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31 mai 2022

LA TRAHISON DES LIBÉRAUX.

Les USA ont toujours eu l’Europe aux boniments. Ce n’est pas près de finir. Le courant libéral européen est plus pro-américain qu’attaché à l’unification des 27 pays membres de l’Union. Il est fondamental que l’Europe ait les moyens de se défendre elle-même de tout agresseur. La priorité est donc la création d’une défense autonome. On a l’impression que les libéraux réservent leur priorité aux intérêts américains, plutôt qu’aux nôtres.
Comme l’Europe s’est investie dans le libéralisme pur-jus, on se demande parfois si la Commission de madame von der Leyen n’entre pas aussi dans le même jeu d’influence des USA.
La guerre que la Russie mène en Ukraine a révélé les failles profondes dans le système défensif
Européen. Il est apparu que l’OTAN qui était en état de mort cérébrale suivant Macron, reprend soudain du poil de la bête et redevient l’outil principal pour notre défense, avec ce que cela suppose de mainmise de l’Amérique sur la défense européenne, l’OTAN n’étant une coalition redoutable que parce qu’elle est le prolongement de l’US Army.
L’Ukraine faisant partie de la zone européenne, il était tout à fait normal qu’une stratégie de soutien de l’UE à ce pays agressé s’élabore depuis Bruxelles. Or, l’Amérique en mettant « le paquet » pour militariser au maximum l’Ukraine, prend l’initiative d’une conduite politique qui ne s’embarrasse pas de la politique européenne à cet égard. On peut même considérer un arrangement avec la Pologne comme certains, de sorte que les USA se promènent partout en Ukraine avec des moniteurs et des spécialistes essayant des engins, voire des prototypes de toute nature, qui déferlent par wagons entiers sur Kiev et ses grandes villes.
Dans ce que l’on peut appeler le second plan Marshall des USA appliqué à l’Ukraine s’inclut la soumission de l’UE dans l’achat de son matériel de guerre. L’histoire des F35 est assez éloquente pour revenir dessus. L’Ukraine sert de laboratoire aux matériels de l’US Army, dans une guerre Russie-USA non-déclarée.
Au nom de quel leadership en libéralisme les libéraux européens font-ils allégeance aux USA ?
Le néolibéralisme n’a pas résisté à la pandémie et cependant les relations et les circulations des biens et fournitures sont toujours au beau fixe avec les USA, lors même que le rapatriement des techniques et des savoir-faire reconditionne de nouvelles usines en Europe, en y récréant ce qui avait été déporté dans des pays à salaires moindres.

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Assez curieusement la Commission européenne persiste sur la nécessité de poursuivre les traités de libre-échange, comme si cette politique ne s’était pas d’elle-même discréditée pendant la pandémie.
Un moment décontenancé par les foucades de Donald Trump, les libéraux européens étaient prêts à revoir leur politique vis-à-vis des contributions aux « services » que rendent les USA à l’Europe, quand, ô miracle, Joe Biden est sorti vainqueur des urnes !
Son élection à la Maison Blanche a signé le retour en force de la démocratie libérale sur le plan international. Les libéraux européens sont gonflés à bloc et repartent enthousiastes vers ce qui semble une politique non adaptée au monde d’aujourd’hui.
Joe Biden est sur une ligne du passé, même si son sommet pour la démocratie, organisé en décembre 2021, a déçu, il garde un positionnement identique à celui qu’il consacre à l’Europe, au prochain sommet des Amériques prévu du 6 au 10 juin. Lors de son dernier voyage en Asie, le président américain a également émis la volonté d'unir les démocraties locales contre le régime totalitaire chinois et de contenir les envies d'invasion de Taïwan.
Le ton est donné. Les libéraux ont le petit doigt sur la couture du pantalon. L’Europe soumise, sa Commission est dans l’attente des instructions de Washington.
L’investissement de Biden dans le cadre de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine, est tel qu’il en a fait un des symboles de l'opposition entre démocratie libérale et autocratie. On devine la manœuvre, redécouper le monde en deux catégories : les bons et les mauvais ! Cette rebipolarisation du monde rappelle des souvenirs de la guerre froide.
Mine de rien, Washington nous met en première ligne. C’est une tentative osée dans laquelle nous prenons tous les risques. De l’autre côté de la planète, nous serions tenus de souscrire à la même politique, comme les Taïwanais en première ligne, à la place des USA, la aussi.
Les libéraux dans leur hâte de servir le libéralisme à l’américaine retardent d’autant une prise de conscience d’une Europe qui doit absolument s’afficher une puissance avec laquelle on négocie, parce qu’on la respecte. Or, cette soumission libérale à l’Amérique l’en empêche.
L’obstination de la droite libérale ressemble de plus en plus à une trahison. Ce ne serait pas la première fois. L’esprit « collabo » libéral, avec ceux qu’on croit être le plus fort, existait déjà quand la Wehrmacht occupait l’Europe. Les libéraux belges n’étaient pas les derniers à « rendre service ».

30 mai 2022

Le sang des autres !

Inutile de reprendre le flambeau derrière toute la presse au sujet d’une loi sur les armes aux USA. Le Premier amendement qui les autorise empêche tout progrès.
Quand même la note est salée.
17.000 morts en 2022 dont près de 650 mineurs, 111 morts par jour, soit 40.620 morts chaque année par arme à feu aux Etats-Unis.
Les enfants ne sont pas épargnés et sont souvent des victimes collatérales de balles perdues ou d’une arme trouvée par hasard, quand ils ne sont pas directement visés comme à Uvalde.
Encore une dernière pour la route : selon le projet Small Arms Survey, 393,3 millions d’armes étaient en circulation dans la population civile aux Etats-Unis en 2017, soit 120 armes pour 100 personnes.
Trump, qui n’en rate aucune, a redit que si les enseignantes avaient été armées à Uvalde, le tueur n’aurait pas fait un tel massacre.
En somme, l’ancien président veut guérir le mal par le mal !
Le tueur est un jeune homme sans histoire. Salvador Ramos, 18 ans. Il était un « bon » garçon, un peu réservé, etc… ont déclaré ses parents.
On ne sait rien des motivations de ce dernier massacreur. On a, cependant, eu connaissance des motivations d’autres assassins de tueries du genre.
Parmi les motivations, le livre de Renaud Camus « Le grand remplacement », traduit en américain, en procurent. Renaud Camus publie en 2011 un essai à compte d’auteur « Le Grand Remplacement », avec ce sous-titre : Introduction au remplacisme global. Le grand remplacement serait un phénomène démographique et culturel de substitution des populations européennes dites « de souche » par des populations nord-africaines immigrées. Il aurait été favorisé, au mieux par négligence et lâcheté, au pire par intention délibérée, par des élites « remplacistes », déracinées et acquises à la mondialisation, afin de disposer d’un « homme remplaçable », « pion désoriginé, échangeable à merci, sans aspérités d’appartenance, délocalisable Tous les racistes blancs d’extrême droite en Amérique et même en Europe ont mordu à l’hameçon. Il ne leur fallait pas grand-chose pour craquer. En France, le polémiste aujourd’hui politicien, Eric Zemmour, a basé sa campagne électorale sur le livre de Renaud Camus.
Le reste des massacreurs le font plutôt en bande organisée et au nom d’Allah. Leur coup resté le plus spectaculaire fut le carnage au Bataclan, une scène parisienne.

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J’ai cherché l’équivalent d’un monstre tel que le jeune Salvador Ramos dans la littérature et je n’en ai pas trouvé, même dans le rayon « Science-fiction ».
Dans le livre d’André Gide « Les caves du Vatican », l’auteur met en scène un adepte de l’acte gratuit, Lafcadio, qui pousse un voyageur inconnu hors du train. Il est loin d’égaler Ramos, d’autant que Gide ne croit pas tellement lui-même à son personnage. L’acte gratuit n’est considéré chez lui que comme une vue de l’esprit.
Raskolnikov, l’étudiant pauvre de Dostoïevski, tue sa concierge parce qu’elle ne méritait pas de vivre dans la rapine et le mensonge. Il juge et tue en même temps, tout comme les salafistes au nom de leur croyance, mais Raskolnikov, c’est au nom de la morale !
Julien Sorel, dans l’œuvre de Stendhal, Le Rouge et le Noir, tue une ancienne maîtresse, madame de Rênal sans autre motif que celui d’en finir avec la vie, alors qu’il était sur le point de faire un mariage qui l’aurait sorti définitivement de la misère.
Le plus pervers d’entre ces personnages fictifs, c’est encore Iago dans l’Othello de William Shakespeare. Il se fait surnommer la bête. Il ne tue pas lui-même, mais subjugue ses complices pour tuer à sa place.
Dans la Mythologie, nous avons une mère de famille dénommée Hécube, épouse de Priam et reine de Troie. Elle tua Polymestor et lui mangea le foie.
Bien entendu les « séries » adorent mettre en scène des tueurs en série. Mais Hollywood s’arrange toujours pour que ces mélos ne soient guère crédibles.
Bref, nous atteignons avec Ramos une sorte d’horreur qui n’est ni de la fiction, ni une affaire qui susciterait des explications plausibles.
C’est monstrueux, inexplicable. Nous entrons dans l’irrationnel.
Tout ce que l’on peut en dire tient de l’étonnement qu’il puisse exister de nos jours des êtres aussi terrifiants qu’énigmatiques. Un psychiatre pourrait-il décrypter et comprendre le cheminement d’un pareil esprit ?
La seule explication rationnelle serait celle d’un esprit dérangé à la suite des programmes d’animation et des jeux vidéo, entre autres.
Mais, est-ce la bonne ? Dans le cas de Ramos, on ne le saura jamais.

29 mai 2022

Isotélie ou presque…

On assiste à un décrochage d’une partie de la population au « progrès » des techniques de banque et de markéting. S’il est hors de question de cibler une catégorie de citoyens, dire par exemple qu’au-dessus de septante-cinq ans les banques en ligne et les achats en grande surface en carte, voire sur smartphone, échappent à l’entendement, ce serait faux. Mais dire qu’un grand nombre d’entre eux éprouvent des difficultés serait plus exact.
Ce décrochage atteint toutes les couches de la société pour bien d’autres raisons que l’assimilation des nouvelles techniques comme étant « nécessaires » au progrès. Il y a dans cette mise en demeure d’apprendre ou de décrocher une intolérable obligation qui attente aux libertés.
L’exemple des banques est significatif. C’est l’usager qui est devenu « l’employé » du guichet à l’ancienne. Autrement dit, il effectue le travail de base de la banque sans être payé. Les agences de quartier n’existent pratiquement plus. Il faut solliciter un rendez-vous pour obtenir un avis qui regarde le fonctionnement du système sur votre ordinateur ou votre smartphone. Les traitements, les pensions et les indemnisations chômage ou maladie se font par virement bancaire, c’est-à-dire par la technique que la banque perfectionne sans cesse y impliquant tous ses clients. Plus personne n’a le choix du cash. Est-ce démocratique ?
De ne plus disposer de son argent, sans passer par des opérations techniques définies par autrui est comme la main invisible en économie capitaliste. On connaît la victime, on ne connaîtra jamais l’auteur.
Mais il n’y a pas que ça. Le côté « ce qu’il faut voir et retenir pour rester dans le vent » est tout aussi indispensable pour ne pas avoir la sensation d’être largué.
On ne peut plus avoir la tête ailleurs, rêver, vivre par moment comme un somnambule. Ne pas s’intéresser à Kim Kardashian ou ne pas faire la différence entre Lady Gaga ou Beyoncé n’est pas pardonnable dans une société d’apparence. Dans presque tous les milieux « branchés », on ne peut parler culture sans qu’il y ait une confusion entre l’histoire du Bitcoin ou de TikTok et la philosophie de Philinte dans le Misanthrope, sinon ne faire aucune différence entre Molière et une paire de chaussure, après que vous avez désespérément tenté d’expliquer que Philinte, dans la pièce, est l’ami de l’atrabilaire amoureux.

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Comme les termes « inclusifs » employés, ne sont plus compatibles avec la somme de siècles de culture, quand vous perdez pied dans ce qu’on nomme une personne binaire ou racisée induisant l’islamo gauchiste ou le nationaliste patriotique, c’est comme si vous veniez de la lune !
Ce devrait-être le droit absolu de ne pas tweeter et d’ignorer WhatsApp, sans passer pour un con ; sur Facebook d’éviter ceux qui ramènent tout à leur nombril, idem de ne pas voir la différence entre Instagram et Facebook. Comme il n’est question que de santé mentale dans le brain-trust des connaissances nouvelles, passer pour un cinglé peut être plus commode que d’afficher « branché ».
On peut regretter le vieux téléphone fixe et s’être arrêté à la télévision des débuts de Michel Drucker, sans pour cela devoir expliquer pourquoi être passéiste n’est pas nécessairement refuser le progrès, mais se poser des questions justement sur ce qu’est le progrès selon vos critères.
Ne jamais avoir ouvert un roman de Houellebecq et avoir trouvé stupide un de ses poèmes qu’un fan vous a mis sous le nez, ne signifie pas que vous n’êtes pas dix fois plus cultivé que le tordu qui n’a lu qu’un seul livre, justement celui qu’il fallait.
Ne pas voir le monde sous un casque Apple Watch ne signifie pas que vous ignorez la carte du monde, comme voudraient vous le faire croire les « influenceurs », sorte de caste du bien savoir et du bien dire, dont la plupart ne sont que des VRP (voyageur, représentant, placier) qui vivent des pourcentages qu’ils vous escroquent, en vous fourguant des nouveautés obsolètes dans six mois.
N’être pas de son temps, n’est pas si dramatique que l’on croit. Cela veut dire aussi refuser ce qui vous déplaît dans cet univers du factice et du fabriqué à des fins lucratives d’après les comportements quasiment désignés par les autorités du « savoir », qui vous façonnent comme un jardinier le ferait d’une haie.
Inadaptés de naissance, atrabilaire maniaco-dépressif, quel que soit le diagnostic que peuvent avoir de vous les gens d’après Clauser et Pure People, qu’est-ce que ça peut faire si vous êtes bien dans votre peau comme ça ?
Si jusqu’à présent j’ai parlé de vous, c’est que par définition il m’est difficile de parler de moi. Et ce que je vous attribue n’est, en quelque sorte, que mon côté « has been » volontaire.
Le gênant, c’est justement de dire de soi qu’on est plus porté sur les choses de l’esprit, au point que la culture remonte à la civilisation grecquo-romaine dont on pourrait citer Aristophane ou Cicéron. On s’en abstient sachant qu’en face, on ne vous prenne pour un con prétentieux, dans le déni de n’être qu’ignorant.
Cette inadaptation n’est pas sans conséquences. Peut-être un jour, n’aurais-je plus accès à des paiements par carte, ne pourrais-je plus entrer dans des parkings, pire, ne pourrais-je plus dépenser de mon compte en banque, faute de n’avoir pas su m’adapter aux définitions digitales ou par clic d’accès par fond de l’œil !
Je passerai alors définitivement pour un type largué, dépassé, et n’aurai plus que la ressource de mendier mon pain dans un futur où la menue monnaie aura disparu, alors que ma banque prospèrera sur de l’argent que j’aurai honnêtement gagné, sans que par défaut d’algorithme j’en puisse jouir.

28 mai 2022

POUTINE : TOUTANKCANON.

Le Prince Igor est un bref poème russe du XIIme siècle. Igor fut le défenseur de sa patrie et porte-parole d’un certain programme politique qu’on retrouve chez Poutine, à savoir l’expansion de la Russie vers les territoires méridionaux, expansion dissimulée sous l’étendard de l’héroïsme et de la religion.
La guerre étant une barbarie, on ne se préoccupe plus comme jadis, d’envoyer un cartel par ambassadeur ganté, documents à la main sur parchemin, sceaux et rubans figés dans la cire, lequel dépose cérémonieusement aux Autorités adverses, la proclamation d’un état de guerre, avec détails et conditions.
Depuis Adolf, plus on agit par surprise mieux ça vaut. Poutine, devenu hitlérien, ne s’encombre plus des précautions et avis, il fait du rentre-dedans. Il ne prend de précautions que pour son peuple à qui il explique que la guerre était absolument nécessaire. Pour un peu, il irait jusqu’à lui faire croire que c’est l’Ukraine qui a dégainé la première. C’est ainsi qu’il a impliqué le parlement et les notables dans cette guerre, à seule fin de fourrer dans le bain le plus de monde possible. En voulant que le peuple entier ait décidé d’en découdre avec les « Nazis » dans une nouvelle odyssée « nécessaire », il use d’une certaine prudence. Il se veut martyr à un possible tribunal genre « Nuremberg ». On le voit très bien en icône dans l’orthodoxie moscovite, sauvant le peuple russe en entendant la voix de Pierre le Grand sur un quai de la Neva.
Il plonge le pays dans une guerre dont il est le seul responsable. En cas de mauvaise surprise, il ne sera pas le seul, dans le box de la justice internationale, accusé de crimes de guerre.
Cette guerre qui remet les rapports entre l’Occident et la Russie au plus exécrable de la guerre froide des années cinquante, est complètement ridicule et peut avoir sur le destin de la Russie de considérables différences avec ce que Poutine, à ses débuts, croyait-on, aurait une politique de paix avec l’Europe.
Le pays le plus grand du monde est seulement peuplé de 120 millions d’habitants. En poursuivant le rêve de Pierre le Grand qui voulait que son Empire touchât à la Turquie et gagnât du terrain sur l’Europe, il semble avoir oublié que les trois-quarts de son pays sont en Asie et que sa plus grande frontière est celle qui le sépare de la Chine, un milliard et demi d’habitants ! En devenant le seul client de la Russie, la Chine va s’imposer et probablement finira par convoiter ces immensités vides qu’elle a en face d’elle, par-delà le fleuve Amour.
Poutine en s’engageant dans une guerre en Europe est probablement en train de compromettre l’avenir de son pays tout entier en jetant ses chars et ses avions sur l’Ukraine et en délaissant les postes frontières à peine gardés avec la Chine.

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Même si les mesures économiques ne l’atteignent que superficiellement, c’est toute une politique économique qu’il devra reporter ailleurs, alors que ses défauts de paiement en dollars ne font que commencer et qu’il n’est pas « malin » de se mettre à dos la moitié de la planète.
Déjà, Poutine ne dit plus la même chose qu’au début de la guerre, alors qu’il croyait être plébiscité par le peuple ukrainien, recevoir des fleurs à Kiev, et nommer un gouvernement poutinien à la place des « Nazis » en fuite. Maintenant, sa mission c’est la pacification du Donbass qu’il étend quand même jusqu’au pourtour de la mer Noire. Il se plaint encore que les Ukrainiens ne veuillent pas négocier, comme si la guerre était de leur propre chef.
La propagande et la désinformation travaillent le peuple russe sous la botte du dictateur. On ne peut pas bien situer ce que la majorité pense du conflit unilatéralement monté de toute pièce par son dirigeant. Il ne faut pas se leurrer, s’il y a eu une ouverture vers l’Occident du temps de Boris Eltsine, les Russes trop longtemps sous des despotes, les tsars, les tyrans de l’URSS et maintenant Poutine, n’étaient pas en condition pour s’occidentaliser. D’autant que si les dictatures ont de graves défauts, le capitalisme n’en est pas exempt. Il semble que l’Amérique soit la bête noire, non seulement de Poutine, mais de bon nombre de Russes pour qu’ils se méfient d’un libéralisme à l’américaine.
Malgré tout, on aurait pu envisager autre chose que la pire solution d’une guerre en Europe.
L’immense territoire russe le plus souvent resté à l’état naturel, est probablement le dernier territoire en partie vierge de la planète. Il est collé à l’Europe. Il regorge de pétrole, de gaz, de métaux rares. Avec l’Ukraine, il produit un tiers des récoltes de blé dans le monde.
Globalement la Russie est un pays à peine développé, son PIB est égal à celui de l’Espagne. Qu’est-ce que Poutine est venu faire en Ukraine, si ce n’est retarder de vingt ans la modernisation de son pays !
Reste le pire, on ne sait pas si acculé par ses erreurs, il n’aura pas à affronter une forte opposition intérieure. Poussé dans ses derniers retranchements, qui sait s’il n’irait pas jusqu’à déclencher une troisième guerre mondiale ?
Les Chinois l’espèrent et pas que… l’enjeu ne serait pas moins que la suprématie du dollar et l’hégémonie des USA sur l’Europe et l’Amérique du Sud.
L’avenir est vraiment un monstre inconnu qui pourrait compromettre gravement la survie de l’humanité et, pour cela, pas besoin de l’arme atomique, la bêtise et la cupidité humaine sont bien plus destructrices.

27 mai 2022

Tout a un prix, même le vide !

Chaque époque à son Stavinsky – l’homme qui voulait vendre la Tour Eifel. Notre époque a comme escroc de génie, un type qui sous un nom supposé, Satoshi Nakamoto, a lancé l’idée de l’enrichissement « à coup sûr » par la crypto-monnaie dont le modèle le plus connu est le Bitcoin.
Le bourgeois vous ne savez le prendre que par l’argent. Vous lui proposez un deal où il peut doubler sa mise, vous le voyez de suite en confiance, prêt à sortir son portefeuille.
En gros, la crypto-monnaie est une monnaie digitale qui n’existe que sur les réseaux en ligne. Elle est transférée entre deux entités et n’a pas d’intermédiaire comme une banque par exemple.
On sait Di Rupo attiré par toute opération financière capable d’arrondir son pactole. A-t-il eu quelques paroles imprudentes au sujet du bitcoin à la suite de l’histoire du type qui achète trente dollars un bitcoin, qui en vaut vingt mille quinze jours plus tard ? Toujours est-il que quelqu’un invente une interview avec Thomad Gadisseux sur la RTBF, au cours de laquelle Elio se vante d’un nouvel investissement secret qui permet de rendre des centaines de personnes riches en Belgique.
Tout cela bidonné et dépourvu de crédibilité.
Le bourgeois bien con et profondément libéral ne résiste pas à l’argument du pognon facile.
« Nous traversons une période économique difficile et c’est la solution que les gens attendaient. Jamais dans l’histoire, nous n’avons eu une opportunité aussi incroyable que les gens ordinaires puissent facilement en tirer profit pour générer une richesse énorme en un temps aussi court. »
Dans les ex-voto, comme à Lourdes, accrochés aux vitrines des plateformes du NET, on trouve celle d’un jeune homme qui a acheté à son petit frère la voiture de ses rêves: une Ferrari 488 Pista en utilisant l’argent qu’il a gagné avec Bitcoin Profit.
Il s’agit bien évidemment de fake news et il ne faut en aucun cas donner suite à ces publications.
Pour sortir de ce mirage du fric se suffisant à lui-même pour produire des richesses infinies, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), autorité dans les milieux financiers et bancaires, paraît-il, donne son point de vue qui paraît frappé du bon sens.
Interrogée le 22 mai dernier par la télévision néerlandaise, elle a estimé que les cryptomonnaies ne "valent rien". Avis qui peut se partager par ceux que n’aveugle pas l’argent facile.
Au cours de la Bourse où ces chimères sont cotées, le 12 mai dernier, le stablecoin TerraUSD et Luna, la cryptomonnaie à laquelle il était adossé, se sont écroulés. Ils ont entraîné avec eux, la baisse de près de 30% du bitcoin et de l’ether.

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Christine aime les investisseurs qui fouinent dans les cours de la Bourse pour s’y mitonner des coupons à 12, 15 % . Elle les met en garde, estimant qu'il faut impérativement sensibiliser les personnes qui souhaitent investir dans ce domaine sur les risques encourus. "Ce qui me préoccupe quand on parle de cryptomonnaies, c’est de s’assurer que ces investissements soient réalisés par des gens qui ont conscience qu’ils peuvent tout perdre. Je suis inquiète pour ceux qui pensent qu’ils vont forcément y gagner sans comprendre les risques, qui vont tout perdre et qui seront extrêmement déçus. C’est pour ça que je pense qu’elles doivent être régulées", explique-t-elle.
Évidemment, un produit qui ne repose sur rien, pas même une machine et un ouvrier dessus transpirant à jouer de la clé à molette, c’est quoi sa valeur ajoutée, sinon l’espérance des gogos que de rien se révèle la martingale suprême ? Au début du siècle dernier, le système de Ponzi ou Pyramide de Ponzi, montage frauduleux rémunérant les investissements par les fonds procurés par les nouveaux entrants, s’il faisait des gogos par poignées, reposait sur un actif certain. Les sommes engagées étaient le produit des propriétaires bourgeois prélevant leurs plus-values sur le prolétariat. C’était une sorte de casino où les premier placements étaient rémunérés avec les fonds des suivants. L’escroquerie se révélait dans l’impossibilité de rémunérer et même de restituer les sommes engagées.
La cryto-monnaie, ce n’est même pas ça. L’investisseur est de la revue au premier choc.
Mme Lagarde en remet une couche : « les cryptomonnaies n'inspirent guère confiance. Ce sont des actifs très risqués. Ma très humble évaluation est que cela ne vaut rien. Cela ne repose sur rien, il n'y a pas d’actifs sous-jacents pour servir d’ancrage de sécurité".
Il n’y a pas d’entreprise sérieuse qui ne repose sur des actifs qui en cas de besoin ne se replie sur des valeurs réelles.
L’argent fait fantasmer plus le riche que le pauvre. Le pauvre, c’est d’abord changer son ordinaire et vivre avec moins de tension. Le riche, c’est dédaigner ce qui fit sa fortune, pour la plupart, le travail des autres et se persuader que la spéculation est supérieure à une journée de travail. Que dire lorsque cette spéculation multiplie par mille l’investissement !
On voit alors les pires avares se laisser aller à des extravagances, jetant de l’argent à profusion dans des leurres que tendent d’adroits filous experts en psychologie des classes moyennes.
C’est pour le capital le rêve insensé de se suffire à soi-même. Comme s’il n’avait pas besoin de la sueur des hommes pour se goberger de la valeur de ces transpirations.

26 mai 2022

Urne casse-burnes.

Peut-être moins la Flandre, mais la Wallonie et Bruxelles sont directement concernés par le résultat des élections législatives des 12 et 19 juin prochains en France.
L’influence française sur nos mœurs, notre culture et l’organisation sociale de notre société est énorme.
Plus qu’en France, la Belgique, plus bourgeoise, plus craintive de l’avenir, tient toujours Macron pour une personnalité du centre, défendant la banque et le rentier avec le « bon » sens de l’austérité et des sacrifices unilatéralement destinés aux populations pauvres. Tout ce qu’aime Georges-Louis Bouchez qui doit vouer à Macron une admiration sans borne. Les gens ordinaires tiennent le président des Français pour le grand ami des riches, de l’Europe conservatrice néolibérale, dans un oxymore qui le caractérise parfaitement : le tout et son contraire, convaincu que le seul chemin possible est la mondialisation.
Ces élections mettront un point final au suspens sur l’ampleur du mandat du président Macron et les contours de son programme.
Inutile d’appuyer sur la plaie, tout le monde voit bien, tant en France qu’en Belgique, l’échec du système politique dans ses tentatives de recoller aux gens une démocratie qui part en morceaux. L’absence criante d’une représentativité réelle des populations ajoute au désenchantement général, alors que monte la vague de fond du mécontentement social.
La réélection de Macron est un mauvais remake d’une situation qui date de Jospin battu par Jean-Marie Le Pen. Depuis le cordon sanitaire, dont on use et abuse encore en Belgique, a été, en France, le convenu d’une comédie du pouvoir dans laquelle l’électeur finit par adouber un président qu’il déteste et contre lequel il avait voté au premier tour.
Bis repetita, l’élection présidentielle est retombée dans des travers qu’une majorité écrasante d’électeurs espérait éviter. Elle annonce un nouveau quinquennat sans élan et sans espérance, mais dans lequel vont souffrir les petits revenus. Le président sortant se trouve reconduit par défaut alors que la plupart des Français estiment que son bilan est mauvais (56 %), que depuis cinq ans la situation du pays s’est dégradée (69 %), que son programme est dangereux (51 %) et qu’il sert surtout les intérêts des privilégiés (72 %). C’est donc uniquement par rejet de l’extrême droite que des millions d’électeurs de gauche se sont résignés à voter pour un président contre lequel certains sont déjà prêts à descendre dans la rue. Les occasions ne vont pas leur manquer : baisse du pouvoir d’achat, relèvement de l’âge de la retraite, inaction climatique, augmentation des taux d’intérêt, dispositif punitif contre les chômeurs.

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« Il y a cinq ans, l’hebdomadaire britannique The Economist, proche de l’extase, représentait le président français en couverture. On le voyait marcher sur l’eau vêtu d’un costume aussi étincelant que son sourire fanfaron. Pour une bourgeoisie mondiale que le Brexit et l’irruption de M. Donald Trump à la Maison Blanche venaient de frapper de stupeur et d’effroi, l’arrivée sur la scène internationale de M. Macron s’apparentait à une revanche. Elle en escomptait le reflux du « populisme » d’extrême droite en Europe au profit du libéralisme « progressiste » et de la mondialisation. Il ne reste plus grand-chose d’une telle illusion. Avec la crise sanitaire et hospitalière, les difficultés d’approvisionnement énergétique et la guerre en Ukraine, les thèmes de la souveraineté, du pouvoir d’achat, de la relocalisation des activités, de la planification écologique occupent une place croissante dans le débat public. Au point que le 10 avril dernier, à l’issue du quinquennat de M. Macron, la gauche de rupture a conforté son influence, et l’extrême droite nationaliste, que la politique du président sortant prétendait endiguer, a fortement progressé ». (Le Monde Diplomatique)
L’impasse se dessine à l’horizon, il est toujours possible que les REM fassent le plein d’électeurs avant de faire passer la mayonnaise de REM à Renaissance, mais il est tout aussi imaginable de voir la coalition de gauche menée par Mélanchon rassembler les électeurs abstentionnistes et faire de ce parti de coalisés un gagnant.
D’après Marianne, le programme de la coalition n’est pas si révolutionnaire que ça et il est très jouable.
Les dernières péripéties du nouveau gouvernement Borne avec ce ministre repêché au PR et sur lequel pèse des soupçons de viol, à cela ajoutons la situation délicate du ministre de l’Intérieur sur le même plan sexuel, à quinze jours des élections, cela pourrait être les affaires de trop dans la sphère du président qui n’en manque pas sur d’autres plans, financiers notamment.
Ce serait un Macron les ongles coupés dans une coalition obligée avec un Mélenchon premier ministre. Cela rappellerait la cohabitation de Mitterrand avec Chirac et de Chirac avec Jospin.
Nous aurions un quinquennat inédit. Les plans politiques s’annulant, ce serait un drôle de match. Beaucoup plus excitant que ce que le gouvernement Borne proposera des arriérés de la Macronie, les réformes sur les pensions et la retraite à 64 voire 65 ans.

25 mai 2022

Un monde plat.

Lundi 26 mai Armand Laprune prend son vélo à sept heures trente pour rejoindre son poste chez Legagne, transporteur routier. Il fait partie d’une majorité travaillant au minimum légal, soit 11 € 55 de l’heure par semaine de 38 h. Ernest Legagne, content de son ouvrier, a arrondi son salaire à 12 €, soit 45 cents de plus. 68 € 40 par mois.
Pendant qu’Armand enfile son bleu avant d’aller pointer ; c’est le dernier jour d’un événement à Davos : le Forum économique mondial.
Armand ne sait pas que ça existe un rassemblement des responsables politiques, des universitaires et d’autres leaders de la société pour façonner les agendas mondiaux, régionaux et industriels », comme se définit l’organisation internationale indépendante, c’est-à-dire sceller son destin chez Legagne.
Ernest, le patron, n’est pas au courant, sinon vaguement par un prospectus de la FEB, lui signalant qu’ils ont un observateur à Davos.
Ils n’ont été, ni l’un ni l’autre, suspendus aux images de la télévision montrant des personnages bien vêtus, s’adressant des compliments
Pendant qu’à la RTB un fonctionnaire débite d’une voix lasse à propos de Davos « … il s’agit de la première édition depuis le coronavirus et le moins que l’on puisse dire est que le contexte particulièrement tendu a été au cœur des discussions. », Armand Laprune regardait avec son épouse Louise, « Mariés au premier regard » sur M6 et Ernest Legagne sortait d’une partie de poker où il avait laissé quelques billets sur la table.
Davos finissait en apothéose, banquet final et champagne sur une entente générale du fait que personne n’était d’accord sur rien et qu’on allait vers du jamais vu.
Cela faisait plus de dix ans qu’Armand Laprune s’était fait à l’idée que les petits ruisseaux ne faisaient pas les grandes rivières. Il avait fini par être écœuré par tous les « jamais vu » qu’il avait subi au long d’un parcours professionnel de galère en galère. Les plaisirs étant rares dans une vie d’ouvrier, il avait inconsciemment sombré dans les émissions de loisir à la télé, plutôt que sombrer dans l’alcool. Le seul luxe visible dans son rez-de-chaussée sans vestibule, c’était un écran TV géant, qu’on voyait de la rue, dès qu’on ouvrait la porte.

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Legagne n’aurait su en dire plus sur Davos que son ouvrier. Héritier d’une affaire de transport, il vivait en dépensant les hauts et en empruntant pour sauver les bas. Son affaire dépendait de Davos de façon directe, et plus lointainement, des frères Legagne, père et oncle d’Ernest, hommes d’affaires depuis 1943 et résistants en 45.
De Davos, José Manuel Barroso qu’on avait connu à l’Europe faire le métier d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et qui une fois sorti de son haut-fonctionnariat s’était empressé de vendre son agenda à Goldman Sachs International, pour en devenir le président, Barroso le portugais, déplorait le ralentissement du rythme de la mondialisation, dans un anglais mélancolique comme dans une morna de la Diva dos pés descalços, Cesária Évora.
Oui, Armand et Louise allaient probablement être les futures victimes d’un Davos, sans qu’ils ne puissent changer le cours des événements, défenestrés par un Ernest Legagne, prêt à tout pour rester bourgeois, fils de bourgeois et heureux de l’être, mais ne l’éprouvant pas encore dans sa chair.
« A cause de la guerre en Ukraine la géopolitique est au premier plan, après des années de baisse d’inflation et de taux d’intérêt bas », affirmait Charles ‘Chip’ Kaye au banquet de fermeture. Kaye, directeur général de Warburg Pincus, une autre sommité de Davos, menaçait ainsi directement Laprune de mise à la rue, à défaut de trouver les moyens d’éponger les forts déficits de l’État belge !
Alors que Laprune prenait seulement conscience des difficultés de la crise précédente en suivant « Grey’s Anatomy » sur RTL, les difficultés de l’hôpital, la pandémie, etc., voilà qu’on le menaçait de « démondialisation » au tour suivant !
« Les entreprises disent qu’elles ont besoin d’une production plus proche du client », déclarait Jonathan Gray, président de Blackstone Group, au délégué de la FEB, lui-même groupé dans un pack de soixante informateurs des associations patronales des 27. Qui dit plus proche du client, voit moins de kilomètres à parcourir à mes camions, d’un coin à l’autre de l’Europe, ne pensait pas encore Legagne, persuadé qu’il allait se refaire à coup de quintes floches à une autre table.
« Il serait succinct de dire que la mondialisation est terminée, mais la mondialisation à laquelle les gens pensent maintenant n’est plus vraie. La mondialisation qui existait il y a quelques années, avec le libre-échange et l’idée du ‘monde plat’, est terminée », déclara M. Weber, tout à fait à la fin, clôturant ainsi le Davos, en y laissant la touche finale d’une panique inavouée.
Le « monde plat » l’idée libérale encore de saison au MR, serait déjà has been ? Dommage aurait pu se dire Laprune, cycliste, un monde plat n’a pas de côte !
Les grands augures en décideront.
Laprune a quelques semaines devant lui à faire du vélo. Legagne ne sait pas encore qu’il va empêcher l’autre d’avoir le coup de pédale souple du matin. La politique au sommet rend les gens innocents : jouets irresponsables des événements par le jeu subtil des nouvelles lois de la démocratie commerçante.
Penser que tout cela soit possible, c’est comme qui dirait plonger le citoyen dans un océan de méditation.

23 mai 2022

Détestation de la Ville de Liège !

Comment suis-je arrivé à détester cette Ville, moi qui l’aimais tant !
Né place Delcour ayant été logé de Robermont à la rue Saint-Nicolas, passant de la rive droite à la rive gauche, tous les quartiers et pratiquement toutes les rues me sont familiers.
C’est que je n’y reconnais plus rien de ce qui me la faisait aimer.
Après le massacre Destenay, ce libéral fou, voulant transformer la ville dont il était le maïeur en autostrades bornés de hauts buildings, nous aboutîmes au désastre architectural de la Place Saint-Lambert. Nous y perdîmes le charmant théâtre du gymnase et le square Notger. Nous assistâmes à la perte de quelques vestiges majeurs dont les écuries des prince-évêques, existant encore dans les méandres de la librairie Biblio et des magasins du Phare.
Puis, après trente ans du « Trou de la place », nous eûmes les tracassés du bien-être pas cher qui firent Droixhe. Leurs successeurs en démolirent une partie.
Pendant ce temps, prenant souvent les riverains par surprise, des concussionnaires complotèrent avec des entrepreneurs pour acheter, même parfois à prix d’or, des maisons de maîtres, parfois petites gentilhommières, tout au long des boulevards de la Sauvenière et d’Avroy. On se mit à saccager le formidable patrimoine immobilier, plutôt que de l’adapter en appartements originaux. Au nom de l’intérêt général, souvent synonyme d’intérêts particuliers innommables, on construisit des sortes de clapiers de douze étages sans âme et sans originalité. arrachant avec délectation des lambris de chêne, des cheminées de carrare, des stucs trompe-l’œil, des plafonds peints avec l’ardeur d’iconoclastes incultes pour y faire croître leurs horreurs.
Il eût été tellement esthétique et intelligent de laisser la Ville dans son ensemble telle qu’elle fut créée après le comblement de la rivière Avroy en 1835, en transformant adroitement les gentilhommières aux hauteurs de plafond souvent de plus de quatre mètres, en appartements originaux et de qualité.
Le spectacle architectural de ces deux grands boulevards est absolument navrant. On dirait la bouche d’un géant brèche-dent à cause des malheureux monuments d’époque pas rachetés encore à cause des propriétaires qui résistent, entre les canines éléphantesques de messieurs les entrepreneurs-urbanistes de la cité désarmante.

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Mais ce n’est pas tout, restait le motif suprême, la haine de l’automobilistes et des autos que l’actuel bourgmestre affiche dans sa dérive du tout-à-pied ou à vélo, sacrifiant ainsi à l’écologie pour qu’on ne lui reproche pas les grosses pollutions dont la Ville perpétue la tradition.
Le chantier du Tramway fut l’opportunité. Commencé un peu partout et achevé nulle part, voilà plus de deux ans que nous en sommes accablés. Tous les jours, il y des chantiers qui s’ouvrent sans que jamais les autres ne se referment. Les commerçants sont désespérés, les clients rares, les autos tournoient sans pouvoir atteindre une issue, les amendes pleuvent sous la forte progression des détournements et des rues barrées, le tout dans une incohérence rare.
On peut même se demander s’il y a un pilote dans l’avion, d’un projet au départ intéressant et qui tourne au cauchemar.
Certes avec Ecolo le Bourgmestre Demeyer ne veut pas se fâcher, l’automobiliste vache à lait idéale, ne disparaîtra pas avec les diesel et les vieux breaks à essence, sans les avoir traqués jusqu’au dernier, taxés et sommés de se vouer à l’électrique, comme si la plupart des usagers avaient les moyens et les bornes adéquates pour ce nouveau pari, aussi dingue et irresponsable que celui de Destenay, il y a soixante ans.
Le bourgmestre oublie que nombre de handicapés utilisent de petits véhicules à essence sans lesquels leur sort est scellé : la maison de retraite et les parties de dominos.
Il devrait faire le compte des mécontents. Il se pourrait qu’une majorité de Liégeois trouvent que le massacre de Liège d’autrefois, le tram, les chantiers, les détournements, les rues barrées et les manifestations publiques comme cette course à travers la ville de ce dimanche, resserrant davantage l’écheveau des rues permises à quelques-unes, en faisant passer du boulevard Kleyer aux Guillemins pour retrouver le boulevard Sainte-Beuve, juste derrière, ce ne soit un peu beaucoup !
Manifestement, on devrait être charmé des décombres, des trous et des rues barrées tantôt plus nombreuses que toutes les autres, qui nous feront une ville calme, agréable, reposante, après, quand ce cauchemar aura pris fin.
Connaissant les édiles, les haines des vieux ensembles et des vieilles voitures, on fait confiance pour qu’ils nous trouvent d’autres horreurs, une sorte de piétonnier général où pour descendre au centre, il faudra laisser sa voiture à Saint-Nicolas. Nul doute que sans la vache à lait motorisée, ils ne s’attaquent aux piétons, un permis de circuler en ville.
Reste le parcours de ce tramway mythique. C’est bien de longer la Meuse. C’est surtout facile. Le parcours Ans-Fléron, crucial pour la fluidité routière, ce n’est pas demain la veille que des petits génies en auront l’idée. On a oublié que nous étions jusque dans les années soixante en possession d’un réseau de tramways remarquables. Le Tram 10 allait bien de la Place Saint-Lambert à Fléron, tandis que son homologue descendait d’Ans.
Ah ! ce passé qui remonte sans cesse en amertume dans la bouche du Liégeois !

22 mai 2022

RV dans 20 ans !

Samedi 14 mai, une fusillade a eu lieu dans le supermarché d'un quartier africain-américain de Buffalo, dans l'État de New York. Ces fusillades sont monnaie courante dans un pays où les armes à feu sont très faciles d’accès. Arrêté, l'auteur de cette tuerie se nomme Payton Gendron, 18 ans. Il se présente comme raciste, fasciste, antisémite et se réclame de la théorie du «grand remplacement» de Renaud Camus.
Cet écrivain était inconnu pour la plupart avant qu’Eric Zemmour ne le mentionne dans sa campagne électorale. Il l’avait déjà fait auparavant chez Christine Kelly sur CNews, mais là encore, on n’y avait pas prêté beaucoup d’attention.
Renaud Camus est un écrivain et militant politique français d'extrême-droite.
Au cours de sa carrière littéraire, il écrit de nombreux textes au sujet de ce qu'il nomme le « grand remplacement » des peuples européens par l'immigration, ce qui le rend influent au sein de la droite identitaire. En 2014, il est condamné pour provocation à la haine et à la violence contre les musulmans.
C'est dans l'Abécédaire de l'innocence que Renaud Camus mentionne, en 2010, la thèse complotiste d'extrême-droite du grand remplacement, avant de la détailler dans Le Changement de peuple, paru en 2013. Il affirme s'inscrire dans la lignée du Britannique Enoch Powell, auteur du célèbre discours des fleuves de sang sur les conséquences du multiculturalisme.
Le « grand remplacement » serait un phénomène rapide et important au regard de l'histoire de France. Il évoque également la notion de « Grande Déculturation », qu'il appelle encore « enseignement de l'oubli » ou « industrie de l'hébétude » présentée par lui comme l'indispensable moyen du grand remplacement. Considérant que, parmi de multiples causes, les médias et surtout l'éducation nationale sont directement impliqués dans cette entreprise de déculturation, l'auteur présente en une phrase, souvent répétée sous une forme ou une autre dans ses interventions, les raisons pour lesquelles il y voit le principal moyen du grand remplacement : « Un peuple qui connaît ses classiques ne se laisse pas mener sans révolte dans les poubelles de l'histoire. »
Renaud Camus a tout de suite connu le succès dans les milieux de l’extrême droite. C’est sans doute une des raisons que la diffusion de son œuvre soit restée quasiment confidentielle.
Il a eu tout de suite des lecteurs capables de propager son idée de grand remplacement : Jean-Marie Le Pen, Stéphane Ravier, Marion Maréchal, Éric Zemmour, Ivan Rioufol, comme auprès de magazines Valeurs actuelles et Causeur.
Par contre, le Nouvel Observateur parle de la « bouillie xénophobe de Renaud Camus » et un article du Monde ironise sur le « grand boniment ».
Renaud Camus voit-il juste ou se trompe-t-il lourdement ?

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C’est toute la question que l’on devrait se poser en toute lucidité plutôt que se joindre à l’un ou l’autre parti d’extrême gauche ou d’extrême droite, afin d’y militer plus par intuition que par déduction.
D’autant que l’auteur n’a pas la rationalité d’un Emmanuel Todd pour définir avec le plus de précision possible qu’elle va être la courbe des naissances de la communauté européenne de souche et de la communauté maghrébine d’exportation récente sur notre continent.
Tout l’argumentaire de Renaud Camus tient dans notre déficit des naissances, mais pas seulement, dans l’esprit de corps musulman des populations d’importation d’Afrique du Nord posant aussi un problème culturel.
C’est déjà, quoiqu’en disent les polémistes de l’un ou l’autre camp, un problème français avant d’être européen, quoique certaines communes comme Schaerbeek en Belgique sont très proches des situations, surtout de banlieues, des grandes villes de France.
Les réponses fournies de l’un ou l’autre camp, le laxisme de la politique modérée menée jusqu’à présent en France sont aléatoires et dépendent directement des flux migratoires stoppés ou laissés aller au laxisme ambiant.
Une chose est certaine, les camps sont divisés sur ces questions de civilisation.
L’Histoire nous apprend seulement que les civilisations sont mortelles, même si certaines, comme la grecque et la romaine imprègnent toujours la civilisation occidentale.
Nous avons troqué le rassemblement des peuples par la chrétienté contre le rassemblement des peuples par la laïcité. Nous y avons perdu – est-ce une bonne ou mauvaise chose – le fanatisme des peuples ignorants, pour la découverte du Siècle des Lumières. Ce faisant, il semble que de cette victoire la laïcité ait hérité d’une trop belle assurance. Si la catholicité a perdu de sa puissance, par contre la religion musulmane de grande diffusion récente, n’a jamais été prise avec la même rigueur que la chrétienne pour sa remise en question face à la laïcité, le principe de base de notre civilisation.
Est-ce cela qui pourrait ressortir des élucubrations haineuses d’un Renaud Camus qui sans le savoir aurait parlé « vrai » ? Selon lui, rendez-vous dans vingt ans !

21 mai 2022

Demain Bouchez rase gratis…

Si les marxistes sont des utopistes, que dire des libéraux qui ne rêvent pas de leurs déboires, mais qui les vivent, nous entraînant dans une paupérisation croissante, plutôt que vers un mieux être qu’ils osent encore nous prédire !
Richard Miller, retraité joyeux, philosophe de bistrot et bourgeoisement intellectuel est surtout un utopiste irrationnel. Selon lui, l'utopie technologique (techno-utopie) est une idéologie fondée sur les progrès de la science et de la technologie qui doit « nécessairement » déboucher sur une réalité idéale et sans défauts. Malgré tous les avatars de la société libérale, les « penseurs » du MR défendent le techno-utopisme, à défaut d’expliquer la crise profonde dans laquelle nous entrons.
On voit l’arnaque : « si ça va mal, c‘est pour que ça aille mieux ! ». Ainsi on passe sur les graves défauts du système qui explosent devant nous : inflation et chômage et on fait patienter l’électeur.
On voit d’ici ces enfoirés nous expliquer qu’en mettant en place les bonnes politiques, les technologies avancées déclencheront une nouvelle ère de croissance et de prospérité. La réalité est autre, décrite grâce aux statistiques, dans des études de perspectives prédisant des niveaux sans précédent de chômage technologique et de chaos social. La crise actuelle agit déjà sur les conséquences sociales catastrophiques pour la stratification des classes et les marchés de l’emploi : une exacerbation des inégalités de revenus et, surtout, un chômage « de masse ».

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Les épisodes de chômage de masse ne résultent pas d’un changement technologique, mais d’un affaissement économique. Si une réanimation robuste et automatisée des économies à haut revenu avait lieu, les données historiques suggèrent une trajectoire tout à fait différente.
La plupart des nouveaux emplois sont des emplois faiblement rémunérés dans le secteur des services, notamment les services personnels. Une transformation technologique radicale des économies avancées n’est ni en cours ni imminente.
La rhétorique qui a émergé et s’est consolidée autour de l’automatisation peut être interprétée comme faisant partie d’une initiative plus large visant à alimenter une bulle boursière sans précédent dans l’histoire, alimentée principalement par une poignée de valeurs dites technologiques ou Internet. L’histoire de l’innovation de la dernière décennie se limite principalement au secteur financier et à la politique monétaire : rachats d’actions (800 milliards de dollars en 2018), taux d’emprunt quasi nuls, endettement massif des entreprises privées, cycle après cycle d’assouplissement quantitatif [politique monétaire dite non-conventionnelle]. Des tsunamis d’argent bon marché se sont abattus sur les économies les plus riches du monde, dont une part non négligeable a été consacrée à l’immobilier urbain. Avec le début de la pandémie, nous en avons eu une dose de type King Kong, ce qui a poussé les marchés boursiers à des sommets historiques, alors que des secteurs économiques entiers ont fermé et que des dizaines de millions de travailleurs ont perdu leur emploi.
Ces fictions du changement technologique sont d’une importance vitale pour une classe capitaliste qui s’imagine être une force historique progressiste, mais qui préside à une économie profondément stagnante, passant d’une crise profonde à une autre. Cette classe se présente comme une force historique perturbatrice, voire anarchique, dont les innovations extraordinaires posent des problèmes (une croissance explosive de la productivité rendant la moitié de la main-d’œuvre superflue, etc.) qu’elle seule peut comprendre et résoudre. Il n’est pas étonnant que le mot à la mode de la décennie ait été « intelligent » (téléphones, maisons, usines, voitures et villes intelligentes), un terme qui reflète l’estime de soi de ceux qui l’ont inventé. Pourtant, ces personnes se sont enrichies grâce aux bulles immobilières et boursières.
Ne vous y trompez pas, nous vivons une époque de « chaos social » : de polarisation et d’émiettement social, d’endettement croissant et d’absence de croissance, de marchés du travail en panne et de conflits de classes aiguisés mais fragmentés et incohérents.
Vous n’entendrez plus les « théoriciens » du MR se lancer dans des explications à la GLB. La plupart des gens pensent que nous vivons à une époque de changements technologiques sans précédent. Alors que l’économie stagne dans une inertie technologique soutenue.
Pour la plupart, les types d’avancées technologiques qui ont eu lieu au cours de la dernière décennie ou plus ne sont pas pertinents du point de vue macroéconomique, qu’il s’agisse de la croissance de la productivité du travail, de l’emploi, des taux d’investissement, de la croissance du PIB ou de quoi que ce soit d’autre. Ce n’est pas un hasard si la consolidation de cette rhétorique de l’automatisation imminente (apprentissage automatique, gouvernance algorithmique, révolution des plateformes, économie du « partage ») a coïncidé avec la montée soudaine d’entreprises comme Facebook, Apple, Alphabet, Amazon, Alibaba et Tencent.
Au milieu de la décennie, ces entreprises avaient consolidé leur statut de leaders sur les marchés boursiers – leurs valorisations démesurées dépassant de loin les anciennes transnationales de la banque, du pétrole, de la pharmacie et de l’automobile – tout en s’insinuant dans la trame de la vie quotidienne des consommateurs des classes ouvrière et dites moyennes. Les entreprises de médias sociaux comme Facebook et les firmes monopolistiques de l’internet comme Alphabet/Google ont passé la décennie à promettre une révolution dans l’intelligence artificielle ou les voitures à conduite autonome, alors que plus de 90 % de leurs revenus provenaient de la vente d’espaces publicitaires à d’autres entreprises (comme les banques et les constructeurs automobiles). Ces plateformes ont accumulé des bénéfices massifs au cours de la dernière décennie en créant et en imposant des conditions d’exploitation semblables à celles d’un monopole. Bien qu’elles se présentent comme des entreprises technologiques, elles investissent relativement peu, mais dépensent sans compter pour écraser leurs concurrents potentiels, principalement en les rachetant très tôt.

20 mai 2022

Discours d’expert.

D’abord le discours du chef. Pour n’être expert en rien dans le domaine politique, le chef est expert en tout. Le seul domaine où il pourrait briguer l’expertise ne saurait être que dans la profession qu’il quitte pour se mettre dans la représentation du peuple.
Ainsi, Louis Michel, MR retraité, fut régent en langues germaniques à Jodoigne pendant dix ans. Personne ne lui a jamais demandé de s’exprimer sur la philosophie de Schopenhauer, encore que ce genre de question pût dépasser son niveau de compétence.
Pourtant en considérant l’intérêt général, c’eût été le seul service compétent dans ses cordes.
Il faut croire que la notoriété en politique dispense de l’expertise dans quelque domaine, puisqu’il ressort que le chef l’est dans tous !
Parler est ainsi le vecteur de l’expert en tout que les partisans veulent entendre. Que serait-ce aujourd’hui de Georges-Louis Bouchez s’il avait la voix haut perchée et par moment nasillarde ? Un chef silencieux, n’est pas un chef. Il ourdit quelque complot dirait-on.
Ce n’est pas d’esthétique, ni de bel canto dont il est question, mais de politique.
Le contenu du discours, c’est autre chose. En principe, il ne sert à rien. La voix qui charme, s’élève, s’abaisse en un murmure rieur, puis éclate en fureur comme celle de Néron dans Britannicus, c’est l’Alpha et l’Omega du discours du chef.
Le chef, tout prolixe soit-il, ne dit absolument rien. Di Rupo dans son discours sur l’état de la Wallonie n’a même pas changé de ton lorsqu’il a parlé du petit milliard qui va manquer bientôt. C’est inutile, puisqu’il ne s’agit pas d’un petit milliard, mais d’un autre chiffre que je suis incapable de recopier ici avec précision, tellement le discours du chef est bien au-dessus de ces contingences.
Pourtant, prévenu contre sa politique, je ne suis pas un militant pardonnant tout. Sauf quand Di Rupo dérape, poussé par un « communisss » qui l’interpelle sur sa gestion, la voix qu’il ne contrôle plus, part en ficelle dévoilant malgré lui le genre de sa sexualité. Ce moment affreux ne s’étant pas produit, le chef a été félicité pour sa rigueur et son intégrité, comme d’ailleurs on le fit pour José Happart, lorsqu’il prit sa retraite de président de l’Assemblée wallonne, juste avant de passer devant un tribunal pour se faire acquitter d’une affaire de concussion heureusement hors délai et prescrite.
Donc, le chef ne dit rien, mais avec beaucoup d’aisance et en un bouquet de phrases qu’il module suivant le temps qu’il souhaite rester à la tribune. Son discours consiste pour l’essentiel en une célébration maintes fois répétée, des normes de vie traditionnelle.

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La rhétorique du discours expert, dans le cas de l’expert d’hôpital est différente. Il doit quand même expliquer les raisons qu’un malade a de mourir. Il ne part en termes techniques dans un jargon incompréhensible du profane que si le patient n’est pas convaincu ou qu’il sollicite une raison d’espérer. Son expertise ne se base pas sur les examens préalables, les radios, les résultats des lasers mais sur le nombre de malades qu’il a rencontré dans sa carrière dans le cas spécifique. Si c’est un vieil expert, ils le sont en général après quarante ans, la norme de décès ne lui permet pas de modifier quelque peu le tour tragique de la maladie en offrant quelques vaines paroles d’espoir, mais qui seront accueillies comme paroles de jouvence pour le malheureux. Il profitera de l’effet « irrémédiable » de sa surprise pour s’éclipser et laisser l’autre dans une état voisin de la prostration.
On peut ainsi répertorier dans tous les cas d’expertise des formes ritualisées de discours.
L’usage répété de formules convenues est constant chez l’expert. L’universalisme supposé du propos le dispense d’aborder les explications. Les explications sont des pièges que tendent les maniaques et les contre-experts qui n’attendent que ça pour se lancer dans la controverse.
Heureusement l’expert qui n’est pas politique, donc qui est attendu au tournant de ses conclusions emploie le style formulaire. La présence d’un terme suppose la coprésence d’un autre, les deux formant une association indissociable.
Le chefs ont à leur disposition des mots tiroirs qu’on aurait pu relever dans le discours de Di Rupo, mais encore des autres chefs d’autres partis politiques, entraînant ainsi la prévisibilité du discours.
On reconnaît le chef dans « élargir l’éventail des choix, l’éradication de la pauvreté, mettre la technologie et les connaissances au service du développement de l’homme, les interdépendances se renforcent mutuellement, les avancées (vers la démocratie, les droits de l’homme, etc) sont sans précédent, mais restent menacées, le fossé ne cesse de se creuser entre les pays riches et les pays pauvres, le chemin a parcourir sera toujours trop long, la reconnaissance d’échecs invite toujours à tirer les leçons du passé, relever les nouveaux défis », etc.
Enfin dernier groupe d’experts, l’expert chic dont la spécificité est extrêmement réduite, par exemple l’expert qui ne l’est que dans la période bourguignonne entre 1256 et 1309.
En général, ces experts ne travaillent pas le dimanche, ni les jours en semaine. Les disputes n’interviennent qu’entre eux quand il s’en trouve deux sur le même coup. Parfois, ce genre d’expertise passe dans les colonnes du Monde au titre de curiosité.

19 mai 2022

Quand le travail est une corvée.

Cela fait peine à dire, mais le travail dans ce qu’il avait de plus innovent et créatif ayant presque tout à fait disparu dans les trente-six métiers qui n’en sont pas vraiment, mais que l’on fait par nécessité, ce qui pouvait encore aller avec la joie de faire quelque chose d’utile a complètement disparu.
Poussée aux extrêmes des rendements possibles par les sponsors du MR, l’heure de travail est devenue odieuse par la mégalomanie de ceux qui la paie et l‘exige dans son intégralité.
Jadis, une heure de travail se comprenait une heure de présence avec quelques intermittences en poses diverses. Ce n’était pas de la paresse, mais une nécessité de respiration pour ne pas faire le temps durant, la même chose.
Les patrons de jadis y semblaient résignés, tout en trouvant le moyen d’y faire fortune. L’idée de faire des concours à l’échelle mondiale sur l’heure de travail par métier déterminé, c’est en réalité la base du néolibéralisme. Elle a mis fin à un certain laxisme en bouleversant les rendements et les façons d’accomplir mieux et plus vite toute tâche répétitive.
Ce qui pouvait rendre idiot par la performance de multiplier les gestes et qu’on pratiquait parfois entre ouvriers en matière de jeu, est devenu la norme en-dessous de laquelle le risque est grand de perdre son travail.
De cet hallucinant progrès s’est dégagée une contrainte physique qui conduit le travailleur à la performance. Or le champion pousse la machine en s’entraînant avant de performer. Son exploit est à sa pointe de forme qui décroit nécessairement jusqu’à l’apaisement moral et musculaire.
En passant de l’âge anomique des entreprises au behaviorisme, on demande à des travailleurs qui ne sont pas des champions à soutenir des performances établies sur de courts instants que l’on multiplie pour atteindre l’heure. La plupart des normes établies ne peuvent être soutenues. C’est une politique qui, sans syndicat actif, donne à l’employeur une arme qui constate une productivité possible non assumée et donne au travailleur l’impression d’être mauvais dans sa branche.
Cela a conduit à des vagues de suicide dans certaines entreprises trop behaviorismes et heureusement que le peuple réagit plus intelligemment à des renoncements d’intérêt pour le travail que l’on fait dans de pareilles conditions, jusqu’au je-m’en-fichisme complet.
Bref, le libéralisme avancé dit de progrès a conduit à un renoncement quasi général à trouver le travail noble et nécessaire. Aujourd’hui, il emmerde quasiment dans toutes les petites professions, tout qui y est sommé par l’ONEM de ramasser ce qu’on lui donne, sous peine de se voir virer des allocations.
Nous ne sommes plus à une période où le peuple avait la perspective du paradis pour patienter. Ah ! que cette période du patriarcat industriel facilitait bien les choses.

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Tout le système reposait sur la résignation des pauvres.
Je n’ose ici reproduire ce que le pauvre en 2022 dit à GL Bouchez et ses mirobolantes admirations des jobs les plus sordides.
Le riche garde facilement l’ardeur au travail d’autant que le sien va de décider à ne rien faire ou établir un agenda pour ce qu’il fera. Il garde ses illusions et ses dix doigts, sa digestion lente ou rapide et ses heures de sommeil. Le pauvre, même en multipliant ses efforts, ne garde rien. Il n’a pas droit au superflu.
Contrairement à ce qu’on entend partout dans la définition du travail en système libéral avancé, les méthodes employées ne sont même pas créditées d’un certains progrès, puisque ces méthodes consistent finalement à détester ce que l’on fait et combien pèse la sacro-sainte obligation de s’agiter depuis le déclic de l’horloge pointeuse, jusqu’à la sortie, qui est l’obligation entre toutes.
En Belgique, d’après les calculs des libéraux, 800.000 chômeurs pourraient être facilement remis au travail. Ce qui remettrait quelques milliards de plus dans la machine et rétablirait les comptes d’un État dépensier.
Ce déficit est en grande partie le résultat de la manière dont on traite les gens au travail. Donc en termes de profit, ce système ne vaut rien.
C’est par la seule faiblesse des syndicats dans ce domaine qu’il persiste et aussi par le rapprochement mondial des industries concernées en concurrence universelle. Jusqu’à présent aucune autre méthode n’a été mise en pratique.
Les usines rutilante en tôle peinte dans les grandes banlieues industrielles ne sont plus que des goulags sans espoir et sans issue.
Est-ce cela le progrès ?
Justement, mettant à profit les temps incertains, l’inflation, la misère montante, la guerre, no « élites » dirigeantes sont en train de nous faire croire que nous pouvons y arriver avec leur méthode.
Eh bien ! ils se trompent. Leurs erreurs auront un jour beaucoup plus de conséquences qu’ils ne le pensent dans tous les domaines, y compris dans le domaine politique.

18 mai 2022

Deux Royaumes en un !

Le gouvernement d’Alexander De Croo ne tient plus à grand-chose : l’impossibilité d’en trouver un autre à cette législature !
Le mois dernier, c’était l’idolâtre de Louis Michel, le sieur Bouchez, qui envoyait quelques vannes à son homologue socialiste, partenaire du gouvernement. Aujourd’hui, c’est Paul Magnette qui présente 13 mesures au nom du PS pour soutenir le pouvoir d'achat de la classe moyenne.
Même remarque que pour Bouchez, Magnette ne s’adresse même plus au premier ministre dans le cadre d’un exercice du pouvoir légitime, à croire que cela ne sert à rien. Il le fait devant les citoyens comme s’il était question d’un programme électoral !
A sa décharge, les gens vivent mal l’inflation galopante. Ils redoutent les rallonges aux factures du gaz et de l’électricité. Ils constatent aussi la nette différence avec seulement le mois de janvier en référence à mai, à la hausse des achats de tous les jours pour s’alimenter et se vêtir.
Tant il est vrai aussi que le silence d’Alexander sur la situation sociale qui s’aggrave, a quelque chose d’inquiétant, comme l’impossibilité de pouvoir agir, d’être impuissant ou pire à trouver cette situation négligeable devant la question fondamentale de la prochaine législature : l’impossibilité de former un gouvernement sans le Vlaams Belang !
Le catalogue de mesures de Magnette doit faire bondir l’amoureux de Louis Michel : taxe sur les riches, sur le patrimoine, des aides pour les factures d'énergie des classes moyennes. Or, il reste deux ans à tirer avant la future législature qui s’annonce déjà comme la der des der dans un affrontement des deux communautés linguistiques !
Le pire pour Alexander, ce fut la présence à côté de Magnette du vice-Premier Ministre, Pierre Yves Dermagne, censé défendre le programme du gouvernement. Qu'un vice-Premier mette la pression en conférence de presse, sur les autres membres du gouvernement, en proposant des mesures qui ne sont pas prévues dans l'accord de gouvernement, est tout bonnement du jamais vu. En d’autres circonstances, cela nous eût valu une crise gouvernementale. Jusqu’à présent rien. Et pour cause, la Vivaldi est le bout du bout du possible. Après, c’est l’aventure, le vide.
Ce coup porté à la coalition Vivaldi ajoute à la pression, sur le Premier ministre, dans le genre cocotte-minute.
Les élections anticipées ? En pleine inflation, guerre en Ukraine et un Covid-19 qui s’attarde, avec les Flamingants en embuscade, est-ce bien raisonnable ? Pourtant, ces rumeurs viennent bien du gouvernement lui-même.
Paul Magnette a réaffirmé sa volonté d'être Premier ministre, si on le lui demande en 2024. Georges-Louis Bouchez a fait pareil en visite chez un célèbre journaliste flamand. Et il y a eu cette conférence de presse cet après-midi.
Devant ces affirmations, le choix des électeurs doit passer pour secondaire. A moins que le flamingantisme ambiant ne mette tout le monde d’accord.
Depuis le temps qu’on en parle, serait-ce la fin de la Belgique et de la dynastie laekennoise ?

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Les royalistes bourgeois et fiers de l’être seraient-ils réduits à replier la famille royale sur Quaregnon et laisser le bruit et la fureur s’emparer de Bruxelles, capitale de la Flandre ou de l’Europe, Pissepot commode à un jet de Gand et de Namur ?
On n’est pas là officiellement, mais on y arrive malgré la fine fleur de lys du MR et du PS. Des futurologues spéculent, loin des soucis de la ménagère avec son panier en rétrécissement constant, les chômeurs la corde au cou et les malades de longue durée aux cancers qui refusent de métastaser, sur un État flamand et un État wallon chapeauté par un roi qui le serait de deux royaumes !
On a bien eu les Deux Sicile par le passé.
Le menin montois du roi, Elio Di Rupo, y a peut-être pensé ?
Les bourgeois conserveraient leur tire-lire dans les deux langues et le gouvernement qui fédérerait les deux royaumes n’aurait comme attribut qu’une représentation à l’Europe et une mission diplomatique pour le reste du monde. On voit dans cette combinaison tout le portait de Sophie Wilmès, en congé spécial pour le moment, expliquant dans toutes les langues la nouveauté bicéphale avec l’avantage de lutter contre le chômage en inventant des emplois de haut rang supplémentaires, faisant de la Belgique une usine à gaz hypersophistiquée !
C’est une plaisanterie, direz-vous. A cela, une réplique est assurée… si vous estimez que nous n’en sommes pas au vaudeville, on ne peut plus burlesque, c’est que vous restez collés aux positions des pythonisses de foire en congrès aux PS-MR ! Le reste de la population voit le déroulement historique actuel comme un film de science-fiction depuis les fauteuils d’avant-première. Elle ne se sent pas concernée, depuis qu’elle a été exclue des débats du pouvoir depuis pas mal d’années déjà !...

17 mai 2022

Quoi ! la vie bonhomme.

La vie en société est un théâtre où nous sommes en représentation… tous plus ou moins des comédiens. Nous mentons avec un certain talent… sauf quelques acteurs professionnels, aurait ajouté perfidement le divin Sacha Guitry.
Le théâtre social nous apprend vite à tricher sur ce que nous sommes, d’où nous venons, les études que nous avons faites et la manière adroite avec laquelle nous nous sommes insérés dans la vie active et dans la vie amoureuse.
Nous extrapolons sur nous, que nous ne connaîtrons jamais, dans les jugements que nous portons sur nous-mêmes.
C’est une supplication de la plus haute antiquité que celle de se connaître soi-même. Personne n’y est, semble-t-il, jamais arrivé, même pas Platon qui fut sa vie durant l’amoureux jaloux de Socrate, sans jamais pouvoir l’égaler.
Nous pratiquons l’hypocrisie sans le savoir. Nous sommes tous des hypocrites à plus ou moins différents degrés, naturellement. La plupart pensent que si la vie ne vaut pas cher, la créature non plus, sauf quelques bonimenteurs dont les professions élèvent au plus haut la créature par rapport à la vie, dans le but de rendre plus confortable les leurs.
Nous sommes assujettis à un système qui conditionne notre manière d’être, voués à des comportements qui sont autant de normes à ne pas dépasser sans risques. Nos amours sont souvent des prises d’intérêt sur autrui qui se révèlent parfois de mauvais calculs dus au phénomène récurrent de la durée, une sorte de machine à user les sentiments.
Jacques Lacan a très bien résumé ce chapitre en une phrase lapidaire « L’amour, c’est donner ce que l’on n’a pas, à quelqu’un qui n’en veut pas. »
Plus l’homme croit aux grands sentiments, moins il en crédite les autres, par une sorte de complaisance à soi qui pousse à la sainteté dont il se croit naturellement empreint, jusqu’au plus profond de sa versatilité.
Une récente interview de GL Bouchez en dit plus long sur le personnage qu’une psychanalyse de dix ans. Laudateur de Louis Michel, il le pare de toutes les vertus. Ce ne sera jamais qu’un second qui veut passer premier par excès de zèle. Dans la carrière de son modèle, on y retrouve toutes les souplesses et toutes les vilenies dont cet homme politique a été capable pour se hisser là où il est, pour la postérité. Quoique postérité soit un bien grand mot pour un personnage qui ne sut se départir du médiocre, que dans l’hypocrisie où il égale les plus grands.
La reconnaissance des bienfaits dont on a profité est l’étalage Potemkine pour leurrer le bienfaiteur qui eut l’imprudence de faire un obligé. À n’en pas douter, les Michel n’ont de pire ennemi que celui qui les encense.
Le bonheur personnel ne s’épanouit pas nécessairement dans une société réussie et égalitaire, mais dans une société quelconque, même épouvantable, dans laquelle nous sommes au-dessus du médiocre par une naissance favorable ou une chance saisie de s’élever au détriment des autres.
La différence entre un drogué criminel et un bourgeois de mœurs austère est infime. Il suffit parfois d’un costume, d’une aisance naturelle à mentir avec sincérité, d’un instinct du convenu, pour tromper l’esprit le plus fin.

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Certes le monde est peuplé d’esprits lourds et de naïfs complets, mais ce serait une erreur de croire cette majorité exempte de tout mensonges et de tout vices. Dutroux est l’exemple même d’une naïveté détournée qu’il illustra d’une inventivité criminelle peu commune. Son bricolage servant de matériel à ses crimes, en a fait un pervers à bas prix, tête de gondole d’un commerce disputant le crime à la vertu.
Cette société, de laquelle il est impérieux d’imiter ses mœurs et ses activités libérales sous peine de mort sociale, est l’illustration type d’une oligarchie peuplée des mêmes attributaires et des mêmes tributaires remontant au Moyen-âge. On s’est habitué à la nommer une démocratie et de la parer des vertus qui sont autant de contraires à la réalité.
Elle provient de ce qui fut l’Ancien Régime. Celui-ci avait au moins le mérite de la franchise en plaçant la noblesse au-dessus du Tiers-état, mettant le peuple dans une situation d’antagonisme permanent. En faisant croire à l’amalgame découlant de l’égalité des chances, cette oligarchie n’est rien d’autre que l’ancienne, avec d’autres mots pour la désigner, en réalité bien plus dangereuse et perverse, puisque perpétrant ses coups dans la dissimulation de ce qu’elle est.
Plus une société à la prétention d’être égalitaire, plus il faut se garder du piège qu’elle nous tend de ses mensonges pour nous faire croire à ce qu’elle n’est pas, exactement comme nous qui mentons pour raisons personnelles.

16 mai 2022

Guerre et Paix version Vladimir.

Que d’occasions manquées entre l’Europe et la Russie ! Depuis les tout débuts de l’Europe, n’était-il pas convenu que tous les pays européens pouvaient se prévaloir d’être du continent pour chercher des liens d’amitié et former une sorte d’alliance entre eux ?
L’URSS victorieuse des Nazis n’était pas dans les mêmes dispositions. Ses dirigeants, comme dans un fort Chabrol, avaient claquemuré portes et fenêtres avec des pays satellites servant de matelas : Pologne, Roumanie, Hongrie, etc.
Oui, mais après la fin de l’URSS, la Russie moderne sous Boris Elstine aurait dû provoquer un rapprochement avec l’Europe. Pourquoi cela ne s’est pas fait ?
À y regarder de près, les États-Unis ont poursuivi leur hostilité avec la Russie, justement pour ne pas permettre ce rapprochement, de sorte qu’on n’a pas abandonné l’ancien moyen de défense collectif, l’OTAN et qu’on a sciemment ou non, préféré la dépendance à l’Amérique, plutôt qu’une coopération amicale avec la Russie.
Cette occasion perdue, la Russie est tombée dans les mains d’un aventurier qui, à défaut d’une entente entre l’Europe et son immense pays, a préféré rompre toute discussion et envahir l’Ukraine en dernier recours.
On le sait bien que l’Amérique était pour beaucoup dans les « pièges » disséminés, pêle-mêle dans les accords en discussion entre les parties. Les « américanolâtres » nombreux en Europe et particulièrement en Belgique n’ont jamais imaginé une alliance positive dans le sens d’un rapprochement.
Ceci étant, le maître du Kremlin est l’adversaire rêvé pour Jo Biden. Cette tête chaude de Russe farouche est tombée dans le panneau. Puisqu’une alliance déterminant les pays touchant la Russie ne pouvait se faire à cause de la versatilité américaine, Poutine a envahi son voisin dans une non-déclaration de guerre qui tourne déjà autours de plusieurs centaines de milliers de morts civils et militaires des deux armées en face à face.
La CIA se marre encore !

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La différence entre notre cher Allié et nous, tient dans la proximité d’un conflit à l’intérieur de l’Europe même, alors qu’entre Jo et Vladimir, il y a l’Atlantique.
L’OTAN, en état de mort cérébrale selon Macron, redevenait la machine à protéger l’Europe, grâce à la bonne Amérique qui prenait et qui prend toujours à elle seule la responsabilité de l’équiper en matériel… à condition que les gogos, la Belgique en tête, agissent de la plus sotte des manières qui soit, pour amorcer une politique européenne de défense, en préférant les chasseurs F-35 de Lockheed Martin, à l’excellente chasse proposée par Dassault,.
Les mesures européennes prises de manière économique pour « pénaliser » Poutine risquent de nous faire autant de tort qu’aux Russes. On constate qu’échanger le pétrole et le gaz russes contre le gaz de schiste américain est une drôle de combine en faveur du dollar.
L’inflation qui nous pète au visage en est en partie le fruit.
Mais bon, Poutine est un dictateur, c’est entendu. C’est un futur repris de justice et un dirigeant coupable de crimes de guerre au même titre que ses troufions appelés à conduire la ferraille à chenilles dont certains engins sortent du musée Brejnev. Et c’est vrai qu’il a agi on ne peut mieux pour la CIA. C’est un dictateur con. Ça arrive, la preuve.
S’il avait été plus malin, qu’aurait-il donc dû faire ?
A part les indéracinables de l’Alliance atlantiques, les petits trous-du-cul en agglomérat autour du séraphin MR Bouchez soi-même, tous les Européens auraient été ravis d’ouvrir des pistes d’intérêts communs entre la Russie et l’Europe, même après le coup de la Crimée, terre russe s’il en est et cédée à l’Ukraine du temps de l’URSS, par un Kroutchev dégoulinant de vodka.
Tout était encore possible avec visite du grand pont reliant la mère patrie à la Crimée et défense à Kiev de trop la ramener sur le Donbass par une recherche d’un compromis genre République autonome sous tutelle ukrainienne.
Un Poutine philosophe en séance de charme Haut-les-cœurs aurait fait remballer la quincaille Lockeed.
Mais non, ce coup de menton d’allez-y-les gars, la patrie est en danger en mettant d’abord les Popoff de l’active en première ligne, c’est l’abominable erreur dont Poutine guerrier ne se remettra pas, quoiqu’il invente et quoiqu’il fasse. Il risque même, les Américains en rêve, de se prendre une casquette dans les plaines à blé de l’Ukraine, face à une armée locale au top guerrier, avec en face des adversaires incapables, de toute manière, d’occuper, même l’armée ukrainienne défaite, un territoire hostile aussi vaste.
Alors, cette guerre absurde, inutile à notre voisinage est de trop. Poutine en paiera de toute manière les conséquences. Il aurait pu choisir la voie de Talleyrand, certes comme le diplomate français il eût été sans doute décausé à Moscou et pris comme de la merde dans un bas de soie, au premier abord, puis sérieusement félicité d’avoir joué au plus fin avec tout le monde.

15 mai 2022

Un ensemble harmonieux ?

S’il y a bien un divorce entre le citoyen et les décideurs de l’État, c’est bien dans l’élection qui oblige l’électeur à choisir un programme d’un parti, dont il sait à l’avance que même si ce parti gagne les élections, ne sera pas ou peu appliqué.
Autrement dit, même gagnant, le parti qui vous proposait des choses à votre convenance, ne pourra pas vous satisfaire, à l’exception d’être majoritaire à lui tout seul, ce qui ne s’est jamais produit en Belgique depuis la Libération ; et quand bien même le serait-il en Région, il ne le sera pas au Fédéral, puisque les principaux partis des coalitions possibles se sont scindés en deux depuis la situation linguistique dans laquelle baigne ce pays.
Voilà qui est fâcheux et place l’électeur au bout de la chaîne des décisions, alors qu’en principe la démocratie le placerait en premier, si elle était appliquée correctement.
Cette impossibilité de traduire directement dans les faits une volonté majoritaire des électeurs paralyse tout effet de masse et laisse à l’appréciation de quelques-uns le soin de diriger le pays.
À cet état de fait, s’enjoint un autre tout aussi contraignant.
En étant intégrée à l’Europe, la Belgique a abandonné son pouvoir de décision concernant diverses dispositions économiques en faveur d’un système libéral d’échanges dont les codes ne peuvent être transgressés.
Déjà limité dans son pouvoir par une délégation de ses choix politiques, l’électeur l’est aussi dans une règle commune qui dispose que le libéralisme est une obligation qui ne peut être ni contournée, ni contredite.
Il ne resterait à l’Europe qu’un seul pas à franchir en déclarant les frontières inaltérables des 27, pour que soient interdits les partis réclamant la création d’une Flandre autonome. Ce faisant joignant cette interdiction à celle exigeant l’économie capitaliste pour les 27, nous pourrions avoir en Belgique l’exclusion de la N-VA, du Vlaams Belang et du PTB !
Le tout évidemment sous le régime actuel, vanté par tous les appareils comme étant l’émanation même de la démocratie !
Ne sont donc crédités de la citoyenneté légale que les électeurs unitaires et capitalistes.
Et quand bien même répondent-ils à ces critères belgicains, libéraux et européens, leurs revendications, même modestes, ne peuvent pas être prise en compte dans un système particratique de participation à plusieurs pour former un gouvernement. On voit bien comment se forment des majorités, en annulant les propositions plutôt qu’en les cumulant, si bien que chaque associé peut tirer prétexte des déficits permanents de l’État, pour expliquer à l’électeur que toute « avancée », qu’elle soit sociale ou d’économie à réaliser dans le fonctionnement même de l’État, est impossible !
C’est ainsi que l’électeur va se trouver dans une situation où il n’est ni l’arbitre, ni l’animateur de son pays, mais une sorte d’acteur inactif qui reste dans la distribution à seule fin de garantir son authenticité, par sa présence. Que serait, en effet, une démocratie sans les simulacres de la démocratie ?

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Cette position de faire valoir de l’électeur sans aucun profit pour lui est exaspérante parce qu’elle est niée par les porte-parole des partis.
La théorie veut que ces partis prennent scrupuleusement en considération les volontés pour autre chose, c’est-à-dire une manière de voir autrement une démocratie démuselée ; cependant, ils n’en font rien.
Ils s’en tiennent à la création du mythe de l’électeur unitaire et capitaliste pour en faire le témoin type majoritaire du pays.
C’est adroit, puisque la majorité étant ailleurs, celle-ci est en réalité « illégale » par toutes les lois possibles de l’État et de l’Europe.
La question est de savoir combien de temps ce mensonge permanent d’une démocratie réelle va-t-il encore tenir ?
Le peuple muselé, la bienpensance en pleine activité de propagande, tout semble convenir à ce que les temps ne soient jamais à la contestation active. Le Covid-19, la guerre en Ukraine et l’incertitude de l’avenir de l’Europe face à ce conflit, sont des événements dont le pouvoir s’est admirablement emparé pour qu’on ne parle plus des sujets qui fâchent.
On peut ainsi voir les commentaires des gazettes sur les difficultés rencontrées par Alexander de Croo pour rendre crédible cette alliance Vivaldi et rien que cela au niveau de la Belgique.
La démocratie en fonctionnement de simulacre n’est jamais évoquée.
Nous irons donc voter à la législature prochaine, avec le sentiment trouble que pour l’ensemble majoritaire de la population cela ne signifie plus grand-chose, tandis que les partis se féliciteront du bel ensemble harmonieux de l’économie libérale avec la démocratie.

14 mai 2022

Pauvre Russie !

Pauvre Russie ! il n’y a rien de plus triste que d’avoir un dictateur qui rate son coup !
Poutine s’est trompé depuis le début. C’est clair, il ne sera jamais Pierre le Grand. Oui, mais un enthousiasme ne se refroidit pas comme ça. Il faut du temps aux gens pour se rendre compte. Certes, une guerre éclair qui s’éternise, ça fait désordre. Surtout quand on voit ce qui défile. On dirait que pour commémorer la victoire sur les nazis du 9 mai 1945, Poutine ait décidé d’un défilé du matériel du regretté Staline à Marioupol et dans le Donbass.
Comme en face, il y a du matériel piquant neuf des arsenaux américains, c’est le casse-pipe de la fête foraine. Même un bateau amiral n’a pas pu regagner la rive et se mettre à l’abri, coulé en pleine mer !
Le Peuple russe n’en revient pas ! Jusqu’à présent il a pris l’humiliation de Poutine comme si c’était la sienne. Mais, on sait les peuples versatiles. Ils ne restent pas toujours branchés sur radio Moscou.
Poutine à beau leur dire que tout était prévu à l’avance et que ce scénario est exactement celui qu’il voulait, les 21.000 morts de ce scénario n’ajoutent rien à la grandeur des sacrifices. On peut aimer la Nation, mais une telle hécatombe juste pour faire un monument à la hauteur de l’événement, c’est trop.
Reste le sentiment antinazi du Russe patriote.
Là encore, Poutine s’est pris un râteau ! Comment faire croire que les Ukrainiens sont tous des nazis survivants de la guerre, quand d’autre part, avec le concours du Pape orthodoxe Alexis, Poutine nie l’existence des Ukrainiens. Ils ne sont rien moins que des Russes, vu que Kiev est le berceau de la Russie éternelle ! Les Russes seraient donc des nazis aussi quelque part ?
Ils n’en sont pas encore arrivés à ce type de raisonnement, mais par logique – le peuple russe est un peuple intelligent - on n’en est pas loin ! A force d’être condamnés par tout le monde, d’être rejetés par la moitié de la planète et honnis par les voisins européens, les Russes tout dévoués à Poutine soient-ils, se trouvent déçus que la grandeur du patriotisme leur coûte aussi cher, quoi de plus évident !
D’ici vouer à celui qui l’incarne moins de passion sacrificielle, il n’y a qu’un pas.
Un dictateur, c’est immanquable quand on cesse de l’adorer, on finit par le haïr.
Il n’a plus d’autre ressource pour se maintenir dans les dorures des palais qu’un seul moyen : faire appel à l’apocalypse.
Poutine a déjà commencé. Il laisse dire à ses propagandistes que Paris pourrait être un petit tas de cendres en 9 secondes, qu’il a des bombinettes radioactives qui pourraient être utilisées partout. C’est le genre de raisonnement d’un dictateur qui se sachant fini, veut aussi que l’humanité qui n’a pas su voir en lui un être supérieur et exceptionnel, meure avec lui !
Tout à fait comme Hitler à deux doigts de posséder l’arme atomique, qu’il s’en soit servie ne faisait aucun doute. Poutine est-il de cette trempe ? On n’en sait rien. Les Occidentaux le disent rongé par un cancer. Inutile de rêver. Il ne partira et on ne sait pas encore dans quel char de feu, que si le peuple russe se lève en masse et dise qu’il en a assez de passer pour un repaire de brigands pour Marioupol et quelques villes, dont le sang des habitants sèchent sur les pans de mur qui restent.
A force de faire passer des échecs pour des réussites, il arrive qu’une boulette, même minuscule fasse déborder le vase.

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Admettons que le matériel postsoviétique ait été mis exprès en première ligne pour que l’armée ukrainienne passe pour des ferrailleurs aimables, oui mais, les soldats qui étaient dans des tanks, la piétaille entassée dans des camions GMC de 45 ? ce n’est pas de la chair à canon de Stalingrad, mais des jeunes gens embrigadés vite fait dans une guerre qu’ils croyaient n’être qu’un exercice pour rire en 2022 !
Tout cela, Poutine le sait et il pourrait se dire que c’est le moment de trouver un coup retentissant capable de faire reprendre à la Russie son amour indéfectible pour lui.
Le missile mirobolant inarrêtable qui rend baba la CIA et l’armée américaine, le dernier avion hypersonique invincible et le canon laser en version secrète élaboré dans les caves du Kremlin, Poutine a tout en laboratoire, mais question de fournir les supermarchés des états-majors planqués en Ukraine, c’est autre chose.
Alors ?
Fermons la boîte aux suppositions. Les dictateurs aux abois ont des imaginations sans limite. Essayons de voir d’ici fin mai quelle issue propice au patriotisme russe, Poutine aura trouvée, pour ne pas sombrer dans la détestation de tout son peuple.
On verra aux décisions prises, si Poutine est réellement fou ou s’il n’est qu’aux abois.
C’est une position qui n’est pas commode, celle de l’attente. Qu’il ait échoué sur beaucoup de choses est l’évidence même. Qu’il ait réussi un suspens historique, c’est certain.

13 mai 2022

Escapisme.

Restons lucides. Nous vivons mieux que dans les Carpathes, mais il n’est pas sûr que nous soyons toujours à un niveau de vie plus élevé qu’en Tchéquie. Ce n’est pas pour faire semblant qu’en Belgique, on prospère au-dessus de la plupart des 27 de l’UE. En réalité, nous régressons. Nos voisins Allemands et Néerlandais gagnent des points, tandis que nous en perdons.
Sur dix ans, le pays a connu la plus faible croissance de productivité du travail depuis un demi-siècle, même dans le secteur manufacturier. Le ralentissement de la croissance de la productivité du travail a commencé dès 1970 environ.
Les structures de l’État y sont pour beaucoup.
Nous traînons comme un boulet cette usine à gaz que nos mandataires nous ont construite en une quarantaine d’années, multipliant les pouvoirs décisionnaires, plaçant des personnels au triple et au quadruple de ce qui aurait été suffisant dans une structure autre.
Les anciens prospectus des Michel, Reynders, etc. jusqu’à remonter à la famille Spaak, sont un ramassis de promesses dont aucune n’a été réalisée. Le décollage promis n’est jamais arrivé.
Les réformes de structure ont occupé une place de choix dans le débat public. Certaines ont laissé des cicatrices indélébiles. Sur le temps qu’une crise économique mondiale implacable se déclarait, nous nous échinions à trouver toutes sortes de combines pour sauver la monarchie et l’unité de la Belgique.
Le premier round de cette débâcle a été marqué par une série de faillites spectaculaires dans le secteur financier, les banques d’investissement surendettées s’étant effondrées ou ayant été rachetées pour quelques euros par des firmes moins exposées, le ministre des Finances de l’époque, Didier Reynders, jetait l’argent public à profusion, pour boucher les trous, alors que nous eussions été les propriétaires de nombreuses banques, que nous eussions pu revendre un an plus tard en faisant d’immenses bénéfices au profit d’un Etat désargenté.
Mais ce n’est pas le rôle d’un État de faire de la spéculation clame en chœur l’élite libérale, tandis que les banquiers reprenaient du poil de la bête et en profitaient pour licencier des milliers d’employés, pour aboutir à la situation loufoque des clients qui font le travail administratif et les actionnaires qui ramassent les bénéfices, dans une nouvelle vision de la banque, une machine automatique qui ne coûte que l’électricité qu’elle consomme.

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Ce qui s’est passé ensuite était aussi prévisible que dévastateur : des années perdues marquées par des taux de chômage jamais vus depuis des décennies, combinées à des taux d’activité en chute libre, les travailleurs licenciés ayant abandonné le marché du travail.
La demande de main-d’œuvre ayant diminué, les salaires de nombreux travailleurs ont baissé, tandis que le coût des structures et des personnels de l’État était en augmentation constante, suivant ainsi une folie suprême, celle des emplois politiques aussi variés que divers, coupant le Fédéral en cinq, ce qui avec ses anciens attributs faisaient six, avec lui.
Comme les travailleurs étaient mis au chômage, le capital le fut aussi. Tout au long de la décennie de crise, les taux d’utilisation des capacités installées, qui mesurent l’écart entre ce qu’une économie peut produire et sa production réelle, ont atteint les niveaux les plus bas de l’histoire de l’après-guerre, bien en dessous de ceux des années de crise des années 1970.
La croissance du PIB s’est essoufflée, alors même que les emprunts des entreprises montaient en flèche tout au long de cette période. On voit même de nos jours, la présence fantomatique d’entreprises « zombies » capables d’éviter la ruine en refinançant constamment leur dette, alors même que leurs activités se contractaient. D’autres plus précaires, s’il en est, des jeunes se lançant instigués par le MR, à devenir patron et personnel en un seul, surexploités par des sociétés qui regroupent tous ces crève-la-faim, pour les essorer une ultime fois, et enfin les rejeter comme épaves.
Plus important encore, au moment même où tant de commentateurs annonçaient la perspective d’un nouvel âge des machines, l’investissement des entreprises privées en capital fixe s’est effondré, atteignant des taux sans précédent dans l’après-guerre. Les chiffres de la productivité du travail ont affiché des taux de croissance lamentables, augmentant de moins de 1 % par an, même dans le secteur manufacturier, historiquement dynamique.
Tout cela avant le Covid-19. Autant dire la divine surprise pour le personnel politique que cette bienvenue pandémie ! L’art de rejeter sur les événements contraires leurs pires erreurs a toujours été un des sommets de la fine politique, nos constructeurs de l’usine à gaz ne pouvaient pas louper l’occasion. Cerise sur le gâteau, des occasions de gagner du terrain sur les libertés des citoyens, ceux-ci furent plus surveillés que jamais par les Autorités qui avaient déjà goûté le charme du commandement, sous les coups de lame du terrorisme musulman.
Et le pire, à l’avenue de la Toison d’Or, le MR ne reconnaît toujours pas la différence entre l’activité capitaliste privée et les dépenses publiques. Si bien que nos hôpitaux avec toutes les activités annexes vivent un véritable cauchemar productiviste.

12 mai 2022

La mouche à merde.

Rififi au local du MR, avenue de la Toison d’Or à Bruxelles. Une mouche au métathorax d’un vert intense, vulgairement appelée « mouche à merde » semble apprécier les salles et les bureaux de cet honorable lieu du libéralisme avancé.
Rien n’y a fait ! Bouchez l’a poursuivie à la raquette électrique, en vain. Miller a cru l’attraper et a même écrasé quelque chose sur le dossier spécial « chômeur de longue durée » avec son beau mouchoir ourlé par une dame du comité Jean Gol. C’était un glaviot à la pistache très ancien qui s’était comme consolidé au temps où le petit Chastel avait l’habitude de cracher partout.
Comme les joyeusetés vont par paire à la Toison d’Or, il avait été question de glorifier l’attitude héroïque de Charles Michel face aux hordes sauvages dans une rue de Kiev, parant les missiles comme pluie sous un pépin. Hélas, une information venant de la CIA d’un informateur de source sûre, ami personnel du génie montois, avait signalé tout juste avant la venue d’une fanfare, que le seul missile tiré était tombé à 37 km du centre-ville !
C’est devant cette information désastreuse, avec la mouche à merde toujours bien vivante perchée sur le porte-buvard du bureau, que le président en exercice, monsieur Bouchez soi-même, recevait un type mystérieusement caché sous des lunettes solaires, spéciales Rayon X.
Immédiatement reconnu par Jean Dénonce, journaliste au Soir, planqué devant le local des Bleus, comme étant Peter Schiff, économiste devenu célèbre pour avoir prédit la crise financière de 2008 plusieurs mois à l’avance, la Direction du Journal téléphona à « qui de droit » qui lui interdit de publier la nouvelle étant entendu que le caractère mélancolique de l’économiste n’était pas de nature à rendre le moral aux membres des Clubs de la Bourse.
Et en effet, grâce au capteur russe astucieusement introduit dans l’abdomen de la mouche, le Kremlin put décrypter la conversation entre les deux géants de l’économie mondiale.
La Pravda, sur ordre de Poutine prépara sa première page à sortir dès le lendemain.
« Peter Schiff prévient que l’économie américaine est sur le point de s’effondrer à nouveau. Cette fois, il ne s’agira pas d’une répétition générale comme au début de la crise du coronavirus ».
La CIA étant à même de produire le texte exact depuis les locaux de la Pravda, nous pouvons vous faire le compte-rendu exacte de la conversation entre le président du MR et Peter Schiff.
« Les marchés boursiers ne se portent pas bien. Depuis la réunion sur les taux d’intérêt de la Réserve fédérale la semaine dernière, les courbes de prix sont devenues rouge sang. Aujourd’hui, on assiste à une reprise fragile, mais les experts préviennent qu’une période volatile nous attend. Les investisseurs craignent, entre autres, qu’un resserrement trop rapide de la politique monétaire américaine n’entraîne une récession. « Mais même si une récession est évitée, nous voyons un risque de baisse sur les marchés boursiers », a déclaré David Kostin, stratège chez Goldman Sachs, en début de semaine.
Le Bel20, après une reprise minime (+0,5 pour cent) mardi, se négocie toujours en baisse de 10 pour cent par rapport au début de l’année. L’Eurostoxx50 a déjà perdu 18% depuis le début de l’année 2022. Le Nasdaq, quant à lui, est dans un marché baissier. L’indice technologique a déjà perdu 25% cette année. Pour les autres indices américains également, l’avenir est tout sauf rose.
Nous ne demanderons pas aux entreprises de fermer, elles n’auront d’autre choix que de le faire. Des dizaines de millions de personnes seront licenciées et leurs emplois disparaîtront à jamais. »
Ce n’est certainement pas la première fois que Schiff fait une prédiction aussi inquiétante. Il a attiré toute l’attention il y a plus de dix ans lorsqu’il a été l’un des rares analystes à prédire la crise financière de 2008 plusieurs mois à l’avance.

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Schiff s’en prend également aux cryptomonnaies avec régularité. Plus d’une fois, il a prédit la fin du bitcoin et des autres monnaies numériques. Jusqu’à présent, cette prédiction ne s’est pas réalisée. Néanmoins, le marché des cryptomonnaies souffre également de ce qui se passe sur les marchés financiers. La valeur du bitcoin a diminué de plus de moitié depuis son sommet en novembre. À cette époque, la pièce valait 68.000 dollars. Aujourd’hui, vous payez 31.000 $ pour la plus grande cryptomonnaie du marché.
Plusieurs experts ont déjà noté que les mouvements du prix du bitcoin reflètent de plus en plus les fluctuations des actions technologiques américaines. Selon M. Schiff, cette corrélation va bientôt prendre fin. « Je pense que cette corrélation pourrait se briser si le Nasdaq a un rallye de marché baissier (un bref rebond des prix des actions dans un marché baissier NDLR) alors que le bitcoin continue de chuter ». Le milliardaire Mike Novogratz pense également que cette corrélation va se rompre et s’attend à « plus de douleur à l’avenir » sur les deux marchés.
Après le départ de M. Schiff l’ambiance n’était pas des meilleures, avenue de la Toison d’Or. On raconte même que le président s’est réfugié dans les toilettes, devant la porte desquelles d’aucuns entendirent des sanglots.
C’est Miller qui le premier reprit ses esprits.
- Mais, Sire, le peuple ne sait rien de tout cela, et combien même aurait-il la finesse de comprendre, qu’il ne le croirait pas.

11 mai 2022

Les bénitiers à sec.

Les anciens partis cathos n’ont plus la cote. Prévôt vient de troquer le sigle CDH pour « Les Engagés », ça trempe moins dans l’eau bénite, avec l’espoir de remonter la pente. Le collègue d’en face, l'actuel CD&V, descendant du CVP et du parti catholique, a gouverné, mais aussi taillé voire façonné les institutions belges à son image et à son usage. Il est en état de décomposition.
Ces deux sacristies politiques n’ont plus l’oreille des Hommes. Les messes ne font plus recette. L’électeur d’aujourd’hui, gobe-mouche des foutaises libérales, irradie de connerie en votant Bouchez, il oublie, madame Greoli ! De la grand’messe, il est passé à un libéralisme laïc. Attention, pas social du tout, à l’image de Georges-Louis « c’est le chômeur qui met le pays à rien ».
Il semble que le CD&V soit davantage frappé par la tendance du jour que les Engagés, en raison des partis N-VA et Vlaams Belang qui bouffent tout en Flandre.
Pour ceux qui ont la mémoire courte, le CD&V dominait dans la Flandre pieuse de1884. Il n'était pas imaginable de former un gouvernement sans lui. Dans une Nation baroque et mal fichue comme la Belgique, ce que l'on appelait l'Etat CVP constituait l'un des rares éléments de stabilisation ou de conservation. Or ce parti est devenu l'un des facteurs de déstabilisation de l’usine à gaz. Ses instances en Flandre crachouillent du venin partout. Comment expliquer cette évolution ?
A la fin du XIXe siècle, l'Etat connaissait un système politique similaire à celui des Etats-Unis avec deux grands partis, les Libéraux et les Catholiques. L'arrivée sur la scène politique du POB en 1885 aurait pu remplacer les libéraux. Pas du tout, ils fricotèrent ensemble, copains comme cochons.
Le parti catholique fut effrayé de constater que sa victoire électorale ne tenait qu'à sa position majoritaire dans une Flandre déjà plus peuplée. Il décida donc d'introduire le scrutin proportionnel de listes pour les élections de 1900. Le POB ne s'opposa pas à ce changement en raison du passé libéral-radical de beaucoup de ses dirigeants et du soutien constant des Libéraux radicaux dans la lutte pour la conquête du suffrage universel. Il faut aussi ajouter que la direction du POB, depuis l'échec de la dissidence d'Alfred Defuisseaux en 1889, était déjà dominée par la Flandre et Bruxelles, le scrutin proportionnel représentant le seul moyen pour le POB de percer dans une Flandre où il ne possédait aucun parlementaire.
Ce mode de scrutin stoppa, comme espéré, le déclin du parti libéral, mais il n'empêcha pas l'existence, jusqu'en 1914, d'une certaine bipolarisation, libéraux et socialistes se présentant en cartel aux élections de 1904 à 1914. Du POB au PS, ces petits sagouins avaient bien caché leur parenté avec les libéraux. L’espèce d’attachement de Di Rupo pour le libéralisme et le fric ne date pas d’hier.

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Conclusion : la particratie est la condition de la survie de l'Etat belge. Aujourd’hui, dans une situation bien pourrie, en multipliant les instances et les emplois politiques, les cathos perpétuent le parti créateur et « perpétuateur » de la particratie à la belge et à la flamande.
L'arrivée du suffrage universel après la Grande Guerre obligent les cathos de passer un double compromis : ils acceptent de partager le pouvoir alternativement avec les libéraux et les socialistes, mais principalement avec ces derniers vu leur dominance sur l'électorat wallon grâce, à leurs bastions communaux et provinciaux. Le second compromis est interne, il s'agira du recours à la stratégie de la loi du nombre et l'appui aux idées « émancipatrices » qui agitent le mouvement flamand.
Pour les partisans de la première stratégie, les Flamands étant les plus nombreux démographiquement, leurs revendications, notamment linguistico-culturelles, et les hommes portant celles-ci finiront « logiquement et automatiquement » par s'imposer dans le cadre unitaire belge. L'autre tactique est celle du développement progressif d'institutions qui permettront à la Flandre d'atteindre son émancipation voire son autonomie. Dans la sphère économique, on peut penser au VEV et à la KB, dans le domaine politique, à la création des régions linguistiques dans les années 30 puis des communautés culturelles en 1970. Ces deux approches politiques du CVP ne furent nullement antagonistes, elles avancèrent longtemps main dans la main jusqu'au début des années 80.
Par rapport à cette période, il faut rechercher les origines des événements de ces derniers jours. Un homme politique en particratie qui veut conquérir et conserver le soutien du public doit se constituer une clientèle personnelle d'électeurs. Ce but sera atteint s'il agit comme intermédiaire entre, d'une part, les électeurs de sa circonscription, et, d'autre part, l'Etat ou des sociétés privées, et ce en particulier s'il soutient l'acquisition par ses électeurs de divers avantages. Du coup la participation active au processus législatif est ignorée. C’est le clientélisme. Le PS n’en fut pas l’inventeur.
En raison de la modernisation constante de la société flamande depuis l'après-guerre, les affiliations politiques séculaires se sont estompées. La famille démochrétienne qui gravitait il y a une génération autour des 40%, oscille depuis une dizaine d'années autour des 25%. De nombreux nouveaux partis sont apparus, les élus de la VU se sont dispersés dans tous les partis politiques. Bref, dans un paysage politique flamand éclaté, l'emprise de cette famille s'est affaiblie et, pour cette raison, les autres partis flamands sont moins prêts que par le passé à accepter le leadership « naturel » de celle-ci.
Ce à quoi nous avons assisté ces derniers jours, c'est le fait que le CD&V a épuisé sa raison d'être historique depuis la fin du XIXe siècle, à savoir l'avancement des revendications flamandes tout en préservant un cadre étatique belge. Pourtant, cela ne mènera pas à la disparition rapide du CD&V : comme chacun sait, les structures survivent parfois longtemps, après la disparition effective de leur raison d'être...

10 mai 2022

L’Union des Gauches en France.

En tant que parti politique, le PS français n’a presque plus d’électeurs. Il reste quand même bien implanté dans la ruralité et la proximité des centres au niveau des petites municipalités.
La candidature grotesque d’Anne Hidalgo à la présidence, avec ses interventions malheureuses, avait fait plus de tort qu’autre chose.
Le dernier Conseil fut houleux parce que se rallier à la proposition d’unification des gauche des Insoumis était une révolution pour les dirigeants, presque tous d’anciens du temps de la splendeur du PS, les éléphants !
François Hollande, qui n’en rate aucune, joue un peu les « Sarkozy » aux Républicains dans ce qui reste des caciques du parti. Son influence n’a cependant pas perturbé la volonté d’union des gauches.
L’ancien premier secrétaire avait pourtant alerté au maximum « Je pense que cet accord ne sera pas accepté parce qu'il est inacceptable. Ce que je représente c'est une fidélité, un engagement profond. »
François Hollande l’a eu dans le baba.
Dans la nuit du 5 au 6 mai, son parti a validé l’accord à une forte majorité. L’union de la gauche est désormais composée de quatre partis : LFI, EELV, PCF, PS.
C’est historique !

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Aux législatives qui se profilent, ce sera le seul regroupement contre « Renaissance » la resucée d’En Marche de Macron, regroupant la « France amoureuse » du pouvoir bourgeois. La droite classique reste sur sa position de ne vouloir aucun compromis avec Marine Le Pen et Eric Zemmour. Le parti de Valérie Pécresse se condamne ainsi à la marginalité. Il est même possible que de défection en défection, madame Pécresse finisse ministre dans le nouveau gouvernement Macron, ce qui serait le mauvais coup de trop.
Sentant le danger du rassemblement à gauche, Macron a musclé « Renaissance » y intégrant le MODEM de Bayrou et le parti local d’Edouard Philippe.
Que la gauche fasse un bon score aux législatives, c’est certain ; qu’elle devienne la majorité à elle seule, ça l’est moins.
Les institutions de la démocratie bourgeoise sont là, et nous devons faire avec, le cas échéant en prenant part à leur jeu. L’Europe a singulièrement compliqué la tâche. Métamorphoser en une vraie démocratie participative ce qui s’appelle aujourd’hui une démocratie par délégation reste une gageure.
La liberté citoyenne est trop souvent confondue avec la liberté d’entreprendre. Pour que cette dernière tombe et concerne exclusivement le moyen de faire fortune en exploitant les autres, il y une marge qui sera défendue, n’en doutons pas, par les partis de droite jusqu’à la mort.
C’est toute une philosophie sur la question de la démocratie qui est en jeu. Le capitalisme semble avoir encore devant lui tout un avenir conforté par les règles internationales du commerce soutenues par les Etats-Unis et l’Union Européenne.
Pour certains, rien n’est plus urgent que de se précipiter dans les législatives après la présidentielle, d’en démontrer les vertus qui transformeraient un choix d’électeurs en une sorte de démocratie prolétarienne. On ne sait jusqu’où irait les forces libérales vaincues sur un seul scrutin pour annuler ou briser ce dernier au nom d’une nécessaire reprise de la Nation, de salubrité publique, transformant ce qu’il resterait de démocratie en une dictature du capitalisme.
Quand on appartient à des formations politiques qui, ne vivant que par les débouchés institutionnels, en partie liées aux institutions, la chose se comprend. On peut difficilement demander à des forces conventionnelles de débiner le jeu en vue duquel elles se sont constituées. Dans la coalition nouvelle de la gauche, suivant ce principe, c’est encore le PS le plus fragile et le plus apte à retourner sa veste.
Quant au système en place, changer « En Marche » par « Renaissance » en dit long sur cinq années de pouvoir absolu d’un parti sans implantation profonde dans la population, sans autre motif que de faire nombre à chaque proposition du Président.
Le parti de Macron renaîtrait donc d’un Moyen-âge qui n’est rien d’autre que celui que le président a créé ! Le cynisme de M. Macron est particulièrement visible en matière d’écologie. « Largement indifférent aux questions de l’environnement pendant sa présidence, il annonce soudain une “Fête de la nature” semblable à la Fête de la musique et promet que « les grands patrons seront verts et écoresponsables” ». Une telle « Fête » est déjà programmée en mai depuis 2007.
Que va-t-il se passer si la gauche devenait un parti important et qu’il ne resterait plus à Macron que d’aller pêcher à droite les quelques députés manquant pour faire malgré tout une majorité ?
Il serait dans l’obligation de durcir davantage sa politique antisociale.
Il faudrait alors craindre le pire quand un État suit de trop près des directives libérales. La gauche renforcée ne pourrait accepter les joyeusetés qu’on connaît déjà comme la retraite à 65 ans.
On entrerait dans une période de turbulences graves, dont l’issue paraît incertaine, tant Macron pourrait compter sur l’Europe et les forces conventionnelles des pays, comme la Belgique, parfaitement intégrés dans le système libéral et pas près d’en sortir.

9 mai 2022

Salle 24 dernière

L’esprit fait des surprises à l’organisme ; l’organisme en fait à l’esprit. C’est ce dernier qui crée la surprise, comme toujours. On ne s’y attendait pas pour les autres ; alors qu’on s’y attendait tellement soi-même !

Rentré de permission comme à l’armée, mais avec deux heures de retard. Troufion, je ne coupais pas d’un motif pour une corvée. Ici, rien, les règlements ne sont d’application que lorsque l’Administration tombe dessus, par hasard.

En vue de l’examen « spécial » de mercredi, j’ai signé une décharge en responsabilité. Tout incident pouvant entraîner des complications, c’est pour ma pomme. Pourvu qu’aux manettes de l’engin, vu la pénurie de spécialistes, on n’y mette pas un apprenti. Cette réflexion est générale. Avec ou sans document à décharge, quelle est la responsabilité du Corps médical en cas d’erreur ?

Salle 24, la sieste de l’après-midi commence d’ordinaire vers onze heures du matin. L’odeur de la soupe et le brouhaha dans les couloirs l’interrompt. Le plateau repas à peine reparti, la fatigue vous reprend. Seul l’appétit tenait éveillé.

Renoncer à penser, c’est renoncer à être. Vais-je donc renoncer à être en commençant par renoncer à penser ?

L’examen « spécial » est annulé. J’ai souffert pour rien. En conférence, il était possible. Le grand spécialiste a dit « non ». La médecine est une science inexacte, à tel point que quatre opinions contre une, c’est toujours « je sais tout » qui l’emporte.

Est-ce que vous êtes allé à la selle ce matin ? L’infirmière n’était pas au courant que mon jeûne a lavé mes méandres.
Faire ou ne pas faire, c’est la grande question qui tient le staff sous pression. Monsieur Prad (un nom d’emprunt), le voisin de chambre, n’a pas fait. Il revendique son état, le malheureux ! Une aide-soignante lui donne une poudre à diluer dans un verre d’eau. L’après-midi, le verre est toujours à la même place, mais la poudre blanche est au fond si bien que l’eau du verre paraît pure. Obstinée, elle revient et lui propose d’y aller. Monsieur Prad refuse. Il sait quand même mieux que personne s’il en a envie. Il contrevient aux usages. L’aide-soignante s’obstine. Monsieur Prad est une basse profonde qui, lorsqu’il élève la voix, fait trembler les murs.
On a frisé le scandale. Elle repassera demain. Monsieur Prad ne fera pas aujourd’hui ! cette scène de résistance est rare. Tout le monde fait, même ceux qui ne font pas. C’est si facile de se faire valoir par des choses qui ne dépendent point des autres, mais de soi seul. Il suffit de dire « oui ».

Sacré Prad ; il se plaint de mal dormir. S’il n’y avait que lui. C’est la conséquence de ses siestes prolongées. Moi qui ne lui ai rien fait, il me condamne à l’insomnie. Après minuit, il tousse, crache, meugle avec la force d’une fanfare de campagne. Par moment le ton monte tellement, qu’on dirait le bramement d’un cerf dans une forêt ardennaise. On se demande si sa maison de retraite ne l’a pas envoyé salle 24 pour s’en débarrasser ?

Un chef sans stéthoscope, donc haut placé, vient me dire que dans mon cas, moins je verrai de médecin, mieux je me porterai. En langage codé, cela peut signifier que votre mal est incurable et que si vous le pouvez une dernière fois, sautez sur les tables en buvant de la vodka. A un moment, j’ai cru qu’il allait me refiler l’adresse d’un Funérarium qui lui alloue des commissions.

Pourquoi hospitaliser les Vieux ? Ne resteraient-ils qu’un jour à l’hosto, les voilà avec un jour de plus où il ne s’est rien passé.

La salle 24 est un zoo ! Des scientifiques curieux visitent la ménagerie régulièrement. L’animal dans son enclos – espace, fauteuil, lit – passe de l’un à l’autre dans ce petit périmètre. Parfois devant certains regards vides, les scientifiques adoptent le parler de l’adulte à un très petit enfant, à peu près comme à un chimpanzé à qui on apporte une banane.

Ceci posé, à certains moments dans la vie, on est heureux que des salle 24 puissent exister. On y conserve jusqu’au bout l’illusion que c’est le seul endroit qui peut vous assurer la vie sauve. C’est moins onéreux qu’un voyage à Lourdes, quand on est bien assuré.

8 mai 2022

L’investiture.

Ah ! J’en avais envie à chaque quinquennat, de me promener à l’Elysée, de me délecter de ce cérémonial grotesque, d’entendre les discours vides de sens et lourds de redites généreuses qui n’aboutissent jamais. Enfin, délices suprêmes, suivre Macron entre deux haies de courtisans, tellement c’est jouissif de les voir, lui et eux, avant et après la poignée de main, les requêtes qu’ils préparent, le nombre de fois qu’ils se lancent mal à propos, tandis que le président sert des mains derrière eux.
Une première remarque, mais ça tout le monde s’y attend, dans ce grand salon rien de ce qui représente vraiment la France ! Les amitiés macroniennes ne tolèrent aucun syndicaliste, aucun chômeur, aucun citoyen modeste, personne qui finit son mois avec zéro euro dans les poches.
Rien que du beau monde dans cette assemblée admirative de l’encore jeune président !
La crème de l’État, des visages reluisants de bonheur d’être là, sous les lustres, leur vraie place pour toujours, donne un aperçu des têtes à claques d’un bourgeoisisme toujours présent.
Le début valait son pesant de cacahuètes. Laurent Fabius parachuté à la présidence du Conseil Constitutionnel par François Hollande, quand ça sentait déjà le roussi pour le PS, l’homme du sang contaminé et « responsable mais pas coupable » de la mort de centaines d’hémophiles, donnait le résultat de l’élection en voix, qui permet à Emmanuel d’en reprendre pour cinq ans.
Tout compte fait, très minoritaire ce président, avec une grosse majorité de Français qui lui ont tourné le dos et qu’il va faire semblant de comprendre, en les entreprenant dans de beaux discours sur mesure, reflétant même parfois l’exacte situation, mais inutiles parce que jamais suivis d’une action intelligente.
La suite est plus loufoque, c’est le général du Chose qui remet la grande croix de la Légion d’Honneur à l’Auguste, alors qu’il a encore celle du quinquennat précédent.
Il y a trop longtemps que le président ne l’a pas ouverte, pour que ça le démange d’une petite causette en tribune. Il s’y dirige d’un pas lent mais ferme. Trouve le discours préparé sur la tablette des micros. Silence recueilli de la foule béate. César attaque son premier discours.
C’est beau, bien écrit, style léché à la Brigitte. C’est ce genre de mouture à laquelle les Français auront droit pendant cinq ans. Cette merde est le régal des bourgeois.

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On applaudit. Macron salue. Puis, il va à la foule, comme je les ai dépeints, elle et lui, plus haut.
Mais ça vaut le détour de revenir au bain de foule avec Brigitte derrière. C’est un bain aux huiles fines de son carnet d’adresse. Il a épinglé les huiles qui vont le faire reliure. Tout le gouvernement aligné comme à l’armée, Dupont-Moretti, Bachelet, Castex, Darmanin, Attal, tous les cadors, certains inquiets pour l’après élection, s’ils seront encore ministrables, d’autres, « je m’enfichistes », comme Bruno Lemaire, absolument convaincu d’en être, après juin.
Après ces casés aujourd’hui mais incertains demain, les deux présidents encore en vie, Sarko et Hollande. Macron passe, on sent que Hollande a préparé une vanne comique, mais Macron s’attarde sur la main de Sarkozy, ne la lâche pas, tapote de l’autre l’épaule de Nicolas. Il passe à regret. Il entend à peine le bon mot de Hollande et lui serre la main en regardant ailleurs.
C’est le grand bain. Il a fait bassine pleine.
Les journalistes qu’on ne voit pas tournoient derrière Brigitte qui ferme la marche officielle. Ces bougres cherchent la faille, l’incident invisible mais qui grâce à eux sera celui du jour.
Les bourgeois chics, la parentèle Trogneux, les parents de l’Invincible se tiennent groupés. Mais après c’est une vieille dame qui n’a pas suivi la consigne, qui s’agrippe au veston de Macron, abîme les beaux revers et finit par fondre en larmes. C’est la mère de ce prof assassiné par un cinglé fervent d’Allah ! Comment s’en débarrasser ? Macron la câline, la soutien, c’est ce qu’elle voulait. Elle se requinque. C’est la séquence « émotion » du carnet de Macron.
Juste derrière, c’est Emmanuel Vals qui attend son tour, entre le regard courroucé et le rire forcé, compatissant avec Macron qui tente de se séparer de la pauvre mère éperdue..
Enfin, son tour arrive. Vals joue son va-tout. Un député de la Macronie n’a pas voulu céder sa place de représentant des Français d’Outremer à l’ancien premier ministre de François Hollande. Tout est dans la mimique et des mots, la durée est de trente seconde. C’est fou comme Vals transpire l’hypocrisie, plus que transpirer, il suinte. C’est comme un transpirant du péritoine à l’approche d’un cancer.
Enfin Emmanuel et Brigitte ont fait le tour.
Séquence suivante, on voit César seul côté jardin de l’Élysée où il fait son premier salut au drapeau. Le voilà chef des Armées, il adopte l’attitude guerrière dont il ne se départira pas jusqu’à la fin de la mini revue.
Pauvre France ! Voilà que sa monarchie déconfite depuis belle, retrouve des couleurs fleurdelysées sous la cinquième République !
Tout est prêt pour l’émeute ! ce sera après les législatives, si Renaissance, le nouveau parti de Macron prend une casquette et que c’est la gauche qui gagne ou ne gagne pas les élections, qu’importe ! Car quelque soit le cas de figure, on va à la castagne avec les bourgeois, enfin ceux dont on a vu un échantillon ce samedi matin.

6 mai 2022

Le 8 mai : la nuit du Cordon !

Vingt ans après ou la persistance d’une connerie, une nouvelle version de la charte qui régit les comportements des partis « démocratiques » à l’égard de l’extrême droite devrait être adoptée le 8 mai. La seule modification importante tient dans l’appellation du CDH qui devient Les Engagés.
C’est clair. Les démocrates respectant la démocratie, ce sont eux. Les autres, ce sont des esprits dangereux, fumeux et antidémocratiques.
Ce serait entendu, si les parangons de la vertu avaient défini ce qu’est la démocratie et si dans ce cadre, le Régime politique belge était vraiment démocratique.
Là-dessus, il y a matière.
Dans la manière d’être, le refus d’en débattre avec certains et de tourner le dos à d’autres est, déjà en soi, une façon peu ouverte et non-démocratique de défendre la démocratie.
C’est d’autant plus gênant qu’ils se sont décrétés eux-mêmes les seuls démocrates, en prenant le droit de définir la démocratie, devenant ainsi juges et parties.
Cette initiative des trois partis abscons de Wallonie aurait vu le jour après le débat sur la VRT entre le président du MR, Georges-Louis Bouchez, et celui du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, en contradiction avec la Charte de 2002.
Pour une fois que GLB montrait une initiative intelligente, voilà tout le MR sommé de rentrer dans le rang.
Pour rappel, Charles Michel a été premier ministre d’octobre 2014 et décembre 2018 d’un gouvernement qui comptait la N-VA, qui ne faisait pas partie des partis dits démocratiques à l’époque et qui fut, pour les besoins de la cause, « dédouané » du cordon sanitaire. Pour l’anecdote, ce parti fit chuter le gouvernement sur son refus d’approuver un Traité qui, justement, donnait du corps à la démocratie. On verra bien, si le parti de Bart De Wever sera ostracisé par la nouvelle Charte pour rejoindre son compère du Vlaams Belang dans une semi-clandestinité. Comme dorénavant la N-VA fait partie des vertueux, on pourrait difficilement faire machine arrière.

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Evidemment, ceux qui se prétendent vertueux ont étendu dans la nouvelle Charte le phénomène des réseaux sociaux. Par exemple ces Chroniques sont, par avance, exclues de tout débat à cause de la manière dont elles ont été écrites et du fond qui ne peut se comparer à la bonne soupe éclairée, libérale et bien européenne qui est une exclusive de la démocratie, façon PS, Ecolo, MR et Les Engagés.
Un code de bonne conduite simplifiera les rapports entre les privilégiés qui ont la grâce pour eux et les autres disgraciés, perdus pour la société de consommation et les joyeusetés démocratiques d’une Europe néo-libérale.
Cette façon de voir les choses contrevient à tout principe de débats philosophico-politiques et empêche, justement, dans une esprit démocratique de parler largement et librement de la démocratie. Ce n’est qu’à la suite de débats publics, francs et ouverts, que les partis montrés du doigt par les vertueux se seront d’eux-mêmes exclus des débats.
Reste à définir les grands principes, selon Magnette, GLB et Prévot. Ils ne vont quand même pas avoir le culot de les sortir de l’œuf comme étant leurs enfants, alors qu’ils les enfreignent allégrement tous les jours.
La Belgique est l’exemple même à ne pas suivre. Cette usine à gaz à six autorités plus la Fédérale n’est pas pour autant une démocratie comme on pourrait l’entendre en pratiquant ses principes. Ce patchwork d’autorités se noie dans les excès d’autorité. Le peuple qui a droit à de la clarté dans les Institutions n’en a aucune, quant à la démocratie par délégation de pouvoir, on connaît ses limites.
Le plus curieux tient dans l’extrême attention apportée aux deux partis flamands exclus du débat, de sorte qu’on les ignore officiellement, tout en étant très souvent approuvé dans les faits par les vertueux.
Ce sont même eux qui indirectement ont été à la base d’une Belgique linguistico-maniaque qui fait la risée de l’Europe, tout en récusant par avance tout débat et controverse de leur part.
Et c’est ce pays baroque, balourd et grotesque que les partis vertueux nous ont fabriqué en 40 ans de mastic à boucher les erreurs, qui serait leur œuvre démocratiquement admirable !
Ces politiques ont passé leur vie à se ficher du monde tout en constituant une nouvelle classe moyenne de petits profiteurs et de prébendiers et les voilà, au comble de leurs échecs en train de nous expliquer qui est vertueux et qui ne l’est pas !
Mais on n’a pas encore franchi un sommet, celui de l’hypocrisie. C’est chose faite par la voix de Paul Magnette qui espèrent que le PTB et DéFI signeront leurs élucubrations, comme si des partis à qui personne n’a demandé leur avis pouvaient signer une Charte dont ils ne sont que les « invités » !
Un libéral chef des MR à la chambre, un dénommé Piedboeuf, chargé au sein du parti de coordonner une proposition visant à actualiser la Charte de la démocratie et le Code de bonne conduite, estime que le texte proposé par les trois partis ne va "pas assez loin" et se contente d'ajouter quelques phrases à un texte vieux de 20 ans. Les vertueux seraient des amateurs qui auraient bâclé le nouveau texte en n’y ajoutant que des virgules.
Une vertu au rabais, en quelque sorte ! Saint Georges-Louis va leur montrer ce qu’est la vertu. On n’a pas fini de rigoler.

2 mai 2022

Votation et délégation

Il faut se rendre à l’évidence, notre système est, comme en France, dirigé par des gens cyniques qui tiennent le même langage. La seule différence concerne la sophistication de nos montages entre Flamands et Francophones pour faire faire à la patache, plus de tours de roues que les chevaux d’attelage ne peuvent supporter.
L’élection de Macron est le signe de l’épuisement du système politique français, quand deux électeurs sur cinq adhèrent à ce choix, sans adjoindre parmi les hostiles ceux qui ont boudé les urnes. À y regarder de près, nous ne sommes pas loin de ce décompte en Belgique, avec les votes blancs et le « n’importe qui dans l’urne parce qu’il faut voter ! ». Voilà qui montre ce genre de démocratie sous un jour particulier : nous sommes dirigés par des minorités !
Le résultat des élections législatives des 12 et 19 juin prochains en France précisera l’ampleur du mandat du président Emmanuel Macron et les contours de son programme. De notre côté, le gouvernement De Croo restera jusqu’à la fin de la législature, parce que nous n’avons pas la possibilité de le remplacer, sans provoquer une crise dont les suites sont imprévisibles.
Deux fausses démocraties cohabitent la même partie de l’Europe, répandant ainsi un modèle douteux de représentativité.
La question reste pendante de peuples non-représentés par ceux que le système délègue à un pouvoir qui devient usurpé. On y voit facilement poindre les germes de bouleversements allant de l’émeute à l’insurrection.
Les pionniers de la démocratie en fixant les règles ne pouvaient pas imaginer la situation actuelle, puisqu’ils œuvraient dans l’enthousiasme des peuples asservis qui y voyaient une situation nouvelle plus juste. Il faut croire que l’asservissement des peuples est une condition nécessaire, pour asseoir toute autorité élue, dominatrices par essence.
Puisqu’elle affecte une majorité d’électeur qui la stipendient, la démocratie telle qu’elle nous est servie ne remplit plus ses fonctions par le seul suffrage universel. Il faut donc, s’il en est encore temps, que tout soit remis à plat afin de mieux cerner les causes de ce naufrage.
Si on s’interroge en France, en Belgique aucun des protagonistes de la tragédie ne semble s’y préoccuper. Les partis de pouvoir font comme si de rien était dans un système parfait, dont chacun tirerait des avantages selon l’importance de ses adhérents.

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Les discours sont tellement convenus qu’on ne les entend plus, chacun dans son créneau rejetant la faute sur le créneau opposé. Personne ne tire la sonnette d’alarme à chaque après élection, quand il est impossible de nommer un gouvernement, sans au moins une année de palabres et de combinaisons toutes plus foireuses les unes que les autres.
Que fera-t-on, peut-être déjà à la législature suivante, si l’impasse se prolonge et qu’il faille revoter et que le deuxième vote soit identique au premier ?
Tout revient à l’espace réduit que nous laisse l’Europe d’opter pour une démocratie libérale et assujettie au commerce mondial. Toute autre variante est fortement combattue par le libéralisme intérieur des États embarqués dans le même système électif. Outre ce carcan, la Belgique en a un autre, celui de deux peuples de mœurs et de langue différentes que les caprices de l’Histoire ont fait cohabiter depuis 1831.
S’il y a bien une réalité, c’est une Autorité européenne s’ajoutant à l’Autorité naturelle des États. Cela entraîne une situation dans laquelle aucun des 27 États membres de l’Europe en sorte, en innovant dans la modification de ses règles sociales et économiques, en modifiant son appareil représentatif, en procédant par exemple aux référendums d’initiative populaire, sans se heurter aux Traités nous engageant à l’Europe.
L’éthique ainsi reportée aux calendes, avec la crise sanitaire et hospitalière, les difficultés d’approvisionnement énergétique et la guerre en Ukraine, les thèmes de la souveraineté, du pouvoir d’achat, de la relocalisation des activités, de la planification écologique occupent une place croissante dans le débat public. Nous n’échapperons évidemment pas à la crise de régime qui pointe à l’horizon de la législature suivante. Cela a le seul avantage pour le pouvoir en place de le dispenser de parler d’un avenir où se profile sa disparition quasiment complète.
Même si le trublion MR, Georges-Louis Bouchez, est constamment critiqué à juste titre pour son mépris des pauvres et sa persistance obsessionnelle à vouloir que les chômeurs meurent de faim, son initiative à rencontrer le président du Vlaams Belang dans un endroit où plus personne ne peut l’ignorer est un signe que ce pouvoir pourrait encore se prolonger dans une entente avec l’extrême droite flamande. On jetterait quelques fagots pour alimenter le feu de la démocratie telle qu’elle est, sans y rien changer, en y introduisant un loup transformé en agneau dans la bergerie, comme le fit jadis Charles pour la N-VA de Bart De Wever.
C’est du bois de rallonge qui ne changera rien au fond, c’est aussi une manière de renier la parole de ces partis de pouvoir, ostracisant les autres partis dans un pacte dit du Cordon sanitaire.
Si l’opération séduction de GLB réussit, on pourrait encore vivre une législature, comme si la Belgique était éternelle. N’est-ce pas ce qui compte pour nos marchands de merveilleux qui nous promènent depuis tellement de temps dans une démocratie à leur image, c’est-à-dire qui n’en est plus une vraiment ?

1 mai 2022

Premier Mai 2022.

C’est moche, mais c’est comme ça. À Liège, Cité dite ardente, mais qui perd son ardeur en lorgnant d’un œil désabusé les travaux de ce sacré bon sang de tramway qui n’en finissent plus, la fête du 1er mai n’est plus ce qu’elle était !... Les RV du kiosque en Avroy ne regroupent plus la fine fleur des prolétaires-syndicalistes. Les discours des pères Magloire d’un socialisme alcoolisé, placé sous le signe de Sainte-Véronique, pourraient faire partie du répertoire d’un premier Mai libéral, façon Jodoigne, des dernières années du siècle passé !
Que s’est-il passé ? Sommes-nous devenus tous bourgeois ? N’avons-nous plus rien à dire ?
Le phénomène sévit depuis trente ans : celui de l’Europe qui tient un raisonnement d’une simplicité telle que même GL Bouchez comprendrait.
« L’Europe est engagée dans un processus mondial de compétition dans lequel nous sommes « solidaires » des canards boiteux comme des flèches scintillantes de l’industrie et du commerce. Sous peine d’être en fâcheuse posture, toute subversion, tout mouvement de revendications social ou salarial, c’est le monde entier qui nous tombe dessus ».
Ce discours ultralibéral de l’Europe est repris à fond dans une grand’messe centriste en Belgique ; le prélat en est toujours ce guignol barbu que les Michel ont mis à leur place au MR, en attendant le retour du grand fauve.
La Vivaldi avait pourtant été jouée, « Printemps » compris, de la Quatre saisons. La pauvre Karine Lalieux vendait la pension à 1500 euros comme la revendication phare, sans laquelle les baroqueux libéraux pouvaient se passer de l’appoint du PS et par conséquent, incapables de dénouer la crise.
Nous voilà le 1er Mai, voilà Alexander De Croo devant notre mur des lamentations, voilà tous les espoirs de conclure le doux rêve de Karine s’effondrer, et voilà et voilà… qu’on n’espère plus rien et qu’on a à la fermer, avec ou sans Premier mai !
Au kiosque, certes, le reste des anciennes gloires vitupéreront, mais devant trente deux anciens, quatre ivrognes, deux jeunes aux pancartes de Demeyer, douze vendeurs de muguet et trois touristes japonais.
Oui c’est l’Europe cause de tout, diront-ils. « Non » répondront l’opposition sans le PTB. C’est la faute aux structures de l’état. Tandis qu’en toile de fond, le public s’arrêtant à cinquante pas, puis tournant le dos pour la rue Cathédrale en quête d’une friture, pensera : c’est le virus, c’est l’Ukraine, c’est le gaz, c’est la bagnole, c’est l’inflation, avant de se taper un sachet à 12 euros frites-mayonnaise.
Pendant ce temps, les frères Four-au-Coffre et le vieux centriste de Louis à la caisse dessineront des axels sur la glace du plafond de verre trouée à la VRT par Georges-Louis, pour la bonne cause, avant de se trémousser sous tente pour la fête du muguet.
Mais non de dieu, les gars, c’est pas ça le Premier de Mai, parole !... et de sauter la partie trop sensible pour être entendue du PTB en pleine transe revendicative qui, lui aussi, vaticine en poussettes et cris inutiles, puisqu’il ne ferait nombre qu’avec les syndicats, le PS et la partie Ecolo restée bien burnée.
C’est à peu près tout. On a fait le tour des malheurs. Alors que des syndicalistes résolus, des socialistes de gauche (s’il y en a encore) et un fort contingent PTB auraient dû se saisir de Karine, pleurnicharde et grotesque, qui se fût rappelée instantanément, en ce froid premier mai, de la mission que Paul Magnette lui avait confiée.

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La question à deux balles est pourquoi un faux premier mai à effets de manchettes et grognements terribles pour des barricades de fiction, dressées par des penseurs socialistes profondément libéraux ?
De Croo le sait bien, son gouvernement par terre, avec la majorité flamingante au tour suivant, tout autre combinaison est impossible. Election ou pas, aujourd’hui ou dans dix ans, l’Usine à Gaz Belgique est notre Tchernobyl à nous. Les MR, PS et Open Vld sont les dernières arêtes d’un hareng de Zeebruges qui ne s’exportera plus qu’à prix d’or et avec la fine équipe du Vlaams Belang.
C’est donc un Premier Mai qui serait explosif si le PS le voulait.
Pourquoi ne le veut-il pas ?
La réponse est inscrite avant la question.
Nos gauchers sont aussi à l’occasion de grands belgicains, di Rupo féru de royauté et Magnette, girouette carolo, rattachiste par moment, séparatiste par d’autres, mais c’est pour faire peur, car, malgré ses airs de renverser l’armoire, il est toujours en intime harmonie avec les trois couleurs hissées sur la coupole de Laeken.
Ah ! on les tenait les bourges, à ce muguet frileux, on les tenait par « leurs choses de la vie ». Avec de l’entregent et du doigté, quel beau rôle aurait pu jouer Lalieux claquant la porte, rattrapée par un pan de son manteau par Alexander et enfin, offrant un Premier Mai de légende à un mythe qui en manque tellement !
La fête du 1er mai a en réalité deux origines et deux histoires. La première remonte aux cultes celtes et médiévaux tandis que la seconde trouve ses origines dans le mouvement ouvrier du XIXe siècle, dit un historien au micro de la RTBF. Quelques rares flonflons d’une Harmonie villageoise pour l’image et on passera tout de suite à la guerre en Ukraine…