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30 avril 2022

Salle 24.

Il est certaines situations imprévisibles qui vous projettent dans un autre monde duquel vous ne connaissez pas grand-chose. C’est l’occasion d’une méditation avec ces quelques réflexions qui ne tournent pas nécessairement toutes autour de l’hôpital, mais y ont quelque part un lien, sinon une présence. Richard III ne les eût pas écrites dans d’autres circonstances.
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On se demande si tous les médecins qui arborent un stethoscope, alors que certains ne s’en servent jamais, ne le font que pour s’affirmer visuellement dans la hiérarchie hospitalière. De même que l’épaulette à étoiles se monnaie sur un site d’achat, un stéthoscope vaut de 30 à 40 euros. J’ai eu envie d’en acheter un pour voir la tête des médecins à l’approche de mon lit.
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On peut mourir de mille manières. Les plus pénibles sont celles où la lâcheté accompagne la douleur. Le meilleure manière est encore de mourir sans s’en apercevoir.
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On dit à quelqu’un qu’il va mourir et il reste impassible. Il a oublié l’allée où il a laissé sa voiture à Belle-Île et le voilà dans tous ses états.
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Ambiance d’assoupissement – J’ai envie de m’assoupir, ne serait-ce que pour faire comme tout le monde. En définitive, je m’assoupis par besoin personnel. Pourquoi le temps d’assoupissement semble plus court chez soi qu’à l’hôpital, puisqu’il est le même sur la pendule ? Ça doit être l’intérêt que l’on porte à ce qu’on va faire une fois réveillé qui veut ça.
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Un absurde règlement m’enclot dans un hôpital désert 12 h supplémentaires. C’est oublier que pour certains malades le temps compte double.
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Le temps passe-t-il plus vite en faisant le vide dans sa tête, donc en ne pensant à rien ? Si c’est le cas, dans certaines circonstances, les demeurés ont bien de la chance !
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À l’hôpital, on tire le rideau entre deux lits pour ne pas exposer les disgrâces humaines.
Au théâtre, c’est le contraire.
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On soigne sans délai des maladies qui ne peuvent pas attendre, évolutives ou dégénératives rapides, sauf le week-end, où elles sont sommées de faire comme les organes qu’elles parasitent : attendre le lundi comme tout le monde. Quand elles persistent, on dit qu’elles ne sont pas maîtrisées, qu’elles sont hors-contrôle. Forcément puisqu’il n’y a personne pour les contrôler.
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Un médecin expert, c’est quelqu’un qui peut avoir deux stéthoscopes autour du cou, comme à l’usage un est suffisant, il n’en a aucun. Son signe extérieur donnant son grade est alors fort variable. Il peut être un tablier de salle d’opération ou encore un vêtement extravagant qu’un ambulancier n’oserait pas revêtir sans encourir un blâme de son supérieur.
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Certains esprits touchent à l’universel en toutes occasions. A l’hôpital, quand on vous demande si vous êtes allé à la selle le matin, de grands esprits doivent penser à Kant, si ponctuel dans ses promenades matinales, pour en déduire que s’il avait besoin d’ordre pour élaborer son œuvre philosophique, il y a gros à parier qu’une constipation ancienne et persistante lui taraudait l’esprit et qu’une promenade quotidienne régulière était de nature à un compromis entre besoins de la nature et besoins spirituels.
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Il n’était point mauvais que mon supérieur, lorsque je travaillais, me considérât avec quelques mépris. Ainsi, la hiérarchie trouvait un équilibre dans une sorte de valeur supposée être juste, dans les strates d’une administration attribuant plus de crédit au méprisant qu’au méprisé. L’effet en était une sorte d’indulgence du sommet à la base, prédisposant à des rapports harmonieux entre les parties. Pour tout autant que le condescendant trouvât dans l’attitude de l’inférieur un consensus de soumission avec l’abandon de tout esprit de rivalité.
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Les Mutuelles auraient bien fait de consulter les contrats en matière d’accidents automobiles avant de se lancer dans l’assurance hospitalière : après trois accidents, viré !
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Les métiers relevant de l’hôpital sont souvent bien difficiles et mal payés. Pourtant, dans leur ensemble, ce sont eux qui donnent à l’Humanité ses lettres de noblesses.

26 avril 2022

Propos gaziers.

Le jour où des partis se sont mis d’accord pour que seules les diverses opinions qui en sortent soient prises en compte pour l’organisation politique du pays, on a rompu toute ouverture au dialogue avec une partie de l’opinion.
De ce jour est née la pensée officielle, le bien-dire de convention. De là à traquer les mots « forts » qui, de tous temps, émaillaient le langage et l’écrit, il n’a qu’un pas. À tel point, qu’il est devenu inapproprié d’appeler quelqu’un qui écrit pour un autre, un « nègre », comme seuls les Juifs ont le droit de s’appeler « Youpins » dans les blagues qu’ils traduisent du yiddish, à notre grande joie.
De là à sombrer dans le ridicule avec les langues, il n’y a qu’un pas inscrit au fronton des casernes « Gendarmerie nationale » et juste en-dessous « Nationale gendarmerie » pour ceux qui n’auraient pas compris.
On en est à la culture woke venant des USA et du Canada. Sandrine Rousseau, candidate malheureuse à Ecologie-Les Verts en France, en illustre définitivement l’incongruité ubuesque par cette réflexion qu’elle fit devant des électeurs dont on ne sait s’ils furent enthousiastes ou sidérés. « Une femme aurait le droit de porter plainte à la Justice si son compagnon ne prend pas part aux travaux ménagers, cuisine, vaisselle, entretien, etc. »
Sauf que cette fumisterie, qui devrait en principe signifier aux opinions rebelles que les Autorités établies entre les partis de tradition ont seuls toujours raison, n’obéit pas aux votes secrets des électeurs, ce dont profitent les partis d’au-delà le plafond de verre : Vlaams Belang et N-VA.
Les pouvoirs ont bien pensé interdire ces partis. Mais comme à eux seuls, ils pourraient un jour être majoritaire en Flandre, il devient délicat d’intimer le silence à presque la moitié de la population.
Et puis est venu Charles Michel, avec sa grosse ambition et son désir d’être premier ministre.
Qu’est-ce que les coalisés du politiquement correct ont fait ?
Ils ont tout simplement crevé le plafond de verre pour faire passer la N-VA par l’ouverture et reboucher toute de suite après le passage, pour que le Vlaams Belang reste hors normalité.
Il suffisait que le MR persuade ses compères en bien-dire pour que Bart de Wever et ses affiliés entrent dans le saint des saints du pouvoir.
Il faut dire qu’il y avait presse et qu’il était moins le quart pour offrir quelque chose aux électeurs. Ainsi l’opinion se rassurait, Bart de méchant devenait un sage et Charles Michel de président obscur du parti de la galette, devenait premier ministre.
On a espéré beaucoup de rallier à la cause du Palais des flamingants assagis. On ne voyait à l’époque que le moyen d’en sortir en grossissant les rangs de la « bienpensance ».
Non seulement, c’est la N-VA qui a fait sauter le gouvernement Michel ; mais tout au long de la conversion miraculeuse, de Wever n’a eu de cesse de se différencier des « normaux » à cause de la concurrence du Vlaams belang, dans la perspective aux élections suivantes, d’être le parti le plus nombreux.

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C’est difficile de faire venir parmi les brebis de la Royauté éternelle une brebis noire en la décrétant blanche, sans sombrer dans le ridicule. C’est fait. Si bien qu’on ne sait plus « cloisonner » une N-VA à la fois dedans et dehors le plafond de verre.
Le président MR Bouchez en prévision des jours encore plus sombres que ceux que nous traversons est en train de jouer les Charles Michel, mais à propos du Vlaams belang. Si ce parti pouvait se faire avoir comme la N-VA et qu’il serait hors plafond de verre, on le doterait de quelques postes ministériels, quitte à en inventer un, comme le ministère de la flamanditude, ainsi on pourrait survive encore cinq ans.
C’est que l’on compte par lustre aujourd’hui, une survie de l’État belge.
La Belgique malgré ses éléphantesques administrations-tampons peut toujours devenir la victime d’une fusion N-VA, Vlaams belang, si à un scrutin, ces partis avaient la majorité absolue en Flandre.
Que ferait le pouvoir bourgeois, le Palais et la camarilla woke ?
Appeler l’ultime recours, Georges-louis Bouchez soi-même.
Il aurait le feu vert pour tout concéder aux Flamands de la part de l’ancien club du bien-dire, qui ne serait plus qu’un clan agissant pour le compte du Palais, à condition de rester « Belge », même si cette nationalité ne veuille plus rien signifier.
Alexander De Croo tient encore la boutique. Mais jusqu’à quand ? L’élaboration du gouvernement a déjà pris tellement de temps qu’on se doute qu’aux urnes prochaines, le suivant battra tous les records de longévité entre les intentions et la mise en pratique d’une nouvelle équipe.
Et si cette nouvelle équipe ne pouvait prêter serment ? Qu’elle serait dominée par l’opposition flamande qui n’en voudrait pas ?
Sans doute l’union Européenne y mettrait son grain de sel. Ferait peut-être des propositions hors légitimité, comme on sait le faire quand le pognon ou la raison libéralo-bourgeoise le commande ?
C’est un avenir dont personne n’a la clé.
Tout à fait possible serait aussi l’extinction des feux de l’usine à gaz Belgique ?

25 avril 2022

Vivaldi, la polka des gougnafes. .

La coalition du gouvernement De Croo fait peine à voir. Tout se déglingue. Les chiffres sont au rouge.
Le FMI fait des estimations accablantes qui font de la Belgique, le malade de l’Europe : une faible croissance économique est attendue dans les années à venir, associée à des dépenses publiques élevées. Ministres en tous genres, hauts fonctionnaires en surnombre, l’argent public nourrit une nouvelle classe bourgeoise : les particrates !
On ne le savait pas, Eva De Bleeker (Open Vld) s’est elle-même baptisée « madame Thatcher ». La secrétaire d’État au budget rappelle à Karine Lallieux avec son projet de pension à 1500 € que « Nous devons nous en tenir à notre trajectoire initiale, cet objectif d’un déficit de 3% en 2024 ». Comme la pension à 1500 était l’unique argument que le PS avait d’entrer dans la Vivaldi, on voit comme le parti de Magnette est coincé, une fois de plus, sous l’avalanche des comptes désastreux de la boutique libérale. Au pain noir et à l’eau de l’austérité pour les petits, ce n’était pas précisément le programme de la Vivaldi !
La Belgique avec ses complications d’usine à gaz linguistique est le paradis des emplois ministériels doublés, triplés et parfois quadruplés. Des dirigeants censés penseraient d’abord couper dans cette munificence politicienne, c’est sans compter sur cette nouvelle bourgeoisie qui en est née et qui envisage toutes les économies qu’on veut sauf celle de toucher à son grisbi.
Une faible croissance économique est attendue dans les années à venir, associée à des dépenses publiques élevées (le train de vie de l’État est intouchable). L’opposition, mais aussi l’organe consultatif du Conseil supérieur des finances, demandent que le budget soit assaini, notamment par des réformes structurelles. C’est la grogne. l’optimisme n’est pas de mise.
Dans l’hémicycle, le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) et l’opposition du Vlaams Belang et de la N-VA s’affrontent sur le budget, ce qui n’empêche pas le guignolo maison, GLB pour les dames, de fendre le plafond de verre et de s’en aller faire la causette avec le patron du VB sur une télé flamande. Il imite en cela Charles Michel qui avait dédouané Bart De Wever en son temps, pour les besoins de sa cause (devenir premier ministre).

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Pour les libéraux, « 1,7 million de personnes sont inactives aujourd’hui ». Quand fera-t-on quelque chose pour activer le marché du travail » beuglent-ils, eux qui ont besoin de cette main-d’œuvre pour nourrir leur standing. L’activation, version MR, c’est serrer la vis sur le chômage, affamer les populations pour qu’elle se rue sur du n’importe quoi à des salaires de misère.
Un opposant flamand a eu cette phrase poétique : « La Belgique, c’est une Grèce sur la mer du Nord. » Car, à part le PTB en Wallonie, tout semble baigner dans l’huile à Namur avec le duo des amours PS-MR Borsus et Di Rupo. C’est du côté flamand que viennent les critiques les plus caustiques.
Le FMI a parlé d’un déficit public de 5,4 % en 2027, si rien n’est fait : le pire score de tous les pays industrialisés ; seule la Roumanie ferait pire ; en termes de dette publique, seules l’Italie et la Grèce nous devanceraient.
Pour De Croo, c’est la faute à la conjoncture. On ne peut rien contre elle. La croissance économique est inférieure de plus de 1 % aux estimations faites lors de la préparation du budget, en raison de la crise en Ukraine. C’était difficile à prévoir. Notre volonté a disparu dans le triangle des Bermudes.
Ça va mal, mais comme le marché de la mitraillette est le seul florissant, la Belgique va sortir 450 millions d’euros supplémentaires pour assurer sa Défense.
Rue de la Loi on se demande comment faire pour sauver les meubles ?
Pas que l’éléphant fédéral au plus mal, les régions wallonne et bruxelloise sont également confrontées à des déficits importants, sans parler de la communauté française.
Impitoyable l’UE additionne tous les budgets en un seul morceau. Nos complications administratives ne l’intéressent pas. Ce n’est pas à cause d’elles que nous avons besoin de tant de ministres et tant de personnages grassement payés à tous les niveaux, mais par nos chipoteries afin de ne pas déplaire à la Flandre, que celle-ci reste encore un peu parmi nous.
Nous ne savons pas combien de temps la guerre va durer en Ukraine, nous ne savons pas quelles vagues de corona vont arriver, disent nos élites. Ils en savent tellement peu qu’on se demande de quel magazine ils sortent les quelques informations qu’ils certifient justes. Ils ont probablement découvert sur Télé-Moustique que les Belges doivent s’attendre à se serrer la ceinture et c’est tout ce qu’ils nous prédisent. Ce qui les travaille encore, ce sont les réformes structurelles. On n’avait pas encore assez établi de relais ni placé des connexions dans l’usine à gaz. Un gouvernement qui se veut faire des réformes et qui n’en fait pas, ça ne ressemble à rien. Le lion des Flandres a faim. De Croo n’apparaît pas avec son seau de viande fraîche à jeter au fauve. Celui-ci se languit. Alexander a intérêt de ne pas trop se placer près des grilles de la cage.
Les libéraux espèrent encore une réforme costaude du marché du travail. Ils ont sur la table 35 mesures prêtes, juste pour s’assurer que le taux d’emploi augmente, c’est en fait la clé. Si nous pouvons passer de 70 % à 80 %, alors 700 000 personnes de plus se retrouveront soudainement sur le marché de l’emploi et la balance s’améliorera soudainement de 14 milliards d’euros par an, déclarent-ils. Sauf que certaines de ces mesures sont à faire hurler les socialistes et les chômeurs.
Vous avez dit Vivaldi ? Un gouvernement baroque, oui ! Un maestro à la hauteur ? Non !

23 avril 2022

Démocratie et partis politiques.

A quoi peuvent encore servir des partis politiques dont les gens se détournent ? Dès lors qu’ils ne sont plus utiles que pour y faire profiter quelques carriéristes et répondre à une fonction markéting confortant le clientélisme, on se doute bien qu’ils vont se confronter avec leurs électeurs sur le sens à donner à la démocratie. Comme ils sont maîtres des estrades et des micros, avec leur jactance et leur mépris des gens, ils sont certains de rester en place, jusqu’au jour…
Comment interpréter le score de 1,7 % du PS lors du premier tour pour la présidence française ?
Certes la candidate, Anne Hidalgo, n’avait pas le bon profil. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, aurait dû le savoir. Mais, dans un parti en perte de vitesse, les pointures prêtes pour le casse-pipe sont rares. Il fallait une présomptueuse, doublée d’une mal informée pour y aller. Hidalgo faisait l’affaire.
Le score d’1 % 7 est révélateur d’une trop longue collaboration à la culture techno-libérale d’un parti structuré comme la société bourgeoisie dont il est dépendant. La gauche non-communiste est depuis la Libération si aisément récupérée qu’elle est la plus consentante de toutes les autres formations pour adhérer à toute sorte de coalition.
Ce bouche-trou idéal complémente tout gouvernement qui a besoin d’elle. La majorité absolue l’affole. Ce qu’elle craint le plus, en ce cas, c’est de renouer avec les syndicats et le peuple.
Le PS français a atteint un point de stérilité jamais égalé.
Ce parti ne s’est jamais défini autrement que par rapport aux autres. Il n’a plus de ligne propre depuis longtemps, pas de spécificité particulière.
Ses vieux démons et son carriérisme font le reste. Très bien implanté encore localement, le score d’1 % 7 peut faire mal aux législatives. Si les derniers électeurs PS se rendent compte qu’ils votent pour un parti placé entre Poutou et Nathalie Arnaud, ça pourrait jeter un froid.
Qui aurait cru que le PS pouvait disparaître, sinon, devenir un parti « bas de gamme » !
Pourtant, ce cheminement vers sa fin était inscrit dans la suite logique de ses renoncements. On ne peut pas impunément changer ses statuts et faire d’un ennemi irréductible de la bourgeoisie libérale, un allier de fait collaborant avec toutes les classes de la société de consommation à l’exclusions des extrêmes.
Et c’est là le hic !
Les extrêmes ne sont jamais que des partis aux prises de position incompatibles avec l’ordre libéral.
Tout n’est affaire que de mots et de positions pour décréter qui est à exclure ou se conjugue très bien avec le néolibéralisme. Le PS veut rester dans un cadre pro-européen d’ouverture au monde d’une orthodoxie capitaliste.
Pour d’autres raisons, Les Républicains ont la tête dans le sac. Leur candidate, Valérie Pécresse, n’atteint pas les 5 %. A la différence du PS, ce parti pourrait renaître sans ses scories en les abandonnant au Centre et à Macron. Mais la place qu’il occuperait est déjà encombrée du parti d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen.

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A la différence du PS, le parti LR est dans la sphère du pouvoir depuis toujours sans avoir eu besoin de modifier ses statuts et sa manière d’être. C’est un parti « légitimé » car naturellement libéral et pro-européen. Son centrisme sous l’impulsion de Madame Pécresse est Macron compatible. Il se pourrait que cette dernière fasse partie du futur gouvernement du dernier quinquennat de l’actuel président.
Que retenir de ce profond changement en cours de la vie politique française ?
Les législatives qui vont avoir lieu bientôt sont d’un rare intérêt.
Elles traduisent le désarroi des partis devant des électeurs qui n’en veulent plus. Elle remet en cause la recherche d’une démocratie qui n’a plus le sens qu’on attribuait aux élections pour en certifier la valeur. Les référendums d’initiative populaire et la désignation par le sort de certains emplois parlementaires, ainsi que d’autres contacts avec les gens, pourraient redonner un peu de couleur à une démocratie qui n’en a plus.
On peut douter que le prochain quinquennat qui va revoir le même, fort vraisemblablement, là où le peuple n’est plus d’accord qu’il soit, va rendre le cours des choses difficile. Des émeutes, une guerre civile ne sont pas à exclure.
Il est fort peu question ici des phénomènes politiques belges sur les difficultés que rencontre la démocratie. C’est que la situation critique n’est que pour le seul PS belge.
Mais elle existe néanmoins et la disparition de ce parti, en tous cas sa miniaturisation, est fort probable, puisqu’il se trouve à peu de choses près dans les mêmes contradictions que le PS français.

22 avril 2022

La confrontation.

Comme ce débat entre deux concurrents briguant le poste suprême fut long et sans relief !
Des chiffres, des colonnes ou les caser sous les dénigrements de l’autre, surtout de la part d’un Macron fielleux, quand même inquiet que Madame Le Pen en vienne à parler du bilan 2017-2022.
Les deux cerbères l’un de TF 1 et l’autre d’Antenne 2 veillent au grain, laissant la belle place à leur poulain caché, en lui permettant de répondre à l’outsider, plutôt qu’à l’interpeller, choisissant de poser des questions sur le devenir plutôt que sur la longue suite d’échecs d’un mandat qui eût pu passer pour le second d’un François Hollande.
Le débat entre le philosophe érudit au talent oratoire ravageur contre le banquier sorti de l’ENA n’aura pas lieu. La banque avait trop à redouter. Les votes rassurant dictés par Rothschild et son ex-associé l’ont emporté. Monsieur Mélenchon ne démolira pas la marionnette centriste en trois ou quatre formules.
On n’évoquera pas La Fontaine, comme le fit très mal Lucchini faisant sa cour au président de la République devant la maison du fabuliste.
La Fontaine, qui fut un moment avocat à Paris et reste à jamais le plus vivant d’entre nous, lui qui ne se réveillait que pour la poésie et pour l’amour ; mais l’ombre aussi de Chateaubriand exposé pour toujours au silence et au vent de la mer. Non, nous n’entendrons pas Mélenchon, dans cet émaillage particulier d’une France à la découpe dont Macron a vendu l’essentiel, titillé par les deux journalistes des chaînes concurrentes.
Et pourtant quoi de plus déstabilisant que des citations d’auteur, des envolées expressément littéraire contre un banquier d’affaires racrapotés dans ses livres de compte d’une France mise aux enchères..
On a oublié trop vite que la présidence de la République est une responsabilité que l’on assume, et non une circonscription dont on hérite. Qui d’autre que Hugo eût pu prétendre en être et qui ne le fut jamais ? Hugo, l’inlassable avocat des États-Unis d’Europe et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ; Hugo qui écrit dans Les Châtiments un vers que nous ne devrions pas pouvoir lire aujourd’hui sans frémir :
« Ma liberté, mon bien, mon ciel bleu, mon amour
Tout l’univers aveugle est sans droit sur le jour. »
Oui, il fait bon évoquer ces ombres, et avec elles ce combat inconnu du reste du monde où s’unissent les espérances de Louise Michel et celles d’Armand de La Rouerie, celles d’André Breton et
celles de Barbey, dans le refus obstiné d’un ordre des choses auquel on ne mettra jamais assez d’italiques ; refus qui, on le sait bien, trouve son origine dans l’enfance, dans les sortilèges de l’enfance, vite détruits par le poids des regrets et le scintillement des carrières.
Ah ! le beau discours dont nous sommes frustrés, comme il résonne à nos oreilles, malgré les interruptions impérieuses des journalistes tentant d’arrondir le virage, prenant la pause sur un autre thème et les interruptions grossières d’Emmanuel Macron cherchant à déstabiliser l’orateur en lui faisant perdre le fil de sa pensée.

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Voter Macron, est-ce encore possible, alors qu’il n’existe aucun Français qui ne veuille pas rester libres ? Dans un pays d’hommes qui préfèrent la servitude ? Malgré les dénis, les coupures, les piailleries, Mélenchon se fut arrêté un instant pour rendre à César ce qui lui appartient, ces royaumes de la terre qui sont au diable, avec leurs enfants morts à la guerre, morts à la mine, morts de faim,
morts sur les routes de l’exil, et cette face hideuse de l’injustice dont a parlé Bernanos dans la préface des Grands Cimetières. Sans passé, il n’y a plus d’enfants, seulement une chiourme de
petits bagnards gardés par les serviteurs du pouvoir et de l’argent. Il n’est pourtant pas besoin d’être élu pour se souvenir comme il faut.
Resterons dans les limbes de l’imaginaire les souvenir, de l’angoisse et de l’espérance, de l’émotion et du rire, où Léautaud muselle sa panthère, et Paul Éluard ferme son cahier d’écolier sur lequel il a écrit « Liberté ».
Non, les adversaires ne se sont pas désunis et ont eu une bonne tenue de route qu’on redoutait pour Marine victime d’elle-même en 2017. Macron paraissait un tendu, manquant souvent d’élégance, revenant sur les banquiers russes de l’impétrante, à plusieurs reprises, à tel point, que de bonne guerre, c’eût peut-être été le moment d’intercaler entre deux polysémies du président, la question des bénéfices disparus du banquier-associé à la Banque Rothschild qu’on ne retrouve pas sur le document officiel de son état de fortune.
Les deux cerbères des chaînes populaires n’en eussent pas accepté la demande !
Alors, bien des téléviseurs se sont fermés vers les 23 heures laissant la petite demi-heure restante dans les possibles commentaires du lendemain, des commentateurs de presse.
En résumé, deux bons élèves appliqués sur leurs dossiers, moins précis du côté de la dame, plus hésitante. Mais il en est des dossiers comme tout le reste, on n’en retient que ce qu’on résume en une forte formule ou un bafouillage du genre incidence de parcours dont l’électeur se souvient.

21 avril 2022

De l’ironie et autres machins.

La ribambelle des officiels qui tient plus par l’influence d’un parti que par une capacité intellectuelle un emploi d’État, est en général satisfaite d’elle-même. Elle rassemble les parangons de la bêtise et décourage, dès le principe, tout véritable échange humain.
Ce mercredi nous aurons en sommet de la ribambelle des officiels, les deux meilleurs du genre.
Mais où est donc passé l’heureux temps de l’ironie légère, lorsque Clémenceau fustigeant un concurrent de la jactance s’écriait « Quand bien même j’aurais un pied dans la tombe, j’aurais l’autre dans le derrière de ce voyou ! ».
En un temps où tout qui n’est pas Centriste est extrémiste, une telle saillie finirait en procès.
Et c’est là le drame. Comment pratiquer encore l’ironie lorsque tout écart de langage est sanctionné ?
Charles Fourier (1772-1837) avait soulevé le problème des rémunérations d’une telle façon que Di Rupo l’eût traité de « communisss » s’il avait été de notre temps. Heureusement, pour lui, le PS l’a conservé dans un coin de sa mémoire parmi les précurseur sociaux. Et pourtant, tout le paradoxe des manières de tarifer le travail tient dans ces quelques mots qui aujourd’hui font hurler « L’échelle des rémunérations devrait être inversement proportionnelle à l’intérêt du labeur : très haute si ce dernier est pénible, très basse s’il est passionnant.
Celui qui poserait la question de ce qui ressort de la caverne de Platon, se verrait instantanément taxé d’extrémisme. De nos jours, il n’y a de controverses possibles qu’entre gens qui sont déjà d’accord.
La somme des éléments que l’on se procure aisément pour fonder une opinion ne nous permet pas de connaître l’avenir pour les mêmes raisons qui font que l’on ne peut parvenir à une explication nécessaire lorsqu’on procède à une analyse causale du passé. Escamoté les mille ans d’existence du Moyen-âge qui tiennent en dix lignes dans les manuels. Ce monde tant vanté par ses techniques, la qualité de sa médecine, ses approches de la connaissance de l’univers n’est pas suffisamment documenté sur son passé pour savoir d’où il vient et par conséquent où il va.
On se moque d’Anne Hidalgo et de son même pas 2 % de suffrages et on a raison d’y voir dans ce déclin du PS, la bêtise dans la première condition de cette chute. L’intellectuel de gauche racrapoté au tout dernier stade dans ce parti a cessé d’exister, bien avant le naufrage, quand la gauche est arrivée au pouvoir. Il a mesuré combien ce parti pouvait se passer de lui. Tout ce que le PS attendait, c’était qu’il vote et qu’ensuite il se taise.
Pourquoi dans l’existence actuelle la supériorité de l’homme n’est-elle plus démontrée ? Parce qu’on y a proscrit sous prétexte d’efficacité rentable, toutes les pensées « inutiles » d’où partaient jadis tous les enrichissements.

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Dans cette fureur d’unir tout le monde sous un même crédo bourgeois-libéral, on a oublié la remarque de Gustave Flaubert « J’appelle bourgeois, quiconque pense bassement ».
Quoi de plus bas que l’achat et la vente sous l’impérieux besoin de bénéfice, tout le langage du MR résumé en ces mots ?
Comme le suggère Léon Bloy qui en avait la pratique « On ne peut être et avoir été – mais si, on peut avoir été un imbécile et l’être toujours « .
C’est exactement ça, nous sommes devenus des imbéciles, parce que les temps s’y prêtent, que les mœurs y conduisent et que les techniques en produisent par millions.
On en est arrivé à glorifier une sorte d’intellectuel « pratique », tout en priant l’autre le « non-pratique » de la fermer en termes choisis, ce que Simone de Beauvoir dans « Les Mandarins » récuse de deux manières par la démonstration et surtout par la faute d’un mot que tout le monde connaît mais que d’aucun pratique « Je suis un intellectuel. Ça m’agace qu’on fasse de ce mot une insulte : les gens ont l’air de croire que le vide de leur cerveau leur meuble les couilles ».
On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’asseoir dessus, raille Talleyrand.
Cette ironie entraperçue parfois dans une pensée générale déclinante, n’est réveillée souvent que par des images que l’homme de talent saisit et donne en pâture à ceux qui ont encore les capacités de les trouver drôle.
Comme a dit Hobbes dans sa partie professionnelle « La meilleure preuve qu’il existe une intelligence extraterrestre, c’est qu’elle n’a pas essayé de nous contacter ».
Même les librettistes des feuilletons télé, comme les boulevardiers du type Palmade-Robin se gardent bien de faire rire sur les choses essentielles que notre société pudibonde glisse sous le tapis. On se borne à surfer autour des mots à la Feydeau du genre « L’argent ne fait pas le bonheur. C’est même à se demander pourquoi les riches y tiennent tant ! ». On s’arrête là. La moquerie suivante devenant « extrémiste ».
C’est une grande misère que de n’avoir pas assez d’esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire, conclu La Bruyère.
Ô combien l’Homme des Caractères a raison… ainsi moi !

20 avril 2022

Deuxième Tour !

Les électeurs français sont appelés aux urnes pour le scrutin présidentiel qui départagera le président sortant Macron de Marine Le Pen, arrivée en tête des autres candidats. Si c’était de bonne guerre que le président restât au-dessus de la mêlée, faire une non-campagne et passer quand même au second tour, en dit long sur les motivations de la bourgeoisie d’une alliance implicite avec les banques et le pouvoir occulte de l’argent, pour flatter leur poulain même restant à l’écurie, se moquant publiquement de la démocratie et de l’usage qui en est fait.
Les journaux n’ont pas attendu le fameux débat sur le front républicain pour faire barrage aux Le Pen, père et fille, depuis l’élection de Chirac. Ils ont entamé le couplet en affirmant leur enthousiasme pour Macron de façon assez gênante. On les savait attachés au pouvoir en place, mais à ce point, cela devient délicat pour eux et Macron, de vanter la liberté de la presse !
Quant au front républicain, il affiche de profondes lacunes à commencer par les Insoumis. Le discours de Mélenchon, à l’issue du premier tour, exhortait seulement les militants à ne pas voter Le Pen.
Vu d’un point de vue neutre extérieur, le choix entre ces deux-là n’est pas simple. Les acteurs sont sensiblement les mêmes qu’il y a cinq ans, l’extrême droite a encore gagné en puissance et les forces de gauche sont toujours aussi dispersées. Quant au président sortant, il ne peut plus entretenir l’illusion de la nouveauté qui l’avait porté au pouvoir. En témoigne son programme, improvisé sur le fil pour obtenir un maximum de suffrages de droite dès le premier tour, avec la retraite à 65 ans.
Le bilan du président sortant est on ne peut plus faible. Il n’a pratiquement entrepris aucune des réformes qui le fit élire par la droite et la gauche socialiste. Sa politique face à la pandémie est émaillée d’échecs, dont le plus cuisant est l’état dans lequel il laisse les hôpitaux publics. La guerre en Ukraine l’a sauvé une seconde fois de la redoutable mission de défendre son bilan. Son dialogue avec Poutine a tourné au ridicule. Il s’est rabattu sur l’Europe dont il est le président pour six mois. Là encore, il joue le grand destin des Européens contre celui de la France. Et pour cause, le sort des Français, la crise des Gilets Jaunes, les bas salaires, la montée des inégalités, il semble bien qu’il ne comprend pas.
Reste le contentieux de la déclaration de revenus du président. Où sont passés ses gains de la Banque Rothschild ? Après de multiples rencontres avec Peter Brabeck, le patron de Nestlé croisé à la commission Attali, le banquier Macron parvient à piloter le rachat des laits infantiles de Pfizer. La baston avec Danone est dantesque. La transaction est évaluée à neuf milliards d’euros. Grâce à son coup, Macron va se mettre « à l’abri du besoin jusqu’à la fin de ses jours ». C’était en 2012. Dix ans après, il serait sans le sou ?

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Un second mandat de Macron comporte d’autant plus de risques pour les catégories populaires qu’il serait le dernier. Il pourrait se lâcher et montrer vraiment ce qu’il est : un bourgeois de droite.
Le projet libéral de Macron différé grâce aux “gilets jaunes” et à la crise du Covid-19 — ne connaîtrait d’autres limites que les chocs brutaux qu’il a la capacité de réduire et même de briser, sa police s’étant faite la main sur ceux qu’ils ont meurtris sur les ronds-points et dans les manifs.
A part Mélenchon qui a fait un très beau score derrière Marine Le Pen, les autres représentants des classes populaires se sont éteints, voire ont été atomisés dans la confusion extrême. Le sort des classes populaires ne semble pas passionner les candidats de droite et du centre. Le destin électoral des ouvriers et des employés oscille entre abstention et vote pour l’extrême droite. Ce cliché repose sur une représentation profondément erronée des forces sociales. Face à la coalition des bourgeois qui rassemblera spontanément la droite et le centre au second tour de l’élection présidentielle, les classes populaires demeurent numériquement majoritaires mais politiquement pulvérisées.
Dans le cas où Macron serait réélu, cette réelle majorité, mais dispersée, pourrait se réunir sur une provocation du pouvoir, rendant le plan inaudible de Macron sur ses réformes.
On sent que ce cas de figure est vraiment pris au sérieux, à la manière dont les journaux se comportent, très près du pouvoir et on le sait depuis les Gilets Jaunes, capables de mentir ou de minimiser sur certains faits accablant le pouvoir ou même d’en ressusciter certains, comme les 600.000 € que Marine le Pen aurait « volés » à l’Europe et qui résultent d’un litige non encore tranché sur la participation active des mandataires de son parti et d’elle-même à l’Europe.
Reste la candidate au siège suprême, venue deuxième sur le podium.
Est-elle devenue plus souple, plus près des gens avec une sincérité accrue ? On l’a dit toujours aussi mauvaise élève en économie, mais elle aurait fait des progrès sur les autres grands sujets : la défense, la protection des frontières, l’immigration, en ce sens qu’elle se serait servie des discours radicaux de Zemmour afin de passer pour intransigeante, tout en les édulcorant pour s’aligner sur une ligne empruntée au PS dont l’essentiel des militants votent Rassemblement National, depuis François Hollande et son quinquennat raté.
Front ou pas républicain, Marine Le Pen perd nécessairement des adhésions à son programme par la contrepropagande qui en est faite.
Sera-ce suffisant les 8 % portés sur la liste de Zemmour et reportés sur la sienne, tout au moins en partie, pour passer le deuxième tour ? On l’ignore.
Reste le débat entre Elle et Macron. On sait comme on peut y perdre tout en une phrase ou en une attitude. En résumé, la France est mal embarquée dans un match entre la peste ou le choléra, comme on dit de deux candidats en butte à des aversions profondes et des antagonismes irréconciliables, d’une bonne moitié de la population.

18 avril 2022

La jeunesse en 2022.

Ce gouvernement imbuvable et mal adapté au drame d’une société libérale qui se désagrège de crise en crise, n’a évidemment rien à offrir à la jeunesse, aucune perspective en Europe et ailleurs, aucune éclaircie en vue dans une stagflation qui réserve ses coups aux plus faibles.
Alors, sous l’impulsion du MR, ce gouvernement fait bouger les lignes en durcissant ses rapports avec la jeunesse, usant de l’arsenal des lois pour retirer le pain de la bouche à qui il peut.
A passé 25 ans, l’âge critique pour entrer dans un emploi fixe, la plupart des jeunes ne savent toujours pas ce qu’ils vont faire depuis être sortis des études ou du chômage.
La vie professionnelle n'est pas la continuité de la vie étudiante, comme le chômage n’est pas l’école où s’apprend la soumission aux ordres des chefs.
Pour l’establishment PS-MR les jeunes adultes sont censés avoir trouvé leur voie professionnelle dans une carrière stable. Dans le cas où l’ONEM prend en main la carrière du demandeur d’emploi, on est presque sûr à100 %, que ce sera un échec ! Le placeur aura à pourvoir des emplois possibles et non pas chercher à satisfaire des jeunes qui ont fait un choix de carrière, mais n’ont pas encore trouvé un employeur.
De boulot d’un jour, à un contrat d’une semaine, les jeunes sont de plus en plus nombreux à se trouver en errance professionnelle. Perdus, insatisfaits de leur emploi, en quête de sens, soumis à la pression sociale et parfois même à des injonctions parentales, ces jeunes adultes veulent entrer dans le monde réel, mais pas n'importe comment. Et surtout plus au détriment de leur bonheur ni de leur système de valeurs.
En Belgique, le travail est un marqueur social très fort. Dans l’anodin « que faites-vous comme métier » entrent tous les apriori pratiques pour définir jusqu’au degré de savoir et d’intelligence de celui qui n’a même pas encore répondu à la la question. On sera fixé sur ses neurones selon qu’il appartiendra au monde ouvrier ou au monde intellectuel. Qu’importe l’absurdité d’un pareil procédé, tout approximatif qu’il soit, le système libéral en a fait son anamnèse et son ordalie. Classer les gens, c’est l’affaire de ceux qui emploient les autres et qui ne prennent pas la peine d’user de critères plus sérieux.
Ce tri quasiment d’abattoir est très signifiant en matière d'identité et de besoin de réalisation. Il peut devenir une source de souffrance et de mal-être. Les jeunes gens désabusés sont légion. Même issus de milieux bourgeois, on les voit déchanter rapidement sur l’état de la société dans laquelle ils rentrent. Ils revoient leurs priorités souvent à contrario de ce dont ils ont rêvé adolescents.
Ils ne veulent pas se résigner à suivre les traces d’aînés qui passèrent leur vie à faire un métier qu’ils n’aimaient pas.

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L'épuisement psychologique, le stress, le surmenage, la charge mentale et d'autres déconvenues ont mis en évidence un paramètre essentiel : préserver son bien-être. Un facteur pourtant jamais évoqué au moment de l'orientation professionnelle.
La jeunesse fait face à la réalité du monde laissé par les générations précédentes. Elle en mesure les influences négatives sur sa santé, son bien-être et son environnement. Elle tient un langage sans concession d’un libéralisme qui pousse à n’importe quel boulot, pourvu que celui à qui il est attribué sorte des statistiques de la honte.
Les nouvelles générations ont la capacité de se distancier des critères de réussite de leurs parents, de réalisation et de carrière, pour introduire de nouveaux critères qui leur sont propres, liés à la question du sens, social et environnemental. Ils rencontrent immédiatement dans la réalité libérale une tout autre configuration. L’antagonisme qui en ressort fait parfois entrer définitivement le jeune dans la marginalité, de laquelle s’ingénient à les en sortir les assistantes sociales et les moniteurs de l’appareil libéral.
Ces nouvelles générations font un constat alarmiste sur les logiques antérieures et remettent en question les critères habituels d'épanouissement et de réussite personnels. La génération des Trente Glorieuses a développé des mode de réussite, d'être, de consommation, de production et de travail qui ont propulsé le monde contre un mur.
La crise sanitaire a également contribué à ce changement. Plus conscients, les jeunes aspirent à un travail utile, plaisant, épanouissant, sans se soumettre à des contraintes qu'ils jugent aujourd'hui dénuées de sens comme le présentéisme, la surproduction, la surconsommation, la surperformance et le capitalisme mortifère.
Alors que les générations antérieures associaient le travail à la notion de survie et de nécessité, celles d'aujourd'hui y adjoignent l'épanouissement intérieur, la sérénité, la santé et l'écoresponsabilité.
Voilà justement des notions qui ne conviennent pas au libéralisme que l’Europe veut à tout prix nous administrer comme une drogue nécessaire à notre survie.
Les jeunes seraient-ils moins passifs que nous le fûmes ?
Avec la brutalité de la crise dans laquelle nous entrons, nous serons au plus vite renseignés.

17 avril 2022

Stagflation !

La population est comme un malade sur un lit d’hôpital qui voit son sort prendre une tournure indépendante à lui-même, sans qu’il puisse intervenir.
Sauf, qu’à l’hôpital nous avons un personnel dévoué, aimable, dont la mission de bienveillance attentive et de soins ponctuels s’accomplit au profit du patient ; tandis que ce qui pend au nez des gens dans son rapport avec l’État, dans une économie bouleversée, est la propension des politiques au pouvoir, à faire payer le pauvre et sauvegarder le riche. Normal, puisque ces élus se sont créés des patrimoines. Ainsi ils gèrent conjointement nos affaires aux leurs.
Cette réflexion amère m’est venue à l’audition du speech de Christine Lagarde, la banquière de l’Europe, sur la situation économique des 27.
Cela va si mal, les temps sont si propices à l’imprévu que la patronne de la BCE n’a pas osé prononcer le mot que chacun a au bord des lèvres, mais qu’il n’ose pas dire en premier : la stagflation.
Car ce mot est terrible. Il contient en même temps toutes les erreurs commises depuis au moins dix ans par l’économie libérale, mais il suggère aussi que la crise – puisque crise il y a – n’a pas été prise au sérieux ou pire ignorée.
En un mot, la stagflation est la situation d'une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d'une forte inflation (c’est-à-dire une croissance rapide des prix). Cette situation est souvent accompagnée d'un taux de chômage élevé.
Ce marasme économique nous le devons à l’Europe et à sa politique de démantèlement des entreprises, à la chasse du moindre coût et à notre entêtement à nous réserver les services.
Déjà de graves dysfonctionnements furent perçus par la population dès les premiers mois de la pandémie du Covid-19. Il touchait principalement les matériels, masques et respirateurs. Accessoirement, nous eûmes un aperçu de la manière dont le système libéral avait traité nos hôpitaux publics.
Cela aurait dû nous sauter à l’esprit que ce qui ne marchait pas dans un secteur d’activité entraînait certainement des conséquences ailleurs.
Mais non ! Le gouvernement de Michel à Wilmès et de Croo arrangeait les choses à sa manière, même mieux, confortait son pouvoir et faisait en sorte de diluer la responsabilité, dans une Europe à quelques détails près, dans la même situation que la nôtre.

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Depuis, les événements comme la guerre en Ukraine ont singulièrement et très rapidement conduit à joindre au malheur du néolibéralisme, l’effet rareté des matières premières.
Tous ces malheurs qui s’amoncellent n’ont pas encore leur plein effet. Ce n’est qu’au fur et à mesure de l’augmentation des prix, cumulé au chômage s’accélérant que nous aurons une vue meilleure d’un désastre qui aurait pu être évité par une autre politique de l’Europe et dans les pays membres, par exemple dans la contestation de la bible du libéralisme et la liberté d’entreprendre de fixer les taux d’embauche en fonction des seuls intérêts du privé.
Car, n’allez pas croire que la stagflation ne profite à personne et que ce malheur est justement réparti parmi toutes les couches de la population.
La stagflation est aussi en partie décidée par les entreprises, par une stratégie connue des économistes. Le système économique varierait entre deux phases : lors de la première, les entreprises multiplient les fusions-acquisitions pour grossir ; lors de la deuxième, les gouvernements limitent ces mouvements dans le cadre de luttes anti-monopoles, alors les entreprises utilisent la stagflation pour augmenter leurs profits. Les entreprises dominantes, en situation de quasi-monopole, peuvent en effet augmenter leurs prix plus vite que les compétiteurs. On refusera plus aisément à une modeste société locale toute adaptation des prix, qu’à Danone sur l’augmentation de ses pots de yaourt. Or, s’il est possible que la petite société puisse en ouvrant ses livres démontrer qu’il est nécessaire d’adapter ses prix de vente au prorata des coûts de sa production pour ne pas vendre à perte, il est impossible d’en faire autant dans une grande société. D’ailleurs, le pourrait-on, ces société se gardent bien d’ouvrir leur livres de compte et de fabrication au tout venant.
La stagflation par la demande est aussi la conséquence de la stimulation de l'inflation par la banque centrale. C’est le « qu’importe le coût » d’un Macron distribuant sans discernement de l’argent à profusion aux entreprises, même à celles qui n’en avaient pas besoin, ce qui procure un effet d’aubaine prélevé sur la collectivité à des nantis. Ce fut aussi le cas en Belgique et dans les autres pays de la collectivité, la banque Centrale faisant une croix sur la règle de 3 % de dépassement de crédit.
La guerre en Ukraine décidée par un fou orgueilleux est la goutte qui fait déborder le vase et permet ainsi à nos responsables de se défausser de leurs erreurs sur le compte de la fatalité et de la folie d’un homme.
Jusqu’où cette stagflation peut-elle aller ? On l’ignore, comme Georges-Louis Bouchez, cet apprenti sorcier l’ignore aussi. Tout ce qu’on sait des recettes du libéralisme est là devant nous, et ce n’est pas peu dire que les responsables du marasme dans lequel nous allons être plongés, ce sont eux essentiellement, eux !

16 avril 2022

Premier joueur : F 8 et G 9 - l’autre joueur : Coulé !

Poutine veut être le nouveau Pierre le Grand, laisser quelque chose de lui à la vénération des foules. Il a tout réussi, enfin en Russie. Il s’est mis sur le côté quelques millions en dollars, pour ne pas être en reste des oligarques. Comme ce n’était pas assez, il est passé à la tranche supérieure. Il compte à présent ses devises toutes étrangères au rouble par milliards.
Mais pour un homme comme lui, avoir réussi en assurant sa gamelle et être à peu près certain d’avoir sa statue en bronze Perspective Newski à Saint Pétersbourg n’étaient pas suffisants.
Cet homme, on pourrait croire que son modèle c’est Pierre Le Grand ; lui, il l’admire et le vénère surtout en public, quoiqu’il en soit quand même un peu jaloux ; non son modèle insurpassable, c’est Adolf Hitler, tant haï par tout le monde et y compris par lui, que, Poutine est arrivé à la conclusion que la haine surpasse l’idolâtrie souvent imbécile des peuples. La haine est un sentiment d’homme plus fort que l’amour !
Son modèle c’est Adolf Hitler, parce que justement le chancelier a vaincu tout le monde, mais son génie s’est arrêté à Stalingrad et qu’il a déconné à cause du grand Peuple russe.
Alors Poutine se penche sur des cartes, étudie des scénarios en se posant sans arrêt la question « Qu’est-ce que Hitler ferait à ma place ? ». Le Hitler du repère du Loup, celui qui sur une grande carte déplace des divisions fait mourir des millions de personnes sur un coup de baguette, en poussant Das Reich, plutôt qu’une dizaine de divisions de la Volksturm.
Et non pas, l’Adolf abattu par le sort, poussant d’une main rongée par l’Alzheimer une division qui n’existe plus, tandis que ses généraux font « gut, gut » de peur de finir comme le lieutenant-colonel Claus von Stauffenberg, découpé, enfin ce qu’il en reste, à la hache, comme du temps de Barberousse.
Alors, du haut bout d’une table au bas bout ou siègent quelques hautes casquettes, Poutine suggère que le voisin duquel on a déjà piqué la Crimée et qui n’arrive pas à conclure au Donbass n’est pas digne de porter le berceau de la civilisation russe à Kiev et qu’il est temps de jeter à terre ces fascistes décadents. « Da Da » disent les hautes casquettes.

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Alors que suggérez-vous demande goguenard, le président ?
– A mort, mort au fascisme. Nous avons gagné la guerre en 45, il n’y a pas de raison que cela s’arrête.
Poutine sourit, glacial. – Non, cela ne s’arrêtera pas, au contraire, je sors des musées et des cimetières pour véhicules militaires les armes certes glorieuses de notre formidable passé, mais tellement obsolètes que si nous en perdions quelques-unes, cela soulagerait nos arsenaux. Et nous entrons triomphalement en Ukraine, débarrassons l’engeance fasciste qui végète le long de la frontière polonaise et récupérons un des plus beaux fleurons de notre patrimoine religieux, tsariste et contemporain à la fois.
Les officiers à haute casquette n’en peuvent plus d’avoir approché un si pur génie. Ils savourent à l’avance l’immense orgueil des futures générations.
Les préparatifs se font au grand jour. Il faut au moins trois mois pour amener aux frontières le vieux matériel. Quand tout est fin prêt, Poutine a une hésitation, elle ne dure qu’une fraction de seconde, une sorte de prescience de faire une connerie.
Mais son ego sonne du clairon et sa vanité bat la charge.
C’est l’étranglement des fascistes pour la grande gloire de Pierre Le Grand sur les anciens plans d’Adolf de « blitzkrieg » dans les plaines à blé.
Personne n’y croit, sauf les Américains. Ils ont une haute casquette qui marche pour eux. A l’heure J, Jaruzelski dort encore, l’OTAN saisie par Washington voit d’un bon œil le moyen de sortir de la mort cérébrale, l’Europe trépigne de reprendre le néolibéralisme d’avant le Covid et envisage de liquider les derniers vestiges de l’État Providence.
Stupeur générale ! Biden voit tout de suite dans quoi l’autre s’est engagé et donne presque son feu vert à la réincarnation de l’Adolf du Kremlin. A la minute où le premier tankiste russe mit sa machine dans le fossé, Poutine reprend du bon sens, voit dans quoi il s’est fourré, mais trop tard. Son peuple vend déjà des Pinz avec de grands « Z » chaulés sur les tanks. Il est coincé. Il sort des inventions à 100.000 dollars le tir. Il n’a que trois missiles de ce type. Il en tire deux. Une série de six chars derniers cris sont photographiés par la télévision de Moscou, le lendemain ils sont enlisés au coin d’un bois. Il faudra attendre la saison sèche pour les en sortir.
Les généraux français qui tous prédisaient une promenade de santé de Vladimir, en bon voisin de l’Ukraine, accourent à la télévision pour dire le contraire.
Poutine est singulièrement dans l’impasse.
Il en est à menacer les Ukrainiens d’une arme atomique de poche, un mini Tchernobyl pour faire peur aux Mamy.
Et puis voilà, la nouvelle est tombée. Le chef vient de perdre son navire amiral qui paradait canons luisant au soleil au large de Marioupol.
Les démocraties occidentales sont mortes de rire, alors que la nouvelle est glaçante à Saint-Pétersbourg.
Pour rappel disent les journaux sur l’air de la plaisanterie « La perte du Moskva va-t-elle changer le visage de la guerre en Ukraine ? Le croiseur Moskva, navire amiral de la flotte russe en mer Noire, endommagé durant l’offensive contre Ukraine, a coulé hier soir. Il s’agit d’un « coup dur » pour la flotte russe dans la région, selon le porte-parole du Pentagone, John Kirby.
Pour une promenade de santé, voilà maintenant qu’on en est au combat naval ! Il ne reste plus à la population russe que jouer « Aux pendus » en choisissant bien sa cible.
Et dire que Vladimir voulait vaincre son voisin de manière convaincante !

11 avril 2022

Le Premier de Mai 2022.

N’en étant plus à une provocation près, GL Bouchez fera son Premier mai à Ans !
Sans doute, fêteront-ils autre chose que le muguet du Bois de Chaville et la fête des Travailleurs voulu par les communards de 1871. Par exemple, le Premier mai d’Adolphe Thiers et des Versaillais, avec dépôt de gerbes au Père-Lachaise.
Qu’importe, c’est l’intention qui compte. Les Bleus jouent sur le symbole et le désintérêt des gens pour l’Histoire. Toussaint Maheu est mort avec Germinal, le livre de Zola qu’on ne lit plus.
Déjà sous tente à Jodoigne, les dirigeants historiques de la bande à Michel, s’étaient moqués des derniers socialistes à dire l’Histoire et les luttes ouvrières. GL Bouchez, avec son chouia de provocation en plus, ne pouvait que séduire les « Charlistes », anciens brigadistes de Chastel à Wilmès.
Les classes populaires demeurent majoritaires en Belgique, mais sont dramatiquement divisées. Encore que si elles s’étaient éparpillées dans une large gauche PTB – PS – Ecolo, on pouvait rêver à un grand rassemblement. Mais l’impensable s’est avéré une réalité, puisque des électeurs de conditions modestes, archi exploités par l’Etat et la bourgeoisie, votent régulièrement pour le MR, le CDH, les parti flamands nationalistes et même des listes éphémères d’extrême droite qui naissent et meurent à cadence régulière.
En Belgique, près d’un actif sur deux occupe un métier d’ouvrier ou d’employé. L’édifice profondément inégalitaire ne tire son épingle du jeu que par la frime du diplôme. Peu diplômée et donc mal payée, la majorité de ce pays a, depuis longtemps, abdiqué sa supériorité numérique, pour s’aller vendre au moins offrant. Alors qu’avec l’effondrement de la classe moyenne inférieure, la distance sociale se réduit avec le prolétariat et qu’ainsi cette majorité ne peut que se renforcer à l’avenir.
Les partis fondent leur stratégie électorale sur la dissémination de la majorité réelle et n’hésitent pas à troubler les esprits en pêchant des voix tout à fait inattendues. Le MR fête le Premier mai à Ans, la commune où le socialiste Stéphane Moreaux à dépasser Charles Michel dans une surenchère libérale.
Le PS se rallie au libéralisme mondialiste et ses dirigeants, Di Rupo et Magnette, sont des contributeurs à la grande œuvre néolibérale.

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D’un côté, le monde populaire en déclin, périurbain, réfractaire aux valeurs sociétales et écologiques, de l’autre côté, les populations urbaines diplômées. Passé contre avenir, périphérie contre centre, repli contre ouverture, ignorance contre savoir, enracinés contre nomades, identité contre diversité, peuple contre élite, populistes contre libéraux : que ces clivages génériques aient si facilement imposé leur apparente évidence tient dans la croyance qu’une moyennisation générale du « tous bourgeois » agglomérera l’ensemble, illusion qui se dissipe peu à peu dans la Belgique de 2022.
Le « tous bourgeois » ne s’est pas remis de la pandémie et ce n’est pas l’inflation actuelle qui va réanimer les petits comptoirs et les boulangeries de quartier.
La redistribution du jeu électoral bien faite pour que tout bouge sans que rien ne change, se fera à la fin du long processus néolibéral quand la majorité s’apercevra qu’elle a été trompée, que le failli et le chômeur avaient le plus grand tort de voter contre eux-mêmes dans des partis dits de « tradition », véritables nids conformistes du libéralisme à l’américaine.
Ne reste plus à la gauche qu’à attendre la corruption complète des ingrédients du pot-bouille en espérant des Premiers mai futurs denses et de combat, ramasser les miettes en espérant ranimer le spectre d’un nouveau front populaire regroupant ouvriers, employés et couches moyennes.
Le maintien du nombre des électeurs du MR et du PS à des niveaux élevés ont paru conforter la représentation dominante dans le champ politique et les médias, de classes populaires obsédées par l’immigration et hostiles au progrès. Il faut garder à l’esprit que ces niveaux élevés ont été possibles grâce à l’effondrement du CDH dont les voix se sont réparties sur les deux leaders.
La société à marée basse révélée par l’état d’urgence sanitaire a projeté en positif tout ce que le bloc bourgeois ignore ou pourfend ordinairement. Soudain, aux yeux des dirigeants, le pays ne reposait plus sur le jeune créateur d’entreprise, l’auditeur-conseil, le manageur, l’ingénieur spécialisé en intelligence artificielle, mais sur la caissière, l’aide-soignante, le chauffeur de poids lourd, l’auxiliaire de vie, la nettoyeuse. Ce choc a dévoilé le glissement des strates sociétaux intervenu à bas bruit au sein des classes populaires depuis plusieurs décennies.
Si le remplacement des ouvriers d’industrie par les forçats des plates-formes logistiques se devine dans le chamboulement d’un paysage où les entrepôts s’élèvent là où fumaient les usines, l’une des plus formidables transformations de la société belge reste ignorée : l’arrivée en masse des femmes dans tous les métiers et professions.
Dorénavant, les ténors du Premier mai ne devront plus s’adresser majoritairement à des ouvriers licenciés, tentés par le repli identitaire, mais à des travailleuses des services essentiels, qui forment la colonne vertébrale de la société. Si nul ne s’est jamais précipité à sa fenêtre pour applaudir les libéraux qui se sont fait filmer en sauveteurs lors des inondations de 2021, celles et ceux qui produisent l’infrastructure commune à l’école, à l’hôpital, dans les maisons de retraite ou à domicile l’ont été dans les mois dramatiques de 2020.

9 avril 2022

Le nationalisme russe.

Ce serait une erreur d’imaginer Poutine en despote absolu entraînant derrière lui, de gré ou de force, tout un pays, à la reconquête de l’Empire soviétique. Lui qui déteste tant les Nazis et qui abomine leur chef, est à peu près au même type d’organisation que le National-socialisme allemand. Moscou à ses faucons, comme depuis le Berghof, Hitler avait les siens.
L’invasion de l’Ukraine par Moscou est la suite d’un long cheminement d’un courant de pensée né à la chute de l’Union soviétique. Il n’est pas fait d’anciens moscoutaires rancis dans le communisme, mais de nationalistes rêvant d’une confrontation militaire et civilisationnelle avec l’Occident.
Ce sont les vrais conseillers de Poutine, engagés personnellement dans un combat dans lequel se mélange l’encens de l’orthodoxie, la nostalgie de la monarchie tsariste et la griserie de la vision d’une carte de l’Europe sous-continent d’une immensité du plus vaste pays du monde.
Si l’influence de ces faucons n’était pas pressante jusqu’en 2014, la prise sans combat de la Crimée a été le départ d’une nouvelle perception géostratégique donnant à penser que toute la population ukrainienne, à part un petit noyau autour de Kiev, était de la même farine. Le cercle nationaliste galvanisé par le succès a contribué au mouvement qui a fait basculer Poutine dans une autre guerre de réappropriation.
Une chercheuse de l’INRI, relate dans le Monde diplomatique une interview du 26 février, le jour de ses 84 ans, de l’écrivain russe Alexandre Prokhanov en direct du cockpit d’un avion d’attaque survolant l’Ukraine. Sous ses yeux, son rêve de reconstituer l’empire soviétique prenait forme dans la violence : « Je survole la terre noire ukrainienne que les chars russes traversent, corrigeant la blessure monstrueuse commise contre l’histoire russe en 1991. (…) Aujourd’hui, nous nous marions à nouveau avec l’Ukraine. »
Prokhanov rassemble des intellectuels nostalgiques de la Russie impériale traditionnelle et l’establishment politico-militaire soviétique opposé à la libéralisation du pays emmenée par le dernier dirigeant soviétique, M. Mikhaïl Gorbatchev. Tout au long des années 1990, le journal fondé par Prokhanov, Zavtra (« demain »), devient le point de ralliement de l’opposition au président russe Boris Eltsine. Parmi les chroniqueurs réguliers, on compte des partisans de Joseph Staline, des nationalistes, des prêtres orthodoxes monarchistes ou encore des musulmans traditionalistes. Ce mélange éclectique se noue autour d’une critique virulente de la démocratie postsoviétique, de la libéralisation de l’économie, du pouvoir des oligarques, de l’occidentalisation de la société et de l’hégémonie américaine sur l’ordre international. « Eltsine a tué 2 200 000 Russes », titre Zavtra en 1995, accusant la politique économique du président de perpétrer un « génocide ». (Le Monde Diplomatique)

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Que veulent ces gens dont la plupart seront, plus tard, des conseillers et des amis de Poutine ? Ils ont tous une aspiration commune : la reconstitution d’un État fort qui serait la revanche d’un État faible et humilié sous l’appareil communiste de Gorbatchev.
La parade de 60 km de long des tanks russes traversant l’Ukraine de part en part et recevant des torpilles au lieu des fleurs d’une population en liesse, mit sans doute fin au rêve éveillé de Poutine qui n’avait plus, dès lors, que l’alternative de reprendre « son bien » par la force.
Le carnage allait commencer.
Marioupol, la cité portuaire de la mer d’Azov, assiégée depuis plus d’un mois – mais pas tombée aux mains des Russes –, a rapidement été une cible prioritaire des forces armées de la Fédération de Russie. Jeudi, au 36e jour de l’offensive militaire russe, Marioupol était détruite à plus de 90 %, et la pression était encore loin de faiblir alors que Moscou a dit, le 26 mars, concentrer ses efforts sur « la libération du Donbass » et de l’est de l’Ukraine.
Aujourd’hui, on n’est pas certain que Poutine finisse par se contenter du Donbass dans des accords dont il semble vouloir agrandir les frontières du côté de la Mer et de Marioupol.
Il a surtout besoin de quelques mois, histoire de reconstituer son armée passablement meurtrie, éparpillée en plusieurs corps sur tout le territoire ukrainien.
Un regroupement signifie aussi des départs et des arrière-gardes harcelés par les troupes ukrainiennes. On a vu comment les Russes se retirent des villes qu’ils abandonnent.

Soutenu par les pays de l’Otan le système défensif de l’armée ukrainienne a fait plus que se défendre. Ses effectifs les plus importants entourent le Donbass, les deux semaines qui suivent seront sans doute cruciales pour que l’on puisse se déterminer à faire des pronostics sérieux sur la fin du conflit.
C’est tout de même étonnant que cet immense pays s’acharne à la possession en Europe de ces « quelques arpents » de blé de la vaste plaine ukrainienne, alors que c’est sur le fleuve Amour face à la Chine que se jouera demain son destin.
Les Américains n’ont pas fini de tirer profit de cet acharnement de Poutine sur l’Europe. Pour eux, c’est un face à face pour lequel l’Ukraine est leur champ de manœuvres. Ils cèdent du matériel à tout va à l’Ukraine et ils vendent à prix d’or leur F35 à l’Europe, dont personne ne voudrait en d’autres temps. Au Pentagone, ils se régalent des images de leurs drones en ballets grandioses sur tous les théâtres des opérations. Ils se sont persuadés que l’Armée de Poutine n’était pas si terrible et que les généraux russes de 2022 ne valent pas ceux de 1943.

8 avril 2022

Travail et galère…

On n’a jamais tant écrit sur le travail… au siècle dernier. Aujourd’hui, la question de l’éthique du travail semble résolue : on l’a mise sous le tapis. Le travail apparaît comme la seule issue permettant au citoyen de se considérer comme une personne honorable satisfaisant à ses responsabilités. Nécessité fait loi, c’est le travail ou rien, et rien : « Tu n’es pas un homme » !
On n’a jamais tant associé le travail aux qualités humaines, alors qu’il y est parfaitement étranger.
Si bien que la notion de contrainte disparaît devant les responsabilités. L’irresponsabilité est du côté du chômeur, pas loin d’être considéré comme un asocial, se complaisant dans une situation en délicatesse, porté par ceux qui travaillent comme un boulet. Emmanuel Macron l’a dit « il suffit de traverser la rue » pour transformer un chômeur en un bon citoyen.
Or cette société fabrique des chômeurs qui lui sont indispensables pour fonctionner. Sans eux, il serait difficile de maintenir une hiérarchie par l’argent assimilé au mérite, comme d’établir une hiérarchie des valeurs, dont le chômeur est le premier échelon.
Toujours au siècle dernier, le travail a pu être détaillé en fonction de son intérêt et du choix en toute liberté d’une profession. Entre le travail choisi et la contrainte de travailler, il y a cent manières de le considérer comme un enrichissement moral et pécunier venant récompenser le travailleur ou comme une terrible nécessité niant les dons et les qualités de celui qui y est astreint, poussé par la nécessité qu’il est, de gagner son pain de n’importe quelle manière, y compris la pire.
On n’ose plus s’élever contre le travail à la chaîne. Le geste sempiternellement produit dans la cadence d’une chaîne de montage, et pas seulement, l’emploi de magasinier chez de grands distributeurs et d’une certaine manière tout ce qui est répétitif et donc peu enrichissant intellectuellement, dans son ensemble fastidieux, ne sont plus classés dans des métiers « décérébrant », pour la simple raison que la nouvelle posture libérale les célèbre dans le processus de la robotisation générale du travail.
Le travail continu a quelque chose de bête comme le repos, écrit Jules Renard. Il neutralise le travailleur dans une sorte de routine qui ressemble au sommeil sans rêve où il ne se passe rien. Mais à l’inverse du sommeil qui est une réparation des efforts commis, le travail continu est d’une absolue cruauté pour la fatigue qu’il engendre et les dégâts qu’il suscite chez le travailleur qui pense indépendamment du travail qu’il produit.

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Ce siècle, à l’inverse du précédent, devait être celui des services et des techniques. On aura compris le sens que cela implique, les élites se réservant les techniques et le gros de la population, les services.
En 2022, tout ce qui se rapportait au travail dans ses spéculations humaines, ses dépendances et ses aperçus philosophiques ont complètement disparus des discussions des partis et même des syndicats. On ne peut même plus dans certains cas critiquer des conditions de travail d’une entreprise peu scrupuleuse des lois, mais qui compterait des dizaines d’employés et ouvriers.
On dirait que l’absolue nécessité de travailler dans des conditions pas toujours normales, avec des salaires peu gratifiant a complètement effacé les critiques frappées du coin du bon sens au siècle dernier. Elles apparaissent comme un ramassis de paroles en l’air servant la cause des fainéants.
Le tragique du travail obligatoire à défaut d’un travail recherché comme « intéressant » touche encore comme jadis et de la même manière brutale des dizaines de milliers de travailleurs, mais il est quasiment interdit de se plaindre et de critiquer. Le MR s’est spécialisé dans le « Job, job, job » à tout prix et dans n’importe quelle condition. Son président Georges-Louis Bouchez a pris naturellement la tête d’une bande fanatisée qui croit que le chômage est une condition dont chacun peut sortir en montrant du courage et de l’allant. A contrario, ceux qui persistent sont des chiffes molles qu’il faut faire sortir des refuges douillets de la paresse en réduisant les indemnités que l’Etat leur alloue.
Ce type de raisonnement qui valut des succès d’estime de la bourgeoisie à Charles Michel est une sorte de brevet politique que semble même partager le PS.
Qu’est-ce qui fait que nous soyons partis d’une défiance naturelle pour de véritables peines décidées par un tribunal de l’opinion publique, devenant aujourd’hui de véritables métiers ?
Dans les conditions actuelles d’inflation, de misère en progression régulière, d’impossibilité de changer la tendance d’une dégradation des moyens d’existence, le refrain libéral que tout n’est affaire que de travail et que justement plus de cent mille postes de travail en Belgique ne sont pas pourvus, ce discours mensonger tient toujours le haut du pavé, paralyse le PS, endort l’opinion publique.
Exacerbé par l’échec de la mondialisation le néolibéralisme s’est durci autour de ses croyances dans une vision toujours possible des progrès dans tous les domaines par le travail.
Tout obstacle à cette vision lui paraît insupportable, alors que la pandémie a montré les grave défaut du système et que la guerre en Ukraine aborde la question d’approvisionnement en céréale des pays pauvres à haute consommation de farine.
L’abandon d’une approche critique du travail dans une société libérale, par les forces économiques et politiques de ce siècle, nous fait regretter l’autre par sa plus grande ouverture d’esprit.

7 avril 2022

Incitations

Henri Poincaré (ne pas confondre avec Raymond) écrivit une chose très juste qui colle bien aux électeurs français qui vont ou ne vont pas élire le président de la République jusqu’en 2027. « Douter de tout ou tout croire, ce sont deux solutions également commodes qui l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir ».
C’est dans la capacité ou l’incapacité de comprendre et d’analyser les enjeux d’aujourd’hui que se joue le sort de la démocratie, et pas seulement en France. Les Béotiens sont partout qui ne voient que l’huile de tournesol et son prix, qui s’affole pour conclurent que tout est fichu et que ce n’est plus la peine d’aller plus loin.

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Ce n’est pas la démocratie qui ne nous mérite pas, mais nous qui ne la méritons pas.
Montesquieu se tromperait s’il écrivait de notre temps, ce qu’il a pensé du sien « Il faut que le petit peuple soit éclairé par les principaux et contenu par la gravité de certains personnages ». L’école pour tous est passée par là qui donne une raison de s’affranchir des hiérarchies pour une lecture et une critique personnelle, dans les politiques sensées nous apporter une meilleure vie demain. L’école du présent « forme » aussi les chenapans qui vivent en bande et s’en prennent au passant. Que s’est-il passé entre eux et le savoir ?
Même d’horribles pamphlets dont Céline fut l’auteur ne disent pas n’importe quoi à propos du n’importe qui. Une bêtise qui monte, c’est une démocratie qui descend. « Le bonheur, c’est parler de rien, de laisser crever les pourris, à l’heure et au jour du Destin, de ne pas s’occuper de la petite sœur. De faire votre cour à tréponème avec des menues dragées blanches et des gros mensonges ».
Il n’y a pas dans notre monde d’opposition plus claire et plus radicale qu’entre penser et agir. On dirait que penser dispense d’agir. Et quand bien même on se retiendrait d’agir parce qu’on a la conviction de penser faux – qualité rare que celle d’en convenir – la démocratie se bâtit en agissant.
Qu’avons-nous bâti en Belgique depuis plus de cinquante ans ? Sinon, que nous suivons le courant d’un fleuve qui s’appelle l’Europe, comptant sur les autres nautoniers pour bâtir, comme eux le pensent aussi de nous.
De l’extrême droite à l’extrême gauche le populisme semblerait donner des lettres de noblesses à ceux qui le dénonce par esprit petit bourgeois en vertu du centrisme, cette opinion libérale de gens qui n’en ont pas. Dans le fond, le populisme n’est-il pas tout simplement le refus des classes supérieures d’appliquer les décisions du peuple ? Le populisme n’existe que par la grâce de l’élitisme, soutient Emmanuel Todd dans La lutte des classes en France. C’est-à-dire si et seulement si la démocratie représentative a été liquidée par ceux d’en haut.
On ne dira jamais assez que les anciennes lectures des grands écrivains de Louis XIV à Napoléon III asseyait l’homme sur les bancs de l’école, le smartphone et Internet n’y assoient plus que les gamins.
Alors comment s’y prendre pour que la démocratie tienne d’aplomb ? Quand le peuple ne croit plus à rien, on peut lui faire croire n’importe quoi. Les gazettes s’y emploient avec le zèle des commis bien payés. Au point qu’aujourd’hui, ce sont les petites gens qui fabriquent les grands hommes. Macron compte bien y reprendre pour cinq ans grâce à eux. La recette est simple. Il fait tout ce qu’il peut pour marquer son mépris et c’est justement ça qui les séduit ! Si par malchance il perdait d’un cheveu contre Marine Le Pen, c’est parce qu’au lieu de leur prédire la pension à soixante-cinq ans, il eût dû la vouloir à septante !
À défaut d’une instruction générale, critique et variée, le peuple a un certain humour et une vraie honnêteté. Les hommes de pouvoir dont la vocation est d’y rester, portent eux, les germes du totalitarisme.
Avec les hommes politiques, l’esthète possède aussi en lui une sorte de totalitarisme en supposant qu’il n’y a que deux sortes de gens qui peuplent la démocratie et qui sont vraiment intéressants, ceux qui savent absolument tout et ceux qui ne savent absolument rien, avec une tendresse pour les seconds, puisqu’il peut à sa guise se joindre au premier.
Chateaubriand a une curieuse manière de définir le bonheur. Pour lui, c’est l’aporie ! « Le bonheur est de s’ignorer et d’arriver à la mort sans avoir senti la vie. » Ce que les libéraux traduisent parfaitement en démocratie, puisque pour eux le plus clair des hommes sert la démocratie par le sacrifice d’eux-mêmes sans avoir senti la vie.
À ce long cheminement dans le but de toucher la démocratie comme la main de la statue du commandeur, il fallait le point final de Michel Adam qui a fait sa vie durant l’étude de notre bêtise. « La bêtise sépare d’une façon irrémédiable les personnes, d’une manière encore plus caractéristique que le manque d’éducation et interdit la communication dont les valeurs humaines seraient le principe ».
Selon ce qui précède, j’en conclus que tant que nous serons « bêtes » il est inutile de penser améliorer la démocratie, mieux même, de nous la représenter à notre portée.

6 avril 2022

Une Amérique en déclin ?

Le conflit russo-ukrainien a fait se ressouvenir d’une loi américaine stipulant que toute entreprise étrangère ayant une filiale sur le sol américain, faisant ses transactions en dollars, devait se plier aux interdits de Washington, sur la Syrie et l’Iran notamment.
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, l’UE et les États-Unis ont pris diverses mesures visant à isoler Moscou sur la scène internationale. Ce qui a marché pour la Syrie et l’Iran semble ne plus fonctionner avec l’Ukraine.
De nombreux pays, à l’exemple de la Chine, ont refusé de prendre part à cette stratégie. À la surprise générale, on retrouve parmi ces récalcitrants deux alliés traditionnels de Washington dans le Golfe persique : l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Riyad et Abou Dabi se montrent très réticents à suivre les Américains. La situation illustre leur convergence d’intérêts avec la Russie et leur volonté de diversifier leurs partenariats afin de renforcer leur autonomie stratégique. C’est ainsi qu’ils ont tenu à calibrer leurs déclarations de façon à éviter de condamner nommément la Russie, sur la proposition à l’ONU des Américains.
Mohammed ben Salmane et Mohammed ben Zayed al Nahyane, ont décliné une proposition de s’entretenir avec Joe Biden au sujet d’une augmentation de la production de pétrole pour compenser les hausses de prix mondiales du brut qui profitent à Moscou.
Le ministre émirati des Affaires étrangères a déclaré le 17 mars dernier, lors de son passage à Moscou, que les Émirats souhaitaient coopérer avec la Russie pour améliorer la sécurité énergétique mondiale. Quant à l’Arabie saoudite, elle entend préserver sa relation avec Moscou et Pékin, et aurait déjà entamé des pourparlers avec la Chine pour abandonner le dollar américain au profit du yuan dans les transactions pétrolières, ce qui irait dans le sens de la dédollarisation souhaitée par le Kremlin.
Pour la presse américaine, ce sont là des indicateurs de l’érosion accélérée du leadership des États-Unis. Son constat est implacable « La Pax Americana des trois dernières décennies est terminée. Vous pouvez en voir les signes partout. Considérez le fait que les dirigeants des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite – deux pays qui dépendent de Washington pour leur sécurité depuis des décennies – ont refusé de prendre les appels téléphoniques du président américain ! » (Slate magazine)
Dans la perspective d’un déclin de la puissance américaine, les État en-dehors de l’OTAN n’ont ni intérêt, ni désir, de durcir leurs positions à l’égard de la Russie. La recherche d’une autonomie stratégique est stimulée par la prise en compte de la transformation des rapports de force globaux.
En décembre dernier, les Émirats ont fini par suspendre les pourparlers avec Washington portant sur l’achat de F35 et signer un contrat avec Paris pour l’acquisition de 80 Rafale.
L’Europe a-t-elle pris conscience de la faiblesse actuelle des États-Unis à travers les déclarations de Biden donnant le feu vert à Poutine pour envahir l’Ukraine ? Toujours est-il qu’un pareil allié pose évidemment un problème. Washington parallèlement à la situation européenne est aussi en délicatesse avec ses alliés du Golfe. La protection américaine, pierre angulaire de l’alliance, a été mise à mal. Les attaques répétées des Houthis sur le territoire saoudien et plus récemment contre les Émirats arabes unis et la faible réaction de Washington ont conforté ces États dans la conviction qu’ils ne peuvent plus compter sur leur allié pour garantir leur sécurité.
On est loin dans la diplomatie et les rapports entre État des horreurs perpétrés par l’armée de Poutine et l’opinion européenne, quasiment mondiale, en faveur d’une resserrement des mesures jusqu’à présent prises contre ce criminel de guerre.
Ce qui a été le premier signal du laisser-aller américain fut le retrait chaotique d’Afghanistan et la volonté annoncée de Washington de réduire ses engagements militaires au Moyen-Orient. Depuis les pays du golfe restent sur le mauvais souvenir de la « fuite » de Kaboul. Prudents, ils ont maintenu les rapports avec la Russie en dépit de la crise majeure qui oppose aujourd’hui celle-ci aux pays occidentaux.

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N'est-on pas à la fin du soft power de Washington ? S’est-on résigné, partout ailleurs qu’en Europe, que demain la première puissance mondiale sera la Chine ? L’hégémonie américaine s’appuyait à la fois sur la contrainte liée à la puissance du dollar et sur une capacité d’attraction qui a permis la construction d’alliances et de larges coalitions.
Ce changement apparaît comme un indicateur clair de l’évolution vers l’« ordre mondial alternatif » qui concluait que la République populaire de Chine allait tirer profit de la guerre en Ukraine pour précipiter le déclin irrémédiable de l’Amérique…
L’Europe sur la question de son attachement au destin de l’Amérique est divisée. Les Pays de l’Est n’estiment pas les USA finis, mais momentanément défaillants, partagés entre la crise qui menace Formose et celle qui embrase actuellement l’Europe. Les autres, les pays du Centre au bassin méditerranéen penchent pour une Europe autonome, se dotant des moyens de se défendre, avant de sortir de l’OTAN.
L’Europe traîne comme un boulet son organisation interne qui exige l’unanimité dans des cas comme celui-ci. L’américanisation de l’Europe est-elle irréversible et dans ce cas mourrons-nous avant elle, puisque l’Histoire nous apprend combien d’États par le passé ont payé chèrement une soumission aveugle aux États-Unis ?

5 avril 2022

De l’arquebuse au drone tueur.

Toutes les armées, triomphantes ou défaites, ont un point commun. Elles tuent par caprice ou sadisme, rarement par nécessité (je tue pour ne pas être tué) tout ou partie du vivant autour d’elles, pillent toute habitation visitée selon leur bon plaisir, quitte à détruire l’heure suivante, ce qu’elles considéraient comme un butin intéressant.
Le crime de guerre de Boutcha perpétré par la troupe russe en évacuation de territoire, tout de suite récusé par Poutine, n’est pas un photomontage des autorités ukrainiennes, mais bel et bien une réalité recoupée par différentes sources et témoignages. Ce crime de guerre fait penser à celui commis le 16 mars 1968 par l’Armée Américaine à Mỹ Lai au cours de la guerre du Viêt Nam, qui a fait entre 347 et 504 morts civils.
Tout soldat ayant passé une journée sous le feu de l’ennemi sait qu’il ne doit pas se rendre aux sections d’assaut qui précèdent le gros de la troupe. Elles n’ont que faire des prisonniers. C’est le premier conseil pour rester en vie dans une guerre.
Des choses étonnantes se perpétuent d’une guerre à l’autre, d’un siècle à l’autre pratiquement. Ceux qui ont connu l’exode de 40 de l’armée belge ont rapporté des faits contradictoires. Alors qu’une partie non débandée des troupes se battaient sur la Lys, d’autres fuyaient se mêlant aux civils sur les routes. Il m’a été rapporté qu’un militaire, ayant abandonné fusil et cartouchières, transportait à bout de bras un lustre à girandoles, genre Murano ! Peut-être était-ce son butin qu’il ramenait fièrement chez lui dans un village de proximité ? On ne sait. C’est aussi farfelu, sinon pire, de la part de l’armée russe dont les hommes ont pillé Tchernobyl en partant, saccageant des locaux, volant des équipements et pourquoi pas, s’emparant d’objets radioactifs sans le savoir !
L’homme n’est pas militaire de nature. Selon les caractères, il lui faut du temps pour apprendre la soumission. Certains n’acquerront jamais par hypocrisie ou volonté brisée l’attitude soumise dans une hiérarchie. Si le temps de paix brise les résistances à la soumission par des exercices répétés et des brimades du caporal au lieutenant, la guerre en première ligne remet sur un même plan toute la hiérarchie. Obéir aux ordres est une gageure qui perd parfois tout son sens. On se débrouille pour ne pas trop s’exposer. L’instinct de survie peut, par des prises de décisions à la seconde, faire du même militaire, un héros ou un lâche.
Dans des intervalles plus ou moins protégés, l’environnement appartient de droit à tout homme armé qui l’occupe. C’est parfois un trou d’obus ou une maison encore habitée.
Dans ce dernier cas, le seul maître, c’est le militaire. Il est momentanément le propriétaire de tout, de la vaisselle aux êtres humains qui ont la malchance d’être au mauvais moment au mauvais endroit.
Il suffit que le militaire soit un tortionnaire né, un sadique, voire un schizophrène, pour que son cour séjour vire à l’enfer pour les civils qui s’y sont retranchés.
Même un être qui fut jadis « normal » avant la guerre peut basculer dans la déraison et l’excès par un sentiment de puissance dans l’arme qu’il tient à la main. C’est d’autant plus vif que cette sensation de puissance est toute relative et qu’elle ne durera qu’en fonction de la puissance de feu de l’armée en face.
La sauvagerie du temps rend l’homme sauvage, désespéré ou fou, même si entre deux paroxysmes où se mêlent peur et conscience du devoir, il peut recouvrer la raison et s’étonner de ce qu’il a vu de lui, comme n’étant pas ce qu’il a conscience d’être.
La guerre, quel qu’en soit le motif, est toujours une horreur qui fait descendre ceux qui de près ou de loin y sont mêlés dans les bas-fonds de la misère humaine et de la conscience.
Le plus terrible est à venir.
Ceux qui la décident, après l’avoir fomentée parfois des années durant, ne la font jamais en première ligne. Le plus souvent très loin du théâtre des opérations. Bien au chaud, à l’abri, ils la regardent et la commentent sur de larges écrans de télévision. Ils donnent ensuite des instructions au bout desquelles des hommes et des femmes vont mourir sous les décombres des villes bombardées.

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Souvent les raisons d’une guerre sont inconnues. La version de ceux qui la fomentent est souvent mensongère. Elle vise à galvaniser les troupes et soutenir les populations dont les fils sont appelés sous les drapeaux. On croit mourir pour la patrie, écrit Anatole France, et on meurt pour des industriels.
Il n’y a rien qui puisse justifier ces horreurs et surtout pas le fait du prince qui s’ennuie dans son palais et se jette dans l’action comme un chevalier du moyen-âge, sauf que ce n’est pas lui qui entre en lice.
Puisqu’elles sont inévitables et que des foyers guerriers existent un peu partout, des moralistes se sont accordés pour réfléchir à ce qu’il est permis de faire pour tuer l’adversaire et ce qui est interdit.
Bien entendu, d’une manière ou d’une autre personne ne respecte à la lettre la façon permise de tuer. Les sanctions que devaient encourir ceux qui dérapent sont rarement appliquées, parce que sans moyen de les utiliser.
Par le fait même qu’ils sont des puissances nucléaires, on ne peut pas appliquer ces sanctions aux états dotés de l’arme suprême. On se contente de traiter les dirigeants de criminels de guerre. Et comme à la guerre succède la paix, en principe, les criminels de guerre s’asseyent à la table des pourparlers pour la paix. Ils changent alors de statut et de criminels de guerre, peuvent briguer le Prix Nobel de la Paix.

2 avril 2022

Le cimetière des éléphants du PS.

On ne verra pas de sitôt, un président du PS belge invité en France à un Congrès du PS français. Le dernier à se trouver au premier rang à côté de François Hollande, premier secrétaire, et de Martine Aubry, cheffe de la puissante Fédération du Nord, fut Elio Di Rupo.
On dit qu’à fréquenter des gens qui ont la poisse, on l’attrape aussi.
Le chant du cygne, le dernier cri, du PS français fut poussé par Hollande frais élu président qui stipendiait les riches. Pour résoudre son problème avec la finance, il introduisit Macron à Bercy. La messe était dite.
En renonçant à se représenter en 2017, Hollande n’a pas poussé le PS au déclin, mais c’était plutôt le croquemort à la levée du corps à la suite d’un constat de mort cérébrale.
Un score à un chiffre en 2017 pour le PS, c'était le signe d'un déclin historique. Mais le score d’Anne Hidalgo fixé par les sondages à 2 % d’intentions de vote en 2022, c'est un avis de mort clinique. La pauvre, elle patauge en montrant ses limites et ses maladresses. Cette femme est pleine de mépris et de ressentiments pour Mélenchon et Eric Zemmour. Elle est allée jusqu’à traiter ce dernier de clown, c’est dire le niveau.
La maire de Paris ne porte pas seule la responsabilité de ce désastre annoncé. L'échec du quinquennat Hollande et les divisions qu'il a provoquées au sein du Parti socialiste avaient déjà miné la candidature de Benoît Hamon en 2017. La candidature Macron a achevé le processus de décomposition d'un parti qui n'avait plus d'autres ambitions que la survie électorale de certains élus locaux.
Benoît Hamon humilié par son propre parti, « Hidalgo a connu bien pire, elle a subi le supplice que certaines peuplades infligeaient aux membres des tribus vaincues; ils étaient réduits en esclavage et condamnés à porter un cadavre attaché sur leur dos. » Slate magazine.
Ce qui est terrible pour un parti au bord de la faillite serait de ne pas atteindre les 5 % de votants lors de l’élection. Ce qui ferait que le parti ne serait pas remboursé de ses frais de campagne !
Je pense profondément que la décomposition de la sociale démocratie en France obéit aux mêmes causes qu’en Belgique. Les mêmes effets se verront tôt ou tard en Wallonie et à Bruxelles. Ce n’est pas le PTB qui en est le détonateur. Ce parti recueille les électeurs déçus et ce n’est pas fini. Cette décomposition est survenue dès les premiers signes de la conversion des Partis socialistes au néolibéralisme à partir des années 90.
La gauche française abandonna son électorat populaire qui s’inscrivit en masse au Front National. La catastrophe fut évitée en Belgique faute de repreneur si ce n’est que ces dernières années le PTB a pris le relai, ce qui est une chance par l’occasion de rester à gauche et d’y revaloriser les valeurs perdues.
Aujourd’hui, le PS français est bel et bien mourant et son homologue belge, s’il n’est pas encore à l’agonie, n’est pas très heureux que les affaires judiciaires se soient portées à notre bon souvenir en condamnant Alain Mathot.

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Ces deux chutes conjuguées ne sont pas seulement électorales, ni politique, mais existentielles. On le voit bien comme le PS dans le gouvernement d’Alexander de Croo est traité par le MR, naturellement néolibéral. L'identité du PS est devenue aussi volatile qu'un gaz. Le parti se cherche un récit, depuis qu’il a laissé sa saga aux historiens. Mais il n’en trouve pas conforme à la modernité qu’il aimerait tant représenter. Le PS est sans voix. Il est aphone.
La gauche n’a pas senti la nature du piège du néolibéralisme, la « mondialisation », que deux ans de pandémie ont mis à mal. Quand elle s’en est aperçue, il était trop tard.
«Est-ce là tout ce que nous lègue cette magnifique histoire de deux cents ans inaugurée solennellement par la Révolution française ? Est-ce là l'héritage de Robespierre, de Danton, de Jaurès, de Rosa Luxembourg, de Lénine, de Gramsci, d'Aragon, de Che Guevara? La nudité. Le ventre nu. Les couilles nues. Les fesses nues?» (Kundera. La Fête de l’insignifiance).
On a déclaré le monde sans frontières, mais les murs de séparation se sont dressés partout dans le monde. Nous sommes libres de nos mouvements, de notre parole et enchaînés à nos connexions, guidés non plus par les haut-parleurs des régimes totalitaires mais mezzo voce par la musique des smartphones. Les applis nous relient mieux que les défilés collectifs et les injonctions de la mode ont remplacé les circulaires du parti… Le marketing fait la guerre et enchante la communication de crise. Les gens ont la tête ailleurs, mais ils ne savent pas où ! La misère, la guerre, les épidémies, la pollution sont plus belles au soleil des séries télévisées.
La politique a cédé son rôle à la fiction, elle ne vise à rien d'autre qu'à se mettre en scène. Triomphe du besoin de représentation sur le sentiment de l'impuissance à vivre. Quand on ne peut plus vivre les choses d'une manière authentique, il ne reste qu'à se représenter soi-même en train de les vivre. C'est ce spectacle de l'impuissance à vivre et à changer la vie que donne le PS dans cette élection.

1 avril 2022

Macron, les yeux dans les yeux ?

Allons-nous vers une nouvelle affaire Cahuzac, cette fois mettant en cause un président le la République ? Pour ceux qui ont la mémoire courte, Jérôme Cahuzac, ministre de François Hollande, accusé d'avoir possédé des fonds non déclarés sur un compte en Suisse, puis à Singapour, campe sur son déni et clame à plusieurs reprises son innocence, y compris à l'Assemblée nationale. Après enquête, il est condamné par la Justice et démissionne.
On est surpris que dans la déclaration des revenus d’Emmanuel Macron, il n’est fait mention nulle part des millions qu’il aurait gagnés lors d’une grosses transaction à la banque d’affaires Rothschild pour laquelle il a travaillé pendant près de quatre ans, comme gérant puis associer-gérant de 2008 à 2012,
Il s’agissait du rachat par Nestlé, du département Nutrition infantile de l’américain Pfizer, face à Danone : une transaction de 12 milliards d’euros et qui l’a rendu millionnaire. Enfin, en tant qu’associé gérant de la banque d’affaires Rothschild & Co, Emmanuel Macron a nécessairement eu à connaître le commissaire aux comptes de la banque qui n’était autre que KPMG (1).
Dans sa fonction, il était aussi acteur au sein d’une organisation qui détient des filiales (gestion d’actifs et conseils financiers) dans des paradis fiscaux où les industriels de l’évasion fiscale sont systématiquement implantés : des paradis fiscaux européens comme le Luxembourg (29 sociétés), la Belgique, la Suisse, mais aussi d’autres plus « exotiques » comme Monaco , les Bermudes, les îles anglo-normandes à Guernesey, à Jersey, les Iles vierges britanniques, les Iles Caïmans, Curaçao, Hong Kong ou Singapour.
Quant aux USA, 18 filiales y sont détenues, presque toutes immatriculées au Delaware, paradis fiscal bien connu. Emmanuel Macron fréquentait les membres du conseil de surveillance de la banque dont certains étaient aussi administrateurs de sociétés situées dans tous ces paradis fiscaux, mais aussi dans d’autres comme Panama où Pfizer a planqué plus de 74 milliards entre 2008 et 2014 (période durant laquelle Emmanuel Macron a participé à la cession/acquisition entre Pfizer et Nestlé).
Avant d’entrer dans le monde politique, Emmanuel Macron a donc été un acteur important de ces milieux d’affaires et de leurs conseillers, ces grands cabinets d’audit organisateurs de l’évasion fiscale qui considèrent l’impôt comme une charge devant être réduite au maximum (au même titre que n’importe quelle autre charge), si possible même à zéro.

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Installé aujourd’hui au pouvoir, il perpétue “malgré lui” les relations avec Pfizer. Effectivement, manque de bol une pandémie est venue se greffer dans le mandat de l’ancien banquier. Mieux, la pandémie mondiale permet au Président de la République de renouer des liens avec ses vieux amis. Et notamment, un qu’il connaît particulièrement bien : un certain Frédéric Thomas…
Frédéric Thomas est en charge de l’activité Santé et Sciences de la vie chez KMPG France. Il a travaillé 7 ans chez Pfizer en tant que contrôleur de gestion, avant de devenir consultant interne puis responsable du Marketing Stratégique et de l’Organisation. Frédéric Thomas a passé 18 ans dans le conseil en stratégie uniquement dans la santé avec trois grandes activités : la pharmacie, dont les sociétés de Biotechnologies, le Private Equity, dont le contrat Manufacturing Organisation, les établissements de soins et les laboratoires d’analyses médicales au travers de l’évaluation des politiques publiques.
Une autre relation de Macron, banquier, lui est restée proche dans son ascension à la présidence de la République, les héritiers du fonds d’investissement familial Dentressangle. Il est intéressant de savoir que ce fonds d’investissement familial a incroyablement prospéré suite au rachat de Dentressangle Transport acheté par le géant du transport américain XPO Logistics en avril 2015. Norbert Dentressangle, était l’une des plus importantes entreprises françaises de transport et de logistique. En vendant le groupe familial à l’américain XPO, Norbert Dentressangle et ses héritiers ont touché un chèque de 1,45 milliard d’euros. La fortune familiale a été multipliée par 10… Un plan de sauvegarde validé par un certain Emmanuel Macron à l’époque ministre de l’Économie, qui 6 mois auparavant, a donné son feu vert au rachat d’une partie d’Alstom par le géant General Electric. Montant de la transaction: 12 milliards d’euros. Bien entendu KPMG est un bon client d’Alstom.
On pourrait poursuivre l’opération d’épluchage des dossiers et des fréquentations d’Emmanuel Macron par des lectures dans les journaux économiques et financiers. Certains dossiers débouchant sur des accointances de relations plutôt que suivies et personnelles, tout cela est troublant.
Cette relecture de la déclaration des revenus par la Cour des Comptes n’est pas terminée. Il se pourrait que dans les jours à venir la Justice soit saisie.
Verra-t-on une nouvelle course contre la montre comme celle qui fit perdre à François Fillon tout espoir d’atteindre le statut suprême ? Va-t-on au contraire traîner les pieds dans les quinze jours qui restent avant le premier tour des élections.
Suspens !
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1. KPMG est un réseau anglo-néerlandais d'envergure mondiale de cabinets d’audit et de conseil exerçant dans 150 pays. Il est composé de cabinets indépendants affiliés à KPMG International Limited, une société de droit anglais. Son siège opérationnel est basé à Amsterdam, aux Pays-Bas.