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31 mars 2010

Hit Parade au MR

Les partis, c’est comme dans les porcheries, quand le bestiau a le nez dans la farine, on ne l’entend pas. Quand la mangeoire est vide, c’est l’éleveur qui doit se faire du souci.
Au Mouvement Réformateur, ça couinerait plutôt. Le MR ne participe qu’au niveau fédéral à la conduite du pays. Le communal se défend encore assez bien, mais les récents sondages font craindre des pertes en voix, qui dit pertes en voix, dit pertes en notoriété.
Au gouvernement wallon, et à Bruxelles, le MR est dans l’opposition pour un bout de temps !
-C’est du manque à gagner, ça, madame !
Les mangeoires, si elles ne sont pas vides, ne sont qu’à moitié pleines.
Participer à un gouvernement, c’est en plus de se faire reluire dans les gazettes, placer une série de fonctionnaires et d’attachés de son bord dans les ministères bleus, et être assez près du centre de distribution pour une part plus abondante que si l’on glandait dans l’opposition où n’entre en jeu que le salaire de l’élu.
Ce qui se passe au MR est à peu près du même ordre que ce qui se passe à l’UMP française.
Encensé quand ça va bien, le chef de parti est aussitôt fragilisé par ses anciens admirateurs quand ça va mal. Même si les Michel et la suite de leur nébuleuse, les Gérard Deprez et consort, n’ont jamais été dans les admirateurs du principicule liégeois, les résultats du MR les tenaient à l’écart de toute subversion ouverte.
Il y a fort à parier que cela va changer dans les mois à venir.
Les couteaux s’aiguisent, même si officiellement les sondages désastreux ne sont pas commentés.
D’après les gazettes, bien disposées pour ce qui mouline dans « le bon sens », le Conseil de fédération du MR, en réunion ce lundi, n’aurait pas évoqué la situation née des résultats du sondage de "La Libre".
On peut penser qu’il en allait autrement dans les couloirs. Au MR c’est une tradition : tous unis sur la photo de famille, en-dehors des estrades, on s’équipe d’un gilet pare-balles..
Depuis Jean Gol qui a inauguré cette façon de faire, tout se joue dans les couloirs. Comme on sait que c’est dans le couloir du funérarium que Louis michel « s’est couvert des oripeaux du mort, pour usurper la place du successeur « naturel » qui devait être Didjé, les belles manières des tontons flingueurs datent de loin !.
Depuis, au MR tout n’a jamais été que compromis entre deux portes, dans le va-et-vient et la pénombre d’un corridor de commodité.
Il y a de quoi s’inquiéter. Sur les quatre dernières années du règne de Reynders, le parti a perdu un tiers de ses électeurs. Et ce n’est pas l’avènement d’un nouveau parti, même si celui-ci est déjà appelé « d’extrême droite » que le MR pourra se refaire une santé.
Les appétits insatisfaits protestent. Didjé parle de crise mondiale, d’économie maltraitée, du passage à vide d’un libéralisme qui se cherche, rien n’y fait. Il y a trop de haine rentrée, trop de sourires contraints, tant qu’à faire à perdre des voix, on n’a pas pour autant perdu l’appétit. Et qui met tout le beau monde à la diète au MR, réponse de plus en plus étoffée par les chœurs de l’armée de la « frousse » : Didier Reynders !

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Retenu à Paris pour une conférence (1), le président était remplacé par sa copie conforme Borsus. On comprend un peu que le Conseil de fédération ne se soit pas exprimé à cœur ouvert, mais ce n’est que partie remise, le babillard parisien ne perd rien pour attendre.
Sous l’apparence d’un parti uni, en réalité le MR est profondément divisé. Il y a le camp des inconditionnels et le camp des opposants irréductibles à Didjé.
Des incidents récents à propos de Christine Defraigne et de son délestage de la présidence du groupe au Sénat, les allusions préparatoires au changement de Gérard Deprez et de quelques autres, laissent à penser que ce n’était que le premier round et que le gong vient de retentir pour le deuxième.
On se rappelle que Didjé voulait débarquer Gérard Deprez de sa prébende au parlement européen afin d’attirer Rudy Aernoudt dans les filets du MR en lui offrant cette galette des rois. Pétard des Michel, explosion de l’intéressé, bref, le coup raté, Rudy Aernoudt s’en est allé fonder un nouveau parti avec Modrikamen.
On peut dire ce qu’on veut de Didjé, mais s’il avait réussi à intégrer Rudy, il aurait pu conserver l’électorat d’extrême droite qu’il est en train de perdre. Comme l’extrême droite séduit aussi certains désespérés de voir les choses bouger parmi l’électorat ouvrier, il y a de fortes chances que le MR n’eût pas été dans la situation désastreuse qui est la sienne aujourd’hui.
Quand on pense que Deprez joue les fins stratèges et explique ce qu’il faudrait faire pour que le parti reprenne du poil de la bête, on peut dire qu’il est gonflé !
Didier Reynders compte encore beaucoup de partisans, amis et clients, l’un dans l’autre, cela fait du monde que le MR ne peut se permettre de perdre. Il reste 15 longs mois avant les élections fédérales pour se refaire. Monfils et la suite ne sont pas encore au chômage.
« Le printemps des réformes » est dans l’impasse. L’imagination fout le camp. Elle ne s’intéresse qu’aux titres ronflants, au cabinet dans les cabinets, comme le groupe Renaissance qui au lieu d’évoquer le Quattrocento, a plutôt offert le spectacle d’une inquisition interne. Peut-être faudrait-il d’autres conseillers au principicule liégeois ?
Quand on interviewe Didjé, il débine tant qu’il le peut ses amis et parle plutôt en ministre des finances « qui a réussi » sur un bilan de 10 ans, qu’en président du MR qui a échoué sur 4 !
L’erreur de ce parti, c’est de post-poser sans cesse un plan plus audacieux. Le dernier en date, c’est de prévoir encore trois mois de rabiot à l’inertie, si après ce délai, le MR chutait sous la barre symbolique des 20 %, se faisant dépasser par Ecolo, il faudrait s’alarmer.
N’est-ce pas Napoléon qui a dit que la meilleure défense, c’était l’attaque ?
Qu’en pense donc, Monfils, notre Talleyrand liégeois ?
Il est vrai que l’empereur avait dit de lui : « Monsieur, vous êtes de la merde dans un bas de soie ». Didjé qui aime les bons mots, devrait s’en souvenir, pour plus tard. C’est toujours utile les références historiques, des fois que l’intéressé tournerait des talons..
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1. Si quelqu’un sait le sujet, le lieu et qui a organisé cette conférence, il serait bien aimable de me l’écrire. J’ai fureté sur la Toile et je n’ai rien trouvé.

30 mars 2010

Quand les chemises chinoises seront hors de prix !

L’électeur a déjà coupé court aux bobards des partis politiques en s’abstenant massivement de voter en France. La Belgique n’est pas épargnée pour autant par le vote obligatoire, l’électeur belge fait du n’importe quoi et n’a plus confiance.
L’économique a perdu sur deux ans toute espèce de considération que pouvait avoir pour lui des populations frappées par la crise depuis 2008.
C’est que le divorce est consommé entre ce qui s’affiche et ce qui se ressent dans la vie de tous les jours.
L’économiste Eric Maurin analyse le récent scrutin français « …la première clé de lecture n'est pas géographique mais sociale. Le clivage central de la société se situe entre ceux dont l'avenir est protégé et ceux que menace la violence du marché du travail et des évolutions économiques. Ce clivage traverse les classes populaires et les classes moyennes. Il n'y a pas une seule " classe moyenne ", une seule " France d'en bas ", mais plusieurs, très inégalement exposées au risque de déclassement, les unes défendant des statuts chèrement acquis, les autres bataillant pour en obtenir, souvent en vain. »
L’homme de la rue en Belgique voit le monde actuel coupé en trois : l’économique, le politique et le Tiers Etat. Les deux premiers affichent une entente parfaite, quoique le politique se trouve le plus souvent dans une position subordonnée. Le Tiers Etat est indispensable aux deux autres, mais n’en est pas pour autant récompensé. C’est qu’il est nécessaire qu’il soit trompé par la logique économico-politique, afin qu’il ne pèse pas trop lourd dans la répartition des dividendes dégagés et des biens produits uniquement par lui.
Il faut faire en sorte que ce qui est inutile et onéreux passe pour indispensable : les rémunérations des capitaux, les salaires à un certain niveau, les décisions d’ouverture et de fermeture de sites industriels selon des critères boursiers, etc. ; et ce qui est indispensable (travail, sacrifice, inventivité et productivité) passe pour inutile et onéreux.
Tout en ce mois de mars 2010 est voulu dans ce sens.
Le public averti – pas tout le public hélas ! - a appris à se méfier.
Il ne croit plus aux économistes de plateau de télé, aux annonceurs du beau temps des journaux et surtout à la vocation apaisante et rassurante du politique.
Certaines informations ne peuvent pas être filtrées et réduites en émulsion apaisante.
Les deux premiers « piliers » du tripode énoncé plus haut : l’économique et le politique comptent sur la dose massive de somnifère qu’ils inoculent au troisième, pour qu’il passe tout de suite à la rubrique football et qu’il n’essaie surtout pas de lire entre les lignes de l’information suivante :
« Après plus d'une décennie passée dans l'orbite de l'Américain Ford, le suédois Volvo Automobile a entamé dimanche 28 mars une nouvelle ère avec sa vente au chinois Geely, qui veut en faire un "tigre" pour conquérir la Chine. Le constructeur Volvo Cars a été vendu 1,8 milliard de dollars (1,3 milliard d'euros), soit près de quatre fois moins que le prix auquel Ford l'avait acheté en 1999. »

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Cette information décryptée est significative de l’état de délabrement de l’industrie automobile américaine et de la dette astronomique des USA , dont le principal créancier est la Chine. Elle infirme les dires de nos économistes qui prévoient un redémarrage de l’économie, que dis-je, qui la voient comme étant repartie, le bémol du chômage étant « normal », selon eux, la reprise de l’emploi redémarrant toujours plus tard.
Le Tiers Etat ne pense pas un mot de ce qui est écrit plus haut. Il croit que nous sommes entrés dans une nouvelle ère, une sorte de tunnel dans lequel nous nous engageons derrière les USA qui nous éclaire à la torche de moins en moins lumineuse.
Les « big three » -General Motors, Ford et Chrysler, ne sont plus les maîtres du monde.
Bien que Ford gagne de l'argent en Europe, sa branche américaine est au bord du dépôt de bilan.
General Motor brade au quart du prix des marques de voiture étrangères dans l’espoir de ne pas couler rapidement.
La réalité, c’est que l’industrie automobile américaine connaît une crise structurelle de grande ampleur, au même titre que l’industrie sidérurgique dans les années 80, pour les mêmes raisons, sur le temps qu’on essaie de nous faire croire qu’elle n’est que conjoncturelle.
Le duo de tête est symptomatique : l’Indien Mittal pour la sidérurgie et le Chinois Geely pour l’automobile !
La Chine est devenue l'an dernier le premier marché automobile mondial, devant les Etats-Unis.
Mittal deuxième sidérurgiste du monde, sera le premier bientôt.
La survie de l’industrie américaine tout entière dépend du bon vouloir d’Obama.
Ford, Chrysler et General Motors ne pourront survivre sans intervention de l'Etat en 2010-11. La disparition de ces symboles de l'« American way of life » serait un séisme sociologique au moins aussi fort que le 11-Septembre, par la remise en cause radicale du modèle sociétal et une rupture économique sans pareille.
Les travailleurs du secteur à Anvers ne doivent plus se faire d’illusions sur le sort qui les attend, malgré les gesticulations du politique pour arriver à des solutions.
Ce qui est dramatique, c’est l’absence de tout raisonnement de salut du duo économico-politique dans les décisions à prendre en Belgique et en Europe.
On voit poindre le réflexe de défense lorsqu’il nous dit « nous vivons au-dessus de nos moyens ». Nous pensons qu’il a en partie raison, ce que nous traduisons par « Il vit au-dessus de ses moyens par des avantages qu’il prélève sur nous ».
Evidemment, il faudra que cela cesse, grâce à des rectificatifs intelligents et des rééquilibrages vers plus de justice. La question : « en est-il capable ? ». Il est à craindre que non.
La suite est prévisible. L’hégémonie occidentale sur les marchés, c’est fini. L’Europe et l’Amérique vont devoir adapter leur mode de vie à leur capacité de produire et à vendre leurs produits.
On s’est moqué des chemises chinoises à 1 $. Bientôt, on ne saura même plus les acheter.
Une ère de pénurie et de besoins non satisfaits s’ouvre béante devant nous. Le monde économico-politique mieux armé que nous poursuivra son parasitisme, jusqu’à ce que le Tiers-État n’en puisse plus, alors nous entrerons dans une période de turbulence faites d’émeutes et de guerre civile.
Une révolution n’est-elle pas un ordre qui se fonde sur un ordre qui s’effondre ?

29 mars 2010

Métamorphoses

-Monsieur le président – pour des raisons évidentes de confidentialité le journal taira le nom de votre parti – vous avez décidé de changer de sexe, m’avez-vous dit au téléphone. C’est une histoire singulière, un cas inédit de transsexualité en politique, pouvez-vous nous dire pourquoi ?
- Mon cher Hugues Dore-Zee, je vous ai demandé de passer à mon bureau de Bruxelles pour vous en dire davantage.
-Pour les mêmes raisons de confidentialité, nous vous appellerons Tino dans notre article, si vous le permettez.
-Elle vous en prie.
-Sous les apparences masculines avec lesquelles nous vous connaissons, il y aurait donc une femme qui sommeille en vous ?
-A vous dire vrai, je me sens homme, mais il m’arrive parfois d’en douter.
-En cause certaines décisions politiques, sans doute ? Quelles sont-elles, Tino ?
-Ce n’est pas cela. Je prends toujours des décisions appropriées. Quand je pense « pouvoir », je me vois en homme… Les femmes ne savent pas prendre de décisions.
-Ce que vous me dites me paraît bien misogyne ! Vous me voyez perplexe. A moins que vous ne vous sentiez devenir femme dans un métier d’homme ? Ce qui expliquerait votre malaise !
-Depuis ma tendre enfance, j’ai toujours fait pipi assis !
-Par souci de propreté, mon cher Tino, mon épouse exige qu’il en soit ainsi pour moi également, la rédactrice en chef l’exige de tous ses collaborateurs, sans que j’aie le moindre doute sur mon sexe, ni sur la qualité de mâle de mes collègues..
-Je me suis dit cent fois ce que vous me dites, mais il y a autre chose.
-Ah !
-Voilà quelques temps, je fréquente en grand secret la présidente d’un autre parti. Nous nous sommes rencontrés chez des amis communs. Il n’y a que pour les électeurs que nous faisons semblant de nous quereller dans les partis, nous nous entendons très bien en réalité…
-Quoi de plus naturel, mon cher Tino, qu’un homme fréquentât une femme ? Même si des divergences de vues les séparent ! Rappelez-vous les amours contrariées de Wilfried Maertens avec une amie d’enfance… un mariage récent entre un libéral et une socialiste…
-Oui, mais, au cours de nos relations, le caractère viril de – pour des raisons de confidentialité je l’appellerai Josiane - a révélé en moi des pulsions féminines telles que je me suis sentie femme, tandis que Josiane ! Et un jour… un jour…
-Oui, Tino.
-Je me suis aperçue, pardon aperçu, que Josiane était José ! Autrement que la présidente était devenue un homme !
-C’est étonnant. Les présidents et les présidentes de nos partis seraient-ils – elles – touché(e)s par le syndrome d’inversion ? Peut-être à force de changer d’avis…

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-Elle me fit la confidence un soir d’un grand épanchement que souvent pour calmer les prétentions à occuper son siège par ses bouillants collègues, elle était obligée d’avoir recours à la force physique ! Pour se protéger des coups, elle fit du judo et quelques séances de body-building. C’est alors qu’elle perçut des transformations de son corps. Elles étaient déjà perceptibles lorsqu’à l’issue d’une Commission nous fîmes plus ample connaissance, mais j’étais tellement amoureux que nous ne nous en aperçûmes pas. Quand le mois dernier, dans les couloirs de la Chambre, derrière le buste d’Adolphe Max, je sentis sous ma main là où la caresse ne devait rencontrer aucun obstacle à l’exception d’un doux duvet, je sentis, disé-je, quelque chose de dur et de hérissé ! Josiane avait un sexe apparent ! Oh ! elle n’en savait rien elle-même. Jusque là elle avait vécu en mère de famille avec des enfants issus d’un mariage avec P. avocat comme elle… Oh !... n’ayez crainte, je ne trahirai pas son anonymat en précisant cela, car à part moi, ils et elles le sont tous et toutes…
-Cocus ?
-Non, avocats et avocates, mon cher…
-Mon cher Tino, je ne comprends pas cette métamorphose !
-Moi non plus. J’ai pensé que la fonction créait l’organe et qu’il poussait un petit pénis aux présidentes dans l’exercice d’un pouvoir jusque là typiquement masculin ; mais, alors comment expliquer que le mien est en train de rentrer petit à petit dans une sorte de cavité dont je tairai le nom, puisqu’il n’y a aucune apparence que mon cas ait servi à la communication au magazine « Science », du sexologue Robert Stoller !
-Peut-être que la métamorphose que vous me décrivez chez Josiane est illusoire et que c’est au contraire parce que c’est vous qui mutez et que vous ne voulez pas le reconnaître ?
-Insinueriez-vous par là, mon cher Hugues Dore-Zee que je suis un président mou ? Vous vous tromperiez. La preuve, j’ai immédiatement convoqué mon Bureau et c’est la principale raison de votre présence, j’ai fait voter une proposition de loi qui sera bientôt déposée sur le bureau du président de la Chambre.-
-Et que dit-elle ?
-Elle permet d’étendre la loi contre la discrimination des sexes aux partis politiques, de sorte qu’un président puisse devenir une présidente sans que cela provoque sa démission.
-Qu’est-ce que je vais écrire pour mes lecteurs qui soit de nature à ne pas les choquer ?
-Vous pouvez écrire pour satisfaire l’équilibre entre les sexes que le Président Tino a décidé de changer de sexe et qu’ainsi la parité sera observée dans le parti X !
-Et Josiane, que va-t-elle faire ?
-Ce n’est plus mon problème. Elle vient de m’annoncer qu’elle conservait son sexe et que nous n’avions plus rien à nous dire.
-Une question de parité aussi ? Pourtant, si les moustaches lui poussent et que son nouvel appendice entre en tumescence ?
-Non, ce sera sans conséquence. Son mari s’est découvert gay !...

28 mars 2010

Un pilier de brasserie.

On connaissait les piliers de brasserie, contre lesquels le ministre des pensions Michel Daerden s’est appuyé bien des fois à l’issue d’un match heureux du Standard.
Voici les piliers de l’hospice. Nouveaux piliers issus du compromis entre les piliers de l’abbaye de Thélème et ceux du ministère des pensions.
Un pilier seul, c’est une colonne. Il ne soutient rien, parfois un stylite y élit domicile à son sommet, le temps d’une publicité. Jean-Mi Javaux en souhaite l’installation tout au long de la chaussée de Huy jusqu’à son domicile pour stimuler les vocations religieuses.
Trois piliers, c’est le tripode de Michel Daerden. Le gaucher contrarié s’y entend en langage maçonnique. Pour une fois, il rompt le mutisme qui entoure les Loges pour expliquer les trois *** qui soutiennent le chapiteau de son petit livre vert.
Premier pilier : augmenter de 3 ans l’âge auquel la majorité des gens prennent leur pension, cela aurait un impact considérable sur le financement du système”, a-t-il déclaré. Mais, c’est un faux pilier, ou un pilier en trompe-l’œil. Quand on s’appuie dessus, on passe à travers. Aussi, le ministre n’en veut pas afin de conserver sa haute cote de popularité à Ans.
Le 2e pilier, la pension complémentaire constituée par l’employeur, est des plus classique. C’est le pilier des Maisons du peuple, sur lequel à côté de l’extrait de la loi sur la répression de l’ivresse, le tenancier du troquet a écrit « La maison ne fait pas crédit. Les riches n’ont qu’à payer ».
Enfin, le troisième pilier est à construire de la main même des travailleurs experts en truelle et fil à plomb. Il devrait être le plus solide, sauf que les bâtisseurs manquent terriblement de moyens en cette période de crise. Qu’à cela ne tienne, Michel pense les inciter à travailler plus longtemps, par son exemple, la pêche qu’il a à 61 ans ! C’est qu’il les connaît, ses paroissiens, cet ancien réviseur des communes socialistes assottées de lui . Il espère éviter que les travailleurs veuillent reprendre leur oseille trop tôt. Et donc qu’ils cessent de travailler, alors qu’ils pourraient encore tirer deux à trois ans facilement !
Hein ! il sait le bon peuple radin, papa…
Entre deux habitués, Michel a écrit trois cents pages serrées au comptoir « des trois piliers ». Le patron Leterme en était le premier surpris.
Les trois cent feuillets font état de milliers de piliers partout en Europe. C’est encore les trois nôtres que Michel aime le mieux de la forêt.

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Ce n’est un secret pour personne, Daerden est vieillissant, à 61 ans, dans le privé on est un homme fini ; dans l’administration, il y aurait un an qu’il planterait ses choux, avec un bon mandat parlementaire, il peut encore tenir dix ans, peut-être y fêter ses 100 ans ! Ce fin observateur de son nombril s’est donc convaincu que la population qui a pris de l’âge en rapport avec le sien, pourrait bien se farcir une petite rallonge, puisque lui reste fidèle au poste. Il ne pense pas une seconde qu’il ne parle pas de la même chose quand il compare son « travail » avec celui des autres.
Il dit bien un peu de la pénibilité du travail dans son livre vert, mais c’est plutôt du sien qu’il s’agit et non pas de celui d’un métallurgiste. Il est comme ça, Michel, l’âge ne le changera pas.
Eric Woerth, le nouveau copiste français des pensions belges, lui a rendu hommage en piquant quelques unes de ses idées.
Michel plaît au peuple par sa faconde et à la droite par son opinion politique, qui dit mieux ?
Malgré les excès que Daerden nous recommande par son exemple, afin que les vieux n’exagèrent pas, l’espérance de vie augmente. Son ami Reynders l’a bien compris, puisqu’il vient de libérer le prix des cigarettes en espérant que la baisse escomptée va baisser aussi cette fichue espérance de vie. Milquet qui, de son côté, tente de réduire aussi l’espérance de vie du chômeur a failli s’étouffer en mangeant son pur Baltique Petrossian à la louche. C’est alors que Jean-Mi Javaux, le seul socialiste écolo, ennobli par ancienneté du Patro, s’est souvenu qu’en Belgique la libération des prix a toujours été l’occasion de leur augmentation. Donc le prix du paquet de clopes en augmentant grâce à la concurrence devient un prix écologique, libère Reynders du soupçon de propager le cancer, mais n’apporte pas de l’eau au moulin de Daerden sur la longévité excessive des seniors.
Dans le rapport Daerden, il y a un pensionné pour 4 actifs, en 2010… D’ici à 40 ans, en 2050, ce sera un pensionné et trois chômeurs pour un actif. Cela amène forcément une réflexion sur le financement des pensions futures. Le rapporteur promet une tournée générale à ceux qui auraient des idées pour quand il y aura cinq pensionnés pour zéro actif ; et qu’il faudra aller raconter au FMI et à Angela Merkel qu’on a besoin d’argent. Comme à ce moment-là Daerden sera centenaire, il ne sera plus probablement aux affaires, mais dans la rue pour réclamer une augmentation des pensions.
Au bar « Les Trois Piliers » d’Yves Leterme, il y a des pistes, c’est celle de danse que Michel préfère. La piste de réflexion, il a tout écrit dans son livre vert.
C’est simple, « il faut privilégier l’augmentation du taux d’activité pour les 55/64 ans.” En Belgique, “le taux d’emploi des travailleurs de plus de 55 ans reste largement insuffisant.
D’autant qu’avec un taux de chômage qui atteint 15 à 20 % de la population active dans certaines communes, le taux d’emploi des travailleurs de moins de 55 ans est aussi trop peu élevé.
Le patron du bar est d’accord. Il fermait à deux heures du matin, à partir de demain, il ira jusqu’à quatre heures.
-Garçon !... un double… C’est qui le vieux qui dort un coude sur un livre vert ?
-Michel Daerden.
-A 61 ans, il n’est pas pensionné ? Il y pense, au moins ?
-Au contraire, il pense plutôt aux prochaines élections.
-Ah ! la vache…

27 mars 2010

Jean-Mi, baron ?

C’est un titre dont Javaux peut déjà s’enorgueillir dans sa signification argotique.
Jugez-en plutôt. Baron : personne faisant prétendument partie du public, mais en fait complice de l'illusionniste, dont ce dernier peut avoir besoin pour certains tours.
Au train où il va, Jean-Mi pourra bientôt ceindre la vraie couronne, qui oscille entre chevalier et vicomte.
Encore que l’Haut-lieu devrait prendre en considération les quartiers de noblesse de l’écolo qu’il répand à foison dans les gazettes et les micros : ancien du Patro, catholique fervent, écoutant debout le discours royal et la Brabançonne, cela vaut bien un titre supérieur à celui de baron. Comte ou marquis serait de nature à satisfaire des mérites aussi grands.
Il y a une chose qui m’embarrasse dans le parcours de cet archange de la foi et de la dynastie. Comment avec de tels mérites a-t-il pu évincer tous ses concurrents à la présidence d’Ecolo ?
Y aurait-il deux Javaux ?
Celui qui se frappe la poitrine en s’accusant des fautes des autres, qui fait sa prière le matin et le bénédicité en famille, qui arbore le portrait du roi au-dessus de son lit ; et l’autre, le finaud qui met les autres dans sa poche en ne faisant pas mentir la remarque de Paul Valéry « Ce ne sont pas les meilleurs qui réussissent, mais les pires ».
Avec le futur marquis Jean-Michel Javaux d’Amay, voilà les Ecolos classés pour tout le monde dans la catégorie des Jésuites. Il ne reste plus à la nouvelle communauté chrétienne qu’à tailler des grains dans du buis qui seront ensuite enfilés dans du chanvre tressé par les vierges du parti, pour en faire les premiers chapelets bio !
Déjà que le parti socialiste vire jésuite aussi avec un Monsignore montois volant au secours de Ratzinger, le premier pape ancien militaire de la Wehrmacht et protecteur des pédophiles ! Un allié de la qualité des Ecologistes, c’est du pain bénit pour une politique socialiste tendance Guy Mollet, secrétaire de l’ancienne SFIO, dont Di Rupo a tout à fait le profil.
On comprend pourquoi les Ecologistes sont de gauche aujourd’hui. Il ne s’agit pas de la gauche qui se positionne contre l’arbitraire de la société de consommation, mais de la gauche qui promeut le double vitrage et le toit en cellules voltaïques sur le temps que les pauvres bouchent leurs carreaux fendus avec les cartons ramassés au sortir du GB.
Reste à savoir ce qu’en pense la toute petite frange non bourgeoise chez Ecolo qui est vraiment de gauche ?
Javaux aura beau multiplier les interviews de toute nature, son « moi » profond perce à chacune d’entre elles. C’est un cafard de bénitier comme on n’en fait plus. Le rare survivant d’une faune qui pleure sur les malheurs du monde, mais dans les églises et à côté du chauffage central.
Dans les longues soirées d’hiver où l’imagination va bon train, on voit bien Javaux à la veille de Noël demandant à ses enfants de rassembler les vieux jouets pour les donner aux œuvres, puisqu’ils vont en recevoir des nouveaux. Ceux qui sont ravaudés avec soin par la mère du foyer, vivante réplique de « mater dolorosa », sont plus précieux que les neufs.

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Le futur marquis a raison, les titres de noblesse ne sont pas décernés avec transparence.
Il en est aujourd’hui qui se prévalent d’un titre de noblesse et qui ne sont même pas chrétiens ! Dans une monarchie attachée à l’église, comme le camenbert au vin rouge, c’est proprement intolérable.
Un noble, c’est quelqu’un qui croit au miracle, à la libre entreprise et à la famille royale, qui ne lit pas les blogs de mécréants comme moi et pense que le libéralisme est menacé par la social-démocratie. Il donne son obole aux mendiants accrédités par la Fabrique d’Eglise à la sortie des messes et croit que la princesse Mathilde a eu quatre enfants sans éprouver le moindre plaisir, pour s’être livrée à son époux par devoir.
Evidemment, le vice-président d’Ecolo se doit d’être indulgent et compréhensif. Il fait la distinction entre une vie chrétienne et une vie laborieuse. Dans cette seconde nature qui est pour lui celle de tout homme qui se respecte, c’est-à-dire qui travaille, tous les coups sont permis et c’est le plus « salaud » qui gagne. A ce niveau-là, sa stature n’est plus à faire, bourgmestre, parlementaire et président du chose, son patron c’est le peuple, c’est-à-dire personne. Il n’a donc aucun mérite à ne pas le respecter, à lui raconter n’importe quoi et à faire croire qu’il est de gauche.
Evidemment, dans cette dernière profession de foi, il n’est pas le seul.
On peut se demander s’il aurait pu être bourgmestre ailleurs que dans sa commune d’Amay. Cette commune est réputée pour son peu d’intérêt pour la politique. La preuve elle a été socialiste pendant cent ans !
Cet adorateur du roi Albert, en voulant plus de clarté dans l’attribution des titres de noblesse a oublié qu’un monarque qui doit justifier de son choix n’est plus vraiment monarque.
Louis XIV eût embastillé l’impertinent qui ne sait ce qu’est « le fait du prince », un principe venu du temps de Louis Le Gros et que les Saxe-Cobourg ont toujours appliqué à la lettre.
On voit par la prise de parole de son président, comme les Ecolos s’attellent aux problèmes de notre temps et comme la gauche officielle à bien fait de les accueillir afin de combattre la gauche officieuse anticapitaliste et anticléricale.

26 mars 2010

Quand le chômeur devient délinquant.

Curieuse époque, quand le sans-travail, nouveau paria des temps sur lequel tombe toutes les suspicions du monde, se voit traiter comme un délinquant !.
Ceux qui devraient compatir, s’efforcer de mettre un baume sur l’angoisse que soulève une situation pas drôle du tout, s’ingénient à le culpabiliser et à lui faire porter la responsabilité de la crise !
Que penser devant l’accroissement de la population et la diminution des postes de travail, quand Milquet parsème le parcours du malheureux d’embûches et de « cadeaux empoisonnés » sous prétexte de lui rendre « une confiance en soi » qu’il aurait perdue ?
Une excellente comédienne en la matière, Joëlle Milquet, faux derche à souhait !
Comme n’importe quel ministre qui doit justifier de son action, la première dame des petits métiers n’est tant à l’aise que lorsqu’elle détaille son « plan pour l’emploi ». On a beau le relire, deviner ce qu’il pourrait signifier entre les lignes, ce n’est qu’un ramassis de mesures d’accompagnement assorti à chaque faux pas des victimes, d’une sanction. J’ignore quel est le vicieux qui a établi cette gradation dans la punition, mais je dois dire qu’il a un certain talent dans le sadisme.
C’est d’autant plus regrettable qu’il s’agit souvent d’infliger des peines financières à des gens qui vivent déjà à la toile et qui surfent sur les dettes, les saisies et les expulsions locatives.
Il y a plus de chômeurs sanctionnés avec ce plan que de chômeurs remis au travail !
Tout se passe comme si l’administration après avoir pris en main le dossier d’un chômeur, ne pouvait que constater, au bout de quelques tentatives vaines du chômeur à retrouver du travail, de l’inanité des efforts du père fouettard de service devant un cas avéré de non-collaboration !
Or, il est certain que l’Administration entretient plus « à vide » sa capacité à aider le chômeur, qu’à le prendre en charge réellement. En clair, l’essentiel pour elle est de justifier de son utilité. Dame, des centaines d’emplois – les siens – en dépendent.
C’est ainsi que des chômeurs sont envoyés régulièrement dans des entreprises qui n’engagent pas. Si c’est pour les aguerrir et à se bien positionner pour se « vendre », c’est plutôt raté.
On me dirait qu’il y a une certaine complicité, tout au moins un modus vivendi, entre les placeurs et certains patrons que je n’en serais pas plus surpris.
Une victime découragée est humiliée en plus.
Toute l’organisation est en panne, comme une voiture qui manquerait de carburant, elle est inutile sur le bord de la route. Qu’importe, on entretient à grands frais une Administration qui ne sert pratiquement à rien.

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La reprise n’est pas pour demain et les offres d’emplois continueront à baisser sur le temps que les services de Joëlle Milquet fonctionneront à seule fin d’agir sur les chiffres qu’on s’efforce de maintenir au statu quo par l’exclusion.
Les mêmes raisons commandent à l’organisation des embauches, comme à celles des prisons. On ne veut pas s’attaquer aux causes qui produisent les mêmes effets.
Le rôle de Milquet est limité, évidemment dans la recherche des causes et quand bien même les dénoncerait-elle, qu’il faudrait encore en convaincre, l’Etat et ensuite l’Europe.
Les ministres, gestionnaires à la petite semaine, ne sont pas là pour cela. Ils utilisent les moyens qu’ils ont, pour trouver des remèdes aux effets, pas pour dénoncer les causes.
Si bien que leurs ministères tournent à vide.
Reynders, en laissant filer FORTIS dans les mains de Paribas a raté une belle occasion de créer une banque d’Etat capable de soulager quelques maux de la société belge et de faire un pas vers la destruction des causes. Il ne l’a pas fait parce qu’il n’y avait pas le ressort pour l’impulser et parce que les gens qui nous gouvernent sont convaincus que le néo-capitalisme qui nous a plongé dans le marasme, peut, tout aussi bien nous en sortir. Ce qui reste, bien entendu, à vérifier.
Ainsi vont les choses. Cette société va donc poursuivre son chemin avec un chômage qui oscillera entre 12 et 15 % jusqu’à un temps indéterminé par les économistes et déterminé par la conjoncture. Comme la poursuite au niveau mondial des restructurations se fera unilatéralement au profit des économies émergentes et au détriment des nôtres, ce qui du point de vue d’une justice sociale mondiale paraît aller dans le bon sens, il arrivera nécessairement le temps où de 12 % nous passerons à 20 % peut-être davantage - taux inconnu chez nous et pourtant répandu presque partout ailleurs qu’en Occident.
Que feront alors nos gouvernements, Madame Milquet si elle n’a pas réussi à se tirer d’un ministère qui sent l’impopularité à plein nez, ou son successeur, poursuivra-t-elle sa politique déjà à présent en faillite ?
Et surtout quel rôle fera-t-elle jouer à son administration déjà empêtrée dans un reclassement illusoire des chômeurs ? Va-t-elle augmenter le nombre de bureaux « pour l’emploi » et de sanctions « pour les inadaptés » ?
C’est une question qu’à défaut de Madame Milquet – qui ne pense pas comme nous – à laquelle penseront tous les citoyens sensibles à la dégradation du social. Et pas que pour les chômeurs, par exemple, le gugusse des pensions avec son livre vert est en passe de s’attaquer aux pensionnés.
Tout n’est-il pas dans le choix futur de la société ?
Ne serait-il pas temps d’y réfléchir ?
Les politiques ne seraient-ils que des « objets » aux mains de l’épicerie ?

25 mars 2010

La présomption… de culpabilité !

La cour de cassation a rejeté le pourvoi du bourgmestre de Dinant Richard Fournaux dans l'affaire du casino de Dinant. Voilà onze ans que les choses traînent, en cause le système belge qui protège les parlementaires en délicatesse avec la loi.
Un petit peu d’histoire :
Depuis la révolution française, le principe de séparation des pouvoirs a conduit à reconnaître la primauté du pouvoir législatif sur tout autre en raison du principe de la légitimité de la représentation. Aujourd'hui, l'on constate cependant une crise du régime parlementaire provoquée ou compensée par un recours accru aux juridictions. Ainsi, la société se « juridicise » ; nombre de conflits sociaux échappent à l'emprise du parlement pour être tranchés par un juge. Si d'aucuns crient au gouvernement des juges, d'autres, par contre, louent cette importance accrue du droit. Il n'en demeure pas moins que l'intervention croissante du judiciaire dans les domaines en principe réservés au politique pose des problèmes de légitimité.
Dans l’esprit du législateur initial, il s’agissait de protéger le parlementaire contre toute atteinte à son action politique. On ne pouvait l’inculper pour ses prises de parole en opposition au gouvernement en place, et cette immunité était en quelque sorte son viatique le mettant à l’abri d’une campagne calomnieuse ou de tout autre atteinte à son mandat.
Dans sa naïveté originelle, le législateur ne soulevait pas la question de la responsabilité civile pour des crimes ou des délits commis par ceux qui bénéficient de cette immunité, supposant que l’élu de la Nation ne saurait être un délinquant ! Nonobstant cette présomption d’honnêteté, le législateur excluait le flagrant délit, puis cela n’étant pas suffisant, il imagina une procédure pour la levée de l’immunité d’un accusé parlementaire par une procédure devant ses pairs.
Les rapports entre le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire étant des plus ambigus, il est courant de voir de nos jours des parlementaires usés jusqu’au bout de la procédure d’usage au parlement afin d’éloigner, de suspendre ou d’interdire la levée de l’immunité parlementaire par ses pairs, soit par des pressions de parti, soit par des manœuvres destinées à influencer une majorité, soit encore par des arguments probant de son honnêteté.
Evidemment le concept de la séparation des pouvoirs est assez flou. Certains voudraient que les pouvoirs exécutif et judiciaire se retrouvent subordonnés au pouvoir législatif, puisque, par définition, le fait d'exécuter et d'assurer le respect des lois ne se conçoivent pas sans l'intervention préalable du pouvoir législatif, d’autres souhaiteraient qu’un délit soit sanctionné de quelque importance que soit la position de l’auteur du délit. Ce qui paraît à première vue logique, mais ce qui met le parlementaire poursuivi en porte-à-faux vis-à-vis de ses électeurs pendant le temps de l’enquête. La présomption d’innocence n’est pas respectée neuf fois sur dix et le préjudice est certain. (le cas de Julien Dray en France, innocenté après la procédure d’enquête.).

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D’autres évoquent une distribution des pouvoirs, que l'on retrouve dans les ouvrages de Locke et Montesquieu, en vertu de laquelle les trois fonctions de la puissance publique (législative, exécutive et judiciaire) sont partagées selon des modalités variables entre plusieurs autorités concurrentes. Il en résulte d'une part qu'un même organe peut exercer deux, voire trois de ces fonctions essentielles de l'Etat, le souci principal étant avant tout d'éviter qu'une seule autorité ne détienne l'ensemble des fonctions de l'Etat. D'autre part, le principe de « trias politica » est formulé en termes d'« équilibre » des pouvoirs impliquant le contrôle de l'un par l'autre. Montesquieu écrivait en ce sens que « pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». Une des caractéristiques marquantes de cette idée de contrôle est sans aucun doute l'existence d'un pouvoir judiciaire indépendant, garant des libertés individuelles et censeur juridique des deux autres pouvoirs.
Le modèle belge semble obéir au principe de séparation-spécialisation des pouvoirs, en ce qu'il répartit les fonctions étatiques traditionnelles entre différents organes indépendants qui exercent en principe lesdites fonctions à l'exclusion l'une de l'autre. C’est évidemment un régal pour les procéduriers qui voient la loi leur fournir un arsenal de recours pour éviter une levée de leur immunité, à partir du moment où un des pouvoirs réclame une tête dépendant d’un autre.
La tendance actuelle du pouvoir judiciaire, c’est d’affirmer de plus en plus son rôle de contrôle des pouvoirs en mettant en cause la responsabilité de l'Etat législateur devenu « simple » justiciable.
Fournaux est-il impliqué dans l’éviction de la famille Mantia de la gestion du casino de Dinant et a-t-il favorisé cette éviction par des faux à la vente du casino de Dinant, en 1999 ?
C’est au tribunal d’en décider.
A la lumière de ce qui précède, les parlementaires ont intérêt à ne pas faire obstruction à l’instruction judiciaire en excipant de leur immunité parlementaire. La présomption d’innocence, lorsqu’elle n’est pas rapidement corroborée par un jugement du tribunal finit par devenir ce que j’appellerai « un nouveau délit pour l’opinion publique : la présomption d’innocence ! ».
Certains estiment déjà que la ville de Dinant devrait se porter partie civile contre X dans le dossier, afin de protéger ses intérêts. Un conseiller communal PS souhaiterait que Fournaux abandonne son maïorat pendant le procès.
Personnellement, je n’ai pas beaucoup d’estime pour l’homme politique, bourgmestre de Dinant. Je regrette néanmoins que l’opinion le voit coupable avant le prononcé du jugement !
Reste qu’il faudrait revoir les conditions de l’immunité parlementaire en revenant aux sources de cette protection qui fait du mandataire public un homme pas comme les autres.

24 mars 2010

Des prisons à gogo.

Personne ne se pose vraiment la question de savoir pourquoi il y a un tel afflux de détenus dans les prisons belges ? Chiffres en augmentations partout en Europe et tout à fait en expansion aux Etats-Unis répondront nos élites, qui, dès lors que le phénomène est répandu en Occident, se bornent au constat.
Qu’une société devienne « emprisonnante » dans des circonstances locales, par exemple une augmentation de la prise de drogues ou une ghettoïsation d’une immigration mal intégrée, cela peut se comprendre ; mais que ce phénomène soit répandu à l’ensemble des pays occidentaux, signifie qu’il s’est généralisé à cause d’un ou des facteurs communs, relativement aisés à découvrir.
Il faut citer en premier une identité des mœurs et des modes de vies influencées par l’évolution économique.
C’est donc presque à coup sûr le facteur économique qui est responsable pour beaucoup dans l’augmentation du nombre de détenus.
L’argument qui tendrait à expliquer l’accroissement du nombre de détenus par les performances de la police ne tient pas pour deux raisons : la première va à l’encontre des discours sur la sécurité selon ceux-ci la société civile aurait besoin d’être mieux encadrée par la police ; la seconde tient dans l’impression grandissante d’insécurité ressentie par le citoyen, un peu entretenue par les discours dénoncés au premier point, et aussi par les multiples récits de vols et agressions de proximité dont sont victimes des gens ordinaires. Beaucoup d’entre eux ne prennent plus la peine de déposer une plainte, tant ils sont certains qu’elle ne sera pas prise en considération, détruisant ainsi, s’il en était besoin, la thèse de l’efficacité policière.
Les USA détiennent le triste record de citoyens en détention, comme ce pays a toujours été le précurseur de l’évolution des mœurs liés à l’évolution de l’économie, nous pouvons nous attendre à de plus fortes augmentations encore du nombre de nos prisonniers, dans les prochaines années.
Ce qui est étonnant en Belgique, c’est que l’on consacre des sommes importantes – mais insuffisantes – à la construction de nouvelles prisons, alors que les causes de cette pléthore de prisonniers ne sont aucunement abordées par nos responsables, si ce n’est sous la forme superficielle de la démonstration d’un désir inassouvi à la vue de magasins regorgeant de tout, quand on n’est incapable de rien posséder par un travail mal payé ou des indemnités dérisoires.
On tend à ranger le problème de pauvreté dans la question de l’ordre et de la loi. C’est, ce que Zygmunt Bauman appelle « la ‘criminilatisation’ de la politique sociale ».
On construit de nouvelles prisons, sans se demander s’il ne conviendrait pas mieux de construire de nouvelles usines ! On peut admirer l’espèce d’extase avec laquelle on annonce la construction de nouveaux édifices pénitentiaires sur le temps qu’à Bruxelles il va manquer au bas mot cinquante écoles maternelles et primaires pour lesquelles le budget n’est pas trouvé.
Voilà un gouvernement qui a des positions éminemment classiques, consensuelles sur une évolution mondiale de l’économie et qui ne cherche même pas à en désigner les nuisances ! Bien au contraire, loin de crier au danger de cette évolution, il l’appelle de tous ses vœux, comme le MR, Didier Reynders, porte-parole de l’ensemble de la classe politique en ce domaine !
Ces gens agissent comme ces villageois assaillis régulièrement par les eaux et qui passent leur temps à ériger de petits barrages devant leurs portes, alors qu’il faudrait en amont voir comment on pourrait construire un seul grand ouvrage.
Nous sommes dans cette position imbécile de nous efforcer de trouver des solutions locales à des problèmes globaux.
Que dis-je des solutions ?... il faudrait plutôt dire que nous nous ingénions à trouver les moyens de « caser » nos délinquants, comme s’il allait de soi qu’il y en ait davantage d’année en année. Et cette politique de l’autruche est applaudie par tous !
C’est affligeant d’entendre nos économistes et nos moralistes, discourir à l’infini sur les problèmes de place dans les prisons sans qu’aucune des personnes accréditées dans les médias n’attaque sérieusement la base de ce surnombre : la dérive sociale.
Nous ne verrons jamais que sous une forme aseptisée et volontairement floue, les acteurs principaux du pouvoir, dénoncer le monde capitaliste en pleine débandade morale et en pleine déliquescence !

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C’est que le peuple n’est pas encore détrompé et tant que le désamour ne sera pas consommé, il ne faut pas s’attendre à voir ceux qui ont toujours manqué de courage, en avoir brusquement.
Le siècle précédent a été l’occasion de vastes crimes, le nôtre entend se distinguer dans le crime individuel, au moment où le système économique globalisé fait office de troisième guerre mondiale et entend surpasser les deux précédentes par des génocides à « l’étouffée » et des guerres « locales » qui sont les causes des engorgements des prisons à l’échelle du monde.
Jusqu’où l’aveuglement de cette dérive ira-t-il ? Faudra-t-il atteindre et dépasser le pourcentage US du nombre de détenus par mille habitants ?
C’est la question que ne se pose même pas Stefaan De Clerck !

23 mars 2010

Sarko bien embêté.

La majorité aura beau dire qu’une élection régionale n’a de sens que pour les régions et qu’il ne faut pas confondre cette élection avec celle des législatives et celle du président, c’est tout de même rare qu’un parti au pouvoir, majoritaire dans les deux Chambres ait été battu aussi nettement par une opposition à la tête de laquelle le PS, dont on ne donnait pas cher après l’élection de Martine Aubry dans des conditions plus que douteuses, paraît tout requinqué !
Il est vrai que les victoires asseyent une légitimité, même si la fille de Jacques Delors n’est pour rien dans les bons scores qu’il faut seulement attribuer aux présidents de Région sortants, comme l’a fait remarquer Georges Fraîche, élu malgré l’anathème de la première secrétaire.
Le mini remaniement que Sarko semble vouloir mettre en route cette semaine n’est pas à la mesure de la remise en question qu’il faudrait faire au gouvernement Fillon.
Non seulement les réformes engagées n’ont pas été efficaces, mais encore leur plein développement n’a pas encore produit les dégâts que le vote de dimanche semblait vouloir prévenir. On peut donc s’attendre à la poursuite des mouvements sociaux confortés par l’obstination de Sarkozy à vouloir imposer des réformes dont les gens ne veulent plus, parce qu’ils en ont pris l’exacte nuisance depuis qu’elles ont été progressivement appliquées.
On voit bien aussi que l’électorat de droite semble vouloir abandonner la politique de Sarkozy pour d’autres raisons, que celles de l’électorat de gauche. Les godillots de l’UMP traînent les pieds. Ils sont déçus par l’ouverture à gauche qui, tout en les privant de placer les leurs, a eu aussi comme conséquence de « gauchir » le gouvernement Fillon sans pour autant rallier le courant du PS favorable au centrisme. Ils rendent même les ministres socialistes responsables de l’image défavorable des réformes, avec un Eric Besson qui s’est lancé dans une lutte de « l’identité française » qui le couvre de ridicule.
On a cru que Besson allait faire partie de la charrette des condamnés post-électoraux. C’est ignorer que cette stratégie de l’identité française qui allait fidéliser une extrême droite à l’UMP plutôt que de retomber dans les bras des Le Pen, père et fille, est celle du président de la république lui-même dont Besson n’était que le fidéicommis.
On sait bien que Sarko n’est pas à une infidélité près vis-à-vis de ses faire-valoir, mais s’il a conservé Besson, c’est sans doute qu’il prépare un autre coup, quand fin 2010, début 2011, il s’agira de monter un nouveau gouvernement en débarquant Fillon, en vue de l’élection présidentielle de 2012.
On voit comme il tente déjà de désamorcer le trublion Villepin en proposant un emploi dans l’équipe Fillon à un villepiniste-chiraquien (oui, c’est rare, mais ça existe).
Ce que je retiendrai de cette élection régionale en France, outre le taux record d’abstention, quoique moins élevé au deuxième tour, c’est la volonté des Français d’arrêter les réformes et celle de Sarkozy et de ses partisans de les maintenir.
On comprend le chef de l’Etat qui ne peut pas avouer à deux ans d’une possible réélection qu’il s’est trompé et qu’on va faire machine arrière. Mais, c’est presque aussi grave de maintenir la volonté d’un changement dont on voit bien l’échec de la première partie et dont on devine qu’il en sera également ainsi dans la seconde.

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Cette obstination est devenue le mot d’ordre des apparatchiks, comme le discours de Bertrand, responsable-délégué du président à l’UMP, l’a laissé entendre juste après les résultats aux 20 heures des journaux télévisés.
Le flop de Jean Sarkozy que son père voyait bien assis dans le fauteuil de la présidence de l’EPAD (aménagement du quartier de la Défense) est encore dans toutes les mémoires et y compris dans celle de la majorité.
Les mois qui vont venir seront décisifs pour la gauche qui doit absolument trouver un moyen de s’entendre avec un PS qui peut à chaque instant retomber dans ses démons qui ont poussé les chefs, à se déchirer en public, ce qui a probablement fait perdre Ségolène Royal à l’élection de 2007.
L’idée de coopérative lancée par Daniel Cohn-Bendit est à creuser, même si Dany ne sait pas lui-même sur quoi cela pourrait déboucher.
Bref, la gauche à tous les atouts en main. Il faut cependant se méfier de Sarkozy qui est une bête politique et un fonceur. Il ne va sans doute pas rester sur un échec. Il faudra surtout s’ingénier à trouver un(e) candidat(e) à la présidence qui le soit de toutes les gauches rassemblées.
Déjà, on entend au PS que le candidat idéal serait Strauss-kahn, avec un ticket Aubry. Si c’est ça le changement et l’ouverture, c’est fichu à l’avance, d’autant qu’Aubry a déclaré dans un de ses discours qu’il fallait remettre en question le système capitaliste et la social-démocratie, or, s’il y a bien une figure archi compromise dans le système, c’est bien son « ami » Dominique.
Il est vrai que les sondages donnent à ce couple deux longueurs d’avance sur toutes les autres combinaisons.

22 mars 2010

Les beaux débats.

Les débats de ce dimanche sur nos deux télés avaient, ô merveille, des sujets différents.
RTL posait la question rémanente du foulard et RTBF se penchait sur l’éventualité d’une réforme de la monarchie.
Après l’effet de surprise produit par ce miracle, quand on a un Delpérée, un Dubié, une Simonet, un Flahaut, un De Decker, un Alexandre De Croo, un Yakob Mahi, un Delruelle, Me Uytendael., etc. agités dans un gobelet de zanzi, afin de répartir les sommités en deux groupes, que voulez-vous que Nadia Geerts, seule personnalité à mettre hors le lot, fasse contre ce 421 d’enfer ?
Elle aurait eu beau courir d’un studio à l’autre, la pauvre ne pouvait relever le niveau pour infirmer l’idée que l’on a de nous à l’étranger.
Non, tous les Belges ne sont pas ce que Vrebos et consort nous montrent !
Aussi bizarre que cela paraisse, on aurait dit que les deux débats n’en faisaient qu’un.
Le phénomène relève du mirage dans une tempête de sable. Ici, c’était une tempête de mots.
A force d’être habitué aux visages du quarteron d’individus qui à lui seul représente toute la démocratie belge, on n’arrive plus à le voir, ce que Flaubert conteste à propos d’une pile d’assiettes chinoises, encore n’a-t-il évoqué que des objets.
Les interlocuteurs inamovibles et interchangeables d’une télé l’autre font qu’ils s’entrecroisent dans les couloirs, et nous perdons pieds, entre le direct et l’indirect d’une grammaire que nous ne comprenons plus, comme dans une conférence à Liège d’un philosophe de Leuven. On ne veut pas perdre l’invitation gratuite et on s’en repent au bout d’un quart d’heure !
Si nos grands hommes avaient fait la navette d’un studio à l’autre, cela aurait passé inaperçu !
Que font donc les directeurs de castings de ces deux boîtes rivales ?
Qu’on exige que le roi porte le voile et que ce soit le seul voile que l’on supporte en Belgique, à l’exception des voiliers, évidemment, et qu’on n’en parle plus.
Et puis, qu’est-ce qu’on entend par signes distinctifs ? Le costard du bel Armand De Decker et la moumoute de Vrébos sont-ils vraiment des accessoires ostentatoires qui expriment quelque chose en-dehors d’eux-mêmes ? Le chic d’un MR et la coquetterie d’un journaliste sont-ils répréhensibles ?
Yacob Mahi pense que oui ! La société belge relève pour lui d’un totalitarisme sans égal !
Et il n’a pas tout à fait tort pour le totalitarisme, quant au « sans égal » c’est oublier qu’on fait mieux et plus fort en terre d’Islam depuis longtemps.
Bien sûr, le Belge voit l’immigration d’un mauvais œil et si on a fait des lois contre le racisme et l’antisémitisme, c’est expressément pour lui.
Je crois même que nos gloires de plateaux dans ce cas précis, n’ont garde de soulever le problème de la loi du plus grand nombre.
C’est évident que si nous avions un type moins con que l’actuel staff du Front, il ferait des scores comme Jean-Marie vient de faire en France.
Alors, vivent les cons dans ce cas particulier.
Il faudra attendre les prochaines élections pour voir Modrikamen en action, pourvu qu’il ne se révèle pas avoir l’étoffe du leader du FN.

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N’empêche, Yacob Mahi, on sent bien aussi ce qu’il pense, et ce qu’il pense, ce n’est pas très reluisant non plus. En plus, au nom de sa foi, il interrompt tout le monde. Et ça, qu’on soit curé, moine bouddhiste ou grand Iman, c’est emmerdant pour le téléspectateur.
Ah ! oui, la monarchie, qu’on laissait sur le bas côté de l’écoute, faut que j’y revienne.
A part Josy Dubié, républicain belgicain, tous les monarchistes étaient le doigt sur la couture du pantalon. Il manquait un rattachiste pour réchauffer le pot-bouille.
La seule idée qui inquiète un peu, concerne le successeur d’Albert.
Philippe à près de Cinquante ans sera-t-il prêt le moment venu ?
Dans le langage de cours, être prêt signifie plaire à tout le monde, plutôt que ne déplaire à personne. Vous saisissez la nuance ? Oh ! elle est infime. Aussi infime que la différence qui sépare l’écolo de la ministre Simonet à propos du voile à l’école.
Bref, ce monde donnait l’impression d’être à bout de souffle, à court d’idées. C’était comme discuter du sexe des anges à l’aube d’une nouvelle crise économique…
Je crois que ce dimanche, on a touché le fond !
Puisqu’en France la politique regorge d’hommes de talent, ne pourrait-on faire des transferts comme en sport ? J’ai une liste à disposition des gens du casting des deux lucarnes.
Je ne sais si j’aurai encore la force d’ouvrir le poste dimanche prochain. Rien que d’y penser, ma raison s’égare !...

21 mars 2010

La radicale mutation.

Gustave Le Bon avait observé en 1895 (1) que « dans certaines circonstances… un agglomérat d’hommes possède des caractères nouveaux fort différents de ceux de chaque individu qui le compose. »
Le Bon voulait démontrer à ses contemporains à l’aube du XX s., qu’une « âme collective » semble conduire la foule dans un tumulte, et la pousse à des extrémités, qu’un individu isolé n’oserait commettre. L’esprit de la fourmilière règne alors sur l’ensemble, comme s’il n’était qu’un seul instinct. Des individus d’habitude circonspects et conscients se militarisent brusquement sans qu’il y ait un chef visible qui les subjugue. Alors, soulevée d’un souffle unique, canalisant les énergies, la foule verse dans les pires excès, tandis qu’un autre souffle, aussi mystérieux, peut la disperser aussi vite.
Comme s’il était dans la foule, l’individu reconduit à la forme végétative devant son téléviseur peut s’intégrer au spectacle et devenir inconsciemment un des membres anonymes de « l’âme collective », l’écran se substitue aux autres, pour s’inscrire en images subliminales dans le cerveau du téléspectateur.
Hannah Arendt dissèque les causes de cette sujétion dans sa trilogie des « Origines du totalitarisme ».
La philosophe s’efforce d’expliquer comment la masse et la solitude se fondent et s’adaptent dans les régimes totalitaires.
Le fascisme s’est installé en Europe dans la première moitié du siècle dernier, sans le secours de la télévision, en n’usant que de moyens assez rudimentaires de propagande, afin d’être « l’Attila invisible », jusqu’à oser en montrer un, quand les masses sont passées au stade de l’admiration d’instinct d’un maître.
Aujourd’hui, avec ce formidable vecteur qu’est l’image reçue individuellement, les risques accrus d’un Attila invisible sont énormes.
Les masses atomisées puis reconstituées par l’image peuvent d’autant être aspirées par un système idéologique basé sur la terreur et le meurtre qu’elles sont désormais constituées par des individus de plus en plus seuls devant le seul moyen qu’ils ont – non plus de communiquer – mais d’être reliés aux autres : la télévision.
L’individu, désormais intégré au monde totalitaire, adhère d’autant plus aisément à une autorité nouvelle, qu’il se sent libéré des solidarités anciennes.
C’est toute la théorie d’Hannah Arendt qui se vérifie puisque selon elle « la terreur ne peut régner absolument que sur des hommes qui sont isolés les uns des autres ».
Cela semble contredire en apparence, ces grandes réunions de masse comme à Nuremberg en 1936, sinon qu’une fois « travaillé » dans le chacun pour soi, le grand rassemblement ne s’effectue plus qu’à titre militaire. L’individu devient soldat de la cause suggérée à laquelle il adhère sans plus réfléchir. A cette cause, il faut des opposants réels ou imaginaires, dont les intentions supposées sont de la détruire. Ces réunions de masse n’appellent jamais qu’au meurtre de l’autre, la masse devenant un seul individu, appelé à s’opposer à un autre individu représentant une autre masse.
D’instinct l’embrigadé tait ses divergences, abandonne des arguments que sa conscience d’homme qui fut libre lui suggère encore timidement, avant d’être muette ; car, il sait confusément que l’objection porte atteinte à l’esprit de groupe et est considérée par la fourmilière comme un crime aussi grand que celui de l’adversaire.
La suite est bien connue. Ayant pervertit les partis, les associations, les familles, l’Etat totalitaire dispose à sa guise des populations.
Je pense à titre tout à fait personnel que nous sommes au début d’un nouveau totalitarisme. Il est encore trop tôt pour se perdre en conjectures sur les suites du processus. Par contre, on peut déjà en situer l’historicité immédiate, suivant la définition d’Alain Badiou.
1. Le néolibéralisme doit être perçu comme une radicale mutation du capitalisme social d’après-guerre.
2. Il s’agit d’une certaine façon d’un coup de force intellectuel. Le néocapitalisme est au capitalisme, dans l’ordre économique et social, ce que le stalinisme fut au socialisme.
3. La dérive libérale s’apparente, en effet, à un recul de civilisation. Les oligarchies héréditaires rappellent celles d’anciens régimes.

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Les hommes ont, de tous temps, été confrontés à des tyrannies, au départ réduites au seul tyran appuyé par quelques mercenaires attirés par les butins promis. Peu à peu, le monde devenant complexe, les tyrannies se sont disjointes des tyrans, certaines ont donné naissance aux dynasties. Aujourd’hui, les tyrannies ne peuvent être que le produit d’oligarchies aux intérêts communs.
Juvénal remet nos pendules à l’heure « La pire catastrophe, c’est, de peur de perdre une existence misérable, de perdre ce qui fait la raison même de vivre ».
Pour moi, la raison même de vivre, c’est la pleine conscience de ce qu’est la liberté, qu’elle soit en péril ou confisquée, peu importe, dans le temps qui nous est imparti. L’essentiel, c’est de savoir lutter jusqu’au sacrifice pour la maintenir, l’agrandir ou la restaurer.
Sartre a écrit dans « l’être et le néant » quelques pages d’une extrême actualité. Nos grandes gueules de la politique et des médias feraient bien de s’en inspirer, pour tout autant qu’ils en aient eu connaissance. Car, ils auront beau se fondre à chaque fois dans le nouveau paysage, beaucoup disparaîtront, balayés par les circonstances et leur insignifiante veulerie.
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1. Psychologie des foules.

20 mars 2010

On vote en France dimanche.

Aucun sujet digne d’intérêt ne balise la semaine de sa nécessaire présence.
Les élections en France ?
Ah ! oui, tout le monde avait oublié. Pourtant en Wallonie, on s’est beaucoup attaché aux élections en France par le passé, plus que pour les nôtres. On dirait que la désaffection pour le scrutin est de la même nature de part et d’autre de la frontière.
C’est qu’on n’y croit plus, ici comme là-bas, tant les discours et les actions des politiques sont en décalage avec ce que le peuple pense du malheur qui s’est abattu sur lui un jour de septembre 2008. Les citoyens estiment aussi que parler de reprise et de redémarrage est une insulte de plus qu’on leur fait.
Avec Alain Badiou, on pense que la démocratie s’est fait la malle… et qu’on n’est pas prêt de la revoir.
La gauche, la droite, franchement la différence tient en deux mots : insignifiance générale !
S’il me fallait voter dimanche en France, moi qui n’aime pas la pêche, je m’en irais taquiner le goujon avec tous les « mauvais français » qui depuis dimanche dernier, on le sait, ont la majorité absolue.
Alors, messieurs les cocardiers, un peu de retenue, vous insultez une majorité !
Les magazines l’ont compris qui visent le gros des franchouillards : Carla est-elle botoxée ou non ? Sarko est-il à nouveau cocu ?
On se pose la question parce qu’un président cocu systématique ne fait pas la réclame du Français dans l’Europe du plumard et qu’il faut bien occuper les gens par du transcendantal de bazar.
Quant à la gauche, franchement si elle était enfin représentée par quelqu’un qui ose couper les amarres avec le néolibéralisme et qui le dirait haut et ferme « Si vous votez pour moi, ça va valser du côté des banques, des stocks options et du reality-show des traders. Les décors des paradis fiscaux, c’est fini. » on pourrait se lever tôt assez pour faire « son devoir » avant la fermeture des bureaux de vote.
On le sait, la panade, dans laquelle nous sommes, plombe le système. Ni Mélenchon, ni le gentil facteur, ne pourraient changer les cartes biseautées sans que ça tourne à l’émeute. On irait justement pour ça. Ne vaut-il pas mieux de courir le pavé avec les flics au train, quand on a le ventre plein, plutôt que dans quelques années, quand la moitié de la population regardera l’autre moitié en train de bouffer ?
On espérait que Martine Aubry, dans sa soif de réformes en profondeur, avait magouillé et bourré les urnes, afin d’empêcher M’ame Royal de tremper son biscuit dans le service de porcelaine de Sèvres de Bayrou.
A gauche, on a vu que les grands destins ne sont pas le fait d’enfants de chœur, les Staline, Mao, Lénine et consort n’ont jamais fait que rouler le monde, justement au nom du peuple. Après six mois de castagne, Aubry s’est installée dans le rôle de chef, sans qu’elle ait besoin d’affirmer sa différence avec le pouvoir. Mieux, elle rassure ceux du PS qui n’ont pas l’esprit d’aventure..
Alors, en attendant d’asticoter le poisson sur la Marne, puis d’en faire une friture avec le rituel coup de blanc, l’électorat musarde et pense à autre chose.

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Si la vraie actualité est peu fournie, pour la simple raison que les grands événements apparaissent sur trois lignes, et que les non-événements barrent la une sur toute sa largeur, réjouissons-nous que la nièce de Drucker, Marie, ait rencontré l’amour dans les bras de Gad Elmaleh. Tout le monde s’en contre tape la suspension, mais quand on n’a que ça pour travailler sa culture, il faut bien faire avec. Mieux vaut de voir ces deux perdreaux de l’année qui l’étaient déjà au siècle passé, s’envoyer des câlins en public, plutôt que s’emmerder à un discours de Martine essayant de nous faire croire que les Régions socialistes, alors qu’elles l’étaient déjà, vont révolutionner la pensée militante, transpercer la crise économique et répandre les cornes d’abondance là où elles manquent tragiquement, voir Frêche, à deux doigt d’expirer le souffle court, déclarer au micro que la fille Delors est une gourgandine ou de s’envoyer à la tête les chiffres du chômage en forte hausse !
On sait bien que Marie et Elmaleh, ça ne durera pas, qu’importe on est heureux qu’un clou chassant l’autre, on ne se soit pas trop attardé sur l’enterrement du poète à Antraigues-sur-Volanes. C’est très mauvais de relater pareil événement, ou alors un mort très lointain, du côté de Beverly-Hills, c’est bon, ça touche moins.
Comme la mort est escamotée depuis qu’on ne la voit plus que dans les funérariums, faire du ramdam sur un décès, c’est on ne peut plus mal vu. Le podium n’était pas rempli du tout Hollywood, c’est dommage, en captant l’attention des foules, les vedettes venues d’ailleurs font qu’on ne voit plus les cercueils et que les douleurs éparses se dissolvent dans la demande d’autographe. Isabelle Aubrey ressurgie du passé « mon dieu, qu’elle a changé ! », c’était plutôt accablant et mortifère.
Bref, les Français vont voté dimanche. Je les plains !...
Si les abstentionnistes sont aussi nombreux au deuxième tour, nous aurons cette chose curieuse de voir une minorité de votants se déchirer en deux camps, alors que la majorité s’en fout. Enfin, elle s’en fout d’un événement qui fait partie d’une France qui n’est plus la sienne.
Bien entendu, revenu de la pêche bredouille, on pourra quand même se féliciter que la gauche bat la droite sur toute la ligne, parce qu’on n’aime pas Sarko et qu’au moins la défaite du cocu systématique va sans doute déboucher sur quelques règlements de compte dans le gouvernement Fillon. Et voir quelques grandes gueules disparaître dans l’anonymat, si cela ne change pas grand chose, au moins ça fait plaisir.
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19 mars 2010

Chave présentant Gabritschevsky (1)

-Bitte au cul, saloperie, pouffiasse, pouffe du pouf, j’t’encule…
-Qu’tu fais ?
-Tu vois j’injurie…
-Mais t’es tout seul !
-Justement…
-Quoi ?
-Encore une bordée, puis j’t’explique. Foutre à la fente, dégueulasserie, brouteuse de bitte…
-A la fin, t’es cinglé !
-Où tu crois qu’on est ? « Max Stirner, l’Unique et sa propriété », les prolégomènes d’une culture…
-Ouais. Remarquable, pour un fou. J’ai lu au bureau. J’avais plus de temps qu’à la maison. J’en ai beaucoup appris.
-Avant, celui sur « Wittgenstein, l’obscur »…
-Oui, oui.
-Et « la tentation de Pénélope » d’après le p’tit dernier de Belinda Cannone », elle est bien Belinda...
-Je comprends pas où tu veux en venir ?
-J‘en ai fait quinze !... rapport à Pénélope que Brassens a fait rimer avec salope…
-Je commence à comprendre.
-Le premier j’ai eu onze lecteurs, et sur l’obscur, sept !... et quinze pour Belinda.
-Tu crois que les moteurs de recherche cavalent après le cul ?
-Enorme !
-Qu’est-ce que tu peux t’en foutre des turlupins de la braguette…
-J’m’en fous toujours. Je peins, j’écris, je bronze dans un tonneau avec le gaz au cul, quand c’est l’hiver.
-Alors ?
-J’fais mon p’tit sondage. J‘veux savoir combien j’vais en décevoir ce soir !
-Pourquoi ,
-C’est Annie Le brun qui l’écrit dans « On n’enchaîne pas les volcans », le libertin n’aime tant que la nouveauté. Je fais vilain petit canard pour les avides de jamais vu. Je m’allume à leur excitation déçue… Je suis zun artiste qu’est pas conscient…
-T’es un p’tit salaud, plutôt… qui joue au dingue. On te croit et tu touches aux droits d’auteurs, comme les valides.

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-Tu permets encore une bordée : la bitte au charbon, le con c’est l’encrier du pauvre… avis à tous les trempe-queues, voilà encore un paquet de cent branleurs qui se pointent qu’ont foutu leurs zézettes où c’est qu’on n’met que d’la plume Ballon…
-T’as ton compte ?
-Parfait.
-…et l’emballage cadeau, c’est ?
-…Belmor…
-Nom qui en dit déjà beaucoup.
-Membre parmi les plus éclairés de la « Société des Amis du Crime »… Autre asile, autre temps autres mœurs, on est à Charenton…
-…tu te fais cinquante loustics exacerbés de la braguette avec Belmor…
-Ils vont être déçus, parce que Belmor dit à Juliette « …je ne sais si la réalité vaut les chimères, et si les jouissances de ce qu’on n’a point ne valent pas cent fois celles qu’on possède… »
-Et c’est justement le discours qu’ils attendent !
-Non. Car il ne débouche que sur des considérations philosophiques. Le tracassé du sexe exècre, tu penses l’ontologie, en a rien à foutre…
- Tu fais mousser tes détracteurs, tous tes « amis politiques » pourfendus comme le baron, leur mauvais côté va tomber sur ton blog, bras raccourcis, et va s’empresser de moucharder à l’autre, celui du bon côté du moraliste pontifiant.
-J’imite A. L. B. « je perverse » pour du beurre, parce qu’il n’y a rien en-dessous que les diableries qu’ils n’aiment pas : libre expression, fantaisie jarryste, tout ce qu’ils détestent.
-Pourquoi ?
-Parce qu’ils feignent de ne pas les comprendre. Leur carrière en dépend. Ils crèvent de jalousie parce qu’ils ont fait le choix de sacrifier leur liberté à leur situation, la folie à la raison….
-Dis pas des conneries. Alors les pires roquets de la pensée conformiste…
-…ce sont les Assis de Rimbaud, nos parangons, nos vertueux… nos flèches, nos lumières… nos merdes, oui !…
-Tous partis confondus ?
-Ouais. Tiens encore un bon coup pour finir : foutre, d’enpapouaser de pauvres riches, je voudrais être le comte Drakul pour les enfiler tous par le cul comme si ma bitte était une brochette géante…
-…p’t’être qu’ils aimeraient ?
-Va savoir ? Quand la nature tourne au vice, tu sais pas ce dont les glorieux sont capables !
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1. Peintre psychiatrisé. Artiste qui n’a jamais touché un balle.

18 mars 2010

Les cons vivent moins vieux !

Le sénateur Monfils, n’a pas dédommagé les blogueurs qui ont réfléchi à la critique de Hadopi, sauce MR. Il aurait dû, cependant, c’est d'eux qu’il a outrageusement copié sa proposition de loi « améliorée ».
Monfils est devenu ainsi le premier crypto-libéral, de l’Histoire, réussissant le tour de force de proposer une loi protégeant le commerce de la chose artistique qui ne devrait pas être un commerce du tout.
L’apparatchik liégeois a l’air comme ça sérieux et compétent. Qu’on se détrompe, c’est un anticommuniste primaire qui voit des atteintes à la liberté individuelle partout, et surtout, qui s’enflamme à la pensée de voir le bel argent que devraient gagner les artistes, filer entre leurs doigts.
Or, ce bel argent n’existe pas. Les artistes aujourd’hui, enfin les milliers d’artistes qui vivent comme des cigales, se contentent de rien ! Loi Hadopi ou pas, ils crèvent littéralement de faim dans une société qui ne reconnaît que quelques loustics au talent fort controversable qui touchent le pactole, un peu par chance, un peu par piston et un peu par talent (pour quelques-uns).
Monfils vit donc dans l’aigreur de ses contradictions, puisqu’il veut empêcher la liberté des gens à se cultiver, au nom d’un bénéfice qui aurait échappé aux élucubrations de ses nouveaux Antoine.
Faut-il qu’il soit à ce point délirant pour ne pas voir que les sociétés des auteurs et autres SABBAM sont des attrapes nigauds qui vivent plus de la bêtise des milliers de petits artistes, que des recettes des gros poissons du disque ou du livre !
Tout le monde aujourd’hui a du talent, même lui, à fouiller un peu…
Mais il faut avoir une autre sorte de talent qui n’a rien à voir avec l’Art pour retirer du fric du don qu’on a ; une famille fortunée, un papa dans l’industrie du disque, un autre dans l’édition, un magnifique cul tout potelé, une aptitude à coucher, voilà quelques arguments pour faire du flouze, quant au talent, il est très accessoire ; mieux, par certains côtés, il gêne un peu.
Exemple, le fils Sardou qui s’est lancé dans l’écriture à défaut d’avoir un filet de voix exploitable comme le paternel, c’est fou ce qu’on parle de lui à Europe 1… dans la pub qu’on lui fait. Si par extraordinaire, il écrivait comme Flaubert, tout le pognon de son père ne serait pas suffisant pour qu’il soit reconnu « écrivain » !
C’est ainsi. Monfils qui, lui aussi, hésite à exploiter le sien, devrait le savoir.

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La difficulté dans l’Art, c’est de faire savoir qu’on est « quelqu’un » capable de tirer un revenu d’une chose qu’on juge ailleurs, même meilleure, comme de la merde. Alors sur le coup, les renifleurs du fric rappliquent sec. Ils marchent à l’odeur de l’argent.
Les vrais requins ne sont pas parmi cette jeunesse qui copie des films et des CD, mais dans l’univers quasiment enchanté de la maison d’édition, du studio d’enregistrement et de l’impresario à titres divers. Le gibier ? C’est la collection de pauvres types qui bosse « à côté » pour se payer une heure de studio ou comme cette quasi grand’mère qui agite triomphalement le script d’une pièce de théâtre devant un quarteron d’admirateurs sur son blog, afin de leur annoncer qu’elle va faire éditer son œuvre, qu’elle croit au moins égale à celle du grand Will !
Voilà, le gibier idéal que la loi Hadopi ne sauvera d’aucune manière. Voilà les pigeons frais pondus qui roucoulent dans les mains des joueurs de bonneteau, en attendant que les escrocs rincent le fonds de leur petit commerce !
-Médème votre eûvre est admirâââble !
Sur le temps que la grand’mère se demande si elle peut encore coucher sans être ridicule, Monfils s’emballe au nom de l’Art et des artistes spoliés !
Devant les plaintes, Monfils adapte sa proposition de loi sur le téléchargement illégal. C’est comme l’eau de la tinette des petits slips au rinçage de Milquet dans sa traque aux chômeurs, c’est du purin de politique ! Du jus ultra-sensible pour animateur des Chiroux ! Du caca fleuri du théâtre de la Place ! Des premiers prix de poésie d’échevinat malade de la peste de connivence…
Beau comme un cratère antique, Monfils s’est fait urne pour le réceptacle total de la grogne. Il ne vise plus désormais que « les fournisseurs d’accès et les plates-formes de téléchargement ».
Si l’on en croit les statistiques de RTL, les cons vivent moins vieux que les autres. On ne sait pas si l’Institut de statistiques qui a pondu ça, y incorpore aussi les propositions de loi, auquel cas la Hadopimania du Sénateur n’aurait pas une vie trop longue.
On voit d’ici le tribun balancer ses sanctions graduées : avertissement, amende, coupure progressive de l’accès à Internet - comme la loi Marthe Richard pour les « maisons » - la fermeture en sanction ultime (c’est normal quand on parle de tolérance zéro) ! Comme la connerie n’est jamais seule, Ecolo et les PS proposent autre chose, histoire d’accompagner.
Ce pays s’enfonce dans des lois par paquets, des interdits, des règlements, enfin tout un fatras absurde dans le seul but de masquer l’essentiel : les libertés fichent le camp. On ne défend plus que celle des détenteurs du pognon.
Hadopipo, sans doute, le Talleyrand liégeois nous en a si souvent joué !

17 mars 2010

Une nouvelle « dame de fer » ?

Joëlle Milquet est pénétrée de l’importance de ce qu’elle considère comme sa mission : la direction de son parti et - en découlant - les responsabilités ministérielles. Sa place ne saurait être « qu’en vue » de par sa personnalité avec ses certitudes et ses ambitions. Elle souhaitait le poste de Ministre de l’emploi, parce qu’il lui semblait que son humanisme débordant allait convaincre les chômeurs de forcer la porte des entreprises et elle se faisait forte de persuader les entrepreneurs de les engager.
Elle est bien dans les errements qu’ont les autres présidents de parti : un appétit à digérer des montagnes et – hélas ! - un résultat minuscule, à rebours de ses prétentions ; mais qu’elle ne peut pas voir, parce que l’échec n’entre pas dans ce qu’elle perçoit d’elle-même.
Cette femme « qui dérange » sur papier, a fini par déranger vraiment dans la réalité, depuis qu’elle s’attaque aux chômeurs, la frange la plus sensible et la plus malheureuse des largués.
C’est en se persuadant que les mesures de remise au travail font le tri entre ceux qui ont un vrai désir de travailler et ceux qui trouvent commode d’avoir un petit pécule à ne rien faire, que Joëlle Milquet devient une femme dangereuse, emportée par le feu de l’action sur des théories hasardeuses.
Car, ses mesures d’accompagnement n’ont jusqu’à présent permis d’engager que très peu de personnel dans des entreprises qui n’en voulaient que du bout des lèvres, surtout pour les avantages sociaux qu’elles en pouvaient retirer. Par contre, la radiation des chômeurs va bon train et n’est pas prête à s’arrêter.
C’est tout le scandale d’une situation voulue par une « femme d’œuvre » dans l’intention de soulager et qui, au contraire, fait souffrir, se retrouvant à la tête d’une politique d’exclusion comme il y en a eu peu en Belgique.
Les libéraux doivent rire sous cape et Gérard Deprez plus que ses compères.
La solution n’est pas dans les mécanismes actuels de chômage, ni dans le temps partiel, l’intérim ou la prépension, encore moins en « liquidant » une frange de chômeurs, afin de montrer de bons chiffres du chômage.
De toute manière, ils sont mauvais et le resteront.
C’est clair : l’économie du néolibéralisme n’a plus besoin de toute la population au travail, alors qu’elle a besoin pour progresser, que tous les citoyens aient un revenu.
Tant qu’on n’aura pas intégré le problème vu sous cet angle, il sera impossible de considérer la contribution sociale, parentale, artistique ou altruiste comme un travail.
C’est sur la redéfinition même du travail que l’effort doit se porter.
« Il ne manque cependant à l’oisiveté du sage, qu’un meilleur nom ; et que méditer, parler, lire et être tranquille, s’appelât travailler. »
Que nos « élites » aient un jour un peu de lettres, et ils pourront réfléchir sur la signification très actuelle de ce texte de La Bruyère.

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En attendant ce jour, espérons que Joëlle Milquet finira par s’apercevoir que l’arsenal de ses méthodes pour forcer l’emploi, n’est rien d’autre qu’un outil de régression sociale, sans aucune chance de colorer l’avenir du monde économique qui se moque bien du social et encore moins de l’éthique.
Dans un début de marche arrière, notre « dame de fer » présentera, en commission des Affaires sociales de la Chambre, des corrections à apporter au dispositif assurant de la disponibilité des chômeurs.
A moins que d’une hésitation à l’autre, son point de vue final soit encore différé.
C’est que la popularité de la dame est en train de prendre un coup. C’est difficile d’atteindre à la popularité quand on est à la tête d’un parti, et en même temps à la chasse aux chômeurs en tant que ministre du travail.
S’il faut en croire les gazettes, Joëlle Milquet envisagerait de soustraire du contrôle de l’ONEM les chômeurs qu’elle qualifie d’"éloignés du marché du travail" (La Libre Belgique). D’ici à ce qu’elle discrimine les déficients mentaux et les handicapés légers de leur prétention à être des citoyens ordinaires, on en arriverait vite au monde d’Orwell et de Huxley. Est-ce que la « dame de fer » voit bien dans quel genre de société elle risque de faire tomber la société belge ?
Adolphe avait été encore plus radical en Allemagne dès 1936.
Elle n’a plus qu’une seul alternative : celle de laisser tomber cette inqualifiable prétention de remettre des gens au travail quand il n’y en a pas, dans le cadre d’une société capitaliste qui cherche ailleurs de la piétaille bon marché afin de produire au moindre coût pour de plus gros bénéfices.
Les gouvernements d’Europe devraient plutôt tourner la page de cette société-là et envisager des grands travaux d’aménagement pour une meilleure vie dans toute l’Europe, financés par les collectivités, la taxation des banques et des industries dégageant des superprofits.
Enfin, s’inquiéter de ce que dans cinquante ans il existera un métier sur deux qui n’est pas encore créé en 2010.
Ce n’est pas simple et ça demande beaucoup de clairvoyance et de courage politique, en plus d’un accord européen, difficile à trouver.
Tout cela pour demain, ou après-demain… Quant à aujourd’hui, il serait plus opportun pour elle que la ministre « écrase » plutôt qu’ « écraser » les autres, si elle veut rester en vie dans le paysage politique des futures élections.

16 mars 2010

Déontologie du tiroir-caisse.

C’est parfois bien pratique de n’être rien. On écrit ce que l’on pense sans arrière pensée de gloire ou de profit, ça fait sourire ou bailler le lecteur, puis on en reste là, tel un programme de télévision, on l’a regardé, sans plus, on a passé le temps.
A d’autres moments, on se demande si une opinion contradictoire à l’opinion des « Grands » sert à quelque chose ? De toute manière, sans rien écouter, ils donnent l’apparence de savoir ce que nous voulons, même si c’est le contraire de ce que nous pensons. Les médias l’interpréteront comme ayant valeur représentative du nombre.
On ne peut plus rien fonder sur les propos que les « Grands » tiennent, parce que ce ne sont que des propos « conservateurs », c’est-à-dire « raisonnables ».
Qu’est-ce qu’un propos raisonnable ? C’est une « logique » découlant d’une situation avec des chiffres, des usages et des règles qui ne tient nullement compte des aspirations à autre chose et surtout pas à des propositions propres à sortir du cadre conventionnel. Bref celui qui tient des propos raisonnables a horreur d’entrer dans une spéculation imaginant un autre avenir que celui que les « grands » nous destinent. Les plus fortiches à ce petit jeu sont les économistes, les moins pourvus d’imagination qui soient au monde !
Les paramètres intégrés de nos économistes, comme ceux de Michel Jadot, Henri Bogaert et quelques autres, sont ceux d’une société conservatrice, une machine qui n’a pas l’intention de changer quoi que ce soit des économies et des rythmes financiers du néo-libéralisme, qui n’est pour eux que l’évolution logique du libéralisme.
Si on les comprend bien, ils ont intégré le néo-libéralisme comme s’il n’était question que d’une mutation naturelle, afin de nous l’appliquer, de nous y assujettir.

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A y regarder de près, ils sont alors, face au système, aussi « petits » que nous le sommes par rapport à eux. Ils regardent leurs dossiers sur lesquels en élèves appliqués ils ont fait leur devoir, inscrit leurs petites règles, et ils n’osent lever les yeux sur ce qui les dépasse. Leur petitesse, leur misérabilisme, à cet égard, ils voudraient nous les faire partager !
Or, nous ne jouons pas dans la même catégorie. Ils sont des intermédiaires, gagés en bons domestiques de la maison libérale, et nous, nous sommes les victimes.
Alors… Messieurs des Médias permettez de ne pas être d’accord avec vos sélections et préférer la voix des petits à celle des grands !
A cette lumière s’éclaire la démarche du journaliste Vincent Rocour interviewant Michel Jadot, récent pensionné, illustre ponte dans le socialisme de collaboration et augure de la pensée officielle.
Le journal nous donne à lire le discours raisonnable grâce auquel notre esprit borné sera satisfait.
A quoi sert finalement de nous livrer la pensée d’un homme d’une autre sorte ? Il ne pourra influencer aucunement le ras des pâquerettes !
Ce qui se passe en Grèce pourrait nous éclairer.
Les dirigeants de ce pays tentent de persuader la population qu’elle est responsable de la crise et qu’il faut se serrer la ceinture. L’angoisse venant d’Athènes est perceptible. Et s’ils se rebellaient ? Si ceux qui survivent avec moins de mille euros n’entendaient pas survivre avec cinquante euros de moins ? Si les petits ruisseaux ne faisaient plus les grandes rivières et que détrousser les petites gens devenait risqué ?
Alors le Jadot a sa place toute trouvée dans la gazette. C’est un ballon d’essai. Une manière de savoir quelles seront nos réactions quand on arrivera au bout d’un bilan – peut-être même dès celui de 2011 de Wathelet – à se retrouver dans la situation des Grecs ?
Tout s’explique, depuis que Daerden nous assure que le budget des pensions a été trouvé jusqu’en 2015, le « couillon » Daerden, dit Jadot au journaliste, regrettant les cinq années garanties pour des pensionnés que Bogaert et lui voyaient déjà contributeurs à l’effort national.
Sans être complices, ces gens se sont entendus sur le principe !
A quoi bon faire des projets souvent incompatibles et dangereux, alors que le système conduit tout naturellement à l’appauvrissement général ?
Alors, messieurs de l’économie, que vous m’écoutiez ou que vous ne m’écoutiez pas, que ma voix compte pour des prunes et la vôtre équivaille à un lingot d’or fin, qu’on clame votre génie dans toutes les gazettes ou que vous couliez des jours heureux dans une retraite sur la cote d’Azur, j’affiche à vous entendre un dédain aussi visible que celui que vous me prodiguez. Nous ne sommes pas faits pour nous entendre et encore moins nous comprendre.
Un jour nous nous heurterons, non pas de moi à vous, mais entre vos polices et nous. Comme vous raisonnez, c’est inévitable. Que ce soit demain ou dans dix ans, cela arrivera.
Alors, gardez vos salades pour vous, pour votre petit comité de sages, vos institutions, vos programmes électoraux et vos discours. Vous puez la collaboration. Sans le savoir, vous rejoignez ce qu’il y a de plus méprisable dans l’homme : son suivisme et son adoration du pouvoir. Vous êtes l’élément de base de tous les fascismes !

15 mars 2010

Pourquoi tant de violence !

Violence sur nos chaînes TV ! Qu’on se rassure, pas de rixes dans les couloirs, encore moins sur les plateaux ; seulement la violence « ordinaire » dans la société civile, que ni la police, ni la magistrature ne parviennent à maîtriser, et pour cause, elle est avant tout le produit d’une société à la dérive qui a fait de l’argent l’unique préoccupation !
Mais le problème vu de cette manière : chut !... circulez, y a rien à voir…
Par contre, journée très calme en France où se déroulait le premier tour des Régionales, avec un taux d’abstentions record.
Comme les résultats escomptés ont été confirmés, la gauche est en position de conforter son score des Régionales précédentes, et peut-être gagnera-t-elle le grand schlem dimanche prochain ?
Revenons sur les plateaux de la RTBF et de RTL qui se partageaient les gloires de notre ring national pour un sujet identique à nos deux montreurs d’images.
La Belgique, c’est mieux que la France. Nos stars sont tellement lourdes, tout est tellement photographié, qu’on comprend tout ce qu’ils disent, dis donc !
Cette fois la RTBF jouait en différé et RTL faisait du direct. C’est affreux comme ce pays manque de célébrités montrables, au point qu’elles doivent prester sur les deux plateaux simultanément.
Grâce à la charmante madame Gérard du syndicat de la magistrature, les voyous n’ignorent plus qu’en potassant le code, ils n’iraient plus jamais en prison, puisqu’en dessous d’une condamnation à trois ans, le condamné ne fait plus sa peine. Il ne reste plus qu’à savoir ce qu’on peut commettre comme délits qui ne valent pas trois ans !
Cette connaissance du droit ferait baisser la criminalité, mais augmenterait les petits délits.
C’est qu’il n’y a pas suffisamment de places dans les prisons. Comment font les Hollandais pour nous louer des cellules dans les leurs ? Ne vaudrait-il pas mieux demander aux Hollandais comment ils font pour avoir aussi peu de prisonniers, plutôt que se lamenter sur le manque de solutions crédibles en Belgique ?
Pendant sa défense des IPPJ, j’ai remarqué qu’Evelyne Huytebroeck s’humectait souvent les lèvres d’une petite langue rose, leste à souhait pour une ministre, et, ma foi, fort prometteuse... Inconsciemment, elle contribuait à érotiser un débat qui était loin d’en prendre la tournure. Elle me faisait songer aux camelots du temps où ils achalandaient leur commerce d’un débit si rapide que la nécessité d’un bon mouillage buccal leur était nécessaire. Du coup, cette réflexion me fit perdre l’essentiel du discours et je ne saurai jamais ce qu’elle compte faire pour reloger les jeunes dont la société ne veut plus momentanément.
Giet, parlementaire socialiste, réussit le tour de force de cumuler les poncifs, les lieux communs et les « nobles » recommandations de tous les partis réunis depuis dix ans que ceux-ci vont à la pêche aux voix sur la sécurité et la violence. C’est dire l’ennui du discours ! A tel point que pour tromper le temps, la caméra fixait le beau bandage blanc du bijoutier récemment assailli, à défaut de soutenir par l’image, l’argument de l’intarissable Giet.
Dans des assemblées de ce genre, il est nécessaire de se distinguer par le plus de prises de paroles possibles. C’est là que l’on voit le métier de vedettes, qui est un dur métier !
On se serait complètement endormis sans le bel Armand ! Quand celui-ci apostropha Evelyne, à propos des IPPJ, d’instinct la ministre cacha sa langue. Personne n’eut plus droit au moindre petit bout minuscule ! Ce qui me fit penser qu’elle et lui n’avaient aucune chance de jouer « Autant en emporte le vent » quand Vivien Light tombe dans les bras de Clark Cable pour un des plus longs baisers de Hollywood !

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De Decker à la riposte de la dame, lui rappela en termes peu galants les avatars récents de l’épuration des eaux bruxelloises.
Comme si les malfrats avaient l’habitude de s’évader par les égouts !
Et voilà ce que c’est de fricoter avec les militaires, Armand De Decker, c’est visible, a perdu la distinction qu’il avait quasiment naturelle, avant la fréquentation des corps de garde !
Moralité, à l’issue de ce midi passé à pérorer pour ne rien dire, c’est lui qui fut le plus « inadéquat ».
C’est que le bougre ne désarme pas !
Il pense toujours que la bleusaille de Saint-Gilles, mieux qu’une assistante sociale ou une psychologue, a davantage besoin d’un sergent-chef recruté parmi les gradés ucclois. On sentait chez cet homme une vocation rentrée, une nostalgie des basanes, de la botte astiquée et du képi à la napoléon III. A bien l’observer, toujours très chic, voire élégant, quoique à l’ancienne mode, il a gagné quelque chose de militaire dans sa rigidité. Quand il se lève, on a toujours l’impression qu’il va décrocher son sabre du dos de la chaise !
C’est finalement la RTBF qui a gagné le match, malgré la pétillante Catherine Fonck qui fait de plus en plus penser à Zabou Breitman dans « Le Premier Jour du Reste de ta Vie », à faire les gammes parlementaires de celle « qui-a-toujours-raison ». Victoire donc de la RTBF à cause de l’interlude, comme au bon vieux temps, auquel nous eûmes droit à la suite du mauvais raccord de deux DVD, puisque nous étions en différé sur la chaîne officielle….
Finalement, il n’y avait que cette panne pour rappeler qu’il n’y a que l’imprévu et le naturel qui restent supérieurs au fabriqué et à la lourdeur politicienne.

14 mars 2010

Âme de la brousse.

L’église de Rome se trouve au centre d’une affaire de pédophilie, bien sûr assez ancienne puisqu’elle date des années 70, qui refait surface en raison de la Région dans laquelle se situent ces faits puisque le pape actuel y est originaire, mais aussi parce que son frère, actuellement évêque, a été longtemps le directeur d’une chorale d’enfants dans laquelle certains actes délictueux ont été commis, sans que celui-ci y soit directement mêlé.
Cela nous conduit à reposer une nouvelle fois la question du célibat des prêtres et la raréfaction des vocations à partir de cette abstinence contre nature.
De quel droit, diront les catholiques, un athée se mêle-t-il de nos affaires ?
Du même droit qu’un citoyen dit son horreur de l’excision clitoridienne sans être Guinéen.
Des observations de psy montrent l’existence d’une psyché inconsciente. Deux personnalités peuvent cohabiter dans un seul individu. Cette cohabitation devient un facteur à risques, sans être nullement un symptôme pathologique, quand la libido fortement sollicitée par la pulsion ne trouve pas d’exutoire par un acte sexuel normal.
Cette inconscience de l’héritage de ces deux personnalités en nous est une véritable aberration, rendant l’église moderne complice de ses prêtres pédophiles.
Le névrosé dont la main droite ne sait pas ce que fait sa main gauche n’est pas propre à la prêtrise, mais le célibat est un facteur déterminant en l’occurrence. Cela ne veut pas dire que tous les prêtres sont pédophiles, mais cela veut dire que leur abstinence dispose plus d’un à l’être.
Ce sont les mystères de la psyché qui ne peuvent d’aucune manière se confondre avec notre conscience et son contenu.
Ainsi, agissant sous une influence irrésistible de la pulsion, certains prêtres deviennent des êtres amoraux et dangereux. Ils s’apparentent ce que les primitifs désignent comme « bush soul » (âme de la brousse).
Certains prélats ont pris conscience de l’amplitude du phénomène, comme, par exemple, l'archevêque de Salzbourg : "Le temps et la société sont différents du passé. L'Eglise doit se demander si elle peut entretenir ce mode de vie et ce qu'elle doit y changer."
Le Vatican reste insensible. L’âge canonique des pères de l’église semble y être pour quelque chose. L’Eglise a balayé toute évolution de la tradition catholique en la matière. Le pape a réaffirmé la "valeur du célibat sacré". "Le célibat est le signe de la consécration tout entière au Seigneur", a-t-il insisté lors d'une rencontre avec la Congrégation du clergé.

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La théologienne Marie-Jo Thiel évoque une "culture et une philosophie cléricales, avec une conception de l'autorité qui permet de se mettre au-delà de la justice, de la démocratie, de toute transparence". Un juriste proche de l’épiscopat français expose son opinion à la critique : "Longtemps le clergé a considéré la pédophilie comme une faiblesse passagère, au même titre qu'une liaison avec une femme ou un homme, alors que l'on est là face à un acte criminel. La culture du secret et de l'étouffement est une tradition dans l'Eglise, qui a toujours préféré arranger ses affaires avec sa propre justice, au nom de sa suprématie et de son autonomie".
Molière fit dire à Tartufe, il est vrai faux dévot «Ah ! pour être dévot, je n’en suis pas moins homme… » et un peu plus loin du quatrième acte : « Et le mal n’est jamais que dans l’éclat qu’on fait / Le scandale du monde est ce qui fait l’offense / Et ce n’est pas pécher que pécher en silence. »
Tout le drame de l’église gît dans ces quelques vers, qui 350 ans plus tard, n’ont pas pris une seule ride.
Cette peur des femmes et du mariage des prêtres ne datent pas d’hier. Une hérésie du deuxième siècle, celle des Androniciens, prétendaient que la moitié supérieure du corps des femmes est l’œuvre de Dieu, et la moitié inférieure, celle du démon !
Ces étranges anatomistes misogynes quoique excommuniés ont pourtant fait souche, à entendre toutes les précautions oratoires que les prêtres, dont le pape, usent en parlant du sexe.
Tous oublient et le pape Ratzinger en premier, que dans le premier récit de création de la Bible juive, Dieu créa l’homme « mâle et femelle », c’est-à-dire androgyne (GN 1/27) (1).
Alors, pourquoi faire tant d’histoire pour que nos compagnes « couvrent ce sein que le prêtre ne saurait voir » puisque homme et femme ne font qu’un, ce dont devrait pouvoir se servir Elisabeth Badinter dans son futur livre sur l’inégalité des sexes.
Ce passage de la Bible est repris ensuite par Jésus dans les évangiles (Mt 19/4 – Mc 10/6).
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1. Michel Theron, Petit lexique des hérésies chrétiennes, in Albin Michel, 2005, page 49.

13 mars 2010

Comme en Quarante !

Le bel Armand De Decker a raison. Il faut des militaires pour sauver de la délinquance une partie de la population. Mais où nous ne sommes plus d’accord avec le bel Armand, c’est sur la désignation des « rappelés » qui auraient besoin d’être drillés, dormir à la dure sous la tente et se lever à l’aube au son du clairon.
Y en a marre des grandes gueules qui ne sont que des ploucs ! Alors, s’ils veulent continuer à servir, que les pioupious de la Nation commencent par reprendre du service !
Voilà bien longtemps que les stars du PS, la boule à zéro, devraient camper à Elsenborn sous les ordres du maréchal des logis Rancotte (1) alias le bel Armand.
Au rapport :
Les premiers a tirer le mauvais numéro seraient les cavaliers Michel et Frédéric Daerden, au gnouf avec motif « pour s’être mis en contradiction avec le travail en favorisant le capital ». C’est que le bel Armand leur en collerait huit tout de suite pour avoir fait réviseurs (ALG) à travers BCG & Associés, en supplément du service – puis de l’avoir nié avec force - et s’être ainsi fichus de la tête du pauvre monde qu’ils étaient censés défendre.
Corvée chiotte pour l’escadron des économistes, que ça reluise nickel les vases qu’on s’y laverait les pieds : « ‘ponsable » en chef, Bogaert Henri, en rééducation complète avec six mois de réinsertion dans le service, au motif qu’il a confondu économie et lieu d’aisance pour vieilles personnes.
Dégradé en pleine cour des écuries, le lieutenant di Rupo Elio, redevenu troufion deuxième classe pour s’être débandé devant l’ennemi un jour de grandes manœuvres boursières.
Idem de la vivandière Onkelinx que le bel Armand soupçonne de s’être beurré la couenne au lieu d’abreuver le pauvre monde à la gnole réglementaire.
Mais le bel Armand ne pouvait pas en rester là. Il fallait qu’il complète l’escadron du 3me léger par les débris d’une compagnie qui s’était déportée trop à droite dans la manœuvre « opération de la dernière chance » du plan FORTIS.
La capo Didjé Reynders, forte tête qui s’est battu à la sortie d’un estaminet avec les Artilleurs Michel, pour les beaux yeux d’une marchande aux halles dans la ruelle concomitante, sur le temps que l’ennemi envahissait Bruxelles, sera muté à Elsenborn, sous la tente de Di Rupo et Onkelinx afin d’y veiller à la propreté des lieux.
Quinze jours d’office au ballon pour le tankiste Kubla qui a voulu faire tourner son Léopard A/15 sur le circuit de Francorchamps, abîmant ce qui restait praticable du tarmac que le cavalier Daerden avait auparavant doté de nids de poule.

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Remise au pas de Miller Richard, déserteur de la pensée libérale, après une cavale de dix ans et reconduit à Elsenborn entre deux gendarmes, le « maréchaogis » de Tocqueville et le deux ficelles Jean Gol, volontaire de carrière.
Enfin, pour la fournée des trublions réformateurs, le réformé Monfils, tire-au-flanc notoire, et la cheffesse Defraigne, tenue à l’œil pour avoir lu « un tramway nommé désir » pendant la théorie sur le refroidissement des armes à feu après le tir par un joaillier d’Uccle.
Pieter De Crem, Minister van Landsverdediging (ministre de la défense en langage chrétien) dans son effort de regroupement des casernes a admis à Elsenborn Javaux Jean-Mi, chef de patro, au ramassage des papiers gras et à l’éducation écologique de la troupe.
Il se pourrait que le juteux, Albert II, vienne en inspection d’ici la fin de la session parlementaire pour estimer avec son état-major, du redressement civique de la chienlit regroupée par l’opération baptisée « Comme en Quarante »..
La commandante In Fine Milquet pourrait à l’occasion faire devant le juteux un bref communiqué sur la valeur civique d’une troupe nouvelle qui sortirait de la compagnie délinquante et qui s’inspirerait de la théorie de son plan stratégique en sept thèmes. Pour illustrer son programme, la lieutenante Simonet interpréterait la danse des Sept Voiles.
Cette nouvelle stratégie n’a pourtant pas l’air d’enthousiasmer un autre état-major, celui du FOREM qui fait remarquer que les hommes de troupe cités ne font pas partie du programme de remodelage des chômeurs.
Ce en quoi le bel Armand pense qu’il s’agit d’une expérience à ses débuts et qu’il y aurait lieu d’instaurer pour le reste de la population un couvre-feu général, jusqu’à ce que tous les bijoutiers du Royaume soient parfaitement formés au maniement de l’arme de poing, ce qui permettrait à l’avenir d’éviter d’autres rappels de réservistes.
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1. Casse-pipe de L.-F. Céline.

12 mars 2010

Henri Bogaert, expert en vieux.

Il faut arrêter d'augmenter les pensions, estime Henri Bogaert, prophète et économiste en vieux !
Le Commissaire au plan ferait-il une crise de jeunisme antivieux ? Comme tous les économistes manquant de culture, il n’a sans doute pas lu « Une vieille servante de ferme » de Flaubert ! Ses médailles doivent certainement lui rapporter plus que vingt-cinq francs ?
D’abord qui est-il ?
Une vue sur son site place le personnage dans la haute administration, à un salaire qui lui permettra d’atteindre des plafonds insoupçonnés pour sa pension future :
Charges aux FUNDP : Département des sciences économiques (Académique)
Diplômes : Licence et maîtrise en sciences économiques et sociales.
Domaines de compétences : Macro-économie, prévisions, politique économique, modélisation
Charges externes : Direction du Bureau fédéral du Plan belge
Suivent un certain nombre de casquettes :
Vice-Président du Comité de Politique économique de l'OCDE, Membre du Comité de Politique économique de l'UE, Président du Groupe de travail sur le vieillissement du CPE de l'UE, Membre du Conseil Supérieur des Finances, Membre du Conseil Supérieur de l'Emploi, Membre du CA de la Fondation Roi Baudouin, Membre du CA et du Comité financier de l'ONDRAF
Déjà en 2005, au 16ème Congrès des Economistes Belges de Langue Française, Bogaert tâtait les poches des vieux par des réflexions discourantes sur les dépenses inconsidérées de l’Etat en leur « faveur ».
C’est à cette occasion que Di Rupo, accueillant la troupe de prophètes à Mons dont Bogaert était le mentor, servait la soupe en ces termes : « J’ai toujours été frappé, dans le domaine économique, de voir les phénomènes d’anticipation et l’importance des signaux. »
A deux ans de la crise la plus grave depuis 1929, on ne pouvait pas dire que le parterre était en avance sur son temps. Di Rupo ignorait qu’il faisait de l’humour sans le savoir !
Bogaert est de la classe des économistes qui se sont arrêtés au capitalisme bourgeois et paternaliste de l’entre deux guerre et qui pensent que le néolibéralisme peut parfaitement se comprendre en partant de la même analyse. Il écarte sans même y jeter un regard ce néolibéralisme attentatoire aux principes et aux valeurs qu’on démêlait parfois du paternalisme distant et profiteur du capitalisme classique, en niant les dégâts humains d’une productivité sans précédent et qui ne profite plus qu’à l’actionnariat, le monde ouvrier en étant « récompensé » par le licenciement des surnombres.
Sous des grands airs et avec un diplôme comme il en pleut, Bogaert peut imprimer ce qu’il veut de ronflant sur sa carte de visite, ce qui compte ce sont ses arguments pour suggérer en douce de retirer le pain de la bouche aux vieux, après avoir trouvé normal de mettre les travailleurs au pain sec, sinon d’être fin moulus par les mesures antichômeurs de la Milquet
Ses arguments sont bien connus. Ce sont ceux des mouvements libéraux d’Europe auxquels Sarkozy donne le « la » : maintenir l'équilibre budgétaire sur le dos des plus pauvres, se montrer raisonnable dans les « avantages » sociaux supplémentaires et augmenter l'âge effectif de la retraite.

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Si l’on se fie à Daerden, ministre des pensions, alors qu’on s’est fié à Daerden quand il était à la Région sur l’état des routes dont il avait la responsabilité… enfin passons, les pensions sont assurées jusqu'en 2015, l’économiste Bogaert s’inquiète pour l’après 2015. A-t-il peur pour lui ou pour nous ? Vu son âge, ce serait plutôt vers 2025 qu’il pourrait s’inquiéter pour lui, quant aux autres, c’est tout de suite que les pensionnés belges d’aujourd’hui ont, d’après les statistiques européennes, le taux de pension le plus bas par rapport à leurs voisins.
Encore heureux que ce type ne veuille pas diminuer les pensions illico : "Je ne dis pas qu'il faut diminuer les pensions. J'ai dit qu'il ne fallait pas les augmenter ou alors limiter l'augmentation à de légères adaptations au bien-être". C’est quoi, pour lui, le bien-être de ceux qui après une vie de labeur se démerdent souvent avec moins de mille euros par mois en poche ?
Ce qu’il veut, l’économiste, c’est que s’accroisse encore la différence de revenu entre le pensionné belge et ses voisins allemands, français et hollandais ?
Belle mentalité !
Bien entendu, au nom du libéralisme social, notre Commissaire au plan estime qu'il faut augmenter l'âge effectif de la retraite à 63 ans, au lieu de 59 ans actuellement.
C’est étrange comme nous avons le don d’attirer à la fonction publique des mentalités pareilles !
C’est le lourd héritage d’un passé libéralo-socialiste, quand la haute administration se recrutait parmi les cuistres pistonnés de la bourgeoisie et des partis.
On est fadé en prévisionnistes dans ce pays, tous plus ou moins en cheville avec les bourges et les banquiers, incapables de discernement quand la crise s’amène, mais forts de certitudes pour en faire payer les conséquences aux plus faibles, quand ça craint derrière les guichets où sont planqués les magots.
Si j’étais marxiste, je pourrais dire « Vas-y Henri, rogne les parts d’en-dessous tant que tu peux, plus vite tu mettras les gens sur la paille, plus vite ils se révolteront ! T’as déjà la Milquet qui déglingue du chômeur à tour de bras. Tant mieux. Quand les CPAS pourront plus suivre, ça fera de la graine d’anar. Seulement fais gaffe, mon pote, que l’élastique te pète dans la gueule ».
Comme je suis un citoyen sans solution extrême et que casser tout, même si ça soulage, on reste quand même avec le problème après les assiettes cassées, je ne peux qu’exprimer mon mépris profond pour ces gens accrochés au système comme un pou à un cheveu et qui, incapables de proposer des solutions sociales, ramassent, en attendant et de façon indigne, l’oseille que l’Etat, trop généreux pour certains et fort ladre pour tous les autres, leur alloue de façon imméritée.
T’as raison Henri, t’es le meilleur… dans la connerie.

11 mars 2010

Tragédie à ciel ouvert…

Cela fait quelques années, que régulièrement j’écris sur le problème palestinien. Le lecteur finirait par croire que c’est à bout de sujets que celui-ci, fort à propos, me sauve de la page blanche, puisqu’il est peu commun de voir un utilisateur de la Toile aussi intarissable.
Le lecteur se tromperait, car l’affaire palestinienne est récurrente et possède pour tous les citoyens, ayant le sens du juste et de l’injuste, un côté lancinant et permanent qui est comme une écharde dans le cœur.
A la suite d’un récit sur la misère terrible des gens à Gaza ou en Cisjordanie, une sorte de remord s’empare du citoyen de ne pouvoir faire plus qu’écrire quand on ne sait rien faire d’autre pour dénoncer une injustice.
Comment dire la veulerie des médias qui n’ont même pas la décence du témoignage honnête ?
Tout le monde sait qu’il n’y a pas d’autre solution que celle de deux Etats séparés et, cependant, on attend qu’Israël ait fini par grignoter le plus clair de la Palestine avant de commencer les négociations ! Cela se fait au vu de tout le monde et en parfaite illégalité.
Il y a ainsi de la part des pays les plus favorables à cette politique des deux peuples séparés et égaux en droit une grande hypocrisie qui consiste à dénoncer les grignotages par implantation de colonies, puis après le grand coup d’épée dans l’eau, à poursuivre un dialogue « fructueux » avec l’Etat d’Israël sans aucune autre suite.
La réalité est éclatante : Israël veut tout à commencer par Jérusalem en son entier. Il ne veut pas discuter, il veut tergiverser en attendant qu’il ait tout pris aux autres.
D’abord surarmé par les USA, si complaisant qu’ils iront jusqu’à filer à Tel-Aviv des secrets atomiques, puis ensuite autosuffisant dans les questions d’armement, l’Etat hébreu a profité des guerres stupides que les pays voisins lui ont faites pour ronger les terres limitrophes, avaler le plus gros de Jérusalem et dominer la région.
La contribution du monde occidental à cette hégémonie est patente et malgré les protestations aux Nations Unies, elle ne s’est jamais démentie.
Au nom de la sécurité de ses ressortissants, Israël, au mépris des remarques et de la réprobation unanime, a construit un mur, reléguant les Palestiniens dans une sorte de réserve comme les Indiens aux USA, mais qui rappelle fâcheusement d’autres murs, celui de Berlin et celui du ghetto de Varsovie. De sorte qu’on a pu dire que les Israéliens ont hérité des techniques de leurs anciens bourreaux dans leur phobie de l’encerclement par des murs. Bien entendu cet ouvrage « d’art » a été presque entièrement construit sur des terres palestiniennes, quoique cela ne veuille plus rien dire de nos jours.
Assez curieusement, ce mur, voulu du temps de Sharon, est dépassé par les « colonies » qui l’ont débordé depuis longtemps et qui poursuivent le dépeçage d’un problématique Etat palestinien en occupant ses plus beaux morceaux.
Les quelques rares journalistes qui rendent compte de la vie à Gaza et dans les camps des Palestiniens déplacés un peu partout autour de l’Etat hébreu, sont effrayés de ce qu’ils ont vu et ont peine à témoigner de la souffrance des gens.

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C’est ainsi que Gaza pourrait être secouru facilement par mer. Eh bien ! non. La flotte de Tsahal monte la garde et rien ne peut entrer à Gaza par mer. Il est impossible à un habitant de la bande de Gaza de pêcher. Il s’agit en réalité de la plus grande prison à ciel ouvert au monde !
Du côté de la terre, le mur fait le reste.
Qu’est-ce qui empêcherait les Nations Unies d’affréter une flotte de secours qui se mesurerait éventuellement à la flotte adverse ? Rien, sinon, l’hypocrisie des Etats et… la flotte américaine.
Quant à forcer la main d’Israël pour que naisse tout de suite un Etat palestinien, c’est ce à quoi s’est attelé Salam Fayyad, premier ministre palestinien. En effet, s’il avait fallu attendre l’accord des Palestiniens pour que Ben Gourion fonde l’Etat hébreu, on en serait toujours aux négociations préliminaires, donc, il est logique de se passer de l’accord d’Israël pour unilatéralement proclamer la naissance de l’Etat donnant de la consistance aux palestiniens.
Tout dépend donc des Nations Unies et de son Conseil de Sécurité.
A en juger comme vont les choses, on pourra attendre encore longtemps.
On a rarement vu un consensus aussi général n’avoir pratiquement aucune chance d’aboutir !
La duplicité règne en maître dans les couloirs de l’ONU. Pour les peuples qu’ils représentent, les délégués des pays sont unanimes à rappeler « l’urgence » d’un Etat palestinien. En petit comité, il en va différemment. Il est devenu impossible à cause des ramifications des colonies juives en territoire palestinien de tracer une frontière – ce qui paraît indispensable – entre les deux Etats !
Alors, qu’est-ce qu’on attend ?
Deux solutions, celle impensable de clouer le bec à l’arrogance de l’Etat d’Israël et de le réduire à démanteler toutes ses colonies, ou bien d’attendre que ce même Etat ait digéré l‘ensemble du territoire confinant ceux qui résistent sur des bouts de territoire, comme Gaza, sans droit, sans déboucher et sans espoir.
Une sorte de génocide par la faim et le désespoir des victimes.
C’est à cette dernière solution que les Etats hypocrites des Nations Unies se sont résignés. Voilà pourquoi, longtemps encore nous aurons à subir la vindicte du monde arabe dans son juste combat pour la reconnaissance du droit d’un peuple à vivre en liberté.

10 mars 2010

Joëlle Milquet et la planète humaniste.

Depuis que le CDH a parasité la plante quasiment morte du PSC, Gérard Deprez, le mauvais jardinier, a été remplacé par Joëlle Milquet, fleuriste, pour une révolte des œillets et des roses.
La révolutionnaire des bons sentiments n’a pas changé grand chose au destin du pays, voué au capitalisme et à la social-démocratie. Aussi, a-t-elle voulu qu’au moins ses accommodements avec le monde libéral ne fussent pas comme le « practice match » d’Elio Di Rupo qui n’en finit plus. Pour le CDH, elle ambitionne du « spécial ». Bien entendu l’électeur n’en a cure, avec son gros bon sens il n’aime que le concret et le résultat. Quoique la cote personnelle de Joëlle soit élevée, le parti stagne dans la moyenne, pour une lutte des strapontins entre les seconds couteaux..
Avec l’opération "planète humaniste", les centristes arborent comme à l’habitude la figure réjouie des grands jours pour peu de choses. Di Rupo s’était déjà essayé à la relance sous forme de « boîte aux idées » dans les sections, avec son fayot Charles Magnette, en moissonneur. La récolte fut d’une grande médiocrité.
Aujourd’hui Madame la Présidente espère éviter l’écueil. Les débats seront ouverts à tous sur 7 thèmes, au cours de 2010.
Pour résoudre la crise ? Pour soulager la misère des gens ? Pour réduire les inégalités sociales ? Non ! Non ! Seulement pour « transformer » l’avenir !... comme si le plus urgent n’était pas de transformer le présent !
En ce qui concerne l’avenir, la futurologue Milquet en connaît un brin. Bien entendu rien ne va aujourd’hui, ce n’est pas important pour la présidente, puisqu’elle gouverne avec les autres, si ça ne marche pas, ce n’est pas de sa faute, mais celle des conservateurs qui de Reynders à Di Rupo freinent son formidable besoin de changement.
Ce qui compte, c’est ce qui se passera demain, après la crise. Car, sans avoir rien fait pour en saisir l’origine et encore moins pour en désigner et faire payer les responsables, madame Milquet sait ce dont nous aurons besoin, après, quand nous baignerons à nouveau dans la situation de rêve qui était la nôtre, juste avant Lehmann Brothers.
Penser à la société de l'après-crise, c’est son obsession !
Se donnant un devoir d’y réfléchir, ajoute-t-elle, nous aurons aussi celui de l’analyser.
La prétention de Joëlle à mieux connaître les hommes que quiconque est sans égale. Elle sait ce qu’il leur faut, ce dont ils ont besoin et elle fait fi de la journée de la femme pour ne penser qu’à eux. Le XXIe siècle sera celui du retour de l'homme, « les thématiques humaines de ce XXIe siècle sont bien plus que des enjeux environnementaux".
Avec une femme pareille en ses foyers, Monsieur Milquet n’a qu’à bien se tenir.
Le CDH aime congresser. Il le fait avec vaillance et à tous propos. Joëlle aime les tribunes. Ses « in fine » passent bien. Elle adore autant pérorer que Sabine Laruelle, mais il faut lui reconnaître une meilleure diction et une meilleure tenue. Milquet raisonne, quand l’autre vitupère.
Milquet est en permanence en train de reconquérir, à croire que malgré ses années de présidence, elle n’a rien conquis du tout, à la différence de Di Rupo, qui s’illusionne du contraire, bercé par les chants d’amour de ses voix de préférence.
Donc les congressistes nés du CDH congresseront tout au long de 2010 sur sept thèmes. Pourquoi sept ? Parce que c’est un nombre premier et qu’il est celui du diable et ses 7 péchés capitaux que Milquet entend extirper du coeur des hommes.
La transformation de l’économie, l’investissement dans l’éducation et la formation, le pacte démographique, la réinvention du sens collectif et du rôle de l’État, la réussite de la révolution environnementale, le nouveau cadre de solidarités et les valeurs par le métissage de la société, tout y passera, comme si brusquement les Comités locaux du CDH étaient le refuge des Pic de la Mirandole inconnus de la société belge et qui, grâce à Joëlle, s’exprimeraient dans tous les domaines avec les arguments de Jacques Attali revisités par le verbe de Bernard-Henri Lévy !
Van Rompuy, le frère de l’autre, CD&V bon teint, s’en fout bien du futur de l’année busette, et comment il fera bon vivre en 2012. Son truc c’est BHV et pour dans tout de suite, fin mai exactement. Milquet, sur son nuage, n’a pas eu le temps de pondre un huitième thème, toute à ses fantasmagories… Les Flamands sont tellement terre à terre !

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Avec le programme déjà copieux des sept, on ignorait que la Belgique possédait tant de cerveaux dormant dans un seul parti !
Quand on pense qu’au MR, seul Michel père a la science infuse et qu’au parti Ecolo, Jean-Mi d’Amay a un cortex multi neurones, sans parler du génie absolu, Di Rupo lui-même, poli-suffisant, en possession d’un potentiel cérébral dix fois supérieur à celui d’Onkelinx !
C’est à se demander pourquoi les génies du CDH ne sont pas plus tôt sortis de la fiole d’Aladin afin que nous en soyons babas !
On pourrait même accuser Joëlle Milquet, dans son amour des hommes, d’avoir négligé un enthousiasme plus personnel qui lui aurait soufflé un meilleur traitement de tous les chômeurs dont elle a la charge et avec lesquels elle est bien sévère !
Restons optimistes, et souhaitons que sa cité idéale ne soit pas celle du facteur Cheval, mais une Wallonie pour une société meilleure. Ce qui en période préélectorale est une sage intention même si le seul but est finalement de flatter l’électeur !

9 mars 2010

Ils sont partout.

La raison est aussi proche de la folie, que la folie l’est de la raison, à en croire le dictionnaire à propos de « logorrhée ». La définition de ce mot peut être « Flot de paroles désordonnées, caractéristique de certains troubles mentaux ou « Manie de parler interminablement, verbiage facile, incapacité à se borner ».
Autrement dit, un baratineur est-il fou, lorsqu’il parle sous le coup d’une forte émotion ?
Notre temps prédispose-t-il à la folie par l’accélération du stress au travail, par la précarité de la plupart des emplois et la menace du chômage ?
Y eut-il moins de fous jusque vers le milieu du siècle dernier, avant que le behaviorisme ne vienne accélérer les mouvements de l’homme-machine, selon les lois de la productivité ?
Il ne se passe pas un jour sans croiser dans la rue une personne atteinte de logorrhée, sans voir des conducteurs arrêtés au feu rouge parler – comme dans un film muet – puisque l’on n’entend pas ce qu’ils disent, alors qu’ils n’ont aucun passager.
La folie serait donc la chose au monde la mieux partagée, selon Foucault. ?
S’il ne suffisait qu’être sain d’esprit pour ne pas être fou, la plupart des fous prétendraient qu’ils sont lucides, sans que personne vraiment puisse en douter. Et, il est vrai : il n’y a rien de plus troublant que le raisonnement faux. Cependant qui n’a jamais soutenu l’insoutenable, de bonne foi, persuadé que son raisonnement était infaillible ?
Personne n’est plus fou que celui qui prétend ne pas l’être, en excluant la possibilité que les raisonneurs, les philosophes, les savants, pourraient l’être au même titre qu’un « simple » d’esprit, tandis qu’il se situe dans l’une ou l’autre catégorie d’exonérés.
La prétention de celui qui sait par rapport à celui qui ne sait pas (a priori) n’est-elle pas le symptôme d’un dérangement de l’esprit ?
Les régimes totalitaires le savaient bien qui conservaient dans leur arsenal le pouvoir d’envoyer un opposant du régime dans une clinique spécialisée.
Pascal partageait la folie de Descartes à savoir qu’ils partaient l’un et l’autre sur une absolue évidence : l’existence de Dieu, tellement évidente qu’ils ne se donnèrent pas la peine de le prouver. Si bien que le seul Descartes établit un catalogue de vérités prouvées… sur la seule qui ne l’était pas !
Au moins Pascal, tout embrasé qu’il était de la foi retrouvée sur le Pont Neuf, avait-il la prudence de nous prévenir « Nous sommes si nécessairement fous, que ce serait être fou par autre tour de folie, de n’être pas fou ».
A bien considérer certains comportements, on se demande si ce n’est pas l’argent qui fait office de graines d’ellébore, avec la vanité de la position sociale et la haute opinion que certains ont d’eux-mêmes !
La folie est aussi le propre du génie, dit-on, c’est pourquoi Salvador Dali s’est, sa vie durant, contorsionné en proférant des absurdités dès qu’un micro s’approchait. Voilà bien l’exemple d’un génie contrefaisant le génie parce qu’il ne croyait pas l’être !
Molière fait dire à Philinte dans le Misanthrope « C’est une folie à nulle autre seconde / de vouloir se mêler de corriger le monde »
Il faut reconnaître un mérite aux hommes politiques, ils se gardent bien de corriger le monde, tout au plus se contentent-ils de faire semblant.

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Décréter que pour cela, ils sont sains d’esprit, serait s’aventurer beaucoup dans une analyse de l’homme d’Etat qu’un écrivain jadis qualifia par un beau titre « Les grands malades qui nous gouvernent ». Il est juste de dire qu’il comptait aussi les maladies du corps avec celles de l’esprit.
Quelques écrivains durent être internés, parce que leur folie les empêchait de se fondre dans la société bourgeoise qui a horreur de l’extravagance.
Le plus scandaleux est un philosophe célèbre qu’il fallut mettre en lieu sûr après qu’il eût entouré de ses bras, l’encolure d’un cheval qu’un charretier, saisi d’une autre folie que la sienne et sans doute plus cruelle, fouettait énergiquement.
Quant à Flaubert, sa maladie nerveuse ne l’empêcha que de suivre des cours de droit ce qui le délivra de fournir un quitus de fin d’études à son père.
Camus conclurait « Il est toujours aisé d’être logique. Il est presque impossible d’être logique jusqu’au bout. »
Et comme il faut bien qu’il y ait un brin de folie partout, c’est celle en dernier de la classe ouvrière selon Paul Lafargue « … Cette folie, c’est l’amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales et de sa progéniture. »
À 69 ans, ce co-fondateur du socialisme se suicide en 1911, avec sa femme, Laura Marx, la fille de Karl, en se justifiant dans une courte lettre : « Sain de corps et d'esprit, je me tue avant que l'impitoyable vieillesse qui m'enlève un à un les plaisirs et les joies de l'existence et qui me dépouille de mes forces physiques et intellectuelles ne paralyse mon énergie, ne brise ma volonté et ne fasse de moi une charge à moi et aux autres ».
Fou ou sain de corps et d’esprit, qu’importe, cet homme suscite le respect.
On ne pourrait pas en dire autant de certaines idoles du monde politique dont la présence éternelle confine à l’indécence.

8 mars 2010

Petit bilan du XXme siècle.

Voilà dix ans que le siècle précédent a plié bagage. A part les enfants de dix ans ou moins et qui n’ont pas accès à la maîtrise des choses, nous sommes tous le produit du siècle dernier.
Le dixième anniversaire de sa disparition serait peut-être l’occasion d’un petit bilan ?
Qu’est-ce qu’un siècle ? Le temps d’une vie quelconque dans le futur, puisqu’il deviendra de plus en plus courant de croiser dans la rue des centenaires. Peut-être en serez-vous?
Démiurges ou marionnettes, qu’avons-nous fait de ce siècle ?
Peut-être ce que nous faisons de celui-ci ?
Il est bon de revenir sur le passé, c’est là que nous puisons l’enseignement du futur !
Qu’est-ce que cent ans, qu’est-ce que mille ans, s’écria Bossuet, puisqu’un seul instant les efface !
Devant le foisonnement des événements du siècle dernier, quels sont les événements qui en effacèrent d’autres ?
Les deux guerres et leurs millions de morts ? La chute du mur de Berlin ? Le séquençage du génome ? Le largage de la première bombe atomique ? Encore que ce dernier événement se rattache à la seconde guerre.
Une première constatation, du seul point de vue de l’Histoire, un siècle selon les événements qui le composent, ne durent jamais un siècle. Par exemple, en-dehors des Arts et du foisonnement de la pensée, le dix-huitième aussi brillant pût-il avoir été, est le plus court des temps modernes qu’il annonce, puisqu’il n’eut que onze ans (1789).
On pourrait dire que « notre » siècle n’a eu que septante-cinq ans. Il commence à la guerre de 14-18, dans laquelle s’inclut un autre événement majeur, la révolution d’octobre 17 en Russie, et il s’achève avec l’écroulement de l’URSS, mettant un terme à la guerre froide et consacrant le système économique libéral, les Etats Unis y devenant le leader mondial.
Le siècle s’articule autour des deux conflits majeurs, ce qui le rend tout de suite antipathique pour l’historien, ces septante-cinq années ayant été le théâtre de massacres à peine imaginables depuis la Déclaration des Droits de l’Homme !
Nous serions donc les enfants de l’horreur, du crime organisé, de massacres sans nom, de génocides et de camps de concentration, rarement vus dans l’histoire des peuples.
Le vingtième siècle s’inscrit dans les siècles maudits, au même titre que ceux des invasions normandes, de la peste noire et des razzias des Huns sur l’Europe !
Tout le bilan du XXme s. passe par le dénombrement des morts !
Tant à Nagasaki par la super bombe, tant à Dresde par la bombe classique, tant dans les camps d’extermination, etc, etc.
Ce dénombrement macabre est le seul bilan vrai que l’on puisse opposer à ce qui aurait dû être l’impératif moral qui allait ébranler les consciences de l’Europe – enfin qui aurait dû – depuis les onze années que dura le siècle des Lumières.
Chose curieuse, ces onze années se firent aussi dans le sang, le sang bleu des nobles, et celui plus rouge des guerres de la Première République. Et pourtant, de ces massacres allait surgir le « plus jamais ça » de la Déclaration des Droits de l’Homme, même si l’Empire qui lui succéda fut le régime le plus meurtrier du XIXme siècle.
Mais le nôtre, celui dont nous sommes issus ? Quel est le message d’espérance que nous étions en droit de recevoir après les massacres des deux guerres : la Société des Nations et l’Organisation des Nations Unies, l’une étant la réplique de l’autre ? Est-ce sérieux ? ces deux organisations n’ont rien empêché. La première vit la montée du nazisme et la guerre de 40, avec en prélude la guerre d’Espagne, la seconde fleurit dans les disputes, les génocides, les guerres « locales » et les millions de morts « exotiques ».
Le siècle que nous quittons est le siècle totalitaire par excellence !
C’est celui dans lequel triomphe le capitalisme aussi bien dans les régimes totalitaires que dans les démocraties.
Celui-là même qui vient de muter en marché globalisé et mondial.
Ce siècle a vu la victoire écrasante de l’économie et du pouvoir absolu de l’argent, devenant, par un raccourci dont les hommes ont le secret, le seul critère désormais supplantant la morale, au point de se substituer à elle, devenant « elle » par un hiatus déraisonnable de la pensée.

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C’est le siècle libéral, comme on dirait en paléontologie le temps des dinosaures !
A l’aune de l’argent, tout s’étrique, s’appauvrit !
La démocratie devient une enveloppe vide. Le parlementarisme accouche d’idées minuscules. Si bien que le XXme siècle à la mesure de la morale est le plus court de tous !
C’est aussi le plus sanglant de l’histoire des hommes. La guerre de Quarante a inauguré les dégâts collatéraux, les pertes civiles, les transhumances désastreuses. Les conquêtes d’Alexandre, en comparaison, n’avaient rien à voir en déplacement d’hommes, en morts au combat, des prises d’otages des populations, à ce que le XXme siècle a permis.
Comment méditer philosophiquement cela ?
L’imbrication du libéralisme, les systèmes totalitaires, et les guerres, semble devoir perdurer au XXIme siècle qui serait le hideux prolongement de l’autre.
Quant à ce qui s’y est pensé, dieu en est la clé. Les croyances se sont accrues en même temps que les massacres, on pourrait dire à cause d’eux, sans que personne – si l’on excepte certains philosophes – n’ait fait le rapprochement ontologique du mal et du bien dans le seul pouvoir de dieu ! Si bien que dieu serait la cause principale du mal. Pour l’innocenter, il faudrait aussi innocenter le mal…
Mais les croyants, acteurs et spectateurs du siècle, n’en ont cure et poursuivent en son nom, la plupart des crimes qu’ils commirent ou qu’ils subirent au XXme s., dans un contexte de plus en plus libéral, de plus en plus meurtrier, de plus en plus immoral.
On pourrait s’étonner que la fin du siècle qui vit la démocratie libérée de ses ennemis être aussi le théâtre de nouveaux crimes !
On devrait pouvoir établir la responsabilité immense de l’argent dans les massacres des personnes. Mais on ne le fera pas, parce que rares sont ceux qui crachent dans la main du maître, et comme le maître, c’est l’argent…
Tant de gens sont morts et mourront encore croyant lutter pour une juste cause, alors que ce n’était que pour des industriels…

7 mars 2010

Politicopithèque.

La plus grande confusion règne aujourd’hui sur le sens de la politique et les fonctions des partis. Ce n’est pas étonnant puisque nous sortons d’un schéma économique pour entrer dans un autre et que cette nouveauté est ou mal perçue ou rejetée par avance par les conservateurs et par les progressistes alliés aux conservateurs !
Si nous ignorons ce qu’il adviendra demain de la démocratie confrontée à un nouveau cycle économico politique, nous sommes sensibles aux changements visibles qui se sont déjà opérés, à l’exception des partis qui s’obstinent à penser comme hier, alors que nous nous apercevons que demain est proche.
On a beau dire que le drame est dans le durcissement des relations entre le capital et le travail, il est surtout entre la démocratie et les partis qui nous y représentent.
Qui ne voit que les belles théories qui ont valu l’assentiment largement majoritaire pour une collaboration capital/travail afin de répartir dans la paix sociale, les richesses produites, sont largement dépassées ? Cependant les socialistes et les libéraux poursuivent comme s’il ne se passait rien que de très commun, une politique vaguement social-démocrate, entraînant dans leur sillage la représentation du monde du travail que sont les syndicats et les mutuelles.
C’est ainsi que sont toujours traités les différends que séparent des intérêts opposés, comme s’il était encore question d’entreprises conduites par des autochtones sur lesquels peuvent faire pression des sentiments d’appartenance à la Communauté nationale.
L’Europe joue également ce rôle rétrograde, au point qu’on traite la politique à son niveau comme si nous en étions à réfléchir sur ce qu’il conviendrait de faire après le new deal de F.D. Roosevelt. Les dispositions en ce sens vont toujours bon train à l’Europe qui poursuit sans état d’âme le démantèlement des entreprises d’Etat, livrées pour trois sous à des entrepreneurs connus qui se font aussitôt rachetés par des inconnus, autrement plus redoutables que ne le fut jamais Bernard Tapie.
Et c’est dans tous les domaines le même scénario.
Il n’y a guère de différence entre ce qu’on écrivait sur la démocratie il y a cinquante ans et ce que l’on écrit en 2010. Ce sont toujours les mêmes clichés qui servent de réponse à tout. On en est encore à peser le pour et le contre du vote obligatoire, alors qu’on devrait plutôt s’intéresser à ce que voter signifie encore et se poser la question de savoir comment il conviendrait de donner plus de pouvoir au peuple.
On en est presque à partager unanimement la conviction que le vote ne sert plus à grand chose, que les dés son pipés et que tout est arrangé à l’avance.
Si les partis ne tirent pas les conclusions qui s’imposent, c’est autant parce qu’ils en retirent un profit à défaut d’une légitimité et qu’ils vivent pratiquement sans la connaissance réelle de ceux qui les élisent.

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Il faut avouer que c’est une situation dangereuse et qui peut déboucher sur n’importe quoi.
L’économie évolue, la capitalisme s’internationalise, les actions de solidarité et le social se minorent au profit de l’individualisme. Le rapport entre les bas salaires et les hauts s’agrandit. L’irrespect de ceux qui travaillent d’une nouvelle classe de surdoués pour les superprofits, descend jusqu’à trouver raisonnable de travailler pour 800 euros par mois.
Les nouveaux pensionnés rejoignent immédiatement la catégorie dite de grande pauvreté. Une seule remarque à cela : mais où va-t-on ?
A-t-on oublié que l’abandon de la lutte des classes au profit de la social-démocratie a été obtenu sans peine – il n’y a même pas eu débat – par le parti socialiste à condition que les progrès qui étaient sensibles à l’époque du renoncement le fussent sans à-coup et réguliers ?
Comment est-il possible que les universitaires qui tapissent les réunions de bureau du boulevard de l’Empereur ne le voient pas et laissent un sourd et aveugle les diriger ?
A quoi songent-ils les après-midi studieux, quand ils concoctent entre eux une politique « de progrès » ?
Est-ce possible d’être obtus à ce point de moudre encore et toujours les petites lois pour asseoir le budget, pour pacifier les grandes villes et faire respecter les citoyens paisibles, quand les grands tumultes venus de l’extérieur ferment des usines rentables et grignotent chaque jour davantage les avantages et salaires qui ne concordent pas avec la concurrence chinoise ?
Qu’est-ce qui pousse encore à l’écologie, à s’équiper en vert, à sauvegarder l’environnent quand ceux qui y vivent ne sont pas respectés et encore moins sauvegardés ?
Quel est donc le motif qui donne du poids aux grandes idées du siècle sur l’avenir de la planète et le devenir des hommes, quand le devenir immédiat est des plus inquiétants ?
On aura beau se récrier que les pays dévastés par les inondations se sont des pays déboisés par l’habitant pour se chauffer et cuire les aliments, quand peut-être dans moins de dix ans nous serons obligés de faire la même chose pour survivre ?
Et tandis que de congrès en congrès, de G20 en G20 le temps passe, rien n’est fait sur d’autres graves problèmes qui risquent d’ébranler l’humanité dans très peu de temps, comme l’accroissement exponentiel de la population du monde, cause première des massacres d’espèces animales, des pollutions formidables et de l’impossibilité matérielle de nourrir tout le monde, malgré les fous dangereux qui pensent que la population pourrait atteindre 12 milliards sans problème.
Et pendant ce temps, que fait-on ? On se demande comment on va faire pour doter les ménages émergents en Inde et en Chine pour qu’ils accèdent à l’automobile !
Franchement quand on entend les discours de ceux que nous avons la mauvaise fortune d’élire malgré nous, c’est à se poser la question de savoir si nous vivons sur la même planète.

6 mars 2010

Les chemins de fer en prévente.

Parfois, le pouvoir use de méthodes sadiques pour arriver à un résultat dont les gens ne veulent pas et qu’ils acceptent finalement parce qu’ils sont trompés par la nouvelle apparence avec laquelle on leur présente la même chose.
Exemple les chemins de fer, mais on pourrait aussi parler de la poste et de toutes les entreprises jusqu’à présent dans le domaine de l’Etat et dont on veut « faire profiter » les riches en les vendant au domaine privé sous prétexte que la concurrence va faire baisser les prix, défaire les citoyens d’une charge et donc d’un impôt.
L’Europe est l’occasion d’un formidable alibi dans lequel s’épanouissent les partis de gauche et de droite qui nous font croire qu’à cause d’elle, ils sont obligés de passer tous les joyaux de la couronne sur le marché du plus offrant. Ainsi, si par malheur la braderie tourne mal, ils pourront toujours nous dire qu’ils l’avaient prévu et qu’ils n’étaient pas responsables. Ce qu’ils oublient de nous dire, c’est qu’ils ont des parlementaires européens qui approuvent Pascal Lamy, commissaire au commerce, qui est le chantre de la mondialisation au sein de la Commission.
Revenons aux chemins de fer.
Avant de dépecer la bête, les chemins de fer étaient une entité qui fonctionnait tant bien que mal, - plutôt bien que mal - malgré les calamiteux directeurs politiques les Reynders et les Schuppe. Les trains arrivaient à l’heure, enfin à quelques minutes près. Les petites bourgades étaient desservies par des trains, certes à moitié vides ou trop pleins par période, mais il aurait suffi à un bon chef de gare de moduler les horaires et les capacités pour satisfaire la banlieue, plutôt que les plans des suffisants personnages parachutés par des partis, avocats de renom certes, mais douteux organisateurs.
Mais il fallait à ces impavides, ces pieuvres du conformisme européen, il fallait des morts, des catastrophes, des responsabilités diluées entre trois au lieu d’une, afin de pouvoir dire le progrès que ce serait de fourguer au privé les embrouilles que ces pontes ont créées volontairement.
D’où l’idée socialo-libérale de couper la chose en trois. Un va s’occuper des gares et du matériel, l’autre des voies et de l’électricité, le troisième du fret en même temps la coordination de l’ensemble, à moins que cela ne soit le contraire, bref le citoyen ne sait plus !
Résultat, dix-neuf morts il y a quinze jours, apothéose de l’expérience, une collision nouvelle à Glons, heureusement sans perte de vie humaine. Mais avant, les usagers ont pu vivre le glissement de la SNCB vers la société anonyme par des trains toujours en retard, des gares qui se ferment sur le temps que l’argent est dilapidé dans des gares pharaoniques, des horaires de la plus haute fantaisie, des accompagnateurs esseulés pour des rames pleines à craquer, des conducteurs avec des temps de travail de dingue, etc. etc.
Les dépeceurs se frottent les mains. Di Rupo et Reynders exultent. La grande vente au plus offrant pointe le bout de son nez. Les riches vont se disputer les trois morceaux du cadavre. Les finances de l’Etat à court terme vont recevoir quelques centaines de millions d’euros.
Sous prétexte de la liberté d’entreprendre offerte à tous, ce ne sont que les margoulins qui vont s’en donner à cœur joie ! Vous sauriez exercer votre liberté d’entreprendre en achetant un bout de rail, ami lecteur ?

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Excédé de ce qui arrive aux pauvres martyrs, écrabouillés des voies, le public va finir par se réjouir de la liquidation de la SNCB selon les ukases de l’Europe. Les trois cons qui ont été entendus par la commission parlementaire chargée de faire la lumière sur le drame récent, bien sûr tous irresponsables, vont se transformer bientôt en dix, quinze vingt autres cons prétentieux de plus en plus avides, délégués des sociétés anonymes au salaire lui aussi dix, quinze fois, supérieur, aux cheminots moyens. Il y aura toujours autant d’accidents – sinon plus - de morts, de trains en retard, de confusion de qui fait quoi, mais ce sera au privé à s’expliquer devant des commissions ou devant les tribunaux.
Nos vicieux de la chose publique s’en laveront les mains. Cela ne sera plus de leur compétence.
L’Europe se discréditera un peu plus aux yeux du citoyen. Ceux-ci seront consternés, navrés et ne comprendront plus rien. Personne et surtout pas les socialistes ne leur expliquera que les sacro-saintes règles de la concurrence n’existent plus que dans la formule qui fait plaisir au monde libéral mais qu’en réalité elle n’exerce aucune influence sur les prix. Au contraire, la liberté des prix ne va jamais vers la baisse, mais vers la hausse, comme l’histoire de la baguette de pain, la diminution de la TVA à la restauration qui voit les prix poursuivre leur ascension, etc. etc.
Ce qui veut dire que l’avenir est sombre pour les usagers des chemins de fer qui en plus de devoir craindre pour leur vie, verront le prix du billet grimper allègrement et il sera toujours de plus en plus difficile d’emprunter un train depuis les petites gares, le tout prestige étant le seul rentable. Il arrivera même un jour où il faudra plus de temps pour aller de Mons à Bruxelles que pour aller de Bruxelles à Paris.
Le journal Le Soir, le fait-il exprès ou non (1), affiche à la une un articulet qui en lui-même nous prépare à l’étape suivante, il nous fait lire « Le médiateur de la SNCB a ouvert pour les mois de janvier et février 1.206 dossiers après plainte de voyageurs, un record absolu. Un tiers de ces plaintes concerne des retards ou des trains annulés. »
Il est vrai que la dégradation s’accélère suivant le processus établi. Personne ne se demande si ce n’est pas déjà la coupure en trois de la SNCB qui, en préparant la suite, est le principal responsable ?
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1.C’est ce même journal qui affichait des statistiques tendant à montrer la reprise dans la grande distribution, et en bas de page montrait le personnel de Carrefour choqué par les mesures de licenciement.

5 mars 2010

Demotte piqué par la Tsé-Tsé.

Quelle mouche a donc piqué notre Robespierre régional, Rudy Demotte ?
Contaminé par la manœuvre de diversion française de Sarkozy sur l’identité bleu blanc rouge ou en pleine activité de cireur de pompes à la Eric Besson pour chatouiller l’ego de Di Rupo ?.. voilà-t-il pas que le ministre-président de la Communauté française et de la Région wallonne se hisse sur ses talonnettes pour montrer sa cocarde à tout le monde !
Motif : l’identité wallonne ! Tous les Liégeois qui en ont fait l’expérience, le savent : il y a autant de différence entre eux et un Carolo, qu’entre le curé de Bergen op Zoom et un communiste cubain.
Les parlers dialectaux sont aux antipodes. Les motivations politiques, même si les deux votent socialiste, sont aussi différentes que le jeu de la pétanque en duo ou en triplette.
Méfions-nous de l’inconscient collectif distinct de l’inconscient individuel. Le nationalisme constitue le plus clair de l’inconscient collectif. L’élection partielle en Hollande qui remet en selle l’extrême droite est un bel exemple.
Parfois l’épidémie de psychique collective tourne au drame.
L’Occidental de 2010 est mûr pour « de grandes conquêtes » qui le libéreraient de sa vie étriquée de sous-produit à la fois client et esclave de l’industrie et du commerce.
On voit trop bien où Rudy veut en venir. Il veut noyer le poisson et nous faire oublier dans quel pays on vit et dans quelle condition on le supporte lui et ses ministres, tous plus ou moins de mèche avec les pouvoirs d’argent dans une économie libérale.
Effrayé peut-être par sa connerie, Rudy a voulu calmer les braises que son imprudence avait allumées. Ce n’est pas ce qu’il a voulu dire « Mais de donner un sens et d'unifier les références à une Communauté Wallonie-Bruxelles, à une Fédération Wallonie-Bruxelles et aux différents sigles qui s'y rapportent, pour accroître la visibilité de nos entités fédérées ».
S’il ne s’agit que de sigles ! Une affaire de logos, de phrases ronflantes et de bottin des célébrités de la Cour de Laeken, baronnets et baronnettes, entonnant « Li Tchant des Wallons » dans les vingt-sept dialectes répertoriés de la frontière française à la frontière allemande, on n’est pas contre. Ce sont jeux de grands gamins.
Sauf que tout de suite après, Rudy-Maximilien Demotte de Robespierre, sort de sa besace aux bons mots, l’écrivain Amin Maalouf spécialiste en juxtaposition des identités. Ce n’est déjà plus l’identité wallonne, mais la juxtaposition en pile, comme jadis les soucoupes dans les cafés du Commerce et de l’Industrie, des oxymores et des contraires de nos populations, une des plus hétéroclites au monde !
On ne sait toujours pas pour faire quoi, si ce n’est soulever des lièvres et de nouveaux sujets d’engueulade.

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A moins que le baratin ne serve à masquer la différence entre un parlement flamand efficace et nationaliste et un parlement wallon en pantoufles et qui ne s’est pas remis de son voyage d’étude du grand Canyon du Colorado de son ancien président, retraité heureux, sous les pommiers bourgeonnant du plateau de Herve, tandis que les délégués de la Flandre éternelle à New York rayaient l’âme wallonne, Mons et sa région, la Wallonie et sa capitale, de la carte de Belgique.
Un qui trouve l’identité wallonne un rien pesante et inutile, c’est le beau Serge qui fulmine « que ce n’est pas le moment », foi de Kubla.
Il remarque que la Wallonie a d'autres challenges à relever, notamment au niveau de l'emploi, du logement ou encore de la mobilité. On sait pourquoi cette soudaine ardeur rationnelle pour la mobilité, depuis que Kubla, l’homme du circuit et des joyeusetés avec Ecclestone, essaie de faire oublier les dépenses pour Francorchamps qui risquent de nous plomber les finances de l’avenir pour d’autres mobilités.
Kubla n’avait pas de meilleure tribune que la RTBF.
Autre spécialiste de la connerie des Grands du royaume, relayé par «Vers l’Avenir », le journal du passé, Willy Borsus y réclamait que l’on arrêtât de s'occuper des symboles pour revenir à l'essentiel, l’essentiel étant Willy Borsus préoccupé de son image s’occupant des Wallons, de leur emploi, du logement, de la mobilité, des allocations, bref de tout.
Retrouvant les accents pathétiques des grands moments de l’histoire de Belgique, Willy parle d’angoisse devant la situation catastrophique de l’état des routes à l’économie. On dirait que c’est l’identité wallonne de Rudy qui lui montre l’abîme du doigt.
En plein décrochage comme la Wallonie, les libéraux ne supportent plus Rudy de Robespierre, ni Di Rupo, ni Picqué.
Ils attendent la vague géante, le tsunami libérateur qui emportera Demotte et Di Rupo loin de la capitale wallonne, dans les eaux dormantes de la plaine montoise, pour imaginer une autre identité wallonne, celle du fric et les belles manières, suppliant Sabine Laruelle de ne plus l’ouvrir dans sa robe de bal, tant ses accents faubouriens font du tort à la Cause, à la Rolex et à Goldmann Sachs.

4 mars 2010

Solange a l’emploi !

-Mon con t’as la cote qui baisse. Je fais ta pub comme je peux. Mais t’es comme Bayrou, tu vois tes troupes qui se barrent. Tu pourrais pas nous sortir une bonne histoire de fesses pour remonter ton sondage en berne ? Je te dis ça rapport à la photo d’hier. J’ai reconnu le derrière de Solange ! Pour dire les choses, elle a de quoi s’asseoir… L’époque est à la légèreté, à la superficialité, merde !... T’en as pas marre de tenir les grandes orgues aux Te deum des malheurs, des accidents, des inondations, des guerres, avec le cul qu’elle a ? On attendait autre chose ! T’es bon qu’en photo, là t’es le meilleur… Au lieu de quoi, on a eu droit au couplet philosophique, à la petite note de plus qui fait déborder la litote, qui débordait pourtant déjà ailleurs, et là, on était tout à fait pour…. Et puis, après que tu nous aies fâcheusement pris la tête, le soir, avec Solange t’es au festival du maillot de corps, t’es le Brando du Tango… tandis que nous on s’allonge dans les angoisses à se mordre le chinois… tu t’en fous bien de la trouille qui nous prend aux missiles que tu fais pleuvoir sur les lecteurs, aux folies nucléaires, au gaz moutarde ! Mais qu’est-ce qu’on t’a fait pour que tu nous files la scoumoune ? T’en veux à tout le monde, parole ? D’accord, parfois c’est drôle de se foutre de la gueule des gens, surtout ceux qui sont pas du même bord, les beaufs, les supporters, mais les autres… ceux qui t’ont rien fait ? Tu leur dilates le berlingot par les soupirs qu’ils ont du bas à tes pamphlets, tes diableries ! Tu flingues tout le monde. T’aime personne !...
-T’as fini ?
-Non ! Tu penses si je t’ai percé sous tes dehors moralisateurs. Le peuple, hein ! crapule… tu t’en branles ! Je pense même pire. Il te débecte. Il te fait chier et t’oses pas le dire !...
-Dis-moi salaud, à quoi t’as reconnu Solange, qu’était de dos sur le passage protégé ?
-C’est pas difficile. C’est justement de dos qu’on la reconnaît le mieux. Qu’est-ce qu’elle foutait en banlieue ?
-T’as pas lu dans le phylactère ? …était partie chez Poildur pour un engagement.
-Une esthéticienne, dans une fabrique de poêles en fonte ?
-Je vois pas le rapport ?
-Tu vois pas le rapport ! Tu vois plus rien depuis que tu joues à l’économiste, au bon docteur, au je-sais-tout ! T’es Alceste qui s’envoie Philinte… bon dieu de merde ! c’est pourtant pas à Solange que tu causes de maître Eckart ?
-Tu manques de mots. Depuis que je te connais, tu manques de mots pour dire les choses. Et quand tu les dis, t’es vulgaire. C’est plus fort que toi. C’est pas le poids des mots qui te travaille, c’est le poids de tes couilles.
-Ah ! comment tu les dirais, toi, les choses ?
-C’est innommable, comme dieu qu’on peut pas écrire le nom, que c’est interdit ; le zyeuter, comme le mikado jadis… t’es mort !
-Des fois qu’il se curerait le nez ?
-Vas-y… tu peux pas t’empêcher. Le sexe, c’est vrai, s’il a des centaines de noms, on ne sait comment l’appeler. Surtout quand c’est celui de Solange qui te travaille le potelet… Ah ! que tu voudrais bien savoir… comment il est le loukoum à fifille !... On peut fouiller dans les anciens manuscrits, les livres sacrés, jamais on voit celui qui mettrait tout le monde d’accord, le buisson ardent de ma savoyarde. Faut pas s’étonner que les peintres pendant longtemps ont refusé de le montrer sous leur pinceau.
-A se demander comment les vierges faisaient pour pisser ?
-Sacrilège ! les vierges pissaient pas, tous les papes te le diront. Les esthètes ont suggéré des euphémismes la bouche en cœur, et les arsouilles de ton espèce ont multiplié les grossièretés. Le dictionnaire de Guiraud, érotique évidemment, dénombre plus de 550 appellations du sexe féminin. T’aurais pu te fendre d’une autre métaphore à propos du fessier de Solange. C’est ainsi que tu fais partie de ceux qui parlent de fesses, de cul, sans arrêt, sans jamais pouvoir bien le dire… ta jactance n’est qu’un jet de tuyau crevé, si tu vois ce que je veux dire ?
-Tout objet qui a la forme d’une pirogue ne remonte pas forcément l’Orénoque. Nourri dans le sérail, t’en connais les détours… Richard de mes deux et pas trois.com !
-Là, c’est mieux, poétique, même... On peut ouvrir le bottin à n’importe quelle page, lire le Code pénal ou s’envoyer la grotte de Platon, tout peut devenir, d’une certaine manière et en prenant le ton, des sous-entendus du cul. Ce sont les anciens qui ont commencé avec leur braquemart, l’épée qu’ils remettaient dans un fourreau qu’on appelait vagina, ça remonte aux Romains. Alors, sous quel soleil a-t-on commis les premières comparaisons ?
-C’est accablant. On te demande une belle histoire et voilà que tu retombes dans tes travers, même là ! Merde ! Foutre ! Professeur de mes deux ! T’es accablant… c’est tout ce que je peux dire…

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-Voilà une heure que tu m’emmerdes, José. Je trouve même que c’est déplacé ta suggestion de diversion des sujets sérieux, parce que t’as vu Solange traverser la rue. Mais, tu ne penses qu’à ça ?
-Et alors, t’es quand même gonflé ! On dirait que c’est pas toi qui te la tapes ! C’est trop facile à la fin. C’est moi le salopard, le vicieux, le pauvre type, alors que moi je ne fais que mater… souffrir… puis mater encore…
-Dis tout de suite que ça te fait chier de courser derrière Richard ?
-Alors, au moins qu’elle s’habille autrement. Qu’elle fasse pas mousser le pauvre monde dans son froc.
-Parole, tu parles comme ma mère ! Mais, elle s’habille comme elle veut. On peut pas disposer des gens comme ça. Bouffe du camphre….
-Elle a retrouvé du boulot ?
-Oui, Poildur l’a engagée tout de suite. Pourtant, elles étaient vingt-cinq à répondre à l’annonce, rapport à Milquet qui les tient à l’oeil. Sans même demander ce qu’elle avait fait comme études… « C’est toi que j’veux, a dit Poildur !»
-…m’étonne pas !... M’sieu Antoine va être content.

3 mars 2010

Politique et monde réel.

Certes, la crise n’est cruelle que pour les petits salaires et pour ceux qui sont au chômage, alors, autant en profiter pour faire retomber sur eux le poids de la culpabilité du drame qu’ils vivent se sont dit les supporters du système économique mondialisé.
Comme c’est très difficile aussi d’expliquer aux gens simples que la société capitaliste dont on attendait monts et merveilles n’est pas aussi formidable qu’ils croyaient, sur la lancée de la culpabilité des premiers, pourquoi pas leur faire porter aussi la culpabilité de la débâcle du système ?
D’où l’idée d’instaurer des contrôles et des suspicions administratives pour les chômeurs à la recherche d’un emploi qui n’existe pas, et de faire croire à la nécessité de licencier les travailleurs à tour de bras « dans la mesure où cela s’avère nécessaire » pour la survie de l’entreprise, quitte à contester les fermetures pures et simples, dans une sorte de come-back du social.
Ainsi, la preuve que « c’est tout fainéant et compagnie » sera donnée par la quantité d’exclus qu’on exhibera chaque année sous forme de statistiques que les journaux complaisants reprendront sans autre commentaire.
Personne ne se demande pourquoi lorsque le chômage était en-dessous de la barre des 5 %, les mesures de coercition pour les chômeurs qui s’étaient « installés » dans le chômage n’existaient pas, alors qu’il y avait réellement des possibilités d’emplois, et aujourd’hui, qu’il frise les 12 voire les 15 % dans certaines régions, qu’il est quasiment impossible de retrouver du travail, les mesures de coercitions pleuvent et durcissent le climat ?
La raison est qu’on ne peut pas défendre en Haut-lieu une économie qui prend eau de toute part, en reportant sur la seule droite libérale l’échec d’une société co-fondée par la droite et la gauche. Il faut donc que les victimes allègent le poids des coupables par une co-responsabilité. Sinon, c’est tout le corps électoral de gauche qui pourrait rechigner à suivre une politique fondée sur la collaboration des classes, que résume la social-démocratie initiée en Belgique par le PS.
A partir du moment où l’on convainc à gauche que les chômeurs sont souvent victimes d’eux-mêmes plutôt que de la conjoncture, c’est tout bénéfice pour la pérennité du système.
Le plan actuel d’accompagnement des chômeurs a été institué dans ce seul but. En effet, aucun économiste sérieux – hélas ! ceux qui sont consultés par voix officielle et journalistique ne le sont pas – ne peut raisonnablement espérer grand chose de la remise au travail par un plan, fût-il le plus génial du monde, quand l’offre est quasiment nulle.
Ce plan est même extrêmement dangereux quand on considère le pouvoir qu’on y donne à certains des personnels du FOREM et de l’ONEM de juger de la capacité d’un tiers à se faire embaucher, surtout s’il est demandé de faire du rendement par des placements ou des sanctions.
En réalité, ce plan n’a qu’un seul mérite c’est d’offrir des emplois dans les services du FOREM et de l’ONEM.
C’est tout de même paradoxal que le PS et le CDH se soient montrés ouverts à la discussion avec les syndicats, quand ce sont eux avec la participation active de Joëlle Milquet, ministre du travail, et Antoine à la Région, qui ont mis en place les mesures controversées.
Ils auront beau se défausser sur le MR en sous-entendant que ce parti ne souhaitait pas entendre parler de mesures d’assouplissement, alors qu’il n’a pas encore donné son avis sur la question, personne ne croira que Di Rupo et Milquet seraient victimes de l’intransigeance de Didier Reynders.
La vérité est que la crise en secouant le monde du travail a remis en cause l’efficacité du monde politique à régler des problèmes touchant à l’économie et par voie de conséquence, du social.
Aussi, afin de présenter des bilans d’emplois justifiant une reprise effective appuyant les songes creux de Guy Quadden qui confond résultat bancaire et reprise sociale, ils sont arrivés à considérer qu’il fallait faire apparaître par tous les moyens des chiffres du chômage moins accablants. Je ne veux pas croire qu’ils étaient assez naïfs pour espérer que des plans d’emplois sans poste à pourvoir allaient avoir un effet positif. Ou alors, troisième et dernière hypothèse, Di Rupo et Milquet en sont arrivés à considérer le chômeur de longue durée comme un fin carottier à qui une douche froide est nécessaire.

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Inutile d’imaginer l’effet désastreux sur l’embauche que représente pour le salariat la démarche d’aller se présenter dans des entreprises qui n’embauchent pas et ce à jets continus. C’est une pression indirecte adressée aux personnels disposant d’un travail au sein de l’entreprise. Il y a gros à parier que des entrepreneurs doivent tenir un langage proche du chantage en interne aux travailleurs mécontents, en leur disant « Voyez comme tous les jours des chômeurs battent la semelle devant les bureaux de l’usine à la recherche d’un emploi. Et si vous n’êtes pas contents de votre sort, vous pouvez partir. Je ne vous retiens pas, quand des centaines de vos semblables pleurent pour un engagement ».
Finalement, c’est le seul résultat pitoyable auquel on sera arrivé : une arrogance supplémentaire des uns et une humiliation accrue des autres.
A bien considérer les mesures d’accompagnement et les manières de « jauger » les demandeurs d’emploi, on se demande si tout cela n’est pas une pelletée de terre de plus sortie du fossé qui sépare dorénavant le politique du monde réel.

2 mars 2010

Religion et philosophie.

J’ai perdu un temps précieux à l’étude des philosophies du 16me s. à la moitié du 20me s. parce qu’il y manque un des éléments essentiels du discours philosophique et qui n’est pas prêt de sitôt d’intégrer les cours de philo à la place qu’il mérite.
Il s’agit de l’explication politique du phénomène religieux d’une littérature philosophique clandestine occultée, pendant près de quatre siècles et demi, par les autorités religieuses et les Etats.
Gustave Lanson découvrit en 1912 un certain nombre de copies manuscrites de textes "philosophiques" ou anti-chrétiens dans les bibliothèques municipales de France. Il venait de mettre le doigt sur un gisement caché de la vie des idées à l'Age classique.
Depuis, les découvertes se succédèrent, toutes aussi curieuses et intéressantes. On en découvre et on en répertorie toujours aujourd’hui.
En 1980, un nouvel inventaire a été publié grâce au concours d’Olivier Bloch à la Sorbonne. Enfin la littérature clandestine sort d’un long sommeil avec 130 titres.
C’est comme si on nous avait caché d’autres Spinoza, d’autres Montaigne…
Ces découvertes interpellent les spécialistes de la philosophie et de l'histoire des idées et des religions, de l'apologétique et de la littérature, comme aussi de l'imprimerie, de la censure et de la diffusion des textes.
L'image traditionnelle de la philosophie à l'Age classique, réduite à quelques textes prestigieux, a été amputée par la censure d’une littérature « dérangeante et anticonformiste ». Les auteurs se sont cachés, se sont expatriés en Allemagne et en Hollande pour fuir la répression. Cela oblige à lire entre les lignes et à interpréter autrement les grands philosophes.
Bref, il y a eu un complot ourdi par les puissants pour abuser les peuples.
Le Theophrastus redivivus daté de1659 est un des ouvrages clés de l’imposture des religions. Il nous donne à méditer sur une étude très précoce et très complète de l’athéisme à l’âge classique. Pendant des siècles toutes les traces de l’existence du fameux livre avaient disparu. Pourtant des contemporains l’avaient lu sous le boisseau, comme la génération suivante. Il est quasi certain que Spinoza en avait pris connaissance. Montaigne, près d’un siècle auparavant, s’était aussi frotté à cette littérature interdite, dans d’autres circonstances et d’autres auteurs. Des copies manuscrites circulaient. Les érudits se passaient les bonnes feuilles sans prévenir leurs lecteurs de leurs sources, et pour cause… les philosophes, il est vrai, sauf à titre exceptionnel, n’ont jamais brillé par leur courage !Tout le monde n’est pas Socrate.

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Une réflexion sur l’état de nature et sur la loi de nature dans le Theophrastus permet de relativiser et de dater la notion d’imposture ; qui amène à envisager une rupture majeure dans l’histoire de l’humanité du processus des naissances et des destructions des civilisations.
« Cette thèse détermine la position du Theophrastus à l’égard des principes du droit naturel largement partagés au XVIIe siècle. Il est intéressant de remarquer que, par ce biais, l’auteur clandestin déplace la maxime de Plaute reprise par Hobbes (homo homini lupus) du contexte de l’état de nature, pour la replacer dans le cadre de la civilisation : c’est dans l’état social ou politique que l’homme devient systématiquement agressif envers ses semblables, car pour instituer la justice légale et humaine il fallut faire une horrible violence à la justice naturelle (Religion, autorité et imposture chez Gabriel Naudé et Pierre Bayle du 5 juin 2009 — Richard Hodgson)
La littérature philosophique clandestine de la fin du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle naît ainsi du contexte intellectuel défini par la rivalité des grands systèmes de Descartes, de Gassendi, de Hobbes, de Malebranche, de Spinoza, de Locke, bientôt de Leibniz.
Les clandestins de la pensée soulignent l'évidence de la raison et si cette évidence de la raison est un critère de certitude, qu'avons-nous besoin de Révélation ? Si la raison humaine est un guide sûr, la Raison divine doit s'y conformer. Dès lors, l'histoire biblique, histoire d'un Dieu jaloux et tyrannique, dont les actes sont incompatibles avec notre conception de la justice, de la bonté, de la sagesse d'un Etre infiniment parfait, n'est que l'histoire d'un peuple primitif et misérable. L'histoire des religions est celle d'une imposture politique. Ainsi, un texte comme l'Examen de la religion (1.) témoigne de la transformation du rationalisme chrétien de Malebranche en rationalisme philosophique anti-chrétien.
Dans les clandestina, on trouve des critiques systématiques du texte biblique, des dogmes et du clergé. Puisant à toutes les sources, nos philosophes secrets dénoncent l'erreur des religions : fausse conception de Dieu, ignorance du mécanisme de la nature, preuves embarrassées et ridicules, ruses et manoeuvres des prêtres et concluent que l'Eglise n'est autre chose qu'une société d'hommes. L'épistémologie rationaliste des philosophes, leur analyse des causes psychologiques de l'erreur, entraînent des conclusions radicales. Parmi le petit nombre d'esprits éclairés, la philosophie est conçue comme la dénonciation de l'erreur au nom de l'évidence de la raison. On peut donc penser que ce qui nous a servi de thèmes à penser n’a jamais été que l’expression d’une propagande au service des Grands.
Qui un jour osera faire le ménage et établir à leur juste place les philosophes clandestins en bouleversant les publications et en remaniant de fond en comble, les dictionnaires de la philosophie ?
Michel Onfray a, semble-t-il, abordé la question dans son « traité d’athéologie ». Il reste à rendre la place qu’ils méritent aux anonymes qui l’ont précédé.
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1. Examen de la religion dont on cherche l'éclaircissement de bonne foi ; in éd. G. Mori, Paris, Universitas ; Oxford, The Voltaire Foundation.

1 mars 2010

Nazi !

Nous sommes de la bonne année, de ces gens qui sortent aux mois de décembre le sapin en plastique du grenier, qui le décorent avec les anciennes sulfures et achètent de nouvelles afin que celles qui se sont brisées ou qui ont disparu ne laissent pas des vides sur les branches.
Voilà 55 ans qu’Adolphe est mort dans son bunker sous la chancellerie. Le nazisme a survécu. Des nostalgiques, des anciens SS, puis leurs admirateurs et des illuminés ont cru poursuivre la croisade jusqu’en 89 contre le communisme et sont repartis pour une autre croisade après la chute du mur, avec les mêmes arguments d’exclusion de ceux qui sont différents.
Nous nous sommes arrêtés sur une époque et sur un visage. Nous avons cru en fixant le nazisme sous une seule dénomination l’avoir tué.
C’est en observant et en écoutant les ligues, les comités du souvenir et les législateurs confortant les citoyens contre le racisme et l’antisémitisme, en scrutant en face, les fausses raisons ou les vraies raisons contradictoires et de part et d’autre, ces cris ou ces jurons que le peuple entend, que je me demande si le nazisme n’est pas partout et y compris là où l’on ne l’y attendait pas, bref, qu’il n’a jamais vraiment disparu ?
Force est de croire que le nazisme n’est pas mort, qu’il prend la forme que certains souhaitent qu’il ait et que d’autres ne souhaitent pas.
Qu’est-ce dans le fond que le nazisme ?
C’est de croire détenir la seule vérité en-dehors de laquelle, tout n’est qu’erreurs et balbutiements imbéciles et de contraindre les gens par la force si besoin est, d’admettre cette vérité comme essentielle partout (un peu le cas des religions).
Vu sous cet angle, le nazisme pourrait se décliner en une multitude de petits nazismes qui n’iraient pas jusqu’aux sévices sur les personnes, mais qui n’en demeurent pas moins des germes capable de déboucher sur l’anthrax agressif du national socialisme.
Je ne sais pas si c’est bien malin de lutter contre les petits nazis en le devenant soi-même, un peu à la manière dont nous faisons les Lois qui les interdisent.
Le répertoire des nouvelles vocations est vaste Cependant notre Société affecte d’en décompter quelques-unes en comparaison avec les propos imbéciles du nationalisme primaire, comme on l’entend parfois dans des réunions flamingantes ou les « paisibles » réunions de pensionnés à la belle saison sur les bancs, quand un passant évoque par sa peau cuivrée un lointain ou proche Orient. Cette bénignité pour un mal plus grand nous atteint tous, si bien qu’au nazisme en grand, nous répondons par un nazisme en petit.
Le nazisme en regard du monde contemporain est significatif de sa transparence, puisque nous ne l’apercevons pas dans la plupart des cas.
La modernisation dans l’immédiateté du résultat, la façon d’ignorer le passé dans ses métiers et ses techniques, les tutoiements de tout qui est dans l’apparence une réussite, envers le monde de la confusion et de l’échec établi sur les critères de la réussite, ce monde fusionnel et sans rival qui nous pousse dans le dos vers la société intégrale, n’est-ce pas l’aboutissement d’une vue nazie de l’avenir de l’homme ?
N’est-ce pas Théodore Adorno (1) qui soutint que les conditions sociales qui ont rendu possible la Shoah n’avaient pas disparu à la disparition des camps ?

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Orwell nous a suffisamment prévenu (La Ferme des animaux, préface) « Le remplacement d’une orthodoxie par une autre, n’est pas nécessairement un progrès. Le véritable ennemi, c’est l’esprit réduit à l’état de gramophone… ». En démographie, comme dans le nazisme, il existe tant d’automatismes identiques pour nous faire répéter « La voix de son maître » !
La politique du gouvernement belge, comme par ailleurs la politique des gouvernements d’Europe, c’est de tendre vers une société sans crime, une société d’harmonie et de consensus. Cette vision utopique se voit dotée d’une kyrielle de lois et de règlements administratifs des plus contraignants. Ce qui se voit sur la route avec la résurgence du permis à points en France et l’objectif « plus un mort sur les routes » pourraient paraître utile et préservant des vies humaines, en réalité, cela fait partie de la politique globale d’une société « clean » qui est une forme de nazisme déguisée. Mais sa fonction secrète, celle que personne ne montre, c’est la paravent qu’elle fait à des pratiques autrement meurtrières qui s’exercent quotidiennement en toute impunité dans les usines, dans les files de chômage, dans les inégalités sociales, racistes et cependant légales, dans les pays exotiques, dans notre commerce, nos échanges, nos transferts de biens et de services.
Ce nazisme-là est en augmentation constante. Il évolue vers un discours totalitaire auprès duquel celui de Nuremberg n’était qu’un aperçu douteux et passager.
Pourquoi le nazisme allemand n’a pas réussi ? Parce qu’il n’était pas mondial. Son petit frère l’est. On a toutes les chances de le voir grandir et réussir.
Décidément, cette année, je laisserai l’arbre de Noël au grenier.
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1. Theodor W. Adorno (1903-1969) philosophe et sociologue, allemand, l'École de Francfort établissant la Théorie critique. Introduit avec Max Horkheimer la notion interdisciplinaire d'industrie culturelle, « La Dialectique de la raison ».