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31 août 2015

Merci papa !...

Ils ont tout pour se comprendre. Ils ont eu les mêmes diplômes de droit. Plutôt que faire le métier d’avocat, ils ont choisi la politique. Ils militent dans le même parti (le MR). Ils en ont été présidents. Leurs convictions néolibérales et pro atlantistes sont identiques. Rompus à la technique de se faire valoir, l’un y a fait son beurre, l’autre engrange aussi. Toutes raisons qui pourraient les unir et pourtant, ils se détestent. L’ambition les ronge !...
Après l’aubade à Reynders, façon Bagad de Lann-Bihoué de ces dames du journal « Le Soir », il était logique que par compensation (comme à la banque), Charles Michel ait aussi son divertimento.
À l’inverse des dynasties où les successions se passent en mode interne dans la famille régnante, les successions familiales en démocratie politique se passent toujours au détriment des membres extérieurs au noyau familial.
Le plus bel exemple est la famille Michel, le fondateur ayant facilité l’accès des postes directeurs du parti à ses fils dans un premier temps, il fallut se débarrasser de l’encombrant Reynders pour que le plus doué des deux : Charles prenne la succession du père.
Pour bétonner ce droit de succession et assurer la pérennité du nouveau leader libéral, les Michel ont verrouillé la présidence du MR en offrant le poste à un comparse, sans envergure, le petit Chastel, fait et défait par Reynders donc allié des Michel, ainsi, la famille pouvait affronter l’avenir, même en cas d’échec de Charles au gouvernement, et voir la suite d’une belle carrière.
Dans ce cas de figure, on voit bien l’intérêt d’être épaulé par une famille. Didier Reynders, sans autre aide que des « amis » dont on sait bien la fragilité (des gens, comme Gérard Deprez, passèrent dans le camp Michel avec arme et bagage). Deprez n’avait pas oublié que Reynders voulait lui reprendre son casse-croûte à l’Europe, pour le donner à une autre créature. Reynders a aussi humilié Chastel quand celui-ci fit ses premiers pas en-dehors de sa nursery de Charleroi, sous prétexte qu’il parlait assez mal l’anglais !
La démocratie là-dedans ? On sait ce qu’il en est dans tous les partis en Belgique.
La tradition des dynasties familiales n’a jamais été aussi florissante. En Région Wallonne les familles Mathot, Onkelinx, Wathelet, Daerden, Ducarme, tiennent la cote. Mais il y en a d’autres, plus secrètes, volontairement masquées. En Flandre, c’est pareil !
Le nombre de parlementaires dynastiques a sensiblement augmenté ces 20 dernières années. Il faut dire que 5 gouvernements ouvrent des perspectives pour sauveurs de la patrie de père en fils. Pas moins de 26 parlementaires sur 150 (17%) de la Chambre des représentants ont un membre de la famille qui possède un passé parlementaire.
Quoi qu’en disent les « Fils de… », avoir un père célèbre aide drôlement. Une étude américaine révèle que les politiques issus d'une lignée politique ont trois fois plus de chances d'être élus. Ils sont plus médiatisés, montent plus vite dans la hiérarchie et dépendent moins de la ligne du parti. Et selon une étude norvégienne, les candidats dynastiques obtiennent plus facilement une meilleure place sur les listes, ce qui augmente encore leurs chances d'obtenir un bon résultat.
« La politologue Brenda van Coppenolle (London School of Economics) a calculé que les politiques à arbre généalogique bénéficient d'un avantage dynastique d'environ 25%. En d'autres termes, si deux candidats, l'un issu d'une lignée politique et l'autre pas, dotés des mêmes capacités étaient opposés l'un à l'autre, le premier obtiendrait 25% en moyenne de voix de préférence supplémentaires. D'après une étude du scientifique politique Benny Geys (VUB), les politiques dynastiques nécessitent moins de capacités pour être élus. »

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Nous tombons dans le piège du fils méritant et plus capable que le père ! Si ça se trouve, le père n’était déjà ni méritant, ni capable. Il n’est qu’à voir la fin de carrière de Louis Michel à la Commission européenne. Personne ne se souvient de son passage !
Rien ne nous oblige à voter pour ceux dont on nous rebat les oreilles en périodes électorales. La filiation, de plus en plus, dérange l’électeur ! Quand on voit Charles, on voit Louis ! Le vieux cassait les pieds de beaucoup de monde, on se demande ce que Charles pourrait apporter de neuf ! Mais la rengaine joue toujours, le « déjà vu » crée l’habitude et pas encore le « trop vu », la lassitude.
Les experts nous disent que nous sommes victimes d’un effet sociologique. Les enfants de politiques professionnels sont dans le mouvement dès leur plus jeune âge. On parle davantage de politique à la table familiale. Le désir de faire comme papa qui se fait du blé rien qu’à pérorer et qui a l’air d’aimer ça, donne au fils un pouvoir de séduction auquel la foule se laisse prendre.
Nous laisserons la conclusion au journal « Le Vif/L’express »
« Cependant, les dynasties politiques vont à l'encontre des principes de base d'une démocratie. Il est préjudiciable qu'un candidat obtienne 25% de voix supplémentaires parce qu'il a un nom de famille célèbre. Ce phénomène remet en cause les principes méritocratiques puisqu'un politique issu d'une lignée politique nécessite moins de compétences pour être élu. Il est injuste que les enfants de politiques puissent utiliser les réseaux politiques de leurs parents pour prendre de l'avance. Il est inquiétant qu'aujourd'hui un nombre croissant de sièges parlementaires semble réservé aux "fils et filles de". »
Juste encore un mot : de nos jours le politique côtoie l’économique étroitement. Sans être taxé de corrompu, il est aisé de se faire des « à côtés » légaux. Les dynasties familiales ne s’en privent pas.
Les corrupteurs le savent. Pour faire « mieux » que papa, les fils de… ont un abord plus facile, une conception moderne de la fonction publique. Puisque la politique est devenue « un métier », il faut qu’ils en acceptent les termes comme « gratifications », « paiement au mérite », « primes », etc…

30 août 2015

Didier Reynders, dès la rentrée…

L’unanimité a saisi la presse belge sur les sujets au fort esprit libéral et ce depuis longtemps. Le comble, c’est l’illustration à croire qu’il n’existe plus qu’un seul photographe pour tout le monde, comme il n’y a plus qu’une seule Agence et le Huffington-Post, version française, pour la pêche aux infos.
Le Soir qui s’intitule lui-même « le premier journal belge d’information » a mis au point une technique aguicheuse en vertu de laquelle on amorce la lecture d’un article en livrant sur la Toile un ou deux paragraphes, puis on tombe sur « la suite réservée aux abonnés ». Je ne sais pas si cette façon de cacher d’une main ce qu’on présente de l’autre a des résultats, mais au vu des interviews et sujets proposés, la direction n’est pas prête à voir un boum sur les abonnements.
Aujourd’hui, elles se sont mises à deux pour interviewer Didier Reynders, impatient sans doute de faire sa rentrée, histoire de faire savoir qu’il est encore là. Béatrice Delvaux et Martine Dubuisson ont beaucoup à se faire pardonner du personnage, surtout la première. Reynders ne s’est jamais remis d’une sorte de bouderie du journal à son égard depuis qu’il n’est plus président du MR. À ses yeux, la presse n’en a plus que pour Charles Michel. Et c’est vrai que les dernières livraisons du Soir ne parlent que de ce fils de… qui a réussi au-dessus des espérances de son vieux, même si la collaboration obligée avec la N-VA a quelque chose de honteux par rapport aux discours électoraux tenus.
Ce n’est pas la première fois que madame Delvaux court après l’interview de l’Ucclois. Par le passé des réconciliations suivaient les brouilles qui s’officialisaient dans un restaurant du centre de Bruxelles (voir sur le Net le nom de ce « haut-lieu » de la gastronomie, si ça vous intéresse).
Finalement, il faut bien occuper les gens du Soir à cette rentrée, mais était-ce bien utile de s’y mettre à deux pour livrer « les secrets » de l’ex grand homme du MR ?
Au vu de deux ou trois questions posées par ces dames et des réponses de l’intéressé, arrivé au fanal du wagon de queue (la suite aux abonnés) je n’ai pas du tout éprouvé le besoin d’entrer en gare et demander mon abonnement au chef du train-train comptable du Soir, pour lire le reste.
On pourrait écrire « Reynders tel qu’en lui-même » ce qui résumerait tout.
Déjà la photo illustrant les propos de ces dames dit beaucoup. On y voit l’homme « décontracté » bronzé, devant le portail d’une fermette à la mode en « pierres du pays », ce qui déjà laisse déduire deux choses, la première, c’est le déplacement empressé de ces rédactrices modèles. On devine le coup de fil « Monsieur Reynders, accepteriez-vous une interview de rentrée ? » et l’autre qui réfléchit avec la vitesse de l’éclair « Ce serait bien qu’elle se fasse dans ma maison de campagne, ainsi mes électeurs croiront que j’ai réussi mon bronzage chez moi, devant la pile de dossier de mon bureau » et répondant « Ah ! je craignais qu’une fois de plus vous ne m’ayez oublié. Mais, alors ce sera chez moi dans ma campagne ».

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Enfin la seconde, Reynders adore faire étalage de sa modestie, la rusticité d’un lieu agreste lui semble judicieux. Il n’a pas toujours compris que l’ensemble de ses biens, il le doit à la collectivité puisqu’il n’a jamais travaillé dans le privé qu’il met aux nues. Il n’est qu’un personnage, comme il y en a tant de nous jours en politique, ayant toujours bien vécu et prospéré de la représentation du « peuple ».
Celles et ceux qui écrivent sur lui, pourraient à l’avance écrire ce qu’il va dire, tant il s’est rodé à de multiples reprises dans tous les « bons coups » de pub. Tout le monde attend de lui quelques perfidies à l’égard de ses collègues, y compris de son propre parti, plus ou moins adroitement camouflées en traits d’esprit. Ce n’est pas l’homme des gros mots. La grossièreté parfois trop sincère de Richard III lui répugne. C’est l’homme du stylet planté dans le dos avec le talent du spadassin élégant et spirituel.
Donc la presse attend le trait d’esprit du jour, pour un papier réussi.
Là aussi, sans doute, Mesdames Delvaux et Dubuisson l’ont réservé aux abonnés du Soir.
C’est de bonne guerre.
Cependant, un conseil, si l’homme revenu de vacances n’a pas encore les griffes qui repoussent, n’hésitez pas, inventez un bon mot, une phrase qui deviendra culte. Si cela fait parler de lui, il ne la contestera pas. On ne prête qu’aux riches.

29 août 2015

RFC Standard touche le fond…

…sur le temps que Duchâtelet touche les fonds.
Ou c’est de la fausse naïveté ou c’est de la bêtise, car comment accepter qu’un homme d’affaire se tire d’une société en emportant dix millions d’euros de bonus, sans verser dans l’un ou dans l’autre ?
C’est de Roland Duchâtelet dont je parle, siphonnant le Standard FC de Liège en toute légalité et avec l’accord du repreneur. C’est en tout vingt millions d’euros que cet homme d’affaire a retiré du Club en très peu de temps, après avoir acheté le business à la veuve Dreyfus à prix bradé, celle-ci étant pressée de vendre.
Il y a dans l’attitude du supporter indigné une méconnaissance absolue du système dans lequel il beurre (souvent mal et avec des produits dérivés) sa tartine.
Ce grand enfant qui paie chèrement son droit de hurler de bonheur quand son club marque un goal, devrait pourtant savoir que s’il est toujours prêt à donner sa chemise pour son équipe favorite, certains, parmi ceux qu’il imagine comme lui, altruistes et dévoués, sont en réalité les suppôts bien réalistes d’une économie libérale qui ne fait pas de la philanthropie, quand des paquets d’argent sont à portée de mains.
On a vu Duchâtelet bardé d’écharpes rouges, agiter des coupes, serrer des joueurs sur son cœur, parler avec émotion des victoires et avec chagrin des défaites, on a cru que cet homme avait le football dans le sang et une vénération pour l’équipe dont il était le chef, pour ne pas utiliser un mot que les fans ne comprennent pas : le propriétaire !
Tout cela, chers ingénus, c’était de bonne guerre, de la saine publicité pour augmenter son bien des bienfaits de la belle image, celle d’Épinal que les supporters adorent, alors que Duchâtelet ne se posait même pas la question de savoir s’il aimait ou pas le Standard, mais combien sa mise-en-scène lui rapporterait de plus value.
Ce que vous allez qualifier de « trahison » et de « sans-gêne », la FEB va saluer d’un grand coup de chapeau la performance d’un homme d’affaire avisé qui achète tant et qui revend avec beaucoup de cash en plus.
Le Club Lorraine va l’inviter et Duchâtelet dans sa conférence sur le devenir du système économique ne manquera pas de souligner sa performance en termes réservés, certes, avec la pudeur d’un immodeste qui sait se contrôler, mais avec toute la lucidité d’un brillant économiste.
Auréolé de cette belle réalisation financière, Duchâtelet court vers l’apogée d’une carrière. D’autres entreprises le réclament. Peut-être demain refera-t-il le coup de l’écharpe aux couleurs du club, hissera-t-il à nouveau les coupes gagnées au-dessus de sa tête, serrera-t-il encore et toujours des entraîneurs visionnaires dans ses bras et des capitaines vaillants, pleurera-t-il avec de vraies larmes quand un club de supporters de son nouveau business le portera en triomphe à l’issue d’une journée faste, mais toujours, avec un œil sur les marchés et l’autre sur la cote de son bien « acquis pour une bouchée de pain ».

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Comprendrez-vous un jour, chers supporters qui ne faites pas de politique autre que celle de votre club chéri, qui ne vivez que pour lui et, dans certains cas, qui avez rejeté loin de vous, femme et enfants, pour vivre votre passion dans des clubs d’habitués des stades, que le système vous possède jusqu’au trognon ?
Le sport génère aujourd’hui des fortunes, brasse des milliards, il eût été bien exceptionnel que les renifleurs de pognon ne s’en fussent pas aperçu.
Vous rencontrerez encore bien d’autres Duchâtelet, aurez encore bien des désillusions sur le compte des faux bienfaiteurs qui vous procurent l’intense plaisir qui vous secoue pendant deux fois quarante-cinq minutes, peut-être que vous ne les comprendrez jamais, mais on peut très bien gagner de l’argent sur vos émotions, sur vos enthousiasmes et même profiter de votre bon cœur pour en tirer un profit maximum. Cela s’appelle adhérer à un système économique, le même qui vous pompe la moelle des os en semaine, sans que vous vous soyez aperçu qu’il vous mettait aussi hors-jeu le dimanche !

28 août 2015

Tobin, or not Tobin ?

Si pour Stephen Hawking, il y a moyen de sortir d'un trou noir, on ne voit pas encore très bien comment sortir du trou noir du système économique adoré des libéraux.
Pourtant il y aurait urgence.
Évidemment les contempteurs de la chose bancaire d’Etienne de Calataÿ à son remplaçant Bruno Colmant, jusqu’au plus petit infime économiste de la chose écrite, trouvent agréable de prendre une pinte de bon sang sur le dos des populistes parmi lesquels l’extrême gauche est assimilée.
Bien que l’économie mondiale soit en panne de réussite et que ses partisans élus en Europe et aux States manquent d’idée, du PS au MR on se gausse des populistes qui s’embrasent sur des utopies. Certains vont jusqu’à dire qu’il vaut mieux ne pas avoir d’idées du tout, que collectionner des inepties assurant de la catastrophe certaine.
On a ri de Mélenchon, de Varoufakis et de Montebourg, unanimes contre l’euro, l’Europe, les riches, la politique de Merkel, de Hollande, etc. trouvant drôle qu’en s’en prenant à tout le monde, ils ne s’en prennent à personne.
Ils ont oublié, ces esprits révérés, que les dépendeurs d’andouilles de gauche ont depuis toujours une magnifique « connerie », qui pourrait leur faire rentrer dans la gorge leurs sarcasmes et leurs airs supérieurs.
Non, ce n’est pas la révolte populaire qui leur pend pourtant sous le nez, mais l’allocation universelle. Actuellement à l’état de projet en Finlande, cette vision futuriste entraînerait par son application, ce qui empêche le génie du peuple d’éclater : le pouvoir de sujétion de l’employeur sur l’employé, libérant ce dernier de la peur de perdre un emploi et de n’en point retrouver d’autres.
Déjà en 1962, le Prix Nobel d'économie Milton Friedman défendait l'idée ancienne d’un capitalisme à armes égales entre la proposition et la demande de travail, afin d'éviter l'effet pervers de la solution sociale à tout conflit ou interruption de carrière, maladie, chômage et retraite, créant un esprit d’assisté.

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.Six ans plus tard, Robert Lampman, Harold Watts, James Tobin (on se souvient de la taxe Tobin), John Kenneth Galbraith, Paul Samuelson et plus de 1 200 économistes de bords politiques différents ont envoyé une pétition au Congrès américain sur un programme de revenu garanti. La loi faillit passer sous Nixon avec les vœux de réussite de Martin Luther King. George McGovern, conseillé par James Tobin et Robert Solow, proposait aussi d'instaurer un revenu inconditionnel.
Plus près de nous, Martin Ford soutient l'idée que les emplois les plus courants dans notre économie seront complètement automatisés par l'avancée technologique telle que la robotique et l'intelligence artificielle. Si on ne fait rien et que le système capitaliste libéral en vigueur aux Etats-Unis comme presque partout dans le monde n'était pas remplacé par un autre paradigme politique, on verrait 70% de la main d'œuvre actuelle céder la place à des processus automatisés. Non seulement les populations correspondantes seraient condamnées au chômage, mais ne disposant plus des revenus de leurs anciennes activités professionnelles, elles cesseraient de pouvoir consommer, c'est-à-dire d'acquérir les produits des activités automatisées, produits industriels comme biens et services sociaux et intellectuels. De leur côté, les populations des pays pauvres actuellement sans emploi ou sous-employées ne pourraient bénéficier de la demande de biens de consommation provenant des pays développés puisque les revenus soutenant ces consommations seraient taries. Elles pourraient encore moins prétendre à être embauchées par les entreprises automatisées délocalisées ou nationales qui n'auraient aucun besoin d'elles.
J’entends d’ici les rires et les commentaires.
Je prends cette proposition très au sérieux, quoique nos charmeurs d’électeurs s’en gargarisent depuis toujours.
Voilà au moins quelque chose qui tient la route et qui serait de nature à rompre avec le désastreux manque d’idées de nos grands démocrates . Qu’on ne vienne plus dire que l’extrême gauche s’est spécialisée dans le farfelu.
Jusqu’à preuve du contraire, seules les populistes ont des projets, des plans, une action.
Et ils ont diantrement raison et leurs détracteurs, une fois de plus, bien mal inspirés de ne pas y réfléchir.

27 août 2015

L’odyssée de l’épate !

Depuis que nous sommes Charlysés ou Micheliste, c’est selon, ce n’est pas faute d’avoir été prévenus : « Cette législature sera entièrement consacrée à l’économie. Le communautaire sera pour la suivante », a dit à peu près dans ces termes, le premier Wavrien.
Nous nous attendions à une « révolution » libérale, retour à la Belgique Joyeuse de la Belle époque, avec la prépondérance de l’initiative privée sur une économie qui chapeaute tout, y compris le social.
Eh bien ! nous avons été surpris quand même de la brutalité des décisions. Ce gouvernement a même réussi à prendre de vitesse le socialisme libéral du précédent, qui aurait sans doute fait la même chose, mais en anesthésiant davantage nos parties nerveuses, comme font les bons dentistes.
Personne n’avait estimé à son juste niveau la capacité de nuisance d’un Charles Michel, arracheur de dent de sang-froid, jouant à quitte ou double, puisqu’il n’est pas majoritaire dans la partie du pays qu’il est censé représenter au fédéral.
Par conséquent, quitte à jouer les grands méchants, il compte un peu, comme François Hollande, que la conjoncture se retourne et lui donne raison sur la reprise et l’embauche.
Hélas ! manque de pot, la crise reprend de la vigueur avec le plongeon de la Chine et la grisaille de l’euro plombé par l’intransigeance allemande et l’insolvabilité organisée de la Grèce par ses créanciers qui espèrent ainsi rafler plus que leur mise.
Voilà donc Charles Michel obligé de tenir le rôle de bourreau de Béthune, avec un Monsieur Loyal, Bart De Wever, dont il se serait bien passé.
Que faire de toutes ses réformes qui trouent le porte-monnaie des gens pour garnir ceux des amis d’Étienne, sans que, comme sœur Anne, le chauve le plus connu de Belgique ne voie rien venir !
Que cache donc, le fils de Louis, d’une ambition qu’il tient de famille ?
Couler dans le bronze une orthodoxie économique de tous les leviers au Nord au Sud du pays, afin que l’appétit communautaire de certains flamands disparaisse dans les besoins croissants d’une élite financière qui se fout des langues et de la frontière linguistique, pour ouvrir notre plaque tournante au sein de l’Europe à tout qui veut, des USA à la Chine, du japon à la Grande-Bretagne, faisant apparaître bien secondaire le rêve flamingant du confédéralisme, comme une division du pays qui reviendrait à couper une usine en deux.
C’est un paradoxe que d’appeler un libéral « grand serviteur de l’État » quand on sait que le but du libéralisme actuel est la privatisation de plus de services possibles de l’État, c’est-à-dire de réduire l’État à une petite PME. Comme l’homme n’est pas à un paradoxe près, sa quadrature serait de réduire l’État tout en laissant en place ses énormes dépenses de représentation, afin de faire croire encore à un semblant de démocratie. En effet, Charles s’est rendu compte très vite que pour avoir des alliés à son projet, il doit ménager ceux qui font naturellement pression sur l’homme de la rue. Aussi, qu’on n’attende pas de lui qu’il tente de faire des économies sur les revenus des élus du Nord au Sud, d’autant qu’il en est largement lui-même bénéficiaire.

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Qu’est-ce que le budget de la Belgique version Michel ? Sinon, l’application de l’austérité des bas et moyens salaires tirée directement de l’idéologie néolibérale.
Depuis que Michel est aux affaires, on n’a pas l’impression que le pays va mieux, qu’il sort de la morosité, au contraire. À sa décharge, il a repris sans beaucoup la changer la feuille de route de Di Rupo, un autre libéral, mais honteux celui-là, pour passer à la vitesse supérieure avec les dégâts que l’on sait : augmentation de la pauvreté, distorsion entre les revenus du travail et ceux du capital, diminution du nombre de chômeurs espérée par élimination, les pensions les plus basses d’Europe et désorganisation volontaire du système de santé par des mesures d’économie qui touchent surtout les malades, un enseignement désastreux, etc. Dans bien des domaines et notamment l’enseignement, on sait bien que Michel ne commande pas aux politiques régionales ; mais c’est quand même sous l’impulsion d’un État libéral qu’on en arrive à des Milquetteries comme le célèbre désormais « cours de rien », la dévaluation du métier d’enseignant et les bas salaires qui s’y pratiquent.
Tout cela bien dans l’esprit d’une Europe libérale et qui entend bien le rester, quoi qu’il arrive.

26 août 2015

Recasons Étienne !

C’est fait. On est sauvé ! Le gros pognon relance le pot. Finies les inquiétudes sur le flop de la Chine. Adieu, les lundis noirs, le monde entier respire vous dis-je. Un miracle vient de se produire et on sait lequel !
Allez, je ne vais pas faire ma petite marquise de Sévigné, vous n’avez pas le teint pâle de Madame de Grignan, arrêtez vos vapeurs, oui, Étienne de Callataÿ est viré de la banque Degroof et c’est Bruno Colmant professeur de la science infuse à l’ULB qui le remplace !
Du coup Wall Street respire. La cloche repart avec 1,42 de mieux qu’hier à la Bourse de Bruxelles. Les plus hautes autorités chinoises arrêtent les suicides au sein du parti communiste de Pékin et les rédacteurs en chef de nos trois journaux nationaux retrouvent la tranquillité au sein des rédactions.
« Et dire qu’on a cru Étienne », se lamente encore depuis les profondeurs des fauteuils de bureau, la direction entière de RTL.
Sans compter, surenchérit Dominique, l’experte des lieux en conseil économique, que nous avons laissé diffuser les propos d’Étienne aux heures de grande écoute !
Ainsi, il avait tout faux !
Et vous croyez que Bruno Colmant… ?
Oui, c’est un mondialiste qui est pour le nouveau deal dans le libre échange avec les States et à 100 % pour la Tax-Shift en Belgique.
Mais de Callataÿ aussi !
…D’accord, mais sans convaincre, usé, dépassé, en un mot défraîchi !
C’est quoi la banque Degroof qui a placé son délégué dans tous les bons coups médiatiques, les gazettes, la téloche et les couloirs du gouvernement, et puis qui le bazarde pour un autre ?
Elle se fourre depuis 1871 dans tous les deals avec au moins six zéros et s’active dans la gestion de patrimoine des Belges qui en ont un sévère, les marchés financiers, la finance d'entreprise, gestion structurée, l'immobilier, l'analyse financière ainsi que dans la constitution et l'administration de fonds d'investissements, en somme tout ce qui ramène du blé, mais pas à l’épi, non à la tonne.
Pour faire court, Degroof, c’est la banque de la Belgique Joyeuse, des cols durs et des propriétaires à blason, celle des comtes et des marquis, des marchands de vieux fer enrichis et de vins fins de la bourgeoisie d’Uccle et environs (les environs étant quand même toute la Belgique) .
Callataÿ était leur renifleur, le type qui repère une valise pleine de pognons à 100 mètres, leur Rintintin…

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Et Colmant ?
…Bien meilleur encore. On aura l’occasion de le revoir plus souvent chez Domino, au Soir, partout quoi… lui, il les renifle à deux cents mètres !
Les administrateurs sont prestigieux : Président du conseil d'administration : Baron Philippson. On retrouve dans le conseil un Gautier Bataille de Longprey et aussi Étienne de Callataÿ (tiens, serait-ce moins par ses mérites que par sa famille qu’Étienne aurait été promu renifleur en chef ?), un Jean-Pierre de Buck van Overstraeten, et quelques baronnets frais promus des ennoblissements d’Albert et d’Isabelle, pardon de Philippe et Mathilde. Dans le nombre, il y a aussi un Jacques-Martin Philippson, probablement fils du grand chef et futur grand chef, et non pas fils de l’amuseur défunt des enfants d’antenne 2 et ex de Cécilia Sarkozy.
Ce qui est étrange, c’est le bruit fait autour de cette banque d’affaire et d’Étienne, au point que cette démission passe en première page des journaux d’opinion, comme si c’était aussi important que l’affaire de la rame du Thalys !
Il doit y avoir quelque chose qui nous échappe ?
D’autant que dans ces milieux, on ne licencie pas à partir d’un certain niveau, comme écrit Le Soir :
"Etienne de Callataÿ et la banque Degroof cessent leur collaboration", annonce lundi soir la banque d'affaires dans un communiqué.
Dans le cadre de la fusion de la banque Degroof avec Petercam, c’est le bon moment, susurre Étienne, pour donner une nouvelle orientation à ma carrière.
Ce n’est pas comme si Adrien Trouduc, le ferblantier de chez Mittal, annonçait, en accord avec l’Indien, qu’à partir de septembre, il allait s’inscrire au FOREM comme demandeur d’emploi.
Sans quoi, on n’en aurait pas parlé et tout le monde s’en serait foutu.
Tandis que là… même moi, je vais piocher dans mes relations, des fois qu’on aurait besoin d’un bon du pif pour coller des enveloppes.

25 août 2015

Ça repart à la crise !

Les Bourses asiatiques décrochent, suivies par les places européennes Le Soir) ; Londres (-6%), Bruxelles (-5%), Paris (-7%), Amsterdam (-8%)... Les bourses européennes inquiètent ! (La Dernière Heure) ; La débâcle boursière se poursuit sur les marchés financiers (-8% à Paris) (La Libre Belgique), l’unanimité est suffisamment rare dans les journaux, toujours aussi énamourés du système économique, pour se demander quelle mouche les a piqués collectivement ou faut-il prendre cela pour une réelle prise de conscience ?
Voilà des mois que j’écris sur le danger d’une nouvelle bulle économique qui ferait plus de ravage que celle de 2008/9. Mon Blog « On chine en Chine » du 11 juillet 2015, un mois et demi avant « l’inquiétude » des experts, expliquait en long et en large ce qui se passe aujourd’hui.
Je n’en avais aucun mérite. Il suffisait de s’intéresser à l’économie réelle, pas celle faite sur mesure pour rassurer la clientèle de Charles Michel. Il fallait juste suspecter les économistes fleurant bon la démagogie des profs de l’ULB en la matière et faire la synthèse de ce qui se fait de mieux aux USA et en France sur l’économie mondialisée et les profonds doutes sur la réelle prospérité de la Chine.
On en est toujours à croire le livre d’Alain Peyrefitte de 1973 « Quand la Chine s’éveillera », selon lequel elle se serait réveillée et atteindrait rapidement le sommet de l’économie mondiale pour y rester et ne pas avoir senti que le pauvre Peyrefitte, pas économiste pour un sou, avait tout faux.
Lorsque j’écrivis « On chine en Chine » en juillet, la Bourse de Shanghai s’était gonflée de 130 % en six mois, pour perdre un tiers, soit une perte de 450 milliards de dollars, en moins de trois semaines !
Et que fit le gouvernement communiste chinois convertis au libéralisme ? Ce que classiquement tous les États vassaux du capital font depuis la crise de 1929 : interdiction aux grands courtages de vendre des actions pendant six mois ; obligation d’acheter, au contraire, des titres pourris au travers d’un fonds capitalisé par l’État (le contribuable) un peu comme Reynders le fit à notre détriment en 2009/10 ; injection de 332 milliards pour requinquer les indices boursiers (peine perdue et argent jeté par la fenêtre !).
Résultat : tous les petits porteurs veulent vendre le plus vite possible pour perdre le moins possible et c’est justement cette précipitation qui fait que le navire coule encore plus vite.
Nos indicibles gourous de la finance auraient fait exactement la même chose. C’est dramatique ; parce que si la Chine s’effondre, nous dévisserons aussi.

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On s’aperçoit que la Chine, un peu à l’image de la Grèce, nous aurait monté la tête sur les chiffres de la croissance qui n’aurait jamais atteint les 10 % claironnés comme la victoire des victoires, alors qu’en réalité, la progression n’aurait jamais dépassé les 4 % ! Il paraît que le reste, soit presque le double aurait peut-être été le fait d’un marché noir parallèle, incontrôlable, à côté duquel les subprimes américains seraient de la gnognotte pour Bourse de province. Comme quoi les Agences de Notation qui ont tant pris de plaisir à attribuer une collection de zéros à la Grèce se seraient profondément trompées pour la Chine dans l’autre sens !
L’effondrement de la Chine n’est pas bon pour les pays d’Europe, avec un Euro qui est comme un corset et nous empêche de suivre les cours et la dévaluation à tout-va des Chinois. Ils espèrent nous vendre des chemises (symbole) à 1 €, ce qu’ils nous vendaient 2 € la veille, ce qui nous vaudra une nouvelle contraction de l’emploi et donc plus de chômage.
Quand je pense que notre gugusse national se vantait du redressement des comptes et que sur cette vantardise de Michel, les gazettes titraient sur la diminution du nombre de chômeurs !
À ce lundi de Bourse, on ne semblait pas pouvoir arrêter la dégringolade des cours. Lundi après-midi, Bruxelles perdait plus de 5%. Wall Street accélérait le mouvement. Avec le rouble à son plus bas de l'année, c’est toute la planète boursière qui risque de s’enflammer.
On a pourtant bien eu sept ans pour repenser le système !
Personne n’a rien fait, ni rien imaginer. Voilà ce que deviennent les démocraties quand le pouvoir démocratique démissionne et laisse les banques et les prédateurs mondiaux du grand business à la direction des États,.
Socrate a bu la cigüe pour moins que ça. Vous verrez, si on s’en sort encore une fois (ce qui n’est pas certain) comme « nos élites » nous reviendront plus sûres d’elles et plus satisfaites que jamais, avec, hélas, aussi peu d’idées qu’avant pour éviter la crise suivante.

24 août 2015

Y aller ou pas ?

Il ne faut pas désespérer des Hommes. Il y a en chacun de nous une humanité plus ou moins prompte à s’émouvoir, nous rendant propre à voler au secours de nos semblables.
Ce fut le cas dans ce fichu Thalys de vendredi.
Et que les acteurs bienveillants du drame soient américains, anglais et français renvoient bien l’image de l’universalité de ce sentiment solidaire.
La suite est politique et qui dit politique entre dans les spéculations, appropriations et théâtre des apparences.
C’est moins exaltant, c’est plus édifiant.
Le peuple gardera ce petit côté « l’arme à l’œil » pour ces héros authentiques. Les autorités s’empareront des images d’Épinal pour s’en approprier le mérite et paraître « à la hauteur » d’un événement qu’on qualifiera d’exceptionnel et qui – fort heureusement – est beaucoup plus répandu qu’on ne le pense. Souvent, les circonstances le laissent anonyme.
Déjà la cote de popularité de François Hollande et de Manuel Valls est à la hausse.
Les problèmes de sécurité demeurent. Les projets déferlent, comme établir des portiques dans les gares, mobiliser des milliers d’agents de sécurité, armer les policiers en civil, contrôler les personnes avec bagage dans la rue, etc.
Quand va-t-on se rendre compte qu’on ne peut pas empêcher l’acte criminel d’un isolé ?
Comme ce pilote allemand précipitant son avion contre des montagnes et faisant périr tous les passagers – même si dans ce cas les compagnies aériennes peuvent imaginer des mesures préventives – il y a tant de façon de nuire à son prochain que ce serait une folie que de vouloir poursuivre une prévention et une méfiance qui conduiront à la perte des dernières libertés qui nous restent et auxquelles nous sommes attachés, sauf les imbéciles heureux qui « n’ont rien à cacher ».
On ne peut détruire les foyers de nuisance qui diffusent dans le corps social que d’une manière : en supprimant les nuisibles dans leur nid. Cela ne pourra se faire qu’en face à face et non pas avec des drones ou des chasseurs bombardiers. Si à travers l’ONU les Nations ne le font pas, ajouter des portiques aux portiques, des caméras espionnes et des milliers de militaires patrouillant dans les rues ne serviront à rien.

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Il s’agit bien d’une guerre. Nous en persuader est absolument nécessaire et voir ensuite comment nous pouvons gagner ou perdre cette guerre qui nous est imposée.
Depuis les attentats du 11-Septembre, l’Amérique a mis en place des systèmes de détention illimitée, des programmes de surveillance dont l’Europe même est incommodée, des éliminations ciblées et d’autres moyens secrets, souvent illégaux, mais admis suivant les circonstances. On a l’impression que tout cela a été insuffisant et que «la guerre» continue.
Quinze ans plus tard, le terrorisme ouvre de nouveaux fronts, Syrie, Libye, Irak, Égypte, Nigeria.
Tant que nous n’accepterons pas cette idée de guerre permanente, l’érosion des droits humains se poursuivra en Europe et ailleurs, pour des résultats décevants
La guerre et la paix ont toujours cohabité en des solutions alternatives et continues. Ce qui est inacceptable et illégal en temps de paix devient monnaie courante en temps de guerre. Notre intérêt n’est pas de rester perpétuellement sur le qui-vive !
Il est de vider l’abcès au plus vite.
Mais les imbrications sont telles entre le fanatisme religieux très répandu et l’instinct meurtrier de ceux qui en font usage, qu’il faut y regarder à deux fois avant de se lancer à corps perdu dans le nettoyage en Syrie des factieux qui la gangrène.
L’histoire de l’ascension de Daech est un signe que tourner la page de la guerre est plus facile à dire qu’à faire et les motifs restent les mêmes depuis la nuit des temps : la religion et l’appropriation du travail et des biens d’autrui par la force (un peu à la manière du système capitaliste, mais en plus violent). Souvent les deux facteurs se conjuguent parfaitement. En plus, les technologies sont désormais bon marché et n’importe qui peut se procurer à bon compte des armes de guerre partout, tandis que les techniques et les manuels d’emploi sont répandus sur YouTube et Twitter.
Ce qui a échoué, c’est la politique de laxisme à l’égard de la religion musulmane, à la base de tous les crimes actuels, quoique l’on puisse en dire. L’enfièvrement des croyants peut parfois retomber comme par enchantement. Attendre que ça se tasse ou jouer du bistouri ?
C’est la question.

23 août 2015

Où c’est-y qu’il est ?

L’histoire des pieds-nickelés qui ont perdu le dossier à dix millions d’euros à Charleroi, c’est un peu le mot de passe perdu par Kerdoncuf, le première classe et le Brigadier Le Meheu de « Casse-Pipe » le court récit de L-F Céline (Éd. Chambriand, 1949) :
« Alors y a eu conciliabule entre les anciens… dispute encore… puis décision :
– Toi, Kerdoncuf ! Arme sur l’épaule ! Direction la poudrière ! T’iras relever l’homme ! T’as compris ? Qui va la ? Tu le connais le mot ?
Juste Kerdoncuf ne le connaissait pas.
– Comment ? Comment ? tu le connais pas ?
Ça alors c’était un monde… il en suffoquait, Le Meheu. Il en trouvait plus ses insultes… Il avait beau lui agiter la lanterne en pleine figure pour lui faire revenir le mot… Ça l’a pas fait retrouver quand même… Il ruminait farouchement, il grognassait, Kerdoncuf, dans les profondeurs de son col, mais il retrouvait rien du tout.
– Tu te rappelles plus alors, manche ?

– Comment que t’es foutu, malagaufre ! Regarde un peu ton monument. Comment que tu te promènes ? Comment que tu oses ? T’as pas la honte, ma parole ? … Il est vide alors ton cassis ? Que même ton casque, il tient plus ! On te l’a donné, dis, le mot, pourtant ! Merde ! Tu vas pas dire le contraire ! Malheureux maudit ours ! Tu sais plus rien, dis, Kerdoncuf ? Tu sais plus rien, dis, rien du tout ? T’es plus con que mes bottes ?

Il se tenait plus de rage, Le Meheu, comme c’était abominable un pourri pareil, un lustucru qui s’en fout, qui paume les consignes !
– Tu sais t’y comment que tu t’appelles au moins ? toi malheur de la vie ?... Je vais te le dire, moi, le mot !
On s’est alors tous rapprochés pour entendre le mot. Amalgamés, ratatinés autour du falot, on grelottait dans le creux de la nuit.
– Ah ! Alors cette poisse ! Je le savais ! Deux mots que c’était même. En partant que j’ai dit à Coëffe : « Tiens voilà le mot » Merde ! Ça y était, je le tenais bon. Ah ! dis donc, moi, ça alors ?
Il rengueulait Kerdoncuf, ça servait pas à grand-chose. Il se connaissait plus de colère. Il a eu beau enlever son casque pour que la flotte lui trempe la tête, il bouillait de rage… il en rejetait des vapeurs avec des tonnerres de jurons. Le mot venait pas quand même, y avait rien à faire. »

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À Charleroi, Le Meheu de service avait bien dit à l’employé Kerdoncuf de planquer soigneusement le dossier à dix millions dans un endroit sûr, ce que Kerdoncuf avait fait. Mais voilà, il ne se rappelait plus où et Le Meheu non plus. Or, qui connaît les locaux d’archives des grandes villes n’ignore pas qu’il y a des kilomètres de rayons et qu’il faudrait dix ans pour retrouver l’endroit…
C’est la RTBF qui a cassé le coup de la perte du dossier « Quai 10 », bâtiment du bidule communal à transformer en objectifs culturels, mais bon, comme dit en son temps Fadila Laanan reconvertie depuis dans la collecte des ordures ménagères à Bruxelles, mais ancienne préposée à la culture du temps de la Di Rupo story « C’est quand même Mickey le personnage de roman que les cultivés du royaume préfèrent. »
Il paraît que le dossier perdu bénéficiait d’un support européen d’une dizaine de millions d’euros, mais que l’Europe, enculeuse de mouches, y mettait ses conditions, dont le fameux dossier volatilisé.
La Région wallonne s’y est mise aussi. Faut tout vérifier. On ne donne pas dix millions comme ça. Autrement, il n’y a plus de règle. Demain, Magnette sans dossier, s’il lui en prenait l’envie, rien qu’avec les statuts dont Happart s’est servi, pourrait se tirer avec un joli pécule. Ce document est indispensable si l'on veut vérifier que tout s’est bien déroulé dans les règles.
Alors, j’adresse une supplique à tous mes lecteurs de Charleroi « Surtout ne jetez pas vos vieux papiers dans la poubelle sans en avoir bien examiné le contenu, des fois que le fameux dossier aurait été distribué par mégarde, avec les « toute-boîte ».

22 août 2015

Les Cocos et les Cocus.

L’opposition PS au Fédéral ne se fortifie pas du pouvoir PS au Régional. Si les libéraux exaspèrent, les socialistes sont des libéraux aussi. Ils ne contrastent plus assez pour que le rejet d’un pouvoir de droite profite à une gauche dans un affût d’attente.
Du coup, les rosés ne savent plus sur quel pied danser. Il n’est pas dit qu’ils profiteraient d’une grosse faute du gouvernement Michel. Depuis que l’électeur, après avoir été séduit par le mirage capitaliste, revient au socialisme. C’est pour s’apercevoir que le PS, lui, est resté dans le camp d’en face. Il aurait fait les mêmes réformes, mais d’une autre manière. C’est tout.
Voilà le PS coincé dans son libéralisme qu’il a cru pouvoir tailler à sa mesure et qui le fagote à la Didier Reynders.
À quoi bon deux formes distinctes de libéralisme, l’une dure et l’autre molle, pour une situation sociale à peu près identique ?
La disparition du PS ? Elle est vraisemblable. On n’en est pas là en Belgique. Par contre, en France, on en parle, même Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire, du PS !
François Hollande est en train de faire pire que Sarkozy. Sa cote de popularité est tombée en-dessous de 25 %. Les socialistes sont sur la voie de perdre les élections de décembre. Ce ne sera jamais que la troisième défaite électorale consécutive !
Si après ça, le PS français s’obstine dans le libéralisme « social », c’est sûr qu’il va disparaître.
Mais comment revenir en arrière et renouer avec les électeurs de base de ce que fut le socialisme du temps où les dirigeants voulaient faire « table rase » ?
Car si l’électeur est déçu du système politico-économique, de l’Europe et du futur grand accord Amérique-Europe, Hollande et Valls entraînent toujours ce qui reste de ce parti vers cette aventure libérale qu’ils ne maîtrisent pas et où ils se sont fait piéger. Quand ils seront à la tête d’un parti fantôme, ils rejoindront les centristes et, qui sait, feront l’appoint de Bayrou pour une ixième candidature à la présidence de la République du maire de Bayonne. Triste devenir !
Ce socialisme là n’est-il déjà pas mort ? N’est-il pas à l’agonie en Wallonie aussi ? On mesure chaque jour la nullité confondante d’un gouvernement sans âme, parce que sans but, dans la mouvance d’une économie libérale qui les colle à un destin qui ne peut être que tragique. Plus on avance dans la loi du fric, plus il devient évident que les électeurs, de plus en plus paumés, finiront par s’apercevoir que libéralisme de droite ou libéralisme social, c’est bonnet blanc et blanc bonnet.
En Belgique, comme en France, le parti socialiste s’est appauvri en écartant les travailleurs de toute responsabilité, faisant la part belle aux « professionnels » de la politique, avocats et technocrates qui allaient « moderniser » l’appareil et dont on s’aperçoit trop tard qu’ils ont mis deux doigts de poussière sur tout, et qu’une seule chose les intéresse : monnayer le pouvoir pour vivre de ses rentes. Exactement comme dans le camp d’en face où les Michel, Reynders et Bacquelaine ont les mêmes intentions que les Di Rupo, Magnette et Demotte.
Dans ces conditions, la gauche de la gauche a un boulevard.

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Si elle n’en profite pas encore assez, encore que Hedebouw fasse mieux que Mélenchon en France, l’électeur n’a pas encore viré sa cuti. Certains, poursuivant sur leur lancée, font l’expérience de l’extrême droite. C’est surtout visible en France avec le parti des Le Pen, la Belgique étant à l’abri de cette exaspération droitière.
Ne parvenant plus à mobiliser les gens dont ils se sont trop éloignés, les socialistes belges ne parviendront pas vraiment à s’opposer au gouvernement des partis flamands de droite, allié de circonstance au MR. Charles Michel ira jusqu’au bout de la législature. On se demande même si Di Rupo n’est pas soulagé de voir les libéraux pur sucre faire le « sale » boulot sans état d’âme, à sa place ?

21 août 2015

Une odeur de merde !

Cela va être quelque chose à la rentrée.
Il faut que nos illustres se rattrapent en septembre sur le farniente du mois d’août.
Depuis son transat quelque part au soleil, mais loin de Daech, notre inestimable Charles Michel (c’est pour ça qu’on ne l’estime plus) nous a envoyé son pensum de vacances. Il a chargé les journaux bien pensants de nous le faire apprendre par cœur : la situation s’améliore. La Belgique est en train de sortir du trou (je n’ai pas écrit « du cul ») dans lequel le gouvernement précédent l’avait abandonnée. Encore quelques efforts nouveaux sur lesquels le gouvernement réfléchit et notre situation retrouvera à peu près le niveau qu’elle avait vers les années 1980, quand ça ne sentait pas encore le roussi. Notre production a fortement augmenté et nos salaires fortement baissés. Nous travaillerons plus longtemps pour une moins bonne pension. Donc tout cela est positif et les économistes sont contents.
Tous les graphiques sont à la hausse, y compris celui du chômage officieux (les chômeurs recensés plus ceux qu’on a reclassé dans les CPAS ou qui sont nourris et logés dans leur famille et qui n’existent plus pour l’ONEM, ni pour Charles Michel) par contre le chômage officiel est en diminution constante. Encore quelques bonnes mesures à prendre et il sera en forte baisse.
La "tax shift" n’a pas encore frappé les ménages, mais qu’on ne s’impatiente pas dans les chaumières, le génial Alexis-Charles Tocqueville-Michel a pensé à elle tout de suite. Il paraît que les relèvements des taxes et impôts pour compenser le soulagement des charges patronales seront indolores, moyennant le bon anesthésiant des beaux discours.
C’est quand même pour la Belgique qu’on travaille dur et on peut bien faire ça pour elle.
Depuis que Charles incarne nos trois couleurs, il est presque beau, quasiment transfiguré par l’amour de la patrie. Il l’aime, c’est certain, beaucoup plus que les gens. Mais vous avez vu la gueule qu’on fait quand on bosse plus pour toucher moins ? Alors, que les sacrifices devraient nous hisser à l’égal de l’élite, enfin l’étage en-dessous tout de même, mais hissés malgré tout.
Si vous voyiez ma tronche en écrivant ces lignes, vous auriez peur ! Comment voulez-vous que Charles nous aime ? Pour lui, libéral absolu, le peuple n’est pas beau. Il l’empêche de rêver à la société idéale faite exclusivement de milliardaires. Nous vivons dans la cour des miracles, tracassés de nuit par les insectes, tracassés de jour par les chefs de service. Nous ne sommes pas toujours propres sur nous et je défie nos chauves, d’avoir le crâne aussi luisant que le sien. Nous manquons d’hygiène, nous manquons de tout ! Certains n’ont même pas le temps de se bien torcher avant de courir le matin à leur travail.

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Si on prête à François Hollande l’expression « les sans-dents » pour nous désigner sous forme de générique, peut-être qu’un jour apprendra-t-on que le bon Charles nous appelle « la merde au cul », à cause de la qualité Carrefour des papiers de toilette que nous utilisons en priorité, en raison d’une feuille par défécation. À cause de cette particulière économie nous sentons mauvais, avec la Tax Shift, il est possible que nous soyons obligés de répéter l’opération avec une demi feuille. Dorénavant, regardez bien les mains des ouvriers avant de la leur serrer, Messieurs les libéraux, lorsque sur les estrades vous devrez passer par là !
C’est à cause de nous que la perle de la rue de la Loi ne prolonge pas ses vacances. C’est pour nous qu’il endure Didier Reynders au gouvernement et c’est pour notre survie qu’il est devenu l’ami intime de Bart De Wever.
Je m’en veux presque de ne pas l’aimer !
Nous ne nous aimons pas parce que nous nous ressemblons : lui et moi, nous avons horreur qu’on nous pique notre pognon. Jusqu’à présent, c’est lui qui me l’a met bien profond. Malgré son tas d’oseille, il en veut à mon petit tas, ridicule par rapport au sien. Mais c’est comme ça. Si son tas est énorme par rapport aux petits tas de mes voisins, par contre, tous ces petits tas sont bien supérieurs au sien. Il veut en finir avec cette injustice. Je n’apprécie pas son geste, mais je le comprends. Il est même possible qu’à sa place, je ferais pire. Je vois d’ici sa gueule, si je lui prenais tout son osier, récompense du peuple à son admirable travail d’une Belgique en pleine rénovation libérale.
Excusez-moi, mais je quitte mon clavier pour me laver les mains. Ce n’est pas tant que je me sois mal torché, mais quand je pense à lui, c’est curieux, ma pensée devient olfactive ! Le croiriez-vous, je ne peux plus penser à Michel sans en même temps sentir flotter autour de moi une odeur de merde !
C’est étrange, non ?

20 août 2015

Le respect se perd.

On dit Furlan incapable de faire approuver un décret qui tienne la route sur le cumul des mandats en Wallonie.
Ça échauffe beaucoup les esprits cette quinzaine.
Il est possible quand le lait sera retombé, qu’on n’en parlera plus.
Tout de même, on est soufflé par l’appétit de nos petits futés sortis des urnes et aussi des non élus, occupant des fonctions représentatives et tombant sous le coup de la publication de leurs activités.
C’est ainsi que la cheffe des syndicalistes chrétiens, la surdiplômées Marie-Hélène Ska, a 16 mandats rétribués sur seize ! Pas mal !
Elle a aussitôt fait une déclaration suivant laquelle elle reverse ce qu’elle perçoit dans la caisse syndicale, en dehors de sa paie, évidemment. On veut bien, mais comment ça se passe ? Un comptable supervise les transferts ? Et les frais de représentation, transport, dîners en ville, toilette, tournée générale ? Connaissant les mœurs syndicales, la surdouée doit bien « gratter » quelque part ?
Pour faire bonne mesure, on a trouvé dans le camp d’en face un cas pour équilibrer. Anne Panneels, conseillère à la FGTB, un jeton de présence en-dessous, quinze mandats rémunérés sur quinze !
On se doute bien qu’elle reverse aussi, probablement dans les mêmes conditions qu’en face. Dans les syndicats, l’argent c’est « secret défense ». En-dehors des chefs et du comptable, personne ne doit savoir, exactement comme les patrons de la FEB.
Au moment où le peuple se serre la ceinture, ça la fout mal, quoique le peuple se soit toujours arrangé pour que des personnes de confiance s’occupent de son pognon. Au niveau national, c’est pareil. La démocratie est devenue un maquis. Nos chefs nous y attendent au coin d’un bois. Les personnes de confiance sont en train de nous vendre l’Atomium en kit. Quand Charles Michel fait ses yeux d’épagneul, on a envie de lui donner plus qu’il nous réclame.
À la Région wallonne, ils se font des doubles mois sur des jobs rien que pour prendre l’air et boire un verre.
Justement Marcourt (PS) se veut altruiste. Il n’a abandonné sa profession d’avocat que pour se sacrifier pour nous et la démocratie ! Le pauvre n’a que deux mandats (ministre à la Communauté française et conseiller communal à Liège).

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Ses collègues en socialisme ne peuvent pas en dire autant. Ils plafonnent avec les gros cumulards libéraux en une sorte de match au remplissage des poches.
Tout ça part d’une équivoque. Au lieu de jouer les purs et les désintéressés, s’ils nous balançaient la vérité ? Ils font dans la démocratie, comme d’autres font dans la charcuterie. C’est rentable. Ils aiment le fric. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut se balader en voiture de direction en beaux costards, objectif, la table ronde pour discuter de la tonte des citoyens imposables.
En plus, c’est bonard ! Ils font eux-mêmes leurs salaires ! C’est comme si un manœuvre de chez Mittal téléphonait en Inde pour dire au Maharadja d’Arcelor-Mittal combien il va coûter !
Pourtant, ça ne sait pas grand-chose dans les hauts niveaux. Si vous avez une fuite d’eau dans votre cave, surtout ne les appelez pas.
"Je pense qu’un jour il faudra se repencher sur cette situation, a admis Jean-Claude Marcourt. "
Le Magnette n’est pas clair, certes, mais un qui passe tous les culots, c’est Demotte ! Quand on pense qu’à l’heure des économies, on a créé un poste pour lui (président de la Communauté française) alors qu’il était en principe cumulé avec celui de la Région, et que ce miraculé prospère encore dans des cumuls où s’entend le bruit de l’or.
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai le respect qui se perd.
Vous l’aviez sans doute remarqué, je présume.

19 août 2015

Badioubéattitude.

On ne sait pas ce qui s’est passé.
Un jour de vacances, un bal de village, une terrasse sur la Méditerranée dans la moiteur d’une soirée de canicule, le chant des cigales, le pastis, un homme encore jeune qui vous veut du bien… Qui sait ?
– Jamais tranquille… un papier à envoyer… oublié… travail de dernière minute. Un coup de fil, vous savez ce que c’est « Béa, tu n’as pas quelque chose ? Ici, on nage dans le médiocre ! Les stagiaires sont verts de trouille. ».
Alors, s’armant de courage, au verso de la feuille du menu « Tian de poivrons confits aux aubergines », Béatrice Delvaux aligne les mots. Elle se souvient d’un article du Monde parlant du bonheur, écrit par un certain Alain Badiou. À l’encre d’un pistou bleuâtre, écartant le flacon d’un rouge du Mont Ventoux, l’éditorialiste en chef se prend à rêver qu’elle fait ce qu’elle veut et cite qui elle veut.
– Bah !... on va leur servir du Badiou. Ils sont tellement cons à Bruxelles, que personne ne sait qui est ce type.
Ah ! liberté retrouvée de la journaliste, n’ayant même plus à agiter la clause de conscience, voilà Bea qui disserte sur le bonheur d’un vieux Monsieur en 2015, la quarantaine en 1969, qui prend part à la création de l’Union des communistes de France marxiste-léniniste, groupe maoïste dont il est un des principaux dirigeants jusqu'au début des années 1980.
Badiou intègre l’équipe du Centre universitaire de Vincennes (1968-1969). Il contribue au développement de cette université durant une trentaine d'années. Deleuze raille son concept philosophique décrit comme « bolchévisme » par ses adversaires, tandis que Badiou reste plutôt du côté de Lacan, accusé par Deleuze et Lyotard de stalinisme. De son côté, en 1977, Badiou accuse Deleuze et Guattari d'être des idéologues préfascistes. Vous voyez le genre.
Un sacré type, ce Badiou… comme on en a horreur chez les bourgeois, à rendre nerveuse Véronique Lamquin, à faire crier d’horreur dans la « cabine » des interviews les pipelettes de service !
Un Mao invité par Béa rue Royale ! C’est quand même un événement.
J’ai l’édito sous les yeux.
« Surtout, ne renoncez pas à être heureux. Surtout ne vous contentez pas d’être satisfaits ! Et si on osait ces exhortations du philosophe français Alain Badiou ( Le Monde 15-16 août ), comme résolutions de rentrée ? »
Ça, c’est le truc que Béa recopie, fastoche.

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Puis, elle se rend compte qu’elle n’écrit pas pour la Pravda du temps de Brejnev :
« Être satisfait ? C’est être content de sa place dans la société, d’avoir une maison, une voiture, toutes choses bien légitimes. Mais, rappelle le philosophe, le bonheur, c’est autre chose : « C’est lorsqu’on découvre que l’on est capable de choses dont on ne se savait pas capable. »
Tout de même, il ne faut pas pousser, Badiou n’aurait jamais trouvé « légitime » d’avoir une maison, une voiture, etc. quand beaucoup d’autres non rien. La légitimité n’est pas le fait d’un petit et même d’un grand nombre. Elle doit toucher tout le monde ou personne.
Le Pic Saint Loup aidant, voilà que l’écrivaine s’exalte et croit que « cette recherche du bonheur rend tout possible et plus intense. Pour soi-même, mais surtout parce qu’il nous permet de changer le monde, de bouleverser l’ordre des choses qu’un contexte économique ou politique donne comme immuable, enjoignant de s’adapter sagement et raisonnablement à un système pour y trouver la meilleure place possible, et y survivre. »
Hola ! Comme elle y va ! Et ses patrons qui ne défendent que la rente, et elle qui vire Mao !
On va voir comme Madame Delvaux compte changer le monde à la rentrée et va s’arranger pour bouleverser l’ordre des choses. Ce n’est quand même pas un contexte économique ou politique qui va pouvoir l’arrêter, ni que chômage, migration, pollution, fanatisme religieux sont des fatalités du temps présent ?
C’est Raoul Hedebouw qui va être surpris de la recrue i
À ce moment de haute réflexion, quelqu’un passe derrière la charmante une nouvelle bouteille de Pic Saint loup à la main et remplit le verre de Béa.
Elle le vide d’un trait et reprend la fin de son ouvrage (ce sera l’éditorial le plus rock’n’roll qu’elle ait écrit).
« On ne peut pas arguer de la situation pour ne rien faire. Elle n’est jamais telle qu’il soit juste de cesser de vouloir, de décider, d’agir. Et il y a un moment où il faut désirer changer le monde pour sauver la figure d’humanité qu’il y a en nous, plutôt que de céder à l’injonction de l’impossible. »
Elle ne me croira pas si elle veut, mais je suis inquiet pour elle. Et si la direction du Soir était moins bête qu’elle n’en a l’air et qu’au lieu de changer le monde, elle changeait d’éditorialiste ?
En quittant la terrasse parmi les dernières, quelqu’un a demandé l’addition pour Béa. Ça se fait encore que les messieurs paient pour les dames.
Le patron, déboulant de la cuisine dit avec l’accent de Charles Pasqua « C’est payé, j’ai reçu un coup de fil de Paris. »
Tout le monde était trop schlass pour le savoir, c’est Alain, peut-être, par télépathie ? Ils savent vivre ces maoïstes !
Mine de rien, les consommateurs dans la nuit de l’été faisaient l’expérience d’un bonheur satisfait.

18 août 2015

Le Peuple gouverne ?

À chaque élection législative, un nouvel électorat est amené à découvrir le théâtre politique. Le rituel est assez obscur et l’expérience pas toujours instructive. La jeunesse n’est plus formée dans son ensemble à prendre parti consciemment. Faire sa propre opinion exige un effort, des connaissances, un esprit critique. La démocratie est un outil dont on oublie de nous donner le mode d’emploi. La faute en incombe aux aînés.
Dans l’état actuel de la démocratie, ne se berce-t-on pas de mots ? Au fil des expériences successives, les illusions s’évanouissent. On finit par voir la chose politique comme un miroir aux alouettes.
D’abord à quoi bon voter ? Aucun parti ne représente l’entièreté de ce que l’on souhaite. Si vous adhérez à un parti parce que son programme électoral vous semble le meilleur, les politiques s’évertuent à faire le contraire de ce qu’ils disent. Ce qui ne serait encore rien si on le leur faisait remarquer, mais il ne se trouve personne dans la presse ou dans le public pour le leur dire. Tout ça au nom du fameux compromis à la belge.
Les chances sont extrêmement faibles pour que votre vote serve à quelque chose, une chance sur 7 millions de faire basculer l’élection, davantage de chances de glisser sur une peau de banane et de mourir à cent mètres de l’isoloir.
Mais le vote peut procurer du plaisir personnel, la conscience d’exister et de servir à quelque chose, histoire de redonner des couleurs à un sentiment patriotique qui, en dehors des élections, est parfaitement ridicule pour huit belges sur dix.
Le vote fédéral est par excellence celui où le citoyen ne contrôle rien et n’a voix au chapitre sur rien.
Sinon, comment Michel aurait-il eu une majorité, s’il avait annoncé dans son programme électoral l’intention de sauter un index, de serrer la vis aux chômeurs, d’augmenter l’âge de la pension, de mettre les citoyens sur écoute et de faire une majorité fédérale avec la N-VA, tout en étant le seul parti francophone représenté, donc minoritaire dans sa Région ?
Les comportements : une fois élus les hommes de pouvoir sont totalement hors contrôle. La réclamation n’est pas possible. Vous n’avez même pas le droit de faire observer que vous n’êtes pas d’accord sur leurs indemnités, quand ils rognent sur vos salaires en augmentant les taxes et la TVA.
La classe politique aime le système tel qu’il est. Vous n’avez pas le choix. Il faut que vous vous en accommodiez.

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Nous croyons que les élus sont trop nombreux et que nous n’avons pas besoin de cinq gouvernements en Belgique. Ce que nous oublions, les hauts fonctionnaires sont bien plus nombreux encore. Ils ont leur importance, ce sont eux qui mettent en musique les Lois et les appliquent, pourtant ils ne sont pas élus ! Personne n’en parle. On l’a bien vu la législature précédente. Il a fallu plus d’un an pour mettre Di Rupo en selle. Avez-vous eu à vous plaindre d’un manquement quelconque des services que l’État doit aux citoyens ? Vous pourriez envoyer le gouvernement Michel faire les vendanges dans le Mâconnais pendant un mois que personne ne s’en apercevrait. La bureaucratie ferait le travail.
Les progrès dont on profite ne doivent rien à la classe politique.
La société s’organiserait mieux toute seule si s’enrichir par le travail des autres ne venait pas tout gâcher. Beaucoup de services n’ont jamais été organisés par la classe politique, par contre ils sont parmi les plus taxés. De même, le système ne favorise l’art que dans sa tradition bourgeoise. Il est impossible à un artiste non subventionné de vivre de son art, sauf de rares exceptions. Par ses subventions l’État prouve qu’il est facteur d’arbitraires et fait ce qu’il veut selon des critères que seuls les élus déterminent.
Les élus redistribuent l’argent qu’ils perçoivent sur notre travail selon leur fantaisie. Ils peuvent augmenter ou diminuer les budgets dans une logique qui nous échappe.
Cette redistribution commence par les paiements des indemnités, salaires et frais de l’État. C’est inscrit dans la loi, l’État est un créancier prioritaire.
En manipulant les indemnités dues aux malades et aux chômeurs, en jouant sur les revenus des pensions légales et en ajoutant ou soustrayant sur l’ensemble de la sécurité sociale les taxes et divers frais, les élus ont des pouvoirs incontrôlés ou faussement contrôlés.
Ainsi, ils contribuent les premiers à mettre à mal la démocratie.

17 août 2015

Pêcher ou tirer ?

Le phénomène prend de l’ampleur, la fuite de la population des lieux d’affrontements en Afrique du Nord et au Moyen Orient crée un problème à l’Europe par l’afflux de réfugiés.
De vastes territoires où la peur gagne ne sont pas nécessairement constitués des zones de part et d’autres d’une ligne de front, mais englobent d’immenses régions désolées par des attentats à quoi s’ajoute le cancer inflammatoire de Daech qui diffuse sa folie meurtrière partout.
Le gouvernement Michel a compris qu’en Belgique il fallait surfer sur la vague et a communiqué à ses intimes, les journalistes d’opinion, qu’outre les casernes, on prévoit des logis à roulettes capables d’accueillir des demandeurs. Combien de personnes et combien de logements mobiles, assez peu, mais c’est l’intention qui compte.
Beaucoup de bruit pour pas grand-chose, quelques centaines de « recasés » tout au plus, mais que rendront efficace des bataillons d’Olivier Mouton chargés de répandre le bruit de « la capacité d’organisateur et la grandeur d’âme » du célèbre chauve.
Rien ne sera résolu et le problème restera pendant en Belgique, ailleurs aussi du reste, l’essentiel n’est-il pas de convaincre la population de l’efficacité des politiques d’accueil ? Reste le problème en son entier : que faire de cette transhumance humaine ?
C’est la pire crise de réfugiés depuis la Seconde guerre mondiale. Comment accueillir d'une façon "décente" et "civilisée", des hommes parmi les hommes et que vaut n’importe qui, selon la belle définition de Sartre ?
On ne peut guère compter sur l’Union Européenne qui dépense presque tout notre fric en traitements et Commissions à ses instances et joyeux colloques. Reste le principe de solidarité. Là aussi, on a des doutes. Les discours seront parfaits en élévation et grandeur d’âme. On aura même quelques mots de ministres relayés par la presse, pour fustiger l’engeance qui n’aime pas les étrangers. Quand on voit comme sont traités les Européens qui sont dans le besoin par les élites et la finance, on se demande si on va pouvoir faire mieux pour ceux qui nous tombent dessus. On n’a jamais nourri personne avec des principes !
Dépassée aussi la théorie de l’aide à domicile suivant l’ancien slogan « donner du poisson, c’est bien, apprendre à pêcher, c’est mieux.
Apprendre à pêcher quand Daech conquiert pour le calife et massacre gaiement au nom d’Allah tout ce qui bouge, on se souvient de la courette en 40 de nos populations, sur la seule mauvaise réputation du fou de Berlin.
Affronter ce problème d'une façon décente, disent nos indécents. Ce n’est quand même pas Verhofstadt qui va accueillir des populations en fuite dans son immense propriété de Toscane. On va tout simplement demander à ceux qui vivent sur un deux pièces de se serrer un peu, quitte à ce que Marcel Sel traite de racistes ceux qui grogneront.
Et les troufions en première ligne, par exemple les Grecs à l’île de Kos en mer Égée sur laquelle se ruent les Syriens et les Afghans, qu’est-ce qu’on fait pour les aider ?
Ce n’est pas l’inventeur des logis à roulettes, notre grand Charles, qui fera référence, quand on sait que ses discours à l’égard de la Grèce sont supérieurs en défiance à ceux de Merkel.
Déjà, la Commission européenne a subi des refus des Etats membres sur des propositions d’accueil visant à soulager les pays en première ligne et à mieux répartir les réfugiés dans toute l'Europe.
Quant à la Turquie, d'où partent une partie non négligeable de migrants, si ça se trouve, le Grand Turc Erdogan s’apprête à nous envoyer « ses » Kurdes en les jetant dehors par la Sublime Porte qui donne sur la mer Égée.
Le matériel de pêche remplacé par le matériel de guerre, une remise en état des lieux ne pourra se faire que les pieds sur terre avec le feu vert de l’ONU.
On ne peut pas vaincre Daech et les autres fondus du bocal avec des robots, même si les drones sont efficaces. La seule façon d’arrêter le flux migratoire, comme disait jadis un vieux con dans son langage fleuri d’ancien colonial, Il faudra bien que nous y allions à pied !

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Les populations menacées de mort par des guerriers insensibles doivent rester sur place et des soldats de l’ONU avec eux. Nous devons les aider par notre présence armée et leur apprendre à se défendre, des ennemis extérieurs et des despotes intérieurs. Pour ces derniers prédateurs, ce sera plus difficile, puisque nous n’avons jamais réussi à nous débarrasser des nôtres.

16 août 2015

Un mot à Marcel Sel.

J’ai longtemps hésité avant de m’aventurer à dire un mot du fait-divers grotesque du Sirop de Liège labellisé halal, sujet de l’article de Marcel Sel (Un blog de sel, un journaliste que j’estime et qui a beaucoup de talent).
Comme lui, je me fous de manger halal ou kasher, pour tout autant que la nourriture soit agréable à mon palais. Je suis athée comme beaucoup, et même si je trouve toutes les religions grotesques, je me garderai bien d’empêcher quiconque d’observer les rites de sa foi, à condition de ne pas m’empoisonner l’existence par du prosélytisme outrancier. Si le croyant les sent nécessaires à son bonheur, sur terre et dans l’au-delà, c’est son affaire.
La démarche du MR Charlier est celle d’un petit monsieur. Son geste tient lieu de propagande. Il sait que cela va impressionner les racistes et les xénophobes, sans doute sa clientèle favorite.
Enfin, les commentaires des lecteurs de la Meuse et des autres journaux sont innommables. Moins on s’y attarde, mieux ça vaut.
L’invention d’une société de l’entre-deux guerres antisémite, applaudissant Léon Degrelle dans son intervention à la siroperie Meurens vendant Kasher est sujette à caution. Non pas qu’elle n’était pas intéressante et drôle, j’ai cru que Sel avait déterré un fait-divers du temps et nous le ressortait fort à propos, ce qui confirme son réel talent de conteur ; mais parce que cette histoire dénature ce que l’on sait de l’entre-deux guerres, le racisme réel et le dégonflage du parti rexiste dès 1938, à la suite des déclarations pro nazies du « beau Léon ».
Non, la population belge de l’entre-deux guerres n’était pas antisémite. Tout au moins dans la partie francophone de ce pays. J’en atteste par les nombreuses recherches et lectures que j’ai faites sur le Pays de Liège. Tout au plus, les milieux catholiques, dont Degrelle était issu, avaient des tendances fortement anticommunistes et étaient sensibles à l’idée d’une Europe rassemblée devant le danger rouge, ce qui rapprochait quand même certains citoyens de droite des discours d’Adolphe Hitler.
Mais où je ne suis pas d’accord avec Marcel Sel, c’est que sous sa véritable colère, s’inscrit en pointillé le désir d’une censure. S’il le pouvait notre homme fermerait la gueule à tous ces lecteurs racistes des journaux, à coups de pavé de rue.
Et là, je lui dis amicalement « attention, danger » !
Toutes les opinions, même « épouvantables » doivent pouvoir être exprimées librement.
C’est la condition d’une vraie démocratie. C’est le droit absolu des gens de tout pouvoir dire et écrire. Nous sommes déjà dans une situation limite quant aux libertés du citoyen, victime de l’électronique et des relations épouvantées des journaux sur les hauts faits des assassins de Daech, au nom de quoi on donne des permissions d’écoute et d’enquête sur tous citoyens « suspects » à tous les flics de Belgique. Étonnons-nous que les gens de la rue s’effraient de façon générale et sans nuance des musulmans qui déambulent dans nos rues, parfois en costume traditionnel !

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Et si une majorité de citoyens se met à proférer des slogans racistes et menace les minorités étrangères, il convient de ne pas sombrer dans le même délire à rebours et ajouter des invectives aux invectives, mais chercher les causes de cette colère aveugle qui n’est dans le peuple, que parce qu’on la lui sert tous les jours en priorité.
Et ceux qui le leur racontent, c’est justement des gens comme Sel ou moi, mais en plus persuasifs, possédant des moyens plus importants, des journaux, des télévisions, des ministères.
En vitupérant contre « les imbéciles heureux qui sont nés quelque part », il ne fait pas œuvre utile. Il prépare la controffensive des ultras de l’autre bord. Il s’apprête à être débordé par les rabbins, les curés et les imamns, tous d’accord pour assimiler les laïcs à cette race de malotrus qui ose contester leur droit. Et puis que fait-il, Sel, pour déniaiser les lecteurs, les dénazifier en quelque sorte ? Ce n’est pas pédagogique de les engueuler d’abord.
Je me méfie autant des ligues contre le racisme et l’antisémitisme que des paumés qui avec trois bribes de connaissance sombrent dans la haine des autres, parce que le plus souvent, ils ne gagnent même pas 1500 € par mois et ça, c’est vraiment insupportable.
J’aime mieux m’énerver contre ce racisme là.

15 août 2015

Olivier Mouton, doxologue !

Olivier Mouton, journaliste politique au Vif/L'Express est d’un genre particulier. Sa vision politique consiste à magnifier le pouvoir libéral, exclusivement. La Belgique traditionnelle est sacrée : le roi, les institutions, la rente et le gouvernement, même la NVA depuis qu’elle est au gouvernement Michel.
Vous me direz, il n’est pas le seul. La quasi entièreté de la profession en Francophonie est à son diapason, mais les Delvaux, Praet, Demoulin, Gerlache « l’étoile montante à la RTBF », Vrebos, etc. (je ne vais pas les citer tous) nuancent leurs propos en de petits doutes. La béatitude n’est pas leur fait. Leurs émotions sont de « bon aloi », certes. Ils échappent aux sentiments rebelles et se sentent à l’aise dans le système. Mais, professionnellement, ils font encore du journalisme.
Non pas que Mouton soit dépourvu d’idées, mais elles sont subjectives et unilatérales. Ce qu’il écrit n’est pas du journalisme, mais de la propagande, par exemple lorsqu’il se délecte du grignotage du PS par le PTB, que pourtant il déteste.
Le roi et la reine reçoivent beaucoup de fleurs… après Charles Michel qui reste le plus fleuri. Ses chroniques ressemblent aux salons des funérariums huppés. Il y a profusion de gerbes et de couronnes. Vivent dans ses écrits, des gens compassés et prêts à la noble courbure. Comme l’auteur, ils s’effacent devant qui leur est supérieur. Ce n’est que chuchotement discret et poignées de mains appropriées en fonction de la qualité de l’autre.
La sixième réforme de l’État est mal barrée. N’a-t-elle pas pour origine la législature précédente sous Di Rupo le honni ?
« C’est un grand désordre laissé par la sixième réforme de l'Etat, avec son pas en avant en matière d'autonomie fiscale notamment. » Ainsi, toute suite funeste ne sera pas imputable à l’aimable chauve, mais à l’horrible montois, laisse entendre le sigisbée du Vif/L’Express.

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Le MR est-il en difficulté ? L’imprudente Reuter a-t-elle pour l’ex bourgmestre Kubla des enthousiasmes hors de propos ? Master Mouton va chercher dans ses fibres les plus profondes les accents les plus déchirants de digression, à tel point que Chastel, le spécialiste du genre, ne saurait mieux faire. « Malmené par les affaires Kubla et De Decker, le MR décide de contre-attaquer sur le terrain politique en posant un geste fort témoignant de son caractère social. Désormais, il rejoint le CD&V qui réclamait un saut d'index pour les loyers, histoire de compenser le saut d'index sur les salaires décidé par le gouvernement Michel. Ce faisant, le MR laisse la N-VA dans son coin au fédéral. Mais qu'importe : les entités fédérées rentrent dans la danse. Liesbeth Homans, bras droit de Bart De Wever et adjointe de fer du ministre-président flamand Geert Bourgeois, affirme qu'elle s'y opposera de toutes ses forces… ».
Chapeau ! L’artiste Mouton profite d’un malheur pour en prévenir un autre. Au passage, il laisse entendre que les affaires Kubla et De Decker ne sont pas des affaires politiques. Il arrive même à faire croire que le saut d’index est compensé par un autre saut, celui de la non-indexation des loyers, voulu par le MR et exclu par la N-VA. Ainsi, il présente Michel résistant à Bart De Wever !
On pourrait passer la soirée à démêler les ficelles grossières de Mouton, pour son public, sans doute non encore rassasié de libéralisme comme lui.
Ainsi : « Le gouvernement de Charles Michel gère la crise de l'asile comme il a mené à bien le tax-shift : avec un sens acéré de la réalité. Cette efficacité immédiate, qui séduit la population, est inspirée par les méthodes flamandes. Mais que l'on ne s'y trompe pas, l'idéologie est bien présente. Et le court terme domine... ».
Son dernier article est un sommet de flagornerie, de contre-vérités et d’imposture. C’est l’hymne d’un idolâtre qui voue un culte au système.
Quelques extraits clôtureront le portrait politique de ce phénomène de la presse écrite qui en dit long sur la nature du journal Le Vif/L’Express, au service de la nomenklatura de la Belgique bourgeoise. On se croirait aux temps « héroïques » de l’Union Minière et des églogues de la Libre Belgique à la vocation pastorale de Moïse Tshombé.
« …Le gouvernement Michel ne laisse rien passer, il gère toutes les crises, tient ses engagements et ose prendre des décisions courageuses. Non sans s'adapter à l'actualité et à la conjoncture internationale. En un mot comme en cent : la majorité fédérale fait preuve, depuis le départ, d'un "pragmatisme qui tranche avec la politique classique, en menant une gestion quasiment managériale des affaires publiques" …Voilà l'impression laissée dans une large partie de l'opinion publique par la suédoise, éloignée des critiques horrifiées des débuts, quand on l'avait baptisée depuis l'opposition "kamikaze". Même si les virages pris ne plaisent pas à tout le monde, loin s'en faut. »
Vous en voulez encore ? Il n’y a qu’à demander :
« …Les Flamands suivent une logique très empirique et inductive. Ils s'inspirent davantage du monde anglo-saxon où l'on joue en permanence aux échecs, où l'on est ancré dans la réalité quotidienne, où l'on entreprend sans se poser trop de questions. »
Autrement dit, Michel a bien raison de se passer d’une majorité francophone qui ne pouvait conduire le gouvernement que dans des attitudes négatives propres aux Latins.
Le modèle que Monsieur Mouton croit favorable à la Belgique a déjà des conséquences pour notre population. Que les plus faibles se débrouillent avec leurs maigres ressources. C’est la nouvelle idéologie de la Belgique qui veut ça ! Finis les moyens alloués aux maisons de repos, à l'accueil des enfants, aux bus et trains, aux écoles et aux universités, aux demandeurs d'emploi et aux malades, le sieur Mouton s’en fout, cette Belgique là n’est pas la sienne. Il ne voit pas vers quoi le tandem Michel-De Wever nous entraîne.
Les premières victimes de ce shift à la mords-moi les finances se compteront demain par milliers. On se demande même comment Mouton va pouvoir écrire en septembre, dès la rentrée, que la situation s’améliore, quand la paupérisation gagnera encore du terrain ? Il va devoir puiser dans ses réserves d’enthousiasme. Elles sont immenses, mais tout de même !

14 août 2015

Le big-bank de l’Europe.

De l’enthousiasme de ses débuts, aux sombres perspectives d’un avenir incertain, l’Europe aura réussi à décourager le plus d’Européens possibles.
Quel étrange parcours de ce désormais canard boiteux, ainsi décrit par deux européens sur trois !
Encore aujourd’hui, avec tous ses atouts, on se perd en conjectures de ce qui a bien pu arriver à cette assemblée de « sages » de Strasbourg à Bruxelles, trop bien payée peut-être, qui a gaspillé le capital d’enthousiasme en paperasseries, gesticulations, mises en normes imbéciles et tout ça pour confirmer le choix de son élite dans un néo-libéralisme intransigeant et finalement le plus destructeur de l’idée européenne qui soit.
L’image d’un Verhofstadt gesticulant et tonitruant illustrera dans les livres, l’histoire de la Grèce passant sous les fourches Caudines de la haine des États « riches », envers ceux qui n’ont pas réussi.
Le système belge du compromis multiplié par cent, voilà ce qui a désacralisé l’Europe au point de la rendre ridicule et inopérante, suivie seulement par des gouvernements du genre de Charles Michel, le bon élève, à qui on a envie de filer des claques à la place de diplômes.
Et pourtant, toute la classe politique en raffole, à l’exception des extrêmes. C’est que l’Europe brûle toute son énergie dans son fonctionnement et de la technicienne de surface aux Commissaires de J-C Juncker, ce n’est qu’un concert de louanges. Il y fait bon travailler à l’Europe, c’est incontestable. Cette situation est d’autant plus paradoxale que tous les commissaires sont derrière l’idée du néolibéralisme qu’il faut rogner tous les budgets et salaires pour des bas coûts dans l’entreprise et à l’État. C’est un peu comme en Belgique, ceux qui discutent des salaires et des allocations de remplacement nous coûtent plus qu’une demi-douzaine de bons maçons, chacun.
La nature du futur européen est inconnue. Tous les plans finissent en eau de boudin. Comme il faut avancer et s’aventurer dans quelque chose, on est en train de produire un OVNI non identifié !
Enfin, comble du comble, l’euro qu’on nous avait vendu à partir de la fin du siècle dernier comme la merveille absolue, au lieu de profiter d’une monnaie unique, les États sont allés voir ailleurs si le yen, le yuan ou le dollar ne pouvait pas rivaliser avantageusement avec l’euro. Résultat, les performances de la zone euro sont bien médiocres et l’euro pèse comme un boulet dans les économies.
Pénétrés de toutes parts par meilleurs que nous, nous voilà devenus le rond-point du néolibéralisme. Le monde entier ne compte plus sur nous que pour régler la circulation venant des quatre points cardinaux. Ainsi les autres continents profitent de nos ports, nos routes et nos aérodromes plutôt comme relais, que comme lieu de développement.

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À la contreperformance économique s’ajoute une absence quasi-totale de politique extérieure cohérente. Il y a autant de divergence de vue entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud qu’entre Poutine et Obama !
À ce stade une armée intégrée est de l’ordre d’une mission impossible. Et pourtant, nous en aurions bien besoin tant l’affaire du califat au Moyen-Orient prend une tournure inquiétante, de même qu’en Ukraine, la plupart des partisans de l’Europe en sont bien revenus.
C’est encore dans la politique de l’immigration que l’on voit bien que les milliards d’euros jetés à profusion dans les dépenses en salaires, réunions et commissions pour les institutions européennes auraient été bien plus utiles dans des programmes d’aide à la Grèce et à l’Italie qui sont en première ligne dans l’afflux des populations fuyant les lieux de guerre.
Jürgen Habermas avait bien vu « la dissolution du politique dans la conformité des marchés » et prédit le manque de perspective d’une volonté commune qui trouve son évidence dans la crise grecque.
La pire des erreurs de l’Europe n’est-elle pas d’avoir choisi de suivre l’économie plutôt que contraindre celle-ci de faire son métier, à savoir procurer du travail et du bien-être aux peuples, plutôt qu’enrichir ses meilleurs commerçants ?
Et pourtant, malgré cette nullité accablante des personnels politiques européens, les perspectives d’une Marine Le Pen pour une sortie de l’euro et du souk de Bruxelles ont quelque chose qui afflige, comme une sorte de pressentiment d’un avenir encore plus incertain.
Finalement ce qui manque à l’Europe est ce qui manque en Belgique, une plus grande attention aux volontés populaires et la renaissance d’une idée noble de la politique, par des élus qui ne pensent pas carrière et salaire, mais bien public, altruisme et effacement personnel.

13 août 2015

Un parfait salaud !

Il faut bien, de temps à autre, tordre le cou aux idées reçues de plus d’un demi-siècle de néolibéralisme, en réalité lancé à Paris en 1938 par le journaliste américain Walter Lippmann et qui ne fit son chemin dans le monde libéral qu’après la deuxième guerre mondiale.
D’abord sur l’idée que l’État est incompétent pour gérer au mieux et pour le bien général des entreprises, voire une industrie tout entière.
Bien sûr, nous avons le triste exemple en Wallonie de l’incurie profonde de nos ministres régionaux qui laissèrent filer des entreprises comme Cockerill-Sambre dans les pattes d’Arcelor, lui-même aspiré par Mittal, et encore la gestion désastreuse du circuit de Francorchamps. On pourrait également porter notre attention du côté de la Sambre et de Charleroi, pour relever quelques incongruités et incompétences de nos « chers » ministres (voir Duferco).
Selon leurs déclarations, nous pourrions en déduire qu’ils étaient aussi hostiles à ce concept de gestion d’industries souvent abandonnées et qu’un effort de la collectivité pourrait sauver, parce qu’ils sont d’indécrottables néolibéraux et qu’ils ne croient pas eux-mêmes à une gestion étatisée. C’est surtout muni de cette conviction qu’évidemment tout projet repris par l’Administration est voué à l’échec.
Deux exemples sont à citer d’une réussite de grands projets que la société privée eût été incapable de réaliser. La première remonte à la guerre de 14-18 où, par la force des choses, l’État intervient dans l’économie de façon autoritaire. Il réorganise tous les secteurs et pas seulement d’armement et là où le privé aurait mis six mois de vaines querelles pour se partager les tâches et le gâteau, il fait preuve d’une efficacité remarquable, réussit à redresser la situation économique et finalement contribue pour une large part à la défaite de l’Armée allemande.
Enfin, la seconde plus proche de nous, la société néolibérale, elle-même, en la personne de son plus fervent défenseur, Didier Reynders, puise dans le trésor public et réussit à sauver les banques en 2009, ce qu’aucune institution privée n’aurait pu faire. Évidemment ici, c’est en spoliant les électeurs, puisque l’opération n’avait d’autre but que de sauver de mauvais professionnels qui mirent l’argent de leurs clients dans des placements qu’ils savaient douteux. Les services de la collectivité auraient pu avoir un meilleur sort. Au lieu de redonner du pouvoir aux incapables et aux voleurs, par exemple, exploiter pour le bénéfice du collectif un ensemble de moyens dont aujourd’hui les travailleurs, les artisans et les petits commerçants ont le plus cruellement besoin. Ce crédit que les banques ne leur concèdent pas.
Le néolibéralisme condamne avec le camp des progressistes, les conséquences désastreuses de l’idéologie libérale, c’est son côté séducteur. Mais, c’est pour mieux transformer la vieille base libérale en un outil pour managers productivistes ou non seulement les marchandises seront soumises à une concurrence accrue (pas pour tout le monde), mais aussi les salaires et les rentes d’administration du secteur public.

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Ce nouvel aspect de l’aliénation des foules s’accélère depuis le formidable essor des transports en tout genre : avion, bateau et route, comme jamais on ne le vit par le passé.
De sorte qu’aujourd’hui le néolibéralisme montre ses limites, ce n’est rien d’autre qu’un libéralisme « sauvage » en remplacement d’un libéralisme « modéré ».
Nous en sommes au concept d’État garde-fou, en dédaignant l’élément essentiel du travail : le travailleur. Le néolibéralisme ne fait aucun cas des personnes, ni de l’État, sauf, s’il a besoin un jour de ce dernier… Il se sert alors des arguments du pleurnichards Reynders et ose parler du bien public !
C’est donc un concept sans gêne en même temps qu’immoral.
Malheureusement, c’est celui de Charles Michel et surtout de Bart De Wever. Cependant, rien à dire, Ils sont en concordance avec le Traité de Rome de 1953, reprenant les thèmes du néolibéralisme pour une société de « concurrence libre et non faussée », toujours d’actualité dans l’Europe actuelle.
Dans le conflit qui opposa Keynes à Lippmann sur le fond, les prédictions de Keynes se sont révélées exactes : le néolibéralisme ne garantit pas le plein-emploi, bien au contraire, il amplifie le chômage et la misère, en mettant en concurrence des êtres humains entre eux, dans une sorte de nouveau marché aux esclaves.
Cette concurrence endiablée a aussi d’autres effets et qui touchent à la nature et à la condition animale. Si vous avez vu les conditions de vie d’un porc ou d’une poule dans un élevage industriel, vous aurez compris ce que signifie ce genre de concurrence et jusqu’où elle peut aller.
Quant aux humains, de cette machine que Michel admire, les ravages ne font que commencer : diminution des salaires, augmentation du nombre d’années de travail, élimination progressive des chômeurs considérés comme parasites, objectif d’extinction progressive des pensions par un système de pension privée, diminution constante des services Poste, chemin de fer, administration communale, etc. Vous avez vu les nouvelles installations des grands groupes, des halls immenses sans fenêtre pour des productions en batterie, les ouvriers coincés comme les porcs…
C’est quoi être néolibéral aujourd’hui ?
C’est être avant tout un parfait salaud !

12 août 2015

À quand un État Kurde ?

Comme on s’y attendait, l’aviation turque a mené dans la nuit de lundi à mardi une série de raids contre des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est de la Turquie. Après un petit saupoudrage à la mitrailleuse des positions de Daech trop près des frontières turques, c’était surtout du feu vert pour coincer les Kurdes entre deux fronts dont Erdogan, le sultan du Bosphore, avait besoin.
C’est toute la duplicité de la démocratie américaine qui apparaît en filigrane dans cette politique. Elle consiste tout simplement à dénoncer ce qui l’arrange et à profiter des situations « à la Pinochet » dans lesquelles, elle y démêle son intérêt. Peu importe les dégâts collatéraux et les paradoxes des dénonciations à géométrie variable dont l’Amérique se fout.
Les américanolâtres d’Europe n’y ont vu que du feu. L’ennemi à abattre est essentiellement Daech et peu importe les alliés douteux dont on se pare. Les Kurdes sont des terroristes, comme les Palestiniens, un point c’est tout, a décidé les USA et ses Alliés, sur plainte des Turcs il y a de cela quelques années. Et le comble, c’est que nos illustres de gauche et de droite sont unanimes : ils pensent pareil ! Et vive l’OTAN, l’Amérique, les pays du Golfe, Israël et Obama.
Voilà bien la politique de l’autruche dans toute son irresponsabilité, on s’est emparé des exactions épouvantables des religieux extrémistes de l’EI pour en faire des sommets de l’horreur, espérant que toutes les magouilles concomitantes, ventes de pétrole, marché parallèle, traite de l’humain comme du bétail, passent dans le flou artistique d’une lutte « implacable » à un seul ennemi.
On ne voit plus les petits meurtres entre amis à l’ombre de la grande croisade !
Et l’Europe des Michel et consort applaudit !
Et que lit-on dans la presse à propos de l’offensive turque contre les Kurdes ?
« … en riposte à des attaques meurtrières attribuées à ces rebelles kurdes, a annoncé l’armée turque. 17 cibles ont été frappées avec précision dans la province de Hakkari », a précisé l’état-major turc dans un communiqué. »

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Quoi qu’il arrive, et quoi que l’on fasse, l’Europe libérale est complice de toutes les décisions des USA dans sa politique extérieure, même si certaines positions américaines contredisent les intérêts européens et la politique que celle-ci aurait souhaité faire sans la pression américaine. Hors de question de penser autrement que le Pentagone, absolument exclu d’agir différemment des Bourses et de Wall Street en particulier, pour sauver notre économie qui a bien pourtant besoin d’importantes modifications.
Avec la Turquie, c’est un vieux contentieux avec l’Europe. Les peuples européens ne voulaient pas d’association avec ce pays moyen-oriental en vue d’une intégration et ce en raison d’une grande méfiance sur le semblant de démocratie que ce pays nous jouait.
Peine inutile, les américanolâtres le voulaient avec l’appui de Washington qui avait intégré la Turquie dans son dispositif de défense.
Ils balayaient d’un grand geste le bouleversement que cela aurait été, de l’arrivée d’un État de 80 millions de musulmans dans une Europe déjà handicapée par la prépondérance des cultes sur les lois laïques !
On le voit bien avec l’accord d’Erdogan pour le prêt de bases militaires à l’Amérique et le complet dédain de notre réprobation pour faire du peuple kurde, ce que ses prédécesseurs firent du peuple arménien en 1915.
L’Europe ne compte pas, n’a jamais compté, parce que les décisions économiques ce n’est pas elle qui les prend et que son système ne lui procure pas les moyens militaires de s’affirmer indépendante des États-Unis.
L’actuelle crise interne en Turquie pourrait déboucher sur une guerre civile, si tant est qu’Erdogan irait jusque là, tout cela parce qu’il a perdu les élections à cause de la défection des Kurdes de Turquie, après l’affaire de Kobané.

11 août 2015

La résignation, mauvaise conseillère.

« La souveraineté s’arrête quand la solvabilité s’arrête », avec ces quelques mots, Tommaso Padoa-Schioppa, ex-Ministre Italien de l’économie et des finances, décrit la situation actuelle des Etats européens. Cette phrase dit tout : La maison ne fait pas crédit.
Pourquoi les peuples s’assembleraient-ils, si ce n’était pas pour construire une Europe solidaire ?
La solidarité n’a jamais existé en économie, les prêteurs sur gage, oui. L’utopie démocratique pourra-elle sortir indemne du chaos économique et social dans lequel nous a plongé la finance privée ? La Grèce à genoux, n’est-ce pas l’Europe qui sombre ?
L’Europe néolibérale, condamne les peuples qui la composent à l’austérité budgétaire et à la déflation salariale. La politique monétaire de la Banque Centrale Européenne a pour seule mission de garantir la stabilité des prix. Aucune politique budgétaire n’est possible lorsqu’on est soumis à une norme limitant les déficits publics à 3 % du PIB. Même le couple Ska-Goblet peut comprendre ça, pourquoi Charles Michel ne le comprendrait-il pas ?
La dévaluation monétaire dans un système de changes flottants est impossible. L’Europe néolibérale nous a fabriqué une situation économique qui n’a rien à envier au système de l’ex URSS. On se souvient du rouble à taux fixe du temps de Staline !
Costas Lapavitsas, professeur d’économie à SOAS à Londres, rappelle les étapes du « sauvetage des banques » par les Etats et ses conséquences après le choc de 2008-9. Didier Reynders, ministre de l’économie à l’époque, nous a menti sur l’acquittement des banques de leur dette à l’égard des citoyens. Il a oublié de nous parler des effets dévastateurs de ces opérations sur les finances publiques. Sans oublier la mauvaise affaire des citoyens. Puisque la souveraineté s’arrête quand la solvabilité s’arrête, les citoyens pouvaient « racheter » la majorité des banques pour une bouchée de pain. Ce sont les politiciens au pouvoir qui ne l’ont pas voulu. Nous n’avons pas vocation d’être banquiers, disent-ils. Notre rôle ne serait donc qu’être les éternels pigeons ?

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Les tensions sur le marché interbancaire se sont traduites par une restriction massive de l’accès au crédit des ménages et des entreprises, une rigueur salariale sans précédent, tandis que la BCE rachetait les produits toxiques. Les banques ne savaient pas s’en débarrasser.
La crise européenne est bien une crise « intellectuelle » du projet européen portant sur les Traités et l’organisation, oubliant le sens de l’union pour n’en voir que l’aspect de rivalité compétitive, entre les pays membres et par extension aux autres continents, afin d’égaliser les conditions économiques du monde entier, au meilleur profit des industriels.
En finir, avec une certaine forme de résignation face à la domination capitaliste est en soi un projet louable.
Dans l’attente, cette résignation nous condamne au programme libéral européen de restrictions. Reste l’espoir d’une nouvelle utopie. Elle ne viendra pas du pouvoir socialo-libéral. Il a perdu sa capacité d’imagination, mais pas sa capacité de profit.
Pour sortir de l’impasse, il faudra que le peuple prenne des risques, à commencer par celui du pouvoir direct. Il n’est pas prêt, certes. Mais, dans le malheur on apprend vite.

10 août 2015

Un drame préhistorique.

Avant de définir les blocages de notre « bon cœur » et de l’empathie que nous devrions avoir vis-à-vis de nos semblables qui vivent les drames de la guerre et de l’exode dans cette Afrique du Nord et ce Moyen-Orient tombés dans le malheur, voyons dans un miroir le reflet de ce que nous sommes en 2015, et ce que nous aurions dû être si l’Homme avait quelque peu évolué vers un mieux. Et Accompagnons cette réflexion des regrets d’avoir un système économique qui met les hommes en compétitions pour « Avoir » plus souvent qu’ « Être », ce qui n’est pas propice à l’évolution favorable d’une civilisation apaisée.

Avant que 109P/Swift-Tuttle ramène ses 25 km de roches sur la terre, nous nous serons arrangés pour nous multiplier tellement que la vie de notre espèce sera aléatoire et que les scientifiques ne donneront pas cher de l’espèce. Si ça se trouve, l’astéroïde se fracassera sur une terre où il n’y aura déjà plus personne.
Nous naviguons sous un label de démocratie usurpé par un système élitiste, qui est en train de gagner le monde comme un ténia dans l’intestin.
Depuis que nous nous sommes dressés sur nos membres postérieurs, nous n’avons pu nous passer de chefs : chefs de clan, de tribu, de famille, etc, jusqu’à nos chefs de gouvernement.
Les échanges d’un clan à l’autre ont nécessité une valeur commune et du coquillage percé d’un trou au billet de cent euros de l’Europe, nous étions naturellement portés vers un système libéral donnant à l’économie le tour désastreux que l’on connaît, mais que les chefs apprécient, sans doute parce qu’ils en sont les grands bénéficiaires.
Bien entendu, notre pré carré, d’abord une grotte jusqu’aux villas de Beverly hills, sont des lieux que nous avons convoités, parfois habités et, à d’autres moments, d’abord physiquement, puis ensuite, pour la version moderne, chassés par des financiers plus roublards.
Voilà en gros le parcours de notre espèce. Pourquoi nos instincts primaires sont-ils encore si vivaces en nous ? Parce que nous les flattons par un système économique pervers.
Le problème actuel de l’immigration est aussi vieux qu’une bataille de pithécanthropes pour un mammouth abattu par un autre clan.
Des individus ne se sentent pas bien dans un lieu déterminé. Ils décident, parfois en catastrophe, de partir de ce lieu maudit (entre parenthèse, ils seront remplacés par des individus encore plus mal lotis), ils trouvent que la Belgique ou la France, c’est mieux, d’autres préfèrent la Grande Bretagne. Ils arrivent en masse et veulent que nous leur cédions une part d’un patrimoine que nous avons étoffé souvent en volant le patrimoine d’autres autochtones (1).

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Comme Cro-Magnon, nous ne sommes pas d’accord, nous défendons notre grotte de Spy aménagée par IKEA, comme jadis le firent nos ancêtres, lorsqu’ils conquirent le droit d’y dormir en massacrant (peut-être) les Néandertaliens. Sauf que l’abondance crée une certaine indifférence à défendre âprement ses propriétés, un peu comme le lion en pleine digestion voit d’un œil pacifié, sous une paupière lourde, un gnou qui pâture à dix mètres. La suffisance de nourriture (enfin pas pour les chefs qui n’en ont jamais assez) fait naître en nous ce goût des autres si étranger à notre nature.
Les immigrants ne l’entendent pas de cette oreille, ils espèrent un jour être plus nombreux que nous, afin de nous chasser de l’endroit où nous avons pris nos habitudes.
C’est humain. C’est exactement ce que nos ancêtres ont pratiqué. Avant les Francs, il y avait d’autres populations en Gaule, etc. Et l’exemple d’aujourd’hui est tout trouvé. Les Turcs venus d’Asie Mineure chassent les Byzantins, réduisent les Kurdes à l’état de vaincus perpétuels, comme Israël fait des Palestiniens et « liquident » des Arméniens trop gênants.
Ce n’est pas que les Turcs soient plus féroces que d’autres, c’est l’histoire commune de l’Humanité, des Indiens d’Amérique décimés, aux peuples d’Asie passés de maître en maître.
Demandez un peu à un Turc de rendre les terres conquises, pour voir sa réaction ?
La devise générale étant « Bouge-toi de là que je m’y mette. », alors que le sommé de dégager réplique « J’y suis, j’y reste. » Voilà l’origine de tous les chaos.
Alors, peut-être bien qu’un jour, nous mangerons halal et ferons nos prières sept fois dans la journée, ou que nos chefs nous aurons convaincus de repousser les assaillants faméliques.
En attendant le saupoudrage des villes de petits paquets de demandeurs d’asile entre dans un contexte humaniste tout à fait récent, et, somme toutes, loin de l’envahissement apocalyptique décrit par certains partis.
Par petites doses, les immigrés sont nos esclaves. Par fortes doses, ils deviennent nos maîtres. Comment changer l’ordre fatal des choses ? L’humanité est-elle à ce point monstrueusement bête ?
Quant à surpeupler Uccle ou Knokke-Le-Zoute, vous pouvez toujours courir, Chastel est là qui veille au grain.
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1. La Fontaine « Le chat, la belette et le petit lapin.

9 août 2015

Travail, religion, politique…

Trois manières de se faire baiser.
Quelles sont assommantes et surtout confondantes de bêtise toutes ces religions aux manifestations divines supposées et qui sont en réalité les élucubrations d’illuminés confrontés aux réalités d’une vie qui leur semble trop dure à supporter, sans fantasmagories, ni merveilleux.
Et pourtant force est de constater que le personnel politique en prend le plus grand soin. Dame cela fait un beau paquet de voix les religions ! C’est même un paradoxe que l’on peut « admirer » de nos jours. L’engouement pour la célébration d’un culte atteint souvent des proportions inimaginables. Que des musulmans se tapent dessus parce que les uns sont fidèles à un descendant du prophète et les autres à un khalife rival, en un mot les chiites contre les sunnites, voilà qui rappelle la vieille histoire des catholiques et des protestants.
Là-dessus nos élus sont aux petits soins pour toute proposition tendant à améliorer le sort de tout qui montre de la religion. On est en plein délire de l’éthique !
L’égorgement des moutons sans les étourdir, c’est de la pure barbarie. Et bien non ! C’est une tradition. Nous n’en avons cure ? C’est entendu, mais « ils » sont déjà trop nombreux pour leur tenir tête. Alors ? Que Gaïa aille se faire voir et Brigitte Bardot aussi par la même occasion.
À comparer : l’attention bienveillante portée par nos élus à ce populisme religieux, aussitôt malveillante dès qu’il s’agit d’un populisme social et politique.
Pour ne pas quitter le sujet de la magie des religions sur les esprits, l’Occident fut longtemps marqué par l’idée chrétienne de la culpabilité de l’homme. La sortie du paradis fut la malédiction originelle qui entraîna l’homme à travailler par contraste aux temps heureux où il ne fichait rien du matin au soir, dans l’abondance offerte par dieu et encouragé, ô divine surprise, à ne rien foutre ! Un vrai anti-Forem, le paradis…
C’est pour en être sorti, que l’homme a commencé d’en baver, disent les gens qui savent tout !
Le Moyen-âge ne faisait aucune distinction entre le condamné à casser des cailloux et l’artisan exerçant un métier, qu’il soit serf ou homme libre.
Ce sont des protestants qui ont introduit l’idée que le travail est une offrande à dieu, et est donc l’équivalent d’une prière.
C’est à partir de cette vision des choses que des petits malins se sont mis à organiser le travail des autres à leur profit, allant même jusqu’à s’inclure dans la masse des malheureux à seule fin de passer inaperçus pour mieux tromper le « pécheur ».

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Les uns ont usé de la force brutale, des châteaux-forts, des hommes d’arme, les autres s’organisant autour des monnaies passe-partout, plus pratiques que le troc, dans des officines à proximité des marchés et des autres activités, en devenant progressivement les maîtres.
Le capitalisme était né.
Maw Weber a raison, lorsqu’il situe l’origine du capitalisme moderne dans la morale protestante.
Voilà pourquoi, les Grecs doivent redoubler d’ardeur au travail pour un salaire moindre sur l’injonction de gens qui ne foutent rien, par rapport à une journée de travail d’un pauvre.
De Juncker à Hollande, de Merkel à Michel, de Verhofstadt au pape François, aux imans et aux chefs musulmans divers, même combat : faire bosser les croyants !
Et ça marche !...

8 août 2015

Les mensurations de Caroline.

Et si on répondait par un peu de philosophie, aux bêtises conjuguées sur les salaires des édiles communaux par la Dernière Heure et l’interviewée, Caroline Van Wynsberghe, politologue à l’UCL, ?
On se souvient, 95 % de passifs pour 5 % d’actifs (voir le blog précédent).
Non pas afin de poursuivre le débat sur la disparité entre le cash du travailleur de base et celui qui le représente au niveau communal, mais du dédain purement intellectuel affiché de la politologue des 95 % de la population (nous ne chipoterons pas sur les pourcentages) ! Madame Caroline Van Wynsberghe, fut un peu poussée dans le dos, il faut le dire, par l’employé de la Dernière Heure. J’eusse aimé qu’elle développât le thème.
95/5, voilà qui rappelle presque le vote censitaire d’il n’y a pas si longtemps.
Puisqu’il y a été question de règles, Oscar Wilde a son opinion que je partage « Il ne faut pas traiter les hommes selon les règles, mais comme s’ils étaient des exceptions. »
Si l’opinion publique est l’instrument de l’intolérance (le fameux populisme), elle n’en est pas la source. Les « caprices » de l’opinion se résument depuis deux mille ans à l’expression « La Roche Tarpéienne est près du Capitole ». Voilà qui ne fait guère trembler nos Illustres aujourd’hui, depuis qu’ils conduisent les gens par le bout du nez. Mais, ce proverbe n’exprime pas que les aléas de la condition humaine. Il sous-entend aussi la volonté des 5 % de cacher les causes de leur tyrannie.
Si l’expression signifie que le peuple est versatile et capricieux, Caroline et la Dernière Heure font un pas de plus, en affirmant implicitement, que ce peuple est méprisable. Nier que 95 est un chiffre supérieur à 5, en est une preuve mathématique.
Le peuple du bas n’est ni pire ni meilleur que les dirigeants, la bassesse n’est pas toujours où l’on pense. Certaines causes du comportement versatile du peuple ont des noms. Ce sont les agents provocateurs, le fiel de certains dirigeants et surtout le matraquage des médias pour faire admettre aux 95 % que les 5 % ont raison, quoi qu’il arrive, voilà ce qui dilue dans l’opinion les poisons que le peuple ingère sans s’en apercevoir.
Ce n’est pas au cœur de la foule qu’il faut traquer l’intolérance, mais dans les cerveaux calculateurs de ceux qui la guident.
Qui nous dit que lorsque Charles Michel tranche entre deux propositions, soit desserrer un peu la corde autour du cou des travailleurs, soit donner quelques avantages supplémentaires à ceux qui se comptent parmi les 5 %, qu’il opte pour la seconde au motif qu’il y est conduit par l’espoir d’offrir plus d’emplois en la préférant ? Et si c’était par réflexe de caste, comme tendrait à nous le faire croire cet afflux de riches résidents français qui viennent en Belgique parce qu’ils y paient moins d’impôt ?
Que vaudrait encore l’opinion prépondérante de ces 5 % si les 95 % avaient la conviction que Charles Michel est un menteur ?

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Souvent, l’opinion publique est mise en condition. Dans cet exemple, on lui commande d’admirer l’action d’un premier ministre, lors même que les mesures qu’il met en route pourraient être interprétées comme étant le fait d’un ennemi des 95 % !
Ce qui est certain, c’est que l’opinion publique n’aime pas les actes qui ne sont pas en accord avec les paroles. Et la difficulté consiste à prendre Charles Michel la main dans le sac dans l’exemple cité. Il n’est tout de même pas stupide au point d’expliquer dans une crise de conscience, qu’il aime les riches et que son vœu le plus cher est de s’enrichir à son tour. Alors qu’il a persuadé pas mal de citoyens qu’il prend l’argent du peuple, pour le changer en emplois et bien-être.
Pourquoi les milieux de la politique et de la finance étouffent-ils, tant qu’ils le peuvent, les affaires qui traitent d’escroquerie et de prises d’intérêts illégaux, des personnes de leur condition?
Parce qu’ils risquent l’amalgame de l’opinion sur l’une ou l’autre méchante affaire (par exemple celles de MM. Serge Kubla et Armand De Decker dont on n’entend plus parler) à l’ensemble des 5 %. Conclure que l’apparence est mensongère, la dignité l’est aussi. Or cette dignité est primordiale, elle correspond au justificatif qu’une fonction apporte tel pourvoir et corresponde à tel encaissement d’euros.
Si la dignité n’est pas méritée, c’est parce que la promotion a été mauvaise. Donc le système fait souffrir inutilement le peuple et celui-ci ne sera pas récompensé de son sacrifice.
Voilà une conclusion qui ne donne pas cher de la peau des 5 %.
Conclusion hâtive, certes, et à laquelle la Dernière Heure et, cela va sans dire, Madame Caroline Van Wynsberghe auraient difficile à se rallier.

7 août 2015

Mensuration de rêve ?

Depuis la diplômée Ska, on se perd en conjectures sur l’intelligence des plus célébrés spécimens de notre société de consommation. À moins que ce ne soit encore un coup de plumes ébréchées des journaux en panne d’infos, en ce fichu mois d’août.
Sur le podium d’été, Caroline Van Wynsberghe, politologue à l’UCL, dans un numéro « porte ouverte » pour les enfonceurs dont c’est leur spécialité et qui trouvent dans « La Dernière Heure » de quoi enfoncer.
Elle a droit au Manneken-Pis d’honneur par cette phrase digne d’anthologie « Dire qu’un politicien gagne trop est une "idée reçue" ».
La suite de l’interview a le charme désuet du style Napoléon III.
Interrogation de la charmante par le préposé au remplissage du mazout dans les cuves du journal « Que penser de la rémunération des échevins et des bourgmestres ? Sont-elles exagérées ? ».
Réponse de la diva du jour "Cela demanderait un débat plus large, celui des rémunérations dans l’ensemble du système politique belge. Celui-ci n’est pas du tout le même qu’en Suisse. En Belgique, contrairement à la Suisse, on fait plus souvent une vraie carrière politique. C’est en même temps plus difficile dans notre pays de porter l’étiquette d’un parti politique et d’aller continuer sa carrière dans le privé. Dans ce système, il faut des rémunérations plus importantes."
On pourrait s’arrêter là et décortiquer l’épi de maïs pour tenter d’en broyer quelques graines.
Peine perdue. Bornons-nous de constater que la Suisse avec ses intermittents du pouvoir politique est restée une vraie démocratie par l’alternance des vocations, alors qu’en Belgique, la politique s’inscrit dans les carrières professionnelles d’un civisme mensualisé, qui n’a plus rien à voir avec la gestion du bien public, puisqu’elle est faite comme dans le privé dans un but de carrière et d’enrichissement.
Passons rapidement sur le remplissage oiseux des heures chaudes d’août. De toute manière, on n’achète plus les journaux pour les lire, mais pour les survoler.
Le préposé des bureaux désertés du journal a une inspiration. Il pose une question tout en indiquant au cerveau de l’UCL le sens dans lequel il espère la réponse.
« C’est parfois trop simpliste de dire "les politiques gagnent trop" ? »
Comment voulez-vous quand on introduit le mot « simpliste » dans le sens de simplet, répondre autrement « qu’en effet, ce n’est pas très intelligent » ? Á l’UCL on dit « idée reçue ». Et ils en connaissent un rayon à l’UCL, des idées reçues. Heureusement, ils ne pratiquent que les « bonnes » idées reçues ! Les autres, on sent venir les mots… sont des idées reçues populistes.
Enfin voilà la réponse de Caroline Van Wynsberghe :
" Oui, cela reste une idée reçue. Cela dépend du point de vue selon lequel on se place. Si on compare par rapport à un député ou un chef d’entreprise, ou par rapport à un ouvrier ou un enseignant. Tout dépend où on se place. C’est pour cela qu’on a des barèmes pour fixer des règles. "
La voilà bien la société des règles et intérêts commerciaux et accessoirement civiques ! Il y a 5 % de chefs d’entreprise et de carriéristes professionnels politiques et 95 % d’éberlués ! Lorsqu’on plafonne à 10.000 € le mois les salaires de nos édiles communaux, la plupart des travailleurs n’arrivent pas à 1500 € le mois !
Comment comprendre que le mazouté du journal et l’intelligence sur pied du terreau des grands esprits abondent dans cette haute considération des 5 % avec lesquels ils sont d’accord, et qu’ils font consensus sur l’impasse de l’opinion des 95 % restant, alors qu’ils sont eux-mêmes dans ces derniers ! Sinon que nous ne sommes pas en Suisse et que la démocratie à la Belge s’appelle « la minorité friquée agissante ».
Une seule réponse : ces indigents gloseurs sont convaincus que les 95 % de citoyens ont tort de ne pas penser comme eux, parce les râleurs réfléchissent en populistes et que le populisme aujourd’hui est pire que le marxisme il y a un demi siècle !

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Maintenant qu’un échevinat à Molenbeek ou Ixelles (environ 7.500 € mensuels brut) rapporte plus qu’un mayorat à Berchem (6.275 €) ou à Auderghem (7.078 €), qu’est-ce que vous voulez que ça me foute ?
Plutôt que de remplir les colonnes du journal de la propaganda abteilung de ces batteurs d’estrade qui nous piquent tout notre pognon, le dépendeur d’andouilles de la Dernière Heure aurait mieux fait de demander les mensurations de Caroline Van Wynsberghe.
Si elle nous avait boni de sa petite voix d’ange « Taille : 173 cm, Tour de taille : 61 cm, Tour de hanches : 71 cm, soutif 85 A (le rêve) Poids : environ 66 kg » …on était preneur. Enfin, le Rouletabille en solde aurait fait un vrai métier d’aoutien journaliste.

6 août 2015

Des houris et des gnomes.

(Version turque des « Souris et des Hommes » de John Steinbeck.)

Au temps où Barroso endormait l’Europe de ses propos lénifiants et que Herman Van Rompuy tuait les après-midis de bureau en écrivant des haïkus, ceux qui dénonçaient la Turquie comme alliée potentielle des insurgés islamistes damant le pion des « bons » insurgés contre le régime de Bachar el-Assad, passaient pour des antieuropéens.
J-C Juncker, ex premier ministre du Grand Duché était alors partisan d’une accélération des procédures afin d’intégrer ce grand pays du Moyen-Orient dans l’Europe, ce en quoi il suivait déjà à la lettre la politique des États-Unis à cet égard, pas gênés du tout de s’immiscer dans les affaires européennes pour la « bonne cause ». Évidemment qui dit politique américaine, dit politique belge, nos foudres de guerre disaient pareil, ainsi que la plupart des États vivant un œil braqué sur la politique américaine et l’autre sur leur économie.
C’était il y a un an, c’était il y a un siècle.
Le voile s’est déchiré peu à peu. Les citoyens avaient vu clair déjà avant, du temps où Juncker les appelait « populistes » avec le mépris des parvenus grâce au peuple, mais qui n’en ont plus besoin pour la suite de leur carrière.
Ciel, voilà que les élites s’aperçoivent qu’Ankara a longtemps soutenu économiquement et militairement l'État islamique et que les populistes avaient raison.
Comme il faut bien entendu que d’autres mauvaises raisons remplacent les anciennes qui ont fait long feu, J-C Juncker, qui a décroché l’emploi qu’il convoitait à l’UE, trouve que les mêmes retombent dans leur péché et font du populisme sur les questions touchant l’immigration clandestine, dans la défense des Africains venus tenter leur chance à Calais pour toucher le Graal à Douvres.
Voilà bien la politique d’esquive du Luxembourgeois qui consiste à détourner l’attention d’un problème où il n’a pas brillé par l’intelligence, pour focaliser l’opinion sur un autre.
Peut-on, à la fin, vider le premier abcès, avant d’en débrider un autre ?
Puisque l’Europe s’est trompée à propos de la Turquie, est-il possible d’arrêter d’admirer Erdogan, parce qu’il a ouvert ses aérodromes à l’aviation américaine ?
Cette admiration, on pouvait encore la lire dans les journaux juste avant la bronzette des « fines » plumes « La chasse américaine dorénavant à la frontière syrienne – Le geste de la Turquie, etc ».
Est-ce qu’on peut enfin laisser la parole à l’opinion ? Oui, la démocratie est en panne, parce qu’on craint la Turquie en qualité de grand exportateur de mains-d’œuvre et de croyance islamique sur tout le territoire européen !

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Daech a eu longtemps le soutien de la Turquie et l’a encore économiquement. Pour combattre les islamistes la preuve du jeu double mené par Ankara a été apportée il y a plusieurs mois lors du fameux raid mené par les forces spéciales américaines contre Abou Sayyaf en Syrie. Les documents trouvés lors de l’opération montrent sa relation directe avec des officiels turcs (le Guardian). Les marchés portaient sur le marché noir de pétrole et du gaz, avec des revenus pouvant atteindre 10 millions de dollars par jour.
On s’étonne que les liens existant entre la Turquie et Daech n’aient eu aucune conséquence sur les relations entre Ankara et ses alliés occidentaux. L’intervention militaire de l’armée d’Erdogan contre les intégristes qui a été saluée par les hourras de la presse européenne était avant tout dirigée contre les Kurdes… qui luttent contre Daech.
On se demande même si la Turquie, dans la politique de son nouveau sultan, n’a pas mis au monde un monstre que plus personne ne saurait arrêter ?
Et comme on est complaisant et chaud partisan des Turcs en Europe, pour leur faire plaisir on place toujours le PKK sur la liste des terroristes, ce qui permet à la Turquie de « liquider » la population kurde à la façon « arménienne ». Ainsi, il y a moins de témoins !
En restant l’arme au pied devant Kobané (la ville kurde à la frontière turque) l’armée turque a révélé la vraie image d’Erdogan. Quelques mois plus tard, cette politique se confirme par la volonté de recommencer la guerre intérieure contre la forte minorité kurde (40.000 morts déjà), en donnant comme gage de bonne volonté quelques escarmouches contre les guerriers de Daech.
Et bien, Messieurs les censeurs, on ne dira jamais assez que les populistes avaient raison sur ce coup et vous, grandement tort.

5 août 2015

Goblet : Skatologue…

Bataille d’été, on aurait dit « bataille de polochons » en hiver, entre Marie-Hélène Ska, toute éblouie d’elle-même d’avoir fait des études et Marc Goblet, caricature de l’ouvrier qui a réussi.
Évidemment, on est à la plage et on n’a pas envie de se prendre la tête sur un programme contre le réchauffement de la planète. Les huiles solaires sont de plus en plus efficaces.
Un beauf replie son journal et s’adresse à la couguar à la recherche du temps perdu, son épouse depuis vingt ans.
– C’est Marie-Hélène Ska qui…
– Qui ?
– Quoi ?
– Marie-Hélène Ska qui…
…et ainsi de suite, jusqu’à l’arrivée du serveur avec les apéritifs « Maison ».
Donc Marie-Hélène pour faire son intéressante a craché quelques flammes sur le vieux pruneau du sérail dirupolien, Marc Goblet.
Elle n’aurait pas dû, car, comme elle le dit très bien « nous sommes complémentaires ».
Ils entrent dans le parfait moule dont on fait les apparatchiks. Ils sont les leurres parfaits de fausses courroies de transmission entre la force ouvrière et la force des décideurs de partis.
Ils sont tellement complémentaires qu’ils se détestent réellement. Voilà deux égos parfaitement dissemblables avec les mêmes buts, l’un finir une belle carrière parti de rien et arrivé à tout, et l’autre nantie d’un diplôme et dispensée ainsi de partir de rien, pour toucher au même résultat.
Madame Ska détesterait entrer au parti socialiste. On la comprend. Elle n’y ferait qu’une carrière de faire valoir dans une obscure salle de café, baptisée local, à entendre les raclements de gorge qui tiennent lieu de discours des ex rouges qui se prennent pour Jaurès. Non pas qu’elle ait omis d’être en règle de cotisations, mais parce qu’elle ne serait pas chaptalisée par une Loge du coin, ni recommandée, au plus haut degré, par une ancienne maîtresse de Guy Mathot.
De même Marc Goblet répugnerait s’asseoir sur d’anciens prie-Dieu reconverti en tabouret de bar, en attendant le passage de Benoît Lutgen, pour un adoubement problématique d’une carrière de syndicaliste.
Joëlle Milquet et Gérard Deprez le jurent, ils n’ont jamais vu Benoît soulever une seule chemise d’un dossier de madame Ska. C’est ainsi que le secrétaire général de la Confédération des syndicats chrétiens (CSC), Claude Rolin, de même que Josly Piette n’ont jamais profité de leur proximité avec le CDH pour finir une carrière syndicale dans la sinécure d’un mandat politique. Madame Ska en est persuadée. Qu’elle essaie d’en persuader Anne Delvaux est autre chose.

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Tout ce qu’on sait, c’est Goblet qui nous l’apprend dans sa réplique. Madame Ska est en vacances. Ils ne prendront le sandwiche et le café ensemble qu’à partir du 17 août.
Le vieux lion ignore dans quel paradis tropical madame Ska se fait rosir les fesses. Il aurait été heureux de nous l’apprendre. Personne n’en doute.
Dans le fond, ils s’entendraient comme cochons, s’ils étaient sincères comme Anne Demelenne, qui céda son fauteuil de la FGTB à son ami Marc. Lors d’une réplique à un besogneux de la plume ne s’est-elle pas écriée spontanément à propos du salaire minimum « Comment peuvent-ils vivre avec si peu ? Moi, je ne saurais pas ! ».
Et s’il fallait départager les deux sur cette question banale, j’aurais des doutes, quoique j’aie tendance à considérer Marc Goblet plus à l’aise, avec un petit pécule le cas échéant, que la bardée de diplômes.
Et dans ce sens, je trouve comme Goblet « La déclaration de Ska imbécile », comme étant la réflexion d’une parvenue qui ne sait pas qu’elle s’adresse aussi à des gens diplômés, sinon plus diplômés qu’elle, et qui courent les rues à la recherche d’un emploi. Du reste, le maître à penser de Marc, le bon génie montois est de cet avis « Ska insulte une partie de ses militants »
Que voulez-vous, les vacances se traînent. Il faut bien dénicher quelque part une belle oiselle, parlant bien, technicienne verdasse et chef de la glose syndicale, pouvant raisonner et qui finit par lâcher des conneries, au même titre que l’illettré d’en face, encore que, lui au moins, a des excuses.
C’est ça finalement, qui est réjouissant et profondément humaniste ! Les cons sont également répartis dans toutes les couches de la population. C’est la seule égalité possible, car elle est un fait de nature.

4 août 2015

Un evzone montois.

Yanis Varoufakis, ministre des finances démissionnaire de la Grèce, avait préparé un plan B afin de trouver une parade au cas où le Grexit chasserait les Grecs de la zone euro. Élio Di Rupo en avait un aussi. L’a-t-on oublié ?
Oui, sans doute, on a oublié, le monde oublie si vite… quatre ans déjà ! Pourtant, le plan B de Di Rupo, n’est pas si vieux, c’était le 11 septembre 2011.
Le journal De Morgen révélait le contenu d’une réunion confidentielle quelques jours plus tard, qui avait eu lieu dans l’appartement bruxellois d’Elio Di Rupo, à cette époque formateur.
Était-ce bidon ? Le formateur avait-il en cas d’échec de sa tentative de former un gouvernement, l’intention de le présenter aux instances wallonnes régionales ? Avait-il, ce jour là, toute sa tête ?
Était-ce prémonitoire ? On ne saura jamais rien de tout cela. Le président du PS est muet là-dessus.
Il serait quand même bon de rappeler l’événement. Les conditions actuelles de gouvernement sont les signes avant-coureurs d’une législature suivante hasardeuse. Un Charles Michel minoritaire dans sa Région, acoquiné avec la N-VA dont il disait pis que pendre, un mois avant d’être appelé par le roi pour se lancer dans l’aventure, un Bart De Wever qui a toujours voulu le confédéralisme, un Kris Peeters qui suit la N-VA de près et qui n’est sûr de rien… les petites gens étranglés par un libéralisme à la flamande, des MR piégés… c’est du kamikaze signé Michel, ça, madame !... La bourgeoisie au pouvoir danse sur un volcan !
Revenons à ce mois de septembre 2011 de tous les dangers. Il y avait quand même du lourd dans la garçonnière bruxelloise du plus grand Montois de tous les temps. Ce qu’on ignore, c’est que l’actuel premier ministre, Charles Michel, était parmi les comploteurs, outre lui, il y avait Anne Poutrain, la conseillère de Di Rupo et le président du FDF, Olivier Maingain.
Pas satisfait du tout sur la scission de l’arrondissement judiciaire de Bruxelles-Hal-Vilvorde, Olivier Maingain aurait exigé de Charles Michel qu’il fasse sauter les négociations. "Il y a des choses plus importantes que BHV, comme la sécurité sociale", aurait alors déclaré Elio Di Rupo, qui tenait à se présenter avec l’étiquette de premier ministre à ses concitoyens montois, dont il goûtait par avance l’émerveillement. C’est là que Maingain aurait eu cette interrogation prémonitoire : "Mais croyez-vous vraiment que toutes ces concessions sur BHV vont sauver le pays pour 10 ou 20 ans ?". Quatre ans plus tard, on sait qu’il n’avait pas tort.

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La réplique de Di Rupo en dit long. La vision de cet homme d’État, sur le futur de la Belgique est pessimiste et cynique à la fois "Non, mais nous devons faire un choix. Et après l’accord institutionnel, les francophones se mettront à travailler ensemble sur un plan B. C’est une certitude."
De Morgen a vérifié ses sources. Pour l'heure, aucun des participants n’a envoyé de démenti.
Il se pourrait bien que le plan B n’était qu’un bouteillon destiné à faire peur, mais il y a de fortes chances pour qu’il ait bel et bien existé. Il aurait été destiné à être la réplique « cinglante » de la Wallonie à Bart De Wever. Quatre ans avant le Grexit, le Wallonexit ? Ah si madame Poutrain voulait parler !
Il serait bon que nous ayons d’autres journalistes, plus libres et moins scotchés à leur carrière, pour vider le sujet.
Retrouvera-t-on un jour la boîte noire dans la Dyle ?
Si c’était un effet de propagande, ne serait-il pas temps d’en imaginer un authentique et avec la participation de la population francophone, si possible ?

3 août 2015

Toujours la Grèce…

Le mot d’ordre est bien simple et vaut pour toute la zone euro : fichez-nous la paix avec la dette grecque. Nous en reparlerons en septembre disent les vacanciers qui partent à la baignade.
Eh bien non ! Tandis que l’Europe officielle célébrait un accord sur la dette, l’opposition au contentement extatique de la politique de l’Allemagne, de la Belgique, de la Hollande, de la Pologne et des autres pays croupions de l’orthodoxie de madame Merkel, s’élevait sur les conditions du prêt rendant impossible son remboursement.
Non seulement trois semaines plus tard rien n’a vraiment été réglé, mais il semblerait que la situation soit pire encore avant le « non » au référendum. Ce qui n’a pas empêché les créanciers de la Grèce de relancer la machine à privatiser. Ils sont chez eux partout dans un pays où tout va à l’encan. C’est toujours sur ceux qui ne peuvent pas se défendre, que les créanciers font les meilleures affaires. Mediapart note « La Troïka, que Syriza avait promis d'écarter du pays, est revenue à Athènes cette semaine. Objectif : préparer le nouvel accord de prêts et de mesures budgétaires qui doit être entériné d'ici le 20 août à Bruxelles. Au centre de ce « mémorandum » figure un nouveau programme de privatisations. L'histoire se répète. »
L’opinion européenne s’en fout, elle est arrivée à la plage, au soleil et s’endort au bruit des vagues.
Tsípras est reparti dans le cauchemar d’une tournée des prêteurs sur gages : Commission européenne, BCE, Mécanisme européen de stabilité (MES) et Fonds monétaire international (FMI). Cette fois la négociation estivale porte sur l'octroi d'un nouveau plan d'aide, le troisième depuis 2010, d'un montant de 86 milliards d'euros. la dette qui atteint 175% du PIB n’est pas toujours remise en question.

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Les milieux conservateurs de l’Europe, dans lesquels brillent Charles Michel, grand admirateur de Wolfgang Schäuble, parlent à nouveau d’un Grexit temporaire. Seul Michel Sapin s’y oppose.
Par ailleurs, John Bogle, le fondateur du groupe financier Vanguard, décrit dans le magazine Time le marché financier dans les filets duquel on asphyxie un peuple «Le métier de la finance est d’apporter du capital aux sociétés. Nous faisons cela avec 250 milliards de dollars par an sous forme d’introductions en Bourse de société et d’augmentations de capital. Qu’est-ce que nous faisons d’autre? Nous poussons les investisseurs à échanger environ 32 000 milliards de dollars de titres par an. Donc si je calcule bien, 99% de ce que nous faisons dans cette industrie consiste en des échanges d’une personne avec une autre dans le seul intérêt de l’intermédiaire. C’est un gâchis considérable de ressources.» …et c’est en même temps prendre les peuples pour des poires.
Quelqu’un a dit des banques d’affaires américaines, ce qui pourrait tout aussi bien convenir aux banques d’affaires européennes « qu’elles travailleraient une semaine par an et fermeraient leurs portes le reste du temps sans que cela ait un impact sur l’économie réelle » !
Pendant ce temps, on peaufine la mise à mort de la Grèce. À se demander si les fonctionnaires de l’Europe ne sont pas pires que les banquiers.
Dans le texte final de l'accord trouvé au sommet de la zone euro au terme de 17 heures de négociations, on découvre la mise sur pied d'un programme de privatisation d'actifs censé générer « 50 milliards d'euros »… Sauf que les mêmes propositions avaient déjà été faites en février 2011 !
Et tandis que la torpeur d’été envahit les médias, que les économistes sérieux se sont lassés de dire toujours la même chose, les séjours en Grèce sont à présent aussi attractifs que les prix en Tunisie. Le trop plein de touristes se déverse dorénavant du Péloponnèse aux Cyclades proportionnellement à la décroissance des hôtels de Hammamet et de Tunis. Ce qui démontre bien que les grands usuriers tueurs de peuple, font moins peur que les coupeurs de tête de chez Daech.
Pourtant, d’après l’Histoire du monde, la finance est supérieure aux intégristes quand au nombre de victimes. Bien sûr les techniques ne sont pas les mêmes. Les médias exercent aussi dans la relation de leurs exploits respectifs, un rôle certain en faveur du crime en costume et cravate.

2 août 2015

Au théâtre, ce soir…

Tragédie ? Non, comédie !
C’est surtout vrai en politique, même dans le drame on cherche des effets comiques, des situations drôles, des occasions de concurrencer les jeux vidéo, ces amusements préférés de la génération montante.
Pourtant la politique conserve ses amateurs. Des fans absolus qui connaissent tous les acteurs, parlent de leurs jeux, de leurs manies, des tics de quelques uns. Qui ment et qui ne ment pas ? Le public a tendance à croire que le jeu d’acteurs est meilleur dans la majorité. Par contre les acteurs dans l’opposition jouent avec plus de sincérité.
De toute manière, la politique est un grand théâtre. Ce qui s’y dit n’est à proprement parlé, ni réfléchi, ni écrit par l’acteur lui-même. L’acteur peut très bien jouer le Cromwell de Hugo en matinée (pièce difficile) et « Feue la mère de madame » en soirée, sans se tromper de registre. Un collectif d’économistes écrit les pièces nouvelles. Les éditeurs propriétaires des théâtres sont des financiers.
Le plus souvent, les acteurs miment l’amour qu’ils portent aux électeurs, sans y croire. Il leur arrive de mimer la colère, histoire de douter de la sincérité des acteurs qui jouent au théâtre d’en face.
Après le spectacle, ils se réunissent tous dans un café-brasserie à l'abri du public. Ils commentent les jeux de scène dans un esprit de camaraderie.
Jouer l’amour des électeurs est ce qu’ils préfèrent. Ils y sont tellement habitués qu’ils n’ont pas besoin d’oreillette. Le public croit que les mots leur viennent du cœur, mais c’est de leur mémoire. Tous les comédiens en témoignent, pour bien jouer en politique, il ne faut pas avoir de cœur. Celui qui vise le bien public, ne fait pas de vieux os dans le métier.
Ils citent souvent Ronald Reagan en exemple. Il est passé du western à la présidence des États-Unis, en 1980, sous un tonnerre d’applaudissements. Dans le métier, on peut n’avoir aucune idée et être un merveilleux interprète. Reagan, de toute évidence, était un acteur médiocre à Hollywood.
Parfois, il suffit de bien choisir l’entourage. Olivier Chastel, habilleuse et Gérard Deprez, maquilleuse MR-MCC, sont des chômeurs remis au travail, sans la conviction des pros. Didier Reynders reprendrait volontiers le rôle de jeune premier. Certains pensent que la carrière théâtrale de Michel sera brève. Pourtant issu d’une lignée d’acteurs, on aurait imaginé le contraire, tels les Sardou ou les Brasseurs. Il avait pourtant toutes les chances de jouer les grands rôles, avec papa derrière.

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Dans les démocraties modernes, on ne choisit plus son candidat en fonction de la pièce à jouer (tout le monde sait que les promesses ne sont jamais tenues).
À force de trop jouer, la forme devient plus importante que le fonds.
Ce n’est pas nouveau, le paraître a pris le pas sur l’être. Les acteurs méprisent la critique. Ce faisant, ils méprisent aussi le public. Moralité, les gens délaissent l’art de la politique.
On finit par n’applaudir que l’apparence : la pochette tricolore et la cravate bien mise. Dans la pièce actuelle jouée de l’autre côté du Parc, le jeune premier n’a plus de cheveu et joue avec un postiche le Mariage de Madame Beulemans. C’est un mariage gay, le futur marié est Flamand et refuse de parler en bruxellois. On rit, c’est toujours ça.
De toute manière, ceux qui ont des idées n’ont aucune chance de présenter leurs œuvres aux directeurs des théâtres, voilà longtemps qu’ils sont de partis pris.

1 août 2015

Une taxe ? Non : du vol !

L’écrivain anglais Chesterton, mort en 1936, était connu par son esprit original. On lui doit notamment dans un de ses romans « Les cambrioleurs respectent la propriété. Ils veulent juste que la propriété, en devenant la leur, soit plus parfaitement respectée. » C’est exactement ce que fait Charles Michel avec sa nouvelle marotte, tax shift, qui est l’application d’un principe de diminution de l'imposition sur le travail, permise par une hausse de la fiscalité sur la consommation. On prend dans une poche pour remplir une autre. Et cette autre n’est rien que celle des industriels dans le cercle duquel, Charles Michel est à l’aise. Malheureusement, la poche qui se vide, c’est la nôtre.
Toujours du même Chesterton « La démocratie fut faite pour atteindre de plus près le gouvernement réel, non pour s’en écarter ». En offrant à quelques-uns les bénéfices du travail du plus grand nombre, il me semble que Charles Michel s’en écarte considérablement.
Bien entendu, à cette spoliation il faut un bon prétexte. Rien de tel qu’un objectif louable, comme celui de la réduction du nombre de chômeurs, par l’effet qu’une plus grande richesse des industriels ne peut que profiter indirectement à l’emploi.
C’est vraiment une idée féodale digne de papa Louis que son fils Charles a eue. Elle consisterait à dire que plus le maître du château est riche, plus il a de domestiques. On se souvient du proverbe « quand il pleut sur le curé, il goutte sur le sacristain ».
C’était peut être vrai jusqu’en 1900, à l’ère de la robotique et de la mécanisation généralisée jusque dans les champs, ce ne l’est plus.
Il n’est pas dit que les entreprises qui se verront allouer plus de cash vont se dire « puisque je gagne plus, je vais embaucher. Un entrepreneur intelligent va d’abord « moderniser » son entreprise par l’achat de machines qui ont souvent pour effet de licencier du personnel. Il faudrait donc que l’entrepreneur se dise « puisque j’ai plus d’argent, je vais diversifier mon entreprise et augmenter ma production par construire ou acquérir autre chose ». En général, il regarde autour de lui et s’agrandit en fusionnant ou en absorbant un concurrent, d’où source nouvelle d’occasions de rationaliser l’emploi et de liquider du personnel.
Mais la tax shift est là et la source de nouveaux revenus étant celle des portemonnaies de tous, l'Etat y viendra grappiller des euros.
La tarte à la crème des dirigeants qui manquent d’imagination pour arrondir les fins de mois de l’État a toujours été la hausse de la TVA. Celle de l'électricité, on va la sentir passer dans tous les ménages et surtout les plus pauvres qui n’ont pas leur petite centrale voltaïque sur le toit.
Il n’y a pas deux ans, Charles avait applaudi la TVA à 6 % ! Et voilà qu’il remet la même combine de facilité en route ! Il est vrai qu’il n’est pas à une contradiction près. Il suffit de revenir à la période électorale précédent cette législature sur les discours anti Bart De Wever de la girouette libérale au pouvoir !

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La TVA et les accises sont les poisons qu’une droite fascisante peut faire passer le plus facilement sans trop se dévoiler. Cette taxe présente l'avantage d'être payée par tout le monde, donc payée à 90 % par les plus pauvres du royaume.
On ne peut pas dire que ce soit le privilège de la droite, le PS a employé « l’arme fatale » aussi, mais avec l’électricité et les accises, on peut dire que Charles y met un assez gros coup, alors que ce gouvernement n'a pas osé s'attaquer aux tabous fiscaux de l'économie ! La mini taxe sur les plus-values spéculatives doit rapporter tout juste 28 millions, Idem l’affaire des voitures de société (Bart a dit « niet »), comme l'impôt des sociétés qui fait pssschttt, avec ses niches fiscales où il fait bon s’y planquer, au point que les seuls investisseurs étrangers que nous attirons sont des fraudeurs dans leur pays d’origine qui viennent se refaire une santé sous le climat favorable aux riches de la Belgique Joyeuse. On pourrait presque dire « la Belgique de Papa » pour le cas Michel, si on se souvient que le vieux soupirait déjà contre la « rage taxatoire » (selon son expression qui fit florès). Il ne l’admettait pas, parce que les bénéficiaires n’étaient pas toujours les adroits coquins de la Belgique d’aujourd’hui !
Son fils a enfin rétabli la liste des bénéficiaires que papa Louis attendait.