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30 septembre 2009

Le libéralisme est plus qu’avancé…

…il est faisandé !

Après la justice de classe : lourde pour les petits délinquants, inexistante ou presque pour les gros fraudeurs, les politiciens ripoux et les banquiers malhonnêtes, voici le décervelage et la misère des travailleurs d’en-dessous au regard des fortunes encaissées par les patrons d’au-dessus.
Sauf que cette fois on n’est plus au temps de germinal. On ne sent plus la camaraderie des corons et le syndicalisme militant donner de l’espoir et réchauffer les cœurs.
Le néocapitalisme a perçu un meilleur rendement dans l’individualisme. Aujourd’hui, en 2009, l’homme au travail est seul dans son entreprise.
Le socialisme ayant retourné sa veste, les syndicats faisant office de mont-de-piété des plaintes, il reste le suicide…
Le geste est définitif, mais il laisse un goût amer de gâchis humain.
Le suicide au travail n’est pas un phénomène nouveau. Les médecins du travail, exécutants passifs des demandes patronales, ont quand même signalé ce phénomène depuis vingt ans.
Aujourd’hui que la presse en parle – même dans Voilà – on s’en inquiète.
Peugeot, puis EDF ont fait tant de pression sur les personnels que les phénomènes de stress s’y sont accumulés. On a fini par s’en apercevoir jusque dans les chaumières. On jase. C’est (1) pas bon pour les friqués, pour le système, pour les libéraux. Ça fait mauvais genre.
Le plus dramatique, c’est que le décervelage et la pression exercée sur les travailleurs est un phénomène incontrôlable qui ne peut pas s’arrêter en raison de la mondialisation de l’économie, sauf si on casse la belle machine productiviste, ce qui serait un grand malheur pour des types de la chiourme de l’espèce de Louis Michel, qui ont besoin de galériens pendant qu’ils se grattent les couilles.
La raison pour laquelle aujourd’hui on considère - passé un certain seuil de tolérance - que la vie ne vaut plus rien, n’est pas difficile à comprendre. Elle commence par la perte de l’estime de soi à partir de l’évaluation de son travail comparé aux autres salariés.
C’est l’aboutissement de cinquante années des systèmes Taylor & Parker and C°, joint aux années de « découvertes » et aux possibilités de l’ergonomie et de la médecine sportive d’endurance.
L’idéologie du mesurage reste la chose la plus abjecte que je connaisse. Elle consiste à entreprendre la comparaison du plus faible sur le plus fort, afin de globaliser l’ensemble, sans tenir compte qu’il s’agit ici d’êtres humains et non pas de chevaux de débardage.
Bien entendu, la surveillance de l’application de ces théories constate de plus en plus souvent la perte de motivation. Les petits chefs sont alors contraints de mixer les services, de déplacer les personnels, de chercher à rendre de la motivation par des menaces, des baisses de rémunération sous forme de suppression de primes à la production. Peine perdue, c’est un fiasco. Pour activer le rendement, le fouet n’a jamais eu qu’un temps limité.
Alors on saque dans les « vieilles » couches de l’usine que l’on remplace par des jeunes, espérant par là chasser « le mauvais esprit ».
Avant, le syndicaliste militant était considéré comme le meneur. Comme il n’y en a plus guère, le vieil ouvrier ou le vieil employé en fait office.

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L’ordinateur, dernière conquête des productivistes en a ajouté sur le petit chef. L’écran qu’on pose sur chaque poste de travail, y compris sur une chaîne de montage, a eu un résultat imprévu. l’ordinateur fait dorénavant office de flic. Résultat, le posté se contrôle lui-même !
L’exigence de la qualité totale, c’est comme le bonus malus des assureurs, on tente d’y échapper par la fraude. On triche avec les règles du métier, et on y consent. Les salariés ont des comportements qu’ils réprouvent moralement. Ces méthodes de management conduisent à ce que chacun devienne l’adversaire de l’autre. Le tissu social se désagrège. On finit par se dégoûter soi-même. On perd son honneur, sa dignité, on perd tout… même un doigt dans les fraiseuses !
L’usine devient une prison bourrée de flics, de délateurs, d’envieux, de malades, de caméras.
Ils croient encore aux vertus de leur travail, quand on leur balance qu’ils ne valent rien et qu’ils coûtent trop à l’entreprise et qu’on les menace d’être dans la fournée suivante de licenciés, alors certains pètent les plombs.
Un suicide au travail est avant tout un geste symbolique, une manière d’être allé tout seul jusqu’au bout et d’en assumer la responsabilité par un acte fort sur sa propre personne.
La vie, à un moment, ne vaut plus la peine qu’elle se continue. On y met fin, en offrant son cadavre à son patron et à ses collègues.
Evidemment il existe des gens assez solides pour résister à ce dérapage.
De nos jours, cela devient malsain de trop s’engager dans son travail. On en ressort plus souvent meurtri que satisfait.
Ne se suicident pas les gens qui ne prennent pas au sérieux ce qu’on leur dit sur le travail. Les quidams de bons conseils, moralistes et politiciens en tête, perturbent tous les jours par leurs discours insensés d’abord les écoliers, ensuite les jeunes apprentis dont les impressions à leur première place font qu’ils croient être tombés dans un trou d’où ils ne verront plus jamais la lumière.
Ils acquièrent très vite le sentiment qu’on les a trompés. Ils en sortent corrompus à jamais ou insurgés.
Raconter leur souffrance, c’est leur parole contre la parole de tous ces enflés qui nous mentent pour leur propre intérêt et qui conduisent les foules en enfer afin qu’ils puissent mieux jouir du paradis que nous leur construisons.
La situation est très particulière dans les entreprises en 2009. Celles-ci demandent une adhésion complète, elles vous font des promesses et puis elles vous virent, non sans avoir entre-temps pris tout ce qu’elles croyaient leur être utile à ceux qui ont mordu dans leurs salades.
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1. Je sais je devrais écrire « ce n’est pas difficile » etc., mais je m’en fous, je laisse ce soin une fois pour toutes aux avocats et aux impuissants de la grammaire.

29 septembre 2009

Le ci-devant Villepin, cité à comparaître…

L’affaire Clearstream continue de remuer du beau linge en France.
Pour mémoire, on aurait tenté de mouiller Sarkozy sur une liste bidonnée d’une société luxembourgeoise de compensation inter-bancaire à une époque où de Villepin était premier ministre de Chirac, ce dernier hésitant à se représenter devant la montée en puissance du ministre de l’intérieur.
Evidemment si la magouille avait réussi, à qui aurait profité le crime ?
A Chirac et Villepin, bien entendu.
Mais on n’a pas de preuve et ce sera au tribunal de trancher.
Entre le coup bas et sa divulgation, des tas de gens connus et moins connus sont apparus parmi lesquels le général Rondot et Michèle Alliot-Marie, alors à la Défense.
D’ores et déjà, Chirac n’apparaîtra pas en première ligne. Il ne sera pas cité. C’est donc sur Villepin que reposent les soupçons du président actuel de la République.
La haine entre les deux hommes est visible – fait rare en politique où les parties font leur possible pour ne rien laisser paraître, l’opinion aimant des hommes lisses. La dernière démarche de Villepin avec femme et enfants au palais de justice venant théâtralement s’indigner d’une récente interview de Sarko à NY l’ayant traité de coupable, c’est du jamais vu en politique.
Villepin en fait-il trop ?
A-t-il le ton juste quand on se dit innocent ? S’il ressort coupable du procès, ça démarche passera pour le sommet du cynisme.
La suite nous le dira.
En général, les hommes politiques de premier plan tiennent à quelques principes de prudence quand ils s’aventurent dans des méandres peu odorant. Ils ne laissent pas traîner des écrits, ne s’épanchent pas au téléphone et, souvent, interposent entre eux et l’exécutant un intermédiaire au moins qui fait office de fusible en cas de malheur.
C’est ainsi que pour les emplois fictifs de la mairie de Paris, c’est Alain Jupé qui a écopé, mais c’est Chirac qui tirait les ficelles. De Villepin reprendrait-il le rôle de Jupé pour sauver Chirac une seconde fois ? Dans cette hypothèse, quel génie que ce Chirac !
Dernier gag du dossier Clearstream, le lundi 28 septembre un huissier s’est présenté à l'Elysée, pour délivrer à Nicolas Sarkozy une assignation à comparaître devant le tribunal de grande instance de Paris, pour atteinte à la présomption d'innocence.
Quand on sait que le président bénéficie d’une immunité pénale qui courra jusqu’à la fin de son mandat, il s’agit là, encore, d’un effet calculé des conseils de Villepin dans le but de faire pencher l’opinion en sa faveur.
Du côté de l’UMP, d’anciens chiraquiens, comme d’anciens collaborateurs de Dominique de Villepin, désapprouvent à mots couverts ce choc frontal qui pourrait faire du tort au parti présidentiel.

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La plainte des avocats de M. de Villepin est surtout destinée à alimenter le débat sur le problème que pose la constitution de partie civile du chef de l'Etat. Il y a en effet une rupture du principe d’égalité entre les parties. Ce qui est contraire à la loi.
Le premier ministre a commenté les dernières péripéties alimentées par l’exposition publique de l’affaire par le prévenu Villepin «…il y a une victime principale, le président de la République. Et on ne doit pas transformer les victimes en coupables. »
« J'ai été avocate. L'adage dit que quand la politique entre dans un prétoire, la justice en sort » a commenté Christine Lagarde, au grand jury RTL-Le Figaro-LCI ».
Quant au fameux principe d’égalité, que cela soit en France ou en Belgique, il n’est respecté que lorsque les parties sont toutes les deux riches ou pauvres. Le mélange de ces deux statuts est, évidemment, toujours en faveur du riche, puisqu’il peut s’entourer des meilleurs avocats, faire traîner indéfiniment par la procédure une action dont il redoute le jugement.
De plus, les juges tiennent compte de la notoriété de qui est devant eux. Les débats s’en ressentent. Le ton est plus « feutré ». Le prétoire tient lieu alors de salon.
Dominique de Villepin, quoique connu, ne fait plus le poids devant le plaignant. Peut-être court-il l’aventure dans ses prises de position, comme une sorte de bouquet à sa fin programmée, qu’il soit coupable ou innocent.
En Belgique, les procès qui impliquent des mandataires politiques traitent des conflits d’intérêts, de concussion ou de faux en écriture qui relèvent du droit commun sans impliquer autre chose que les sociétés civiles, les Intercommunales et des intérêts particuliers.
Si l’on excepte l’affaire Cools, quelques décisions arbitraires d’Elio Di Rupo, président du PS, à l’encontre de mandataires de son parti pourraient déboucher sur des actions en justice de la part des intéressés. On pense notamment à quelques mandataires de Charleroi écartés par Magnette sur décision du président et l’éviction d’Anne-Marie Lizin à Huy des instances du parti.
Que les pontes du PS se rassurent, ce n’est pas dans leur intention.
Cela ne s’est jamais produit au PS non pas que l’accord y soit parfait, mais Di Rupo a probablement le feu vert sur l’ensemble des activités du parti, parce qu’il n’y a pas vraiment un concurrent émergeant.
Le PS belge n’est pas foisonnant d’ambitions contrariées comme celui de Martine Aubry.
Il en va de même dans les autres partis.
Quand les couteaux sont tirés, ils restent généralement sous la table.

28 septembre 2009

M’ame Huytebroeck se moque du monde.

Les deux thèmes de nos chaînes télé de ce dimanche : RTBf , la crise du lait, RTL la délinquance dans les quartiers chauds, s’emboîtent comme des tuyaux de poêle.
En effet, la suppression des quotas laitiers en vertu de la politique ultralibérale de l’Union européenne va pousser les producteurs de lait à une résistance désespérée, si on ne trouve pas une solution pour ces travailleurs ruraux.
Notre Société et le PS assimilent les grèves violentes à la délinquance. Condamnés et ruinés, certains travailleurs de la terre seront dépossédés de leurs fermes, de leur savoir et de leur dignité. Les promoteurs de villas à la campagne vont avoir bientôt des terrains à l’œil. Les expropriés finiront en graine de « voyous » pour alimenter la conversation chez Philippe Moureaux à Molenbeek, dans les quartiers chauds où le gîte n’est pas cher !
Merci l’Europe.
La boucle sera bouclée.
Epinglons encore sur RTL, un débat qui a tourné court, opposant Evelyne Huytebroeck et Françoise Bertieaux sur la pertinence des IJPP, après les meurtres de Junior Kabunda (Une histoire de fous – chronique du 24 septembre) tuant deux membres d’une famille et en blessant une troisième, avec vol et viol à la clef, lors d’une sortie non accompagnée du centre de l’IJPP.
Depuis qu’elle est ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de l’aide à la jeunesse, madame Huytebroeck est devenue insupportable, tant par son attitude de cheftaine sautillante respectant la forêt, que par la façon dont elle coupe madame Bertieaux dans ses raisonnements, à défaut d’en avoir elle-même de pertinents.
Personne ne dit que l’IPPJ n’a pas un rôle à jouer dans la réinsertion des jeunes, de presque tous les jeunes en délicatesse avec les lois. Ce rôle est important et indispensable. Mais il est inadmissible que cette institution règle le sort des meurtriers et des assassins, comme s’ils étaient de simples dealers. La compétence de ses éducateurs devrait s’arrêter là où commence le crime, le criminel étant de la compétence de la psychiatrie et de la justice pour adultes.
Et cela, même madame Bertieaux qui était l’invitée de Vrebos pour mettre la ministre devant ses responsabilités, n’a pas la moindre idée à définir le cadre des compétences de l’IPPJ, compte-tenu du manque de formation de l’institution pour traiter les cas extrêmes ayant occasionné la mort par une violence primaire que j’appelle l’instinct de mort,
Madame Huytebroeck, trop sûre d’elle-même, aurait dû avoir la décence de dire qu’elle allait s’informer et qu’elle ferait éventuellement des propositions nouvelles pour les IPPJ, au lieu de reprendre quasiment mot pour mot les propos de la responsable de l’IPPJ de Braine-le-Château d’où Kabunda est sorti avec une perm’, alors qu’il était en instance d’être traduit devant une juridiction ordinaire et d’un dessaisissement du tribunal de la jeunesse !
« Il s'agit d'une véritable crise à dépasser. Nous avons une expérience dans le travail avec les jeunes. Malgré ce drame, nous pensons toujours que la réinsertion est possible et nous continuerons notre travail en ce sens".
Les propos sont limpides et d’une incroyables légèreté. Pire, ils sont criminels !

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Les assassins juvéniles sont avertis. Ils sont invités à assassiner dans l’arrondissement de Bruxelles sans qu’il y ait par la suite peu de conséquences, s’ils ont la chance d’entrer à l’IPPJ et pour autant qu’ils gardent un profil bas !
Aucune des protagonistes n’a répondu à ce que j’avais écrit le 24 septembre : l’utilité d’avoir une démarche différente à l’IJPP entre un meurtrier et un voleur, dealer ou petit voyou de quartier..
Même si l’instinct de mort chez Kabunda l’emporte sur un instinct de vie affaibli par l’absence d’amour, il y a quand même récidive et donc dangerosité à répétition. Il aurait dû y avoir une étude de comportement plus pointue avant de lâcher dans la nature sans surveillance un sujet au lourd passé de sang.
On ne comprend pas les deux interlocutrices de n’avoir pas réfléchi à une règle précise : aux jeunes privés de sorties car ayant un comportement agressif à l’intérieur de l’Institution, devraient y être inclus ceux qui ont tué volontairement, même ayant une attitude pacifique et de repentir, comme se conduisent parfois les schizophrènes les plus dangereux. Pour la simple raison que les individus, ayant commis cet acte suprême indépassable et surtout non réparable TUER, devraient faire l’objet d’une évaluation par des psychiatres s’étalant sur un long terme.
Sinon, on fait peu de cas de la vie des victimes et on se moque des études psychiatriques de comportement chez des individus qui ont franchi ce seuil.
N’importe quel étudiant en se spécialisant dans les maladies de l’esprit le sait dès le premier trimestre de sa spécialisation. Un tueur reste dangereux jusqu’à ce que s’éteignent ses pulsions.
C’est tout à fait scandaleux de ne pas en avoir tenu compte et, ce qui est plus grave, de persister dans ce déni de compétence des spécialistes de la question.

27 septembre 2009

Guillemins gare

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-Si tu veux mon avis, c’est scandaleux !
-Mais, je n’ai rien dit !
-D’accord, je sais ce que tu vas me dire…
-Quoi ?
-Je me comprends.
-C’est facile, ça…
-C’est à propos du lait en poudre de Michel.
-Non pas du tout.
-Je l’ai écrit au courrier des lecteurs du Soir. J’en ai parlé autour de moi, voilà une semaine.
-Et alors ?
-Aucune réaction. On m’a pris pour un fou. Et voilà que Michel me pique mon idée. Les journaux en parlent, comme d’une évidence qui n’a touché l’esprit de personne avant lui…
-Puisque ça va prendre une tournure officielle, tu dois être content ?
-Tu voulais parler de quoi, finalement ?
-Ça m’embête de te le dire…
-Nous y voilà, tu trouves que la gare c’est une réussite…
-Quoi les Guillemins ?
-Oui, mais que c’est incompatible avec le quartier, qu’il faudrait raser tout aux alentours…
-Ce n’est pas ce que je voulais… bon voilà…
-…et si c’est la zone aux alentours, c’est parce que les Liégeois sont pauvres. C’est un paradoxe. La SNCB a fait construire une gare avec l’argent de nous tous, et nous sommes incapables de nous loger décemment à cause de ce que notre travail est trop ponctionné par l’Etat qui en fait profiter la SNCB. C’est marrant, non ?
-Tu trouves ?
-On en revient à la pompe romaine. L’empereur construit des palais et le peuple loge dans des ergastules.
-Des quoi ?
-Des logements d’esclaves..
-A propos de pauvreté…
-Oui, tu es au courant ? Le Marcourt (PS), ministre wallon de l'Économie, a lancé mardi "je suis fantastic.be", pour faire mousser la petite entreprise. On ne sait plus où on est. Voilà le PS promoteur du patronat. Pour peu que la FGTB s’y mette, les chômeurs qui se sont fait virer des petites boîtes n’ont plus qu’à présenter leurs excuses à Marcourt. C’est à cause d’eux que ça va mal, puisque les autres sont fantastiques !
-On peut être fantastiques tant qu’on veut, quand on fabrique des choses invendables… bien, on les vend pas !
-Qu’est-ce que tu voulais me dire d’urgent ?
-Oui, bon voilà ! Tu sais qu’Elsa m’a quitté.
-C’est pas nouveau, ça… moi je te parle des choses qui se sont passées cette semaine…
-Elle veut faire saisir mes meubles, à propos de la pension alimentaire…
-Ah ! les bonnes femmes… Tu es cocu. Tu t’en accommodes. Elle fiche le camp avec le père de celui avec lequel elle te trompait…
-Tu racontes l’affaire Bruni-Enthoven… à l’envers…
-Oui, toi c’est l’inverse. Elle te trompe avec le fils, mais elle se barre avec le père… C’est marrant, quoi !
-Tu trouves ?
-C’est tout ce que tu avais à me dire ?
-Non, j’arrive à l’essentiel. J’ai besoin d’argent. Je me souviens que tu m’en dois toujours.
-C’est le passé tout ça. J’ai fait une croix dessus.
-Moi pas.
-Tu devrais. Autrement, tu ne dors plus. Moi, j’ai oublié que je te devais de l’argent ! Depuis, je vais mieux..
-T’en as de bonnes…
-Tu sais comment le Marcourt appelle son bidule des PME et TPE ?
-Non. Et je m’en fous !
-Son fantastic’club à l’usage des technologies de l’information et de la communication, le TIC !
-Bof. Et après ?
-C’est qu’ils en sont pleins, ces balaises… de tics.
-Je te parle de choses sérieuses et tu me renvoies à tes conneries…
-Ne la prends pas de cette manière, vieux, je suis aussi gêné que toi en ce moment… même si je l’ai échappé belle. Encore un peu, j’avais ton Elsa à domicile, à la place de son vieux.
-Attends un peu, qu’est-ce que ça veut dire ?
-Je croyais que tu le savais…
-Non. Je l’apprends. Et en plus je te filais du fric !
-C’est qu’elle est dépensière, la garce…
-Mais, t’es une belle ordure, Gu !...
-Voilà mon train. C’est quand même une belle gare…
-Quand je pense… quand je pense…
-Pense pas trop. Tu vas te faire du mal. Elle a couché avec tout le monde. Alors, pourquoi voulais-tu que je fasse exception. Allez, salut… à plus… Tu sais quoi ! On parle, on parle. Je parie que tu aurais voulu qu’on dise un mot sur Hennin. Jouera, jouera plus ? C’est peut-être ça que tu voulais me dire, hein, sportif comme t’es !
-Mais, je vais te casser la gueule…
-Téléphone moi… Content de t’avoir revu. Te bile pas trop… C’est une pute, je t’ai dit… Regarde-moi, j’aurais pu la trouver mauvaise, comme toi… Tu vois, je m’en fous…

26 septembre 2009

On répète au Troca.

On s’active au Troca pour la revue de fin d’année. La pythonisse de la foire d’octobre a vu pour nous le spectacle trois mois à l’avance.
Nous sommes dans un pays de prestidigitateurs, d’artistes, de poètes, de funambules….
Le plus grand cirque du monde a planté son chapiteau rue de la Loi. Sans blague !
A l’affiche prestidigitation, manipulation, tours de magie et ballet rosse.
Les artistes arrivent les uns après les autres. Jamais en même temps, question de suspense.
Laurette, contorsionniste, école du PS, Milquet du Bolchoï, Van Rompuy, monsieur Loyal, Pieter De Crem, l’homme canon, Paul Magnette, transformiste, Miche Daerden, mime, Reynders, manipulateur, etc… etc…
La curiosité du Liégeois moyen est grande. C’est un bon public aussi. Il prend tout ce qu’on lui montre pour vrai et tout ce qu’on lui cache pour faux ! Il applaudit facilement.
Après une vibrante marche des gladiateurs, le spectacle commence.
Un juge met les délibérés de l’affaire Fortis dans un chapeau. Il donne un coup de baguette magique sur le bord du claque et hop ! il retourne le chapeau, plus rien dedans, dis donc !
Déjà la veille du prononcé de l’affaire, un autre avait fait plus fort encore, à la parade.
Sur scène devant des milliers de téléspectateurs, il retourne ses poches, enlève son veston, fait rire un peu en faisant mine d’enlever son pantalon, bref, il n’a rien sur lui.
A cet instant retentit la Brabançonne, c’est l’indicatif du téléphone portable d’une dame qui dit bien s’appeler la juge Christine Schurmans. Elle décroche. On entend la voix du prestidigitateur qui sur scène pourtant ne dit rien, prononcer distinctement le mot « fait » au téléphone de la personne.
Tout le monde sait bien que le spectacle est truqué, mais on reste ébahi de la performance. C’est un spectacle à recevoir le clown d’or des mains de la princesse Stéphanie de Monaco, qui s’y connaît dans les gens du voyage, attendu qu’elle en a retrouvé plus d’un après le spectacle.
Une autre attraction. L’illusionniste Ghislain Londers montre une grande boîte noire dans laquelle on fait entrer le président de la Cour de cassation, Ivan Verougstraete.
Ghislain referme le couvercle. Une caméra filme l’intérieur de la boîte. L’assistant subit une enquête disciplinaire comme au Moyen-âge avec supplice de l’eau, poire d’angoisse et broiement des cartilages des pieds. La salle est saisie d’horreur à l’écoute des hurlements du supplicié.
On ouvre la boîte, Ivan surgit et exécute une gigue sur le temps qu’on déroule un tapis sur lequel est brodé la véritable sentence : un blâme !
Mais attention un blâme c’est le supplice suprême, insupportable, à tel point que si on avait su ça chez France Télécom, on n’en serait pas à faire venir le croque-mort toutes les semaines.
Ces spectacles étant donnés au profit de Jean Wauters, ex-animateur du Village N° 1 Fabiola pour qu’il ne fasse pas trois ans de prison, le public est ravi. C’est le même qu’au Standard, c’est dire sa qualité. Il n’aime pas que ses joueurs brutaux soient pénalisés au service du show !

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On vend des billets CAPSA. Ils s’arrachent comme des petits pains. On sait bien que le clou de la tombola, la Jaguar grand luxe, est dévolue par avance à un heureux gagnant que Jean a désigné avant le tirage. On se croirait à Lille à l’élection de Martine Aubry. Le public est bon enfant. Il consulte malgré tout la liste. C’est bidon, mais on ne sait jamais, parfois dans les chiffres, il y a des erreurs typographiques.
Ils sont gentils quand même les gens, pas un seul jet de canette !
Mais le plus fort reste à venir, présenté par Patrick Sébastien en personne, Didier Reynders, dans un numéro de transparence unique au monde.
Les spectateurs voient les objets derrière lui comme si Reynders était une vitre ! Tout le monde peut le voir, il n’y a rien ! Pas un document, pas le souvenir d’une sonnerie de téléphone, un papier gras, un cours de la Bourse, rien du Fortisgate, même pas une bandelette qui entoure les liasses à la Banque de Belgique ! Cela tient du prodigue.
Le trou transparent a bien une fin. Il s’arrête pile au bureau du premier ministre. Celui-ci est en train d’écrire sur une ardoise à l’aide d’une touche ! On ne savait pas qu’à l’Etat, le grand livre des comptes est une ardoise… Van Rompuy se demande comment on va l’effacer.
C’est un numéro d’anthologie, l’artiste Reynders a inventé le trou clean, transparent.
L’idée lui est venue au Congrès des magiciens, rue de la Loi.
A la ménagerie, installée en face, dans le parc, Monfils compare Didier à une étoile, devant des journalistes qui ricanent.
Sébastien avec sa grande gueule nous dit qu’il y a un truc du trou clean, forcément. Mais lequel ?
Soudain, de la coulisse on voit un éléphant qui pisse énormément.
-Est-ce qu’il sait nager, Reynders ? dit un spectateur qui ressemble à Gérard Deprez.
-Pourquoi demande un compère qui a la rondeur de Louis Michel ?
-Parce qu’il est mouillé jusqu’au cou, rigole Gérard Deprez.
Le spectacle se termine par la revue habituelle de la rue Lulay. Le titre cette année « je n’ai rien fait du tout », parole et musique de Van Buggenhout, avocat des grands et de lui-même.
La ronde finale « J’ai servi de bouc émissaire » montre un artiste déguisé en José Happart qui déchaîne un tonnerre d’applaudissements en effectuant la valse des baisers d’adieu, tandis que dix jolies femmes du corps de ballet l’entourent et sautillent seins nus en chantant « Raspoutine va enfin y avoir droit ». Il lance des faux billets de banque au dos desquels on lit l’adresse d’un promoteur immobilier qui travaille pour rien à temps plein, et pour beaucoup à temps partiel.
Dans une loge de côté Jean-Marie excuse son frère José qui compte ses billets qu’il veut enterrer sous un pommier du plateau de Herve.
Beau spectacle qui malheureusement ne sera pas retransmis par la RTBf par manque d’argent, et non plus par RTL par manque de courage.

25 septembre 2009

Le salaire de Louis Michel à l’ONU ?

Suite à la déclaration à la presse de Louis Michel selon laquelle il se disait surpris de sa désignation par ses pairs d’une candidature au fauteuil de président de l’Assemblée générale des nations unies, il a précisé que s’il était élu, il perdrait de l’argent, cette fonction à l’ONU étant honorifique.
Sa perte serait due à ses absences au parlement européen dont il est député pour la Belgique et qui serait défalquée de son gain annuel.
Il est assez surprenant qu’en se disant « surpris » Monsieur Michel ait pu répondre aussi vite et sans ambages à l’intervieweur des sommes qu’il perdrait.
On ne sait où il a été cherché la documentation concernant le bénévolat au titre de président de l’assemblée de l’ONU. Il a dû en ouvrir des portes, consulter des archives pour affirmer devant la presse que la fonction était gratis et qu’il y perdrait.
Mon dieu ! comment va-t-il nourrir sa famille ? Une souscription nationale, peut-être ?
J’ai voulu en savoir davantage.
La réponse à cette question est introuvable sur Internet.
Cependant, Monsieur Michel oublie de dire que si le traitement est inexistant, les défraiements sont d’un ordre assez élevé si l’on s’en réfère au mandat de M. Hunte dont on peut se rendre compte qu’il traitait « les salaires des professionnels de son cabinet payés par la Présidence de l’Assemblée à partir d’un budget alimenté par les contributions régulières du Secrétariat de l’ONU, par celles de certains organes spécialisés comme le PNUD, celles d’organisations intergouvernementales comme le Commonwealth, et celles de pays de la Caricom, sollicités collectivement non en tant que gouvernements mais en tant qu’états membres. »
On ne peut imaginer qu’un tel personnage drainant des sommes considérables, disposant des pleins pouvoirs lors de la constitution de son cabinet, n’ait pas en compensation des avantages équivalant à un salaire. Autrement, la tournante qui a vu défiler des présidents d’assemblée comme celui de la République de Haïti, une des plus pauvres au monde, aurait vu certains présidents en guenilles, la sébile à la main à l’entrée des délégués.
Je l’ignore, mais il est possible qu’il ne soit rien défalqué du salaire de Louis Michel à l’Europe, compte-tenu de sa fonction onusienne, le prestige rejaillissant sur l’Europe ; mais cela personne ne le saura, comme il est à peu près certain qu’un pays comme la Belgique ne fait plus du métier de ses représentants, un sacerdoce. Vous en connaissez parmi nos grands hommes, un seul qui travaille pour rien ?

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On ne peut imaginer Michel débarquant à NY et cherchant un hôtel borgne dans le Bronx. Le personnage dissimule mal son côté glorieux, sa vanité insupportable pour qui l’observe quelques secondes.
Il n’y a pas d’exemple qu’un poste prestigieux ne soit pas richement doté. Michel nous raconte des histoires comme à son habitude.
Pour la bonne bouche, les fonctionnaires de l’ONU sont indexés sur les salaires des fonctionnaires américains selon l’échelle des grades + 15 %.
Comme à l’Europe du Rond-point Schumann, il vaut mieux être technicienne de surface à l’ONU, qu’inspecteur de police à Mott Street, Chinatown !
Selon quelques sources, le salaire du secrétaire général des Nations Unies, le sud coréen Ban Ki Moon avoisinerait les 300 000$ us. Ce renseignement est complété par une petite note : « Ce salaire est assez élevé, mais c'est plutôt le prestige de la fonction et les avantages qui y sont rattachés qui importe. Les nombreux voyages, réceptions, entretiens, etc... sont sans prix mais valent énormément. »
Alors, que Louis Michel se tire de Jodoigne et encaisse sans jouer les effarouchées.
Il me fait penser au rôle de vierge éplorée de José Happart quand il a été un moment question de lui retirer son grisbi de départ.

24 septembre 2009

Une histoire de fous !

On peut dire qu’on a des artistes aux manettes en réinsertion sociale à l’IPPJ (1) de Braine-le-Château !
Junior Kabunda, 19 ans, y séjournait pour le meurtre crapuleux (en 2006) de Benjamin Rawitz, pianiste, duquel il convoitait la voiture.
Ce jeune homme avait commis son forfait dans un moment d’égarement, puisque une année plus tard, il bénéficia de permissions surveillées, puis de sorties non accompagnées. Imaginons la tête des proches de Benjamin Rawitz qui auraient pu croiser son assassin dans la rue quelques mois après sa disparition.
Bah ! se dirent les psychologues chargés d’évaluer la santé morale de Kabunda, il n’avait que seize ans au moment des faits, ce qui lui avait évité les Assises et valu leur indulgence.
L’IPPJ, c’est bien connu, a toujours remis du plomb dans les cervelles meurtrières en l’extrayant des victimes, par faculté d’oubli.
Il y a là-dessus d’admirables couplets des Associations caritatives. On ne sait si leurs bénévoles cherchent la rédemption des meurtriers ou tout simplement la leur, par l’assiduité de leur dévouement sans faille.
Si l’IPPJ s’est planté avec Kabunda et quelques autres, c’est dans le domaine des échecs « prévus ». Les faits-divers sont remplis de récidives graves, sinon de bavures légères qui auraient pu mal tourner. Certaines imprudences des autorités de tutelle heurtent la sensibilité publique. Ces bonus de l’IPPJ, n’est-ce pas un peu jouer à la roulette en faisant des paris téméraires ?
Apparemment l’IPPJ n’entre pas dans les dégâts collatéraux de proximité attendu qu’on n’a jamais eu à déplorer des décès dans le personnel. La violence des patients (c’est bien le terme qui convient plutôt que celui de détenus) ne s’exercerait que hors les murs, raison de plus pour les garder…
La suite du traitement de Kabunda est particulièrement gratinée. L’innocence retrouvée de ce charmant jeune homme, lui permit donc de vaquer « guéri » à ses deals, en toute liberté, non sans avoir réglé au préalable quelques comptes sur le théâtre de ses anciennes amours et s’être servi dans les porte-monnaie qui traînaient.
D’abord sa petite amie de 17 ans, mère de sa fille, étranglée et laissée pour morte, violer la grand’mère de 76 ans, étranglée à son tour, enfin il étouffa sa fille de 18 mois avant de la jeter morte dans une armoire. Ensuite il est parti calmement en fermant la porte pour s’en aller consommer près du Casino d’Ostende haut lieu de la drogue, où la police le cueillit.

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Dans les semaines qui suivent de malheureux jeunes gens qui n’ont pas tué, simplement commis « des bêtises » vont avoir plus difficile à toucher un bon de sortie, et ce sera injuste.
On se fiche de nous, comme on se fiche des victimes, dans ces prétendues rédemptions de meurtriers !
Certes, cette société fourmille de dingos. Le travail « moderne » rend dingue. L’oisiveté est névrosante. Quand cela ne se voit pas, le dingue fait son tiercé, boit un coup. Il peut être agriculteur, occuper un poste directorial chez VOO ou faire ministre. Ils ne sont potentiellement dangereux que dans l’abstrait, même si par leur travail et par les décisions qu’ils prennent, on voit bien qu’ils sont quelque peu dérangés. Mais un gars qui tue pour se procurer le bien d’autrui, même s’il n’est âgé que de quinze ans, c’est autre chose. On ne peut pas le remettre dans le circuit comme un pensionné du gouvernement wallon qui part avec de fortes indemnités.
Il y a quelque chose d’irrémédiable dans l’acte de tuer volontairement. Les psychologues et les moniteurs ne tiennent aucunement compte de l’instinct de mort dans l’évaluation de celui qui a déjà tué une fois, qu’il soit jeune ou adulte.
Il est impossible d’affirmer que cet instinct a complètement disparu et qu’il ne resurgira pas à un moment où la réflexion vacille dans l’esprit d’un type qui l’a déjà ressenti !
C’est un peu comme si à la suite d’un traitement le mépris de la vie des autres avait disparu, que le crétin ou le drogué passait de son statut d’immature ou de déficient à celui de pouvoir discerner ce qui se fait de ce qui ne se fait pas, ce qui se rêve et ce qui s’exécute. Imaginez cela est une faute grave dans laquelle excellent les psy qui travaillent en IPPJ.
La prétention de délivrer le monde de ces tueurs transformés en agneaux après leur cure ne réussit qu’à donner une preuve supplémentaire du danger d’un meurtrier remis en liberté. Il ne faut pas s’étonner du scepticisme du public, déjà que les médias réussissent depuis longtemps à ficher la trouille à tout le monde pour d‘autres raisons, il est vrai.
Les milieux judiciaires des tribunaux de la jeunesse chavirent encore de bonheur à la rédemption du petit Marius, co-auteur d’un meurtre gare Centrale, au grand désespoir des parents de la victime.
Kabunda est probablement un cas de schizophrénie paranoïde, un délire primaire mégalomaniaque à mécanique intuitif, sans doute la résultante d’une encéphalopathie séquelle de la prime jeunesse.
Le malade mental dissimule ses véritables intentions sous l’apparente contrition de ses fautes.
Ce type n’avait pas sa place à l’IPPJ, mais dans un asile psychiatrique, section haute sécurité.
En attendant, il les a bien eus.
Quant aux victimes, et c’est un comble, l’IPPJ les avait invitées à reprendre contact avec ce déjà meurtrier.
On ne peut pas être plus léger, plus imbu de l’infaillibilité d’un diagnostic, plus dangereux aussi pour la société avec un détraqué mental dont l’inconscience de l’IPPJ a fourni l’occasion d’une récidive.
Je suis pour l’interdiction de sortie de tout meurtrier en IPPJ ou ailleurs. A sa majorité, tout meurtrier coupable d’agression volontaire ayant entraîné la mort, devrait faire l’objet d’une évaluation en cour d’Assise et relaxé, éventuellement, après l’audition d’un collège d’experts. Et même avec cette garantie, on n’est pas sûr…
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1.Institution publique de Protection de la Jeunesse.

23 septembre 2009

Son excellence n’avait rien demandé.

C’est une constante dans tous les partis. Quand un poids lourd sort d’une fonction, il faut aussitôt lui en proposer une autre et, si possible, meilleure que la précédente.
Sinon, le poids lourd se croit injustement écarté.
C’est le cas ces temps-ci de son éminence Louis Michel, ex président du MR, ex commissaire européen et actuellement dans la position inconfortable de l’intrigant qui, à défaut d’aller à la soupe dans une profession de prestige, inquiète Didier Reynders pour lui prendre sa place.
Il est député européen, certes, mais c’est trop insignifiant pour sa Hauteur qui se croit d’autres talents que celui de se faire voir à Strasbourg de temps à autre, à seule fin de justifier l’enveloppe de la fin de mois.
On le sait, plus la fonction est importante, moins on la définit. Le Commissaire Michel était payé à la poignée de mains en Afrique. Sa Hauteur faisait le tour des Etats africains demandeurs de sous. Quoique toujours fourré dans les salons kitsch des dictateurs champions du bakchich, il accordait quelques minutes aux photographes pour magazine people, entouré de quelques enfants d’une grande maigreur et fort mal vêtus. Trônant au centre, sa vaste chemise blanche partageait la moitié du cliché avec le reste, au dessus, le sourire réjoui du ministre était une réclame parlante des progrès de la dentisterie occidentale de millionnaires.
Les plaintes de sa Rondeur sont parvenues jusqu’aux oreilles d’Yves Leterme, casé après ses ratés de Premier au Ministère des affaires étrangères.
Concocté par Karel de Gucht au temps où il « en était », celui-ci s’était déjà ému du cas Michel. D’autant que le Flamand avait pris la suite à la Commission européenne dans le bureau où l’encre de Michel séchait à peine sur des contrats.
Quoi ! une si forte personnalité, cette admirable affiche d’une Belgique des Grands Hommes, ne pouvait pas navetter entre Jodoigne et Strasbourg, sans déroger à son rang !.
Et si on proposait sa Sérénissime au poste de président de l’Assemblée Générale de l’ONU ?
Sinécure parfaite, l’emploi consiste à trôner tout au-dessus d’une estrade en marbre dans l’immense salle semi-circulaire de New York. Le président est entouré d’une cour de secrétaires, de traducteurs et de huissiers de surveillance. Sa mission est de bafouiller dans un micro de façon à rester parfaitement inaudible de l’assemblée, sauf au nom du délégué qui a la parole, ce qui donne : « Crich, flouch, bruimskx, parole… à Monsieur Zouf Baladwezi du Sénégal. Là-dessus, il en a pour une heure à faire n’importe quoi et, ceci est important, sur les hauteurs comme il est situé, personne ne voit ce qu’il fait. Il peut aussi bien lire Spirou que tricoter des chaussettes.
Au MR, le clan Reynders est extrêmement enthousiaste à la pensée que l’Illustre partirait en session trois mois par an à New York, sans compter les extras, les rappels d’urgence, les hautes tensions et les crises.
L’appartement de fonction avec vue sur la statue de la Liberté, la voiture de douze mètres de long avec une équipe de chauffeurs et de gardes du corps et peut-être, une belle espionne de Poutine aux mensurations de rêve, comme secrétaire particulière, pourraient faire que le grand Belge resteraient plus de temps que prévu sous les gratte-ciel, quitte à s’inventer des conférences et juger que les tensions entre grandes puissances nécessitent la présence de sa main de fer dans le gant de velours réformateur.
Après cela, il ne lui resterait plus qu’à faire pape. Didier devrait dès à présent suive la santé de Benoît XVI.
Rien n’est encore fait, bien entendu. Il faudra attendre quelques intrigues plus loin que le KERN se décide.
Le Grand libéral qui s’est dit surpris (ils le sont tous) de cet inattendu honneur est évidemment preneur. Pas fou, il s’était d’abord intéressé au nombre de zéros sur la proposition de l’ONU pour ses présidents d’Assemblée Générale. A sa place, aucun chômeur de Belgique n’aurait dit non.
Le plus embêté c’est Gérard Deprez qui risque de perdre son père adoptif, son seul soutien face au président Reynders. Bien entendu il lui reste Charles, mais celui-ci n’a pas le poids du père. Il est vrai que des opposants au Premier Consul Reynders se sont fait entendre lors du dernier concile du MR. Le plus surprenant ténor de cette grogne est une diva, Christine Defraigne, liégeoise et collègue au Conseil communal du bouillant Président du MR.
Il y aurait là dans cette inimitié mise au jour quelques excavations à faire dans les strates des rancoeurs et des ambitions secrètes, mission de paléontologue dans laquelle Gérard Deprez excelle.

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Que Reynders ne se réjouisse pas trop d’un possible départ de son ami de trente ans. Charles aura reçu des consignes, Deprez va dans les mois qui vont suivre, avant le toilettage promis de printemps, relever le terrain et voir si outre Christine Defraigne, d’autres baronnes du système, un quarteron de généraux félons, quelques fils de… quitteraient les féaux genre Talleyrand-Monfils, pour un « puputsch », selon le joli mot d’un autre spécialiste de la droite : Jean-Marie Le Pen.

22 septembre 2009

Katastrophe der Heilige Geist !

A peine débarrassés du IIIme Reich, quand les églises se ferment, voilà que les cons s’autocarisent pour la Mecque !
C’est dire qu’entre les fermetures, les retours et les départs, les observateurs n’ont pas le temps de chômer.
Quand est-ce que la connerie sera une affaire strictement privée, laissant la laïcité maîtresse de la politique et garante de la paix civile ?
Ah ! nos assoiffés d’électeurs sentent la pandémie de l’esprit religieux qui radine. Alors forcément, ils soignent la future clientèle. Il se les fait, le Moureaux sur le marché de Molenbeek !
Manque de bol, on en avait fini avec les cathos. On les voyait plus. Sages, ils brûlaient des cierges dans leur coin. Ils n’emmerdaient personne.
Depuis dimanche, je me demande s’ils ne sont pas revenus, sous une autre forme, déguisés en babouche et qipa ?
Les maniaques qui traversent les siècles sont ceux qui se sont hissés à la tête d’un Etat, d’une secte, d’une église ou d’une bande afin d’imposer leurs concepts par tous les moyens, soit parce qu’ils désiraient l’argent des autres, soit parce qu’ils voulaient imposer leurs idées, soit enfin, les deux à la fois. Tous avaient plus ou moins une araignée dans le plafond. Mystizismus… créationnistes en diable!
Un des plus célèbres, avant les martyrs du culte, Adolphe Hitler, mort depuis longtemps, hante toujours les esprits d’une certaine catégorie de gens, les immatures et les nostalgiques.
Une famille d’accueil anversoise a fait le plein d’une colonne de faits-divers la semaine dernière. Agréée par l’équivalent flamand de l’ONE, Kind & Gezin, elle arborait dans sa salle de séjour un portrait d’Adolf Hitler et une collection de littérature nazie, rapporte la VRT.
Pour le ministre flamand du bien-être Jo Vandeurzen, cela « dépasse les limites de l’acceptable ».
On se demande où Vandeurzen place les limites de l’acceptable, à Mussolini, Staline, Torquemada ou Nabuchodonosor ?
Evidemment, dans ce pays à miracles primitifs on passe d’un laxisme coupable à une extrême sévérité, comme pour se faire pardonner un manque de vigilance.
L’histoire des foulards, ce n’est rien. On attend la burka.
Déjà les mères, fantômes noirs, arpentent les rues. Les filles dans les écoles, c’est pour bientôt.
Passer dix fois ou cent sous le portrait d’Adolphe, n’est pas significatif qu’une imprégnation nazie s’introduira dans la cervelle du jeune enfant et qu’il ira dix ans plus tard jouer du tambour sous la tour de l’Yser en culotte courte et chemise brune, afin de proférer aux kermesses suivantes des menaces contre des francophones vivant sur les terres flamandes.
Mais si la matrone en charge de ses brebis fait le salut hitlérien sous l’effigie du führer et tient des propos de walkyrie en voulant venger les SS morts au champ du déshonneur, devant sa petite troupe transformée en volksturm même en jeu, elle encourt alors l’ire d’un certain Freilich – non ce n’est pas un gauleiter à la retraite, mais un honnête citoyen de Flandre – qui espère que des démarches judiciaires seront lancées contre la famille. « Pour ce cas spécifique, il y a la loi sur le négationnisme ou le révisionnisme du 23 mars 1995. Celle-ci punit la négation, la minimalisation, la justification ou l’approbation du génocide commis par les nazis durant la deuxième guerre mondiale », rappelle-t-il.

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Ah ! mais… faut plus rigoler avec ces choses-là.
Vous me direz depuis le temps qu’on en parle, ça ne devrait plus faire souffrir autant. Détrompez-vous, c’est pire sous notre démocratie, plus que jamais. Verboten !...
En compagnie d’enfants dont on a la charge, je veux bien, c’est hautement répréhensible ; mais de quel droit empêcherait-on un rossignol de chanter et un nazi de s’exprimer, si c’est leur destin et s’ils n’ont pas des petits chanteurs ou des coryphées à éduquer pour faire des tirs groupés ?
On ne peut pas empêcher la connerie de s’exprimer. C’est même dangereux, parce qu’en lui imposant le silence, on ne sait plus qui est qui !
On a compris : ça ne me gêne pas que l’on se déclare fasciste. Cela m’est insupportable quand on s’en vante sur les trottoirs ou dans les écoles.
C’est là que la comparaison avec le foulard intervient.
A force d’exhiber le foulard comme un étendard au nom d’Allah, ça donne des idées aux cons. C’est fou à partir d’une démonstration d’appartenance religieuse comme une mode peut partir de rien pour aboutir au pire.
S’il est tout seul à gueuler sa connerie à faire des saluts hitlériens et à s’engueuler comme s’il était devant son oberfeldmachin, on se fout du nazi. A cent cinquante, ils font peur.
Libre à la connerie de s’exprimer, sans prosélytisme, pour sa doxa personnelle, c’est son droit.
De même, s’enfoulardiser chez soi, entre amis, ça ne va pas chercher loin.
Sombrer au mégaphone dans le délire collectif religieux ou nazi, ça craint pour les oreilles.
Se costumer en revenu de la Mecque ou plastronner en Major de la Gestapo, ça fait chier.

21 septembre 2009

Heureusement, il y avait Nadia Geerts

Toutes les suffisances étaient réunies ce dimanche midi autour d’un Vrebos tout de suite dépassé par la véhémence des interlocuteurs.
En cause le port du foulard dans les écoles.
Moureaux coupait tout le monde. Milquet se disait dérangée par le manque de sérénité du débat et regrettait d’être venue. Les donneurs de leçon du côté musulman étaient représentés par des idéologues cauteleux d’esprit religieux. Les politiques avec Isabelle Durant et Joëlle Milquet en tête, sans oublier le PS Moureaux, tentaient de se concilier le téléspectateur. Du côté d’Allah, il n’était question que de Musulmans belges paisibles laissant le choix du port du voile à leurs filles, sans pression aucune.
Et la laïcité dans tout cela ?
Elle était défendue par le député Ducarme. Ce n’est pas si souvent que je m’exprime en faveur du MR. Son représentant, le fils Ducarme veut interdire tout signe ostentatoire religieux dans les écoles. En conséquence, je soutiendrai toute initiative du MR en ce sens.
On en serait resté aux vociférations et aux cris, l’ineffable Moureaux ayant dit à Joëlle Milquet qu’il se foutait de lui laisser la parole tandis qu’il couvrait la voix de la présidente du CDh, quand Nadia Geerts, initiatrice du Réseau d’actions pour la promotion d’un Etat laïque, réussit à se faire entendre.
D’une voix claire et précise, ce prof de morale et de philosophie, put à peine dire deux raisons sur trois d’interdire le voile dans les écoles – alors qu’enfin on entendait des arguments sérieux - la troisième raison se perdant dans le brouhaha. Pour moi, le voile s’était déchiré. Elle parlait d’or !
Vrebos souhaitait que s’exprimassent un politique et un amateur du voile, en alternance. Nadia Geerts étant perçue comme un vilain petit canard, il lui coupa la parole.
Resté sur mon intérêt qu’avait suscité l’intervention de Nadia Geerts, j’ai cherché d’elle un texte :
" Si les laïques européens ont souvent une longue tradition de lutte contre le cléricalisme venu d’ « en haut », c’est-à-dire d’une religion instituée, traditionnellement alliée de la classe dominante, ils sont aujourd’hui confrontés à des revendications d’ordre religieux qui émanent non plus d’ « en haut », mais d’ « en bas » : de citoyens qui sous prétexte de voir reconnues leurs libertés religieuses, réclament des adaptations aux législations en vigueur, aussitôt soutenus en cela par des partis ou des mandataires politiques, dont on peut s'interroger sur les véritables motivations.
"Soulignons d’entrée de jeu que ces revendications venues d’ « en bas » ne se substituent pas à celles d’ « en haut », mais s’y superposent, et posent avec une acuité nouvelle la question de la portée et des limites de la liberté religieuse.
"De toute évidence, il est essentiel, en démocratie, d’accorder un traitement égal à toutes les convictions philosophiques et religieuses, pour autant que le respect de ces convictions ne soit pas en opposition avec les principes démocratiques essentiels au vivre ensemble. Cependant, cette évidence ne règle pas la question du « comment ? ». Comment faire, en effet, pour qu’aucune religion, aucune croyance, aucune conviction ne soit objectivement lésée par la manière dont l’Etat règle la question de ses rapports avec les cultes ?
"À cet égard, le modèle communautariste anglo-saxon, qui a inspiré les accommodements raisonnables nés au Québec, s’inspire de la logique selon laquelle l’égalité ne consiste pas à traiter également des individus objectivement différents, mais à traiter les individus différemment les uns des autres, en fonction de leurs différences.
"Cette approche, qui passe au premier abord pour éminemment tolérante et respectueuse de la diversité culturelle, comporte cependant plusieurs risques :
- Passer du droit à la différence à la différence des droits. C’est ce qu’a fait un tribunal allemand, par exemple, en refusant le divorce à une femme de confession musulmane victime de violences conjugales persistantes. La juge, en effet, a estimé que « dans ces milieux, il n'est pas inhabituel que l'homme exerce son droit de châtiment corporel sur sa femme ». Et de citer à l'appui de sa décision des extraits du Coran, rappelant en outre que le couple s'était marié « selon les lois islamiques ».
"Or, c’est le droit de tout citoyen d’être traité selon les lois de son pays, indépendamment de considérations d’ordre religieux. Ce droit a indéniablement été bafoué dans ce jugement, heureusement cassé en appel.
- Essentialiser les différences, en particulier religieuses, en les traitant comme des composantes aussi naturelles et consubstantielles aux individus que le genre ou le handicap éventuel. C’est la tendance qui sert de fil rouge aux « accommodements raisonnables », qui consistent à appliquer aux minorités religieuses des mécanismes mis en place à l’origine pour faciliter l’accès des personnes handicapées au monde du travail. Or, la pratique religieuse – que l’on confond trop souvent avec la foi – ne peut de toute évidence être considérée comme aussi consubstantielle à l’individu que le handicap éventuel dont il est atteint.
"De plus, la pratique des accommodements raisonnables comporte le risque non négligeable d’aboutir à une fragmentation de la société en fonction des appartenances cultuelles des uns et des autres. L’aménagement des horaires de travail ou du jour de congé hebdomadaire en fonction de considérations religieuses, par exemple, risque de compromettre singulièrement le vivre ensemble et de menacer les droits sociaux des travailleurs en favorisant une flexibilité accrue de ceux-ci.
"Enfin, dès le moment où la religion peut être invoquée pour réclamer des accommodements raisonnables, on voit mal pourquoi d’autres choix ou préférences individuels ne pourraient pas, eux aussi, donner lieu à des aménagements, sauf à considérer bien sûr – et c’est là le danger – que les convictions religieuses ont plus de crédit, méritent plus de respect que d'autres choix personnels, d'autres convictions, d'autres idées.
- Faire droit à des revendications issues de la minorité agissante que constituent les groupes de pression fondamentalistes, qui tentent de faire passer leur interprétation rigoriste de la pratique religieuse pour la norme, et qui contreviennent à certains principes essentiels de nos démocraties. Ainsi, les contestations de la mixité lors de certaines activités scolaires ou dans les piscines publiques comportent le risque bien réel, si l’on y fait droit, de porter atteinte aux libertés des femmes de telle ou telle confession, qui seraient dès lors sommées par leur « communauté » de se soumettre à la nouvelle règle commune.
"Une telle attitude renforcerait donc le fondamentalisme religieux en accréditant l’idée, par exemple, que la femme musulmane porte le voile, mange hallal, et refuse toute « promiscuité » avec les hommes, par exemple dans le domaine professionnel ou des soins de santé.
"De plus, les contestations de la mixité constituent une mise en cause de l’égalité entre les hommes et les femmes, dont les caractéristiques biologiques ne sauraient conditionner les droits et les devoirs.
- Faire passer les appartenances culturelles et religieuses au-dessus de l’appartenance commune à une même sphère civile. Promouvoir, même inconsciemment, l’idée qu’on est croyant avant d’être citoyen.
"Or, la citoyenneté implique précisément la recherche de l’intérêt général, lequel ne saurait être confondu avec la somme ou la balance des intérêts particuliers. Il serait désastreux pour le vivre ensemble que les individus renoncent à se comporter en citoyens authentiques pour se transformer en membres de groupes de pression exclusivement soucieux de la défense et de la préservation de leurs intérêts catégoriels.
"Pour toutes ces raisons, l’introduction des accommodements dits « raisonnables » dans la société belge risquerait fort de contribuer au délitement de la citoyenneté et à l’émergence d’une société communautarisée, ghettoïsée, et non réellement interculturelle.
"Contre cette logique, nous en appelons à un modèle de société où tout citoyen jouit des mêmes droits et des mêmes devoirs. Que ces droits et devoirs doivent parfois être repensés – que l’on pense par exemple au calendrier des congés scolaires, qui fait la part belle à des fêtes religieuses chrétiennes que peu de gens célèbrent encore – ne fait aucun doute. Mais il est essentiel que le fil conducteur de cette réflexion reste l’intérêt général, et non l’octroi de privilèges ou de dérogations à une communauté de croyants particulière." (fin de citation)

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Je partage entièrement l’avis de Nadia Geerts.
Ce magnifique texte de raison est imparable et c’est justement en soutenant le contraire que les partis PS, Ecolo et CDh, montrent comment ils racolent dans le grand public, sans grande conscience ou par manque de clairvoyance… à moins que cela ne soit par manque d’intelligence.

20 septembre 2009

Rêve américain ou cauchemar ?

Après l’engouement en Europe qui a suivi l’élection d’Obama, l’espoir de voir les Etats-Unis entrer dans une nouvelle ère n’a pas résisté à l’épreuve de la crise et de ses conséquences.
Les efforts du président d’instaurer une sécurité sociale pour les plus démunis des Américains soit plus de quarante millions de personnes se heurte à ce fond d’égoïsme qui a façonné le pays à la représentation parfaite du capitalisme.
Sur la question de savoir si le « help your self » n’est pas le seul credo que se partage les démocrates et les républicains et qui a fait la société américaine, la réponse est affirmative.
Dans les faits ce sont les thèses de Robert Nozick, mort en 2002, sur un Etat minimum qui l’emportent contre l’Administration d’Obama.
A l’analyse, c’est toujours l’économie qui a le dernier mot. L’Etat n’arbitre rien. Il se contente de soutenir les défaillances des institutions bancaires. Avec Bush, l’Etat était seulement un moyen de domination entre les mains des détenteurs du pouvoir économique. Si c’est moins visible aujourd’hui, nous sommes toujours dans le cas de figure : l’ensemble des hiérarchies sociales, économique et politique se confond en une seule classe, celle des affaires.
Un système social inexistant, étoffé en douceur par des mesures appropriées n’était pas un rêve « socialiste », le socialisme étant assimilé au communisme aux USA, et pourtant Obama risque de trouver là son deuxième échec, le premier étant les guerres et leurs conséquences les occupations buschiennes en Irak et en Afghanistan qu’il n’arrêtera pas dans les délais fixés lors de sa campagne électorale.
C’est encore la génération issue de la deuxième guerre mondiale qui est au pouvoir, sinon les descendants qui se sont imprégnés des généralités de « la génération supérieure ».
Saddam, quoique bien mort pendu, est le symbole à éradiquer qui paraît toujours menacer les Etats-Unis.
Les hommes de gouvernement comme Brzeszinki, Sowcroft et même Kissinger sont out. Les remplaçants concentrent leurs énergie sur la géopolitique, comme Bob Kagan, Elio Cohen, Walter Russel Meade, Richard Perle, tous sur la brèche pour sortir l’Amérique de l’ornière par plus de capitalisme et moins d’état d’âme.
Avec combien d’autres, soit économistes, journalistes, républicains et démocrates du Congrès, ils ne sont intéressés que par le pouvoir de leur pays qui est en passe de perdre sa première place économique. Reste donc l’armée, la plus puissante au monde et incontestée par tous les Régimes.
Leur stratégie est simple. Les autres pays « alliés » ne sont que des suppléants soumis volontaires à la meilleure machine au monde à tuer (tuer pour la bonne cause, cela va de soi).
Si ces néo-impérialistes, surreprésentés dans les médias, ont l’oreille du public, c’est qu’ils correspondent à la partie du « rêve américain » encore intacte : la puissance militaire. D’autant qu’ils avancent des chiffres, restent dans le concret, sur le temps que les autres ne peuvent qu’agiter des préceptes moraux dont l’Américain n’a que faire, puisqu’il a perdu toute illusion sur le capitalisme financier.

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Quelques malheureux parmi les chercheurs combattent bien les idées d’hégémonies, mais ils semblent à contre courant de l’opinion.
La maintenance de l’empire reste bien la préoccupation majeure des Américains, malgré le succès des démocrates qui essaient timidement de pousser l’opinion à une autre politique.
Le danger de ce courant toujours aussi vif du néo-libéralisme et le consensus de Washington, c’est de faire perdre une dizaine d’années de tâtonnements au monde entier, comme on le voit bien en Belgique avec le courant ultra du MR dans la personne de Louis Michel, challenger de Didier Reynders, poursuivant inlassablement avec la Commission de Barroso, le démembrement des institutions publiques dans la persistance d’une folie toute dévouée à l’initiative privée « for ever », y compris où elle fait le plus de dégâts en servant la règle du profit au détriment de l’utilisateur.
Dans l’Europe d’expression française, des penseurs comme François Furet, décédé en 1997), auteur d’une histoire de la révolution française dans laquelle il fait du contre-marxisme, Alain Besançon, tous deux anciens communistes, avec quelques autres dont la liste serait loin d’être exhaustive, sont des hommes de l’ombre mais suffisamment influents pour laisser dans l’inconscient des gens une forte opinion sur la pérennité du système capitalisme, intemporel, inaliénable et surtout, susceptible d’étonner par sa vitalité mise en doute, à l’occasion de la crise.
Tous ces éléments sont reliés entre eux justement par la crainte d’un Etat totalitaire sous prétexte d’une urgence sociale. La social-démocratie en Europe, même dans son état de délabrement avancé, est à la limite de ce qu’ils peuvent accepter compte-tenu des traditions syndicalo-socialistes de France, d’Italie et de Belgique.
Dans ce cadre, le mouvement social mal défendu par les socialistes en Europe, jugé trop à gauche dans ses timides manifestations restera au point mort aux USA. Il est par trop périlleux d’en activer les principes de solidarité par rapport à la carrière politique d’Obama pour que celui-ci s’y consacre trop résolument.
Les milieux d’affaire savent très précisément que les sommes investies parfois à fonds perdus dans les médias, parfois aussi avec de plantureux bénéfices, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, étaient absolument nécessaires pour maîtriser l’opinion, afin que perdure un système dont le public ne perçoit désormais plus les profondes nuisances, tout en répétant la leçon reçue des vertus supposées et qui cache un dégoûtant consumérisme.

19 septembre 2009

Un sacré boulot de com…

C’est qu’il la sent, lui, la reprise, notre Guy Quaden de la Banque Nationale de Belgique. Il la sent de tous ses désirs d’homme. Il la veut, il la voit, il la touche.
Il n’est pas le seul, du social-démocrate au petit patron qui refait ses comptes pour la dixième fois le samedi soir, ils le savent par la méthode Coué, elle est là !
C’est ainsi que les hommes vivent, dit Aragon. Les chants d’espoir sont les chants les plus beaux.
On a prié pour que le système ronronne à nouveau, que tout reparte comme avant.
C’est la condition sine qua non du bidule. Il ne doit pas s’arrêter, pire faire machine arrière. Sinon, c’est la cata !
Même en comprimant les salaires des personnels (ce qui se passe), en réfrénant les ardeurs des parlementaires sur leurs émoluments, les arrhes avocatières et les revenus honteux happartisés, en suant sang et eau en rabotant les budgets, traiter les enseignants de fainéants, les femmes enceintes d’abus de grossesse, rien n’y fera. On s’installe dans la crise, le capitalisme dans le désordre, et les thuriféraires du grand capital dans le désarroi.
Y a-t-il plus alarmant que l’augmentation du gaz et de l’électricité sur le porte monnaie des chômeurs potentiels que nous sommes tous devenus ?
Oui. L’univers bancaire ne se contrôle toujours pas. Les sphincters restent ouverts et les mictions nocturnes désinvoltes mouillent toujours les dessous de soie des banquiers de Wall Street au seul souvenir des plaisir de l’argent facile. Les sommes folles gagnées sur un coup de téléphone taraudent les esprits. Ceux qui ont fomenté le génocide financier rêve des subprimes et du crédit non solvable du temps heureux des titrisations.
L’homme de banque, cette autres espèce, ce surmâle des affaires, ne s'en remet toujours pas.
Revenir, to hurry back, à l’argent tôt vu, tôt pris !
C’est même son objectif numéro un !
Les conditions aujourd’hui sont quasiment au top.
Les politiques de sommet en sommet, de G 8 à G machin, ont fait des moulinets de leurs petits bras, menacé d’en appeler à Dieu si nécessaire, les entrepreneurs gourmands n’en ont pas tenu compte. Ils rêvent aux bulles encore possibles, aux bulles irisées de leurs pipes à savon dans les cuisines des Bourses et les Communs de leurs « af the current rate of exchange ».
Un exemple ? Leur terrain de chasse s’est étendu à la dette des Etats qui s’est considérablement agrandie à cause de l’éclatement de leur première bulle. Si sauver la banque l’a été sur le dos des Etats, ceux-ci sont donc capables de prouesses financières. C’est à eux qu’il faut penser pour les futures titrisations, vendre, et revendre le même crédit, supputer cent fois sur la même hypothèque.
Sauf que cette fois, ce n’est pas la maison du voisin sur laquelle ils vont spéculer, mais sur notre faculté de rembourser ou non… leurs dettes !

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Les nouveaux produits vont bientôt arriver. Les gogos qui s’y sont fait prendre une fois, s’y engouffreront bien une deuxième. Qui peut résister à la perspective de voir doubler son magot en quelques mois ? On va remixer les dettes, si bien que le preneur qui croyait se faire du blé sur un emprunt russe, se verra cloquer aux finances du Guatemala, sans compter qu’il pourrait tomber plus mal, si par exemple le Guatemala fusionnait avec l’emprunt du Mozambique.
C’est vrai nos économistes babillards n’avaient pas tort, la crise que nous vivons n’a rien à voir avec celle de 1929. Elle est bien pire. C’est une crise qui s’étale déjà sur plus de vingt ans, comme nous le rappelle Lawrence Summers, du staff d’Obama « …tout commence au krach de 1987 : en octobre c’est le scandale des savings and loans ; le déclin du marché immobilier des années 90, la crise mexicaine, la crise asiatique, les faillites de LTCM et d’Enron. Ce qui nous donne une crise sérieuse tous les deux ans et demi ».
D’après cet économiste qui n’a pas ramassé sa copie dans les couloirs de l’ULB pour l’ânonner devant les micros de RTL afin de faire plaisir à Delaunoy, nous vivrions en crise permanente depuis longtemps et c’est seulement à l’éclatement de cette bulle-ci que nous nous en sommes rendu compte ! Ce qui nous prépare un bel avenir, parce qu’on ne guérit pas de cette cécité-là et que nous ne verrons pas la nouvelle bulle nous ratiboiser nos derniers sous avec nos derniers espoirs.
L’étape suivante, on nous fera croire que les bulles suivies des catastrophes financières des imprévoyants ou des trop téméraires sont nécessaires à une croissance forte.
Bien entendu nous n’en serons pas. Repris ou pas reprise, nous serons toujours un peu plus pauvres après qu’avant.
Un spécialiste nous précise que le meilleur moyen de se sortir d’une crise, c’est de préparer la suivante.
Mais cette leçon forte, comme nous ne sommes pas capables de l’entendre, il faudra que nos médias nous y préparent. Heureusement que nous avons un atout pour nous faire avaler toutes les couleuvres : notre social-démocratie ! L’éternel jeune de Mons, le botoxé des médias, va avoir un sacré boulot de communication !...

18 septembre 2009

Un pensum pas comme les autres.

-Delphine, je suis emmerdé !
-Voilà ce qui arrive à force d’emmerder les autres, on finit par s’emmerder soi-même.
-Ce n’est pas de cet emmerdement là qu’il s’agit…
-Ah bon ! C’est quoi alors, à propos de ton sujet du jour ? Tu sèches, ma vache… J’en étais sûre.
-C’est rapport au genre.
-T’as le génie du mauvais genre !
-Non, justement. J’ai de plus en plus de lecteurs…
-Tu ne vas pas dire que c’est ça qui t’embête, vaniteux comme tu es…
-Bien vrai, ça me fait plaisir. J’en suis flatté. Mais, j’ai l’impression qu’on me prend pour ce que je ne suis pas.
-Sans blague ! Le succès te monte à la tête. Ça débute toujours ainsi. On se croit incompris. Je ne suis pas fan de ton blog, si c’est ça que tu veux savoir. C’est trop long et c’est en trop petits caractères.
-Parfois, j’en ai marre d’écrire ce que j’écris. Voilà ! Je veux pas jouer un rôle…
-Mais n’écris plus. C’est facile.
-Non, j’aime ça, l’écriture. Avec la lecture, ce sont mes seules passions.
- Pour une femme, ça fait plaisir à entendre.
-Je ne veux pas parler de nous, bien entendu. Il s’agit d’une passion métaphysique…
-…et non pas physique ! de mieux en mieux.
-Je suis victime du goût des autres et je m’y spécialise. Par…
-…hypocrisie. C’est que tu es un affreux faux cul, je sais…
-Et puis, merde, ce que je voudrais dire, c’est que je sais faire autre chose et que je ne le peux plus, puisque c’est ma fine description des bas-fonds de la politique politicienne qu’on demande.
-T’es pas journaliste, tu dépends de personne, en plus tu touches pas un rond de ta chronique au quotidien ! Mille fois non ! Alors qu’est-ce qui te dérange ? Fais autre chose ! Mais si tu le fais, c’est pour épater les gens, qu’ils disent : « Richard, tout de même, où va-t-il chercher tout ça ? ». Hein ! ma vache, tu veux épater la galerie… Tu délires, pauvre cloche…
-C’est que parfois je me lève avec le sentiment profond que je m’en fous, que je vais me sortir vite fait de ce blog à la con, que rien ne sert à rien et que s’il y a bien une chose que je sais…
-…c’est que tu ne sais rien. T’es pas le premier pour le coup… Alors, ne le fais plus.
-Puisque je te dis que j’aime écrire.
-Tu commences à m’embêter. Si je comprends un peu ce que tu essaies de me dire, c’est que ton côté jean-foutre voudrait voir resurgir ton côté anar… la crapule veut prendre le dessus…
-Oui.
-Eh bien ! lâche-toi. Fais-le. T’es déjà un rien vulgaire en balançant mes photographies que tu mélanges avec celles de tes vielles putes…
-Sans compter que ce truc dérive dans le bon sentiment, les conseils et les remontrances. Bref, j’attrape une âme de scout, et ça me fait chier. Les bons sentiments m’usent…
-Hier, tu volais au secours des malheureux qui se sont fait avoir par le travail et qui ont mis fin à leurs jours. C’est bien, d’avoir balancé ce que tu avais sur le cœur ! T’étais humain…
-Oui, pourtant j’ai bridé ma nature. Je me suis tu sur ce qui grouille en moi, mes tréfonds.
-Pourtant sur la fin tu y allais fort…
-Je suis comme Flaubert, je pense que la seule attitude possible pour un honnête homme, c’est de courir dans la rue et pousser à l’émeute. Le malheur, c’est que je ne suis pas Flaubert…
-Tu peux toujours descendre dans la rue, invectiver les gens, gueuler que la guerre civile, c’est la seule solution… et te faire embarquer chez les dingues pour une cure.
-…en même temps, je ne me sens pas l’étoffe d’un héros…
-T’es quoi, alors ? Un pousse-au-crime ? Un lâche ? Un Sancho Panza ? Un nul ?
-Tout ça et rien à la fois. Il m’arrive aussi de me dire « ce soir, je vais leur balancer ma poésie en pleine tronche »…
-Ah ! nous y voilà. L’artiste réclame son parterre. Son moment de grâce ! T’es malade, parole !.
-Tu trouves qu’elle est boursouflée, démodée, cucu en un mot ?
-Richard, tu m’emmerdes. Tu te mets à plat ventre pour que je te dise que ta fabrique d’alexandrins ronsardisant, tes guimauves grivoises, tes dysenteries énamourées, tes cunnilingus verbaux sont malgré les boursouflures, dentelles et vieilles peaux, finalement montrables ? Compte pas sur moi…
-T’as raison, c’est de la merde.

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-Voilà un quart d’heure que tu me gonfles. On parle de quoi, sinon de toi, toi tout seul, égotiste parfait, Narcisse admirable, éjaculateur précoce dès qu’il pense à lui ! Et moi, alors, je n’existe plus ? Je suis quoi, moi, pour toi, pauvre cloche qui joue aux grands auteurs ?
-Ecoute Delphine, notre conversation prend une méchante tournure.
-C’est ça. Quand je te pose les questions que j’ai envie de te poser, ça prend une méchante tournure.
-Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire.
-Oui, mais tu l’as dit.
-Franchement, je croyais que tu pouvais m’éclairer.
-Voilà, nous y sommes, la muse dont la mission était d’éclairer, n’éclaire plus ! Fiche-moi la paix avec tes états d’âme. T’es un anarchiste aux petits pieds. T’es le plus parfait Jean-foutre que je connaisse. Sauf que t’agis pas comme tu voudrais, tout ça pour qu’on t’adule… T’as peur qu’on admire pas tes mille-pattes à quatorze pieds… tes descriptions de paysage et tes fines perversions quand il t’arrive de bander… T’es un libéral rentré, une sous-merde... j’aurais dû épouser Albert !
-Qui c’est celui-là , Tu m’en avais jamais parlé !
-C’est un type qui sait pas écrire, qu’a jamais lu un livre, qui s’en fout qu’on exploite le péquenaud de l’horloge pointeuse, vu que lui a une Rolex.
-Comme ce pou de Séguéla !
-Et alors, Albert tire une fortune de ses pets. Il est débile, mais heureux. Il veille à ses intérêts, donc il est de droite. C’est pas un besogneux de ton espèce. On sent le pognon chez lui. Dès le vestibule… le parquet grince, il dit que c’est la plainte des cons qui travaillent…
-Où t’as rencontré ce phénix ?
-Il fait trader chez Lévy et Lévy et il t’emmerde.
-Je suis Alceste. Tu es Célimène… frivole, coquette et moi l’amoureux penaud…
-Exact, atrabilaire en plus…
-C’est dégueulasse, ce que tu me fais.
-Au moins, ça te fera une copie pas comme les autres. C’est ce que tu souhaitais, non ?

17 septembre 2009

Une mode à France-Télécom …

Il est fâcheux que les historiens de la vie ouvrière ne se soient pas manifestés lors des récents événements commentés par la presse et la télévision, après les 23 suicides en 18 mois à France-Télécom.
Il était relativement facile à partir du scoop de faire un peu d’histoire. Les normes de production et le management ne datent pas d’hier. En vain les syndicats et le monde ouvrier dénoncent depuis longtemps les conditions de travail de notre société. Hélas ! parmi les faiseurs d’opinion qui s’en est jamais ému ?
Dès la fin des années soixante, dans une publication de la Fondation André Renard sous la direction éclairée de Maryse Hockers (1), des corporations entières de travailleurs faisaient déjà état d’une dégradation de la santé des travailleurs à la suite de nouvelles techniques de production, sans que s’en émeuve une médecine du travail étrangement passive, pour ne pas dire inexistante.
Il aurait été aisé à nos bonimenteurs de sensationnel de relire les bonnes feuilles sur le sujet. Ils n’auraient pas été ébaubis, mais écoeurés de l’indifférence des partis et des gouvernements depuis près de quarante ans, complétant l’assertion patronale que chez eux tout est clean.
Quand on voit le tintamarre qu’on fait sur la possibilité d’une pandémie due au virus AH1N1, il y a gros à parier que ce fléau sera bien inférieur en nombre des suicides et des dépressions nerveuses ayant occasionné la mort mettant en cause les conditions de travail en Europe occidentale.
Dès la fin de la guerre, la reprise de la production dans les entreprises s’est faite sur le modèle américain : travail en série, chaîne de montage, trois postes de travail, parcellisation des tâches, dépossession du savoir faire de l’artisan et de l’ouvrier, c’est-à-dire dépossession de la capacité de faire et de comprendre le produit fini de A à Z. Dans les bureaux, même scénario, avec l’entrée des systèmes intégrés, mécanographie et spécialisation, jusqu’au triomphe dans les années 90 de la bureautique et de l’ordinateur.
Cela permettait à l’entrepreneur de moins payer le savoir-faire, d’écourter considérablement le temps de l’apprentissage et d’estimer le temps perdu entre deux manipulations, puis à la façon de manipuler la pièce soit à la fabriquer, soit à la placer, de produire plus en diminuant les coûts.
Dès le début de la pénibilité des tâches, les suicides et les révoltes sont signalés dans les corporations exposées, comme la sidérurgie, l’imprimerie et les ateliers de mécanique, sans pratiquement aucun relais des syndicats et des politiques, si ce n’est pour calmer les esprits par des augmentations de salaire et des aménagements des conditions facilitant la production, réfectoire, sanitaire et bureau syndical à l’intérieur de l’entreprise.
Puisque le mot « productivité » était lâché, il y eut un alignement généralisé sur « le progrès ». Le travail n’était pas abondant – il ne l’a jamais été – mais les entreprises en expansion engageaient et tout semblait concourir à une embellie de l’avenir que la gauche au début de la social-démocratie promettait à tout le monde.

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Il n’était pas question d’un malaise social.
Les premiers cas de suicides et de stress conduisant à une incapacité permanente furent mis sur l’état latent d’une maladie « des nerfs » quasiment congénitale à propos de l’inadaptation de certains. On parlait de déchets humains, dans un élan général et accepté. C’est tout juste si ce n’était pas par pitié que les « bons » employeurs ouvraient leurs usines à ces « malades ».
On coupla à la médecine du travail entièrement dévouée à la cause patronale, des services de contrôle payés par l’employeur, une sorte de gestapo mesurant la douleur, en quelque sorte et prenant comme préalable à tout examen, que le malade est un simulateur potentiel.
La deuxième vague de progrès, celle dont nous faisons les frais actuellement s’est implantée vers le milieu de la décennie quatre-vingts. L’épouvantail qui en surgit s’appelle le management. Le principe est clair. Au nom de l’efficacité, il faut mettre les travailleurs en concurrence, les déplacer, les « punir » au nom de la survie des autres quand ils sont désignés comme des freins à l’essor général. La hiérarchie a pour mission de réduire l’homme au travail à l’état de machine souple et obéissante. Les travailleurs sont déplacés comme le matériel, démolis comme tel à l’occasion d’une décentralisation. Il est fait un usage massif des intérimaires, encore plus souples, encore plus éphémères, qui n'ont aucune défense possible.
En vertu de quoi, l’homme étant secondaire dans le capital de l’entreprise, celle-ci sera performante et citée quelque part – parfois aux antipodes – comme l’exemple d’une machine qui rapporte gros.
Dès les années soixante, il y eut des associations instillées par le patronat au sein des bassins de production qui avaient pour mission de donner du tonus aux travailleurs en vidant les cerveaux de ce qu’il pouvait y avoir de résistance « subversive ». Le mouvement « Réarmement moral » mi-chrétien, mi-libéral, était de ceux-là.
Aujourd’hui on n’oserait plus inclure les cadres inférieurs et les travailleurs de base dans un lavage de cerveau collectif ; mais la comédie existe toujours sous des appellations diverses en-dehors des heures de bureau, week-end compris, sorte de réunion incantatoire en faveur du groupe, dans lequel une forte émulation règne, attisée par les patrons sous la forme de « challenge », le but, souder les cadres à l’entrepreneur.
L’aveuglement général est le produit de cinquante années de propagande au service d’une seule cause : l’économie de marché, vaste escroquerie qui n’a qu’un but enrichir quelques-uns au détriment de tous les autres.
Le piège s’est refermé sur les exploités – et ils sont nombreux – qui y croient encore. Le système roule tout seul. Les travailleurs sont prêts à s’entretuer pour un emploi, à se défoncer pour ne pas être virés par ceux qu’on appelait les stakhanovistes sous Staline, et qui s’appellent ici les bâtisseurs d'un nouveau monde.
Déboussolés, complètement dépouillés de leur savoir-faire, stressés par un travail idiot auquel pourtant ils tiennent parce qu’il n’en existe pas d’autre, les employés et les ouvriers sont aujourd’hui quasiment réduits à l’état de débiles légers par un management qui s‘entoure d’ergonomistes, d’ingénieurs en bureautique, de chefs de production eux-mêmes condamnés au résultat sous peine de disparaître.
Hypocrites sont les médias qui découvrent cela en 2009. Faux culs sont les libéraux et les entrepreneurs qui jouent les naïfs. Ces gens m’écoeurent. Ils me dégoûtent au point que je ne comprends pas pourquoi dans un dernier sursaut, plutôt que de finir par une défenestration et trois lignes dans les faits-divers, le pauvre type qui décide d’en finir avec cette existence abominable ne saisit pas une kalachnikov pour s’en aller faire un carton parmi l’engeance dirigeante et discourant dont certains sont des assassins par préméditation..
Voyez ce que vous avez fait de moi, disent les suicidés. Voyez ce que je fais de vous avant de crever diraient ces tireurs éventuels. Ma foi, si j’avais à choisir, ma nature me pousserait plutôt à la seconde solution. Mais, c’est un choix personnel que je ne conseille à personne, bien entendu.
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1. Maryse, le monde est vaste. Je ne sais ce que tu es devenue. Si par hasard, tu lis ceci… Sache que je pense à toi.

16 septembre 2009

LIDÉ de PP Michel :

…et si Modrikamen faisait 5 % en 2011 ?

PP, le nouveau parti de droite de l'avocat Mischaël Modrikamen, est probablement aussi bidon que le Lidé de Rudy Aernout, Didier Reynders ne doit pas trop se faire du mauvais sang. C’est ce que doivent se dire les gens du MR. Sauf que parmi les adhérents du libéralisme avancé, une certaine grogne s’est installée à la suite des manœuvres de Louis Michel et de son poisson pilote Gérard Deprez, afin de déstabiliser le plus grand libéral que le parti ait jamais eu, si l’on excepte Adolphe Max, selon Philippe Monfils, inconditionnel de Reynders...
Mais une chose est sûre, Reynders, souhaitant pousser Rudy Aernout à la place de Deprez pour une place à l’Europe, puis se désistant, a fait la démonstration de son manque de flair. Non seulement il s’est mis à dos un Deprez qui a juré d’avoir sa peau et qui roule dorénavant pour les Michel, mais en plus les craintes de voir Lidé d’Aernout rafler des voix au MR n’ont pas été fondées.
Mischaël Modrikamen est une énigme. Réussira-t-il où l’autre a échoué ?
Cet avocat est célèbre depuis l’affaire Fortis. Il a plu aux petits porteurs dont les voix n’étaient jamais entendues chez les pontes de la banque, ni au gouvernement d’ailleurs.
A-t-il des chances d’être perçu comme le Robin des Bois du petit épargnant ? Les notoriétés de ce genre disparaissent vite du box office dès qu’elles restent un mois hors de l’actualité. Heureusement que la querelle interne au MR perpétue sa relation avec l’opinion publique.
D’abord le sigle : PP, le parti populaire, quelle idée saugrenue pour la fondation d’un parti de droite de s’appeler populaire ! On ne peut pas dire que le petit millier de cocus que firent Lippens et ses conseillers soient la meilleure représentation de ce que « populaire » doit signifier. Il est vrai que le Mouvement Réformateur ne réforme pas non plus. C’est même le propre des partis de droite, de vouloir accrocher par du clinquant, du sensible, du social, alors qu’ils ne sont là que pour tenir la caisse et filtrer les indésirables à l’entrée du Palace de la réussite.
Il paraît d’après le journal Le Soir que le missile Skud de l’avocat est sur le pas de tir. Les Statuts sont fignolés, le programme n’attend plus que ses missionnaires afin de dispenser au bon peuple la bonne parole, sauf que le financement est laborieux. On pourrait suggérer à Mischaël Modrikamen de solliciter discrètement Louis Michel et Gérard Deprez ?
Ce n’est pas tout de sortir l’engin du hall de fabrication, encore faut-il le charger d’idées et de projets avant de l’envoyer sur la rue de Naples, siège du MR. Comment marquer la différence avec son grand rival ?
C’est la grande misère actuelle des partis devenus les godillots du système économique, plus ils sont attachés au libéralisme et à toute la quincaillerie qui va avec, moins ils ont des choses à dire. Le PP est exactement dans le cas, même avant de commencer.
L’avocat veut prendre des mesures plus radicales ? Bon. Mais dans quel sens ? Veut-il serrer la vis des banques et des Bourses, leur faire la part moins belle dans l’Etat ? Ou veut-il rejoindre les économistes radicaux qui veulent moins d’Etat et moins de contrainte, comme Louis Michel, c’est-à-dire multiplier par dix le risque d’un nouveau FORTIS ?
Reynders devrait quand même être plus rassuré, Mischaël veut piquer dans le programme de l'ancien parti de Rudy Aernout. C’est-à-dire monter comme joyaux de sa couronne un nouveau poujadisme que les gogos que nous sommes croiront être des mesures de salubrité publique, confondant lubricité et salubrité.

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D’ici 2011 on aura eu le temps de dégonfler la baudruche. Reynders dégommé de la présidence du MR, tandis que les Michel auront demandé de faire corps derrière un nouveau leader, le PP disparaîtrait comme il est venu. Ou, Reynders incontournable, requinqué chef du MR, aura séduit l’avocat rebelle, fait la paix avec les Michel et obtenu la peau de Deprez, remplacé à l’Europe par Modrikamen.
Le MR a bien aspiré Richard Fourneaux et Gérard Deprez, alors pourquoi pas Modrikamen ?
Ceux qui supputent que ce nouveau parti pourrait prendre la place laissée vacante de l’extrême droite par la disparition du FN, c’est ignorer que pour réussir à la frange de cette opinion extrême, il faut convaincre une partie de la droite classique et compter sur les déçus de la gauche.
La droite classique est bien trop près de ses sous pour courir le risque d’une aventure politique, qui ne lui rapporterait pas un euro.
Restent les déçus du lifté de Mons.
Et là, ça risque ! Car des déçus, le PS en sème tout au long de sa route social-démocrate. Les mesures impopulaires vont pleuvoir d’ici l’hiver et on ne sait pas quand la rage prendra dans les fonds de salle.
On se rappelle l’épisode de l’UDRT en 1989, ( l’Union démocratique pour le respect du travail) avec, notamment, l’un des chefs de la Nouvelle (extrême) Droite belge qui avait fondé, en 1982, une revue animée par l’idéologue de référence d’un groupuscule néonazi bruxellois lié à Léon Degrelle.
Avec ces avocats de tout courant qui dirigent presque le pays en famille, on ne sait jamais !

15 septembre 2009

Une Europe ultracapitaliste…

…alors que les gens ont soif de justice.

Vers la mi-juillet, Goldman Sachs, la banque renflouée par l’Etat américain s’apprêtait à distribuer en salaires et bonus 20 milliards de dollars. C’est à cette période que la cote de popularité d’Obama commença une courbe descendante.
La simultanéité des deux événements marque d’une étrangeté supplémentaire les appels du président à la moralisation du capitalisme. La demande de clarté et la remise en ordre des fonctions de la banque et du monde financier se légitimaient par le discours politique, alors que les instances politiques de la Maison Blanche étaient sanctionnées par l’opinion américaine !
C’est comme si le consumérisme ambiant, la boulimie du profit sans limite étaient l’aspiration universelle majeure, malgré le risque encouru d’une crise sociale profonde au détriment du principe de la démocratie.
Et en Europe ?
L’illustration de l’affaire des dividendes du parlement wallon : la réclamation par José Happart de son dû, montre bien où en sont arrivés nos politiques coincés entre l’option du capitalisme et la hauteur de la morale.
Quand donc dépasserons-nous l’objectif proprement économique afin d’arrêter le divorce en cours du citoyen et du système ?
La réponse n’est sans doute pas toute dans les comités déontologiques déguisés que sont les Commissions chargées de retrouver la voie de l’éthique, plus que d’instaurer de nouvelles règles pour contrer l’appétit des bonus, salaires et primes dont le parlement wallon est infesté, depuis plus de dix ans.
L’appétit de nos partis politiques, n’y est pas étranger. Nous n’en finissons plus de souhaiter de la vertu et un idéal qu’on ne trouve plus qu’à de rares exceptions parmi nos dirigeants ; alors que les politiques se défendent en nous accusant de populisme en prétendant que seuls quelques raisins ne risquent pas de corrompre la grappe et que l’ensemble est sain.
N’assistons-nous pas plutôt à un nouveau discours de nos élus qui rejoindrait le discours des entreprises tentant de nous faire croire à la vertu retrouvée grâce ou à cause de la crise ?
Plus personne ne croit vraiment en un progrès allant à l’infini dans des structures économiques acceptables pour tous, si l’on excepte Guy Sorman (Le capital suite et fin) et bien entendu les thuriféraires de l’argent synonyme du mérite, de Minc à Reynders.

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La percée des normes marchandes consuméristes s’est effectuée sur un terreau propice aux valeurs humanistes passées de mode.
Une production socialement programmée par des Associations caritatives comme Oxfam n’est en chantier que dans des pays où l’extrême pauvreté ne saurait plus rien céder à la poursuite d’une stratégie néo-capitaliste. L’Europe figée dans son entêtement d’une mondialisation inévitable n’est pas prête à comprendre l’urgence d’une pareille initiative dans les pays de l’Union.
La reprise réelle du contrôle démocratique de la société marchande ne saurait être réactivée dans nos pays sans un déclassement du modèle social-démocrate et son remplacement par une réhabilitation active du politique.
La liberté d’entreprendre, oui, mais la liberté d’entreprendre n’importe quoi, non !
Dans l’immédiat, il faut arrêter les privatisations de la poste et demain des chemins de fer, il faut empêcher que l’offre et la demande ne soient faussées par le jeu des alliances, du dumping et des différences de salaire qui favorisent les approvisionnements de nos industries par l’étranger.
Le cas de l’achat anormalement bas du lait aux petits fermiers belges, pour des ventes anormalement hautes de ces mêmes produits aux consommateurs doit être tranché au profit des travailleurs.
Comment se fait-il que l’Europe de Barroso n’en soit pas consciente ?
Ces gens ne voient-ils pas que la population se détourne de plus en plus d’une politique qui introduit plus de désolations qu’elle ne procure d’avantages ?
Quelle est l’image que les enfants dont les parents sont sans travail perçoivent de l’Europe aujourd’hui ?
Les propos enthousiastes lors des débuts de la construction européenne où sont-ils ?
Qui les prononce encore ? Personne. Ils sont vieux de plus de trente ans ! Ils n’ont pas tenu leurs promesses.
Et ceux qui les prononcent à l’occasion d’élections européennes sont les pantins des agences de publicité !

14 septembre 2009

Arboriculture à l’Élysette.

Ah ! les arguments de José Happart et de la déléguée socialiste aux débats de ce dimanche à la RTBf, quelle lamentable histoire de gros sous dans un pays qui frise les 15 % de chômeurs ! Et venant de socialistes, c’est encore plus moche !
Ils ont tenu des propos dignes d’un Conseil d’administration, comme par exemple que les parlementaires gagneraient plus encore dans le privé. Les fins de mandats, les primes et les bonus ne sont rien à côté des sommes que l’on alloue aux banquiers et aux traders. Ah ! les malheureux, comme ils sont mal récompensés du dévouement et de l’amour qu’ils nous portent !
On voit bien que ces gens n’ont rien compris et que les notions de service à la population et les mandats qui en découlent, ils les ont intégrés dans une idéologie purement capitaliste, la leur de toute évidence.
Première contradiction : comment défendre le social et la justice que réclame le plus grand nombre quand on n’est pas là pour ça, mais pour organiser sa propre carrière, sa publicité en vue de se faire réélire et caser sa parentèle dans le job ?
Deuxième contradiction : On croit rêver d’entendre que José Happart gagnerait plus dans le privé ! Pour faire quoi ? Maraîcher ? Syndicaliste agricole dans les Fourons ? Pour être plus près des salaires du privé, il faudrait une autre capacité de travail et de connaissance du pensionné ex président du parlement wallon, sans vouloir défendre la société anonyme, pour qu’une comparaison fût possible entre lui et le fils du patron ou la star du marché.
Certes, le star-system est très performant sur le cachet de certaines vedettes du sport, comme les jeunes blanc bec du football qui peuvent gagner des sommes fabuleuses en sachant à peine signer leur contrat. Mais n’est-ce pas là aussi hallucinant que des représentants de la Nation en viennent à de telles comparaisons, si on imagine bien qu’ils sont justement au sommet de l’Etat pour tenter de mettre fin à des excès qui contribuent à appauvrir l’ensemble des travailleurs, puisque malgré ces mirifiques salaires de certains « pieduels » le rapport entre le capital et le travail est en faveur du premier qui aurait vu ses marges bénéficiaires augmenter de 12 points au détriment du second qui s’est vu pénaliser d’autant.
C’est extrêmement désagréable d’entendre nos représentants, même l’écolo jongler avec les chiffres. Par exemple, l’espèce de satisfaction que le délégué écolo éprouvait à se vanter de ristourner 40 % de son salaire au parti. C’est bien la preuve que l’on pourrait réduire les traitements et indemnités d’au moins 40 % sans que nos représentants en soient gênés le moins du monde, puisque ce « surplus » va à d’autres fins que celles de faire vivre le parlementaire et sa famille.
Les partis ont besoin d’argent ? Depuis quelques années, ils reçoivent une dotation s’ils atteignent 5 % du corps électoral. Cette dotation serait donc insuffisante ? Alors, qu’on en discute, plutôt que d’alimenter les caisses internes de cette manière.
Non. Il n’est question de quelques économies qui seront seulement d’application quand on aura changé les Lois, promulguées pour 2010 ou 2011. En attendant, remplissez-vous les poches comme d’habitude, camarades, c’est le peuple qui régale.
José Happart partira avec son fric et quelques avantages de plus dont 2 employés et demi à son service ! Sans oublier que le nouveau rentier tire toujours des sommes rondelettes de sa « mission » de président de l’aéroport de Bierset (ceci à l’adresse des gens qui, sur le plateau, se désolaient qu’après les années de son job public, le malheureux parlementaire qui n’avait pas l’occasion de rentrer dans son corps administratif, ni dans son bureau d’avocat conseil, n’avait pas le droit de toucher des allocations de chômage et - dit-on – on en vit même émarger au CPAS !)
On tirerait son mouchoir, si aussitôt à propos dont ne sait plus quelle remarque du libéral, Happart est parti sur son thème favori : « les détracteurs font du populisme ».

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Nous qui les engraissons au point qu’ils ne voient même plus qu’on va à la catastrophe avec leur système, nous qui allons devoir supporter les dettes de la Wallonie, nous faisons du populisme quand nous nous demandons pourquoi on ne sabre pas aux jours de disette dans le gras des dépenses ?
Et c’est un poujadiste jusqu’au fond des tripes qui nous fait cette leçon !
Comme on voit, les positions sont irréconciliables entre ce que pensent les gens du dessous des gens du dessus dont, sans grand mérite et sans avoir inventé la poudre, Monsieur José Happart est un des plus beaux fleurons.

13 septembre 2009

Rien n’y a fait et rien n’y fera.

Les injonctions d’Obama au gouvernement israélien de geler l’expansion juive en Cisjordanie sont restées lettres mortes.
Le grand allié d’Israël, celui qui est au-dessus de tous les autres pour son aide inconditionnelle, celui qui a permis que les Juifs aient la bombe et qui s’est aliéné une grande partie du monde arabe, n’est guère plus écouté que les autres Etats « amis ».
Israël veut toute la Palestine à l’exception de quelques « réserves » entourées de hauts murs derrière lesquels croupiront ce qui n’aura pas été vassalisé des Palestiniens réduits à l’état de citoyens israéliens de seconde zone.
La décision de M. Nétanyahou d'autoriser des constructions de bâtiments dans les colonies déjà existantes, Jérusalem-Est incluse, réduit à l’état de chiffon de papier les plans du président des Etats-Unis..
La "feuille de route" du Quartet (Etats-Unis, ONU, Union européenne, Russie), adoptée en avril 2003, stipulait l'arrêt de la colonisation.
Aujourd’hui tout est à refaire.
Cependant les chancelleries ne s’en émeuvent pas plus que ça. C’est l’avantage de ce petit pays fabriqué au sortir de la deuxième guerre mondiale par les Alliés voulant se punir de ne pas avoir su prévenir l’holocauste et les exactions nazies.
Maintenant Israël par l’étendue et la force de sa diaspora et les nombreux sympathisants qui se sont disséminés partout sur la planète et particulièrement dans les pays occidentaux, est devenu inexpugnable dans ses raisonnements et ses retranchements qui sont en réalité ses offensives. Il est quasi impossible de prendre une décision qui rendrait justice au martyr du peuple palestinien, sans qu’un courant opposé s’interpose, fasse du bruit, crie à l’injustice.
Moralité, se peuple joue en virtuose sur la corde sensible. Il est le peuple martyr par excellence et malheur à qui mettrait en doute la primauté de ses souffrances !
Timidement Robert Gibbs, porte-parole de la Maison-Blanche, a précisé que "les Etats-Unis n'acceptent pas la légitimité de la poursuite de l'expansion des colonies et exigent qu'elle cesse".
Le président Obama n’est pas encore familier de la politique israélienne. Il n’a pas compris ce que Hillary Clinton, secrétaire d’Etat, sait depuis qu’elle est sénateur de l’Etat de New York. On ne gouverne les Etats-Unis avec une possibilité d’être accepté et de pouvoir faire une politique – par exemple sociale – avec un maximum de chances de réussite, que si on est en bon rapport avec Israël. Ce qui signifie en clair de fermer les yeux sur les grignotages des Territoires et la mauvaise part qui revient comme une des sept plaies d’Egypte aux anciens occupants.
Pourtant cette sortie de Robert Gibbs est la première formulée en termes suffisamment fermes pour que la diplomatie israélienne soit en droit de s’en émouvoir. Ce qu’elle n’a pas encore bien réalisé, puisque c’est toujours celle qui faisait la pluie et le beau temps sur la politique de Bush au Moyen Orient et qu’elle n’a pas l’habitude qu’on lui tienne tête.
Certains diplomates américains laissent entendre que la relation américano-israélienne se dégrade. Mais on a si souvent entendu ce couplet depuis Bill Clinton qu’on soupçonne qu’il en sera de même avec ce président-ci, encore tout neuf, mais que Tel-Aviv compte amadouer.
Le département d’Etat en est arrivé à signaler que l’entrevue de M. Mitchell, à Washington, avec l'envoyé spécial du premier ministre israélien, Yitzhak Molcho avait tourné au vinaigre.
Le New York Times parle même d’une course vers une collision.
Jusqu'où M. Nétanyahou peut-il "tirer sur la corde" sans subir des pressions discrètes mais efficaces comme la non-fourniture de certains matériels militaires de pointe ?
Personne n’a encore vu le président Obama au prise avec une opposition ferme de résistance à sa politique extérieure.
Qu’Israël se rassure, il a brisé d’autres volontés par le passé. Il sait y faire.
Déjà des analystes jugent que la Maison Blanche reportera ses ambitions de paix israélo-palestiniennes à une date ultérieure. Plutôt que de prendre le risque d'un enlisement et de subir un grave échec sur ce dossier.

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Madame Clinton qui a tout compris, ne fera pas trop de déclarations va-t-en-guerre comme le fit jadis Condoleezza Rice, qui croisait et décroisait les jambes (qu’elle a très belles) devant les caméras des télévisions mixtes de deux pays, signe de son grand embarras provoqué par l’incompréhension des positions de notre « allié, dont nous comprenons cependant les craintes. »

12 septembre 2009

Pot-bouille dans les PS

Alors que l’avenir est incertain en France, que Sarkozy ne contrôle pas la dette publique qui grossit formidablement jusqu’à un niveau jamais atteint, la charge des intérêts dépassant la recette de l’impôt sur les revenus, la nouvelle révélation sur la manière dont les éléphants du PS ont écarté du pouvoir interne Ségolène Royal, est un sujet un peu léger.
Oui et non, dans la mesure où ce parti essentiel à la continuité du pouvoir démocratique en France n’arrive pas à freiner sa descente aux enfers et aussi pour le regard critique qu’il nous permet d’avoir par ricochet sur le parti socialiste belge.
Le rappel des faits en quelques mots : un livre intitulé "Hold-uPS, arnaques et trahisons", vient de paraître aux Editions du Moment. Les auteurs sont les journalistes Karim Rissouli de Canal+ et Antonin André d'Europe 1. Le livre revient sur les conditions – une tricherie manifeste - de l'élection de Martine Aubry au poste de première secrétaire.
La réaction immédiate de Ségolène Royal remet le PS aux pires moments du congrès calamiteux de Rennes : « on savait que cela avait triché, mais pas avec cette ampleur », réagit-elle, puis annonce « une déclaration solennelle dans quelques jours ».
Dans une première partie, les auteurs détaillent un système de triche à grande échelle lors de l'élection ! L'enquête d'Antonin plonge dans les coulisses du PS. Martine Aubry, élue patronne du premier parti d'opposition avec seulement 102 voix d'avance, n’est pas épargnée...
On ne prend plus de gants, vous bourrez les urnes !", aurait fait dire comme consigne à un de ses hommes de confiance à Lille, Mme Aubry. Sur le territoire de la fédération du Nord, l'ampleur des irrégularités commises au bénéfice de la maire de Lille atteindrait 1.000 votes. Une évaluation à rapprocher de l'écart final : 120 voix sur un total de 137.116 votants. Les auteurs disposeraient de documents confirmant leurs affirmations mais indiquent ne pas les avoir publiés volontairement. Ce qui suppose qu’ils sont à la disposition de la justice.
Au fil de ces "magouilles qui auraient dû rester cachées, enfouies dans les tiroirs de la fédération du Nord", et dont le détail n'occupe qu'une petite partie du livre, on ne tombe pas vraiment des nues. Les éléments mis en avant avaient déjà créé beaucoup d'émoi dès le lendemain de cette fameuse nuit électorale. Le camp de Ségolène Royal s'était ému des scores "gonflés" de certains procès-verbaux et de brusques rebonds de la participation enregistrés dans certaines sections où la maire de Lille avait enregistré des scores à la Leonid Brejnev.
L'élément nouveau dans ce livre érige en système l'ensemble des irrégularités. "Des documents permettent d'affirmer que la victoire de Martine Aubry a été fabriquée de toutes pièces". Ils expliquent pourquoi les partisans de Mme Aubry ont attendu le dernier moment pour transmettre les résultats de la puissante fédération du Nord. "A mesure que les chiffres tombent, ils entrent dans un logiciel qui calcule l'écart entre Royal et Aubry et fait varier les résultats virtuels du Nord afin qu'ils assurent la victoire à Martine Aubry", à coup sûr.

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Un procédé pas très sophistiqué mais efficace qui en dit long sur le manque de scrupules de certains membres de l'appareil. "Ce logiciel, c'est une découverte. Et cela nécessite des explications", estimait, mercredi 9 septembre, l'avocat Jean-Pierre Mignard, qui, au lendemain du vote, avait rédigé pour le compte de Mme Royal un mémorandum destiné à recenser les irrégularités imputables aux partisans de Mme Aubry.
Les pratiques douteuses dans le monde socialiste ont toujours existé. Elles remontent aux temps « héroïques » lorsque le parti socialiste ne s’était pas encore détaché de l’Internationale liant avant la grande guerre les communistes et les socialistes.
Elles sont la suite logique de la lutte des classes dans l’ambiance des corons et du travail de douze heures par jour où tout était bon pour durcir le mouvement et où on ne craignait pas de déclarer traître celui qui semblait avoir une opinion différente à la grève qui se préparait toujours quelque part. Alors, comme aujourd’hui le PS de la rue de Solferino, toute pratique, même frauduleuse, était la moins mauvaise, plutôt que de voir le pouvoir dans des mains détestables.
Nous ne sommes plus au temps de Zola et de Dickens.
Apparemment, Martine Aubry et le PS de Lille ne sont pas sortis de cette époque d’un autre âge.
En Belgique, la mentalité au PS reste à peu près identique dans sa cuisine intérieure. Les scrutins se font à main levée pour élire le président, ce qui est une manière aussi stalinienne que de bourrer les urnes.
C’est ainsi que Di Rupo a toujours été réélu, sans vrai débat, avec des scores de république bananière. Ses prédécesseurs ont quitté la présidence pour des raisons de sécurité judiciaire, sans quoi, Guy Spitaels y aurait été jusqu’à la retraite et Busquin y serait toujours.
Il est impossible de savoir comment les permanents du Bd de l’empereur sont recrutés. C’est du domaine privé, en quelque sorte de la présidence et du bureau, comme les ministrables. C’est le président qui fait et qui défait les listes d’élus . On se doute que, pour figurer en bonne place, il faut être supporter du président.
En résumé, le PS belge est un parti qui élit par acclamation, sauf à la dernière élection quand le challenger de l’Aigle de Mons, Jean-Pierre De Clercq, s’était présenté par vindicte et qu’il était certain qu’il ne recueillerait qu’un nombre dérisoire de voix.
L’élection par acclamation suppose que les jeux sont faits d’avance et que l’homme fort a fait le ménage autour de lui.
Est-ce mieux que le vote par bulletins secrets dans les sections ?
Bourrage de crâne, ou bourrage des urnes ?

11 septembre 2009

Patrick Avril et Jules Jasselette...

...sous les feux de la rampe.

A croire que les « élites » de la Nation ne sont jamais allées à l’école !
La dernière affaire qui fait monter le lait sur le feu du PS liégeois à propos de la sœur de Didier, Madame le procureur Danièle Reynders, en est une belle illustration.
Qui pourrait croire qu’un homme, qu’une femme, heureusement tombé(e) dans la catégorie A des décideurs, souvent à force d’intrigues et de relations, soit brusquement par on ne sait quel miracle devenu(e) un parangon de toutes les vertus, sans pulsion, sans affinité, sans plaisir, presque pourrait-on dire sans sexe ?
C’est ce qu’on nous fait croire à l’école primaire et qu’on a cessé de nous faire croire plus tard, tant cela devenait grotesque : les couplets sur l’indépendance de la justice et la hauteur d’esprit des magistrats ont fait long feu.
Alors que pour devenir simple procureur, comme émarger au budget de quelque institution que ce soit, il faut intriguer, se compromettre, s’aligner, intégrer un parti et si ce n’est pas le bon en intégrer un autre. Bref, montrer un appétit, une rage de vaincre, un mépris des autres, une si haute opinion de soi-même, enfin tout ce que l’on voudra aux antipodes de la morale, de la largesse d’esprit et de cette appréhension du pouvoir qui est l’attribut du sage, qu’il est impossible que quiconque dans la situation soit impartial, encore heureux s’il reste intègre.
L’avocat Bourtembourg parle de sérénité de la justice à propos de la sœur de Didier Reynders qu’il croit que cette dame compromet, comme si cette sérénité avait existé, comme s’il allait de soi que l’ensemble de la justice fût l’institution pilier de l’Etat de droit, alors qu’elle n’est que l’agent protecteur d’une vue de la société, contre une autre vision de celle-ci.
Après on peut ergoter que dans ce cadre-là, Madame le procureur montre un amour excessif pour le parti de son frère et une véritable allergie au PS.
C’est de la cuisine intérieure qui ne nous concerne pas.
Il y a même une sorte de réciprocité, un gag comme l’arroseur arrosé, tant sous couvert de justice des affinités électives, des magistrats sympathisants du PS ont taillé aussi des croupières ou évité qu’on en taillât pour des raisons partisanes probablement de la même manière que la magistrate fan de son frère, dans ces mêmes murs qui ne devraient renvoyer les échos que d’une loi applicable à tous avec honnêteté et discernement.
Cela date d’hier et la justice n’attend qu’une occasion d’en remettre une couche, je veux parler des condamnations pour l’exemple dont ont été victimes des travailleurs, plus sévèrement condamnés pour des faits de grèves dans la mesure où celles-ci se durcissaient et où avaient lieu des échauffourées et des bris de devanture de magasin.

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C’est un cas d’école connu de tout le monde, la justice perd vite sa sérénité quand on attente à l’ordre public. Alors pourquoi s’étonner puisque cette sérénité est si aisément perdue, ne se perdrait-elle pas dans d’autres circonstances ? Par exemple quand on s’envoie des cartels d’une Loge à l’autre, quand un parti manœuvre et place sa créature en position favorable plutôt qu’une autre pour une promotion dans la magistrature ?
Quand va-t-on cesser les hypocrisies ?
Les principes énoncés dans un Etat de droit ne sont manifestement suivis que pour la frime. Ils ne sont utiles que pour contenir la canaille – c’est-à-dire nous – exactement comme sous l’Ancien Régime.
Il faut absolument que nous soyons convaincus de l’extrême valeur de cet Etat de droit afin que nous allions travailler le cœur léger et le bagage mince, que nous puissions dire puisque c’est le juge Untel qui l’a dit, c’est que c’est vrai. L’Etat de droit comme il est exprimé en Belgique est incritiquable, suspecter une seule seconde que le respect en haut lieu de la séparation des pouvoirs n’est qu’une façade… l’audacieux est accusé de sacrilège, pire d’anarchisme destructeur des Institutions.
Or, les Institutions sont pourries parce que les hommes de pouvoir sont naturellement corrompus.
On l’a bien vu pas plus tard qu’hier avec l’affaire des rémunérations de compensation de Happart.
Faut-il que le législateur ait pensé que le pensionné député est susceptible de voler beaucoup au cours de sa carrière pour qu’il dotât sa sortie de tant d’argent dans le souci de compenser ses pertes ?
Pour en revenir à Danièle et ses « citer à comparaître », la vie communale est pleine d’erreurs de gestions involontaires, de malentendus regrettables mais où l’intention de s’emplir les poches n’est pas évident.
Il est vrai que Patrick Avril et Jules Jasselette ancien échevin de l’enseignement de la Ville de Liège se sont montrés légers dans l’interprétation des règlements et des lois. Convenait-il d’en faire des prévenus accablés par des citations à comparaître, les entacher de perquisitions et entamer leur crédibilité auprès des électeurs ?
N’y a-t-il pas mieux à faire aujourd’hui avec la canaille bancaire qui a joué et perdu des millions qui ne lui appartenaient pas ?
On ne sait pas. Ce qu’on sait, par contre, c’est que la justice ne sort pas grandie des inculpations de madame le procureur. Et répliquer à Me Kenne,. « Ce dossier a été initié avant que je n’arrive. » c’est à peu près dire « ce n’est pas moi, c’est l’autre », alors que c’est bien elle qui l’a sur son bureau et qui le relit. Ce que le PS lui reproche, c’est de s’en délecter. Il n’a pas tort.

10 septembre 2009

Le fric, Happart et les autres..

On ne peut pas me taxer de complaisance vis-à-vis de José Happart. Sa démagogie et son opportunisme démontreraient à plus d’un que la politique est un sport de combat sur une estrade où il vaut mieux gesticuler et dire n’importe quoi, plutôt que se taire. Quant à l’intérêt pour le public… tout l’art est dans le bourrage de crâne du plus grand nombre.
Aujourd’hui, il y a un acharnement sur ce personnage politique en train de faire ses valises, comme si ce défoulement cachait la faute collective de l’ensemble des parlementaires wallons d’une trop grande largesse à l’égard d’eux-mêmes dans et après l’exercice de leurs mandats.
On connaît l’homme, il n’a pas fait le métier d’élu pour des prunes. Il a tout simplement profité de tous les avantages qui existent à foison de façon démesurée dans la vie politique belge.
Et voilà maintenant qu’on le lui reproche, alors que ces largesses ne datent pas d’hier et que, pas plus à leur début que jusqu’à quelques mois seulement, personne n’avait pipé mot et que tous étaient passés à la caisse sans moufter !
Le voyage en Amérique avec les copains était-il le premier organisé dans l’histoire de la politique régionale ? De quelle manière les prédécesseurs en transhumance de luxe renseignaient-ils de leurs activités si ce n’est sur un feuillet à peine, la partie touristique ayant rempli des volumes.
Les autres présidents de l’assemblée wallonne, notamment Elio Di Rupo ne sont-ils pas partis sous les acclamations en emportant le magot ? Ont-ils eu des états d’âme ?
Alors qu’on lui fiche la paix à ce président-ci, tout aussi bénéficiaire que les autres de nos largesses.
Mais puisque l’occasion est belle de dénoncer un certain train de vie dans une Wallonie pauvre, une gabegie impardonnable et une insouciance coupable, puisque le nouveau parlement paraît avoir retrouvé un peu de dignité et la vertu perdue, que l’on remette tous les salaires, les primes et les avantages à plat devant l’opinion du citoyen et que l’on rediscute de tout.
Déjà, on se heurte à ce qu’il est convenu d’appeler des indemnités secrètes, puisque certains chiffres ne sont pas communicables aux simples particuliers que nous sommes.
Cette manière de faire ressemble furieusement à la pratique dans le privé concernant les salaires et les bonus de certains.
C’est assez regrettable, cela aurait permis de comparer l’importance des parachutes et notamment celui du dernier président du Parlement, avec les précédents.
Les parlementaires lorsqu’on évoque ces indemnités tirent argument qu’il s’agit de suppléer à l’absence d’allocations de chômage.
Ces propos sont tout à fait scandaleux quand on se lance dans des comparaisons d’indemnités avec des chômeurs, d’autant que la plupart des parlementaires sur la touche retournent dans leur administration ou retrouvent leur cabinet d’avocats, sans plus attendre.
Il serait très facile à ceux qui n’avaient que leur représentation comme moyen de subsistance de leur allouer des indemnités équivalentes à ce que perçoit un chômeur !
Il paraît qu’avant le parachute d’Happart, il avait été convenu de revoir les grilles de salaire dans le sens d’une contribution à la crise.
Toujours est-il que les chiffres donnent le tournis.

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La prime de départ de l’ex-président du Parlement wallon, José Happart (PS), est de 530.000 euros, plus deux collaborateurs à plein-temps et un à mi-temps (On se demande bien pourquoi un pensionné aurait droit à conserver du personnel à son service ?)
A cela il convient d’ajouter 8.500 euros (mensuel) pendant un nombre d’années correspondant au nombre de mandats parlementaires qu’il a exercé au cours de sa carrière.
Parlementaire depuis 20 ans, Happart a ainsi exercé quatre mandats et touchera donc ce mensuel brut de 8.500 euros pendant quatre ans. Jusqu’ici, c’est le régime général. Ses fonctions passées de président d’assemblée lui promettent en outre un bonus spécial, portant son indemnité de sortie à un total 19.000 euros/mois – et ce, pendant un an.
On comprend que les jeunes universitaires se ruent dans la politique afin d’y faire leur beurre le plus vite possible.
Les petits nouveaux du parlement wallon s’affèrent avec des avocats afin de trouver un cadre l’égal à l’arrêt des « cadeaux » du peuple à ses dirigeants.
En juillet, le bureau du parlement wallon a commandé une étude juridique pour vérifier la légalité de l’opération. Annuler définitivement les avantages spéciaux promis aux anciens membres du parlement wallon relèverait en effet d’un acte rétroactif, possiblement illégal. Au parlement wallon, on dit ne pas encore connaître l’avis juridique commandé en juillet. L’on confesse que la « marge de manœuvre est serrée » mais la volonté de réduire/supprimer les primes spéciales de sortie est forte, et partagée par tous les partis.
Happart se débat comme un beau diable et exige d’être payé comme les autres.
Dans la bataille juridique qui se prépare, les intérêts du peuple et l’augmentation prochaine des taxes et des contributions afin de boucher les trous du budget ne semblent pas l’émouvoir.
Il y a des moments où le peuple devrait avoir le dernier mot et clore le bec à une justice qui en fait parfois beaucoup trop et à d’autres moments, pas assez, comme de décider puisqu’il faut que la population se serre la ceinture que cela soit en proportion des sommes gagnées et que, dans ce domaine, les parlementaires wallons devraient montrer l’exemple.
La démocratie submergée par le fric, nos parlementaires criant d’un même souffle comme les malfrats d’un célèbre polar « touchez pas au grisbi », on aura tout vu !
Et dire que ces gens osent nous faire la morale !

9 septembre 2009

Bricolage…

- Ça fait trois mois que j’ai placé la photo de mariage de mes parents dans un cadre d’IKEA. J’ai déjà cassé le verre deux fois. Tu attends que je doive le remplacer une troisième fois pour l’accrocher ?
- Viviane ! Tu sais que c’est impossible de foncer un clou dans le béton, au-dessus de notre lit.
- Tu ne veux pas que je mette la photo de mes parents dans la salle de bain…
- Là, c’est possible…
- Ou dans le WC…
- C’est encore possible.
- Tu te fous de moi, parole ! Tu la mettras là où j’ai fait une croix sur le mur face à notre lit.
- Je n’ai plus la perceuse marteau. Tu sais que je l’ai prêtée à ton père il y a six mois. Il est mort depuis. Je le regrette. Tu n’avais qu’à la récupérer quand vous vous êtes partagé le mobilier.
- On ne l’a pas retrouvée ! Et puis, tu n’en faisais rien. On nous l’avait offerte quand nous avons pendu la crémaillère de notre maison de campagne.
- Alors, comment veux-tu que je fasse un trou dans le mur ?
- Tu n’as qu’à en acheter une autre !
- Pour faire un seul trou ?
- On peut dire que tu n’es pas bricoleur ! Qu’est-ce qui m’a pris d’épouser un type qui ne peut pas tenir un marteau sans se taper sur les doigts !
- C’est ça, reproche-moi mes diplômes ! C’est quand même ça qui m’a permis de devenir parlementaire !
- A la Chambre tu as des idées sur tout et tu n’es pas fichu de foncer un clou dans un mur !
- Je pense à la publicité, tu vois le type qui colle au plafond par les semelles auparavant enduites de superglu.
- Tu vas coller le cadre au mur ?
- Non, je vais faire mieux.
- Je m’attends au pire.
- Rien de plus simple. Je prends un vieux soulier je le colle au mur. Ensuite j’attache le cadre par le lacet !
- Tu fais comme tu veux, mais je veux voir mes parents où j’ai fait la croix.
(quelques minutes plus tard)
- Viviane, viens voir. C’est superbe.
- Le cadre est quand même fort incliné.
- Du lit tu les vois d’autant mieux.
- Tu as vraiment réponse à tout.
(A ce moment sous le poids du cadre, la bande de tapis sur laquelle le soulier était collé, se détache depuis le plafond entraînant le tout dans un fracas de vitre brisée.)
- Bernard, j’aurais dû me méfier de tes bonnes idées... et dire que tu es à la Commission du budget…Qu’est-ce qui m’a fichu une andouille pareille ?
- Je ne pouvais pas savoir que la tapisserie ne tiendrait pas le coup !
- Tu te rends compte des dégâts ? Il va falloir retapisser !

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(Pendant que le ton monte, le chat passant par là, voyant que la colle qui dépasse du cadre a une couleur appétissante veut la lécher et sa langue se soude instantanément.
-Assassin ! tu t’en prends au chat… Quel homme es-tu donc ? Cours chez le vétérinaire…
-Je ne peux pas. J’ai renversé le tube de colle sur le parquet et mes souliers sont fixés au sol !
-Moi aussi… Mais, tu veux ma peau, dis ? Enlève tes godasses et cours chez le vétérinaire. Le chat a des difficultés de respiration.
(Entre-temps, Bernard qui s’était déchaussé saisit la poignée de porte et ses doigts s’y figent instantanément)
-Le saligaud, il en a mis partout !... Le chat est en train de crever, mon tapis est fichu, le cadre de mes parents n’en parlons plus. il va falloir remplacer le parquet et peut-être appeler les urgences pour te dessouder de la porte ! Non, c’est un cauchemar ? Je vais me réveiller !
-Téléphone, vite au lieu de gémir…
-A qui veux-tu que je téléphone ?
-Prends mon agenda dans la poche gauche et regarde à B. C’est Bourdhouxe, le vétérinaire.
(Elle s’exécute et fait le numéro. Une voix de femme répond)
-Allô, c’est Béatrice. Tu m’appelles de chez toi, mon chéri, ta femme est partie ?
(Viviane raccroche rageusement)
- Ah ! c’est comme ça ! Tu me trompes avec ta secrétaire ! J’espère que ce n’est pas celle qui est payée par le contribuable… Eh bien ! puisque c’est comme ça, je cours chez mon avocat.
- Mais, j’en suis un ! Ne me laisse pas collé à la porte.
- Toi, avocat ! Pour que je prenne tous les torts à cause de ta connerie… Tu n’as qu’à démonter la poignée.
- Je dois aller à la Chambre cet après-midi !
- T’es sûr que ce n’est pas en chambre ?
- Viviane, ne me laisse pas dans cet état !
- Ah ! le citoyen est bien défendu avec des cons de ton espèce !
- Où vas-tu ?
- Chez mon avocat, te dis-je, au moins lui, c’est un bon bricoleur.
- Comment le sais-tu ?
- La semaine dernière, ma bague s’était coincée dans le siphon du bidet de sa salle de bain. Il a démonté la plomberie, récupéré ma bague, remis les tuyaux en place, que je n’avais pas fini de remettre ma robe !

8 septembre 2009

Vers un parti unique.

Il s’en faut de peu aujourd’hui qu’un discours de Di Rupo puisse être lu par Reynders et vice versa, sans que l’un ou l’autre y fasse la moindre critique, y dépose la moindre retouche.
La social démocratie entre autres constats a rapproché les points de vue gauche droite.
En France, ce phénomène a conduit des personnages du premier plan du socialisme à rejoindre Sarkozy et l’UMP. D’autres sont restés à la frange comme Rocard et Jack Lang, si bien qu’on ne saurait dire s’ils sont dedans ou en dehors de la gauche.
L’amalgame s’est fait en Belgique non par la carte du parti et au ralliement spectaculaire après reniement de la gauche, mais par le diplôme. Les facultés produisent à la chaîne les cadres adaptés aux structures, mais incapables d’extrapolation dans des perspectives nouvelles, donc de les transgresser. C’est ainsi que le public s’est engoué pour l’écologie qui semblait produire des idées neuves.
Le temps de s’apercevoir que les écologistes de pouvoir sont des universitaires dupliqués à l’identique qui viennent des mêmes écoles que les autres, une législature sera suffisante pour que tout le monde rentre dans le rang. Les dossiers retomberont exactement à la place qu’ils avaient laissée dans la poussière des étagères.
Les Universités ne produisent plus des gens de culture contestataire, mais des surdoués du consensus qui n’ont qu’une seule idée en tête s’intégrer pour réussir.
Personne ne semble affecté par l’effacement généralisé de la frontière droite/gauche. On dirait que cela va de soi d’apporter une contribution intellectuelle à la poursuite du système, ce terme vague et général englobant les rouages de la démocratie et les rouages de l’économie, intimement confondus.
Tout se fait comme si l’un et l’autre camp étaient immuablement associés, pour le meilleur et aujourd’hui, pour le pire.
Or, une contestation menée tambour battant a toujours conduit à des réformes en profondeur. Elle aurait dû normalement donner de la voix dès l’effondrement de Lehmann-Brothers qui fit aussi des victimes en Belgique. Au lieu de cela, le clash bancaire vit le gouvernement voler au secours des banquiers affolés. C’était l’occasion idéale pour la gauche de montrer aux Belges la nuisance d’un produit boursier internationalisé dans les mains de gens sans scrupules et avides.
A lieu de quoi, les mesures furent approuvées par l’ensemble de la classe politique sous prétexte de sauvegarder l’emploi et protéger l’épargne.
Le drame s’est déroulé sur une mer d’huile. Les journaux ne se sont guère enflammés. Le discours de Di Rupo, suivant la généreuse contribution, n’a été qu’un langage convenu de fermeté et de vigilance, en garantie d’un suivi qu’on attend toujours. Ce qui ne signifie rien, si l’on considère l’état des rapports entre les banques et leurs prêteurs où tout semble revenu comme avant la crise.
A tel point que lorsque le ministre des finances se réjouit que les sommes prêtées aux banques rapportent de l’argent, personne à gauche ne relève la fausseté d’un pareil discours.
Ouvrons ici une courte parenthèse, l’Etat pour satisfaire à l’impécuniosité momentanée de l’emprunteur a dû lui-même emprunter. Il a emprunté à deux sources : le marché financier extérieur, et le marché financier intérieur. D’un côté il y a la Chine, et de l’autre, il y a… les banques belges, c’est-à-dire les Belges fortunés ! Le capital prêté nous rapporte moins que le taux d’intérêt auquel nous avons souscrit des emprunts. Le comble, c’est que l’argent emprunté par les banques rapporte plus d’intérêt spéculatif aux Belges les plus riches, qu’il ne leur coûte d’intérêts dus à l’Etat !
Quant aux pays bailleurs de fonds, ce ne sont pas des enfants de chœur. Il n’est qu’à se renseigner sur le dilemme de la dette aux USA à la merci d’un caprice de la banque chinoise d’Etat. Passons.
Y a-t-il eu une seule voix posant ces questions essentielles à Leterme et Reynders au moment des faits et à Van Rompuy et Reynders en 2009 ?
Plus grave encore, nos Universitaires se laissent mener par le bout du nez , mieux, contribuent au silence complice, en se taisant sur les rapports existant entre l’économie et la morale, entre la démocratie et l’économie et d’une manière générale sur l’éthique.
Il y a là une extension du langage du MR à celui des autres partis majorité et opposition qui devrait nous inquiéter.
Il y avait jadis une mixité des professions à la direction des affaires publiques. Il n’y a plus aujourd’hui que des avocats et des licenciés en science politique. Tout se fait comme si un coiffeur, un relieur ou un sidérurgiste était incapable d’avoir un raisonnement élaboré. Cette sorte de mépris est visible dans l’attribution des rôles de porte-parole dans la vie politique.
Résultat, l’autodidacte est pris pour quantité négligeable. Le tribun posant les bonnes questions mais commettant des fautes de français est exclu (les flamands exceptés, mais pour d’autres raisons). Il n’y a plus une représentation réelle des travailleurs.

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Nous sommes à l’âge de la langue de bois, d’un usage généralisé et labellisé d’université.
Au lieu de progresser dans la spéculation déductive des alternatives possibles, le monde politique s’enfonce dans une sorte du bien dire mondain qui rappelle la sottise et la cupidité de la bourgeoisie louis-philipparde.
La gauche a perdu son âme à croire à la victoire de Saussure sur l’entendement populaire des mots.
Forcément, cette sophistication a fait décoller la direction de ce pays de la réalité. La vie de tous les jours devient rêvée, sort du concret et n’est plus qu’une image brouillée que nos avocats interprètent à leur façon.
Nous sommes entrés dans une fiction. L’intellectuel tant espéré jadis par les masses incultes qui avaient conscience de leurs limites et qui voulaient en sortir n’est plus qu’une marionnette bourrée de son qui vit dans un monde irréel fait de statistiques et de pourcentages.
La gauche et la droite, demain l‘écologie, ne sont que les ramifications d’un seul tronc : celui du conservatisme le plus arriéré qui soit.
D’où l’impression que le peuple a de voir évoluer des marionnettes que le montreur agite sur un castelet derrière lequel il change de voix pour imiter Tchantchès ou Charlemagne, alors que même les enfants ne sont pas dupes : ce n’est qu’un seul homme qui parle !

7 septembre 2009

Kant kritik der praktischen vernun

L'action s'accorde avec l'autonomie de la volonté. Sans la liberté d’agir ou de ne pas agir, la liberté en général, en politique particulièrement, est un leurre.
On ne peut pas faire une politique nouvelle quand on est lié par des conventions, des traités et des marchés dont on n’a pas la clé.
A partir du moment où une politique locale n’est possible qu’en tenant compte d’une politique fédérale qui elle-même est tributaire d’un consensus européen, à son tour lié aux lois d’un marché et d’une coexistence avec le reste du monde, le tout s’interpénétrant, s’annulant par une dissolution dans le possible, autant s’en remettre à un chaman et vivre de l’espoir qu’une incantation réussira mieux qu’une autre.
Si la France avait vécu en fédération avec les autres Etats d’Europe à l’Ancien régime, on y serait encore et il n’y aurait pas eu 1789. On serait passé à côté du monde moderne, nous n’en serions pas à regretter l’égoïsme transcendantal, mais nous en serions peut-être encore à rouler en calèche, enfin ceux qui le peuvent, tout en ayant sur plan la voiture électrique.
La lecture de Kant est édifiante si on superpose « la raison pure » à ce qui nous reste de raison à faire cohabiter démocratie et capitalisme. On reste saisi du factice d’une morale que nos officiels tentent d’adapter sans cesse à un système incontrôlable, en mouvement vers le pire.
Kant défenseur de la liberté fait un usage public de la raison dans tous les domaines. Il n’hésite pas à considérer les rois – aujourd’hui les Parlements - comme ayant l’obligation du " devoir moral " conforme aux droits de l'homme.
Or, cette adaptation maladroite de la morale aux dérives du système est un attentat permanent des forces politiques qui nous subjugue, au lieu de l’approche d’une éthique tenant lieu d’un plan général de gouvernance.
C’est comme si l’homme politique était au milieu d’un marais dont les rives « du bien » et les rives « du mal » seraient à égale distance et qu’il tenterait de s’éloigner de celles-là, sans pour autant se rapprocher de celles-ci.
Alors, confondant sa personne avec le bien et le mal, il tente de justifier sa politique en se justifiant. Certes, une conduite d’homme public honnête est nécessaire, mais ce dont le public a besoin, c’est une honnêteté plus générale qui se confond avec ce qui est juste et non pas qui s’accommode de l’injuste.
« L'homme ne peut devenir homme que par l'éducation ». Le seul moyen pour l'individu d'accéder à l'humanité reste le drame d’une société qui pratique l’éducation pour l’utile, alors qu’elle devrait pratiquer l’éducation de l’homme pour l’homme. On ne naît donc pas homme mais on le devient. Comment se prépare-t-on à le devenir, quand l’éducation ne tend plus qu’à fabriquer un homme qui fabrique !

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Où sont passés les fondements de l’éducation : marcher sur deux jambes, utiliser un langage, avoir conscience de soi et pouvoir utiliser sa raison pour évaluer ses actions selon les normes d'une morale, être indéterminé et donc libre et par voie de conséquence responsable ?
L’homme est ce que l'éducation fait de lui.
Dès qu'un individu est éduqué, il va développer certaines compétences et pas d'autres. Dès lors on ne peut plus savoir quelles sont toutes ses potentialités puisque les compétences qu'il développe vont masquer celles qui ont été passées sous silence en n'étant pas sollicitées par l'éducation.
On voit poindre sous cette réflexion de Kant « l’homme-machine » produit d’aujourd’hui, encouragé par un enseignement de « mono-fabricat » élément de départ à la sous-humanité que les usines ne parviennent plus à éponger ; d’où la nouvelle école de diversification des tâches pré-robotiques, reconversion sans perspective comme de passer de la soudure à l’arc, à celle par autogène, sans faire autre chose de l’ouvrier spécialisé qu’un être incomplet par l’étude et qui ne trouvera l’ouverture de l’esprit que par une initiative autodidacte.
Kant en a été conscient à une époque qui n’était pas encore celle des cercueils géants que sont nos usines modernes dénuées de fenêtre. Mais comme l'éducation ne fait qu'apprendre certaines choses aux hommes en ne développant en eux que des qualités spécifiques à ce pour quoi ils sont destinés, il est impossible de savoir jusqu'où pourraient aller les dispositions naturelles de l'homme.
L'unité de la conscience chez Kant assure l'identité de la personne à travers le temps. Mais à quoi renvoie cette unité de la conscience ? Et comment caractériser la conscience ? Le pouvoir de dire Je, de penser le Je, sans doute, ce qui est devenu le privilège des classes élevées qui seules emploient le majestueux de la chose. On a cru bon d’affubler le reste des hommes du « nous », certains naïfs ou calculateurs, espérant par ce « nous » faire le poids d’une masse. Mais il s’avère que le Je a été perdu, noyé sous le nous.
La conscience n'est pas seulement le fait de se sentir, c'est le fait de se penser. Et on ne peut se penser autrement que par Je.
Cette société si individualiste pour certains égoïsmes est particulièrement réfractaire au « Je » du prolétaire. Elle lui préfère le « Nous » comme une entité plus vite écrasée que le « Je ».
Dans ce piège sont tombés les théoriciens du peuple. Ils n’ont abouti qu’à la détestation du « Nous » monstrueux du communisme.
On peut se demander si Marx avait vraiment lu Kant ?

6 septembre 2009

Ravaillac à Jodoigne.

Le discours de Reynders aux Estivales organisées à l’Euro Space Center de Transinne-Libin est une des plus belles illustrations de langue de bois qu’il m’ait été donné de lire dans la gazette.
Ce qui saute aux yeux c’est la relative différence de ce parti avec le PS. Relative différence, parce que tout indique que le MR est, lui aussi, en panne d’idées depuis le virage mondialiste du système économique. Pour Reynders, Louis michel et tous les autres, de bleu pâle à foncé, la social-démocratie dont Michel avait été le premier à s’en prévaloir à Jodoigne, tout en s’en défendant ailleurs, C’EST FINI !
Comme tous les besogneux du style, les embrouillés de l’intellect, le président Didier tourne autour, s’en approche pour mieux s’en écarter comme un papillon qui craint la flamme, mais l’évidence est là, le monde du travail et partant les classes moyennes réservoir de voix, vus sous l’angle de la social-démocratie, ont perdu et perdront encore des plumes, pour la bonne et simple raison que c’est le pouvoir financier qui est aux manettes, qui disposent de tous les atouts et n’est pas du tout prêt d’abandonner ses salaires, ses royalties, ses plus-values et ses primes à une classe moyenne et à une classe ouvrière, dans une crise où la récession les place aussi en concurrence mondiale, c’est-à-dire dans une position nettement défavorable !
Avec l’effondrement des postes de travail, 20 % de chômeurs à Bruxelles, la classe dite ouvrière, mais qui compte autant de petits employés et cadres, peut difficilement être essorée davantage par une augmentation des taxes et accises pour effacer l’ardoise qui prend des proportions jamais vues de l’Etat et des Régions. Il y a bien l’espoir de faire avaler la couleuvre des taxes dites écologiques au prétexte qu’il faut sauver la planète, alors qu’elles serviront à sauver Van Rompuy de la faillite, mais les recettes seront nettement insuffisantes. Quant aux revenus de remplacement des assurances chômage et maladie, au mieux on pourrait faire saigner la bête de moins de 500 millions. Le risque serait de jeter dans le désespoir, donc dans la rue, des gens qui ne peuvent plus ni compter sur le syndicat, ni sur le parti socialiste. Gros risque donc, puisqu’un mouvement spontané, personne ne sait où il finira. On aura beau agiter le spectre de l’anarchie, puisque le communisme est mort et parler de meneurs, que je sache aucun des partis au pouvoir n’a intérêt à jouer avec de la dynamite.
Reste donc les petits bourgeois, la classe moyenne, les commerçants prospères, il y en a encore, les propriétaires prudents, les héritiers en ligne directe, les autres étant déjà saignés à blanc, la magistrature, la haute administration, et les parlementaires.
Si dans ces trois derniers, on peut piocher quelques centaines de millions, à cela s’adjoindrait des économies sur le train de vie de l’Etat, c’est justement là que les responsables du MR en accord avec le PS ne veulent pas porter le fer.
C’est donc bien la tranche qui se rétrécit d’une classe moyenne qu’on va piller, puisqu’il n’y a plus aucun autre espace juteux à dégraisser ailleurs.
C’est ainsi que Reynders touche à la situation du PS par ce dilemme d’une social-démocratie serve des grands intérêts, qu’il faut hold-uper afin de tenir le coup quelques temps encore, étant entendu que même une sortie de crise, comme on la claironne pour dans la quinzaine suivante depuis six mois, ne changera rien à la donne.
A noter que le PS en est là aussi.

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Alors, le calendrier de Reynders avec son congrès au printemps prochain, c’est du mastic à boucher les trous, les perspectives étant tout à fait autres.
Mais pour Reynders, c’est un moyen de durer et de reporter l’appétit de Louis Michel à une autre tablée, en espérant pour le grand chef liégeois, que ce ne sera pas la curée du fou.
Pourtant, il devrait se méfier.
Les dirigeants de parti vivent les événements de façon empirique. L’essentiel, pour eux, n’est pas de réfléchir sur l’idéologie et son devenir débouchant sur une ligne de conduite pour sortir les gens du pétrin, l’essentiel c’est de sauver leur peau des appétits concomitants, bref comme le manoeuvre léger chez Mittal, Reynders entend protéger son cumul et le gagne-pain qui va avec, et, si possible, en ne se faisant pas remarquer lorsqu’il fait un croche pied à un concurrent, pour ne pas se faire siffler.
Mais Louis Michel, étant un gros mangeur, n’a pas la patience d’attendre le printemps pour se mettre à table. Aussi, a-t-il délégué un p’tit gars de Jodoigne de son bunker familial, en l’occurrence, Jean-Paul Wahl, bourgmestre de la bourgade, pour demander un « débat interne » sur la stratégie électorale du parti et son fonctionnement, mais aussi sur « l’opportunité du cumul » de Didier Reynders, à la fois ministre des Finances et président du parti.
On voit les Michel à l’affût derrière leur canonnier et tenant leur chevau-léger Deprez en réserve.
Ils agitent le spectre d’un MR après les élections législatives de 2011, puis communales et provinciales de 2012, chassé même des baraques à frites des villes et communes, de quoi faire frissonner les Clairfayt, Laruelle, Defraigne et consort…
Alors, les farouches partisans de l’unité du parti annoncent des dissidences possibles, se trémoussent et crient au cumul infâme. Comme si le MR n’était pas le parti des gros cumulards !
Nous sommes avertis, le MR explosera si on ne résout pas ce problème.
Les pertes d’emplois, la classe moyenne dans le fond de ses chaussettes, l’avenir des riches plus riches et des pauvres à poil sur le trottoir, l’économie comme elle va et la dérive de la social-démocratie, le MR s’en fout.
Michel veut la peau de Reynders, et il l’aura. Na !

5 septembre 2009

Séjour légal en Belgique humaniste.

Toujours aussi complaisants à l’égard des Etats-Unis, nous nous apprêtons à recevoir un détenu de Guantanamo sur notre territoire.
Hier, jugé hautement criminel par les autorités militaires, il est vrai, nous allons veiller à son intégration parfaite en Belgique avec papiers en règle et contrat de travail en poche.
On peut dire que cet émigré d’un nouveau genre nous coûte l’accueil en Belgique d’une bonne centaine de malheureux qui piétinent devant notre porte sans que nous ne leur accordions le moindre intérêt, en effet, nous avons délégué une mission d'experts à la prison de Guantanamo à la mi-août. Rapport a été fourni à notre Yves Leterme national, revenu après les tribulations que l’on sait au gouvernement comme ministre des affaires étrangères. Il faut dire que cette initiative avait été prise par son prédécesseur parti goûter depuis la bonne soupe à l’Europe.
C’est ainsi que vont les choses en Belgique, pas plus chauds que ça pour internationaliser rapidement le sol national, nous ouvrons les bras à un individu dont l’état d’esprit peut être de trois natures différentes.
1. C’est un innocent qui doit être terriblement traumatisé par ce qu’il a vécu dans un camp de concentration à l’américaine. Dans ce cas, il a besoin d’un suivi et d’une analyse sérieuse, des fois qu’il reporterait sur nous la rancune qu’il doit avoir envers les USA.
2. C’est un repenti dont on sait que c’est une option réservée aux terroristes intelligents. L’est-il sincèrement ? Ne doit-on pas craindre une rechute ? Dans le doute, il conviendrait de tenir ce nouveau Belge à l’œil, d’où des frais de police supplémentaire.
3. C’est un terroriste qui est passé à travers les détecteurs et la sécurité et dont on n’a pu obtenir des aveux ou prouver ses forfaits. Accueilli, cet homme n’aura de cesse de reprendre contact avec ses congénères et fomenter des plans de destruction. Le moins que l’on puisse faire, c’est de le suivre dans ces pérégrinations d’homme libre dans sa nouvelle patrie.
Pour les trois options, il s’agit probablement d’un ressortissant d’un pays étranger. Pour qu’il ne se sente pas déraciné, il serait inhumain que nous lui interdisions de faire venir sa famille en Belgique. De toute manière, qui refuserait de sortir de Guantanamo sous prétexte qu’il n’en a rien à faire de la Belgique ? Alors, content d’en être sorti, sans doute ; heureux d’entrer chez nous ? C’est une autre histoire.
On voit bien que tout ce cirque n’est qu’une façon complaisante de dire aux Etats-Unis qu’ils peuvent compter sur nous pour vider leurs poubelles. Madame Clinton l’a très bien compris qui nous en a déjà remercié chaleureusement. Qu’on cesse d’agiter le drapeau humanitaire, quand on n’a jamais officiellement protesté contre le camp de concentration de Guantanamo et qu’on agit comme nous le faisons au niveau du Service des Etrangers.
On se souvient du rapport d’Anne-marie Lizin, alors présidente du Sénat qui était allé flirter avec l’Etat-major du lieu et nous était revenue avec un rapport d’éloges des prisons-cages et des geôliers, alors qu’elle était restée à la porte du quartier de haute sécurité..
A deux doigts de poser des calicots « Welcome » à la descente de l’avion de ce miraculé inconnu, l’information du jour mentionne septante-six interpellations pour séjour illégal, lors de l’opération baptisée «Phénix 2 », menée depuis le 15 juillet et qui vient de s'achever, sur le territoire de Marchienne-au-Pont.
Ce n’est qu’une information prise au hasard, puisqu’il en existe régulièrement quelques unes par semaine dont on ne parle même plus, tant la chose est banale.
Derrière ces enquêtes, on trouve l'Office des Etrangers, le partenaire idéal de toute opération de ce genre qui fleure bon la chasse à la couleur, le mépris des étrangers et l’absolue indifférence au sort des femmes et des enfants. .
Sur les septante-six personnes en séjour illégal interpellées, soixante ont fait l'objet d'une mesure de placement dans un centre fermé, celui de Vottem pour près de la moitié, ainsi que ceux de Steenorkerzeel, Merksplas et Bruges.

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L’Office des Etrangers n’y a pas encore songé : pourquoi ne demanderait-il pas aux Etats-Unis d’accorder l’asile de ces gens à Guantanamo, puisque les pseudo terroristes vont déguerpir pour des cieux plus accueillants ?
Bien entendu, ces étrangers en séjour illégal respirent le crime et nous avons droit à la nomenclature détaillée des boulettes d’héro, des bijoux volés et jusqu’à deux armes blanches trouvées en leur possession ! Deux armes blanches pour septante-six personnes, ils étaient vraiment armés jusqu’aux dents !
Ce serait du plus haut comique si ce n’était tragique, d’imaginer sur le tarmac de l’aéroport la file montante des expulsés croiser le nouveau Belge accueilli en fanfare.
On pourrait suggérer que les Américains relâchent leurs prisonniers de Guantanamo là où ils les ont alpagués, puisqu’ils sont « innocents ». Ainsi, comme une bonne partie d’entre eux viennent d’Afghanistan les talibans seraient sans doute disposés à les accueillir à bras ouverts.

4 septembre 2009

Stop à la social-démocratie…

On ne peut pas dire que Jacques Julliard, soit un intellectuel exalté. Membre du PS français, traditionnellement « chrétien de gauche », on le remarque déjà en mai 68 à la Sorbonne pour ses propos modérés et son attentisme prudent, soulignant l’impasse politique du « gauchisme » tel le PSU, il soutient et participe aux processus des Assises du socialisme jusqu’à son adhésion au PS en 1974. Il voue une certaine estime à Michel Rocard pour son livre « Questions à l’État socialiste ».
Attaché à la modernisation du parti (déjà !), il adhère aux thèses de la social-démocratie qu’il développe dans ses différentes collaborations aux journaux et notamment au « Nouvel observateur » grâce à l’amitié de Jean Daniel.
Actuellement, il est membre du Comité pour la réforme des collectivités locales.
Pourquoi ce rapide et incomplet tour d’horizon de Jacques Julliard ?
Parce que ce personnage clé de la vie intellectuelle a su mettre le doigt sur l’essentiel du malaise au PS en phase de recomposition à l’université d’été de Rennes. Il tient en deux mots accouplés : la social-démocratie. Dans un article au « Nouvel-Observateur » il se livre à une critique sévère de la dérive de cette politique.
Cet homme qui joua un grand rôle à la CFDT et dans la propagation du roccardisme, voilà qu’il dit que les socialistes européens font fausse route et se trompent et trompent leurs électeurs, alors que la pâle Martine Aubry se jette dans des manœuvres de rassemblement autour du spectre d’une social-démocratie devenue pratiquement indéfendable à l’heure de la mondialisation du capitalisme.
Les jours de la social-démocratie sont comptés, écrit-il. Il est temps que les socialistes perdent cette idée que collaborer avec le capitalisme sera favorable à la longue aux travailleurs.
L’hebdomadaire Marianne a relevé quelques extraits du papier de Julliard que je me fais un plaisir de reproduire. « Le passage du capitalisme civilisé au capitalisme sauvage des actionnaires nous oblige à reconsidérer toutes nos analyses et toutes nos pratiques politiques (…). La deuxième gauche est morte. Le néocapitalisme l’a tuée (…). L’horreur économique, nous n’avons rien fait pour la conjurer. Pis : nous avons donner parfois l’impression de la tolérer (…). Nous avons aussi à entamer une analyse et une réflexion en profondeur sur le statut de l’argent dans nos sociétés (…). C’est l’idée même de ce capitalisme hors sol, hors production, fondé exclusivement sur la spéculation, qu’il faut déraciner, expulser des cerveaux formatés par le bourrage de crâne ultralibéral (…). Un Fabius, un Strauss-Kahn sont beaucoup trop compromis avec l’ancien système économique dominant pour incarner le renouveau (…). Il faut redonner au socialisme sa dignité morale ».

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Ce texte est sans appel quand on l’applique aux notables qui constituent l’épine dorsale du socialisme belge, tous plus ou moins compromis, englués dans le pouvoir et l’argent.
Et c’est le drame de tous les partis socialistes européens qui ont cru aux lendemains qui chantent par une co-gestion du capitalisme, d’un côté les propriétaires, de l’autre les travailleurs avec leurs intermédiaires syndicats et parti, pour l’octroi de conventions de compensation dans une cohabitation bénéfique pour tous.
Eh bien ! cette vision idyllique du monde des affaires en osmose avec celui du travail, c’est fini !
On pourra me reprocher les pires erreurs, mon impulsivité, parfois la confusion de mes propos, mon manque d’information, mon manque de rigueur, même, je l’admets bien volontiers. Je ne peux pas être à la fois un auteur, un comité de rédaction et un grand reporter qui va aux sources. Mais jamais je n’ai dit autre chose que ce que Jacques Julliard martèle avec force dans le « Nouvel Observateur » : la social démocratie est en train de faire la démonstration de sa nuisance…
Hélas ! c’est un drame pour les notables du parti à double titre, parce qu’ils en vivent et fort bien, et parce qu’en vivant très bien de la chose, ils se sont tout à fait – volontairement ou involontairement – coupés des réalités de la classe sociale qu’ils représentent et qu’ils sont en train de trahir.
Vous savez ce que c’est que d’avoir un parti engagé à fond dans un système dont il faut le désengager au plus vite. Les élites ne suivent pas, pire font de l’obstruction.
C’est flagrant en France, ce l’est encore plus en Belgique, parce que dans notre pays, il n’y a pas d’autre alternative quand on est de gauche que d’être socialiste !
En France, les échappatoires sont salutaires et finiront par avoir la peau des résistances au sein même du parti de Martine Aubry. En Belgique, il faudra bien qu’une lame de fond éjecte tous les notables hors du parti de Di Rupo. L’argent qu’ils gagnent dans un système qui corrompt l’homme jusqu’aux fonds des poches n’est qu’une forme de la corruption « douce » dont use le capitalisme à leur égard..
Ce qui fait douter en Belgique que l’on puisse un jour sortir du concept social-démocrate, c’est que les « élites » socialistes y ont fait de belles et longues carrières, s’y complaisent et destinent la même vie à leur progéniture, comme le CDh et Ecolo, par ailleurs.
Vous voyez comme c’est difficile de changer les habitudes en Belgique. Il est vraisemblable que ceux qui veulent le changement au parti socialiste n’y arriveront pas, laissant un boulevard à toutes les aventures et à tous excès.
C’est dramatique !
Eh bien ! si le parti ne change pas, il faudra bien en refonder un autre.

3 septembre 2009

Système D au PS.

Il n’y a pas que le MR parti de notables, à être un parti surfait et faisandé.
On connaît la boulimie des notables du PS qui n’ont rien à envier aux autres ;
On sait d’où vient l’ascension des frères Happart dans la hiérarchie du PS. C’est le coup de José à la tête du peuple fouronnais résistant à la flamandisation, qui fit connaître la fratrie.
Chapeau l’artiste ! Ce fut crâne, bien vu et plein de panache. La suite est moins noble…
Profitant de sa popularité miraculeuse, José négocia une place de notable au PS grâce au plébiscite des Wallons. Son frère eut droit à un accessit de mandat, par consanguinité. Ce qui est piquant, c’est l’adhésion des frères à un parti signataire du bradage des Fourons à la Flandre..
Après, le monde connaît l’histoire et comment les Fourons ont basculé définitivement du côté des pointus grâce aux voix des Néerlandais venus s’installer en force dans la Région.
Depuis, les fans de José ont été plus rares. Les Fouronnais francophones qui espéraient beaucoup de cette bi-notoriété ont été lâchés par l’opinion publique refroidie. Comme les Frères n’ont pu recoller les Fourons à la province de Liège, la messe était dite.
José s’est retiré à l’aise, après avoir monnayé sa bravoure. Il a conservé quelques mandats riches en protéines bancaire. L’autre gaule les noyers des halliers de Di Rupo, il « fait » dans le parlementarisme, comme on « fait » arboriculteur sur le plateau de Herve.
C’est de bonne guerre. Ils ne sont pas les seuls. Le MR n’est pas en reste.
Reste à établir un quiz : Jean-Marie serait-il moins habile que son frère ? Car José même à la dernière affaire – le voyage en Amérique – s’il s’est fichu de la tête des contribuables, n’en a pas, pour autant, commis le moindre délit. Et alors qu’on lui criait « remboursez » et que certains de ses compagnons d’agréments s’exécutaient, José n’a jamais plié tout en persistant dans son bon droit de voyage d’études aux frais du Wallon de base.
On lui a connu des « affaires » sous la forme de bruits divers et chuchotement, un peu comme son ami Van Cauwenberghe, toujours montré du doigt, vraiment jamais convaincu d’indélicatesse.
Qu’ont-ils besoin de se remplir les poches autrement qu’en toute légalité ?
Jean-Marie est moins adroit, d’autant plus pressé peut-être d’asseoir un compte en banque qu’étant connu par célébrité interposée, il doit ramer sans l’aura des voix de préférence de son jumeau.
Au début de l’été, Davignon a claqué la porte du Conseil du circuit de Francorchamps à la suite d’une ténébreuse affaire de remise en état de la loge « champagne » du circuit pour quelques misérables 25.000 euros, une paille comme s’est justifié Jean-Marie à côté de ce que ce circuit à coûté et coûtera encore aux Wallons pour sa remise aux normes d’Ecclestone. L’Anglais tient toujours le gouvernement wallon aux roubignolles par des signataires délégués d’un contrat comprenant d’énormes garanties et pénalités en cas de renoncement.. Ce n’est pas Serge Kubla qui dira le contraire. On se souvient de l’argument de Jean-Marie à certaine garantie qui nous engageait calamiteusement à remettre le circuit en état. Sa signature au bas du parchemin, il ne la nie pas, son argument : le texte était rédigé en anglais, langue que Jean-Marie Happart ne possède pas !
Rarement oncques ne vit pareille défense basée sur l’ignorance !...

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Revenons au récent pensionné, à José tel qu’en lui-même…
Un notable, qu’il soit du PS ou d’ailleurs ne peut pas se farcir tous les mandats. L’important c’est que l’on sache que c’est lui Saint-Nicolas.
C’est en général un membre du même parti qui reçoit le jouet sollicité.
En principe, qui reçoit devient l’obligé de qui a plaidé pour lui auprès de dieu Elio.
Chez Reynders, ou chez Milquet, c’est pareil. Ce le sera bientôt aussi chez Javaux, si ce n’est déjà fait. Ainsi marche la Belgique…
L’inégalité intellectuelle des deux frères serait-elle en train de se combler ?
José, président de Liège-Airport, a un directeur d’une gourmandise telle qu’elle lui fait faire des bêtises. Luc Partoune du PS, c’est ainsi qu’il se nomme, a commis l’erreur de licencier un certain Mario Di Paolo, qui a des dossiers ne demandant qu’à être exploités.
Si vous entrez dans la haute Administration par la voie habituelle, c’est-à-dire le piston, il est recommandé d’établir des dossiers sur toute la hiérarchie et principalement sur votre supérieur direct et même sur celui de qui vous tenez l’emploi, surtout si les loges sont différentes !
Mario, dans une lettre datée du 22 juillet, souhaite communiquer au comité de direction de « nouveaux éléments importants et graves sur les manquements dans la gestion de son directeur général ». Les faits dénoncés pour 2008 se seraient aussi produits les années précédentes.
« Je ne vais pas répondre à sa demande, car il ne fait plus partie de la société et pourquoi n’a-t-il pas dénoncé tous les faits en même temps dans son premier dossier d’accusation ? Je crois qu’il cherche par un moyen détourné d’avoir une réunion avec nous, parce qu’on n’a pas répondu à sa première demande", réplique superbement José Happart, qui ainsi rassure son directeur.
Mario n’a pas digéré que José Happart ait déclaré l’avoir licencié pour incompétence. Or, c’est parce qu’il a dénoncé des fraudes dans le chef de son supérieur hiérarchique qu’il a été remercié. Il aurait l’impression que les membres du comité de direction n’ont pas été bien informés des manquements reprochés au directeur général de Liège Airport.
José couvrirait-il son directeur général ? Il est vrai que s’il y a eu détournement les sommes sont minimes. Mais cela commence toujours ainsi, si on se souvient de la genèse des affaires de Charleroi. Qui vole un œuf, vole un bœuf.
Di Paolo parle de l’achat d’un frigo (Cebeo, 523,34 €), facturé à l’aéroport, mais à livrer au domicile de Luc Partoune, le nettoyage de massifs au domicile de ce dernier par la firme D. mais payé par l’aéroport. La liste des dénonciations indique aussi l’achat de matériel électrique, réceptionné à Gand et destiné au "nouvel appartement acheté par le directeur général". Remontant dans le passé, une dégustation de vins chiliens avait été organisée dans le nouveau terminal de Liège Airport par une ASBL gérée par Luc Partoune, également consul du Chili. Du personnel de l’aéroport aurait participé à la préparation de l’événement durant des heures de travail. Il avait évoqué le versement de commissions secrètes pour un montant de 19 000 € via le consultant (Euroland) de Liège Airport en Chine.
Il semble que certains manquements sont avérés, notamment le recours à la firme D. qui a fait des travaux de nettoyage chez M. Partoune sur le compte de l’aéroport.
Alors José et Jean-Marie, un partout et la balle au centre ?
Lequel est le plus ficelle ou si l’on veut, le plus intelligent ?
Quant aux Fourons, merci, la flamandisation s’accélère. Il ne reste plus aux derniers francophones qu’à se replier sur Visé.

2 septembre 2009

Michel, le petit père dépeuple... le MR

Les déclarations du « fou » à RTL-TVi relance la partie de poker-menteur entre lui et Didier Reynders. « Didier Reynders devra juger s'il est encore en mesure de présider le MR », nous bonit Louis Michel, dans son rôle nouveau de challenger.
Ah ! il l’attendait la défaite, pour qu’« it is time to thing of going back » disaient les yeux doux de Loulou.
Sans un mot sur la crise du libéralisme, rien sur la souffrance des gens à cause du système qu’il proclame pas encore assez désentravé des assurances sociales et des taxes qui freinent l’expansion, le fou retrouvait toute sa tendresse à l’égard des pays pauvres « qui l’avaient transformé et fait de lui un autre homme ».
C’est curieux quand on est libéral à ce point d’aimer les populations des parties du monde qui ont à souffrir le plus des méthodes économiques tant prônées par l’ex président du MR.
Comment a-t-il osé porter la bonne parole à des pauvres qui justement le sont à cause de tout ce qu’il représente ?
Mais on sent l’homme avide de refaire surface dans la Belgique des notables et on ne le croit pas du tout quand il affirme qu’il accomplira son mandat de député européen avec la passion du convaincu des Institutions qu’il défendra à Strasbourg et à Bruxelles jusqu’au bout.
Un léger frémissement de la base libérale en sa faveur et il se précipitera sur l’estrade des chefs pour en découdre avec son grand rival. Voilà la vérité. Et pas pour « sauver le peuple belge » qui l’intéresse beaucoup moins que les peuples sur lesquels s’est penché le Commissaire rondouillard, par orgueil et gloriole d’une part, et ensuite pour « to round off one’s fortune », car il doit en avoir des picaillons depuis qu’il vit sur le dos du peuple, ce propagandiste du travail opiniâtre du genre anglo-saxon pour les autres.
Bien lancé sur sa nouvelle idée fixe, Loulou ne voit pas le piège dans lequel Vrebos l’entraîne. Tout à sa haine et son envie d’étaler sa nouvelle sagesse à l’issue de son mandat à l’Europe, le scout libéral est désormais à la disposition du MR pour « remettre le programme des Réformateurs à l'avant-plan. » Entendez par là que pour ce qui concerne l’avant-plan, ils seront deux, lui et le programme. C’est Pétain en quarante qui se sacrifiait pour la France, pour ainsi dire.
Sous-entendu également que pour ce qui est de Didier Reynders : « Il lui appartient de juger s'il a encore la légitimité et le soutien pour remettre le parti en marche avec lui à sa tête ».
D’après le sens qu’il fallait entendre par là, s’il ne dépendait que de Michel à juger de la légitimité du Liégeois, il ne fait aucun doute que le président pot de colle actuel serait démissionnaire sur le champ et Loulou déjà président par intérim en attendant son triomphe par acclamation dans un congrès vite fait, bien fait.
On sait déjà que Reynders a fait une concession au clan Michel en proposant « un congrès programmatique à la rentrée ». Mine de rien, celui qui s’y voyait déjà, n’est plus sûr de rester au haut de l’affiche. Il s’est aliéné à jamais le soutien de Gérard Deprez qui a rejoint les Karamazov de Jodoigne depuis que Reynders avait voulu l’évincer de son gagne-pain à l’Europe.
Ne plus pouvoir compter que sur le pharmacien Chastel pour faire passer la pilule de l’échec des Régionales, c’est un peu juste.

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Où Michel est gonflé, c’est quand il reproche à Reynders son affrontement permanent avec le monsignore du Ps, alors que depuis qu’il est rentré d’Afrique et qu’il a remis son mandat de Commissaire au suivant, il n’a cessé d’asticoter son président en portant la zizanie à l’intérieur même du MR !
Et si la campagne électorale a été marquée par l'affrontement entre le PS et le MR au point d’occulter les idées des Réformateurs, ce qui sera perçu, c'est la passe d'armes qui se met en place et qui occulte à nouveau les idées, au point que l’on se demande si le MR en a jamais eues.
Voilà notre homme lancé dans la reconquête du MR. Comme ce parti n’est plus qu’un dépôt d’épouvantails à moineaux, la lutte va se circonscrire entre quelques têtes d’affiche.
Pendant ce temps, la crise du capitalisme fait des ravages et personne dans cet aréopage de gens à la capacité intellectuelle surfaite n’est capable d’en dire autre chose que les conneries que résume très bien Louis Michel.
Vraiment, ça fait plaisir à voir des gens qui s’expliquent à coup de stratégie mal conçue, alors que c’est tout bêtement l’électeur traditionnel du MR qui n’en a plus rien à cirer du libéralisme mondain.

1 septembre 2009

Une femme de loi sous influence.

Reprise des débats du dimanche sur RTL, la RTBf étant toujours plongée dans la sieste des vacances.
Bien entendu, reprise avec les mêmes ou à peu près, pour un raout de gens de robe, avocats et magistrats, pour les autres, circulez, il n’y a rien à voir.
En question, Francine De Tandt, ses rapports avec l’ex prévenu et néanmoins créancier, Luc Vergaelen, le dossier Fortis, et quelques autres broutilles, cela lui ayant valu un dossier disciplinaire qui grossit à vue d’œil.
Eh bien ! le public se trompe. Karin Gérard, magistrate, de sa belle voix grave des salles d’audience aux boiseries favorables à l’acoustique exclusivement pour le premier rang du public, nous exhorte de réfléchir au jugement que nous portons par avance et nous demande instamment de nous faire à l’idée que toute personne est innocente avant jugement.
Ce qu’elle craint et avec elle Thierry Giet, fils d’un autre Giet connu pour s’être mêlé les pinceaux dans l’affaire Cools, et peut-être me corrigerez-vous ? dans l’affaire Dutroux, Maingain, chef de parti, avocat et géomètre en limitation de frontière linguistique, le Flamand de service CD&V-senator Hugo Vandenberghe, toujours en difficulté avec les temps du conditionnel, ce qui pour un juriste est un comble, Luc Maes, avocat de presse, tous unanimes : A faire ce tapage autour de la présidente du tribunal de commerce de Bruxelles, le public risque d’avoir une image négative de la justice.
Je déroule des tapis pour la suite : une magistrature irréprochable, intègre, une des meilleures du monde, ne mérite pas un tel opprobre, mais des félicitations et des encouragements..
C’est curieux tout de même, on ne court plus le risque d’avoir une image négative de la justice parmi le public, puisque c’est fait depuis longtemps !
S’il est bien un sujet que tout le monde a évité sur le plateau, comme n’importe quel badaud avisé marchant les yeux au sol évite sur le trottoir la superbe déjection canine, c’est bien la compétence.
Certes, ils sont tous compétents à l’extrême, y compris la présumée innocente, seulement quand on lit dans les journaux que madame la présidente s’est fait ratiboiser un gros paquet de fric sur une question de placement juteux en Afrique par un bonimenteur gabonais, personnage qui court littéralement sous toutes les nationalités dans tous les courriels et sur Internet, on se demande si une pareille crédulité est compatible avec la perspicacité adéquate pour dénouer les affaires de commerce fort souvent d’une extrême complication ?
Reste à dresser une liste des reproches que l’on fait à l’innocence.
On va passer au peigne fin les jugements que madame de Tandt a rendus concernant la société NV Uras de son créancier Luc Vergaelen.
On va tester la résilience de Francine aux pressions dans le cadre du dossier Fortis. Ainsi, le 2 décembre, elle serait revenue sur un arrêt formulé verbalement en faveur des actionnaires minoritaires. Ce revirement de Mme De Tandt aurait fait suite à des pressions exercées par des avocats de Fortis. Elle pourrait avoir subi l’influence de certains avocats lors du référé réglant la vente de Fortis à BNP-Paribas.
Il faut ajouter quelques broutilles, par-ci, par-là, qui ont probablement jeté sur la paille des artisans malheureux et peut-être réjouis quelques financiers audacieux.
C’est à se demander si les commerçants faillis, les artisans devenus chômeurs depuis que la présidente désignée par Laurette Onkelinx lorsqu’elle était aux manettes au ministère de la justice, exerce son noble métier, si porté aux nues par ailleurs, ne sont pas en droit de faire valoir leurs droits pour une nouvelle procédure ?
Que le système judiciaire en prenne un coup, n’est pas étonnant.
Qu’une suspicion du petit justiciable à l’encontre des Cours du Royaume selon l’adage « que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de cour, vous rendront blanc ou noir » n’est pas aussi légitimé en dénonçant une forme de racisme riche/pauvre, que l’oxymore apparent blanc/noir, dissimulerait ?
Il manquait après cette belle démonstration du barreau, l’avis péremptoire d’un grand personnage politique sur sa carrière, ses œuvres, et son futur.
En levé de rideau, on avait déjà atteint des sommets avec l’interview de Louis Michel.
Egal à lui-même, LM nous a diverti un peu, ennuyé beaucoup, Louis Michel est pour un programme, le sien, que Reynders n’a pas suivi. Il doit donc démissionner. LM compte bien prendre sa place. Normal. Avant la présumée innocente, le présumé irresponsable.
On a été gâté dimanche. Comment la RTBf va-t-elle pouvoir faire plus fort la semaine prochaine ?
Une suggestion, réinviter LM pout toute l'émission dimanche prochain. Parfois en une semaine, ça s’aggrave.

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