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28 février 2014

Marianne Belgique : la fin.

Quand une aventure se termine dans la presse, c’est toujours un appauvrissement du tissu intellectuel et donc un préjudice pour l’ensemble des citoyens.
Marianne France n’étant plus distribué dans les kiosques et les librairies de chez nous. Il se trouve que, lecteur assidu du magazine, je me suis normalement tourné vers la mouture belge, tout en regrettant de n’avoir pas le choix. Le nouveau patron, le journaliste de RTL Vrebos, devenait rédacteur en chef.
Après quelques numéros, il ne fallut pas être grand clerc pour deviner que la publication belge ne tiendrait pas le coup. Elle ne tranchait pas suffisamment sur les fadeurs du Soir magazine et autres amusettes belgicaines.
La trop grande proximité des patrons de presse avec les pouvoirs éditoriaux, les familiarités politiques dans les rédactions, le recrutement dans les écoles de journalisme par les mêmes, trois raisons, parmi d’autres d’un Waterloo morne plaine, programmé.
Ces pratiques garantissent au moins une unité de ton, dans l’avalanche des lieux communs et des clichés sur la société belge. Le lecteur est en permanence dans une sorte de halo culturel qui le distrait des réalités.
Et puis, il y a le talent naturel de l’autre côté de la frontière qui nous manque. La France est un grand pays. Elle produit évidemment plus de candidats de qualité à l’écriture qu’en Belgique. Les patrons de presse y sont moins contraignants que chez nous, quoique, évidemment, l’idée d’appartenance à une idéologie fait qu’un certain journal se définira autrement par rapport à un autre. Chez nous la diversité est imperceptible, si l’on excepte la tendance de certains à verser dans le people.
Scinder Marianne en deux publications distinctes a été une erreur. Il aurait mieux valu ne rien retrancher à l’original, quitte à l’ajout d’un cahier belge que les lecteurs eussent payé en supplément, plutôt que faire du neuf, en abandonnant les pointures qui font l’intérêt de la publication française.

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Selon Vrebos, le magazine français fournissait le quart environ d’articles ; mais, cela ne se sentait que dans la façon d’écrire qui n’était pas en faveur de Vrebos et de ses boys. Il faut dire que les meilleurs journalistes de terrain étaient régulièrement absents de ce quart.
On a senti tout de suite la limite : comment faire tenir debout un magazine « mordant », rien qu’avec les plumes officielles et « réputées » de chez nous ?
Ça a l’air impossible. Pourtant… Il faudrait rompre avec… comment dire ? Le pensum du bon élève et le retenu des coincés, un mal dont souffre toute la presse du pays.
Et ça, ce n’est pas gagné !
La reprise de "Moustique", pour étoffer Marianne Belgique, n’est pas une bonne chose. Ce serait mélanger le bleu et le rose et sortir un violet d'évêché !
Bref, on veut continuer à faire du Marianne sans Marianne et avec un autre titre. Pourquoi pas « Vrebos bosse vrai magazine » tant qu’on y est ? Qui dans les entrepreneurs a envie d’investir là-dedans ?
Pas grand monde.
Allons, réveillez-vous.

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27 février 2014

Dès que je le peux, je me barre !

Le questionnaire que 210.000 jeunes Français ont rempli en 2013 sur l’initiative de France Télévision est un concentré de dynamite.
On y retrouve l’ambiance sombre des années du romantisme hugolien. On pleure beaucoup, on est désespéré et parfois d’un geste théâtral, on se tue…
Vingt ans n'est pas le plus bel âge de la vie. Une génération perdue, l’expression s’entendait déjà bien avant14 et se retrouva dans l’entre-deux guerres, juste avant le Front Populaire qui redonna aux jeunes un peu de rouge aux joues.
Près de la moitié des sondés pensent que leur vie sera pire que celle de leurs parents. Un jeune sur trois est persuadé qu’il ne connaîtra jamais autre chose que la crise.
Le trait marquant semble que le discours de crise s’établit de façon permanente et est devenu depuis 2008 et pour très longtemps, l’était naturel du système.
Les 18-25 ans ne croient plus à une société qui récompense le mérite. Ils ont le sentiment que la société française ne leur donne pas les moyens de montrer ce dont ils sont capables.
Ce sont les jeunes les moins lestés de bagages scolaires qui montrent le plus d’inquiétude. On pouvait entrer jadis dans une entreprise au bas de l’échelle et finir directeur ou fondé de pouvoir. Aujourd’hui, c’est tout à fait impossible. Sous l’effet de la contraction sociale des clivages infranchissables séparent désormais les travailleurs.
Quand Philippe Clay chantait « Mes Universités », il ne croyait pas que celles-ci ne s’apprendraient plus dans la rue. C’est le cas ! Et c’est toute une richesse intellectuelle qui disparaît au profit d’une cuistrerie corporatiste.
C’est un peu le même phénomène qui s’est implanté en Belgique depuis la fin des Trente Glorieuses, dénommées comme telles quoique n’ayant nullement résolu le chômage, ni éliminé la misère sociale.
Cet effet d’abandon par la société d’une « génération sacrifiée » est perceptible aussi en Région wallonne et il est tout à fait regrettable que les partis au pouvoir n’en aient pas déterminé les causes et chercher les moyens d’en réduire les effets. C’est la grande lacune de tous les programmes électoraux, à propos d’une jeunesse qui ira du temps partiel à l’emploi précaire, sans oublier des périodes de chômage, préjugeant des pensions incomplètes, des revenus au bord du seuil de pauvreté.
Tous évidemment craignent qu’à l’occasion du triste constat de l’avenir de la jeunesse, celle-ci n'en vienne à critiquer ouvertement, plutôt que les conséquences du système, le système lui-même.
Élio Di Rupo aurait l’air fin après avoir descendu le drapeau rouge, de constater que celui de l’Europe a le bleu qui déteint.

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Les mesures prises récemment à l’encontre des chômeurs qui tarderaient à retrouver du travail sont mal vues en Wallonie. L’étude française revient sur ce sujet brûlant. Ce qu’en pensent les jeunes Belges est probablement identique au sondage du « Monde » : « Les jeunes valorisent d'autant plus le travail qu'il leur échappe, un quart d'entre eux connaissant le chômage. Seule une toute petite frange le rejette, envisageant de vivoter en marge du système. 81 % des répondants disent que le travail est important dans leur vie. Et pas seulement pour gagner de l'argent. La moitié déclare que travailler sert avant tout à s'épanouir. « Qu'ils soient soucieux de l'équilibre vie privée - vie professionnelle ne veut pas dire que la valeur travail se perd ».
Rien n'est plus faux que les clichés sur une « génération feignasse », écrit Camille Peugny.
La droite raffole des clichés du chômeur indélicat, qui vit au crochet de la collectivité et qui au moyen de combines et en se contentant de peu, joue au rentier comme les bourgeois qui ont réussi et qui ont pignon sur rue, vivent de combines plus ou moins légales et se contentent de beaucoup. Les premiers sont conspués et les seconds servent d’exemple éthique à Didier Reynders.
Les discours sur la décadence ont toujours existé. Le pouvoir étant détenu en général par des personnes âgées explique cela. C’est même un paradoxe d’un pouvoir partagé entre vieux de s’occuper des besoins de la jeunesse.
La jeunesse pense que la particratie ne changera pas leur vie, les figures de proue feraient bien de gamberger là-dessus.
Peut-être un bon coup de torchon ?

26 février 2014

Le palmarès.

La Libre Belgique punaise les stars du show politique pré 25 mai sur son grand mur « des cons ». Pas de surprise. Le public est constant. Les mêmes rigolos font les têtes d’affiches. La politique, c’est comme le spectacle. On ne vient pas voir le Tartufe de Molière, on vient voir Philippe Torreton.
C’est même pour ça que la démocratie ne fait pas sérieux. On s’est accommodé à la tournure façon remake de la manière dont on la gère pour nous, jusqu’à présent assez bénigne. Et c’est ce qui fait son charme. On sait qu’on y est cocu, mais que l’amant de la dame ne nous tient pas rigueur d’exister. On n’est pas en Ukraine.
Dans la course à l’échalote, un qui ne fait pas que tomber la chemise, mais aussi les sondages, c’est le premier ministre. Di Rupo perd un peu de son truc en plumes, mais la star reste la star. Il est au haut de l’affiche. Sa fausse humilité paie et on ne lui tient pas trop rigueur de sa social-démocratie entrée sans honte dans le paradis artificiel du centre, n’en ayant aucun remord et reniant les statuts mêmes du parti socialiste.
Pour le reste des dieux du stade, les partis traditionnels s’en tirent bien, sauf Écolo qui a eu la mauvaise idée de la présidence bicéphale. Le badaud n’aime pas les podiums à deux. Une passion ne se partage pas. D’autant que l’exclusivité amoureuse fait le reste et on déteste souvent plus qu’à son tour le partenaire des deux qu’on aurait voulu voir sur la deuxième marche. Enfin, tout le monde connaît l’impossibilité d’Écolo de traiter des problèmes simplement. Encore que, sur le fond, Écolo en ouvrant les possibilités à deux des siens lutte contre le star-system, mais le public n’est pas assez mature pour apprécier l’effort.
La Libre met le doigt sur « la mauvaise popularité des ministres du Gouvernement wallon ». Ils ne sont pas populaires parce qu’ils n’ont pas de shows permanents, à part Demotte, on ne les connaît pas ou lorsqu’un drame social les met en lumière, comme Marcourt ou Antoine. Si Demotte assurait sa présidence en tant que premier responsable, sa popularité s’en ressentirait. Il a l’intelligence de ne se montrer que dans des activités neutres, on ne le voit pas quand Arcelor-Mittal licencie ou quand les comptes de la Région sont épinglés par la Cour des Comptes. C’est un malin.

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A la Région, Jean-Marc Nollet reste toujours confondu avec Jean-Michel Javaux. Comme ils offrent une image lisse l’un et l’autre, Le premier bénéficie des sondages de l’autre et vice-versa. C’est pratique, c’est écolo et c’est surtout le désintérêt général qui veut ça.
Qui connaît Eliane Tillieux (47e), Philippe Henry (50e) et Carlo Di Antonio (52e) : personne. C’est bien l’illustration de la pacotille du souk démocratique, alors que ce sont des gens qui – peut être - mériteraient d’être connus
Il y a quand même des contrexemples. Willy Borsus opposant MR à la Région ne bénéficie pas de sa faconde et de sa notoriété devant les médias. Ses coups de gueule ne lui valent que la 43me place. Ici, un autre facteur aussi factice mais néanmoins capital dans le toc général, c’est le personnage. C’est purement et simplement de la discrimination au faciès et à sa manière volontiers agressive. Pour sauter dix places, il lui faudrait une gueule d’ange et des manières polies. Magnette, par exemple, à la gueule de l’emploi et en même temps à le sourire aimable des gens qui vont dire des vacheries et les électeurs aiment ça.
Reynders, depuis qu’il a laissé sa place à Liège à Christine Defraigne prospère et profite au niveau national. Son interprétation hors pair du citoyen indigné, son maniement intelligent de la langue française, enfin son culot de dire les yeux dans les yeux des énormités aussi fausses que la porcelaine de sa denture font de lui l’archétype du parlementaire appelé à de hautes fonctions dans le cadre d’une démocratie de circonstance.
Un mystère plane sur la bonne tenue dans le classement de Willy Demeyer. On l’entend rarement, son élocution est laborieuse et c’est un des rares dans la compétition à laisser parler les autres dans les débats télévisés.
Sans doute est-il l’exception qui confirme la règle ?
Un petit qui progresse bien, c’est Raoul Hedebouw. Propre sur lui, tenant des propos intelligents, usant d’un sourire désarmant, il recueille les suffrages des mécontents de plus en plus étoffés par temps maussade. Il évite de parler du grand soir, de la lutte des classes et de sortir un mouchoir rouge pour faire peur en se mouchant. C’est de bonne guerre pour ne pas effaroucher un public resté très arriéré politiquement et qui croit toujours en l’alliance du progrès social et des bonnes petites affaires.
Il fallait un Écolo pour fermer la marche. C’est fait. Patrick Dupriez, est loin derrière à la 56e et dernière place du classement.
Les vedettes du Nord, nous intéressent moins. Elles échappent à nos suffrages. Mais, elles dépendent des mêmes facteurs dérisoires et ridicules qui déterminent les gens et rendent aléatoire tout progrès dans une démocratie, à la pousse toi de là que je m’y mette.

25 février 2014

Hommage à Bè Kwèr (1)

Tous nos beaux esprits wallophones et bruxellophones ont eu les yeux braqués sur la sortie de Bart De Wever de l’hôpital. Ils sont à moitié rassurés. Le président de la N-VA apparut les traits tirés. De l’avis général, il ne va guère mieux. Cependant, tous auraient souhaité qu’il y fût resté une semaine supplémentaire. Cela aurait pu être un message encourageant pour le 25 mai.
Cette info date de dix jours. Cela n’a l’air de rien, mais dix jours dans l’info d’aujourd’hui, cela fait dix ans du temps cosmique électoral.
Pourtant, nos élites n’en ont pas dormi de cette maladie là. Les journaux leur donnent de faux espoirs, puis le lendemain, pfuitt, plus rien. Ce n’était pas la maladie en elle-même qui intéressait, mais « après la rémission, à quand la récidive ? ». Le plus optimiste titrait que l’ex-gros n’avait pas bonne mine et d’ajouter dans le corps de l’article « Rappelons qu’il a passé une semaine complète à l’hôpital pour une triple infection, aux poumons, au cœur et au foie. Il a passé plusieurs jours aux soins intensifs. »
« Mais, c’est une infection complète », entendit-on dans les bonnes brasseries.
Les francophones se cotisaient déjà pour le séjour aux soins palliatifs.
Les plus confiants en l’avenir préparaient quelques mots pour une nécrologie bien sentie, empreinte de l’émotion vraie que l’on doit à ceux qui font vraiment plaisir en s’en allant.
– L’ami Bart nous a quittés. C’était un rude adversaire, mais il était loyal… Son souvenir restera à jamais, etc.
En attendant ce grand moment, le moribond a repris ses séances au conseil communal, évitant de nommer un suppléant et d’ainsi donner de faux espoirs.
Mine de rien, c’est un monde impitoyable celui de la politique. On s’est demandé longtemps pourquoi Reynders avait toujours une banane dans son attaché-case. On a cru que c’était un coupe-faim. Erreur, seule la peau l’intéresse.
Nous vivons dans un monde où chacun tire à vue. C’est naturel, un soir on découvre avec ravissement que Laurette a massacré un personnage qu’on déteste soi-même. Elle devient aussitôt la favorite du sérail. Quelques jours plus tard, ô stupeur, voilà que la sultane se permet de débiner un type pour lequel on a de l’estime au point qu’on pensait voter pour lui. Du coup, son numéro devient indécent.
J’ai en se moment un « client » bien malheureux, il ne me supporte plus, cependant il ne peut pas s’empêcher d’ouvrir mon site tous les soirs. Ça lui fait du tort. Les psy n’y comprennent rien. Je lui ai écrit cent fois « Arrête, ça te fait trop mal ».
Lui aussi désirerait me voir claboter. Je parie qu’il me ferait un de ces éloges funèbres tellement enthousiaste que même le croquemort ne pourrait s’empêcher de penser qu’il n’y a qu’une haine profonde capable d’atteindre au sublime. La preuve, les plus belles lettres d’amour ont été écrites par des cocus.
Tout cela nous éloigne de l’actualité, le drame de Kiev, les amoureuses de quinze ans qui écrivent à leur idole Marc Dutroux, la popularité de Hollande à 19 %. Rien sur Élio ! C’est curieux. Il ne nous ferait pas une petite rechute aussi, le bel oiseau ?
Si, quand même, la visite aux Pandas. Il était croquignolet Élio de Mons, son nounours sous le bras.
-Quel âge tu lui donnes ?
-…. ? Soixante ?
- Tant que ça !...

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Avec le corps qu’il a, c’est autre chose qu’une sortie de l’hosto du maire d’Anvers. Élio, franchement, c’est le jouvenceau pour une marque d’after-shave : un hédoniste, un corps qu’eût aimé immortaliser Phidias le grand, compagnon de jeux d’Alcibiade descendant le grand escalier du Moulin Rouge, avec son truc en plume !
Les Pandas dans leur cage n’avaient d’yeux que pour lui, il faut dire que la télé aussi…
Vous le laissez deux nuits à Pairi Daiza et il nous fait un ours de plus !
Le génial Montois aime son corps et le corps des beaux hommes. C’est son droit. C’est un esthète. Les épaules sont magnifiques, quand de dos à la caméra, il fait le geste de tomber la chemise. On l’avait déjà vu en slip à la piscine de Mons, le dard bien dessiné dans le latex rouge, les roubignolles en formation serrée sous le fût. Franchement, on n’aura jamais plus un premier ministre pareil. Quand on songe au profil de Wilfrid Martens, au ventre de Jean-Luc Dehaen, à la dentition de Verhofstadt !
Et dire qu’on pourrait le perdre !
« Je le pansay, Dieu le guarist » dit Ambroise, ajoutant derechef « puis ne le voulust point ».
Que voulez-vous, quitte à faire bondir mon lecteur irascible et qui me veut mort « les cimetières sont pleins d’ombres propices et de cyprès classés ». Et un cyprès de soixante ans, c’est un jeunet.
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1. "Beau corps" en wallon liégeois.

24 février 2014

Un peu, beaucoup ou pas du tout ?

La récente déglingue d’une députée européenne par son chef de parti qui avait décidé de placer un syndicaliste, créature de bureau de la CSC, montre que Lutgen se fait une drôle d’idée de l’UE. Il n’est pas le seul. L’Union Européenne est devenue une sorte de poubelle fourre-tout des appareils. On y place et on y déplace ses créatures « en attendant mieux » dans une ambiance tout à fait particulière, puisqu’il y a un fort courant franco-anglais conduit par des gens qui y sont dépêchés par leur parti pour détruire l’Europe de l’intérieur.
Si on joint à ce courant, les députés Verts assez désabusés d’une Europe sociale en panne, pratiquement inexistante, il n’y a plus grand monde. Les derniers partisans de l’UE sont des centristes. Les partis socialistes ont un pied dedans et un pied dehors par la diversité de leurs courants et notamment leurs oppositions internes, sauf le PS belge où le caporalisme des chefs exclut la liberté d’opinion.
A parcourir les listes des candidats belges à l’Europe, on est saisi du nombre de « vieux » que les chefs de parti envoient pantoufler sur une voie de garage en remerciement des services rendus. Ils y vont sans y aller vraiment. On ne les verra guère à Strasbourg siéger au parlement. Ils n’ont qu’une vague idée de ce qu’ils pourraient y faire, parce qu’ils sont sans conviction, ou comme Rollin sans culture européenne.
Tout n’est pas négatif dans la récompense que constitue une place utile que les César octroient à leurs affidés. Certains s’y sont formés et y trouvent une nouvelle vocation. C’est le cas de Guy Verhofstadt, « recasé » après avoir été premier ministre et qui s’y est fait une place, au point de postuler au remplacement de Barroso.

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Être chef de parti aujourd’hui, c’est presque être chef de gang. On y suit le vent porteur et on dépend d’une opinion qui ne contrarie les chefs que lorsqu’ils ne l’ont pas assez manipulée. L’opinion est aujourd’hui à forte tendance eurosceptique, en partie produite par le manque de social de la vague libérale. Cependant, les travailleurs ont contribué à envoyer les Bleus à l’Europe par défaut de discernement. Le nationalisme, l’isolationnisme et le protectionnisme ont fait le reste
Tout le monde se plaint de l’Europe et j’ajoute mon lamento aux autres. Pourtant, elle n’est pas la cause de tous nos maux, elle n’en est que la caisse de résonance et son impuissance à changer l’ordre des choses n’est que le reflet de la nôtre à conspuer la mondialisation d’une part et à en laisser profiter nos « élites » de l’autre, sans réagir vraiment.
Faut-il arrêter les frais d’une Europe « qui ne sert à rien » ou donner à l’Europe une seconde chance ? Contre un courant de droite qui s’affirme partout, faut-il militer pour « plus » d’Europe ? Le ralliement des partis socialistes à l’économie bourgeoise fait craindre, en effet, que « plus » d’Europe signifie aussi plus de misère sociale.
Ne serait-ce pas stupide de déconstruire l’Europe alors que les peuples y ont investi beaucoup de leur travail sous la forme de milliards d’euros, même s’ils n’en ont pas le retour escompté ? La montée des dangers devrait quand même nous faire réfléchir que les petites nations individuellement sont sans voix et qu’elles ne peuvent opposer une force au monde hostile que réunies.
La mondialisation étant loin d’être heureuse, il devient urgent de savoir se servir de l’Europe au même titre que de savoir se servir d’un parapluie quand il se met à pleuvoir.
Le vieux continent a quasiment épuisé ses richesses naturelles. Il conviendrait de ne pas trop pleurer sur ce qui n’existe plus. C’est le moment d’avoir des idées.

23 février 2014

L’amant et le cocu.

Laurette Onkelinx est en passe de devenir l’auxiliaire de surface qui voit de la saleté partout. Mais elle l’est à l’ancienne mode avec seau, brosse et chamoisette, qu’elle utilise tant et plus chez son patron Élio. Le karcher de la concurrence l’épouvante. Elle redoute que son utilisation ne détériore les carpettes et les tapis. Surtout si c’est Reynders à la manœuvre. Il ne travaille pas en finesse, c’est un brutal.
Mais s’agit-il bien de concurrence, puisque les deux sociétés d’entretien travaillent dans le même bâtiment. Élio est le directeur général des deux !
De son QG, Monsieur de Mons distribue les tâches à ses deux services. La concurrence ce n’est que pour la frime et l’art de s’attacher une clientèle
L’objectif est commun. Il consiste à faire cohabiter le social et le capital, étant entendu que le cadre est le même, l’économie de marché identique. Seuls les mots diffèrent.
Au cas où l’actionnaire mettrait la société d’Élio en liquidation le 25 mai, et que Reynders soit nommé curateur, ce sera toujours sous les mêmes statuts. Pour la grande cause économique, l’un et l’autre réduiront le personnel d’entretien et l’achat des poudres et savons sera calculé au plus juste ; mais, grâce au ciel, les administrateurs et les directeurs conserveront leurs salaires. Mieux, licencié, Di Rupo percevra d’énormes indemnités le temps nécessaire de reprendre une haute fonction aussi rémunératrice que la précédente.
Comme le dit Pascal Delwit, l’économe de l’établissement, l’avoué reste à égalité avec l’inavouable, pour la gloire du tiroir-caisse.
Il y a de grandes chances pour que le haut personnel suive la voie royale d’Élio et que Laurette Onkelinx poursuive sa carrière dans l’entretien, même si elle rend son tablier à Reynders.
Alors, pourquoi Onkelinx se demelennise-t-elle, si ce n’est pour tenter de raccrocher les électeurs qui ficheraient le camp chez Hedebouw ?
Comment faire croire que le PS est plus utile à la gauche, quand il est au centre ? Alors que le grave inconvénient, outre le bradage des grands principes est quand même l’incapacité du PS d’innover là où il est, et sortir de l’impasse de l’économie de marché.
À défaut d’arguments, la technicienne de surface essaie de faire peur. Sans son coup de torchon, impossible de récurer dans les coins et faire briller les surfaces, fait elle croire aux gogos !

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Quoique minuscule et manquant de moyens, le PTB introduit un élément d’inquiétude à la Serpillère nationale.
Michel, président du MR, s’amuse du désarroi de Laurette. Et il a raison. Ce n’est pas son parti qui a à craindre des désistements, mais le PS. Le MR, au moins joue franc jeu et il n’a pas raconté des craques à son public, quoique, on ait déjà vu des électeurs de gauche complètement déboussolés voter à droite.
Loin de remercier le PS qui a sauvé l’État bourgeois, à l’heure des comptes le MR aurait plutôt tendance à mépriser ce collaborateur providentiel qui, pour le rejoindre, n’a pas hésité à tromper les siens.
Et comme Michel a l’art d’embrouiller les choses, il enfonce le clou et il fait croire que sa politique ne pourra que créer des emplois.
D’après les journaux, le MR se réunira en congrès à Marche ce dimanche.
La lutte pour la place au centre sera chaude. Ils sont à trois sur le morceau.
Le Ps va se trouver coincé entre la défense de l’épicier et celle des travailleurs d’Arcelor. Sa femme d’ouvrage veut défendre les deux. Avocate de métier (elle n’a pour ainsi dire jamais exercé), elle veut démontrer que dans un divorce du capital et du travail, elle peut plaider à la fois pour l’amant et le cocu.

22 février 2014

On "riz" de Kim Jong-un !

Pourquoi rit-on de la Corée du Nord et pas des Salafistes ? Autrement dit, quelles sont les raisons qui font prendre au sérieux ces derniers, alors que Kim Jong-un se fait la main sur les membres de sa famille et ses relations sentimentales, avant d’éliminer ses opposants ? Tout ce qu’on sait faire, c’est s’esclaffer devant sa bouille bien nourrie par contraste de sa population plutôt maigrichonne.
Pourtant, il y a autant de ridicule d’ânonner des versets du Coran le corps enserré de cartouches de dynamite que de voir le dictateur coréen menacé ses voisins de la bombe atomique, depuis la tribune du parti.
En réalité, le monde occidental ne sait plus gérer qu’un ennemi à la fois. Kim Jong-Un a tiré le bon numéro. Ce qui n’empêche pas la méfiance. On rit tout en le tenant à l’œil. Il est vrai que pour le moment, la menace du tapis de bombe, n’est qu’une rodomontade.
Par contre, l’intégrisme religieux est autrement actif.
Mais comment traiter le prosélytisme des fanatiques autrement qu’en posant des limites de la foi, c’est-à-dire en créant une barrière entre le temporel et le spirituel, alors que les États-Unis s’abîment eux-mêmes dans des croyances diverses, que le président prête serment sur la bible et que le fondamentalisme évangéliste gagne les foules ?
En se référant aux forces militaires et leur puissance de feu, la Corée du Nord est bien plus en mesure de faire des dégâts autour d’elle que l’Iran.
Mieux encore, le peuple, iranien est intellectuellement bien plus évolué et sensible que les malheureux Coréens sous le joug de la dictature. Depuis la défaite peu glorieuse de Mahmoud Ahmadinejad, la venue à la présidence d’un modéré justifie une crainte moins vive.
Depuis si longtemps que la Corée du Nord crie à la guerre, presque tout de suite après les accords de Pyongyang, une sorte de lassitude a saisi les chancelleries. Le ridicule de ce Régime a fait baisser la garde des pays signataires des accords. On en est arrivé à considérer que les menaces de Kim Jong-Un sont destinées à son ennemi intérieur, plutôt qu’aux autres pays, y compris la Chine, en train de prendre ses distances.
Et pourtant, on le voit bien en Ukraine, les dictateurs sont potentiellement dangereux quand l’ivresse du pouvoir les saisit.

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La bouffonnerie semble s’être transmise du père au fils dans la famille des Jong. On a oublié qu’il y a des bouffons tragiques. On devrait quand même se méfier. Un Régime qui réussit la passation des pouvoirs du père au fils, créant ainsi une dynastie, sans troubles apparents, est capable de commettre de plus grandes exactions encore, par le sentiment d’impunité des crimes commis, qui passent alors pour des hauts faits du dictateur.
La passivité des Nord-Coréens en dit long sur la réussite d’une méthode de bourrage de crâne là où même les nazis ont échoué. Il faudrait aussi intégrer dans les risques de danger, le fanatisme des populations.
Dans ce registre, la télévision d’Etat montrant des soldats hilares probablement sur ordre devant Kim Jong-un est aussi une démonstration pitoyable d’un asservissement au chef suprême qui donne froid dans le dos.
On se demande même si pour les Occidentaux la farce n’est pas en rapport avec un certain racisme vis-à-vis des Jaunes : esprit copieur, inférieur, coupeur de cheveu en quatre ? Que n’entend-on pas en Europe, mais surtout en Amérique longtemps traumatisée par le Vietnam, sur « l’infériorité des Jaunes », qui a cependant réussi à vaincre la puissance américaine grâce à l’ingéniosité et au savoir faire du général Giap et de ses hommes.
Bien entendu le point de vue occidental n’est pas du tout partagé par les Sud-Coréens et le Japon. Il y a quelques semaines, la Corée du Sud dénonçait des cyberattaques sophistiquées dont les auteurs se situeraient au Nord.
Si cela était avéré, il faudrait quitter le portrait comique d’un pays plus redoutable qu’on ne le croit dans beaucoup de domaines.

21 février 2014

Exit Barroso.

Aux portes de l’UE, en Europe même, le drame est en Ukraine.
Quand tout s’agite et que des clans habitués à se taper dessus se liguent, c’est souvent parce qu’un groupe de malfaisants au pouvoir s’est emparé du tiroir-caisse et ne veut le lâcher à aucun prix. Alors, les gens se réconcilient sur le trottoir.
Viktor Ianoukovitch, héritier de la manière forte des anciens tsars, envoie ses spéciaux tuer au hasard. Ce politicien d’un autre âge va finir par embarrasser Vladimir Poutine.
C’est qu’il s’incruste le Viktor et du côté des morts civils, ça commence à faire beaucoup.
Valable pour les dictatures et les démocraties, c’est Mister Combine qui veut tout au point de ne rien laisser pour les autres.
Oui, les démocraties aussi. Vous n’imaginez pas ce qu’un pouvoir aux abois est capable de faire, sous quelque statut que ce soit.
Inscrit dans nos gênes, ce désir d’avoir plus que ce dont on a besoin est exacerbé par un dénominateur commun mondialisé : l’amour de l’argent, qui, outre le confort, procure le pouvoir à gogo et tient lieu d’intelligence. On peut penser que cet amour là est plus tentant qu’une danseuse du Crazy-Horse.
Pendant que des gens meurent, une opérette se joue Rond Point Schumann, alors qu’on est en train, de vivre un drame wagnérien.
La Belgique plaide pour des sanctions contre le régime du président ukrainien, nous dit Didier Reynders, en campagne électorale à "De Ochtend", de Radio 1.
Les ministres français, allemand et polonais des affaires étrangères sont à Kiev. La seule chose que Vktor pourrait comprendre, c’est que s’il s’obstine, on va geler son cash et ses placements dans les banques européennes.
Ça c’est bien. C’est la seule chose qui pourrait les faire plier. Car, ils en ont mis de côté, le père et le fils, dans une Ukraine à bout de ressource.
Le Régime ukrainien n’a pas su faire évoluer la crise latente de la rue jusqu’à une table de négociation. Par contre, les médias belges ont su faire évoluer notre opinion sur la crise ukrainienne en faveur des insurgés.
Viktor Ianoukovitch est un dictateur élu au suffrage universel !
Le fait est suffisamment intéressant pour être souligné.
D’habitude les insurgés ont toujours tort sous nos Régimes bourgeois encore dans le souvenir des grèves insurrectionnelles et du communisme « venant d’une autre culture ». Pour une fois, c’est le contraire. Nos bourgeois soutiennent la rue, nos gazettes en rajoutent, miracle !...
Dès lors, quand des insurgés passent pour avoir raison, vous pouvez être certains que des intérêts financiers importants sont derrière. Car, le peuple des rues ne les intéresse pas !
Ici, il s’agit de l’Europe, enfin du chiffon étoilé qu’on agite au-dessus de nos têtes.
Monsieur Barroso critique la politique de l’Ukraine qui a choisi entre le gaz naturel pas cher et l’Union Européenne, le côté qui convient aux intérêts des oligarques.
Viktor Ianoukovitch est sans doute un dictateur qui s’en met plein les poches, mais Monsieur Barroso n’est pas libre de ses propos, puisqu’il laisse le sentiment qu’il suit la vague européenne de protestation orchestrée par les médias. Barroso et Van Rompuy avaient l’air de se décharger d’un poids mort, remerciant presque Poutine, il y a de cela à peine quinze jours.

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Par contre, Monsieur Barroso est franchement opposé à l’idée de l’indépendance de l’Écosse. Alors, qu’il n’est question que d’un référendum sur la question d’indépendance et que les gens ne font pas des barricades de pneus enflammés dans les rues d’Edimbourg.
Voilà quelque chose d’étrange. Barroso est pour la liberté d’expression des insurgés d’un côté et de l’autre, il est contre la liberté d’expression des Écossais !
Espère-t-il convaincre Cameron de rester dans l’Europe ?
A-t-il déjà songé que l’Angleterre hors de l’Europe, une Écosse indépendante y resterait ?
Et puis, Barroso « révolutionnaire » en Ukraine, vous y croyez ?

20 février 2014

Voyageur Représentant Placier.

Un qui doit réellement se mordre les doigts de ses débuts de caporal-chef dans la fonction de président de parti, c’est bien le CDH Benoît Lutgen.
Son communiqué vaut son pesant de cacahuètes et son Bureau politique une belle bande de jolis cocos. « L'arrivée de Claude Rolin au cdH et sa désignation comme tête de liste européenne ont été approuvées à l'unanimité du Bureau politique », s’amuse-t-on au Journal Le Soir.
D’enchaîner sur l’info « On a appris hier que l’eurodéputée Anne Delvaux (CDH) a été nominée comme l’une des meilleures parlementaires dans le domaine de l’énergie. Cette reconnaissance est décernée par la revue Parliament Magazine, qui traite de l’actualité européenne. Les nominés sont choisis par la revue. Et ce sont les députés européens eux-mêmes qui éliront les lauréats dans les différentes catégories retenues (environnement, santé, justice, etc.). Les prix seront remis le 18 mars.
» Anne Delvaux a été retenue pour son travail de co-rapporteur dans le débat sur les perspectives énergétiques d’ici à 2030 – rapport qu’elle a réussi à faire adopter par le parlement, au tout début février, à l’heure même où le CDH annonçait qu’il confiait sa liste européenne au syndicaliste Claude Rolin. L’intéressée se dit « fière » de cette nomination et y voit une « vraie reconnaissance » de son travail. »
Voilà le parachuté du syndicat chrétien bien emmerdé à son tour, par la peau de banane que les députés européens viennent de glisser sous ses semelles de guichetier-chef (lui aussi) des foulards verts.
Pour un gros coup, c’est un gros coup qui va faire mal aux fesses de Lutgen-Rolin, le nouveau duo d’enfer de la démocratie chrétienne.
Les loustics du CDH vont avoir bien du mal à faire croire que Lutgen a agi « en son âme et conscience » pour décerner la palme à the right man in the right place.
C’est toute l’ambiguïté de ces « nominations » avant élection de ces gens de pouvoir que sont les têtes de gondole des partis.
Ils agissent comme des producteurs d’un spectacle qu’ils doivent faire mousser dans le public avant le seul geste sur quatre ans de démocratie : glisser un bulletin dans l’urne ! Et c’est comme qui dirait déjà « fait » à l’avance !
Cette lutgennerie montre bien que nous sommes dans une société de l’esbroufe et que la grande gueule a toujours eu un énorme avantage sur ceux qui bossent et qu’on ne voit nulle part, justement parce qu’ils bossent et qu’ils sont indisponibles pour plastronner dans les arrières salles de café à refaire le monde et payer des tournées.
On connaît Rolin par ses interviews et ses prestations comme témoin privilégié de la vie en Belgique. Qu’a-t-il fait autre chose que démarcheur-baratineur de commerce ambulant et voilà que par la grâce de Benoît Lutgen il passe de camelot à VRP !

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On ne connaissait pas bien Anne Delvaux la future lauréate de l’Europe.
Je me souviens avoir écrit quelque chose de pas très chouette à son égard. Je l’avoue, j’avais été pris dans l’attrape-cons mis au point par les grandes gueules, et je la trouvais effacée, trop ex-barmaid de télévision en train de nous servir le cocktail RTBF. Elle-même avait été parachutée par l’ancienne star du CDH, Joëlle Milquet pour sa notoriété télévisuelle, et ce n’était pas bien non plus.
L’Europe vient de lui décerner un diplôme du bel effort. Connaissant l’Europe, ce n’est pas un brevet de qualité. Mais c’est toujours mieux que rien.
Mais oui, quoi… on ne sait jamais !...
Alors comment faire pour éviter que la démocratie ne finisse en eau de boudin au service des margoulins du star-system ?
Paul Valéry (1) nous avait prévenu « Chaque esprit qu’on trouve puissant commence par la faute qui le fait connaître. En échange du pourboire public, il donne le temps qu’il faut pour se rendre perceptible ».
Afin d’éviter la faute de se faire connaître, pourquoi ne pas élire des anonymes tirés au sort ?
Au moins de cette manière la volonté de conquête et de conservation du pouvoir des chefs de parti auraient du plomb dans l’aile ! L’action de contrainte ou d’illusion sur les esprits s’en trouverait déviée et, par conséquent, l’élu serait moins disposé à la falsification.
Allez faire comprendre ça à Lutgen !
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1. La moitié de son œuvre « Les Cahiers » n’est pas toujours éditée ! Voilà qui dit tout sur l’intelligentsia en 2014.

19 février 2014

Le "Mur du çon".

À la haute époque du Canard Enchaîné, le journal avait lancé « le mur du çon ». Le journal épinglait une belle connerie d’une personnalité. L’expression est restée dans le métier et même ailleurs. On se rappelle le « mur des cons » du syndicat de la magistrature en France.
Les confrères du Canard ont exploité le genre. Une bourde « énorme » d’un people de l’actu, dite avec l’aplomb du pro qui ne se trompe jamais et voilà un bang !
En Belgique, les journalistes sont plus près du pouvoir ou, si l’on veut, sont plus respectueux qu’en France. Ce n’est pas une question d’éducation, c’est bêtement la peur de perdre sa place.
Sans l’oser pouvoir dire, certains journaux se sont rabattus sur la connerie populaire, qui est, on le sait, aussi largement répandue dans les chaumières que dans les palaces. Ça fait rire, tout autant, et c’est moins dangereux.
Sont épinglés aussi les malheureux qui pratiquent la connerie à l’étranger.
En Suisse, de vrais aviateurs ont franchi le mur du « çon » en restant chez eux. La presse internationale a rapporté l’histoire qui a fait le tour du monde, celle d’un avion détourné. La chasse française a été obligée d’intervenir au-dessus du territoire suisse pour l’ahurissante raison que ce détournement a eu lieu avant 8 heures du matin et que les militaires suisses ne travaillent que pendant les heures de bureau (8 à 12 et 14 à 18 heures) !

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Ci-dessous, un autre exemple tiré d’un article du Journal La Meuse :
« Depuis que Claude Eerdekens (PS), le bourgmestre d’Andenne a annoncé que Michelle Martin se baladait dans sa commune, les habitants sont de plus en plus sous tension. Surtout, ceux qui vivent dans le petit village de Seilles, situé à quelques centaines de mètres du centre-ville. Car selon certains riverains, Martin y passerait régulièrement pour dire bonjour à son fils, Frédéric, qui vit près de la gare. « Ça ne me dérange pas que son fils habite dans ma rue. Mais elle, ça m’ennuie qu’elle vienne ici car j’ai trois enfants. Et on ne connaît pas sa réaction. Pour moi, Michelle Martin est toujours aussi coupable que Dutroux. Même si elle a purgé sa peine, je ne lui fais pas du tout confiance », lance Fabrice.
Un peu plus loin :
« Je suis revenue du centre-ville à pied. Et à la gare de Seilles, j’ai été victime d’insultes. C’était une bande de dix jeunes, âgés de 15 ans. Ils croyaient que j’étais Michelle Martin. Vous imaginez », rapporte Anne-France Pire, une riveraine, choquée. « Ça m’a un peu vexé car je suis loin de lui ressembler. Mais en attendant, ces jeunes m’ont lancé : « Et Martin qu’est ce que tu fous ici. Puis ils m’ont traitée de tous les noms. J’ai fait comme si je ne les entendais pas… ».
Le « mur du çon » est dépassé au moins deux fois. Claude Erdekens y est fortement soupçonné d’être un con, pour avoir divulgué que le fils Martin habitait sa commune. S’agit-il d’une connerie ou d’une saloperie ? La Meuse qui ne saisit pas toujours la nuance, a quand même eu la prudence de se cantonner à la connerie.
Quant aux concitoyens de ce bourgmestre « mauvaise langue », il fallait s’attendre à ce que les cons qui sont des citoyens comme les autres réagissent et passent aussi « le mur du çon ».
Mise à part les peurs irrationnelles, on peut toujours trouver mieux qu’une simple dégueulade communale.
Personne n’a évidemment de la sympathie pour Michèle Martin. Cependant la justice n’a pas retiré à cette femme le droit de vivre. Elle a été jugée, condamnée et a purgé sa peine dans la limite des remises prévues par la loi.
Il faut croire que certains délits méritent des condamnations infinies et que la vindicte pour certains cas soit éternelle. Il n’en demeure pas moins que l’opinion n’en a rien à cirer de la justice. Ce qu’on reproche à cette femme, c’est qu’elle n’a pas eu le courage de se suicider.
Victime indirecte, le fils Martin, fait toucher du doigt l’ignominie d’une certaine opinion publique.
Décidément, à force d’être lapidée par « les honnêtes gens », cette femme finira par atteindre à une sorte de réhabilitation.
Comme quoi le « mur du çon » produit des effets inattendus.

18 février 2014

Vivent les affaires courantes !

On est embêté. Enfin « on », ils sont embêtés. Nous, nous sommes seulement dans l’embarras, du fait qu’ils soient embêtés.
Et si le scénario catastrophe se reproduisait, comme ce fut le cas : 541 jours sans gouvernement, enfin presque, puisque c’était le terne Leterme qui était chargé des affaires courantes ?
Une aubaine pour quelqu’un qu’on ne voulait plus et qui palpa un an et demi de salaire pour quasiment se les rouler !
Jusqu’au 6 décembre 2011 sans rien ni personne pour nous empoisonner l’existence, ce fut pour les citoyens les jours les plus heureux de leur vie. Pensez donc de 2010 à 2011 le déchaînement en Europe, les libéraux d’ailleurs renflouaient leurs copains des banques. Reynders la ramena un peu pour les imiter ce qu’il fit, il paraît qu’en urgence c’était permis ? Mais ce prurit libéral se termina là.
Partout commençaient les restrictions, avec au bout de la misère à gogo. Tandis que nous, bien peinards, on regardait Leterme bombarder d’SMS sa charmante, en pantoufles depuis les bureaux de la rue de la Loi. Il était serein, décontracté… il classait le courrier, avec en poche deux billets pour voir le dimanche suivant le Standard jouer en championnat !...
Pendant ce temps, kermesse générale, sans réforme, sans changement de règle, sans nouvelle mesure, sans idée saugrenue comme de faire payer l’automobiliste aux kilomètres parcourus, emmerder les chômeurs, relever les taux de ceci, chipoter la TVA, et pas un Wathelet à l’horizon en train de réfléchir aux pneus neige, une Onkelinx à nous dorer la pilule… et avec ça une dette stable, des emprunts à un taux préférentiel et l’admiration des autres Européens dans un noir pétrin !
Le pied !... Ce n’est qu’après, Roublardo à la manivelle qu’on a perdu le triple A !
Est-ce que ces temps heureux reviendront après le 25 mai ?

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Pascal Delwit se creuse la cervelle pour les lendemains qui déchantent. Delpérée ouvre les gros bouquins consacrés aux différentes Constitutions. L’esthète de Mons enfile son veston devant une glace pour vérifier l’élégance de son geste. Reynders offre son chef-d’œuvre sur Bruxelles aux réunions du MR.
Tous ont une idée fixe, tout de suite nous emmerder dès le 26.
Un seul espoir : l’état de santé de l’ex-gros. Ils interrogent discrètement les médecins. Si Bart n’était pas prêt pour dans 100 jours ? C’est quand même la deuxième fois qu’il se pointe à l’hosto ! S’il avait quelque chose de grave ?
– C’est qui son médecin ?
– Le professeur Duchemol.
– Un oncologue ?
– Non.
– Merde !...
La Belgique serait sauvée, le CV&P revigoré, Herman De Croo tout à la joie d’Alexandre, Maggy De Block femme de l’année et peut-être l’esthète de Mons reconduit !
En attendant Noël, c’est le slalom autour des désastres et des responsabilités, le pays au bord de tout, mais surtout au bord du précipice.
Évidemment, eux ne sont pas responsables. Ils sont terriblement jaloux de leurs prérogatives, heureusement pour leur réputation qu’elles s’arrêtent quand la connerie est découverte. Ils n’entendent pas recevoir des conseils. Leurs seuls guides : eux-mêmes !
Sinon, à quoi ça servirait d’avoir des diplômes à tapisser les murs des ministères ?
– Quand on est docteur en chimie, madame, on doit réussir les mélanges qui gagnent, doser les partis, sauver le royaume. On est équipé pour ça au PS. On a notre petit docteur Folamour !
Les 541 jours séparant la démission du gouvernement Leterme II de la formation du gouvernement Di Rupo constituent la plus longue crise politique de l'histoire contemporaine européenne, mais c’est aussi la période la plus heureuse de toute l’Histoire de Belgique.

17 février 2014

Un dimanche à la con…

On peut en discuter, quel est le sommet du m’as-tu-vuisme ?
Palmarès.
– Di Rupo qui après de multiple séquences d’actu dans lesquelles les téléspectateurs le voient endosser son veston, se décide à enlever sa chemise ?
– Maggie De Block en photos, bébé de six mois au berceau et à six ans sur une balançoire, nous fait savoir par la même occasion qu’elle a été mince ?
– Reynders devant M’ame Dumoulin, filant son livre sur Bruxelles à Rudy Demotte qui le regarde sans l’oser le prendre par crainte de la galle,?
– Delpérée déclarant : « citoyen c’est un métier » devant la même, le CDH de plus en plus fier du sien grâce au scrutin majoritaire qui envoie des types comme lui faire de la représentation populaire, alors qu’il l’est si peu ?
C’est faire preuve de justice en les renvoyant tous ex aequo fêter leurs médailles de « Premiers charlatans de Belgique » dans les quelques rares endroits où on les admire encore : les cabinets ministériels par obligation de leurs subordonnés et chaque fois qu’ils passent devant un miroir.
Parodiant Hobbes « La meilleure preuve qu’il existe une intelligence extraterrestre, c’est qu’elle n’a pas essayé de nous contacter en Belgique ! »
– Au niveau international le sommet du m’as-tu-vuisme est décerné à Vladimir Poutine pour avoir dépensé des milliards à la construction des stades et des pistes à Sotchi des jeux olympiques d’hiver. Sotchi, station balnéaire au bord de la mer Noire, là où il ne gèle jamais, tout ça parce qu’il y a sa résidence d’été, pas trop éloignée de celle de Staline !
– Au Comité des Jeux Olympiques pour la désignation des villes et des pays de ses manifestations sportives, dans une nébuleuse faite à la fois de manipulation politique et de bakchich. Et dire que ce Comité Olympique s’est réfugié à Genève par souci de neutralité !
– À F. Hollande pour ses sorties nocturnes en scooter, contrariant ainsi Valls sur les dangers redoutés de circuler à Paris la nuit !

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Après le podium du m’as-tu-vuisme aux plus méritants, une controverse pourrait éclater à propos d’une fusion possible entre les « Premiers Charlatans » et les diplômés de la connerie. En effet ce sont souvent les mêmes.
En Belgique l’esprit cumulard des gens de pouvoir privilégierait l’option cumulative, sauf qu’un empêchement essentiel de l’amalgame, saute aux yeux.
C’est Yvan Audouard qui le fit remarquer jadis « Il y a autant de cons dans les bistrots qu’à la Sorbonne, mais leur conversation est plus variée ». Ce qui fait que des catégories de spécialistes en connerie seraient méconnues, puisqu’on privilégie les diplômes dans nos démocraties sélectives et qu’en général, l’humour du bistrot n’est pas répandu chez nos « Premiers Charlatans ».
Un grand jury devrait trancher.
Il n’y a de controverses fécondes qu’entre gens qui sont déjà d’accord, pensait Valéry.
Je me garderai bien d’avancer une opinion, d’autant que ce serait la mienne. J’ai cessé d’en avoir depuis que la gauche partage le pouvoir avec la droite. Je n’ai jamais tant ressenti que cette gauche là pouvait se passer de moi.
Alors, mon opinion sur la fusion des Charlatans et des Cons, quelle importance ?
D’autant que le débat dominical portait aussi sur les moyens de redonner l’appétit des urnes à des citoyens écœurés.
Comme le goût du théâtre, c’est d’abord le désir de coucher avec les artistes, le goût de la politique, c’est celui de nous élargir la rondelle.
Mon Dieu ! dirait Delpérée, comme c’est vulgaire…

16 février 2014

Nombrilisme au centre.

Sans l’avoir imité par un discours daté, Élio Di Rupo a quand même rallié l’option centriste de François Hollande. A-t-il demandé l’avis du bureau du PS ? Sans doute, mais comme un chef qui a besoin d’approbations et pas d’avis contradictoires. Rallié est beaucoup dire. Elio avait précédé de beaucoup son auguste modèle.
De toute manière, personne n’en a rien su et, comme ce dont on n’a pas à se vanter est en général la chose la mieux gardée, le bureau du PS n’a pas colporté le nouvel esprit sur le boulevard de l’Empereur, où, chacun sait, qu’il y a toujours un journaliste à faire les cents pas.
Il faut croire que cette option n’a pas soulevé de vague. Les non-dits vont vite et les interprétations davantage. Il s’agit de garder le cap d’après le cap et ainsi de suite, jusqu’au grand timonier, avec toujours la pogne sur la poignée de l’attaché-case que le supérieur direct confie à l’inférieur immédiat, ainsi en est-il dans le parti des Frères et des Camarades, jusqu’au sommet de la pyramide.
Tous au PS dépendent du chef et tout découle de lui. Un cercle restreint approuve et ose quelques objections pour faire comprendre qu’il existe. Le reste a les oreilles de la NASA à l'écoute de l'univers. Il s’agit de bien interpréter. Malheur à qui outrepasse et pire, néglige, les ordres non-exprimés, les indications non-avouées.
Seule la FGTB a l’autorisation de remuer les branchies sous l’eau pour ne pas décourager la base en apnée perpétuel.
Mais le parti a encore dans chaque ville et dans les bourgs, des Comités d'arrières salles de café, qu’on appelait jadis les Maisons du Peuple. Le centrisme y a été très bien appris et les Comités se sont ralliés à l’inimaginable. Ceux qui, de près ou de loin, n’avaient pas besoin du parti pour aller à la soupe et à qui le centrisme ne plaisait pas, se sont inscrits au PTB.
La défection n’est pas encore chiffrable. On le verra après le 25 mai. Cependant d’après l’avis des experts, elle ne devrait pas aller au-delà de 5 % au pire. On penche plus souvent pour 3 %. Ce qui, en comparaison des vives déceptions ressenties à la base, n’est pas trop grave. Les camarades centristes ne s’en ressentiront pas trop. Le centrisme, façon montoise, ne tournera pas au jeu de massacre.
Reste que si le PS tombe dans l’opposition, on se demande après sa déclaration d’amour pour la classe moyenne, comment il va faire pour opposer aux centristes de la nouvelle majorité des idées contradictoires ? À un départ du fédéral, il est impensable que le PS sorte aussi du régional. Magnette et Demotte peuvent se tenir à la rampe de l’escalier, Supernova disponible, tout peut leur arriver.

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La grande réputation de Di Rupo pour le vol à voile et la prise de vent en politique n’est plus à faire, mais quand même, il va falloir qu’il étudie sérieusement les discours de Hollande pour les adapter au cas de la Belgique et cela sans tomber aussi bas dans les sondages, que le président français.
Ces élections sortent quand même de l’ordinaire.
Nous allons avoir en Wallonie le CDH, le PS et le MR, sans oublier le FDF, quatre partis qui se disputeront le même électeur centriste ! Di Rupo l’a dit, il proposera à l’artisan et au commerçant un pacte social de progrès et au travailleur une soupe à peu près identique. A peu de choses près, les trois autres en feront autant, même si on y parle un peu moins du chômeur, dont Di Rupo a encore le front de vouloir défendre les intérêts.
Ce serait le puzzle fatal pour le PS, si l’électeur n’était pas un animal casanier qui n’aime pas la nouveauté. Aussi les trois familles centristes se regarderont-elles en chien de faïence et les troupes camperont-elles sur leur position. A ce jeu, le FDF devrait faire chou blanc en Wallonie.
Dans le micmac, les écologistes sont à part. Quoique la maison produise autant de Chicaneau qu’il y a de tendances, le parti est sur des positions plus à gauche et innovantes que le PS. Il ne devrait pas trop ressentir les effets du ras-le-bol de l’électeur.
L’électorat centriste est donc déchiré entre un tropisme de droite et un tropisme de gauche. On va vers une coalition originale de ces tropismes, contre la N-VA en face.
Reynders et Di Rupo sont des artistes. Lutgen devra faire gaffe, son compas a déjà ripé avec Anne Delvaux. Il ne faudrait pas que cela devienne une habitude.
Pour les Francophones, ce sera un combat naval : un coup dans l’eau, foutaise des centres.
La prise de Jérusalem se fera ou ne se fera pas, par Saladin d’Anvers.

15 février 2014

Okun ne vaut Élio.

Accabler Di Rupo et son gouvernement sur la situation assez mauvaise de l’économie et lui en imputer toute la responsabilité seraient injuste. Mais, parler de redressement et du nouveau décollage de la croissance grâce à lui, le serait tout autant.
A vrai dire, les deux années qui s’achèveront le 25 mai d’une législature tronquée n’ont pas vu grand-chose de neuf. On pourrait plutôt parler de stagnation.
Et là encore cette stagnation est le signe que nous qui exportons deux fois plus que l’Allemagne, avons davantage besoin que nos clients repartent dans la croissance, avant de pouvoir repartir nous-mêmes.
Ceci pour parler le langage de la boutique bourgeoise.
Eh bien !... puisqu’il paraît que toute autre vision de l’économie soit utopique, poursuivons le raisonnement classique.
Faudra-t-il que Di Rupo use d’imagination ou plutôt que ses électeurs soient aveugles pour plébisciter le « grand homme » et lui donner quitus le 25 mai, quand tout au long de la campagne électorale, il nous aura « vendu » son bilan économique.
Quelques vrais chiffres des désastres 2013 qui ne sont pas que tirés de l’ONEM, de l’office des Statistiques et des bureaux des ministères, mais aussi d’économistes et autres sources variées et contrôlables, attestent d’une bien mauvaise situation et augurent d’un avenir médiocre, quelle que soit l’équipe qui se formera à la suite des élections.
La Population sous le seuil de pauvreté qui était 13,7 % en 2011 dépasse aujourd’hui les 15 %. La dette publique frôle les 100 % du PIB et la dette extérieure est de 1.250 milliards de $.
Le taux de chômage de la Région wallonne est de 13,2 % (Celui de Bruxelles dépasse les 20 %). Les deux grandes villes wallonnes Liège et Charleroi comptent respectivement 26,27 % et 26,22 % de chômeurs, surtout parmi les jeunes.
Dans ce gouvernement les « Y a qu’à » ont servi de justificatifs tous azimuts. La championne du genre est Joëlle Milquet, quoique Reynders n’y soit pas mal non plus dans son livre-délire sur Bruxelles, quant à Laurette Onkelinx, elle sert d’amortisseur aux coups portés contre la sécurité sociale par son chef favori. C’est toujours par moindre mal et par souci d’épargner les plus faibles que l’on prend des mesures restrictives, mais qui le seraient davantage si Laurette n’avait pas été là.
Ça commence à bien faire.
C’est surtout la philosophie qui entoure l’indemnisation du chômage qui a changé et qui est inquiétante.
Le Ps et les autres partis de la coalition sont tombés d’accord : donner un signal « fort » aux chômeurs, hélas ! ce signal fort ressemble plutôt à une claque. Si l’allocation est un droit, ce droit est conditionné par l’obligation de chercher un emploi ou suivre une formation, disent ces braves gens.
J’ai toujours cru que la formation était le fait des écoles et que c’était avant de chercher un emploi qu’il convenait d’en faire l’apprentissage lors de la scolarité de base qui se termine à partir de dix-huit ans et qui peut aller bien au-delà. C’est un constat d’échec terrible de dire que notre enseignement de base ne vaut rien et que c’est seulement après avoir fait la preuve qu’il ne valait rien, qu’on pouvait recommencer une formation, avec d’autres profs (mais qui sont souvent les mêmes) comme si on n’avait rien appris jusque là.
Au lieu de jeter l’argent par les fenêtres à essayer de rattraper ce qui a foiré, il vaudrait mieux mettre le paquet dans la reconsidération du métier d’enseignant et de revoir les matières à enseigner.
De ce point de vue, on n’est nulle part.

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Reste l’idée de flinguer le chômeur de longue durée, comme si sa longévité dans une situation pareille était de son propre chef, alors qu’il y a moins d’emplois à pourvoir que de bras disponibles et que mathématiquement, c’est impossible de travailler quand il n’y a pas de travail.
Raisonnement souvent entendu et qui laisse de glace les pistonnés du système que sont les politiques.
Le chômeur reste la bête noire, surtout parce qu’il est la preuve vivante du plus cuisant échec que l’économie capitaliste ait subi et qu’elle n’est pas prête à s’en remettre.
Nos « croissancistes » semblent avoir oublié ce qu’en économie on appelle la loi d'Okun, du dénommé Arthur Okun (1962). Toujours d’actualité, elle décrit une relation parallèle entre le PIB et la variation du taux de chômage. En dessous d'une certaine croissance, le chômage augmente et il diminue au-dessus. Je passe sur d’autres paramètres et sur l’empirisme de la méthode, mais ça veut dire que ne pouvant augmenter le PIB, Di Rupo a trouvé les moyens de faite baisser le taux de chômage en excluant les chômeurs.
Il fallait y penser !

14 février 2014

L’iceberg et le Titanic wallon.

André Antoine, ministre du Budget dans le gouvernement de Rudy Demotte, nous en a fait une belle ! À propos du montant réel de la dette wallonne, il a été épinglé par la Cour des comptes ! Il s’est démené, a juré que les autres n’y connaissaient rien. Manque de pot, c’est l'Europe qui s'inquiète à présent de sa comptabilité.
Deux autorités indépendantes qui se livrent à un même constat sans s’être concertées ! C’est beaucoup ! On pourrait dire plus : c’est troublant !...
Derrière la bataille des chiffres, il devient évident qu’Antoine a mélangé les genres pour ne pas présenter à la veille des élections un trop gros déficit, c’est la gestion du PS, maître d’œuvre à la Région qui est en cause. Alors lui, déjà toléré parce qu’il est CDH, qu’il vienne faire douter les gens, son compte est bon.
Il en faudrait beaucoup pour ébranler le socle de popularité d’Élio Supernova Di Rupo, mais tout de même, Monsieur de Mons est à la base du montage financier wallon, avant de passer la main à Rudy Demotte qui n’a fait que poursuivre l’ouvrage du patron. On attend dans les hautes sphères. Si ça tournait mal, Antoine pourrait payer pour les deux autres.
C’est le côté un peu décevant et vain d’une élection, quand on sait que les principaux intéressés à savoir les électeurs ne sont pas plus curieux que cela des affaires de leur propre communauté. Avec un public pareil, en Belgique, c’est tentant de devenir escroc.
Eurostat, par sa voix officielle - l’Office européen des statistiques - vient d’adresser une liste de questions dont une grande partie finira sur le bureau du ministre du budget.
En effet, la Sowaer, qui chapeaute les aéroports régionaux, la Sowalfin, l’outil financier en charge de l’aide aux PME, plus certaines sociétés d’investissements mixtes, les leasings financiers de la Région et notamment à propos des bâtiments même du ministère d’Antoine, ont quelques centaines de millions d’euros de dettes, de cautions ou de charges dont la Région est garante, c’est-à-dire en cas de besoin, le contribuable wallon. Et cela n’apparaît nulle part dans le passif.
André Antoine, par l’effet d’un Alzheimer momentané, a oublié d’inscrire ces « vétilles » dans le budget wallon. Quand on lui en parle, c’est la colère bleue. Ça ne s’était jamais fait avant lui ! Pourquoi on commence maintenant ?

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On se trouve devant une nébuleuse qui pourrait virer au cauchemar quand on sait l’incapacité notoire de Jean-Claude Marcourt ainsi que d’autres ministres socialistes de sauver de grandes entreprises des griffes de leurs exploiteurs, avec l’aveu non-dit mais réel, qu’ils n’entendent rien à l’économie et qu’ils ne sont pas là pour cogérer Arcelor-Mittal ou Duferco.
Et si Marcourt venait encore alourdir le passif par de nouvelles promesses, des paraphes inconsidérés ? On se rappelle Happart à Francorchamps signant des ponts d’or à Ecclestone, sans savoir de quoi il retournait « puisque c’était en anglais » !
Le risque est d’asseoir encore ces incompétents en aveu, dans les bureaux de Namur après le 25 mai. Il leur reviendrait alors la délicate mission d’augmenter les taxes pour boucher les trous !
Les Libéraux n’attendent qu’un réveil de l’électeur pour envahir Namur et… faire la même politique que ceux d’en face, quoique Borsu en dise.
De savoir que l’Europe attend aussi quelques explications des Flamands n’atténuera pas nos futures douleurs.
Au Fédéral, si la bourde se confirme, c’est tout le stock des dettes qu’il faudra revoir à la hausse, la politique de redressement du pays de Di Rupo définitivement par terre.
Pour ce qui nous concerne, l’Institut des Comptes nationaux (ICN), qui dépend de la Banque nationale, centralise les leurres aux bêtises d’Antoine pour fournir les réponses à Eurostat.
Le gouvernement prévoit quelques réunions "urgentes". Ces urgences vont se traîner jusque fin mai pour raison électorale. C’est le gouvernement actuel chargé des affaires courantes qui se fera un plaisir d’envoyer les réponses.
Di Rupo intérimaire s’en prenant à Di Rupo, premier ministre, ce sera gratiné !
Le paquet cadeau sera pour les suivants.

13 février 2014

Pim, Pam, Poum à la Télé.

Pour une fois, une certaine unanimité s’est faite parmi les critiques pour descendre en flamme un film qu’ils n’ont pas aimé.
C’est rare et mérite d’être rapporté. Mais ce n’est pas la raison de cette chronique. Ce fait n’en est que le support.
Un mot quand même sur le bide.
Pascal Légitimus, Didier Bourdon, Bernard Campan ont commis une suite du film sortit il y a quinze ans sur les écrans « Les Trois Frères », titre repris : « Les Trois Frères. Le retour ». Ce n’était pas une bonne idée.
En gros les Belges pensent avec le critique du Soir que « Les Inconnus auraient pu s’abstenir de revenir ».
« Le récit des retrouvailles forcées des trois frères autour des cendres de leur mère et surtout d’une ado qui parle djeun’ et deale de la drogue veut ratisser large : les fans de la première heure et les gamins qui se marrent des sketches des Inconnus visionnés sur le web. Gros hic : ni les uns ni les autres ne vont trouver leur bonheur dans ce « retour » cinématographique. Les Inconnus d’aujourd’hui ont pris un fameux coup de vieux. Leur humour aussi. Et ça se sent. Leur comédie est un recyclage fatigué du premier opus qui, lui, avait du tonus. Cette fois, pas d’idées nouvelles, pas de dynamisme, pas de saveur. En un mot : pathétique. »
Voilà pour les journaux belges.
Les Français sont à l’avenant.
Les Inconnus ont mis de gros biftons dans le film, et ils comptent bien récupérer la mise plus un petit bénef. C’est normal. Ils se sont débrouillés pour qu’en France, leur bidule passe dans 900 salles. Ce n’est pas mal.

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La question concerne l’accès à la montre de ce qu’on crée. Pourquoi un navet a-t-il plus de chances d’être montré au public qu’un film, peut-être meilleur et qui reste anonyme ?
L’art est aujourd’hui tombé dans les filets du pognon. Qui est riche s’en tire, qui est pauvre reste anonyme et tombe dans le rendement médiocre, ou il reste inexistant.
Cette définition est capitale, elle permet dans l’art comme partout ailleurs de cloisonner les genres, de baptiser produire et distribuer ce qu’on veut, même contre l’avis des critiques. Elle met en cause directement les radios et télévisions de l’Hexagone et de la Belgique, les maisons de la culture et les organisateurs de spectacle.
Tout a été immédiatement ouvert aux trois compères pour « Le Retour ». Dans l’immédiateté de leur réception les « journalistes » qui les ont reçus, avant d’avoir vu le film, les ont interviewés et questionnés. Les médias se sont empressés de servir la soupe aux auteurs. Tous ont été unanimes : un film qui rappelle le précédent, tout en renouvelant le genre, etc.
Il n’est pas dit en Belgique que Fadila Laanan n’aurait pas été saisie d’une admiration sans limite, si on lui avait demandé son avis devant des caméras. Hakima Darhmouch avec force clins d’yeux, sourires extasiés et bonne humeur communicative aurait fini par faire croire aux Frères ennemis eux-mêmes qu’ils n’étaient pas loin du chef-d’œuvre. Anne-Sophie Lapix les reçoit dans « C à vous » ce soir. Elle n’est pas là pour les traiter de ringards, mais pour servir la soupe, elle aussi.
Au demeurant, ce trio est sympa, dans le bon ton, l’amusement des familles, le contraire de Dieudonné, rassurant… Ce qui m’intéresse c’est cette grande connivence qui les protège et qui va finir par faire passer un film raté pour un bon !
Voilà un exemple de ce pourquoi la culture fout le camp.
La notoriété agit comme un passe-droit qui fait obstacle à d’autres artistes, sans même que les bénéficiaires en abusent.
Les responsables de la culture qu’ils soient des politiques, des galeristes, des éditeurs, des dispensateurs de subsides, des animateurs culturels, des ministres et des échevins de la culture sont autant de freins à l’art. Dès qu’une star lance un produit, on se précipite, alors que la plupart des artistes ne seront jamais reconnus comme tel. On passe à côté de talents dont on n’a pas idée et on empêche d’accéder au statut d’artiste à des gens dont le simple tort est de n’avoir pas le profil attendu.
Les artistes du star system rassurent les bourgeois en faisant croire que la paresse intellectuelle des « élites » est, au contraire, le filtre délicat par où des intelligences sensibles passent. Ils fournissent la matière à gloser à la fois grasse et stérile qui empêche une forme d’art moins conventionnelle qui inquiète. Le bourgeois entend rester le dispensateur du goût et l’arbitre des manifestations de l’art.
C’est bien la première fois que la critique est unanime. Même les lèches-bottes n’ont pas osé la contredire. Voilà qui valait la peine d’être signalé.

12 février 2014

Les partis contre le peuple.

Aux réactions négatives de l’Europe au vote des Suisses sur la fermeture des frontières aux flux migratoires, une question, une seule, est à vraiment poser en Belgique et en France.
La démocratie doit-elle être conduite par les responsables des partis et de leurs ministres ou bien est-ce le peuple, régulièrement consulté qui trace les grandes lignes de la politiques que ses mandataires exécutent ?
Vue ainsi la question paraît saugrenue et pourtant elle est moins farfelue qu’il y paraît.
Il n’est, ni plus ni moins question que ce que les uns et les autres entendent par démocratie.
Entre diriger un pays d’après des lois votées « entre soi » ou se fier à l’avis du plus grand nombre, il y a un monde de différence.
En Belgique, on procède à une consultation tous les quatre ans sur la politique générale des quatre années suivantes, étant entendu que cette consultation n’a qu’une seule utilité, déterminer d'après le nombre de voix, le quota des partis qui se répartiront les sièges au parlement.
Le citoyen n’a même pas son mot à dire sur les places qu’occuperont les candidats à la représentation. C’est le rôle des présidents de parti. Autrement dit, le « vrai » vote a lieu entre une dizaine de citoyens, qui désignent ceux qui seront élus, parmi les candidats.
Évidemment pour appâter l’électeur, les postulants proposent aux citoyens des projets : l’aménagement des villes, les infrastructures, la politique d’immigration, le chômage, etc. sous forme de promesses électorales.
Mais, ces propositions ne seront jamais tenues dans les gouvernements en exercice, tous de compromis. Il faut aussi compter avec les lois européennes que l’on ne peut enfreindre sans pénalité, la mondialisation de l’économie, informelle et vague, mais qu’on ne peut contourner.
Autrement dit la démocratie par délégation de pouvoir aux partis politiques n’est pas à proprement parler une réelle représentation des citoyens. Elle n’indique pas la politique qui sera suivie par les « élites ».
D’où un nombre, de plus en plus considérable d’électeurs qui estiment que ce système ne fonctionne pas bien, ou pas du tout. Dès lors, ils s’en détachent, s’en désintéressent, votent à tort et à travers pour n’importe qui, à défaut de rester chez eux ce dimanche-là, attendu qu’en Belgique, l’absentéisme est pénalisé.
La demande de référendum, à l’aide d’une certaine procédure, est une démocratie plus directe, plus imprévisible aussi, dont les élus ont du mal à admettre le bien fondé ; alors qu’il procède du principe même de la démocratie, à savoir que c’est la majorité qui exerce l’autorité et que c’est elle qui détermine les politiques à suivre.
Que l’on aime ou que l’on n’aime pas, qu’on imagine à tort ou à raison que les référendums sont des sources de manipulation du peuple, une fois la chose plébiscitée, il faut que majorité et minorité s’accordent et que les élus travaillent selon les indications qu’ils ont reçues.
On aura compris tout de suite que des mégalomanes comme Di Rupo, Magnette, Reynders, Michel, Milquet, Lutgen et consort sont hostiles à cette démocratie-là.
Ils ne le disent pas ouvertement, mais chacun l’aura compris, ces gens ne font pas confiance au peuple. Ils sont trop imbus de leur personne pour imaginer que la multitude leur est supérieure. Ils ne parlent que de suffrage, de respect de l’urne, mais ils n’en croient pas un mot.
Les Suisses ont voté pour interdire les minarets. Quelle qu’ait été la raison de ce choix, influencée ou non par la droite, eh bien ! c’est comme ça. Il n’y aura pas de minaret en Suisse.
Ils viennent de voter une fermeture des frontières à l’immigration, qu’elle soit d’origine européenne ou extérieure à l’Europe. Il faudra donc que Berne revoie tous les traités en vigueur avec l’Europe. La Suisse risque de tout perdre par l’effet de guillotine, et alors ?
Puisque c’est une majorité de citoyens qui le souhaite, l’exécutif devra négocier ce qu’il pourra sauver des accords avec l’Europe.
On parle déjà d’une entente tacite des « élites » pour atténuer les effets du référendum. Un peu comme on a fait avec le Traité de Lisbonne que les peuples ne voulaient pas trop. En Belgique, Di Rupo l’a ratifié d’autorité au nom de son pouvoir délégué des citoyens. Tour de magie qui vaut pour d’autres pays, d’abord refusant et puis l’adoptant par lassitude des peuples. Peut-être que les Commissaires européens sont de mèche avec les responsables suisses pour faire en sorte que le dernier référendum soit contourné, amoindri… escamoté !

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On peut détester la politique référendaire, trouver que, vu la montée des extrêmes droites, on n’a pas fini d’en voir des raides et des pas mûres, cela s’appelle quand même une démocratie moins suspecte que celle de la supernova Di Rupo qui nous prend pour des immatures incapables d’assurer leur avenir.
Il n’est pas dit que si nos démocraties par délégation l’avaient été par référendum d’initiative populaire dans les débuts de l’Europe, celle-ci n’aurait pas un autre aspect et d’autres fonctions que celle qui s’est construite monstrueusement dans notre dos.

11 février 2014

Une Femme de Droit...

...et une autre de spectacle.
Un article d’Éva Joly dans le Huffington Post vient conforter ma chronique d’hier sur l’absence de volonté de repenser le système capitaliste.
Pour la génération de la guerre froide, la moindre critique du système économique ne peut être proférée que par un marxiste. Elle est donc, de par son origine, irrecevable.
La pensée unique de notre système est le résultat d’un matraquage de vingt ans de la CIA. Les USA servent d’exemple au triomphe de la démocratie, grâce à l’économie capitaliste.
Les partis de gouvernement le savent bien, il suffit de peu de mots pour faire croire que les opposants sont des populistes et des marxistes rentrés, si bien que la gauche et la droite se trouvent coincées dans l’étroit couloir d’une pensée économique orthodoxe.
Aujourd’hui sur France 5, la charmante Caroline Roux présentait un thème sur le retard de la France en matière d’économie. Ces brillants invités n’ont, d’aucune manière, envisagé autre chose que suivre la politique commune, pour être en bonne place dans la compétition mondiale. Il y a ainsi une inexorabilité du précipice et une fascination du lieu commun, effrayantes. On se serait cru aux derniers jours de Byzance. Il faut dire que les quatre invités étaient unanimes, si bien qu’il n’y eut pas de débat. La France, selon ces experts, doit immédiatement fabriquer plus de chômeurs, vider les Administrations des employés en surnombre et libérer les patrons de la déprimante pensée des frais d’embauche et des retenues sur le travail.
Ne serait-il pas temps de tourner la page, soixante et un an après la mort de Staline, pour enfin regarder notre destin autrement, sans l’ombre de « l’ogre soviétique » le couteau entre les dents, qui nous faisait craindre la vérité interne, de peur que l’adversaire en fasse une arme ?
Apparemment, la crise de 2008-2009 dont nous souffrons encore, n’aura conduit à aucune leçon, ni aucune remise en question.
Notre système est à bout de souffle. Il a montré toutes ses capacités et inondé les marchés de ses gadgets dont certains sont devenus indispensables et, parfois, même utiles.
Maintenant ça suffit. Les partis de gauche devraient sérieusement toiletter leur concept et faire un trait sur la social-démocratie trop ancrée dans le conventionnel. De même le mouvement libéral aurait intérêt à consulter d’autres économistes que ceux des banques pour réfléchir aux attelles à placer autour du membre malade.
Pourquoi ? Parce que depuis 2009 leur préférence pour le système capitaliste mondial est entachée d’une mauvaise foi patente et d’une complicité douteuse contre l’esprit même de la démocratie et que ça commence à se voir.

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Pour en revenir à Éva Joly, sénatrice européenne EELV, femme de cœur et femme de Droit, son article, à propos de l’Affaire Kerviel, dépassait l’histoire du trader de la Société Générale poursuivi « pour conduite imprudente ayant entraîné des pertes dans son entreprise ». C’est toute la complicité morale et matérielle des représentants de l’État qu’elle dévoile à travers la critique d’un procès qui condamne en réalité le système et ses complices, plus que Kerviel, simple rouage appointé.
« Quand la puissance publique, dit-elle, verse 1700 millions de recettes fiscales pour dédommager une banque, qui aurait été victime d'une fraude, Il faut s'arrêter, regarder, et poser toutes les questions des travers de gestion de cette banque. Les lignes qui suivent visent donc à éclairer celles et ceux que l'intérêt général et le sens de la justice animent. »
En Belgique, nous sommes encore trop près de 2009-10 de la largesse de l’État, à la suite du discours de Reynders pour « sauver le personnel des banques », pour qu’ensuite, celui-ci soit massivement licencié, et rester insensibles aux propos de la députée européenne.
Ci-dessous les 5 questions fortement résumées, qu’elle se pose :
« 1. … plusieurs pans du droit français semblent avoir été ignorés. Tenir Kerviel pour coupable commande de considérer que la banque pour laquelle il officiait ignorait tout de ses prises de positions spéculatives… Il y a lieu de demander à la Société Générale de donner à la Justice les documents de travail de ses Commissaires aux comptes où tout doit figurer, y compris les opérations prises par Jérôme Kerviel. Pourquoi cela n'a-t-il pas été fait?
2. Comment croire que personne n'ait rien vu… alors que les résultats exorbitants de Jérôme Kerviel… devenaient ses objectifs pour l'année suivante? …un trader moyen fait gagner à la Société Générale entre 3 et 5 millions d'euro par an, Kerviel réalise 5 millions la première année, 12 l'année suivante, puis 55 millions en 2007. Les chiffres suffisent à s'interroger sur la connaissance que la banque avait de cette affaire.
3. Pour quelle raison les boites mails de la hiérarchie de Jérôme Kerviel n'ont jamais été saisies? Cette exploitation aurait permis de savoir le degré de connaissance de la banque et de répondre à une question simple: existe-t-il une affaire Kerviel ou de la Société Générale?
4. Comment la banque peut-elle tout ignorer des actes de Kerviel alors que la Société Générale corrigeait l'impact en P&L (c'est-à-dire en résultat) de ses opérations?
5. Pourquoi les supérieurs hiérarchiques de Jérôme Kerviel ont-ils été payés jusqu'à sept années de salaire alors même qu'ils avaient été licenciés pour faute grave? Une telle indemnisation laisse songeur. »
Et Madame Éva Joly de conclure « Chaque jour qui passe montre que nos sociétés sont malades, et d'abord de leur matérialisme. Le traitement de l'affaire dite "Kerviel" dira si nous avons définitivement rendu les armes devant les puissances de l'argent ou si un espoir de désintoxication de nos sociétés est encore permis. »
On regrette que le débat de « C’dans l’air » de Caroline Roux, sur la Cinq, n’ait pas été contradictoire.

10 février 2014

Ipséité du capitalisme.

Di Rupo, de l’air sérieux d’un vieux cabotin, a déclaré dimanche à un Vrebos, la tête probablement à Sotchi : « les chômeurs exclus en 2015 toucheront plus au CPAS que leurs indemnités de chômage ! ».
Le Premier ministre se rend-il compte de ce qu’il dit ? Il aurait donc roulé Wouter Beke et Alexandre De Croo lors des négociations pour la formation de ce gouvernement ! Il est vraisemblable que pour se dédouaner Di Rupo est prêt à tout.
On ne va pas s’éterniser à prouver le contraire, sinon qu’il aurait raison dans un cas sur dix et que le but de cette nouvelle réglementation est double, diminuer le nombre de chômeurs et faire payer par les familles des exclus, l’aide de l’État qu’on leur refuse.
Reste à oublier au plus vite, le devenir d’exclus qui disparaissent dans la marginalité, qu’on ne retrouve dans aucune statistique, sinon celle des tribunaux.
A Mise au Point, toujours ce dimanche, Olivier Maroy a buté comme les intervenants sur l’ipséité du capitalisme. Là-dessus, pas un mot. Même Hedebouw du PTB s’est abstenu de toute allusion qui pourrait entraîner une perte d’électeurs.
Pourtant elle vient à l’esprit.
Le chômage en Belgique n'a jamais été aussi élevé des dix dernières années, soit 8,7 % de la population active. En 2015, le chômage augmentera légèrement, malgré la disparition de 50.000 voire davantage de demandeurs d’emplois renvoyés vers les CPAS.
Voilà pourquoi le système capitaliste ne convient plus et même est devenu un frein aux activités de la population !
Si 610.893 chômeurs selon les chiffres patronaux constituent 8,7 % de la population active, pour revenir aux années de prospérité, c’est-à-dire à un chiffre qui tourne autour de 5 %, il faudrait trouver du travail pour 3,7 % de chômeurs inscrits, soit 259.805 travailleurs.
En chiffres ronds, 260.000 emplois signifient la création de 52.000 petites PME de 5 personnes ou 26.000 de 10 ou 2.600 entreprises de 100 personnes ou 520 de 500 travailleurs !
Qui croit réellement cela possible ?

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La crise a enrichi certains, elle a diminué le train de vie du plus grand nombre, si bien que retourner la conjoncture par une relance de cette ampleur est impossible.
Si on ne tient pas compte de cela, on escamote les données essentielles du chômage.
Pourquoi ce débat si nécessaire n’aura jamais lieu ?
C’est une question que l’on devrait poser à nos dirigeants.
La réalité ne leur apparaît que sous le joug d’une économie que personne ne tente vraiment de comprendre. Il n’est jamais question que « de faire avec ce que l’on a ». Dans ce domaine l’Allemagne est championne : des temps partiels comme s’il en pleuvait, des petits boulots sans promotion ni avancée des salaires, bref un appauvrissement général de la population, mais sagement mesuré et sans excès de souffrance, par petites étapes et sans émeute !
C’est l’histoire d’une chaussure trop étroite. On s’y habitue progressivement. Ça fait mal au début. Quand la douleur est trop vive, on saute dans des pantoufles. Le lendemain, on recommence et ainsi de suite jusqu’à supporter les godasses. C’est ça la méthode allemande. C’est aussi celle du gouvernement Di Rupo.
Le point de vue des patrons est différent. Le système est excellent. Le capitalisme est le meilleur moyen d’atteindre au bonheur, etc.
Voilà comme la FEB voit le bonheur en 2014.
« La dégressivité des allocations de chômage en Belgique est trop faible. La Belgique possède à la fois le régime de chômage le plus onéreux d'Europe et l'un des systèmes de chômage les plus passifs. » Etc.
Les débats sur la question majeure du chômage et donc de l’occupation des gens ne sera qu’une vaste supercherie, tant qu’on n’aura pas intégré dans l’équation, une réflexion sur le système.
La démocratie ne poursuit qu’un grand dessein : celui de rendre heureux le plus de gens possible. Tout système qui sort de ce but à atteindre n’est pas une démocratie.

9 février 2014

Un journal en détresse.

Même s’il s’agit d’un journal français, les difficultés d’une feuille francophone ne nous laissent pas insensibles.
J’ai souvent envoyé la presse aux cent mille diables, pour ses séances de lèche aux puissants, les actionnaires, les partis politiques et en général faisant l’apologie de la vie égoïste et bourgeoise. Malgré ses défauts, c’est quand même un observateur de la vie de ce pays, je ne dirais pas à l’impartialité irréprochable, mais jouant un rôle.
La presse est un fait de société indispensable au monde contemporain.
Tout ça pour m’inquiéter du sort du journal Libération, un Libé fort populaire il y a seulement quelques années et maintenant en passe de descendre aux enfers des canards boiteux.
Les actionnaires parlent d’une grave crise financière. Ils veulent le sauver grâce à "un réseau social, créateur de contenus rentables sur une large palette de supports multimédias",
C’est partout pareil. On voit l’utilité de la presse pour se faire du fric et en même temps se brancher dans les sphères de décision. Mais quand on perd de l’argent, que ce soit les actionnaires de Libé ou ceux de Rossel, le négociant transparaît sous le patron de presse, reléguant mécénat et altruisme au rang des vieux clichés.
Or, le journaliste qui s’engage dans le métier n’est pas fait pour tenir un restaurant ou jouer au gardien de musée. La seule reconversion tient dans le support : papier ou Internet.
C’est bien pour cela que les journalistes de Libé écrivent dans l’édition de samedi "Nous sommes un journal, pas un restaurant, pas un réseau social, pas un espace culturel, pas un plateau télé, pas un bar, pas un incubateur de start-up… ».
Et ils ont raison.
Ce qui n’empêche que le métier est difficile et que Libé est en train de prendre l’eau.
On pourrait en dire autant de la presse belge sur la « qualité » des actionnaires. Pour Libé ils ont des noms qui font réfléchir : Bruno Ledoux, Édouard de Rothschild et le groupe italien Ersel. Leur pognon est en péril.
On connaît ça en Belgique. Le métier n’échappe plus à la polyvalence.

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Les patrons défendent leur proposition d’accoler un comptoir au marbre (le marbre désignait la table de fer où les typos mettaient le journal en forme, pour la confection des flans).
Ce projet, écrivent-ils, ne ferait plus de Libération "un seul éditeur de presse papier", mais un "réseau social, créateur de contenus monétisables sur une large palette de supports multimédias (print, vidéo, TV, digital, forums, évènements, radio, etc....)", de quoi lui fournir "de très forts relais de croissance".
On voit d’ici sur la même idée, Béatrice Delvaux du Soir en chauffeuse de salle et David Coppi, coiffeur pour dames au rez-de-chaussée.
Le vrai dossier des actionnaires de Libé, tient dans les 4500 m2 du journal. Le loyer à Paris d’une telle surface (rue Béranger) apporterait aux propriétaires du journal un joli pactole. Ils voudraient y accueillir des promoteurs d’espace culturel et de conférence comportant un plateau télé, un studio radio, une news room digitale, un restaurant, un bar, un incubateur de start-up".
Comme il n’y a pas de mansarde, on caserait les journalistes en banlieue, voire à la campagne dans une ferme à restaurer. Les actionnaires ne croient même plus au sauvetage de Libé papier par un Libé sur écran payant, comme Mediapart.
"Le plan est clair, disent les journalistes réunis en assemblée : 'C'est Libération sans Libération.' Il faut déménager le journal mais garder le joli logo. Ejecter les journalistes mais 'monétiser' 'la marque'. Sur la forme, annoncent les élus, 'il y a délit d'entrave'. Sur le fond, il s'agit là d''un véritable putsch des actionnaires contre Libération, son histoire, son équipe, ses valeurs,'".
Les plumes de Libé refusent « un Libéland, un Libémarket, un Libéworld. Un losange rouge avec rien derrière, dix lettres qui ne signifient plus grand-chose, sinon le prix auquel on veut bien les monétiser ».
C’est curieux, quand un journaliste n’a plus rien à perdre, il devient bon ! Il ne tremble plus sous le regard du rédac-chef, l’œil de Moscou du patron. Libérée, sa plume fait mouche et soudain la profession revit. On se demande ce qu’il en serait au Soir, dans une pareille alternative ?
Pour Libé (moins de 100.000 ex. vendus ces derniers temps) l’heure de la vérité a sonné. 300 personnes sont menacées
Suite lundi, pour une grève dont on voit mal l’issue.

8 février 2014

La faute à Nicolas Lambert !

Au concours du plus gonflé, on croyait Reynders grand leader de la compette. On se trompait. On a trouvé le hors-concours, le super Usain Bolt, celui qui parle à l’oreille des foules : un triple banc s’il-vous-plaît ! Je vous demande d’applaudir Elio Di Rupo !
Interviewé par ses faire-valoir préférés de la RTBF, le Premier ministre a sorti son grand air du finale sur le malheur d’être chômeur.
On avait déjà eu droit à une avant-première de son répétiteur Thierry Bodson. Il nous avait mis l’eau à la bouche avec ses 55.000 chômeurs exclus dès le début de l’année prochaine, même si l’Onem minimise le génocide à 27.300.
À ce propos, les deux prévisionnistes n’en savent rien. Et si, comme c’est souvent le cas, les compères s’étaient gourés ? Cela pourrait être 60.000 dernier carat !
Il revenait au ténorino de la scala de Mons l’honneur de l’apothéose « ces mesures, s’il y a des morts, n’en ont pas moins sauvé la Belgique ! »
Roulement de tambour. Rideau ! Bellissime Elio a sauvé la Belgique…
On s’en doutait, l’Homme de Mons a peaufiné ce que le PS avait déjà soufflé à Bodson : « Sans le PS à la table des négociations, ça aurait été pire ». Pas pour les chômeurs, qui vont se faire vider, sur une idée flamande, certes… mais avec les petits bras vaillants de Magique Elio.
C’est un dénommé Nicolas Lambert de l’Agence Belga qui a propagé par l’écrit, ce que les ondes de la RTBF ont lancé dans le ciel. Je me demande ce que Di Rupo attend pour faire porter le chapeau à l’employé modèle ?
Vous voyez d’ici les titres « On a trouvé l’auteur du génocide de 60.000 Belges (estimation future du journal La Meuse) : Nicolas Lambert.
Le premier ministre va incessamment saisir la justice !
Il ne resterait plus à l’illustrissime guignol du PS qu’à grossir le dossier Lambert : avoir sciemment aggravé la pauvreté en Belgique, en réduisant l’aide aux populations qui en ont le plus besoin, propagation des idées marxistes (très grave), etc.
C’est dur aujourd’hui de se faire passer pour socialiste quand on est libéral !
Dans ce grand moment de radio, Elio Di Rupo a trouvé des accents pathétiques. Il n’est jamais si bon que lorsqu’il s’apitoie sur ses victimes. Didier Reynders n’est qu’un petit amateur devant la glose de Monsignore. Le Bleu d’Uccle a l’air d’un Hannibal Lecter de province retrouvant la rue Saint-Léonard.

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Patenôtre, notre Premier du Chose a tenu à rassurer les chômeurs justement inquiets « Si par malheur certains devaient être transférés du chômage vers les CPAS, l’Etat fédéral s’est engagé dans l’accord de gouvernement à payer les indemnités ». Il sait très bien, le beau masque en disant cela, que la plupart des victimes futures sont des cohabitants que le CPAS n’indemnisera pas, et qu’il appartiendra au final à d’autres que lui de retirer le pain de la bouche à des malheureux.
« Honte aux cohabitants » diront dans leur jargon d’infinies crapules qu’on appelle « braves gens ». Ce qui signifie en clair que tous les cohabitants sont des tricheurs ou des riches allocataires. Ceux qui ont une once d’intelligence savent avec les sociologues que c’est faux. Les féministes savent aussi que cette mesure va surtout toucher dans leur ultime autonomie, des femmes déjà fragilisée par la perte d’un emploi, mais aussi à l’intérieur des familles déjà précarisées. Enfin, le gros des exclusions se fera chez les jeunes par l’expiration de leurs revenus d’insertion. Comme si ceux qui sortent des écoles avec ou sans diplôme se disent « chouette, j’ai pas envie de bosser, alors je vais m’arranger pour vivre avec les cacahouètes du chômedu toute ma vie ».
Si Di Rupo pense ça des jeunes, il n’a pas sa place dans la politique, ou alors, chez les nationalistes flamands, et encore…
Di Rupo dans son épître minimexé à la RTBF, après son élan du cœur mesuré, s’est aussitôt repris en grand homme d’un État libéralo-bourgeois «…pas question de revoir la mesure », et d’ajouter « Il y avait durant les 541 jours de négociations gouvernementales la volonté de plusieurs partis flamands de dire : on paye les allocations de chômage pendant 2 ans et puis terminé ».
Reste à savoir si l’ensemble du peuple flamand est pour rayer de la société ceux qui sont de trop dans la vie moderne future, parce qu’ils sont de trop pour le peu d’emplois proposés ?
Il se pourrait que les partis qui pensent la démocratie pour le peuple aient anticipé en sanctionnant des chômeurs ?
A titre personnel, je détesterais cohabiter avec des gens qui manquent à ce point d’humanité et de fibres sociales. En cas de symbiose entre les partis et le peuple flamand, j’appuierais la N-VA dans sa vision d’une Flandre indépendante, n’ayant plus rien à faire avec ces gens-là, afin qu’il y ait entre eux et moi, plus que l’épaisseur d’une frontière linguistique.

7 février 2014

Didier. de l’Académie des Belles-Lettres.

Vous en connaissez, vous, un torche-livre qui s’amène chez un Éditeur belge (oui, il y en a encore), dépose un paquet de feuilles sur le bureau du dirlo (quand il existe) et s’en va en disant « il me faut ça pour février, ouais février, on vote le 25 mai ».
On en a un en Belgique. Grand écrivain ? Pas du tout. Grande gueule, oui et connu pour ça dans la politique.
– Je vois. Didier Reynders, tu veux dire ?
– Exact…
– Attends, tu veux parler de « Reynders sans tabou » ? C’est de l’interview, du sur mesure par deux de la presse écrite, aux Éditions Racine. Pourquoi on met toujours le pluriel quand on parle d’édition ? Si ça se trouve, c’est le seul livre de la collection…
– Non, je te parle d’un truc qu’il a écrit lui-même, enfin, il a sans doute passé son œuvre à quelqu’un de qualifié dans son ministère, on a toujours un ambassadeur, comme ça qui a une plume rentrée. « Bruxelles pour tous, vaincre la fracture » aux éditions « La Muette »…
– De Portici ?
– Encore un éditeur qui aurait bien fait de fermer sa gueule, comme dans l’opéra d’Auber !
– Mais non. Ça paie bien le métier quand c’est du compte d’auteur. Un auteur qui vend sa salade à des obligés, des personnels, des complaisants et qui distribue gratos ce qu’il peut avant le pilon qui attend le reste, c’est du nanan pour l’imprimeur.
– Oui. L’éditeur joue sur du velours.
– L’Éditeur belge existe encore en ce sens qu’il veut qu’imprimer. L’auteur devient le client.
– Tu crois que Reynders ?
– Tu recopierais « Madame Bovary » que Fadila Laanan n’en voudrait pas. Pas parce qu’elle reconnaîtrait la patte du maître ou que le titre lui dirait quelque chose… non, elle n’est plus capable de lire que Mickey… Alors, tu penses les pedzouilles à la chasse aux chefs-d’œuvre !
– Donc le client veut sa commande pour le 16 février. Les gazettes s’envoient le pavé. Ravis ! les journalistes exultent ! L’éditeur est aux anges. S’il a un pourcentage sur les ventes à l’unité, c’est pour sa pelote, le MR devient le mécène. Même Deprez se fendra d’un livre.
– Et toi, ton avis ?
– De la merde, positivement. Et je ne parle pas sous le contrôle de Milquet, qui ne dit rien du style, mais du fond. Non ! De la merde à propos du style et du fond.
– Au moins, ça plaira aux libéraux !
– Pas tous. T’as le clan des Michel et Gérard Deprez.
– Et ça dit quoi, « Bruxelles pour tous… » ?
– T’as tout sur la couverture. Tu vois Chateaubriand en MR devant le canal qui coupe Bruxelles en deux, un ciel bleu de reconquête. L’homme bien découpé semble flotter dans l’espace-temps.

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– Intemporel !...
– Exact. Mais c’est pour la bonne cause. Quand c’est Victor Hugo qui cause, Didjé ne veut pas la formation de ghettos, la dualisation de la ville, souvent symbolisée par la voie d’eau qui coupe Bruxelles en deux.
– Faut bien qu’il explique ce qu’il est venu foutre à Bruxelles. Il ne va pas te faire l’article sur la gentrification à Uccle ou détourner les eaux du canal !
– Il est devenu tunnelier ! Il veut enterrer les grands axes, des projets de pharaon.
– Je comprends pourquoi Milquet est en rogne et met l’œuvrette de Ramsès II aux chiottes.
– Maupassant-Joufflu est disponible, surtout à Bruxelles. Il se voit bien ministre-président, ou alors au Fédéral, en couple avec Bart.
– A la Chambre… partout où il y a de l’oseille. Il se vante d’apporter le plus qui manque, remailler la ville, faire de la mobilité et, entre les coups, de la formation sérieuse, bien libérale et patronale à la fois.
– C’est dans le long terme qu’il est le meilleur.
– Forcément, on ne pourra pas lui reprocher ses erreurs en 2050 !
– Ce type me saoule ! Je m’étais dit, il dégage à Liège, chouette on va vite l’oublier. Defraigne est ce qu’elle est… elle est quand même plus regardable, c’est toujours ça. Et puis voilà qu’il la ramène tellement sur Bruxelles, que même depuis Uccle, il finit par m’emmerder autant que lorsqu’il créchait au quartier Saint-Léonard.
– Il reste plus qu’une solution.
– Laquelle ?
– Si Bart suit son idée et réussit à l’imposer, Bruxelles retourne à la Flandre et Reynders devient député flamand !
– Et alors ?
– Il fera écrire ses livres en flamand, pardi !

6 février 2014

Dans les starting-blocks.

Les deux porte-flingues du PS, Anne Demelenne et Thierry Bodson, viennent d’ouvrir la campagne de Di Rupo du 25 mai : 32.000 chômeurs wallons seront exclus en janvier 2015 !
La belle nouvelle ! d’autant qu’elle était sue bien avant que la loi ait été votée, puisque les députés PS avaient en main les estimations des experts sur les calculs d’approximation de l’allègement du nombre de demandeurs d’emploi à son application en 2015 !
Les députés socialistes ne sont pas plus bêtes que les autres. En votant sur les propositions de Di Rupo, ils devaient quand même bien se douter du désastre annoncé par Bodson !
L’argument de Bodson est incroyable ! C’était la condition des libéraux pour entrer au gouvernement. Il restait à Di Rupo le soin de l’appliquer. Selon l’admirable raisonnement de Bodson, il ne pouvait pas faire autrement. Et dire que c’est le CD&V qui a mis plus de 500 jours à se décider ! Comme quoi les travailleurs n’ont pas été défendus par ceux qu’on croyait.
Évidemment, 2015 est loin. Surtout que les élections auront lieu cette année. Ce que Demelenne-Bodson oublient, c’est qu’il y aura de fortes chances pour que Di Rupo applique la loi en 2015… comme intérimaire !
On se délecte du merveilleux discours qui pourrait s’en suivre : Di Rupo « contraint » d’appliquer sa loi dans une période où la mission de l’intérimaire consiste en l’expédition des affaires courantes !
L’offensive de la FGTB contre les radiations du chômage sied bien au PS. C’est tellement cousu de fil blanc, qu’on se demande comment Demelenne et Bodson n’ont pas honte ?
Décidément, les syndicalistes suiveurs des partis n’ont pas fini de défrayer la chronique. Á un autre côté du centre, dans la même marmite à voix, Benoît Lutgen fait appel à Claude Rolin, leader de la CSC, pour entrer en politique. Bigre ! l’Europe va avoir un sacré client.
Au CDH, on fait comme au PS. C’est le président qui désigne les places. Un point c’est tout. Lutgen tape carrément dans le syndicat. Il paraît que l’avenir des travailleurs de la CSC et surtout des chômeurs passent par l’Europe ! Avant, cela passe plutôt par le bureau de Benoît.
La « base » du syndicat chrétien est aussi marron dans l’affaire que celle de la FGTB avec ses deux champions.
Et on s’en fiche bien que le Rolin prenne la place de M’ame Anne Delvaux qui glisse vers la sortie sur la planche savonnée par le successeur de Milquet.
Ce n’est pas en offrant au syndicaliste ce promontoire assez vain de s’aller mêler à l’Europe dans une coalition qui le verra siéger à côté des hommes de Berlusconi et d’un ramassis d’extrême droite des nouveaux adhérents de l’Europe, que Claude Rolin luttera avec succès contre la nouvelle loi d’exclusion des chômeurs en Belgique.
Ainsi vont les choses. Le sac à nœuds des déconvenues doit se dénouer dans l’esprit de certains. Se faire valoir en se faisant connaître par tous les moyens reste donc le seul critère pour guider dans leurs choix les chasseurs de tête que sont les présidents de parti.
C’est vrai que M’ame Anne Delvaux ne s’est fait connaître qu’en présentant le journal télévisé à la RTBF. Son image multipliée par autant d’émissions, sans rien savoir de ses capacités de dire le sentiment de ceux qu’elle représentera, c'est ça la démocratie !
L’autre zigoto, le Claude de la CSC, a lui aussi une propulsion médiatique, articulée devant les caméras mais avec un langage partisan qui tranche avec la nécessaire neutralité d’une speakerine de la télé nationale.
Cela est-il suffisant pour la cueillette du 25 mai prochain ?
Quant aux deux ineffables de la FGTB, ils ne quitteront pas leur poste, cette fois-ci, pour cueillir d’autres gloires au sommet de l’échiquier « démocratique ». Ils sont bien trop utiles au tandem Di Rupo-Magnette en qualité de cinquième colonne du PS au cœur de la FGTB.
Il est bien difficile de trouver une formule de représentation juste et légitime du peuple en démocratie !

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Les garanties d’intelligence par des élus universitaires, compte tenu du résultat, c’est loupé. Des garanties d’honnêteté, quand on voit l’indignité des salaires des travailleurs et l’aisance financière des élus, cela paraît peu probable. Quant à la foi qui soulève des montagnes, la ligne des partis, c’est comme la foi en Dieu des croyants, chacun à la sienne et tous s’accommodent d’une société qui en a de moins en moins.
Faire de ça un pays que l’on dit démocratique, s’il y a une usurpation majeure, c’est bien celle-là.
Les peuples continueront de sauter dans les cerceaux de papier que leur tendent les clowns blancs. Tout le monde sera content, puisque les démocrates croiront y trouver leur juste place.

5 février 2014

On impose même la dèche !

L’Europe voit disparaître les impôts dans des puits sans fonds. Des gouvernements aux partis politiques, l’apathie descend au long des structures, telle la paralysie d’un condamné à mort recevant une piqûre létale. Qui paie pour faire quoi à qui reçoit ? Rien n’est clair.
La contrainte de la feuille de route afin de résorber les déficits des pays endettés est à peu près la même partout. Elle est en même temps une sorte d’objectif commun qu’il ne sert à rien de transformer en autre chose, par des initiatives particulières aux singularités des pays.
Moralité, l’originalité et l’initiative se voient expulsées de tous les programmes, les économistes les plus classiques dirigent en réalité toute la politique depuis les états-majors des banques.
Dans les partis, les moyens de faire remonter les remontrances de la base vers les chefs sont grippés. Les budgets ne sont que la somme des taxes et contributions. La manière dont les politiques utilisent les prélèvements pour assurer les dépenses de l’État est à leur discrétion.
Si bien que grâce ou à cause de l’Europe et de la globalisation du système, la distance qui sépare les acteurs politiques des électeurs, n’a jamais été aussi grande. L'augmentation des inégalités et de la pauvreté, loin d'être un malheureux accident, relève d'un rapport de force économique largement favorable aux classes financières et politiques.
La dernière proposition de Jean-Marc Hérault de mettre à plat le système des taxes et impôts en France est bien plus un effet de propagande pour un premier ministre en perte de confiance, qu’une réelle prise de conscience. Personne ne comprend plus rien aux prélèvements. On en ferait bien autant en Belgique pour le même effet de manches, mais les élections sont trop proches pour une pareille initiative.
L’électeur se pose depuis toujours quelques questions au sujet de ces prélèvements qui n’ont jamais reçu de réponse.
1. Où va la multitude des prélèvements directs et indirects ?
2. Comment les postes dotés sont-ils provisionnés et selon quels critères ?
3. Les prélèvements sont-ils effectués de manière équitable ?
4. Que fait-on pour simplifier le programme et le rendre compréhensible ?

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L’Europe exige des coupes sombres dans les budgets. Elle n’a pas pour autant un droit de regard sur la manière d’imposer les contribuables. L'aggravation de la pauvreté se fait aussi par des voies légales. Les lois sur le chômage augmentent la précarité dans des milliers de ménage. Les sommes récupérées ne pourraient-elles se récupérer ailleurs, dans des couches moins touchées de la population, par exemple, dans les indemnités et frais du système parlementaire ? Des solutions radicales existent aussi en matière de pension. Comme il existe un minimum (très bas), il devrait exister un maximum des plus hautes pensions, surtout celles allouées aux personnels supérieurs de l’Administration et des professionnels de la politique !
Les années de crise font perdre le fruit des luttes syndicales, avec la complicité passive des dirigeants syndicaux actuels, ce qui est un paradoxe. Ces politiques mènent mécaniquement à la dégradation des conditions de vie d'une majorité d'Européens,
N’y a-t-il pas d’autres mesures possibles pour enrayer l'exclusion sociale prônée par l'idéologie libérale ?
Nos élites politiques se sont concentrées depuis le début de la crise sur l’économie et non sur la dignité humaine. Cet aveuglement ne leur permet pas de jauger l’importance des changements en cours.
Il serait temps qu’ils nous tiennent un autre langage, à défaut de quoi, de graves événements pourraient les leur faire regretter.

4 février 2014

Deux ans tranquilles ?

Bilans au Congrès de Boum-boum Bart.
L’ex-lourd léger, en superforme poids coq, a livré un combat qui fera date devant une salle comble.
Aucun parti politique ne peut organiser un Congrès en Belgique en alignant plus de quatre mille sympathisants, comme vient de le faire la N-VA ce week-end dernier.
Le PS en Wallonie n’oserait s’y risquer, le MR non plus, le CDH encore moins.
Le petit Chastel en est tout retourné ! Le libéral qui fit trembler les socialistes de Charleroi, pourrait faire une réunion générale de ses partisans dans l’espace clients de sa pharmacie. C’est tout juste si le MR remplirait une salle d’un cinéma d’art et essai. Dans une interview, Chastel assure que le MR ne s’acoquinera pas avec la N-VA séparatiste. Son pygmalion, Didjé n’en est pas sûr. Tout dépendra du score. Si Boum-boum fait plus de 30 % au soir du 25 mai, il sera incontournable et Chastel sera prié de changer de discours. Mais ce n’est pas tout, faut-il encore pour une entente cordiale MR – N-VA, que les libéraux dépassent en voix le PS en Wallonie, ce qui est beaucoup plus hasardeux comme pronostic.
C’est bien connu, l’électeur wallon vote PS par atavisme et par habitude. Peu importe que le PS soit passé au centre, qu’il représente aujourd’hui ce qu’il détestait hier, et c’est tant mieux pour la petite boutique, le commerçant moyen ne peut plus compter sur le mouvement libéral ; mais c’est tant pis pour le monde du travail qui souffre et qui ne compte plus que sur l’extrême gauche. Si Di Rupo se reconvertissait marchand de casseroles, les électeurs « de gauche » se mettraient à la marmite à pression.
Il y a confusion des genres.

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On sait que Di Rupo est bon à tout pour se maintenir au pouvoir, à défaut de son poste reconduit (à l’heure présente, il est certain qu’il le perdra), il tentera de placer ses créatures. C’est-à-dire trouver un terrain d’entente avec De Wever, dans le cas fort probable de la droite nationaliste gagnante en Flandre et de la gauche molle, toujours sur la haute marche en Wallonie. Sa Grâce retournera pépère régner à Mons sous les acclamations et à Bruxelles où il retrouvera la présidence du PS, pour tirer les ficelles d’un PS phagocyté.
On pourrait battre l’ancien record du pays sans gouvernement et arriver au milieu de la législature sans trouver un accord.
Auquel cas, si l’illustrissime montois dépasse les 18 mois de rabiot rue de la Loi, il sera champion du monde ! Battre le record de 194 jours d’intérim de Verhofstadt (fastoche) et celui, absolu en Europe, de 541 jours d’Yves Leterme (très difficile) n’est pas hors de portée du montois.
Les tourlourous tricolores sont sur le qui-vive. Dans un peu plus de trois mois, le sort de la Belgique en pantoufles et bretelles tricolores pourrait basculer.
Le danger c’est que cette perspective escamote le débat électoral. Le vrai sujet est le passage à l’acte d’une droite flamande qui croit pouvoir revenir sur la politique sociale ancienne en sabrant dans les revenus de remplacement et les dépenses maladies.

3 février 2014

Les Martiens débarquent !

Dommage que les roulements de tambour de jeunes gens en culotte tyrolienne, suivis par d’autres faisant tournoyer des grands drapeaux jaunes frappés du lion noir n’ouvrent plus les traditionnelles assises à la flamande, ce folklore pouvait très bien accompagner les trois journées anversoises de la N-VA.
4.000 militants pour un Bart acclamé 5 minutes, cet homme a un magnétisme qui rappelle quelqu’un. Le public frémit : suppression des dotations royales, limitation du chômage, rien que du lourd pour nos futurs voisins, jusqu’à présent compatriotes.
Levée des petits cartons jaunes, l’unanimité fait plaisir à la tribune. D’après Bart, la Flandre a beaucoup souffert. Siegfried Bracke et Liesbeth Homans à côté de lui ont l’air de sortir d’un bunker. D’ici à ce que Bernard Wesphael passe pour un otage politique wallon !...
On ne sait pas si le prince Laurent a bien mesuré le risque qu’il prend en faisant la gueule aux commémos. Avec ces gens-là, la famille royale a intérêt de ne pas trop se faire remarquer.
Fédéralisme ou confédéralisme, qu’est-ce que ça peut faire, puisque si De Wever réussit à s’imposer en mai, les socio-démocrates ne feront plus partie du futur gouvernement. Ce n’est pas une rumeur, c’est lui qui l’affirme.
Si Philippe perd sa béquille montoise, qui défendra le trône vacillant ? Talleyrand-Reynders n’est pas le beau Fersen. Uccle n’est pas Varenne. Entre sauver Mathilde et accompagner Liesbeth, le diplomate en chef a choisi. Il suivra Bismarck.
On voit mal Élio Di Rupo obligé de changer de posture. Cet homme est né premier ministre. Qu’il n’endosse plus son veston en sortant de sa grosse voiture dans la cour du 16 de la rue de la Loi, apostrophant de loin les journalistes restés devant la porte cochère, est impensable ! Ce serait un drame personnel. Vous vous imaginez les vacances à San Valentino, la Terre natale, en simple touriste, devant la famille, le village, le maire !...
Sa minceur, son apparente simplicité cachant un orgueil démesuré, l’apaisante douceur de ses paroles démentie par des hausses de ton desquelles une voix fluette émerge, tout convenait à la fonction de premier ministre. Grand leader déchu que lui restera-t-il ?

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Il ne faudra pas un mois d’opposition pour voir un autre personnage, celui du « responsable » aigri, s’essayant à se durcir.
Le discours récent de Paul Magnette, son féal, donne bien le ton. Di Rupo ne regrettera rien de son passage rue de la Loi, au contraire, les élections seront pour lui l’occasion non pas de se justifier, mais de faire étalage de son « admirable » bilan.
Et cette entreprise risque de fonctionner et de faire un grand tort à la vraie gauche qui se bat avec de petits moyens et un cœur « gros comme ça » dans une indifférence générale, si ce discours « non-repenti » d’opposition berne à nouveau les électeurs.
Dans l’expectative d’une coalition des intérêts boursiers, écoutons les discours flamands de ce week-end. Les chômeurs menacés, la sécurité sociale en morceaux, les dernières entreprises publiques vendues à l’encan, les Administrations publiques à la diète, Bruxelles sous surveillance flamingante, l’accaparement des projecteurs à l’étranger par la Flandre rayonnante, franchement le nationalisme de Bart De Wever devant lequel le PS s’est faiblement opposé, correspond bien à la faiblesse de la gauche boutiquière !
Allez quoi, une vibrante Internationale par la soprano Onkelinx pour la lutte finale.

2 février 2014

Woodrow Wilson pas mort !

Les États-Unis seraient sur le point de renouer avec l’isolationnisme !
Voilà qui rappellerait les premières années de présidence de Woodrow Wilson, le président qui ne voulait rien savoir du monde extérieur hors l’échange et le commerce. Il fallut attendre Pearl Harbour pour voir les Américains changer de politique.
L’isolationnisme fait tendance aujourd’hui nous révèle le Huffington Post. Rien au journal Le Monde, John Dickerson, le spécialiste des States, relate le dernier speech de Barak Obama où il est question de tout, sauf de la situation en matière économique. Le New-York Times de ce matin, pourtant bien informé, avec ses grandes oreilles traînant en permanence dans les couloirs de Wall Street, n’est au courant de rien. Une couverture (quand même) du Financial Times qui se fend de dix lignes du président de la banque centrale indienne qui tire la sonnette d'alarme. Néant dans la presse belge, on y est habitué.
Alors ?
Les Etats-Unis mettraient en place un jeu de massacre, comme dans une baraque de foire, sous les regards « stupides » de Barroso et des autres commissaires européens !
Ce ne serait pas la première fois que ce grand pays tire à lui la couverture laissant patauger les autres dans le dollar, son chef-d’œuvre de papier !
Mais quand même : « Au prétexte d'une reprise plus robuste que prévue, la première économie mondiale rapatrie tous les capitaux qui inondaient les marchés émergents depuis 2009. Trop brusque, trop volumineux, ce retour de flux a pour conséquence de faire vaciller des économies qui avaient appris à vivre avec des dollars en abondance. À se concentrer sur sa seule situation, Washington menace ainsi de créer de nouvelles crises financières à l'autre bout du monde. »
Égoïstes les USA ? Il n’y a que nos américanolâtres pour en douter. A sa future conférence d’Uccle, Reynders va sûrement s’inonder le caleçon de bonheur en évoquant le phénomène américain de croissance.
Dommage pour l’économie européenne et la belge en particulier d’être à la remorque d’un tel pays, et pousser la servilité jusqu’à imiter ses concepts, ses modes, ses caprices, avec d’autant d’assiduité que la mondialisation, les économies de casino, les titrisations des hypothèques louches et la crise de 2008, c’est du Made in USA 100 % !
La Fed (banque centrale américaine) coupe le soutien à l’économie américaine et amorce une diminution de son débit depuis 2009, avec 2200 milliards de dollars injectés dans le business.
Un retrait massif des fonds placés dans les pays émergents serait catastrophique pour les économies et aurait des conséquences sur la faible reprise en Europe.
Cet amour des Américains pour eux-mêmes a une résonance forte dans l’univers des affaires, véritable panier de crabes où il n’y a pas d’amis, mais des concurrents, pas de générosité mais de faux-semblant, pas de confiance mais son apparence, pas de morale mais l’art de cacher les vices.
Le déclenchement de ces vérités pas bonnes à dire que les libéraux ne voient pas, tient dans les chiffres de la croissance américaine, 3,7 %. (Richesse en progression de 2 % sur l’année pour… 0,7% à l’UE).
« Our money, your problem » disait-on à propos du dollar dans les années 70, ironise Daniel Larrouturou. « C’est la même chose aujourd’hui avec la politique monétaire américaine. Nous sommes dans un monde interdépendant, pas dans un monde solidaire » (Huffington Post).
Ce regain, cette poussée, ce prurit capitaliste, est le résultat d’une indépendance énergétique que promet l’exploitation des gaz de schiste dont l’Amérique possède une vaste réserve.
Obama n’a pas les mêmes scrupules que nous. Que d’immenses zones soient dévastées, que les nappes phréatiques soient menacées, cette nouvelle possibilité de trouver de l’énergie galvanise les énergies. L’argent n’a pas d’odeur, depuis Vespasien.

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Ce réflexe du système capitaliste est mis ici en évidence. Qu’importe l’avenir, seul le profit immédiat compte.
Cette prise de cash montre un système d’une grande perversité.
Seule satisfaction – momentanée – les princes du pétrole risquent d’empiler les bidons de gasoil chez eux, en attendant l’acheteur, puisque les émergents, à cause du dollar raréfié, achèteront moins.
Les conclusions de Hugues Poisonnier et Daniel Larrouturou sont édifiantes « Les Etats-Unis semblent destinés à entrer dans une phase d'isolationnisme… il y a d’autant moins de solidarité à attendre des USA, que leur nouvelle indépendance énergétique les rend moins enclins à s’occuper des problèmes des autres ».
C’est là qu’on va entendre nos Reynders et Michel rejeter l’indifférence des USA sur les malheureux socio-démocrates du PS, derniers ralliés de la pensée libérale triomphante.
Nos journaux, tous libéraux, auront du pain sur la planche d’ici les élections de mai !

1 février 2014

Une liberté sous astreinte.

Pas si bénins et aimables que cela les bureaux secrets de l’UE !
Au Ministère de l’Instruction publique on ferait bien d’y regarder d’un peu plus près dans les odes à l’Europe avec lesquelles on espère redonner de la pêche aux sentiments européens de la jeunesse.
Le Telegraph est le journal britannique le plus vendu, avec un tirage certifié de 842 912 exemplaires, de droite, il est pour la sortie de l’Angleterre de l’Europe, mais ses nouvelles sont fiables. Ce qu’il livre à ses lecteurs devraient quand même nous inquiéter.
L’Union Européenne travaillerait en secret sur un plan qui permettrait à la police de contrôler à distance les voitures, et de les arrêter depuis une salle de contrôle afin de maîtriser des fugitifs et pas seulement.
Statewatch détiendrait des documents confidentiels que se distribueraient les polices de l’UE lors de réunions « spéciales ». Il s’agirait de frapper un grand coup avec un système de contrôle à distance des voitures dans le cadre d’une loi qui renforcerait la surveillance et les mesures de pistage.
Statewatch, une ONG ayant son siège au Royaume-Uni est chargée du contrôle des Libertés Fondamentales au sein de l'Union européenne. Elle s’est déjà signalée par le passé en déposant une plainte auprès du Médiateur après que le Conseil lui ait refusé l'accès aux ordres du jour du " Senior Level Group" et de la " EU-US Task Force".
Comme elle est britannique et qu’on se méfie aujourd’hui de tout ce qui est en orbite autour de Cameron et de son gouvernement antieuropéen, la presse belge ignore à peu près tout ce que les journaux anglais diffusent dans leurs critiques sur le continent, espérant que les lecteurs qui savent l’anglais ne pousseront pas la curiosité d’ouvrir la presse britannique sur le NET.
Des documents que détiendrait le journal, il ressort qu’ils «constituent une sérieuse menace pour les libertés civiles».
«Ce dispositif pourrait être dans toutes les nouvelles voitures d’ici la fin de la décennie. Il serait activé par un agent de police depuis un écran d’ordinateur dans un siège central».
Cet espion que les automobilistes auraient à leur insu éliminerait toute une série de contestation sur les vitesses, les accidents et diminuerait les rodéos poursuites à la suite des exploits de chauffards.

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Chouette diront les imbéciles heureux qui n’ont rien à cacher !
Quant aux autres qui ne peuvent plus faire un pas sans être filmé et mieux qui risquent un jour à Liège de tomber sur une caméra parlante, en embarquer une sans le savoir, mettrait un comble à l’étouffoir qui pèse sur la société civile.
Reste un point de droit.
J’ai lu quelque part que l’intérieur d’une voiture pouvait être assimilé à une partie du domicile et donc entrait dans la sphère de la vie privée. Évidemment, au point où on en est…
Ce plan de surveillance a été approuvé par le Comité permanent de sécurité intérieure, qui promeut la coordination entre Etats européens sur le plan de la sécurité intérieure. Selon Statewatch, l'ENLETS aurait besoin d’un million d’euros pour financer son programme sur le long terme.
Si maintenant les Européens ont encore un doute sur la destination des taxes qu’on prélève sur leurs revenus pour la construction de l’Europe, voilà toujours un million de retrouvé.
La BBC s’est emparée de l’information et si on a des doutes sur le sérieux du Telegraph, il est plus difficile d’en avoir sur cet organisme officiel de l’État britannique.
La BBC préciserait donc que le projet n'en est qu'à l'étape de l'interrogation sur sa faisabilité, et que le gouvernement britannique n'a pas de plan pour le moment pour installer de tels systèmes dans les véhicules individuels.
Quand on sait les grands silences qui entourent la politique de Milquet au ministère de l’intérieur, on ne saura pas où en est le projet en Belgique.
Le goût du Belge pour la dénonciation valant des milliers de lettres au Ministère des finances, Milquet a sans doute planché sur l’intérêt d’un dénonciateur électronique pour son propre ministère, la vérification d’un fait délictueux supposé nécessite une enquête plus onéreuse qu’une dénonciation au Contribution.
Drôle d’époque et drôle de liberté.