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31 juillet 2022

À COUPER LE SIFFLET !

Les effrontés qui se prétendent journalistes dont certains sont même payés par nous, notamment à la RTBF, ont passé sous silence une des trois mesures restrictives prises par l’UE le 7 juin dernier et qui concerne « un instrument essentiel de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) ».
Adroitement, l’UE avait fait précéder sa mesure « honteuse » de deux « glorieuses » qui concernent une avancée du féminisme sur les machos entrés en résistance.
La mesure à dissimuler aux ploucs était accompagnée du baratin habituel « préserver les valeurs, les intérêts fondamentaux et la sécurité de l'UE, préserver la paix consolider et soutenir la démocratie, l'État de droit, les droits de l'homme et les principes du droit international, etc », ces joyeusetés peuvent censurer toute personne ou groupe qui soutient les politiques ciblées, qui prend part à des activités terroristes, etc.
Dorénavant, les écrits sur Facebook, les libelles de toutes sortes écrits par des citoyens libres pourront être censurés au nom de ce qui précède, sans tambour ni trompette, par des Agents de l’État de manière anonyme et sans recours possible.
On voit où ça va mener : obligation d’une « bonne » attitude morale vis-à-vis du libéralisme, gestionnaire à vie de la démocratie.
Ce samedi à Liège, il paraît que l’humoriste Dieudonné honni par la bienpensance va faire les frais des anciennes interdictions de faire rire ceux qui aiment ce genre de plaisanterie, renforcées du feu vert de l’UE. Les flics sont sur les dents. Les gens ricanent. « Cet antisémite n’a que ce qu’il mérite », disent-ils. Ils ne voient pas les malheureux, sur quoi cette censure peut et même va déboucher : la perte d’une liberté fondamentale, celle de pouvoir s’exprimer librement sur tous sujets.
Cette initiative de l’UE a déjà trouvé un écho en France. Sous couvert de lutter contre le terrorisme et de se conformer au droit européen, l'Assemblée nationale française a voté le 27 juillet une loi sur « la prévention de la diffusion de contenus à caractère terroriste ». Ce texte donne à présent le droit aux autorités de censurer, dans l'heure et sans aucune intervention de la justice, tout contenu publié sur internet dès lors que celui-ci peut être considéré comme « terroriste ». Gérald Darmanin s'est félicité sur Twitter que « ce texte important permet de contraindre éditeurs et hébergeurs web à retirer les contenus terroristes dans l’heure ».
Le gouvernement français exulte : « il était indispensable que des autorités indépendantes chargées d’assurer et de contrôler la légalité du retrait des contenus soient désignés par chaque État-membre ».
L'autorité indépendante en question censée contrôler ces contenus est l'Arcom, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, le successeur du CSA. C'est-à-dire une instance dont les membres sont nommés par les présidents de la République, du Sénat et de l'Assemblée nationale, par le Conseil d'État et par la Cour de cassation. C’est dire la tendance… comme autorité indépendante, on fait mieux !

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Être jugé coupable sans intervention judiciaire et sans possibilité de se défendre en amont de la sanction, c’est le nouveau deal d’un étrange concept de la séparation des pouvoirs.
Contrairement à ce que permet habituellement le droit français, un plaignant pourrait ainsi se voir être injustement condamné avant d'avoir la possibilité de se défendre. En résumé, la sanction interviendra avant toute intervention de l'institution judiciaire, et donc avant tout procès.
En attendant une éventuelle procédure balayant la présomption d’innocence, puisque la sentence est exécutée avant le dépôt d’un recours, l'UE aura créé l'opportunité d'une forme de censure préalable, ce qui va à l'encontre des éléments fondamentaux de la liberté d'expression.
Fort inquiétant, dès ce jour, le ministère de l'Intérieur d'un pays va pouvoir faire supprimer en une heure un contenu qu'il aura décrété terroriste dans le pays voisin, en s'adressant directement à la plateforme qui l'héberge et sans qu'aucune autorité judiciaire, des deux côtés, n'ait jamais eu un regard dessus.
À l'en croire, cette loi permet une ingérence permanente entre États européens sur la manière de régulariser la liberté d'expression des citoyens de l'UE sur Internet. Un mode opératoire qui soulève de nombreuses questions.
Dans certains États de l’UE, on peut être ciblé officiellement comme traître à la nation ou ennemi de l'État pour avoir simplement s’être étonné d’une décision gouvernementale. Dans certains États de cette Union européenne, la constitution peut être interprétée comme jugeant acte terroriste le fait d'organiser un référendum.
La définition du « terrorisme » prête largement à interprétation. Qu'est-ce qu'un terroriste ? Georges-Louis Bouchez n’est pas loin de le définir comme quelqu’un qui « sabote » le système libéral en tenant des propos subversifs quant à son bon déroulement, d’ici à ce que le chômeur soit son bras actif, il n’y a qu’un pas et une nouvelle forme de terrorisme voit le jour.
Qui sait comment la bien-pensance qualifierait une contestation massive du genre des Gilets Jaunes, si elle avait lieu aujourd’hui ? La démarcation entre terrorisme et sécurité intérieure est trop poreuse pour pouvoir affirmer qu'ils ne seraient pas victimes d'une chasse aux sorcières encore plus agressive.

30 juillet 2022

Belgo-Belge une fois.

Vaille que vaille, cet État a survécu malgré l’irrationalité de ses composants. Il aurait dû périr cent fois tant ses structures sont bancales, ses populations linguistiquement irréconciliables et ses personnels politiques trop nombreux pour être honnêtes.
Pourtant, il est là, brinquebalant et fumant de ses cheminées d’usine à gaz, avec un roi, six gouvernements et une propension à la procrastination des ministres.
Il doit sa survie à l’indifférence, à la mollesse des caractères et à l’intelligence passive dans la pratique élective, car, chose étonnante, ce pays se réclame de la démocratie, sans bien s’intéresser aux gens !
Les déplacements de voix d’un parti à l’autre ne tirent pas à conséquences. On les voit tour à tour et ensemble assurer une continuité libérale, dans la mouvance de l’Europe et de l’Amérique.
La Belgique profonde a pris son parti des crises économiques, de l’inflation et du détricotage des industries au profit des services, sans se poser de questions. Habitués au malheur, les gens courbent l’échine. Ceux qui le peuvent travaillent un peu plus. Les inactifs sont traqués. Les bourgeois les accusent de parasiter l’économie et de provoquer la chute des affaires, pas moins. C’est commode de taper sur des malheureux sans défense. Voilà qui les dispense à se justifier eux-mêmes.
L’Europe a apporté sa couverture dans laquelle le Belge s’enveloppe sans remarquer qu’elle a opté pour le néolibéralisme, qu’il déteste. Elle veut traiter avec le monde en mettant la population ouvrière à niveau avec les bas salaires de corporation à corporation. La référence incontournable est l’ouvrier chinois et combien coûte le produit qu’il fabrique.
Le Belge est fataliste. Dans son for intérieur, il ne croit pas ce que racontent les partis sur la conjoncture, les alliances. Il ne croit que ce qu’il voit. Il travaille pour que l’État lui prenne la moitié de ce qu‘il gagne, en taxes, impôt direct, prélèvements à la source et TVA. Il adorerait travailler au noir. Mais il hésite à cause de sa pension. Il craint d’être dénoncé.
On croit qu’il est patriote, qu’il ne transgresse pas les lois, et que c’est un être moral. Pas du tout, ce calculateur aime sa tranquillité. Il déteste raser les murailles et être sans cesse sur le qui-vive, comme ceux qui commettent des escroqueries sans être d’un gouvernement.
Ses compatriotes qui osent transgresser l’ordre bourgeois en tenant des propos « socialistes » à l’ancienne mode, sont pour lui des aventuriers.
Pour le reste, il sait bien qu’il y a la guerre en Europe et il n’ignore pas que ce qui arrive aux Ukrainiens, lui pend sous le nez. Son indolence le conduit à faire confiance au grand frère américain, sans grande illusion que l’Europe des 27 prenne le relais de l’OTAN et construise l’autodéfense des peuples dont elle a la charge. Une armée capable de tenir tête à Poutine et pas seulement, à l’Oncle Xi et même à Jo Biden, s’il le fallait, il en rêve comme aux Ninjas électroniques de ses jeux.
A bien considérer, le Belge est sans ambition, ce qui est une forme de sagesse, mais aussi de laisser-aller. Il tient à sa tranquillité qui est de plus en plus bouleversée par des nouveautés comme les multinationales, qui savent y faire pour secouer les classes travailleuses et les faire rendre davantage de cash.
Il pense que les libéraux ont raison de rogner sur les indemnités accordées aux chômeurs tant qu’il ne chôme pas lui-même. Son profil n’est pas bien déterminé, et pour cause, il n’a pas d’opinion. Ou plutôt il adopte l’opinion du baratineur qui passe. Le temps que celui-ci disparaisse au tournant de la rue, il a tout oublié. C’est un terrain vierge pour le suivant.

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Le Belge est passé, jadis, sans coup férir des revendications des grands syndicats, jusqu’au paroxysme du Mouvement Populaire Wallon d’André Renard (la grande grève à l’hiver 60-61), à la désertification des locaux de réunion, en confondant une carte de membre du syndicat avec un abonnement à la STIL.
Il a oublié ce que pouvait faire un homme, un vrai : André Renard, que les partis libéraux accompagnèrent à sa dernière demeure la haine à la bouche, en souvenir de la trouille qu’ils eurent.
Aujourd’hui, le militant syndical est appointé. Il fait une carrière derrière des guichets, porte des dossiers du Tribunal du travail à des avocats spécialisés. Les derniers militants actifs qui bloquèrent une autoroute passent devant des juges, sans que l’opinion publique s’en inquiète.
Ce n’est pas tant le chant des sirènes d’un MR vantant les mérites du libéralisme en pleine crise économique, que les mille et une fantaisies audiovisuelle des plaisirs faciles qui ont détourné le Belge bon-enfant de toute velléité protestataire.
Une dernière chose encore. Quoique la situation ne soit pas la même dans les pays voisins – à vrai dire notre organisation relève d’une association de détraqués mentaux unique au monde – nous empruntons beaucoup du caractère latin des Français et des Italiens, à la seule différence que nous n’élevons plus la voix pour un oui ou un non.
Pour une raison indéfinie, nous passons même pour sages et travailleurs Il en va ainsi de l’opinion de ceux qui parlent de nous, sans avoir jamais mis les pieds rue du Marché-aux-herbes, ni mangé une moule chez Léon.

29 juillet 2022

Trop « malin » pour nous !

Avant de poser la question de la supériorité d’une classe sur une autre, comme le font les politiques au pouvoir presque par inadvertance et d’instinct, il faut d’abord régler le problème de la faim.
Il n’y a rien de plus insupportable dans les hypocrisies bourgeoises que la fausse discrétion financière, celle qui fait croire vivre de peu pour mettre ses deux ou trois enfants à l’université. Des étudiants qui ont pour cadre de vie une maison confortable, une pièce réservée à l’étude, une bibliothèque bien fournie et des professeurs libres les secourant à leurs points faibles, l’intelligence n’est pas indispensable.
Avant de disserter sur l’argent, il faut nourrir ceux qui ont faim. Inutile de comparer les mérites qui ne peuvent se comparer d’une classe à l’autre, quand deux millions de personnes sur douze manquent de nourriture en suffisance. Épiloguer sur les avantages du libéralisme ou du socialisme, pour un choix de l’une ou l’autre méthode, est sans intérêt, tant que tous ne bénéficient pas d’un minimum vital, sans lequel il est difficile d’élever son esprit au-dessus du ventre.
Toute comparaison serait odieuse !
Le monde moderne n’a – hélas ! – pas fait le choix de la retenue. A entendre les beaux merles du néolibéralisme, nous serons tous Ubérisé, voilà l’avenir. Les faits remettent radicalement en cause un présent supérieur au passé et inférieur à l’avenir, enfin ceux qui nous font croire que travailler pour eux demain, sera profitable pour tous.
Tous ubérisés est un euphémisme. Ne seront ubérisés que ceux qui n’ont pas les moyens d’éviter ce piège. La plupart des gens n’acceptent pas cette condition. Ils y sont contraints, par les discours recruteurs libéraux et surtout par l’obligation de faire au moins un repas par jour.
Le débat s’est placé au niveau mondial par la nécessité d’être au courant de tout à cause du libre-échange.
La monétarisation des échanges s’est étendue aux valeurs non mercantiles, telles que l’art, l’éducation, les relations inter-individuelles. Les riches n’acquièrent pas leur savoir par le travail et les efforts par persévérance, mais par la facilité de l’argent.

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La mercantilisation des valeurs intellectuelles aboutit à des régressions, à un dépérissement de la civilisation. D’où sourdait le meilleur du génie, s’exfiltre désormais la civilisation européenne.
L’égoïsme économique étendu à l’ensemble des activités sociales menace l’existence même d’un équilibre entre ceux qui font et ceux qui ordonnent. On meurt pour des valeurs sociales et non pour des valeurs boursières.
L’économiste François Perroux écrivait dans la collection « Que sais-je » : « Toute activité capitaliste fonctionne régulièrement grâce à des secteurs sociaux qui ne sont ni imprégnés, ni animés de l’esprit de gain… Lorsque le haut fonctionnaire, le soldat, le magistrat, le prêtre, l’artiste, le savant sont dominés par cet esprit, la société croule et toute forme d’économie est menacée. Les biens les plus précieux et les plus nobles de la vie des hommes, l’honneur, la joie, l’affection, le respect d’autrui ne doivent venir sur aucun marché ».
De ce qui précède faisons notre deuil. Tout est devenu spéculation, marchandage par « coup » financier, enveloppe sous la table, vente truquée. Le personnel politique de pouvoir y a sombré corps et bien. Ils s’y sont votés des salaires inimaginables, des prébendes à faire rougir l’honnête homme !
Le monde moderne avilit. Il avilit la cité ; il avilit l’homme. Il avilit la Nation. Il avilit la mort.
Le libre échange réduit la chose vendue à sa valeur nominale au détriment de sa valeur substantielle.
Hé oui ! les fils de bourgeois obtiennent plus de diplômes que les fils de ce monde du peuple qui a faim. Peut-on dire par là qu’une classe est inférieure à une autre par l’intelligence, sans ajouter que l’argent à foison de l’une a manqué à l’autre pour équilibrer les chances.
Et qu’en définitive l’intelligence forgée dans la souffrance avec ou sans diplôme est toujours plus subtile, plus ouverte, plus humaniste que l’autre, parce qu’elle est plus rare par définition et donc plus sélective.
Rien de plus méprisable que ceux qui partant de rien, oublient aussitôt d’où ils sont venus ou jouant sur les conditions de départ s’enorgueillissent d’avoir rompu avec la misère parce qu’ils avaient la foi dans l’égalité du système !...
Et la meute des parvenus, aboyant de conserve, fait croire à l’exemplarité du cas à leur clientèle rassotée de libéralisme du futur et future esclave de la combine d’UBER et confrères.

28 juillet 2022

Le modèle américain

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Il avait été bien promis à Michaël Gorbatchev par le président des États-Unis que l’OTAN ne chercherait pas à faire de nouveaux membres parmi les États libérés de la dépendance à l’URSS, selon des documents américains déclassifiés et mis à la disposition des journalistes.
Quelques temps plus tard, la Pologne et certains pays des Balkans se mettaient sous la protection de l’OTAN.
En 2005 Poutine faisait table rase des promesses non tenues sur les États ralliés à l’OTAN et souhaitait passer à une politique collaborationniste commerciale avec l’Europe. Il y mettait une seule réserve à propos de l’Ukraine, que celle-ci reste en-dehors de l’Union Européenne et de l’OTAN.
Il n’est pas question de justifier l’agression russe. Une guerre est toujours la pire des choses. Elle débouche rarement sur des accords de paix raisonnables et raisonnés. On savait que Poutine ne s’en tiendrait pas à l’annexion de la Crimée. Il avait des fers au feu au Donbass.
Sautant le pas, Poutine a fait tomber l’Europe de haut en envahissant l’Ukraine ; mais, sa fuite en avant n’était pas exempte de raisonnements depuis les promesses non-tenues américaines.
C’est toute la politique américaine en Europe qui est en cause et principalement depuis le président Reagan, reprise par Bush junior, de lutter pour la démocratie, partout où elle n’existe pas ou serait menacée par des entreprise dictatoriale, gros travail pour des objectifs assez flous, voilà les Américains détenteurs de la vérité en démocratie, distribuant les bonnes et mauvaises notes ! On se rappelle le discours de Bush à ce sujet au moment de l’invasion de l’Irak par l’Armée américaine au motif de casser le régime dictatorial de Saddam Hussein.
Sur le fond, la restauration de la démocratie, toute la presse européenne passa de l’incrédulité au rire !
On mit en avant l’échec du père, président avant Junior dans son intention de se défaire de Saddam Hussein, et l’obligation « morale » de Junior de terminer le travail. Là-dessus, on ne parla plus de rien.
Cette mission, promouvoir partout la démocratie, Jo Biden s’en croit aussi investi à l’instar de ses prédécesseurs, à l’exception de Trump.
Déjà avant Reagan, la CIA le faisait clandestinement il y a vingt-cinq ans, sous couvert d’une Fondation pour la démocratie : la NED, une association américaine à but non lucratif aux objectifs particulièrement vertueux : promouvoir les droits de l’homme et la démocratie.
Bien avant, la Central Intelligence Agency (CIA) finançait, à l’étranger, des syndicats, des organisations culturelles, des médias, ainsi que des intellectuels réputés.
Bien qu’à sa création en 1947, la CIA fut mandatée pour ce type d’activité, le président Lyndon Johnson demanda l’ouverture d’une enquête. « Nos hommes politiques ont eu recours à des actions secrètes pour envoyer des conseillers, des équipements et des fonds dans le but de soutenir des médias et des partis politiques en Europe, car, même après la seconde guerre mondiale, nos alliés restaient confrontés à des menaces politiques. »

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La guerre froide commençait, il s’agissait de contrer l’« influence idéologique » de l’Union soviétique.
A partir de 1975, la CIA fut l’objet d’une enquête du Sénat des Etats-Unis, notamment pour sa responsabilité dans des complots et des crimes perpétrés contre plusieurs dirigeants politiques à travers le monde (Patrice Lumumba, Allende, Fidel Castro).
Dans un certain nombre de cas, les organisations financées ont réussi à affaiblir, voire à éliminer, les opposants aux gouvernements amis de Washington. En même temps, elles ont créé des espaces favorables aux intérêts américains. Le changement de Régime mettant en Russie le président Eltsine au pouvoir n’interrompit nullement l’activité de la CIA, dans les pays jadis satellites de l’URSS.
En Allemagne de l’Ouest, les fondations des quatre principaux partis (Stiftung) sont financées par leur gouvernement, comme instruments de la guerre froide, en particulier la Fondation Konrad Adenauer, liée au parti chrétien-démocrate (CDU).
Le 8 juin 1982, Ronald Reagan mit au point une « infrastructure pour « mieux contribuer à la campagne globale pour la démocratie qui existe encore. Elle avait pour mission de coordonner de manière étroite les efforts effectués en politique étrangère, diplomatiques, économiques, militaires et se mettre en relation serrée avec les secteurs suivants de la société américaine : travail, affaires, universités, philanthropie, partis politiques, presse (...) ».
Ainsi le lien entre les marchands d’armes américains est définitivement prouvé dans la politique américaine extérieure et son imbrication dans la guerre en Ukraine.
Reste le sort des Ukrainiens entraînés dans ce bras de fer entre la Russie et les USA et accessoirement l’Europe des 27, poussée par la magie du verbe de ses américanolâtres à partager avec les parangons de la vertu de la démocratie à l’américaine, la politique du néolibéralisme garantie 100 % démocratique.

26 juillet 2022


LE BONHEUR DES GENS.
Il faut comprendre les gens. La plupart bossent comme des dingues pour juste avoir de quoi se loger et se nourrir. Alors, ils se posent des questions sur ce qu’on leur raconte depuis toujours, à savoir que le pays se modernise et, malgré les crises financières, que la population s’enrichit.
Ils y croient encore, à défaut de le voir concrètement dans le frigo et dans la qualité du toit qui les abrite. Ils se disent qu’il faut être patient et que tout vient à son heure, même si le temps présent est difficile. Ils sont gentils, les gens !
Bien sûr, ils n’ont pas eu le temps de vérifier si tout cela était vrai, si les libéraux et les socialistes ne leur avaient pas raconté des craques. Ils ont quand même appris à se méfier par l’expérience de la TVA, des retenues à la source et de la petite note complémentaire des impôts à la fin de l’année. Il n’est pas possible malgré le prélèvement mensuel, que leur petit salaire doive encore quelques piécettes aux happe-chairs de l’État à la fin de l’année, quand ils n’ont presque plus rien et qu’il faut acheter un arbre de noël et des cadeaux aux enfants.
Il faut bien que l’État vive de quelque chose. Savoir si c’est trop demander aux uns et pas assez aux autres n’entre pas encore dans leur esprit. Ils sont honnêtes, les gens. Ils croient naïvement que les autres du dessus, le sont aussi.
Il y a bien une hausse brutale des prix, ils ne comprennent pas bien pourquoi du jour au lendemain les prix changent, alors que ce qu’ils achètent dans les rayons provient le plus souvent de stocks achetés par les grandes surfaces des mois à l’avance.
On leur dit, c’est à cause des Russes qui font des ravages en Ukraine. La guerre, ils comprennent. Pourtant les bananes ne poussent pas dans le Donbass et le cacaoyer ne se plante pas à Kiev.
Ouais ! bon ! disent ceux qui savent en lâchant quelques mots afin qu’on leur fiche la paix, à la foule impatiente. La conjoncture est mauvaise, mais c’était prévu par l’Europe. Nous pouvons craindre une inflation, il suffirait de remonter les taux directeurs, si nous n’étions pas aussi dans une stagflation… Les gens écarquillent les yeux, les autres passent en haussant les épaules. Il faudra bosser un peu plus si nous voulons nous chauffer cet hiver. Les gens courbent le dos et cherchent un boulot après journée. C’est un mauvais moment à passer ils ont dit…
Comment être à la fois au boulot et lire dans les journaux spécialisés les contradictions du système, s’intéresser à la culture et aux philosophes presque toujours en pétard avec les bonimenteurs libéraux, comprendre les termes techniques de l’économie de marcher ?
Les soirées où enfin on peut souffler après le repas, qui a encore le courage de se plonger dans des bouquins, de lire des journaux, de faire le tri entre ceux qui parlent juste et les autres qui parlent faux, entre l’endormeur des salons André Comte-Sponville et l’attentif aux exactions et bévues des cadres bourgeois, Michel Onfray ?

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Les gens ont encore en tête les remarques acides d’un contremaître, la pièce à finir laissée sur l’établi, la commande à livrer demain à la première heure.
Pour oublier une heure ou deux ce que l’on fait et où on est, on zappe à la télé d’émission rigolote en émission marrante, d’une tête d’un humoriste à l’autre. On plonge tête la première dans les paillettes, dans le léger. C’est tellement la fête dans les étranges lucarnes, alors qu’on est dans l’ennui personnel ! On finit par s’assoupir devant Cyril Hanouna, gagné par la fatigue d’une longue journée de travail. On est réveillé par le « tu dors ? » de l’autre occupant du sofa. Et on s’en va dormir en grommelant.
Les gros malins, les qualités supérieures, les forts en thème sont dénommés les fins barreurs de l’esquif Belgica. Ils sont là parce qu’ils le valent bien. C’est l’élite. Les gens, pour eux sont de grands enfants qui ont besoin de guides patriotes, libéraux jusqu’au bout du portefeuille, tout à fait ce qu’ils sont. Ils s’admirent, se trouvent aux premières places parce que c’est leur destinée. Ils cultivent la distance entre ceux qui disent bien et ceux qui tâtonnent dans le choix des temps des quelques verbes qu’ils connaissent. Ils se feraient tuer plutôt que de prétendre qu’ils ont du mépris pour les gens. Non, cent fois non. Ce faisant, ils les raillent, choisissent exprès les mots qu’ils ne comprendront pas. Ils s’étonnent avec un ravissement intérieur de passer si facilement pour savant, ayant compris que l’appréciation flatteuse qu’ils voient dans les yeux des gens simples, leur était destinée.
Ils n’ont pas cette intelligence tout court qu’ont les gens, cette expérience d’une vie difficile où il faut à Figaro cent fois plus de savoir-faire et d’intelligence pour vivre une heure que le comte, son maître, pour vivre un mois. Leur intelligence est livresque. Ils sont incapables d’appliquer leur théorie dans la pratique. Ce sont des êtres incomplets, inaptes à occuper les fonctions que les élections leur permettent et qu’ils se disputent entre eux.
La preuve, ils sont là pour faire le bonheur des gens et rien d’autre. C’est justement ce qu’ils sont incapables de faire. Ce sont des usurpateurs, des malfaisants, pour la plupart bivouaquant depuis des années à leur niveau d’incompétence.

25 juillet 2022

DE CURIEUX ENVAHISSEURS

En tombant par hasard sur un article Du Monde, je me suis remémoré le bruit dans les médias qu’avait fait l’émission radio en 1938 d’Orson Welles sur la Guerre des mondes. J’en étais resté à Mars Attacks ! un film américain réalisé par Tim Burton, dans les salles en 1996. C’était désopilant, avec le personnage du président américain joué par Jack Nicholson.
Basé sur le roman écrit par Georges Wells en 1898, la version de Welles n’est pas dans le registre comique, mais dans celui du tragique. L’envoyé spécial de CBS sur place sera balayé en direct par le rayon mortel des Martiens, après avoir diffusé les cris des premières victimes ! On est loin du comique de Tim Burton et de son complice Nicholson.
Le New York Times, dès le lendemain, constate « Les auditeurs paniqués prennent une fiction sur la guerre pour la réalité ». Ailleurs les journaux mentionnent qu’une prétendue invasion martienne plonge le pays dans la panique ! L’Américain moyen prend la blague de Wells au sérieux. Des auditeurs à l’annonce du débarquement martien tentent de fuir l’envahisseur !
Versatilité d’un public abusé, alors qu’en Allemagne un certain Adolf Hitler allait donner au Monde entier une autre version, qui sans rayon laser, allait faire des dizaines de millions de morts !
Ce qui me fait reprendre cet épisode déjà ancien pêché dans les journaux du temps, c’est qu’une récente étude signale qu’on n’a jamais trouvé la moindre trace de ces millions d’Américains paniqués par l’émission. Les quelques auditeurs revenant sur leur angoisse à propos de l’émission de Wells, cités par les journaux, ont pu laisser croire qu’ils étaient des milliers. Des universitaires s’en mêlent et extrapolent le nombre total des paniqués à un million deux cent mille. Mais ils réduiront ensuite ce chiffre, pour finalement écrire : « Ce programme n’a pas affecté plus d’une petite minorité des auditeurs. »
Trop tard. Le mal est fait. Cette panique légendaire qui n’a pas eu lieu restera dans l’histoire comme ce que les journaux ont voulu qu’elle soit.
C’est ainsi qu’au fil du temps perdurent des faits grossis ou réduits selon les intérêts de ceux qui disposent des organes commandant aux médias. Une fois installé, le mythe s’enrichit de la mythomanie des générations suivantes. « La foule envahit les églises. Les pillards se déchaînent. Des populations se soulèvent », écrit Maurice Bessy dans son Orson Welles (Seghers, 1963).
À considérer le moment radio de Wells, ce non-événement du point de vue historique devient une réalité ancienne, rien que parce qu’elle a été rapportée par le New York Times du 31 octobre 1938 de manière outrancière !

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L’affaire révèle la représentation que les journalistes et les intellectuels se font du public. Crédulité populaire ou crédulité savante ? La plupart des auteurs n’ont jamais pris la peine de vérifier les faits qu’ils rapportaient. La plupart ont transposé par l’imagination apprise dans l’enseignement de l’Histoire, la pensée magique des autres peuples.
Il n’est pas dit que déjà en 1938, la célébration d’un sensationnel n’ait pas été grossi volontairement à seule fin de vendre plus d’exemplaires des journaux que d’habitude !
Les techniques ont évolué par la nature même du marketing économique libéral. Les politiques ne sont pas tombés de la dernière pluie. Ils se sont appropriés des techniques du bourrage de crâne. De la naïveté des premiers à avoir utilisé le superlatif pour décrire l’ordinaire, est advenue la rouerie et la tromperie volontaire des milieux du pouvoir.
Le monde idéal qui se construit dans le système libéral poursuivi par Georges-Louis Bouchez du petit univers des Michel, est de ceux-là. Aucune situation réelle n’est encore ressortie des traité d’économie que cet individu nous assène à ses nombreux interviews complaisants.
Il n’est pas le seul dans le domaine politique, bien entendu ; mais, il est un des rares à forcer le trait si bien qu’il donne l’impression qu’en-dehors de ce qu’il préconise « pour le bonheur de tous » ne peut exister que l’apocalypse !
C’est ce qu’a pu dénoncer Crucke avant de se faire censurer par son parti et par les journaux.
Pourquoi l’émission de 38 d’Orson Wells est-elle l’avènement d’une nouveauté par rapport à ce qui se faisait avant ? C’est depuis cette période que la presse est devenue un outil coûteux hors de portée de tous ceux qui depuis la belle époque ont produit des centaines de titres dont certains disparurent faute d’exemplaires vendus dès la première semaine de leur parution.
N’importe qui, jusque là pouvait éditer à ses risques et périls soit des journaux d’opinion, soit des feuilles pas sérieuses ou sous forme de brûlots stipendiant une époque trouble où sombrerait l’Europe de toutes les illusions.

24 juillet 2022

Théo Tindemans, précurseur !

Qui se souvient de Leonard Clémence Tindemans dit Leo Tindemans (1922-2014) démocrate-chrétien et premier ministre de 1974 à 1979 ?
En Wallonie ? personne, tant ce CVP n’a pas laissé une impression inoubliable. Pourtant, c’est le premier inaugurant une série de pubs tournant autour de la Force du Changement ; oui, c’est le premier qui affichait sa binette avec en-dessous de l’icône « Avec lui, ça va changer ! ».
Bien entendu, ce pointu cavernicole chrétien n’a rien changé du tout, il aurait même aggravé les relations entre les communautés.
« La force du changement » reste un magnifique slogan politique, une sorte d’attrape-mouches efficace. Bouchez s’est construit comme Léo, « avec le Montois ça va changer ! » pour changer, ça a changé au MR, à part Crucke, ils sont devenus des zombies la nuit et des Schtroumpfs bleus le jour.
En un temps où tout le monde s’est rendu à l’évidence qu’on va se scratcher : qui peut s’opposer à un tel désir, à part les mameluks des vieux partis vissés aux prébendes et aux charges politiques ! Pour eux le changement ? Bien sûr ! Mais en stoemeling, ils sont les plus hardis défenseurs de l’armée mexicaine qui bivouaque dans les quatre parlements et fricote au fédéral, comme poisson dans l’eau.
Les gauchos (PS) font moins de bruit autour de leurs vedettes. Eux, ce serait plutôt « Aller chercher l’argent là où il se trouve », quoiqu’ils se soient beaucoup attiédis depuis leurs « tut-tut-tut (bruits du sifflet)… plus un sou aux curés. ». les curés, il n’y en a plus guère. Ils sont progressivement remplacés par des Imams, financés par les pays Arabes du Golfe et allocataires de l’État belge. Ceux-là, évidemment, sont intouchables, le PS ne va pas s’attirer les foudres des excités du Coran. Dire pis que pendre d’un curé, c’est permis… dire pis que pendre d’un imam, c’est être raciste.
Bien entendu, « Aller chercher l’argent là où il se trouve » à la même valeur que l’autre slogan. Il ne sert qu’à exciter les électeurs. Encore faut-il savoir où le fric se trouve ! Certes, ils le savent, mais font semblant de l’ignorer. Par contre, rafler la mise sur les basses pensions et les petits salaires, ils retrouvent une pugnacité sans égale. Ce sont des champions. Quant à faire le ménage sur les hauts salaires de l’État, à défaut de toucher aux gros comptes en banque, vous n’y pensez pas ! Plus personne n’aurait la vocation. Traquer l’argent en daubant sur les plus faibles, ceux qui ne savent pas se défendre, c’est un sport réservé à la bourgeoisie nouvelle, c’est-à-dire eux !

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Ces deux slogans bout à bout ne riment à rien. On peut en faire la lecture que l’on veut. C’est génial.
Pour en revenir à Théo, le précurseur, en 1972 ministre de l’Agriculture, il avait interdit la tenderie, le malheureux ! le peuple de l’époque n’avait pas encore viré écolo. André Cools hantait alors les chanteries de coqs et tournait autour des tendeurs wallons fervents socialistes. Le gouvernement avait failli tomber ! C’est dire l’urgence pour Théo de regonfler les voiles par des appréciations gracieuses de sa personne. Ah ! c’était une époque de pionniers de l’esbrouffe politique !
Défenseur de l’alouette, Leo, changement oblige, fit son chantier de prédilection de la division de l’arrondissement électoral Bruxelles-Hal-Vilvorde par le biais du Pacte Egmont. Devant l’échec, il réclama de son parti le « passe » pour un séjour à l’Europe, déjà très demandée pour les pantouflards et les mises en quarantaine. Trente-cinq ans plus tard, BHV fut divisée selon les limites qu’il avait esquissées en 1977. C’est dire le précurseur !
Ces vieux slogans tiennent toujours la route en 2022. Ils sont inusables.
Ils font parties d’un continuum belgicain avec les rapports et les experts, le tout malaxé dans la bétonnière qui coule depuis cent ans un béton pour cimenter les communautés sans y parvenir.
Du plus petit fonctionnaire au plus grand de cet État, le départ d’une politique équilibrée qui porte sur la réduction de la taxation du travail et des pensions, passe par la démolition des bric-à-brac fiscaux et de l’ingénieux montage de l’Usine à Gaz. ! D’où, le troisième slogan que tout bon député doit garder en mémoire « priorité à la réduction des impôts sur le travail et les pensions ».
C’est le plus fortiche ! Même Bouchez en est un fervent propagandiste. Évidemment, rien de ce qu’on vous dira sur le coup ne se traduira jamais en réalités concrètes.
Peu importe, il est tellement beau, celui-là, que même ceux qui le propagent aux ploucs de ce royaume, finissent par s’en convaincre eux-mêmes !
Voilà qui pourrait rendre leur état cérébral précaire. Finir par trouver juste, ce qu’on vend comme tel, c’est un signe de décrépitude du genre de celui qui atteignit jadis Léo Tindemans en plein triomphe, mais aussi en plein début de gâtisme !

23 juillet 2022

La télé mène à tout !

L’appauvrissement de la démocratie par le système actuel de la représentation politique est certain.
Tout le monde est d’accord là-dessus : ceux dont la voix n’est pas entendue, comme ceux dont la voix est trop entendue. De ces derniers dépend l’exécutif d’où le mal provient. Si officiellement ils admettent que la démocratie végète, dans les faits ils ne font rien qui se puisse compter en efforts de changement.
Faut-il penser à une démocratie parlementaire républicaine, avec un président de la République ou à un roi garantissant la Constitution démocratique ?
Ni l’un, ni l’autre, disent les Rattachistes qui rêvent que la francophonie belge réintègre le giron de la France. Pourquoi pas, mais c’est un autre débat. En effet, rattachée à la France, la Wallonie n’en serait pas moins confrontée au dilemme d’une démocratie entre parenthèse, la France étant dans les mêmes embarras de gestion du sujet.
En tous cas, pour ce qui concerne la Principauté de Liège, le débat est clos depuis 1792, année d’un plébiscite au suffrage universel, la population ayant voté la réunion du Pays de Liège à la France.
Nous ne lisons plus Montesquieu qui dans « L’esprit des Lois » revient sur la question primordiale de la représentation du peuple dans la vie d’une Nation.
La dernière « imprudence » de Georges-Louis Bouchez au profit de Hadja Lahbib en remplacement de Sophie Wilmès en qualité de ministre des Affaires étrangères, en dit long sur les orientations de recrutement du personnel politique. L’avocat montois a beau triompher en arguant de la qualité de novice de l’ex-présentatrice de journal télévisé, on a compris la manœuvre. Ce n’est pas tant pour aller dans le sens d’une diversification des professions dans le personnel politique, que le président du MR a voulu cette nomination, aussitôt bienvenue au gouvernement, mais parce que tout qui montre ou a montré sa binette plus ou moins longtemps à la télé a acquis une notoriété qui se négocie aux nombres de voix, dans tous les partis politiques.

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L’exemple de l’Américaine, Oprah Winfrey est caractéristique de l’engouement des foules pour la notoriété. Chouchoute d'Hollywood après son discours lors de la cérémonie des Golden Globes, la présentatrice et actrice Oprah Winfrey est élevée au rang de favorite pour les prochaines élections présidentielles aux Etats-Unis, 64% des Américains voteraient pour elle si elle présentait sa candidature en 2020. Elle n'a pourtant fait aucune déclaration officielle attestant sa participation. Si elle se présente, son parcours pourrait ressembler à ceux des personnalités belges, passées du statut de personnalité médiatique à élu politique.
Elles sont nombreuses les Winfrey de chez nous, sautant d’un casse-croûte à un autre, sans aucune autre idée que celle de quitter un job, pour un autre mieux rémunéré.
Hadja Lahbib se dépeint elle-même comme apolitique, sans connaissance aucune des partis autre que celle qu’elle a apprise en lisant les gazettes et en se pliant à l’opinion de ses supérieurs. Nul doute que Bouchez saura la conduire à prendre sa carte au MR, ce qu’elle a déjà probablement fait, et à se plier aux idées politiques de son pygmalion, ce qui est aussi probablement chose faite.
Est-ce que cela est un pas vers une représentation populaire adaptée à la diversité du peuple belge ?
Si aucune règle officielle n'empêche de passer de "star" du petit écran à candidat sur une liste, c’est rabaisser davantage la notion de représentation du peuple que de pratiquer cette forme d’adhésion à la démocratie.
On se souvient de la reconversion de Florence Reuter en 2007, en égérie libérale, après neuf ans du métier de présentatrice. Prise sous l’aile de serge Kubla, elle finit par lui succéder à Waterloo, suite aux démêlés judiciaires de ce pilier du MR. Siegfried Bracke passe de la VRT à la N-VA, comme quoi la notoriété est le booster universel. Aujourd'hui, l'ex-journaliste est président de la Chambre flamande des représentants. Anne Delvaux, présentatrice du JT, et Olivier Maroy, tous deux de la RTBF quittent « l’impartialité maison » l’une pour le CDH et l’autre pour le MR. C’est d’autant plus critiquable pour Maroy que celui-ci animait des réunions politiques « Mise au point », au cours desquelles il faisait semblant d’être au-dessus de la mêlée.
Le premier à avoir eu une vocation tardive fut Luc Beyer que d’aucuns connurent avec cet air pincé « fin de siècle ». Il semblait vouloir rester au-dessus de la mêlée Il finit par sombrer dans la machine libérale, ouvrant la voie à tous les autres.
Cette engeance de nouveaux notables n’apporte rien par elle-même à la démocratie. Ses impétrants épousent l’opinion de ceux qui les introduisent dans le Jackpot national. Ils alourdissent le contentieux qui sépare le peuple de ses élus. On pourrait demander à Crucke ou Ducarme, ce qu’ils pensent de la dernière foucade de leur chef ?

21 juillet 2022

La fête à neuneu, le 21 du chose…

Si le 21 est un jour férié, nous le devons au serment prêté à la Constitution ce jour-là, par le premier des Léopold.
Une sacrée fournée que ces Léopold !
Le fondateur de la dynastie ne voulait pas d’un pays riquiqui fait de toute pièces et sur mesure pour que les relations entre la France et l’Allemagne demeurassent mauvaises. L’ancien prince consort de Grande-Bretagne accepta sur pression anglaise, de fonder une dynastie constitutionnelle sur le modèle anglais. Surnommé le Nestor de l’Europe, il se remaria pour nous faire don d’un autre Léopold.
Ce dernier, noceur invétéré laissa une partie de sa fortune faite sur l’ivoire et le caoutchouc, dans les bordels parisiens. Prince-propriétaire du Congo, il dirigea ce pays d’une main de fer en utilisant les mercenaires de la Force publique. Bien avant Adolf, il inventa le travail forcé de la population indigène, avec la brutalité que l’on sait.
Sautant un règne, le troisième du genre fut le plus fameux des Léopold, tant du point de vue de la trahison que du sens de la diplomatie.
Certes, il n’inventa pas la chaise des plaisirs comme son grand-oncle, mais sa politique à l’image de sa vie privée fit vaciller le trône, quand de retour d’Allemagne avec une nouvelle femme, sa captivité dorée devint un secret d’État mal gardé, suite à ses entrevues avec Adolf, et sa fuite en Suisse après la défaite de l’Allemagne.
Tous ces Léopold sont lourds à porter sur les épaules de l’actuel Saxe-Cobourg, successeur.
Reste à fêter l’Armée, comme il se doit, par un défilé devant les généraux derrière Philippe à la tribune d’honneur.
Chef des armées, quoique on dise d’un monarque constitutionnel, cela fait penser, quelque part, à l’exercice d’un pouvoir absolu et la certitude de passer pour des ploucs le restant de nos jours. Nos conditions d’inférieurs ne nous gratifient d’aucun confort, ni d’aucune garantie, même en qualité de souillons de la démocratie.
Naturellement les porteurs de médailles sur estrade, les gradés avec sabre et gants blancs de ce 21, de retour dans les casernes ont tendance à forcer le trait et la distance entre leur commandement et nous.
Mes hommes, c’est ainsi qu’ils nous appellent, illustrent la domesticité en uniforme.
Le rapport de subordination que la discipline institue en vue de la guerre se transforme en temps de paix en corvées et servitudes.

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Une caserne, c’est comme une entreprise avec des patrons qui décident et des employés qui exécutent. C’est une féodalité partagée entre le système libéral et le Régime militaire.
Le rôle des petits gradés, courroie de transmission entre les ordres des généraux et nous, futurs militaires depuis que la guerre n’est plus impensable en Europe, devient un jeu particulier de compensation et de revanches sociales de l’adjudant-chef aux troufions.
Ce militaire qui n’a peut-être rien été de relevé dans sa vie civile se voit donnant le « la » à des plus diplômés que lui. En temps de mobilisation, ce qui nous pend sous le nez, il pourrait demander à un médecin ou à un avocat de balayer sa chambre.
Vu ainsi de l’armée et par une personne qui ne se le permet que parce que l’Armée l’y autorise, cela n’est pas jubilatoire, mais tout bonnement odieux.
Autre chose serait, qu’enfin reconnu dans ses qualités d’être humains, n’importe qui fût en droit de le faire au nom de l’utilité sociale et de l’égalité des droits.
Mais on n’en est pas là en ce 21. L’estrade est bien telle que la Belgique attendait.
Il ne manquera aucun bouton aux vestes d’apparat. La musique militaire sera censée enthousiasmer les foules. Le couple royal se portera au centre de l’estrade en guettant le ciel, redoutant qu’il pleuve et qu’accessoirement les avions jutent les trois couleurs au bon moment.
Il y a ainsi une continuité dans la tradition qui rassure le Belge moyen et qui exaspère les autres.
D’un côté des moralistes détendus et de l’autre les inquiets aux croyances délétères.
La fête pour tous reste un terrain d’activités politiques intenses, une satisfaction du pouvoir de s’exhiber dans ses fastes et atours, sur un terrain propice à l’admiration des foules de leurs personnes de carte-postale.
Chacun en a ainsi sa part, comme toujours inégalement répartie, mais tous ne l’ont pas en entier
Pour les éreintés et les assujettis au travail forcé, un jour à ne rien faire, c’est toujours ça de pris.

20 juillet 2022

La gidouille du père Ubu.

Ah ! le centre… cible idéale. La triplette Bouchez-Magnette-Prévot ne jure que par lui. À croire que tous les Belges sont des centristes et qu’ainsi par cette force centrale, le pays serait admirablement gouverné.
Quand on voit le résultat, le Centre n’est qu’une vaste mare dans laquelle croassent tous nos mâles dirigeants qui font beaucoup de bruit pour ne rien faire, tout en conduisant le pays vers des catastrophes inédites.
Veut-on être gouvernés au centre ? Difficile à savoir, tant le Belge, quand on lui parle franchement de politique, est comme une savonnette humide qui s’échappe quand on croit la saisir.
Toujours est-il que les classes moyennes sont les plus représentatives du Centre ! Tout en laissant à nos gros malins des trois partis, le soin de définir les contours exacts de cette masse informe.
Elle a beaucoup souffert, la bougresse, avec le néolibéralisme cher à Bouchez ! Sa partie inférieure a complètement disparu faisant du boutiquier heureux de jadis un paria social ou pire un gérant accablé des charges de l’entreprise mère.
S’y croisent des employés à prétention supérieure et des cadres embourgeoisés, des salariés modestes et des petits patrons, des travailleurs sociaux et des universitaires, leur seul point commun est l’horreur des extrêmes.
Cet ensemble hétéroclite, dans ses contradictions, agglomère un brouet distillant son suc de « moyennisation ». Cela donne un mélange étonnant dans un édifice social qui va du commerçant failli au nanti par le foot qui lance sa Ferrari à 200 à l’heure sur l’autoroute.
Les membres de cette classe sociale doivent constamment se définir par leur double rapport à ceux du dessus et à ceux du dessous. Dans la pratique, tous les partis s’y sont lassé prendre, le PS le premier qui a cru fin du siècle précédent que le prolétariat était mort et que le plus modeste ouvrier allait se moyenniser suite au « progrès ». Le MR y a vu une source féconde d’indépendance, alors que ses leaders poussaient à la mondialisation en écrasant les petits industriels et en ôtant le pain de la bouche des petits commerçants. Le PSC, alias le CDH pour finir en eau de boudin dans « Les Engagés » a cru rebondir en sortant des presbytères pour s’apercevoir que sa clientèle centriste s’était évaporée !
D’où l’équivoque et l’ambivalence de cette nébuleuse d’intérêts divergents.

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C’est au nom de ce magma informe que nos illustres nous cornaquent.
Les rapports de ce conglomérat avec la haute bourgeoisie relèvent du vaudeville. Les grands bourgeois fascinent littéralement les classes moyennes, qui rêvent d’en être un jour.
Faute de pouvoir s’élever, les petits-bourgeois se bovarysent et font leur Emma en passant par des coquetteries et des renoncements d’envieux. Souvent la relation à leur modèle, sur le mode bovarysant du dépit amoureux, tourne à la rancœur. Parfois le cynisme des grands bourgeois est tel et leur mépris si profond pour ces candidats au libéralisme chic, que les recalés se transforment en « ennemis » de ce qu’ils admirent et dénigrent à la fois, leur vie durant.
De ce « malaise dans la civilisation » du mitant d’un lit social freudien, émerge une ambivalence sur la répartition des biens matériels, tantôt dans l’âpreté et la mesquinerie d’un Bouchez dans son désir de séduire les grands bourgeois, tantôt poussant jusqu’aux véhémences d’un Raoul Hedebouw s’investissant dans la défense des crève-la-faim.
Les petits-bourgeois qui glandent à la porte de la grande bourgeoisie trébuchent sous les croche-pieds des partis censés les défendre secondés par les barons du système. Ils ignorent qu’une redistribution des capitaux à chaque génération est une utopie qui, quand bien même surviendrait-elle, ne leur serait pas nécessairement favorable. Leur sort serait plutôt lié à celui de César Biroteau, parfumeur, failli dans l’œuvre de Balzac, dont le seul tort était d’avoir été honnête jusqu’au bout.
Enfin et c’est le drame, il semble difficile d’imaginer que les classes moyennes, puissent se mobiliser, tel un syndicat ouvrier, pour une revendication collective. Quand la boutique s’insurge, cela donne un Poujade ou un Jean-Marie Le Pen, parfois même un Léon Degrelle, dans des ambiances de guerre. La contestation, en général, s’exprime rarement sous une forme violente. Elle est toujours une contestation à l’intérieur du système et non contre le système.
Les partis de pouvoir le savent si bien qu’ils peuvent compter sur les classes moyennes au service de l’État pour enrayer toute tentative de subversion. C’est chez elles qu’ils démarchent pour casser les grèves ou tout autre sédition, mettant en péril leur autorité.
Quoique déchues, perdues, déshonorées même, les classes moyennes ont toujours répondu aux appels de détresse du système. Elles en sont les piliers. Sans elles, il n’y aurait plus de consensus pour la Belgique européenne, respectueuse des traités, bien américanisée, bien libérale qui évolue sous nos yeux depuis toujours !

18 juillet 2022

BAISE et FERME TA GUEULE !

La Bruyère l’avait déjà remarqué dans ses Caractères « se faire valoir par des choses qui ne dépendent point des autres, mais de soi-seul », oui, mais à ce point, pas sûr !
Il fallait quelque chose de péremptoire, d’évident… tant pis pour la grossièreté, le sans-gêne d’une forme impérative sous une pluie d’évidences, La Bruyère n’aurait pas osé pousser plus loin !
Un de ces titres qui a en soi tellement de vérité, qu’il serait capable à lui seul de rassembler les conneries de FB en un tas de feuillets, autant que Saint-Simon sur cinquante ans de Mémoire.
Difficile d’aller plus loin. La NUPES dans l’invective laissée sur place. Le scandale enfin révélé du plaisir sans la thune. C’est ce qui les fait râler, les serrés du fion, « tant de vulgarité, comment est-ce possible, lui l’auteur de fines chroniques qu’on lit à peine ! ».
Après ça, comment faire du style, roucouler au subjonctif, étaler une certaine érudition qui séduit la rombière en grand retour de son stade anal. Tous les délicats de citations, aux créneaux… ah ! Kierkegaard… ce bigot protestant… ou Kant cet Allemand qui aurait pu inventer le coucou pour son amour de l’exactitude, plutôt qu’emmerder avec sa « Critique de la Raison pure » vingt générations de rhétoriciens.
La société mufle nous met les patrons condescendants avec les politiques, aux hauts verbiages, dans le bain des ostracisés. Ils nous gavent jusqu’au trognon de leurs services autorisés, la nécessité de la vie qui n’en est plus une à courir en quête du pain quotidien à toutes ces conneries sans lesquelles on n’est pas citoyens, mais des arsouilles feignasses qu’un G-L Bouchez repousse du pied.
Là, ils l’ont profond… au lit les distingués, les cultivés et les incultes, faut encore qu’ils prêchent. D’après les tempêtologues, on n’a plus beaucoup de temps à glander sur la pelouse derrière chez soi. Faudra replier sa chaise longue, pour les dix milliards d’abrutis promis, c’est trop peu. Plus de temps à perdre : on la ferme pour courir aux plaisirs, les derniers peut-être, malgré les wokes et les nouvelles manières de définir l’humain. On sera turgescent dès le berceau. La génération suivante risque de ne pas aller plus loin.
Qui c’est-y qui perd, de-ci, de-là un doigt à une fraiseuse, un pied dans une coulée, un œil dans une manif, jamais eux !... entiers, partout, toujours. Qu’est-ce qu’ils nous font transpirer et il faudrait conserver les belles manières, jusqu’au bout, les génuflexions, à ces partouzeurs pas vus, pas pris ?
Ils feraient pas autre chose, s’ils pouvaient, à l’affût des dernières sales manières. Tandis que l’homme après son turbin, qu’est-ce qu’il peut espérer de gratuit, sinon la chose de la saine manière, par temps sec, variable, pluie, toujours ?

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– Qu’est-ce que tu fous ? Tu détruis ton texte.
– Oui, j’en ai honte. C’est pas moi, ça…
– Ah ! la réputation, t’as la trouille !
– C’est à cause du titre ! On sort ça, puis on peut plus s’arrêter. C’est un pus intérieur.
– D’accord mais ça libère… Baise et ferme ta gueule !

17 juillet 2022

Quand Woke rénove et dénonce !

En pleine crise inflationniste, des patrons s’attèlent à l’idée de se rapprocher de leurs salariés « pour affronter la tempête ensemble ».
Ils profitent que le wokisme a traversé l’Atlantique pour s’en prévaloir en Europe.
Désormais certains fauteurs de troubles économiques, responsables de la stagflation, se tournent vers leurs employés en se posant en victimes de leurs propres turpitudes.
Faiblesse des syndicats, les voilà sensibles à ce chant des sirènes libérales.
L’ancien slogan des syndicats, le plus souvent entendu scandé avec force : « tous ensemble – tous ensemble » qui n’exprimait que le désir de voir CSC et FGTB unis dans le même combat, s’est adjoint le « avec nous – avec nous » des patrons !
La confusion serait totale, si une méfiance instinctive des travailleurs ne leur faisait redouter une arnaque quelque part, faisant reculer les syndicats dans leur bel esprit collaborationniste.
Le wokisme, n’est pas une religion mais se comporte comme tel en Amérique. C’est une rédemption des anciens durs du capitalisme qui jurent bien que l’entreprise n’est pas une machine à cash pour les actionnaires, mais un creuset où se confondent les intérêts d’un tout : patrons, travailleurs, syndicats, tous ayant intérêt à la réussite de l’entreprise sous peine d’en payer les conséquences : faillite et pertes d’emplois.
Le cancel qui vient derrière réveille l’instinct pervers des « patriotes » dénonçant des voisins à la gestapo de 41 à 44 !
De prime abord, des gens pourraient trouver le wokisme assez chouette. À bien y réfléchir, ce ne sont pas les personnels qui décident des orientations, ni des projets de l’entreprise. Pourquoi devraient-ils prendre une part des responsabilités de la direction, là où ils n’en ont jamais eu aucune ?
Idem des salaires seulement en fonction des critères qui leur échappent.
Le patron gère son entreprise selon les desideratas des actionnaires. Ces derniers sont à cent lieues de s’impliquer dans des structures dont ils n’attendent que de la rentabilité, à moins que les chiffres soient dans le rouge, pour exercer une pression sur le CEO, lequel procède alors à des licenciements la plupart du temps.

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Par le passé, le patronat avait déjà tenté le coup, bien avant le wokisme. En 1938, le monde fait face à la « montée des périls », sur fond de crise économique mondiale. Très bien informé des réalités, notamment allemandes, le pasteur Buchman, qui est alors le leader respecté d'un mouvement chrétien international appelé Groupes d'Oxford, est convaincu que le réarmement militaire allemand conduira à une guerre catastrophique. Lors d'un meeting réunissant 3 000 personnes à l'hôtel de ville de East Ham, à Londres, le 29 mai 1938, il lance alors une campagne pour le "réarmement moral".
Après la guerre, en Belgique, le Réarmement moral est relancé par le Lieutenant-Général André Lesaffre. Des personnalités belges comme Paul-Henry Spaak ou Jean Rey en ont été proches. Très vite l’argument patriotique cède la place à l’argument économique. Il perdurera jusqu’aux années 70.
Ses initiatives concernent le plus souvent la formation civique, la consolidation de la paix, le dialogue et l’éthique dans le domaine économique. Il aborde les thèmes de la démocratie, des droits de l'homme, du multiculturalisme, de la sécurité économique, etc.
Les différences avec le wokisme tiennent dans l’élargissement des thèmes à l’écologie, au racisme et à l’égalité entre les sexes.
Mais l’idée est la même, faire de l’employé un responsable de l’entreprise sans pour autant aller jusqu’à lui céder des fonctions qui restent de la compétence des employeurs. Tout revient à l’identique des patrons de 38 à ceux de 2022 : « Donner l’illusion au personnel d’être les gestionnaires en tout comparables au pouvoir de direction, sans l’avoir vraiment et sans en tirer profit ».
Dans les grandes entreprises, c’est en général le directeur des relations humaines, appelé ainsi parce que cela fait mieux que chef du personnel, qui a pour mission de convaincre ses subordonnés du wokisme.
Faire travailler plus, gagner la même chose, en exaltant les bons sentiments des crédules est la face cachée d’un libéralisme qui n’a jamais été aussi dangereux et toxique depuis la mondialisation.
Seulement voilà, même de ce point de vue, le wokisme a été dénoncé lors d’une réunion du club de Davos, comme dangereux. Devant la vague d’entreprises qui revendiquent leur engagement pour le climat, contre le travail forcé ou pour l’égalité et la diversité, les conservateurs redoutent que certains patrons ne mélangent la politique aux affaires.
Bien sûr que le busines est intimement lié à la politique, l’influence complètement au point d’en être devenu le maître, mais il s’agit ici de la politique d’en-dessous, celle qui gère par syndicats interposés, la vie sociale des entreprises. Le grand patronat préfère de loin des rapports distants présageant une guerre ouverte entre le fric et le travail. Ainsi les choses sont claires et les rapports de force bien établis. Ils n’ont pas confiance dans le menu fretin des petits industriels, certains sont à deux doigts de la faillite !

16 juillet 2022

Flaubert, Renard : le doute

Laisser là une chronique, pour laisser la place à Jules Renard en recopiant une page de son Journal ! Pourquoi ? Parce que ce texte du Journal touche au caractère inquiet du créateur. Il pose la question de l’intérêt de la création. Ce qu’en pensent les contemporains est secondaire. Car ce qui touche d’abord le créateur, c’est l’étonnement sur lui que produit l’œuvre, il la croît, le plus souvent, ratée ou indigne, tant il n’y a rien de plus subjectif que l’étonnement.
Il met en doute la capacité des autres à juger, quand ils ne tarissent pas d’éloges et aurait tendance à n’accepter pour vrai que la critique sévère de son produit.
L’artiste n’est jamais satisfait de ce qu’il crée, bien qu’il y ait des glorieux et des « m’as-tu-vu ? » qui ne sont le plus souvent que des produits de tendance, à engouements par magazine ou sponsors intéressés par la spéculation qui transforme l’œuvre en produit.
Jules Renard rejoint Malebranche qui pense qu’un doute supérieur place sur toute spéculation. On y remarque comme il s’implique et implique tout le monde, y compris sa famille, dans ce qu’il considère comme une vie ratée.
« Je n’ai réussi nulle part, constate l’auteur de « Poils de carottes ». J’ai tourné le dos au Gil Blas, à l’Echo de Paris, au Journal, au Figaro, à la Revue hebdomadaire, à la Revue de Paris, etc. etc.
Pas un de mes livres n’arrive à un second tirage. Je gagne en moyenne vingt-cinq francs par mois. Si mon ménage reste pacifique, c’est grâce à une femme douce comme les anges. J’ai vite assez de mes amis. Quand je les aime trop, je leur en veux, et quand ils ne m’aiment plus, je les méprise.
Je ne suis bon à rien, ni à me conduire en propriétaire, ni à faire la charité. Parlons de mon talent. Il me suffit de lire une page de Saint-Simon ou de Flaubert pour rougir.
Mon imagination, c’est une bouteille, un cul de flacon déjà vide. Avec un peu d’habitude un reporter égalerait ce que, plein de confiance, j’appelle mon style. Je flatte mes confrères par lettres et je les déteste à vue. Mon égoïsme exige tout. Une ambition à regarder par-dessus l’Arc de Triomphe, et ce faux dédain des médailles ; Si l’on m’apportait la croix d’honneur sur une assiette, je me trouverais mal de joie, et je ne reviendrais à moi pour dire : « Remportez ça ! ».
Le pli que j’ai au front se creuse chaque jour davantage, et bientôt les hommes auront peur de le regarder et se détourneront comme si c’était une fosse. Je ne travaille même pas comme quelqu’un qui veut mériter l’abrutissement, et, malgré cela, il y a, ma parole, des quarts d’heure où je suis content de moi ».

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Cette « confession » d’un écrivain de qualité a ceci de particulier que de tous les arts, celui de l’écriture n’a pas le côté « ouvrier » qu’avait déjà souligné Flaubert et Rémy de Gourmont. Ce manque ne fait qu’accroître le sentiment d’avoir raté quelque chose dans l’œuvre finie.
Renard n’est pas le seul dans la confrérie à douter de soi. Justement un des écrivains qu’il admire le plus, Flaubert, écrivait à son ami Ernest Chevalier : « Il me reste encore les grands chemins, les voies toutes faites, les habits à vendre, les places, mille trous qu’on bouche avec des imbéciles. Je serai donc bouche-trou dans la société, j’y remplirai ma place. Je serai un honnête homme, rangé et tout le reste si tu veux, je serai comme un autre, comme il faut, comme tous, un avocat, un médecin, un sous-préfet, un notaire, un avoué, un juge tel quel, une stupidité comme toutes les stupidités, un homme du monde ou de cabinet, ce qui est encore plus bête. »
Finalement, Flaubert restera à Croisset à gueuler ses textes dans son petit pavillon d’angle.
Je me demande si tous les deux n’ont pas sous-estimés leur position sociale, ce qui leur a permis d’écrire sans se soucier de pourvoir à leur existence, Jules pour avoir épousé une propriétaire d’immeubles et l’autre pour avoir joui d’un héritage paternel, presque jusqu’à la fin de sa vie?
Ils n’ont pas soulevé le problème de l’argent dans l’existence des créateurs pauvres qui pensaient comme Kafka « mon emploi m’est intolérable parce qu’il contredit mon unique désir et mon unique vocation qui est la littérature.
Tant il est vrai que les mots qui surgissent sous les plumes de Flaubert et de Renard savent d’eux des choses qu’ils ne savent pas d’eux-mêmes ! Ce sont des bourgeois fort éloignés des doutes de leurs confrères logés dans des mansardes.
Ces hommes de talent avaient-ils vraiment la conviction de ce qu’ils pensaient d’eux-mêmes ? Quelle importance ! Qu’est-ce qu’une conviction, si ce n’est une pensée qui s’est figée, ce que souligne Kundera, car elle est l’apanage d’un homme borné.
Or, Renard et Flaubert ne l’étaient pas.

15 juillet 2022

Lîdje, nom di Dju !

Serions-nous tous devenus les chaisières d’un Saint-Sulpice du capitalisme sauce ultralibérale, qu’un petit morveux du nom de Bouchez souffle à l’oreille d’un public conquis à l’avance ?
On serait presque tenté de le croire, lorsqu’on entend les propos effarouchés des « socialisants » liégeois, évoquant le programme de la NUPES de Jean-Luc Mélenchon.
Quoi porter atteinte à la libre entreprise en nationalisant des secteurs clés, vous n’y pensez pas ! Ce serait revenir aux méthodes de Staline, au bolchévisme ! Comment, Mélenchon y va en mettant le grappin sur les grosses fortunes. Les taxés à l’extrême sur leurs gains déclarés seront empêchés de les réinvestir et de faire progresser les entreprises. Etc.
Ce sont les mêmes qui, un quart d’heure plus tard, pesteront contre les spéculateurs qui se font des balloches en or en faisant grimper artificiellement les produits qu’ils nous vendent, à la faveur du moindre prétexte, après l’argument majeur de la guerre en Ukraine.
Or, le programme de la NUPES n’est pas si « dévastateur » que ça. Il est même très raisonnable, puisqu’il ne tend qu’à protéger des institutions sociales que sont l’hôpital et l’enseignement, les financements s’opérant par un retour à un moindre écart entre les salaires et les bénéfices que certains font sur la sueur des autres.
Mais voilà, cinquante années de prises en main des moyens d’information, jointes aux télés quasiment d’État ou en propriété privée justement par ceux que la NUPES veut dégraisser, comment voulez-vous que le socialisant liégeois se fasse une opinion de manière correcte ?
S’inverse ainsi de ce même jugement, les intentions familiales à l’égard des propagandistes politiques. Liège, traditionnellement de gauche, est passé de la ferveur socialiste à la ferveur libérale ! On peut dire que Willy Demeyer, bourgmestre, s’est fait damer le pion par son adjointe libérale Christine Defraigne. Déjà essentiellement groupées dans des vestiges de paroisses, traditionnellement catholique sans croire « pas plus que ça », des familles dont le pater familias était le marquant duquel on suivait la tendance, sont passés d’un bénitier à l’autre et clapotent avec les séides de la dame bleue. Ils font dorénavant corps avec le gros des socialistes qui ont viré du rouge au rose ; ces derniers ne croient plus au « grand soir », ils se contentent des rêveries fantasmées par les apparatchiks de Georges-Louis Bouchez. Sans le savoir, en revenant de Quaregnon, ils sont devenus les poids morts du socialisme.
Toute cette troupe en déshérence ne peut pas évidemment comprendre les motivations de la NUPES, sans un frémissement horrifié et avec cette moue si bien entretenue des familles hors circuit « classe moyenne », mais convaincues que la prospérité va revenir.
Martyres et dupes de la société de consommation, elles s’accrochent cependant à « l’idéal » façon Bouchez, par crainte des violences et par peur du changement, comme si la droite libérale ne l’était pas !
Cette fausse interprétation des intentions de la NUPES, qu’avec un peu de chance on aurait pu voir majoritaire en France influençant Liège et environs, en dit long sur l’attitude apeurée des gens d’aujourd’hui.
Cette attitude est aussi le résultat d’un manque de connaissance de l’histoire des partis et notamment du programme de 1972 entre le PS de Mitterrand et le PC de Georges Marchais.

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Même si Georges a été le cocu de François après coup, comme tout ceux qui ont suivi la chose ont pu en témoigner, le manifeste commun est autrement gratiné que les propositions de la NUPES.
Qu’on en juge !
« …pour briser la domination du grand capital et mettre en œuvre une politique économique et sociale nouvelle…, le gouvernement réalisera progressivement le transfert à la collectivité des moyens de production les plus important et des instruments financiers actuellement entre les mains de groupes capitalistes dominants ».
1981 verra quand même une amorce d’application de se manifeste réellement révolutionnaire ; cela n’aura qu’un temps, pour voir finalement François Mitterrand venir, comme tout le monde, manger dans les mains de ce grand capital.
Est-ce que l’Histoire se répète et que les Hommes, restant ce qu’ils sont, n’ont d’autres choix que de suivre par de nouvelles erreurs, les erreurs anciennes, la frousse au ventre ?
Liège serait-elle en train de tourner libérale pour tous ces motifs ? Viendrait s’y ajouter l’effet dévastateur d’une immigration non maîtrisée dans les quartiers populaires !
L’avenir nous le dira. Un avenir qui lui tiendra ses promesses et où se reverront les maîtres libéraux dans toutes leur férocité prédatrice. Le caractère frondeur de la Ville que des imbéciles heureux ont baptisé « ardente » reprendra-t-il le dessus, vu la faim et la pauvreté qui s’installent ? On verra…

13 juillet 2022

Des Belges ont faim !

Après la chronique de l’écroulement général à l’échelle du monde qui explique les ratés de la machine économique devenue universelle, il serait singulier que j’en oublie les conséquences dramatiques de ses effets sur des millions de Belges.
C’est au ras des pâquerettes que le drame est le plus perceptible. Dès à présent, nous sommes tous touchés par ce phénomène qui perturbe les déjà si maigres budgets de la plupart d’entre nous.
L’inflation dans une situation de stagflation mord terriblement sur les budgets. Déjà de nombreux Belges rognent sur leurs dépenses qui touchent à l’essentiel : la nourriture.
Il faut savoir dans ce pays apparemment un des plus prospères d’Europe que des familles ne peuvent plus se nourrir normalement et que des enfants ont faim !
Oui, des enfants vont à l’école le ventre creux, encore heureux d’y trouver un quignon de pain dans leur boîte à tartines !
Ce n’est pas du Victor Hugo que je fais ici avec Gavroche et Cosette dans la fresque inoubliable des Misérables, mais une résurgence d’un monde que l’on croyait disparu, celui où le peuple ne mangeait pas à sa faim tandis que les bourgeois trouvaient cela très bien, d’avoir ainsi le droit quasiment de vie ou de mort sur les « petites » gens, jetant en pâture, de-ci, de-là, de quoi survivre, comme on jette un os à un fauve en cage.
Ce n’est pas normal, dans une démocratie – même si on peut chipoter sur le terme – que des élus du peuple, qu’ils soient de gauche ou de droite, ne prennent pas en compte un constat d’indigence généralisée aux classes sociales les plus touchées par l’inflation actuelle.
Ce n’est pas normal qu’un avocat devenu président d’un parti porte atteinte par des discours d’un parfait libéralisme à des misérables dont le seul tort est de ne pas avoir un travail régulier.
Ce n’est pas normal que des parlementaires discutent du sexe des anges quand il y a presse à nourrir leurs électeurs.
Ce n’est pas normal que ces hauts salaires qui nous gouvernent ne peuvent baisser les yeux sur les gens et gardent leur sang-froid devant tant de misères !
Ce n’est pas normal qu’ils ne s’élèvent pas d’une seule voix pour stigmatiser l’Europe dans son entêtement mondialiste.
Ce n’est pas normal qu’une protestation unanime ne soulève pas le parlement accusant les grandes compagnies de spéculer sur le blé et le pétrole.

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Et pourtant, oui, on les voit parler et parler sans cesse de choses qui n’intéressent plus les gens ; car, quand on a faim et qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait, on n’entend plus que l’estomac qui gronde et qui réclame. Les spéculations sur le devenir de la guerre en Ukraine, l’OTAN qui se réarme et l’Europe qui se gendarmise, la mondialisation qui grignote jour après jour les salaires de petits pour le grand profit des grands, tout cela pourtant, capital, disparaît comme dans un brouillard de dettes, de loyers impayés, de cherté de la vie, de l’impossibilité d’aller ainsi encore quelques mois !... d‘exister enfin, même mal et de tenir le coup !
Cette incapacité du pouvoir, pourtant appelé à grand renfort d’applaudissements « démocratie », est dramatique et condamne sans appel ce système. Ses dirigeants, aussi bien les hargneux que les autres, emberlificotés dans des accords qui ne remplissent pas le ventre des affamés, sont bien incapables de remplir leur mission : rendre au peuple ce qu’il lui revient.
Ce n’est pas tant dédain, sauf pour certains libéraux, qu’ignorance complète d’une situation qui touche tout le monde, même les riches qui devraient savoir, qu’un égoïsme anodin en temps ordinaires devient un crime en période de besoin.
En écrivant cela, j’ai conscience de l’inanité de mes efforts pour que ceux qui ont le pouvoir ouvrent les yeux et qu’enfin ils s’aperçoivent du gouffre qui les sépare de leurs administrés.
Je sais qu’ils ne verront ou feindront de ne rien voir de cette misère rampante que, d’une façon ou d’une autre, leur politique a amené en Belgique et en Europe.
Cette démocratie, d’aucuns diront oligarchie, tourne à vide pour un ensemble de citoyens en détresse.
Toutes les Révolutions l’ont été par surprise et ont pris de cours les autorités installées. Dans une Belgique placide et résignée, elle serait d’autant imprévisible qu’on ne soupçonne pas de quoi sont capables les résignés quand ils sont poussés à bout.
Que les partis se méfient, installant de manière grassouillette leurs affidés dans les soies du pouvoir. Ils touchent, sans le savoir, à une limite dont le ressort est la faim des autres.

11 juillet 2022

Fatalité de l’écroulement général.

La grosse combine du moment, celle qui a démontré sa nuisance, mais dont les libéraux et l’Europe ne se lassent pas – la globalisation du commerce mondial – est en train de se hisser au-dessus des guerres et des inimitiés entre États, pour devenir le champion absolu du malheur des peuples !
En guerre virtuelle avec la Chine et en guerre réelle par État interposé avec la Russie, les USA et ses satellites, dont nous faisons partie, poursuivent leur commerce intense avec Xi Jinping et par sous-traitance avec Poutine, quoique l’Europe ait pris des dispositions contraires à l’encontre de Vladimir.
Une fois sur les rails, cette idée de globalisation est si profitable dans les hautes sphères de l’économie, qu’aucun pouvoir politique ne pourrait l’arrêter, sans mettre ses finances dans le rouge.
C’est le dernier brûlot que le système a lancé pour casser du social et mettre au pas des milliards de besogneux au service de l’opulence d’une infime minorité.
Quoi de plus merveilleux pour eux de mettre en concurrence l’ouvrier et l’employé européens avec le reste du monde ! Les tisserands du Bangladesh et les techniciens en puces électroniques du Viêtnam du Sud en lutte des prix contre leurs homologues occidentaux, c’est du gâteau !
L’air faussement effaré des patrons en dit long sur leur jubilation intérieure de laisser le smicard français à 1300 euros et le bas de gamme du FOREM belge à moins encore.
Ainsi une égalisation par le bas s’effectue devant nos yeux, sans qu’aucune réplique des syndicats et des partis politiques ne dérange l’agenda de la haute finance et des trusts.
Bonards comme pas permis, nous entendons le discours de la petite merveille présidente du MR sans réaction, sonnés pour le compte, groggy debout. Le grand Charles calé dans son couillard nous bonit la même chanson, tandis que, d’un doigt agile, Ursula von des Leyen tourne les pages de la partition. Compère matois d’un moderne Roman du Renard, Didier Reynders, troisième merveille dans la hiérarchie des belles réussites politiques, somnole les après-midis dans sa tour de verre de l’Europe bruxelloise, en se prenant pour la pépite de la Justice.
Au gouvernement, Alexander De Croo, cumulant les portefeuilles, voyage pour deux en l’absence de Wilmès. Personne ne moufte sur l’étrangeté d’un système qui brise toutes les conventions obtenues jadis par la force des travailleurs, sans qu’aucune forte personnalité politique n’élève la voix, sinon celles de quelques pétébéistes qui à cause de notre inertie, comptent pour du beurre !
La dernière arnaque, organisée de la hausse des prix par la « rareté » des produits, a relancé une crise économique, pur produit de la voracité des détenteurs de réserves des blés, du pétrole, des métaux rares, etc.
Contrairement à toute velléité à se rebiffer, le personnel politique s’incline et pour se ménager une porte de sortie au cas où l’affaire tournerait mal, fait mine d’éteindre l’incendie des prix en nous accordant de-ci, de-là quelques compensations financières, le gaz, l’électricité, l’essence…
Comme ces pompiers-pyromanes n’agitent de leurs petits bras que de petits arrosoirs, la crise est loin d’être finie. C’est bel et bien une stagflation, une sorte de Covid-19 en plus virulent, qui va laisser en Belgique des millions de morts sociales.

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Les classes moyennes inférieures déjà rayées du palmarès des réussites sont en passe de rejoindre en masse les damnés de la terre des catégories en-dessous.
Si c’est tout ce que la Vivaldi peut faire pour nous, qu’ils aillent au diable ! La ministre Karine Lalieux serait en tête du convoi. Le beau prétexte d’en être a fait long feu motivant Paul Magnette à mettre le PS dans la charrette du gouvernement. C’est la suite logique d’une série Di Rupo, Michel et consort. On croit qu’ils travaillent pour nous, ils travaillent pour la haute finance et la mondialisation ! Quand on les interroge sur leur non-gouvernance, ils disent l’air contrit « nous ne pouvons pas faire une politique qui n'est pas celle de l’Europe ». A l’échelon du dessus, le grand Charles nous susurre que l’Europe ne peut pas aller contre la mondialisation. C’est comme une machine infernale que des marioles ont mis en route et que plus personne, pas même Poutine avec sa guéguerre ne peut arrêter.
Les croyants n’ont plus qu’à prier et les impies à montrer le ciel d’un poing rageur.
Cette fatalité des pouvoirs politiques de tirer leur épingle du jeu exaspère les citoyens.
Puisqu’il n’y a plus rien à faire, que le pouvoir est ailleurs, c’est peine perdue de s’adresser à eux. Prenons nous-en aux banques et aux milliardaires, citons leurs noms partout comme des dangers publics. Peut-être que la race des bénis-oui-oui qui font des majorités somnolentes depuis toujours dans ce pays s’apercevra qu’elle s’est conduite comme une imbécile depuis au moins cinquante ans !

10 juillet 2022

Tour du monde en tongs

À force de prédire des choses vraies, Cassandre finissait par exaspérer les Troyens. Si bien que personne ne la croyait. Qu’aurait-elle dû râler, devant le tourisme de masse, en augurant sa fin prochaine victime de ses excès !
Allons, le seul mois de liberté de l’année, Juillet pour les Belges, Août pour les Français, serait condamné ? Lorsque Cassandre rétorque que quitter onze mois de servitude pour le douzième dont on fait une autre servitude, on s’esclaffe et on ne l’écoute plus.
Et pourtant.
« L’un des paradoxes du tourisme d’aujourd’hui est de tuer ce dont il vit. » ‘’Manuel de l’antitourisme’’ Rodolphe Christin.
Les Congés payés libérant tout le monde quasi en même temps créent un effet de masse dont les conséquences sont redoutables. Ceux qui vivent du tourisme exploitent à fond les deux mois de l’année qui doivent leur procurer assez de revenus pour les dix restants. Les commerçants poussent l’étiquette, les habitants du coin râlent qu’on leur salope leur village. Les jeunes ménages ne trouvent plus rien à louer durant toute l’année, les propriétaires préférant se gaver durant la période estivale, quitte à laisser vides les habitations les mois d’hiver.
Le cas de Venise est dramatique. La ville se vide de ses habitants tout est racheté par des gens riches qui trouvent élégant d’avoir un pied-à-terre dans la ville des doges. Ils n’y séjournent qu’aléatoirement.
Les masses d’affluence énormes déstabilisent les fondements même de la ville, celle-ci étant bâtie sur pilotis. On fait la file pour apercevoir depuis le pont des soupirs le toit par lequel Casanova s’est sauvé « des plombs » de sa prison. Comme toujours, quand tout est plein, il faut passer au rythme de la foule, au risque de la contrarier et de se faire piétiner. Bien entendu, dans ces conditions, on ne voit rien de ce que l’on s’attendait à voir. De cette masse grouillante, les pickpockets tirent à l’aise de quoi survivre.
Et si l’orientation actuelle du tourisme par la transhumance et les visites obligées sur le parcours de destination, sans compter la destination elle-même, était l’aboutissement d’un certain calcul des maîtres cachés de notre quotidien ?

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Le tourisme s’est construit sur la réflexion libérale qu’il faut occuper le travailleur, même quand il n’est pas astreint au travail. L’objectif du tourisme n’est-il pas de prolonger cette réflexion en intéressant les gens à tout prix durant leur temps libre ?
L’oisiveté pieds nus dans la cour de sa maison ou vautré sur une chaise longue de sa terrasse donne des pensées subversives ou non, mais des pensées.
Penser en-dehors de tout ce qui accapare l’esprit une année durant, c’est enfin se retrouver dans une situation inédite dans laquelle « penser » a vraiment un sens.
Ces pensées quelles qu’elles soient finissent toujours par contrarier le système. L’oisiveté ouvre des horizons de réflexion que le travail ne donne pas. Les employeurs le savent. Le tourisme de masse et sa littérature abondante laissent les gens en congé dans la même fébrilité préparatoire que lorsqu’ils étaient au travail. Où aller et quoi voir suscitent des débats passionnés en famille. Les méticuleux élaborent un plan de conduite quasiment kilomètre par kilomètre. La destination est faussement originale, puisqu’elle a été suggérée par un magazine qui tire à cent mille exemplaires !
Ne rien faire des jours durant est le privilège exclusif des gens riches. Eux seuls en ont le droit. Un chômeur, un exclu du système, menace le privilégié qui s’en défend en l’excommuniant de la religion de la consommation.
Poursuivre la divagation générale que le travail profite à l’homme et est moral durant le seul mois au cours duquel on peut prouver le contraire, c’est rester dans le système en faisant vivre le tourisme dans ses destinations les plus prestigieuses. Comme des millions de chrétiens se sont partagés des morceaux de la « vraie » croix déboisant ainsi des hectares de forêt, les villes désirées ne peuvent vous vendre de l’authentique, qu’ils remplacent par du toc. Les masques d’antiques carnavals vendus aux touristes place Saint-Marc, estimés anciens donc chers, sont de fabrication chinoise récente. Après cette acquisition, il ne vous reste plus qu’à vider votre porte-monnaie pour une seule consommation au café Florian.
Au jeu d’attrape-nigaud, ceux qui partent sac au dos vers des destinations lointaines en-dehors du circuit n’en sont pas moins les dupes du marché touristique. Le villageois « authentique » vous reçoit dans sa maison de roseaux au bord du lac Titicaca, dans la cordillère des Andes, entre la Bolivie et le Pérou, avec le tarif en dollars du dépaysement garanti.
A moins d’une volonté des politiques de sortir du système de l’économie marchande qui relie tout au fric roi, le tourisme de masse ira de pire en pire.

8 juillet 2022

Les illusions perdues.

Ce n’est pas de l’œuvre magistrale de Balzac dont il s’agit. Cependant, il s’agit d’une étude de mœurs, celle de notre société contemporaine.
À bien y réfléchir, beaucoup d’utilisateurs de réseaux sociaux doivent avoir une impression commune que je partage. Pour faire de l’audience, quand on crée les textes que l’on publie, il faut frapper fort pour marquer les esprits. La nuance n’est pas de saison, taper vite sans aucune vérification préalable, expert en tout et peur de rien, pillard, menteur, voleur d’idées sur tous les sujets.
Le nouveau capitalisme numérique accélère amour et détestation. L’amour conduit à l’excès et la détestation à la haine. Les algorithmes sont ces petits robots tous faux à l’exception d’un seul. Par miracle, la méthode le trouve à la seconde. De cette société numérique sort un peuple de drogués hypnotisés par l'écran. Les clics tiennent lieu d’intelligence. Cette facilité les vide de leur substance, les laissant se croire bien plus intelligents qu’ils ne sont. Les algorithmes, les transforment en somnambules.
« Nous sommes devenus des poissons rouges enfermés dans le bocal de nos écrans, soumis au ménage de nos alertes et de nos messages instantanés », explique Bruno Patino, dans un petit traité cinglant qui théorise « le marché de l'attention ». Essais et Documents « La civilisation du poisson rouge » Bruno Patino in Le Livre de Poche. 2019.
« Le poisson rouge tourne dans son bocal. Il semble redécouvrir le monde à chaque tour. Les ingénieurs de Google ont réussi à calculer la durée maximale de son attention : 8 secondes. Ces mêmes ingénieurs ont évalué la durée d’attention de la génération des millenials, celle qui a grandi avec les écrans connectés : 9 secondes. Nous sommes devenus des poissons rouges, enfermés dans le bocal de nos écrans, soumis au manège de nos alertes et de nos messages instantanés.
Une étude du Journal of Social and Clinical Psychology évalue à 30 minutes le temps maximum d’exposition aux réseaux sociaux et aux écrans d’Internet au-delà duquel apparaît une menace pour la santé mentale. D’après cette étude, mon cas est désespéré, tant ma pratique quotidienne est celle d’une dépendance aux signaux qui encombrent l’écran de mon téléphone. Nous sommes tous sur le chemin de l’addiction : enfants, jeunes, adultes.
Pour ceux qui ont cru à l’utopie numérique, dont je fais partie, le temps des regrets est arrivé. Ainsi de Tim Berners Lee, « l’inventeur » du web, qui essaie de désormais de créer un contre-Internet pour annihiler sa création première. L’utopie, pourtant, était belle, qui rassemblait, en une communion identique, adeptes de Teilhard de Chardin ou libertaires californiens sous acide.
La servitude numérique est le modèle qu’ont construit les nouveaux empires, sans l’avoir prévu, mais avec une détermination implacable. Au cœur du réacteur, nul déterminisme technologique, mais un projet qui traduit la mutation d’un nouveau capitaliste : l’économie de l’attention. Il s’agit d’augmenter la productivité du temps pour en extraire encore plus de valeur. Après avoir réduit l’espace, il s’agit d’étendre le temps tout en le comprimant, et de créer un instantané infini. L’accélération générale a remplacé l’habitude par l’attention, et la satisfaction par l’addiction. Et les algorithmes sont aujourd’hui les machines-outils de cette économie…

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Cette économie de l’attention détruit, peu à peu, nos repères. Notre rapport aux médias, à l’espace public, au savoir, à la vérité, à l’information, rien n’échappe à l’économie de l’attention qui préfère les réflexes à la réflexion et les passions à la raison. Les lumières philosophiques s’éteignent au profit des signaux numériques. Le marché de l’attention, c’est la société de la fatigue.
Les regrets, toutefois, ne servent à rien. Le temps du combat est arrivé, non pas pour rejeter la civilisation numérique, mais pour en transformer la nature économique et en faire un projet qui abandonne le cauchemar transhumaniste pour retrouver l’idéal humain… »
Écrit en 2019, le temps du combat, non seulement n’a pas eu lieu trois ans plus tard, au contraire, le brouillage de l’esprit s’accélère. Le processus d’abêtissement atteint la cote d’alerte avec le constat de l’échec à l’école d’une génération qui devrait prendre demain les rênes du pays.
Bien sûr, il restera une élite à ne pas sombrer dans la facilité numérique soit par goût, soit par option du choix d’une école, en générale privée, donc chère et hors de portée des gens. Mais quel gâchis et quel danger d’une élite exerçant un pouvoir de domination sur une masse abêtie !
Quand les différences de classe peuvent comme par le passé (mais c’était à l’époque dû au seul pouvoir de l’argent), réduire une population quasiment à l’esclavage, on n’est pas loin de la guerre civile.
L’élite, se moquant des poissons rouges, plonge ses mains blanches dans l’aquarium et s’amuse à les saisir, riant de leur fuite éperdue. Un jour, ils se transformeront en piranhas sans que l’élite s’en aperçoive. Elle risque d’y laisser beaucoup plus que les mains.

7 juillet 2022

Passage à vide ?

Ah ! ce que nous pouvons être primesautiers et presqu’au moindre épiphénomène préoccupés par autre chose, dissipés, aussi vite désintéressés que nous étions intéressés.
Ainsi de la guerre en Ukraine, affreux bouleversement des consciences et peur collective pour tous ces pauvres gens, des Européens comme nous ! Puis, peu à peu, à l’approche des vacances, d’autres préoccupations prennent le pas.
Les réservations dans les hôtels « pas chers » font ouvrir le catalogue et courir les agences. On bute sur une ancienne pub d’avant février, mois de l’invasion. Elle invite à tout voir de Saint-Pétersbourg en dix jours. On téléphone, l’agence n’existe plus. On retombe sur terre en lisant la date de la pub : janvier 2022 !
On s’est habitué à la guerre en Ukraine. Les milliers de morts par les actions « crimes de guerre » de la soldatesque, quasiment bolchevique, ne surprennent plus. Des civils, poignets ficelés dans le dos et morts d’une balle dans la tête, on passe sur l'info, comme on passe sur les prévisions de la météo. .
Bah ! après tout, c’est une guerre comme toutes les autres qui ne nous touche qu'en fait-divers. Cela s’est passé ailleurs, comme le martyr d’Alep, en Syrie, dévastée par un tapis de bombes de l’aviation russe, au service de Bachar el-Assad.

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Après tout, il y a des pays qui attirent le malheur. Peut-être aussi qu’en Ukraine on meurt plus facilement qu’ailleurs, son ancienne appartenance à la Russie des tsars y est probablement pour quelque chose.
Les chaînes de télé, les gazettes et tout ce qui fait l’info ont compris qu’il valait mieux ne plus diffuser trop de nouvelles « du front ». Elles se bornent à des rappels. Le centre commercial de Krementchouk, avec un millier de civils pulvérisés par les bombes à sous-munitions interdites par la Convention de Genève, oui, peut-être… Ces tueries épouvantables qui auraient « fait » l'actualité en mai, sont statistiquement moins intéressantes qu’une étape du Tour de France cycliste, en juillet.
L’angoisse de cette guerre de proximité voulue par « un fou » nous préoccupa, jusqu’au jour où on se persuada qu’elle se bornerait à la seule Ukraine,
Bien évidemment l’empathie pour des Européens malheureux et la solidarité première sont restées, mais en toile de fond dans nos consciences. Les élans de solidarité se sont peu à peu taris des audacieux lançant leurs véhicules à travers la Pologne pour offrir à quelques familles ukrainiennes un toit à Liège et environ.
Que voulez-vous qu’on vous dise, la Guerre de Troie n’aura pas lieu, la troisième mondiale n’est pas encore pour cette fois. Ramenée à un fait-divers à répétition, la guerre en Ukraine a beaucoup souffert dans l’actualité du procès Johnny Depp – Amber Heard. C’est fou comme ce minuscule événement entre des époux séparés dont tout le monde devrait se détourner, a monopolisé quasiment toutes ls curiosités, faisant tomber à l’arrière-plan la destruction de Marioupol !
Quand, entre deux révélations intimes du show des deux américains, on en revient à une ixième tuerie des armées en présence, au lieu de l’indignation que nous eussions ressentie seulement deux mois auparavant, nous monte à l’esprit notre impuissance à tenter quoi que ce soit pour changer les choses. C’est le même phénomène que l’on ressent en politique, quand après avoir voté pour un programme d’un parti, on s’aperçoit que celui-ci arrivé pouvoir, ne tient absolument pas ses promesses.
Si on mêle à cette impuissance une lassitude des onze mois de travail qui précèdent, il nous revient le droit de penser un peu à nous et aux vacances.
Le conflit est toujours là, sans plus y être vraiment, comme du passé raconté au présent. On l’engrange dans les grands événements que l’on aura vécus, comme ceux qui ont vu la guerre de Quarante, mais c’est pour nos enfants, plus tard, quand ils seront à l’âge de comprendre, ce que nous aurons « souffert », oui souffert, avec les pauvres Ukrainiens.
L’Europe a fait beaucoup en acceptant la candidature d’un pays en guerre pour passer la serpillère sur les petites salissures de nos cœurs « meurtris ». Les gazettes nous y ont révélé les oligarques et la corruption des politiques, au point que certains journalistes se sont posé la question de savoir si une partie de nos dons et envois de matériel de guerre n’ont pas été détournés par des maffias ?
Pour l'Ukraine, un plaidoyer pro-domo est nécessaire. La lutte contre notre indifférence est vitale. Ce conflit oppose deux pays aux puissances disproportionnées. L'Ukraine a besoin pour sa survie du soutien occidental. Ce soutien est maintenu, parce que le peuple de l’Union Européenne s’est impliqué dans le conflit. Il a pris conscience qu’une Ukraine enchaînée à un empire où règne un dictateur n’augurerait rien de bon pour l’Europe. Les vacances, admettons un passage à vide, pas trop longtemps quand même !

5 juillet 2022

L’obsolète discours libéral.

On ne le répétera jamais assez, l’Europe n’aurait jamais dû s’amouracher des États-Unis au point de remettre son sort entre les mains des Présidents US.
Cette énorme boulette date du Traité de Maastricht de 1992, à l’acte de naissance de l'Union européenne. Auparavant le monde libéral était déjà viscéralement assujetti au mode de fonctionnement de ce grand pays, depuis la Libération de 45. Nous étions dans une immersion complète d’un endoctrinement libéral fatal dans lequel nous nous sommes noyés.
Cette erreur nous n’avons pas fini de la payer.
Dans l’euphorie d’une inconscience tragique de la situation de dépendance aux USA pour notre défense, à l’attaque préméditée par Poutine de l’Ukraine en février de cette année, il n’y a que quelques heures d’un affichage géant de nos bêtises.
Nous sommes tombés de haut et depuis nous sommes par terre, c’est-à-dire nulle part ! Vaille que vaille, l’OTAN s’est remise sur pied. Nous achetons à qui mieux mieux de l’équipement américain, sans discernement d’un État des Vingt-sept à l’autre, sans que se dessine aucune perspective d’une défense de l’UE indépendante par ses propres moyens.
Pour un peu, il s’en faut d’un cheveu que les rodomontades du président biélorusse d’attaquer des capitales européennes ne deviennent réalité, si par malheur Poutine suggérait à son vassal de bombarder son propre pays pour faire croire à l’agression de l’Ukraine !
Alexandre Loukachenko bombardant par représailles Bruxelles et Paris et nous voilà embarqués dans une troisième guerre mondiale !
Avec quoi et avec qui, sinon l’Amérique, ce partenaire peu fiable chez lequel nous avons mis toutes nos billes !
Nous devrions à l’heure actuelle et sans plus tarder faire le procès d’un libéralisme imbécile qui nous a plongé dans le pétrin, et continue à nous y maintenir. Si nous étions raisonnables, nous devrions sortir Charles Michel et Didier Reynders des méandres de la politique néolibérales de l’Europe à grands coups de pieds dans le cul, fermer le bec de Georges-Louis Bouchez et les attraire devant un tribunal militaire pour haute trahison.
Au lieu de ça, nous voyons l’Europe des notables poursuivre ses ronds-de-jambe devant Jo Biden en attendant d’essuyer le derrière de Trump !
Pourtant la défense chimiquement pure des intérêts européens par Wall Street interposé ne tient plus la route. Notre grand allié est tragiquement divisé et incapable de sortir d’une crise financière dont immanquablement nous boirons la tasse avec lui.

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Politiquement ce pays adulé est en ruines. Ses deux composantes sont les ferments de discours opposés, le discours évangéliste et raciste pour les Républicains et les conneries débilitantes du wokisme pour les Démocrates. Deux manières de conduire l’État à sa perte !
Économiquement, ce pays est malade des crises à répétition depuis 2008 et la bulle des subprimes.
La pression de l’inflation élevée et de taux d’intérêt qui rendent les prêts plus chers vont provoquer une chute supplémentaire de 50% à Wall Street.
Ce pays connaît les prémices d’une inflation qu’on ne serait pas en mesure de freiner et des taux d’intérêt élevés. Les guignols de Bruxelles nous entraînent à la suite des banquiers yankees. Alors qu’une refonte complète de nos moyens de défense en-dehors de l’OTAN mise en veilleuse ou en mort cérébrale comme disait juste avant l’affaire ukrainienne Emmanuel Macron, aurait relancé le sentiment de pouvoir se défendre contre quiconque par soi-même et relancer l’industrie européenne, dussé-je faire hurler les pacifistes et les extrêmes gauchistes, en commençant par celle de l’armement !
Aujourd’hui Poutine, s’il nous giflait, devrait attendre que nous nous soyons plaints d’avoir été frappé auprès de notre grand allié et que celui-ci se soit décidé à nous envoyer les moyens de lui rendre la pareille !
C’est indigne et extrêmement déplaisant pour un Continent dont le commerce est parmi un des premiers du monde !
Au lieu de quoi, à cause d’un Charles Michel et d’une Ursula von der Leyen à la botte des Américains nous voilà beau devant la quincaillerie des tanks russes, malgré les prouesses de l’armée ukrainienne.
Alors qu’une crise économique « spéciale », dès ses débuts, ne ressemble pas à ses prédécesseurs. L’économiste Roubini, mondialement connu nous aura assez prévenu « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des chocs d’offre dans un contexte de niveaux d’endettement beaucoup plus élevés, ce qui implique que nous nous dirigeons vers une combinaison de stagflation de style 1970 et de crises de la dette de style 2008 – c’est-à-dire une crise de la dette stagflationniste. Il n’y a pas de véritable énigme à résoudre – conclut le professeur émérite de la Stern School of Business de l’Université de New York – Les choses vont empirer. »
Va-t-on enfin devenir plus sérieux en Europe et écouter la voix du bon sens ? Va-t-on encore longtemps se laisser endormir par des gens qui placent depuis toujours les intérêts de la classe bourgeoise au-dessus de toutes les autres, comme d’un autre côté, va-t-on poursuivre le rêve éveillé d’une société douce et pacifiste passant son temps à ceindre de couronnes de laurier, les esthètes et les bureaucrates ?

4 juillet 2022

DÉMISSION !

Les politiques ont tort d’oublier les fondamentaux qui les lient aux électeurs, dans le cadre d’une démocratie acceptable.
Cet oubli risque d’être funeste aux signataires du contrat entre les partis de la composante Vivaldi. C’est à tout le moins ce qui résulte de l’entrevue chez Alexander de Croo de ce dimanche entre le premier ministre et les ministres concernés, au sujet du budget et de la refonte des pensions en un système plus équitable.
La situation financière du pays est évidemment déplorable. Les structures fédérales et régionales sont bien trop onéreuses, comme la largesse des citoyens à l’égard de leurs mandataires creuse davantage le déficit à combler.
Ce serait trop beau qu’on y eût évoqué ce qui précède. Non, il n’a été question que de raboter les trop grosses pensions au profit des minuscules, ce qui a été rejeté par tout le monde par souci d’éviter la démagogie.
Bref de ce colloque singulier, il n’est sorti qu’un constat, celui du marasme financier dans lequel nous sommes. La discussion se poursuit en matière de pension avec, comme de bien entendu, les opinions contradictoires de Messieurs Magnette et Bouchez.
C’est justement là que ça coince et que le citoyen s’en trouve dupé et par l’un et par l’autre.
Le système pourrait durer mille ans sans problème si les Citoyens n’avaient pas de plus en plus de mémoire. Or, ce n’est pas le cas. La mémoire est même l’élément le plus contrariant pour des gouvernements de compromis dans lequel chacun va de son petit avantage à l’intention de ses électeurs pour y entrer et défendre avec raison ce pourquoi il s’y est inscrit, pour ensuite tout oublier de ce qui avait été promis et n’a pas été accompli.
Un grand défenseur de ce principe du compromis qui caractérise tous nos gouvernements de coalition est incontestablement Elio di Rupo. C’est depuis ce doctrinaire étatiste et royaliste que l’on doit les alliances les plus contre nature et les contrats entre les parties les plus biscornus.
S’il y a bien des gouvernements « impossibles » virant à des situations ubuesques, c’est bien depuis qu’Elio est le démiurge du parti socialiste.
Jusqu’à présent, on ne sait par quel anesthésiant de la foule, tous les contrats de gouvernement ne se sont jamais terminés tels que prévus par les accords d’engagement des partis. Des événements locaux non souhaités, aux conditions internationales nouvelles, aucun des compromis formant les gouvernements depuis plus de vingt ans n’a été respecté.

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Personne parmi les élites du pouvoir ne s’est posé la question de savoir ce qu’en pensent les électeurs. La petite popote des initiés a toujours été réglée dans les affaires de la Belgique, en ne tenant compte que de l’avis du Haut Lieu !
Les engagements électoraux, la parole donnée, les propositions enfin coulées en compromis acceptés par tous, rien de cela n’est regardé avec sérieux. Dès qu’un gouvernement se forme, c’est un soulagement avec des « ouf » de l’avoir échappée belle. C’est tout.
Eh bien ! ces messieurs ont grand tort.
Est-ce que oui ou non, la participation socialiste à la Vivaldi n’était pas conditionnée à l‘accord préalable sur les pensions à 1500 € minimum ? N’était-ce pas le raisonnement de Paul Magnette approuvé par la ministre Karine Lalieux ? La question à débattre portait sur le net ou le brut de la chose. On se doutait bien que le brut allait être préféré.
Les dernières déclarations d’Alexander de Croo corroborées dans une interview par Georges Gilkinet, nous remet à des années lumières de l’objectif des 1500 €.
« Il faut financer les pensions, mais croire que c'est en prenant à certains pour donner à d'autres dans le cadre du système de pensions actuel, donc faire des réformes idéologiques qui ne sont pas efficaces d'un point de vue budgétaire, mais qui amènent encore plus de personnes, après leur carrière, dans une situation de pauvreté, ce n'est pas le bon plan » affirme le ministre Gilkinet.
Il n’est question que de sauver la sécu et les pensions, antienne combien de fois entendue.
Reste la question qui tue.
Si le contrat liant le PS et Karine Lalieux portant sur la pension à 1500 €, condition sine qua non de l’accord gouvernemental de Paul Magnette, est abandonné, que font encore le PS et Karine Lalieux au gouvernement ?
Ne conviendrait-il pas que ce parti et sa ministre en constatant une rupture du contrat, démissionnent et que ce gouvernement tombe ?
C’est la seule issue pour ce parti, s’il veut encore respecter ses électeurs.
Le reste n’est qu’embrouillamini de politiciens magouilleurs dont le public a assez !

3 juillet 2022

Sur un éditorial de Julliard.

Il n’y a pas coïncidence entre l’invasion de l’Ukraine et les décisions de la Cour Suprême américaine concernant l’avortement et le port d’armes autorisé dans la rue. Cinq mois séparent ces faits. Ils n’en restent pas moins liés par une impression de malaise ressentie en Amérique et ailleurs sur le devenir de la démocratie aux USA et la délirante course en avant de Poutine à la suite de son erreur de février. On aurait trouvé dans des camions russes abandonnés des uniformes de parade pour le défilé de la victoire à Kiev, début mars !
L’un et l’autre concernent directement l’Europe. Les USA sont nos Alliés depuis 1945. Les libéraux voient dans ce pays un exemple de démocratie propice à la liberté d’entreprendre, chère à nos néolibéraux. La Russie a réintroduit un conflit au cœur de l’Europe que l’on croyait impossible, avec des images qui rappellent les carnages nazis.
Se rend-on à l’évidence, que ces deux grandes puissances, à la suite de la tournure de la guerre en Ukraine, sont en train de vider leur querelle en Europe ?
L’exemple sans cesse répété au MR de notre grand allié n’est plus de saison. L’Amérique est en train de dériver et va à des affrontements internes entre la droite républicaine « évangélisée » par des minorités religieuses et les démocrates en proie au wokisme qui fait rage dans les universités !
Ces deux Amériques seront bientôt face à face en adversaires résolus. Pour peu qu’après l’inexistant Biden, Trump survive à l’enquête sur les événements qui ont suivi sa défaite et c’est un risque de guerre civile, si par pression et démagogie, ce dernier se réinstalle à Washington comme s’il ne l‘avait jamais quittée !
Poutine, en bon dictateur, ne peut pas reconnaître son erreur et est donc condamné à poursuivre sa guerre en Ukraine, dans une fuite en avant où il ne sait lui-même où il va ! Comme la guerre est sans issue, il est capable de la propager à l’Europe entière, obligeant ainsi son pays à le suivre sur cette pente fatale.
Que les Russes en prennent conscience ou non, leur chef a tellement mal manœuvré qu’il ne peut plus cacher que cette grande puissance n’en est plus une vraiment. Cette guerre inopportune a fait tomber le décor Potenkine d’un pays prospère, laissant voir une économie mal en point, un peuple condamné à revivre comme sous les tsars ou sous Staline, bref malheureux.
La « menace » que ferait peser l’OTAN sur la Russie a fait long feu. La vraie raison est l’attractivité de l’Europe telle qu’elle avec ses graves défauts, mais qu’elle exerce avec le droit d’y dire ce qu’on pense. Dans une Russie où seul le pouvoir dicte aux gens ce qu’il faut penser, c’est important.
Voilà pourquoi nous vivons sur une poudrière sans avoir les moyens d’étouffer l’explosion, livrés sans aucun autre moyen à la volonté des États-Unis.

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La Chine y met son grain de sel, ce qui complique tout. Les deux puissances blessées et en face à face sont contraintes d’y regarder de plus près, des intentions de l’oncle Xi, l’un pour Taïwan et l’autre pour le débordement du fleuve Amour par des masses chinoises, comparables à celles du Maghreb sur l’Europe.
Dans son Éditorial sur Marianne, Jacques Julliard signe « Ce monde est dangereux ».
Il l’est à plus d’un titre quand on pense que les trois puissances qui s’affrontent sont toutes dotées de l’arme atomique. Il revient encore au plus fou de trois, Vladimir Poutine, d’en parler le plus souvent comme d’une menace au-dessus de nos têtes.
Julliard conclut en ce qui regarde l’Europe « …la guerre d’Ukraine a ouvert bien des yeux, à commencer par ceux des Allemands. Puisse-t-elle faire de même à l’égard des souverainistes français d’extrême droite et d’extrême gauche. Et de citer le poète allemand Hölderlin ‘’Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve’’ ».
Tant pis pour les pacifistes ou les américanolâtres. Les uns sont les battus éternels de l’histoire, les autres sont les cocus du moment.
L’Europe avec le consensus nécessaire des 27 pour le moindre changement ou progrès dans son parcours incertain, doit revoir son adhésion au néo-libéralisme, trouver une politique sociale malgré son orthodoxie libérale et s’armer rapidement, coûte que coûte, devant la montée des dangers.
Attendre encore, avec le pâlot Charles Michel et une Ursula von der Leyen peu convaincante, compromet les chances de nous en sortir.
Ce serait bien que le parlement de Strasbourg abandonne ses séances de parlottes, afin de trouver des moyens de pression sur les deux précités du système afin d’accélérer toutes les procédures ;
C’est à la fois une nécessité et une urgence.

2 juillet 2022

L’Agoracritos.

Cette société est triste parce qu’on ne lui donne à penser que des histoires de fric. De la politique qui devrait faire rêver à un monde meilleur, aux acteurs eux-mêmes dont on voit bien qu’ils se sont engagés au service du peuple pour ne servir qu’eux-mêmes, c’est partout pareil : l’art de tirer à soi la couverture.
Des Juges de la Cour Suprême aux Etats-Unis qui viennent de condamner l’avortement, on ne peut dire qu’ils poursuivaient la mission d’écouter les Américains, ce pourquoi ils existent, mais pour satisfaire une idéologie qui est loin d’être partagée par une majorité.
Quelle folie aussi de considérer que neuf personnes savent mieux que 350 millions d’autres ce qui est bon pour eux !
Mais ce n’est pas tout. Voilà qu’ils s’attaquent à présent aux efforts des collectivités pour réduire les gaz à effet de serre en estimant que les industriels ont le droit d’utiliser librement les ressources naturelles, dont le charbon.
On a compris que l’idéologie par l’entremise des Églises réformées conservatrices qui animent ces redoutables personnages cache en réalité des intérêts personnels. En réaffirmant que le citoyen américain avait le droit de porter une arme, c’est toute l’industrie armurière qui les remercie. C’est aussi l’étalage au grand jour de l’esprit de lucre qui est en réalité bien supérieur au respect dû à la vie, dont il est le paravent.

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Élus par la grâce de ce gros truqueur de Trump, dont la fortune est le résultat d’une suite de compromissions et d’indélicatesses, il ne pouvait en être autrement.
De ces neuf juges de la cour Suprême, on ne pourrait en déduire que cinq seulement trahiraient la volonté du peuple. Il est quasiment certain que si la situation se fût inversée, que les juges n’eussent rien changé aux dispositions d’un avortement légal, mais qu’ils se fussent tournés vers d’autres lobby dans d’autres magouilles, pour de grandes satisfactions personnelles, qu’une autre indignation se fût emparée des gens.
La trahison chez les êtres tout d’instinct, éveille la colère. Chez les êtres de raison, elle éveille le vice.
Oui, ces neuf personnages, rien que pour avoir accepté de planer au-dessus de la mêlée en tranchant de tout, transformant ainsi leurs mensonges en vérités, sont des êtres rongés par les vices.
Il n’est même pas sûr que les majorités tirent profit des sources différentes, selon que l’on soit démocrate ou républicain, dans la tête de l’électeur américain. L’esprit capitaliste qui anime l’un et l’autre camp, n’est pas une question de niveau de vie. On n’a pas besoin d’être riche pour souhaiter que rien ne bouge et pour craindre le désordre.
La seule chose inexplicable tient dans l’appel au désordre d’un Trump solidaire des insurgés, alors que toute prospérité dans le système américain se construit dans le silence des officines et loin des turbulences populaires.
C’est peut-être unique dans l’histoire d’un parti républicain, un président qui pousse au crime contre l’État et qui flatte dans ses discours en salle, les sentiments pervers des racistes et des névrosés de la gâchette.
L’actuel président ne vaut guère mieux. Sa poursuite en Europe de la politique des blocs, le fait que nous sommes ses sujets plus que ceux de l’UE, correspond peu ou prou à la politique de son prédécesseur.
Le monde s’indigne des prises de décisions de cette Cour Suprême ; ses membres s’en fichent, ils sont nommés à vie.
A noter que quel que soit le président des USA, les décisions de la Cour des Neuf, les soubresauts de Wal Street et la vente des avions Lockheed-Martin à l’Europe, nos américanolâtres adorent avec autant de chaleur, d’un président à l’autre, cette liberté d’entreprendre qu’ils voient partout dans ce pays et qui les fascine.
Cet amour inconsidéré mais constant est la seule attitude intemporelle qu’ils aient jamais eue, sans en retrancher une partie, eux si girouettes et primesautiers partout ailleurs.
Un Agoracritos nous manque, grande gueule populaire et même marchand de saucisses (dans l’œuvre d’Aristophane), pour nous sauver par la fantaisie et l’imprévisible de ce monde américain dont on nous prédit depuis longtemps qu’il sera le nôtre, mieux, qui est déjà le nôtre !
Il n’entre pas dans la psychologie de la foule américaine de s’insurger contre le despotisme des puissants. Elle ne s’est insurgée l’année dernière que pour rétablir un président dans des fonctions qu’il avait démocratiquement perdues. Ce n’est pas la même chose. La foule américaine ne s’insurge que lorsqu’une idée est tellement fausse qu’elle mérite d’en faire une vérité.
Dans cette optique, les neuf Juges de la Cour Suprême ont du pain sur la planche.