folkloriques ?... voyez l’échevin des finances. Tu penses si on va ressortir les accordéons que les vieux en clabotant on laissé à leurs arrières… T’en dis quoi, ma colombe ?
-Tout ce que je peux te dire, c’est que tu as perdu ce soir tes derniers lecteurs de la région Mons-Hainaut.
-M’en fous… l’engeance n’a pas Internet.

10 février 2010

Un nouveau parti : le TEB !

-Nous sommes en période de lancement de partis. Après l’IDE, le PP, voici le TEB. Pouvez-vous nous en parler ?
-A la suite d’une démagogie effrénée d’Ecolo qui a désigné une femme en foulard au conseil d'administration du Centre pour l'égalité des chances et de lutte contre le racisme, Fatima Zibouh, nous avons décidé d’intervenir dans le domaine politique et nous avons lancé le parti TEB – toutes en burqa.
-C’est-à-dire ,
-Nous présenterons nos candidates aux prochaines élections dans ce vêtement séant, qu’est la burqa.
-Et comment allez-vous les singulariser sur vos affiches électorales si elles sont en burqa ?
-Il y aura des burqas bleues, rouges, vertes, noires, etc… Le public pourra voter pour la couleur qu’il préfère.
-Sans savoir ce qu’il y a en-dessous ?
-C’est bien masculin, ce que vous dites ! Allez-vous regarder sous la jupe de Joëlle Milquet ? non, n’est-ce pas, alors pourquoi iriez-vous dévisager nos candidates ?
-Ce ne seront que des femmes ?
-Non, il y aura des hommes. Vous serez surpris d’apprendre leurs noms. Je vous passe la liste, vous pouvez voir qu’il y a du beau linge.
-Attendez, je lis… non ! ce n’est pas possible… mais, il est au PS !
-Et alors, sous la burqa, ça se voit ?
-Et celui-là, il vient du MR !
-Oui, et nous avons enregistré une demande d’un écolo, pratiquant chrétien fervent… des hauteurs d’Amay, si vous voyez de qui je parle ?
-En burqa !
-Ne soyez pas surpris. Nos candidates et nos candidats fuient les médias par modestie. Certains ont beaucoup à se faire pardonner. On les a trop vus, même en état d’ébriété !... Alors, ils veulent être efficaces sans chercher la réclame. C’est un bon sentiment, non ?
-Comment vont-elles faire pour siéger ?
-On ne sait pas encore. Ce dont nous sommes certains c’est qu’elles seront toujours en nombre. Vous comprenez, ce sera plus facile pour les remplacer. On trouvera toujours bien quelqu’un de la même taille et de la même corpulence pour siéger à la place d’une manquante.
-Qu’allez-vous défendre pour débuter ?
-Le droit à la différence.
-Cela ne se verra pas !
-Et la voix, que faites-vous des voix ? pourquoi les femmes sont-elles réduites à l’avoir grêle ou haut perchée ? Elles revendiquent le droit de barytonner quand cela leur chante. Au reste, elles barytonneront quand ce seront des hommes sous burqa. Elles souhaiteraient même voiler leur voix aussi !
-La voix voilée ! Même en Iran, on n'y pense pas...
-Vous voyez que vous y venez ! Croyez-en mon expérience, le TEB est un parti d’avenir. Nous revendiquons aussi le droit de faire l’amour en public. A cet effet, Monique, notre habilleuse, à conçu une burqa à deux places.

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-Elles vont faire ça debout !
-Vous ne pensez tout de même pas qu’on va installer une burqa sur un lit au milieu de la rue ! Sur un lit, ça s’appelle une moustiquaire.
-Et puis, il faudra que cela soit mixte !
-Notre parti est un parti de bi. Nous prêchons la polyvalence plutôt que le soufisme.
-Comment saurez-vous qu’à vos réunions, il ne se glissera pas dans la salle une rivale d’un autre parti ?
-Nous avons intercepté la semaine dernière, le président du MR qui croyait passer inaperçu sous une burqa.
-Comment l’avez-vous reconnu ?
-Nos sœurs et nos frères ont un signe de reconnaissance. Quand on lui a demandé le sien, il a fait le signe de la croix.
-Et alors ? n’avez-vous pas écrit dans la presse que c’était votre signe de ralliement ?
-Oui, mais Didjé ne s’est pas tourné vers la Mecque !
-Vous êtes pluralistes alors ?
-Oui, multiconfessionnels et tout ce qu’ont veut, même pendant les repas.
-Pendant les repas ?
-Oui, nous aimons prendre nos repas en burqa. Tout se passe en-dessous du voile, la bouche étant à l’abri des regards. Nos burqas sont dotées d’un sas par lequel la main droite gantée se saisit du plat et tout disparaît à l’intérieur. Ainsi, celles qui n’ont pas beaucoup d’appétit peuvent en ramener à la maison sans problème.
-Dans les personnalités du PS qui se sont affiliées au TEB, il n’y aurait pas quelqu’un de Mons ?
-Qu’est-ce qui vous fait dire cela ? Vous pensez à qui je pense ?
-Non, pas du tout. Lui, il doit être très bien, très chic en robe… non, je pense au dépeceur !


9 février 2010

Escarmouche

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Le PP « populaire-Personenpartij » est bel et bien parti à la conquête des voix principalement libérales et accessoirement « cédéhaches ». On a eu un petit échantillon de ce dont était capable ce parti dans la brève confrontation entre l'avocat d'affaires Mischael Modrikamen, co-président de la chose, et Christine Defraigne « la cadette des soucis » de Didier Reynders : plus question de payer les gens à ne rien faire, pension à prendre le plus tard possible, tolérance zéro, etc. bref, un manifeste d’une droite pure et dure, avec un programme propre à rassembler les imbéciles et les carnassiers de ce royaume.
Le compère de l’avocat, l'ex-fondateur de LiDé, Rudy Aernoudt, avait été approché par Didjé pour intégrer le MR et que je sache, les propos du co-président du PP étaient tout à fait orthodoxes à la pensée du principicule, au moment des amours.
Aernoudt fait indiscutablement pensé au retournement de veste d’Eric Besson, l’animateur de la campagne de Ségolène Royal, qui change de camp et se donne à Sarkozy entre les deux tours des élections en France, pour devenir ministre de l’intégration, évidemment pour être intégré, l’Eric se pose un peu là. Aernoudt se voit en plus rustique, en moins brillant, sur la manière de dire tout et son contraire, dans l’espace d’une journée.
L’avenir du PP n’est pas assuré. Ce n’est que parce qu’elle a soif de paraître afin qu’on ne l’oublie pas, que Christine Defraigne a donné ce dimanche la réplique à l’avocat.
Avocate elle-même, on se serait cru en correctionnelle, effets de gloses entre partie civile et accusé.
Reste que même insignifiant, le PP peut faire perdre quelques dixièmes de point au sémillant ministre des finances qui se verrait à nouveau contrarier dans sa résistible ascension par son ami de 30 ans, Louis Michel.
Est-ce que Christine Defraigne l’a fait exprès, ou bien était-il trop difficile, voire impossible, d’avoir un débat d’une bonne tenue avec Modrikamen ? En répondant du tac au tac au cher maître, elle a eu le tort de se mettre au niveau de son confrère. Aux diatribes de l’un ont répondu les diatribes de l’autre, à défaut d’argument...
Bien sûr le PP ne sert qu’à brouiller les pistes, puisqu’il n’est ni novateur, ni en-dehors de la droite classique, exactement comme Maingain se présente en Wallonie. Qu’est-ce que ça apporte comme idées nouvelles ces péripéties dans la mouvance libérale ? Rien, sinon que les autres partis peuvent à l’aise se moquer du MR qui semble à la dérive.
Il s’en était fallu de peu, il y a quelques mois, que Christine Defraigne ne fasse aussi son petit parti bien dissident, bien laïc et féministe, pour que sa gouttelette fasse déborder la coupe. Le thème de l’union sacrée, tapis de soie déroulé par les Michel a été heureusement posé à la dernière minute.
Le populaire-Personenpartij, à y regarder de près, est l’avatar du MR et si la situation se dégradait, s’il fallait sauver une nouvelle fois le système, nul doute que le MR passerait par les mesures préconisées par le PP, idem du parti socialiste, du reste, ce qui laisse penser que le PP tout fantoche et populiste – dans le mauvais sens du terme – qu’il apparaisse, pourrait détenir dans son programme biscornu et bâclé les germes des programmes des partis de pouvoir dès les élections terminées.
Vu de cette manière, le débat qui opposait les deux mirliflores de la droite, n’était pas drôle du tout. Toutes griffes dehors, la liégeoise ne défendait le bilan du MR que parce qu’il est le seul qu’elle puisse présenter et où elle est impliquée dans le même wagon avec Monfils et les autres..
Me Modrikamen n’a rien à perdre, comme son compère Aernoudt. Par contre, en face, la perspective de se relancer dans un cabinet d’avocats quand on a goûté aux charmes des fonctions électives et des à-côtés, c’est tout différent.
Ça se voyait un peu trop, dimanche, sur le visage parfois anxieux de la charmante.
Didjé joue gros. Si les voix de préférence n’étaient plus à la hauteur du personnage qu’il incarne, pire si ses détracteurs venaient à pâtir du PP, ils oublieraient vite que ce sont eux qui n’on pas accepté la candidature d’Aernoudt, quand il roucoulait sur la même branche que Didjé.
Pour l’anecdote, le PP se compose en tout et pour tout des deux larrons cités ici, plus ces dames et quelques obligés. Pour se faire des muscles dans l’ambiance actuelle, nul doute qu’ils devront rajouter des louches de populisme pour désigner les coupables du désastre national, qu’ils choisiront selon la stratégie classique. Intéressant sera aussi de connaître la liste de leurs sponsors.

8 février 2010

Pleins aux as.

Pourquoi y a-t-il toujours un bon pourcentage d’électeurs qui se décident pour la gauche ou pour la droite dans des proportions relativement stable, dans une fourchette assez proche de 50/50, alors que la droite n’a en réalité que 10 à 15 % de potentialité de voix par rapport aux intérêts réels de voter pour elle ?
L’appoint décisif viendrait donc de gens en situation inadaptée à un vote conservateur telles les catégories défavorisées, les salariés de base, les personnes âgées, les chômeurs, etc.
Il y a bien à cela de bonnes raisons de jouer contre son camp.
Si l’on en déduit l’inattention, l’absence de raisonnement, l’influence médiatique et l’attirance du riche par la fascination pour ce qui brille, il reste un sacré gros paquet de mondes qui n’a aucun intérêt à voter pour la droite et qui cependant le fait par conviction !
Nos sociétés, quoique fortement remises en question, ont adopté les critères du consumérisme et de la profusion comme valeurs depuis plus d’un demi siècle. Ces supposées valeurs se maintiennent assez curieusement malgré la crise et le nombre de plus en plus élevé de gens, qui tout en étant exclus de la société d’abondance, y croient toujours fermement.
On peut vérifier cet engouement quasiment général par l’attraction que notre mode de vie exerce sur les pays émergents, la Chine, l’Inde, le Brésil, etc. Dès que ces pays virent leur niveau de vie s’élever, ils envisagèrent le « progrès » comme un accès massif à la consommation. Il ne faut voir que la conséquence de ce phénomène dans l’engouement de ces pays pour des produits comme Coca-Cola, des services comme les Quick shop et autres commerces de proximité, symbolisant le mode de vie occidental.
On entretient parmi les pauvres d’Europe l’illusion que tout le monde peut s’enrichir et que ceux qui ne le font pas sont des losers. Les tentatives de sortir de la masse, qui finissent devant les tribunaux de commerce ou les juridictions correctionnelles, l’ont été parce que leurs auteurs étaient des has been, s’il faut croire ceux qui cherchent à se dissimuler derrière l’opinion publique.
S’enrichir sous-tend aussi l’adoption des idées et du mode de vie des « réussites sociales », sans vérifier si les « modèles » le sont autant qu’ils le paraissent. Cela signifie la fin tragique de ce qui était la meilleure opposition à la classe possédante : le souci du collectif, le syndicat, les assemblées revendicatives des maisons du peuple, tout cela disparaît évidemment comme faisant partie du passé.
Payer de sa personne, contribuer à aider son prochain, comprendre la nécessité de veiller à la sauvegarde des malades et des sans travail par les taxes et les retenues sur revenus, toutes ces choses enfin qui justifient une organisation, deviennent autant de freins à l’enrichissement, donc inacceptables.
Quand on se rêve dans l’abondance et le confort, celui qui parle de solidarité est un rabat-joie, un intrus qu’il faut éliminer au même titre qu’un membre d’Al-Qaida.
Les partis de pouvoir l’ont compris. Ils se reconnaissent dans les citoyens attirés par l’égoïsme si bien vendu au peuple et complètement intégré par lui.
C’est sans doute la principale raison qui conduit tant d’opposants à s’éloigner des partis de pouvoir.
Une certaine droite, celle de la vie austère et de la foi chrétienne, dont la population de la guerre 40-45 se souvient, puisque cette droite n’hésita pas à rallier le nazisme pour lutter contre l’athéisme stalinien, s’est diluée dans la consommation de luxe et la frivolité. Le plus bel exemple de cette droite volage, n’est-il pas incarné par Silvio Berlusconi ?
Entré dans la voie du délitement, la prospérité s’achève en farce. La société de consommation, la vie facile dans la croyance en une croissance indéfinie jettent leurs derniers feux dans les paillettes et la communication télévisuelle. Alors qu’il y a toujours du monde sur les plateaux et que tout semble vouloir rester en place, le décor change et les joyeux fêtards ne le voient pas, comme ils n’ont pas vu le quart du pays s’enfoncer dans la misère.

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Ce qui reste de bonne conscience s’est réfugiée dans les organisations humanitaires, ainsi on pourra regarder les images venues de Haïti sans développer une mauvaise conscience.
La gauche n’est plus capable de tenir un discours sur la pauvreté.
C’est sans rougir de honte que la RTBF et RTL ont tenu leurs assises du dimanche sur le sentiment d’insécurité et le marketing, cher à la droite, de la tolérance zéro.
Personne n’a subodorer que cette tolérance zéro va s’étendre à tous les domaines et que bientôt les pauvres eux-mêmes ne seront plus tolérés.
Il est à craindre que les illusions perdues, la gauche et la droite au pouvoir se verraient bien dans la mission de chercher les raisons du déclin dans ceux qui ne « veulent pas travailler », les accusant d’être à l’origine de la fin du consumérisme.

7 février 2010

La tragédie européenne !

Tout ce qui procède du domaine de la supposition est aléatoire.
Être économiste et publier ses analyses revient à faire part au public de ses états d’âme.
C’est pourquoi le métier de prédire l’avenir de l’économie n’est pas facile à exercer.
On sent bien dans tous ceux qui en font profession et qui en plus l’écrivent dans les journaux, que la plupart sont convaincus de la pérennité du système en cours, d’autant qu’ils sont payés pour nous le faire savoir.
C’est plus facile et moins déshonorant d’être d’accord avec ceux qui vous paient de parler du beau temps, plutôt que de la pluie.
Ainsi, de Pierre-Henry Thomas (Le Soir du 6 février), je ne mets pas en doute la sincérité qui est la sienne dans le texte qui suit
« Les secousses financières actuelles ne sont qu'une réplique du séisme qui a frappé le monde à l'automne 2008. Il ne faut pas s'y tromper : si les Bourses chutent, si les taux d'intérêt des obligations d'Etat s'envolent, si l'euro baisse… si les marchés sont sens dessus dessous, ce n'est pas en premier lieu à cause de la Grèce. »
Ce qui ne m’empêche nullement de penser que c’est la plus grosse bêtise que j’ai lue de longtemps dans ce domaine, non pas que la Grèce y soit pour quelque chose, mais dans l’appréciation de la fin de la crise dont les remous actuels ne seraient que la réplique !...
Ce que nous vivons en 2010, n’est pas évidemment une réplique de la crise de 2008, mais la continuation de celle-ci qui ne s’est jamais arrêtée et qui poursuit ses ravages. Le répit que nous avons connu était artificiel et n’était en réalité que la reprise des bourses, c’est-à-dire de la spéculation, le seul indice qui peut valoir quelque chose aux yeux des financiers, que s’empressent de relayer des gens comme Thomas.
La suite de son article contredit, du reste, le début « Que voit-on en effet ? Les mauvaises prises de risques sont toujours autant encouragées par un système de rémunération toujours pervers. Les aberrations sont toujours présentes (est-il normal que le marché considère aujourd'hui qu'il y a plus de risque dans les obligations d'Etat que dans celles des entreprises ?). La spéculation n'est pas jugulée (lorsque UBS dit que la Belgique pourrait être la Grèce de demain, est-ce dénué d'arrière-pensée sonnante et trébuchante ?). Le système bancaire de l'ombre (fonds spéculatifs et autres) que l'on s'était pourtant promis d'éradiquer, s'en donne à cœur joie. Le marché des produits dérivés, et plus spécialement des dérivés de crédit, n'est toujours pas dompté. Et les agences de notation prennent toujours des décisions perturbatrices. Bref, le système reprend ses mauvaises habitudes. Il faudrait bien un jour qu'on se décide à les lui faire perdre. »
C’est déjà beaucoup mieux, sauf que le système ne reprend pas ses mauvaises habitudes puisqu’il ne les a jamais perdues !
Dans l’état malheureux où nous a précipité un système au bout de sa logique et dont il faudrait se séparer sous peine d’une dévastation générale des économies dont personne n’a idée, pourquoi les Européens sont-ils plus fragilisés que l’Amérique et surtout pourquoi seront-ils les premiers à tomber du château de cartes capitaliste, bien avant les Américains ?

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C’est tout le paradoxe d’une Europe en panne, qui regorge de fonctionnaires à ne plus savoir en faire, dont quelques postes prestigieux nouveaux qui, en réalité, sont des machines inutiles.
L’Europe refait en Haïti le coup du Kosovo, elle donne beaucoup, sans pour autant être réellement présente et prendre des initiatives. Elle laisse l’impression d’avancer en ordre dispersé sur les grandes causes humanitaires, comme elle donne l’impression de vacuité par son absence dans les graves décisions économiques qui devront être prises par ses Etats membres.
Elle progresse depuis Lisbonne d’un échec majeur à un autre…
Les chefs d’Etat comme Angela Merkel et surtout Nicolas Sarkozy devaient être les moteurs de l’Union européenne. Ils en sont en réalité les fossoyeurs.
Il n’est plus question de lutte de prestige entre Etats membres, mais d’être unis pour faire face aux bouleversement qui s’opèrent devant nos yeux, hors de notre capacité d’intervention.
D’échec en échec, de Tokyo à Copenhague et maintenant à Davos, l’Europe promène son désir de bien faire, mais ne propose rien après les discours à l’arraché de ses ténors.
Et ce n’est pas en se disculpant en montrant la Pologne du doigt, qu’on se satisfera à l’avenir des raisons à ne rien faire.
Je n’ai jamais été un partisan convaincu de l’Europe, les pays qui la composent sont bien trop vieux et trop profondément inscrits dans leurs égoïsmes et leur aptitude à rabâcher un passé qui les a jetés au cours des siècle les uns contre les autres, pour jouer aujourd’hui les fanatiques de l’Europe. Mais si je ne l’ai jamais été, c’était parce que l’Europe nourrissait et nourrit toujours des projets du plus pur capitalisme qui soit et qui se voudraient à présent mondialistes. Or, ce libéralisme aveugle est absolument dépassé et ce n’est pas moi qui le dit, mais Barak Obama et son administration démocrate.
Alors, puisque « le bazar » existe, face au désordre mondial, ce n’est plus le moment de « baraguouiner », alors qu’on s’attaque à l’euro et que déjà des économistes pensent que la monnaie unique pourrait voler en éclats.
Les Américains ont envoyé 16.000 hommes en Haïti en un temps record. Nous aurions dû en envoyer autant et le faire savoir. La Chine est pour l’heure en train de prendre tous les marchés en Afrique et est présente à tous les échelons, notamment à Kinshasa puisqu’elle en est à refaire les routes, nous devrions multiplier notre présence sur ce continent et faire aussi bien qu’elle, bref, nous devrions ressortir quelques grandes règles d’une économie pour et par le peuple et nous les appliquer sans les proposer aux autres.
Nous devrions renvoyer à leurs chères études tous les partis libéraux et leurs alliés socialistes qui nous ont conduits à la banqueroute et faire du neuf puisqu’il y a une volonté des citoyens de changer la politique.
Bon… bon,.. au fait, pourquoi notre nouveau ministre des affaires étrangères, la Britannique Catherine Ashton ne s’est-elle pas précipitée en Haïti ? Réponse ; parce qu’elle n’avait aucun moyen, ni aucun pouvoir d’agir au nom de l’Europe.

6 février 2010

Davos nulle part…

…et partout en filigrane.

Rarement, on aura lu aussi peu de commentaires dans la presse belge sur Davos, le grand rendez-vous annuel de l’économie mondiale.
C’est bien joué de la part des gens de pouvoir. Ainsi, en ne parlant pas de l’événement, on l’escamote des esprits.
C’est pourtant dans cette petite ville friquée de la Suisse que les chefs d’Etat et les économistes du top se sont rencontrés et ils n’y ont pas parlé de sujets frivoles. Les discussions ont porté sur l’avenir de la société globale. Apparemment, cela intéresse moins qu’une défaite du Standard ou le retour de Justine Hennin.
Marianne pouvait titrer au lendemain de Davos «Le mur d’argent n’est pas tombé ».
Certes, Davos n’avait pas force de loi et il ne serait pas tombé de toute manière sur les pistes de ski de cette station chic de sports d’hiver.
On comprend les raisons de ce silence, à l’exception des journaux financiers qui ne sont lus que par des spécialistes, le mot d’ordre était au black-out ! On sait pourquoi on bande les yeux des condamnés au peloton d’exécution, c’est pour ne pas voir la mort arriver, pardi !
On n’ose imaginer la suite, si les foules, amusées par des nouvelles les plus futiles, s’essayaient à comprendre le drame qui se joue !
L’Europe minimise la grogne qui s’est installée chez les Américains à propos des mesures insuffisantes proposées par Obama à l’encontre des banquiers trop désinvoltes, ainsi que la hargne de certains républicains sponsorisés par les milieux d’affaire qui les trouvent excessives !
L’ambiance était toute en demi teinte à Davos, selon que l’on parût de l’un ou l’autre camp, avec des chiffres effarants comme les 94 milliards d’euros de bonus qui seront versés aux traders et cadres des grands établissements bancaires cotés à Wall Street, à la tête desquels la banque d’affaire Goldmann Sachs fit un pied de nez au président.
Le public français, s’y serait indigné au discours de Sarkozy, tout imprégné du désir de faire table rase d’un système à bout de souffle, par rapport à la réalité et à son tragique parti-pris de n’en rien faire !
Le lecteur enfin informé aurait senti la menace, la première dans l’histoire économique, que font peser sur l’Europe-Amérique la production des économies émergentes des pays du BRIC : Brésil, Russie, Inde et Chine, avec un modèle économique occidental discrédité et la situation de grande faiblesse d’après-crise. De ces économies émergentes, émane le souhait d’accélérer la libéralisation du commerce et la régulation financière, tant prônées par nos banquiers avant la crise et dont l’ultralibéralisme se retourne contre ses inventeurs, c’est-à-dire nous.

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Le pouvoir d’achat des citoyens de ces pays augmente – on serait bien mal placé pour s’en indigner. Ils sont de plus en plus nombreux à se payer des choses qu’ils ne pouvaient s’offrir, il y a seulement deux ans. Mais comme le fait remarquer Hans-Paul Bürkner le Pdg de Boston Consulting Group, ils sont des milliards de pauvres qui espèrent et qui sont prêts à travailler dur pour avoir une existence décente. Or, l’économie capitaliste n’a pas été conçue pour la consommation de masse à l’échelle mondiale. Elle n’était possible qu’à partir du moment où un milliard d’hommes pouvaient « vivre mieux » au détriment des cinq à six milliards restant.
Si aider ceux qui luttent au sud pour consommer, favorise la reprise des économies occidentales, à plus long terme, cela signifie l’épuisement des ressources plus rapidement que les estimations actuelles et une aggravation des pollutions produites par l’industrie humaine.
La redistribution des rôles au plan international est vraiment une des grandes inconnues de l’avenir. Pour en avoir une petite idée, l’année dernière, il y a eu15 points d‘écart de croissance entre la Chine (plus 10%) et l’Allemagne (moins 5%) !
Si ces chiffres ne veulent rien dire à nos populations, par contre ils ont un rapport évident avec nos 500.000 chômeurs et on comprend mieux nos gouvernements qui renforcent en toute hâte nos polices sous prétexte d’une recrudescence du banditisme, alors qu’il s’agit véritablement pour l’Etat de parer à une future guerre civile, possible, puisque tous les éléments d’un heurt entre population et forces de l’ordre seront réunis dans un avenir pas si lointain.
On voit ici tout l’intérêt de nos « élites » de poursuivre leurs efforts à désinformer la rue.
Plus jeunes, meilleurs et plus rapides, sans état d’âme, ayant mis la morale à cuire dans leur pot-au-feu, les pays émergents se fichent des anciennes hiérarchies de l’argent. Pour eux, le forum de Davos a été l’occasion de montrer les puissances montantes.
Ils nous pressent à réfléchir globalement à l’avenir de la planète. Mais, ce sera très difficile de leur faire comprendre que l’avenir est dans la moindre consommation. Dans ces pays là, les écolos ont peu de chance de se faire des alliés.

5 février 2010

Hadopi-Mayonnaise.

Parmi les moins représentatifs de la faune parlementaire, il en est de discrets, non pas qu’ils soient pudiques, mais parce qu’ils n’ont rien à dire, ajouter à cela qu’ils sont ternes de naissance et vous aurez tracé un portrait collectif au plus juste. Leur définition est à peu près celle qu’en donne le dictionnaire à propos des champignons « …terme ambigu qui désigne divers organismes biologiques sans chlorophylle et sans plastes (donc hétérotrophes), pas ou peu mobiles, constitués de cellules pourvues de noyaux et qui font donc partie des Eucaryotes.
C’est le cas du sénateur Philippe Monfils (MR), blanchi sous le harnais et inconditionnel de quiconque est chef du parti libéral. Il se trouve que ces temps-ci c’est Reynders. Tant mieux, il est Liégeois, cela facilite les contacts et les services de proximité.
L’Hétérotrophie du spécimen est particulière. Monfils ne se nourrit que de ceux à qui il voue un culte momentané. C’est une sorte de fidélité temporaire puisque la chefferie au MR, comme partout ailleurs, peut changer selon les caprices du vent. Mais Monfils assure jusqu’au bout le potentat régnant de sa fidélité, quitte à changer de livrée quand son héros se meurt !
On l’a bien vu lors de la parousie de Reynders, prince catholique selon JMJ, quand Christine Defraigne, laïque, imita Véronique qui n’accompagna pas Jésus parmi les saintes femmes. Où était Monfils ?... en dévotion du père, naturellement.
C’est pourquoi, à la surprise générale, on a appris que le Talleyrand liégeois voulait introduire une proposition de loi contre le téléchargement illégal inspiré de la loi française HADOPI.
Lui qui n’a jamais rien fait pour encombrer le Moniteur, il est vrai, par peur de se compromettre, le voilà qui se lance à quelques mois d’une retraite, même si elle n’est pas méritée et que le public n’en ait pas eu pour son argent, dans les fabrications de nouvelles restrictions !
Comme s’il n’y en avait pas assez en Belgique !
Comme si, au nom du principe de précaution, on n’était pas en train d’assassiner la liberté !
Sans doute, Monfils, subodorant la fin de son idole, après les élections prochaines, se positionne-t-il à l’avance, afin que l’éclairage actuel vînt balayer devant sa porte. Mais tout de même ! On avait pour cela, la spécialiste Onkelinx du superfétatoire à risque zéro de résultat, responsable de tous les assassinats de petits vieux désarmés par sa loi sur les flingues, quand la police met trois quarts d’heure pour répondre à un appel au secours et que n’importe qui peut se payer une kalachnikov pour 300 euros dans tout Bruxelles !
Cerise sur le gâteau, en attendant le panier plein, voilà l’Hadopi qui sommeillait dans le coeur frustré de Monfils qui vient ajouter aux lois imbéciles, sa petite pointe d’épice.
Qu’est-ce que Hadopi, si ce n’est le flicage des réseaux du NET ?
On a vu ce que ça donne en France. On ne doute pas qu’avec le « talent belge » cela soit pire chez nous.

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Si je comprends bien le Talleyrand régional, la loi confierait les dénonciations et les rapports de police, à ceux à qui nous payons bien cher (trop cher) le droit d’utiliser leurs réseaux !
Onkelinx n’aurait pu faire mieux quand elle sévissait à l’Intérieur : privatiser le flicage !
Argumenter une condamnation, judiciaire ou administrative, sur une donnée aussi peu fiable que l'adresse IP est insensé. Tous les commerces d’utilisation de la Toile peuvent fermer !
Les artistes concernés verraient-ils enfin la SABAM tenir compte des petites formations qui triment dur et se font escroquer par tout le monde, pas du tout. Il s’agirait plutôt d’un nouveau genre de taxation dont les Etats sans le sou comme le nôtre sont friands et qui, éventuellement, remplirait les coffres déjà pleins de quatre ou cinq majors de la gueulante et du cinoche.
Il ne taperait que dans les porte-monnaie des utilisateurs moyens d'Internet, laissant le champ libre au "piratage" à grande échelle qui sévit dans le commerce de contrefaçons.
Après avoir fait le tour des médias, Monfils tirera la manche de Reynders pour une approbation du Père.
Des citoyens se sont regroupés dans un collectif "Hadopi Mayonnaise" (sur la Toile) depuis fin janvier, choqués par cette nouvelle atteinte aux libertés.
Je n’ignore pas que le citoyen est sans arrêt travaillé au corps par nos marchands ministériels de précautions qui vont finir par faire régner plus de terreur, qu’ils en dissuaderont. Aussi, je ne peux qu’être satisfait de savoir qu’il existe encore des gens capables de réactions.

4 février 2010

Con caduc et con débutant…

Façon de rester dans le sujet d’hier, le lecteur de Cd moud une musique de Buxtehude. L’orgue est un instrument solennel, mais apaisant.
Il y a toujours eu de sacrés phénomènes qui ont troué l’ovule parlementaire, laissant parfois un de leurs germes s’y développer. Cela enrichit souvent un parti avant de le déshonorer.
Le cas Daerden mérite plus qu’une attention amusée. C’est l’histoire d’un fin politique, qui soudain se déconnecte de la réalité et pose en Jules César avec sa fille, vêtue de gazes arachnéennes, plutôt Messaline que Cléopâtre.
Avant la séance photos de trop, papa, assez porté sur le litron de rouge, était conscient que ses laisser-aller aux grandes joies du foot lui avaient été assez profitables dans l’opinion, et c’était bien vu.
Daddy ne franchit les lignes et ne dépasse la langue de bois que dans des moments de grandes satisfactions de soi. La nosographie de ce syndrome est simple. Le patient atteint de narcissisme monte à la tribune en se disant que les gens sur l’estrade ne sont que des nains et le public, une bande d’imbéciles. Cette façon de penser a le mérite de faire cesser le trac.
L’imprégnation alcoolique est un cache-misère en d’autres occasions ; par exemple, celle d’un patron d’une société florissante, socialiste de surcroît au prise avec un conflit intérieur. Il apaise alors cette incompatibilité de l’entrepreneur militant de gauche, en se donnant en spectacle.
L’intérêt que l’on porte à soi-même dans le reflet d’une glace (le cas est des plus avancés) ou dans les yeux des admirateurs, est parfois le moteur d’une gravissime erreur, celle que personne ne pardonne. Daerden est sur le bon chemin de l’ego concentré. S’il lui reste assez de ressources intellectuelles pour y réfléchir, il est urgent qu’on ne le voie plus un certain temps, histoire de se faire oublier. Le malheur pour ce type d’attachement compulsif à soi-même, l’éloignement des foules conduit quelques-uns à la dépression nerveuse.

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Jean-Michel Javaux (JMJ) est lui, un con débutant. Belle gueule, beau diplôme, bel avenir, il n’en est plus au scoutisme de paroisse, mais il ne faudrait pas que la bondieuserie, dont une bulle vient d’éclater, explose la prochaine fois quand JMJ est en patrouille des Mouettes à un Congrès écolo.
Peut-être que son courrier en interne va le forcer à la relecture de son engagement politico-religieux, Dubié souhaite déjà une dévotion à domicile. Si les écolos se cotisaient pour lui offrir un prie-dieu, premier meuble d’une arrière-cuisine consacrée et votive ?
N’importe, ce « matuvuisme » à contre-pied de celui de daddy, est assez inquiétant pour la suite. Les mystiques depuis Savonarole n’ont jamais réussi dans la conduite des autres. La foi les projette dans l’amour céleste et ils délaissent les amours terriennes qu’ils méprisent. JMJ avait réussi jusqu’à la semaine dernière à concilier la foi en JC et le druidisme électoraliste. La faucille d’or, la prochaine élection la leur garantissait. La nature a des droits que JMJ, un rien démagogue, réclame avec assurance. Mais dieu ? n’espérait-il pas plus de JMJ ? C’est ce que le bourgmestre d’Amay, s’est sans doute dit, à l’interview de trop ?
Les plus dangereux sont ceux qui se croient une mission d’évangélisation. Si c’est son cas, on le verra un jour hagard, errant dans la forêt de Domrémy-la-Pucelle.
Le journaliste qui a recueilli l’étonnante confession ne devait pas être écolo, jésuite peut-être ? Comment n’a-t-il pas vu l’excès de la bondieuserie du président d’écolo ? Pourquoi ne lui a-t-il pas crié « casse-gueule » ?
Ils sont souvent un rien pervers, les hommes de plume. Evidemment, pour une fois que dans la grisaille ambiante, l’un d’entre eux tient un scoop, il n’allait pas le lâcher pour raisons humanitaires.
JMJ, universitaire, sérieux, sobre, arrivé au pouvoir plutôt que parvenu, intégrant le dernier cercle, tenant sa partie, souvent sans concession, les gens dégoûtés des grotesques se disaient : enfin nous tenons un beau jeune homme, pas sot du tout, bien bourgeois, tenant un stand à la journée du géranium, l’air sérieux qui nous parle de ce nous aimons : les buissons au printemps, l’eau pure et le gazon des stades… patatras, le voilà dans la contingence, cette façon de croire que les feux follets ne sont pas des insectes !
Le pouvoir l’aurait-il trop tôt gâté ?
On en demeure saisi et les vieux caïmans du système aussi, à la fois réjouis (c’est une rival qui prend la pâtée), et inquiets (avec les électeurs on ne sait jamais).
Dorénavant, on ne pourra plus aborder JMJ sans la petite inquiétude devant quelqu’un qui, à un moment donné, n’a plus toute sa tête !
Jean-Marc Nollet, le récent quadragénaire ministre wallon et communautaire, ne doit pas être heureux de la bourde de JMJ. En effet, on les prend si souvent l’un pour l’autre, à tel point que s’il démentait les propos de son collègue catho, beaucoup d’électeurs n’y verraient que du feu.
A moins que Jean-Marc nous fasse la pareille dans le sens laïc. Certes, il faut s’attendre à tout avec les écologistes et Nollet serait bien capable de contre attaquer par un couplet d’étudiant sur les calotins !

3 février 2010

Coup de pied au culte de JMJ !

Ça cogne dur entre cathos depuis que Jean-Michel Javaux a été placé en bonne place dans les vingt catholiques les plus influents de nos chapelles politiques.
Une qui n’a pas digéré de ne pas être en pool position sur la liste des fervents du culte, c’est Madame Milquet, d’autant que le co-président d’Ecolo asperge d’eau bénite celles et ceux qui veulent allier à la foi chrétienne, la croyance en JMJ (Jésus-Marie-Joseph) les initiales de Jean-Mi ! C’est tout le staff de Joëlle qui vacille et repique aux souvenirs. Les anciens sont de grands nostalgiques, le pieux PSC avec les pères jésuites Deprez, Harmel et Nothomb leur flanque le bourdon. Ils trouvent l’H de trop dans le CDH. Humaniste, ça fait comme une connotation franc-maçonnes.
Joëlle en voyant passer les anges a surtout maté derrière eux, l’ange déchu tout en rouge, de là à faire passer sa sainteté Javaux pour l’antéchrist ! L’Armaguedon n’est pas loin.
La paroissienne de la rue des Deux Eglises s’est sentie outragée par l’ancien du patro.
« Moi je me suis toujours interdite de mêler religion et politique. Je trouve que la religion est une chose beaucoup trop noble pour être utilisée à des visées politiques… »
A suivre ce raisonnement, la politique, selon Milquet, c’est quoi, c’est beaucoup moins noble, presque un truc de malfrat ?
Il faut dire que son éminence JMJ n’y est pas allé avec le dos de la cuillère aux saintes huiles, dans son interview au siège d'Ecolo à Namur, à deux pas de l’évêché d’où s’est échappé Monseigneur Léonard pour une carrière nationale, il s’est laissé aller à des confidences auprès desquelles celles de Saint Augustin sont du pipi de nonnette.
Michel Onfray prétend que la religion est out et ne fait heureusement plus partie du débat politique. Quand, dit-il, l’élite mélange politique et génuflexion, cela ravive les sucs meurtriers.
L’écolo pour le coût vient de raviver les sucs gastriques de Milquet. On craint l’ulcère.
Pour balancer, J MJ balance. Le monde politique défile, jaugé selon sa foi chrétienne dans ce grand désert des âmes qu’est le Parlement.
Si j’étais écolo et laïc, je la trouverais mauvaise comme Joëlle.
Maintenant on sait pourquoi Javaux est écologiste, c’est pour remettre le paradis terrestre en l’état, le grand soir venu.
La vie de JMJ est édifiante, une belle histoire de Saint d’Epinal.
Un vrai martyr chrétien doit souffrir. JMJ a beaucoup souffert, quand, dans l’église autour de lui
« je vois des croyants pratiquants qui, au moment de la communion, ne se lèvent pas. Dans les premiers rangs, il y avait des gens connus, des présidents… »
Avant, bien avant, il avait enduré les guignons de la chair et abandonné son désir d’être prêtre, en s’offrant la mère de ses enfants !
Une audace dont il n’en est pas encore revenu.
Il est vrai qu’il aurait fait un beau petit abbé. Peut-être aurait-il été le coadjuteur de Monseigneur Léonard et, qui sait, futur évêque de Namur ?

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D’une famille pratiquante, grand-père président de la fabrique d'église et frère du dernier bourgmestre non socialiste d'Amay, il avait failli passer du patro directement au parti chrétien. C’est le côté langoureux et équivoque de la chef du CDH qui l’a retenu de franchir le portail. La muse du portail chrétien était trop maquillée pour être honnête !
En recherche de pureté, il ne pouvait être qu’écologiste !
Ah ! le patro d’Ampsin, les pèlerinages à Lourdes, c’est là qu’il forgea ses aptitudes au commandement des hommes, en mettant en pratique celui de dieu, bien lui en prit car il a retrouvé beaucoup de ses coreligionnaires… à l'Union wallonne des entreprises, à la FEB !
On ne sait plus si ce type plaisante ou s’il n’est pas devenu fou, brusquement saisi par la folie des grandeurs d’un Bossuet s’adressant à Louis XIV ! Et on comprend très bien l’effarement de Joëlle Milquet, qui a des rapports avec dieu beaucoup plus privés, plus intimes, avec ou sans condom.
Dans cette interview extravagante, il y en a pour tout le monde, ainsi pour Elio Di Rupo : « ... (il) relit trois, quatre fois les Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar quand il en a besoin… Je ne dis pas qu'Elio est croyant, mais je sais que ça l'ennuie quand on lance : « A bas la calotte ! » à la fin des congrès du PS. »
La social-démocratie est ravie, qu’Elio ait quitté les folles idées de Jaurès pour Yourcenar !
Sur le sexe, JMJ ne nous cache pas comment il conçut son premier bébé. « On était en vacances, dans les Pyrénées. On a décidé de passer une demi-journée à Lourdes, avant de repartir vers le Pays basque. C'est dans une pharmacie de Lourdes que m'a femme a acheté le test de grossesse ». On se doute qu’il dut s’en passer des raides derrière la grotte des apparitions !
Petit rectificatif historique, le premier à avoir lancé ses chaussures sur une personnalité, ce n’est pas le journaliste iraquien au président Bush, mais JMJ à Jésus « A l'église, j'ai lancé des chaussures sur le crucifix ! J'ai crié : « Pourquoi ? » Ma femme a toujours du mal à s'approcher d'une église. » Après la famille, JMJ ne pouvait pas faire autrement que dégoiser ses partenaires écolos. Ainsi nous saurons tous que la foi est à 50-50 avec les mécréants, dans son parti, et que Jacky Morael, José Daras, Bernard Westphael, Nicole Maréchal, Huytebroeck, sont du bon côté, alléluia !
Quant aux libéraux « Sabine Laruelle est catholique et reconnue comme telle dans le monde agricole ; Michel Foret est probablement la personne la plus connue de l'Eglise protestante en Belgique ; Didier Reynders est catholique et ne s'en cache pas… »
Rebelote au CDH, l'ex-PSC : « A part Catherine Fonck ou André Antoine, qui assument leur engagement confessionnel, je serais bien incapable de dire si Joëlle Milquet ou Benoît Lutgen sont croyants ou non. Joëlle Milquet ne connaît pas le monde chrétien. ! »
Bref, après avoir passé le microcosme en revue, comme au temps de Monseigneur Dupanloup, on peut regretter que JMJ n’ait rien dit de la situation économique et de l’état de pauvreté d’un quart des Belges… en toute charité chrétienne, bien entendu !

2 février 2010

PS Story.

Dans son dernier film « Capitalism : a love story » (au Churchill cette semaine), Michael Moore se dit surpris de voir le libéralisme si peu critiqué par ceux qui en souffrent le plus !
Il aligne les faits avec un rien de machiavélisme, puisque ce film sera (peut-être ?) regardé par les classes moyennes et populaires, désormais dans le même sac de nœuds.
En 1980, aux States évidemment, pays de la connerie militante du business, le rapport des salaires était de 40 entre le plus bas et le haut, en 2005, il était de… 411 !
On est en plein dans une dérive que la crise de 2008, loin de la freiner, semble l'avoir accélérée.
Comment et pourquoi les centaines de milliers d’Américains surendettés, expulsés de leurs logements par les services de police (les huissiers n’y auraient pas suffi) ne se sont-ils pas révoltés ?
L’Europe, à l’exemple de l’Angleterre première en ce qui concerne le suivisme dans sa passion de ressembler à son ancienne colonie, bascule dans la démesure identique avec son cortège d’horreurs, fermeture, faillite, misère, creusement des inégalités, asphyxie volontaire des services publics. Et que voit-on ? Les partis libéraux, loin de perdre des voix, en gagnent ! C’est-à-dire que ceux qui se sont trompés et qui nous ont trompés sur toute la ligne se voient renforcés dans leur démarche ! Ils triomphent de la dégringolade générale. Leur arrogance atteint des sommets ! Le dernier discours à Liège de Didier Reynders en assemblée du Mouvement Réformateur en témoigne.
Et le socialisme me direz-vous ? Il aurait beau jeu de relever la tête, de dire aux gens « voyez ce qui arrive, je vous l’avais bien dit ! ».
Eh bien ! non. Le socialisme ne moufte pas. Il se dit malheureux de ce qui arrive aux gens, mais ne fait rien pour en montrer les causes et donner de l’espoir. Au contraire, que dit-il ? Il faut se retrousser les manches et aider à la roue de la charrette pour sortir de l’ornière. Il offre ses services aux propriétaires de la chose économique. Il prépare des plans de relance et de redressement. Justement ce dont les épiciers du MR ont besoin ! Pour cela, il ne réclame rien en échange, si ce n’est un peu de « compassion » pour les victimes !
Evidemment, les responsables socialistes ont leur part de responsabilité dans l’avarie sociale, puisqu’ils ont été les auxiliaires des libéraux depuis qu’ils ont renoncé aux principes de la lutte des classes pour se lancer dans une théorie sur le bien-être collectif, la « social-démocratie », ce qui évidemment a beaucoup contribué à leur promotion personnelle.
En Belgique, ils ne le disent pas comme en France, mais si le ton n’y est pas, le cœur y est, le socialisme de collaboration au système libéral n’y adhère pas que par intérêt, il y adhère aussi par principe.
Un bref rappel de la profession de foi « Le libéralisme est d’abord une philosophie politique et j’y adhère » (Bertrand Delanoë), « Le libéralisme politique est depuis l’origine indissociable du socialisme démocratique » (Ségolène Royal).
Nul doute qu’en fouillant dans les discours de nos parangons vertueux du PS, au fond d’une armoire du local du boulevard de l’Empereur, on trouverait pareille envolée.

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Qu’est-ce que le socialisme suivant l’esprit de celui qui en premier forgea le mot, Pierre Leroux en 1834 ? C’est la soif d’une justice égale pour tous, la remise en question des moyens de production afin d’étendre le progrès à la classe laborieuse, la conscience que la société n’est concevable que dans une morale qui embrasse tous ses membres, en n’en privilégiant aucun.
On n’en est plus là dans les partis socialistes. On en est même très loin. Cette mutation fut imperceptible. Elle se vécut dès la fin de la guerre de 14-18, dans l’évolution des coopératives, des syndicats, de l’aide aux malades et handicapés et du POB, par la lente possession des bureaux et des instances par une armée de fonctionnaires, remplaçant progressivement l’altruisme, les dévouements, les volontés indépendantes, passant du POB au PS d’aujourd’hui.
Le premier à dévisser et se dissoudre fut le système coopératif, étouffé de l’intérieur par ses élites franc-maçonnes et étranglé de l’extérieur par les magasins de grandes distributions ; les syndicats devinrent des bureaux de droit des travailleurs, après quelques grèves retentissantes qui échouèrent avant d’entrer dans le système, reconvertis en « facilitateurs » du dialogue patron-personnel ; les mutuelles se dégagèrent des bricolages du début pour devenir une entreprise quasiment anonyme, ne dépendant plus du socialisme que par les mouvements de son personnel et quelques « coups de main » aux « camarades » socialistes ; enfin, le parti entré complètement dans l’ère universitaire où les avocats dominent, complètement coupé de sa base, est aujourd’hui ce monstre froid qui accompagne d’autres monstres froids et indifférents de la droite capitaliste.
Cette lente altération du sens s’achève aujourd’hui.
Le PS ne tient plus que par l’égoïsme de masse, le plus stupide qui soit, puisque cet égoïsme fait qu’aujourd’hui presque plus personne n’en tirera bénéfice, et puis aussi, par l’inquiétude de changer à la fois son train de vie et sa façon de penser.
« Philosophie Magazine » dans son numéro de février analyse la situation. Cette publication cite Alexis de Tocqueville à propos de cette liquéfaction du socialisme « Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leurs âmes. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger de la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute espèce humaine. »
Ecrit en 1840, Tocqueville savait comme la démocratie pouvait se dissoudre dans le capitalisme par la somme des égoïsmes.
Aujourd’hui, même nos enfants sont en danger !

1 février 2010

Match exhibition à la RTBF

Comment organiser un débat avec des gens qui sont à peu près du même avis ?
C’était « l’exploit » de la RTBF de ce dimanche.
A ma droite : Xavier Baeselen, secrétaire politique du groupe MR à la Chambre, échevin à Watermael-Boitsfort et animateur de la télévision libérale MRTV, député fédéral.
A ma gauche : Yvan Mayeur, assistant social, Président du Centre Public d’Action Sociale de Bruxelles et député fédéral PS.
Thème : le chômage.
Question : que doit-on faire avec les chômeurs de longue durée ?
Réponse : les accompagner.
Fin du combat.
L’arbitre a renvoyé les deux champions dans leur coin sans désigner un vainqueur. On suppose que c’était un match exhibition, savoir qui est le meilleur est sans objet.
On en serait resté là si le temps de ce débat n’avait été que de 30 secondes, mais comme le suivant portant sur l’explosion d’une maison de la rue Léopold à Liège n’avait lieu que dix minutes plus tard, il fallait bien traîner les pieds sur celui-ci.
On est resté sur le ring à bavarder dans le calme et la bonne humeur.
Mais quand donc finiront ces pantalonnades ? Le public écarquille les yeux, ne comprend pas où se situe le différend et voudrait sans doute entendre des gens qui sortent de la pensée unique !
Bon, ne chipotons pas, il y eut bien quelques échanges pas bien méchants sur la manière d’exclure les chômeurs qui « ne font aucun effort pour retrouver du travail ». « Mais comment le pourraient-ils, ces malheureux, dans un temps de liquidation des entreprises qui se délestent de leur personnel, avant de mettre la clé sous le paillasson ».
Et puis, il fallait bien que l’on pût faire la différence entre un MR et un PS.
Le soir, sur la Cinq, à l’émission C-politique, Daniel Cohn-Bendit répondait à Nicolas Demorand à peu près à la même question « Sarkozy prétend faire travailler plus, pour gagner plus. Plus de 2 millions de chômeurs en 2010, avec un million de chômeurs en fin de droit, pour lesquels il faudra bien trouver autre chose. Les 35 heures de Martine Aubry répondaient à cette préoccupation majeure. Il faut même descendre en-dessous des 35 heures, mais je suis d’accord avec vous, le système ne le permet pas. Alors changeons-le ! ».
Il semble en Belgique, comme en Sarkozye, que nous sommes décidés à ne jamais réfléchir qu’à l’intérieur du jeu d’ombres qu’est le système économique actuel. Il est impensable que l’on puisse avoir la moindre idée de faire autre chose. Il faudra attendre quoi ? Un cataclysme économique plus éprouvant que le krach de 2008 ? Que Big Brothers ait raflé toutes les mises du Monopoly et ne sache plus jouer avec personne ?
Nos hommes politiques partagent la même conviction que Sarkozy et comme tous les autres chefs de gouvernement de l’Europe : le capitalisme est le meilleur système au monde, il ne reste qu’à le moraliser.
Les deux sur le plateau pensaient d’abord moraliser les chômeurs. Le reste n’est pas leur affaire.

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Vous espérez vivre autrement ? Vous ne pouvez pas. En Absurdie, les rêves sont interdits.
Alors, vous vous imaginez !... à la télévision nationale, la mission c’est de recueillir l’opinion moyenne bien décantée dans les bassins d’orage que sont les journalistes.
Puisqu’il n’y a pas d’emplois pour tout le monde et que cette situation risque d’empirer, alors rassurons l’opinion publique. Les chômeurs de longue durée sont pris en chasse par Milquet et sa bande. Capturés par les contrôleurs, ils passent devant un tribunal improvisé sous l’escalier de service et se retrouvent au CPAS, où là, la chiourme peut à l’aise les tourner et les retourner sur un grill plus performant.
Le CPAS offre l’immense avantage de sortir le chômeur de la statistique, de défrayer ses loisirs forcés d’un peu moins qu’une allocation pour une perte d’emploi, en outre, il offre la possibilité de récupérer l’argent versé sur les biens ou les parents directs.
Au consensus profond, nos deux « puncheurs », sont entièrement d’accord sur le manque d’accompagnement qui fait défaut au FOREM.
« Accompagnateur social » que voilà un métier d’avenir !...
Xavier reste sceptique sur un replacement dans les métiers en pénurie avec l’aide des accompagnateurs, attendu que ce sont souvent des métiers à long apprentissage.
Si ça continue, il n’y aura plus que la moitié des gens à travailler.
Pas de problème, que la moitié qui travaille accompagne l’autre moitié qui ne travaille plus. Il suffira de couper les salaires en deux pour contenter tout le monde !
Pourquoi tout cela est-il mou, un peu compassionnel, un rien cynique, mais mou ? Sans doute parce que la déchirante crise économique n’a pas entamé l’amour profond qui attache les consommateurs au capitalisme et que les chômeurs avec les autres acteurs y trouvent encore un intérêt. A la RTBF – comme à RTL – on ne raisonne pas autrement.