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31 janvier 2007

Connerie planétaire.

-Encore des pâtes… trois jours de suite !
-Normal. C’est la semaine du réchauffement.
-C’est quoi ça ?
-La planète est en danger.
-Ah bon ? Avec notre Berlingot Citroën, notre foyer à gaz, et l’eau du robinet pour se brosser les dents, c’est nous qui mettons la planète en danger ?
-Non. Mais, tous ensemble, la terre ne nous supporte plus.
-Ecoute, si les gens du Bénin consomment 0,2 % de ce que nous consommons ; par rapport à l’Amerloque, nous, on est à 15 ou 20… Donc, c’est l’Amerloque qui est le grand responsable du réchauffement.
-Bush l’a dit assez souvent : il s’en fout… Tant que l’Amérique continue sur sa lancée, et bientôt ce seront les Chinois, puis les Indiens, qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? Il faut bien montrer l’exemple…
-Au moins, on n’aura rien à nous reprocher.
-Hier avant de te coucher, tu as fait un de ces boucans ! Et en allant ce matin à la cuisine, je n’ai plus vu la télé, le micro-onde, la chaîne hi-fi… Où ça se trouve ?
-Dans la cabane au fond du jardin…
-Tu es devenu fou !
-Non. C’est plus prudent.
-Rapport au réchauffement ?
-Oui. Mais pas le même.
-Rapport à quel réchauffement ?
-Au réchauffement du ministre de la défense dans ses rapports avec la Marine.
-Quoi, les cadeaux de la Saint-Nicolas ?
-C’était pas inscrit dans le budget, enfin pas sous cette rubrique là !
-Mais nom de dieu, Cyrille qu’est-ce qu’on va faire ?
-Je me demande si ce ne serait pas le moment d’aller voir ailleurs si ça réchauffe moins.
-Non. Je veux dire qu’on pourra pas aller aux encombrants. On va polluer !
-C’est pas le moment de réfléchir… On se tire.
-Quoi, t’aimes plus la Belgique ?
-Oui. Mais, c’est elle qui veut tout, ma part, ta part, leur part, tout…
-Tu parles d’un réchauffement !
-Comme tu dis.
-Où c’est qu’on va ?
-Ils ont parlé des îles Caïman pour les huiles de la Sabena.
-Je suis sûre qu’il doit y avoir du beau linge !
-C’est pas trop pollués. Et puis question réchauffement, pas possible qu’il fasse plus chaud !
-On n’a pas les moyens !
-C’est vrai. On est des pauvres…
-Des petits voleurs…Je te ai dit, Cyrille, tu volais pas assez…
-Est-ce qu’on peut savoir dans cette foire d’empoigne…
-Oui, l’inflation est pas que dans le réchauffement. L’inflation, va plus vite que le réchauffement.
-On aurait dû faire dans l’honnête, plutôt que de la bricole. Pourquoi, j’ai pas fait l’école militaire ?
-Pourquoi pas gangster, tant que tu y es ?
-Simone fais la valise, on prend la Berlingot…
-Et si on se fait piquer à un barrage ?
-Quoi, on n’a rien fait… enfin pas encore.
-Tu sais que t’es trop honnête…
-C’est vrai, qu’est-ce qu’on craint ?
-On s’est fait baiser par tout le monde…
-Nos valises quand elles transitent par le Luxembourg, elles n’ont que des vieux pulls.
-Avec la TVA, les accises, les taxes, les droits pour tout et la feuille d’impôt, on n’est jamais qu’au guichet à régler ce qu’on leur doit !
-Faut bien qu’ils vivent mieux que nous, les fumiers !...
-C’est pas juste.
-Comment c’est pas juste ? Et leur mauvaise conscience, ça vaut pas un petit dédommagement ?

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-Tu crois qu’ils en ont une ? En attendant, passe-moi le sachet Beba, j’ai trois piles usagées dans le tiroir… Et pense à prendre ceux de la pharmacie, si tu sors Sultan.
-Pourquoi ?
-Tu sais qu’une merde de chien à l’air libre dégage un cm3 de propane ?

30 janvier 2007

Glucksmann sarkozyste !

On aura tout vu et on n’est qu’au début de la bataille des présidentielles en France !
Le philosophe branché André Glucksmann qui publie des livres depuis bientôt quarante ans, passe à droite, lui qui fit pendant tout ce temps les belles heures apéritives salonardes du tout-Paris de gauche. Comme il a le privilège d’exposer devant les médias ses moindres petits riens, nous voilà prévenus.
Son nouvel ouvrage, « Le discours de la haine » (Plon), écrit avec à la vitesse de l’éclair, ne pouvait pas mieux tomber à quelques semaines du premier tour.
Philosophe, peut-être, opportuniste, certainement.
Il y décline ses thèmes favoris à Roger-Pol, ne pas confondre avec le comédien,
à savoir que les forces de destruction minent désormais l’humanité. En les secouant dans un shaker avec Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, il nous sert comme le Cap’taine Cap, son nouveau cocktail avec une préférence pour du Sarko pur.
André ne voit pas dans le duel Sarkozy-Villepin une querelle d’ego, mais deux visions de la France. Sarkozy rompt clairement avec cette droite habituée à cacher son vide derrière de grands concepts pontifiants. C’est le patron de l’Elysée qui va être heureux !
Le philosophe quand il hait, hait bien ; mais quand il aime, la personne aimée est un archange. Justement, la métaphysique est allergique au péremptoire, à la vérité sans nuance, Glucksmann, au contraire, est d’une conviction intransigeante et de nous citer ce que Sarko, selon la gauche n’a pas proposé de mieux, et que lui considère comme de petites merveilles, la discrimination positive, et quitte à froisser une conception figée de la laïcité, la subvention de l’Etat pour la construction de mosquées, comme si l’urgence n’était pas dans l’habitat séculier, tel que pouvait se comprendre le message de l’abbé Pierre que Glucksmann salue au passage, sans le comprendre apparemment.
Et voilà notre ancien homme de gauche tressant la couronne de laurier à quelqu’un qui finalement pourrait très bien se passer du suffrage universel tant Glucksmann le croit supérieur aux autres candidats. Il serait le seul aujourd'hui à s'être engagé à la suite de cette France du cœur, dont il aurait recueilli l’héritage pour le transmettre aux générations futures !
Sarko, ça tombe bien, s’insurge contre tout ce que Glucksmann déteste, c’est à croire qu’il y a de la télépathie entre ces deux hommes-là !
Il n’y aurait pas un peu de démagogie chez notre philosophe ? Tout ce que Sarko dénonce, Ségolène Royal le dénonce aussi : le martyre des infirmières bulgares condamnées à mort en Libye, les massacres au Darfour et l'assassinat des journalistes, la Tchétchénie, etc…
Mais, il paraît que ce n’est pas de la même manière. A croire que le registre plus aigu de la voix de Ségolène ne parvient plus aux oreilles du philosophe.
Alors, c’est entendu, Sarko confisque tout, Jaurès, Zola, 89, le Front popu. C’est tout juste si le héros ne refait pas la guerre d’Espagne afin de voler au secours de Guernica !
Mais le plus drôle, c’est qu’André répond à cette offensive du plus grand rassembleur de tous les temps, comme s’il était, lui, Glucksmann, la voix de la gauche qui se rend au meilleur.
« Que répond la gauche ? Peu de chose malheureusement. Où se niche le combat d'idées qui fut si longtemps son privilège ? Où s'est égaré l'étendard de la solidarité internationale, fierté autrefois du socialisme français ? Pas question d'incriminer une candidate que je respecte - même si je n'avale pas sa justice chinoise élevée en modèle de célérité. Elle se trouve aux prises avec un vide plus grand qu'elle, n'en déplaise aux commentateurs ou aux jaloux qui fustigent à bon compte sa démarche ou sa personne. La leçon d'avril 2002 n'a débouché sur aucun renouveau conceptuel au PS. »

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Voilà la pauvre Ségolène enveloppée, pesée et jetée vive aux oubliettes.
Il est certain que le PS français a la même attitude que le PS belge vis-à-vis de l’économie capitaliste qui est notre Mante religieuse qui nous bouffe la tête pendant que nous lui faisons l’amour ; bien que souvent dans ce blog, je fulmine contre les socialistes mous qui, au pouvoir, font une politique de droite, je préférerais, si j’étais Français, me couper la main droite plutôt que mettre le nom de Sarko sur un bulletin de vote.
Mais le capitalisme émoustille Glucksmann et le pénètre de vénération, tant sa haine de la recherche de tout autre système devrait nous faire revenir au marxisme et à une nouvelle expérience communiste qu’il exècre par avance.
Ceci dit, notre philosophe sensible au chant des sirènes de l’UMP et de son candidat devrait se poser la question de savoir pourquoi Sarko drague au centre et à gauche ? C’est que sa clientèle habituelle, celle de Jean-Marie Le Pen, il l’a bien en main. Sauf imprévu, l’extrême droite ne fera pas trop de tort à l’UMP. Peut-être même que Le Pen n’aura pas ses cinq cents signatures ? Est-ce que Glucksmann mesure bien qu’il va voter avec les gens de Jean-Marie Le Pen convertis au sarkozysme ?
Enfin, la toute dernière à digérer – peut-être dans un autre livre ? - son héros veut modifier le droit de grève des syndicats.
On se demande si la philosophie pratiquée à un âge avancé n’attaque pas les neurones ?
Glucksmann devrait consulter.

29 janvier 2007

Du haschich à couper au couteau.

La semaine dernière, un élève de l'Institut technique Cousot, à Dinant, renvoyé pour avoir vendu des stupéfiants, s'est introduit dans le bureau du directeur et lui a porté deux coups de couteau. Il faut ajouter que ce jeune meurtrier n’était dans l’établissement que depuis une semaine !
Ce grave fait-divers est affaire de Justice. Le juge de la jeunesse a pris une mesure provisoire de 3 mois de détention en centre fermé.
Depuis, la polémique fait rage. Les enseignants ne se sentent pas rassurés – et ils ont raison – devant la montée des violences à l’école.
Le bourgmestre de Dinant, Richard Fourneaux qui, déjà en août 2003, adoptait l’idée d’un couvre-feu pour les jeunes, s’en est pris à la nationalité de la famille de ce jeune voyou en instance de régularisation de séjour.
Marie Arena, à l’issue d'une heure et demie de réunion avec les représentants du corps professoral de l'école, a appelé à la réflexion. Elle se donne un délai d'analyse, qui comme le refroidissement du canon dans le sketch de Fernand Reynaud « durera un certain temps ».
Des profs se sont mis en grève montrant ainsi qu’ils craignent les petites frappes qui se camouflent derrière les élèves « normaux ».
La gauche s’imagine obéir à des impératifs sociaux en défendant une politique laxiste vis-à-vis des jeunes qui songent à leur avenir dans la grande délinquance en commençant par la petite. La droite profite de l’occasion qui lui est donnée d’en appeler à une politique plus restrictive en matière d’intégration des étrangers, avec comme objectif, le bourrage de charters pour des retours définitifs.
Confusion, brouhaha, chacun veut avoir raison, tout le monde à tort, puisqu’il n’y a pas une politique cohérente en matière de délinquance des jeunes, attendu que l’alternative qui fait que les responsables soient, tour à tour de gauche et de droite, casse tout espoir d’une mise en place d’une logique et de ses conséquences à longue échéance.
Le citoyen se lasse. Les journaux et les responsables jouent sur la peur des gens. Et, du coup, à la nuit tombée, à l’exception des centres villes, les quartiers se désertifient. Comme tout se sait très vite, on amalgame la situation à Bagdad quand une bombe fait 68 morts avec l’arrachage du sac d’une vieille dame à Sainte-Walburge, par deux voyous qui ont pris la fuite.
Plus personne ne croit à la justice, la ministre croit prendre une mesure efficace en réclamant la rentrée pour la casse d’un arsenal détenu depuis des générations par les citoyens ordinaires. Moralité, presque personne ne rend ses « souvenirs de guerre », tant le citoyen ne se décide pas à se trouver coincé les mains vides entre la police et les malfrats équipés du dernier cri en matière d’armes à feu.
La rue ne retrouvera pas son calme et sa sécurité d’un coup de baguette magique. Les profs ne recouvriront pas de sitôt l’autorité qui était là leur et qui les faisait respecter naguère. Au contraire, nous allons sans doute vers un nouveau Columbine, cette fois européen.
Il n’y a pas de solutions, rien que des palliatifs.
C’est le mode de vie qui est en cause. Le rapport des gens avec l’argent, aussi bien des riches que des pauvres. L’absence de solution à des problèmes graves qui touchent à l’emploi et à la justice sociale.
Une justice trop lourde ou trop bonasse ne servirait pas à grand-chose.
Une éducation nouvelle basée sur le civisme et la morale ne serait d’aucune efficacité pour deux raisons. La première, il faudrait y inclure les parents, mais comment les responsabiliser et avec quels effectifs ? La seconde, un jeune qui deale ou qui joue les caïds, rançonne et terrorise ses condisciples, ne peut plus être rééduqué à moins d’un dispositifs lourd, et encore, pour des résultats incertains.
Est-ce à dire qu’il ne faut rien faire ?
Certes non. Mais, il faudrait plus que doubler le budget de l’enseignement, afin de permettre à des enseignants et des éducateurs plus nombreux, de rétablir « en force » un certain ordre à l’intérieur des écoles. Les sanctions vis-à-vis des voyous devraient être immédiates et sans délais. Les parents devraient être responsables des méfaits de leur progéniture.
L’âge de la responsabilité pénale devrait être descendu à quinze ans dans les cas graves.
Laurette Onkelinx devrait s’inspirer de cette pensée de Renan « Il n’y a pire injustice que celle qui consiste à traiter également de choses inégales » afin de réformer en profondeur ce qui n’est qu’une justice bourgeoise de l’ancienne lutte des classes.
Pour que le marais dans lequel nous pataugeons, « la société », soit qualifié de passable, il ne faut rien d’autre qu’une moyenne excellente des médiocres qui le composent. Le compte est vite fait, nous avons les délinquants que nous méritons.

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En attendant qu’il tombe des prix d’excellence dans les écoles, comme des pommes d’un pommier, n’oublions pas que le crime est la figure même de la monstruosité.
Notre système n’aurait que ce défaut, qu’il faudrait déjà le réformer : il fabrique des monstres.
Comme c’est « soufflez hautbois et résonnez musette » que de dire cela, il faudrait quand même rappeler que le monstre moral, psychique et social actif s’avère passible des Lois. C’est dans le lien profond de la justice et des citoyens de lutter contre la monstruosité, que se juge le désir du peuple d’un regain de paix.
Evidemment, si c’est pour faire de ce désir une arme pour traquer les syndicalistes, les chômeurs et les idéalistes, si c’est pour mettre sur table d’écoute les opposants du système, les révoltés et les théoriciens d’un nouvel âge économique, on aboutirait à une dictature de la droite pour régler vite fait le problème de la délinquance, mais à la Pinochet… C’est peut-être à cette conclusion que Richard Fourneaux, bourgmestre de Dinant, voudrait arriver ?

28 janvier 2007

Requiem pour un abbé.

Ah ! on a fait dans le grandiose. Notre Dame, les grandes orgues, le gratin, les chamarrures, on y a mis le paquet ! Le Pierrot n’en serait pas revenu, s’il avait pu sortir de sa boîte ! Mais voilà, justement, tout ça était évidemment en sa mémoire et hors de portée de son jugement, une façon de le prendre en traître, par surprise…
Rien n’avait été oublié, la cape, le béret, la Légion d’honneur, les évêques, les personnalités…
Lui qui gueule depuis cinquante ans qu’on ne fait rien pour les pauvres et les sans-logis, aurait pu se dire : « Tiens, vont-ils se décider ? » à la vue de tous ces gens qui pouvaient passer pour repentis à la minute où la télévision balayait leurs visages « ravagés » par le chagrin.
Las ! bien sûr que non, ils ne se seront pas décidés plus le jour de la mort du « saint » qu’ils ne se sont décidés le fameux hiver 53 et le premier coup de colère de l’abbé qui le fit connaître médiatiquement.
Voilà, c’est ainsi, les notables ont besoin que de saintes personnes leur montrent le chemin, ainsi ils peuvent en suivre un autre à l’aise, quitte à se « repentir » à la dernière minute…
Avant-hier, c’était la mascarade complète des notables pour la grande émotion des familles. L’exemple à suivre était allongé entre ses quatre planches, là où il pouvait toujours râler sans plus impatienter personne. La morale était sauve, l’hommage unanime de la nation était là. Il ne manquait pas un surplis. « Voilà ce dont on a besoin » résumait les discours, « …que la France pleure son saint homme », finissait le requiem.
Les mines étaient graves et le bas peuple côtoyait les huiles dans une « grande fraternité nationale ». Celui qui incarne la Nation avait tenu d’en être. Les gros plans sur ce comédien superbe qu’est Jacques Chirac, recherchaient la petite larme qui perle, mais qui ne se décide pas à rouler le long de la joue, par pudeur.
C’était, comme on dit dans les salons, absolument parfait.
L’Eglise raffole de ses sortes de réunion. C’est l’occasion pour elle de rappeler qu’elle est toujours là au bon moment et surtout qu’elle est incomparable pour les derniers.
Aussi, soigne-t-on la mise en scène. N’est-ce pas dans ce cadre prestigieux que l’Haut-lieu met toujours un point final à sa carrière ?
C’est ainsi qu’ils ont pu se dire, les importants, histoire de tuer le temps d’une cérémonie toujours longuette quand elle est « grande » : « C’est ici qu’on me déposera un jour. Je me demande qui viendra ? Et si je vivais aussi vieux que l’abbé, aurais-je encore comme lui, tant de monde ? ».
Si on avait dû enterrer l’abbé à la mesure de ce que sur cinquante années on a fait pour son œuvre, on l’aurait embarqué pour sa terre définitive dans un corbillard de troisième classe, arrivé à destination, une absoute à 10 € 50 aurait été bâclée par un curé itinérant, puis sous quelques flocons de neige - qui a Paris avaient valeur de symbole, mais qui à Esteville auraient fait que les 400 habitants seraient restés chez eux – on l’aurait mis dans le trou vite fait ; les fossoyeurs se seraient retrouvés à l’estaminet pour une petite bistouille et puis basta…
C’est peut-être cette manière expéditive de régler les derniers frais ici-bas qui aurait plu à l’abbé.
Enfin, il savait bien que son corps ne lui appartenait plus depuis qu’il était entré dans l’histoire grâce à une médiatisation qu’il avait recherchée. C’était la seule façon pour lui de jeter une couverture sur le dos des pauvres gens. Qui l’en blâmerait ?
L’émotion passée, que fait-on, devrait-on se dire ?
Rien, comme d’habitude, est la seule réponse la plus vraisemblable, mais qu’on n’entendra pas ; car si elle est l’expression de la vérité, elle dérangerait davantage que les autres jours en celui-ci de deuil.
Comme chacun y va de son anecdote, il me souvient d’il y a une petite vingtaine d’années où il était d’actualité de se servir du mauvais sort de nos prostituées des villes pour monter une émission de télévision. Un interviewer avait été scandalisé par les propos de l’une d’entre elles. Cette dame avait parlé de sa clientèle, à seule fin de démontrer que des gens très bien l’honoraient de visites régulières. Et elle avait parlé de l’abbé Pierre parmi ses assidus.
Dans le dernier livre publié sous sa responsabilité, il avait fait écrire à son mémorialiste que c’était tout à fait exact et que pendant tout un temps, il fréquenta ces dames.
Il était contre le célibat des prêtres et pour l’usage du préservatif.
Magnifique de sincérité, cet homme-là risque ainsi de ne pouvoir être déclaré saint par l’Eglise ; mais il s’en fichait, préférant à ce titre, celui d’homme vrai.

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Ce vieil homme n’était pas de gauche. Il fut député centriste. Mais il n’était pas de droite non plus. Il était du côté de la vérité, qui comme on ne le sait plus dans les milieux politiques et à l’Eglise n’appartient à personne et n’a pas de limite. Il était du côté de ceux qui n’on rien, des vaincus par avance du système, de ceux qui ne savent pas s’exprimer, de ceux qui n’ont pas choisi d’être dans la rue.
C’est à ce titre seulement, que nous avons perdu quelqu’un de bien.

27 janvier 2007

La presse invente la mouche à deux culs.

En voilà une histoire, à propos de la sortie du prince Philippe mercredi à la réception du Nouvel An. Et sur la lancée de rappeler les « bavures » du futur roi, ce qui aurait pour conséquence de donner au monarque en devenir un rôle purement protocolaire.
Y aurait-il un trou dans l’actualité, une sorte de prolongation de la trêve des confiseurs ?
Tout va de mal en pis, et pas qu’en Belgique. La pauvreté gagne du terrain. Que fait-on pour trouver des solutions ? Les journalistes font dans l’émotion et narrent par le menu les obsèques de l’abbé Pierre. Le pauvre aurait souhaité moins d’honneur et plus d’actions sur le terrain. Le gouvernement bat la campagne et a largement contribué à l’incapacité où nous sommes d’endiguer le chômage et tandis que Verhofstadt admoneste l’héritier de la couronne, les journalistes passe sous silence la législature qui se termine, les navrants projets avortés sur l’enseignement, les nouvelles pressions sur les chômeurs, le fiasco des stages et l’exploitation des travailleurs par les sociétés intérimaires, les ridicules lois sur les armes, l’atteinte aux libertés par des écoutes téléphoniques autorisées, la forêt de caméras de surveillance et les antennes des téléphones portables qui émettent à tout va des ondes cancérigènes tout à fait légalement, et tandis que l’on publie les salaires de l’Haut-lieu sans qu’il y ait de la part de ces messieurs de la presse le moindre commentaire, Didier Reynders n’est pas honteux d’envoyer une feuille d’impôt à des pensionnés qui gagnent à peine 1000 euros par mois, pour un petit rabiot de 400 euros, tandis que son premier ministre donne une leçon de morale aux ouvriers en grève de Volkswagen Forrest !...mais, mais… c’est Philippe qui porte atteinte à la liberté de la presse…
Qu’a-t-il dit le prince ? Il a dit qu’il n’appréciait pas les articles de deux rédacteurs en chef. Pour une fois, je suis d’accord avec lui. La presse aujourd’hui ne reflète pas la situation exacte de ce pays, ne donne pas à informer ce qui devrait l’être. C’est une presse croupion, anémiée par les pertes d’emplois, certes, mais coupable de fermer sa gueule à l’encontre d’un système économique qui tient 90 % des habitants de ce foutu pays à la gorge. C’est une presse qui n’en est plus une, avec des articles bidon, de complaisance, partisane. Ce qui est plus grave, les quelques « héros » qui s‘agrippent aux bureaux de rédaction, cochonnent la langue que c’en est une honte.
Par manque de sous, il n’y a plus d’investigations avec de grands déplacements, si bien qu’elle reçoit l’information toute mâchée de l’étranger et que nous ne sommes pas davantage mieux renseignés de ce qui se passe ailleurs que ce qui se passe chez nous.
Autrement dit, les mêmes qui bougent leur pantalon devant nos industriels, voient de la façon la plus conformiste qui soit les événements qui se bousculent au Liban, en Afrique et dans le reste du monde. Partout où il convient de sauver les meubles de la politique américaine et du grand capitalisme international, ils nous sortent leur antienne : vive le système !...
Alors, que Philippe ait dit ceci, plutôt que cela, qu’il ne veuille plus voir un tel, et a la rédaction du journal flamand bien connu et que je nommerai pas, dans sa manche…qu’est-ce qu’on s’en fout !

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"Le problème du prince Philippe, c'est qu'il est trop pressé de devenir roi, qu'il veut trop faire de son mieux et qu'il veut donner à la royauté un rôle politique", crachote Yves Desmet dans De Morgen. Est-ce qu’il ne faudrait pas écrire à ce journaliste qu’il nous emmerde encore plus quand il décrit la situation en Flandre « belle et prospère » et qui le serait davantage sans la Wallonie, en mentant sur toute la ligne, davantage que lorsqu’il critique un voyage inutile de Philippe à l’étranger ?
Quant à prétendre que "L'appel à une monarchie protocolaire à l'image du modèle scandinave, où tout rôle politique de la fonction serait impossible, a gagné en puissance hier. Et le seul que le prince Philippe peut remercier pour cela, c'est lui-même", qu’est-ce que ça veut dire ? Tout le monde sait que le vrai pouvoir aujourd’hui n’est ni au palais, ni au parlement, mais ailleurs, loin, enfin suffisamment loin de la Belgique pour craindre l’avenir. Alors que la monarchie passe à un autre régime, devienne protocolaire, voilà longtemps que messieurs les journalistes collent des étiquettes sur tout et n’importe quoi. Ils font de l’Arthur, l’amuseur de TF1, mais en moins drôle. Car, pour prétendre amuser le tapis, il conviendrait d’avoir un minimum d’esprit.
Alors, concrètement, si vous pouviez nous torcher les commentaires des programmes des différents partis qui vont se présenter aux élections, fouiller dans l’actuelle législature ce qui avait été promis et ce qui n’a pas été fait, faire le point sur la misère qui gagne et sur les nouvelles prétentions flamandes à diriger le pays avec les Wallons comme d’aimables seconds, on vous pardonnerait peut-être votre entêtement à nous prendre la tête avec les « mots » de Philippe.
Oui, gaffe il y a. Mais pas où l’on croit. La gaffe, c’est ce pays lui-même, mal foutu, mal défendu, mal organisé, champion des injustices, livré aux spéculations nationalistes flamandes, bientôt la proie d’une guerre entre les extrémismes religieux, malmené dans ses banlieues avec une populations en déshérence et qu’on n’écoute pas malgré l’avalanche des discours du genre « Je vous ai compris ».
Enfin, ambition suprême, mais en avez-vous jamais eue ? Rappeler à l’Haut-lieu une évidence superbement ignorée : ce ne sont pas les riches qui nourrissent les pauvres, mais les pauvres qui nourrissent les riches. Vous ne donnez pas du travail aux gens, ce sont les gens qui travaillent à votre place. Vous n’avez pas à dicter notre conduite, mais c’est nous qui devrions dicter la vôtre.
Et puis merde !...

26 janvier 2007

Une politique d’accueil.

-Austerlitz !
-Félix !
-Qu’est-ce que tu deviens ? Et tes maquettes ?
-Les batailles, le soleil après les brumes sur les ravines d’Austerlitz, les reconstitutions, le plâtre des reliefs du terrain, les fascines… toute cette merde, j’ai bazardé pour 10 euros, quand je me suis séparé de Georgine… Aujourd’hui, je me demande ce qui m’avait tant plu dans ce truc…
-La fascination du détail exact… la minutie des collages… le coup d’œil de l’Aigle sur le champ de bataille ?
-Mon cul, oui. Je cherchais qu’elle me foute la paix, qu’elle me laisse dans un coin. Je voulais plus l’entendre gueuler qu’avec ma paie on tiendrait pas jusqu’au 20…
-Pourtant, ça te venait de loin, les réductions, les maquettes, je me souviens du Messerschmitt à hélice… t’avais quoi, par là ?
-Tiens, je me rappelais plus. J’avais 16 ans…
-T’avais ça dans le sang.
-C’était un prétexte, je te dis. Comme on finissait plus de s’engueuler avec Georgine, on s’est séparé à l’amiable. C’est-à-dire qu’elle a tout gardé et que je me suis trouvé à la rue avec une valise. Elle aurait pu me laisser l’appart en déménageant en face chez son amant, l’assureur, mais comme c’était trop petit chez lui, c’est lui qui a traversé la rue…
-Pourquoi t’as pas repris l’appart de l’amant ?
-C’est une question de savoir vivre, ça se commande pas.
-Tu viens pas d’me dire que depuis Georgine, tu glandes dans le quartier ?
-Non. Je te parle d’un truc d’il y a 25 plombes…
-T’as fait quoi, entre- temps ?
-Je me suis mis avec Cri-d’amour.
-Cri-d’amour ! On l’avait tous perdu de vue. Pourtant, on l’avait pas mal pratiquée…
-J’ai tiré le pompon... Après quelques temps, j’avais plus un rond. Comme je travaillais chez Binkom dans la ferblanterie, par jugement je devais douiller sec pour nourrir la Georgine et son dabe.
-Elle avait toujours son père ?
-Non. C’est l’assureur. On aurait dit son vieux…
-Je commençais à coucher dans la rue, rapport à mon salaire couper en deux. Quand, dans un troquet, un soir que je savais pas où me fourrer, je tombe sur Cri-d’amour qui revenait d’un marché
-Sûr ! Elle avait pas les yeux dans les poches…
-Là, elle avait les poches sous les yeux… Fatal, l’âge arrange rien. Mais quand t’as froid, t’es pas si regardant…
-C’était son blair qu’allait pas avec le reste…
-C’est ça. D’autant que, bizarrerie du destin, tu te rappelles son nom de famille…
-Ganesh !

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-Me voilà avec Ganesh. Au début, quoi 12-15 mois, le bonheur. Une fois que t’as passé sur l’effet premier… la tronche, elle était pas mal foutue… Enfin, tu connais. On se la tapait quand on n’avait rien d’autre… Tout de suite, je me suis demandé si c’était malin de me les geler dans la cour de chez Binkom, à charger et décharger des tôles. Sur quoi, Cri-d’amour me dit qu’elle et moi on pourrait faire les marchés et travailler en équipe. J’ai lâché ce gros porc de Binkom, vite fait…
-T’étais devenu indépendant…
-Dépendant, plutôt. Vu que c’est elle qu’a le fonds de commerce… Mais, c’était trop jouissif de plus rien verser à la Georgine… C’est sur les marchés que ça a foiré, rapport à Pied-d’alu, l’invalide du stand d’articles d’hygiène, collé à celui de Cri-d’amour... Le mec a fantasmé. Il avait la pension béton, plus ses articles caoutchouc… On peut pas dire que Cri-d’amour s’est laissé brouter la toison à l’instant. Elle a résisté qu’on croirait pas, avec le physique qu’elle a, elle avait du mérite. Puis, j’ai senti que ça y était plus…
-Le coup de rein distrait, qu’on peut dire…
-Oui, la patte lourde au grand écart.
-Qu’est-ce que t’as fait ?
-Je me suis remis aux maquettes.
-Aïe !...
-La réduction de la Belle-poule. Attention, pas n’importe laquelle, la troisième… Celle qui ramena les cendres de Napoléon de Sainte-Hélène…
-Tu retombais dans l’Empire… Ta passion… Tu te rappelles la collection de maréchaux ?
-Cri-d’amour me dit un jour que Pied-d’alu était aux toilettes dans le pavillon qu’on occupait elle et moi…
-Ecoute vieux, voilà la camionnette, t’expliqueras ça ailleurs.
-T’attends pas que je te parle de Simone ? Et mes maquettes des salles de torture de Saddam ?
-Ou tu dégages, ou on t’embarque pour obstruction sur la voie publique…
-Félix, t’es devenu flic !
-Comme tu vois…
-Ah ! j’en reviens pas…
-C’est ainsi. Maintenant, t’auras tout le temps de me parler de Simone si tu montes dans le pick-up… C’est ça la nouvelle politique sociale de la ville. Faudra t’y faire, mon con…

25 janvier 2007

Je me porte bien

Messieurs les auteurs dramatiques, rendez-nous les vaudevilles d’antan, en les adaptant aux stress et aux turpides de la société de consommation.
Surtout n’adoptez pas le ton incantatoire, soit désespéré, soit béat d’optimisme, employé dans les maisons de la culture par des personnels déboussolés.
Mais faites nous rire de nous-mêmes, de nos prétentions au progrès, des temps modernes, de notre écœurant égoïsme, notre bourgeoisisme et notre prétention à ne jamais douter du système capitaliste.
C’est en refermant le livret de « L’habit vert » de G.-A de Caillavet et Robert de Flers que cette réflexion m’est venue à l’esprit.
Les auteurs y ridiculisent la prétention d’appartenir à l‘Académie française. Une institution prestigieuse, comme il y en a d’autres dans le panel des prétentions contemporaines.
Sous l’amabilité perce une noirceur inquiétante : on brocarde férocement les institutions, les plus hautes institutions de l’état avec une belle liberté d’esprit.
L’acte III est particulièrement drôle.
Le duc de Maulévrier, Académicien, reçoit sous la coupole le comte Hubert de Latour-Latour, l’amant de sa femme, la duchesse de Maulévrier.
Parmeline, professeur de musique de la duchesse et son confident, est surpris par le duc avec une lettre de la duchesse à remettre à son amant. Il n’a le temps que de la poser sur la table, parmi les papiers épars. Or, c’est le discours de Maulévrier à la réception du récipiendaire Latour-Latour. Le duc en lisant le discours de réception découvre son infortune.
Interruption de séance et brouhaha.
Le duc afin d’éviter le scandale revient sur sa décision de quitter la séance et reprend son discours, suite à l’insistance de Pinchet, secrétaire perpétuel, qui lui fait la confidence que lui aussi a été cocu par madame Pinchet dans de pareilles circonstances.
Le rideau tombe sur l’acte III par la reprise du discours du duc :
« Comment ne me plairai-je pas, monsieur, à voir l’amitié que je vous porte, s’accorder si parfaitement avec l’estime où je vous tiens, et à vous dire comme Epictète à l’un de ses disciples préférés : Vous êtes aimé des Dieux. Vous êtes chéri des Muses ! Vous êtes un homme heureux ! Et ma main vous couronnera de fleurs ».
Il manque aujourd’hui cette impertinence dans la chose bien dite et bien envoyée. Le public n’est pas si abêti qu’on ne le pense ou si traumatisé par la dureté de la vie au quotidien. Il sait encore rire et surtout se moquer des puissants, de l’argent, des conventions.
Pourquoi y a-t-il tant de réactions autour de cette affaire de Hasselt qui mouille notre marine dans un mouillage auquel elle ne s’attendait pas ? Parce que les simagrées que l’on fait autour des princes, des colonels comme des juges, le public n’en est pas dupe. Il subit l’année durant les pressions morales d’un régime voué à l’adoration de ces hauts personnages, il s’aplatit comme Lagardère devant son ennemi déguisé en bossu pour faire signer sur sa bosse les traites de la rue Quincampoix : « Sur ma bosse, monseigneur » ; mais dans le fond, le public obéit et feint le respect, parce qu’il ne peut pas faire autrement.
De temps en temps, comme Caron de Beaumarchais, quelqu’un ouvre une fenêtre et l’air frais s’engouffre On rit de ces fantoches. Et cela fait du bien.
Car, ces gens sont de nature humaine avant tout.

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Tous les matins, ils se rendent aux toilettes comme tout le monde et y font exactement la même chose que les SDF sous les ponts. Evidemment si la matière est la même, le réceptacle et l’environnement diffèrent. Mais, s’ils diffèrent, c’est parce que notre bonhomie et notre façon d’écouter les leçons les bras croisés sont propres à notre gentillesse de modestes.
Ensuite, ça déjeune aussi, oui madame. Et ça pète un peu quand la bonne s’en retourne à l’office. Enfin le soir, il n’y a aucune honte à cela, quand monsieur est en train et madame aussi, à quelque haut niveau qu’ils appartiennent, ils baisent, votre honneur et peut être même pire, ils ne font pas que cela comme le souhaiterait le bon cardinal Daneels et la morale chrétienne. Ils ont des manières et des habitudes.
Est-ce trahir un secret que de dire cela ? Est-ce jeter le blâme et le discrédit sur l’Haut-lieu ? Pas du tout. Et de cela, tout le monde, absolument tout le monde, en a conscience.
Vous allez me dire que ce sont des évidences, que j’enfonce des portes ouvertes ?
Peut-être bien. Mais on ne sent pas cette égalité des mœurs et des besoins de tous dans les discours condescendants des uns et respectueux des autres. Et c’est en cela que ma remarque est une bonne chose.
Et il serait dommage que monseigneur ne baisât point et que sa dame qui serre contre son cœur le petit affamé d’Afrique pour les actualités et madame Anne Quevrin, qu’elle ne baisât point avec plus l’espoir d’un orgasme, que d’assurer l’avenir de la dynastie.

24 janvier 2007

Un logo bête.

C’est fait. Il manquait au mauvais goût du perron chaussé d’un préservatif à le symboliser par un trait. On vient d’atteindre la limite de l’inventivité. Nous ne créons rien, donc nous ne sommes rien, doivent se dire les éminents du jury qui ont découvert la merveille à 13.915 euros !
Si c’était le but de l’opération de créer une nouvelle image de Liège, c’est réussi. Nous étions déjà ridicules avec nos démêlés sur la finition de la place Saint-Lambert, la gare des Guillemins avec son environnement minable ; mais tout cela, c’était entre nous. Maintenant tout le monde va savoir que nous sommes des nuls. C’est la honte !...
Si le but du logo c’est la simplicité, autant valait donner la palme et le fric à un supernullose qui aurait remis sa feuille blanche.
« Nous avons été séduits par le rappel stylisé de l’élément le plus fort et le plus représentatif de notre ville: le Perron », justifie le bourgmestre Willy Demeyer. (C’est un journaliste qui le rapporte). Pourquoi ce journaliste a-t-il cru bon d’écrire que Demeyer se « justifiait » d’avoir choisi la chose ? Se sentirait-il coupable ? Déjà du remord ?
« Nous avons répertorié une vingtaine de logos différents. Au moment d’une nouvelle législature qui prône l’unification et la transversalité de ses services, nous voulions une image fédératrice, un logo unique et une charte graphique à respecter par tous les services. »
Nous voilà beaux ! A nous de nous débrouiller pour que cela ne se voie pas trop. On pourrait demander, par exemple, pour les futures vestes des stewards de coudre le logo dans la doublure, à charge pour eux de garder le veston fermé.
C’est dommage que nous n’avons pas pu juger de la valeur des autres concurrents, puisque treize firmes ont répondu à l’appel du Collège échevinal de la Ville de Liège. Finalement dix d’entre-elles ont remis une offre. Trois n’ont donc pas pris le départ, dégoûtées à l’avance, ou parce qu’elles avaient eu des informations selon lesquelles le choix avait déjà été fait ?
Autre chose troublante, les six hauts représentants de la Ville et deux extérieurs spécialisés en communications ont choisi, à l’unanimité, le projet de la société Synthèse. Alors quoi, en démocratie, l’unanimité ne doit-elle pas être avant tout suspecte ?
Et puis c’est qui les hauts représentants, dans cet antre de la reine Pétaud de la place du Marché?
Comme projet rondement mené, on peut dire qu’il l’a été. Pourvu qu’il soit aussi rondement mené hors de nos mémoires.

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Le plus délirant consiste dans leurs explications des traits du logo, un pour le port, un pour la gare, un pour l’aéroport et un pour les autoroutes. C’est plus facile de déchiffrer un cartouche égyptien du sarcophage de Ramsès II. Il faut reconnaître, côté symbole, on a mis le paquet. Quant à la haute barre centrale, ce n’est plus le préservatif, c’est le symbole d’une fusée…
Enfin, pour l’œil éclairé et sagace, les quatre petites barres suivent une courbe comparable à celle de la toiture de la future gare TGV. Ah ! il faut suivre…
Mais ce n’est pas tout, les couleurs ont aussi leur charge de symboles, un rouge rubis, symbole de dynamisme et de féminité, contrastant avec le noir, très masculin et rappelant le charbon, élément économique essentiel de Liège au siècle dernier », dixit le François Bodarwé, aux anges… qui fait remarquer de plus en plus finement que ce n’est pas tout,
la haute barre et les deux petites à droite forment la lettre « L » de Liège, toujours de la même couleur !.
A cette merveille, il fallait un slogan. Qui l’eût cru : « Liège, une ville, un esprit », mais oui, Liège a un seul esprit. Il y a cent mille idiots à Liège et un esprit seulement ! On se demande lequel ? De notoriété publique, il y en avait deux : Didier Reynders, bourgmestre empêché par les électeurs, et Willy Demeyer, l’élu. Il y aurait donc un des deux qui rejoindrait la troupe des demeurés ?
On se perd en conjectures…
Certains Liégeois consternés ont cru voir un doigt d’honneur à nos dirigeants. Il paraît que c’est meilleur quand le même doigt frôle la prostate. Les hauts dignitaires en seraient-ils ?
Car si tout bonnement nos hauts Liégeois, nos invincibles décideurs, avaient seulement eu l’intention de se faire une petite gâterie ?
Il fallait le dire, voyons. On aurait rigolé comme avec Michou d’Ans et on n’en parlait plus.

23 janvier 2007

Charlemania.

La Destenay mania (complexe de Charlemagne) n’est pas morte. Le bétonnage du centre ville a toujours ses chauds adeptes. Le goût du grandiose touche encore de nombreux élus. On l’a vu dans le choix de la gare des Guillemins, certes, chef-d’œuvre de Calatrava incontesté ; mais placé au centre d’un quartier aux maisons de briques à un ou deux étages, l’ensemble fera un coup de poing sur un œil – un de plus – parce qu’on n’ira pas au bout du projet de l’architecte avec la percée d’un canal bordé d’avenues jusqu’à la Meuse et qu’ainsi, l’ensemble au centre des maisons anciennes apparaîtra comme monstrueux et inutile.
Admettons que cette gare magnifique n’était pas faite pour nous, puisque nous ne sommes pas capables d’en finaliser l’implantation.
Mais le syndrome Destenay se cristallise ailleurs, maintenant que les dés sont jetés pour les Guillemins.
En effet, la crise de trente années de la place Saint-Lambert, si elle a accouché de bâtiments de type soviétique place Saint-Michel, et qu’en face, à l’espace Tivoli, personne n’a vraiment une idée valable pour contrecarrer les bétonnières qui piaffent d’impatience dans les starting-blocks de la gent immobilière, Didier Reynders, le bourgmestre empêché par les électeurs, et le vrai, Willy Demeyer, sont pour l’excroissance bétonnière de la justice au-dessus de la gare du Palais et se bagarrent ferme avec les riverains et une bonne partie de la population liégeoise. Le montage au-dessus des voies du chemin de fer à deux pas du palais des Princes-Evêques, d’un blockhaus, du type « mur de l’Atlantique » afin de caser les dossiers poussiéreux et quelques chambres juridictionnelles éparses dans la ville et aussi pour accompagner l’impression fâcheuse de la façade jaunâtre et plate de l‘îlot Saint-Michel, est la pire catastrophe architecturale que des décideurs publics veulent imposer à la ville.
Pour une fois, les riverains se sont insurgés en première demande d’arbitrage. Le Conseil d’Etat leur a donné raison. Les maniaques d’en face ne l’entendent pas de cette oreille. Au lieu de reconnaître que leur projet est insensé et chercher un lieu où déposer dame Thémis, par exemple la magnifique abbaye Saint-Laurent bientôt disponible, non, c’est trop. Ils n’aiment pas que l’opinion leur résiste. Ils remettent ça, dans un soi-disant nouveau projet qui n’est que le même qui n'a pas changé d'une brique.

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On se dirige à nouveau tout droit vers un nouveau recours au Conseil d'Etat !
Pour ceux qui ne savent plus si cette ville est dirigée par des fous ou si ce sont les citoyens qui le sont, le Conseil d'Etat a pour mission de nous protéger de l'arbitraire des Autorités, face au refus du dialogue et des arguments de fait. Il est donc normal de se tourner vers lui, en démocratie.
Le Conseil d'Etat ne se prononce que sur la légalité du permis, c'est-à-dire le respect ou non des normes et règlements, ou la manière dont on motive les dérogations à ces normes. L'opportunité du projet actuel, que les opposants ne cessent de contester, est de l'entière responsabilité des Autorités.
La nouvelle demande de permis n’apporte aucun élément permettant d’estimer qu’il s’agit d’un nouveau projet à considérer.
Pour mettre un peu de baume sur la plaie, les responsables avaient imaginé une compensation sous la forme de promesse concernant l'entretien et la rénovation du Palais des Princes-Evêques. On connaît la valeur des promesses. On en attend même des tombereaux à quelques mois des élections. D’autant que le plus beau monument de Liège du fait de son classement sera obligatoirement restauré dès que certains dépôts d’archives de la justice auront vidé les lieux. On se demande même comment il se fait que les Services Incendie des pompiers n’ont pas déjà fermé certaines salles aux installations électriques défectueuses, quand on sait comment ils sont pointilleux quand des particuliers transforment leur maison.
Vraiment si toutes ces imprudences, ces manquements à la sécurité, finissaient par dégrader ce magnifique édifice, pire, à le réduire en cendre, ce serait accablant pour les promoteurs des délirants projets actuels qui ne trouvent pas d’issue.
On croise les doigts, pour qu’une catastrophe de cette ampleur n’arrive jamais.
J’espère que l’urgence de sortir d’une impasse déterminera les services publics.
Les partis adhérents au projet « gare du Palais » devront vite se ressaisir et caser ailleurs une Justice qui n’a rien à faire au centre ville.

22 janvier 2007

On ne touche pas !

-On peut toucher ?
-Non !
-Pourquoi ?
-Est-ce que ça se demande ?
-On touche sans le demander, alors ?
-Encore moins.
-Mais alors, si on ne peut toucher sans le demander, on peut toucher en le demandant ?
-Si nous parlions d’autre chose ? D’une candidature projet, par exemple ?
-Sans y toucher ?
-D’une candidature projet avant tout !
-Afin de pouvoir y toucher après ? D’accord. Alors je suis candidat. Vous êtes satisfaite ?
-Vous êtes impayable ! Le prix à payer ne doit pas être trop lourd à supporter pour les négociations. Mieux vaut un premier qui y toucherait un peu, qu'un second premier francophone qui y toucherait beaucoup afin de répondre aux exigences flamandes.
-Vous voyez qu’il y en a qui y touche ! Pourquoi ne pourrais-je pas y toucher aussi ?
-Vous ne pourrez jamais y toucher parce que ce n’est pas nécessaire.
-C’est bien la première fois qu’on réponde à mon désir d’y toucher en disant que ce n’est pas nécessaire. Qu’on me dise que je ne plais pas, ou que c’est proprement scandaleux de poser ainsi la question des rapports. Mais, que cela ne soit pas nécessaire ! Je trouve cette non nécessité-là bizarre.
-Inutile de jouer « au coq » avec les autres, ou sans les autres. Que ce soit dehors ou en interne, on n’a pas besoin de toucher pour obtenir des résultats.
-Ah ! mais comment fait-on pour obtenir des résultats sans toucher ?
-C’est possible, en traitant d’abord longuement les problèmes de son emploi. Si on avait mis en place une bonne politique de l’emploi, peut-être cette volonté de vouloir y toucher à tout prix serait moins pesante ?
-On peut y toucher, mais platoniquement, si c’est cela que vous voulez dire ?
-Vous allez continuer longtemps ? Vous êtes pire que Leterme qui doute de la capacité des francophones.
-Comment pouvez-vous douter de ma capacité ? Parce que je suis francophone ? Et puis, d’abord qui est ce Monsieur Leterme ? Votre mari ?
-Grand dieu non !
-Qu’a-t-il à voir avec ma capacité ou mon incapacité ? Qu’est-ce que le fait de parler le français à un quelconque rapport avec ma capacité ?
-De quoi parlez-vous à la fin ?
-C’est à vous que je pose la question ?
- Mais je parle de l’inutilité de toucher une fois de plus à la Constitution !

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-Quelle constitution ? La vôtre ? Et pourquoi vous ne voulez pas qu’on essaie ?
-La constitution du peuple belge, bougre d’âne ! A quoi pensiez-vous ?
-Evidemment vu sous cet angle, la Constitution du peuple belge, pourquoi j’y toucherais !
-Ah ! parce que…
-Oui…
-Et vous croyiez qu’y toucher ou pas, ce serait à…
-Oui !
-Qu’est-ce qui vous à pris ?
-…bien, le fait que vous êtes une femme, moi un homme, le décor, les oranges, cet espèce d’abandon de tribune… le plaisir que vous avez d’agiter les mains, vos colliers, les yeux dans le beurre… tout quoi !...
-Mais vous êtes fou !
-Oui.
-Et la Constitution du peuple belge, ça vous dirait, plutôt que…
-Non merci. Décidément, je suis déçu.
-Pourquoi ?
-Parce que vous nous avez rappelé que Guy Verhofstadt, à l'époque où il était dans l'opposition, avait été lui aussi friand de déclarations. La fonction fait l'homme avez-vous dit en me regardant…
-Je vous regardais comme ça, sans vous voir.
-Notez que dans un sens, sans toucher, ça me fera moins mal quand vous me tromperez, plus tard.
-Comment cela ?
-Oui, quand je serai électeur.

21 janvier 2007

Christiane, on t’aime !...

-La Commission des Affaires sociales du parlement wallon a clôt ses travaux sur la gestion de l'Agence Wallonne pour l'Intégration des Personnes Handicapées (AWIPH), donc les travaux sont terminés, n’est-il pas ?
-Pas du tout. La Commission a clôt ses travaux pour en nommer une autre, c’est-à-dire la même, mais reconduite… Nous devons notamment ravaler la face Nord du bureau de Christiane Vienne, qui, comme on ne le savait pas auparavant et c’est même tout à fait récemment qu’on l’a appris, Christiane Vienne est ministre…
- De ?
-Attendez, vous me faites hésiter… Bref, elle est ministre. Enfin, son cabinet est fort endommagé aussi. Monsieur Delhauteur est logé à la même enseigne.
-C’est qui Monsieur Delhauteur ?
-…son chef de cabinet.
-Il fait du saut en hauteur ?.
-Non. En profondeur….
-Et qu’est-ce qu’on attend pour commencer la deuxième tranche des travaux ?
-On attend Georges Rovillard ?
-Il est où ?
-A l’étranger à son habitude.
-Qu’est-ce qu’il fait à l’étranger ?
-Il voyage.
-Qu’est-ce que les voyages à l’étranger ont à voir avec la gestion de l'Agence Wallonne pour l'Intégration des Personnes Handicapées.
-Vous ne vous imaginez pas comme les Handicapés voyagent Ils ont des fourmis dans les jambes !... toujours par monts et par vaux… des oiseaux migrateurs, on vous dit !
-Et pourquoi attendez-vous Georges Rovillard ?
-On ne sait pas. Mais on l’attend. Peut-être est-il parti avec les clés de son bureau en oubliant d’éteindre les lampes ? Maintenant, si vous me demandez ce que Georges à affaire là-dedans, je suis incapable de vous le dire. Au reste, lui aussi, puisqu’il n’est jamais là.
-Le gouvernement a annoncé qu'il procéderait au remplacement du président et des vice-présidents du comité sans que la ministre des Affaires sociales n'ait jusqu'à présent mis en oeuvre cette mesure, ce que relève la Commission. Qu’est-ce que vous en dites, n’est-ce pas, comme on dit…
-Voilà, ce que je cherchais !... Christiane Vienne est ministre des Affaires sociales !
-Répondez à ma question au moins, hein ! vous trouvez ?
-Le texte de la résolution, fait 6 pages, je vous assure c’est une brique !... C’est seulement hier que Christiane a touché ses nouveaux verres. Elle est pour, évidemment.
-Pourquoi donc, n’est-il pas, qu’elle est pour ?
-Pour le nouveau contrat de gestion. Elle va lancer la procédure de recrutement d'un administrateur-général. La majorité souhaite aussi que la situation des membres du comité de gestion soit clarifiée. Mais pour ça on attend toujours Rovillard.
-A l’étranger, je sais, vous l’avez dit, dont auquel une fois…
-On est au coeur du problème. Le principe du nouveau contrat, les nominations, tout ça… les intéressés, administrateur-général, les membres du comité de gestion ne sont pas au courant qu’ils sont démis (1). Si bien que madame la ministre est à la recherche de vieux bureaux IKEA afin de loger les nouveaux qui vont être nommés, tandis que les anciens poursuivront leurs fonctions, puisqu’ils ne sont pas officiellement dégommés.
-Cela ne fait-il pas un peu désordre, hein ! pardon… On se croirait à la direction de la RTBf, foi de Fabienne vande Chose !...
-Ce serait simple si l’affaire en restait là. Mais elle se complique…
-Elle ne l’était pas assez ? Excusez moi, l’élastique de mon soutien-gorge me sert un peu.

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-La Région n’a qu’une idée en tête, envoyer un délégué spécial pour surveiller Georges Rovillard, l’administrateur-général.
-Mais puisqu’il est toujours à l’étranger et qu’il est démis sans le savoir ?
-L’envoyé spécial voyage gratuitement sur Brussels-Air-Lines. Il partirait directement pour l’île Maurice.
-Rovillard est à l’île Maurice ?
-Non. Mais il a de la famille là-bas.
-Qui Rovillard ?
-Non. L’envoyé spécial.
-Quelle est la différence entre une mission de contrôle et une mission de surveillance, selon vous, n’est-il pas, sans doute ?
-C’est justement ce que nous attendons de la part d’une nouvelle Commission de la Commission des Affaires sociales, une clarté conséquente et non diffuse. Un rayonnement tangent et entéléchique de la Région.
-Au fait, je venais pour causer des Handicapés. Vous avez un mot à dire ? Juste pour le réconfort…
-Oui. Christiane on t’aime.
-C’était Fabienne vande Chose pour l’émission « Christiane on t’aime » de la RTBf…
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1. Ecrit avant les démissions

20 janvier 2007

Le PS sabre au clair !...

-C’est l’ouverture, Messieurs, le prologue… taïaut au clairon de la Muette de Portici !... La campagne sera longue. Nous avons cinq mois afin de dresser un plan d’action. Nos forces sont éparses, mais décidées. Rappelez vous Jemappes, Valmy, Austerlitz. Nous étions Place Charles II isolés par les libéraux du Maréchal Didier, le maire faisant fonction d’un Liège fictif, soutenus à peine par quelques francophones embourbés dans des échauffourées avec comme appui les derniers voltigeurs de Charleroi, face à une armée adverse décidée. Pour cause de proximité avec le second tour des batailles présidentielles en France, prévu le 6 mai, nous avons remis au 10 juin la confrontation de nos hussards avec les cuirassiers du Vlaams belang. J’ai préparé, comme d’habitude, une proclamation aux troupes, que je lirai devant les pyramides, le jour voulu. …
-Qu’est-ce qu’il lui prend ? Il fait son Napoléon !
-C’est depuis qu’il a vu Ségolène-Joséphine Royal de Beauharnais…
-Ce doit être un grand changement pour lui !
-Le voilà amoureux d’une femme !
-On aura tout vu…
-Tu crois qu’il va attaquer la France, si elle ne veut pas l’épouser ?
-S’il défait les milices flamandes, il en est bien capable.
-Et tout ça pour un jupon !...
-Messieurs, nos troupes sont à cran. Les armes rouillent faute d’être utilisées. Il va falloir tenir la troupe cinq mois. Une épreuve pour les nerfs du côté francophone, où plane en permanence, sur le paysage politique, le fantôme d'un renversement d'alliance militaire. Ce qui ne détend pas l'atmosphère. Heureusement, nous avons les troupes de Ségolène-Joséphine en appui stratégique, quoique il faille se méfier de Hollande-Grouchy qui est fort capable de ne pas marcher au bruit du canon et de nous laisser seuls devant Leterme-Blücher, uniquement par jalousie sur ma personne.
-Tu as remarqué, au lieu du nœud pap…
-Oui, le bouton rouge de la Légion d’Honneur…
-Quand a-t-il succombé aux charmes de Ségolène-Joséphine ?
-Ça date du Congrès de Fontainebleau…
-Pour le bien de la couronne, on a voulu consacrer mon union avec Marie-Louise Milquet, dite Joëlle. Je dis, pas encore Messieurs. Laissez faire l’histoire préparer nos fils et nos compagnes. Aux armes citoyens. Marie-Louise, c’est pour plus tard. Quand j’aurai besoin d’un fils spirituel. On m’a prêté aussi l’intention de reconduire la violette, que j’aurais ravie des bras d’Alexandre Dumas fils. Il s’agit là d’une trahison de l’histoire, Messieurs, car il n’est là bel et bien question que de Marguerite Gauthier qui n’aimait que les camélias. Moi, Messieurs, ma violette est ségolénienne ou ne sera pas. Si vous souhaitez le retour de l’arc-en-ciel de Wagram, il faudra que nous défassions les deux présidents. Le genre de chose qui exacerbe la compétition, qui fait grimper l'adrénaline, mais qui, Messieurs, nous couvrira de gloire pour la lutte finale. (Il entreprend de chanter l’Internationale, mais sans succès. Les présents ont oublié le texte chez eux).

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-Tu crois qu’il va falloir le remplacer ?
-On aurait dû y songer depuis longtemps.
-Pourquoi ne l’a-t-on pas fait ?
-Tu vois quelqu’un d’autre ?
-Laurette-Pauline ?
-Encore une Buonaparte ! Non, alors…
-Alors, il faudra faire avec Napolio…
-Lefèvre-Daerden est parti à la rencontre d’Yves Leterme. Je compte sur des milices liégeoises, hélas ! mal intentionnées car sous l’influence de Willy-Hilarion Paul François Bienvenu du Puget, marquis de Barbantane-Demeyer (Général de division) qui caresse d’autres ambitions de commandement. Deuxième réflexion : cette campagne est problématique dès lors que les partis flamands, guildes fort belliqueuses, ont fait de la réforme de l'Etat un casus belli, et qu'en face, les métiers francophones prétendent qu'à ce petit jeu, il pourrait y aller de la fin de mon Empire... Faut-il préciser que le 10 juin, on aura le nez sur l'été, et négocier une réforme institutionnelle tout en travaillant à la formation d'un gouvernement, cela risque de bousculer juillettistes et aoûtiens ? Sinon de conduire à une crise de régime. Et au nom de la Belgique. Messieurs, ils ne passeront pas. Vive l’Empire ! Vive le roi !
-C’est la première fois qu’il associe le roi à l’Empire.
-Il anticipe. Il est déjà à la Restauration avec Philippe-Louis.
-A propos de Philippe-Louis, que va devenir son duché de Brabant si on fait du BHV à la scie circulaire ?
-Napolio n’a rien dit ?
-Il faudrait peut-être le lui demander ?
-Attends que Ségolène-Joséphine soit reine de France, que nous ayons perdu les élections et que le Maréchal Didier de Monvraicon soit adoubé à Liège. Il ne restera plus à Napolio qu’à se réfugier à la cour de Philippe-Louis et d’épouser une princesse du sang qui lui fera oublier Ségolène-Joséphine, en lui préparant des plats à la napolitaine.
-Peut-être même alors que la villa Clémentine sera libre ?

19 janvier 2007

Un parti avec un P en corps gras

- Monsieur Leblanchi, vous vous présentez le 10 juin, avec votre nouveau parti. Comment s’appelle-t-il ?
- Le Parti.
-Comment le Parti ?
-Oui, le Parti !
-Mais ce n’est pas un nom ! Vous avez Ecolo, le PS, le CDh, le MR et vous…
-Le Parti, mais avec le P de parti en gras.
-A l’inverse du PS dont la lettre grasse est le S.
-Vous avez tout compris.
-Vous avez les 500 signatures dans les arrondissements de plus de 500.000 habitants ?
-Non. Mais nous sommes en passe de recueillir les signatures de 3 parlementaires sortants.
-Lesquels ?
-Vous permettez, j’ai un appel. C’est toi Chérie ? Tu as les signatures ? Bon. Parfait. Je vais dire à Ernesto de libérer les enfants. Merci. Voilà. Nous les avons.
-Vous vous présentez partout ?
-Partout. Ma femme Ment…
-Comment elle ment ?
-Elle s’appelle Isabelle Ment - c’est elle que je viens d’avoir au bout du fil pour les signatures – se présente au Sénat. Voilà l’affiche…
-…Isabelle Leblanchi-Ment, une femme chef d’entreprise au service des femmes… Vous n’avez pas peur que Leblanchi-Ment ne fasse un peu provoc ?
-Vous faites de la discrimination à partir des noms des candidats, ma parole ! Je peux vous aider, si vous voulez, Isabelle a tenu un lavoir-automatique rue Saint-Gilles…
-Et votre programme ?
-Nous n’en avons pas, évidemment.
-Au moins vous ne décevrez personne !
- Nous n’en avons pas, parce que c’est inutile d’en avoir. La situation est simple. Il y a d’un côté l’Etat qui a de plus en plus besoin d’argent, et le contribuable qui en a de moins en moins, à force... Pourquoi effrayer ce dernier, alors que la vie étant chère pour tout le monde, il faudra bien augmenter les taxes pour assurer aux élus un train de vie décent ?
-Sans programme, qu’allez-vous promettre ?
-Pareil. Nous ne promettons rien. Nous serons les seuls à n’avoir rien promis qui tiendront nos promesses.
-Mais enfin, il faut bien débattre de quelque chose ? Par exemple, comment allez vous répliquer aux autres partis s’ils vous demandent ce que vous comptez faire pour résoudre la situation de BHV ?
-Le Parti avec un P gras est un parti neuf, ambitieux et qui peut résoudre tous les problèmes, à commencer par les communautaires. Dans ce cas précis, nous avons un programme…
-Ah ! quand même…
-…qui consiste à ne rien faire. Et nous avons des références.

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-Lesquelles ?
-C’est bien connu. L’absence de solution arrange tout. Le Belge se lasse vite. Au bout de quelques temps d’autres problèmes surgiront. Il oubliera BHV et il finira par ne plus en parler.
-Je ne suis pas sûr qu’on ait oublié les anciennes affaires ? L’affaire royale, en 1950, vous croyez que l’on ne s’en souvienne plus ?
-Mais elle s’est résolue en ne se résolvant pas, justement ! Le fils a succédé au père. Notez qu’elle peut revenir sous une autre forme. Actuellement les Flamands la reposent. Concédez qu’en enterrant l’affaire de 1950 en laissant aller les choses, nous avons quand même eu plus d’un demi siècle de tranquillité.
-Et la frontière linguistique ?
-Archi enterrée…
-Cependant Di Rupo ?
-Il n’est pas de notre parti avec un P gras. Il est du parti avec un P maigre.
-Oui. Mais il veut renégocier…
-Il ne renégociera rien du tout. Il fait semblant d’exhumer. Dans ce pays tout le monde menace, en disant : « Attention, il y a des squelettes dans le placard, si vous poursuivez dans l’idée qu’il faut résoudre ce problème, j’ouvre le placard. Et ce qu’il y a dedans n’est pas triste.
-Et la corruption ?
-Voilà, pour notre Parti, la seule négociation intéressante. Tout le monde est corruptible. La preuve, chaque semaine amène son lot d’affaires. J’attends des offres pour mon parti, de la part des industriels, des parlementaires, même des syndicats. Isabelle et moi, foi d’Onagre Blanchi-Ment. Oui, nous sommes corruptibles. Je profite de votre antenne pour lancer un appel d’offres… Je n’ai pas une chaudière en panne à Carcassonne, mais j’ai mon réfrigérateur à mon appart de La Panne qui vient de me lâcher…
-Si ça vous intéresse, mon beau-frère travaille au noir…

18 janvier 2007

Alceste et Philinte.

-Je plains les maîtres de morale qui disent à nos chères têtes blondes qu’il ne faut pas voler, pas tricher et pas essayer d’évincer les petits camarades par la fraude et le bluff.
Car, quel exemple ont-ils, ces malheureux, à leur donner ?
Ce n’est pas vrai que le type honnête se fait une situation grâce à son mérite reconnu.
Il est faux de prétendre que les réussites sont là pour nous prouver que la persévérance, la ténacité, l’esprit d’équipe et le solide bagage universitaire justifient la primauté sociale.
Il n’y a pas d’Etat plus encombré de fripouilles et de gens malhonnêtes à sa tête que le nôtre dans toute l’Europe, si l’on excepte les nouveaux adhérents. Quant à la Russie et ses quelques pays satellites, n’en parlons pas.
Nos grands belges ? Tous plus ou moins maquereaux et bien profondément incultes sous le vernis. Le cœur sec sous l’apparente grandeur d’âme. Bien calés dans les mobiliers d’Etat, ils attendent qu’on les suce et puis s’est tout. Les couilles comme des aumônières, ils ont l’air de donner, mais ils donnent jamais rien que des saloperies informes, qu’ils appellent salaires entremêlés de foutre…
De quelque côté que l’on se tourne, nous ne voyons que des gens avides, trustant les places et s’y cramponnant. La fin des cumuls ? Cette bonne blague pour débiles mentaux…
Un nouvel éclairage de la canaillerie ambiante, c’est à notre justice que nous le devons, depuis que – il faut lui rendre hommage – les nouveaux magistrats remplacent les anciens.
Enfin, le catalogue de la corruption, de la prévarication, du vol qualifié ne s’arrête plus au vol de vélo ; mais, monte… monte… et nous délivre du soin de bouger notre casquette devant nos éminents. Les juges osent lever la tête et ce qu’ils voient n’est pas très ragoûtant.
Il y a de la crapule partout, certes, le malheur n’excuse pas tout, mais l’argent non plus.
Cet Etat, un des plus formidables héritiers au monde, puisqu’il ampute jusqu’à 90 % des héritages de ses citoyens, n’est pas fichu de répartir correctement ses pécules, tout en pataugeant dans la fange des milliards récoltés, au chevet des morts et aux pompes des stations. Il amasse surtout et fait son beurre sur le dos des petites gens. Il n’est prodigue que pour une catégorie de citoyens, quant aux autres, ce ne sont que mendiants humiliés. C’est à qui sera le plus parasite et en même temps jouera le héros indispensable, tandis qu’en bas, le chômeur paria sera pourchassé…
Et si c’était pour faire du social, de la relance, de l’économie bien sentie, on ne pourrait qu’applaudir, mais non, c’est avant tout pour se sucrer dans le sens le plus médiéval du terme, qu’ils nous gerbent leurs ordres, qu’ils chipotent sur la ration de pain aux plus misérables…
Certes, des exemples contredisent ces affirmations un poil sectaires. Des gens courageux, honnêtes, travailleurs, peu intéressés existent. Il y a en Belgique une population qui travaille dur, se fait sentir les poches par nos larrons sans piper mot ; mais cette population reste modestement sur ses établis, ses planches d’épure, ses hauts-fourneaux. Seuls les batteurs d’estrade triomphent, s’enthousiasment et donnent des conseils, ce qui est proprement insoutenable à l’honnête homme.
Le drame aujourd’hui, c’est que les gens honnêtes le savent, sans pouvoir l’oser dire tant ils craignent d’incarner à eux seuls, le sens le plus bas du populisme.
Alors, ils se taisent. Que voulez-vous qu’ils fassent ?

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-Bon. D’accord. Il faut faire la part des choses. La vie du ver à bois peut être paisible et douce aussi, s’il se contente de sa condition de ver à bois. Chacun trace la voie qu’il peut. Il y a autant de bonheur à respirer ici, plutôt que là. C’est une question de poids du fiel ; une fois débarrassé, plus de rancœur, de basse jalousie… On peut aimer et être aimé à tous les échelons. La culture ne passe pas par la possession de trop de biens, de trop de savoir. Il vaut mieux une tête bien faite, qu’une tête trop pleine. Tous le savent, l’étude ne sert qu’à mettre l’autodidacte le pied à l’étrier. Le luxe ce n’est pas de posséder plus que les autres, c’est de vivre tranquille et sans la crainte d’être inquiété par une mauvaise action que l’on a commise par le passé dont on craint devoir s’en expliquer un jour. Vivre dans la bonne conscience réelle et non pas feinte est fort agréable. Satisfaire ses besoins et ne pas courir après ses désirs.
Qu’y a-t-il franchement d’exaltant à commander aux autres et puis sentir que l’on est plus ou moins obéi, que l’initiative que l’on a prise était la bonne ? La notoriété ? Elle commence par du stress et finit au cimetière, comme tout un chacun. Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, la chose est bien connue. A l’exception de quelques grands noms, l’histoire n’a retenu que le plus souvent l’espace d’une vie d’homme, de qui se souvient-on vraiment six mois après sa mort ?
Le patrimoine ? Bien sûr les petites mouches restent accrochées et les grosses passent à travers la toile que l’Etat araignée tend tout au long de notre vie, et pour cause, c’est ce qui le fait vivre.
Chacun a une fonction utile. Même le parlementaire marron, lorsqu’il est dénoncé, nous laisse voir que l’arbre cachait la forêt.
-Mais je ne suis pas amer. Je ne broie pas du noir. Je ne casse pas du ministrable. Je n’en veux pas à la terre entière. Je pense tout simplement que le pouvoir au lieu de communiquer verticalement par un réseau de communications descendantes, devrait se confronter aux communications ascendantes de la base ; que ce réseau ascendant est généralement atrophié et que ce sous-développement empêche que ce réseau fonctionne différemment et qu’enfin, s’il est loisible aux gens du dessus de communiquer aisément avec les gens du dessous, l’inverse n’est pas possible ; et que le dialogue au lieu de monter ou descendre, devrait s’étaler par palier et aller de haut en bas et de bas en haut par strates longitudinaux…
-Et alors ?
-... la critique me fait bicher et l’éloge m’emmerde…

17 janvier 2007

Ça volait ferme à la SABENA

Le désastre de la Swissair est à l’affiche des tribunaux suisses.
On ne peut voir les images de la direction helvétique de cette compagnie, tous innocents, comme il se doit, sans avoir une pensée émue pour notre compagnie aérienne bradée par des inconscients de la politique belge aux aigrefins de la Confédération qui l’ont proprement désossée avant de périr eux-mêmes de leur propre boulimie.
Ce qui est croquignolet et qui doit sidérer l’ancien personnel de la SABENA, le juge Van Espen dispose d'éléments laissant penser que la plupart voire tous les membres du comité de direction de la Sabena bénéficiaient entre 1992 et 1997, « de rémunérations occultes, versées au départ d'une société basée aux Bermudes, un paradis fiscal. L'existence de soupçons avait été éventée dans la presse il y a trois ans, mais, depuis, les enquêteurs ont réalisé d'importants progrès dans leur travail d'investigation. Sous réserves de découvertes de dernière minute qui contrediraient leurs soupçons, ils sont parvenus à comprendre l'ingénieux mécanisme mis en place par les dirigeants de la compagnie pour éluder une partie de l'impôt dû sur leur rémunération. » (Info du Soir).
Ces membres de la direction de la Sabena, étaient non seulement incapables de diriger une compagnie de cette importance, mais encore avaient constitué, fin 1991, une société aux Bermudes pour la couler davantage. Officiellement baptisée Sabbel Insurance limited, cette société avait pour objet l'assurance de risques non aériens de la Sabena, comme les pertes de bagages, ou les risques politiques dans des pays à la situation politique instable, comme le Rwanda. « Chaque année, la Sabena versait des primes à cette société. Les sinistres couverts par la société d'assurance étant rares (l'enquête dira si les primes étaient excessives), la société offshore réalisait de confortables bénéfices. Ceux-ci étaient ensuite reversés aux membres du comité de direction de la Sabena (la suite de l'enquête dira s'ils étaient tous concernés). » (Toujours selon l’info du Soir)
Ces incapables, maladroits à Bruxelles, étaient fortiches ailleurs côté combine. Afin de tromper le fisc, le bidule distribuable passait par le Luxembourg, la grande lessiveuse de l’argent du gotha belge. C’est Axa Luxembourg qui faisait la distribution, sans doute un peu comme dans notre Marine nationale sous la forme de cadeau de la Saint Nicolas, moyennant quelques « rachats » des primes et autres tours de passe-passe.
Pour les cartographes, le triangle des Bermudes passait par le Luxembourg !
On ne sait pas de combien chaque directeur en aurait croqué.
Le Soir situe le grisbi à environ un million de francs belges par an et par combinard de 1992 à 1997, en plus des rémunérations légales, bien entendu.
L'enquête du juge Van Espen n'est pas terminée.
En comparaison, les dérives de Charleroi étaient des pourboires, si l’on considère que certains détournements alimentaient des caisses de terrains de sports, des réunions de « prestige » bref, des réunions militantes du samedi soir, toutes choses hautement illégales, certes ; cependant, dans le cadre d’une politique laxiste et de longtemps acquise, dans une sorte de léthargie citoyenne et d’entraînement collectif, on peut comprendre.
Ici, des voyous en croquaient au moment où la SABENA criait famine.
Dans ce radeau de la Méduse que finalement devint cette entreprise, tandis qu’on demandait des efforts au personnel navigant et au personnel au sol, ces messieurs téléphonaient au Luxembourg, s’inquiétaient du temps qu’il faisait aux Bermudes, blanchissaient à longueur d’année.
Il est à souhaiter que l’on n’en reste pas là et que ces voyous de la finance alimentent par jugement la curatelle de la faillite, afin de distribuer si possible une compensation à un personnel qui a beaucoup perdu.
Bien entendu, avant le procès, les accusations, la constitution d’un dossier qui, paraît-il n’a pas encore révélé tous les petits arrangements entre amis, il pourrait se passer quelques mois, voire davantage.

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Dans ce foutu pays, chaque trimestre révèle son content de voyous dans les milieux les plus protégés, les plus éclectiques. Et sur le temps que ça pirouette encore et donne toujours « les bons conseils moraux qui s’imposent aux petites gens », les prisons sont pleines de pauvres diables qui ont volé des clopinettes, et qui sont tombés à cause de broutilles.
C’est fâcheux. Parce qu’à l’aune de la morale des riches, une évidence s’impose : les petits délinquants ne volent pas assez, pour éviter la Correctionnelle, ou, tout au moins, franchir la porte des prétoires que des flics en gants blancs ouvrent pour eux, se voir condamner avec sursis et s’en retourner se plaindre devant la presse de l’injustice qui leur est faite, et puis paisiblement rentrer chez eux pour se foutre de notre gueule en famille.

16 janvier 2007

Délire sarkozyen.

A la suite du show d’hier de Nicolas Sarkozy, je me suis demandé si tous ces champions de la jactance, du « toujours avoir raison », n’admettant jamais que l’adversaire pût développer un meilleur concept, ne relèveraient pas du délire de grandeur, plutôt que d’un altruisme empathique au service de « La nation », «Du bien public » et « De la justice égale pour tous » ?
Qui nous dit que ces gentils paranos de part et d’autres du micro (mais ici il s’agit bel et bien de cerner la personnalité de l’ambitieux politique et non pas la névrose de l’animateur télévisuel) ne sont pas dangereux ?
La distinction n’est pas facile à établir.
L’aliéniste Philippe Pinel pensait que certains de ces « maniaques » se distinguaient par la cohérence de leur jugement et le caractère partiel de leur délire. Il avait même trouvé un terme adapté. Il appelait cela une folie raisonnante.
Folie raisonnante que l’on pourrait dire « effervescente » chez Louis Michel et « en veille » chez des acteurs moins inspirés.
Un autre aliéniste, Jean-Étienne Dominique Esquirol ajouta « mélancolique », au délire triste ou « lypémanie ». Les « monomaniaques » pouvaient être parfaitement heureux.
Et de citer : « M. De R. entend des voix qui rendent justice à sa conduite et qui condamnent ceux qui l’ont contrarié… se croit en communication avec Dieu et avec les anges ».
On a souvent l’impression de « voyance » chez l’orateur inspiré.
Qui a entendu le discours de Di Rupo à Paris à l’usage des militants socialistes français plébiscitant Ségolène Royal, pouvait, en fermant les yeux, se trouver dans la forêt de Domrémy-la-Pucelle, pour tout autant que l’on accordât une osmose entre l’orateur et le soupir des anges !
Ce qui fait du paranoïaque un fou à part, c’est que son délire n’est que partiel. Cela n’empêche nullement l’intégrité de son jugement ; pis encore, il peut très bien construire autour de sa manie une existence heureuse et d’allure normale, bref prendre un visage très semblable à celui des gentils « paranos » qui l’entourent et que nous sommes parfois.
Serait-ce le signe d’une société qui se ferme sur les gentils paranos, selon François Roustang, tandis que les « délirants extrêmes » émergeraient ?

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On voit encore le règne souvent brutal d’adeptes de religions exigeantes satisfaire leur extrémisme mystique sur des populations sans défense. L’Iran aujourd’hui est le monde médiéval des Européens d’hier.
Nos hommes politiques, Nicolas Sarkozy et les autres ne vont pas jusqu’à s’autocélébrer dans la passion partagée du parti qu’ils incarnent seuls. Ils inquiètent cependant par des paroles sacramentelles, certains vocables à caractère répétitif comme « Démocratie », « Liberté d’entreprise », « Etat de Droit », qu’ils brandissent à défaut d’arguments comme des armes fatales, pour sortir de situations difficiles.
C’est ainsi que Nicolas Sarkozy saupoudre le drame des banlieues de solutions guerrières : plus de CRS, plus de police de proximité ; sans jamais parler de la paupérisation progressive, cause profonde du malaise.
Le délire de grandeur est un écran naturel à la remise à plat des concepts, ce qui de l’administrateur à l’administré empêche le dialogue.
Les délirants de la grandeur aiment s’attarder sur leurs conditions difficiles de départ dans la vie. Nicolas Sarkozy fils d’émigrés hongrois sans le sou, Elio Di Rupo, fils d’un mineur de fond italien, Michel Daerden, fils d’un modeste employé des chemins de fer, pour – de façon instinctive – faire ressortir « le chemin parcouru » en vertu de leur seul mérite. Bien loin d’encenser le père, ces parricides le tuent une seconde fois.
Ils auraient une psychose de jeunesse « issue de rêveries complaisantes » s’illusionnant sur la mémoire dans un délire d’inventeur.
Arrivé à l’âge mûr, le délire lié à des images de persécution de l’enfance semblera une mesure de défense contre les influences contrariantes de la vie, se manifestant par une surestimation sans mesure des capacités, un délire de compensation justifiant des positions sociales élevées.
L’aliéniste Kraepelin invoque même des « délires de grâce » préséniles. Le discours aux Français de Jacques Chirac, à l‘occasion du nouvel an, illustre les propos.
Tous « fous » nos dirigeants ?
Non. Bien sûr. Mais dérivant vers des délires que l’entourage et la pression exercée par d’autres délirants modèrent à peine.
Et comme il faut bien conclure, ne croyons pas Karl Marx quand il nous livre sa pensée dans « Thèses sur Feuerbach » : « les philosophes n’ont fait qu’interpréter diversement le monde ; il s’agit maintenant de le transformer ».
Au vu de l’incapacité de nos « transformateurs », nous n’en sommes pas encore là.

15 janvier 2007

Sarko me fait peur.

C’est fait. Le grand show médiatique vient d’enfoncer une porte ouverte. Voilà Nicolas Sarkozy adoubé par les siens et même par ceux qui, comme Villepin et Chirac, ont voulu sa perte.
Il faut dire qu’il était le seul candidat en lice. 98,1% des suffrages, c’est une élection comme dans les anciennes républiques bananières. Reste à se demander si les millions dépensés n’auraient pas été plus utiles à autre chose.
Bien sûr l’événement a été filmé, photographié, commenté et cela impressionne les gens simples; mais, on ne peut pas voir tout ce cirque sans faire le rapprochement avec les Conventions à l’américaine. Même tapage, même vocifération, même promesses dont ont imagine bien qu’elles ne pourraient être tenues sans obérer les finances de l’Etat français dans le rouge depuis l’avènement de Chirac.
L’actuel président, champion des promesses jamais tenues, se pourrait-il qu’il soit snobé par plus fort que lui ?
Le hall du parc des expositions à la porte de Versailles était bruissant d’une multitude venue de tous les horizons sans billet de transport, la chose étant réglée par l’UMP et le ventre creux, les sandwiches étant beurrés par les mêmes aubergistes.
Quand « c’est pour rien » l’ambiance est toujours formidable.
L'annonce du taux de participation a donné lieu à une mise en scène particulièrement gratinée, les secondes précédentes étaient scandées par des militants surchauffés par la vision de leur propre enthousiasme projeté sur grand écran.
Au moment du score, Sarko montait à la tribune pour prendre la parole. On peut le trouver démagogue, outrancier dans ses propos, se contredisant, variant le discours en fonction des circonstances, ce qu’on ne peut nier, c’est le talent de celui ou de ceux qui font ses discours. L’homme est habile comédien. Il joue la carte de la sincérité. Peut-être l’est-il dans l’ivresse de l’ambition satisfaite, dans l’euphorie de l’exposition de son image, dans le plaisir personnel d’être écouté et de convaincre ?
Après l’hommage à son ennemi intime, Jacques Chirac, le reste du discours partait gagnant d’avance avec un salmigondis d’hommages divers tout azimut dans le désir de s’entendre se gonfler d’importance par le prestige des noms et sous leur houlette de rassembler de la voix le parterre de moutons, comme jadis faisaient les bergers sur les collines du Parnasse.
Les militants ont eu droit au bottin des personnalités, telles que l’abbé Pierre ou Simone Veil et aux sites aussi dissemblables que le mémorial Yad Vashem ou le monastère de Tibérihine. Evidemment, il n’a pas eu recours à Jeanne d’Arc, devenue après l’usage qu’en avait fait le général de Gaulle, la propriété exclusive de Jean-Marie Le Pen ; mais Saint Louis, Carnot, Pascal et Voltaire ont eu leur tour à l’applaudimètre.
Ce qui est gênant dans ce discours triomphaliste, c’est qu’il pourrait peut-être susciter des faux espoirs au 80 % de travailleurs de France qui doivent se débrouiller avec moins de 2000 euros par mois.

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Il l’a dit dans son discours : il a changé ! En quoi ? « Parce que les élections présidentielles sont une épreuve de vérité. » On l’a vu avec Chirac, champion des promesses non tenues. Et on l’a vu avec Sarko aussi, qui a eu cinq ans pour amorcer son changement et que ce soit aux finances et à l’Intérieur, en quoi son changement personnel a fait changer le monde dans lequel il vit ? Les Finances ? La France va mal. Elle ne maîtrise pas la dette publique qui va croissant. L’Intérieur ? N’est-ce pas sous Sarkozy que la presse du monde entier est venue filmer dans les principales villes de France l’incendie de milliers de voitures privées ?
Eh bien ! s’il a changé, les militants de l’UMP viennent de voter pour quelqu’un qu’ils ne connaissent pas, puisqu’il aurait changé à l’insu de tous, dans le silence des cabinets et avec ses seuls conseillers. Car, celui que l’on a vu à Versailles paraît bien toujours le même, dans son discours, jusqu’à cette façon qu’il a d’aller vers les gens, comme il a l’habitude d’aller vers les flics sur le terrain afin de les féliciter de leur dernière bavure, comme à propos des deux mômes poursuivis jusqu’aux installations de l’EDF et qui y sont morts l’année dernière, sans qu’on sache au juste pourquoi ils étaient poursuivis.
Au soir de cette journée, ce type me fait peur. On le sent avide de résultat, pressé de réussir, mais de quoi ? Son enthousiasme pour la méthode américaine de gouvernement, s’il est élu, pourrait conduire à une dérive de l’Etat et à des solutions de choc d’un social privatisé, d’une pauvreté sans droit et d’une méconnaissance jointe à un mépris des gens qui n’ont pas de travail et qui en cherchent ou en ont cherché avant de sombrer dans le désespoir.
Oui, si j’étais Français, je ne pourrais faire confiance à ce type.

14 janvier 2007

Un Premier tout trouvé.

-Monsieur le bourgmestre empêché de Mons, comment dois-je vous appeler pour faire plus bref ?
-Appelez-moi monsieur Premier.
-Pourquoi Premier ?
-En souvenir de Louis XV qui avait 5 filles, qu’il appelait Première, Deuxième, Troisième, etc.
-Vous êtes royaliste ?
-Je suis pour une république socialiste dirigée par un roi.
-Comme c’est curieux !
-Dans la République de Platon, celui-ci met la conversation sur les lois de Minos et de Lycurgue et demande à Clinias la raison des repas en commun, qui sont d'usage en Crète et à Lacédémone. C'est en vue de la guerre qu'ils ont été institués, répond Clinias, parce que, lorsque les citoyens sont en campagne, le soin de leur sûreté les oblige à prendre leur repas tous ensemble. Mais cette institution n'a-t-elle en vue que la guerre ? demande l'Athénien. A côté de la guerre avec les ennemis du dehors, n'y a-t-il pas aussi des guerres intestines au sein d'un même État, et au sein même des individus ? Et n'est-il pas nécessaire qu'un bon législateur règle tout ce qui concerne la guerre en vue de la paix, plutôt que de subordonner la paix à la guerre ? Et c'est là une oeuvre qui demande plus de vertu que la guerre.
-Et le bon législateur, Monsieur Premier qui éteindrait les guerres intestines et rendrait à la vertu une prépondérance sur la guerre, c’est ?
-Je suis en campagne pour le moment et je partage mes repas avec des amis Flamands, si vous voyez ce que je veux dire…
-Vous vous autoproclameriez Premier une seconde fois ?
- Le débat est ouvert sur la légitimité d'un Premier francophone. Quant à la question de ma propre candidature comme Premier, attendez les élections et les tractations des partis pour la répartition des emplois.
-Vous croyez que votre heure est arrivée ? Vous ne craignez pas l’échec sur Bruxelles Halle Vilvoorde ?
-Je tends la main ouverte aux Flamands et je leur dis qu’il n’y a aucun problème, Brussel c’est Brussel et Hall, c’est Hall, quant à Vilvoorde tout pareil.

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-Vous capitulez sans discussion !
-Si nous voulons arriver à un accord et un Premier francophone, la compréhension me paraît nécessaire. Mais il ne s'agit pas de ma priorité.
-Quelle est-elle ?
-C’est de maintenir la monarchie au sein d’une république flamande et populaire.
-Et les francophones ?
-C’est détestable ce vocable. Nous avons en Belgique des Flamands et des Wallons. Les francophones, je ne connais pas. Le dialogue avec les partenaires flamands, voilà l’essentiel. Je ne suis pas demandeur de réformes institutionnelles, je ne suis demandeur de rien, mais si les Flamands le veulent. Pourquoi pas ? Leurs revendications ont toujours été fort raisonnables.
-Ainsi, la sécurité sociale ?
-Ils ne vont tout de même pas continuer à subventionner les Wallons.
-La réforme de la monarchie ?
-Je suis prêt à demander au ministre président flamand de faire passer des examens de néerlandais au roi et à son successeur.
-Et si, Monsieur Premier, malgré vos concessions, les Flamands s’obstinaient à vouloir un premier ministre flamand ?
-Alors, oui, nous serions intransigeants.
-C’est-à-dire ?
-Pas question de scinder BHV. Les droits des 300.000 francophones en Flandre ne sont pas respectés. La sécurité sociale, c’est la garantie des soins de santé pour tous. Enfin, nous remettrions en question la frontière linguistique et nous exigerions le retour des Fourons à la province de Liège.
-Evidemment, les Flamands ont de quoi réfléchir. Et s’ils étaient d’accord pour un Premier francophone, mais que ce ne serait pas vous, Monsieur Premier ?
-C’est une éventualité tellement chimérique que, pas plus tard qu’au Bureau de la semaine dernière, nous étions morts de rire, nous avions imaginé Michel…
-Daerden ?
-…plus populaire que moi et sollicité pour l’emploi de Premier.
-Et alors ?
-Vous voyez Michel augmenter la taxe sur les boissons et réglementer l’usage du tabac dans les cafés ?
-Non.
-Les autres non plus.

13 janvier 2007

Irak : la vietnamisation !

La récente proposition de Bush d’augmenter les effectifs américains en Irak procède d’une dérive de l’autoritarisme d’une personnalité qui veut avoir raison contre tous, au-delà de son propre mandat ; car, que pourrait faire son successeur avec un tel déploiement de l’armée sur un sol étranger, si ce n’est poursuivre pour un temps la politique néfaste de son prédécesseur ?
Alors que tout rapatriement intempestif équivaudrait dans l’opinion à faire l’analogie avec un traumatisme pas encore oublié, celui du Vietnam ?
Quand on refait le parcours du président Bush, on s’aperçoit qu’il n’en a jamais fait qu’à sa tête, comme s’il était inspiré par une autorité divine, comme si son pays était au-dessus des lois internationales ! Mensonge à l’ONU, conflit malgré celui-ci, suivi seulement par ses satellites comme la Grande Bretagne et des opportunistes comme l’Italie sous Berlusconi, lâché par toutes les puissances qui comptent comme la France et l’Allemagne, le voilà quasiment seul à partir en croisade contre un Al-Qaida qui n’existait pas en Irak, mais que son intervention y a fortement implanté, contre une arme nucléaire que le Régime irakien ne détenait pas ! Bush fait penser à ce cyclope aveuglé qui frappe à tort et à travers alors qu’Ulysse lui file entre les jambes.
Seul un tyran a été pendu, mais de telle manière que les abolitionnistes crient au scandale et les Sunnites au meurtre. Ce qui n’est pas à proprement parler une réclame en faveur de la démocratie, tant brandie comme une arme, pour un président qui la foule aux pieds à Guantanamo !
Il est encore trop tôt de dresser le bilan pour l’Amérique, mais aussi pour nous tous, de la présidence du dernier des Bush, enfin nous le supposons qu’elle sera ultime et que cette famille ne sortira pas un nouveau texan de sous ses stetsons. .
Mais, à vue d’œil, les dégâts sont considérables.

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Le terrorisme non seulement n’est pas éteint, mais renaît de ses cendres là où l’on croyait l’avoir éliminé, c’est le cas de l’Afghanistan. Ne doutons pas que cela va se traduire de la même manière en Somalie où l’intégrisme a été chassé de la capitale Mogadiscio avec l’aide des Ethiopiens et des conseillers américains.
Tout le monde sait que l’intégrisme musulman qui fait tant de tort à la paix dans le monde, fait surtout beaucoup de morts parmi les musulmans eux-mêmes.
Le bon sens voudrait qu’il faille admettre la religion musulmane partout où elle a des fidèles et tendre la main à ceux qui pratiquent cette religion pacifiquement.
Ce n’est pas le cas, ni en Europe, ni en Amérique, malgré les efforts qui ont été faits.
Voilà dont se nourrit le plus Al-Qaida et ses pareils, d’une forme d’ostracisme larvé et d’un racisme insidieux dont les musulmans souffrent.
Une religion minorisée, crainte et suspectée de tous les maux, est une religion qui ne peut raisonner les plus exaltés de ses membres.
Tant que l’Administration américaine n’a pas intériorisé cela, la démocratie sera battue en brèche par des oppositions religieuses, bien plus malaisées à extirper que des oppositions politiques.
Il faut bien dire aussi que l’autre exclusion, économique celle-là, due au système capitaliste n’est pas faite pour arranger les choses. Et dans ce dernier avatar, la politique de Bush n’y peut presque rien, sinon dénoncer certains abus de cartels, ou de malversations frauduleuses des dirigeants des grandes compagnies, comme ce fut le cas pour Iron.
Ce n’est pas vrai que chacun peut avec de la persévérance et du talent faire son trou dans la société actuelle. En plus des handicaps connus, tous plus ou moins liés à l’argent, s’ajoutent les méfiances au niveau des couleurs de peau et de religions.
Tout est lié. Le corps expéditionnaire américain en Irak n’est pas le seul facteur de la tension mondiale qui monte, avec le conflit latent en Palestine. C’est la partie active et militaire visible. Ce qui l’est moins, c’est le leurre d’une démocratie présentée comme égalitaire, et travaillée par le système capitaliste dominant qui cumule les inégalités.
Certes, il y a des courageux pour dénoncer la partie militaire du conflit. Il y en a peu pour lier le tout.
On le voit bien, en Belgique, petit pays à problèmes internes, mais aussi grand donneur de leçons en externe. Beaucoup d‘analystes seraient tenté d’avoir le même constat sur la navrante présidence des USA aujourd’hui, je n’en vois pas un qui critiquerait la démocratie américaine comme étant aussi un facteur de troubles profonds, de par ses concepts dont elle a infesté le monde.

12 janvier 2007

Les nouveaux Belges.

Tandis que la marmite est sur le feu et que certains Flamands dansent la danse du scalp d’une Belgique malade, même en Wallonie avec l’affaire Laurent, on se pose la question du coût de la monarchie dans un pays où la misère monte.
Le bon sens voudrait que les subventions et les cadeaux sous forme de location gratuite des biens de l’Etat s’arrêtassent aux personnes royales, le roi, la reine, et la famille du successeur, avec une pension confortable pour les veuves et princes consorts veufs éventuels.
Il paraît raisonnable, avec les relations qu’ils ont, que les autres n’auront aucune difficulté à se caser dans la banque ou l’industrie.
Avec l’acharnement des gens qui n’en veulent plus, la droite flamande et pas seulement, mais encore une partie conséquente de la population, une hypothèse, certes folle, pourrait aboutir à un autre scénario qu’une scission négociée.
Et si la rupture était unilatérale ? Si, sans préalable et sans passer par le blabla des pourparlers préliminaires, les Flamands retiraient leurs billes de l’Etat belge ? Quitte, quand même, d’ouvrir un débat avec les voisins Wallons sur Bruxelles, capitale aussi de l’Europe, ne faut-il pas oublier ?
C’est justement par Bruxelles qu’il faut commencer dans cette « absurde » hypothèse.
Ce cas de figure ne pourrait pas passer inaperçu en tant qu’événement, sur le temps que pour l’Union Européenne elle n’existerait pas juridiquement parlant.
Ce qui reviendrait à dire que l’Etat belge poursuivrait légalement sa carrière au niveau de sa représentativité au sein de l’Europe et au niveau international et que les sécessionnistes ne seraient pas reconnus, donc n’auraient pas de représentation diplomatique, pas de missions commerciales extérieures possibles.
Cette position deviendrait vite inconfortable pour la Flandre qui serait obligée de revenir, cette fois la corde au cou, à des négociations de type fédéral ou confédéral.
Par contre, à l’inverse, si les prétentions flamandes à tout maîtriser dans un Etat où la Flandre est majoritaire s’avéraient insupportables à la longue pour la Wallonie et Bruxelles, il ne serait pas exclu de penser que la Wallonie et Bruxelles demandent leur rattachement à la France, puissance majeure dans le cadre de l’Europe, la Wallonie étant anciennement des départements français détachés de la France après la chute de l’Empire, afin de constituer l’Etat belge voulu par les Anglais.
Les Wallons ne seraient pas en porte-à-faux dans le cadre juridictionnel de l’Europe et la Flandre, seule, pourrait revendiquer la place de la Belgique en Europe.
Cela ne manquerait pas de piment que cette Flandre qui n’en veut plus de l’Etat qui l’abrite, devienne par la force des choses, la seule à le représenter !
Evidemment, dans cette hypothèse, je ne donne pas cher de la dynastie.

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L’Etat belge unilingue et néerlandophone déposerait la monarchie vite fait et repliée sur elle-même vivrait avec ses démons un peu comme le fit Milosevic et les débris de la Fédération yougoslave. Les Flamands s’apercevraient vite de leur relative impuissance à faire entendre leurs voix avec leurs six millions d’habitants.
Il ne resterait plus qu’à nos ténors de la politique wallonne de se fondre dans le paysage français. Elio di Rupo en thuriféraire de la séduisante Ségolène, il connaît. Didier Reynders en sarkosyste, pourrait prétendre au fauteuil du bourgm… non, de maire de Liège. Je sens Joëlle Milquet prête à tomber dans les bras de François Bayrou. Nos palotins de l’extrême droite auraient des amours avec Jean-marie Le Pen. Malheureusement pour Arlette Laguiller et Olivier Besancenot, la gauche pourpre serait à inventer en Wallonie. Michel Daerden est tout à fait requis pour être président de Région, quant aux Frères Happart leur inaudibilité dans la langue de Molière les condamnerait à refaire de la pomme dans les vergers de Herve et environs.
A la mouture française et avec des statuts alternatifs de mise en condition du régime français, nous ne verrions guère de changement.
Par contre, du côté des nouveaux Belges, ce ne serait pas la fête. Que voulez-vous que les Hollandais, empêtrés dans des territoires qui prennent eau de toute part, fassent des Flamands ? On ne le sait pas toujours, mais il n’y a que les nouveaux habitants hollandais des Fourons pour aimer ces nouveaux belges là, puisqu’ils en sont eux-mêmes.
Pour qui connaît la Hollande, il y a un certain mépris de ce côté-là de l’Escaut pour la Flandre catholique, nationaliste et raciste. Les Hollandais sont des originaux, protestants pour la plupart, ouverts aux idées nouvelles. Il y a autant de différence entre un Hollandais et un Flamand, qu’entre un Flamand et un Wallon.
Certains pointus de la Tour de l’Yser, Gantois obstinés ou Anversois Vlaams belang, tomberaient de haut.
On en jubile à l’idée…

11 janvier 2007

Ecrire au jour le jour.

La Belgique n’est pas seule en cause, le constat est européen : la presse écrite traverse la pire crise de son histoire. La masse ne s’informe plus comme jadis par la lecture des journaux. Le désintérêt pour la politique y est pour beaucoup. On le serait à moins. On nous a assez dit que nous étions dans le meilleur système au monde. La lente dégringolade de tout, salaires, chômage, logement nous prouve le contraire, alors que l’on n’a jamais tant produit ! En s’accommodant de ce lent dépérissement, les politiques ont désarmé les débats. On imagine qu’il n’y a plus de différence entre la gauche et la droite. On les croit complices d’un système exténué et gravement attentatoire au progrès du plus grand nombre. Et si le peuple n’a pas tout à fait raison, il n’a pas tort non plus.
Du coup, il n’y a plus que la presse des scandales et celle du cul qui marchent. Tout au plus, pourrait-on y intégrer les magazines télé, qui se mettent à l’information générale, en concurrence de la « grande » presse.
Le regain d’intérêt pour l’info viendrait plutôt d’Internet. Mais Internet ne sera jamais la presse écrite.
La presse d’opinion voit une baisse régulière de son lectorat. L’équilibre économique des grands quotidiens est menacé. Sa disparition pourrait, à terme, menacer la pluralité des opinions dans nos démocraties.
D’aucuns diront que les opinions aussi peu diversifiées, ne justifient plus une presse d’opinion. C’est un cercle vicieux. Plus les tirages baissent, plus l’opinion se rétrécit, se racrapote au centre. C’est comme la fin d’une étoile qui s’effondre sur elle-même, puis qui implose.
C’est le cas du quotidien Libération. Sauvé in extremis, mais pour combien de temps ?
Indépendamment de l’économie capitaliste qui plombe les débats, nous piège et nous réduit à ne plus être maître de notre destin, tant au niveau économique, qu’au niveau social et politique, il ne faut pas minimiser les autres facteurs de déclin.
Les « gratuits » sont du nombre. En un peu plus de 20 ans, ces journaux ont développé leurs tirages au point qu’ils sont aux premiers rangs des « journaux » les plus diffusés. Conséquences : beaucoup de lecteurs ne lisent plus les quotidiens payants ; les annonceurs trouvent plus d’avantages à arroser les « gratuits ». Or les ventes en kiosque et la publicité constituent deux des principales ressources d’un journal, la troisième étant les abonnements.
Internet modifie les pratiques culturelles (musique, édition, cinéma, télévision), et n’épargne pas le champ de la communication. On n’a pas fini de constater ses progrès et on ignore encore si les métamorphoses successives de ce support de la pensée vont s’arrêter et stabiliser le secteur de l’information. Il est vraisemblable que nous avons encore à en attendre des innovations qui bouleverseront, peut-être définitivement l’information.
Le nombre d’Internautes aux infos sur la Toile ne cesse d’augmenter. Beaucoup de lecteurs y ont trouvé une plus grande diversité d’opinions que dans la presse écrite et ont déserté les journaux.
Internet fascine par les sites gratuits disponibles, par la possibilité aussi d’y créer son propre blog (Je m’y suis laissé prendre), et par la facilité d’échanger des opinions sur des sujets parfois rarement ou pas du tout traités par les journaux.
Pas folle la guêpe, le système capitaliste décrié comme un des principaux responsables du déclin, récupère déjà à tout va la liberté sur le NET, si l’on en croit un chercheur, Eric Klinenberg : « Internet a longtemps été caractérisé par le nombre illimité de ses nouveaux sites exprimant la diversité des opinions politiques d’un bout à l’autre du spectre. Mais, désormais, les sites les plus populaires sont contrôlés par les groupes de médias les plus puissants. »
Ce n’est pas neuf. Là où l’on renifle la possibilité de faire du fric, les mariolles abondent. Quand un nouveau média apparaît et que ça marche, c’est comme la ruée vers l’or. On ne respecte plus rien.
Et nous revoilà au cœur des grands médias, leur façon prédatrice et leur manque de culture désignent la cible, la dégradent et l’abêtissent. Avec eux les débats s’abaissent et les idées reculent.
Un article du Monde est sans équivoque : « En France, la propriété des grands médias est concentrée entre les mains de quelques groupes industriels et financiers, dont deux fabricants d’armes : Lagardère (via Hachette) et Dassault (via la Socpresse). Ce constat préoccupant doit conduire les citoyens à se mobiliser et à soutenir, en riposte, la presse indépendante dont fait partie Le Monde diplomatique. »

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En Belgique on n’est pas loin du compte de deux ou trois sources d’influence, pas plus, dans les mêmes dispositions offensives que les groupes français.
La peau de chagrin devra encore rétrécir. Plus elle se rétrécira, plus la presse indépendante perdra des journalistes compétents dont la façon de penser et leur art singulier manqueront à la liberté d’expression.
Peut-être bien, et c’est la seule consolation, qu’en dehors du commerce de la pensée, il se forme sur le NET une autre génération de journalistes, prête un jour à secouer le joug, dont le travail commence déjà, malgré les chacals et les manipulateurs.

10 janvier 2007

Oh ! les beaux débats…

Après les législatives, ça ne va pas traîner. Nos gugusses aux palabres s’asticoteront et se monteront le bourrichon pour les arrangements proportionnels sur des balances de pharmacien..
Oh que ça va être serré !
On se doute avec les revendications flamandes en avalanche, les airs effarouchés d’un Di Rupo, qui fait de plus en plus vieille fille, et les mines stupéfaites d’un Reynders, bourgmestre de Liège empêché à cause du ratage des élections communales.
Oh les beaux débats !
Les compromis de compromis de nos machiavels sortiront-ils le roi, la loi du pétrin flamandicide ?
Il n’y a pas de raison quand on commence à brader, de ne pas brader ce qui reste.
Mais la sécu ? Comment on va brader la sécu, sans foutre une pagaille noire ?
Retirer l’épine du pied de Leterme quand on va aborder le chômage sera difficile. Les Flamands sont convaincus que les Wallons se la coulent douce avec leur oseille.
Rien ne pourrait les détromper. Pourtant, s’il y a plus de chômeurs en Wallonie et pour cause, puisqu’il y a moins d’emplois, il y a plus de prépensionnés en Flandre et le prépensionné coûte cher. C’est un chômeur « de luxe ».
Quoique désastreux pour l’humanité dont on devrait faire preuve à l’égard des largués du système, les inspecteurs fédéraux du chômage raient à tour de bras et appliquent les mêmes règles de l’Escaut à la Semois.
Si les Flamands n’en démordent pas et que les liens se relâchent au point d’indemniser de différentes manières les sans travail, comment fera-t-on pour établir des conventions collectives, avec l’éclatement des interlocuteurs en zones linguistiques ? Par exemple une entreprise bruxelloise qui aurait un personnel recruté dans les trois Régions avec trois régimes différents, les personnels toucheront-ils des salaires différents et en cas de chômage partiel des indemnités particulières aux Régions habitées ?
Et les entreprises qui ont des sièges dans les trois Régions, comme Carrefour, Makro, Delhaize, de quelle manière vont-ils établir leur comptabilité ?
Plus on avance dans cette perspective, plus c’est un cauchemar. Parce qu’il n’y a pas que le chômage. Il y a les soins de santé, les taux de cotisations des mutuelles, des honoraires planchers, tout enfin va devenir inextricable.

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Le danger de cette dérive, c’est d’en arriver à la conclusion que pour que cela soit possible, il faudrait tout privatiser, comme en Amérique, même les indemnités de maladie et de chômage, surtout celles-là ! D’où une dérive possible à droite et une irréversible tendance à casser partout le sens de la solidarité, même plus nationale, mais individuelle.
Les assurances « tous risques » à l’américaine ont sombré dans un profond fiasco en Angleterre, copiant les mauvaises habitudes d’outre Atlantique. 90 milliards d’euros de déficit et des dizaines de milliers de pensionnés britanniques vivant en-dessous du seuil de pauvreté, est-ce cela la solution miracle « à la Flamande » d’une régionalisation radicale de la sécurité sociale ?
Il y aurait une telle pagaille dans les prix, ne serait-ce qu’au niveau de la consultation en médecine, avec des tarifs de remboursement différents qu’à moins pour les Flamands d’interdire aux Wallons de venir se faire soigner chez eux et à leurs compatriotes d’en faire autant en Wallonie, plus personne n’y retrouverait ses petits.
On voit bien que, malgré l’article qui a été écrit sur ce site qui portait sur la fatale diversité latine et germanique pour le divorce inéluctable, la théorie inverse qui consiste à dire « c’est impossible que nous nous séparions, ne serait-ce que pour des raisons techniques » reste fort argumentée et, par conséquent, fort probable.
Comme lever de rideau en 2007, c’est déjà pas mal, puisqu’on devra penser à ces choses avant et après avoir voté dans quelques mois, c’est-à-dire pour demain.
Dire qu’on n’en a rien à cirer et que de toutes manières nous n’avons pas le moindre pouvoir afin d’infléchir les choses dans le sens qui nous convient le mieux, c’est vrai. Mais tourner le dos à la merde que nos politiciens ont créée, alors que nous paierons toujours la facture de leurs conneries, ce n’est pas exactement ce qui nous convient non plus.
Beaux débuts pour 2007 et comme diraient nos amuseurs cathodiques « avant la situation était difficile et préoccupante, aujourd’hui, elle est catastrophique, mais ce n’est pas grave. »

9 janvier 2007

Confusion patronymique.

-Laurent, à l’âge que vous avez, vous êtes encore ceinture marron ?
-Pour être marron, je le suis, mais pas tant que mon ami Pierre-Yves.
-Même question pour Pierre-Yves. Vous avez fait une carrière fulgurante dans la marine, sans savoir nager. Vous expliquez cela comment ?
-J’ai une famille, tous notables de père en fils. Ma carrière dans la marine n’a pas débuté chez les pescadous. Officier d’office. Je suis très difficile avec mes habits. Le costume bleu ne m’allait pas mal… La couleur sombre cache mon embonpoint.
-Comment pouvait-on imaginer que vous alliez vous séparer, la grande championne et vous, mon cher Laurent ?
-Elle a voulu m’étouffer. Mais on n’étouffe pas Laurent le magnifique. Je passais inaperçu. Maintenant tout le monde sait que le bon gros, c’est moi. Je vais débuter dans la carrière.
-Vous allez jouer contre Federer ?
-Dans deux ou trois ans, quand je me serai imposé en junior.
-A passé 40 ans vous jouez toujours en junior ?
-Oui, grâce à Pierre-Yves qui a obtenu une dérogation pour moi et ceux de ma famille sur deux générations.
-Vous vous rongez toujours les ongles ?
- Oui, comme Pierre-Yves.
-Parle pour toi. Je mets des gants blancs même pour dormir. C’est plus chic au lit.
-Surtout pour accueillir les corps de marine du bâtiment.
-Pierre-Yves gardait ses gants pour serrer la main des maçons ?
-C’était pour les honorer et aussi pour écrire. On a difficile de signer des documents en gants blancs.
-Vous allez être inquiété ?
-On n’inquiète pas facilement Pierre-Yves, même si je suis le 43me au classement FRB.
-Un nouveau classement ?
-Oui.
-Le numéro un mondial ?
-C’est mon père.
-Qu’allez-vous faire si vous êtes convoqué ?
-Je répondrai à la convocation de la dunette de mon bateau : « De vishandelaar ».
-Où allez-vous ?
-M’asseoir sur un banc à Terre-Neuve.
-Les grandes manœuvres ?
-Ordre d’en haut ! C’est dommage, mais je ne verrai pas Laurent dans sa séparation avec J.H.
Tout ça, c’est de ma faute. Je lui ai présenté la caw-girl anversoise qui avait séduit Daniel Ducruet sur le rocher fatal… Laurent est faible. Au lieu de jouer à ses burnes, J.H. jouait à Melbourne…

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-La rançon du sport…
-Oui. C’est une grande championne.
-Qui ?
-Mais la caw-girl anversoise…
-Et aujourd’hui que l’actualité s’est emparée de vos deux noms au point de les confondre ?
-Nos destins ne sont pas les mêmes. J’ai un nom, je pourrais toujours m’en sortir.
-Oui. Pierre-Yves, c’est un double prénom à la Pierre Loti.
-Justement grâce à la marine, j’ai eu un logement gratis, mais qui me coûte cher !
-Vous ne devrez pas rembourser ?
- Vous savez bien que nous avons une réputation à défendre.
-Donc vous allez rembourser.
-Non. Pas du tout. Notre famille n’a jamais rien remboursé. Posez plutôt la question à Laurent. Comment envisage-t-il l’avenir seul sur son rocher, alors que J.H….
-Une réponse, mon cher Laurent ?
-Je peux encore en ramasser au divorce. C’est une question de principe…
-Comment, vous aussi ?
-Je n’aurais pas supporté l’humeur de J.H. pendant trois ans, sans une compensation. Et puis, ma nouvelle conquête va me coûter bonbon.
-Et la marine ne vous remboursera pas !
-Peut-être la fédération de tennis ?
-Pourquoi vous rembourserait-elle ? Mon cher Laurent ?
-J’ai pris conseil chez Ducruet. Ils ont volé mon image chaque fois que je me rongeais les ongles sur les courts. J’exige trente millions.
-De dollars ?
-Non, d’euros, rapport au change favorable. Si j’ai la somme, je tirerai Pierre-Yves du pétrin et je présenterai la créance à son père.
-En échange de quoi ?
-Je souhaiterais m’appeler le prince Laurent de Monaco. C’est possible.
-Et pourquoi Monaco ?
-Divorcé de J.H. et sans profession, il sera plus difficile de m’expulser comme parasite.

8 janvier 2007

Taïaut... les proprios !

Etrange débat ce dimanche sur la 5, Serge Moatti s’essayait au périlleux emploi de calmer les esprits lors du premier « Ripostes » de la rentrée des vacances de Noël.
En France : tout le personnel politique est convaincu qu’il faut trouver une solution au problème du logement. Et cette conviction partagée est aussi celle qui, en Belgique, devrait animer nos responsables de parti, ce qui n’est pas le cas, hélas !
Dans le brouhaha et la plus grande confusion, la droite classique et la gauche centriste se sont accordés sur un point, il faut une initiative immédiate. Les interventions d’après les intentions et les textes proposés laissent présumer que ce sera l’échec.
C’est ce vieux renard de Chirac qui avait soulevé la chose avec son opportunisme habituel, lors des vœux présidentiels. On sait qu’il cultive un double don, celui de parler des vrais problèmes et celui de ne jamais les résoudre.
Le projet français sur le droit au logement opposable sur lequel travaille le gouvernement, ne crée pas un droit supposé opposable au logement, il crée un droit de recours qui est soumis à des conditions telles qu'il est impraticable. On aura compris qu’établir un recours quand on est SDF et vivant sous les ponts, c’est trop tard. On est bel et bien à la rue et l’on y reste.
C’est un bluff de plus de Jacques Chirac, assez près des élections de mai pour que son « audace » reste lettre morte. En France, cela s’appelle un « effet cosmétique ».
Il faut d'abord faire une demande auprès d'une commission, qui décide (sans qu'aucun délai ne lui soit imposé) de classer la demande comme 'prioritaire' ou non. Si elle décide que la demande n'est pas prioritaire, alors le juge ne peut pas être saisi. Autre reproche : Le droit ouvert n'est pas celui d'obtenir un logement, mais « un logement ou un placement en structure adaptée », terme qui n'est pas défini mais qui vise clairement les foyers ou les hôtels meublés. Autrement dit, on ne va rien donner d'autres aux mal logés que ce dont ils bénéficient déjà actuellement.
Bien entendu les invités de Serge Moatti ne l’entendaient pas de cette oreille. Les trublions ne furent pas Christine Boutin, ni les représentants du PCF et du PS, mais les factotums de Gérard de Villiers, qui, c’était à prévoir, mirent l’accent sur l’immigration clandestine, pour se scandaliser par avance du droit au logement des sans papiers.
Cependant, parmi leurs arguments, indépendamment des couplets racistes habituels, ils soulevèrent un fameux lièvre qui est celui du droit à la propriété, si l’on veut loger tout le monde et que l’on fait appel aux réquisitions ou qu’une contrainte exercée on ne sait comment, pousse les propriétaires à diminuer les loyers, où est leur droit à gérer leurs biens comme ils l’entendent ?
Et là, évidemment, resurgit le vieux slogan du capitalisme sur l’inviolabilité du droit de propriété.
Personne ne s’est exprimé sur cette grave question, mais elle est primordiale. Jusqu’à quelle folie locative va-t-on augmenter les loyers en France, mais aussi à Bruxelles et ailleurs ?
J’entends bien qu’en Belgique, il y a blocage, c’est-à-dire frein sur la hausse ; mais, on a laissé monter les baux locatifs à tel point que les propriétaires vont pouvoir déguster la plus-value, avant de repartir de plus belle, quand on arrivera après l’hiver à la fin du blocage.
Les Enfants de don Quichotte citent les cas de plusieurs SDF, travailleurs réguliers avec des salaires pas trop mauvais (2000 euros) et qui dorment sous les ponts à Paris, leurs salaires étant insuffisant pour payer un logis décent.
L’Etat en construisant des HLM à tout va ne pourra combler le déficit logement. Les mesures radicales qu’il devrait prendre consistent bel et bien dans la réquisition des maisons vides et la pression – c’est-à-dire le viol du droit de propriété – sur les marchands de sommeil qui tirent des fortunes d’une pénurie de logements, sans aucun scrupule. (Le capitalisme, en a-t-il jamais eu ?)

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C’est donc bien le système capitaliste qui est en cause, par son manque d’efficacité, sa propension à exploiter les situations d’infortune et son extrême brutalité pour y parvenir (les expulsions et le vol des cautions locatives souvent disproportionnées par rapport aux taudis proposés).
Si le débat n’a pas été ouvert de la sorte sur la 5, c’est que Moatti est assez frileux sur la question, mais aussi ses invités, y compris le maire communiste.
On aura pu regretter l’absence d’un représentant d’Olivier Besancenot, empêché pour raisons électorales.
Mais le débat est lancé en France. Les vieilles chaisières du parti socialiste en Belgique n’en sont pas encore là, mais il faudra bien qu’un jour, ils y réfléchissent, en observant la manière dont les amis de Ségolène vont s’en sortir.

7 janvier 2007

Dieu est Belge.

Dieu est un point tangent de zéro et de l’infini. Docteur en pataphysique, Faustrol le dit.
Comme il n’a jamais tort, on peut dire qu’il a raison. Son ouvrage « de Paris à Paris par mer ou le Robinson belge » démontre bien qu’il ne faut craindre les hauts fonds que dans le cas où les bas-fonds leur succèdent. Et comme c’est immanquable, le docteur Faustrol s’y est donc aventuré. Il y a rencontré des créatures étranges, qu’il étudia tout au long de ses 63 ans invariables.
Les créatures des bas-fonds vivent sur le dos et se nourrissent de sécrétion. Leurs poissons pilotes sont des merlans, parfois des hotus, souvent des maquereaux…
Faustrol tomba dans leurs filets de maquereaux et en devint un fameux. Il vécut de la femme comme d’autres vivent du labeur d’autrui, ce qui est exactement la même chose si ce n’est que si les uns y sont autorisés, lui fut accusé d’infamie. On ne pardonne des péchés de jeunesse que jusqu’à un certain statut, son âge étant certain, son statut lui fut reproché.
Il tendit ses filets aux filles de l’Est, lestés d’espèces.
Il aboutit plus d’une fois à « l’éthernité » son sang étant particulièrement riche en particules élémentaires, il fit souche en frayant la hotue. Sa relation avec le roi de Pologne se passait à chaque fois que les filles de l’Est se délestaient au Nord (gare). Son ami était le gigolo d’un gigolo. Comme les différends étaient en zlotys, ce n’était pas grave.
Mais sa quête était ailleurs.
Sa recherche de Dieu fut la cause de ce qu’il crut longtemps être sa découverte et qui n’était que celle d’une martingale qu’il essaya vainement au casino d’Enghien. Désespéré de ne la point trouver quand il en attendait des miracles, il partit à la recherche du producteur.
Il vécut ainsi plusieurs années avec sa veuve qui ne parlait que l’araméen. Ils trouvèrent le point commun de deux langues étrangères. Cela favorisa les échanges et il en eut plusieurs enfants voués au seigneur.
Mais sa veuve n’était pas lui.
Personne ne vient de nulle part. Même pas lui. Il étudia toutes les contrées, afin de connaître de laquelle il était.
Il fallait bien que les gens qui l’avaient côtoyé fussent d’une grande stupidité pour passer à côté de dieu sans le reconnaître !
Il n’y avait qu’un peuple au monde capable d’aussi peu de discernement.
Il eut ainsi la preuve que dieu était Belge !
Faustrol connaissait la Belgique par ouï-dire. Il décida d’en avoir le coeur net.
Etait-il Flamand, Wallon, et même pire ?
Sa veuve supplia Faustrol d’arrêter les recherches.
-Et si dieu trouvait mauvais que tu baises sa femme ? Ainsi parlait sa veuve, grossièrement.
Mais, c’était un savant. Un savant n’arrête jamais. Ce n’est pas comme un joueur de tennis qui prend sa retraite à 25 ans. A 25 ans, un savant ne sait pas encore qu’il le sera. A 63 ans, Faustrol était au sommet de son art. Sa veuve se roula à ses pieds. Il la déroula patiemment.
Il n’était plus amoureux. Elle le sentit. Elle pâlit et rougit à sa déconvenue…
-Ciel, s’écria-t-elle l’air embarrassé.
-Tu sais où il est rugit Faustrol.
C’est ainsi qu’il partit pour Hasselt.
-Mais qu’est-ce qu’il fout à Hasselt ?
Et soudain la sagesse divine l’éclaira.
S’il avait choisi Hasselt c’était pour humilier les Flamands. Comme la BBC et peut-être la radio de la Suisse romande ne manqueraient l’interview pour rien au monde, il allait leur parler en anglais et surtout en français !
Epouvantable sacrilège de la nouvelle nation, elle s’apprêtait à répudier son roi, plonger la Wallonie dans la misère et réformer la sécurité sociale.
Mais les Flamands sont gens pieux. Jamais ils n’admettraient une quelconque apparition en dehors des apparitions réglementées depuis la disparition de JP.
Dieu dut fuir, changer de lunette et s’habiller Paco Rabane et surtout abandonner l’âne. C’est ainsi que Faustrol le retrouva sur les chemins de l’exil des plateaux d’Ans.

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Ans, serait-ce pire que Hasselt ? En effet, dieu avait un concurrent sur le sol ansois !
Mais alors un dieu populaire, plus fort que lui, dieu d’électeurs, du vin et des jolies femmes… un dieu intouchable. Comme un peu plus bas, du côté de la place du Marché on avait voulu faire croire que c’était un imposteur, tout le monde avait crié à la machination politique contre dieu. Tant il était probant que dieu n’était pas de Hasselt, mais d’Ans !
Ce que Faustrol raconte dans son nouveau volume, « les aventures de dieu et dieu, avec chœur et grandes orgues, envois de ballonnets et village de Noël, d’Ans à Ans. »
Il paraît que dieu a reconnu ses torts et que le seul dieu, c’est dieu. Dès lors dieu a permis à dieu de rester. On dit même qu’il suffirait d’un jour d’ivresse pour que dieu fasse de dieu un citoyen d’honneur d’Ans !

6 janvier 2007

Le libéralisme marxiste à la chinoise.

La chine devient compétitive, surtout en Chine. Ici, elle l’est depuis longtemps.
Verviers était le centre de la production textile. Il y avait des filatures et des usines de confection. Cela coûtait trop cher. La Corée les fit. Trop chers ! Taïwan ? Trop chers ! Enfin Les chinois ont fait nos costumes, pour le Sentier. Un triomphe. La qualité chinoise, la meilleure au monde. Mais il ne faut pas qu’il pleuve. L’avenir est au réchauffement de la planète et de la sécheresse. Alors…Les filateurs, les tailleurs et les coupeurs verviétois ont perdu leur travail.
En 2007, les Chinois, via le Sentier toujours, font faire des costumes en Belgique pour nous, la fabrication chez eux n’était plus possible, à cause du boum économique.
Les salaires en Belgique sont presque chinois, eux qui montent et nous qui plongeons. C’est le seul changement.
Aujourd’hui encore, les clients envoient leurs scies pour les aiguiser en Chine. Jusqu’au jour où les Chinois nous enverront les scies de leurs clients belges à aiguiser chez nous, pour regagner la Chine où elles seront facturées puis expédiées en Belgique.
C’est beau, non ?... la mondialisation.
Ah ! les beaux phénomènes, des cas d’encyclopédie.
Les Chinois travaillent, transport compris, à 4 % par rapport à ce que cela coûte chez nous, 8% même à Shanghai.
La grande nouveauté, c’est de déplacer une usine chinoise en bordure de mer, vers l’intérieur du territoire. Quand le personnel féminin peut faire tourner l’usine, c’est encore mieux. Vous mettriez une usine dans le désert du Taklamakan, la « Mer de la mort », dans la province du Xinjiang (Taklamakan signifie : on entre pour ne pas ressortir.) à y faire bosser rien que des femmes, c’est le bonus total, plus de 80% d’économie !
C’est ce que le bourgmestre empêché de Liège par l’électorat, Didier Reynders, appelle la réalité économique.

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On parie sur la durée du phénomène mondial de la réduction des coûts. 100 ans pour les plus avertis. On est bonards, nous n’en verrons pas la fin de la prospérité mirobolante. C’est une situation à peu près comparable entre les deux Europe, celle de l’Est et celle de l’Ouest.
Moins on gagne, plus on bosse et plus on ferme sa gueule.
L’économie chez nous subit une pression considérable. Nos parlementaires relookés façon Chine vous le diront, il faut se mettre à la compétition. Nous sommes trop lents, trop peu dégourdis sur les marchés.
Mittal va bientôt faire son acier ailleurs. Beckaerts n’a plus besoin d’acier pour la Belgique. Ils ne laisseront que des bureaux, histoire de glaner des subventions. On se couche bien encore sur les matelas de l’anversois, mais c’est tout.
Ah ! on l’a inventé le système à dix balles. C’est bien l’homme, ça. Il se l’enfonce bien profond tout seul, le libéralisme avancé en plein dans la rose de l’humanisme. L’histoire raisonnée du scepticisme d’Hegel, à la décharge ! Il faut croire pour survivre, patate !...
D’après les Autorités, ça baigne. Nous nous adaptons. Encore quelques bonnes poignées de licenciements et l’affaire devient rentable, à la Chinoise
-T’en veux une bouffée, dis, salope ? C’est de la bonne.
Les entrepreneurs flamands avec le système fédéral à la con, sont contraints d’avoir l’aval de Di Rupo pour diminuer les salaires et reculer l’échéance des pensions, bref, se refaire une santé façon Chine nouvelle.
Les libéraux lancent des bouteillons pour décontenancer la gauche. « Demain, il n’y aura plus d’argent pour payer les pensions. Que nos Flamands nous larguent et la recapitalisation de la Wallonie dans le plan Marshall, c’est foutu. Nous perdrons 20% de productivité tout de suite.
Ce sont les plombiers polonais qui engageront bientôt les nôtres pour travailler en Belgique au pris varsovien. » (Tiens on a déjà entendu ça avec la Chine.)
Yves Leterme le Mao Tse Tong de l’économie à la Flamande roule pour qui ? Rawls : le libéralisme égalitaire ; Dworkin : la loi de Salomon ; moi, je parie sur Nozick, l’Etat minimum. Nozick, c’est le meilleur. Une sorte de Marxiste-Léniniste du fric. Reynders, enfoncé, Di Rupo aux WC pour dames, peut-être encore un peu Loulou Michel, mais loin à l’Europe avionnante, gazelle volante de Nairobi à Ouagadougou.
« Business plan de la Flandre en action », Wen Jabao, le premier chinois apprécie. La grande collaboration Chine-Flandre pour demain, c’est promis. La Wallonie pas mûre encore… dans vingt, trente ans peut-être, mais la Flandre, tout de suite, l’impatience, la vulve douloureuse, le désir... L’ouvrier flamand aux manettes, l’ingénieur chinois à la direction, logique. Demain, la chemise flamande à moins d’1 euro, grâce à Wen Jabao. Ce n’est qu’un début, une collaboration d’essai…
A une condition, une seule, la Wallonie buiten.
Di Rupo chez le prince Laurent pleure avec lui pour des raisons différentes la Belgique de l’Expo 58.
On n’aurait jamais dû la démonter en 59. On l’aurait encore, on n’en serait pas là…

5 janvier 2007

La rue Félicien Content ?

Vous connaissez la rue Félicien Content ?
Il y a très longtemps que je la connais sans savoir comment cela m’est venu à l’esprit !
J’ai cherché partout dans les répertoires des villes et communes. Je n’en ai trouvé la trace nulle part. Evidemment le monde est vaste. Il se pourrait même, malgré des consonances francophones, que cette rue soit en Espagne, au Venezuela, en Afrique anglophone, que sais-je ?
Je me suis naturellement intéressé à Félicien Content lui-même. Il devait être quelque chose comme ophtalmologue. A cause de l’opération de Salmisch dans le traitement de l’hypopion. Ne me demandez pas d’où je tiens cela, mais c’est ainsi. Je sais même les deux dates avant et après lesquelles nous ne sommes plus rien : 1897- 1962, pour notre homme.
Félicien Content aurait traversé deux guerres. Peut-être se serait-il illustré à la seconde ? Mais alors, pourquoi ophtalmologue ? Qui aurait décidé que la rue porterait ce nom pour faits de guerre ou pour service rendu à la science ?
Des généalogistes m’ont dit avoir relevé beaucoup de Content sur les pierres tombales de l’ancien cimetière d’Amay. Je suis allé vérifier. Je n’y ai relevé aucun Félicien aux dates indiquées.
Je trouve cette rue d’une grande banalité à chaque fois qu’elle me vient à l’esprit.
Toutes les maisons se ressemblent, avec leurs jardinets avant l’entrée, leur unique étage et leurs deux fenêtres, l’une au-dessus de l’autre, sauf le 23 bis.
Le 23bis n’est pas à rue. Coincé entre le 23 et le 25, un étroit passage, probablement inconnu des deux maisons, voire de la rue entière, relie le 23bis à la voirie municipale. Il n’y a aucune indication de l’existence de ce 23bis à front de la rue Félicien Content. On ne sait pas si elle existe. Le facteur n’y apporte aucun courrier. Comment le pourrait-il ? Le passage n’est pas visible à cause d’un Lilas qui, du 23, s’étale au-dessus de la parcelle du 25 en masquant l’étroit chemin.
Pourquoi le sais-je ? Mais qui connaît la rue Félicien Content, à part moi ? Et pourquoi pas le 23 bis par la même raison ?
On ne peut interroger personne ni sur l’origine du nom de la rue, ni sur le 23bis, ni même de la langue que parlent les habitants, pour la simple raison que je n’y ai jamais vu âme qui vive, tout au long de mes promenades.
Car, j’y retourne souvent. On serait intrigué à moins.
Le lilas aux belles fleurs mauves qui masque le 23 bis est exceptionnellement touffu et chargé de fleurs en grappes serrées. Je ne l’ai jamais vu que fleuri, même en hiver. Il n’y a pas de saison pour lui. A la réflexion, la rue ne peut être en Afrique, comme me l’avait suggéré auparavant le mystère qui l’entoure, à cause des frimas.
Quand je dis que je n’y vois personne, en réalité ce n’est pas tout à fait exact. Certains jours, un enfant en trottinette coupe la rue à la transversale, là où se devine un carrefour avec d’autres rues et d’autres maisons.
Je lui ai fait de grands signes. Il regarde de mon côté, mais il continue de pousser sa trottinette de la jambe gauche, sans s’arrêter.
Depuis, nous nous ignorons. Sauf qu’il fait tinter un grelot en me voyant, dring dring…

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Un soir de pleine lune, on y voyait comme en plein jour. Il me sembla voir à travers le feuillage du lilas, au bout du passage, la lueur jaunâtre du fanal de la dernière voiture d’un train. Le 23bis serait-il une gare ?
Sans vraiment réfléchir aux conséquences de ma témérité, j’écartai les branches de lilas et me frayai un chemin, entre les murs du 23 et du 25.
Des gouttelettes d’un liquide sucré coulaient des calices des petites fleurs mauves. En écartant les rameaux de l’arbuste, mes mains en furent imprégnées. C’était comme une colle odoriférante qui fusionna mes doigts.
Au bout du passage, une porte basse peinte en rouge sang de bœuf, m’arrêta. Une main malhabile y avait écrit 23bis à la craie. Je la poussai, elle ne résista pas, mais je dus littéralement en arracher mes doigts soudés. Si bien qu’il en resta deux ou trois collés à s’agiter comme les annélides dans le sable des littoraux.
Le fanal, celui que j’avais cru accroché à un wagon était posé sur le seuil. Je le pris et j’entrai.
Sans qu’il n’y eût aucun être vivant de ma sorte, tout le mobilier, les tentures, les rideaux et les draps jetés sur les tables, jusqu’aux housses des fauteuils, semblaient appartenir à l’espèce humaine. Des rideaux gris se terminaient par des ombres la tête en bas, des lèvres remuaient au moindre souffle de vent, dans les plis extravagants de l’étoffe.
Les quatre pieds de la table, étaient des jambes qui, des cuisses aux hanches, suggéraient le début d’une nature callipyge.
Au lieu d’être épouvanté de ce spectacle inusité, il me sembla l’avoir toujours su.
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme, qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? », furent les mots de deux alexandrins que je dis d’un ton respectueux, que sembla apprécier le mobilier.
Je m’assis sur la tablette d’un fauteuil chippendale.
Je fondais et je ne m’en étais pas aperçu ! J’avais perdu mes mains, tandis que mes jambes s’intégraient à une console en marqueterie de Venise.
L’envie d’entrer dans un tableau de pierres « a commesso » fut la dernière chose qui me troubla, avant d’arriver à un état de grande tranquillité.
La suite alla de soi. J’entrepris une conversation avec un gros monsieur qui fumait une pipe longue comme un fusil à pierre dans le décor d’un bahut flamand.
Dehors, la lune offrait ses services en remplacement du soleil. L’atmosphère était celle d’un dimanche à l’ancienne, quand submergé par l’odeur d’encaustique et le battement de cœur d’une horloge à pied, je m’endormais assis sur mon petit banc, la tête sur les genoux de mon grand-père.
Je ne sais pas toujours où trouver la rue Félicien Content. Mais, j’y retourne !

4 janvier 2007

Un rôle à jouer.

Nous tenons bel et bien un rôle dans la vie de tous les jours, quoique nous nous en défendions. Jouer un rôle, n’est-ce pas poursuivre une vérité cachée, celle qui révèle ce que nous aurions voulu être ou qui met l’accent sur ce que nous sommes trop ?
Ce rôle est directement influencé par une hiérarchie sociale faite de conventions. Nous interprétons le personnage que l’on croit que nous sommes et puisque nous le jouons, nous le devenons effectivement.
1. Nos origines familiales ; 2. Nos études ; 3. Notre aptitude à exercer une profession, sont autant d’éléments qui nous fixent pour de longues périodes là où la troupe sociale dans laquelle nous évoluons honore ses contrats.
L’ensemble de ces paramètres nous situe dans la relation sociale et, par conséquent dans la société.
Nos originalités ne se conçoivent – sous peine de déchéance ou d’exclusion - que dans une situation familiale élevée permettant l’indépendance aux membres qui la constituent. Elle n’est pas ouverte à tous ; mais, à quelques-uns, voire à un seul. Nos études sont les critères les plus faciles et les plus rapides d’évaluation. En réalité, ces études brevettent la capacité d’entrer en service dans une branche d’activité, avec de bonnes chances d’y réussir ; mais ne sont en rien les preuves d’un niveau de création critique, en un mot de changer les rôles..
Comment se forger un rôle conscient dans ces simulacres ?
L’individu trouve dans la routine l’anesthésiant à la réflexion. Il n’est plus en mesure de réfléchir aux possibilités d’actions qui seraient à sa portée hors de la poursuite « d’une carrière » liée aux conventions et aux hiérarchies.
Sa routine s’est inspirée des précédentes et s’est enfermée dans des modèles éprouvés de stéréotypes.
Berger et Luckmann ont résumé les devoirs d’obligations comme suit : « Les institutions, par le seul fait de leur existence, contrôlent la conduite humaine en établissant des modèles prédéfinis de conduite, et ainsi la canalisent dans une direction bien précise au détriment de beaucoup d’autres directions qui seraient théoriquement possibles. »
Et nous voilà avec un matricule invisible mais tatoué quelque part dans notre cerveau.
« J’appelle snob une personne qui ne peut voir une duchesse sans la trouver charmante » dit Proust. Voilà deux exemples de statuts dont il serait difficile que les parties se départissent : la « personne qui ne peut voir » et « la duchesse toujours charmante », deux statuts complémentaires dont on ne saurait dire qui a le plus besoin de l’autre.
En risquant une formule, on pourrait dire que le statut est un modèle déterminé en vertu des valeurs d’actualité qui ont cours dans la société.
Le défaut de l’attribut de départ annule le statut. Si l’acteur social passe outre, son action devient illégitime, par exemple, un homme doué d’imagination et bon dessinateur, ne peut pas signer un plan d’architecture. On peut avoir les cheveux longs et une vie de bohême sans avoir jamais écrit aucune poésie ou peint un tableau.

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La société surveille ses membres et les sanctionne lorsqu’ils s’écartent de leur statut.
Peu d’acteurs sociaux choisissent leur rôle, d’où dans une large diversité d’appréciation ce qui émerge est un mal être indéfinissable. Les comédiens sont saturés ou sous employés et encore mal distribués.
On ne choisit pas de courir derrière les machines robots afin de les approvisionner, mais la nécessité y oblige.
Le statut différencie les groupes sociaux et partant crée - que le veuillent ou non les partis politiques - des classes sociales reprenant des acteurs de la même condition, mais non pas des mêmes savoirs, ce qui engendre des tensions à l’intérieur et à l’extérieur des classes sociales.
Ce sont ces tensions qui, plus ou moins maîtrisées donnent des sociétés turbulentes.
Il n’est pas prouvé que la Belgique n’entrera pas dans une période de turbulence à partir du moment où se révéleront les antagonismes profonds jointifs aux intérêts des classes. Le bourgeoisisme n’est qu’un vernis dont beaucoup d’acteurs s’en réclamant, ne sont en réalité que les instruments du centrisme bourgeois.
Le personnel politique dispose d’un statut qui ne lui permet pas de déroger aux règles de conduite qui le condamne à défendre des intérêts qui sont en contradiction avec ceux, réels, d’une majorité.
L’action politique au niveau des groupes sociaux reste un argument de théâtre. C’est celui qui recueille le plus de triomphe ou d’échec d’une représentation à l‘autre, mais aussi celui aussi qui procure le plus de sensation à l’acteur, qui bénéficiera d’une popularité facile et de cachets élevés.

3 janvier 2007

Comme le temps passe !...

Jonathan Swift dans « Prédictions pour l'année 1786 » tourne en dérision les augures et les pythonisses, sur ce que l’année sera. Les esprits sérieux s’accordent à dire pareil pour 2007.
Je suis perplexe, car n’étant pas un esprit sérieux, j’ai cependant tendance à penser la même chose ?
Avec de bonnes raisons et une aptitude au scepticisme, on peut penser sans honte que demain ne sera pas différent d'aujourd'hui. L’accélération des techniques, bon, cela va-t-il se poursuivre au même rythme ? L’échéance encore lointaine de la fin du pétrole ne perturbera pas trop la course à la nouveauté. Ce qui est gênant, ce sont les échéances pour certains progrès dans la connaissance de nos voisines les planètes du système solaire. Pensez, sur mars dans 35 ans ! Il y en a combien qui lisent ce blog qui iront jusque là ?
L’homme s’habitue à tout. Quand on sait d’où on vient, ce ne sera pas pire où on va !
Il n'y aura jamais de progrès dans certains domaines. L'homme ne sera immortel que dans ses histoires de science fiction. Pourquoi faire bon sang ! Un quart d’heure d’attente chez le dentiste est proprement insupportable.
Les virus sont plus anciens que nous sur cette terre. Ils nous aiment pour nous grignoter. Nous serons toujours soumis à la maladie et à leurs caprices. On les extermine quelque part, ils renaissent ailleurs plus fort. Ils mutent plus rapidement que nous et ils s’inventent sur tant de formes qu’avons-nous à peine fini de les combattre sous une forme, qu’ils apparaissent sous une autre. Notre tas de viande les intéresse. Je n’ai jamais su pourquoi il leur faut tout et tout de suite, si bien que leur garde-manger disparaît avec nous, de sorte qu’en nous condamnant à mort, ils passent l’arme à gauche aussi. Ces kamikazes nous haïssent donc tant que cela, ou sont-ils stupides ? Alors qu’ils devraient nous ménager pour durer avec nous le plus longtemps possible. Il est vrai qu’ils prolifèrent et que leur méconnaissance du malthusianisme interdit le contrôle des naissances.
Progrès technique, certes, mais pas à l’infini. Ce qui étonne, c’est le peu de progrès de ce qui devrait accompagner la technique : la morale ! Rousseau était un utopiste, avec son Emile et son éducation bucolique et à haute valeur éthique ajoutée. La croyance de l’homme bon a produit des générations d’idiots et en produit encore.
L'appareil juridique n’apparaît pas plus efficace, mais est moins barbare que lorsque les bois de justice étaient tenus par des barons médiévaux, quoique l’on pende et l’on massacre toujours un peu partout allègrement. Personne n’a jamais répondu par des actes à la réflexion de Renan : « Il n’y a pire injustice que celle qui consiste à traiter également de choses inégales. » Et ce n’est pas en 2007 qu’on le fera.

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Il n’y a rien de plus réjouissant que le pessimisme noir. Croire que tout va aller mieux, que les situations de famine cesseront et que les guerres s’arrêteront d’elles-mêmes par excès d’absurdité est d’un optimisme béat qui désole l’esprit et sape le moral plus que le pessimiste le plus engagé dans la noirceur. L’optimisme moyen est un acte de foi sans l’être, une sorte de bourgeoisisme qui consiste à prétendre que tout fini par s’arranger par une paresse intellectuelle qui trouve vain de réfléchir à ce qui finira par trouver son ordre naturel.
Le pessimiste ne peut être la dupe des événements, ni du progrès, ni de la morale, ni de ce qui est officiel, le dupera qui le pourra, c’est-à-dire pas grand monde. C’est sa force.
La conception tragique de la vie peut nourrir le pessimisme mais peut aussi attiser la joie de vivre, en ce que celle-ci entend dans les raisons de condamner la vie, de maudire toutes les tristesses et les misères qui lui sont attachées, et cependant résister aux raisons contraires. C’est le monde du paradoxe, cette joie de vivre… C’est le pied, en un mot.
On se demande parfois si en développant son intelligence par la nécessité de se défendre des autres espèces, l’homme n’a pas mis le doigt dans un engrenage dont il n’est pas à la hauteur de percer les secrets du mécanisme. Nos frères, les grands singes qui ont tant de nous, se sont arrêtés à un niveau de développement qui leur fait la vie belle. Ils ignorent le temps, et par conséquent leur condition éphémère. L’homme voit au contraire le temps s’accélérer de façon prodigieuse de sorte que sa vie tout en s’allongeant mathématiquement, se rétrécit en réalité. Il lutte contre le temps, s’invente des techniques pour s’y adapter, devient ergonome, behavioriste, parce qu’il veut en savoir trop, et n’aura jamais assez de temps pour tout savoir et entreprendre. La vie est la plus difficile des tâches, et l'amour de la vie le plus vrai des besoins. Si elle défile comme un film, nous ne savons même plus quel rôle nous interprétons, ni même si nous sommes dans le générique. Nous ne sommes plus nécessaires. Nous perdons la satisfaction du singe de vivre dans la joie simple d’un quotidien qui s’arrête au coucher du soleil pour reprendre à son rythme au lever du jour.
Enfin, 2007 s’arrêtera bien un 31 décembre, sans quoi, que ferait-on de 2008 ?

2 janvier 2007

Humaniste, la démocratie ?

Car enfin, l’humanisme n’est-il pas d’abord un combat pour l’homme, pour TOUS les hommes ?
Certes, l’humanisme pratique nous réunit. Qui serait contre ? Ne sommes-nous pas condamnés à vivre ensemble, à nous supporter et à réussir, parcelle par parcelle, dans une humanité dispersée, différente et contradictoire ?
Oui mais, l’humanité n’est pas un principe explicatif, mais un effort de l’un vers les autres, tous les autres, justement, sans tenir compte des parcelles.
Et dans ce domaine qui sommes-nous et où allons-nous ?
Ce n’est pas parce que les trois-quarts de l’humanité crèvent de faim que nous ne mangeons pas à l’aise nos tartines de confiture le matin en sirotant notre café. Ce n’est pas parce que notre voisin est chômeur que nous ne réclamons pas davantage d’efforts de nos subalternes afin d’arrondir notre paie. Ce n’est pas parce que des enfants sont emprisonnés à côté de leurs parents à Vottem, pour la simple raison qu’ils n’ont pas la chance qui les aurait vus naître en Belgique plutôt qu’ailleurs, qui va nous empêcher de déposer pour les nôtres les cadeaux rituels sous le sapin de Noël.
Une pensée de commisération, une obole dans le tronc d’une association caritative, un regard de compréhension pour des situations pires que les nôtres, certes, nous faisons preuve par là d’humanité, mais est-ce vraiment de l’humanisme ?

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Beaucoup n’en ont pas conscience, mais nous sommes à la fois les promoteurs et les prisonniers d’une démocratie dont le sens nous échappe, au service d’une économie rationaliste qui nous échappe davantage et dont nous avons le toupet, par le biais d’un libéralisme qui nous arrange, de la faire coïncider avec les « valeurs » de l’humanisme !
En réalité, nous nous endormons dans une théorie explicative de « l’humanisme du possible » dans un monde bouleversé des techniques et du progrès qui, croyons-nous, pousse l’humanité vers le haut, alors qu’en réalité, elle la pousse vers le bas.
Nous délirons de la sorte au nom de nos valeurs ! Pour les définir, il faudrait que l’on puisse savoir ce dont on parle, qu’une valeur soit au moins quelque chose de réel, selon le propos de Platon : Un monde intelligible, avec dedans une idée d’Homme !
Hélas ! Nous savons tous qu’aucun politique, aucun savant ne peut entreprendre une explication sérieuse des guerres, des religions contradictoires, aussi bien que les fortunes scandaleuses érigées sur des monceaux de cadavres, des famines sans nom ou des exploitations honteuses.
Les sociétés qui sont les produits des associations humaines ne sont finalement que des associations de hiérarchies confuses d’où émergent les anciens négriers devenus par adaptation les grands financiers.
Faut-il se voiler la face ? Certains noient leur ignorance volontaire dans un bourgeoisisme qui est devenu une sorte de placenta originel, d’autres pleurent la « mort de l’homme » comme le pyromane crie « au feu ».
Comprendre ce qui fait la société dans laquelle nous sommes, reviendrait d’essayer à se comprendre soi-même.
Notre destin qui semble tracer à l’avance s’en trouverait peut-être bouleversé ?
Henri Poincaré a fait justement remarquer que la science parle au présent et jamais à l’impératif. C’est là une leçon qui nous détermine à parler des faits. Et pour ce faire, quoi de mieux que de mettre à plat les faits qui nous autorisent à voir ce que nous sommes aujourd’hui et prédire ce que nous deviendrons demain, dans la poursuite implacable des conséquences de ces faits ?
A l’exception de quelques zones d’un progrès matériel, en passe d’être asphyxiées par la prolifération de l’inutile, sans être débarrassées pour autant d’une misère locale toute relative, les guerres, et les religions antagonistes nous font augurer d’un sombre destin collectif. !
Quand trouvera-t-on le courage de dire en face du monde entier que nous sommes tous les acteurs d’un échec planétaire ?
La contemplation d’une satisfaction illusoire, non seulement aucune valeur morale n’en transparaît, mais en plus épuise la terre, pourtant si féconde, comme la mère s’épuise d’enfantements répétés et sans fin.
En attendant qu’éclate la vérité sur nos illusions, sur nos égoïsmes, sur le système capitaliste, le plus redoutable des systèmes et le plus meurtrier pour l’humanité, répétons avec Montaigne : « j’estime tous les hommes, et embrasse un Polonais comme un Français, superposant cette liaison nationale à l’universelle et commune. »
Ce que mon voisin traduira par « Tout ça ne nous rendra pas le Congo. »

1 janvier 2007

Sale temps pour les blogueurs.

Sale temps pour les blogueurs (1) en cette fin d’année et le début de la suivante.
C’est que les estomacs sont barbouillés. Les chats finissent le foie gras dans les assiettes sous l’œil rond des maîtres. Le rance des excès ne porte pas à l’ouverture des ordis. Les plus plombés sentent une douleur aux gros orteils… la goutte qui fait déborder le vase.
Richard III peut aller se faire foutre. On se prend trop la tête à ses conneries. C’est pas demain la veille qu’on ouvrira son blog pendant les congés... Ce type ne fonctionne que lorsqu’on s’emmerde profond au boulot et qu’on a la rage de s’être laissé enfermer jusqu’au soir dans un bureau où il n’y a que deux mètres carrés à disposition, quand l’écran de l’ordinateur et tout l’attirail autour en bouffent près de la moitié.
Alors, oui, c’est chouette. Ce type a dû en baver. Ou c’est un vicieux qui retourne le couteau dans les plaies… ou… c’est un patron qui a fait faillite et qui a changé de bord, ou c’est un enculé qui s’est tapé un militant socialiste de Charleroi en petit tablier et fil à plomb !
On ne sait plus très bien si on va se coucher ou si on va finir la nuit sur place en écrasant un bout de graillon sur le velours du fauteuil IKEA d’une fesse trop lourde pour qu’elle se soulève.
Madame est pareille, tendue à cause d’Edouard. Elle l’a été toute la soirée, mais elle a donné le change. Le dernier invité est parti en titubant. Elle a fermé violemment la porte derrière lui avant qu’il ne démarre dans la nuit au volant de ses 1300 kilos de ferraille. Elle est comme le mari, envie de s’affaler n’importe où dans le décor apocalyptique de guirlandes aux ampoules mortes et des assiettes pleines de choses vertes et brunes sur la table dévastée.
Sa robe noire au décolleté vertigineux régurgite la coquille baleinée d’un soutien gorge dont les occupants ont été chassés de leur logement par le défaut d’un élastique.
Le fond de teint a fichu le camp. Elle ressemble à la poétesse androgyne qui récitait des vers en se branlant sous la table des biennales de la poésie en 99.
C’était quand même plus calme à Noël, avec la dinde fourrée de cochonnaille et cette vague odeur de pourri quand tante Marie embrassait à la cantonade en parlant du petit Jésus… cette puanteur à la violette, une marque familiale à laquelle on s’habitue d’une génération l’autre…
Dès vingt-trois heures, on s’était regardé en lorgnant l’horloge du coin de l’œil dans l’attente des douze coups, avec parfois un gargouillis de l’estomac de Félicien-la-couille, ainsi appelé parce qu’une oie lui en avait englouti une quand il n’avait pas trois ans.
A Noël, c’est la tournante. On ne verra plus les gueules d’enterrement qu’en 2010, si l’oncle arrive jusque là.
Au début du réveillon de l’an, Etiennette ne sait pas encore que c’est fini avec Edouard. Elle respire à l’aise dans sa robe ajustée, en attente d’un coup de fil de lui entre les fêtes pour un « aprem » à l’hôtel

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Le raout de la saint Sylvestre, est plus chaud, aussi peu ouvert à l’intelligence et à la conversation que l’autre, mais grâce à la jeunesse, plus mouvementé.
Etiennette et Arthur ont une obligation de réussite. C’est la compette snobinarde…
Un challenge avec le couple Yvette et Paule, deux gouines légitimes et fines gueules, Jules et Julie, les amis d’enfance d’Etiennette et des voisins amis du club « Les angoissé du Trou Louette », plus une pute, Madeleine, qui fait des passes à 50 au Pont d’Avroy et qui a épousé un militaire de carrière en mission en Afrique.
Pourtant malgré ou justement à cause de la beuverie, le pari n’a pas été tenu. Le challenge est raté. Etiennette s’est défoncée pour faire rire, à défaut de bien bouffer. Comment donner le change quand on vient de rompre avec Edouard l’invité de la dernière minute, qu’Arthur avait invité parce qu’il a un faible pour la pulpeuse Maryse, la légitime d’Edouard, et que tout s’est dit en cinq minutes dans le couloir, alors que Maryse, devant, passait au salon et que Edouard lâchait à Etiennette en lui tendant son manteau, qu’il venait seulement pour ne pas éveiller les soupçons d’Arthur, mais qu’il ne fallait plus compter sur lui pour rien.
C’est tout le micmac de la société bourgeoise, des parties de cul aux sorties des bureaux, plus que la poire Williams qui est à la base des aigreurs
C’est permissifs à crever, les bourgeois.
-Il est en train de nous dire, ce con de Richard, que c’est permissifs les bourgeois, dit Arthur, qui a quand même ouvert la Toile et qui a glissé sur « ses » favoris.
Etiennette a jeté ses chaussures à hauts talons sous la table. De sa jupe fendue, Arthur aurait une large vision sur un slip rose s’il n’avait pas depuis longtemps décidé que ça ne l’intéressait plus.
-Tu sais ce qu’il écrit, ce salaud ?
-Fait chier…
-Non. Que tu as fait la gueule parce que tu ne couches plus avec Edouard et que Maryse me fait bander…
-Qu’il écrive toutes les saloperies qu’il veut, sur moi, sur Edouard, sur Maryse et même sur toi, j’en suis à un point de saturation que tu peux pas comprendre.
-Tu sais quoi ? On ferait mieux de dégueuler un bon coup et d’aller dormir…

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1. Sauf pour ceux qui publient le film complet de la pendaison du nouveau Nabuchodonosor.