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28 février 2009

La machine célibataire.

Le monde économique et le monde politique ressemblent dans la tourmente de cette crise à des machines célibataires.
Qu’appelle-t-on une machine célibataire ?
C’est un Système asocial séparé de la vie et qui marche tout seul, avec sa propre logique sans ce soucier de la finalité générale. Exemple : la pensée organisée en chapelles, l'art, la mode, l'économie, les marques, les multinationales, la fonction publique, les boîtes de com', etc.
Prenons l’économie, érigée en système célibataire.
La logique voudrait que du plus con au plus brillant des économistes se posât la question de savoir ce que vaut le système économique actuel par rapport à la prospérité du plus grand nombre. Eh bien ! détrompez-vous, cela n’intéresse pas l’économie. Autrement, les statistiques parleraient un autre langage qu’elles ne le font, aligneraient des chiffres qui au moins jetteraient un trouble parmi les économistes.
Pourquoi, par exemple, ne fait-on pas la comparaison avec l’argent en circulation aujourd’hui et celui indispensable comme monnaie d’échange entre ceux qui produisent ? On verrait vite que la masse incroyable de capitaux sur le marché est incommensurablement supérieure à celle nécessaire. On ferait la preuve que d’une économie basée sur le travail, et dont chaque pièce de monnaie représentait un effort produit, donc une valeur, on est passé à des spéculations non plus sur le travail, mais sur le papier monnaie s’empilant par rames derrière les machines à l’imprimerie.
C’est pourtant bien de cette valeur fictive que l’on rémunère le travailleur en même temps que s’achète et se vend en Bourse d’autres valeurs fictives. En gros, cela signifie que le travailleur qui reçoit un euro pour son travail de ce papier monnaie-là est trompé, tandis que le spéculateur qui reçoit le même euro du même papier monnaie est avantagé.
Enfin, reste la finalité générale.
Comment ose-t-on nous garantir qu’il suffit que la croissance reparte pour que tout refonctionne comme avant, sans nous expliquer d’où viennent les matières premières de la relance, si elles sont éternelles ou sinon, sans être renouvelées, comment garantir une croissance infinie ?
Vu sous cet angle, pourtant facile à comprendre, on voit comme toute la machine économique est un système célibataire.
On sent bien que l’usure extérieure du monde ne le concerne pas, qu’il tournera jusqu’au dernier arbre, jusqu’à la dernière goutte d’huile minérale, jusqu’au dernier poisson et jusqu’à la dernière gorgée d’oxygène, tout entier consacré à sa croissance indéfinie.
Oui, mais c’est ce système-là qu’on nous apprend à l’école, que les Universités continuent à servir, que nos hommes politiques poursuivent comme s’ils y lisaient leur bible.
C’est ainsi que nous savons que ces systèmes célibataires ne s’embarrassent pas des hommes, comme ils ne s’embarrassent pas d’autre logique que la leur. Cependant, ils sont si bien installés parmi d’autres systèmes célibataires, que, tout en ne s’occupant pas des autres, s’exerce à côté d’eux une formidable entraide de nécessité.

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Il est impensable que le système célibataire politique puisse penser autrement qu’à travers les raisons du système célibataire économique. Ceux qui ne le font pas ont été écartés du pouvoir et risquent fort longtemps encore de ne pas y avoir accès.
C’est cette solidarité informelle dont il était question plus haut, qui joue encore.
Ces systèmes fonctionnent comme de belles machines qui n’ont qu’un seul programme et qu’on ne peut modifier.
Elles sont propres, débarrassées de toute imperfection et tournent sous un label hautement éprouvé, au point qu’on ne peut même plus parler de capitalisme ou d’art conventionnel ou de démocratie bidouillée sans soulever un souverain mépris des systèmes célibataires conçus pour en entendre d’autres, bien plus sévères encore, mais qu’aucun des rouages de cet outillage performant ne comprend. Ils sont tous étroitement dépendants dans leur organisation intrinsèquement libre, comme nos universitaires qui débattent des questions d’actualité, finalement d’accord sur tout et venus expressément nous faire savoir que nous aurions tort de penser autrement.
Les Machines Célibataires, définies par Deleuze et Guattari, exhibées sans retenue selon la version de Jarry dans le surmâle, font le spectacle à elles seules et nous font croire que c’est sous notre autorité démocratiques qu’elles exécutent les ordres que nous ne leur donnons pas. Il faut les avoir « entretenues » pour avoir droit d’exister, comme le héros de Morel, Bioy-Casares, dans « L'invention ».
Ainsi, tout s’explique, comme le singe de Balzac, plus il monte au cocotier, plus il nous donne à voir ses parties honteuses. C’est ce que nous voyons en ce moment des systèmes célibataires. Nous nous doutions bien que ces belles machines avaient des muscles fessiers, des sphincters sanguinolent, des vulves et des phallus à l’état orgasmique, nous les voyions bien, mais l’éducation que nous avons reçue nous dispose à ne savoir que faire de cette vision, sinon, comme des objets neutres et sans signification.

27 février 2009

Circus van Vlaanderen

Ce n’est peut-être pas le moment de se fendre la poire. Et pourtant, il y a bien une actualité à classer parmi les meilleures blagues qui mijotaient dans les fonds de tiroir depuis la semaine dernière.
Le sénateur CD&V Luc Van den Brande espère devenir, en juin prochain, secrétaire général du Conseil de l’Europe, l’organisation qui regroupe 47 pays, et dont le siège est à Strasbourg.
C’est drôle, non ?
C’est comme si Unabomber devenait directeur de la CIA ou Liège, grâce à la ferveur retrouvée du PS local, posait sa candidature comme ville culturelle pour 2015.
On se rappelle quand même que ce nouveau héro des minorités a été le chef de file de l’opposition de la Flandre à la convention-cadre pour la protection des minorités au Conseil de l’Europe. Il en était même le plus véhément et radical trublion.
C’est quand même curieux comme en Belgique on passe tout aux Flamands, colère, caprice, ambition, tout. Vous savez ce qui arrive quand on cède sur quelques petites choses dans le but d’avoir la paix avec les enfants ?
Or Van den Brande et avec lui pas mal de politiciens flamands sont nos grands enfants. Ils ont compris que le million cinq de Flamands en plus faisaient sur le plateau de la balance des Belges une sacrée différence.
« Celui qui dit pas comme moi est n’est pas démocrate, na !... »
Reste à savoir ce que cette « démocratie » à la flamande pèse sur un autre plateau, celui de l’Europe ?
Qu’importe, les Flamands essaient d’abord sur nous leur coup de tête, puis voient plus haut s’il produit le même effet.
Rien ne les rebute, rien ne les impressionne. D’enfants capricieux, ils passent à enfants colériques, quand on ne leur donne pas assez vite leurs joujoux. L’Europe fait une remarque concernant la façon dont ils traitent chez eux les minorités, ils s’en fichent. Ils n’ont pas tort puisque personne ne dit rien après qu’ils aient haussé les épaules.
Toujours est-il que l’incontournable Van den Brande se présente ; plutôt c’est nous qui le présentons, puisque l’énergumène est le candidat de tous, Wallons compris.
Sa candidature a été officiellement présentée par la Belgique, mais dans la discrétion quand même, du temps d’Yves Leterme. Celui-ci avait déjà toute son attention attirée par le détricotage de ses 800.000 voix de préférence, il n’allait pas en plus perdre celle de son ami Van den Brande !

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Puisque dans ce pays on passe souvent les bornes de l’absurde, peut-être bien dans le dossier de sa candidature, que notre nationaliste aura eu à cœur d’inscrire le respect des minorités francophones installées sur le sol sacré du futur Etat flamand, lui qui a su si bien leur exprimer sa haine. Maintenant on sait que c’était pour rire !
Seul argument de poids, pour que l’anonymat quasiment complet du Conseil de l’Europe ne le soit plus, il fallait une forte personnalité. Pourquoi pas y mettre un histrion habile à faire rire des millions de gens, un adversaire des droits de l’homme capable, comme le braconnier devient garde-chasse, de faire respecter ailleurs ce que chez lui il ne respecte pas ?
A l’effacement progressif de l’Europe qui n’est présente nulle part à l’heure de la crise économique - mieux, qui a pris la cause du capitalisme défaillant à son compte, espérant par son orthodoxie et son zèle remettre en marche le coche - voilà l’occasion de placer à la tête d’une de ses institutions les plus falotes un vrai clown pour des jubilations futures. Enfin, les histoires belges qu’on ne s’arrache qu’en France, pourraient faire le tour de la Communauté !...
Les responsables du continent se sont posé la question. Il y a quatre ans déjà, ils ont chargé Jean-Claude Juncker de réfléchir à l’avenir de l’institution.
Voici ce qu’il écrit : « Indépendamment de la qualité des personnalités qui ont tour à tour occupé ce poste, je suis fermement convaincu que le Conseil de l’Europe devrait aller dans la direction d’élire son ou sa secrétaire général(e) parmi les personnalités politiques qui, par leur action en faveur de la sécurité démocratique, bénéficient d’un haut degré de reconnaissance et de notoriété parmi leurs pairs et la population du continent. Il devrait envisager de préférence, et à l’instar de l’Union européenne, d’élire une personnalité qui possède une expérience de chef d’Etat ou de gouvernement. »
C’est tout le portrait de Luc Van den Brande !... enfin, c’est ce qu’il prétend.
Date limite des candidatures le 6 mars.
Et si on faisait un référendum à Liège pour la candidature de l’artiste ?
On a déjà vu des sujets moins drôles.
L’affiche de propagande pour cette nouvelle consultation populaire représenterait Luc Van den Brande jetant un coq wallon en caoutchouc à son chien qui le déchiquette devant des caméras de télévision, comme il le fit jadis ! C’est un peu le cas des hommes politiques jusqu'aux supporters de club de foot, toute une catégorie d’énergumènes dont on se félicite tous les jours avec madame Houart, qu’ils n’aient pas le chien de Luc.

26 février 2009

Unabomber.

Les cinglés de la gâchette, les frustrés du compte en banque, les ultras violents de la contre culture, tous américains, bien nés quelque part dans un des Etats de l’Union, rendus fous par le système, l’individualisme forcené, le productivisme endiablé ont fait plus de victimes sur le sol américain que les malades de la foi, les maniaques du coran, les fondus de l’attentat, les kamikazes formés dans les fonds d’écoles intégristes !
Enfoncé le record des Twin Towers avec sa poignée de pilotes sans retour et leurs 3000 victimes, les prisons US regorgent de détenus qui ont laissé derrière eux des dizaines de milliers de morts. Guantanamo, c’est du pipi de chat à côté de la population menottée, sautillante et chaînes aux pieds, traitée comme du bétail, toute bien américaine, bien évangéliste, parquée dans de grands pénitenciers, en nombre toujours insuffisant.
Accrochés au créationnisme et, même en cellule, le cœur tout chaud et la main dessus à la levée des couleurs, tandis que les grilles grincent et que les gardiens tapent avec leurs longs bâtons sur les barreaux, venus de tous les bas-fonds les prisonniers disent une Amérique à l’envers.
Au tout début de l’escalade, de la peur et de la violence, il y eut Unabomber.
C’était il n’y a pas quinze ans. Les spécialistes, futurologues, économistes d’Harvard et Berkeley étaient unanimes, le pronostic d’Unabomber était faux et ses théories incompatibles avec le paradis capitaliste. De l’employé le plus modeste de Wall street, au Big Brother entouré de ses experts, ce ne fut qu’un éclat de rire… « Mon Amérique à moi » n’en revenait pas de l’audacieux cornichon. La plus grande Nation qui se vit jamais montrait au monde la route à suivre. Les temps miraculeux semblaient indéfinis, Alléluia !
Il faut toujours se méfier quand l’opinion est unanime. C’est Wilde qui a dit quelque chose du genre « Quand tout le monde croit que j’ai raison, j’ai peur d’être dans mon tort ! ».
Depuis septembre dernier, à part Didier Reynders et Sabine Laruelle, des millions d’hommes et de femmes s’extraient de cette unanimité-là.
L’unanimité avait pourtant réconcilié le FBI et l’engeance faubourienne. Twisted genius, le génie pervers entrerait bientôt de l’avis général et celui des futurs jurés dans un cul de basse fosse bien profond et creusé pour lui dans le bon sol américain, la pelleteuse ne recouvrirait pas le tout en considération des Droits de l’Homme pour qu’on n’en parle plus, mais c’était tout juste.
Et voilà qu’on en reparle à l’occasion de la crise, voilà que les abominations de l’élucubrant maniaque se vérifient !
Unabomber avait raison !
Pas d’avoir enlevé ci, là, un œil, un doigt par ses colis piégés, mais dans ses craintes formulées et publiées grâce à ses colis piégés…
Comme quoi, certains auteurs ne reculent devant rien pour être publiés !
Bien entendu, c’est ce qui le fit prendre.
Mais lui, comme Sarko avec Carla, c’était du sérieux.
Il incarnait la négativité la plus grande, dans une société qui rejette la négativité avec la sérénité des imbéciles assurés d’avoir raison.

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Ceux qui ont suivi l’affaire en 95 se souviennent que les principaux dénigreurs des thèses d’Unabomber furent les universitaires, d’accord sur le cas de folie dangereuse que l’actualité leur soumettait. Les gérants de demain du système ne pouvaient qu’y être soumis. Et ils le sont restés.
Lorsqu’il fut « donné » par sa mère et son frère, Unabomber prit un nom et un visage, celui d’un brillant mathématicien du nom de Théodore Kaczynski.
On se vengea de la peur qu’il fit régner. Sa condamnation à perpétuité fut assortie d’une clause stipulant qu’il n’aurait jamais droit à une remise de peine. Ce type qu’on a dit dérangé du plafond, avec le recul, avait foutrement raison dans le manifeste qu’il avait fait publier sous la menace au New York Times en 1995. Ce texte prend aujourd’hui des allures prémonitoires.
Tueur en série le plus diplômé, on ne lui reconnut aucun autre talent que celui de piéger des lettres et des colis. Il fut quasiment entendu entre les journalistes et les flics que les idées de Kaczynski ne pouvaient en aucune façon être débattues, parce que trop perverses et entachées de criminalité. Et, parmi les idées les plus saugrenues, l’impossibilité de réformer le complexe industriel et technologique, pour la raison que la liberté réduite (1995), aura presque complètement disparu à la fin du cycle capitaliste, mit les consuméristes en fureur.
Cet individu par sa seule existence prouvait que la Société était aussi coupable que lui.
Il en ira des thèses d’Unabomber, comme celles de Besancenot ou des anarchistes, moins radicales, certes, mais sait-on jamais ce qu’elles pourraient devenir à la lumière des circonstances ?
Quand le système aura vécu, avant de sombrer, peut-être bien que nos éminents nous diront, qu’ils y pensaient…
On n’en est pas là. Tout baigne, comme le proclament MM. Bart Van Craeynest, économiste (KBC), Steven Vanneste (Fortis), Philippe Ledent (ING), Frank Lierman, économiste chez Dexia. Cette nouvelle bande des quatre prévoit un retour à la croissance dès le quatrième trimestre 2009.
On sent déjà comme un frémissement de reprise rien qu’à la vente de la collection Saint-Laurent-Berger.
Et si ces gens, par leur bêtise, suscitaient la vocation d’un Unabomber bis !

25 février 2009

La roue d’Ixion.

-Comment en êtes-vous arrivé là ?
-Comme Jarry, je chausse du 36. Cela m’oblige à me fournir en chaussures au rayon des dames.
-Cela n’explique pas tout.
-En dehors de cette anomalie, je suis un homme tellement ordinaire que cela en devient extraordinaire.
-Le surmâle du dénommé Alfred ?
-La comparaison s’arrête là. Pour le reste, j’adore être pris pour ce que je ne suis pas.
-Un écrivain ?
-Cela va sans dire.
-Pourtant vous avez écrit beaucoup !
-Recopier les pages du bottin ou faire le compte-rendu d’une séance du Conseil communal ne peut pas signifier que l’on est un écrivain. J’aurais aimé faire « poète maudit » du sexe…
-Un surdoué de l’amour ?
-Les 3.412 femmes qui ont fréquenté mon lit vous le diront « C’est un homme impuissant, mais qui fait très bien l’amour ».
-L’absence d’éjaculation vous permet de vous consacrer pleinement à votre partenaire sans limitation de durée.
-C’est exactement cela. Vous en parlez si bien que l’on jurerait que vous en avez fait l’expérience ?
-Et en dehors de l’écriture et de l’amour, que n’êtes-vous pas encore ?
-Un citoyen heureux.
-C’est-à-dire que vous êtes malheureux ?
-Ni l’un ni l’autre. C’est le hasard qui m’a fait naître ici. J’ai le sentiment que j’aurais dû être né ailleurs, de sorte que me plaignant de ce hasard malheureux, j’eusse pensé que j’aurais été plus heureux d’être né ici.
-Mais vous êtes né ici ! De quoi vous plaignez-vous ?
-Je m’efforce d’être heureux par l’imaginaire, à défaut de l’être dans la réalité. C’est toujours mieux ailleurs qu’à l’endroit où nous sommes, pense-t-on le plus souvent. Il doit en être de même pour tout cerveau humain. Ainsi nous trouvons des excuses à notre incapacité d’être heureux.
-Vous êtes marié ?
-Parmi les 3.142 qui ont couru le risque, quelques-unes l’ont expérimenté à leurs dépens.
-Et alors ?
-J’ai tout naturellement fait leur malheur, puisqu’elles faisaient le mien.

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-Délibérément ?
-On fait toujours le malheur de celles qui pensent que le bonheur est dans l’autre, alors qu’il n’est jamais qu’en soi. Et comme elles pensent toutes cela…
-Comment vous en êtes-vous séparé ?
-La dernière fois que j’ai assassiné l’une d’entre elles, ce le fut de façon délibérée.
-Quoi, vous êtes allé jusque là ?
-C’était elle ou moi.
-Vous vous aimez donc beaucoup !
-Il n’y a que les autres qui peuvent le savoir. Or, il n’y a pas un seul porteur de jugement sur autrui qui souhaiterait dire le contraire. Tous les hommes s’aiment trop pense-t-on, en comparaison de ce que l’on croit de soi-même sur la question, qui est, en général, que nous ne nous aimerions jamais assez.
-Et qu’avez-vous fait du corps ?
-Quel corps ?
-De la femme que vous avez assassinée ?
-Elle s’est vengée, en me traînant au tribunal afin de réclamer le divorce à son avantage.
-Pour harcèlement ?
-Non. Pour violence.
-Vous étiez violent ?
-Non, c’est le greffier, qui vit en elle la femme insatiable dont il rêvait toutes les nuits dans ses fantasmes. Il lui conseilla de faire une fausse déposition afin d’indisposer le juge à mon égard.
-Comment assassinez-vous les femmes, sans qu’elles le sachent ?
-Cri-d’Amour restait des heures entières à se savonner après son plaisir qui était de me tromper avec plus vil, plus vieux, plus sale que moi, afin de me rabaisser et de satisfaire en elle sa perversion qui était l’amour de la saleté.
-Logique.
-Or, elle avait beau se récurer après ses aventures, elle sentait la merde.
-C’est affreux.
-Je la prévins que cette odeur avait quelque chose de nitreux.
-Elle proposa à ses amants d’utiliser le savon de Marseille ?
-Non. Elle eut quelques jours d’abstinence à la suite d’une panne d’Internet. Elle ne put donc s’approvisionner en pouilleux sur les sites de rencontre.
-Elle recouvra, peu à peu, la fragrance de ses vernis et de ses parfums ?
-Hélas ! Elle sentait toujours la merde. Ce que je vérifiai lors de certains exercices où l’hygiène est importante.
-Vous le lui avez dit ?
-… que ce n’était pas de ses amants sales et repoussants que sourdait sa pestilence, mais d’elle, oui, bien sûr !
-Je comprends ce que vous appelez « assassiner ».
-Oui, c’est pire que la mort.
-Et pour la vôtre que souhaitez-vous ?
-Qu’elle ait lieu sans ma présence.
-C’est impossible !
-Je ne vous le fais pas dire.

24 février 2009

Aernoudt : Nozick soit qui mal y pense.

Ça chauffe pas mal au MR avec la découverte par Reynders du nouveau Phénix, le dénommé Aernoudt, celui qui veut liquider les chômeurs, à commencer par les longues durées.
Reynders est un ambitieux qui se prend pour un grand stratège. Son rêve : dominer le montois et devenir le premier parti de Wallonie, cause des soucis au MR. Les Michel s’inquiètent..
Tout paraissait sourire jusque là à un président mélangeant les genres, amalgamant FDF et MCC, captant ce qu’il pouvait de célébrités locales ou nationales, jusqu’à Frédérique Ries de RTL.
Sans idéologie que celle de faire des voix, accroché à des thèmes poujadistes aussi bien que mondialistes, Reynders vient de jouer sa crédibilité et a perdu.
Le FDF peut encore réunir une grande salle de militants, c’est grâce à lui que le MR est majoritaire à Bruxelles. Gérard Deprez et Aernoudt ne représentent personne d’autres qu’eux-mêmes. Certains électeurs peuvent donner leurs voix à l’illusion qu’ils représentent. Quand les scores sont serrés, ils peuvent faire la différence.
Faire un seul lot du tout, voilà qui aurait été bon pour le MR.
La tactique pour gagner les prochaines élections, Reynders pensait l’avoir. Il a le concept capitaliste de la conquête dans le sang. Il se donne des challenges. Il conduit le MR comme un holding. Seulement, les affiliés du MR ne sont pas dans la même position du travailleur qui n’a qu’à fermer sa gueule. Certes, Reynders a distribué des emplois, les plus lucratifs sont à l’Europe ; mais, quand il propose son nouvel ami Aernoudt à la troisième place, il lèse Deprez de sa prébende. Tandis que Maingain s’affole de la présence de ce sacré Flamand conservateur.
Et c’est ça que Reynders ne comprend pas. Il ne peut disposer de ses salariés s’il ne leur assure plus la crédibilité, des emplois et des marges à deux chiffres dans son busines.
A force de jeter ses filets à la pêche aux voix dans toutes les eaux, Reynders a fini par inquiéter le FDF. Voilà longtemps que l’on sait que le MR qui a accueilli le FDF se fiche du respect des minorités. Le FDF donnait un certain lustre à Reynders qui passait pour soutenir les minorités francophones.
La crise aura changé la donne. L’antienne du respect des minorités, c’est fini. Sabine Laruelle l’a convaincu que l’effort doit porter au Centre sur les classes moyennes sinistrées. Le temps d’une politique « sociale » appropriée aux circonstances, est révolu.
Dans les accords futurs avec les Flamands, il faudra que les Francophones mangent leurs chapeaux s’ils veulent poursuivre l’Etat belge. Adieu les bourgmestres non nommés, adieu les francophones de Flandre, le grand Bruxelles, etc. Reynders les a déjà abandonnés dans sa tête. Que reste-t-il du FDF et l’intérêt de l’alliance avec le MR ?

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Didier Reynders s’est senti porté par un nouveau courant. Aernoudt lui donnait l’occasion de se renforcer dans la défense de ceux qui détiennent le pouvoir industriel.
Ce n’est pas faux de penser que les plus démunis dans cette crise sont les chômeurs, les travailleurs précaires, et les pensionnés, dont certains rallieraient de toute façon la cause libérale, redoutant que le naufrage des patrons et des riches ne soit aussi le leur. La prospérité affichée des riches, loin d’être un allié gênant de Reynders, serait au contraire le signe de leur puissance et de leur invincibilité. Le « Il faut faire avec » des lâches et des opportunistes, n’est rien d’autre que ce qui fait voter MR, aux plus pauvres d’entre nous.
Et ce n’est pas mal pensé, quand on voit que le PS a fait le travail du MR pour accréditer cette bouffonnerie d’un état libéral, dans la difficulté passagère en attendant qu’il se redresse.
Mais voilà, à l’intérieur même du théâtre d’ombres, les gens qui placent les décors se rebiffent. Deprez pleure sa place perdue dans la course à l’Europe, grince des dents, ne sait pas encore ce qu’il va faire. Maingain voit s’effondrer ce pour quoi il existe.
Reynders aime l’économiste flandrien chez Aernoudt. Il a le discours égalitaire de Rawls et la vision de l’Etat minimum de Nozick. La société qu’il préconise ne serait rien d’autre qu’une société sous la menace constante d’une guerre civile que les forces armées et la police maîtriseraient, on se doute bien comment.
Pressé par les siens à prendre une décision parce que des amateurs sont à la porte pour des récupérations éventuelles, Reynders a dû lâcher Aernoudt.
C’était tout juste.
On se demande si Maingain et Deprez se sont fait un nouvel ami d’Aernoudt, certainement pas. Et du président désavoué, encore moins.
Pour Reynders les grandes manœuvres avant les élections se sont terminées par un échec. A moins qu’il ne reste l’une ou l’autre ancienne gloire : Adamo ? Eddy Merckx ? sait-on jamais lors du mardi gras, à venir gonfler les rangs.
Une seule personne est soulagée : Antoinette Spaak. C’est bien la seule.

23 février 2009

Déménageons à Mons.

On voit très bien comment fonctionne une démocratie quand les Autorités traînent les pieds pour organiser une consultation populaire sur un sujet qui les dérange et qui ne leur plaît pas.
Aucun moyen alloué à la diffusion des raisons du référendum, aucun débat dans les médias, les amis de plume et d’images à la botte ont gardé le silence, la carte d’identité des Liégeois qui avaient oublié leur convocation n’était pas suffisante comme prouvant l’appartenance à l’entité, fermeture rigoureuse à 13 h, des électeurs se présentant à 13 h 01 n’ont pas pu voter, etc., à ce point qu’on se demande si l’élection n’aurait pas été truquée par suppression des « Oui », si les 10 % avaient été atteints ?
Au fait, y avait-il des contrôleurs prévus ?
Pourquoi pas cette question, après tout, quand on voit l’hostilité des dirigeants à ce référendum ?
Cela ne grandit pas le CDH et surtout pas le PS. Si ce dernier parti a passé des accords avec Mons et Di Rupo pour ne pas poser la candidature de la Ville de Liège, ce serait l’occasion de nous dire contre quoi le PS local a troqué son désistement ?
La population ne devrait-elle pas être consultée sur ce deal avec Mons ?
Ceci dit, la culture à Liège, c’est de l’eau de tinette pour minet BCBG. Et que Liège se prenne à jouer les parangons de la culture a de quoi faire doucement rigoler. Mais si Liège est à un bas niveau, il suffit d’être allé une ou deux fois user ses grolles du côté de Mons, pour s’apercevoir que là, c’est pire.
J’ai suffisamment écrit sur la question (voir les Blogs précédents), pour ne pas en remettre une couche.
Que le Bourgmestre de Liège nous joue le couplet selon lequel on aura d’autres occasions de montrer notre savoir faire dans ce domaine, j’espère qu’il aura à cœur de procéder à un référendum pour savoir si les projets qu’il a dans son cartable, n’échoueront pas à cinq cents voix près aussi, étant entendu que, par souci d’égalité, il s’abstiendrait de faire une propagande d’enfer avec l’aide de ses petits journaux du NET et autres complaisants acquis d’avance.
Il est regrettable qu’en Wallonie les expressions citoyennes ne soient pas toutes non-obligatoires comme le vote référendaire.
Personnellement, je suis contre le vote obligatoire. C’est un droit aussi de ne pas user de son droit.
Ce serait le seul moyen de connaître l’importance des mécontents aux élections. Le non-vote étant un signal clair et ayant valeur de vote.
Celui qui traîne les pieds parce qu’il n’a aucun candidat qu’il apprécie et qui y va par obligation et, puisqu’il est là, vote MR ou PS, pour ne pas s’être déplacé pour rien, dénature le vrai pouvoir des chiffres et fausse à ce point les statistiques, qu’aujourd’hui elle ne signifient plus rien lors des élections législatives.

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On n’a jamais su combien en Belgique il y aurait d’abstentionnistes au cas où le vote ne serait pas obligatoire ? Certains pensent que cela pourrait tourner autour des 60 % à certaines élections et notamment européennes où le citoyen croit que droite ou gauche, c’est le programme le plus conservateur qui l’emporte, et au niveau communal, combien de Liégeois iraient voté par temps de pluie pour réélire Demeyer ou Reynders ? Et que ferait-on si moins de 10 % de la population se déplaçaient pour soutenir nos petites merveilles de la politique locale ?
Dans son laïus commentant la nouvelle de l’échec du référendum, Willy Demeyer a annoncé que la Ville de Liège déposerait au gouvernement wallon un mémorandum sur le processus de consultation populaire sur base du déroulement de l’élection de ce dimanche.
Que faut-il entendre par là ?
Va-t-il demander la suppression du référendum, alléger la procédure, ou au contraire, l’alourdir ?
Ceux qui se sont déplacés sous la pluie aimeraient quand même connaître les conclusions du bourgmestre sur l’expérience qu’ils viennent de vivre et qui ressemble fort à une frustration.
Et Mons qu’en pense-t-il ?
Et si on faisait un référendum pour déménager les collections du Grand Curtius à Mons ?
Cela aiderait la villette du sphinx local à fournir un solide dossier pour 2015 et nous, ça nous débarrasserait d’un bric-à-brac dont une ville sans culture n’a que faire !

22 février 2009

L’argument suprême.

-Monsieur Berenbauw, après la disparition de notre maître à tous, le regretté Jacques Izoard, où en est la poésie à Liège, notre belle Ville, qui je le rappelle, posera peut-être sa candidature pour 2015 de Ville européenne de la culture ?
-Monsieur Ruiné Domadox, ça tombe bien que vous me parliez du regretté Jacques Izoard au sujet de la candidature de la Ville pour 2015.
-Oui, et alors ?
-Monsieur Ruiné Domadox, la poésie à Liège ne serait rien sans ce que nous a laissé le regretté Jacques Izoard comme héritage culturel.
-Considérable, Monsieur Berenbauw, considérable.
-Aussi, dois-je vous rappeler que le catalogue non exhaustif de notre regretté Jacques Izoard de ses œuvres poétiques, pourra être feuilleté jusqu’en octobre 2014 à la Maison de la culture.
-Quelle Maison de la culture ?
-Celle que la Ville va construire bientôt afin d’honorer notre contrat vis-à-vis de l’Europe si nous réussissons à être désigné.
-Et la poésie dans tout cela, Monsieur Berenbauw ?
-Mais, ne sommes-nous pas au cœur du débat en évoquant la mémoire du regretté Jacques Izoard ?
-Concrètement, Monsieur Berenbauw ?
-Vous m’étonnez ! Nous y sommes en plein. Nous avons à peine effleuré le côté poète maudit du personnage.
-Monsieur Berenbauw, nous n’allons pas présenter un dossier pour notre candidature sur l’acte de décès de notre regretté Jacques Izoard, même si celui-ci est resté dans quelques mémoires ?
-Et pourquoi pas ? Allez donc voir à Charleville si on ne parle plus d’Arthur Rimbaud ?
-Monsieur Berenbauw, vous n’allez tout de même pas comparer notre regretté Jacques Izoard au poète Arthur Rimbaud ?
-Mais Ruiné Domadox, notre grand Izoard lui est bien supérieur ! J’eusse aimé que vous vous en préoccupassiez sans un esprit quelque peu partisan.
-C’est insensé ! La douleur vous égare ! La perte cruelle d’Izoard vous aura tourné la tête !
-Jamais de la vie. Je me doutais que votre torchon du NET de l’Info locale allait me déléguer un petit Monsieur !...
-Petit monsieur !... Berenbauw, c’est vous le petit monsieur… Je vous demande où en est la poésie liégeoise et au lieu de me citer Béatrice Libert, Maria Caunus, Martine Riga-Preumont ou Cikuru Batumike…
-Vous êtes sûr que Cikuru Batumike est liégeois ?

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-…permettez, ne m’interrompez pas ! Est-ce que je vous ai interrompu ? Vous n’avez que Jacques Izoard à la bouche que vous placez au-dessus d’Arthur Rimbaud ! Pourquoi pas au-dessus d’Arthur Haulot tant que vous y êtes ?
-Ah ! Parce que vous, vous placez Arthur Haulot au-dessus d’Arthur Rimbaud ! Mais je rêve ! J’hallucine !
- Et pour le reste, hein ! Isaac Berenbauw ? La culture c’est pas que de la poésie. Prenons l’architecture, vous n’allez pas me dire que Calatrava est liégeois avec votre fichue gare des Guillemins ?
-Changez de ton, Ruiné Domadox… Justement, ce que votre torchon socialisant ne sait pas, c’est sur un poème du regretté Jacques Izoard que l’architecte Calatrava a rêvé « de ce grand oiseau posé / d’un trait qu’il fallait osé »…
-Mais pas du tout. Ils ne se connaissaient pas. Vous m’emmerdez à la fin, avec votre Izoard dont personne n’en a plus rien à foutre !
-Voilà, voilà, ce que vous avez fini par me dire, voilà la vérité ! Votre torchon « Liège Ardent » s’en fout, du moment que notre grand poète que tout le monde regrette, sauf vous, ne pourra pas voter pour les rosés en juin prochain…
-Et la sculpture, Isaac, tu vas nous dire quoi sur Izoard Sculpteur ?
-Ruiné, t’as jamais vu notre regretté à la sculpture des mots, banane ? C’est incroyable jusqu’où on est descendu dans l’information à Liège ! Jacques Izoard n’est pas sculpteur ? C’est la première fois que j’entends une pareille connerie…
-Faudrait pas trop la ramener, Isaac, je me demande si t’es vraiment liégeois avec un nom pareil ?
-Raciste !
-Izo dard de mon cul !
-Non, mais sois poli…
(Ils se battent)
Ruiné Domadox se relève le premier, sort son portable :
« Allo, patron ? C’est Ruiné, ici, on pourrait pas plutôt faire un papier sur Mons, candidate à la culture ? … Non. Bon, pourquoi ?... Ah ! c’est qui celle-là ?....Monique Thomassettie ? …de Mons ? Oui. C’est pire que Jacques Izoard ! Pourtant elle est bien vivante… Elle a écrit « Une Suite mouvante »… Personne n’a lu… Je m’en doute. Et c’est avec ça qu’Elio va faire le maximum ?... Qu’est-ce qu’on fait, nous avec Berenbauw ? On publie un papier sur Izoard, poète maudit ? Mais patron, ça servira pas à la candidature de Liège… Quoi ? Justement, le bourgmestre en veut pas. Il pense ainsi que Liège passera pas ?... Bon, c’est un point de vue…. J’ai qu’à recopier l’Edito du Bulletin de l’Emulation de novembre 2008… On n’y verra que du feu… Entendu, à ce soir.»
Il raccroche.

21 février 2009

Sur ma bosse, Monseigneur !

La population laborieuse est syndiquée en plus grand nombre en Belgique, qu’en France. Comment se fait-il que la situation est bien plus explosive chez nos voisins, que chez nous, avec moins de syndiqués, alors que la crise frappe à peu près de la même manière les deux pays ?
Certes, ils ont leur Nicolas ; mais nous, nous avons notre Reynders.
Loin d’être le catalyseur des mécontentements, les syndicats belges jouent à la courroie de transmission. Comme le parti socialiste, les syndicats ont abandonné leur interprétation radicale et revendicative de jadis pour celle de modérateurs des tensions, afin d’argumenter sur le sauvetage de quelques emplois supplémentaires. Les syndicats ne négocient plus pour réussir, mais pour ne pas trop échouer. Avec les voyous qui sont au pouvoir, quémander n’est pas la bonne manière.
L’expérience tout au long d’un siècle de lutte syndicale a démontré que c’est en montrant sa force et en l’utilisant à bon escient, avec l’arme absolue : le spectre de la grève générale, que les résultats de la confrontation sont les plus payants.
Plus personne ne connaît les leaders syndicaux. Ce sont des bureaucrates anonymes qui ne précèdent pas la grogne, mais lui succèdent. Ils voltigent d’un notable à l’autre comme rue Quincampoix au temps de la banque de Law, dans la fiction de Dumas, qui faisait dire à Lagardère déguisé en bossu « sur ma bosse, monseigneur » celle-ci servant de bureau aux spéculateurs pressés.
Les syndicats ne précèdent plus les mouvements de grève. Ils instillent au contraire dans les assemblées ouvrières, le sentiment diffus que les combats sont perdus d’avance. Au lieu de montrer le scandale de la situation sans issue où nous entraîne la crise, ils semblent s’être ralliés à l’idée de la droite que le capitalisme va s’en sortir plus rapidement que prévu et moins aura-t-on eu de conflits, plus vite serons-nous rétablis dans la prospérité.
Plus grave encore, ils cassent toute velléité d’affrontement par des capitulations indignes sur des chantages comme l’alternative de licencier ou de fermer l’entreprise, de réduire les prétentions salariales sans garantie que ce sacrifice garantira l’emploi.
Ils cèdent à tout, au nom d’une paix sociale qu’il n’y a plus qu’eux et le parti socialiste à croire possible.
Depuis septembre dernier, ils se sont rangés derrière le parti socialiste plongé jusqu’au cou dans la collaboration libérale. Si bien qu’on a pu distribuer des centaines de millions d’euros à ceux qui ont entraîné le pays dans la crise, sans demander des contreparties qui vont de soi, comme la modération des salaires de direction, les exigences des actionnaires mises en veilleuse, la fin des parachutes dorés et la non utilisation des sommes versées de la collectivité à des restructurations sous la forme de licenciements.
C’était indigne et pitoyable de voir les syndicats et le personnel de FORTIS quasiment supplier les petits actionnaires de laisser en l’état le bradage des actifs de la banque à l’étranger.
Les syndicats ont bien vu que l’argent de la collectivité tombait en de bien méchantes mains ; mais qu’en plus, le gouvernement socialo-libéral n’entendait pas stopper la pauvreté montante.
Le silence des Instituts, des économistes de gauche, des leaders politico-syndicaux sur la nécessité de la réforme du système capitaliste est proprement scandaleux, d’autant que des voix critiques s’élèvent à droite, reprenant les réserves des spécialistes sur la mondialisation de l’économie libérale, si bien que même en Grande-Bretagne, pays archi libéral, des entreprises sont nationalisées et que Barak Obama, aux USA, accompagne son plan de soutien de quelques conditions dont un plafond des rémunérations les plus élevées.
Le gouvernement français s’apprête à faire une concession sur les salaires en Martinique, en prenant à sa charge une partie des augmentations prévues.

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Qu’est-ce qu’on attend pour relever de la même manière les bas salaires en Belgique ?
Cela pourrait même ne pas coûter un sou à l’Etat, en relevant, par exemple, un certain pourcentage des taxes patronales pour relancer le pouvoir d’achat de la population.
Ces mesures qui tombent sous le sens d’une situation de crise passent au-dessus de la compréhension du monde syndical et politique.
Elles sont jugées inopportunes sous le prétexte de ne pas « indisposer » le patronat qui serait prêt à montrer de la « compréhension » et qui le cas échéant reverrait sa politique de décentralisation.
Il y a de quoi faire retourner dans leur tombe Renard, De Boë, Jacquemotte, Lahaut et consort, ceux qui ont combattu la bourgeoisie libérale et rapace, même si les pouvoirs ne sont plus dans les mêmes mains que jadis.
Le silence des syndicats en Belgique est accablant. Le futur en sera lourd de conséquences.

20 février 2009

That is where we’ve got to.

Evacué dans un mouroir (hôpital spécialisé pour fin de vie), puis dans un funérarium avant d’être réduit en cendres fines au crématorium, l’homme moderne passe sans transition du jeunisme, à l’état de chose encombrante, qu’il est indécent d’exhiber et onéreux à faire disparaître.
Sans l’opportunité d’effacer son passé pour l’épilogue, il risque de laisser un trouble s’installer dans la mémoire des héritiers, après la réalisation de ses comptes, surtout si ceux-ci sont en actions FORTIS !
Samuel Butler, en 1872, avec la parution de son livre « Erehwon » ou « De l’autre côté des montagnes », réédité par la NRF en 1920, avait vu juste cent trente cinq ans avant nous.
Il avait imaginé Erehwon (anagramme de nowhere), une Ville-État où ce qui est décadence, abandon, maladie est puni comme un crime et ce qui est actions douces ou violentes dans un but de profit est perçu comme un bien.
Exemples : si un homme tombe malade et s’affaiblit avant soixante-dix ans, il comparaît devant un jury. Coupable, il est convaincu d’infamie et condamné selon les cas. Les maladies sont des crimes et des délits. On est puni sévèrement pour une maladie grave, tandis que l’affaiblissement de la vue ou de l’ouïe, quand on a plus de soixante-cinq ans, est passible d’une amende.
Par contre si un homme contrefait un chèque, vole avec effraction, ou met le feu à sa maison afin de toucher l’assurance, on le considère comme curable, il est soigné à l’hôpital.
Evidemment, s’il a des relations et s’il a voulu simplement augmenter sa fortune, comme c’est le cas de nos jours des banquiers escrocs et des bénéficiaires aux parachutes dorés, il fait savoir qu’il a été pris d’un violent accès d’immoralité. Les parents et connaissances lui rendent visite pleins de sollicitude, s’inquiètent de l’évolution de sa maladie, et offrent quelques gâteries du genre pralines et fruits hors saison.
Nous avons des cas de rémission judiciaire en Belgique qui loin d’affecter « la victime » l’a au contraire propulsée vers une nouvelle carrière, surtout en politique. C’est le cas de quelques fripons célèbres dont l’actualité n’est pas en reste.
Cette fable est une belle anticipation de ce que le XXme s. et le début du XXIme s. ont confirmé. Parallèlement, s’accomplissaient des progrès décisifs dans la négation du malheur et l’interdit de la mort.
Quelques célèbres voyous, du Zwin à Madoff, de Kenneth Lay d’Eron et les dirigeants d’Indymacbank à Freddie Mac et Fannie Mae émerveillent nos conquérants qui espèrent peaufiner les techniques et ne pas se faire prendre, comme le trader français Jérôme Kerviel !

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Que fait l’Europe pour que les USA admettent leur responsabilité dans le désastre mondial et dédommagent les victimes ? N’ont-ils pas été les démarcheurs du système capitaliste ?
Rien, bien entendu.
Que sont devenues les promesses de Sarkozy de moraliser le système, quand il était à la présidence de l’Europe ? Elles ont disparu.
Comparez les propos tenus sur la nature de la crise actuelle, par rapport à ceux de 29, crise qui semble aujourd'hui d’une moindre ampleur, quoique on en ait dit, en regard de l'universalité de la nôtre.
Lisez les ouvrages de Baudrillard et Lipovetsky sur la consommation actuelle qu’ils estiment essentiellement ostentatoire, et Lorenz sur l’état que crée la mode en tant que méthode la plus efficace de manipuler les grandes collectivités humaines ; et vous aurez le sentiment que d’Alcibiade le Grec à nos éternels esthètes milliardaires, le culte de la beauté est devenu inconditionnel et universel, en même temps que Butler tourne en dérision l’art de paraître, comme absolument bien adapté à la société libérale de consommation.
Alain, dans ses propos sur le bonheur, ne veut pas dire autre chose. Le malheur, c’est qu’il le dit maladroitement. A moins qu’il ait mal lu Epicure, et qu’il se serait accommodé de la société de 1920 sans réfléchir aux tares déjà visibles du capitalisme dont le développement allait déboucher sur la catastrophe de 2009.
Notre temps s’est emparé des catalogues non pas pour en développer les articles, mais pour en décrire les "incongruités" : la maladie, la pauvreté, la souffrance, la mort, sans apporter les remèdes, tout en laissant supposer dans les discours, surtout sociaux-démocrates, la volonté de les éradiquer.
N’y parvenant pas, il les ignore et croit ainsi les supprimer.
Mieux, en évitant le piège de la dramatisation, les dirigeants en ont fait des réussites commerciales. La publicité actuelle des assurances pour frais d’obsèques ou la pommade qui rend toute l’élasticité du genou d’une fausse vieille que je verrais bien dans mon lit, est parlante à plus d’un titre.
La folie consumériste ira-t-elle, jusqu’à remettre en pratique les mœurs d’Erehwon ?
L’absence de sanction vis-à-vis de ceux qui ont conduit la Société capitaliste là où elle est, nous fait craindre le pire.
Il y a désormais deux façons de considérer le vol et l’escroquerie et même l’assassinat, deux manières de vivre et de mourir ; mais il n’y en a qu’une au sujet de la richesse et de la beauté, puisque pauvreté, difformité, maladie, mort, sont définitivement du côté des perdants et niées.

19 février 2009

Quel progrès pour l’homme ?

Les chercheurs devraient se mettre d’accord sur ce qu’on appellera le progrès après les années cruciales que nous vivons et qui, en ce sens, sont passionnantes, quand vers le milieu du siècle, nos petits enfants prendront le relais.
Si c’est travailler moins pour se divertir ou s’instruire en occupant ses loisirs dans des formations, des lectures, des voyages et des sports, c’est loupé, puisque le temps de travail a tendance à s’allonger. Ce qui est absurde, si l’on considère le nombre de chômeurs.
Si c’est pour s’équiper et utiliser des techniques de pointe dans la vie professionnelle, comme dans celle des loisirs, c’est tout à fait temporaire et aléatoire, puisque l’épuisement des gisements et des ressources naturelles, limitera dans l’avenir la consommation de masse.
Si c’est se trémousser en paréo sur des plages de sable fin, c’est fichu, puisque le chômage s’accroît et que les oisifs forcés n’auront pas les moyens de partir en croisière.
Si c’est devenir riche et jouir de tout, le plus grand nombre n’y pense qu’au boulot !
Alors, qu’est-ce que le progrès possible ? Celui qui demain, sera peut être le nôtre ?
Dans des temps anciens, des civilisations tiraient l’essentiel de leur raison d’être dans leur satisfaction de n’être pas en esclavage et au service des nations dominatrices.
Il était toujours temps de s’apercevoir qu’un remède réputé ne servait pas à grand chose, quand l’essence d’une plante nouvelle remplaçait efficacement l’ancienne.
Certains philosophes du siècle de Périclès pensaient que la technique au service de l’art de vivre était à son apogée. Il est vrai que l’esclavage dispensait les citoyens de tout effort.
Quatre siècles et demi plus tard, Sénèque montrait à Néron, son élève, les dangers de la vie « moderne » dans une Rome en proie à l’affadissement des mœurs par l’abus des plaisirs et les excès.

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Depuis, les propos des philosophes n’ont été qu’une longue suite de plaintes contre le progrès, que Théodule Ribot, père de la psychologie, appelle « aliénation » au 19me s.
A en croire Platon, la clientèle en aurait été réduite à vivre d’eau et coucher sur la paille, si elle avait entendu vivre simplement, donc sainement.
Même d’Alembert et les encyclopédistes eurent des sentiments variés sur les bénéfices à tirer des progrès techniques.
Dès le XVme siècle, l’effroi des perfectionnements que l’usage de la poudre avait fait faire aux armements, saisit le monde sensible.
L’invention de Gutenberg plongea le Saint Père dans le doute. Il ne capitula qu’à l’intérêt qui le convainquit de propager plus rapidement la bonne parole.
Depuis qu’on étudie dans les universités les grands systèmes de pensée, la vie intellectuelle intense et profitable d’Aristote à Montesquieu semblait largement suffisante en leur temps à l’entendement des hommes.
Le point de rupture entre la foi et le progrès se trouve quelque part dans les cinquante années du début du Quattrocento de la Première Renaissance, lorsqu’il fut démontré à Florence que les sens pouvaient s’épanouir au monde.
La véritable révolution libératrice qui s’en suivit n’a pas fini de produire ses effets de nos jours. L’homme fait coïncider la connaissance livresque à la connaissance par l’expérience, ce qui le tourne définitivement vers un savoir qui sans le principe des lois de la physique n’est pas grand chose. L’abstraction, donc la philosophie et les sciences de l’esprit, n’est qu’une attitude de doute sans l’étude des objets.
En passant du géocentrisme dogmatique à l’héliocentrisme, Copernic lui-même n’avait pas eu l’intention d’impliquer à sa connaissance, comme le fit Foucault avec son pendule, le monde dans lequel il était et encore moins d’avancer le premier pion d’un jeu entre l‘homme et l’espace.
Mais il ouvrait le champ d’une hypothèse selon laquelle l’homme était condamné à chercher et à trouver une réponse qui ne le satisfait qu’à demi, à seule fin de chercher de plus belle.
Le progrès n’a donc de sens que dans la connaissance et sa pratique. Nous sommes condamnés au progrès, mais pas à celui que nos sociétés futiles nous donnent à croire dans les applications des sciences au service des marchés, mais dans les véritables questions qui sont posées depuis Aristote qui ont trait à l’origine des hommes et au devenir de l’humanité ; quand bien même, elles ne trouveraient pas de réponse.
L’effarement des gens de pouvoir quand on leur parle de la sorte est celui que devait ressentir le pape Nicolas V quand il eut dans les mains une des premières bibles imprimées de Gutenberg.
Obnubilés par la crise et comment en sortir, ils ne parlent que de relance de la machine capitaliste. Ils sont tellement convaincus que le monde, tel qu’ils se l’imaginent, existe, qu’ils ne voient pas qu’ils parlent de quelque chose qui n’existe plus, au mieux, et peut-être, au pire, qui n’a jamais existé.

18 février 2009

Vers de graves désordres ?

L’excellente émission « C dans l’air » sur France 5 de ce mardi 17 février avait pour but d’éclairer les Français sur la situation économique à la veille de la conférence de Sarkozy avec les partenaires sociaux.
Inutile de pleurer sur notre carence de ce type de programme de nos chaînes nationales, ce serait inutilement nous faire du mal.
La question porte sur les accords de Bretton Woods et la fin de ceux-ci en 1971 par Richard Nixon.
Jusqu’à présent, les économistes semblaient unanimes pour affirmer que la fin de ces accords avaient été bénéfique à l’économie mondiale. Au vu de la crise actuelle, on en est moins sûr. Et des syndicalistes à Elie Cohen, économiste, il semblerait que la fin de ces accords présageait une bonne trentaine d’années plus tard, la catastrophe dans laquelle sombre l’économie mondiale.
Pour comprendre ce qui se passe, rappelons les faits. En juillet 1944, a lieu à Bretton Woods aux Etats-Unis une conférence monétaire et financière réunissant 44 Nations, afin de recréer un nouveau système monétaire international.
Deux institutions financières mondiales y voient le jour : Le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale. Le FMI devait veiller au respect des règles acceptées par les pays membres afin de rétablir un minimum de coordination entre les grands pays industrialisés et la Banque Mondiale. Il avait pour mission d’aider financièrement au développement des pays du tiers monde.
A Bretton Woods, on met en place un système de change de l’or basé sur le dollar. C’est un système de changes fixes. Chaque monnaie a une parité officielle déclarée au FMI, définie en or - 35 dollars l’once d’or. Le dollar y est consacré « as good as gold ».
C’est une vaste société de secours mutuel à l’échelle mondiale, chaque pays cotisant au départ (la « quote-part » étant constituée par un quart d’or et pour le reste de monnaie nationale.) C’est une sorte de garde-fou aux entreprises à risque qui met une limite à la spéculation, justement en matière de prêts sur hypothèque.
Les Etats-Unis y mettent fin en prétextant les importantes fluctuations du dollar.
En décembre 71, Richard Nixon prévoit une dévaluation du dollar et un élargissement des marges de fluctuation des monnaies (2,25% au lieu de 1% de chaque côté de la parité officielle).
C’est le départ de la planche à billet et des milliards papier faciles.
En 1973, les banques centrales européennes refusent de continuer à soutenir le dollar (achat de dollars contre leurs propres monnaies qu’elles doivent créer à cette occasion) et renoncent désormais à être rattachées au dollar.
Tous ces changements entraînent la fin du système de changes fixes organisé autour de l’étalon-or et l’avènement du flottement généralisé des monnaies.
Nous sommes les héritiers malheureux de la clôture de ces accords livrant les marchés à la spéculation. Nous payons le prix de cette stratégie financière irresponsable, qui n'est pas le fruit du hasard, mais un choix délibéré américain d’une stratégie d'endettement massif pour stimuler la croissance économique, qui devait tôt ou tard déboucher sur une insolvabilité et des faillites en chaîne.

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La mondialisation qui en résulte est une aberration économique, malheureusement toujours vivement soutenue par le socialiste français Lamy, commissaire européen à l’économie et Dominique Strauss-Kahn, socialiste, lui aussi, directeur au fonds monétaire international. On comprend mieux ainsi les réticences des partis socialistes européens à la remise à plat de ce système et la poursuite, vaille que vaille, des dénationalisations et de la livraison au secteur privé de la poste, des chemins de fer et des anciens monopoles d’Etat sur le gaz et l’électricité.
Les sociologues Giddens et Beck s’interrogent sur la poursuite de cette politique, alors que les pays les plus protectionnistes se sortent mieux de la crise. La mondialisation est un fait social qui est une des composantes de la crise actuelle. Elle bouleverse non seulement l’économie, mais encore la démocratie, la notion du risque, et par delà notre système éducatif et la famille.
Nos économistes ainsi que notre ministre des Finances feraient bien de revoir leur point de vue. Faut-il mourir avec le système ? Non, bien sûr, il faut le remettre en question. Le plus désolant, c’est que le personnel politique au pouvoir pense qu’une remise en question du capitalisme mondialisé, remettrait également en question son statut d’économiste infaillible.
Didier Reynders à la fois président de parti et ministre des Finances peut jouer le plus mauvais tour qui soit à la Nation, en confondant l’un et l’autre.
Il est trop tard pour qu’il démissionne de la présidence du MR à la veille des élections ; mais il peut très bien se démettre de son emploi de ministre, d’autant que la Commission Fortis pourrait établir sa coresponsabilité avec Leterme, démissionnaire.
L’avenir est au pragmatisme et à la remise à plat du système.
En-dehors de ces deux conditions, il n’y a pas de salut. On peut même penser que sans elles, c’est une période de troubles et de mouvements sociaux qui commence pouvant aller jusqu’aux désordres les plus graves.

17 février 2009

Je vote le 22

Au départ, j’étais contre.
Liège, capitale européenne de la culture en 2015, je n’en avais rien à foutre.
Un artiste qui est convié dans un cercle culturel proche de l’échevinat, c’est un fayot ou un magicien des-mots-qui-ne-froissent-personne, enculeur de mouche ou scieur de long en atticisme proustien (sans jamais égaler Proust, bien entendu).
Jacques Izoard inspirateur de « l'école de Liège » avait tellement tiré la couverture à lui, que les autres poètes étaient à poil ou morts de froid. La revue Odradek avait fini de nous les briser en 1980, remplacée par un concours de pétanque. Nys-Mazure n’était pas de Liège et ma poétesse préférée, ma bibiche bien liégeoise, ne savait pas y faire avec la rose locale. Ne frétille pas du derrière qui veut en chantant l’Internationale. Là encore, la disparition de Maggy Yerna, la divine toute en voix et en oeillades, pour une retraite anticipée, avait enrayé les canons de la beauté plastique et du contre-ut de la Cité ardente.
Alors, Liège, ville de référence ?… vraiment, on cherche ! Quant à Mons, hyper candidate branchée, lieu suprême de la culture, c’est la candidature surréaliste, le gag irrésistible !
Déjà, s’organise la vente des poils à gratter du Doudou par correspondance. C’est dire la quasi certitude de la capacité triomphante de l’humour montois pour le rire culturel. Une activité à base d’étrons saignants de la nouvelle revue « Gonocoques », le mot du Président, l’Aigle de Mons, en toute humilité, un concours de fléchettes au café des Etangs, et c’est dans la poche.
De toute façon en 2015, tout le monde sera rétamé ou presque. Mieux, y aurait-il encore une Ville de Mons ? Un concours ? Une Europe ? Une culture ? Une pissotière place Cathédrale ? Tant la crise pourrait faire le ménage et ramener la culture à une simple branlette entre débiles.
J’étais sur le coup d’un autre projet de référendum : « Rasons la nouvelle gare des Guillemins », l’argument était que si nous ne la rasons pas rapidement, c’est la Ville qui va raser ce qui reste du quartier. Un match de vitesse, en quelque sorte…
Puis, j’ai entendu dire que les picadors de la Violette traînaient les pieds, admiraient Mons et son Montois principal, se fouillaient le fond du pantalon, grattant le morpion en signe d’allégeance.
-Pensez, lutter contre Mons ! Que dirait Méga Elio !
L’échevinat lui-même de la culture semblait découragé. La perte du prince des poètes liégeois Jacques Izoard, la perte non moins cruelle d’Eugène Savitzkaya, éteint par le souffle de la grande disparition, la Ville ne savait plus à quel génie attribuer son prochain concours.
Il restait bien José Brouwers ! Mais, en 2015, notre Arlequin serait-il encore capable de sauter les haies, le flambeau des Arts et Lettres à la main ?... dumbfounded and tremulousness !
Quoi… quoi, pensé-je, voilà que les boulimiques des honneurs, les amoureux de la Médaille, les mirliflores de la commémo, eux qui montent trois fois par an des favelas en forme d’abri de jardin de la place cathédrale à la place Saint-Lambert, les rois du kitsch poétique orthopédique, les champions du douteux rondeau champêtre, voilà qu’ils deviendraient raisonnables, moins vicieux, plus discourant sphincters que pétomanes d’esprit !
Qui c’est-y que ça gênerait que Liège, admirable cathédrale de dossiers vides, posât sa candidature à la culture européenne, pour le bien des familles et la reconstruction en plus harmonieux du kiosque à musique du pont d’Avroy ?
Mais, c’est le gourou de Mons, évidemment, qui – en toute humilité, certes, je reconnais – allait quand même nous doubler avec des circonlocutions d’auxèse jusqu’à étendre ses anneaux sur le boulevard de l’Empereur, son repaire bruxellois.

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Du coup, me voilà pénétré de mon devoir, décidé d’assiéger le bureau 4 du Lycée Léonie de Waha, enthousiaste à cette idée de culture pour 2015, en pensant qu’on a encore presque six ans pour apprendre à lire dans les écoles, à se former la comprenette dans les Loges, à courir moins la gueuse dépouillée dans les couloirs de l’Académie, même si, d’ici là, certains auront fermé leur boîte à couleur.
C’est peu ?
Puisque les jeux du cirque vidéo ont remplacé le filet pur des belles tranches de style et que c’est partout en Europe, comment voulez-vous que les autres s’en aperçoivent de notre manque d’esprit pour les choses du même nom ?

16 février 2009

Un ministère secret.

-C’est quoi ce truc ?
-C’est le ministère de la suspicion.
-On n’en parle nulle part ?
-Ça doit rester secret.
-Pourquoi ?
-La démocratie est menacée, Monsieur. L’ennemi est invisible. Nous lui avons laissé suffisamment des armes pour qu’il s’en serve contre nous, à cause de ce que nous appelions sottement l’Etat de droit et qui, vous le verrez, s’est beaucoup amendé, grâce à nous !.
-Et alors ?
-…alors, nous nous cachons. Notre action pour être efficace doit rester secrète.
-L’ennemi, c’est qui ?
-Tout le monde et personne. Nous devons nous méfier de tous, pour que la Belgique se sauve des périls.
-Même des Belges ?
-Surtout.
-A part les Belges quels autres ennemis ?
-Tout le monde, je vous dis. Le Communisme n’est pas mort. L’intégrisme explose et nous avons nos jeunes voyous. Les caméras et les portiques sont devenus insuffisants. Les vigiles n’exercent plus assez de contrôles. La chienlit menace l’honnête commerçant.
-Et le ministère de la Justice ?
-Vous voulez rire ? Les prisons regorgent de monde, pourtant, il y en a plus dehors que dedans.
-A quoi cela tient-il ?
-Au laxisme, Monsieur. Nous, nous vous condamnons, puis nous vous exécutons.
-Vous rendez la justice aussi ?
-Notre ministère est autonome. Nous vivons sur des fonds secrets, évidemment, puisque nous n’apparaissons dans aucun budget.
-Vos fonds secrets doivent bien venir de quelque part ?
-Du plus haut, Monsieur…
-Quoi, Lui ?
-Evidemment qui voulez-vous d’autres aussi haut placé ? plus quelques sponsors temporels, des banquiers, des fabricants connus, tous honorables et sûrs.
-Et vos condamnés, où purgent-ils leur peine ?
-Les condamnés ne purgent pas de peine.
-Ah ! vous m’avez fait peur. Qu’en faites-vous ?
-Ils ne purgent pas. C’est nous qui les purgeons.

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-Comment ?
-Vous ne vous êtes jamais demandé où passent les gens qui disparaissent ?
-Oui, on en retrouve un de temps en temps, noyé dans le canal…
-Dans les débuts, il nous est arrivé d’exposer l’un ou l’autre à titre d’exemple. Mais ce n’était pas assez dissuasif.
-Quoi, c’est le ministère de la suspicion qui les exécute et les fait ensuite disparaître ?
-Attention à la marche, Monsieur, baissez la tête, la voûte est basse.
-Où sommes-nous ?
-En-dessous du Ministère des Finances.
-Quoi, le Ministre est au courant.
-Oui et non.
-Comment cela ?
-Le vrai a été condamné et a donc normalement disparu.
-Alors, celui qu’on voit ?
-C’est un homme à nous, un parfait sosie.
-C’est le seul ministre de ce genre ?
-Non. Sept de nos agents, dont trois femmes, occupent les fonctions.
-Et le premier ministre ?
-Notre département chirurgie façonne actuellement la tête d’un de nos agents pour le remplacer prochainement.
-Qu’ont fait les élus de la Nation que vous remplacez ?
-Certains ne volaient pas assez pour la juste cause, d’autres volaient pour la mauvaise, enfin le Ministre des Finances avait accumulé les maladresses, ces temps-ci.
-Et le public n’est au courant de rien ?
-Il avait applaudi sottement aux dérives de l’ancien ministre des finances. Nous y avons mis un terme. Le public ne s’est jamais aperçu que toutes les élections étaient truquées, alors, pourquoi voulez-vous qu’il se rende compte que le ministre n’est pas celui qu’ils voient à la télé tenir des discours ?
-…des sosies ?
-Oui. L’Etat est presque entièrement sous notre contrôle. Mais nous redoutons le pire.
-Le pire ?
-Oui, des ultras du ministère de la suspicion sont en train de fonder un ministère bis des classes moyennes chargé d’éliminer toute pensée subversive…
-Une révolte ?
-Oui. L’hyper centre s’est séparé de nous. Voilà le résultat…
-L’hyper centre a un PC quelque part ?
-Sous le ministère des classes moyennes et de l’agriculture.
-La ministre a été clonée ?
-Non. C’est l’authentique. Celle-là est sûre.
-Pourquoi, me racontez-vous tout cela ?
-C’est que vous êtes condamné et que nous sommes arrivés au troisième sous-sol. Nous allons nous débarrasser de vous.
-Que vous ai-je fait ?
-Rien. Mais nous trouverons bien quelque chose. Votre nom a été tiré au sort dans le bottin. Nous devons faire des exemples, n’est-ce pas, afin de frapper l’imagination populaire.

15 février 2009

On se fout du 14.

-Tu sais pas quel jour on est aujourd’hui ?
-Oui, le 14.
-Non, tu ne sais pas.
-Quoi, je ne sais pas ! On est bien le 14, oui, ou merde !
-Oui, on est le 14 !
-Et alors ? Puisque je te dis qu’on est le 14 et que tu dis pareil, qu’on est le 14 ?
-Et c’est quoi pour toi le 14 ?
-Comment c’est quoi ? C’est un jour de février comme les autres, pire même, puisque je travaille.
-C’est tout ce que tu trouves à dire sur le 14 ?
-C’est pas suffisant ? On n’est pas assez dans la merde ? Il faut encore que tu la ramènes !
-Ah ! je savais bien que tu allais l’oublier.
-Mais, nom de Dieu, j’en ai ma claque que tu parles par énigme. Explique-toi à la fin, je vais être en retard à mon boulot ; tu sais bien que c’est moi qui fais l’ouverture.
-Si tu sais pas me dire ce que c’est pour toi le 14, c’est pas moi qui vais te le dire.
-Mais alors !... alors, si c’est pas toi qui vas me le dire, quel est le bougre d’enfoiré qui va me le dire ? Qu’est-ce que tu m’asticotes avec ton 14. J’en ai rien à foutre que ce soit le 14 ou le 13, ou même tiens, le 15…
-Tu parles ! le 13, comme ça tombait le vendredi, t’as fait un Loto !
-Et alors ? J’ai plus le droit de faire un Loto le 13 ?
-Et le 15, là tu sais que t’as ta belote chez Léon.
-Le 14, j’ai rien. Je sais quand même que j’ai rien ! Tu vois bien que j’en ai rien à foutre du 14 !
-T’es con ou quoi ? Tu gueules au lieu de réfléchir ! On se croirait au café Philo…
-Nom de dieu, c’est le seul jour où j’ai rien… je le sais quand même…
-C’est pas croyable, ça, un con pareil, qui sait pas, qu’a rien le 14 !...
-Bougre de nom de dieu, tu fais bougrement chier… J’ai remarqué, depuis que tu fais les sudokus de ton magazine à la con, t’es plus pareille. T’as le bocal agité…
-C’est ça, tu trouves que c’est con le sudoku ?
-Oui, c’est con. Je le vois bien. Tu montes plus qu’en température. La clientèle t’intéresse plus. Les tartines de la journée, t’en beurres une sur deux...
-Eh bien ! puisque c’est ainsi et que tu sais pas le fin mot du 14, tu les feras toi-même, tes tartines, puis j’ai plus de pain. Je croyais qu’on allait au restaurant.
-Quoi encore ? Le restaurant, alors qu’on restructure et que si j’arrive encore en retard, je serai sur la liste noire. Tu t’en fous, hein de la liste noire ?
-En tous cas, t’es sur la mienne.
-Qu’est-ce ça veut dire, t’es sur la mienne ? Tu me cherches ?
-Pas savoir qu’on est le 14, c’est un monde !
-Tu vas pas recommencer ? Merde !... le 14, c’est pour ton sudoku. Tu sais où je le mets ton 14 ? Hein, au cul… ainsi t’as le sudoku où je pense…
-Grossier personnage !
-C’est ça, hein, charogne ?
-Non !

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-Et tu croyais qu’on allait au restaurant !
-Oui.
-Ecoute, Valentine, je suis pressé. Je veux pas partir sur un malentendu.
-Va te faire mettre…
-Ah ! elle est belle la France. On voit bien d’où tu viens.
-Et toi, salaud, d’où est-ce que tu sors ?
-Tout ça parce que je sais pas ce qu’on fout le 14 ! Pourquoi ça tombe le 14 ? Encore une lubie ? Ça peut pas attendre le 15 ?
-Ta gueule !
-Ah ! je mérite pas ça. Tu vas la fermer, dis, faut que j’aille bosser…
-Crève.
-Là, c’est trop. Je sais pas ce qui me retient de t’en coller une.
-Essaie pour voir, je t’envoie le cadre des amoureux de Peynet sur la tronche.
-Pouffiasse !
-Impuissant !
-Tu vas le regretter, ordure…
-Tu me trouveras plus ici ce soir…
-C’est ça, casse-toi. Faudra que j’aère. Tu schlingues…
-Va te saouler la gueule, pauvre type…
-Ah ! tu risques pas de me voir avant longtemps…
Il part en claquant la porte. Dans la rue on l’entend encore gueuler « un restaurant… le 14 ».

14 février 2009

Un avenir nidoreux.

Bel essai confirmé, cet élan des Ecolos pour sauver Reynders de l’opprobre du plan qu’il avait mijoté avec Leterme. Les Ecolos se montrent ainsi sous un jour pas très reluisant. Une opposition verbale sur des arguments solides, puis dès qu’au MR on murmure que le seul accord possible dans le futur, c’est avec Ecolo, voilà que les verts se mettent à rêver !
On sait dorénavant à quoi s’en tenir sur l’opposition d’Ecolo. L’envie d’en être un jour était trop forte. Javaux ministre au fédéral ? C’est à présent presque certain après les élections de juin, quand Van Rompuy procédera à un « léger » remaniement du gouvernement.
On peut penser ce que l’on veut de Reynders, mais il est loin d’être stupide dès qu’on touche à son ego qui ne fait qu’un avec sa carrière. Il a vu dans cette démocratie d’apparence, que le mensonge bien dit avec l’accent de la vérité emporte l’assentiment général, le trémolo étant réservé aux incantations modulant la phraséologie touchant à l’emploi.
C’est l’engouement irraisonné d’une société incapable de percer à jour nos faiseurs de pluie qui prévaut. La société belge s’enfonce dans l’abrutissement d’un Centre-droit à l’image de l’Europe, dans la lâcheté d’un confort qui pourtant va lui échapper.
A ce compte-là, Leterme n’avait nullement besoin de démissionner.
Peut-être bien que Leterme n’était à son corps défendant qu’un honnête homme, mais un mauvais acteur.
Par contre, Reynders est doué. Quoique tout le jeu de l’acteur soit intérieur. On ne discerne rien sur le mastic d’un visage inexpressif et rarement souriant, car l’artiste sait que son rire n’est pas photogénique et qu’il tient plutôt de la grimace. Son jeu s’apparente assez à celui de Michel Bouquet, tout en retenue et conflits intérieurs entraperçus par éclair. Cette fugacité est précieuse au théâtre dans la subtilité des pièces fortes. Rue de la Loi, c’est le masque habituel !
C’est Bartholo du Barbier de Séville, acte I, scène VII, souvenez-vous « Quand une chose est vraie ! Si je ne veux pas qu’elle soit vraie, je prétends bien qu’elle ne soit pas vraie. Il n’y aurait qu’à permettre à tous ces faquins-là d’avoir raison, vous verriez ce que deviendrait l’autorité. »
Le Centre mou est unanime : Didier Reynders ne doit pas démissionner.
On sait bien que les mauvais perdants - et il doit en être un si l’on se rappelle les suites de son échec pour s’approprier le maïorat à Liège – ne partent pas comme ça. Ils crient, ils rameutent, ils jettent des anathèmes et entraînent avec eux la parentèle et le parti dont ils se réclament.
Les journaux (Le Soir) nous expliquent ce qu’il ferait si on poussait Reynders vers la sortie.
Le MR serait-il un parti de godillots ? Sans doute n’est-il pas capable de faire ce qu’a fait le CD&V. Leterme ne convenait plus, ils l’ont remplacé par Van Rompuy. Pourquoi le MR ne saurait-il en faire autant ?

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Le Soir achève sa démonstration : « Totalement impensable alors que le dossier Fortis est béant. Alors que la tempête souffle sur les marchés financiers. Alors, surtout, que les effets de la crise vont se traduire par des dizaines de milliers de pertes d'emploi, des fermetures d'entreprise, des budgets dans le rouge… ».
Vous avez bien lu « des dizaines de milliers de pertes d'emploi » ; la décision de renflouer les banques avait justement été l’argument principal de Reynders pour ouvrir le crédit de l’Etat au privé et sauver l’emploi !
Inconséquence des décideurs ! C’est le plus mauvais ministre des finances que nous ayons eu depuis longtemps, celui qui jusqu’à présent a tout raté, à qui on demande de la maturité afin de gérer une crise que l’on s’accorde enfin à trouver sans précédent, alors que septembre dernier on la présentait comme passagère, et c’est cet homme qui va nous rester sur les bras, incapable, arrogant, sûr de lui, dédaigneux en diable, bref, celui qu’il faudrait éviter à tout prix !
Bien entendu, si c’est comme ça que les décideurs voient l’avenir, autant effacer les traces du passé récent et notamment ses séquelles : la fameuse Commission qui aurait pu mettre le doigt sur les incompétences et les fautes du ministre des finances et l’amener à quitter le pouvoir, Stephan De Clerck pense qu’il faudrait la suspendre, voire la supprimer.
Voilà bien la Belgique : des mauvais acteurs, un public médiocre et un théâtre à l’acoustique en défaut.
Annie Le Brun, fais-moi rêver, je retourne à ta poésie. Heureusement que tu existes !...

13 février 2009

Une philosophe dans mon boudoir…

Oui, Annie (1), les pâles après-midi des villes sont lents à déchiffrer. Au-dessus de nous, les oiseaux de paradis iront à la rencontre d’une forêt qui marche, puisque celle de Brocéliande s’est offerte à la future bêtise et à ton chagrin.
C’est la liberté d’une vie, douce et rude Annie, qui passe à quelques traits de ma pente asymptote, si proche de la fente avaleuse des hommes.
J’enrage du divan que son noyau de pêche ne soit pas la chose qui te transperce.
Il y a dans la nature ardente de la philosophe, même née Rennoise, un certain parisianisme qui vous cloue un lourdaud de province.
C’est dommage, car comme sont nos rapports inexistants, deviennent nos espérances antinomiques.
Pourtant, ce que tu penses, je le pense et ainsi, forcément, ce que je pense, tu le penses aussi.
Tu m’attends vraiment
Au coin du bois flottant,
Mais tu ne le sais pas.
Gavé d’objets inutiles, l’homme moderne oublie dans la pacotille de ses distractions, l’insensé projet du sexe, le plus sensé qui soit.
Préfacière des langages de Donatien, tu es celle qui contemple les troubles.
La colline de La Coste à l’herbe grasse et longue.
A ton livre j’en déverse les secrets.
Mon regard dans le tien, son encrier du rêve.
Qu’importe, 1942, ce n’est que la somme de seize. L’intemporalité jargonne des mots sans qu’on y sente le papier qui compte ses vergetures.
Tu es du vingtième, comme l’arrondissement. Moi pareil et l’autre siècle est le nôtre.
Nous allons l’amble, en cavale.
J’ouvre ton in folio d’une main qui caresse l’incipit.
A tour de bras
A tour de tête
Vers l’effusion.
Le ciel ne s’est point fracassé sur les toits gris, puisque aucune élite ne fixe pas plus ce qui est au centre, que ce qui s’agite à l’extérieur.
Si souvent bouleversée, quand donc arrêteras-tu, combattante éternelle tes pas dans les miens ?
De Jarry, l’inoubliable à Breton l’oublié, que ne m’épingles-tu papillon sur le buvard de ta fringale.
Dans l’œil blanc des fossés, le passé renversé parle des chevaux pressés et ton hennin, ta coiffe, et je succombe sous le poids de tes ennemis d’acier, et par le bassinet ouvert on voit que s’agite ta chair sous le baldaquin rose, et, et, tu me tues, car je suis de province… et ne sais point retenir le souffle qui m’habite, comme font si bien les intellos de la rive gauche.
La vulgarité est bien la flétrissure de la cité moderne.

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Tous les hommes sont fous et qui n’en veut point voir
Doit rester dans sa chambre et casser son miroir (2)
Tu défais les rubans et c’est le corps de ta somme qui apparaît.
Comme si la vie toute la vie était encastrée dans cette torpeur échevelée de l’attente.
La guerre des goûts du dénommé Sollers, quoique ce dernier t’insupporte, guerrière tu la radicalises dans l’anarchique dessein de ton plaisir sans frontière des genres.
Tu m’attends vraiment
Au coin du bois flottant

Foutre de tout le monde ensemble,
Foutre du livre et du lecteur,
Foutre du sonnet, que t’en semble ? (3)

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1. Annie Le Brun, Ombre pour Ombre, in nrf, Gallimard, 2004.
2. Marquis de Sade.
3. Après La Brune, Claude Le Petit (1638-1662) étranglé et brûlé vif sur décision de justice à Paris pour écrits obscènes.

12 février 2009

Didier, t’as vu Maurice ?

-Il est sorti de sa Réserve.

On en rabâche avec FORTIS !
Mardi, les télés faisaient le forcing pour le « oui », multipliant les déclarations d’économistes les plus connus de Hamoir à Comblain-au-Pont, plus que favorables à la vente d’une demi bête à la BNP et l’autre demi à l’Etat néerlandais, restaient les bas morceaux au peuple le plus brave de la gaule !
Sur le trottoir du Seize, Reynders affirmait, impérieux et souverain, que c’était à prendre ou à laisser, avant de monter dans la grosse cylindrée offerte par la Nation.
Les actionnaires ont laissé.
Pensez-vous que l’artiste soit emmerdé par ses propres rodomontades ? Pas démonté pour un sou, fier comme un pou d’assurer les clients et les actionnaires de son soutien.
Qu’il le veuille ou non, c’est bel et bien l’Etat Belge qui devient l’actionnaire principal de l’usine à gaz.
Explication : les actionnaires ont dit « non » à la nationalisation à 100 % de la filiale bancaire Fortis Banque, empêchant de facto sa revente au groupe français BNP Paribas qui était censé en prendre 75 %. Mais, que notre grand argentier le veuille ou non, c’est quand même l’Etat qui récupère la patate chaude, devient l’actionnaire essentiel. C’est ce qui s’appelle une nationalisation « douce ».
L’Etat prend les tuiles et les merdes, c’est-à-dire les factures, quand ça repart, c’est le privé qui s’envoie les marges à deux chiffres. C’est-y pas beau le système capitaliste vu sous cet angle ?
Du jamais vu ? Non. Cockerill-Sambre fourgué par Dandoy à Arcelor quand le métallurgiste allait mieux, ça ne vous rappelle rien ?
On se demande pourquoi les employés de FORTIS font la gueule et avec eux le SETCA. En effet, à la dislocation, c’est sûr que BNP et les Hollandais allaient se retrouver avec 25.000 emplois en doublon. On voit mal l’Etat faire des économies sur le dos du personnel et vider les guichets de FORTIS avant les élections de juin.
C’est une curieuse situation que va gérer Reynders. Ce libéral va se retrouver le patron d’une banque nationalisée, avec l’impératif de ne licencier personne. Or, FORTIS a une bonne pincée d’actions toxiques des banques américaines, des clients qui se sont barrés avec leurs économies, le personnel en surnombre à cause des mauvaises affaires. Ceux qui voulaient bradé les meilleurs actifs de la banque aux deux pays voisins vont devoir assumer la responsabilité de les conserver et, si possible, de les faire prospérer.

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Les théoriciens de la crise politiquement corrects sont unanimes : les nationalisations vont à rebours des directives européennes et de la mondialisation de l’économie.
En réalité, la garantie de l’Etat propriétaire est une sécurité pour les déposants. L’Etat maîtrise le sujet et délègue des personnels de direction compétents, le capital « confiance » est reconstitué, Didier redevient populaire !...
C’est le hic : si Reynders traîne les pieds et ne met pas en place une bonne stratégie, c’est une tragédie, pour la banque, et pour l’Etat belge. Et cette défaillance pourrait nous conduire loin, peut-être jusqu’à la faillite de l’Etat ! Alors, Didier rejoint Lippens au Zwin.
Au présent, FORTIS est un sac de nœuds. On ne peut pas imaginer les Hollandais qui se frottent les mains en perdant le morceau qu’ils croyaient croquer pour pas cher, alors qu’ils avaient déjà versé des arrhes ! Les Français pourraient en dire autant. Le vote en faveur du « non » laisse sur la touche 49 % d’actionnaires, il se pourrait que ceux-ci se retournassent contre les partisans du « non ».
Voilà trois procès possibles.
Ce genre de procédure est long, coûteux et incertain. L’Etat belge pourrait y perdre quelques milliards et vaciller. Et pourtant, c’est dans le domaine du possible !
Les affaires désastreuses pour les uns pourraient faire le bonheur des autres, le cabinet Uyttendael, par exemple… Vingt ans de plaidoiries, l’engagement de vingt juristes de plus !... Le triomphe…
Quand les Etats ont ouvert leur trésorerie aux banques, ils n’imaginaient pas que le scénario pur jus capitaliste qui consistait à laisser mourir les faillis quelles qu’en soient les conséquences, aurait au moins l’avantage de ne pas cribler de dettes les citoyens.
Personne ne sait ce qui va se passer.
Ce que l’on peut dire, c’est que Leterme et Reynders ont agi avec trop de rapidité et sans consulter la population lorsqu’ils ont dépecé FORTIS. Ils l’ont fait à la sauvette avec des accords secrets dont nous ne découvrons les pièges qu’au fur et à mesure des procédures. Peut-être même ne savons-nous pas le fin mot de ce bradage de FORTIS par ceux qui se vantent d’avoir finement agi !
Ce ne sont pas les quelques milliers d’actionnaires dont certains sont franchement imbuvables, grotesques et parfois odieux, qui sont concernés, mais l’ensemble de tous les contribuables de cet Etat bien mal géré.
La Belgique libérale ?... le cimetière des éléphants.

11 février 2009

Eutychiens, Pélagiens, Antitactes et…

...ta soeur ?

Dulcinée peut vivre désormais tranquille à l’ombre des moulins. Quichotte est devenu sage et fou de Dieu, Cervantès l’avait plutôt vu fou et poursuivi par les archers de l’Inquisition. En 2009, politiquement correct, il embrasse toutes les religions du monde. D’athée à agnostique, il découvre la philosophie d’André Comte-Sponville en livre de poche…
C’est le grand geste d’apaisement nécessaire à son entrée dans la civilisation du Centre. Désormais, il croit à la diversité universelle établie en harmonieux accords des multiples églises ouvertes à la transcendance et au bourrage de crâne.
Les intégristes sont à l’aise dans l’œil du cyclone. C’est en-dehors que ça se gâte.
D’intolérant laïc (ils sont si peu nombreux !), le voilà intolérant religieux, entre-temps, il s’est multiplié ! Il fait désormais partie de la grande famille des mutilés de la raison : il a la foi !
Comme Adolphe, Malraux avait la mèche de côté lorsqu’il lança que le XXIme siècle serait religieux. Il avait l’air heureux de son effet. Il le serait moins aujourd’hui !
Depuis, les frétillants de l’extase se sont taillés des costards dans le droit divin.
Quichotte est désormais le dépositaire d’une quête : celle du respect, sommé d’admirer les croyances jusques dans le tragique dénouement d’un ciel commandant aux assassins.
Les quelques rares résistants à la supercherie, poursuivront sans lui leur logorrhée blasphématoire à la condition de la faire en silence ! Ainsi les religieux croiront qu’ils ouvrent la bouche pour proférer des cantiques et des actions de grâce.
Tout est affaire de croyance et la croyance est dans tout.
Le 17 février 1600, Giordano Bruno fut brûlé vif à Rome, Galilée, plus hypocrite, eut la vie sauve grâce à quelques reniements qui ont fait sa renommée, au lieu de faire sa honte.
Les consuméristes se rassurent : il n’y a plus d’hérétique ; puisqu’il ne coûte rien de croire, consommons de la croyance.
L’incongruité n’est plus dans la religion, c’est de s’en prendre à elle.
On a assassiné la liberté d’expression, au nom de la liberté du culte.
La démocratie de velours tapisse ses commissariats des têtes d’infidèles, laissant aller aux plus reculées momeries la foule menaçante des croyants.
Dans le terreau de la gigantesque consommation, pousse un champignon des plus chétifs. Le moindre souffle peu le courber. Mais, ce n’est qu’une illusion, son mycélium est partout. Cette plante qui n’en est pas une, surgit en amanite phalloïde tantôt à Lourdes, tantôt à La Mecque.
Son engrais est l’argent, son jardinier le riche, sa méthode, c’est selon ce qu’il trouve formé à sa loi, pour asservir le monde aux caprices du Dieu dont il use à sa guise.
La dévotion est essentielle à la bonne tenue du Centre.
La pensée dévote y est à l’aise dans sa prépondérance obscène.

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Encore quelques lois et elle aura gagné la partie en étouffant le dernier anarchiste. Qu’est devenu le temps où Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances, pouvait écrire « Je voudrais voir pendre le dernier des rois avec le boyau du dernier des prêtres » ?
« Les sots font de leur morale une masse compacte et indivisible, pour qu’elle se mêle le moins possible avec leurs actions et les laisse libre dans tous les détails », cette réflexion de Benjamin Constant détermine en quelque sorte ce que l’avenir laissera comme espace à la liberté.
Dieu est le bénéficiaire de cette turgescence extasiée par le biais de ses tuteurs. Puisqu’il est sourd, muet et aveugle, la foule de ses interprètes n’a jamais été aussi inspirée !
Ainsi par commodité, on lui fait tout dire. Il est devenu ce que ses adorateurs ont voulu qu’il devînt. Dans leurs enluminures, ils l’ont fait descendre sur la terre. Il est resté. C’est pratique, en cas de coup dur, c’est Lui qui portera le chapeau.
Et voilà que l’imagination prend les hommes à son piège pour enflammer le reste du monde.
On serait déjà depuis longtemps sur Mars à chercher les traces d’une vie qui fut, peut-être, identique à la nôtre si les trois quarts des savants, depuis Galilée, n’avaient eu à lutter contre l’obscurantisme chrétien. Cette année, il y a deux cents ans, naissait Darwin. Pal mal d’églises pensent en toute humilité chrétienne, qu’il n’aurait jamais dû naître …
La religion, facteur de régression, oui, puisqu’elle universalise le mensonge, qui, même sous couvert d’une morale particulière, n’en reste pas moins un mensonge.
Darwin qui avait compris que les rapports avec autrui doivent être le résultat d’une diplomatie de savoir-vivre s’était déclaré agnostique dans l’Angleterre victorienne. Mais c’était pour ne pas avoir à démontrer la non existence de dieu.
Nietzsche et Darwin, Bruno et Galilée, tous bien morts ! Les peuples sont désormais eunuques.

10 février 2009

Il n’en est pas moins homme !

Le ministre des Affaires étrangères français Bernard Kouchner a déclaré avoir brièvement évoqué avec le président Nicolas Sarkozy le livre écrit contre lui par Pierre Péan « Monde selon K. », et a indiqué qu'il pensait porter plainte.
C’était il y a quinze jours. Depuis RAS, sauf le soutien indéfectible du Premier ministre au French doctor entré dans la Sarkozye, comme sont parfois les danseurs de tango désolés de rester sur leur chaise, et qui sont prêts à danser avec n’importe qui.
La principale accusation de Pierre Péan concerne des activités de consultant dans le secteur de la santé en Afrique, entre 2002 et 2007, après la défaite électorale de la gauche à laquelle Bernard Kouchner appartenait et avant sa nomination dans un gouvernement de droite.
Selon Péan, Kouchner a mené ces activités pour deux sociétés privées, Africa Steps et Iméda, gérées par deux proches, alors qu'il présidait en même temps un groupement d'intérêt public, Esther, consacré à la coopération internationale hospitalière.
Le journaliste affirme que ces sociétés ont vendu pour près de 4,6 millions d'euros de contrats de conseil sur la réforme des systèmes de santé au Gabon du président Omar Bongo Odimba et au Congo de Denis Sassou Nguesso. Une partie de ces sommes n'a été recouvrée par les sociétés qu'après l'entrée en fonctions de Bernard Kouchner au Quai d'Orsay, le 18 mai 2007. (Informations reprises du Nouvel Obs.).
Avec l’affairisme de Kouchner dénoncé dans le livre de Péan, c’est toute la légende du bon médecin des pauvres qui en prend un coup. Bien entendu, on ne se nourrit pas de l’air du temps et il est nécessaire d’avoir des revenus pour vivre ; mais on se serait attendu à d’autres sources de revenu que celles des dictateurs africains, dont certains ont trempé dans des massacres.
On peut même se demander si les contacts de Kouchner au cours de ses périlleuses missions n’ont pas été exploités par Monsieur K, l’homme d’affaire que décrit Péan, qui est le double de l’homme public, dans sa forme privée et contradictoire.
Si cela ne constitue pas un délit, l’amalgame qui s’en suit n’en est pas moins assez malodorant.
Evidemment, M. Kouchner a démenti les accusations portées contre lui, qu'il a qualifiées de "mensonges qui vont disparaître". C’est toute l’ambiguïté de la lumière projetée dans la sphère privée par les médias, quand on est un homme connu.
Même si cela en principe ne regarde personne, et même si on n’a rien à reprocher au ministre dans ses fonctions, les médias portent atteinte à l’image que le public s’en fait.

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Et cela, c’est insupportable à ceux qui ont bâti « leur légende » en partie grâce à une ferveur populaire au vu de leur « dévouement » exemplaire à la cause humanitaire.
C’est un peu une situation ambiguë du même ordre qui oppose Jean-Denis Lejeune à la rédactrice en chef du Soir. Qu’est-ce qu’a mis en évidence Le Soir ? Rien qu’une vérité jusqu’alors laissée de côté, à savoir que Jean-Denis Lejeune ne vit pas que d’eau fraîche, même s’il vit aussi d’amour qu’il donne beaucoup aux enfants. L’information du Soir nous en donne une image qui rend l’homme moins sympathique, ce qui s’est répercuté sur son ASBL et lui a fait tort.
A la différence de Monsieur K, Lejeune n’a pas fait son beurre chez les despotes africains, il a bénéficié et bénéficie encore de certains privilèges de l’Administration grâce aux protections des amitiés politiques qu’il a nouées depuis les tragiques événements que l’on sait.
Le populo n’aime pas que les « personnalités hors du commun » portées aux nues, ressemblent aux autres hommes, soient affairistes, courtisans et intéressés, dans le domaine secret de leur personnalité profonde. Divulguée, la vie de tous les jours procure un formidable désenchantement. Elle réduit le héros à sa plus basse, mais plus naturelle fonction, celle de boucler ses fins de mois. Aussi, est-il vite reproché aux vedettes le moindre profit.
Et il est vrai aussi que si l’on compare les salaires, entre Monsieur K. et un lampiste, comme celui aussi, mais dans une moindre mesure, de Jean-Denis Lejeune, entre son traitement de haut fonctionnaire et celui de ses anciens condisciples, carrossiers à la Ville de Liège, on peut se demander si le premier avait vraiment besoin de vivre en grand en faisant des affaires avec des dictateurs et si le second, ne s’est pas un peu grisé de ses grosses voitures amorties par l’Administration ?
On pardonne moins aisément la « réussite » d’un égal qu’on a connu, que les frasques d’un baron banquier… alors que l’un s’élève par son industrie, l’autre par l’usure.
On en revient à des vies controversées comme celle de l’écrivain Louis-Ferdinand Céline, tour à tour écrivain de génie, et bêtement antisémite. On en pourra tirer les conclusions que l’on veut, sauf celle d’avoir bien vécu de son antisémitisme qui lui valut des années de prison et d’exil au Danemark, avant une amnistie qui lui permit de finir sa vie en France.
Eh bien ! ce Céline, cet écrivain honni par beaucoup et par Monsieur K, n’a jamais renoncé à tenir son petit cabinet médical des pauvres, jusqu’à sa fin à Meudon.
Que Kouchner n’en a-t-il tiré la leçon qui s’imposait et que n’a-t-il rouvert le sien !

9 février 2009

L’optimisme aux urgences

Ce dimanche midi, RTL avait réuni le club des optimistes, formidablement bien remonté pour la joie et la bonne humeur, au contraire de son rival sur le plateau duquel on s’engueulait ferme à propos de FORTIS.
Vrebos s’était reconverti en Monsieur Loyal. Le cercle des optimistes pouvait entonner sa marche d’ouverture : l’entrée des gladiateurs.
La pinte de bon sang n’était pas garantie et s’il y eut des rires, ils furent furtifs et souvent au détriment de celui/celle qui se prenait trop au sérieux, et comme tous y sombrèrent…
Un certain Keuteneer, professeur, s’extasiait sur la satisfaction procurée par une journée de labeur, sans faire la distinction entre le travail réfléchi et le travail machinal. Le sieur Demunck s’emballait sur le renouveau qu’il voyait poindre dans les activités humaines. De Brabandere s’intitulant « philosophe d’entreprise » voyait dans une conscience nouvelle la responsabilité des adultes envers leurs enfants. L’étonnant Bongiorno, fort de la réussite de sa reconversion dans la restauration à la suite de la faillite de la SABENA, s’enthousiasmait du brillant de ses culs de marmite. Lelenfield avait la lentille grossissante sur les bienfaits de la pensée positive. Une certaine Agozzino, chômeuse et prête dès lundi à faire la tournée des patrons dans la joie et la bonne humeur, faisait plutôt pitié par l’inconscience qu’elle semblait montrer de la dramaturgie sociale qu’elle vivait sans s’en apercevoir, alors que les autres exultaient de satisfaction de leur position confortable..
Ce n’était pas une émission rigolote comme on pouvait le croire, mais sérieuse en diable, démontrant s’il en est encore besoin, la juste réflexion de Jules Renard dans son Journal : « L’homme heureux et optimiste est un imbécile. »
Et des imbéciles, il y en avait sur ce plateau chargé de nous démontrer, ce qu’on savait déjà, à savoir que tout est dans l’homme, sauf qu’il est nécessaire d’avoir sur le monde extérieur un regard juste et critique. Ce que n’avait pas l’étrange attelage réuni sur le plateau. D’où cette impression qu’il s’agissait moins d’optimistes véritables, que des menteurs non intentionnels, puisqu’ils s’abusaient d’abord avant d’abuser les autres.
Cette méthode Coué n’a du bon que si l’on n’en fait pas trop et surtout si on n’en fait pas une démonstration à la sirop Typhon, c’est-à-dire une panacée universelle pour neurasthénique contrarié.
Il s’agissait d’optimistes d’un genre particulier : ceux qui ne pouvant atteindre les valeurs qui permettent l’évaluation, se constituent un système personnel en rapport avec leur caractère.
Ainsi, ils se créeront un monde subjectif dans lequel ils n’auront plus à penser que tout n’est pas au mieux dans la meilleure des situations possibles.
L’optimiste, sans raison fondée, vit dans la facilité d’une immaturité prépondérante, les illusions d’apparence et la recherche des principes. Il s’aveugle et se complaît dans cet aveuglement. Le monde de l’illusion que procure sa vision rassurante, lui suffit.

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Le pessimiste de raison est paradoxalement plus près de l’optimiste qu’on ne croit. Mais il est d’une autre nature. Il ne s’en laisse pas compter. Rien de ce que les optimistes annoncent comme une période heureuse ou malheureuse, ne le touche vraiment. Il a tout prévu et s’est prémuni de l’excès de malheur, comme de l’excès de bonheur.
Ses quarts d’heure d’intense rigolade n’ont rien à voir avec ceux d’un béat perpétuel. Ils sont authentiques.
Et en cela, le pessimiste rejoint l’optimisme de circonstance, sans pourtant se confondre avec lui.
Il n’a pas la gueule de l’emploi et il est tour à tour optimiste ou l’inverse selon les fluctuations de sa liberté et de son humeur confrontées aux circonstances.
On voit très bien quel est l’avantage en certains lieux de jouer les optimistes, dans la présentation d’un contrat d’embauche par exemple ; comme on comprend ce que le « philosophe d’entreprise » veut dire de la responsabilité qui commence par la sienne. Il ferait beau devant un employeur qu’il tînt un autre langage !
Pourra-t-on échapper un de ces dimanches aux stéréotypes et aux lieux communs avec lesquels nos deux télévisions nous servent l’apéritif ?
L’époque (formidable ?) vit la négation du malheur et même la négation de la mort. Une émission comme celle de RTL n’est pas si idiote qu’il n’y paraît. Elle montre le caractère quasi obligatoire de l’optimisme d’aujourd’hui pour ceux qui veulent s’intégrer dans la société marchande.
Alain en 1923, dans ses « Propos sur le bonheur », déniait toute réalité aux grandes souffrances.
La liste des malheurs à éradiquer est sans doute trop longue pour que les optimistes s’en préoccupent. C’est une façon de voir. Mais en ignorant tout, ils ne sont d’aucune utilité pour y remédier.
C’est sans doute en cela que les optimistes sont intéressants pour RTL.

8 février 2009

Chinoiserie chez FORTIS

Sur le temps que le Conseil d’Etat refuse de plafonner les hauts salaires des faunes directoriales bancaires et de holdings, sous prétexte que ce serait s’immiscer dans les contrats de travail liant les salariés aux entreprises, le gouvernement, probablement sur les conseils du ministre des finances, essaie en sous-main de rallier à lui dans l’affaire Fortis, l’actionnaire chinois Ping An, afin que le vote de cet important actionnaire aille dans le « bon » sens.
Un accord aurait été conclu entre le gouvernement fédéral et les autorités chinoises selon lequel le gouvernement donnait l'assurance aux autorités chinoises qu'un vote positif de Ping An le 11 février ne changerait rien à leur demande d'indemnisation !
Quel est le rapport entre la décision du Conseil d’Etat et les efforts du gouvernement pour se concilier l’actionnaire chinois ? C’est bien simple, l’Etat laisse entendre qu’il pourrait compenser les pertes subies par ce singulier actionnaire.
Les salaires, les parachutes, maintenant le défraiement du gros actionnaires, alors que les minima salariaux ne sont pas relevés et que les petits actionnaires, dont certains sont vraiment de tout petits, sont sur la touche, c’est ce qui s’appelle une politique ostensiblement de classe.
C’est une immixtion d’un gouvernement dans les affaires privées ! Du jamais vu…
Avec le Conseil d’Etat d’une part, et les manœuvres du ministère des finances d’autre part, nous sommes entrés carrément dans le fonctionnement d’une ploutocratie d’argent.
Les actionnaires évoquent une possible violation du principe de traitement équitable entre les actionnaires de Fortis. On pense qu’à leur place, on la trouverait plutôt mauvaise.
Le cabinet Modrikamen, chargé des intérêts des petits actionnaires, menace de demander la suspension du droit de vote de Ping An.
Vous me direz, on a autre chose à faire que s’intéresser aux petits actionnaires, d’autant que dans le programme du MR, il serait question de déposer, pour eux aussi, mais beaucoup plus tard, une proposition de Loi pour un certain dédommagement. Pas plus que pour Ping An, ce serait proprement scandaleux de dédommager des spéculateurs et des boursicoteurs des pertes qu’ils subissent, même petits. C’est comme si un joueur au Casino de Spa ratiboisé à la roulette demandait une compensation au Parlement wallon !
Il n’est question que de marquer le coup dans un constat qui touche au comportement de la haute finance et d’un gouvernement à sa botte, à savoir que dans le sauve-qui-peut actuel, c’est quand même l’heure de vérité où l’on compte ses amis. Et les petits, ouvriers, employés et assimilés, actionnaires et classes moyennes, ne font pas partie de l’ultra finance. Ils en sont même très loin.
Mercredi, le groupe financier Fortis joue son va-tout. En cas de vote négatif, le bancassureur prépare un « plan B » si par malheur les actionnaires votaient contre la vente de la filiale bancaire belge au français BNP Paribas.
RTL et la RTBF se sont empressés de produire des interviews d’éminents économistes qui supplient presque les petits actionnaires de ne pas s’opposer à la vente d’actifs à la BNP Paribas. Ils décrivent une situation d’apocalypse où la banque lâchée par ses consoeurs (comme si c’était peu fréquent) aurait besoin de 30 à 40 milliards d’euros par jour et serait obligée de mendier à l’Europe (BCE) ou chez Reynders (BNB) de quoi survivre.
Si les actionnaires votent « non », la situation du groupe pourrait être aussi critique que fin septembre, quand Fortis avait été secouru d'urgence par les trois gouvernements du Benelux.
C’est dire comme tout le monde pleurniche !...
Cela devient grotesque.

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Tout compte fait, Reynders veut notre peau pour sauver quelques gros intérêts. S’il avait été « l’ami du peuple » comme sa propagande pour les élections du 7 juin va nous rebattre les oreilles très prochainement, il aurait pu nationaliser à notre profit toutes les banques en perdition, ce qui ne nous aurait pas coûter cher, aurait rendu la confiance aux clients – on nous assure tous les jours que les banques ne fonctionnent que par elle ? – payer les petits salaires et botter le cul des faillis, y compris le gros fessier du baron du Zwin qui s’est tiré sur la pointe des chaussettes avec son magot intact.
Hélas ! notre fin argentier a distribué quasiment à fonds perdu l’argent de la Communauté, que nous finirons par perdre, si ça continue, sans être plus avancés.
Et ma foi, après la tornade (à condition qu’elle finisse !) si le libéralisme avancé trouvait que ce n’est pas moderne de la part d’un Etat d’être majoritaire dans les grandes banques, il pourrait revendre ses parts à quelques banquiers moins marqués par les événements, assurément moins sots que nos sorciers de la finance.
Il aurait rendu service aux gens. On aurait voté pour lui.
Hélas ! le voilà assis au rang de la canaille et fier d’en être !
Si c’est ça le libéralisme moderne, on se demande ce qu’il va bien pouvoir dire aux travailleurs et même aux classes moyennes déchues, pour voter MR !

7 février 2009

La honte.

Le MR à la récup, après la starlette de la télé, voici le fonctionnaire flamand Rudy Aernoudt qui s’inscrit sur les listes du MR. Il paraît qu’il a des adhérents ? En réalité personne n’a vu aucun museau derrière « l’enfant terrible » de l’administration flamande.
Wallon par intérêt stratégique et devenu presque voisin de Benoît Poelvoorde, on ne peut pas dire que la Flandre nous ait délégué son meilleur.
C’est bien à un des travers de la politique spectacle d’aujourd’hui que l’on doit l’adhésion de ce récent francophone.
Où va-t-on le caser, sur quelle estrade va-t-il faire la parade pour attirer le gogo ? Les premiers roulements de tambour nous avertissent du show : chômeurs et assistés à la trappe.
Gérard Deprez est un autre cas de figure du libéralisme triomphant. Il est dans le collimateur de Reynders. Ce type aussi apporterait à la bonne cause libérale la moitié des sociaux chrétiens, à part quelques vieilles gloires qui l’ont suivi, le MR n’a gagné que le personnage, suffisant, remuant, certes, mais dont l’œil malin était seul à faire savoir au monde qu’il semblait l’être… et comme la suite n’en valait pas la chandelle, Reynders le traîne comme un boulet depuis, pour le caser à l’Europe, cette retraite de luxe des dinosaures dont l’utilité ne tient qu’à deux mots sur une carte de visite : « député européen ».
La place n’est pas vacante mais pourrait l’être. La difficulté, c’est de placer Deprez en liste d’attente sur une place dite de combat, dont on sait bien à l’avance qu’elle indique la sortie, de façon à placer l’impétrant Aernoudt sur la photo de famille.
La chose se complique avec la candidature de Deprez à une Commission européenne.
Pourtant Reynders devrait se méfier de ses recrues intempestives. Richard Fournaux à Dinant est un autre exemple de candidat boomerang. Il est en passe de faire l’unanimité contre lui. L’originalité de Fournaux n’est plus dans son nœud pap, mais dans les affaires qui l’enchaînent à la fatalité d’un mauvais sort, alors que la famille libérale espérait mieux.
Reste qu’au « révolutionnaire de droite » Aernoudt, on associe maintenant la bévue d’Olivier Maingain qui, il y a à peine quelques jours, ironisait comme il sait le faire, sur les positions « libérales » de Rudy. Quant à Olivier Chastel, il a déçu par sa connaissance approximative de l’anglais.

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En l’état, les troupes libérales ne sont pas de la qualité de celles qui firent leurs classes sous Jean Gol. Les Michel, dans l’ombre, attendent le faux pas qui tue le président. Et si statistiquement le mouvement libéral est en position montante – ce qui est un paradoxe face à la crise abominable issue des excès du libéralisme – il n’en demeure pas moins à la place de Reynders, que je me ferais un souci d’encre en présentant à l’adoration des foules, les pontifes de la culture libérale parmi lesquels tonitrue Serge Kubla et vitupère Sabine Laruelle.
On se demande comment, ils vont regonfler le moral de l’électeur libéral ? Surtout celui des ex classes moyennes et des petits actionnaires, roulé et écoeuré de voir les flambeurs de la politique le remplacer dans l’ancienne vie douillette de notable.
C’est pourquoi, avec un ministre libéral des finances, il faudra veiller à ce qu’il n’ouvre pas en catimini un deuxième robinet des déficits en faveur des actionnaires refaits et des industriels au bord de la faillite.
C’est fabuleux de voir comment les bas bleus du système parviennent à vendre encore à tant de gens une marchandise étiquetée « produits nocifs ».
Nous voilà prévenus, sans choix vraiment exaltant, l’urne du sept juin pourrait n’être que l’abreuvoir où ne se désaltèrent que les naïfs et les dupes.
En attendant le pire, nous vivons une démocratie désenchantée, avec une élite dont personnellement, j’ai honte.

6 février 2009

L’imposture.

On rêve comme jamais en imaginant la Société grecque ancienne telle la matrice fondatrice d’une utopie bien contemporaine : la démocratie.
Nous serions donc dirigés par le peuple, pour le peuple ! Et cette loi du plus grand nombre nous l’aurions calquée sur les temps antiques !
Homère, dont on ne sait pratiquement rien (1), auteur de l’Iliade et de l’Odyssée, a cependant laissé à travers les péripéties de ses héros un aperçu de la conduite d’un royaume fictif, celui d’Ithaque.
L'aède aurait composé seul ou en compagnie 15.337 hexamètres dactyliques sur un peu moins d’un siècle ! C’est un réservoir d’informations sur les concepts des communautés et sur l’affect des citoyens du VIIIme s. avant J.C.
On peut y voir les prémices d’une société de droit à partir de la rentrée d’Ulysse en Ithaque.
La question est de savoir si c’est bien notre temps qui s’est fait une fausse idée de la démocratie, en croyant voir un modèle dans la société mycénienne.
Rappelons les faits : Ulysse lassé de courir la prétentaine s’arrache des bras de la déesse Calypso pour rentrer en son royaume d’Ithaque. Il le fera incognito afin de jauger l’amour de la belle Pénélope assaillie par une bonne centaine de prétendants auxquels elle ne dit pas non, mais « peut-être » !
Là-dessus nous voyons vivre tout un peuple en communauté.
C’est une société ou la force et le courage physique font tout, non seulement à la guerre, mais aussi dans la vie civile. Ulysse a un père, Laërte, roi avant lui, mais qui est trop vieux pour régner. Les rois n’abdiquent pas, lorsqu’ils ne sont plus à même de conduire les guerriers, ils sont remplacés par le plus fort d’entre ces derniers. C’est pure coïncidence si Ulysse succède à son père.
Le portrait « admirable » que l’on trace aujourd’hui de Pénélope, est en réalité celui de l’existence d’une femme au foyer, sans pouvoir, sans droit et dont Télémaque, son fils, est le maître en attendant le retour du père. Les prétendants sont en réalité des guerriers venus des environs pour se mesurer entre eux, comme dans une foire, afin de gagner le gros lot à la force des biceps.
La vengeance est le seul « acte » judiciaire que l’on y pratique, parce qu’il donne la gloire et la joie au cœur.
Il se détache ainsi au long de l’histoire, une anthropologie du héros qui ressemble plus à l’apologie d’un Waffen SS qu’à celle d’un combattant de la Liberté.
Le monde mycénien décrit est fort proche de la société féodale. Le baron médiéval est roi sur ses terres. Idem en Ithaque où même les dieux violent les plus belles femmes à l’occasion. L’opposition entre la société d’apanage et les paysans y est permanente. La gestion par la contrainte des esclaves et des paysans assujettis ne va pas sans heurts.
S’attacher à la vie en Ithaque, c’est coller aux vicissitudes sociales, voir s’ébaucher les premières règles institutionnelles, c’est-à-dire assister aux débuts d’une organisation citadine, une « polis ».
Pour confirmer leurs droits, voter les guerres, partager les pouvoirs, les citoyens d’Ithaque devaient bien se réunir dans un endroit assez grand pour accueillir tout le monde. C’est les débuts de l’Agora. Entendons-nous bien sur la notion de « tout le monde ». Il s’agissait d’hommes, dits libres et citoyens, en somme les guerriers, les anciens guerriers et les prêtres, à l’exclusion des enfants, des femmes, des vieillards insensés et des esclaves. Ce qui faisait du monde, probablement 80 % d’exclus.
Chacun y parlait à son tour, sans limite de temps, et la réunion durait jusqu’au dernier orateur inscrit. Le roi finissait par trancher. Cette démocratie-là avait tout l’air d’un Conseil de guerre.
Les Huns, les Tartares, les Vikings et tous les peuples guerriers n’ont jamais agi autrement.
Diable, est-ce cela notre modèle ?
Ithaque, l’imaginaire, n’est rien d’autre que le début d’une organisation politique. C’est un prototype que nous avons magnifié et de l’image que nous en avons tirée, nous en avons déduit que c’était ainsi qu’avait débuté la démocratie.

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Certes, ce ne sont que prémices, balbutiements d’une société de droit qui se cherche.
S’est-elle retrouvée dans l’aboutissement que nous connaissons, près de trois mille ans plus tard ?
Au vu de la montée des inégalités, des peurs orchestrées par quelques démiurges afin de peser sur le peuple, d’un système économique trouble, des disparités terribles entre citoyens dont certains renouent quasiment avec l’esclavage, on peut penser que la démocratie sublimées des Grecs ne s’est pas faite ; par contre c’est presque la Société d’Ithaque qui réapparaît.
Nous l’avons cru, comme Cendrillon a vu un carrosse né d’une citrouille. Les douze coups de minuit ont sonné. Nos baskets ne se sont pas transformés en pantoufles de vair.
Il faut revoir notre copie. D’autant que parler de démocratie aujourd’hui comme le font les dirigeants de l’Europe, est une imposture !
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1. Il y eut plusieurs aèdes échelonnés sur presque un siècle.

5 février 2009

C’est arrivé près de chez vous.

... Benoît, si tu me lis :
Le pitch du remake :
Couvre-feu à Trazegnies (1), on se sent rassuré à Liège. De mémoire d’habitants, une balle tirée à Trazegnies ne saurait tué personne au Pont d’Avroy.
Laurette, encore à la Justice, aurait pondu une Loi sur la délinquance nocturne, en se référant aux variantes de couvre-feu mises en application en 40-45 par la Wehrmacht.
Comme le risque zéro n’existe pas, le couvre-feu complet apparaît nécessaire. Les gens de Trazegnies seront assignés à résidence et nourris par l‘armée. La liberté est menacée, menaçons-en les habitants.
La nouvelle procédure est de passer par les portiques de contrôle installés devant chaque cité. L’éducateur des rues se tient derrière. Dès que ça sonne, il appelle un flic caché dans les troènes. Si le signal a réagi à un canif, on embarque le type.
A la télé le soir, on voit « l’homme au couteau » à poil les jambes écartées et un flic lui passant un doigt dans le cul, des fois que l’individu aurait caché in the baba un pain d’explosif. Ça ne peut que faire réfléchir les criminels. En effet, on voit des psychopathes qui s’intéressent beaucoup à ce genre de scène. Des vicieux passent les portiques exprès avec de la mitraille dans les poches.
A Trazegnies une mémère s’est fait voler le slip de sa fille qui pendait à la corde à linge de son jardin, Child-Focus placarde des affiches du slip, des fois que vous verriez un type au coin d’une rue froisser nerveusement une étoffe.
Le bourgmestre de Trazegnies, Pixel Frère (Rassemblement des gauchers contrariés) veut des caméras partout, surtout dans les WC publics où il se passe des choses innommables. Dans les cités, c’est un son et lumière gratuit. On montre les tronches des types louches sur grand écran. Aux fenêtres, les gens s’interpellent, échangent des noms qu’ils mettent sur des têtes « pas tibulaires mais presque a dit Coluche ». Un beauf s’est reconnu parmi les pédophiles. Il ne décolère pas. Il exige une lettre d’excuse. Pixel Frère va chercher un avis à Mons.
On répète à la Maison de la culture une pièce sur l’affaire d’Outreau. Tous les vieux qui font jeunes sont mobilisés pour jouer les enfants abusés. On cherche un comédien adapté à la situation. Le juge d’Outreau s’est excusé. Il ne jouera pas son propre rôle, même si on lui a certifié que dans la pièce, les inculpés sont vraiment coupables.
RTL envoie Hakima aux nouvelles avec une voiture et un cameramen.
Les quartiers sont en émoi, on lui jette des pierres. Non pas parce qu’elle est de RTL, mais parce qu’elle fait arabe. Bien qu’on ne soit pas raciste à Trazegnies, à force d’entendre parler de terrorisme en Irak et en Afghanistan, les Autorités ont appris aux gens à se méfier.
Malgré le couvre-feu une voiture de police est incendiée. Le flic qui dormait à l’intérieur est sauvé de justesse. On ne sait pas si ce sont des voyous ou si c’est l’inspecteur en planque qui s’est endormi un mégot aux lèvres. Heureusement, on a trouvé des témoins. Ils ont vu des ombres derrière les portiques. L’honneur de la police est sauf.
Les témoins sont traumatisés. Le bourgmestre dépêche une équipe médicale. Les psychologues sont formels, ils sont en incapacités totale, une sorte d’idiotie, que plus tard on désignera par syndrome trazégniens.

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Un chauffeur de bus reçoit une claque de sa petite amie alors qu’il était en service. On pense à une action d’Al-Qaida. La commune distribue des masques à gaz par peur d’une agression au sarin. On hésite à faire appel à l’armée. Le syndicat décide d’une grève surprise. Des voyous qui ne veulent plus aller à l’école à Courcelles créent un gang « The Diesel engine angel ». Ils espèrent qu’avec un incident du bus par semaine, ils seront peinards pour le trimestre.
Un patron qui en avait marre de l’absentéisme de son personnel, part la nuit seul et sans arme se promener du côté de l’ancienne gare, afin de démontrer qu’on peut circuler sans danger. Il rentre chez lui rassuré, jusqu’à ce qu’il s’aperçoive qu’on lui a piqué son portefeuille. Sa femme le soupçonne d’avoir dépensé le fric dans un bar.
La police passe dans la rue avec des haut-parleurs pour calmer l'angoisse de la population.
La nouvelle selon laquelle la crise fait cinq mille chômeurs de plus par semaine, passe complètement inaperçue en page huit du quotidien local. La Une est consacrée à la prochaine fête du capitalisme avancé. Sabine Laruelle en vidéo distribue des ballonnets bleus aux enfants. Quand elle se penche, on lit sur le bord de son slip l’inscription « to have one’s money’s worth ».
De la voiture de police part un coup de feu, Hakima Darhmouch se précipite, c’est le flic qui a pété en dormant, alors que le haut-parleur était posé à côté de lui sur la banquette !
La Région wallonne envoie un révizor pour détendre l’atmosphère. Hakima parle de téléthon. La Chambre décide d’une Commission de la sécurité à Trazegnies.
Adamo est prévu en gilet pare-balles pour « tombe la neige ». Madame Houard fera un strip-tease. Elle effeuillera les couleurs nationales sur l’air de la brabançonne.
On espère la visite des trois présidents de parti. Le thème sera « la liberté menacée ». La gare de Trazegnies ravagées par les vandales fera le décor. Le bourgmestre explique que Defossé dans son émission des travaux inutiles y avait déjà pensé.
Les trois présidents promettent d’établir un barrage devant la crèche de Trazegnies avec chevaux de frise et sacs de sable. Un expert de Tsahal est attendu de Tel-Aviv.
Brusquement la tension remonte. Deux jeunes avec des pétards sont arrêtés. La brigade anti-terroriste venue de Bruxelles les interroge. On les emmène devant une foule déchaînée vers notre Guantanamo secret. Anne-Marie Lizin explique qu’il est aussi bien tenu que celui d’Obama.
Les psychologues sont revenus pour aider les familles à surmonter les traumatismes. Ils tombent mal, on joue « Les Experts » à la télé. Aucun traumatisé n’a voulu descendre. Le Bourgmestre s’inquiète. Il pense à un arrêté communal d’obligation de soins. En cas de récidive, des internements d’office seront prévus. Laurette, à la Santé signe des Arrêtés.
On en est là.
Au conseil des ministres, on constate que cette inquiétude populacière a du bon. On décide que la prochaine ville dans les mains des terroristes sera Bressoux, avec son Droixhe, haut lieu de la peur. Il y aura une ville désignée tous les mois tant que durera la crise. Ixelles et son Matongé sera la commune suivante.
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1. Toute ressemblance avec une ville du même nom en Belgique ou à l’étranger, que celle imaginée par l’auteur, est tout à fait fortuite et n’est que le fruit du hasard.

4 février 2009

Les gaietés du parlement.

C’est une histoire à mourir de rire.
La fameuse Commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur les pressions que Leterme et son gouvernement auraient exercées sur la Justice à propos de l’affaire Fortis est le bec dans l’eau.
Son cas sera débattu jeudi entre les experts et les membres de la Commission.
En cause la séparation des pouvoirs et donc l’impossibilité d’auditionner les magistrats ayant subi les pressions.
Les quatre experts chargés de vider le sac d’embrouilles sont clairs : il sera difficile d’auditionner les magistrats, sous peine d’entacher de nullité les procédures judiciaires en cours de l’Affaire Fortis.
Voilà ce que c’est de pondre des Lois comme des œufs de mouches. Il y en a toujours une qui va réjouir les juristes, faire patienter les foules et blanchir les menteurs.
A force d’avoir les magistrats par la bande, depuis le temps qu’ils sont « comme nous » c’est-à-dire bien Belges, bien conventionnels, bien rigoureux pour toutes les expressions contraire au système… à force de les voir entre deux portes en conversations informelles, en famille pour certains ministres, en Loge pour d’autres, de faire pression sur eux par des hochets, des grades, des nominations, de lire leurs attendus tellement remplis de lieux communs que l’élite en est rassurée et enthousiaste… que ces Messieurs Dames législateurs ne s’étaient pas aperçus que certaines Lois pouvaient leur péter à la gueule, que certains « intouchables » pouvaient se sentir touchés ! Ah ! la fameuse indépendance de la justice, sauveur de la démocratie et de l’Etat de Droit, qu’est-ce qu’on a déjà entendu là-dessus !
De quoi est-il question dans cette énième Commission ?
Savoir si le substitut du procureur du Roi Paul D’haeyer, les juges en appel Christine Schurmans et Paul Blondeel ont eu des contacts, volontaires ou non, avec des membres des cabinets Leterme, Vandeurzen et Reynders.
Que Leterme ait lâché la rampe par honnêteté et pas Reynders, prouve à suffisance que ce dernier – coupable ou non – est un plus fin renard que l’autre et que, Commission ou pas, il sera difficile de le coincer.
Pour le reste, le public en est revenu. Il croit qu’il y a bien eu des contacts, des pressions émanant des deux cabinets conjoints. Que ce n’est pas la première fois que dans des affaires où sont mouillés des politiques, des magistrats volent au secours des membres de leur parti en difficulté (l’Affaire Cools) et qu’il y a toujours eu des « pressions amicales » de la Justice à l’Etat et de l’Etat à la Justice. Ils s’étonnent qu’il y ait encore autant de courrier dans les cabinets, alors que les téléphones ne sont pas faits pour les chiens.
Pour l’opinion, c’est une affaire entendue.
Les gens du MR penseront que c’est normal qu’un des leurs essaie d’arranger les bidons pour Fortis. Les Socialistes y verront une opportunité de mouiller salement Reynders à la veille des élections. Les CDh se réjouiront qu’aucun des boys de Milquet soit touché par l’affaire, tandis que les Ecolos riront sous cape d’un air entendu.
Alors, la Commission, les sanctions, le blâme, c’est de la mousse de caca dans une démocratie aux urgences.

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On oublie une chose, le coût de ce four noir.
Les quatre experts, si ça bouffe autant que les Révizors Daerden et Fils, ça va faire mal au budget. Sans doute que les membres de la Commission, les questeurs, les secrétaires, les employés, jusqu’aux plus modestes, ceux qui refilent le café aux assis dans la tasse aux armes de la Belgique, ne sont pas là pour rien. Ce mot « rien » n’existe pas à la Chambre et au Sénat. La gratuité n’est affaire que de gens altruistes et le cœur sur la main, vous, moi... Ici, la main serait plutôt sur le portefeuille.
Alors, pour tant d’inefficacité, Keynes dirait lui-même que l’intérêt des actionnaires (nous) est en conflit avec l’intérêt du Conseil d’administration (eux).
Autrement dit, même parmi les huiles qui lubrifient le mot magique de « démocratie », qui pontifient sur le libéralisme source de progrès et de mieux être, même là, leur exemple est un exemple de faillite et pas n’importe laquelle, c’est bel et bien une faillite frauduleuse.
La preuve, vous n’avez qu’à comparer les discours à la réalité.
Pour moins que cela, au bas de l’échelle, il y en a qui prennent cinq ans ferme.

3 février 2009

Le Révizor.

Bernard Wesphael, député wallon écolo, est un drôle de type. On se demande s’il ne serait pas un des derniers à croire à ce qu’il fait.
Après avoir accroché Frédéric Daerden, député PS, le 14 septembre dernier sur ses nombreuses activités para-politiques de réviseur d’entreprise, le voilà qu’il a remis ça dimanche dernier devant Vrebos de RTL.
En cause les Daerden, trusteurs père et fils de mandats publics et d’emplois privés, bien connus dans les milieux liégeois pour leur faconde (enfin le père, le fils étant plus terne), leur pouvoir occulte, leur amour des places et des honneurs, le tout pulsé par la popularité de Michel sur les couches sociale et sportive de la Ville de Liège, en font des frimeurs de première.
Il faut dire qu’entre l’Ecolo et les deux Socialistes, c’est une vieille histoire de désamour. A tel point que le 7 octobre 08, Marc Uyttendaele, avocat de Frédéric Daerden, écrit à Wesphael une lettre d’intimidation, comme seuls savent en faire, les maîtres dont la notoriété est en soi l’épouvantail idéal pour ce genre de mission.
« Mon client n’a pas demandé d’engager des procédures judiciaires. Il se réserve cependant le droit de revenir sur cette position dans l’hypothèse où vous tiendriez encore, à son égard, des propos à caractère fautif. »
La lettre n’a pas l’effet escompté, au contraire, l’Ecolo augmente son dossier à charge de quelques feuillets.
Frédéric Daerden est-il toujours au four et au moulin, directement ou indirectement par personnes interposées, dans les vastitudes de ses sociétés gérées par d’autres ?
Il semblerait que oui, tant les arguments et les documents de Wesphael sont probants. Les Intercommunales de Liège seraient mises pratiquement sous tutelle de nos deux activistes.
Les père et fils ont-ils des nervis dévoués à leur service ? Ils le nient. Wesphael porte plainte à la suite de menaces d’intimidation d’énergumènes croisés sur les trottoirs de Liège.
Aujourd’hui Wesphael fait équipe avec une députée MR, Véronique Cornet, étrange attelage pour une situation du genre « dans les rues de Chicago ».
Dans le passé, il a toujours existé dans les partis et les syndicats des « noyaux durs ». Facilement manipulables par les chefs, ils forment une phalange de bonne volonté de façon informelle et capable de tout. Ils ne reçoivent évidemment pas d’ordre de ceux qu’ils admirent ; mais, ils vont parfois au devant de leurs désirs, interprètent leurs pensées secrètes et sont partants pour des anticipations dangereuses. C’est de cela que Wesphael a peur.
Le député Ecolo a-t-il raison de se méfier ? On n’est plus au temps d’André Cools !

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On ne lit plus assez de nos jours. On manque de référence, en politique comme dans les commissariats. Cette inculture est profonde et s’affiche dans les milieux qu’on croirait préservés, comme la Culture officielle, par exemple, qui regorge d’incultes. Il paraît qu’Obama est un grand lecteur. Malheureusement, il est Américain. Je suis sûr qu’il a lu Le Révizor, Ревизор en russe, pièce de théâtre de Nicolas Gogol.
C’est tout à fait bien à propos. Gogol montre le mal pour mettre le bien en valeur.
C’est presque un vaudeville. Il dépeint les notables comme ils sont : des fripons déguisés en honnêtes gens.
Le Révizor, comme les Daerden, sait tout, est au-dessus de tout !
Le Révizor est un inspecteur omniscient à qui rien ne peut être caché.
L’histoire est simple. Quoique la petite ville révisée soit russe, elle peut être de chez nous.
Le bourgmestre et l'administration sont en émoi, dans l'attente du «Révizor»... Comment le recevoir au mieux ? Ils croient le reconnaître en un personnage qui voit tout ce qu’il peut tirer de cette méprise.
C’est drôle et ça nous débarrasse de l’atmosphère de règlement de compte que ce révizor-ci nous suggère.
On ne sait pas et on ne saura jamais comment on peut passer d’expert-comptable de père en fils à la gestion et à la mainmise sur deux grosses communes contiguës de Liège, Ans et Herstal, à devenir député, ministre, président, ayatollah du PS, etc., le tout sans grand mérite au départ et sans grande élévation d’esprit à l’arrivée.
La qualité suprême pour faire de la politique de nos jours n’est-ce pas la roublardise ?
Il y a des filiations inattendues, des amitiés hors affinités politiques qui en disent long sur des réseaux de relations et les services rendus, si bien que la roublardise pourrait s’accompagner dans bien des cas, d’une intelligence pratique en pleine confusion de l’intérêt personnel et de l’intérêt public, avec ce fond de mauvaise foi et de malhonnêteté nécessaires à toute réussite du genre. Une anomie quasiment de famille, dans le cas des fils de… pourrait valoir une thèse d’Université, si celles-ci servaient encore à rendre les étudiants plus intelligents.
Michel se sert de sa popularité pour s’imposer au PS. Il n’y a pas fait que des amis. Il devrait savoir que le peuple est versatile et que la popularité se gagne aussi vite qu’elle se perd.
L’électeur abusé ? Je veux bien. Mais s’il a été abusé, c’est parce qu’il était « abusable ».


2 février 2009

Les restos du cœur de Jeholet.

Serge Kubla, aura tout lieu d’être bientôt satisfait. Il va pouvoir détacher sa ceinture discrètement sous la table trois fourchettes d’un restaurant de son choix, péter à l’aise sur la moleskine dans le bruit des serveurs et du brouhaha des tables, roter de plaisir en dépliant la carte des vins et jeter un œil satisfait sur le miroir du bar qui reflète sa joie de vivre écarlate.
Pierre-Yves Jeholet, député fédéral inconnu, babillard officiel du MR, vient de déposer une proposition de Loi concernant la déductibilité des frais de restaurant.
Nos futurs obèses pouvaient déduire 69 % des graisses poly insaturées ingérées pour la bonne cause, avec la proposition des réformateurs, elle sera de 100 % !
On sait comme sont friands de gratuité nos industriels, nos Mirabeau de l’économie et surtout la nouvelle classe moyenne composée essentiellement de nos politiciens.
Tout à la note de frais, c’est justement ce que reprochait Reynders à Anne-Marie Lizin, désormais ce sera légal.
L’ORECA respire. Grâce aux gros mangeurs gratuits, c’est une crise en moins !
D’autant que les indigestions, les ulcères, et les gastro-entérites vont faire revivre le secteur hospitalier.
C’est toute la chaîne du travail que ces dévoués de la bonne table vont remettre en route.
Allant dans le bon sens, afin de faire revivre les secteur touchés par la crise, ils pourront étendre leur bienveillante attention à l’ensemble de nos industries en péril.
Celui de l’automobile, par exemple, pourquoi ne pas reprendre le slogan d’un concessionnaire « à l’achat d’une voiture, une deuxième gratuite » pour nos élus ? Comme la première l’est déjà, puisque c’est nous qui l’offrons, la deuxième pourrait servir aux courses de bobonne, sans que cela ne coûte rien ?
On s’étonne que Pierre-Yves Jeholet n’y ait pas pensé aussi.
C’est comme le logement. Pour relancer le secteur, pourquoi ne pas exiger une maison sur les lieux de travail pour chacun de nos dignitaires ? Ainsi, ils pourraient donner à louer la leur et amélioreraient d’autant leur maison de campagne des loyers perçus. Quand on pense aux frais de Verhofstadt en Toscane où il a quelques hectares et une maison ancienne à rénover, cela serait bienvenu qu’il arrondisse ses fins de mois par la location de son modeste bungalow de Mariakerke.
Le secteur du bâtiment en serait requinqué.
Comme ils le disent tous, il faut sauver les emplois et comment faire mieux que d’en créer ?
On connaît la vie difficile de ces grands travailleurs et bientôt grands malades à cause de leur envie de créer des emplois dans l’ORECA, les longues heures passées au restaurant devraient leur valoir quelques moments de détente, quoi de mieux qu’une maîtresse pour nos dévoués et un amant, pour nos dévouées ?

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Sous le sceau du plus grand secret, évidemment, ils et elles percevront des allocations spéciales pour un deuxième ménage. Cela éviterait des scandales, comme par exemple, un ministre surpris dans un bar new-yorkais… ou un autre réputé pour ses franches accolades, soupçonné de coucher avec de la militante fraîche, sans attendre le Premier mai.
Les nids d’amour emménagés sous les toits sont quand même plus sûrs que les couloirs du Métropole ! Ce serait du bonus pour les femmes et les hommes mariés à ces défenseurs du citoyen en partie fine. La discrétion leur donnerait tout apaisement.
La SNCB vient d’augmenter le tarif senior, il passe de 4 euros à 5 euros, alors que le député et le sénateur ont l’abonnement de première classe gratuit. Ce n’est pas assez. La Nation devrait comprendre qu’en voyageant en train, ces Messieurs perdent une partie de leur prestige. Il conviendrait donc de leur verser une compensation financière à chaque voyage. On pourrait imaginer de porter le billet senior à dix euros afin de constituer un fonds spécial pour les Hauts dignitaires.
C’est toute une philosophie à apprendre. On me pardonnera, mais les emplois dans les chemins de fer sont aussi menacés. Reynders qui, très jeune, avait été pistonné par Jean Gol pour débuter sa carrière d’avocat… dans les chemins de fer, devrait s’en souvenir.
Voilà quelques pistes qui aideront nos économistes à ne pas trop désespérer afin de liquider au plus vite cette fichue année 2009, pour retrouver le rêve et le merveilleux en 2010.
Et qu’est-ce qui les empêche, nos héros nationaux, de produire de nouvelles lois, de nouveaux arrêtés, puisqu’ils peuvent le faire sans rien demander à personne ?
Enfin, il n’est pas trop tard de réfléchir au renflouement des caisses de l’Etat que ces Messieurs Dames contribuent grandement à vider. L’Ancien Régime avait la gabelle. On taxait le sel qu’on produisait ou qu’on importait. Que voilà une bonne idée ! On taxe déjà l’eau. Reste plus qu’à taxer l’air. On a bien sûr des capacités pulmonaires différentes. Les gros poumons paieraient plus cher. Enfin, le MR trouvera bien un appareil de mesure individuel. Cette production de manomètre fera revivre les ateliers de fine mécanique que la crise a gravement touchés. Ainsi des milliers d’emplois seraient sauvés.
Je le dis comme je le pense, avec de la bonne volonté et des idées, d’ici le mois de mai, la crise, on n’en parlera plus !

1 février 2009

Au trou l’esclave !

On est à écouter les conneries des Grands et si on y ajoutait les conneries des petits et que j’y déposais la mienne sur le tas, comment on en sortirait ?
Traduite sur papier la connerie générale, la forêt amazonienne, enfin ce qu’il en reste, disparaîtrait en dix jours.
Pour survivre par l’écologie, faut arrêter tout de suite de bosser. L’usine pollue trop. La nouvelle classe moyenne, celle des élus, l’a compris. Elle soulève plus rien. Même plus les meubles sous lesquels les blattes courent à leur service.
C’est assez malheureux d’aller se salir les mains en usine et s’emmerder entre deux séances de WC, pour encore se réunir après journée. On serait plus avisés de se réunir de la journée pour éventuellement faire un petit boulot le soir, pas trop polluant et de proximité, histoire de faire un peu d’exercice.
Dans le temps, il y avait un petit commerce sous chaque réverbère. Ils ont supprimé l’éclairage de proximité, résultat, le nouveau balaie la rue de son soleil artificiel. Moralité, les métiers de la pénombre savent plus où se mettre !
Avant, les caméras étaient pour les riches, dans les clandés chics, histoire de voir le couple d’à côté faire l’amour. C’était cochon et de bon aloi ! Aujourd’hui, elles sont dans la rue, et c’est dégueulasse… comme s’il y avait encore quelque chose à voler dans les banques.
D’où l’intérêt de la grève. On ferait grève jusqu’à cinq, six heures du soir, après on pourrait aller au boulot, plutôt qu’au bistrot. C’est plus moral.
L’exactitude nous handicape, tous les jours au troisième top à l’horloge pointeuse. Le patron le sait, la fiente, qu’on va pas risquer de perdre une heure pour cinq minutes de retard. Et si personne arrivait à l’heure ? On viendrait quand bon nous semble, l’autre con s’amène bien à 11 heures dans sa grosse bagnole, puis qu’on le revoit plus l’après-midi !
La crise ? D’accord, c’est la faute à qui ? Y a pas plus performant que l’ouvrier européen en équipe ou en solo. Pour le même salaire, il fait dix pièces de plus qu’avant hier. Les pointeurs le trouvent remarquable !... On affiche les performances au tableau d’honneur.
L’usine Toyota a le pompon. L’ouvrier européen a le modèle japonais qui lui pend sous le nez. Ça stimule ! Et au bout du compte, l’usine perd trois milliards à cause de Wall Street, de Bernard Madoff, des banques et du baron du Zwin !
Les gens ne veulent plus de l‘hybride, ça fait « gay » ! C’est pas le moment de rigoler avec ça, déjà que les patrons trouvent plus le manœuvre « viril » ! Quant à la petite japonaise, l’autre modèle, pour entrer dedans faut un petit pénis. Et justement, parce qu’on en a un petit, on veut plus monter dedans.
Le gouvernement se met en colère contre les banques ; mais, c’est le manœuvre léger qu’avance les sous !
On se dit, les lois vont régler ça ! Demandez à Laurette, si elle sait y faire de la belle et de la bonne loi, bien compacte, bien moulée, de ces machins fermes qui tombent dans les lunettes des magistrats.
Ah ! qu’elle serait bien inspirée de pousser pour en faire une, toute dernière, bien longue, bien louable, comme celles que Carrefour se vante de faire venir de Francfort !
Elle en a fait parce qu’on est trop racistes entre nous, qu’on possède trop de kalachnikov qu’on déclare pas, qu’on roule bourré, que c’est une honte de prendre les sous des hôpitaux avec des cartes bleues, sans compter le mariolle qu’a deux cartes de pointage et trois femmes à charge. Pour s’excuser, il nous parle du travail que c’est la décharge avec trois femmes. On le croit pas.
Laurette se félicite de la rigueur. Et pourquoi elle ferait pas une loi pour ceux qui se magnent avec la caisse ? Au lieu du parachute doré, le fer au pied pour la canaille bancaire, le député marlou, l’échevin libidineux, tout ça grâce à Laurette, magicienne des prisons, fée de Fleury-Mérogis, sur le coup, ce serait un dernier plouf… Fourneaux de Dinant, RTL l’a prévenu : ça va chercher dans les cinq ans son machin ! Comme si un seul de ces comiques avait écopé ferme !

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Malgré le concert de louanges du capitalisme renaissant, qu’est-ce que Delpérée, Delwit et nos speakers diraient si nos euros éclataient comme dans une vessie trop pleine ?
Ils en feraient une gueule si l’euro échouait ! Nous ? On est déjà marron, alors qu’est-ce qu’on en aurait à battre ? Même une nouvelle loi de Laurette n’y ferait rien.
Si l’Italie, la Grèce, l’Espagne, bref des pays de la honte de l’Europe, venaient à sortir de l’euro par banqueroute, faillite, enfin tout ce qu’on veut, sans en avertir RTL et nos César de l’économie ?
Si l’euro valait plus rien, parce qu’on s’est trop moqué du dollar ? Qu’Obama se mettait avec le yen pour nous jouer un sale coup, vu qu’on a des chevaux malades dans l’attelage ?
Des journaux trouvent que la copie paierait le déplacement.
Les étourdis, que nous sommes, retrouveraient la patate à cent balles et le chou fleur à deux cents. Comme on est cons, on ferait la gueule. On voyait pas l’inflation comme ça !
Dans le sauve-qui-peut, c’est encore les michetons du dessous qui se tireraient le plus mal du ponton Belgique. Quand la noblesse et les bourgeois sont sur le pont, près des canots, où il est le populo, la mer démontée ? A fond de cale à ramasser les vomis des étages supérieurs ! Déjà décorés avec les lois d’Onkelinx et consort, on pourrait plus se montrer. On pourrait même plus faire grève pour un nouveau costume.
Au trou l’esclave !