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30 avril 2004

Ohé les 200.000 beaux !... le Forem recase.

Suite à la circulaire de Maria Arena, le FOREM en décentralisation à Hout-si-plout a le plaisir de réunir les soixante-deux ayants droit du dernier carré d’irréductibles du chômage longue durée du village qui ne compte pourtant que deux cents habitants. D’où l’inquiétant chiffre de 99 % de chômeurs complets. Vous totalisez 20.832 mois d’indemnités, un record ! Vous êtes donc prioritaires. Nous vous avions présenté, dans le cadre du plan Arena, d’anciens chômeurs qui ont trouvé du travail, d’autres qui ont monté leur entreprise.
Souvenez-vous du déménageur à la sauvette pour industriel en décentralisation, du serrurier d’huissier, du plafonneur en boîte de nuit, de la goutteuse en sperme, de l’avaleur de sable en Champagne, d’un salon-lavoir pour blanchiment d’argent et de la secrétaire en service de nuit, Edmonde Chéri, tirée à Liège puis retirée dans les Ardennes.
Aujourd’hui, voici Mac-le-Roumain au parcours étonnant et qui, Madame Arena et moi-même le souhaitons vivement, vous surprendra en vous parlant d’un métier peu connu.

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- Salut. J’irai pas par quatre chemins. J’ai jamais pu me lever avant midi. C’est ma nature. On se refait pas. Comme je dois bouffer comme tout le monde, j’ai fait un tour de chauffe dans les supers. Je m’attaquais en priorité aux boîtes de homard. Quand ça a mal tourné, j’ai fait un peu le guet pour des potes, bricolé des portables et chouravé des mobylettes. Bref, j’étais un minable parmi des minables.
Je vivotais comme ça. A mes 18 ans. Je m’suis dit : Antoine – oui, Mac-le-Roumain c’est mon blase de combat – Antoine, si tu tombes, pour le coup t’iras plus te branler chez les dames patronnesses. Ce sera Lantin. Avec ta belle gueule, je te vois mal au trou du cul chauffer les cadors en érection. Quand tu sentiras plus venir l’étron, c’est qu’i’ t’auront bousillé les hémorroïdes… Faut qu’tu montes ton affaire, mec !
J’ai rassemblé mes économies et je suis parti à la remonte en Roumanie instruire la minette au beau métier du sexe. Ainsi pendant quelques temps, j’ai vécu pépère. Quand une flanchait, je refaisais le voyage de Bucarest. Elles en raffolent d’histoires belges, les gamines. Elles croient que tous les vieux dégueulasses du Pont-d’Ile ont des couilles en or ! J’étais leur sauveur…
Seulement à la comptée du côté de la Batte, c’est là qu’elles déchantaient… Le salon moins grand qu’une carrée de mitard sentait le pauvre… Les persuader dans la dentelle de mon page suffisait plus. Mais ma réputation et ma belle gueule compensaient. Un seul inconvénient, fallait pas mettre Andréa, Vanessa et Cory en présence, jamais. (Oui, je les appelle toutes ainsi, question de pas s’embrouiller dans les blases). Elles pensaient chacune travailler en solo pour l’Antoine. Je leur baillais belle… que j’étais serré momentanément, mais que dès que possible… enfin, vous connaissez la chanson… surtout qu’en roumain, le boniment se traduit d’une claque sur les fesses et quand j’ai la tringle à la soirée, une petite gâterie pour détendre, après la comptabilité du jour…
Quand les Albanais sont venus me faire de l’ombre, j’ai vu ce que c’est d’être méchant. J’avais que deux perspectives, me reconvertir dans la rombière… mais l’aspirante à la retraite c’est pas du tout cuit. Ça rapporte pas derche et puis c’est vicieux comme un cheval de gendarmerie. Faire jouir madame, c’est battre le record d’apnée dans les grandes profondeurs et une fois qu’la tuyère est en feu, faut l’alimenter… Et ça consomme à enfiler des perles comme le Concorde en kérosène… Ou bien : tenir mes trois charmantes à la pogne, le pétard dans la poche, prêt à montrer mon bridge et faire du cinéma, comme Bogy, quand i’ sort d’un clandé, qu’i’ r’monte le col de son macfarlane, allume une clope et qu’on voit que sa gueule à la flamme du briquet.…

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J’suis pas un violent et puis j’suis mauvais tireur. J’peux pas dire que j’en aie étendu des masses… et encore sans le faire exprès. Je ferme les yeux quand je presse la détente…
Les Albanais attendaient l’occase, les affreux. Ils m’ont d’abord montré gentiment où étaient mes intérêts. Comme ça valait pas un pet leur proposition, ils m’ont cassé un bras, comme ça histoire de prendre les choses au sérieux. Ils ont fait la promotion de la fracture et le lendemain tout le milieu savait que je m’étais fait rétamé par les métèques.
C’est ainsi que Vanessa, Andréa et Cory ont appris qu’elles n’étaient pas sur le turf en solo du grand amour, mais qu’elles bossaient en consortium pour un toquard le bras dans le plâtre…
Et qu’est-ce qu’elles ont fait avant de se maquer aux Albanais ? Elles ont porté plainte, les fientes, contre moi, Mac-le-Roumain !
Quand la maison poulaga est venue me chercher, elles étaient-là. Les Albanais planqués dans les tinettes, la vaseline, les godes et les caoutchoucs se fendaient la gueule. Vu qu’ils étaient derrière le rideau de la réserve, ça leur faisait une protection. Les poulets, qu’étaient peut être les mêmes qu’à la cave à Dutroux, ne les ont pas vus ! Comme je partais, elles ont insisté pour qu’on aille sous l’oreiller saisir mon feu et quatre boîtes de 8,35 enterrées dans des paquets de sucre ! Dieu sait comme je les avais respectées mes marmites, du coup, j’ai pas pu m’empêcher, foi d’Antoine, de les traiter de putes !
Au poulailler, un mec crâne rasé, a étalé sa graisse sur la chaise d’en face pour mater mes ecchymoses.
J’étais pas beau à voir. Excités par la présence ignorée des Albanais, les poulets m’avaient truandé la gueule. Je voyais plus que d’un œil. Pourtant le mec d’en face me rappelait quelque chose… Je sais, on peut confondre, truand ou flic, on est de la maison… Nous sommes leur matière première qui les empêche d’aller bosser à l’usine. On s’attache…
- T’es parti en pole position, dis-donc toi, Mac-le-Roumain, qu’i’ m’ fait en se curant les ongles avec son eustache... En maison fermée avant tes 18 plombes, un recel, trois fois 15 de ballons, un pour coups et blessures, un autre pour vol à la roulotte… et maintenant maquereau de trois putes… tout ça avant tes 25 ans !... T’as d’jà ta deuxième prolonge au casier… faudra tantôt une main de 21-30 rien que pour ta gueule… Tu sais pas tenir tes femmes. C’est la déchéance du julot, une dame qui l’ouvre. Là, t’en as trois qui ont mangé le morceau dans la foulée, pour coups et blessures, viol, mauvais traitement ! Tu fais l’unanimité, ma couille ! C’est pas tout. On a trouvé un feu sous ta couette… Si au labo, sans r’monter au déluge, on t’associe à une affaire avec mort d’homme… Tu plonges pour au moins dix lignes. T’es un vrai multirécidiviste, bijou !... Tu vas avoir besoin d’une pointure du barreau. J’te signale, Maître Magnée est pris !...
Cette voix, ce petit nez fort… cet accent de Bassenge… cette haleine au roquefort… mais c’est Roland-le-Maestrichtois ! parole…
- T’as plus ton commerce de shit, que j’y fais soulagé ?
C’était bien lui. Il avait viré honnête rapport à la sécurité sociale, et la forte concurrence des Roms dans les trains, les courettes aux Guillemins et les misères qu’on fait aux fumeurs.
Il a plus roulé des mécaniques. On a sympathisé. J’avais un peu tiré sa sœur dans le temps. On était beaufs de la main gauche. Avait pas intérêt à l’ouvrir… Son parcours était pas triste. Pourtant, était jamais tombé… I’ m’a proposé un marché. On passait l’éponge, ça pouvait encore s’arranger, d’autant que mes gagneuses hors Schengen étaient sans papiers réguliers. On pouvait s’entendre avec les Albanais qu’étaient devenus propriétaires de ces dames… des gens raisonnables, en quelque sorte…
Alors, Roland-le-Maestrichtois m’a lâché le morceau.
- Tu sors dans une heure et on passe le mot que t’es en attente de Biribi. Tu rentres dans le milieu, t’évites tes tigresses et les Albanais. On te protège. Mieux, on te rend ton flingue et tes munitions. Tu pénètres les pourris d’en face, tu nous balances des renseignements.
- Quoi, mec, c’est ça être mon pote, que j’y fais ?… Tu veux que je balance ? Que je tourne viandard ? T’as vu la gueule à Nihoul… tu crois que j’y ressemble ? La tu me fais tort, mec…
- Non, c’est un métier, indicateur… C’est un job que je te propose.
Bref, j’ai beaucoup chipoté. Puis je me suis rendu. Fatalitas ! Sans nous, les cops, que peuvent-ils faire ? On les voit venir de loin. La police, c’est Michaux cloné… leur porte-drapeau… leur honte nationale. La véritable police, c’est nous les Julot au repentir… Et comme ils sont reconnaissants, que c’est grâce à nous qu’i’ sont pas pris pour des cons, on peut entreprendre sur le côté.
Quand on plonge… on est carême-prenant. Ce n’est jamais du grand tremplin. Même en forteresse, on peut encore se faire du blé. La prison, ça vous lessive moins que rien. Les durs à cuire se mettent à table… chialent comme des mômes. En cage, nous les saupicquets, on vaut encore par les graillons qui restent fond des dossiers. Voyez Nihoul, donneuse professionnelle, i’ revendique des égards, le fion, et i’ cause aux plantons d’égal à égal… Les autres son bonards au gnouf, lui est peinard à l’hôtel…
Je vous le dis, les mecs, indic c’est un métier d’avenir. On forme une grande famille : les flics au centre et pendus à leurs mamelles, nous et les journalistes… C’est dire l’arche de Noé !
On rentre par des petites portes… On infiltre des coups. On rafle des mises au passage… Au 421 chez les voyous, on joue les indignés, comme au théâtre, quand le poissard a pas le temps de jeter les dés qu’on l’embarque ! On voit tomber les grandes gueules qu’ont fait du tort aux réputations, c’est jouissif… Je vous donne un scoop, je sais que mes Albanais touchent à l’intégrisme. Ils attendent des bazookas. A la première livraison, i’ vont se faire gauler. C’est ça qu’est beau dans le métier : la vengeance…
On recrute, les mecs… Rien qu’un problème. Vous êtes que chômeurs… Faut goupiner son casier un minimum… Une fois cannibales et inscrits, allez pas plus loin, rejoignez nous. A Lantin comme ailleurs, i’a que des malchanceux… Vous valez quand même plus que des innocents au Golgotha… merde !...
Et puis, avec de la chance, s’y a une promo, p’t’être que vous ferez comme Arena, votre ministre : de la politique ?

29 avril 2004

Mourir à Bagdad !

Fatal destin des Bush, père et fils, ils seront sans doute désignés dans l’histoire des Etats-Unis comme n’ayant exercé chacun qu’un seul mandat de Président.
Il faudrait vraiment que le candidat démocrate soit mauvais pour qu’il en soit autrement.
L’Amérique profonde a beau être patriotarde, religieuse et conformiste, il n’est pas possible que la politique extérieure catastrophique de ce grand pays ne soit pas sanctionnée.
Les pataquès du plus calamiteux des Présidents depuis la fin de la deuxième guerre mondiale dépassent largement le scandale du Watergate et la démission de Richard Nixon.
Il y a un an Bush envahissait l’Irak, son prétexte était un mensonge. Il a eu beau dire, après, que son objectif était de mettre fin au règne d’un tyran sanguinaire quand il se soit avéré que Saddam n’avait pas d’armes de destruction massive. Personne ne l’a cru !
Tous les observateurs retiennent qu’il a trompé l’opinion de son pays et celle des démocraties qui ont été entraînées avec lui dans cette mascarade.
Il lui était sans doute impossible de faire marche arrière sans se déjuger et démissionner, d’autant que des soldats américains meurent tous les jours en Irak. Il a donc choisi de persévérer dans le mensonge, de l’agrandir à d’autres perspectives qui sont autant d’autres mensonges.

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Ainsi, cette intention de faire de l’Irak une vitrine de la démocratie au Moyen-Orient !!!
Peut-on croire un instant que des Marines en armes assiégeant Faloudja soient représentatifs d’une démocratie idéale ?
C’est tragique. Parce que c’est exactement l’inverse qui se passe.
Le dernier soldat parti, ce serait plutôt à la naissance d’un Etat islamique auquel on assisterait !
Condoleezza Rice le sait. Si bien que si l’Amérique s’entête, ses contingents y seront encore casernés pour quelques années.
Les Irakiens qui avaient soufferts sous Hussein et qui au départ étaient favorables à l’occupation transitoire de leur pays par les Américains, un an plus tard, non seulement n’y croient plus, mais organisent la résistance un peu partout.
Le comble, par les frontières poreuses de cet Etat en plein chaos, des centaines de terroristes d’Al Qaida s’infiltrent tous les jours. Et ce pays, qui était jadis hors de l’emprise des Intégristes musulmans est, non seulement en train de rallier le camp de ben Laden, mais en plus, favorise l’effervescence contestataire dans des pays comme l’Egypte, le Maroc et l’Algérie qui n’en avaient vraiment pas besoin.
Heureusement que ce ne sont pas tous les pays européens qui se sont laissé piégés avec les Américains dans cette aventure, mais quelques irréfléchis avec en tête l’inconditionnelle Grande Bretagne qui pourrait sur sa lancée et sur proposition de Blair refuser la Constitution de l’Europe par référendum et s’exclure ainsi de l’Union, ce qui serait une bonne chose pour le Continent, après tout.
Reste que les dégâts de ce Président américain sont considérables sur tous les plans. Cela nous touchent aussi directement que nous le voulions ou non. Il faudra des années pour apaiser ce Moyen-Orient en ébullition… si cela est encore possible ?
L’Irak au bord de l’explosion, à l’exception des Kurdes, a refait son unité religieuse contre les Américains. C’est encore contre eux que les grandes villes sont aujourd’hui aussi dangereuses que Gaza en Palestine et c’est en partie à cause du problème irakien que les solutions pacifiques du cas palestinien s’éloignent peut-être définitivement.
Le fiasco est si complet que s’il advenait que les Américains traumatisés et obnubilés par tant d’échecs se fourvoyaient au point de reconduire par fierté nationale Bush junior à la Maison Blanche, ce serait un des jours les plus noirs de l’histoire contemporaine, pour l’Amérique et pour l’humanité.
Croisons les doigts pour qu’il n’en soit pas ainsi.
Formons des vœux pour que le successeur démocrate soit assez diplomate pour faire marche arrière sans froisser l’opinion de l’Américain moyen et sans heurter de front les familles qui ont laissé en Irak qui un mari, qui un frère et dont on perçoit la colère monter.
L’Amérique a besoin et nous avons besoin aujourd’hui d’un homme providentiel par son intelligence et son humanisme.
L’Amérique est dans une mauvaise passe.
Ne commettons pas l’erreur de nous en réjouir. Au contraire, soutenons les Américains qui vont voter contre le Président actuel. Sinon, nous pourrions nous en repentir. Mais il serait trop tard, pour eux comme pour nous.

28 avril 2004

Trop de lois tuent la Loi !

L’arrêt de la Cour d’Appel de Gand, condamnant les ASBL du Vlaams Blok en délicatesse avec la loi Moureaux réprimant les actes ou les écrits racistes, est en droit, inattaquable.
Les libelles et prises de position de la formation flamande d’extrême droite sont sans équivoques.
Les partis qui utilisent la technique du bouc émissaire, en chargeant les étrangers non européens de tous les maux, doivent être montrés du doigt. Les partis opposés aux actes racistes sont moralement tenus d’éviter toute alliance avec le Blok et les autres formations du même acabit.
Tout en étant parfaitement en accord avec les grands principes d’accueil et d’égalité de tout être humain d’où qu’il vienne, il est permis de penser que la Loi Moureaux, comme toutes les lois de censure, est une belle connerie.
Il n’y a pas d’exemple dans la presse depuis son créateur Renaudot d’une censure tolérable et justifiée, ni d’une Censure n’ayant pas l’effet contraire de ce pourquoi elle a été créée.
Que ce soit sous le règne de Napoléon III ou sous celui de Léopold II, les censurés se sont auréolés de la couronne de martyr, pris le peuple à témoin et attiré l’attention plus par le bruit fait autour de leur éviction que par ce qu’ils valent.
Une telle loi se fait l’écho des sophismes qu’elle entend réduire au silence. Cela a un effet de propagande. Et ce qui était médiocre et critiquable devient un dangereux cas de figure.
C’est étonnant que l’avocat Moureaux, initiateur au Parlement de cette xième mouture d’Anastasie, soit tombé dans le panneau.
On dirait que plus le pouvoir politique régresse par rapport au pouvoir économique, plus il légifère, croyant rétablir par cette compensation l’emprise qu’il perd sur nous !
En censurant, on supprime une occasion de pouvoir comparer et juger en connaissance de cause.
Si on me prive de la lecture de textes que je considère a priori comme contraire à mes opinions, on m’infantilise, on m’interdit d’en tirer des arguments et surtout on m’implique dans une démocratie sous contrôle, une démocratie qui est faite sur le présupposé que nos dirigeants ont raison, ce qui dans l’atmosphère générale de suspicion, creuse le fossé entre le citoyen et ses représentants.
C’est aussi une manière de prendre les gens d’en bas pour des imbéciles, en leur enlevant de sous les yeux une prose dont on les croit incapables d’en saisir la nocivité.
La loi Moureaux fait du Blok une sorte de secte qui proclame son amour de la Flandre poussé jusqu’au sacrifice. On chatouille le nationalisme flamand et on court ainsi à la catastrophe, plus sûrement qu’en laissant se décanter sur la place publique, tous les excès et tous les poisons dont ce nationalisme est capable.
Moralité, ce qui se passe en Flandre n’est pas triste.
L’électorat s’apprête à infliger aux partis « normaux » une défaite pour faire du parti « spécial » le premier parti de Flandre !

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Avec cette loi imbécile on n’aura rien gagné et on aura tout perdu.
Les partis de gauche couinent comme des gorets qu’on égorge, les autres se tâtent, surtout en Flandre ou le VLD est fort embarrassé, tout cela sous l’œil amusé de l’électeur flamand qui voit l’occasion de montrer son opposition au Pouvoir bruxellois.
Si cette loi stupide n’avait pas existé, le message de haine et de discrimination du Blok aurait été sans nul doute sanctionné par le vote du citoyen en Flandre, comme il l’est par les autres Communautés.
Cela aurait enlevé cette sensation de contrainte et de malaise que tout honnête homme ressent au mot censure.
Certes, il y aurait eu des « dérapages », ils sont inévitables, mais ils auraient eu l’intérêt de révéler ce que cette loi défend à connaître et que la Flandre a toujours couvé, malgré elle,
une certaine forme de nazisme, qu’on pourrait qualifier de nationalisme noir.
Cette Loi, si irréprochable dans ses principes, a frustré tous les amoureux de la liberté.

27 avril 2004

Dis-Claudy en spectacle dans Claudy-Dit !

- Comment dois-je vous appeler, Dis-Claudy ou Claudy-Dit ?
- C’est ma tante qui m’a toujours appelé Dis-Claudy, Monsieur Vrebos. Mais, depuis que je suis poète, je préfère Claudy-Dit.
- Dit, comme Claudy dit de la poésie, évidemment.
- Evidemment.
- Comment êtes-vous devenu poète ?
- Claudy-dit depuis que « son sein gorgé de lait » m’a pris aux tripes lors d’une après-midi dans une maison amie.
- C’est-à-dire ?
- C’est-à-dire, encore le mot dire…
- Le verbe…
- Vous voyez bien que je suis en phase, ne m’interrompez pas. C’est-à-dire, encore le mot dire, à propos de son sein gorgé de lait qui fut un déclic… dans déclic, il y a clic… le cliquetis des arbres sous la pluie, le cliquetis du lait du sein gorgé tombant dans la bouche du nourrisson…
- Vous avez été nourri au sein ?
- Oui, au sein gauche, exclusivement, comme Rimbaud.
- Votre mère vous destinait déjà à la poésie ?
- Non, c’est ma Tante qui m’a nourri au sein gauche gorgé de lait. Ma mère me destinait à la fonction pudique. Il m’a fallu surmonter cette pudicité et ce n’est qu’à l’âge de 33 ans que je suis devenu Claudy-Dit, le fonctionnaire, le seul de son étage qui a connu l’amour !
- Vous êtes devenu extraverti ?
- Je ne sais pas. Ce que je sais c’est que c’est extra…
- Oui, on dit que vous avez un beau succès !
- Encore le mot dire dans un coulage allégé… Dire devient Dit, ah ! merveille de la langue. Le dire est le dit de Claudy-Dit…
- Donc, cet après-midi là vous avez rencontré votre destin…
- Oui, j’ai senti le feu de la poésie m’envahir, Monsieur Vrebos, de la bouche de la poète et de son sein gorgé de lait, je me suis revu tétant ma Tante gorgée de lait… C’était sublime. C’est là que je me suis dit : Dis-Claudy devient donc ce que tu sens monter en toi… devient Claudy-Dit !
- Vous sentiez monter cela d’où ?
- De la base fondamentale, du pantalon Monsieur Vrebos… du pantalon.
- La poète s’en est aperçu ?
- Tiens, j’aurais dit aperçue ?
- Non. Pas dans ce cas.
- Ah ! j’aurais cru… déformation du poète… Non pas dans ce cas, la poète ne s’est pas aperçue de mon état, ai-je dit, Claudy-Dit si vous préférez.
- Je préfère.
- Elle était elle-même à son évocation lactique et je voyais son pur profil à petits tétons…
- Prophylactique ?
- Oui, Monsieur Vrebos. Je n’étais pas célèbre… elle l’était.
- Et maintenant que vous êtes célèbre ?
- Elle ne l’est plus…
- La correspondance des temps…
- Oui. Elle descendait en ville avec le 22 et moi le 21…
- Votre prochain concert ?
- De la prostate, c’est celui que je préfère.
- Vous serez seul en scène ?
- Non. Il y aura Gustave à l’accordéon, une Claudette et ma Tante en mini jupe.

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- On ne s’emmerdera pas comme l’autre fois ?
- Ah ! l’autrefois… que de souvenirs… et ce sein gorgé de lait que je ne saurais voir…
- Elle vous l’a caché définitivement ?
- C’est ce que je dis-Claudy dans mon spectacle Claudy-dit !
- Vous me mettez le lait à la bouche. Vous pouvez me donner quelque chose ?
- Je sais bien qu’à RTL, on ne travaille pas pour rien, Monsieur Vrebos. Deux euros, ça va ?
- Non. Je ne parle pas d’argent, mais une poésie de Claudy-dit ?
- Attendez que je fouille dans ma poche gauche la plus trouée, donc la plus en contact avec ma réalité gonadesque. Voilà :
Son sein était gorgé de lait
Dis-Claudy Claudy-dit ma Tante
Ta Claudette en a deux beaux parfaits
Mais c’est ceux de sa poète qui s’enchantent
Dis-Claudy Claudy-dit t’as ton ticket t’es Cools.
- Pourquoi faire allusion à André Cools dans ce dernier alexandrin de 14 pieds au moins ?
- Parce que c’est dans la salle André Cools qu’aura lieu mon opus poétique.
- Vous espérez du monde ?
- Je n’espère rien du monde qu’un peu de gloire…
Ah ! Vrebos donne-moi tes lèvres !...
Ah ! Vrebos ne comprends-tu pas ?
Ah ! Vrebos ne comprends pas…
Mais donne-moi tes lèvres !
- Qu’est-ce que c’est ? Ah ! vous êtes fou !.... Mon sein est loin d’être gorgé de lait…
- Aha ! petite salope… on vient emmerder les poètes et puis on leur résiste !...

26 avril 2004

Mon Fred chez les Máku-Máku !

Un nouveau jeu dans la Gerbe télévisuelle belge :
A la recherche de Mon Fred ! Lancement en mai sur la chaîne recentrée à Mons, dans le cadre des grands moments de la RTBf.
Marcher en forêt, c’est ployer sous le sac, à chaque pas trébucher, glisser, tomber. On se raccroche à un arbre et c’est épineux ! On le lâche pour un autre, il cède car il est pourri et vous voilà couvert de fourmi. On évite une liane pour tomber sur une autre. On met le pied sur un tronc qui cède et vous voilà enlisé jusqu’au genoux. Marcher en forêt, c’est aussi se glisser, marcher à genoux, à quatre pattes pour franchir un obstacle. C’est se débarbouiller de toiles d’araignées gluantes, se couvrir de fourmis, défoncer un nid de mouches (guêpes) méchantes et se retrouver enflé, meurtri, harassé, épuisé saignant, prêt à mettre le pied à l’endroit précis ou une seconde auparavant un petit serpent noir et terriblement venimeux se tortillait dans une tache de soleil. On rage, on jure, on serre les dents, on avance tout de même, de plus en plus flagellé, déchiré, saignant. On affecte la démarche de l’homme ivre courbé sous le poids d’un sac.

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- C’est un nouveau concept...
- Si c’est nouveau…
- On reconstitue en studio la forêt amazonienne…
- On peut louer les serres de Laeken… ou le Botanique…
- Non. Tout doit être centré sur Mons, ordre de qui tu sais.
- Faudra faire une serre sur la place du village… pardon, de la ville. Tu parles d’un bled !...
- Une tribu… les Máku-Máku.
- Elle existe ?
- Absolument.
- Nous aurons le chef Kunu-Kunu comme consultant.
- Tu crois que c’est un nom porteur ?
- On introduit dans la serre tous les insectes des forêts chaudes. On construit des termitières géantes en polystyrène expansé … dans une serre de 4 hectares.
- Les conditions de vie seront plus terribles qu’à la ferme ?…
- Justement. D’autant que les Máku-Máku vivent tout nus !
- On n’acceptera pas en haut lieu. Tu les connais, ils en ont viré pour un décolleté trop plongeant…
- Si, on a des appuis…. Le consultant nous a vendu la moitié de sa tribu.
- Je ne comprends pas ?
- Avec l’appui de Kunu-Kunu, on a établi une piste de fortune à côté de son village. Il est de mèche avec le sorcier.
- Et alors ?
- Le sorcier endort ceux qui doivent partir pour l’émission. On les embarque pendant leur sommeil dans l’avion qui les amène à Zaventem et de là, sur les lieux du tournage. On les dépose dans la forêt reconstituée, dans un village réplique du leur.
- Je croyais que c’était nos vedettes qui devaient être à poil. Mais alors, quel est leur rôle ?
- Elles ont pour mission de retrouver un explorateur disparu, Mon Fred… Elles partent avec toile de tente, lits et moustiquaires. Elles ignorent, qu’elles vont rencontrer les Máku-Máku.
- Je comprends. C’est le choc des civilisations… la surprise totale !
- Il y a un petit inconvénient.
- Quoi ?
- Les Máku-Máku passent leurs prisonniers au court-bouillon.
- Anthropophage ? Excellent…
- Ce n’est pas le public qui élimine les vedettes, mais les Máku-Máku.
- Nos stars accepteront pas de se laisser bouffer pour l’audimat !
- Non. En dernière minute, c’est notre consultant Kunu-Kunu qui négociera leur rachat en donnant en échange aux Máku-Máku des hamburgers de nos sponsors du MacDo,.
- Et si c’est trop dégueulasse et qu’ils veulent bouffer nos vedettes quand même ?
- Daniel Gilbert nous a déjà dit pour passer à la télévision qu’elle était prête à tous les sacrifices, y compris la marmite des Máku-Máku. Elle en a marre de l’eau froide de la douche chez De Chavanne.
- On pourrait récupérer les animaux malades de la ferme, vu les fermiers qu’ils ont. C’est l’abattoir gratis et troquer la vedette contre un porc bien dodu…
- Un seul inconvénient.
- Lequel ?
- Avant de sacrifier leurs victimes, les Máku-Máku les sodomisent.
- Si c’est ça qui t’inquiète, il suffira de glisser l’information dans le tuyau de l’oreille de tes stars candidates pour que tu refuses du monde…

25 avril 2004

Copier/Coller interdit.

J’ai reçu du fakir Rahd’jou l’ordre du ciel de recopier 642 fois ce texte en l’honneur de Shiva Mollo, la déesse aux multiples vengeances.
Celui qui reçoit ce message devra impérativement recopier ce texte 642 fois, de sorte qu’en 642 jours, il fasse 642 fois le tour du monde.
Si tu es fidèle à cette déesse toute puissante de l’Inde, de grands bonheurs te seront réservés. Tu vivras 642 mois soit 53 ans et 6 mois d’un parfait bonheur avec ton épouse adorée. Tu la chériras comme elle le mérite car elle ne regardera aucun autre homme que toi. Tu seras honoré et tu feras l’amour 642 fois dans ta vie exclusivement avec elle, soit une fois tous les trente jours, sauf si la lune est dans son quartier ascendant ou elle dans son mauvais jour. Alors, la déesse te comptera ton abstinence comme si tu avais eu un rapport.
Tu travailleras honorablement dans une compagnie d’Assurance au plus bas échelon parce que l’argent corrompt et tu vivras paisiblement à ton bureau pendant quarante ans dans une parfaite tranquillité de corps et d’esprit. Ton départ passera complètement inaperçu. Tu béniras 642 fois la déesse qui te permettra de vivre encore plus près de ta compagne. Car, ta pension ne te laissera les moyens que vivre dans une seule pièce, ta femme et toi, serrés l’un contre l’autre vu l’exiguïté du local. Tu t’abstiendras de manifester tes opinions politiques et toute sorte de sentiments qui pourraient te blesser ou blesser les autres. Tu seras fidèle à ton pays et aux personnes qui le dirigent et qui sont l’émanation de toi-même.
Dans le premier tiers des 642 mois de ton union, le ciel te pourvoira d’enfants de Calcutta, la déesse s’est arrêtée au chiffre 12 qui est la somme de 6 + 4 + 2 ; car ta femme n’en aura pas, vu que tes rapports auront été de 11 ½ (le ½ à cause d’une éclipse de lune) en 53 ans et demi de mariage. Tu iras chercher tes enfants en deux fois et ce seront pour toi des vacances inoubliables. Tu les nourriras et ils te quitteront lorsqu’ils auront atteint 25 ans. Tu ne les reverras jamais plus suivant notre vœu pieu.
Lorsque ta femme mourra, tu ne lui survivras que quelques jours, car nous ne voulons pas que tu aies trop de douleur et de regrets.

Voilà mon cher fils, tous les bonheurs qui t’attendent si tu accomplis ce que nous t’ordonnons.

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Si tu désobéis, au point de ne pas recopier ce papier 642 fois, tu seras puni sévèrement.
Tu auras une vie agitée dans les voyages et les aventures. Tu feras l’amour avec 642 femmes dans 642 positions. Tu gagneras facilement et sans travailler 642.000 euros, ce qui te rendra inquiet et mauvais, comme tous les riches. Tu mettras ton nez dans les affaires des autres et surtout dans la politique. Enfin, comme tous ceux qui sont touchés par les démons, tu seras un créateur, artiste en un mot, avec tout ce que cela comporte de vanité, de perversité et de promiscuité indécente.
Tu atteindras la gloire, ce qui pour nous les Dieux est le comble de la déchéance.
Enfin, tu seras condamné à vivre de la sorte 642 mois. Tu te lèveras tard et tu traîneras chez toi avant de te décider à jouer au golf ou t’envoler pour le Pacifique à un concours de surf.
Tu seras joueur, baiseur, voleur à l’occasion sans jamais te faire prendre, ce qui laissera ta conscience sans châtiment et libre de n’éprouver aucun remord.
Bref, tu seras indigne et malheureux. Le déshonneur sera ton lot. Après 53 ans et ½ d’une vie dissolue, il te restera encore au moins 20 ans à vivre que tu consacreras au repentir dans une villa au bord de la Méditerranée, en exil, loin du pays où tu es né.
Tu y auras encore des aventures, mais avec des jeunesses du pays qui te coûteront beaucoup d’argent.

J’espère, mon cher fils, que tu n’hésiteras pas et que tu accompliras ton devoir envers Shiva avec zèle et ponctualité.
Encore un mot : le Copier/Coller est interdit. Tout doit être écrit à la plume Ballon, modèle 36.

24 avril 2004

L’Etat ou l’art de se foutre du Citoyen.


Dans leurs discours les hommes politiques aiment les citoyens. Cet amour est variable. Cela va de l’infini, à une piètre estime.
Certes, l’électeur est sacré et le suffrage universel est le sommet de leurs relations amoureuses.
Ils répètent à l’envi ce qu’un vieux crooner comme Hallyday clame devant
les micros : « Je dois tout au public ! ».
C’est aussi le discours de Guy Coeme qui sera réintégré dans le team du PS, à peine sorti de son purgatoire.
Ils poursuivent généralement : « Le public me soutient depuis longtemps et je l’en remercie ».
Nos élus pensent-ils un seul mot de ce qu’ils disent ?
L’équilibre affectif entre eux et nous est fragile et l’amour pas si profond que cela.
L’alchimie du mot « rue » accolé au mot « citoyen » a particulièrement un effet désastreux sur leurs sentiments. Sitôt dans la cornue, le subtil mélange devient dangereux, explosif… De la gauche à la droite les sourires se figent. Pourtant les électeurs ne sont-ils pas pour la plupart de la « rue » ?
Alors, après l’extase, les bouches se tordent. Le sourire devient rictus et exprime une inquiétude.
Il y a un morceau d’anthologie dans les anciennes actualités de 60-61, lorsque Gaston Eyskens parle de « la rue » suite à la réaction de celle-ci à sa Loi unique. Son visage se tord, la haine et le dégoût s’y marquent. C’est Lionel Barrymore dans « Capitaines courageux ».

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Dans des réunions de « la dernière chance », quand les mesures que l’on va prendre au nom du suffrage universel sont universellement combattues, la salive blanchissant leurs lèvres, nous voyons nos modernes sorciers éructer… anathématiser. Ils ne céderont pas à la pression de la rue. La politique ne s’y fait pas et que ce n’est pas là qu’on dirige un pays.
La rue facteur de trouble et de désolation, qu’est-ce ?
Les manifestations à caractère populaire, les rassemblements ouvriers, les regroupements de mécontents, cela devrait plaire, au moins à la gauche, non ?
Pourtant, c’est un des rares moments où la gauche et la droite semblent d’accord. La haine de la rue les réunit !
Cette grogne de la Belgique d’en bas, abominée par nos grands amoureux de la démocratie, n’est pas toujours visible. Parfois une rumeur de fond, une fronde qui ne s’est pas encore infiltrée dans la conscience populaire couve quelque part sur les pavés, dans les impasses, dans les ensembles type Le Corbusier.
Ce qu’on reproche alors à l’opposition diffuse et hors contrôle, c’est justement son côté populaire, son gauchisme irresponsable... Comme si chez nos élus l’opprobre recouvrait l’ensemble des dérivés honteux du mot : populace, populacier, populiste et parfois le mot de base lui-même : « peuple », lorsqu’il est dit de façon particulière à des réunions où justement il n’est pas convié.
Chose curieuse, le dégoût pour la rue a des limites. C’est lorsque de « la rue » sourd une lame de fond capable de renverser le pouvoir… quand l’émeute frise la révolution !
Alors fleurit un nouveau langage. C’est le fameux « Je vous ai compris. » traduit dans toutes les langues, par tous les diplomates.
Cette ouverture est une ruse. Car, le « Je vous ai compris » signifie avant tout que le Pouvoir a saisi le sens du mécontentement et qu’il réfléchit à la parade.
D’abord, dans un premier temps, les politiques adhérent au mouvement. L’espoir renaît.
C’est lorsqu’elle croit triompher que la contestation populaire est la plus fragile.
Le Pouvoir attend qu’il pleuve, que les volontés s’émoussent que les foules ne s’autogérent plus.
L’exemple le plus récent, c’est la Marche Blanche. 300.000 personnes dehors ! Du jamais vu. Du coup la rue devient le prolongement naturel du Parlement. C’est le Peuple sacré qui dicte sa loi. Dehaene alors premier ministre reçoit les parents des victimes. Le Parlement met en place une commission. On annonce des réformes.
Certaines verront le jour comme la réforme des polices, avec le peu de résultat que l’on sait.
On attend toujours celui de la justice.
Comme ce phénomène unique de rassembler 300.000 personnes ne saurait se renouveler, tant il y faut des circonstances exceptionnelles, le Pouvoir mise sur la lassitude rapide.
Et c’est bien vu. Les manifestants s’impatientent, ne voient pas de changement immédiat, se découragent et abandonnent.
Entre-temps, les Personnalités visées auront infléchi leurs discours. Ils ne parleront des meneurs qui n’existent que dans leur imagination, que si des noyaux durs de contestataires persistent.
Pour la marche blanche, les meneurs sont inoffensifs. Ce sont ceux qui croient au réseau Dutroux et qui pensent qu’une bonne instruction est à charge et à décharge et non pas la défense d’une thèse, comme l’a fait Langlois.
Aujourd’hui les Marches blanches se résument à des lâchers de ballons. Le pouvoir les a récupérées. Les enseignants trouvent pédagogique de les organiser dans les cours d’école. Tout baigne…
Alors que rien ou presque n’a changé !
Transformer une critique venant de « la base » en une leçon qu’ils donnent aux autres, les gens de pouvoir n’ont jamais fait que cela.
Les politiciens réagissent comme la justice, quand celle-ci se sent menacée par ceux qui la contestent. Un Dutroux, par exemple, n’est pas un subversif, donc il n’est pas dangereux. Au contraire, il renforce le sentiment que la justice est dans son rôle et sera exemplaire : « Qu’elle doit passer et qu’elle passera ! ».
Ce qu’elle craint, la Justice, ce sont les gens qui sont convaincus qu’elle est laxiste, voire corrompue, en tous les cas inefficace et au service des puissants, donc injuste. Ceux-là écoperont à tout coup du maximum, s’il leur arrive la moindre peccadille.
Après l’orage, il suffit au Pouvoir de reprendre le discours sur le désintérêt des foules, de « réprimander » les mauvais électeurs, de dire la chance qu’on a d’être dans une démocratie.
Ils font très bien cela à la télévision. Leur show est rôdé.
Dès que le pouvoir n’a plus peur de la rue, tout se remet à ronronner. La rue se rendort. Elle est oublieuse, bon enfant. Les bourgeois s’attendrissent sur une douceur de vie retrouvée. Plus personne ne croit aux changements brutaux. D’ailleurs la brutalité vient d’ailleurs… la crainte du terrorisme… des attentats.
A part ça… tout le monde est content.
Il ne manque plus que la cerise sur le gâteau : « Wallon et Flamand sont des prénoms, mon blase c’est la Belgique ».
Là-dessus une bonne trappiste et un fromage d’abbaye… merde, ce qu’on est bien !

23 avril 2004

Messieurs... la Cour !

On voudrait dire des choses… qu’on savait… qu’on était au courant moins par les faits que par intuition… que c’était inévitable… qu’un jour, cela devait arriver…
Il paraît que nous ne sommes pas qualifiés. Ce n’est pas une question d’études… de raisonnement… Tout bêtement, nous n’avons pas la fonction… le grade… donc pas la compétence.
Nous n’avons pas passé les concours… D’autres qui ont frappé à la bonne porte, sollicité les appuis requis… rempli les bons formulaires… ont investi la peau des personnages classiques… normaux… représentatifs.
Plumet, bicorne ou sabre en bois… ils incarnent. Ils sont le Verbe !
Ils sont entrés dans une confrérie dont le premier réflexe est la reconnaissance des pairs… l’autoprotection réciproque et active des mandants et un mépris de bon aloi pour tout le reste.
Ils savent d’instinct qu’on ne se méfie pas des apparences, de la hiérarchie, que la compétence est automatique… qu’il est impossible que les autres vérifient… analysent… concluent.
C’est classique. Vous êtes devant une carte… vous poussez des petits morceaux de plomb… vous expliquez avec forces détails que c’est ainsi qu’il faut disposer les forces… Personne ne vous écoute… On vous rit au nez… Pourtant c’est le plan idéal qui évitera des pertes… une défaite… Une ganache d’une école militaire vous interrompt. Il parle avec assurance. Tout le monde lui donne raison. On court à la catastrophe, mais selon des règles de professionnalisme bien établies. Il a l’équipement pour séduire… l’uniforme… la petite badine avec laquelle il pousse si bien les petites pièces sur l’échiquier des affaires.
On ne refait pas l’histoire. Personne ne dira le contraire, vainqueurs ou vaincus… Ils ont raison définitivement.
Il en va de même partout.
Là, un juge d’instruction, des enquêteurs se sont attelés pendant huit ans à l’Affaire.
Ils sont venus briller à la barre, expliquer, détailler tout à loisir…
Aujourd’hui on se demande… Ce n’est pas ainsi que vous auriez conduit les choses. Vous ne vous eussiez pas laissé emporter par votre conviction. On n’établit pas à l’avance le parcours de certains en évitant de contrôler des autres, tout aussi crédibles ou tout aussi suspects… Vous auriez travaillé à charge et à décharge… sans a priori.
Vous vous dites, c’est étrange que ceux qui ont le plus de titres… qui normalement ne pouvaient pas échouer… qui ont eu le temps, les moyens… à qui on a fait confiance… et qu’encore aujourd’hui des scrupules vous agitent… voilà que des convaincus inconditionnels font vaciller votre conscience…

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On établit le bilan… On n’est pas fier…
Ils avaient le droit d’occuper les fonctions… à paraître ce qu’ils ne sont peut-être pas.
Ils revêtent l’habit avec tant de prestance… l’accessoire leur donne tellement d’assurance, qu’un éventuel désaveu semble impossible.
Et au même moment que l’on pense cela, voilà des langues qui se délient… des enquêteurs qui n’ont pas été si heureux que cela au service du Savoir, de l’Autorité.
Comme la contestation est toujours suspecte et le suivisme rarement sanctionné !
On s’aperçoit qu’on est passé à côté, sans le dire… de peur de sortir d’une majorité… une majorité de quoi ?
Ce serait inconvenant d’aller plus loin… qu’immanquablement on se heurterait à la Nation.
Parce qu’il faut bien s’accrocher à quelque chose. Sans règle tout peut arriver… On s’invente des barrières… des préjugés… des respects… l’Etat, le Parlement, la Justice, la Police… et on pourrait ainsi décliner tous ceux qui usent et abusent souvent de la petite parcelle d’autorité que leur confère un hasard… une bonne fortune… une situation… Et on se monte la tête en se disant la pièce essentielle d’un vaste puzzle et qu’il faut faire confiance à celui qui sait… vous saisit d’une main ferme et vous place au bon endroit pour peaufiner le tableau final, l’édifice parfait avec au sommet les trois couleurs… un sans faute.
Foutaises.
Des flics qui se tapent dessus à Jamioulx, des Juges qui donnent ou pas la parole suivant leur fantaisie, et des chefs partout qui organisent à leur profit un monde qui exclut au lieu de conforter… qui pérennise au lieu de bouger… qui accapare au lieu de donner.
Messieurs, la Cour ! Merde… faudra bien encore se lever.

22 avril 2004

Janus

A voir le nombre de plus en plus grand de personnes qui vivent seules à Liège, à part celles qui ont choisi le célibat délibérément, il y a forcément un paquet qui sont mal dans leur peau, d’où les clubs, les lieux de rencontre et tout dernier must, le NET.
Seulement, ne nous leurrons pas, ces lieux ne sont pas nécessairement des endroits où trouver « l’âme sœur » (pour employer le langage des agences). Y prolifèrent des espèces carnassières qui ne sont là que pour agrémenter leur solitude et mettre en pièce l’âme naïve. Quand un spécimen de cet acabit rencontre un homologue de race et de vie identiques, la chose est entendue. Après les frottis d’épiderme et le reste, on se donne une claque dans le dos et basta !
Mais c’est souvent l’histoire du loup et de l’agneau, d’où méfiance… et qui dit méfiance, dit à la longue, l’impossibilité de faire confiance.
C’est ainsi qu’on se replie entre son pot de géranium, son poste de télévision et le téléphone.
Le géranium pour les évocations à la nature, la télévision pour ses paillettes et le rêve, enfin le téléphone pour faire la conversation quand on a besoin de parler.
Seul lien avec l’extérieur, le travail, pour ceux qui en ont.
Aujourd’hui, le travail comme lien social n’est plus ce qu’il était.
Les rivalités entre les personnes y sont telles que les relations sont souvent conflictuelles. La sujétion de l’employé à son chef n’annonce que trop bien une contrainte. Tout revient à des notions d’intérêt.
Les statistiques montrent qu’on se marie de moins en moins entre collègues de bureau. Les entreprises intérimaires en pullulant dans les métiers raccourcissent d’autant les contacts entre les acteurs du drame social. Quand on quitte son travail, ce n’est pas pour retrouver après journée celui ou celle qu’on a eu devant soi toute la journée.
Un/une célibataire battant le pavé en quête de quelqu’un/une avec qui partager un bout de chemin, bute sur un dilemne. Comment dire dans la rue à un/une passante « Vous me plaisez, voulez vous que nous aillons prendre un verre et parler pour savoir si nous avons des affinités culturelles ? » Cette franchise aurait pour conséquence un refus outragé.
Reste le hasard. Un renseignement auquel vous répondez. Une conversation banale dans un endroit qui l’est encore plus, un magasin, un bus, une salle d’attente… Il n’en demeure pas moins que ce premier contact, s’il est facile, n’augure pas de la difficulté.
Or, la méfiance et la timidité sont des facteurs envahissants du monde moderne et ce qui peut apparaître pour des petits riens, prend des proportions jusqu’à créer des obstacles insurmontables.

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- Totor de quoi tu causes ?
- C’est sartrien, tu pourrais pas comprendre.
- Dis tout de suite que je suis conne…
- Mais non chérie, je veux juste dire que tu n’as pas besoin de chercher les moyens de communiquer…
- Parce que toi, t’en as besoin ?
- J’explique aux autres…
- …que t’en as marre de ta bergère…
- Que vas-tu encore te mettre en tête ?
- C’était pour te dire qu’en ce qui me concerne… ta salade, tu peux l’assaisonner toi-même.
- Ça veut dire quoi ?
- Juste que tes séances à te torturer le citron devant ton ordi pour te demander si les autres existent, te pose plus la question.
- Je te comprends pas.
- Effectivement, ils existent et j’existe. Enfin, c’est ce qu’on me dit depuis trois semaines.
- Je ne… enfin, je crois que…
- C’est ça. T’es le champion du « Je ». Mais regarde autour de toi pour voir si le monde existe ailleurs que devant ton écran… D’ailleurs, ton écran, il est comme toi… il est vide… il ne reflète que toi, ton écran… Quand tu l’allumes, tu t’allumes…
- Mais enfin Majo…
- M’appelle plus jamais Majo. Je suis Marie-Josée.
- Qu’est-ce que ça veut dire ?
- Tu sais dire que ça « Qu’est-ce que ça veut dire ? ». Ça veut dire que cet aprem quand tu seras à ton ordi, j’irai voir Pierrot…
- Quoi Pierrot ? Tu vas pas me dire que tu vas voir ce gros con qui explique pourquoi elle penche, la Tour de Pise ?
- Oui, et pourquoi on baise mieux dans son lit que dans le tien…
- Ce que tu es vulgaire…
- Ce que tu es seul… sacré Victor !
- Comment as-tu pu, avec ce silène repoussant !
- Quand tu sais plus, tu sors ta mythologie. Alors, je vais sortir la mienne. T’es qu’un Janus, mon vieux Totor. Un Janus…
- Tu sais pas ce que tu dis.
- Si… si, un Janus… philosophe et raisonneur par devant et cocu par derrière… Si bien qu’on ne sait pas si c’est le cocu qu’est devenu philosophe ou le philosophe qu’est devenu cocu… Eh bien ! aujourd’hui, le cocu est des deux côtés…

21 avril 2004

Emplois, sonates, sonnets et graticulations.

S’il y avait autant de presse à la porte des séminaires qu’il y en a pour rafler les emplois catégories A1 et A2 de hauts fonctionnaires, il y aurait en Belgique pléthore de curés.
Pour cause de grenouillage et colonisation des partis politiques, les seize fonctionnaires qui devaient être incessamment nommés à la Région wallonne sont priés d’attendre.
Devant le portique, c’est l’émeute. Van Cau joue à « qui veut gagner des millions ».
Ce n’est pas rien, ça madame, un haut fonctionnaire. Ça va chercher dans les… non, je ne l’écrirai pas, par respect pour les chômeurs.
A la culture, match entre Vrebos Pascal, journaliste à RTL-TVi et Martine Lahaye, l’actuelle directrice générale, avec un outsider de la Maison, Léon Zaks.
Aux droits de l’Enfant, les impressionnantes moustaches de Claude Lelièvre seront-elles reconduites pour d’autres temps ? C’est un mystère.
Il y a plus de postulants que d’emplois.
La Commission Selor, grippée par excès de main-d’œuvre, peine à sortir l’as de sa manche.
Quand on pense que les plus ardents sont les libéraux, eux qui prêchent pour dégonfler l’Etat en faveur du privé ! Comme quoi, question exemple…
Le cas Vrebos est parmi les plus délicats.
Tout le monde pensait que pour le salaire première catégorie, il fallait être objectif et ranger sa deuxième casquette, en l’occurrence celle de journaliste à RTL-TVi. Ce n’est même plus une deuxième casquette, c’est toute une chapellerie ! Ce type est à la fois professeur (Institut Cooremans, Académie des Beaux-Arts de la Ville de Bruxelles, Conservatoire Royal de Bruxelles : sémiologie, stylistique, analyse textuelle), écrivain et accessoirement journaliste.
- Ah ! vous me rassurez. S’il est tout ça et qu’il devienne responsable de la culture, il n’y aura pas d’accablantes nouveautés ! Voire… Les p’tits gars de RTL-TVi sont nombreux. Il y aurait beaucoup d’amis à pourvoir…
Les Libéraux qui soutiennent leur crack, spécialistes eux-mêmes des portefeuilles multiples, entendent bien engager un chapelier pour les derniers essayages. Ah ! le poignon…
Quand on connaît, pour avoir fréquenté le Journal de 19 h de cette chaîne, la façon dont ces gens présentent l’information et bidonnent les reportages, on ne peut que redouter la venue d’un des leurs à la culture, déjà si peu ouverte à tous.

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La Culture, hyper embourgeoisée depuis toujours, recevrait avec Vrebos son estampille de garantie Ancien Régime. On voit d’ici les fauteuils Louis XV et les tronches des agrégés de la modernité télévisuelle…
Le Belge moyen ne se doute pas de l’urgence qu’il y a de donner de la voix.
Ce n’est quand même pas aux flambeurs de tourner la roulette du casino Belgique.
Ne serait-il pas temps de ramener les têtes chaudes sous le robinet citoyen ?
Je n’en ai rien à foutre que ce soit le tour d’un MR ou d’un CDh, voire d’un PS, qui ne sont pas les derniers, à se poser les fesses sur les cuirs souples des fauteuils de direction.
Ce qui compterait, ne serait-il pas de faire une politique culturelle qui donnerait la parole à tous ceux qui ne l’ont jamais et qui ont, sinon plus, de choses à dire que ceux qu’on entend partout et tous les jours et qui, pour la plupart, nous cassent royalement les couilles ?
Question musique, les théâtres lyriques et les orchestres philharmoniques bouffent tous les budgets. Le fiasco est grandiose. Mais on roule pour le prestige.
Chaque fauteuil des nobles étrons des premières classes coûtent pas mal aux contribuables qui n’y mettent jamais les pieds. Pourquoi pas un prix vérité au fauteuil d’orchestre pour ces cultivés de père en fils et faire « gratuit » pour les besogneux, les vieux et les chômeurs des amphis ?… Cela créerait un renouveau dans le courant d’air des couloirs du Conservatoire. Les vapeurs wagnériennes pour la mégalomanie d’un Karajan ?… le chef est mort, Madame !
Tant mieux si on case de temps en temps un trombone ou un hautbois méritant, mais pas au détriment des autres musiciens obligés de jouer de la grosse caisse dans le garage familial,
Sans oublier les compositeurs et les jeunes formations !

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Question littérature, on nous emmerde avec les rétrospectives Simenon et les « consécrations » d’artistes qui n’ont pas besoin de tendre leur sébile pour qu’elle se remplisse et on laisse crever de faim et hors d’édition des gens dont personne ne prend la peine de lire les manuscrits. L’Edition est un truc bidon en Belgique, une imposture... Pourquoi ne pas créer une maison d’Edition subventionnée qui fonctionnerait grâce à un Comité de lecture qui changerait chaque année par la rotation des titulaires, au lieu des vieux croûtons qui polluent nos Lettres depuis un demi siècle ?
Peinture. Des milliers de gens peignent en Belgique, des Académies existent dans presque toutes les Communes. Qu’est-ce qu’on attend pour pratiquer une politique d’achat qui ne tournerait pas qu’autour de quatre ou cinq pistonnés ?
Enfin, coup de torchon dans les concours de poésie ou de littérature. Ils sont tellement colonisés par certaines « élites » que c’est à gerber. Les jurys seraient parfaits pour élire à 99 % des voix n’importe quel dictateur d’une république bananière.
- Mais où on est Môssieu ?
- En Belgique, fils !
- Ah ! oui pardon. J’avais oublié. Alors, c’est normal. Je ferme ma gueule.
- C’est ce que vous avez de mieux à faire.
C’est difficile de la fermer. Je suis un incurable. Et si, quand il y a de la nomination à des postes sensibles et croustillants dans l’air, la Belgique d’en bas se fendait de lettres de candidature ?
Van Cau et Michel, les démiurges des hautes fonctions wallonnes, noyés sous des monceaux de courriers, comme ce serait drôle !...
Parce que, entre nous, nous les minus, nous les valons bien.
La différence entre eux et nous, c’est que nous sommes timides et modestes. Et si nous ne sommes pas pris au sérieux, nous pourrons nous consoler en pensant que ce ne sont pas les meilleurs qu’on met arbitrairement aux manettes, mais les pires.
Où on s’inscrit, mec ?
Qui connaît encore la chanson du Bitu qui commence par « Vivent les candidats ma mère, vivent les candidats… » ?

20 avril 2004

Bush, Blair, Sharon et les autres...

Délaissant des projets modérés, Bush vient d’approuver le nouveau plan de Sharon, fort défavorable aux Palestiniens. Cela n’est pas de nature à apaiser les esprits.
Se déjugeant de sa dernière proposition d’accord, « la feuille de route », le Président américain poursuit son cavalier seul - si l’on excepte Tony Blair, le compagnon zélé - dans son appui unilatéral à Sharon, malgré la désapprobation des Nations Unies et des partenaires européens.
Le dernier plan de Sharon est particulièrement préjudiciable à l’ensemble du peuple palestinien. Il remet en question le tracé de la frontière avant la guerre de 1967, entérine la mainmise des colonies « sauvages », à l’exception de celles de Gaza, qui mordent allègrement sur la Cisjordanie et exclut tout rapatriement des exilés palestiniens sur leur terre d’origine.
Bref, c’est le diktat d’un homme et d’une armée.
Israël devient « un cas » dans le concert des Nations, comme l’ont été jadis la Libye et l’Irak.
Il n’y a pas d’exemple d’un autre état, pour collectionner les résolutions des Nations Unies contraires à sa politique. L’Irak s’est fait envahir par l’US Army pour moins que cela.
Il n’y a pas d’exemple aussi d’un autre Etat qui n’ait jamais tenu compte des mises en garde avec autant de désinvolture, confiant que les pays de la vieille Europe ne feront rien d’hostile tant qu’il aura l’appui américain.
A trop flatter l’électorat juif pour sa réélection, le Président Bush s’enfonce en Palestine dans une politique catastrophique pour le monde occidental. On comprend pourquoi Ben Laden est très attaché à sa réélection. Avec ce président-là, il est assuré d’une escalade dans l’affrontement. Le but final du terrorisme est l’embrasement de tout l’Islam, à croire que son ennemi partage aussi ses vues.
Avec l’appui de certains médias occidentaux, Israël tente de reprendre son ascendant sur l’opinion européenne, selon sa méthode habituelle : référence à la Shoah et dénonciation outrancière de ce qu’il tente de faire passer pour de l’antisémitisme. Ses partisans sentent qu’ils ont mauvaise presse, malgré quelques médias gagnés depuis longtemps à leur cause.
Le récent reportage du cinéaste Elie Chouraki dans un établissement public et un lycée privé à Montreuil, montre les limites d’un plaidoyer exclusivement au service d’une cause..
Ces déformations contraires à l’objectivité s’ajoutent à bien d’autres manipulations de l’opinion. Il y a un risque que cela fasse un effet contraire à ce que voulait la Communauté juive en Europe. Elle serait alors par les excès de zèle de ses prosélytes, mise en porte-à-faux vis-à-vis des autres communautés.
A force de souffler sur le feu de façon délibérée, les amis d’Israël seraient-ils en train d’agir selon la même politique que Ben Laden, en poussant la partie adverse à la faute ?
Il y a dans ce rappel constant aux lois contre l’antisémitisme une sorte de jeu du « Chat perché ». Israël fait ce qu’il veut, et parfois de façon discriminatoire et particulièrement raciste à l’encontre des malheureux palestiniens. Dès que la réaction devant un tel déni de justice se fait sentir dans des terres où le citoyen a encore son mot à dire, il joue à la victime et hurle au racisme !

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Cioran a eu une réflexion dans les années septante qui pourrait résumer un sentiment qui gagne du terrain en 2004. On ne peut mieux illustrer l’état d’esprit de la population européenne, en général, même si, habilement à force de références au passé douloureux, les partisans d’Israël y trouveraient leur miel et l’occasion belle de jeter l’opprobre sur un racisme rampant.
« La raison profonde de l’antisémitisme : les Juifs font trop parler d’eux, ils sont trop présents, ils ne se font pas oublier, ne serait-ce que par tactique, par habileté. Je me rappelle le mot qu’avait employé à leur sujet, le docteur Druard, type de Français modéré « vieux style » : ils sont encombrants ». (Cioran, Cahiers 1957-1972)

Pour nous Européens, la situation extérieure à l’Europe que constitue le chaudron en ébullition palestinien pourrait nous entraîner dans des conflits dans lesquels nous n’avons aucun intérêt à nous immiscer, pour la bonne raison que la force n’y fait pas bon ménage avec le Droit et qu’il est impossible de s’interposer entre des populations sans défense et un Etat super armé, sans prendre fait et cause pour ceux dont la faiblesse est criante.
A force d’en trop vouloir, la politique de Sharon conduit à un affrontement avec les populations arabes. Compte tenu des disproportions démographiques, même avec l’appui des Etats-Unis, à terme, Israël devra composer ou disparaître. Et plus il attend, plus chère sera la facture.

19 avril 2004

Un pas vers le Meilleur des mondes !

Fichus prétextes : la grande criminalité, le recyclage de l’argent sale, le terrorisme, etc. pour nous raboter les quelques petites libertés qui nous restent.
Hier, c’était le téléphone, aujourd’hui le NET !
Les Israéliens compte tenu de leur grande expérience en matière de répression ont chez eux une petite merveille, la société NICE, spécialisée dans les écoutes téléphoniques. Cette charmante entreprise vient de fourrer son nez dans un autre domaine, celui du NET. Les grands inquiets qui nous dirigent ne pouvaient pas passer devant cette nouvelle occasion d’explorer nos âmes et nos consciences, sur un des tout derniers espaces de liberté.
Ceci, vont se récrier nos mentors, n’est pas pour le citoyen ordinaire.
L’honnête homme n’a rien à cacher, dirait Anne-Marie Lizin, déjà fervente de l’écoute téléphonique. On pourra toujours envoyer des mails à Elio pour l’assurer qu’on votera pour sa liste aux prochaines élections, sans que des spécialistes écouteurs prennent des notes, comme cela s’est vu par le passé pour le Mouvement Populaire Wallon et les Rattachistes.
Toujours est-il qu’honnête citoyen ou pas, à partir de lundi 19, les bricoleurs de la Sûreté de l’Etat vont s’appliquer aux nouvelles techniques, d’abord entre eux, et ensuite sur nous.
Les courriels seront évidemment visés en premier lieu.
Il faudra donc se méfier dans quelle tenue vous êtes pour envoyer l’image avec le texte, à moins que vous vous décidiez de leur montrer votre cul carrément une bonne fois.
On aura beau dire que toute écoute, toute image de vous capturée ne pourra l’être que sur réquisition du juge d’instruction selon l’article 90 ter du Code d’instruction criminelle. Il n’empêche que le matériel sera opérationnel dans les locaux de la police 24 h sur 24 et que pour être sûr qu’un gusse avec brassard et flingue ne pousse sur le bouton, il faudrait que la petite merveille NICE soit mise sous scellé en-dehors des demandes du juge. On voit que c’est impossible et contrairement à l’optimisme affiché de la bourgmestre de Huy, toutes les dérives sont permises.
Qu’on chipote sur les règles, qu’on nous bassine avec notre « démocratie » à défendre contre des envahisseurs, c’est dans l’ordre des choses.

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Comme le concussionnaire dont les premiers mots sont « devoir » et « patrie », nos grands hommes n’ont que « liberté » et « démocratie » à la bouche.
C’est que notre espace liberté se rétrécit de partout. En écrivant ces réflexions, je pense au nouveau code de la forêt qui va passer au parlement concocté par l’ancien fermier (donc méfiant par rapport aux promeneurs aussitôt qualifiés de maraudeurs) José Happart. Il sera notamment question d’interdire l’à travers tout, la cueillette des champignons sans autorisation, etc, etc. D’un côté il y a l’écoute, de l’autre la restriction dans le déplacement….
De restriction en restriction, les libertés fondent comme glaçons au soleil.
Et quand elles n’existeront plus, notre pays sera sous la coupe d’un « Meilleur des mondes » comme l’imagina Aldous Huxley en 1932.
Alors oui, les terroristes seront dans un terreau favorable. Et peut-être rebaptisés « résistants » serons nous dans l’alternative de répondre à la violence par la violence, devenant de fait les alliés potentiels de cette violence que nous détestons le plus.
On n’en est pas là. Certes. C’est ce qu’on pensait aussi en République de Weimar fin des années vingt.

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Espérons que c’est un mauvais exemple.
L’ennui, c’est que dans tous les milieux politiques belges, c’est fou ce qu’il y a de Daladier…
(Pour ceux qui n’étaient pas nés, Daladier était le président du Conseil français qui a signé un peu avant la guerre 40 un traité de paix avec l’Allemagne et qui est revenu sous les acclamations de la foule, tenir des discours triomphants et assurer que la paix était sauvée !)
Tiraillé entre son désir de liberté et son désir de sécurité, le citoyen ne se rend pas compte que pour rester dans un système de liberté (relative), il faut courir des risques. Quant au politique, plus il contrôle les gens, plus il croit faire œuvre utile, avec, cependant, l’idée derrière la tête, qu’en contrôlant les gens, il contrôlera fatalement l’électeur.
Le terroriste veut détruire nos libertés. Pour lutter contre lui, nous détruisons nous-mêmes ces précieuses libertés, en acceptant lâchement des muselières. Qui gagne dans l’affaire ?

18 avril 2004

Merci de m’avoir abandonné...

Bizarrerie des jours. Le correspondant qui vous envoyait courriel après courriel sur l’air du temps, les événements aux antipodes, sollicitait votre avis sur des écrivains du passé et aussitôt que vous vous étiez fendu d’une réponse fortement documentée, n’en finissait plus de vous appeler « cher maître », ce type qui n’aurait pas survécu un jour sans vous, qui découvrait son âme dans de longues lettres, alors que vous ne lui aviez strictement rien demandé, voilà que vous n’en recevez plus rien.
Alors qu’à force d’avoir lu ses flagorneries, vous commenciez par le prendre au sérieux, au point que vous sentiez naître de vous-même, une opinion flatteuse…
Vous vous disiez : « La mort était la seule chose qui pût vous séparer. Il doit reposer roide au fond d’un trou. » Et vous n’en êtes pas autrement ému, car, quand on se porte comme un chêne, que vaut la mort des autres ?
Vous n’y penseriez plus, si vous ne le voyiez attablé à la terrasse d’un café à boire une bière !
Vous redevenez instantanément humble et vous faites un écart pour ne pas le saluer.
………
Ce sont ceux qui ne s’élèvent pas trop qui se font le plus mal en retombant. Plus le mérite est mince, moins il amortit. C’est normal.
On retombe sur le cul et on a honte de s’être fait charrier.
Ah ! les bonimenteurs ont de l’avenir. Plus c’est gros mieux ça prend. Jusqu’à vous faire croire que vous êtes l’incarnation de ce que vous n’avez jamais cru être et qu’un sycophante habile vous a convaincu que vous étiez.
Nous en sommes tous là : la vedette qui signe des autographes à la sortie du Forum et qui fait son choix parmi la dizaine de minettes à la mouillette pour finir sa nuit, a besoin avant tout d’entendre qu’il est formidable. Ce dont on ne le persuadera jamais assez.
L’artiste est fragile tout en se croyant invulnérable. Il est persuadé qu’aucune admiratrice ne peut lui résister. Et il finit par « forcer » une aussi paumée que lui dans les toilettes d’un restaurant ou sur le pont d’un bateau à Cannes.
Il se persuade – parce qu’on l’a persuadé – qu’il est un nouveau Rimbaud pour avoir déconné sur une estrade des hauteurs de Flémalle. Depuis, il pourrit la vie de tout le monde avec des rimes de mirliton, ses sautes d’humeur et des hymnes larmoyants à sa famille…

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Sauf que l’artiste qui sort du Forum se fait du blé sur son soi-disant génie, ce qui le blinde contre la déprime qui devrait doublement l’atteindre à bien considérer le foin qu’on fait pour son filet de voix et une ou deux répliques d’un film d’auteur.
Que des victimes de la gloire… que des déçus… surtout les gloires éphémères… footballeur, ténor réfugié en Patagonie pour cause de feuille d’impôt, imitateur reconverti en Monsieur Loyal, femme-artiste, veuve célèbre d’un mort qui l’était encore plus, fille de star,
auteur-compositeur de bleuettes sacralisé par le disque d’or, sans compter les cadors des étranges lucarnes… Ce qui est dur, c’est qu’il faut vioquir sans le montrer. Les gueules qui s’allongent, les nichons qu’on bourre de silicone, les blairs qui finissent par dénoncer des origines qu’on avait oubliées et qui vous pètent à la face au tournant des quarante-cinquante.
Alors, tout compte fait, mon inconstant admirateur a bien fait de vaquer à d’autres enthousiasmes. Sa faculté d’oubli a enrichi ma nature. Elle en avait besoin. Merci.

17 avril 2004

L’alphabet du vide.

La télé s’amenuise. Un jour, il n’en restera rien qu’un verre dépoli sur une décharge.
J’ai longtemps hésité avant de faire de la pub pour Monsieur Bouygue. Mais si, sans claironner la chose, on pouvait dissuader ne serait-ce qu’un « client » de mater par le trou de la serrure ?…
Quelle mouche me pique à tirer les gens de leur sommeil. Il vaudrait mieux les laisser dormir, n’est-ce pas ? D’autant que je n’ai rien à leur proposer qu’une critique qui pourrait être interprétée comme étant la somme des jalousies cumulées au long d’une déjà longue habitude de téléspectateur.
Et si par esprit de contradiction, un lecteur frondeur devenait voyeur ?
Si à la suite de mon exemple, toujours par esprit de contradiction, il se mettait à aimer ça ?
La vérité est que les jeux sont faits à l’avance. Un Richard III sommeille dans tout amateur du petit écran.
D’un côté, il y a les recettes publicitaires, Dechavanne et Carmouze en laboureurs des champs, de l’autre nous. Ce serait insuffisant s’il n’y avait les has been des gloires parisiennes en quête de promotions et de come back…
En visionnant Elodie Gossuin, Eva Kowalewska, Mia Frye, Tita, Céline Balitan, Eve Angeli et Danièle Gilbert, côté cour et Ilario Calvo, Mouss Diouf, Massimo Gargia, Vincent MacDoom, Maxime, Moura et Pascal Ometa, côté jardin, on se dit que TF1 a eu du fil à retordre pour convaincre des gens plus connus qu’eux à mettre le bout de la semelle dans le purin de la Première.
Reste qu’en dix ans, on est descendu tellement bas dans les jeux du cirque que cela en devient fascinant. On se demande aujourd’hui où est la vraie indécence : en montrant son cul ou en montrant son âme ?
Ici, le problème ne se pose pas. Même vêtus, ces gens sont tellement indécents dans leur désir d’argent et de gloire qu’ils nous salissent quand nous les regardons.
La Chaîne espère que les campagnards vont se fendre la gueule en voyant des Parisiens faire la file devant les chiottes de cette fausse métairie du Vaucluse et les gens de la capitale, se foutre d’une Jet Set, acheteuse place Vendôme et vêtue par Emmaüs.
Le plus accablant, les programmateurs n’ont pas tort. Les premiers épisodes sont un succès !
Pourtant, tout dans cette série est truqué.
L’eau de la pompe est amenée au canon de la fontaine par un moteur électrique, la douche dans la cour est alimentée en eau chaude et l’entretien des animaux est supervisé par le loueur de chèvres et de ruminants, traite comprise, qui vient finir le travail et épandre la nourriture quand les mouches à merde du star system ont déserté les écuries.

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Dans la cuisine, tout vient du supermarché et la literie est en multispires avec sac de couchage « montagne » pur nylon. On est loin de la vie rustique dans les campagnes du XIXe siècle, par contre, on est très proche d’un XVIIIe arrondissement avant l’expansion de Moulinex, vers les années 50.
L’éclairage n’est pas à la bougie, mais en watts. Enfin, chaque pseudo bouseux est équipé d’un micro sans fil capable d’enregistrer un pet de Danièle Gilbert à dix mètres.
Le ton juste n’est pas là.
Il est dans le panel professionnel de ces quatorze pionniers de l’émission. Il y a là des putes, un maquereau, des comédiens de seconde zone, une velléitaire de la télé du temps de Guy Lux, une miss France récemment reconvertie en conseillère UMP, la gentille amie de Paul Loup Sulitzer, l’ex de Georges Clooney et l’ex d’Elodie Gosuin.
Vous ne saurez ni le nom, ni les heures, ni les jours de l’émission.
C’est ma façon de faire de la résistance.

16 avril 2004

Le commissaire est bon enfant.

- Chier. On r’tourne à l’école avec Rancotte. D’où i’ sort cette tante ?
- Devine ? On croit qu’a fait des études d’avocat…
- De comédien à l’ancien Gymnase, tu veux dire ?
- Ta gueule le voilà.
Entre Monsieur le Commissaire Rancotte. Tous les inspecteurs se lèvent.
- Asseyez-vous. Messieurs. Je suis très mécontent de la dernière dictée. Beaucoup trop de fautes, quoique j’aie autorisé l’usage du Larousse de poche fourni dans l’équipement sur l’insistance de notre bourgmestre. Inspecteur Tapinois, police ne s’écrit pas avec deux « s », Moustachu, amende ne s’écrit pas avec un « t ». La police n’est pas le refuge des dysleptiques ou des dyslexiques ???... Seul Vopapié a été en dessous de la barre fixée à vingt fautes.
Aujourd’hui, Messieurs, séance d’initiation à la politesse. Les inspecteurs Crack, Dedans et Boizunver au tableau. Boizunver jouera l’interpellé. Voici vos rôles. Jouez la scénette pour vos camarades.
Crack :
Notre ennemi c’est notre maître.
Je vous le dis en bon français,
Rue haute Sauvenière
La nuit. Vos papiers s’il-vous-plaît !
Boizunver :
Voilà… fruit de ma veste. Quel démon favorable
Vous rend l’accueil si doux et l’humeur si traitable ?
Le libelle est fort beau, la demande pas sotte,
On y sent la main du commissaire Rancotte !
Dedans :
Le tact est notre fort. Les gros mots importuns
Sont d’un mauvais agent les fruits les plus communs.
Tard séant une femme a été violée.
Elle fit donc appel à la maréchaussée.
Depuis nous interpellons ceux des jeunes gens
Qui nous paraissent aptes à jouer les méchants.
Boizunver :
J’ignore ce qu’au fond votre zèle recèle,
Mais en me désignant votre choix m’interpelle.
Vos reproches me sont…
Crack :
……………………….Mes gardes affligés
Vont perdre leur patience autour de moi rangés.
Gardez qu’une voyelle à courir trop hâtée
Ne soit d’une voyelle en son chemin heurtée !
Qui ne sait qu’en ce lieu toute action criminelle
Peut très bien, par le ciel ! aller de vous à elle…
Boizunver :
On doit se regarder soi-même un peu longtemps
Avant de songer à condamner les gens.
Crack :
Que diable faisiez-vous en cette nuit tragique
A bien nous exhiber toute votre boutique ?
Dedans :
Etes-vous sous le joug d’une fine liqueur
Lentement envahi d’une ardente chaleur ?
Boizunver :
Laissez-moi, je vous prie encore assez d’espace
Pour que le malheureux qui sur ma tombe passe
Puisse y déposer ses deux genoux,
Sans que, comme à moi, vous lui serriez le cou !
Dedans :
Je lis sur tes papiers qu’en ce lieu tu dérives,
Que tu quittas jadis une lointaine rive.
En un mot il est dit que tu fus Maghrébin,
Bien avant que ton nom par nous devint chrétien !
Boizunver :
Mais quel fâcheux démon, pendant des nuits entières,
Assemble ici les chats de toutes les gouttières !
Et comme il suffirait qu’être né en ces lieux
Pour vous blanchir de tous les crimes odieux !
Crack :
Je sens, de veine en veine, une subtile flamme
Courir par tout mon corps à entendre ta voix.
Et dans les forts transports où s’égare mon âme
Je prends déjà plaisir à te montrer le bois
Avec lequel se chauffe…
Boizunver :
………………………. Et la question des us ?…
Que fais-tu de l’innocent aimant la vertu ?
Crack :
Il n’est pas d’innocent oh ! races importunes,
Qui peuplent d’assassins toutes les nuits sans lune.
Dedans :
D’un plomb qui suit l’œil et part avec l’éclair,
J’entreprends une guerre à tous les monte-en-l’air.
Boizunver :
Dans les convulsions dignes de Saint-Médard,
Vous me voyez vraiment jonglant avec mon dard ?
Tu me donnes des coups et je n’ai pas de casque…
Enfin, vos natures messieurs à mes yeux se démasquent.
Dedans :
Quand tu auras fini à lui porter des coups,
Chef, jette un œil par là et tu verras le loup
Qui rase la muraille au sortir de sa cache.
Tenant encore en main sa sacrée bardache.
Crack :
Pourquoi courir après quand je tiens celui-là ?
Laurent serre le bien qu’avec ta discipline
Il paie pour tous ceux que le ciel abomine,
Qu’il meure de nos coups ou qu’il n’en meure pas.
Boizunver :
Quelle est cette police à faire des ravages
Qui du sang d’étrangers fait un affreux carnage ?
Liégeois, souffririez-vous qu’on vous immole un homme.
Sans qui Rome aujourd’hui cesserait d’être Rome ?

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(Les trois inspecteurs saluent et regardent Rancotte avec soumission.)
Le commissaire Rancotte : Messieurs, je vous demande de les applaudir.
Nous allons faire une explication de texte. Est-ce quelqu’un peut me dire ce qu’il a compris ? Pourquoi la brutalité avait une connotation raciste et était injustifiée ? Personne ? Quelqu’un a-t-il un commentaire ?
L’inspecteur Peevee : On n’a rien compris, M’sieur l’commissaire Rancotte. Mais c’était beau. On aurait dit des vers ! Même que l’inspecteur Ledoux a écrasé une larme…

15 avril 2004

Littoral.

Magnons nous le train pour prendre l’A4 une heure avant celle de pointe… Gavons-nous de kilomètres sous l’œil féroce des gendarmes en carton pâte…
C’est ça… précipitons-nous sur la route fleurie des Vacances de Pâques… Allons bourrer un peu plus les hôtels bourrés… Bouffons n’importe quoi sous prétexte qu’on est dans un deux fourchettes… Traînons dans les deux ou trois endroits où il y a quelque chose à voir mais dont la vue est gâchée parce qu’il y trop de monde devant nous… Sortons par un temps dégueulasse inaugurer le nouveau futal en se disant que la boue s’enlève facilement quand elle est sèche… Crevons-nous la paillasse à trouver un magazine qui ne soit pas aussi con que ce que l’on voit à la télé et tombons sur Christine Bravo qui raconte son calvaire de pochtron devant une bouteille vide… Refaisons un tour de digue dingue donc… Et comme tout le monde, affalons-nous à la terrasse chauffée d’un bord de mer à lamper une bière forte la mousse dans le nez « qui sont meilleures à Nieuport que chez nous »… Prenons-nous en au monde entier pour ce week-end coûteux et nul à chier… C’est-à-dire commençons par nous foutre en rogne sur ceux qui n’en peuvent… d’abord les enfants… proies faciles… puis la compagne de quinze ans, qu’on se demande « comment on a pu baiser, ça !... »… Précipitons-nous à l’éclaircie à la rencontre de la mer qui se retire qui nous a laissé son sperme de méduse et toutes les petites foutreries que des enfants ramassent dans des seaux pour saloper la banquette arrière au retour … Enlevons nos godasses, parce que l’eau de mer, c’est tout bénéfice pour les pieds… Glaçons-nous les orteils en regardant un crevettier qui a l’air immobile à deux cents mètres du rivage… On a l’œil tellement fixe qu’on attrape la berlue… C’est pas marrant de scruter la mer… Quel est l’andouille qui a dit « sans cesse recommencée ou jamais pareille » On sait plus… On voit plus rien… C’est comme si le crevettier était passé par le fond… Respirons bien, c’est tout iode cet air-là, enfin, c’est ce qu’on dit avant de revenir avec une bronchite… Ce que Louisette dit aussi aux enfants qui comprennent pas qu’on doive respirer spécialement au ras des flots et qui se mettent à plat ventre par jeux pour être au plus près encore, jusqu’à avoir du sable dans les yeux …

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Entre deux périodes d’exaltation à s’emplir les poumons au point qu’il nous vient des étoiles, ayons notre coup de blues en revenant des lustres en arrière quand nous étions à faire des châteaux de sable au même endroit à la marée montante pour plus vite les voir s’effondrer… Jaloux des pierres du môle, immuables quasiment immortelles, les mêmes sur lesquelles on courait insouciant… On compare notre fragilité à cette composante éternelle et on trouve que ces pierres ont été bien plus photographiées que nous ne le serons jamais… En face de cette fausse platitude de l’Océan, ce fichu passé nous tombe sur la gueule… Une vraie gueule qu’on attrape définitivement après quarante ans d’illusions sur notre capacité à être comme un poisson dans l’eau… apte à être actif, à donner notre éternelle jeunesse au service des grandes causes qui se résument généralement à fermer sa gueule devant un patron acariâtre et soupçonneux… On envie les trous-du-cul qui apprécient les cycles à quatre roues qui foncent à du cinq à l’heure à l’aventure d’un espace aussi long qu’un terrain d’aviation et aussi étroit qu’une manche de chemise…. Un quatuor de Charleroi, qu’on reconnaît à l’accent, finit par se planter dans les amas de sable que le vent du large accumule par place et que les employés municipaux mobilisés pour la bonne cause n’ont pas encore éliminés… En s’abritant entre deux cabines, on mate une charmante qui brave les éléments… elle détache les brides de son deux pièces et s’oriente pour profiter d’un rayon et demi de soleil sur des nichons que d’habitude elle n’exhibe que par obligation contractuelle à son mari et par plaisir à son chef de service… On remonte avec des idées à la chambre, où il n’y a personne et on se rend compte qu’on a permis aux mômes de se déchaîner devant les machines du Luna-park en compagnie de Louisette… Du coup on s’attendrit, parce qu’on redevient soi-même dans la quiétude de la « suite », désenragé par l’absence de vent. Tout ce que l’on a pensé de Louisette, on ne le pense plus. On s’attendrit même par la force du désir inassouvi.
On revient à Liège en cauchemardant sur les bouchons à hauteur de Gand… On se dit pas un mot… Même les mômes font la gueule et font semblant de dormir pour se flanquer sournoisement des coups. Dans le rétroviseur, l’initiative revient à l’aîné…. On est tellement abattu, qu’on n’intervient pas d’autorité pour ramener le calme à l’arrière… Au moment où l’on sent une raideur à la nuque à suivre des yeux le pare-choc arrière de la bagnole de devant, Louisette se réveille et par réflexe de solidarité vous passe la main gauche entre les jambes, s’attarde sur le bulbe et croyant vous faire plaisir masse avec le pouce à l’endroit précis où vous sentez une douleur à cause du jean’s trop serré… On n’ose pas le lui dire dans le vague sentiment que l’on ne doit pas décourager une initiative trop rare depuis qu’on a dépassé « tout ça »… Le seul désir qui reste, c’est celui de pisser…
On croise une voiture dans le fossé avec des ambulances autour et des flics qui font des signes pour ralentir… Heureusement qu’on n’est plus du côté du boum économique flamand, mais dans la merdouille stagnante de l’économie wallonne… On passe sans problème en s’interpellant « Comment ces cons se sont plantés dans une ligne droite ? »… Puis, on se dit qu’on maîtrise pas toujours l’engin qu’on a sous le cul…
At home, on a oublié les velléités de l’apres-midi et on s’endort cul contre cul en faisant rêve à part… On n’est ni heureux, ni fâché… Juste l’impression que les vacances étaient nécessaires, que ça fait du bien, et qu’ainsi à la rentrée on n’aura pas l’air con en étant allé nulle part, cependant qu’on envie sans se l’avouer, un type qu’on dit ringard parce qu’il ne bouge jamais du fond de son jardin et qui s’en fout du musée Delvaux, de l’abbaye des Dunes, et qui n’a jamais mangé une croûte sur les marches en bois du moulin reconstitué sur la route de Furnes et qu’on photographie sans savoir pourquoi depuis dix ans.

14 avril 2004

Etre socialiste en 2004.

On est quelques-uns à se demander en Belgique, mais Nom de Dieu ! à quoi sert la gauche aujourd’hui ? D’autant que demain les perspectives européennes vont encore rétrécir son champ !
On chipote, dit Elio Di Rupo, comme si je l’entendais causer aux masses éberluées. La Gauche est là pour veiller au grain et remporter les enjeux sociaux de notre société.
Le mot est lâché. En même temps on entend le monsieur Gros-Bon-Sens d’en face nous dire que « La gauche n’a pas le monopole du cœur ».
Qu’est-ce que cette surenchère signifie ?
La droite nous parle de charité et la gauche d’équité ; mais, ne s’agit-il pas avant tout de justice ?
En Belgique, sur cinquante ans de pouvoir des droites et des gauches en bi ou en tripartites, malgré les coups de gueule des syndicats et, parfois, la rage des électeurs, c’est tout de même les patrons et le capital qui l’emportèrent à tous les coups !
La majorité silencieuse – enfin celle qui ne s’exprime que par onomatopées et borborygmes quand les leaders la ferment pour respirer – l’a toujours eu bien profond.
Une grossière jalousie secoue les besogneux dès qu’on parle des chômeurs qui « touchent le pactole à ne rien foutre ». Les handicapés de l’âme ne savent pas qu’ils pourraient se retrouver tout cons au guichet « de la honte ».
C’est tout de même un ministre socialiste qui remet en question le statut des chômeurs et recommande des mesures de contrainte sous prétexte d’aider les gens à s’en sortir. Dans la rue, on a compris qu’il s’agissait surtout de rayer de l’accablante liste, le plus possible de « chômistes ».
Quant à la dotation des retraites, la gauche s’est toujours fait piéger par un ministre de droite pour les bonnes nouvelles, alors qu’elle n’a jamais annoncé que les mauvaises.
C’est tout de même un comble en Belgique qu’on ne fasse rien pour diminuer l’injustice au constat de l’écart de l’espérance de vie entre un métallo et un fonctionnaire. Ce dernier termine carrière plus tôt. Les autres travaillent plus longtemps et se contentent de la plus petite pension !
Holà… réveillez-vous « camarades ! » comme dirait Jean Jaurès avec son accent de Castres.
Même scénar dans l’égalité des chances suivant le milieu duquel on vient. Nous ne parlerons pas des émigrés deuxième génération, tout aussi Belge que le Premier ministre et qui n’ont guère plus de chance que leurs pères de sortir diplômé d’une université et d’avoir un boulot à la hauteur de leur capacité.

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Dans ces conditions, quelle est la différence entre la politique de gauche et la politique de droite ?
J’ai beau écarquiller les yeux, me frotter les paupières, je n’en vois pas.
La suite est à l’avenant.
Prenons l’inhumanité des lois à l’encontre des clandestins. Les ultras cachent mal leur volonté de « foutre tout ça dehors » d’accord en cela avec les mêmes beaufs qui conspuent les chômeurs. Le refuge derrière les accords internationaux, les coordinations des polices, les mesures adoptées de Schengen, cache mal la jubilation de nos tôliers. Des « no man’s land » et des constructions hâtives, de zones de non droit avec miradors et barbelés se construisent. On se croirait dans une « colonie » de Sharon !
Où est la gauche d’habitude humaniste et universaliste ?
Avant tout, ces gens que nous asseyons dans les rembourrés du pouvoir, ces politiques si distingués et si aimables, sont des machines à gagner des places, à prendre des voix, à tuer l’adversaire. Ils ne prendraient l’humanitaire en considération que si cela payait et leur valait des points de plus dans le découpage de la tarte aux pommes que l’on nous montre le soir des élections.
A la tête des beaufs, ils aident la droite à bouffer le foie des progressistes.
C’est en cela qu’être socialiste en 2004 est bien aléatoire et difficile pour un mirliflore débutant dans les allées du show politique. Il devra avaler bien des couleuvres pour un strapontin, s’il n’est pas le fils d’un émir. Et si c’est un honnête homme, il se dira, au bout du compte, « qu’est-ce que je fous là ? ».

13 avril 2004

Les chaisières de Saint Lambert.

Affaire de coïncidence, trois auteurs liégeois bien différents, René Henoumont, Jean-Claude Bologne et Bernard Gheur ont eu l’envie tumescente d’écrire sur Liège.
Ce ne sont pas les histoires qui importent à la fantaisie des auteurs, mais le manteau pastel commun aux trois choristes qu’ils jettent sur Liège.
Quand j’ai envie de me gaver de clichés sur ma région, je pousse la porte « touriste » de la rue Féronstrée et je me farcis tous les lieux communs d’un coup : de l’impasse de la Vignette, à la Place Saint-Lambert en passant par les degrés des Bégards, aux mâchefers du musée de la métallurgie.
On ne reconnaît pas Saint-Pétersbourg dans l’œuvre magistrale de Dostoïevski, ni Toula et Moscou dans celle de Tolstoï. Pourtant, Saint-Pétersbourg, c’est quand même autre chose que Liège.
Même Céline qui raconte son enfance Passage Choiseul ne pousse jamais une pointe au Louvre et ne s’extasie pas sur les tours de Notre-Dame. Faut dire qu’après les quatre-vingts pages de description du père Hugo, on pouvait plus rien dire… entre parenthèse, ce sont les quatre-vingts pages de description les plus chiantes que j’aie jamais lues de ma vie.
La discrétion des dosages n’est pas notre fort. On se repasse le moulin à nostalgie comme celui du poivre et c’est reparti pour un tour… Liège par-ci, cité Ardente par-là…
Henoumont, c’est la vallée de l’Ourthe liégeoise qui le travaille. Vous me direz, voilà cinquante pages au moins vite faites. Décors en carton pâte comme dans l’œuvre de Fritz Lang, praires au Ripolin et pont sur la rivière plus célèbre que celui de la Kwaï. Sauf qu’en littérature il vaut mieux évoluer dans des lieux vagues, même s’ils évoquent la cour du château de Hamoir-Lassus. Ainsi le lecteur s’évade et crée soi-même un décor.
C’est que Hamoir, j’en pourrais dire autant que Henoumont. J’y ai joué aux billes sur le « Bâti », devant la ferme d’une cousine. Différences de tempérament ? Absence d’évocations poétiques dans une âme sèche ? S’il me prenait l’envie d’écrire une histoire d’Ourthe, c’est l’odeur forte de purin qui me monterait au nez et qui sourdrait de l’étable de Charles, oncle de mes cousins. Le reste ? Méfions-nous d’une certaine nostalgie que nous nourrit facilement l’âme. L’office du Tourisme pourvoit à toute admiration et à toute description fussent-elles balzaciennes !

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Ah ! si chacun des livres de Henoumont s’accompagnait d’un herbier… d’un beau cèpe, avec un paragraphe lapidaire sur le bivalve fossile de Comblain-Fairon, le tout parfumé de cette fragrance de merde qui plane sur les campagnes en période de fumage ! Cela changerait des promenades enchantées sous les noisetiers en fleurs et les vaticinations d’un diariste qui voit sa vie foutre le camp et qui nous retient par le veston pour masquer en fausse gaîté ses larmes sur notre épaule.
Autres temps, autre artiste, voici Jean-Claude Bologne, retenu à Paris pour cause de spécialisation dans la fine édition, mais dont le cœur bat mieux entre le cimetière Sainte-Walburge et la Vieille Voie de Tongres que partout ailleurs. D’un livre à l’autre sur les faux-culs de la mode1900 et sur la pudeur du temps de Jacques Cœur, le voici à l’aise dans la nostalgie hénoumonienne…
Voilà le drame. A force d’exalter l’amoureux du Vieux Liège perché au milieu de la Montagne de Bueren, on masque le « chômiste » en face qui avec huit cents euros par mois se farcit trois ou quatre ascensions par jour parce qu’il ne sait pas faire autrement.
Encore que l’homme-fougère de l’auteur soit moins romantique qu’il n’aurait été sous la plume de Henoumont-le-sensible.
Plus 6me arrondissement, J.-C. Bologne mignardise sa passion liégeoise. On sent que l’auteur a sa vie ailleurs. Dans le fond, Liège, il s’en fout. Alors, il se fait du mal pour retrouver une émotion ancienne. Il insère des touches « modernes » à son Liège rêvé dont il redit les malfaçons architecturales, les erreurs peu compatibles avec l’écologie. Mais, les vieilles rues ont la peau dure et nous retrouvons Louis Lefebvre, son héros, a son bonheur d’alpiniste des sommets de Pierreuse, tout ému d’un Liège qui n’a jamais vraiment existé, mais que tous les folkloristes ont vu, comme Jeanne à Domrémy.
Vite il faut nous ressaisir en abordant le dernier auteur de cette tétralogie des bords de Meuse.
Assez de fantaisie, les puristes se réjouiront, du « Liège » de Bernard Gheur. C’est enfin celui que le monde entier nous envie.
C’est le Liège avant les « Prizu », quand on passait en panier à salade de la Prison à la Place et que le grand Bazar brillait de toutes ses vitrines.
Le cinéma, les filles qu’on drague en sublimant le navet italien « La couronne de fer », le Carré et les anciens zazous devenus garçons de café, on se retrouvait sur les sentiers de grande randonnée du Pont d’Avroy au Pont d’Ile… ronde désoeuvrée des mercredis amoureux.
On se passait des infos sur les bons coups, on apprenait à fumer sans trouver ça dégueu et on cherchait des thunes pour aller tirer un coup rue Sur-la-Fontaine où officiaient les vétérantes du Corps expéditionnaire américain de 45. Ces pionnières admirables du sexe avaient décongestionné les braguettes de plusieurs générations de rhétoriciens de Saint-Servais
Hélas !... Les années de faux bonheur n’ont pas chez Gheur l’absurde cruauté dont je le pare. C’est dommage. A sa place, afficherai-je donc une indifférence à l’opinion dont il se garde bien.
Alors, allons-y : le Collège Saint-servais, les films de Hitchcock et les branlettes sur les effigies des stars de Ciné revue. Certes, vous ne trouverez rien dans l’œuvre de Gheur, de cette pollution du potache guetté par l’ombre du Frère surveillant. C’est une question de pudeur chez ce très catholique auteur ; cependant d’ajout en ajout, on a pitié de quelqu’un qui a une vie si conventionnelle. Y a-t-il rien de plus naturel qu’un collégien qui se poigne dans les waters d’une institution liégeoise aussi prestigieuse que Saint-Servais ?
Si vous êtes un chaud partisan de la survivance du folklore et des auteurs liégeois qui en usent et en abusent, si vous avez besoin d’une recommandation de l’échevinat du Tourisme pour une place d’animateur dans une maison de jeunes, alors achetez ces livres et consommez liégeois.
Sinon, avec l’argent que vous aurez économisé, prenez un ticket de bus « Si t’as ton ticket, t’es cool » et allez faire un tour de piste à Cointe ou relisez l’histoire d’Alexis Alexandrovitch Karenine qui eut le tort d’épouser Anna Arcadievna, vous passerez de meilleurs moments.

12 avril 2004

Une spécialité liégeoise.

- La spécialité de Bruxelles, c’est la dentelle de Bruges !
- Non !
- C’est comme je te le dis.
- Au moins à Liège, la gaufre au sucre est une spécialité liégeoise.
- Comme le café liégeois.
- Oui. On n’a pas besoin des autres.
- On ne dit pas que notre spécialité à Liège c’est la tarte au riz de Verviers.
- Pourtant on pourrait.
- Quand on y pense, on n’a pas beaucoup de spécialités.
- Attend qu’on cherche…
- Si… le véritable sirop de Liège d’Aubel. C’est une spécialité de chez nous. Quoique ?
- Les trous dans les rues?…
- Ça, c’est une vraie spécialité, mais c’est pas glorieux. Sauf que ça rappelle « 14-18 » !
- Oui, mais on ne doit pas en tenir compte. Ils sont plus des masses les « 14-18 »…
- Y en a même plus du tout.
- Il ne reste que des tranchées sans signification héroïque.
- Au fait, qu’est-ce que c’est le véritable café liégeois ?
- C’est un capuccino au sucre.
- Non, c’est du chocolat avec une crème
- C’est un capuccino avec de la crème chantilly que je te dis.
- M’enfin !...
- On n’est même pas d’accord sur la seule spécialité liégeoise connue dans le monde !
- C’est lamentable.
- Il y a bien la véritable potkaes de Huy qui se fabrique plus nulle part.
- Donc, elle a très bien pu se faire à Liège.
- Il n’y aurait qu’Anne-marie Lizin pour le dire…
- Les oies de Visé ?
- Si cela avait été à Wandre, à la rigueur, mais Visé !
- Les cûtes peûres ? Ça c’est liégeois.
- Le malheur, plus personne sait ce que c’est. A part le maïeur d’Outremeuse.
- Je me demande si on n’aurait pas intérêt à parler d’autre chose.
- T’as raison. On tombe dans le folklore.
- Comme les marionnettes liégeoises siciliennes.
- Si tu veux.
- Et si la connerie était une véritable spécialité liégeoise ? La seule authentique ?
- T’as déjà vu un new-yorkais dire à son pote qu’il est con comme un Liégeois ?
- Non. Mais il pourrait.
- La connerie est universelle. On n’est pas plus cons ici, qu’ailleurs. Les Français comprennent ça très bien, eux qui la revendiquent depuis toujours.
- C’est quand même une spécialité liégeoise… Quand tu lis les blogs… les mecs en extase devant leur nombril !
- Et les enfoirés qui jettent des canettes de bière au Standard…
- Et les enculés qui salopent les portes des garages de graffitis…
- Et les ignares qu’on pousse dans les écoles qu’ont pas envie d’y trop traîner…
- Tous ceux qui foutent la merde pour le plaisir…
- Les caïds qui se font une gloire d’entrer en tôle…
- Et les pieds nickelés qui cassent les abris de bus…

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- Et ta meuf qui t’a plaqué parce que t’avais même pas une mobylette…
- Et ta mère…
- Quoi ma mère ? Tu vas fermer ta gueule ?
- Comment i’m’cause l’enfoiré…
- T’es vraiment un con grandeur nature…
- Tu t’es pas regardé, l’enflure, plus con que toi tu meurs…
- Là, qu’est-ce que je te disais…
- Tu disais quoi Ducon ?
- Que c’était une spécialité liégeoise, la connerie…
- Ah ! pourquoi ?
- Un peu tout de même…
- Si tu veux. Dans le fond, c’est toi le spécialiste.
- Pourquoi ?
- T’es des Vennes, donc t’es Liégeois. Rive droite, bien sûr, mais t’es Liégeois. Moi, j’suis du plateau d’Ans… Ça fait une différence.

11 avril 2004

Si c’est l’ange qui le dit...

En Irak, on peut dire que la coalition n’est plus droite dans ses baskets. Ça pète de partout et la drôle de paix glisse vers une drôle de guerre.
« On lui avait bien dit » triomphent les détracteurs européens en parlant du Président Bush.
Ce triomphe des pacifistes est en réalité une victoire à la Pyrrhus ; car, les événements – que nous les approuvions, ou pas - nous entraînent dans un gouffre dont nous ne soupçonnons pas la profondeur.
La globalisation fait de ce monde un répertoire à étiquettes. Nous sommes étiquetés « camp occidental ». C’est ainsi que la gaffe de l’un rejaillit sur tous les autres. Le malheur, c’est que nous n’avons aucun pouvoir pour faire partager notre point de vue par le plus puissant mais aussi, le plus gaffeur d’entre nous !
Et puis, les opinions sont si fragiles ! Les soutiens si inattendus ! Qui dira jamais l’aide effective des terroristes palestiniens à la politique expansionniste de Sharon !
Un attentat bien ciblé dans une grande ville comme Bruxelles ou Paris et c’est une volte face possible de l’opinion. Vous me direz qu’Al-Qaida ou n’importe quelle organisation terroriste n’a pas intérêt à cela. C’est sans compter sans le machiavélisme d’un chef à l’esprit tortueux, sans l’imprévisibilité de réseaux dont on se demande s’ils sont reliés à l’Etat-major en principe toujours basé en Afghanistan ? Et puis dans terroriste, il y a terreur. La peur qu’ils inspirent donne aux fous des visions personnelles et subjectives…
Bush qui ne voulait pas entendre parler de l’ONU va se trouver dans l’obligation de frotter la manche de Kofi Annan ou de faire face et envoyer des renforts à Bagdad. C’est l’ONU qui aura du mal à monter une armée au pied levé. Les volontaires vont se faire rares, donc chers…
Toute cette salade parce qu’on n’a pas désarmé la bombe palestinienne à temps, quand Israël était dirigé par des gens raisonnables, que Sharon était toujours aux armées et le président américain, démocrate.

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Comme au jeu de l’oie, on en revient toujours à la case départ : Ariel Sharon.
Ce type a fait plus de tort à Israël que tous les kamikazes de Gaza.
A cause de sa politique, sa dangerosité fait qu’aujourd’hui plus aucun citoyen d’Israël ne se sent en sécurité. Qui plus est, le bénéfice moral et financier que ce peuple avait retiré de l’immense soutien de l’Europe lorsque furent sues les souffrances de l’holocauste, a été anéanti.
Maintenant, c’est à force de pression sur les médias et l’usage de la rhétorique habituelle de défense contre l’antisémitisme, que les sympathisants les plus extrémistes de cet Etat espèrent nous influencer.
Ce qui n’est pas sûr.
L’avenir du monde est incertain à cause des prétentions de cet Etat minuscule à grignoter aux voisins des parcelles de territoire, à se conduire comme l’égal des grandes puissances et avoir perpétré l’assassinat des adversaires politiques à partir d’un Etat de droit, qui, du coup, n’en est plus un ; surtout, ce monde est incertain depuis que le leader du monde occidental soutient inconditionnellement les illuminés de cet Etat lilliputien pour quelques arpents de sable, au risque de remettre en cause un équilibre mondial déjà d’une grande précarité.
La prétention de Bush à faire des démocraties partout où ses tanks stationnent, équivaut à craquer une allumette au-dessus d’un bidon de pétrole sans bouchon.
Franchement, en Europe, on ne méritait pas cela.

10 avril 2004

Dieu : une entreprise prospère !


C’est fou ce que les ratichons nous ont balancé comme vannes quand la Belgique était catholique, c’est-à-dire il n’y a pas si longtemps !
Comme ils nous ont pris pour des andouilles avec l’interprétation du Nouveau Testament de Pierre et Cie!
Heureusement qu’en 2004, ARTE nous a dessalé un peu.
Le Pouvoir est resté plus marqué que nous du temps « heureux » des colonies, quand nous allions ébruiter en Afrique les choses étonnantes de notre petit catéchisme que nous croyions dur comme fer. De mon enfance, je me souviens que sur le comptoir de la boulangerie Trinon il y avait une petite « posture » tirelire (je crois que le mot posture est entré dans la langue et que ce n’est plus un wallonisme). Les autorités religieuses l’appelaient « le petit nègre des missions ». Le mot « nègre » n’était pas du tout péjoratif et raciste à l’époque (la frilosité a beaucoup évolué depuis). Aujourd’hui, redoutable pudibonderie des temps, vous dites « nègre » pour un type qui écrit pour un autre, on vous regarde de travers. La posture était celle d’un enfant noir, vous introduisiez une pièce de monnaie dans la fente et sous le poids, la tête s’inclinait pour dire merci.
Merde quoi… on y croyait tous plus ou moins à cette époque-là, à l’éducation par la religion.
Le Pouvoir nous aurait bien intimé l’ordre de nous cacher derrière les confessionnaux plutôt que de mater la télévision, si elle eût été ce qu’elle est maintenant. Les vicaires dans les paroisses avaient la foi qui soulève les soutanes quand il fait du vent ou lorsque passe une jolie femme.
Mais depuis qu’ils ont lâché officiellement le goupillon pour le fil à plomb, les petits-fils de Jaurès, les Michel réunis et même les ex du pater noster ont démilitarisé le droit canon.
Même Joëlle Milquet l’opposante aux oranges bénies a des doutes… Ah ! rendez-nous Nothomb, clament les derniers bigots, avec lui personne ne se foutait les doigts dans le nez à l’Elévation. C’était du sérieux !
Faut dire que depuis, on a les Imans qui ont rattrapé le coup, mais c’est pour d’autres conneries.
L’origine du christianisme, version ARTE, Jérôme Prieur (un nom qui ne s’invente pas) et Gérard Mordillat, ne sont vraiment pas tristes.
Il y eut à la mort de Jésus une sacrée prise de bec entre la famille et les apôtres pour conserver la haute main sur le tiroir caisse.
Car le Fils de Dieu avait une sacrée famille dans la Sainte famille. On ne sait pas combien le Christ avait de frères et sœurs, mais il en avait, dont le plus doué, Jacques, était le cerveau de l’entreprise. On dit même qu’il aurait été pour une bonne part l’auteur des paraboles dont on tire le suc régulièrement dans les églises le dimanche matin pour le dernier carré de croyants, une sorte de nègre (voir plus haut) de son frère, mais pour la bonne cause. La Vierge Marie avant d’être sainte, avait été surtout enceinte. Ce qui n’enlève rien à sa grandeur, au contraire. Ce n’est que quelques siècles plus tard qu’un pape s’étant interdit de gamberger sur la sexualité de sa mère, a trouvé cela horrible, tant il avait frôlé l’inceste. De là à élargir sa névrose à l’image de la Vierge…
Du côté des apôtres, comme Jésus avait choisi Pierre pour les tickets d’entrées, mais sans faire de recommandations expresses, il y eut dans les jours qui suivirent sa mort, une guerre des chefs.

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On sait qui a gagné et comme cette victoire a changé durablement l’Europe, obscurci tout le Moyen Age, créé des frustrations et fourni aux hypocrites et aux vicieux mille ans d’une triomphante bêtise dont la traditionnelle foire aux rideaux grand place du Vatican tous les jours fériés du calendrier religieux témoigne encore de nos jours.
A quoi ça tient l’Histoire… Si Abraham était resté peinard avec Sara, sans séduire Agar puis la laisser tomber et que Jacques, frère de Jésus avait cloué le bec à Pierre, peut-être bien qu’en l’an 619, Mahomet n’aurait jamais entendu l’ange Gabriel lui bonir qu’il fallait faire du pétard pour un strapontin au Panthéon et que nous serions tous Juifs, Gentils (nous) et Musulmans compris !.
C’est les Hindouistes qui l’auraient senti passer, mais en attendant, de l’Europe au Moyen Orient, nous aurions été peinards. Reste à savoir de quelle manière nous aurions évolué ensembles.
A voir le manque d’humour des rabbins et des imans aujourd’hui, et comme nos curetons sont décontractés, à tu et à toi avec la jeunesse délinquante et les occasionnels de la fumette… on se demande…
Enfin, on ne réécrit pas l’histoire.
Les Apôtres, Pierre en tête, nous ont bien eus !

9 avril 2004

Le comble de la vitesse...

Epoque à grande vitesse, les modes, les habitudes, les relations : bonjour, bonsoir. On n’a plus le temps. On dit que la vie s’allonge. On va jusqu’à 80 piges, voire davantage.
En est-on sûr ? Comme tout va plus vite, on ne voit pas le temps passé... et comme on ne s’est pas vu vieillir, on se retrouve au bout du compte plus vite à la fin que lorsqu’on mourait à 50/60 ans ! C’est la loi de la relativité appliquée à la société de consommation.
Les mariages, les divorces… on ne traîne pas en route. Sitôt marié, on se cherche un motif pour divorcer. C’est tellement rapide que - peut-être l’avez-vous remarqué – il n’y a plus de déclaration d’amour ! Vous me direz : les « Je t’aime pour toujours », même par le passé, ce n’était pas très honnête, mais enfin, cela faisait plaisir. On avait le temps de souffler les bougies : déjà deux ans que l’on se connaît… Maintenant on dit : « deux mois qu’on fait l’amour, tu ne crois que ça commence à bien faire ? »
On était romantique lorsqu’on offrait des fleurs deux fois par semaine à l’être aimé. En 2004, on ne sait plus si on a souhaité l’anniversaire de l’année dernière à la charmante qui partage votre couche, on se jure bien qu’on le fera cette année ; mais comme c’est en septembre et qu’on est en mars, d’ici-là on a des chances de l’oublier.

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A la vitesse où ça va, on peut plus s’arrêter pour lire tranquille son journal à la terrasse d’un café. C’est un exercice réservé aux vieux messieurs. Un journal, c’est beaucoup trop long ! Il y a des pages et des pages, on s’énerve rien qu’à l’épaisseur. Les feuilletons n’en finissent plus. Les épisodes sont en réalité des chapitres, tout ça finit par faire : 300 pages ! Qui est-ce qui a encore le temps de lire 300 pages ? Surtout s’il faut intégrer 20/30 personnages aux noms à coucher dehors.
Je ne vous dis pas… dans Dostoïevski, ils vous tombent dessus par paquet de douze. Quand on fait une thèse à l’université sur les bandes dessinées, ça fait mal. Retomber dans la soupente de l’étudiant qui assassine sa logeuse et qui se repent tout le reste de l’œuvre, après Astérix, c’est dur !
Aussi des opportunistes vous font des histoires de 6/7 lignes pas plus. Des haïkus pour lecteurs pressés, des histoires à suivre les péripéties avec le doigt. On a déjà des maîtres du paragraphe, Anne Gavalda, en forme, vous brosse une histoire en 20 pages gros caractères double interligne. Très pratique, j’ai lu un Christian Bobin en faisant la conversation et la vaisselle en même temps, sur une demie heure.
Pris par la frénésie, à bout de romantisme, je boucle cette chronique à moitié chemin de ce qu’elles sont d’habitude !
Et pour ceux que ça décourage à suivre mes méandres, je les remercie d’aller jusqu’au bout de ceux-ci.

8 avril 2004

Des travailleurs heureux.


(Belga) La satisfaction générale des travailleurs néerlandais et belges était plus élevée en 2003 qu’en 2002, selon une enquête réalisée par le bureau d’études néerlandais Effectory.

C’était sous un meuble, l’aspirateur me l’a ramené avec un attagène momifié, mort de faim depuis que j’ai remplacé le tapis par du parquet.
La manie que j’ai de lire un journal les ciseaux à la main m’a fait couper cette information Belga indatable.
On se demande comment diable a pu se faire cette enquête-là : « La satisfaction générale des travailleurs néerlandais et belges était plus élevée en 2003 qu’en 2002 » !
Il paraît que c’est le bureau d’études « Effectory » qui a initié cette information.
Si l’attagène faute de laine s’était pris du goût pour le papier, je n’en serais pas à me récrier « Ah ! les cons… », mettant dans le même sac, GFR le journaliste, l’agence Belga et Effectory.
GFR, initiateur de l’article, a échappé à une notoriété suspecte grâce son anonymat.
C’est trop beau pour ne pas publier le chef-d’œuvre in extenso.
« Les travailleurs se sont essentiellement montrés satisfaits en ce qui concerne les salaires et la pression de travail. Par contre, le bât blesse au niveau des collègues. Cette enquête a pris en compte huit aspects qui déterminent la satisfaction du travailleur. En règle générale, en 2003, le taux de satisfaction des travailleurs a augmenté de 1,2 pc par rapport à l’année précédente. Le bureau d’études lie cette augmentation de la satisfaction à la situation économique générale: la plupart des travailleurs sont heureux d’avoir un travail. La plus grande satisfaction concerne les salaires malgré le fait que ceux-ci ont peu augmenté dans les différents secteurs. Le point le plus négatif est à attribuer à la relation avec les collègues qui peut parfois poser problème. (GFR) »

Il y a une deuxième lecture possible du rapport d’Effectory.

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Le taux de 1,2 % de satisfaits en plus : « en plus » par rapport à quel pourcentage de salariés questionnés sur l’ensemble des travailleurs ? On ne le sait pas. Toutes les professions étaient-elles représentées et quelle était la proportion de la maîtrise par rapport à la base ? Mystère.
Bref, c’est toute la technique du sondage d’Effectory qui ne nous est pas connue.
« Le bureau d’étude lie cette satisfaction à la situation économique. » Certainement pas celle de la conjoncture en 2002 qui était mauvaise. Par contre, une conjoncture personnelle… quand on est chômeur, qu’on vous embauche même au minimum des salaires pour balayer la cour et ranger le stock, peut paraître aux yeux de sondés trier sur le volet, une situation économique favorable.
Par contre l’ambiance est en général franchement mauvaise écrit Effectory.
Disons plutôt que l’ambiance est merdique. Vraiment que les salaires aient peu augmenté, on n’en doute pas ! Que cette augmentation ait été en dessous de l’inflation nous en sommes persuadés.
Alors, il reste quoi de cette « information » Belga ?
L’ambiguïté d’un sondage el l’indignation que l’Agence Belga puisse nous la servir telle quelle. Sans doute.
Et aussi du vent dans les branches de sassafras et une formidable envie du lecteur de dire « ta gueule » à GFR.
Décidément, des informations pareilles n’incitent pas à lire.
Pour consoler le lecteur de ces navrantes nouvelles, rien de tel qu’une petite phrase de Baudelaire : « L’homme d’esprit, celui qui ne s’accordera jamais avec personne, doit s’appliquer à aimer la conversation des imbéciles et la lecture des mauvais livres. Il en tirera des jouissances amères qui compenseront largement sa fatigue ».
Si ce mot du Maître peut adoucir le courroux des mal sondés…

7 avril 2004

Elle ne travaille plus en usine à Créteil !

On se souvient de la magnifique chanson de Jean Ferrat.
Vingt ans plus tard, il n’y a plus guère de travail à Créteil ou ailleurs…
On pourrait penser que l’économie qui nous assujettit tous, même si nous ne sommes pas d’accord sur ses hiérarchies de pouvoir et d’argent, est la plus adaptée à résoudre tous les problèmes soulevés par la fatalité des marché. Or, s’il y en a bien un problème irrésolu, lancinant et qui a résisté à tous les plans et tous les projets jusqu’ici, c’est bien celui de l’emploi et de ses séquelles, le chômage !
Voilà bien quarante ans que les ratages se succèdent et que cela dure.
On a entendu bien des discours.
Les premiers furent ceux des économistes. Je ne vais pas revenir sur les formules des prévisionnistes ou les convaincus des bienfaits de l’économie libérale, ce serait trop cruel. Ceux des patrons, par nécessité, réalistes, étaient le langage du sauve-qui-peut devant un incendie, une forme d’égoïsme à courte vue de quelqu’un qui, si cela tournait à la catastrophe, pourrait toujours se sauver en emportant la caisse. Des discours comme savent nous en fabriquer les instances patronales de la FIB, des Classes moyennes et de quelques « rigolos » un pied dans l’économie et l’autre au gouvernement plaident pour une flexibilité qui est loin de faire l’unanimité à gauche.
Ce furent les discours de la gauche qui donnèrent à la fois le plus d’espoir et en même temps le plus de désillusion.
Après les rabâchages des mêmes constats et des mêmes solutions, personne, mais vraiment personne, ne s’est jamais demandé si l’on ne pouvait pas faire évoluer l’économie d’une autre manière ? Et tirer les conclusions qui s’imposent : à savoir qu’en l’état, elle est incompatible avec le plein emploi.

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La sécheresse des chiffres parle d’elle-même, en Belgique après les annonces irresponsables de Verhofstadt sur la création de 200.000 emplois. Le nombre d’allocataires sociaux a augmenté par rapport à 2002 de 7,7 % !
Les Quinze comptent 12,4 millions de chômeurs. Les nouveaux arrivants ne pourront que grossir ces chiffres.
L’Allemagne met en place une politique de l’autruche en « liquidant » le contentieux des chômeurs longue durée pour 2005. Est-ce raisonnable de faire choir des statistiques des chômeurs qui passeront du statut d’assuré à celui d’assisté ? La France sous Raffarin III, aux dernières nouvelles, ferait machine arrière sur une politique à peu près similaire. Quant à la Belgique, elle n’est pas en reste. Elle aussi tendrait à culpabiliser les victimes.
Tout cela n’est que trop un pansement sur une jambe de bois.
On ne veut pas voir les nuisances qu’il y a de poursuivre le chemin de l’économie libérale tout azimut.
Seuls le Luxembourg, l’Autriche, l’Irlande et les Pays-bas sont sous la barre des 5 %, avec l’Angleterre pour d’autres raisons et notamment une flexibilité des travailleurs détruisant le tissu social depuis Thatcher, qu’hélas Tony Blair à poursuivie.
Quant à la Belgique, elle flirte avec les sommets : 8 % 5, l’Allemagne : 9,3 % et la France : 9,4 %. Quoique les vrais champions du désastre soient l’Espagne : 11,2 % et enfin l’Italie de Berlusconi avec 27,1 % des moins de 25 ans au chômage !
Que l’on ne vienne pas dire que cette situation est acceptable et qu’elle est la suite logique de l’offre et de la demande. Que l’on dise plutôt qu’elle est inacceptable, mais que nous n’avons pas de solution.
Personne ne veut envisager la recherche de solutions en-dehors du système strictement libéral.
Ne cherchons pas plus loin. Le drame est là.
Cette faute, due principalement aux partis socialistes européens, nous la payerons un jour d’une façon telle que ces partis feraient bien d’y prêter attention.

6 avril 2004

Un problème de robinet.

Que les savants ne s’entendent pas à partir d’hypothèses différentes. J’en conviens. Mais qu’ils soient divisés sur la quantité de réserve de pétrole disponible au point de faire des prévisions qui varient du simple au quintuple, voilà qui devrait nous inquiéter.
Les prévisionnistes les plus pessimistes l’affirment : d’ici dix ans ce produit naturel tendra à se raréfier. Pourra-t-on supporter un baril à 100 dollars ? D’autant que l’émergence des pays asiatiques et notamment la Chine va encore tendre la demande !
Comment ce fait majeur ne préoccupe-t-il pas prioritairement nos gouvernements ?
S’ils ont dans la manche un inventeur de génie qui ferait tourner les moteurs à l’eau, qu’ils le disent. Sinon, ce n’est pas avec les champs de topinambours que nous aurons suffisamment de galons d’alcool pour que la machine ronronne sans à coups.
En 1956, le géologue américain King Hubbert a prédit le déclin de la production pétrolière américaine pour 1970. Ce qui s’est avéré exact. L’extraction du pétrole aux Etats-Unis s’est tellement ralentie, qu’aujourd’hui cette industrie relève du folklore, au Texas ou ailleurs. Les mêmes calculs prévoient le début du même déclin des forages les plus importants de la planète pour 2010 !
Est-ce que King Hubbert est un farceur ? En ce cas, il n’est pas le seul.
Gouverner n’est-ce pas prévoir ? Qu’attend-on pour démentir ou pour accepter comme probable cette information et la traiter comme il se doit ?
Que feront les gros consommateurs après 2010 : l’aviation et l’agriculture, si nous ne prévoyons rien, si nos dirigeants poursuivent la politique de l’autruche ?
Même si ces calculs s’avéraient faux ou exagérés, mesure-t-on bien aujourd’hui le bouleversement qu’une telle pénurie susciterait ? Se rend-on bien compte dans les milieux de responsabilités économique ou politique de l’irresponsabilité dans laquelle on navigue en ne prenant pas dès aujourd’hui des mesures au niveau mondial, ne serait-ce que pour assurer un minimum de pétrole aux pays pauvres.
Tout le monde croit au pétrole et à la découverte d’autres gisements quand ceux en activité seront en déplétion.

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A part des savants, des géologues, des écologistes qui tirent la sonnette d’alarme, tout le monde s’en fout… A moins qu’on nous cache des choses tant sont redoutées les crises sociales qui en résulteraient auprès desquelles les bombinettes de Ben Laden ne sont que pétards mouillés.
Les plus gros consommateurs de brut, les Américains, donnent l’exemple du « je m’en fichisme ». Doit-on comprendre que leurs immenses réserves stratégiques qu’ils ont accumulées et accumulent encore leur garantiraient une année ou deux de gaspillage en plus que nous, et que, dès lors, ils seraient pratiquement assurés de dominer le monde au moins à court terme ?
Comment se fait-il que les discours alarmistes des savants et des géologues soient si mal relayés dans les Assemblées parlementaires et qu’il ne se trouve personne afin de poser les bonnes questions et alerter ou rassurer l’opinion publique ? Tout laisse à penser qu’une réponse rompant le silence donnerait une image négative de celui qui la proférerait ! C’est ainsi que personne n’oserait jouer les prophètes de l’apocalypse.
Que tous les adorateurs du progrès illimité, les croyants de la matérialisation de la science fiction arrêtent pour une fois de déconner pour qu’enfin, avant les paniques et les dernières minutes de confort « à l’ancienne », nous réalisions le danger de brûler la chandelle par les deux bouts.

5 avril 2004

Vaudeville.

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PREMIÈRE SCÈNE
- Et Cristelle, qu’est-elle devenue ?
- Il y avait un abîme entre nous…
- Et alors ?
- Elle s’y est précipitée !
- Un suicide ?
- Non. Un départ.
- C’était une femme légère ! Un vrai courant d’air…
- Ça dépendait…
- Ça dépendait de quoi ?
- De qui ouvrait la porte.
- Qui aurait cru, à votre âge, vous faire ça !...
- Je ne lui en tiens pas rigueur.
- Vous lui avez pardonné ?
- Depuis longtemps.
- C’est bien de votre part.
- Mais je ne veux pas qu’elle le sache.
- Pourquoi ?
- Parce qu’elle pourrait revenir !...
- Quel âge a-t-elle, cette année ?
- C’est une question qu’il faut lui poser.
- Pourquoi ?
- Longtemps elle a eu 40 ans, puis 16, puis 12.
- Elle régressait ?
- Oui, mentalement.
- Mais son âge physique ?
- Tout dépendait des jours.
- Des éclairages…
- Si vous voulez.
- Et sur sa carte d’identité ?
- Elle est née avec la télévision couleur 1954 !
- Ça fait donc…
- Oui et non…
- Comment, oui et non ?
- Chez nous, la télévision couleur est venue beaucoup plus tard !

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DEUXIÈME SCÈNE

- Tu n’es plus avec Henry, le quatrième ?
- Depuis cinq ans…
- Je ne l’avais pas remarqué.
- Personne l’a remarqué.
- Il était discret ?
- Non. Inexistant.
- Qu’est-ce qui s’est passé ?
- A force d’être inexistant, j’ai cru qu’il n’était plus là.
- Alors ?
- J’ai suivi un routier qui avait bouffé le Michelin.
- L’autre s’en est aperçu ?
- Oui. Mais parce que je ne lui faisais plus de reproches.
- Il a trouvé ça louche !
- Il m’a fait des scènes. C’était d’autant plus insupportable qu’il n’avait pas tort.
- Tu es toujours avec l’as du volant ?
- Non. C’était pour dépanner. Il voyageait trop.
- Tu l’as perdu de vue ?
- Oui. Dès qu’il n’a plus voyagé.
- Il s’est réfugié sur une île du Pacifique comme Marlon Brando ?
- Non. Il est entré au home « Sans souci » à Cointe.
- Touché par la limite d’âge ?
- Non. Touché par notre séparation et la limite d’âge.
- C’était un homme sensible ?
- C’était surtout un homme usé.
- Et le petit dernier ?
- Il aurait mon âge, ce que je ne crois pas, tant je parais plus jeune que lui.
- Tu auras passé ta vie avec des vieux !
- J’aime l’odeur des cimetières.
- Ils ne doivent pas bander tous les jours ?
- Je suis artiste peintre, non ?
- Et alors ?
- Il y a de très bon vernis à durcir pour la couleur à l’huile… qui comme on sait….
- …est bien plus difficile…
- …que la couleur à l’eau.

3 avril 2004

Allo ! Chérie... ton mari est absent ?

C’est fait ! On est reparti pour les écoutes téléphoniques.
Ça faisait longtemps. Non pas que les milieux judiciaires se soient jamais gênés, mais Madame Laurette qui tient la crèmerie de la Justice, en face de celle de l’Intérieur, n’a pas pu s’empêcher vu l’urgence, pour contrer ces affreux bavards de terroristes, de fignoler une Loi qui serait la cerise sur nos cocognes de Pâques.
La justicière en chef est épaulée pour ce beau projet par Anne-Marie Lizin en personne qui se récrie « Pourquoi diable avoir peur ! » et d’évoquer la Commission « vie privée » et le nébuleux Comité R commis à la surveillance de renseignement.
Nous n’irons pas jusqu’à écrire que nous n’y pouvons rien, mais que c’est bien triste si ces dames n’ont plus de vie privée, cette carence ne concerne nullement les autres qui ne veulent pas qu’on sache dans les milieux assez portés à la gaudriole que sont les officines de police, qui couche avec qui ou si – selon Brassens – madame la Marquise m’a fichu des morpions !
Quant à « piéger » les milieux terroristes en écoutant leurs vaticinations entrecoupées de mots codés dans des langues étrangères, je me demande bien qui dans nos fines équipes du guet est multilingue et capable d’interpréter la dangerosité de certains messages.
On a beau dire que ceux qui viennent d’ailleurs ne soupçonnent pas la finesse de notre Sûreté, tout de même, ils ne sont pas cons au point d’aller se répandre au téléphone en termes précis sur un attentat qu’ils vont perpétrer au nom de Ben Laden !
C’est que chez nous, après avoir vécu la nébuleuse de la gendarmerie dans ses œuvres perverses avant l’affaire Dutroux, on n’en sait pas davantage sur la Sûreté.
C’est d’autant plus dangereux pour le citoyen que l’Etat-major de la gendarmerie a été dissous… dans des nouvelles fonctions au sein des nouvelles polices. C’est ainsi qu’on a vu au procès Dutroux un ex-haut gradé de nos dissous d’hier traîner dans la salle d’audience où s’auditionnaient d’anciens gendarmes. On ne se refait pas en changeant de casquette !
Le public ne sait rien du fonctionnement de notre police secrète. Il faut faire confiance… Ben voyons… Comme dirait Anne-Marie, pourquoi avoir peur quand on n’a rien à se reprocher ? Mais, chère Hutoise, ce n’est pas de nous que nous avons peur, c’est d’eux, les écouteurs, les fouineurs… Et s’il prenait la fantaisie à un de nos héros de mettre son épouse volage ou l’amant de celle-ci sur écoute ou de se brancher sur un hosto pour connaître l’état de nerfs d’un voisin emmerdeur ?

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Enfin, comme les écoutes doivent être protégées d’indiscrétions ultérieures, elles font toujours parties d’un dossier annexe inaccessible aux prévenus et à leurs avocats. Les renseignements qu’elles donnent unilatéralement aux magistrats instructeurs sont de nature à fausser l’organisation d’une défense et même mieux d’accabler un innocent sur des suppositions non vérifiables et contre lesquelles il ne peut se défendre.
La vibrionnante Laurette ferait mieux de s’attaquer au contentieux des dossiers en souffrance, lestés des lourdeurs de l’Appareil judiciaire et des pesanteurs administratives, sans oublier les droits des gens à ce qu’on leur foute la paix.
D’ici aux élections européennes, elle aurait pu souffler un peu.
Peut-être même pourrait-on, à l’occasion d’un remaniement, la changer d’affectation, créer pour elle un super ministère, avec des titres ronflants, des plaques en cuivre sur de belles façades classées dont elle peuplerait les vastitudes internes d’un nombre impressionnant de hauts fonctionnaires ?
Une seule condition, surtout que ce super ministère ne serve à rien ! Exigence absolue !
Ainsi, nous aurions d’éminentissimes créatures en moins, qui n’ont jamais foutu que le bordel partout où ils ont posé leurs marocains en cuir de Cordoue, quitte à leur monter un circuit interne d’écoute, afin qu’ils puissent s’espionner entre eux à longueur de journée, s’entraîner, en quelque sorte, pour renforcer éventuellement la police.
Ils glisseraient d’un pas feutré d’une moquette de bureau à une autre, l’air distant, préoccupé, supérieur, comme ils savent si bien nous en faire voir, lorsque par malheur nous sommes obligés de glander dans leurs salles d’attente.
Tandis que leur cheffesse radieuse dans un ensemble pantalon printanier parlerait aux télévisions habituelles en roulant des yeux languissants vers les téléspectateurs, une écharpe de soie légèrement jetée sur l’épaule gauche (signe d’appartenance !) et avec cette tendre inflexion vers nous de tout l’être, nous assurer de son sacrifice.
Nous la regarderions s’ébattre en pensant que le socialisme belge est très tendance cette année.
Après ces instants inoubliables, il ne nous resterait plus que l’ultime politesse de téléphoner directement à la Sûreté de l’Etat pour leur signifier que tout va bien et que nous n’avons nullement l’intention d’agresser quiconque et qu’ils peuvent raccrocher afin de rester dans des limites raisonnables de consommation.

2 avril 2004

Crimes de milliardaires.

Que n’entend-on sur le terrorisme !
Quand les gens parlent des tueries aveugles, ils expriment leur crainte d’une accélération du mal. Sur quels référents se basent-ils ? Comme si nous ne venions pas d’un monde primitif qui n’était que cela. Le tout est de savoir si nous n’y retournons pas.
La seule hypothèse vérifiable, c’est que le terrorisme par la crainte qu’il inspire permet au pouvoir de mieux contrôler les citoyens.
Des historiens arrangent l’histoire contemporaine à leur sauce en faisant remonter la violence actuelle aux exactions de la Commune de Paris. La démonstration se déroule alors selon une apparente logique : les anarchistes, la Bande à Bonnot les Brigades Rouges, jusqu’à Carlos et les récents mensonges d’Aznar qui voit l’ETA partout. Cette tradition sanglante d’une gauche hors-la-loi, parfois nationaliste, reste vivace dans l’imaginaire bourgeois.
Qui s’est frotté à l’histoire de l’anarchie, des courants violents de l’extrême gauche, des nationalistes bretons au Pays basque, voit cette nouvelle forme sanglante de lutte sous un jour tout à fait différent.
Oui, me direz-vous, il y a le caractère religieux des terroristes d’Al-Qaida, l’origine égypto saoudienne de la culture taliban, le tout saupoudré des liasses de billets de banque des barils de brut.
S’il est vrai que le terreau d’origine des crimes terroristes actuels est bien là et qu’il faut rechercher dans les milieux proches de l’Islam conquérant les fauteurs d’une guerre aux populations occidentales innocentes, il y a une dimension qui échappe souvent aux commentateurs et qui est celle de la classe sociale des dirigeants de ces mouvements violents.
Jadis, sans remonter au déluge, la motivation principale des acteurs de la rébellion était l’injustice profonde dans laquelle on maintenait les populations. Les théoriciens des placeurs de bombes en 1900 étaient tous ou presque - en tenant compte des exceptions nationalistes – des gens issus de milieux modestes ou y retournant par volontariat.
Ils étaient opposés à la société rêvée par Guizot et Tocqueville sur l’enrichissement de la bourgeoisie, chargée de la redistribution des richesses selon l’adage « Quand il pleut sur le curé, il goutte sur le sacristain. », parce qu’ils avaient l’expérience sur le tas de l’égoïsme des classes supérieures.
Aujourd’hui, tout cela disparaît au profit d’une utopie folle qui serait le règne absolu de l’Islam, non seulement sur les consciences, mais aussi sur les mœurs et l’économie.
Il n’y a aucune chance que cette construction moyenâgeuse se réalise dans le monde. Et on voit bien le marasme économique, pire qu’ailleurs, la souffrance des populations dans les rares pays qui ont adopté cette folie et mis les Imams au pouvoir.
Alors ?

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Les agitateurs de ces idées ne sont pas stupides. Ils savent que l’avenir qu’ils prêchent aux populations crédules est impossible. Quelles sont donc au fond d’eux-mêmes les origines de cette volonté de nuire qui ne résiste à aucun examen sérieux ?
Examinons les chefs de cette sédition mondiale. Ce sont des gens de bonnes conditions sociales. Seuls les recrutés subalternes constituent un patchwork de spécialités et de compétences variées venant de tous les horizons.
Ben Laden est un milliardaire saoudien, le mollah Omar est un notable richissime, le chef du commando contre les Twin Towers est un diplômé d’université. Les cadres et dirigeants entourant le leader charismatique ont tous des origines qui les placent au-dessus des petites gens. Les Musulmans de Gaza et d’ailleurs n’ont rien de commun avec eux.
Alors, au-delà du religieux qui n’est qu’un levier pour soulever les masses arabes, ce terrorisme-là n’est-il pas l’expression monstrueuse et dégénérée du capitalisme mondial ?
Ne sont-ce pas les enfants les plus chanceux de l’inégalité permanente qui se révoltent contre le père ?
Comme la Révolution française de 1789 et jusqu’en 1792 était le fruit des marquis et des avocats (Roland, Robespierre, Mirabeau), le terrorisme n’est-il pas le fruit des blasés et des oisifs du libéralisme ? Ceux qui nous vilipendent et veulent notre perte ne sont-ils pas ceux qui ont intégré le mieux le système capitaliste ? Ils veulent tuer le veau d’or, pas pour créer un monde plus juste, pas pour rendre à Dieu ce qui appartient au diable, mais bien par jeux et par désoeuvrement, un peu comme un Dutroux qui joue avec ses victimes et fait à l’occasion des discours moralisateurs.
Evidemment cette hypothèse n’est pas retenue ni par la CIA, ni par nos polices, car en l’avalisant, il faudrait tenir compte de l’incidence du libéralisme mondial dans l’action terroriste. Peut-être déboucherait-on sur des pistes où le système serait véritablement co-responsable des massacres et de la terreur ? Et cela, aucune démocratie n’est prête à l’accepter. Et c’est aussi une partie de la réponse aux échecs de la police, notamment aux Etats-Unis, incapables de résultats et pieds et poings liés aux fausses valeurs que nous défendons.

Une affaire florissante.

Cré vingt dieux ! l’oncle avait raison ; « le monde appartient à ceux dont les ouvriers se lèvent tôt ». Hélas ! comme j’étais le seul dans ma petite entreprise, c’était pas suffisant de me lever tôt tout seul. J’ai pris un ouvrier pour qu’à deux, il y en ait au moins un, moi, à qui le monde appartiendrait. Comme il fallait rétribuer mon ouvrier, je lui ai donné un salaire qui était la moitié du mien. C’est en gagnant donc la même chose que lui, que je me suis rendu compte combien était dure la condition ouvrière.
C’était atroce. On vivait tous les deux dans la misère. J’étais moins malheureux que lui puisque je travaillais à mon compte et lui au mien. « Caleçon qui grattent, morpions qui squattent comme on dit. ». On se passait nos animaux de compagnie, car nous en étions arriver à partager nos vêtements.

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J’avais pris l’habitude de rassembler mon personnel au café d’en face. Le patron me faisait crédit. Entre patrons, on se faisaient confiance. Par contre, il suspectait mon ouvrier de ne jamais rembourser son ardoise. C’était moi, sur mon maigre salaire qui payais pour lui. Pas bête, je retenais les additions sur sa feuille de paie. Si bien qu’à la fin, je ne le payais pratiquement plus.
On parla de faillite. Cela se sut. Je bus pour oublier. Ceux qui boivent pour oublier sont priés de payer d’avance. C’est bien connu. Je changeai de bistrot.
Le nouveau patron avait trois poils au menton et l’air d’un poulet tombé dans un saut de poils. La patronne n’était pas terrible, mais en comparaison c’était miss France. Mon ouvrier devint son amant. Aussitôt, il me donna son congé. La patronne l’avait débauché !
C’est ainsi que par solidarité, il partagea nos morpions avec le mari.
La grande famille d’insectes que nous élevions par devers nous ne voulut-elle pas se séparer ? Toujours est-il qu’après avoir partagé leurs deux salaires avec mon ouvrier qui ne l’était plus, ils voulurent à toute force m’en donner un quart, puisque nous étions quatre. C’est ainsi que je retrouvai la moitié du salaire que j’avais lorsque j’étais patron.
Tout à un bout, sauf le saucisson qui en a deux.
Quand le pinson siffle en mai, c’est qu’avril est fini.
Deux ouvriers et une ouvrière qui bossent pour un patron, cela aurait marché. Mais trois ouvriers qui bossent pour une patronne, ce n’est pas la même chose. On ne sait pas pourquoi, c’est un mystère.
Par chance, après la faillite, mon ancien bistrotier nous a engagé tous les quatre.
A cinq cela commence à faire une entreprise moyenne.
A partir de vingt-cinq, nous aurons des subsides de la Région wallonne.
A condition de bien gérer le comptoir, nous espérons atteindre ce minimum à la fin de l’année. Nous buvons tous beaucoup car si un verre, ça va, à la fin de la journée dix fois plus, ça va dix fois mieux.

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Certes, à l’heure supp, il arrive d’être schlasse, mais il vaut mieux être saoul que con, ça dure moins longtemps. Sauf que dans cette alternative, les trois salaires divisés par cinq, ça fait pas un compte rond. Faut transvaser, on n’est pas certain, ça fait désordre. On a la mémoire qui se brouille…
L’ennui dans un troquet, personne se lève tôt. Alors, je ne sais pas si le patron deviendra jamais riche.
L’essentiel n’est pas de s’enrichir, mais d’entreprendre.
Mon ancien garçon a tellement bien entrepris que – comme dirait l’autre – « Quéquette en décembre, layette en septembre. »
Ce qui fait que sans chercher à s’agrandir, on sera six sur le coup à la foire d’octobre.
Et trois divisés par six, c’est plus facile.