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28 février 2018

Premiers et derniers.

La bizarrerie de certains raisonnements qui font pourtant l’essentiel de la cogitation commune, me surprendra toujours.
Depuis la nuit des temps, les sociétés humaines n’ont pu se développer qu’à grands renforts de discrimination et de différences sociales.
Tous les pays n’élèvent ou n’abaissent pas leurs populations de la même manière.
Tout qui s’est frotté à la science politique sait qu’aucune société n’a pu se passer de discriminations. La hiérarchie suprême à l’art de déléguer son pouvoir par doses infimes aux hiérarchies inférieures, caporalisées.
Les classements sont divers. La plupart des pays ont eu, en leur temps, des ressemblances communes de discriminations, roturiers et esclaves, serfs et manants médiévaux, Blancs et Noirs, patriciens et plébéiens, riches et pauvres, etc.
Pendant des siècles, ces discriminations ont été indispensables à la fondation d’empires et ont régi des relations complexes, donnant autorité de quelques-uns sur tous les autres, créant la notion de supérieur et d’inférieur.
Les hiérarchies ont ceci d’important, qu’elles reposent rarement sur le mérite et que la manière plus ou moins adroite de conduire les autres est essentielle. Qu’on appelle ça suffrage universel ou situation de haute responsabilité due à la compétence, toutes ne sont pas loin de l’arbitraire et du bon plaisir des Anciens Régimes. Elles supposent toujours une autorité qu’on la dise éclairée, de droit ou de fait. Toutes les Autorités ont un point commun, elles ne supportent pas d’être contredites.
La contradiction les irrite. Heureusement pour elles, il n’est nul besoin, le plus souvent, de montrer ce qu’elles peuvent faire en coercitions des récalcitrants qui n’ont pas compris. Des interdictions ou de simples menaces suffisent. Chacun doit s’intégrer à la place qui lui est assignée. La perspective de la prison, sinon le suicide social, suffisent le plus souvent.
Notre société s’est débarrassée officiellement du racisme qui discriminait principalement les gens de couleur, quoiqu’un fond de racisme reste présent dans toutes les couches sociales, ravivé depuis l’exode massif des populations du Sud vers le Nord.
Comme il était nécessaire de discriminer dans une société de type libéral, il fallait bien trouver un truc pour que l’ouvrier restât à sa place qui est la dernière et, qu’enfin, il ne la ramène pas trop quand les salaires des classes supérieures s’envolent.
On a donc créé une classe supérieure par mérite et diplôme, tout à fait artificiellement, l’intelligence ne se mesurant pas à la taille du parchemin, ni l’efficacité à l’examen théorique.
Comme c’était une soupape d’évacuation de la pression, on a dit à notre jeunesse qu’avec des diplômes, elle s’élèverait plus aisément dans une société ouverte à tous et récompensant tous les talents..

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L’ennui, ce sera dans dix ou quinze ans, quand un jeune sur trois aura un « bon » diplôme et l’exhibera pour en avoir le salaire, les deux autres étant voués à l’esclavage moderne.
Maggy De Block aura beau contingenté le nombre de médecins, les Parquets le nombre d’avocats, il y aura bientôt pléthore et la supercherie du diplôme éclatant au grand jour, il faudra trouver autre chose.
Après les médecins, les notaires et les pharmaciens (les officines sont contingentées), quelles seront les professions nouvelles à quota ?
Certainement pas les manuels. Plus il y aura de la canaille, mieux cela vaudra, aurait pu répondre un prince de jadis, plus franc et plus direct que la FEW et qui pourtant pense exactement la même chose.
Dans les professions manuelles, plus il y a du chômage et de la lutte pour les places vacantes, plus les salaires diminuent et mieux se portent les entreprises.
Une discrimination dont ne pourra jamais se passer le régime capitaliste, c’est bien la différence entre le riche et le pauvre.
C’est son moteur, sa raison d’être.
L’ascenseur social est un mythe, un de plus, qui canalise la pression, en répandant le mythe que chacun peut sortir de sa condition par le travail exemplaire. Quant à la promotion par le mérite, tous les héritiers et les chanceux à la roue de la fortune, soutiendront qu’ils doivent tout à leur talent.
Que voulez-vous, tant qu’une bonne moitié de la population croira à ces fariboles, ces Beaux Messieurs de Bois Doré, comme écrirait Georges Sand, auront encore quelques belles années.

27 février 2018

Tapis garantis Tournai, pas chers !

La Syrie étant un cas d’école, les apprentis ambassadeurs et les espions des grandes puissances se forment dans des classes qui étudient le va-et-vient d’alliés et d’ennemis qui se bousculent sur ce territoire, pour en sortir des thèses de fin d’étude !
Il est impossible de fournir la moindre explication au chaos qui règne dans ce pays, et encore moins pourquoi et au nom de quelle faction, des femmes et des enfants y meurent tous les jours.
Ce n’est pas moi qui vais pouvoir démêler l’écheveau, tout au plus vais-je m’étonner que l’accord du cessez-le-feu de l’ONU, voté à l’unanimité, soit nul et non avenu par l’univocité de ses conditions.
Comment se fait-il que tant d’experts des plus grands pays se soient à ce point plantés qu’un accord de cessez-le-feu ne serve à rien, parce qu’il n’était pas assez contraignant ?
J’entends bien que la Russie, puissance possédant le droit de veto au Conseil de sécurité, se soit réjouie de cela, mais les autres, complices sans l’oser pouvoir dire ou tout simplement dupées par le machiavélisme de Vladimir Poutine ?
Il a quand même fallu que des experts étudient l’accord avant d’être signé en grande pompe par les grandes puissances à l’ONU. Ils ont été au courant – enfin je l’espère – de ce que les Russes accepteraient ou refuseraient. Comment n’ont-ils pas vu que Moscou les menait en bateau, qu’ils n’accepteraient qu’un chiffon de papier ridiculisant les autres signataires ?
Ce couac permet à Bachar el-Assad de déverser son chlore favori et de faire tourner les trois avions qu’il lui reste dans les faubourgs de Damas, au-dessus du quartier de Ghouta (oasis en arabe) et avec les militaires russes, de pousser ailleurs son offensive contre ses opposants, au nom de la lutte antiterroriste contre Daech.
Dictateur depuis 18 ans, il semble bien acquis que Bachar soit vissé au pouvoir à Damas par toutes sortes de mauvaises raisons et que s’il triomphe un jour de son opposition, ce ne sera pas seulement la Syrie qui sera en état de sidération, mais le monde entier.
Ce sera la première fois dans l’histoire contemporaine, qu’un dictateur, bourreau de son peuple, puisse poursuivre impunément aux yeux du monde sa méprisable carrière de despote en ridiculisant les tenants de la démocratie, montrant la voie aux apprentis dictateurs, comme Erdogan.

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Il est vrai, de Kabila au Congo, en passant par Sissi en Égypte et en faisant un raccourci dans les Émirats et l’Arabie saoudite, les dictateurs ne manquent pas.
On se demande même s’ils ne sont pas en train de gagner la partie de bras de fer contre les régimes moins bottés et casqués, qui s’attachent encore à un semblant de démocratie, comme on en voit encore, par-ci, par-là, en Europe ?
Le fait est que les perspectives de solution restent sombres, alors que le mauvais exemple de Bachar séduit. Des dirigeants du Maghreb et du côté du Golfe sentent monter une vocation similaire.
Dans ce pot-bouille d’intérêts, c’est aussi le sort de l'Europe qui se joue.
Comment se fait-il que les Européens, séparés seulement de la Syrie par la Méditerranée, aient si peu de choses à dire sur ce qu'il s’y passe, alors que la Russie et les USA s’y livrent un combat singulier par factions opposées, dans la perspective de leurs seuls intérêts ?
La confusion actuelle n’est favorable qu’à deux camps. Celui de Bachar, évidemment, mais aussi celui d’Al Qaeda, qui refait surface en profitant de l’abaissement du sultanat avorté de Daech.
Malgré tout, l’Europe poursuit son commerce bien libéral, bien gras et florissant avec les voisins peu recommandables de la Syrie, au nom du commerce et des pétrodollars !
Le processus de paix de l'ONU, défini dans la résolution 2254 prévoyant un cessez-le-feu, était une galéjade de mauvais goût dans laquelle l’Europe - et pas qu’elle - est tombée, c’est le moment de trouver autre chose, pour que l’Europe ne se discrédite pas un peu plus et ne devienne pas la risée générale.
Le bon gros commerce libéral, un rien escroc, le reste malhonnête, est entré dans les mœurs des Occidentaux. C’est bien connu de tous, même des électeurs. Devant nos yeux de régionaux hallucinés entre la France et l’Allemagne, on voit bien comment vaque l’équipe Borsus en Wallonie. C’est le nouveau genre de l’Europe de droite, celle de Juncker et des Michel. qui prévaut désormais.
Il ne faudrait tout de même pas que nous nous spécialisions dans le commerce de tapis, avec notre meute de vendeurs eunuques.
Personne n’ignore comment finissent dans les prisons, ceux qui ont des allures de gazelle.

26 février 2018

Le labyrinthe.

Nous avons une conception du monde global relativement identique, celle de la nature et de l’humain, vivant dans un cadre défini depuis des temps immémoriaux.
Ce qui réunit des groupes d’individus jusqu’à être une nation, c’est de faire admettre pour vrai un ordre imaginaire, une histoire arrangée par des légendes autour de faits approximatifs « De tous les peuple de la Gaule, les Belges sont les plus braves » (1).
Les rois mages ont été conduits vers le berceau du Christ par la comète de Halley sur ordre de Dieu et non pas par un parcours réitéré jusqu’à nos jours, décrit dans la cosmogonie des sciences (2).
La société est une réalité objective découlant des lois de la nature et non pas un fourre-tout d’affrontements entre les espèces dominées par l’Homme (3).
Le marché mondialisé est le meilleur des systèmes économiques (4).
Sauf les esprits rebelles et critiques, le reste de l’humanité croit, par l’éducation systématique, à un ordre imaginaire. Les autorités ont même inventé des lois afin de punir ou de rendre plus prudents les téméraires qui s’entêteraient à penser que le monde imaginaire est moins réel que les réalités raisonnées de l’autre.
Si à présent tout le monde porte des jeans, si possible délavés et avec des trous laissant échapper les genoux, ce n’est pas dans un souci de rapprocher les destins du riche et du pauvre, c’est tout simplement la captation par le monde imaginaire de la mode et de la fantaisie.
Depuis Bourdieu, le vulgarisateur, les sciences humaines expliquent comment l’ordre imaginaire en est venu à codifier tout. De la même façon que dans une société de macaques, l’ordre est établi par un vieux mâle, le plus fort de la bande, les autres n’ont qu’à filer droit et obéir. C’est un peu le sens que la démocratie prend aujourd’hui.
L’ordre imaginaire inscrit dans notre esprit, par la nature des choses, est transposé de mille manières dans le monde matériel.
Depuis la plus tendre enfance, les mythes nous façonnent. Ceux d’aujourd’hui nous individualisent. Ainsi, peu à peu, nos désirs personnels deviennent les meilleurs défenseurs de l’ordre imaginaire. Sauf que nos désirs personnels ont été préétablis par l’éducation et ne nous appartenaient pas, en tout ou en partie.
On voit le cycle : monde imaginaire, éducation, désirs personnels, dérives et en bout de chaîne, renforcement du monde imaginaire.
Notre monde imaginaire nous entraîne vers un consumérisme romantique qui ne serait en soi, que la perspective d’une vie agréable, en attendant sa fin. Hélas ! ce consumérisme idéalisé n’étend pas ses bienfaits à l’ensemble de la société. À terme, la consommation sera réservée à de moins en moins de monde, jusqu’à son extinction complète.

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Il sera encore temps, disent les consuméristes, d’aviser plus tard...
Comme si un mythe, courant sur cinq générations au moins, pouvait cesser du jour au lendemain.
Nous avons devant nous un bel exemple, celui de l’électricité bon marché fournie de façon illimitée par les centrales à combustion de l’atome.
Relisez les envolées enthousiastes des années soixante. Le mythe fondateur avait été activé principalement par la gauche et les PS. La droite avait immédiatement embrayé dans l’espérance de profits énormes.
Nous avions cinquante ans pour résoudre le problème de la radioactivité et recycler des boues, dès lors que nous nous y serions attelés, en les rendant inoffensives, voire recyclabes.
Nous n’avons rien résolu et nous nous apprêtons à enfouir les déchets, faute de les retraiter, laissant aux générations futures le soin de prendre la suite. Les centrales atomiques qui seront démontées coûteront des fortunes, comme l’enfouissement. Endormis par le mythe d’une électricité inépuisable, nous avons négligé d’autres moyens de faire du courant, la géothermie, les centrales marée-motrice, les éoliennes, etc.
Un autre mythe auquel nous ne résistons pas et qui nous paraît être une réalité : le dollar.
S’il y a bien une monnaie qui relie l’imaginaire à un réel surjoué, c’est bien celui-là.
Un individu est incapable d’en menacer l’existence. Il suffirait que beaucoup de gens le veuillent par l’effet d’un nouveau mythe, pour que cela soit fait en un tour de main.
Un mythe, partagé par des milliards de gens, peut disparaître de la même manière qu’il s’est affirmé dans les esprits, puisque l’essence même d’un mythe est subjectif.
Pour changer un ordre imaginaire existant, comme le dollar, il faut lui en substituer un autre, le yuan, par exemple !
L’ordre imaginaire est un impondérable, un couloir de labyrinthe… Lorsque nous y entrons, nous ne savons pas qu’au moment où nous nous y engageons, les parois de ce couloir changent le tracé initial, par l’effet d’illusions nouvelles.
Nous abandonnons un mythe pour un autre, sans savoir que tous les mythes sont imaginaires et qu’ils n’ont force de loi que par le nombre de gens crédules qui les entretiennent.
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1. Dans les commentaires de la guerre des Gaules, Jules César ne veut pas dire du tout ce que nous nous sommes appropriés du sens de « braves », soit de la bravoure, mais une propension à porter querelles chez nos voisins germaniques, ainsi que notre peu d’enthousiasme à entrer dans la Pax Romana, par manque d’esprit et lourdeur (déjà !).
2. La fameuse étoile qui aurait guidé les Rois mages vers Bethléem pourrait bien être une comète mais certainement pas celle de Halley, car elle est passée 66 ans avant la naissance du Christ et 10 ans après celle-ci. Si Giotto avait choisi de la représenter dans son tableau de l'adoration des Mages, c'est uniquement parce que le passage de 1301 l'avait impressionné, mais il n'avait aucune prétention historique et encore moins scientifique.
3. S’il y a bien un nuisible, battant de loin le moustique, c’est bien l’homme.
4. Si Adam Smith sortait de son placard où il est momifié, il ne reconnaîtrait pas le monde économique que sa théorie avait dépeint.

25 février 2018

Que valent encore les gens ?

Plus on est formellement pour tout vivant dans l’abstrait, moins il y a une réalité palpable.
Explications :
Après les droits de l’Homme, voici les droits de l’Animal.
L’avenir est tout tracé. Nous finirons par nous découvrir un amour absolu pour tout ce qui est vivant, à l’exception des animaux de boucherie. Qu’au cours des siècles et suivant les civilisations, il ait existé des périodes plus humanistes que d’autres, c’est certain. Pas mal de monde de nos jours nous associe à l’animal. L’humain est donc « sacré » sur papier et que des âmes sensibles y incorporent l’ensemble du règne animal, cela les honore. J’y suis moi-même sensible.
Mais qu’il en aille tout autrement dans la réalité, c’est tout aussi évident.
Et ce n’est pas au moment où des avions de Bachar al Assad bombardent à l’Est et au Sud de Damas le quartier populaire de la Goutha, sans distinction d’hôpitaux ou d’écoles dans leurs objectifs, qu’on me dira le contraire.
Ne trouvez-vous pas étonnant que nous tentons d’empêcher la souffrance animale, sur le temps qu’on tue des enfants dans la banlieue de Damas, comme s’ils étaient à l’abattoir pour y être sacrifiés ? Renversant qu’on ait admiré les Kurdes pour leur aide à nous débarrasser de Daech et qu’on les regarde mourir écrasés par l’armée turque hors de Turquie. Et devinez avec quels auxiliaires ?... des anciens islamistes ayant fait le coup de feu pour Daech !...
Depuis les temps les plus reculés reconnus « civilisés » de la Mésopotamie, aux rives du Nil, en passant par l’Acropole d’Athènes, le risque est toujours le même : celui que la société ne s’effondre dans le cas où les gens s’apercevraient que les droits de l’homme ne sont que le produit de leur imagination.
L’Homme n’a évidemment pas de droit naturel. Il prend la place du plus faible par la raison du plus fort, humains et animaux compris.
Ce à quoi Thomas Jefferson répliqua « …mais ne le dites pas à nos domestiques, ils nous trucideraient dans la nuit. »
L’homme est un truqueur, aussitôt évincés les occupants précédents, qu’il s’agisse des Indiens d’Amérique, des Kurdes en Turquie ou des Palestiniens en Israël, le voilà aussitôt avisé d’établir une morale, de fustiger les méchants (ceux qu’il a vaincus) et de prétendre au respect universel de l’Humain, son semblable, son frère !
Et ça marche !
En confondant l’ordre stable, par exemple la terre tourne autour du soleil, avec le respect des autres à géométrie variable, on voudrait nous faire croire que ce dernier est identique aux vérités cosmiques !
Ne sait-on pas qu’un ordre imaginaire de la sorte non seulement se transforme au gré des intérêts, mais encore risque de s’effondrer, rien que par la dissipation d’un mythe, par exemple « tous les hommes sont égaux en droit » ?
Notre société fait des efforts considérables pour conserver vivace ce mythe de l’État de droit.
Par rapport il y a une cinquantaine d’années, cette volonté de maintien a pris une certaine forme de violence et de contraintes.
Cela va loin, jusqu’à voir des troupes armées faire les quatre cents pas dans nos villes pour notre sécurité, jusqu’à la plus infime atteinte à la liberté qui est, par exemple, donnée aux caissières des supermarchés à Liège de contrôler l’identité de la clientèle, avec exhibition de la carte d’identité obligatoire de celle-ci, pour retirer le quota de poubelles jaunes de l’ayant-droit !
Que je sache, c’est la première fois dans l’histoire récente, qu’un civil à ce droit. Ce n’est pas ici une critique de la caissière qui obéit à un ordre, c’est la suite logique d’une société qui bégaie et ne sait plus que faire.
Évidemment, à côté du peu de cas que l’on fait de la vie humaine dans certaines parties du monde, on pourrait dire avoir pas mal réussi ici. Mais non, c’est un échec aussi, certes anodin et sans commune mesure, mais c’est un échec quand même. Le plus petit abaissement conduit aux plus grands. C’est une question de temps.

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Comment faire en sorte que la fiction concorde avec la réalité. Pour défendre cela, il faudrait payer un certain prix. Celui de cet octogénaire qui s’est interposé devant quatre énergumènes qui menaçaient une jeune fille.
Non seulement nous n’avons pas ce courage, mais nos ténors de la politique non plus.
Pourtant, si la violence n’était pas relayée par ceux que les tyrans entraînent derrière eux, la violence serait impraticable à long terme. Afin de perpétuer un ordre imaginaire, il faut encore en fabriquer les croyants.
Un bon tribun avec une bouille avenante, un ancien martyr qui revient au logis avec des choses à raconter, un curé de toutes les religions, quoique le terme en soit différent selon qu’on prie sur carpette ou assis, font le travail plus efficacement et à moindre coût que parfois tout un bataillon de gardiens « du droit », armés jusqu’aux dents.
De toutes les activités humaines, il vaut mieux placer la violence en dernier recours, parce qu’elle est non seulement difficile à organiser et à maintenir, mais en plus en cas d’échec de celui qui la propose, il risque d’en faire les frais, un peu comme un boomerang.
Même le pire des tyrans a besoin du consensus d’un nombre limité de personnes, mais qu’il doit bien payer et privilégier, sans quoi son règne ne serait pas de longue durée.
Alors défilent des croyants de tout poil et de toute idéologie, dieu, patrie, honneur, notoriété supplétive au tyran et argent.
C’est encore l’élastique qui retient le mieux, les liasses de dollars qu’il y a autour.
Vous trouvez que l’humanité est en progrès, parce qu’on donne à lire sur le respect du vivant en Belgique, alors qu’on assassine ailleurs ?
Ne sommes-nous pas tous complices et responsables de tout ?

24 février 2018

Le pire est à venir !

Les libéraux, incarnés par le mouvement réformateur de ce pays (MR) ne rêvent pas d'une société nouvelle, ils jouent le rôle d’employés d’accueil d’une grande maison de couture, pour une clientèle qui a horreur du prêt à porter et qui déteste la vulgarisation du confort.
Savoir qui fabrique l’étoffe, qui la coupe et l’assemble ne les intéressent pas.
C’est un pouvoir eunuque qui voit dans la durée des choses un progrès, dans les affrontements des classes sociales le danger de perdre des avantages et dans l’économie mondiale, dix manières de lui obéir, comme paroles d’évangile, tout en espérant tirer profit de sa servilité.
Les MR appellent la politique du suivisme qui est la leur, une adaptation nécessaire à l’évolution des techniques et des pratiques mondiales.
Charles Michel sait moduler sa voix en trémolos quand il rappelle la tradition d'accueil de la Belgique. Mais en fin de compte l’intransigeance nationaliste de la N-VA l’arrange bien. Secrètement, il admire Theo Francken et regrette de ne pouvoir le lui dire, pour cause de racolage électoral dans la perspective de 2019.
La comparaison, entre les retraités de l’UE, est en défaveur des nôtres, dans 4 cas sur 5. Le ministre Bacquelaine est chargé de trouver une diversion qui occuperait le troisième âge. la retraite « help yourself » a la cote. On oublie en même temps que les pensions de haut niveau, ministres, parlementaires, magistrats, fonctionnaires hors-classe, etc. sont largement comparables à ce qui se fait de mieux dans l’UE.
Si les promesses de Charles Michel, son désir de progrès, son sens d’une droite « sociale », son dédain du nationalisme de la N-VA dans des discours d’une rare violence, ont fait la force du candidat, ses actes de premier ministre révèlent la nature réelle de son projet politique.
Le mythe de Louis Michel, le père, accordant au mot réformateur son sens plein, allant même jusqu’à célébrer sous tente à Jodoigne, un premier Mai de lutte, s’effondre dans la réalité du tiroir-caisse. Politique de la confusion volontaire du fils, Charles Michel laisse à Maggie De Block, vénus callipyge du parti frère de derrière le rideau linguistique, le soin de traduire dans les faits, sa politique sociale de la santé. Ainsi malmenés, les hôpitaux publics seront bientôt tous discrédités. L’ex miss popularité pourra les donner en pâture à l’appétit du privé.
Avec le petit Chastel en maestro d’appoint, le MR est bien intégré au courant xénophobe et nationaliste qui fait frissonner l’Europe.
On n’appuie pas assez à gauche sur le bubon qui pourrait faire mal à la droite, à savoir que la politique libérale a ouvert la porte aux meutes nationalistes. La Pologne leader dans cet excès, dénoncé par ce qui reste de sain dans l’aréopage européen, trouve en l’Autriche un allié de circonstance non négligeable, pour peser sur le devenir de tous. Les futures élections italiennes font redouter le pire, une sorte d’alliance comme le MR et la N-VA, entre Berlusconi, l’Alliance du Nord et le Cinq Étoiles de Grillo qui pourrait péter les plombs, s’il se dégonflait dans les urnes.

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Qui peut encore ignorer le lien entre le système libéral et la montée du populisme ?
La semaine dernière encore, ce vœu de Didier Reynders d’accéder aux responsabilités à Bruxelles avec la N-VA n’est pas fortuit.
L’extrémisme de Bart De Wever est un écran bien commode à masquer l'incapacité de la politique libérale à résoudre le chômage de masse et la pauvreté, si demain, cette coalition disparate et de circonstance envoyait « Didjé » à la direction de la capitale. Car, ni lui, ni le libéralisme-social actuel ne sont en mesure de redonner de l’espoir à la population bruxelloise.
L'individualisme et le consumérisme font effet d’une déchiqueteuse de bureau du système libéral. L'indifférence des libéraux à la question sociale ajoute à l’holisme d’un tout « plus puissant » avec la N-VA qui condamne le MR à la fuite en avant avec ses démons sous le bras, en compagnie des flamingants N-VA, du Belang, si d’aventure la N-VA devenait majoritaire en Flandre avec l’apport du Belang.
Nous sommes assurés que d’ici 2019, il ne se passera que le pire, à moins que l’intention de ne pas laisser la Belgique dans les mains indignes ne soit un sursaut salutaire des citoyens, dans une des rares façons d’exprimer leur point de vue : les élections, et qu’un mécontentement redouté ne sorte d’ici-là, des statistiques… ou des grèves !
Reste l’autre face du problème : les élections européennes.
Les représentants de Génération.s, des Insoumis, de Diem25, des Verts, de Sinn Fein, de Syriza se concertent informellement dans l’enceinte de Strasbourg. On aimerait savoir ce qu’on fera à gauche en Belgique, pour au moins casser cette ascension des pires en Europe ?

23 février 2018

Jumelage de Bure et Namur !

Bar-le-Duc, Sedan, Givet, sont des villes françaises dans le département de la Meuse, sur le même espace géologique que nos Ardennes. L’air que nous respirons n’a pas de frontière, quand le vent d’Est souffle à Liège, il vient de ces contrées de la Haute Meuse.
Il passe nécessairement par Bure.
Ce nom ne vous dit rien ?
C’est une petite commune d’une centaine d’habitants qui est devenue célèbre le jour où la politique française en a fait un centre de recherche pour l’enfouissement des déchets nucléaires.
Il est question d’y enfouir à 500 mètres de profondeur dans l’argile, des milliers de fûts spéciaux au contenu hautement toxique.
Préludes aux réjouissances, la gendarmerie nationale a lancé ce jeudi une opération d’évacuation du bois Lejuc, épicentre de la lutte contre le projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse).
Dans le même temps, le réseau Sortir du Nucléaire dénonçait "fermement l’opération d’expulsion". "Cette opération de police est profondément révoltante, alors même que les failles techniques de CIGÉO sont de notoriété publique : risque d’incendie souterrain, impossibilité d’intervenir et récupérer les déchets en cas d’accident, rejets en surface considérables…"
L’enfouissement n’est pas pour tout de suite. Il faut attendre que les fûts entreposés à la Hague refroidissent. Le Transfert sera possible dans vingt ou trente ans.
C’est ce qui est merveilleux dans l’économie : l’absolue indifférence de ce que nos habitudes de croissance et notre gaspillage inconscient laisseront en héritage aux générations futures. Qu’elles se débrouillent ! Voilà une philosophie à la Trump que l’économie libérale partage avec lui dans toute l’Europe.

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Quelles seront à Liège, les conséquences de cet enfouissement à la porte de l’Ardenne ?
Le bois Lejuc servirait de cheminée d’aération des puits et des galeries souterraines !
D’où l’importance des vents d’Est, pour nous, citoyens d’un autre pays.
Jusqu’à présent, habitués à enfouir leur merde, les borsufiés du gouvernement wallon de Namur ne pipent mot. Peut-être même que la Région sous l’impulsion des commerçants MR, subodorant de bonnes affaires possibles, Borsus et ses ministres espèrent quelques mètres carrés dans les futures galeries pour les déchets de Tihange.
Silence inquiétant dans nos gazettes si babillardes d’habitude.
Ces déchets nucléaires très radioactifs à vie longue auraient des facultés de nuisance qui pourraient aller jusqu’à plus de 100.000 ans.
En 2006, une loi, complétée en 2016, retient la solution du stockage réversible en couche géologique profonde (projet Cigéo) pour accueillir 80.000 m3 de déchets: 10.000 m3 de déchets hautement radioactifs, dits de haute activité (HA) et 70.000 de déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL).
Pour l'instant, les déchets sont stockés sur le site d'Areva à La Hague (Manche).
À signaler que tout se passe toujours à proximité de la Belgique (La Hague) comme si en cas de coup dur, la France n’aurait à gérer qu’une moitié d’un éventuel désastre.
Voilà le genre de paquet cadeau qu’on nous met sous le nez à moins de 5O km de la frontière : les déchets sont vitrifiés, afin d'enfermer la matière radioactive dans du verre, puis insérés dans de gros cylindres métalliques à La Hague, où ils devront passer 40 à 50 ans afin de refroidir suffisamment pour être entreposés en sous-sol.
Ils seront ensuite transportés en train jusqu'à Bure, où ils passeront par une "descenderie", un tunnel en pente à 12%, sur 5 km, qui les mènera 490 m sous terre. Là, chaque "colis", de 500 à 600 kg la pièce, sera entreposé dans des tunnels.
La chaleur résiduelle persistera encore des centaines d’années d’où la nécessité de ventiler le site en permanence et d’envoyer l’air chaud par des cheminées. Cet air chaud montera en altitude et voyagera ainsi vers nous, nous réchauffant par vent d’Est, nous parfumant d’effluves qu’il vaut mieux ne pas trop respirer !
Ces charmants paquets-cadeaux ne sont pas tous vitrifiés, certains ont été mélangés avec du bitume, matière hautement inflammable ! En janvier dernier, l'Autorité de sureté nucléaire a demandé à revoir la copie concernant les déchets bitumineux. Ces boues radioactives conditionnées dans du bitume (environ 18% de l'ensemble des déchets qui seront stockés) sont très inflammables, dit un communiqué.
Des géologues nous préviennent :
L’objet du laboratoire de recherche souterrain de Meuse/Haute-Marne est donc l’étude de la couche d’argilite située à environ 500 m de profondeur dans l’est du bassin parisien, en vue de déterminer si ses caractéristiques sont cohérentes avec les objectifs de sûreté d’un centre de stockage implanté au sein de la zone de transposition.
Ce projet est contesté par un certain nombre d'associations locales et nationales. Des actions en justice et de désobéissance civile ont été entreprises par les opposants.
Fin 2013, le cabinet suisse d'expertise en géothermie Geowatt a effectué une étude au terme de laquelle il a conclu que « les ressources géothermiques peuvent être aujourd'hui exploitées de manière économique, avec l'emploi de technique et de matériel appropriés, et que l'enfouissement des déchets radioactifs rend inaccessible l’accès aux ressources géothermiques ».
Autrement dit, plus question d’exploiter le sous-sol, d’user des sources de ruissellement, et même de faire pousser des carottes aux alentours de Bois Lejuc.
Et en Région wallonne ? Il semble que les initiatives de Borsu et ses boys se soient vitrifiées par avance. Ils espèrent les retombées radioactives dans leur portefeuille. Espérons que le tandem Borsus-Crucke ne sévira pas 210.000 ans.

22 février 2018

Lady Gaga.

La scène ne produit pas que des papillons qui se brûlent les ailes sitôt dans les airs. Certains ne verront jamais le vrai soleil. Ils finiront rôtis sur la face éclairée de l’abat-jour. Plus rares, ceux qu’on croyait éphémères, étaient là pour durer.
À ses débuts, on ne le savait pas : c’est le cas de Stefani Germanotta.
Lady Gaga, car c’est d’elle dont il s’agit, est insolite parmi ce fatras de chroniques – 11.000 feuillets, soit en quantité 44 romans de 250 pages, « Richard III » – toutes consacrées, de prêt ou de loin, à d’autres monstres, cruels et dangereux, principalement politiques et économiques.
La monstruosité de la chanteuse-compositrice est d’une autre nature. Elle n’est pas de la même espèce.
C’est d’abord une bonne pianiste de jazz, une interprète talentueuse, une compositrice hors pair, même si dans la société du paraître, elle a compris comme Madonna, qu’étonner est devenu indispensable dans le show business, pour sortir de l’anonymat.
Puisqu’il faut bien travailler pour vivre, autant en ramasser un max, dans une société qui rend libre par l’argent et esclave à vie, quand on trime à deux sous de l’heure.
Née à New-York, la ville la plus européenne des States (Madonna ne sera New-Yorkaise qu’à vingt ans), elle paraît superficielle dans les magazines, d’un abord outré dans ses excentricités. Celui qui cherche un peu découvre avec surprise, que Lady Gaga est très intelligente.
Avec le rythme et le jazz dans le sang, Stefani Germanotta a aussi du plomb dans la cervelle. Elle a tout compris à travers ses galères du début. Ses succès dix ans plus tard, à seulement trente deux ans, n’ont pas de prise sur elle.

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Voici une traduction d’une interview de 2018 :
« Nous vivons dans un monde d’étiquettes; nous nous étiquetons en types comme si nous étions des produits.
« Quand nous étiquetons, nous adoptons des stéréotypes que nous avons intériorisés et ceux-ci sont intériorisés à un tel degré que nous ne réalisons même plus que les stéréotypes font partie des éléments de notre sens commun. Le monde capitaliste-matérialiste nous fait penser d’une certaine manière, qui nous rend plus inégaux que jamais.
« La réalité est que le système capitaliste nous fait sentir différents les uns des autres, et il fortifie cette différence par la suite. Une fois que cette différence a été établie dans notre cerveau en tant qu’une « affirmation », le système en tire profit à son propre avantage.
« Nous sommes simplement utilisés comme des pions dans ce vaste système centré sur l’argent à but hautement lucratif. Mais le pire, c’est que nous ne réalisons même pas que nous sommes manipulés. Nous nions cette manipulation. Au lieu de cela, nous en devenons des victimes, et heureux de l’être. Nous mettons également en valeur les différences que ce système tente de nous inculquer.
« Nous sommes tellement affectés par ces différences qu’il est devenu plus facile pour nous de nous détester les uns les autres. Nous nous permettons de nous démolir les uns les autres pour notre propre compte et nous essayons de rivaliser les uns avec les autres dans cette course qui consiste à être mieux que les autres. Mais ce que nous devons retenir par dessus tout, c’est que toutes ces différences sont créées et fabriquées par des systèmes qui souhaitent nous influencer. Nous devons cesser d’être influencés.
« Nous devons réaliser que nous devons voir au-delà des différences. Lorsque nous nous rencontrons, nous devrions essayer de rechercher les points communs. Nous devrions essayer de voir les éléments et les émotions qui nous rapprochent. Nous devrions essayer d’avoir moins de jugement les uns envers les autres, et nous ne devrions pas laisser les stéréotypes ou les étiquettes dicter notre système de croyance.
« Plus important encore, nous devrions célébrer mutuellement nos différences. S’il y a quelque chose que vous devriez détester c’est la guerre, la pauvreté, l’analphabétisme. Haïssez les maux qui affectent et nuisent notre monde, mais ne vous haïssez pas.
« La haine n’aidera personne; cela ne mènera qu’à la guerre.
« À l’inverse, luttez pour l’espoir. L’espoir est exactement ce dont nous avons besoin. Nous devons espérer pour un monde meilleur – et un monde meilleur est sans aucun doute un monde plus égalitaire et plus inclusif. » Fin de citation.
Oui ! vous avez bien lu, c’est une star du show-biz, qui pense cela et le dit… Nous avons tort de nous fier parfois à l’apparence des artistes sur des estrades au-dessus de la foule.
L’art ne produit pas que des playmates de circonstance pour décrasser les foules du travail quotidien, les affoler à coup de nichons siliconés découverts sciemment et de fesses botoxées. Sous l’artifice de scène, parfois des surprises étonnantes… Lady Gaga, habillées des plumes de paon de chez Versace, a un cœur qui pourrait battre à l’unisson des anti-Gaga de l’apparence !
Bullshit que cela ?… moi j’y crois !
Il n’y a pas que la troisième classe qui veut changer d’air. Même à droite, il y a des bernard-l’hermite qui en ont marre de marcher de guingois et de faire les guignols.
Le système aura beau nous condamner à subir ses vérités comptables, à nous contraindre à faire l’âne pour avoir du son, l’intelligence est une fille rebelle, quand elle est libre. Elle se rit de sa sœur aînée qui tient pour des vérités les discours effrontés de Charles Michel.
Quand nous aurons des élus du peuple, doués pour faire « sous-préfet au champ », je pense que le jazz, pourquoi pas la poésie, auront leur mot à dire.

21 février 2018

Le vrai seul est aimable...

Il faut être complètement chaviré par les vertus du suffrage universel comme le sont les parlementaires en général et le gang du MR en particulier, pour ne pas s’apercevoir qu’aujourd’hui les gens ne sont plus dupes d’un système qui leur clôt le bec, en leur présentant une politique qui est censée être la leur et dans laquelle ils ne se reconnaissent pas.
On touche là un phénomène de masse. Non seulement la vague de scepticisme monte, mais en plus, les gens sont de plus en plus convaincus que la corruption règne en maître dans toutes les sphères de décision, que la vénalité triomphe en maîtresse absolue et que la justice aurait besoin d’un bon coup de torchon dans sa magistrature.
Du coup, les aigres plaintes d’un Louis Michel sur « l’ingratitude » des foules passent pour de la provocation ou pour une manifestation caractéristique de la sénilité d’un vieil enfant gâté.
Cette tendance générale est le résultat d’une lente appropriation par les gens, des informations qui impliquent beaucoup d’élus dans des affaires louches, des intercommunales profitables aux commissaires des comptes et aux administrateurs et cette tendance générale d’administrer le pays comme s’il était une société anonyme.
Cette impression trouve un large écho en Wallonie avec la borsufication très libérale d’une administration régionale au bord de la faillite.
Les décisions de justice se font trop longtemps attendre entre un fait divulguer dans les médias, comme l’affaire Chodiev-De Decker, la loterie exotique de Serge Kubla et les tribulations bruxelloises d’Yvan Mayeur et Pascale Peraïta dans l’affaire du Samusocial, sans parler des remugles aux senteurs d’égout sortant par les fenêtres de Publifin.
On met le public devant des faits graves… puis plus rien. La justice est saisie. La belle affaire, il faudra des années avant de clore les dossiers, s’ils ne sont pas complètement oubliés dans la poussière des caves où pourrissent les archives « délicates ».
Par contre, sortez sans payer d’un grand magasin pour voir ce qui va vous arriver ! L’effet immédiat d’un tout petit délit à côté des vols éhontés de plusieurs millions d’euros, fait regretter à tout le monde « un moment d’égarement ».
Cinquante personnes sur cent pensent que presque tous les politiques sont corrompus. La justice y prend sa part. Là c’est pire, plus personne ne croit en son impartialité. On ne sait plus ce qu’est la lutte des classes dans l’opinion, sauf pour la justice dans laquelle on y perçoit de la tendresse pour les voyous de haut niveau.
En Wallonie, l’affaire Cools, célèbre à la fin du siècle dernier, avait pourtant grandi la justice avec le courage et l’exemplarité de la juge Ancia dont la perspicacité avait permis de mettre en lumière des affaires annexes, dont celle de la SMAP et de certains milieux ondoyés de socialisme, façon PS.
Les éléments, les uns dans les autres, ont finalement eu raison des quelques éléments honnêtes de cette tragédie, pour emporter tout dans un vent mauvais qui s’est transformé en tempête de la première décade du siècle suivant.

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On aurait pourtant pu penser que les mesures prises lors des premiers scandales allaient avoir des effets bénéfiques sur l’ensemble de la classe politique et des affaires, généralement imbriquées. L’impression générale est négative. Tout juste croit-on que les mesures prises contre la corruption n’ont eu que pour seul résultat de découvrir plus d’affaires sordides qu’avant, dont un des sommets les plus honteux va au Samusocial.
La délinquance financière jadis cachée, éclate au grand jour. On supposait beaucoup d’élus vénaux. Maintenant, on est persuadé qu’il y en a plus encore.
Fait inquiétant le discours de la droite radicale, « tous pourris », semble être devenu aussi celui de la gauche écœurée par un PS devenu libéral.
Les journaux qui infantilisent les lecteurs comme « La Meuse » sont en partie responsables de ce phénomène de généralisation. Moins on s’intéresse à la politique, plus se renforce un sentiment de méfiance à l’égard des élus, plus on croit à la corruption des élites.
Alors que les gazettes cancanières ont comme intention première de défendre les élites et le système économique, c’est l’effet inverse qui se produit. Elles nourrissent un sentiment généralisé d’anarchisme inconscient, par des faits rapportés, outrancièrement tronqués.
Le manque d’éditorialistes de talent y est pour beaucoup. Le faux semblant de la neutralité y est pour le reste. Ne nous en plaignons pas. Peut-être sommes nous arrivés à un tournant. Porté un masque n’est plus de saison, surtout pour dire une morale à laquelle on ne croit plus soi-même. Le temps des Béatrice Delvaux s’achève.
Les médias sont à la recherche d’un nouveau saladier capable de mieux essorer les salades de demain.
Le pire pour eux, c’est que le peuple s’en fout déjà à l’avance. Il puise son scepticisme dans d’autres sources, toutes aussi polluées. Le combat d’une vraie droite contre une fausse gauche ne l’intéresse plus.
Vous avez dit démocratie ?

20 février 2018

Darmarin l’imposteur !

Une remarque vient à l’esprit lorsqu’on consulte l’ensemble de la presse belge. Aucun bouclage n’est possible sans l’apport de l’actualité française. Même la presse flamande est obligée d’y recourir.
Comment voulez-vous intéresser le lecteur par la polémique autour de Jambon « qui insulte » les autorités judiciaires », de ce blogueur pris de frénésie à propos de Dutroux qui brûle le livre d’un avocat sur une éventuelle remise en liberté de l’assassin pédophile ou de cette malheureuse qui décède après avoir mangé un tiramisu empoisonné ?
Et ces mêmes journaux traitent le public de faire du populisme son péché favori !
On peut continuer la lecture des titres « À Andenelle, Soupçons de maltraitances sur un bébé », peut-être un machin un peu plus économique et relevant de la stratégie d’un des maîtres du pognon belge : La Jupiler va-t-elle disparaître du marché?
Bref, en attendant 2019, Charles Michel fait l’araignée des sables, il s’enfonce dans le sol et devient invisible. Didier Reynders, après avoir livré son intention « d’arracher » le pouvoir à la rougeoyante Onkelinx à Bruxelles et ravir le sceptre des mains de Rudi Vervoort, lâche un bouteillon d’entre ses lèvres minces « Je gouvernerai avec la N-VA de Bruxelles, sans problème, si ce parti devenait incontournable », des fois que la carrière du « grand » homme devrait obligatoirement en passer par là, Didier prend des précautions.
Rayons socialiste, Di Rupo ne fait pas encore ses cartons. Le fait qu’il a un teint bilieux ces temps derniers ne préjuge pas qu’il est sur le départ. Cet homme attend vraiment que l’électeur lui botte le cul pour laisser à son successeur un fond de chaise pourri sur lequel il serait impossible de s’asseoir, sans un fessier assez vaste pour déborder et se rattraper aux montants. André Flahaut est le seul à posséder un aussi imposant postérieur.
L’affaire est à suivre, mais comme toutes les autres, elle entre dans la conjoncture qui pose un essentiel regard sur la France, pour sauver l’info belge.
Là, tout y est plus riche, plus fourni, quoique Macron 1er soit encore trop novice et trop aimé des Français, pour qu’il en soit beaucoup conté sur ses « éventuelles » erreurs de cap ! Heureusement que ses compatriotes s’évertuent à fournir de la matière aux journalistes belgicains. Les Hallyday sont bien partis pour durer. Wauquiez injurie tout le monde : les "conneries" de Pécresse, Juppé qui a "cramé la caisse"... Côté sexe, Hulot est à l’actu, mais en perte de vitesse, tandis que Darmarin est très en verve.

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Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, a deux plaintes au compteur. C’est une référence. Le Soir et la Libre ont sauvé dix lignes en lecture promo et le reste après avoir montré ses pépètes, rien que sur Darmarin. Il bénéficie de l’effet Wauquiez qui l’assaisonne en le traitant de traître.
Ce sera ma conclusion : "Je vais vous dire quelque chose les yeux dans les yeux: je crois que dans le monde dans lequel nous vivons, il faut savoir se tenir droit et faire son travail. Moi je fais mon travail. Je n'ai jamais abusé d'aucune femme et je n'ai jamais abusé de mon pouvoir", a-t-il assuré sur RMC/BFMTV, reprenant l'expression de l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac qui avait assuré "les yeux dans les yeux" ne pas avoir de compte caché. »
Il lui reste encore une casserole pour "abus de faiblesse" à s’affranchir, déposée par une habitante de Tourcoing.
La première classée sans suite est quand même à débattre. Si la justice a fermé le dossier, ce n’est pas en examinant les faits, mais au vu de la personnalité de la plaignante. Vous pensez une « call girls » qui se fait payer pour monter et qui aurait été maltraitée et obligée à… On en est à l’Assommoir de Zola et la justice est toujours celle de l’affaire Dreyfus ! On ne savait pas qu’il fallait être d’une certaine catégorie sociale pour être crédible.
Reste le « droit dans les yeux » de Darmarin à la façon Cahuzac.
Tous les hommes le savent, celui qui est à un certain moment, tel le « coq imbécile perché dessus de la chanson de Brassens » ne saurait jurer qu’au moins une fois dans sa vie de petit mâle prétentieux, il n’a pas usé d’un rapport de force en sa faveur, qui va du désir fou et incontrôlé nerveusement, en passant par une certaine brutalité en pensant « Elles aiment ça », jusqu’au viol caractérisé, malgré les cris de la « victime » consentante parfois la seconde avant, réticente après, le faisant savoir par contraction musculaire et révoltée de la contrainte subie, sous le poids d’un paquet de quatre-vingts kilos.
Techniquement parlant, arrêter un TGV en marche ne se fait pas au millimètre.
Ce que Darmarin a dit au micro de RMC est psychologiquement et philosophiquement faux. Je me permets de le lui dire en face « les yeux dans les yeux » : monsieur Darmarin, vous êtes un imposteur ou alors, un sacré prétentieux aveuglé par une éducation bourgeoise

19 février 2018

Médée Le Pen

Un Blog à caractère politique, libre de parti, il doit en exister quelques-uns qui méritent la lecture. Ceux qui passent du sérieux à la rigolade ne sont pas légion. Qu’ils s’emballent sur une vraie info ou sur un fake-news, ils sont de bonne foi dans leur malignité. Ils ne seront pas cités en exemple dans les gazettes. Michel Henrion n’y verra pas un concurrent pour le podium. Mais, ce sont ceux que je préfère.
Ouvrir la réflexion sur des questions plutôt privées ne relevant pas de la politique est un autre exercice, plus délicat. Si ses faits élargissent la compréhension du citoyen et aident à saisir la connaissance de la démocratie, pourquoi pas ?
Richard III n’a rien à dire sur l’héritage de Johnny Hallyday. Pourtant quoi de plus intéressant que cette dispute entre proches pour un magot ? Ce genre touche à l’intime. Il serait indélicat d’en écrire, s’il ne rejoignait pas le conte universel dans nos rapports avec le fric.
Des clans qui réclament leur dû avec acharnement entrent bien dans les luttes de pouvoir, encore fallait-il, avant de parler de l’appropriation par héritage et droit de succession – là-dessus l’État n’est pas en reste – par choisir entre les deux clans, celui qui paraît défendre une juste cause. Or, y en a-t-il un ?
Ces clans se ressemblent et offrent aux regards des curieux, deux faces du capitalisme : le chien qui tient un os et le défend et l’autre qui tourne autour et veut s’en approprier.
Autre cas d’école : l’amalgame entre affaires privées et affaires publiques qu’illustre la Famille Le Pen.
Plus proche de la politique et éclairant l’éclatement d’une famille, les Le Pen se disputent la propriété du Front National, depuis plus de cinq ans.
On baigne dans le drame. C’est Phèdre, Britannicus, Le Cid, toutes les tragédies en même temps.
Les dernières déclarations de Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, sont proprement effrayantes !
Le premier opposant à Marine Le Pen, ce n’est pas Mélenchon, c’est Jean-Marie !
Dans le Journal du Dimanche, changer le nom du Front national, comme le souhaite Marine, pour le père , c'est une trahison", "c'est inacceptable et suspect". Il abjure les adhérents du parti de rejeter la réforme des statuts, ainsi que le changement du nom du Front national.
À la fois exclu du parti et président d'honneur rétabli dans ses droits par décision de justice, ce n’est pas banal entre des gens si proches d’une même famille.
De sa fille, il estime qu'elle "ferait n'importe quoi" "pour quelques minutes d'existence médiatique", Jean-Marie Le Pen prétend qu'il a "existé avant elle" et "qu'elle existe grâce" à lui. "Elle ne pourra rompre ses liens avec moi qu'en se suicidant! C'est mon sang qui coule dans ses veines", affirme-t-il, interrogé sur la volonté de sa fille de rompre avec lui et de dédiaboliser le parti.
On touche à la tragédie. Le roi Lear, de Shakespeare, est à première vue, le drame qui colle le mieux à la saga Le Pen. Un roi de Grande-Bretagne, noble figure patriarcale, a une opinion erronée sur ses filles qui le conduit à sa perte et à la leur.
Pour la haine ressentie et exprimée, c’est Médée de Pierre Corneille !
« Médée » correspond au genre autoritaire de Marine Le Pen.
Sauf qu’au théâtre, Jason est l’époux de Médée, alors qu’en politique, Jean-Marie est le père. Qu’importe ! Est-ce si important, quand la haine est égale entre fiction et réalité ?

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La pièce de Corneille se situe à Corinthe. L'héroïne, la magicienne Médée, est répudiée par Jason après lui avoir donné deux enfants et condamnée à l'exil par Créon, roi de Corinthe. Ce dernier, père de Créuse consent au mariage de sa fille avec Jason. Folle de rage, Médée accomplit sa vengeance en brûlant Créuse à l'aide d'une robe enchantée, et en égorgeant ses propres enfants. Le dernier acte se termine par la fuite de Médée sur un char tiré par deux dragons et sur le suicide de Jason.
La passion politique est aussi intransigeante que celle de l'amour et celle de l’argent. Elle y est indissolublement liée, tantôt par l'un, tantôt par l'autre, ne serait-ce que par la générosité avec laquelle les « pères de la Nation » sont traités (amour), ce qui immanquablement, attise haine et convoitise (argent).
Quand on a des idées et que l’on goûte à la chance de pouvoir les exprimer et d’en être récompensé au point que cette « réussite » vous met à la tête d’un parti, ce n’est pas Louis Michel, Elio Di Rupo ou Didier Reynders qui diront le contraire, on atteint à un sommet de la réussite. L’ego en est tellement flatté qu’il ne s’en remettra pas. La consécration par l’argent vient ensuite. Elle fait passer l’altruisme des débuts, à une aisance satisfaite. On s’en croit légitimement l’attributaire par décision populaire. C’est bien le seul moment de respect que l’élu a envers le peuple !
C’est un acte fondateur. Voyez de quelle manière Louis Michel se croit « lésé » par la « modestie » de ses indemnités parlementaires. Une mue insidieuse transforme l’individu politique. On lui doit tout et lui ne doit rien aux autres. Il n’a soif que de respect et de gloire !
Dans ces sphères décisionnelles de la politique, on sombre moralement dans un raisonnement simpliste et terrible à la fois. « Personne ne m’aime, tout le monde m’envie. Si je me mets à aimer les autres, je suis fichu. ».
Il n’y avait que les liens du sang à placer au-dessus de tout. La famille Le Pen a fait un pas de plus. Elle s’en est affranchie !

18 février 2018

Le PS sur le fil.

Et si le virage à gauche des centristes de la direction du PS cachait autre chose, derrière les 170 résolutions du Congrès de Liège du mois de décembre dernier ?
Une fêlure plus profonde entre les dirigeants qui vivent d’emplois politiques et le reste des militants ?
Les positions sociales-démocrates des gens du PS qui se sont frottés aux forces libérales dans des entreprises communes de gouvernement, ont progressivement glissé vers des positions sociales-libérales dont il leur sera très difficile de sortir, même poing levé dans une attitude de combat, comme on les a vus à Liège.
Cela s’explique très bien par ce qu’il leur faudra d’abnégation et de sacrifices pour abandonner le monde du compromis dont ils ont été les artisans, entre la condition ouvrière qu’ils ont quittée et le monde feutré de l’argent qu’ils fréquentent toujours.
D’autant qu’ils n’ignorent pas que les trois quarts des 170 résolutions les empêcheront de conclure le moindre compromis pour la formation d’un gouvernement avec le MR et le CDH.
Bien dissimulé derrière Di Rupo reste pourtant une sensibilité que Jean-François Kahn qualifie pour le PS français de néo-réactionnaire, néo-maccarthyste et de néo-cléricale, pour ne pas dire de néo-raciste, et que l’on peut très bien attribuer au PS belge.
Outre la partie ouatée réservée à l’élite du parti un autre cancer ronge les directions et les militants du PS.
Un divorce entre l’attachement au sol, aux gens qui l’occupent et l’esprit universel d’un socialisme qui s’ouvre au monde depuis la philosophie des Lumières, jusqu’au triomphe de Lénine en 17. La crise musulmane dans son débordement sur l’Europe, aux conflits sanglants que cette religion provoque, en est pour moitié la cause, l’autre étant l’immigration des peuples d’Afrique vers l’UE.
C’est parce qu’aujourd’hui nous n’avons plus de journalistes qui rapportent honnêtement ce qu’ils voient et entendent, c’est dommage car le public saurait que le racisme latent qui couve dans la société libérale est aussi d’actualité dans la mouvance des socialistes.
C’est-à-dire qu’entre le libéralisme d’un Charles Michel mâtiné d’un certain nationalisme du conservateur Bart De Wever, il n’y a pas beaucoup de différence avec un Di Rupo soi-disant « gauchiser » par Laurette Onkelinx. André Flahaut résume assez bien les deux tendances, par l’image qu’il projette de sage conservateur et finalement d’homme prudent, refusant d’entrer dans des polémiques dangereuses pour l’unité de son parti.

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Pour tenter de détourner les travailleurs pauvres de toutes revendications, on a vu les socialistes lorsqu’ils étaient au gouvernement faire chorus avec les libéraux sur les grèves à répétition et tentant de faire croire qu’on pouvait à la fois revendiquer des améliorations de la condition ouvrière et poser en ouvrier modèle ne désertant jamais la profession qu’il exerce pour le compte d’un employeur « qui a aussi des problèmes ».
On a même vu des dirigeants du PS tenter de faire oublier la lutte des classes en assimilant celle-ci à une forme de racisme.
Reste que c’est difficile aujourd’hui d’échapper à des questions qui touchent à la religion musulmane et à l’immigration.
Le racisme commence-t-il à partir du moment où l’on répertorie les différences et l'antiracisme à valoriser les différences ?
C’est un débat que les partis ne veulent pas avoir pour ne pas susciter des schismes qui les affaibliraient. Le Ps n’échappe pas à la règle. Son concept de liberté à accepter tout débat de société, pourtant aurait dû le déterminer à y consacrer un ajout des 170 propositions de son Congrès.
Ce serait justement le moment de réaffirmer l’universalité des hommes à un moment clé de notre civilisation en complet désarroi, dans la guerre de tous contre tous dans le capitalisme mondialisé, d’aider au progrès de la reconnaissance à l’égalité entre les sexes, de confirmer la priorité de la laïcité sur toute religion dans la gestion des États et de la vie publique.

17 février 2018

La cata à un cheveu près !

Le public est à chaque fois surpris, quand une tuile lui tombe sur la tête. Pour lui, c’est toujours à l’improviste, pas pour ceux qui organisent et font le tri des informations. Parfois, ces incomparables prévisionnistes sont surpris eux-mêmes de ce qu’ils découvrent. Pourtant, ils ont tout sur leur bureau et ils restent les bras ballants à ne savoir que faire
Le public a des excuses. On lui cache la plupart du temps des choses qui iraient contre l’ordre économique. Le pouvoir veut préserver le système et la propagande qui va avec.
Parmi les pires surprises, il ne faut pas compter les guerres, les gouvernements médiocres de gauche ou de droite, les partis politiques corrompus. Le système s’accommode de tout, finit par trouver du profit dans tout. Ces fléaux sont très loin de pouvoir être comparés aux aléas de l’économie libérale, quand elle déjante dans un virage, qu’un magnat éternue ou qu’un émir se prend de passion pour la Bourse et se met à jouer dangereusement.
Les plus grosses surprises sont toujours économiques. Attentat terroriste, guerre au Moyen-Orient, vaticination grossière de Trump, invectives de Kim Jong-Un… pipi de chat à côté d’un bégaiement de la bourse, d’une plongée des banques, d’une inflation inattendue, d’une faillite retentissante.
Pour le moment, ça va. La croissance repart. Pourtant, même toute ragaillardie soit-elle, elle peut encore surprendre. L’économie de marché fabrique des monstres qu’elle ne reconnaît pas. Uber, par exemple cette entreprise en faillite permanente, prospère malgré les milliards de déficit, l’idée est tellement attachante que des gros magots s’y investissent toujours en compensation des pertes. Ils y trouvent un avenir prometteur.
Uber : une aberration du système capitaliste, titrait Slate Magazine, qui nous expliquait que dans une économie de marché, les sociétés les plus rentables sont supposées prospérer, alors que celles qui se révèlent incapables de créer des richesses sont censées disparaître.
Et pourquoi celle-là ne disparait-elle pas ? Mais parce que c’est une société visionnaire, elle prévoit que demain mous serons tous des entrepreneurs au service d’autres entrepreneurs, avec moins de sécurité d’emploi, sans sécurité sociale, le tout à l’américaine. Comble de liberté, la classe laborieuse devenue gérante, laissera aux petits entrepreneurs que nous serons tous, la faculté d’organiser leur pension de retraite. Ceux qui ne le pourront pas ? Mais ils mourront de faim, que voulez-vous que je vous dise.

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La société de consommation piquée aux hormones de croissance n’a pas fini de nous étonner, au point même de surprendre ceux qui « savent » et qui gardent le secret pour eux.
Avec les pauvres moyens dont je dispose, des heures de calculs et de comparaisons de graphiques, j’avais prévenu qu’une crise s’amorçait il y a quinze jours, dans l’indifférence générale. Ce n’était pas sorcier, toutes les bourses paniquaient. Le Dow Jones, à New York, perdait plus de 9% en bourse, l’indice S&P 500, des 500 plus grosses sociétés américaines, se délestait de 1.000 milliards de dollars en capitalisation boursière (le PIB du Mexique).
Alors que la plupart des futurs acheteurs du salon de l’auto se creusaient la cervelle pour savoir quel était le prêt compatible avec leurs revenus, le CAC 40, à Paris, laissait partir en fumée plus de 2%, repassant sous la barre des 5.200 points. Comme les prix plancher de la nouvelle Lada, c’était du jamais vu.
On a frôlé quelque chose, les économistes sérieux le savent bien. Personne ne s’en est douté, les acheteurs de la nouvelle Mercedes ont eu du pot.
Aucune autorité ne s’est alarmée; les marchés financiers n'ont pas trop plongé comme en 2007/8. Subprimes bis n’a pas frappé.
Charles Michel a pu poursuivre son rêve de flamandiser la Belgique, pour garder le pays en entier.
Des « émerveillés d’être toujours là » ont même déclaré que l’évolution descendante de ces dernières semaines n’a été qu’une correction des marchés surévalués !
Des gazettes à fric placé à 10 contre 1, comme pour les chevaux, en ont conclu qu’une nouvelle crise est impossible. Enfin prévenus, les lecteurs de La Meuse ont pu lire dans leur journal favori que le capitalisme est trop fort et bien trop puissant pour refaire le con. Certes, ce ne fut pas écrit de la sorte, mais l’esprit était le même. Cela a surpris le lecteur qui ne savait pas qu’on avait traversé une crisette.
Seulement voilà, en économie, un astéroïde peut en cacher un autre, plus gros, plus méchant et fonçant droit sur nous. On aura beau inventer des règles après coup, pour compenser les effets dévastateurs des intelligences prédatrices à la tête des affaires, cela n’empêchera rien, le moment venu. Il faut bien savoir que lorsqu’il y a de l’argent en jeu, il n’y a pas de règle qui tienne.
Les bulles financières, selon l’indice Shiller, font les crapauds buffles et veulent passer pour des bœufs, au point qu’elles ont une valeur supérieure à celle de 1929. L’indice VIX, «l’indicateur de la peur» se ferait peur à lui-même en se regardant dans une glace.
Alors, crise ou pas crise pour 2019 ?
Merde ! l’année de réélection libéralo-flamande de Charles Michel !
Est-ce que les gazettes branchées sur le thermomètre libéral ne seraient pas bien avisées de « préparer » le lecteur ?
Par exemple, en cessant l’admiration inconditionnelle pour tout ce qui brille comme le soleil, afin de faire comprendre que la nuit venue, c’est le clair-de-lune à Maubeuge pour tout le monde.

16 février 2018

Israël jette des enfants en prison !

Ce qui se passe en Palestine aujourd’hui est un scandale, une pure honte, dont l’Europe à autant sa part que l’ignominieux Trump et l’Amérique des affaires.
330 mineurs palestiniens sont emprisonnés par Israël, tandis que son armée occupe des territoires palestiniens et de Cisjordanie depuis trois quarts de siècle, au vu et au su du monde occidental, sans qu’il n’y ait aucune protestation des grands démocrates de nos partis.
Une voix s’élève, par ci par là, aussitôt une protestation sort en fanfare des gazettes, des force-vives, des oppositions parfois contre ce téméraire, soupçonné illico de terrorisme et de racisme. On couine au scandale, à l’atteinte à des principes et l’audacieux qui s’insurge parce qu’il a bon cœur et qu’il ne supporte pas l’injustice, se voit presque aussitôt comparé à Dieudonné, tandis que les ligues contre le racisme et l’antisémitisme affûtent la réplique qui consiste à clouer le bec à quiconque par des plaintes et des procès calamiteux.
Protégé par Tsahal, l’arrogance des « colons » israéliens n’a plus de borne. Par tous les moyens, des terres et des maisons sont soit achetées, soit annexées purement et simplement. C’est clair, Israël veut toute la Palestine et une partie de la Cisjordanie comme frontière naturelle, par persuasion ou par la force, avec l’appui principalement des Américains, mais aussi de l’Europe qui n’est pas en reste, s’appuyant sur une diaspora active et militante pour le programme d’annexion et d’appropriation des terres.
Rares sont les informations impartiales, le chloroforme officiel est de cœur et de jure avec Netanyahou et son gouvernement bien décidés de poursuivre la lente asphyxie du peuple palestinien, malgré les condamnations de l’ONU, dont les suites matérielles n’ont aucun effet, puisqu’anéanties par les vetos des USA.
Pour avoir défendu sa maison de ses seuls poings contre deux soldats israéliens bardés d’acier et armés jusqu’aux dents, Ahed Tamimi, une jeune palestinienne de 17 ans, a célébré son anniversaire derrière les barreaux d’une geôle israélienne.
Son image a fait le tour du monde… enfin, cette partie du monde qui ne pèse pas les injustices en fonction du clan et des intérêts de sa mouvance, pour dénoncer ce qui cloche partout où le regard se pose. Ce qui n’est pas le cas de la Belgique dont la presse est particulièrement aux petits soins pour servir un monde occidental américanisé, donc du côté de Tel-Aviv.
Son arrestation et son procès montrent une réalité jusque-là volontairement ignorée : celle des mineurs emprisonnés par les tribunaux militaires israéliens.

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Les faits :
À la mi-décembre, les forces israéliennes ont pénétré chez elle dans le village de Nabi Saleh, en Cisjordanie, et l'ont arrêtée. Ahed, sans arme que la force de ses bras, avait giflé et donné des coups de pied à deux soldats de l'armée israélienne lors d'une manifestation.
Depuis lors, selon l'ONG Amnesty International, la jeune fille a été soumise à un interrogatoire arbitraire. Elle pourrait être condamnée à plus de 10 ans de prison pour les charges d'agression aggravée, d'obstruction au travail des soldats de l’occuption et d'incitation à la révolte sur les réseaux sociaux.
La situation d'Ahed n'est en fait que la partie émergée de l'iceberg. Selon l'organisation de soutien juridique pour les prisonniers palestiniens Addameer, basée à Jérusalem, 330 enfants et adolescents des territoires occupés sont détenus dans des prisons israéliennes après avoir été déférés devant des tribunaux militaires. De plus, on constate une tendance à l'augmentation des mineurs emprisonnés.
Israël, occupant à outrance, opprimant un peuple, détournant, volant et pillant des villageois sans arme, c’était déjà bien connu et laissait dans l’apathie complice l’Europe, dont la Belgique, voilà ce pays classé bourreau d’enfants. On atteint là des sommets !...
La plupart des enfants emprisonnés sont arrêtés pour avoir jeté des pierres ou participé à des manifestations. Mais depuis octobre 2015, dans le contexte d'une escalade du conflit, «il y a eu une augmentation notable du nombre de mineurs qui sont jugés et condamnés pour incitation à la révolte, en particulier sur internet.»
Cette nouvelle génération d’occupés n’a rien à perdre. On ne met pas si facilement au pas la jeunesse qui vient.
Même en Europe, la honte et l’indignation pourraient gagner les gens, malgré les interdits, le bouclage de l’information, le parti-pris délibéré des autorités. La peur d’être montré du doigt, par les chauds partisans du grand Israël qui voient des antisémites partout, maintient l’opinion dans une sorte d’autocensure qui fait penser à d’autres temps, pas si lointain, d’une Belgique également occupée.
On pourrait, par exemple, se réveiller un jour avec le sentiment qu’une grande partie de la vague terroriste qui pollue les relations des Européens vis-à-vis des émigrants, est en partie causée par la politique hégémoniste d’Israël dans la Palestine conquise et occupée indûment.
C’est ce que redoutent les médias qui contrôlent toujours l’opinion sur ce point scabreux.
Mais, il suffit parfois d’une exaction de trop de la part de « nos alliés naturels », pour que l’opinion se retourne et que le voile se déchire.
Il faut dire que ces temps derniers, Israël joue avec son bonheur. Espérons que le gouvernement de droite de Netanyahou disparaîtra avec les accusations de prévarication et de pots de vin, portées contre lui par un juge d’instruction de Tel-Aviv, pour qu’enfin des gens plus raisonnables et humains reviennent à une politique plus respectueuse des droits de l’Homme.

15 février 2018

Assaut de Maître !...

L’avocat Bruno Dayez est le dernier conseil de Marc Dutroux.
Avant lui, celui qui a pris « perpett » à défaut de se faire trancher le col (la peine de mort n’existe plus) avait « engagé » d’autres avocats. Ils s’y sont frottés pour des raisons diverses, la principale est probablement la quête de notoriété, qui est dans cette profession, la manière de s’y faire des ronds.
Marc Dutroux a donc été assisté par de nombreux avocats, depuis l’arrestation de 1996 : Julien Pierre, Martine Van Praet, Xavier Magnée, Ronny Baudewyn, Daniel Khan… et le dernier en date, Pierre Deutsch. Ce dernier est toujours son avocat, mais un second vient à présent l’épauler, Bruno Dayez.
On eût aimé, pour l’honneur de cette profession, que la caissière d’une grande surface, licenciée pour avoir « volé » un paquet de chewing-gum, ait eu autant d’ardents défenseurs.
Le petit dernier de la série est un futé compère de la corporation. Il a pensé que le meilleur moyen d’attirer l’attention, c’était de publier un livre sur Dutroux. Une maison d’édition a accepté le travail. Elle est parfaitement inconnue et pour cause, pas de comité de lecture, pas de librairie affiliée, inutile d’y envoyer un manuscrit et espérer le Goncourt. Par contre, avec les nouvelles techniques d’impression, tous les « à compte d’auteur » sont les bienvenus. C’est comme à la friture du coin, vous commandez, hop, on vous livre un exemplaire en appuyant sur le bouton « on » de la machine.
C’est ainsi que va paraître «Pourquoi libérer Dutroux ?», de Bruno Dayez.
En publiant cette chronique, je fais une pub gratuite pour l’avocat. Comme j’ai confiance en l’intelligence des lecteurs de « Richard3 ». Ils feront la part des choses.
Ainsi donc, avec la volonté de rejoindre la cour des grands, Bruno Dayez espère forcer le débat public, un de plus, sur l’assassin pédophile et, en annexe, sur le sort des détenus en Belgique, embringués dans notre système carcéral.
C’est une façon de joindre à un questionnement sur la justice, l’Hannibal Lecter belge, condamné, mais libérable selon la loi.
Notre législation aime l’emploi des termes décisifs, qu’elle transforme en rigueurs atténuées, si je puis dire. En ce sens, la Justice belge fait du tort à l’académie française ; avant de se ridiculiser et ridiculiser le citoyen.
C’est ainsi que perpétuité ne signifie pas « à vie ». Toutes les peines le sont à temps partiel, l’excédent des deux tiers, parfois moins de la peine, est à la discrétion de la direction pénitentiaire et des magistrats. C’est une loterie qui tient à la personnalité du détenu, à la fantaisie des autorités et parfois au trop-plein des prisons.
Le bracelet électronique est venu en plus compliquer la situation

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Bruno Dayez voudrait faire la promo de son livre en lançant un débat public autour du rôle du système carcéral, de la perpétuité et de la libération conditionnelle.
« Un débat pour lequel il a renoncé à ses droits d'auteur pour que le prix de son livre le rende accessible au plus grand nombre » écrit-on dans les gazettes, le plus sérieusement du monde, sans chercher à savoir s’ils existent et de quels sommes d’argent on parle.
Le système carcéral pourrait très bien libérer Marc Dutroux, puisque doux comme un agnelet en prison, c’est un prisonnier modèle qui perd aux cartes avec ses gardiens, sans leur sauter à la gorge.
Si on ne le remet pas à l’air libre, c’est uniquement à cause de l’opinion publique et du désordre qu’apporterait une telle libération, ajoutée à celle de Michèle Martin. La rue deviendrait un deuxième prétoire, ce qui ferait de la concurrence douteuse à l’autre.
C’est vrai que nous avons une législation de faux culs, écrites et appliquées par des bourgeois, faite en principe pour ne condamner que des chenapans de la classe en-dessous
Mais, ce n’est pas dans cet esprit là que maître Dayez voit les choses.
Il veut une législation qui condamne un jour, fait entrer le condamné par une porte le lendemain, pour l’en faire sortir par une autre, le surlendemain.
Il se dit que ce va-et-vient serait propice à la multiplication des causes à défendre, vu les récidives qui s’en suivraient. On sait les revenus aléatoires des avocats. Ce serait une aubaine, tout le monde n’a pas le milliardaire Chodiev comme client. Un autre argument qui devrait plaire à la magistrature, il y a de fortes chances que le voisin de palier du libéré Dutroux ne soit en aucune manière un éminent représentant des tribunaux.
L’opinion est d’un avis contraire. Elle serait plutôt pour une législation à l’américaine. Le condamné accomplit l’entièreté de la peine. À Boston ou Sandford, l’aimable Dutroux aurait écopé de 50 ans par crime et 10 ou vingt par délit et effraction. À l’heure actuelle, notre prisonnier modèle, s’il avait été américain serait en train de purger au moins 180 ans de prison, avec le regret du procureur qu’il ne pût les accomplir entièrement, vu qu’il décédera bien avant d’avoir payé sa dette à la société.
Ce n’est pas mieux non plus que notre système, tant il semble farfelu. Madoff, escroc de la High Society de NY a été condamné à 150 ans de prison à l’âge de 70 ans, sans avoir tué ou agressé physiquement ses victimes ! Il lui reste encore 140 ans à tirer depuis que son affaire a été jugée.
Inutile de dire, que l’objectif de la notoriété sera atteint si Dayez persévère et que les médias lui prêtent une oreille complaisante, mais il ne convaincra pas les victimes ni les familles des victimes de Dutroux, qui estiment qu'il est le pire exemple à évoquer, quand on se mêle de vouloir changer la justice en Belgique.
Sincèrement, là aussi le fric est déterminant, le nombre de procédures dans des juridictions différentes, la longueur des procès, la notoriété des défenseurs, tout ce cirque prouve s’il en était besoin, que la justice de classe est plus que jamais celle que le libéralisme affectionne et dont nous sommes, à la fois, les bailleurs de fonds, les justiciables et les victimes.
Le plus urgent, bien plus que la lecture par maître Dayez des 200.000 pages du procès Dutroux, serait de rendre un aspect humain à nos prisons, de cesser d’en faire des taudis où macèrent des entassés, dans les rancunes et les rêves de récidives.
Le bouquin de Dayez, c’est le blabla du bourgeois Chicanneau, et de la comtesse de Pimbesche, mûrs pour des arrhes conséquentes, payables au cabinet du ci-devant, endéans l’instant de la signature du contrat, pour une action en justice par toute voie propice à l’établissement du bon droit des intéressés.
Ce que Zazie dans le métro traduit par « mon cul, c’est du poulet ».

14 février 2018

Un Gault et Millau du socialisme ?

Comme on décide des restaurants, pourquoi pas un socialisme à trois étoiles au choix du public ? Grillo, en Italie, s’en est bien collé cinq !
Un phénomène politique trouble actuellement l’équilibre entre les gauches et les droites des pays latins : l’érosion des partis socialistes !
Le PS en Belgique est à un tournant, menacé comme l’effondrement français et italien. Les dégâts de la dernière montée au gouvernement de Di Rupo, incapable de proposer autre chose qu’un empirisme favorable aux thèses libérales, laissent encore des traces.
En Italie, on y pose la question d’une identité de substitution au communisme. C’est un questionnement inquiet sur l’opportunité de maintenir l’idéologie ancienne, dans une problématique d’avenir. L’étiquette «socialiste» a carrément sombré avec le parti du même nom. Il a été question en France, de changer l’étiquette du PS, la seule allusion au socialisme ne faisant plus recette. Certains en Belgique y pensent aussi.
Le « centre gauche » de François Hollande a carrément vidé les permanences. Les militants ont fui en deux parts quasiment égales, l’une chez Macron, l’autre chez Mélenchon.
C’est probablement ce qui guette le PS belge, entre le PTB et le MR. Le pronostic demeure incertain à cause du tissage assez dense du PS en Wallonie : syndicat, mutuelle et personnels des communes confondus.
Ce phénomène s’analyse mal en Italie, dans le déchaînement démagogique et les offensives droitières du «centre droit» de Berlusconi. En France, Macron se révèle être de conviction plutôt droitière. On attend une offensive contre les fonctionnaires de l’État. En Belgique, le MR dénature l'esprit du fédéralisme, pour rester au pouvoir en servant les intérêts de la Flandre, au détriment de ceux des francophones.
Tout se passe comme si les populations s’étaient résignées au capitalisme absolu, dans un chacun pour soi épique et pathétique.

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Pour réparer les dégâts, les formations politiques de gauche n’ont cessé de faire la course au centre. Ils en ont été écartés par plus au centre qu’eux ! L’adhésion au consensus libéral a été exaltée par les organes d’information dans les mains d’entrepreneurs de droite. Aujourd’hui, la gauche traditionnelle n’est plus de gauche et on peine à savoir où elle est vraiment.
La droite possède un formidable atout, celui de la propagande insidieuse et efficace des sollicitations en innovations-gadgets, le consensus de droite s’affiche sur les présentoirs de la consommation !
La critique de ce nouveau mode de vie mène vers des catastrophes électorales, tant le public en est friand. Alors que, dans la réalité d’un futur quasiment certain, le monde d’aujourd’hui est plus rêvé que réel. Le consommateur est rassuré comme les Français en 39 l’étaient par la ligne Maginot. Le communisme promettait le « grand soir ». Le capitalisme fait mieux, il fait comme si on y était ! Et on le croit !
La ligne politique qui consiste en une résistance passive à gauche, est tout aussi électoralement suicidaire que la collaboration dite socio-libérale. La gauche collaboratrice suivait le cahier des charges défini par les institutions européennes, en traînant les pieds,.
Elio Di Rupo, dans son nouveau rôle d’opposant, a tranché du haut de son impérialisme tactique. Il refuse de se positionner sur un axe gauche-droite, un peu à la manière de Beppe Grillo en Italie du mouvement 5 Étoiles. Le PS belge entre ainsi dans une période d’incertitude qui, comme le parti italien, pourrait lui valoir une remontée à la surface, presque assurée, hélas, d’une replongée dans les abîmes, aussitôt après.
Di Rupo fait penser aux agents de change en Bourse. Il compte sur son flair et son opportunisme, pour sortir le parti du trou, avec un boni.
Si la gauche « traditionnelle » n’existe plus en Italie et en France, c’est au fond parce qu’elle a décidé de ne plus exister ! Il semblerait que Di Rupo, si ses collègues le laissaient faire, soit en passe de leur emboîter le pas.
Les partis socialistes traditionnels n’ont jamais fédéré les forces qui auraient eu intérêt au dialogue entre l’action sociale et le mouvement politique. Les luttes internes pour le pouvoir dans les PS latins se sont aggravées en Belgique de la désastreuse administration des entreprises mixtes qui ont mis en évidence la vérité sur les appétits personnels.
Le comble, c’est que ce vice est tout autant, sinon plus développé à droite. Mais il apparaît que la mise en coupe réglée des biens de l’État se pardonne plus facilement à la droite qu’à la gauche. C’est que la droite ne se cache pas d’être vénale et capitaliste, alors que la gauche se pare des vertus, que les hommes qu’elle met en avant n’ont jamais eues.
La seule voie possible dorénavant pour les gauches consisterait à se regrouper dans des partis qui ne se sont pas trop frottés au pouvoir libéral et ne sauraient être taxés de partis corrompus. Comme la politique libérale conduit à l’impasse, il ne reste qu’à attendre que le système économique tombe de lui-même par ses excès et l’injustice sociale qu’il génère, puisque s’opposer au scandale économique actuel fait croire aux gens qu’on veut détraquer leur jouet.
L‘essentiel est de rester présent dans la mémoire collective et, au moment décisif, apparaître comme la seule alternative au désordre engendré par une économie prodigue, obsolète des temps futurs.
L’ennui, c’est que la politique de l’affût ne fait pas tomber le fruit pourri de l’arbre.

13 février 2018

Geen faciliteit !

Depuis toujours, Didier Reynders fait de la politique comme on va au bureau, de la même manière qu’un adjoint de direction ambitionne la place au-dessus. Directeur, il a ambitionné d’être le patron. Il le fut au MR, avant d’en être délogé par une ambition concurrente.
Didier vit de ça. Voilà trente ans que ça dure. Il n’y a pas de raison que ça s’arrête.
Sa plus grosse déconvenue fut la prise en loucedé du MR, par les Michel.
À la formation du gouvernement, Reynders voulut quitter la politique belge et se faire embaucher à l’Europe. Porter la serviette d’un Michel lui était insupportable.
Il rata l’Europe, sacrifié, une fois de plus, à l’ambition de Charles. Papa Michel voulait son fils premier ministre, ce qu’il n’avait jamais été. C’était une revanche.
Auparavant, pour nourrir son ambition, Reynders avait abandonné Liège pour Bruxelles, déçu d’avoir raté le maïorat. Ce nomadisme est fréquent, surtout chez les gens qui font des discours « émouvants » sur leurs racines, avant d’abandonner aussi sec, le sol natal.
Déménager à Uccle et faire patte douce à Armand de Decker, bourgmestre, lui valut des frais d’aménagement qu’il compte bien amortir. Bel Armand ne traînait pas encore les casseroles que l’on sait. Le bellâtre était le tuteur rêvé.
Les Michel, pour entrer rue de la Loi, baptisèrent la N-VA, parti compatible avec la droite francophone.
Le couac De Decker, allait lancer Reynders dans une nouvelle stratégie.
Cet homme n’est pas plus libéral que sa détestation des socialistes et des syndicats laisserait entendre. Aimer le capitalisme n’est pas suffisant. En Belgique, tout qui vote au centre comprend cela. Il faut encore montrer de la fibre sociale. Les Michel le savent, pas Reynders.
Pour s’en débarrasser sans qu’il crée de l’embarras au parti, Charles Michel l’a fait ministre des affaires étrangères.
La diplomatie est un métier confortable, au titre ronflant et aux multiples avantages. Mais il y manque ce contact charnel avec la population qui empêche le titulaire de s’y faire aimer. Reynders est rusé. Il en a fait chuter d’autres. Christine Defraigne perdit quinze belles années de carrière politique à Liège à l’ombre du grand homme.
Comme Tintin visait la lune, Reynders vise Bruxelles. Président de la Région bruxelloise lui irait comme un gant. C’est sa dernière ambition, finir président, comme il l’a été du parti..
Son poste stratégique à la régionale bruxelloise du MR, lui permet d’envoyer ses premières boules puantes vers son futur adversaire occupant l’emploi convoité.
D’abord, il s'est dit prêt à travailler avec la N-VA, si le scrutin de 2019 donnait ce parti gagnant chez les Flamands bruxellois. On sait come la minorité flamande est chouchoutée dans les accords fédéraux et les avantages énormes que sa modeste minorité lui octroie.
Ce n’est pas pour rien que les Flamands ont choisi Bruxelles comme capitale de leur région. Il paraît que De Wever va prêcher la fin des facilités dans les communes de la périphérie, sûr de ces amis Michel et Reynders, histoire de faire monter la sauce à Bruxelles chez les ultras.

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Pour satisfaire son ambition, Reynders sacrifierait la terre entière, pourquoi pas une ville en enfermant la majorité des francophones de Bruxelles, dans la même figuration d’otages qu’au Fédéral !
Pourvu qu’il soit président, il se ferait même Turc s’il le fallait.
Depuis que la N-VA a été débaptisée parti d’extrême droite pour les raisons que l’on sait, le MR joue la carte flamande. Les Francophones ont perdu le MR, il faudra bien faire sans.
Comme le croyant se tourne du côté de la Mecque, Reynders s’oriente vers Anvers. "Je n'ai pas d'exclusive en la matière à part l'extrême gauche ou l'extrême droite" (forcément, ce n’est pas le PTB qui va voter pour lui), confie-t-il aux gazettes complaisantes.
Olivier Maingain dit exactement le contraire : "Si les nationalistes flamands (la N-VA) ont la majorité absolue à eux seuls dans le groupe linguistique néerlandais" en Région bruxelloise "ou qu'il est mathématiquement impossible de faire une majorité sans eux, la menace du blocage des institutions bruxelloises sera terrible. Ils feront du chantage en permanence". Et de poursuivre : "Je pense que Didier prend un risque dont il ne mesure pas les conséquences pour les Bruxellois. Car mettre à mal Bruxelles, c'est peut-être encore plus viscéral pour la N-VA que de mettre à mal la Belgique".
Michel a déjà déséquilibré le gouvernement au Fédéral. Si Reynders devenait président de la région avec la N-VA comme partenaire, les vœux de Bart de Wever de conduire les Flamands à la scission ne seraient pas loin de s’accomplir.
Ces deux libéraux francophones ont une conception du sens de l’État qui m’étonnera toujours. !

12 février 2018

L’intérêt à taux zéro !

En économie « normale », il y a un mot interdit depuis au moins huit ans : INFLATION !
Comme rien n’était vraiment réglé et qu’on n’est jamais sorti de la crise de 2008/9, en Europe on s’est dit que ce serait plutôt commode de faire comme si tout allait bien. C’est une méthode qui, par le passé, a remporté quelques succès. L’apparence de prospérité générale, d’irréelle peut devenir réelle par l’effet d’une euphorie qui n’a rien à voir avec la situation.
Seulement, il y faut la finesse d’estimation d’un prêteur sur gage pour jauger les appétits de consommation, afin que la masse laborieuse n’achète pas à tort et à travers produisant de l’inflation par sa seule demande, notamment par le crédit.
Voilà pourquoi, dans ce système, l’Europe joue le jeu pervers de favoriser les classes possédantes, afin de contenir les appétits de la base : une prospérité ciblée pour "une élite", excluant le reste de la population.
C’est assez hypocrite, mais assez simple dans le fond. Tout ouvrier ou employé en-dessous de trois mille euros par mois fait un marché de dupe en souscrivant à l’économie de l’Europe dans sa démarche actuelle.
Les États se dont donc mis à combler leur déficit par des emprunts. Ainsi, on n’a pas touché à grand-chose dans l’organisation, les coûts du social et de la démocratie, les taxes et impôts des grandes fortunes, etc. Tout juste a-t-on un peu serré la vis dans les salaires et alourdi les TVA, pour faire peur aux masses, afin qu’elles ne revendiquent pas de meilleures conditions de vie, comme expliqué ci-dessus.
On avait vécu à la fin des années 90 un petit aperçu de ce que pouvait être une inflation continue, et on n’avait pas envie de recommencer.
Pour réussir des emprunts à effet zéro, les banques européennes ont suivi les consignes de la BCE et réduit l’intérêt à un taux de mendicité. La petite épargne n’a pas cherché de meilleurs rendements et les banques ont pu gérer des milliards à l’aise, au point que certaines envisageraient même de faire payer un loyer à l’argent placé supérieur au rendement !
Les États ont bien reçu la fameuse consigne des 3 % maximum de déficit du PIB, ni la Belgique, quoiqu’en dise Charles Michel, ni la France, l’Italie, l’Espagne le Portugal, etc. n’ont respecté cette consigne, qui ne repose en réalité sur rien de précis, si ce n’est au départ une remarque de Laurent Fabius, lorsqu’il était ministre des finances, il y a très longtemps.
Tout baigne et risque de baigner longtemps dans la même saumure. L’endettement à 0% d’intérêt est un investissement. Mais pour cela, il faut être certain que ce 0% soit à vie.
Or, ce n’est déjà plus le cas des États qui ont perdu la confiance des banques centrales comme la Grèce.
Et si demain les taux d’intérêt repartaient à la hausse et ce non plus pour pénaliser les mauvais payeurs comme la Grèce, mais tous les États endettés ?

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L’Allemagne exceptée, tous les États européens seraient en faillite et dans l’incapacité de rembourser ne serait-ce que l’intérêt du capital emprunté !
Et c’est cette crise qui nous pend au nez, que redoute les partis favorables au système actuel avec le dollar roi et l’ouverture des marchés, dont le MR et même le PS sont les chauds partisans (le PS dans une moindre mesure, depuis qu’il est dans l’opposition).
L’inflation par les coûts pourrait faire place à l’inflation par la dette.
Sauf que les taux d’intérêt peuvent très bien augmenter, sans que les États endettés soient en mesure d’y répondre par l’inflation organisée, à cause de l’euro. Il faudrait pour cela que l’Europe toute entière, entrât dans la combine.
Quelle que soit son origine, une augmentation des coûts ne peut être répercutée dans les prix, si en face il n’y a pas de demande suffisante pour supporter cette augmentation.
C’est là où le programme d’austérité joue à plein contre ceux qui l’on décidé il y a dix ans.
Dans une inflation programmée pour réduire les effets de la dette, ceux dont les salaires ont été maltraités jusque là, dans la politique du gouvernement Michel, l’inflation voulue pour des raisons budgétaires affame ceux qui sont dans des situations financières précaires.
Ce n’est pas le moment quand les grandes surfaces suppriment les petites mains et les caissières, quand les intérimaires alternent les périodes de travail et de chômage, que la pauvreté est le lot de quatre pensionnés sur cinq, qu’on se mette à jouer avec l’économie.
N’oublions pas que les élections auront lieu l’année prochaine. La clique des satisfaits au pouvoir, doit croiser les doigts pour que les taux d’intérêt restent stables jusque là.

11 février 2018

Derniers échos de Davos.

Les grandes puissances économiques semblent renouer avec la croissance. Les riches sont aux anges. Les cartomanciennes tirent de bonnes cartes. Hedebouw le valet de pique est retenu par Chastel, roi de cœur. Le krach financier, que l’on a cru possible au début de la semaine passée, semble une fausse alerte. Donald Trump impose à l’Amérique, sa recette de gros lourd à la mâchoire carrée qui dit à la télé « vous êtes viré », puis s’en va faire une partie de golf en emportant la mise. Le cours des actions des sociétés s’envole en bourse (voilà qu’il redescend en février, mais ce n’est pas grave). Tout le monde s’enrichit, soit 5 % de la population en réalité. Que voulez-vous savoir de plus ?
Le Forum économique mondial de Davos a été une réussite totale. Les décors étaient merveilleux. Les compagnes des milliardaires resplendissaient sous les onguents et les parfums. L’euphorie fut gâchée, quelques brefs instants, par un aigri qui stresse tout le monde. Hawkins ne suggère-t-il pas de peupler une autre planète tant qu’il est encore temps, mais il faut faire vite !
Le décès de quelques milliardaires, aussitôt remplacés par leurs ayant-droits, laissait planer sur Davos l’idée accablante que l’argent qui coule dans les veines de ces chançards est incapable de transformer leurs artères façon tuyau de pipe, en caoutchouc Goodyear.
Beaucoup de choses ne vont pas. C’est au point que Charles Michel, à peine revenu et encore en escarpins, a tenu à nous faire part de son immense satisfaction. Du MR, c’est lui qui masque le mieux son inquiétude. Ainsi persuadés que les jours futurs seront meilleurs, les fans MR ont commandé daredare les poster disponibles. La famille Michel jouant au ping-pong connaît toujours un franc succès.
Pourtant, la liste des ennuis s’allonge comme le menton d’un Anglais, déjà en galoche, qui lui tombe sur les genoux : changement climatique, guerres, pauvreté et inégalités, troubles sociaux, terrorisme, cyber attaques, dirigeants politiques pas à la hauteur, etc.
À contempler ce petit monde de fêtards, j’étais à deux doigts de m’assoupir lorsque je fus – l’oserai-je à peine écrire – tiré de mon début de somnolence par une violente érection à la vue de Theresa May ! Un cinéaste avait eu l’idée de montrer le beau monde en flash-back.
C’est inexplicable, cette femme de 64 ans est mille fois plus bancable que Sharon Stone, 60 ans ! Elle fait sur moi l’attrait d’un effet de commerce réescomptable par un établissement financier auprès d'une banque centrale, ce qui a pour effet de réduire le risque de lui faire l’amour sans préservatif, en pleine chambre des Lords !

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Cette femme sait que le Brexit viendra mettre un terme à la croissance en Grande Bretagne, alors que nous ne savons ni quand, ni comment, notre tour viendra.
À côté d’elle, le patron de Google et Jack Ma, patron-fondateur d’Ali-Baba, semblaient avoir besoin de l’intelligence artificielle du robot le plus en pointe, pour sortir de leur hébétude, fortement imprégnée de Don Pérignon.
La bataille d’ego entre milliardaires est un choc fascinant pour les milliards de cinéphiles, dont je fais partie, qui voient le réel dans la science fiction. L’un d’entre eux, le géant Soros n’a-t-il pas qualifié les autres milliardaires de menaces contre l’humanité ?
Ses vociférations se perdirent dans l’atmosphère délétère sur l’ordre express des Agences de presse, toutes d’accord à mettre ses propos sous l’emprise de l’alcool.
Mon violent désir de Theresa May m’avait laissé le seul lucide de la Belgique devant la télé. Elle semblait ne s’adresser qu’à moi dans son anglais d’Oxford. Ce qui aurait fini par me faire exploser de bonheur, quand l’accent hongrois de Soros de Philadelphie, me tira de mon rut animal.
Il disait littéralement ceci : «Les entreprises tirent leur bénéfice de l’exploitation de leur environnement. Les compagnies pétrolières et minières exploitent l’environnement physique; les réseaux sociaux exploitent l’environnement social. C’est particulièrement scandaleux parce que les réseaux sociaux ont une influence sur l’opinion publique et sur les comportements des personnes, sans même que celles-ci ne s’en rendent compte. Et les conséquences sur le fonctionnement de la démocratie sont très importantes, en particulier sur l’intégrité des élections. «
« Il n’a fallu que huit ans et demi pour que Facebook engrange un milliard d’utilisateurs et moitié moins de temps pour s’adjuger encore un nouveau milliard. À ce rythme, dans trois ans, Facebook n’aura plus personne à convertir en utilisateur. […]. Facebook et Google brassent plus de la moitié des revenus publicitaires générés sur Internet. […]. La rentabilité exceptionnelle de ces sociétés tient en grande partie au fait qu’elles n’assument pas la responsabilité du contenu publié sur leurs plateformes et qu’elles ne paient rien pour ce contenu. Elles prétendent qu’elles ne font que diffuser de l’information, mais le quasi-monopole dont elles jouissent en fait des services d’intérêt public. Or, à ce titre, elles devraient être assujetties à une réglementation plus stricte visant à préserver la concurrence, l’innovation ainsi qu’un accès universel ouvert et juste. «
«Les réseaux sociaux trompent leurs utilisateurs en manipulant leur attention et en l’orientant vers leurs propres fins commerciales. Elles conçoivent délibérément l’addiction aux services qu’elles proposent. Ce qui peut causer beaucoup de dégâts, en particulier chez les adolescents. Il se produit un phénomène tout à fait préjudiciable, peut-être même irréversible, au niveau de l’attention humaine à l’heure du numérique. Les entreprises ne se limitent pas à distraire les utilisateurs et à les rendre dépendants. Elles poussent également les personnes à renoncer à leur liberté de pensée, ce qui les rend plus enclines à être manipulées politiquement.»
Theresa May, dès le début du discours, s’était éclipsée, saisie par le besoin de changer d’air. Charles Michel serrait convulsivement la main de Didier Reynders. J’avais le sentiment que ces deux là venaient, pour la première fois, de sentir monter, en même temps, une haine commune pour un milliardaire.

10 février 2018

L’art du coup… mais fourré !

On assiste au triomphe des propos de saison en nouveautés d’étalage, thème du jour : les mœurs !
« Mon dieu des mœurs du temps mettons-nous moins en peine
Et faisons un peu grâce à la nature humaine. »
Philinte aujourd’hui serait embarqué au poste, pour non assistance à personne en danger.
L’affaire Weinstein a lancé la mode du « touche pas à mon cul » qui veut que chacune et chacun balance quelque chose « qu’on a vu mais qu’on n’a pas osé dire » ou mieux encore « dont on a été victime ».
On se réveille avec une sorte de révélation que l’homme est un prédateur et qu’il n’y a pas de raison qu’il laisse en paix une personne du sexe opposé, plus faible que lui, sans qu’il n’essaie sur elle, par instinct, sa belle musculature. Belle découverte !...
Il y a plus de trente mille ans que le chasseur-cueilleur exerçait son talent dans les mêmes conditions qu’en 2018 à Hollywood. On ne s’en rend compte, que parce que c’est la mode de s’en apercevoir.
Longtemps après nos lointains ancêtres, ces faunes champêtres, le baron médiéval reprenait la chose en mains, si je puis dire, en inventant le droit de cuissage.
Le serf trouvait cela profondément injuste, mais il était sous la condition, ou presque, de l’esclave romain qui devait subir bien pire.
Peu à peu, cette coutume gaillarde s’enfonça dans l’épaisseur des âmes, sans être perdue par tout le monde, le baron médiéval ayant distillé ses pouvoirs en une infinité d’autres dont se saisirent les notables, les patrons et jusqu’aux chefs de service, dans un anonymat fécond en filles mères et en besogneuses résignées.
Là-dessus, la religion catholique avait enfoui ces horreurs sous la soutane des prêtres, dans l’anonymat des confessionnaux.
La coutume de bien foutre et laisser dire les bonnes sœurs est encore vivace chez les bourges. L’affaire Weinstein a simplement rendu l’instinct prédateur plus circonspect.
Chose curieuse, la notoriété met certains prédateurs en posture d’être montrés du doigt. L’ignominie atteint surtout les têtes de gondole, les huiles politiques, les vedettes hollywoodiennes aussi nombreuses à Paris qu’à Los Angeles, comme si être célèbre concentrait les reproches et exonérait les autres des haines réchauffées par la mode.
Cette concentration profite aux subalternes, c’est bien la première fois, qu’ils profitent de quelque chose.
Des sous-directeurs aux sous-chefs de bureau, une belle carrière de frotteurisme reste à portée, sinon qu’ils doivent se montrer prudents. Ce n’est pas encore demain la veille qu’on descendra jusqu’au peuple pour dénoncer les vicissitudes prolétariennes.
Pourtant, nul doute, ça y fornique pareil.
La mode battant son plein, la blessure s’y ravive, le trauma ne s’exerce qu’au passé, de préférence prescrit par les autorités judiciaires, jusque là indulgentes. Les rois de la pige ont senti qu’il y avait du blé à se faire et des réputations sulfureuses à gagner. Le métier soudain requiert des plumes vengeresses. Le passé sexuel des importants est passé au crible, enfin ceux qui peuvent encore réagir face à la caméra. On y attend qu’ils y pètent les plombs. Tout le monde n’a pas la gueule de salaud comme Weinstein, pour rendre la désapprobation sans appel.
Certains illustres à la réputation de galopin restent en-dehors de la piste, Chirac en raison du gâtisme et Giscard d’Estaing en fonction de ses confessions littéraires, nouveau Casanova à la Une de Samedi Soir, si sa fougue écrite, n’était pas suspecte d’exagération.
On a eu Darmarin, contre exemple du patibulaire Weinstein, lui plutôt Dorian Gray. Il paraît que ce sont les pires ! Radin sans doute, il trouvait plus commode d’user de son petit bout d’influence, pour satisfaire un autre petit bout, pas cher, pas vu, allant même à se faire payer le resto par la belle quémandeuse, avant de lui sauter dessus dans un hôtel, alors qu’elle n’en avait pas envie. Encore que ce soit difficile de faire croire à un juge qu’on suit quelqu’un dans une chambre d’hôtel, juste pour se poudrer.

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On a maintenant Nicolas Hulot, ex cavaleur célèbre, aujourd’hui beau-fils préféré des Français. On a cru qu’il avait toujours été Saint Hulot patron des fleurs et des oiseaux, on apprend que le moderne François d’Assise ne baisait pas toujours en accord dans l’enthousiasme partagé de ses partenaires. Quelques créatures se souviennent encore du pervers sous le masque idolâtré.
C’est tout le vocabulaire en la matière qu’il faudrait revoir. Qu’est-ce qu’on met comme qualificatifs entre le viol et le flirt léger ? Flirt appuyé, drague lourde, violence et agressivité du mâle en rut ou mauvais jugement de départ qui finit dans l’horreur, le moindre mal étant une main sur la gueule du Brutus en caleçon.
Des charmeurs sont souvent tout cela à la fois, tantôt aimable et très régence, puis cour des miracles, grossiers à faire exploser les sous-tifs, des mains calleuses sur des fragiles nibards. Janus dévergondé un jour, grand prêcheur de l’Islam le lendemain, capable de galvaniser les croyants le matin et l’après-midi se rehausser des 8 cm d’épaisseur du Coran, nécessaire pour se mettre à niveau de la situation.
Le plus difficile dans l’esprit des prédateurs au souvenir, c’est de passer de la main douce et efféminée, à la paluche aux ongles endeuillés du débardeur.
On n’a pas besoin de lire Agatha Christie pour savoir que des doigts de pianiste peuvent aussi bien étrangler que d’autres plus courts et plus charnus.
Dans ces retours aux viols anciens dont on aurait perdu la trace sans Weinstein, l’histoire balbutie et laisse percer des anomalies.
On célèbre aujourd’hui les amours de Cloclo, le chanteur disparu. Des grands reporters en chasse de la petite culotte de coton des années « âge tendre », on mit la main sur une Belge de quarante ans, fille prouvée de Claude François.
La presse s’émerveille, sacré Claude François, les égrillards se poussent du coude, les jeunesses de rédaction qui serrent les cuisses. Le chanteur à la voix aigrelette avait un talent caché ! La mère de cette fille retrouvée avait à peine treize ans et le farfadet trente-huit !
C’est du Weinstein à l’état pur !
À l’heure où l’on est vent debout contre les prédateurs sexuels, Cloclo pose problème.
Dans le sexe, il y en aura toujours qui pourront faire n’importe quoi et dont on dira de leurs victimes, qu’elles l’avaient bien cherché.
Quand la mode sera passée, on trouvera autre chose. Les queutards ont encore de belles années devant eux. C’est dommage, les femmes avaient une belle carte à jouer.

9 février 2018

La main de velours.

On bute presque toujours sur une question de rémunération, quand on aborde la question de la trésorerie selon la sacro sainte règle libérale, qui estime que moins on paie de salaires, mieux l’économie se porte. En vertu de quoi, les responsables des entreprises font du zèle pour réduire les salaires du tout-venant au maximum et augmenter jusqu’au-delà du raisonnable, quelques CEO et cadres ; idem dans l’économie mixte ou d’État, à l’appétit contingenté par le rapport de force entre les partis politiques du pouvoir et l’opposition.
Cela signifie plusieurs choses dans le curieux développement qu’a pris la démocratie.
a) les salaires ne sont plus calculés en fonction des compétences et des services rendus, mais selon d’autres critères qui tiennent plus à des subjectivités nées de différents pouvoir ;
b) dans l’organisation actuelle, compte tenu de la bureautique et des progrès de gestion automatisée, les plus hauts emplois ne sont pas nécessairement tenus par les plus hautes compétences, mais par les plus opportunes ; la concurrence y serait autant active entre postulants que dans les plus bas emplois, si on en démocratisait l’accès ;
c) il y a très peu d’entreprises dans le management qui soit l’apanage d’un seul ayant pouvoir de décision ;
d) les hauts cadres n’ont jamais été des perles rares. Les critères de sélection sont uniquement destinés à en limiter le nombre et à en justifier les salaires ;
f) le système n’a jamais eu qu’un modèle depuis la plus haute antiquité pour la conservation du pouvoir : clientélisme et garde prétorienne des despotes qui parsèment l’histoire ;

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Plus personne ne conteste le tour inattendu des évolutions salariales des hauts cadres et dirigeants – quoique déjà désaxé par rapport au salaire moyen d’un travailleur qualifié dans l’industrie d’il y a cinquante ans – les salaires distribués aujourd’hui au niveau supérieur dépassent l’imagination.
Les efforts des personnels politiques pour atteindre les salaires élevés du privé ont conduit, toute proportion gardée, l’électeur à se poser des questions sur les motivations réelles des élus.
La poursuite du bien public par un engagement militant n’est même plus considérée à l’intérieur même des partis, comme un critère faisant progresser la démocratie.
Parfois, à l’occasion d’un déballage, l’électeur reste sans voix devant des faits attestant les appétits sans fin d’un personnel en qui il avait confiance.
C’est le cas, ces temps-ci de Paul-Émile Mottard qui parle de « maladresse évidente » le fait de s’être approprié le droit de modifier le rapport trimestriel de Publifin suite à la mise en œuvre des recommandations de la commission d'enquête du parlement wallon.
Ce qui ne manque pas de sel, ceux qui dénoncent cette pratique délictueuse ne valent pas mieux que lui. S’ils ne font pas montre de solidarité afin que le public n’en sache rien, c’est pour l’unique raison qu’ils sont dans les partis du pouvoir et que Mottard est dans un parti d’opposition (PS).
La Libre et la DH (journaux du pouvoir en activité) ont révélé jeudi que le dernier rapport reçu par la ministre wallonne des Pouvoirs locaux Valérie De Bue n'est pas le même que celui qui a été avalisé par le conseil d'administration. Trois paragraphes ont été ajoutés dans l'annexe. Paul-Emile Mottard admet vendredi dans les colonnes de Sudpresse avoir apporté ces modifications.
Petite information complémentaire qui va droit au cœur des citoyens du bas de l’échelle, c’est-à-dire le plus clair de la population, 23 cadres dépassent le plafond de 245.000 euros chez Nethys. Publifin a fait savoir jeudi par voie de communiqué qu'elle ne demandait pas l'exception au plafond des rémunérations pour les cadres de Nethys.
Ciel ! on va les diminuer, on comprend l’inquiétude d’Émile…
Nous sommes au temps d’Aetius (395-454) général et sénateur romain, déjà cumulard et CEO dans la Rome au bout de sa « civilisation ». Il meurt poignardé de la main de l'empereur Valentinien III le 21 septembre 454. Procope relate que, d'un Romain à qui Valentinien demandait s'il avait bien fait, reçut cette réponse : « Je ne sais si vous avez bien ou mal fait, mais je sais que de la main gauche, vous vous êtes coupé la droite ».
À les voir tous bien replets, rubiconds et sûrs d’eux-mêmes, on se demande s’ils ne sont pas déjà manchots, tant les mains que leur clientèle serre dans leur descente triomphale d’estrade, ont l’air d’être des prothèses froides et déshumanisées.

8 février 2018

Flahaut a le blues grave…

S’il y a bien une chose que l’enseignement en Wallonie ne sait pas faire, c’est obtenir à la sortie des études que nos étudiants s’expriment et écrivent correctement. Cela vaut pour tous les cycles y compris universitaires. On pourrait même dire « surtout » universitaires, puisque à défaut de discerner l’intelligence qui n’a cure de ces critères, l’université reste quand même ce qu’on produit de mieux.
Le francophone n’est pas doué pour les langues. La preuve, il massacre la sienne !
La perte du wallon, dès l’entre deux guerres, au profit du français, est inscrite dans sa mémoire comme une frustration, même s’il en a perdu conscience. Le flamand a mieux résisté, à cause d’un nationalisme réactif à l’esprit latin, un défaut de droite hérité des germains, qui date du temps où Aetius, général romain ne reprit jamais pied sur la rive gauche du Rhin, au souvenir abhorré de Germanicus qui avait réussi l’exploit, quatre siècles plus tôt.
La wallon disparaît peu à peu, rarement parlé dans l’usage courant, remplacé par une langue hésitante et mal desservie. La plupart des usagers en Wallonie ignorent les temps : passé, futur et antérieur, se bornant à réduire le récit au présent, y compris dans la presse. Ne parlons pas du plus-que-parfait, des subjonctifs… même Reynders « n’y entrave que dalle » !
Les « élites » se disqualifient. On pouvait être un lettré au siècle dernier sans n’avoir fait aucune étude, par l’amour de la langue. On plaçait le récit dans le temps adéquat, à force d’usage et de lecture, comme le musicien joue juste d’oreille, par défaut de solfège.
Qu’importait l’orthographe vétilleuse, il arrive à tout le monde de faire des fautes comme des maisons. C’est sans importance si le reste est enlevé. Un des grands manieurs de la langue, qui ne fit pas beaucoup d’études, Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, avait une vivacité rare de plume et d’esprit. Les grammairiens de la Pléiade ont dû souffrir pour rester dans l’esprit du texte des Mémoires, en l’expurgeant des scories orthographiques. La « musique du bien dire » n’existe plus. Nous parlons aujourd’hui à Liège un français anglo-baraki !
C’est le moment qu’André Flahaut, ministre du Budget en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) a choisi pour nous parler du sauvetage de la langue et de la culture… marocaine et promouvoir par la même occasion l’enseignement de la langue arabe dans les écoles !
Qu’on ne se méprenne pas, je n’ai rien contre les cultures étrangères. Elles méritent qu’on les aborde avec beaucoup d’intérêt et de respect. Nous devons beaucoup à la culture arabe, à commencer par le système métrique, mais était-ce le moment de farcir la tête de nos enfants d’une autre culture, alors qu’ils ne perçoivent déjà pas bien celle dans laquelle ils sont nés ?
Oui, répliqueront les idéalistes de gauche, les Arabes émigrés en masse en Europe ont droit à leur culture. C’est la mission de l’école officielle !
Flahaut veut que l’inculture générale en français devienne l’inculture générale en franco-arabe !

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Je sais bien que sur cette question, la gauche est pour un salmigondis, en vertu d’une ouverture à tous les peuples. C’est bien ce en quoi, je suis en désaccord. À suivre cette logique, on devrait d’abord apprendre le swahili, le lingala et le tshiluba langues parlées dans nos anciennes colonies, aux ressortissants desquelles nous devrions automatiquement accorder la nationalité belge, dès qu’ils choisissent de vivre chez nous, ne serait-ce que pour faire oublier la bourgeoisie, exploitant ces peuples, parfois de façon criminelle, de Léopold II à Baudouin. Vu ainsi, je suis pour !
Pour réussir un patchwork il faut un génie que nous n’avons pas.
Par une méconnaissance de la géographie en-dehors de l’Hexagone, les Français admirent les hommes politiques belges qui parlent le français. Ils les félicitent, tant nos élus donnent l’impression d’avoir tous été élevés en Flandre !
Une nouvelle vague qui promeut l’illettrisme multilingue a été relancée par Monsieur Abdelkrim Benatiq, chargé des Marocains résidant à l'étranger. « Il a tenu, vendredi à Bruxelles, une série de rencontres avec des responsables politiques belges consacrée à l'examen des préoccupations de la communauté marocaine et à la coopération avec la Belgique. (Journal marocain Le Matin)
André Flahaut, poussé par le besoin de voix des électeurs binationaux, a souligné la nécessité de promouvoir rapidement l'enseignement de la langue arabe dans les écoles de la FWB.
C’était du joli avec l’apprentissage du flamand quasiment obligatoire dans nos écoles (là je suis pour), si on ajoute un zest d’arabe, l’étude du français ne ressemblera plus à rien.
Ce qui me gêne dans ma réflexion, c’est qu’elle est assez proche de celle de Georges-Louis Bouchez, délégué général montois du parti libéral, alors que je suis aux antipodes de ce personnage et du concept libéral en matière d’émigration !
Il paraît que les socialistes sont coutumiers du fait et que la connaissance de l’arabe serait nécessaire à notre ambition pluraliste. Catherine Moureaux (PS) avait avancé l'idée d'un cours d'histoire selon les origines de l'élève, avant de se rétracter. C’est dire dans quel océan de pseudo culture on est tombé. Catherine Moureaux… tiens, ce nom me dit quelque chose, pas vous ?
Mon inquiétude est fondamentalement différente, elle est la résultante du constat de grandes lacunes dans les connaissances de la langue, du primaire aux études universitaires.

7 février 2018

Natixis à Courbevoie.

Pierre Rondeau est un économiste de « Sports Management School » de Courbevoie qui s’est mis en tête de reprendre sur « Slate magazine », chiffres en main, l’étonnante prophétie de Marx sur la fin du capitalisme, non pas depuis les contradictions qu’il aurait relevées du livre « Le Capital », mais de sa collaboration avec Friedrich Engels, dans « Le manifeste du Parti Communiste » de 1848.
Et tout cela à partir d’un article de Natixis, la banque internationale de financement, d'investissement, de gestion d'actifs, d’assurance et de services financiers du Groupe BPCE, deuxième acteur bancaire en France, dont le titre pouvait prêter à confusion et qui n’était qu’un coup de com en faveur de l’économie capitaliste, bien entendu.
À la suite de quoi nous avons droit à des interprétations de graphiques produisant des résultats sur une société tellement différente de celle dans laquelle Marx a vécu, que la valeur ajoutée de Friedrich Engels accable davantage ces philosophes du passé, qu’elle ne les exonère de la sévérité de l’analyse de Rondeau.
Franchement, on devine de la manière dont est ici abordée l’économie, à quel genre de cours d’économie ont affaire les futurs diplômés de cette école de management : entrer au service à la Trump Tower et finir la journée à courir en survêt, autour de la pièce d’eau de Central Park.
Plus personne ne croit aujourd’hui que la fin du capitalisme se réalisera selon la prophétie de Marx. Mais les causes produisant les mêmes effets, nous ne nous inscrivons déjà plus dans le capitalisme d’Adam Smith, issu de la société protestante anglaise. En ce sens, ce ne sont pas les travailleurs qui ont tué ce capitalisme là, mais les puissances d’argent elles-mêmes.
Si bien qu’il s’agit de savoir combien de temps durera le nouveau monstre.
Avant-hier matin, l'annonce d'une augmentation significative des salaires en janvier, pour l’économie américaine, une bonne nouvelle en quelque sorte, a eu un effet dévastateur sur les marchés en ravivant les craintes d'inflation, et donc d'un resserrement monétaire américain à un rythme plus rapide que prévu. Les places financières asiatiques, Tokyo en tête, plongeaient mardi, emboîtant le pas à Wall Street où les investisseurs ont soudainement cédé à l'affolement après plusieurs mois d'euphorie boursière.
Aurait-on pu imaginer un pareil scénario en 1848 ? L’immédiateté de l’information financière d’une place boursière à l’autre pourrait avoir une telle impression psychologique défavorable, que s’il vivait de nos jours, Marx aurait pu ajouter celle-ci aux risques de l’effondrement général du capitalisme.
L’économiste avait prophétisé la fin du système par une baisse tendancielle du profit, la réduction des salaires et le réflexe du capitaliste se sentant menacé dans son profit, donnant dans le panneau de la spéculation immobilière avec la meute des autres.
Marx avait peaufiné ses prévisions de 1848 dans la publication du Capital en 1867.

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L’évolution du marché cent cinquante ans plus tard a, certes, montré l’obsolescence des objections marxistes, mais c’était pour en faire apparaître de nouvelles, toutes aussi significatives.
1. la démographie galopante dans le monde produit un effet permanent d’allongement des files de chômeurs que l’embauche ne compense pas. On saurait même prédire selon les graphiques des naissances, combien de sans travail en plus seront sur le marché demain ;
2. l’exploration complète de la planète avec la disparition des « terra incognita » donnant à l’inventaire des ressources un tableau presque définitif avec un décompte affolant du nombre de jours par an au cours desquels ce que nous consommons des réserves naturelles de la planète ne sera pas renouvelé ;
3. Le progrès des techniques débouchant sur une pollution effrayante dont le résultat est le réchauffement de la planète qui pourrait avoir des effets dévastateurs d’ici la fin du siècle.
Il y aurait peut-être un quatrième point à caractère philosophique et qui tiendrait compte de la nécessité pour se maintenir à flot d’une croissance continue, ce qui est impossible à terme, puisque cette croissance accélère le processus de dégénérescence de la planète.
Force est de constater qu’en intégrant ces trois points au raisonnement de Marx, non seulement la société capitaliste bourgeoise est condamnée, mais aussi la société communiste telle que la concevait Marx, puisque selon son manifeste, « la société communiste, le travail accumulé n'est qu'un moyen d'élargir, d'enrichir et d'embellir l'existence des travailleurs » ce qui laisse supposer que la société resterait productiviste, donc finirait par se casser les dents de la même manière que sa concurrente.
Natixis et son brave soldat Chvéïk, Rondeau, de Courbevoie, ne triomphent pas pour autant dans le fatras de leurs graphiques dont je m’étais promis de dénoncer toute l’illusion au début de cette chronique (1). Faute de place, laissons-leur croire que Marx avait tout faux. Le jour où il aura raison Natixis ne sera plus sur la place pour confesser qu’il avait tort.
Car Marx ne s’est nullement trompé sur le caractère illusoire du système capitaliste selon lequel l’exemple de quelques-uns regorgeant de biens et de profits suffirait à décider les autres au travail de fourmi pour un « Access » à la caverne d’Ali Baba, étant bien entendu qu’ils n’y arriveraient jamais, préférant à ce mirage une autre répartition des biens.
Et c’est là que le génie de Marx joue à plein, puisqu’il préconise autre chose afin de pourvoir justement aux besoins du plus grand nombre, même si les calculs de 1848 ne pouvaient s’avérer justes, il y manquait les données d’aujourd’hui. Natixis pouvait les obtenir sur un simple clic. Le groupe prendra juste ce qu’il lui convient. Son but était de démolir la thèse d’un communisme du passé, afin que les gogos trouvent épatant leur capitalisme antidaté, préjugeant un futur glorieux. .
Mission accomplie.
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1. Les statistiques reprennent souvent une moyenne donnée dont la principale qualité est de ne pas faire ressortir les inégalités. Exemple sur les salaires. Si ceux-ci ont augmenté de 5 % en moyenne cela ne signifie pas que les petits salaires sont en train de rattraper les autres, mais peut-être que les cadres viennent de s’auto augmenter de 30 ou 40 % !

6 février 2018

A la mémoire de Barîn Kobanê.

Pour le coup, cette indignation va encore passer pour populiste !
Il est vrai que tout qui n’a pas « la voix autorisée » de la nomenklatura est une voix populiste.
Seul bénéfice à ce « non imprimatur » officiel, je vais me livrer « personale et imprecatio », à ce que Bourdieu dénonce comme la confusion entre « grossièreté et vulgarité » des milieux des belles réussites du marché.
Faire de la politique, ce n’est pas mettre les mains dans le cambouis, c’est mettre les mains dans la merde.
Il faut le savoir à tous les niveaux. C’est ce qui grandit ceux qui font de la politique sans espoir de places rémunérées, par idéal et par amour des gens.
La merde en politique s’appelle l’intérêt. Il y a l’intérêt des peuples, l’intérêt des pays, l’intérêt des partis et l’intérêt personnel. On a le choix des couleurs et des sortes de défécations.
Il y a des merdes invisibles qui deviennent gênantes parce qu’odorantes, par les fragrances des cadavres putréfiés. Ce sont en général des merdes que les états laissent derrière eux, dans des guerres non finies pour lesquelles ils ont eu des alliés de circonstance, communautés éclatées par les régimes forts. Des populations croyaient qu’elles gagneraient enfin le droit à la paix et à la démocratie. La Belgique s’est fait une spécialité de refouler, de son territoire, certains de ses enfants de parents, que nos contingents ont entraîné en Irak à se faire tuer pour vaincre Daech et arrêter le terrorisme en Europe.
Ainsi, les Kurdes de Syrie et d’Irak ont aidé magnifiquement les forces en majorité occidentales à briser le monstrueux dessein de Daech de nous convertir à leurs stupidités religieuses ou de périr.
Les Kurdes de Syrie, laïques, sans discrimination entre femmes et hommes, partageant entre eux un immense appétit de liberté, ont cru que leur combat était le nôtre.
Sans leur aide, nous en serions toujours à encercler Raqqa.
Nos instructeurs sur place en Irak, nos aviateurs, ont une fraternité d’armes avec les Kurdes.
Mais voilà, les Kurdes ont une histoire. C’est un peuple écartelé dans quatre pays et principalement en Turquie qui nie leur existence et qui impose à l’Europe que le PKK parti kurde intérieur soit un mouvement terroriste. Et l’Europe a dit oui !
La suite de l’histoire patauge dans la merde. Ce qui dit tout et surtout la veulerie et l’absolue abjection de la politique des États dits démocratiques, dont la Belgique n’est pas en reste.
Cette fiente s’appelle l’intérêt supérieur. Nos grands stratèges au nom de l’intérêt supérieur dont eux seuls ont à juger, nous commandent qu’il faut laisser à Erdogan et à la Turquie le soin d’exterminer des Kurdes de Syrie. Au mépris du droit international, en vertu du danger que représente pour le pacha du Bosphore, la proximité des Kurdes libres de Syrie, des Kurdes asservis de Turquie.
Du coup, la presse, dont la belge – en tête du hit quand il s’agit d’une saloperie – a occulté l’info sur les exactions de l’armée turque en guerre contre la communauté kurde de Syrie.
Cette faute tactique pourrait nous coûter cher. De ce conflit pourrait renaître le califat d’Abou Bakr al-Baghdadi, «calife» autoproclamé de l'Etat islamique, toujours en fuite et actif.
Personne n’ignore le rôle ambigu de la Turquie, trafiquant de l’essence avec Daech, monnayant des objets d’art volés par l’EI dans les musées irakiens, libyens et syriens, Soudain redevenue l’alliée de l’OTAN quand il fut évident que Daech avait son compte.
Si on laisse manœuvrer Erdogan, nous sacrifions en même temps que notre honneur, les Kurdes, seules sentinelles capables d’empêcher Daech de renaître et empêcher la reprise des attentats en Europe !

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Extraits du journal Le Monde « Il y a deux semaines, l'armée turque et ses alliés de la rébellion syrienne lançaient une offensive en territoire syrien. Opération armée contre l'enclave d'Afrin, un fief des Kurdes de Syrie, baptisée «Rameau d'olivier». Les combats se poursuivent, accompagnés comme à chaque fois de vidéos tournées par les protagonistes eux-mêmes. Les pro-Turcs ont mutilé et exhibé le corps d'une combattante syrienne.
« Selon les Kurdes syriens du PYD, le parti de l'Union démocratique, la combattante s'appelait Barîn Kobanê. Elle avait 23 ans et portait l'uniforme des unités féminines des forces kurdes.
« La jeune milicienne aurait péri aux côté de trois de ses camarades non loin d'Afrin. Les quatre combattantes auraient été tuées par des rebelles syriens alliés de la Turquie et ces derniers auraient mutilé les cadavres, puis filmé le corps déchiqueté de Barîn Kobanê.
« L'Observatoire syrien des droits de l'Homme affirme avoir récupéré la vidéo auprès de rebelles syriens. Les réseaux sociaux kurdes ou pro-kurdes ont largement diffusé les images, ainsi que des photos de la combattante encore en vie.
« Dans un communiqué, la branche féminine de la milice kurde de Syrie dénonce « l'étendue de la barbarie et de la haine » et affirme qu'avant la bataille d'Afrin, la jeune femme avait combattu contre le groupe Etat islamique.
« De leur côté les opposants en exil de la Coalition nationale syrienne s'indignent et demandent l'ouverture immédiate d'une enquête sur cette affaire embarrassante pour ces alliés syriens de la Turquie. »
Après ça, on reste sans voix, le porte-plume m’en tombe !

5 février 2018

Manu, le vert te va si bien !

Risible l’émission de Deborsu ce dimanche sur RTL !
Le plus haut comique a été atteint à la séquence franc-maçonne de l’inénarrable Emmanuelle Praet.
Grande cheffesse ou grande maîtresse, on s’en fout. Si c’est dans la loge Droit humain que la charmante a acquis le raisonnement étroit et profondément de droite qu’on lui connaît, ce n’est pas demain que les logeurs de l’obédience se déferont des vieilles manières à jouer les égalitaires, quand on n’est pas fichu des respecter ceux qui vivent avec 750 € par mois.
Ce n’est pas parce que « Droit humain » a envoyé une lettre au gouvernement pour crier casse-cou à leur police d’entrer partout où se renifle l’étranger sans papier, qu’il faut s’ébaubir devant ces « gentils » humanistes.
Affiliés ou affidés ? La preuve, pour devenir le coreligionnaire de la grande maîtresse du Droit humain, il vous faut deux parrains. C’est comme une secte…
Mais, le point d’orgue comique de Deborsu a été atteint lorsqu’il a fait un tour de table pour demander qui « en était » ?
Qu’ils en soient ou non, Michel Henrion et Alain Raviart ont été piégés comme des écoliers, l’un en noyant le poisson, l’autre en cherchant l’affiliation comique. Ils avaient pourtant été prévenus bien à l’avance des sujets abordés. Christophe Giltay a dit sans problème qu’il n’était pas franc-maçon. Pourquoi les deux autres ont-ils fait tant d’embarras ? Henrion et Raviart le savent mieux que personne, ne pas répondre à cette question posée de cette manière, c’est implicitement reconnaître que l’on en est. C’est poursuivre les cachotteries et le mystère que ce genre d’association aime le plus.
Donc Henrion est franc-maçon traditionnel, et alors ? Son pygmalion Spitaels en était un célèbre, alors pourquoi pas celui qui reconnaît lui devoir tout ?
Raviart, c’est un peu spécial. On sait son inimitié pour madame Praet pour des raisons politiques. Il est possible, en se collant un badge sous forme de boucle d’oreille, que Raviart a voulu se moquer de la prêtresse du Droit Humain, sortant son écharpe verte de Grand Maître qu’elle avait « par hasard » dans son sac à main, pour se la passer en sautoir, à une émission radio du matin ?
On ne va pas refaire le procès de ces sortes d’assemblées secrètes, on serait presque tenté de le faire à la suite des déclarations des écornifleurs que Deborsu avait invités et qui étaient des logeurs patentés et pathétiques, comme ce phraseur, ancien recteur d’université.
Je l’ai toujours pensé, la franc-maçonnerie est devenue – a-t-elle jamais été autre chose – des amusements de vieux gamins avec un sens de la mise-en-scène qui aurait dû fournir plus de vocations que cela au théâtre et à l’art lyrique. Parallèlement, cet entre-soi a toujours été l’occasion « de reconnaître les siens » et de s’en souvenir le cas échéant.
La terminologie qui inclut fil à plomb, équerre, compas et qui parle d’atelier et de maçon, est assez kitch dans les faits. Très peu de travailleurs de chantier en font partie. On voit mal Praet monter un mur de briques pour un entrepreneur bruxellois.

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Cette émission a quand même eu le mérite de me pousser à une certaine curiosité pour le Frère-Trois boules Henrion (1) qui ne veut pas dire qu’il l’est.
J’ai découvert qu’il tenait un blog, à la tête duquel tout fiérot, il affiche la distinction reçue par ses pairs dans la bloguerie, en espérant pour lui et la valeur de son prix, qu’ils ne soient pas de son obédience.
Le blog fin 2016, consacré au gouvernement Michel, n’est pas mal observé. Je l’ai lu avec les yeux d’un lecteur de 2018.
Comme on voit qu’on peut n’être d’accord sur rien et finalement l’être sur une analyse.
Dans ce blog, il montre de la perspicacité, une belle connaissance de la politique belge et une juste critique du gouvernement.
La difficulté vient après. Pourquoi ne sommes-nous jamais d’accord sur les conclusions et sur ce qu’il faudrait faire ?
Nous pensons, l’un vis-à-vis de l’autre, « il n’est pas de gauche » !
C’est ça qui gâche tout.
Le soir, autre moment politique de meilleure qualité sur France 5. Je ne me lasse pas d’entendre le "Je vais le niquer" de Robert Bourgi, un avocat « ami » de Sarko, quand il raconte comment il a "tué" François Fillon, dans un documentaire de Bruce Toussaint. Les journalistes belges devraient avoir honte à côté de ça. Les nôtres sont bien trop respectueux des gens en place, peur d’être virés sans doute ?
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1. Monsieur Henrion oublie qu’il se fait du blé à RTL dans un show plus médiatique que politique. Quand on n’a pas le physique, il faut bien compenser par autre chose, par exemple, un peu de franchise !

4 février 2018

Les nuls succèdent aux nuls !

Il y a une raison assez simple au retournement de veste d’une opposition qui gagne les élections et qui monte aux affaires. Le système économique ne souffre pas de modifications profondes. Pas plus Charles Michel que Di Rupo, alors qu’ils avaient un programme l’un et l’autre « différent », réformeront quoi que ce soit.
La borsufication de la Wallonie est en cours. La précédente réforme sous les socialistes usait de la même rhétorique, rien, mais alors là, rien ne changera fondamentalement.
Comme l’un et l’autre ont établi leur ascension sur une stratégie, même si Borsus doit son ministère à un apostat, le tout est de faire croire qu’on ne se départira pas d’un programme « de rénovation en profondeur ». C’est la partie la plus scabreuse du plan réformateur, montrer des modifications minimes, pour les faire passer pour essentielles et fondamentalement différentes des précédentes.
Au centre, le corpus électoral belge est fort stable dans sa crédulité admirative pour les faiseurs de pluie du MR. Il n’y a donc pas de raison pour que ça change.
Mais des modifications redoutables peuvent survenir d’un jour à l’autre, implacables et sans appel. Nos docteurs en économie nous le cachent bien. Charles Michel ne souffle pas le vent de l’Histoire.
À propos de l’économie mondiale, plusieurs risques pourraient déclencher un nouveau choc. La croissance mondiale reprend une allure perdue depuis 2011 et devrait passer de 3,2% en 2016 à 3,6% en 2017 et 3,7% en 2018 (d’après les estimations du FMI). Pour autant la reprise n’est pas acquise et plusieurs risques pourraient déclencher une nouvelle crise financière.
On a vu le système Reynders fonctionner en 2009 et faire des merveilles pour sauver les banques au détriment des règles du marché libéral, en spoliant les citoyens du rachat avec bénéfice en devenant propriétaires des faillis. Le danger de nouvelles bulles se précise. Le râteau du croupier est usé. On ne peut plus aller dans les poches des citoyens, ceux-ci n’en ont plus !
Plusieurs signes font craindre une prochaine crise financière. Il y a une constante entre 1929 et 2007 : une dette importante, de fortes liquidités et une insuffisance de la régulation.
En 2018, ces trois facteurs sont réunis.
Vous me direz, nos cinq gouvernements n’y peuvent rien. Ce n’est pas tout à fait exact. Michel, Borsus et les autres font partie de ces administrateurs des biens d’un pays qui ne se soucient jamais de ce qui se passe à un niveau au-dessus d’eux ! Ils se contentent de gérer au moindre coût possible de l’État, les transferts des capitaux nécessaires à la cohésion nationale dans son administration et son fonctionnement social.
Ils se comportent comme les gestionnaires du Titanic, bâtiment réputé insubmersible et qui donc fut pourvu de canots de sauvetage en nombre insuffisant.
Ils montrent ainsi leur insuffisance intellectuelle et pire, leur indifférence envers leurs compatriotes.

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Les marchés financiers, propulsés par les politiques expansionnistes, battent actuellement des records. Le DAXX dépassait pour la première fois la semaine dernière les 13.000 points, le DOW JONES a franchi le cap des 23.000 points mardi et le S&P 500 a vu son cours s’apprécier de 65% depuis son dernier point haut d’avant crise. Et ce, dans un contexte de faible volatilité. En effet le VIX (indice de la peur), a atteint son plus bas niveau historique le 29 septembre 2017, montrant un excès d’optimisme des marchés.
Le prix Nobel d’économie Robert Shiller alerte d’ailleurs sur les similitudes entre Wall Street aujourd’hui et Wall Street à la veille du krach de 1929 : “Le marché est aussi cher qu’en 1929”, a-t-il déclaré à CNBC.
Est-ce que Borsus and C° ont conscience de ce que prédit l’AMF (autorité des marchés financiers) : une remontée brutale des taux d’intérêts dans le monde engendrerait des pertes très importantes, en particulier si les marchés n’ont pas anticipé le rythme de remontée. Les portefeuilles obligataires devraient encaisser de lourdes pertes dans ce cas-là. Le second risque serait une dépréciation brutale des prix des actifs qui ferait subir des pertes considérables aux investisseurs. Les remboursements des emprunts d’État plongeraient dans la misère les citoyens belges un peu à la manière dont l’UE a étranglé les Grecs !
Au vu des comptes de l’État, l’important taux d’endettement public et privé au niveau mondial est également identifié comme un risque pouvant déclencher la prochaine crise financière. On estime la dette globale mondiale à 217.000 milliards de dollars, atteignant ainsi plus de 325% du PIB mondial. Dix ans auparavant, celle-ci s’élevait à 276% du PIB.
C’est un peu comme si Borsus pour établir le budget de ses dispendieux ministères et satisfaire l’appétit des industriels libéraux, disposait de la faculté d’imprimer des billets de banque à la demande de ses amis et fournisseurs.
Est-ce ainsi que l’on gère un pays, une région ?
A partir de 2020, le rapport du FMI fait froid dans le dos. Il décrit le scénario d’une remontée rapide des taux d’intérêts, qui ferait chuter les marchés financiers de 15% et le prix de l’immobilier de 17%. Le FMI prévoit dans ce cas une chute de 1,7% de la production mondiale.
Si l’une des nouvelles bulles venait à exploser, nous pourrions être en face d’une des crises les plus violentes du système économique capitaliste. On assisterait à un retrait rapide des capitaux d’un de ces secteurs massivement investi. Or, plus la masse de capitaux qui circulent est grande plus les crises sont graves, ce qui est renforcé par les politiques d’expansion monétaires, surtout que les marchés financiers ne sont pas préparés.
Ce ne sont pas les minables qui s’affichent à la tête de l’Etat et des Régions qui, n’ayant jamais réfléchi aux aléas du système, vont nous éviter la catastrophe.
La zone euro doit accélérer ses réformes pour éviter de frôler de nouveau l'éclatement à la prochaine crise économique, quand on entend les députés européens libéraux, ils sont loin d’y réfléchir.
Ainsi la bêtise éclatante de nos « élites » s’affiche dans la confiance aveugle au monde économique, mais encore dans ce qui est notre proximité : l’Europe, dont nous sommes directement responsables.
Ces messieurs dont personne ne sait ce qu’ils pensent de ces sujets d’une extrême gravité, sont consternants ! Et on voudrait que je sois, au choix, un électeur satisfait du MR ou du PS !

3 février 2018

Fear of missing out.

Un tout nouveau mot, inventé en 2008, la nomophobie, n’a pas fini de faire parler de lui, au sens propre comme au sens figuré. La nomophobie est une phobie liée à la peur excessive d'être séparé de son téléphone mobile. Les scientifiques ont formalisé cette idée de peur de la coupure par l'acronyme FOMO (Fear of missing out).
Son ancêtre le téléphone fixe, devenu sans fil dans un rayon défini par le poste émetteur, interpellait pour les accrocs du verbe à partager, dorénavant, celui qu’on a en poche va développer ce que j’appelle « la téléphonite » syndrome qui prenait déjà un essor inquiétant quand le blabla n’était qu’à domicile.
L’art de communiquer pour souvent ne rien dire d’intéressant a dorénavant ses plus farouches adeptes dans tous les strates de la société de consommation.
Avant, seuls les amoureux éconduits, les emmerdeurs naturels et les solitaires qui refusent de l’être, avaient une vénération pour la manie communicante. En 2018, les principaux renforts viennent de partout, mais principalement de la jeunesse qui dès qu’elle a un moment, en rue sur le bus où à la maison, garde l’oreille au chaud des heures durant.
Si c’était encore pour s’encourager aux études, à discourir à l’infini sur l’économie capitaliste… mais non, on devine plutôt qu’on ne le perçoit que, plus on communique, moins on a des choses à dire.
Vous vous rendez compte de l’importance parfois de ce machin composite dans lequel on parle et qui vous répond ? En panne sur une route ou pire à cause d’un accident, en pleine zone désertique, le bonheur d’appeler un dépanneur ou une ambulance ?
À Waterloo, si Napoléon avait eu ce truc dans son gilet, Grouchy qui s’était perdu dans la campagne environnante serait tombé pile poil sur Blücher et n’en aurait fait qu’une bouchée !
Pourquoi faut-il qu’un progrès aussi merveilleux finisse par tourner au cauchemar ?
On a dans la poche une machine infernale qui réussit parfois à persuader un adolescent de se pendre ! À côté de cette horreur, on a la cavalcade des intempérants de la communication qui font une fixette sur quelqu’un, au point qu’ils finissent au tribunal pour harcèlement.
Le téléphone fixe était déjà un aimant qui accrochait sur son passage tous les inquiets de « est-ce qu’elle m’aime encore », les affreux « si tu n’en veux plus, moi j’en veux encore plus », de tous ceux-là tout aussi enquiquinant, mais moins redoutables, les somnambules qui vous réveillent à deux heures du matin pour vous dire qu’ils ne peuvent pas dormir et l’ardente amoureuse qui téléphone à son amant, au lit avec son épouse, parce qu’elle a envie de faire l’amour tout de suite.
La rupture au téléphone est très pratique pour les lâches, sauf qu’il faut bien connaître la personne qu’on abandonne, parce que, si elle est atteinte de téléphonite, votre calvaire commence.

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Tout ça est très sérieux, c’est un dérapage de plus dû au progrès de la science. La Meuse qui n’a plus que des employés locaux qui jouent aux journalistes, sans téléphone peut fermer boutique. Au lieu du stylo, ils fonctionnent avec des piles. Ils partent en reportage avec des provisions de batterie. À la rédaction, on épluche ce que crachote le fax, entre les recommandations du propriétaire, on a des statistiques.
C’est classique, l’employé de service commence toujours son article par « selon ». Cette fois encore, il ni coupera pas : « Selon une étude britannique relayée dans le Los Angeles Times, 66% des personnes interrogées (1000 au total) seraient accros à leur mobile et ne pourraient pas s'en séparer. La nomophobie toucherait davantage les femmes (70% contre 61% d'hommes) et les plus jeunes (77% des 18-24 ans contre 68% des 24-34 ans).
Les symptômes : angoisse (d'être séparé de son mobile ou à l'idée de perdre), respiration plus courte, nausées, tremblements, rythme cardiaque accéléré... bref la panique !... sont devenus des classiques des nouveautés en psychiatrie.
Nos élites sont tout aussi branchées, mais sécurisées. Leurs numéros n’existent nulle part que sur l’agenda de leurs maîtresse, celui de leur chef de bureau, voire de leur épouse quand ils ne sont pas en instance de divorce.
C’est ça aussi la notoriété. Eux, on ne peut les emmerder que s’ils le veulent bien.
Pareil pour les chefs d’État. Macron appelle Vladimir, comme Trump miss May.
À nos étages, c’est le micmac, tout le monde parle à tout le monde. Mon numéro est proche de celui d’un marchand de couscous célèbre à Liège. Il ne se passe pas un jour sans que j’aie quelqu’un à l’autre bout du système qui veut passer une commande !
Il est vrai que cette parlotte générale cache, en réalité, une impression de solitude tant il est devenu difficile de parler à quelqu’un en rue, sans qu’on ne vous suppose des intentions louches.
Comme on peut être assuré que si on ne communiquait que pour dire des choses capitales et intéressantes, les marchands d’appareils et les facilitateurs d’accès aux satellites feraient faillite.
Comme quoi, pour que cette société tienne encore un petit bout de temps, il est indispensable qu’elle soit futile en tout. Et en réfléchissant à cela, on pourrait ajouter « c’est fou comme elle dessert bien ce qui ne sert à rien, et parcimonieuse et radine, pour le reste ».

2 février 2018

Les porcs sont partout !

Depuis le scandale Weinstein, les « porcs » sont à la hausse. Dommage pour cet animal intelligent, proche de nous et que l’on déguste en saucissons. C’est la grande pitié de la langue française d’avoir opté pour des comparaisons animalières à seule fin de dénoncer des comportements de personnes.
Peut-être y a-t-il des cas, parmi ces « porcs » debout qui devraient être retranchés du bestiaire ignominieux ? La vengeance n’est pas l’apanage d’un seul sexe. Elle s’exerce plus aisément dans le torrent de boue qui emporte tout ; mais quand des témoignages de femmes violées, maltraitées ou simplement insultées, qui ne se connaissent pas, convergent (c’est le verbe qui convient), il n’y a plus de doute, l’innocent au procès et même après – si ses avocats parviennent à le tirer d’affaire – est un fameux salaud.
Cette avalanche de dénonciations ne touche que des personnages médiatiques, le menu fretin échappe, coincé dans le coude naturel entre le rectum et le colon judiciaire, qu’on appelle l’anonymat.
En l’état, la notoriété politique et économique prend un sacré coup ! Il va même falloir que les gazettes, si elles veulent toujours vendre leur salade, s’alignent enfin sur l’opinion de leurs lecteurs, de moins en moins béats d’admiration pour nos illustres.
Comment dire autrement : le voyou et le truand ne font plus l’exclusivité des classes pauvres. Entre un Darmanin, ministre, qui force adroitement une belle demanderesse à lui céder dans un hôtel, après s’être galvanisé les sangs dans un club libertin et Julot qui bulle au carrefour pour vendre ses sachets de shit, le moins dégueulasse est encore Julot.
Mais les pires fripouilles ne sont pas là. Au-dessus de la mêlée, des bons apôtres qui ont vécu de la morale et de la religion, ont usé de leur science des écritures apocryphes d’un dieu supposé, pour se taper de la belle croyante et se faire des ronds faciles.
C'est notamment le cas de l'islamologue Tariq Ramadan qui a été placé en garde à vue, mercredi 31 janvier au matin, dans le cadre de deux affaires de viol. En effet, deux femmes l'ont accusé de les avoir violées en 2009 et en 2012.
Voilà 20 ans que Tariq s’est fait une réputation de défenseur de la foi. Il a travaillé dur sur son physique d’abord, il s’est fait une gueule d’honnête homme, a acquis une austérité médiatisée, servie par un visage d’ascète éclairé, le prophète tout craché ! Les prêtres pédophiles cathos ne se sentiront plus seuls.

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Les témoignages des deux victimes se recoupent et l’accablent.
Les aveux sont difficiles dans son cas. Ils altéreraient sa composition d’illuminé de l’éternité, futur pensionnaire du jardin d’Allah. Il doit donc nier farouchement et tenir le coup en martyr de la foi, quoi qu’il arrive. Il lui sera impossible de se départir d’une attitude de grand sage, mufti parmi les muftis, réincarnation d’Averroès, cousin d’ayatollah. À la limite, il accepterait qu’on l’accusât d’un accord spirituel avec Daech ! Mais chasser de la vierge, sans en avoir le droit, plutôt périr sous le fouet !
C’est embêtant pour lui. Les juges vont dire que cet homme ne se repent de rien. S’il ne sort pas blanc comme neige et martyr authentifié, il va écoper du maximum.
Or, comme c’est un voyou probable, il va la trouver mauvaise, comme tous les méchants qui chopent le maximum, en prenant les juges pour des imbéciles, niant farouchement l’évidence.
Celles qui ont balancé « leur porc » racontent : « Henda Ayari, a expliqué avoir été violée par le théologien dans un hôtel parisien en mars 2012. "C’est la campagne #BalanceTonPorc qui m’a poussée à dévoiler son nom", avait-elle expliqué lors d'une interview accordée au Parisien livrant le récit de cette terrible soirée où les faits se seraient passés.
"Il m’a étranglée très fort, si fort que j’ai pensé que j’allais mourir. Il m’a giflée, car je résistais. Il m’a violée. Je me suis sentie en extrême danger. Il m’a insultée: +j’étais venue pour ça, je méritais ça, je l’avais cherché+. Je n’avais qu’à porter le voile, sinon j’étais une prostituée", avait-elle ainsi raconté dans les colonnes du quotidien.
La deuxième accuse Tariq Ramadan de l'avoir violée quelques années plus tôt (en 2009) à Lyon à l'hôtel Hilton. Lors de son audition en novembre dernier, elle avait expliqué, aux enquêteurs, qu’après une conférence, il l'aurait fait monter dans sa suite et l'aurait violée plusieurs fois, lui aurait donné des coups à plusieurs endroits du corps (la poitrine, le visage, le ventre) et l'aurait traînée par les cheveux jusqu'à la salle de bains. Pour prouver ses dires, la plaignante avait fourni aux enquêteurs plusieurs documents et certificats médicaux de l'époque attestant des violences subies. En parallèle, l’essayiste Caroline Fourest avait été auditionnée par la police et avait indiqué avoir remis des documents aux enquêteurs.
Par ailleurs, « La Tribune de Genève » a fait état, en décembre dernier, d’une plainte de quatre anciennes élèves de l'islamologue pour divers attouchements liés au sexe.
Dorénavant les gogos sont partagés, Allah est grand… certes, mais Ramadan n’est plus un prophète. À moins que l’islam ait une autre conception des rapports homme/femme que nous, ce qui, parmi toutes les bizarreries que les croyants gobent à longueur de journée, ne serait pas si invraisemblable que cela.

1 février 2018

Une Saint-Barthélemy à la flamande.

On ne sait pas encore comment sera le monde libéral rêvé par Messieurs du MR. Ce dont on est certain, c’est que nos grands-parents qui se plaignaient déjà du sans-gêne des autorités, seraient bien étonnés des libertés qui rétrécissent à vue d’œil, par ceux qui les ont louées le plus.
La seule excuse – probablement celle qui sera agitée par Châtel et consort lors de la prochaine campagne électorale – on ne pouvait pas faire autrement, avec un Theo Francken qui n’aime les étrangers, qu’à l’étranger !
La dernière idée de Theo qui a séduit Michel, Reynders et Châtel, ouvrant la voie des perquisitions à leur chasse, est même en train de provoquer la grogne des idéalistes libéraux eux-mêmes. Christine Defraigne s’en épouvante, c’est dire !...
Que les citoyens derrière leur huis à triple serrures se rassurent. Après avoir réglé le compte de Poutine au Kremlin ce week-end, Charles Michel en personne tiendra des consultations discrètes (il téléphonera à Bart De Wever, pour un déjeuner d’affaire chez Bruneau). Le maître dira ce qu’il pense et Michel réunira le lendemain les journalistes pour la conférence de presse.
Le chef du gouvernement apportera la sérénité qui s’impose au débat. C’est vrai que son « alopécitude » a quelque chose de reposant et de sympathique. Cela prouve qu’il ne pourra plus jamais se faire des cheveux contre nous. Il nous a vus dans sa boule de cristal. Sa sollicitude nous apaise.
A-t-il jamais reculé devant des éclaircissements ?
Michel le sait. Il est irremplaçable en ce moment. La bourgeoisie attend que ce gouvernement dure, le seul possible, pour éviter une chienlit de cinq ans et le risque d’un De Wever « puigderemonté » pire que le catalan.
Cependant qu’il se ramène fissa… que la facture astronomique de notre « Force one » ne l’empêche pas de débouler, du diable Vauvert, au ministère de la rue de la Loi. On lui concède au passage, un coucou à Amélie, toujours travailleuse acharnée au sein du cabinet de la ministre du budget Sophie Wilmès (1). Mille dossiers attendent dans la camionnette du ministère de l’Intérieur. Theo Francken est au volant. Il est prêt à distribuer les autorisations de perquisition aux juges d’instruction. Il n’attend qu’un clignement d’œil de son chef.

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La publication au Moniteur de la nouvelle loi sur les visites domiciliaires, et hop, c’est parti.
Dorénavant plus personne ne sera maître chez soi, tant que le pays ne sera pas débarrassé des clandestins qui ont été recueillis par des citoyens honorables, mais que le MR et Theo Francken considèrent comme des délinquants.
Les commissariats pourraient se réveiller sous le couplet guerrier « interpellons, expulsons » des SDF d’un nouveau genre.
Du staff des importants, Châtel tape l’estrade du pied, réclame l’attention des foules et la rassure. « Cela ne veut pas dire qu’il y aura mille perquisitions dès le lendemain de la publication de la nouvelle loi, il s’agit dans le chef des autorités d’examiner ce qui est faisable sur la base des mille dossiers ».
En somme, le staff tempère l’arbitraire, par un autre arbitraire dit « à la tête du client ».
L’Office des étrangers ne nie pas qu’ils sont sur les dents Ils ont annulé les congés de détente et préparé le dispositif. Ils partent en guerre !
Ils pinaillent seulement sur le nombre de dossiers Sefor, il y en aurait peut-être 980, par là…
Les effectifs ne sont pas suffisants, sauf si Theo fait appel à l’Armée.
Une sorte d’Anschluss à la flamande, précédée d’une Nuit des longs couteaux, les Forces de l’Ordre Nouveau passeraient directement par les vitrines brisées, ce qui ferait l’économie de serruriers.
On ne se rend pas compte, mais déranger un serrurier au milieu de la nuit, ajouter aux frais de la « Force One » retour du Kremlin, c’est un budget largement dépassé.
Pour ces gens de grande rigueur, c’est de la contrepropagande.
Aux dernières nouvelles, Charles réfléchit. Les clandestins auront une fin de semaine plus calme… à moins que cela soit une nouvelle traîtrise de l’exécutif libéral ?
Si ces Belges, comme moi, continuent à me faire chier, je vais demander asile à Ouagadougou.
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1. Elle ne va pas nous jouer le coup de Pénélope Fillon, quand même !