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30 septembre 2006

Vaut mieux une fatma qu’une fatwa.

On n’en a plus que pour la religion musulmane, combien il manque de mosquées, qu’est-ce qu’ils pensent de nous à propos des dessins sacrilèges, Charles Picqué mal embarqué dans une polémique sur le port du voile des assesseurs de religion musulmane, les socialistes à l’affût de candidats musulmans pour rester tendance, confondant une politique de gauche avec une politique laxiste d’immigration.
Il y a quelques jours, un opéra de Mozart supprimé pour cause d’irrespect à Mahomet, et nouvelle toute fraîche, un Français, Robert Redeker, professeur de philosophie et essayiste, menacé de mort depuis la parution d'une tribune dans Le Figaro du 19 septembre, dans laquelle il critiquait l'islam et le prophète Mahomet !....
Là-dessus, le Mrax (Le Mouvement de Lutte contre le Racisme et l’Antisémitisme) à la base de l’ébullition des esprits à sens unique, montant au créneau et séparant le bon grain de la bonne parole, de l’ivraie à base d’injures racistes.
Une interview prise à la sortie du lycée de Saint-Orens-de-Gameville (Haute-Garonne) de quelques étudiants visiblement apeurés des retombées possibles de l’article de leur prof de philo, les bombes, les prises d’otages, enfin la trouille complète, est symptomatique d’une opinion malade de peur.
Mais où va-t-on, aujourd’hui, en Europe ?
Vraiment, en tant que laïc et après avoir tant de fois montré les travers, les bêtises et les hypocrisies de la religion catholique, me voilà grandement embarrassé, les autres en face, dix fois pires que les curés, on leur tresse des couronnes de fleurs, on tremble quand un cinglé enturbanné jette ses anathèmes. Merde, c’est décidé, tant que les laïcs feront sous eux en parlant des intégristes du sang sur les mains, ainsi que leurs alliés potentiels qui ne mouftent jamais quand on les voit faire des chichis à la télévision, c’est décidé, je ne dirai plus jamais rien de Benoît XVI et de ces vieux messieurs en robe mauve.
Quand cela m’arrivait, je n’usais d’aucune précaution de langage, cependant, on devait bien sentir que je n’en avais pas au peuple de croyants, que je les respectais selon la définition de Jean-Paul Sartre « un homme, parmi les autres et qui vaut n’importe qui ».
Aujourd’hui, le Mrax oblige, il me serait difficile de me lancer dans la critique des usagers fous d’un coran qui pousse au crime, sans inscrire en préliminaire que je ne veux pas mettre tous les croyants d’Allah dans le panier des intégristes.
C’est un comble quand même.
La trouille ça se communique. Ils vont finir par me donner le traquzire, ces lopettes des villes et villages d’Europe !...
On n’est pas fier.
Et Redeker, le philosophe traqué non plus, qualifié de "porc" sur des pages de forums islamistes jihadistes en anglais et le pauvre de déclarer au Monde « Aujourd'hui, je vis sur le territoire de la République en clandestin. Je suis comme prisonnier, je n'ai plus la liberté d'aller et venir. Je me sens abandonné, dans la mesure où je n'ai reçu du ministère de l'éducation nationale aucune aide logistique."
Ce n’est pas étonnant, qu’aurait-on entendu en Belgique ? « …que son opinion, il se la carre où je pense, que c’est un fouteur de merde, etc. ». Les « braves » si prompts à foudroyer de phrases vengeresses les nazillons d’Anvers, on ne les entend guère jeter l’anathème sur des religieux qui font de leurs ouailles des meutriers. Cela ne les gênerait pourtant pas beaucoup de s’élever contre l’atteinte à la première des libertés : celle de dire et d’écrire ce que l’on pense, sans craindre pour sa vie.

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Et nos ministres, comme leurs collègues français y seraient allés de leur morceau de bravoure en faux derches à huit jours des Communales, comme Gilles de Robien solidaire" du professeur de philosophie, ajoutant cependant : "En signant une tribune libre, cet enseignant a impliqué l'éducation nationale. Un fonctionnaire doit se montrer prudent, modéré, avisé en toutes circonstances."
Est-ce de la modération ou de l’entérite ? On n’a plus le choix. Si Godefroid de Bouillon revenait, il en ferait une de ces gueules !
La question du prof français : « Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ? », nous devrions nous la poser aussi.
Evidemment, c’est délicat, quand on voit Laurette Onkelinx et pas qu’elle s’entourer de gens au passé douteux, et notamment un certain candidat d’origine turque et qui avoue sans ciller qu’avant d’être socialiste à Schaerbeek, il venait d’une formation d’extrême droite turque.
Jusqu’où iront le PS et le PRL, afin d'obtenir quelques voix des milieux ultra-nationalistes dans les communautés d'origine étrangère ?
Ce n’est pas demain qu’on pourra reparler du problème Kurde et du génocide des Arméniens.
Bref, l’Europe à la chiasse, comme l’avaient en 39 Daladier et Chamberlain devant le chancelier Hitler à Berlin.
Décidément, l’histoire rabâche. D’une génération l’autre, on ne se refait pas.

29 septembre 2006

Thérapie entéléchique

-Tu mets la jambe gauche bien droite, tu tires dessus, tu pointes en écartant les cuisses…
-C’est drôle votre thérapie !
-C’est nouveau. Ne sois pas distraite. Concentre toi. Je prends ta taille. Glisse comme pour échapper. Qu’est-ce que tu ressens ?
-Une sorte d’angoisse à me demander pourquoi vous avez besoin que je sois en petite culotte pour l’exercice.
-Tout doit sortir du corps.
-Vous me faites mal.
-Le corps est un chantoir d’où doit sourdre les bonnes et les mauvaises liqueurs.
-Je respire mal. Je sens que je vais avoir un malaise.
-Reprends ton souffle.
-Lâchez-moi la poitrine.
-Voilà, c’est bien. Un peu de théorie.
-Je peux me rhabiller ?
- Tu veux rater la thérapie ? On est en phase. Tu ne sens pas monter en toi des chaleurs inconnues ?
-Je sens surtout que cela va mieux dès que vous me lâchez.
-Amandine, tu n’es pas encore prête. Tu dois faire des progrès, tu sais, pour admettre que ton mari s'est enfui avec ta meilleure amie le jour de la Saint-Nicolas du petit Ferdinand.
-Je sais, c’est pourquoi je suis ici.
-Et comment feras-tu des progrès ?
-En vous faisant confiance. Mais en même temps, je me dis que ce n’est pas bien d’exposer mon corps. Ce n’est pas juste.
-Veux-tu que je me mette nu aussi ?
-Pour la thérapie ? Non, alors. Gardez votre pantalon.
-C’est pourtant ce que nous serons obligés de faire, quand viendra le moment du grand aboutissement.
-Ce n’est pas ce qui est écrit sur le prospectus. « La grande thérapie, sans contact, par magnétisme extra-sensoriel. Par le docteur Youssouf des Facultés ».
-Chaque cas est différent. Ça, c’est la thérapie ordinaire. Mais, je sens ton âme plus tourmentée que la moyenne. Il te faut la thérapie dite du contact saccadé. On reprend. ?
-Qu’est-ce que vous allez encore me faire ?
-Remets-toi en situation, Amandine, je sens ton terrain propice. La taille cambrée, le postérieur ressort au maximum. Attention, le mouvement de balancier. Expulse, propulse, révulse… une deux…
-Qu’est-ce vous faites derrière moi ? Je vous vois dans la glace !
-Tiens bon, Jean Jeudi, hardi mon gars…
-C’est qui Jean Jeudi ?
-Vous n’avez pas lu Henry Miller.
-C’est qui ?
- Un thérapeute de la chose. Avec son Jean Jeudi, il a guéri bien des langueurs.
-J’arrête, je suis en nage.
-Repose-toi mon enfant. Demain, je passerai le relais à Jean Jeudi.
-Le docteur sera là ?
-Oui, mon enfant. Et tu verras la suite logique de cette thérapie de groupe en solitaire. Tu auras le bénéfice de ces trois semaines assez dures de mises en train.
-Il me semble que lorsque je rentre chez moi, je pense moins à Benoît Etienne.
-C’est ce que je disais. C’est lent, mais efficace. Il faut y croire.
-C’est pour demain la grande séance ? Vous n’allez pas encore me demander de me mettre toute nue ? J’espère que Jean Jeudi n’est pas comme vous.
-Non. Demain tu gardes tout. Tu t’allonges et je t’hypnotise. Je sens que tu es réceptive. Cela va marcher.
-Et qu’est-ce qu’on ressent quand on est toute endormie ?
-C’est comme un miel fécond qui coule en toi. Quand je dirai « Benoît Etienne sors de cette femme, il y aura comme un combat. Tu croiras qu’il te pénètre, mais ce sera Jean Jeudi.
-…qui va me pénétrer ?
-…dans ton imaginaire, bien entendu. Au bout de trois minutes, tu sentiras une chaleur de bien-être envahir tout ton corps et tu seras guérie.
-Si ça pouvait être vrai !

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-En attendant, encore une séance d’assouplissement doxologique en l’honneur de la trinité : Youssouf, Henry Miller et Jean Jeudi.
-Vous me promettez que vous ne me tordrez plus les seins ?
-Evidemment, puisque nous sommes en phase mydriasique grâce à la poudre d’ellébore…
-Ah ! vous alors, vous êtes un drôle. Il y a une chose que je vous demanderai pour demain. C’est de ne pas faire sortir Benoît Etienne trop vite de mon corps, des fois que le docteur Jean Jeudi parviendrait à le décider de rester.

28 septembre 2006

Chantal, Robert, Fernand et les autres.

-Si ton meilleur ami voyait ta femme aller à l'hôtel avec un type, te le dirait-il ?
-Ecoute Robert, on en a déjà parlé. Je ne suis pas marié.
-Moi, si.
-Chantal et toi, ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ?
-Sept ans.
-Eh bien, tu vois…
-Je vois quoi ?
-Vous êtes comme les deux doigts de la main.
-Ne m’avais-tu pas dit que tu ne dirais rien, si tu voyais quelque chose ?
-Je me tairais.
-Pourquoi ?
-Parce que je n’ai pas à m’immiscer dans les ménages.
-De sorte que tu ne me le dirais pas ?
-On peut se tromper aussi. Admettons que je voie Chantal entrer dans un hôtel avec un type…
-Tu l’as vue, hein ? Tu l’as vue ?
-Elle pourrait y exercer son métier. Travailler pour l’Horeca. Tiens, je connais un représentant en produit de salle de bain. Il lui arrive d’entrer dans un hôtel en même temps qu’une cliente. Tu sais combien il y a de salles de bain par hôtel à Liège ?
-Chantal est avocate. Je ne vois pas ce qu’elle ferait dans un hôtel avec un type.
- T’ai-je dit le contraire ?
-Non. A quoi cela sert-il, puisque tu ne me le dirais pas.
-Alors te voilà rassuré ?
-Rassuré parce que tu ne me dirais rien ? Je me demande si tu ne te tais pas exprès, pour augmenter mes soupçons.
-Pourquoi tu sais quelque chose ?
-Elle m’a dit au début que son patron lui tournait autour. C’était du temps où elle était stagiaire.
-Et alors, il y a longtemps.
-Oui. Mais, depuis elle ne me parle plus de rien. C’est comme si ce type n’existait plus.
-Elle l’a remis définitivement à sa place. Plains-t-en !
-Sans m’en parler ?
-Une femme n’a pas besoin de son mari pour régler ses sortes d’affaires.
-Alors, tu ne sais rien ?
-Rien !
-Et si tu savais seulement une petite chose, tu me le dirais ?

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-Ah ! on recommence le débat ! Non. Par principe, je ne dirais rien. Quand tu as trompé Chantal, lui ai-je jamais dit quoi que ce soit ?
-C’était un revenez-y de jeunesse d’un seul après-midi.
-N’empêche que tu as tenu à me le dire.
-Oui, puisque tu m’avais rencontré avec la dame.
-Tu n’avais pas besoin de t’expliquer. Je ne te demandais rien.
-Je n’étais pas certain que la solidarité masculine jouerait, puisque tu es aussi un ami de Chantal.
-Tu devrais savoir qu’entre hommes, on garde le secret…
-Bref, si Chantal me trompait tu me le dirais.
-Mille fois non. Tu es obstiné, toi alors.
-Tu n’es pas comme moi. Par amitié pour toi et par solidarité de sexe, je te le dirais.
-Tu veux me faire devenir enragé. Puisque je te dis que je n’ai personne.
-On dit ça…
-Robert, as-tu quelque chose qui te chiffonne à propos de Chantal ?
-Non. je n’ai qu’un vague soupçon. Toi qui la connais, peux-tu me dire…
-Mais qu’avez-vous ? Vous m’emmerdez ! Toi qui me demande si elle a quelqu’un et elle qui me demande si j’ai quelqu’un…
-Comment ça ?
-J’ai voulu dire, que c’est agaçant de toujours répondre la même chose…
-Non Fernand. Tu as dit que Chantal te soupçonnait d’avoir quelqu’un !
-Qu’est-ce que tu vas chercher là ! Tu m’agaces et me fais dire n’importe quoi.
-Ainsi, elle te voit. Elle te fait des reproches. C’est nouveau, ça…
-On s’est vu par hasard. Elle sortait de son étude. On a bavardé. Elle m’a questionné à propos de toi…
-Tu me prends pour un con. Elle t’a reproché d’avoir quelqu’un. C’est un comble ça…
-Elle a voulu dire que je devrais chercher une personne et que ce n’était pas normal que je n’aie personne…
-Tu as dit le contraire ! Si je m’attendais. C’est clair. Elle t’a fait une scène. Elle me trompe avec toi ! Hier soir encore on plaisantait et elle disait que si tu ne trouvais personne, c’est parce que t’es moche ! Et je l’ai crue, la garce…

27 septembre 2006

Une démocratie herméneutique

De quelque côté on reprenne le raisonnement, on arrive au même résultat.
Nous nous saoulons de mots, indifférents à ce qu’ils contiennent. Nous nous nourrissons d’illusions.
Un regret est au bout de chaque tentative. Nous aimerions tant que cela fût vrai, qu’à chaque échec succédât une nouvelle espérance.
Force est de reconnaître, parmi les manières à gouverner les peuples, la seule à ne pouvoir être une réalité, c’est la démocratie !
Oh ! je ne suis pas le seul à le reconnaître. Tous nos mentors le savent. La démocratie est un idéal. Il s’en faut de beaucoup que nous l’atteignions !
Lénine ne disait pas autre chose du communisme. On voit ce qu’il en est advenu.
La navigation se poursuit vers une Atlantide problématique.
D’où la propension du système actuel à se hausser du col.
Alors, que défend-on aujourd’hui, en Europe ?
Après les Grecs, qui y aspiraient avant nous sans pouvoir l’atteindre, les successeurs d’aujourd’hui défendent deux consignes.
1. La démocratie est un but que l’on atteindra un jour, puisqu’on est sur le bon chemin.
2. La boutade qui rendit Churchill et quelques autres célèbres avant lui « La démocratie est le plus mauvais des systèmes, à l’exception de tous les autres » garde son succès.
Avec ça, on est paré contre toutes les dictatures. Ici, c’est mieux qu’en face ! Et ça l’est parfois, quand on compare ce régime à celui de l’Iran.
Cependant la conduite d’un pays par le peuple reste impossible. Ce n’est pas que celui-ci soit à jamais immature, mais il entend rarement la voix de la raison qui passe par le discours diplomatique, d’où la kyrielle de diplomates raisonnant à sa place.
Il y a toujours entre le peuple et le pouvoir une volonté, un intérêt et un raisonnement.
Parfois, cette volonté est honorable.
Exemple. Il est probable que les gens de la rue soient majoritairement racistes en ce pays. Est-ce la volonté du peuple de faire des lois contre le racisme ? On a donc raison de forcer des citoyens peut-être majoritaires à respecter la loi. Ce faisant, on foule au pied le sacro saint principe de la volonté du peuple.
Certains diront, voire ? Peut-être avez-vous tort ? Il y a une majorité pour approuver ces lois.
Qu’est-ce qu’on en sait ? On a été voir ? Y a-t-il eu un referendum ?
Les toujours contents diront « Vous avez un droit de censure, aux élections suivantes n’élisez pas ceux qui ont mal interprété votre pensée. »
Voilà encore une belle manière de mettre à mal la « future » démocratie : la délégation des pouvoirs !
Je délègue mes pouvoirs pendant quatre ans à un type, à un parti, à un gouvernement dont je ne suis pas certain qu’ils respecteront les courants populaires d’une opinion majoritaire !
Et si avec ce mépris-là de l’opinion, la Flandre se réveillait un jour majoritairement à l’extrême droite ?
La majorité du peuple, par le peuple est bien la pierre d’achoppement de nos régimes.

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Quand ils ont raison de craindre le vote sanction du peuple, ils s’en passent ! Personne ne nous a demandé notre avis sur la Constitution européenne.
Un homme politique sait qu’il ne serait pas élu sur une explication honnête des impôts, aussi ne les explique-t-il pas. C’est pour cela qu’on n’en parle jamais, sinon pour évoquer certains allégements.
Celui qui dans son programme revendiquerait des augmentations d’indemnités parlementaires serait certain de ne pas être élu. Cependant, depuis dix ans, il n’est qu’à vérifier les comptes. Ces messieurs se sont bien servis.
L’inégalité des citoyens devant le système électoral belge est flagrante. Bien qu’en principe, tous citoyens ayant l’âge légal peut se présenter au suffrage des électeurs, on en est bien loin. Ce n’est pas si simple. Des barrières existent, moins pour barrer la voie aux farfelus que pour canaliser l’opinion dans des partis « qui jouent le jeu ».
Comment trouver les moyens d’une égalité des chances, alors que l’intrigue, la notoriété, l’argent, à l’intérieur des puissances partisanes, plus que l’adhérent, décident des places ?
C’est impossible.
Quelqu’un a dit « On devrait donner le pouvoir à ceux qui en ont le moins envie. » C’est bien. Mais comment réaliser cela ?
Et tout est à l’avenant. Il semble, comme en philosophie, pouvoir choisir entre le juste et l’injuste, mais la théorie n’est pas la pratique.
La démocratie est une utopie après laquelle tout le monde soupire, mais qui sera toujours inapplicable, tant que les gens ne vivront pas dans la vertu citoyenne absolue.
Le régime actuel s’adapte aux circonstances. Est-il victime d’un terrorisme ? Il devient « terroriste » à son tour, durcissant ses lois et contraignant ses citoyens.
Il se rapproche des adversaires qu’il est censé combattre par les restrictions des libertés.
Le commerce international fait-il pression, le voilà qui propose des régressions de toute nature et des retours en arrière inquiétants. Il prône la mobilité des citoyens dans la course à l’emploi. Il parle de sacrifices nécessaires, alors que le PIB est stable ou en hausse.
Il nous dit que c’est la loi du progrès et que nous devons nous adapter.
Et tout cela avec un raisonnement qui convainc les gens.
Autrement dit, le régime n’est en rien démocratique, il ne s’inscrit par dans un programme d’avancées démocratiques, mais s’éloigne de jour en jour de l’idéal démocratique.
Il existe au-dessus du peuple et au-dessus des gens qui sont au-dessus du peuple, d’autres organisations plus puissantes de commerce et d’industrie que personne en ce pays ne contrôle.
Nous voilà beaux avec nos slogans, notre façon de nous vanter de nos pseudo-libertés, à exposer au monde « ébloui » ce que nous avons le culot d’appeler « une démocratie ».

26 septembre 2006

Un drôle de numéro.

J’en ai à présent une belle collection, je ne sais quoi en faire.
Les moins scrupuleux les jettent négligemment n’importe où pour s’en débarrasser, comme si en les gardant trop longtemps dans les mains, on attraperait une maladie nosocomiale extra-muros d’une léproserie.
Tous finissent dans la poubelle ou dans le caniveau. Pourtant, nous pouvons y lire de grandes leçons de morale, d’admirables définitions écologistes, une description magnifique de Liège, la perle de la Meuse, la cité ardente. Et ce devenir possible, cette magnifique quête de la beauté et de la joie de vivre à notre portée, à la merci d’un geste de la main, d’un simple pointage sur un écran !
L’acte accompli, hop, le conte de fée commence, à condition que votre voisin et le voisin du voisin et ainsi de suite, aient les mêmes gestes, la même pulsion intelligente, sur une seule matinée… un resserrement civique de l’espace-temps.
Et tout ça pour qui ?... des modestes, des gens qui n’en veulent pas, qui disent « non, je n’en suis pas digne » et qu’on pousse dans le dos quand même en leur disant « mais si, c’est toi le meilleur » et enfin, saisis par le bon sens et la clairvoyance de ceux qui les poussent dans le dos, ils cèdent la mort dans l’âme, avec la frousse qu’ils se soient trompés, humbles jusqu’au bout pour appréhender le pouvoir, cette force redoutable qui pourrait détremper leur âme d’acier toute entière portée par le devoir, les changer en un mot, alors que tout le monde s’accorde à dire « Reste comme tu es. Surtout ne change pas ! ».
Enfin convaincus, ils accomplissent une mission, que dis-je un sacerdoce. Ils savent qu’au bout, ce ne sera pas le Mercator qui rapatriera leurs cendres, mais le Moniteur qui établira leur cursus, dans le Te Deum final, quand sur des coussins de velours, des anges porteront jusqu’au chœur de la cathédrale les distinctions et les rubans, qui n’auront qu’un seul sens : l’hommage au destin d’un grand homme.
Ils sont tous ainsi, sauf un.
Il y en a toujours qui vendent la peau de l’ours en vendant la mèche, qui s’estiment les mieux placés, qui crient à l’outrage dès qu’ils ne sont pas choisis.
Celui-là, l’énergumène des parangons, le spécial dénudé, c’est Didier Reynders.
Comment peut-on le vérifier ?
En ouvrant la belle circulaire bleue de 4 pages que tous les Liégeois viennent de recevoir.
Au verso de la première, sous la signature dudit après un texte à la gloire d’une Liège plus ambitieuse et qui a envie de mobilité (par exemple si le signataire pouvait à force de mobilité envoyer Liège du côté de Saint-Tropez, on ne dirait pas non). Sous la signature, donc, une affirmation : Didier Reynders, votre bourgmestre.
Voilà, c’est clair. L’ambition est découverte. Il n’attend pas d’être élu, pour proclamer que le but est atteint… C’est comme si un carabin en première candi vous opérait de la cataracte.
Il est gonflé, Didier.
Il aura beau dire qu’avec lui – on a même envie d’écrire avec Lui – Liège retrouvera son rayonnement de Ville Culturelle, cette ambition affichée gêne un peu par la volonté de pouvoir qu’elle exprime. Et en même temps, il est tellement sûr de ce qu’il écrit, qu’on se retrouve dans les bois de Domrémy-la-Pucelle qu’il foule d’un pas assuré afin de scruter à travers la futaie le dieu libéral, Alexis de Tocqueville, sur son destrier des grands combats qui lui susurre : « Vas-y Didier, elle est à toi, tu es le plus couillu ».
Cependant, triste chute, en page 3 de ladite épître gesticulatoire, les trois personnes en Dieu du libéralisme liégeois : le père Didier, le saint-esprit Defraigne et Jésus le fils de l’autre Forêt, qui ne cache pas sa jeune pousse par manque de modestie.
Ah ! ce triumvir qui offre l’image d’un partage des pouvoirs, déjà, entre compères, avant même de l’inauguration de la nouvelle gare TGV que le « bourgmestre » Reynders ne manquera pas d’inaugurer l’année prochaine, juste avant le nouveau triomphe des législatives.

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Et c’est la triste réalité. Didier n’est pas seul. La barque a des pontonniers en surnombre. La cale craque sous l’étoupe des ambitions. Bref, la nef lockéenne est en réalité un sacré ponton dans les bas-fonds de laquelle les pompes aspirantes ne sont faites que des mille bouches de l’empirisme décadent d’un parti sans idéologie, sans âme, sans autre ambition que celle du tiroir-caisse et la soif méprisable du possédant, prudent navigateur, entre la grosse galette et le pauvre, sur le dos duquel il vit.

25 septembre 2006

Comité de rédaction.

-Messieurs, vous n’êtes pas sans avoir remarqué que le tirage baisse de façon continue depuis l’année dernière. Vous avez une idée ?
-Si on se lançait dans une nouvelle enquête comme celle que Firmin avait imaginée ?
-Vous savez comment ça s’est terminé ? La police a fini par découvrir que c’était Firmin l’assassin de la rue Monulphe, à cause des détails qu’il donnait dans ses papiers. Il a quand même pris 20 ans, bien qu’on ait tenu compte que c’était pour préserver l’emploi.
-Si vous voulez de l’événement dans une ville où il ne se passe rien, comment voulez-vous qu’on fasse ?
-Justement. Vous devez faire une enquête sur ceux qui écrivent qu’il ne se passe rien.
-Sur nos confrères ?
-Vous appelez ça des confrères ? Des gens qui relatent le non-événement, qui s’extasient quand une autorité fait un pet ?
-N’est-ce pas ce que nous avons toujours fait ?
-Oui. Mais nous le faisions dans un sens. Tout le monde sait que notre journal est libéral et pour qui il roule. Par contre, nous avons toujours été durs avec les autres.
-Et alors, où est la différence avec eux ?
-Mais, malheureux, vous ne voyez pas dans quelle impasse nous sommes ? Aujourd’hui, tout le monde roule pour tout le monde. Dès qu’une autorité quelconque fait ou dit quelque chose, la meute se récrie au miracle, à la grandeur du personnage et cela qu’il soit de droite ou de gauche.
-Que faudrait-il faire ?
-Faire une enquête sur ceux qui sont contents de tout, quoi qu’il arrive. Les marchands de bonheur, les mielleux, les énamourés du pouvoir…
-Il y en a beaucoup.
-Vous en prenez quelques-uns au hasard. Vous ne les lâchez plus. Je veux savoir pourquoi en se réclamant d’un parti, ils acclament ceux d’un autre bord. Pourquoi ils sont devenus politiquement asexués.
-Mais pour vendre leur soupe à la majorité apolitique, pardi.
-Evidemment, mais il y a encore d’autres raisons.
-Par exemple ?
-Un gars qui place sa famille dans l’administration n’est pas certain que la législature suivante aura la même couleur, alors il se méfie. Plutôt que de retourner sa veste au bon moment, n’est-ce pas plus utile pour lui de vanter les mérites de tout le monde ?
-Vous croyez que notre soutien au libéralisme est devenu obsolète ?
-Non. Mais je crois que notre ultra libéralisme pourrait s’accommoder d’un socialisme libéral. Et qu’aujourd’hui parce que les mots ne veulent plus rien dire, il conviendrait de faire comme tout le monde.
-Vous nous dites qu’il faut faire une enquête sur le pourquoi des mielleux, alors que vous vous apprêtez à faire la même chose.
-C’est quoi le plus important ? Le tirage oui ou merde ?
-C’est une contradiction.

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-Non. Parce que nous, nous conserverons notre tête et notre façon d’être et que si nous devenons opportunistes ce sera pour la bonne cause.
-Qu’est-ce qui nous distinguera des autres ?
-Notre idéologie, sous-jacente, permanente et lorsque nous tresserons des couronnes de laurier à nos adversaires, nous ne manquerons pas d’y glisser quelques épines.
-Nous finirions par être découverts et les mielleux auraient beau jeu de nous mettre en boîte. C’est bien connu, les mielleux ne tirent à boulets rouges que sur ceux qui ne le sont pas, leurs seuls ennemis, puisqu’à leur lecture, le public découvre ce que les mielleux sont.
-C’est là justement que votre enquête pourrait se révéler payante. Nous n’aurions plus qu’à les calmer en divulguant leurs secrètes pensées, leurs affiliations sous le boisseau, leurs parrains dont ils sont indirectement complices, etc…
-J’ai compris. Vous voulez renouer avec une presse polémiste. N’avez-vous pas peur de tomber dans les travers de la presse people ?
-C’est le danger. Mais nous pouvons nous en prémunir en évitant les cancans du vedettariat télévisuel, en ne relatant que du politique, de l’économique et du social.
-Et tout ça dans une optique libérale ?
-Bien entendu.
-Alors, nous allons avoir du mal…

24 septembre 2006

Dévolution.

- Et alors ?
- On en a quatre !
-Lesquels ?
-Justement, on est toujours en pourparler.
-Pour celui de Premier ?
-Ne rêve pas, Jean-Louis. Tu sais bien que ce sera pour un Flamand.
-Si on ne sait pas, pourquoi tu nous as réunis ?
-Il y en a deux dont on est sûr.
-Lesquels ?
-D’abord celui des Affaires sociales, de la santé et de l’environnement.
-Encore celui-là !
-J’y tenais.
-Tu sais bien ce que j’en pense. Foutre l’environnement avec les affaires sociales, pourquoi pas faire un ministère de la météorologie, de l’urbanisme et des affaires sociales ?
-Tu sais bien que nous ne pouvons pas le laisser aux autres. Qu’est-ce que les gens diraient ?
-Pour ce qu’on y fait…
-Justement. Le risque serait grand de le laisser aux autres et qu’ils y feraient plus que nous…
-Et l’autre ?
-La fonction publique.
-Là, je dis bravo. Il nous avait échappé la dernière fois.
-Oui. T’as vu l’avalanche des emplois ?
-Et les gens d’en face qui se sont sucrés…
-On va se rattraper.
-Oui. On a du retard.
-C’est pas tout, ça. Qui on va mettre à l’environnement de la santé sociale ?
-T’es drôle…
-Je pensais à Chose… Attends, son nom m’échappe.
-Ah ! Chose, je sais qui tu veux dire. Un belle prestance, grande gueule, avocat. Même qu’il a fait refaire toutes ses dents au cas où ? Comment s’appelle-t-il encore ?
-Antoine !...
-C’est ça, Antoine.
-On lui doit bien ça, depuis qu’il attend.
-Surtout que sa fédération est importante. Elle marche bien…
-Il n’a pas de scandale, des affaires en cours…
-Tu crois qu’il acceptera ?
-Lui ? Tu rigoles ? Il prendrait même les affaires étrangères, alors qu’il ne parle pas l’anglais…
-Ni le flamand…
-Qu’est-ce qu’il parle ?
-C’est difficile à dire. Pour un avocat, il est confus…

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-Donc, je téléphone demain.
-Et l’autre ministère ?
-Vous allez rigoler. J’avais pensé à Roger !
-Non ! On va avoir des ennuis.
-Pourquoi ?
-Il est parfaitement nul.
-Tu sais bien à la Fonction publique que c’est le bureau qui décide des nominations. Roger n’aura plus qu’à signer.
-Et les discours ? Tu sais comme il est… Tu n’as pas peur des gaffes.
-J’ai toujours fait les discours de tout le monde. Je ne vois pas pourquoi je ne ferais plus les siens.
-Encore un avocat !
-Et alors, tu l’es bien aussi.
-Oui, mais moi c’était uniquement pour faire de la politique. Alors que Roger !...
-Quoi Roger ? Il était dans un cabinet d’affaires…
-Ils ont été inquiétés par la justice.
-Tu connais un cabinet d’affaires qui n’a jamais été inquiété par la justice ? Et puis, le débat est clos. J’ai demandé à ma belle-mère qui le connaît personnellement de lui téléphoner la bonne nouvelle et il est d’accord.
-Alors pourquoi tu nous en parles, puisque tu avais déjà pris ta décision ?
-Parce que dans les deux à discuter, il y en aura un pour toi.
-Tu aurais pu le dire tout de suite. Excuse-moi pour Roger. Surtout ne rapporte pas ce que j’en ai dit à ta belle-mère !
-La tombe. Alors, lequel te ferait plaisir ?
-J’aimerais bien les Affaires intérieures.
-On va essayer, mon bon. On va essayer.

23 septembre 2006

Austerlitz ou Waterloo ?

Le parti du premier ministre n’a plus que 15 jours pour remonter dans les sondages et rester dans la course des Communales.
C’est dire si le laxisme de Laurette Onkelinx est du pain béni pour s’y défausser.
Ayant tourné à la confusion de la justice, une série d’affaires a été tellement diffusée à l’étranger, que des paris se prennent à Londres sur le nombre de détenus qui se feront la belle des prisons belges d’ici à la fin de l’année. Parier qu’il n’y en aura pas va chercher dans les 100 contre 1 !
Bien entendu Laurette ne va pas elle-même fermer les portes des cellules. On ne l’a pas vue non plus au briefing qui consistait à faire coffrer Bahar Kimyongür par les Hollandais pour l’expédier en Turquie, comme elle n’a pas assisté au fameux match aux côtés de l’assassin présumé de Jo.
Cependant, toute cette justice déliquescente est le résultat d’une politique du PS dont la stratégie a préféré à la justice sociale, la réinsertion sociale des délinquants.
Les petites gens qui constituent l’essentiel de la clientèle du PS semblent n’être plus sur la même longueur d’onde que les avocats qui règnent en maîtres dans les allées du pouvoir de ce parti.
Alors, si Verhofstadt poussé par l’urgence souhaite ne plus libérer des truands au tiers, voire au quart de leur peine et faire faire un tour de vis à la Justice, dame Laurette a sur le dos l’erreur du PS en la matière. Même si elle est manifeste, cette erreur ne peut pas se rectifier ainsi sans donner ouvertement tort aux innombrables psychologues et techniciens sociaux qui font qu’aujourd’hui la justice est une formidable passoire et une énorme plaisanterie pour la pègre européenne.
Elle aura beau argué que la magistrature est libre et indépendante – ce que personne ne croit – elle ne pourra pas terminer la législature en refusant de prendre ses responsabilités, rejetant les fautes et les errements sur l’ensemble du ministère à l’exception de son bureau.
Depuis l’abandon du schéma de la lutte des classes, le PS suit une stratégie centriste dont le réformisme est encore à trouver. Si bien qu’il ne peut vraiment proposer une autre alternative sociale que celle des libéraux, sinon chipoter sur quelques chiffres et donner quelques broutilles aux plus mal lotis de l’aventure capitaliste, comme l’aumône aux pensionnés juste proposée à quelques mois des élections communales, comme par hasard.
Pour démontrer à ceux qui ont la mémoire courte ou l’acquiescement facile - les opportunistes qui s’en vont montrer leur carte du parti à l’envi en espérant retirer quelque chose de leur soumission - le PS est à la pointe de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, mais il le fait de telle manière et avec de tels gros sabots, qu’il renforcerait plutôt l‘extrême droite. En effet, sa stratégie conduirait à museler complètement le pays sur cette question, ne donnant aucune possibilité aux pour et aux contre de s’affronter dans une saine dispute. Il complète sa panoplie de parti de « progrès » par une socialisation de la justice, à défaut d’une socialisation tout court de l’Etat, confondant systématiquement les genres afin de passer progressiste et réformiste.
Cette politique est une catastrophe dans les faits.

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Aussi, Di Rupo depuis quelques temps aboie avec les loups et revient sur une idée plus libérale de la rigueur en matière de délinquances et de justice.
Jusqu’à présent, il n’a pas lâché Laurette Onkelinx qui navigue entre deux courants. Le peut-il vraiment ? N’est-ce pas lui qui fomente les coups et distribue les consignes de stratégie ?
Nous verrons à l’ampleur de la casquette que son parti va gagner à Charleroi, si tout ne va pas changer pour les législatives de l’année prochaine. Un statu quo ou une défaite honorable, gros QI pourrait reconduire en l’atténuant, tout ce qu’il a mis en place depuis longtemps en matière de justice. Un grave revers, et c’est le bouleversement de fond en comble de toute sa politique actuelle.
Quant à l’opinion publique, l’Aigle de Mons n’en tient compte qu’à travers les sondage et avec lui l’ensemble des élus PS.
Il n’est pas loin de considérer que les bals du bourgmestre, les bains de foule et les festivités communales et wallonnes suffisent avec ses discours pour laisser la barque à flot.
Nous saurons bientôt s’il a raison.

22 septembre 2006

Faut être trois pour la double

Interdite pendant longtemps par la religion qui faisait la pluie et le beau temps en ce domaine, il y a à peine un demi siècle, la pornographie est devenue un produit de consommation au même titre que les frites et le GSM. Encore que repoussée sous le boisseau par les utilisateurs eux-mêmes comme étant leur côté honteux, elle est couramment utilisée pour satisfaire nos besoins sexuels ou en guise de zakouski aux préludes d’un après-midi du faune. La pornographie a intégré notre quotidien au moment où nos quotidiens en sortent. C’est qu’on ne la découvre pas dans nos journaux. Tout au plus nous donnent-ils quelques bonnes adresses sous prétexte de réclames ou d’emplois vacants dans les bars périphériques où l’on peut la trouver.
Elle existe à présent, sous tellement de formes qu’on pourrait presque dire que les 300.000 sites de cul sur INTERNET n’en donnent qu’une petite image. Les vidéocassettes, les films pour adultes, les peep-shows, les lignes érotiques et le cybersexe, complètent les « lieux » jadis infréquentables mais que beaucoup fréquentaient. Variée et facilement accessible, la pornographie pourrait se présenter sous la forme libératrice d’une sexualité en déroute en dévoilant les fantasmes et en foulant aux pieds les tabous de notre époque.
C’est surtout une marchandise qui se vend bien et cher, donc qui rapporte gros aux macs reconvertis et aux commerçants du genre qui pensent que l’argent n’a pas d’odeur.
On s’en fout un peu de qui se fait du blé et avec quoi, l’essentiel n’est-il pas de se faire reluire à une époque dominée par la grisaille ?
C’est que la pornographie a toujours existé, mais qu’elle était le privilège des riches et absolument interdite aux pauvres qui risquaient d’y laisser le talent et l’énergie nécessaire au travail.
Elle est devenue populaire. Et, quand on n’y regarde pas d’un peu près, qui s’en plaindrait ?
Les féministes dénoncent cette conception de la sexualité. Pour nombre d'entre elles, la pornographie ne fait que reproduire les attitudes sexistes et violentes de notre société à l'endroit du sexe faible, la pédophilie étant autre chose, que l’on a raison de traquer et de proscrire. Elles oublient que le plus humilié est encore ce que les pornographes américains appellent « shemale », c’est-à-dire un homme avec ses attributs exploitant son côté féminin et qui s’exhibe et se prostitue sous des habits de femme.
D’autres arguments dénoncent la violence sexuelle que la pornographie suppose, en contribuant à diviser les sexes et à entretenir une image fausse et mythique de la sexualité et des rapports humains.
Cependant, les féministes, en dénonçant toute forme de nudité ou d'expression sexuelle, en arriveraient presque à trouver tout acte sexuel répugnant, alors que les parties fines de jambes en l’air sont aussi vieilles et même de tradition chrétienne, qu’il serait aisé de tirer de la bible un sacré film porno.

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D’abord, qu’est-ce que la pornographie ? C’est quoi l'obscénité et la sexualité explicites par rapport à l'érotisme ? C’est à peu près aussi difficile de tracer les frontières entre la pornographie et l’érotisme qu’entre le bon goût et la vulgarité.
Pour la fine définition, il y a toujours un Comité quelque part, une coterie collégiale, un bureau de réflexion, une sexologue de télévision qui y vont de leur autorité en la matière. Ici, c’est un bidule canadien qui se lance :
« La pornographie signifie la représentation ou la description de comportement violent ou dégradant ou de comportement causant ou pouvant causer le décès d'autrui, lequel comportement, infligé par une personne à une autre ou par cette personne à elle-même, est représenté ou décrit dans le but manifeste de stimuler ou de gratifier sexuellement le spectateur, le lecteur ou l'auditeur; comportement, en outre, qui donne l'impression d'être prôné ou approuvé. »
Avec ces Canadiens-là, même le style devient obscène.
On voit que les julots ne sont pas d’accord, la clientèle non plus.
S’en suivent des descriptions d’actes manifestement pornographiques qui font que, sans le vouloir, les auteurs tombent eux-mêmes dans le vice qu’ils dénoncent.
Ce blog extrêmement pudique et réservé ne livrera donc pas les élucubrations masturbatoires des dames patronnesses du Québec.
Quant à savoir si la branlette est un acte dégradant puisqu’elle produit des conséquences négatives chez l'individu selon les toqués de la feuille d’érable, on est prié d’essayer pour voir avant de conclure
Comme il n'existe pas de consensus sur ce qu'est la pornographie, on en conclut que la pornographie, c’est comme la philosophie. Quand on l’aborde, on pose beaucoup de questions dont aucune n’a de réponse.
Comme dirait Mermet : « Nous vivons une époque formidable ».

21 septembre 2006

La violence a de l’avenir.


Ce n'est pas rien tout ça, les bellicistes et tous les mots en iste jusqu’aux enculistes sont assurés d’avoir du pain d’explosif sur la planche.
N’empêche que derrière les lois, les règlements, les horaires, les façons de dire ceci pour avoir ça, la manière de gueuler « tu ne tueras point » en égorgeant les autres, les pauses, les embarras, les interdits « jette ta clope mon pote » jusqu’à « il est interdit de se pencher au-dehors », la vie se complique plus on est nombreux. La guerre la simplifie.
Le territoire, le pré carré, l’environnement semblent rétrécir, comme lorsque après avoir quitté la maison de son enfance, revenant 20 ans plus tard adulte, on trouve tout fort petit, réduit, alors qu’on croyait que c’était immense. Sauf qu’ici les objets, les aires de marche, les terrains de jeux sont restés les mêmes. Ce sont les foules qui ont grossi, mais l’effet de rétrécissement est le même.
Comme l’homme moderne est territorial et agressif, hostile et intolérant vis-à-vis des étrangers, ce n’est pas peu dire que les lois contre le racisme ne sont pas du tout le cri du cœur d’une unanimité généreuse, mais plutôt le pressentiment de quelques-uns qu’une catastrophe est prévisible, si l’on ne tente rien. Pourtant cette loi, pétrie de bons sentiments, ne correspond ni au système économique, ni aux instincts grégaires. Il n’est qu’à lire Conrad Lorenz dans ses observations sur les animaux pour connaître qu’en règle générale les espèces ne transigent pas sur les notions de territoire et d’exclusion, et ce des grands singes aux épinoches.
Cela ne veut pas dire que ces lois contre le racisme ne sont pas nécessaires. Au contraire, elles sont indispensables, ne serait-ce que pour empêcher une explosion générale de haine et de refus des autres. Mais, elles ne sont pas naturelles. Elles sont là parce qu’on ne peut faire autrement.
L’homme vit au sein d’une structure sociale autoritaire où l’affirmation de soi par la compétition ne sert qu’à caractériser le pouvoir du mâle victorieux.
Aujourd’hui en Europe, le racisme ne servant plus officiellement d’exutoire, l’homme des villes porte son attention sur des formes dérivées d’exclusion.
Raciste le propriétaire qui vit dans mille mètres carrés avec piscine, par rapport à l’ouvrier qui vit sur 32 ! Raciste le directeur qui occupe tout le dernier étage du building où sous lui s’entassent deux cent personnes de son entreprise. Et l’on pourrait multiplier les exemples qui toucheraient aux voitures, aux vacances, à la vie de tous les jours, jusqu’à la consommation des œufs d’esturgeon.
Les villes et les grandes concentrations humaines sont assez récentes dans le parcours de l’humanité. Ce qui est inscrit dans notre héritage génétique, le rejet des étrangers et le penchant à la violence, ne pourra pas disparaître du comportement de l’homme social, parce qu’un législateur aura décidé qu’il en sera autrement, d’autant que le « chacun chez soi » a complètement disparu depuis le brassage rapide des populations par les voies aériennes.
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part sont à présent nés partout pour n’être de nulle part.
Le racisme, la violence, l’exclusion du non-identique ne sont pas abolis parce qu’il existe des lois qui les condamnent.

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Ce qui tend à disparaître, c’est une certaine logique qui partait de l’instinct pour induire un mieux éthique et social. On aurait mieux fait de « condamner moralement » les propos racistes que de les interdire.
Dans nos sociétés, on interdit ainsi abruptement tout ce qui dépasse d’une morale puisée dans « Les malheurs de Sophie », sur le temps que le racisme généralisé se moque des lois sous cape.
Quelques plaintes et quelques procès retentissants entretiennent notre mémoire. Il s’agit le plus souvent d’intimider des groupes d’extrême droite en les privant de la parole.
De toutes les entités humaines qui quadrillent la terre de barbelés et d’interdits, la société européenne est apparemment celle qui depuis 45 a oublié ce qu’était la guerre, si l’on excepte les Balkans (dont la fureur a été canalisée vers des solutions pacifiques).
Mais cette paix inclut une interrogation : « Comment nous passons-nous de faire la guerre ? », quand on voit tant de régions du monde vivant perpétuellement sur le qui-vive et les armes à la main !
Malgré les lois, nous transférons des énergies dirigées vers l’extérieur dans une projection raciste inédite vers l’intérieur. La violence sociale, la haine des étrangers, la lutte pour préserver ou agrandir l’espace personnel sont autant de guerres que nous menons qui remplacent la grande, celle qui remplit le mieux les cimetières.
Cette vie sans guerre, n’est pas la paix trouvée. Elle nous oblige à inventer des ennemis parmi nous, à innover dans des systèmes sociaux organisant la survie des pauvres, pour ne pas qu’ils tentent des pronunciamientos.
Elle canalise le flux naturel pour la guerre vers de petites haines diffuses, confuses, à peine contenues et perceptibles au raz des trottoirs des villes.
On se demande ce qu’il arriverait si à nos frontières éclatait un conflit qui mettrait aux prises les musulmans et le monde occidental ?
Sans doute verrait-on les lois combattant les instincts voler en éclat et le racisme triompher, comme il triomphe déjà ailleurs, lorsqu’on brûle à Rabat des drapeaux étrangers ; que des soldats américains sont détruits en effigie à Damas, et l’image de Chirac lacérée à Téhéran.
L’avenir de la violence défie l’imagination.
L’individu en rut est capable de tout.
La guerre a quelques belles années devant elle.

20 septembre 2006

La justice n’aime pas l’extrême gauche.

C’est du propre, on savait les fonctionnaires des cabinets de la Justice et de l’Intérieur remontés depuis toujours contre l’extrême gauche, même si celle-ci est pratiquement inexistante, on ne les savait pas capables d’exporter leur haine à l’étranger au point d’aider un pays comme la Turquie, en butte à ce genre d’opposition.
Eh bien ! voilà qui est fait et traduit, une fois de plus, la sévérité de beaucoup de ces gens de l’ombre haut placés, à l’encontre de ceux qui se réclament du peuple. Notez qu’ils partagent cette répulsion avec les syndicats dont la FGTB. Il fut un temps où il n’était pas bon d’être trotskiste quand on était délégué syndical à Cockerill et à Caterpillar non plus, d’ailleurs.
Gaffe à la hauteur du chef de cabinet ?
Laurette Onkelinx ne serait donc pas solidaire de ses fonctionnaires et pas responsable des conneries de ses subalternes ? A quoi elle sert, alors ?
Voici, pour plus de clarté, ce qu’on peut lire sur le site de Josy Dubié à propos de cette nouvelle affaire.
« Piégé par la Belgique, Bahar Kimyongür, ressortissant belge, a été arrêté aux Pays-Bas le 28 avril et risque d'être extradé vers la Turquie. Le sénateur Josy Dubié a interpellé la ministre de la Justice Onkelinx ce 22 juin, en révélant un document du parquet néerlandais: il établit que ce dernier a été prévenu par la justice belge de l'arrivée de Bahar Kimyongür en territoire néerlandais. Le procureur néerlandais écrit: «Il y a eu un entretien le 27 avril 2006 entre le parquet fédéral belge et le parquet néerlandais. Durant cet entretien, le collègue belge nous a communiqué l'information selon laquelle le suspect pourrait être présent le samedi 29 avril aux Pays-Bas. Il a été précisé que le suspect était signalé internationalement par la Turquie.» La Belgique ne peut pas expatrier un Belge, mais en prévenant les autorités néerlandaises, elle a décidé de livrer Bahar à la Turquie. »
Voilà bien dénoncé le côté crapuleux de cet acharnement sur un sujet belge, membre du DHKP-C, une organisation d’extrême gauche, réduit à l’état de sous-citoyen dans ce charmant pays qu’est la Turquie, pays dont on veut faire à tout prix un partenaire européen !
M. Kimyongur relâché le 4 juillet pour “manque de motifs”, la justice néerlandaise a indiqué que la Belgique était intervenue dans cette arrestation.
Qu’a fait M. Kimyongur ? Il dit n’avoir fait que traduire des tracts.
Avec d’autres, il a cependant été condamné en première instance, sur réquisitions du procureur fédéral Johan Delmulle, pour appartenance à une organisation terroriste, au tribunal de Gand le 28 février 2006, en même temps que Fehriye Erdal. Avec d’autres aussi, il est allé en appel, le procès étant du reste en cours. Lundi, M. Delmulle a requis de lourdes peines (10 ans pour le chef Musa Asoglu, 5 ans pour Erdal et Kimyongur) parce que “la Belgique ne doit pas devenir un port franc du terrorisme”.

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C’est comme ça qu’on est à Gand et ailleurs.
Une plaque tournante de l’intégrisme musulman, la Belgique ? Port franc d’illustres barbus ? Mais bien sûr. On en parlait encore l’autre jour sur ARTE. Par contre, un gauchiste belge d’origine turque dans le collimateur de la justice, c’est 5 ans bien tassés, et hop à l’affaire suivante.
En Belgique la justice à l’extrême gauche en horreur, ce n’est pas nouveau, peut-être afin de justifier de son impartialité quand on renvoie devant les tribunaux quelques trublions d’extrême droite ?
Ce n’est pas une justice de classe, puisqu’il paraît qu’il n’y en a plus en Belgique. C’est une justice centriste. C’est ainsi que se déterminent aujourd’hui les partis de pouvoir.
On en serait resté là et les « gauchistes » auraient fini par moisir en prison sans que personne s’en émeuve, si pour Kimyongur un fait nouveau n’était venu mettre l’Haut-lieu des ministères dans le caca : l’apparition d’un rapport d’une réunion tenue à l’initiative de la Justice au Centre de crise (ministère de l’Intérieur) à propos de Kimyongur le 26 avril dernier – deux jours avant son arrestation. Une réunion de 25 hauts responsables, des cabinets du Premier ministre, de l’Intérieur, de la Justice – la chef de cabinet adjointe de Mme Onkelinx, Pascale Vandernacht, présidait –, de la Police fédérale et de la Sûreté de l’Etat, de MM. Delmulle et Bernard, pour le parquet fédéral, du parquet d’Anvers, de la police d’Etterbeek, etc. Jacques Raes (Centre de crise) en a établi le procès-verbal de 7 pages, dont “La Libre” a eu connaissance. »
Voilà bien les boys d’Onkelinx démasqués et la Libre Belgique de conclure : « Si cette version est exacte, elle a un goût insupportable : celui de la machination d’Etat contre un citoyen qui, quoi qu’il ait fait ou pas, dispose de droits. Est-ce le cas ? »
Le comble c’est que Delmulle, le procureur, faisait partie de cette réunion, ce qui en dit long sur l’indépendance de la justice dont on nous rebat les oreilles.
En dernière nouvelle, il paraît que c’est une erreur et que tout ce que nous rapporte Josy Dubié et la Libre Belgique serait le produit d’une faute de frappe dans le rapport ci-dessus de nos grandissimes justiciers.
Les journalistes, le sénateur, les rapports et d’autres preuves ?... Fantasmes, billevesées, on vous dit ! Et Laurette de conclure avec le sourire qu’on lui connaît : « C’est à cause de l’échéance électorale que les esprits s’échauffent ».
N’importe, elle les cumule ces temps-ci les occasions d’échauffer les esprits.
Je parie que dans le prochain gouvernement, elle exercera ses talents dans un autre ministère, histoire de se refaire une virginité.
Pourquoi pas les finances ? La place va être bientôt libre !

19 septembre 2006

Les religions m’emmerdent…

Ce monde, qui n’a jamais été si cruel, si bombardant, napalmisant, génocidant, est aussi, moralisateur, devenu très prude, très formaliste, très vite outré, très religieux, à croire que les propos trop vifs, les dessins crayonnés, les symboles agités par des personnes ou des organisations sont cent fois plus redoutables que les mines antipersonnel, les rockets et les kamikazes islamistes.
On se fait traiter de raciste rien qu’aux saillies d’une petite blague que les juifs eux-mêmes, jadis, racontaient aux goys, quand la shoah n’était pas encore une fusée capable de contrer symboliquement les kalachnikovs.
Aujourd’hui, tous les malfrats de couleur le savent, pris la main dans le sac, interpellés pour des altercations même mineures avec des passants ou avec les employés des chemins de fer et des bus, ils évoquent l’injure raciste pour justifier leur violence. Et ça marche !
Je me demande même, en poursuivant cette réflexion, si je ne vais pas être traité moi-même de raciste et si pour me disculper de tout soupçon, je ne devrais pas finir ce blog en formulant des excuses et des justifications à n’en plus finir, du genre : « Moi raciste ? Je déteste aussi bien les Noirs que les Blancs (Louis Scutenaire, in Mes inscriptions) à quoi on pourrait ajouter « les cathos comme les musulmans ».
Cela pour illustrer les récents propos de Benoît XVI qui ravivent « la blessure morale » des musulmans depuis l’affaire des caricatures de Mahomet.
Que d’embarras, que de chichis ce monde de tordus attribue aux mots !
Qui oserait encore affirmer aujourd’hui parmi les laïcs que les religions, l’esprit religieux, les pratiques religieuses emmerdent prodigieusement et tapent sur le système les habitants d’une bonne moitié de la planète ?
Qui oserait encore affirmer que la plupart des guerres actuelles sont des résurgences des guerres religieuses du passé et que de Bush, l’évangéliste, à Ahmadinejad, président de l'Iran qui veut rayer Israël de la carte, ces gens sont dangereux ?
Alors, Benoît XVI qui a agité une partie du monde musulman à propos d'une citation reprise d'un empereur byzantin du XIVe siècle sur la propagation de la religion par le glaive, n’est intéressant que par l’anecdote historique ; du point de vue strictement religieux, je n’en ai rien à foutre. Dans les mosquées, c’est comme si l’anathème avait fichu la danse de Saint-Gui aux fidèles… et que je t’assassine une religieuse, que je te plastique une église. Merde ! ce qu’ils sont cons ces fous de dieu !
Parce que si on tombait dans le jeu du délire de tous ces empaffés irréductibles, la planète qui est déjà pas mal chahutée, se retrouverait dans une guerre mondiale généralisée où tout le monde se taperait sur la gueule, sans plus savoir pourquoi.
De quelque côté que l’on prenne le raisonnement religieux, c’est pour aboutir aux pires exclusions, au massacre le plus complet de la religion d’en face. Il faut bien convenir que si les cathos se sont calmés depuis un siècle, par contre, les autres, les musulmans, commencent à nous les casser drôlement. Je sais, il faut faire la distinction entre l’esprit religieux et l’intégrisme religieux, sauf qu’au soir des grands massacres, on s’aperçoit que « c’était toute la chrétienté derrière les Croisés », comme ce seront tous les Arabes, demain asticotés par leurs ayatollahs, qui courront sus à l’Occident.
Au pas cadencé les ouailles, les intégristes seront rejoints par une grosse partie des lambdas de la foi, comme Adolphe a quand même été soutenu par 80 millions d’Allemands avant d’être chahuté par les mêmes en 45 !

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On voit les arguments des barbus. Pour l’Espagne, reconquête du royaume andalous d’Abu l-Hasan Ali ; reconquête de l’empire ottoman en Europe centrale, même si celui-ci n’était que l’aboutissement du rêve de Mahomet II, pilleur d’épaves et massacreurs des Byzantins (les nouveaux maîtres venus d’ailleurs, n’étaient pas plus les enfants du pays que le grand Turc de Molière) ; punition – c’est-à-dire – attentats possibles, dans des pays comme la France qui interdisent le voile islamique dans les écoles ; anéantissement d’Israël par un nouveau génocide prémédité. J’arrête la liste est longue des exigences des islamistes ultras.
Mais, est-ce qu’on ne peut pas dire à tous ces interprètes de « La Loi de Dieu » qu’ils aillent interpréter ailleurs, et que leurs interprétations ne nous intéressent en aucune manière ?
Rien qu’à voir le spectacle affligeant de toutes ces femmes qui avancent un sac sur la tête dans les rues de Téhéran, qui poursuivent leur partie de cache-cache dans les rues de Kaboul, malgré l’offre de Bush de les rendre à la lumière du jour dans le cadre de « sa » démocratie, on se demande : quand verra-t-on ça à Liège ? Et il se trouvera des piqués qui se réjouiront qu’il y ait des femmes courageuses bravant l’opinion publique en suivant leur religion dans ses manifestations extérieures, alors que Mahomet qui était un franc baiseur, n’a jamais dit que Dieu voulait voir les femmes disparaître sous les voiles !
Alors, qu’elles se réconcilient ou continuent à se faire la gueule, les religions, je m’en tapent le coquillard, sauf si elles se réconcilient sur mon dos et que, définitivement classé infidèle, les prêtres de tous les horizons n’aspirent qu’à me mettre la corde au cou !
De toute manière, il se trouvera des Associations, qui se chargent sans qu’on leur demande d’évaluer la morale, pour écrire et expliquer que j’ai parfaitement tort et que c’est bien fait pour ma gueule.

18 septembre 2006

salade liégeoise

L’actualité galope. Richard en a raté de ces événements qui font les gazettes bien remplies !
Ainsi la quinzaine passée, on a fait le plein avec cette histoire de foot qui a permis à un jeune déluré de la lame de se farcir un match entouré de ses sponsors, pardon… de ses éducateurs, la victime encore chaude dans le souvenir des gens.
Entre temps, les discours, les universités d’été de la gauche à la droite, tous prêts à laver plus blanc que la concurrence, auront noyé les problèmes de la justice, dans l’invective et l’incompréhension. On se demande dans ce formidable pays au potentiel si élevé, comment les prédécesseurs ont pu tout rater, d’autant que c’étaient les mêmes !
La halte qui permet de souffler au bout de quatre années est salutaire en tout. Et que les sortants qui sont identiques aux entrants, même s’ils entrent pour la quatrième ou cinquième fois, auront compris la leçon : ils seront encore meilleurs, jusqu’à la perfection absolue !
Richard a raté les militaires qui voulaient monter à l’assaut de la Belgique qu’ils trouvaient trop fade, trop à gauche, trop francophone, enfin trop de tout… et trop peu flamande.
Bizarre quand même cette survie du nazisme en Flandre. C’est comme les joncs au bord d’un étang. On les a tous coupés. On croit qu’il n’y en a plus et, vlan, la saison suivante, voilà qu’ils reviennent…
Demandons-nous comment nos sergents recruteurs s’y prennent pour engager nos troupiers ? Ils n’y vont pas au bon profil, quand même ?
Ces soldats d’un genre particulier voulaient une Flandre dure et pure. Ils se voyaient, après quelques attentats, la petite moustache et la mèche rebelle au grand pèlerinage kaki de la Tour de l’Yser. Ce qui est étrange, c’est qu’après avoir fustigé ces matamores, Leterme s’embarque derechef dans une nouvelle partie de poker menteur avec nos palottins francophones dont le chef de file, Elio, a beau se recolorer les cheveux en anthracite pur, se mettre une épaisseur appréciable de crème bronzante et sourire à 1000 euros la dent, on sent la peur qui sourde avec la transpiration ! Sa Belgique est en danger !
N’empêche, l’égérie de ces soldats putschistes, militaire elle-même et stripteaseuse à ses heures, montre par là un sacré tempérament. Il y a de ces luronnes dans l’armée…
Enfin, hier, controverse de Pascal Vrebos, les participants tous chefs de parti, sauf Elio qui s’était défilé et avait délégué Eerdekens, un avocat qu’il tenait en réserve, controverse donc, a tenu toutes ses promesses d’indiscipline et d’engueulade sur le plateau, à propos de la corruption dans les milieux politiques.
Ils étaient unanimes, le scandale doit cesser et vive l’éthique. Reste à savoir quel genre d’éthique ? A quelques semaines des élections, le sujet était délicat.
Tous, sauf Ecolo, avaient plus ou moins l’un ou l’autre acteur de la vie politique dans les emmerdes judiciaires. Liège n’était pas en reste, mais le pompon est incontestablement Charleroi.

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La difficulté réside dans l’exercice d’une profession antérieure à un emploi électif. L’idéal serait que tous les mandataires soient ou fonctionnaires ou avocats. Ce qui me paraît difficile si l’on veut que la société civile soit un peu représentée ! Quant à la représentation ouvrière, au parlement wallon, quand on y voit un plombier, c’est pour un problème de tuyauterie.
La suite, tout le monde la connaît. Le pouvoir corrompt, ce qui n’est pas peu dire. La jouissance perso des biens publics va de soi, après un moment. Va savoir pourquoi ? On poigne dans la caisse. On fait travailler des employés municipaux à autre chose que ce pour quoi ils sont payés. On entretient des clubs de sport comme jadis les danseuses de l’opéra. Il s’est vu, par le passé, un collectionneur de timbres mettre le personnel communal à contribution, aujourd’hui c’est un marchand de vin. Enfin, un autre ouvre des marchés publics à sa maîtresse sans autre forme de procédure que des contrats sur l’oreiller. Le moins gravement atteint par cette dérive du pouvoir, c’est encore cet échevin qui aurait tenu des propos racistes et qui se trouve dans le collimateur de ce qu’on appelle aujourd’hui « les comités de surveillance », étant entendu que l’opposition ne peut tolérer des mots trop vifs et exprimés sous l’emprise de la colère. Et une démocratie qui ne tolère plus les écarts de langage, est à deux doigts d’autre chose…
Comme quoi, moins on dit, plus on est clean.
Depuis le temps que Richard se répand dans ce blog, il a dû en heurter, des sensibilités !.
De beaux débats pour des professionnels de la jactance qui par essence veulent toujours avoir raison. Comme Monsieur Reynders, par exemple, remis à sa place par Joëlle Milquet, toute en joyeuse commère intarissable. Quand Didier ne sourit plus, son visage change, la peau devient grise. Il ressemble au dernier de sa liste !
On a quand même appris quelque chose, en Wallonie et peut-être à Bruxelles au parlement national, les MR doivent se le tenir pour dit, la future coalition sera CDh-PS, c’est Richard qui vous le dit.

17 septembre 2006

Leurs gueules

Ce n’est pas faire de l’antiparlementarisme primaire en se demandant comment ils/elles passent devant le photographe pour la grande affiche, selon que l’on est une personnalité en bonne place sur la liste électorale, ou le format ticket de bus quand on est à la dernière.
-Chéri, qu’est-ce que je vais mettre demain pour la photo ?
-Te tracasse pas, on verra que ta tête.
ou
-Je vais à Mons chez l’imprimeur du parti. Il paraît que je serai pris en plan américain. Faut-il ou non mettre une cravate ? Et de quelle couleur ?
-File-leur la photo de notre mariage.
-Mais, c’était il y a 30 ans !
-Et alors ? T’as vu les autres ? T’as les moyens de te faire retoucher profond ? Non ?
-Oui, mais…
-T’as vu la gueule que t’as depuis que tu fais trois meetings par semaine dans les cafés ?

Dans cette foire électorale, c’est l’apparence qui prime tout. Avoir la bonne place, le bon créneau, la chaise qui marque sur les tréteaux, être le dernier au micro, rassembleur en diable, l’air compétent et embrasser les bobonnes quand on fend la foule pour rentrer chez soi, et toujours le sourire, ce sourire éternel de l’être qui ne s’épanouit tant qu’avec des militants, voire des citoyens qu’on voit pour la première et dernière fois. Voilà de nos jours les ingrédients qui feront que vous toucherez ou non aux affaires, qu’on demandera votre avis et que vous prendrez un ton supérieur et que, quoi qu’il arrive vous éviterez de perdre la face, même et surtout, quand les questions sont pertinentes et que vous avez parfaitement tort d’y répondre selon des concepts mal raisonnés.
Si vous êtes derrière au deuxième ou troisième rang de la photo de famille, au mieux vous serez conseiller communal dans une commune de moins de cinq mille habitants, c’est-à-dire que vous n’avez aucune chance de gagner la confiance des belges et devenir un haut responsable.
Est-ce pour cela que vous avez moins de compétence et moins de mérite que ceux qui sont devant ?
Certainement non.
Mais c’est une des particularités du drôle de régime dans lequel nous pataugeons, c’est de constater que la vraie démocratie est impossible et que, dès lors, il faut bien nous contenter de son ersatz.
Comment, en effet, élire les meilleurs et les plus honnêtes ?
Si le désir d’avoir les meilleurs citoyens au service des Communes et bientôt de l’Etat, c’est faire de l’antiparlementarisme primaire, comme il est dit au début de ce blog, alors la faute en revient aux philosophes, à l’Histoire et aux politiques eux-mêmes.
Certes, nous ne sommes plus à Florence au temps des Médicis, mais comme le texte ci-dessous de Machiavel est troublant ! Et pourquoi l’est-il ? Parce qu’il y a dans ces lignes un fond de vérité éternel, qui n’est pas tant un avis donné à un prince, qu’un décrit de l’homme de pouvoir.

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« Un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible et que les raisons qui l’ont déterminé à promettre n’existent plus ; tel est ce précepte à donner. Il ne serait pas bon sans doute si les hommes étaient gens de bien ; mais comme ils sont méchants et qu’assurément ils ne vous tiendraient pas leur parole, pourquoi devriez-vous leur tenir la vôtre ? Et d’ailleurs un prince peut-il manquer de raison légitime pour colorer l’inexécution de ce qu’il a promis ? »
Les prétendants à des emplois citoyens que départageront les urnes des élections d’octobre devraient bien méditer cette autre affirmation, celle de J-P Sartre pendant les événements de Mai 1968.
« La revendication a changé de caractère, ce n’est plus le problème de la propriété qui est au premier plan mais celui du pouvoir. Dans la société de consommation on ne demande plus, d’abord, à posséder, mais à participer aux décisions et à contrôler ».
Force est de constater qu’en 2006, si les décisions se poursuivent, le contrôle de l’économie a échappé des mains du politique, qui, dès lors, a tout son temps pour le concentrer sur la tête du citoyen, d’où la pluie d’arrêtés communaux et d’Etat qui tous restreignent nos libertés, alors que l’industrie en s’internationalisant supervise désormais ceux dont c’était la mission.

16 septembre 2006

Blair aux affaires, Tony au départ.

Tony Blair a raison de nous gourmander à sa manière, avec son amour total de l’Amérique, il nous trouve bien tièdes dans l’acte de foi en la grandeur d’une démocratie de laquelle nous devons tout. Mais c’est ainsi, parmi les Européens, les Belges et les Français sont les moins exaltés et les moins reconnaissants. Aussi Tony Blair ne nous aime pas. C’est lui qui a brisé le rêve de Verhofstadt qui se voulait le Président de la Commission européenne. C’est encore lui qui s’est dissocié de notre refus de s’en aller croiser le fer avec les troupes de Saddam, qui ne veut pas de l’Euro et qui n’est Européen que pour mieux torpiller toute initiative qui ferait sortir l’Europe de la notion keynésienne du Libre Echange.
Bref, ce magnifique partenaire nous quitte dans un an, parce que son parti Le Labour, l’homologue de nos rosés, se voit en perte de vitesse à cause de la minceur de la doctrine qui le sépare des Conservateurs.
Mais, qu’est-ce que ce champion du socialisme « couche-toi-là à l’anglaise » nous laisse ?
Le regret de Margaret Thatcher ? Pour certains homme de gauche, paradoxalement cela se pourrait.
Il nous lègue surtout l’exemple d’un socialisme accompagnateur, dérivé si l’on pourrait dire du libéralisme dit démocratique, ce dernier terme accolé au précédent, on ne saurait dire pourquoi.
Et surtout, il est le symbole d’un rapport de force déséquilibré entre les nouveaux riches d’un marché financier qui travaille depuis dix ans à l’anglaise et les nouveaux pauvres victimes de la dérive des inégalités à l’américaine.
On se souvient qu’à l’issue des « Trente glorieuses » les inégalités avaient reculés en Belgique. Une étude montre que l’écart qui séparait les 10% de pourvus aux autres citoyens avait atteint son niveau le plus bas dans la décennies 70-80, de même les détenteurs du patrimoine en détenaient 60% en 1960 et 54% en 1985.
Depuis cette date, l’assiette anglaise a retourné la situation.
Aujourd’hui, grâce à la flambée de l’immobilier et de la Bourse les revenus du capital galopent et les revenus du travail plongent.
L’effet anglais joint à la profonde hypocrisie du socialisme européen ont permis ce petit désastre social avec comme cerise sur le gâteau, les revenus des chefs d’entreprise et les hauts dirigeants ont augmenté de 260 % par rapport aux gagne-petit de leurs univers concentrationnaires de production.
On s’en doute qu’un tel renoncement au progrès, qu’un tel accompagnement des piroguiers attendris par les sirènes du Mississipi, font qu’on se demande par les temps qui courent si la gauche européenne à conscience que le laxisme anglais a engendré les évolutions sociales vers le bas qui sont le lot des travailleurs européens, ou bien si elle estime avoir fait son boulot, et avoir usé de la force de ses électeurs au travail, pour distribuer à chacun sa part de prospérité ?
Car, c’est cette dernière alternative qui va être le leitmotiv de la campagne électorale d’octobre en Belgique, comme il sera le « cri du cœur » des militants du Labour au départ de ce cher Tony, en 2007.

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De quoi demain sera-t-il fait si notre « conducator » Di Rupo poursuit sa séance d’hypnose collective, en ne ramassant pas la gifle qu’il mérite aux élections ?
La tendance à l’américaine va nous pousser davantage vers les British, soit l’individualisation des salaires et une plus grande flexibilité.
Et on le voit venir, le néolibéralisme au rhinfort, on les sent pointer le bout du nez sous la rose et les cris lancés en lieu et place de l’Internationale aux meetings de la cueillette aux voix.
« Chacun sera rémunéré selon son efficacité réelle. »
L’essentiel sera de savoir quels sont les critères, s’ils seront applicables de haut en bas de l’échelle sociale et qui va déterminer le degré de rentabilité de chacun. Je ne vois qu’une personne capable de ce tour de force : Dieu… s’il existe.
C’est plus qu’un changement de mode qui nous pend sous le nez, mais la traduction d’une logique admettant l’inégalité croissante, conséquence de l’application des lois dites « naturelles ».
Sans le savoir, avec l’Anglais, nous courons dans les bras des libertariens américains, groupe d’économistes d’extrême droite, avec Nozick et Rawls, comme têtes de file.
Merci Tony, merci la gauche.
Il ne reste plus qu’à ouvrir des camps de concentration pour les récalcitrants à la nouvelle démocratie.

15 septembre 2006

Se penser européen ?

Les onzeseptembristes ont tenu le tapis toute cette semaine, mais qu’on se rassure les européanistes n’ont pas dit leur dernier mot et entre les gueulantes des partis et même parfois avec l’aide d’un « communal » en mal d’électeurs, ils sont fins prêts à s’exalter de la grande idée européenne.
D’accord. Mais qu’est-ce que l’Europe ? On voit bien la masse grouillante et hyper bien payée des fonctionnaires européens qui font vivre Bruxelles, capitale de ladite. Pour nous, que représente-t-elle ?
Personne n’en sait rien. Une idée vague qu’il n’y a plus de conflits entre voisins. Le Danemark ne va pas faire la guerre à la Finlande pour un quota de pêche du merlan. Il y a des kilomètres de rayonnages de règlements entre un conflit de cet ordre et les tranchées de 14-18. C’est toujours ça.
Mais au raz des pâquerettes ?
La ménagère voit son panier de moins en moins chargé pour de plus en plus d’euros, alors que l’index hypertrafiqué argue que le matériel Hi Fi est en baisse, quand le carburant n’est plus repris depuis belle lurette.
Elio aura beau faire le chantre de l’Europe, cela n’empêche pas les frontières poreuses de cet agglomérat d’Etat de laisser passer des populations affamées venues du diable vauvert – certes tout le monde doit manger quand midi sonne – mais comment stabiliser l’afflux pour ne pas sombrer nous-mêmes ?
Alors, qu’est-ce que l’Europe ?
Quand on demande cela au citoyen de la rue, il hausse les épaules ou il récite deux textes à peu près les mêmes selon qu’il soit de gauche ou de droite : l’Europe est nécessaire. Forgeons-y notre avenir. Sans l’Europe où serions-nous ?
La première, l’affirmation de sa nécessité, exigerait quand même que l’on nous dise les raisons qui peut-être serviraient à répondre à la question « où nous serions » sans elle. Pierre Dac répondrait que s’il n’y avait pas l’Europe nous y serions quand même. Quant à y forger notre avenir, comme au point de vue social l’Europe n’est nulle part et que cela concerne les 99 % de la population, on pourrait dire qu’il serait temps qu’elle s’y mette.
Toujours est-il que l’on poursuit, dès la maternelle, un matraquage proeuropéen qui ne repose que sur des professions de foi et très peu sur des réalisations concrètes. Et si l’impact en est faible dans les populations, c’est bien parce que l’Européen confronté aux difficultés de la vie n’a pas conscience que sans l’Europe son quotidien serait pire !
D’abord qu’est-ce que l’Europe ? L’Europe a-t-elle des frontières naturelles ?
Selon l’Eurovision de la chanson, Israël fait partie de l’Europe, à ce compte-là, la Turquie aussi. Pour Deley, un vieux prof de Gand, l’Europe commence à Tombouctou et sur sa lancée, il pense que tous les peuples du bassin de la Méditerranée sont Européens ! Comme les bons américanophiles, il ne parle pas de la Russie, nation éminemment européenne, mais jusqu’où ? Si c’est jusqu’au fleuve Amour, on est bons pour une lente mais sûre mongolisation. Pourquoi pas, après tout ?
Carpentier et Lebrun hésitent à fixer les limites de l’Europe au Caucase.
Pour un autre vieux prof, Tilly directeur du Centre « for studies of social Change », il y a mille ans l’Europe n’existait pas. Les 30 millions de zigues qui peuplaient ce promontoire de l’Asie n’avaient aucun destin commun.

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En réalité, il n’y a pas de données objectives pour établir un concept qui serait exclusivement européen. L’idée que l’Europe est un continent est une belle foutaise destinée à nous conforter dans le sentiment illusoire de frontières naturelles.
Il y aurait bien un point commun dans ce patchwork : l’esprit européen !
Je sais c’est artificiel en diable, mais quel est vraiment ce qui se dégagerait si on devait caractériser l’esprit européen, du Nord au Sud ?
C’est évidemment le reflet du Parlement européen massivement conservateur qui nous détermine dans une première réflexion, puisque la gauche socialiste l’est aussi. L’esprit européen est donc conservateur. Nous gardons de nos aïeux la mentalité colonisatrice vis-à-vis des autres continents, avec un sentiment marqué de supériorité affichée. Nous donnons des leçons de démocratie comme notre grand allié, les Etats-Unis, et nous n’acceptons pas qu’on nous en donne.
Voilà l’esprit commun européen. C’est mince, mais ajouter telle ou telle généralité est difficile ; car nous tomberions dans le particularisme, chacun, en-dehors de ce qui précède ayant des raisons différentes de se « penser » européen.

14 septembre 2006

Jésus est américain

C’est clair, quelque chose ne tourne pas rond chez moi. C’est ce qu’affirme Jésus qui m’envoie du courriel régulièrement.
C’est qu’il s’inquiète, le bougre. Il me voit mal finir dans le charabia philosophique et la morale douteuse. Il sait de quoi Il parle avec ses mille cent hérésies chrétiennes sur les bras. Il en a connu des tordus, avec des convictions, des églises et des simagrées, même parmi ses évêques, ses papes qui avaient le droit de le traiter de cousin, de ces enfoirés parfaitement ignobles qui n’avaient qu’une seule idée en tête : prendre sa place..
Alors, vous pensez à ma chétive personne qu’il s’intéresse encore, je n’en reviens pas !
J’essaie parfois de lui demander des explications, mais je tombe sur une boîte postale américaine. Ah ! encore une chose, Jésus ne parle plus que l’américain… C’est fâcheux pour les francophones, et c’est regrettable pour les Araméens qui l’ont connu moins fier.
Les contacts avec dieu ne sont pas simples. Je ne comprends pas toujours ce qu’il me veut.
D’accord, je suis un mauvais fils. J’ai beau lui répondre que l’on ne se fait pas faire, qu’il est même un peu responsable de mon gâchis. Il reste inflexible. Mes raisonnements ne le touchent pas. Tout ça, c’est du laïque et compagnie, me dit-il implicitement ; car dieu parle toujours de façon implicite, pour mieux faire comprendre que les choses avec lui vont toujours de soi.
J’ai essayé de lui parler du « je ne sais quoi » de Jankélévitch. Je lui ai dit le plus gravement possible « Si la mort n’est pensable ni avant, ni pendant, ni après, quand pourrons-nous la penser ? ». Il m’a répondu « Je ne sais pas ! » Est-ce une réponse, ça, pour quelqu’un qui sait tout ?
Cependant, comme il reste d’une bonté infinie, il veut bien me pardonner mon fâcheux penchant aux plaisirs frelatés (pour lui, tous les plaisirs le sont), mais sous certaines conditions.
Nous abordons ici un de ses mystères, par conséquent ne me demandez pas d’interpréter les moments difficiles qu’Il traverse. En un mot, Il est gêné en ce moment.
Ce sont des choses qui arrivent. S’il vit en Amérique comme ses lettres en témoignent, il doit avoir de grands frais. C’est bien connu, monter une affaire là-bas ne se fait pas en prêchant la bonne parole au porte à porte.
La première condition de son pardon, c’est que je l’aide à surmonter ses difficultés financières. L’aumône ne suffit plus à payer le personnel. Les banquiers juifs lui en veulent toujours. Quant aux marchands, ils se souviennent du temple….
Il me fait des propositions, certes honnêtes, venant de sa part, avec toutes les garanties de l’indicible d’un remboursement échelonné. Et mieux, si je suis parmi ses heureux élus, ce qui ne saurait tarder et que je m’exécute, je pourrais toucher une prime de cent mille dollars avant de monter au ciel !
Mais c’est fou ce qu’il est compliqué, dieu !... A part son numéro de compte dans une banque totalement inconnue de ses prosélytes, rien, aucune indication où je pourrais le toucher.
Malheureux ! toucher Jésus, mais vous n’avez pas le droit, s’écrieront ses plus proches collaborateurs (autrefois on disait les apôtres).
Voilà où nous en sommes. Je dois Lui faire confiance, c’est tout... La foi du charbonnier quand il n’y a plus de charbon, cela devient abstrait.
La question est de savoir en ces temps troublés, si on peut être assuré qu’à point nommé, Jésus m’enverra cent mille dollars ? Je veux bien croire au miracle, mais celui-là serait tellement inouï qu’il me convertirait à tout jamais.
Ce n’est pas pour mettre en doute son divin message, mais j’en connais qui ont eu à se plaindre. Sa parole n’est plus ce qu’elle était.
Y aurait-il des magouilles au ciel aussi ?

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On en serait resté là, Lui dans l’espoir de ma conversation, moi dans l’espoir des cent mille dollars, quand la semaine dernière, il a décidé de mettre d’autres moyens à ma disposition afin de me faciliter mon retour dans le bercail.
“Only Best Vibrators here, try and be happy”, m’écrit-il derechef. Et voilà qu’il dévoile sa quatrième personnalité, les trois autres étant bien connues de ses fidèles, en signant : TRY NOW!!! (ça on savait) suivi de « Jack Rabbit Vibrator Sex Toy ».
Voilà qui change tout. Le ciel ne serait pas ce lieu où l’on feint d’éclater de joie en réprimant un bâillement compulsif. Ce serait tout simplement un « sex shop » comme il peut y en avoir à La Vegas et dans tout autre lieu de culte. Je crois bien que je vais souscrire.
Quant à l’accompagnatrice mystique, si vous connaissez un ange qui démarque en ce moment ?

13 septembre 2006

Filiopiétisme

Les Onzeseptembristes se sont régalés ces derniers jours. Jamais dans l’histoire des désastres et des calamités, on aura tant célébré une date comme le 11 septembre 2001.
Ce n’est nullement faire injure aux malheureux qui sont restés coincés dans les Twin Towers à NY ce jour-là que de s’étonner d’un pareil engouement pour un souvenir, aussi dramatique soit-il.
Le terrorisme aveugle par excellence, sans la moindre parcelle d’humanité est abominable et sans excuse, ce qui m’interpelle c’est pourquoi le malheur nous écorche-t-il les oreilles pour un fait plutôt qu’un autre ?
Quelle est la vraie raison qui fait que le 11 septembre soit porteur d’une émotion, certes suscitée et entretenue par les supports médiatiques, mais unanimement reconnue ?
Car des attentats meurtriers, des guerres absurdes, des famines organisées ou inhérentes à certaines guerres, l’humanité en a toujours eu plein ses calendriers.
Sommes-nous plus proches et solidaires des Américains que notre attitude de sceptiques européens le laisserait croire ? Et corollairement, n’avons-nous pas oublié de vibrer d’indignation comme nous l’aurions dû, devant le martyr du peuple libanais victime de l’agression juive, parce que nous sommes secrètement attachés à Israël par les mêmes fibres qui nous attachent aux américains ?
Ces questions sont importantes et devraient faire que nous nous interrogions intimement chacun de notre côté.
L’intérêt après les secours aux victimes et la vue horrifiée de tous ces morts n’est-il pas de savoir pourquoi tel fait est plus « célébré » que tel autre lors des anniversaires qui succèdent à l’événement et cela longtemps après, parfois ?
Passent encore pour des guerres célèbres, comme celle de 14-18 que Brassens préfère à nulle autre, pour des millions de morts, des génocides, des révolutions sanglantes, mais pour l’attentat de New York qui paraît en comparaison relever du fait-divers, pourquoi, soudain cette émotion planétaire, cinq années plus tard ?
Et ces images des avions percutant les tours, combien de fois les avons-nous vues, tant et plus encore et depuis le début de la semaine !
Serait-ce que nous ne nous en sommes pas assez imprégnés ?
Il faut toujours se demander dans les cas d’insistances extrêmes à qui profite « l’immortalité » de l’événement.
Depuis toujours les géopoliticiens parlent de chocs des continents, des cultures, des religions, des démographies galopantes. Serait-ce que l’image des tours s’effondrant symboliserait ce grand affrontement tant prophétisé ?

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La politique de Washington n’avait pas pu entraîner l’opinion américaine dans le combat de la démocratie (exclusivement américaine bien entendu) pour sa diffusion à ceux qui, de prime abord, n’en veulent pas. Jusqu’à présent la guerre en Afghanistan, puis en Irak étant des échecs, il fallait bien démontrer que la guerre était bel et bien là, entre les démocraties et les dictatures islamiques. Ben Laden en attaquant l’Amérique qui ne faisait que se défendre, aurait-il les épaules assez larges pour incarner à lui seul cette lutte planétaire ?
Apparemment, Bush est en train de réussir à faire croire que ce voyou est le génie absolu du mal et qu’il joue d’égal à égal avec l’armée américaine.
On n’aurait jamais vu alors, une si petite poignée d’hommes plonger dans la terreur une presque moitié du monde.
L’attentat contre les tours a révolté l’ensemble des gens civilisés. Il aurait pu être fondateur d’un consensus national. Il ne l’a été qu’à moitié. Mais qu’importe, tout nouveau mythe identitaire est bon à prendre.
Et c’est ce que l’administration américaine a tenté, avec, heureuse surprise, un mouvement occidental assez fort pour qu’il soit perçu comme similaire au mythe américain.
Comme notre passé identitaire wallon s’est fondé autour d’un passé minier et des luttes sociales, Bush veut faire croire à ses compatriotes qu’ils luttent pour la liberté du monde et le triomphe de la démocratie. A chacun de ses discours, il le dit sans équivoque, le peuple américain, que lui incarne, se reconnaît dans cette lutte.
La publicité, cinq ans après, faite autour des Twin Towers semblerait lui donner raison.

12 septembre 2006

Ecolo s’applaudit en congrès.

… sous le signe de l’« éthique » mot tellement à la mode (voir un blog précédent), et en s’autoproclamant le meilleur parti, avec les meilleurs militants. Personne n’a osé dire « du monde », mais les congressistes le pensaient.

Question stupide : Comment le meilleur parti du monde n’est-il pas le meilleur en voix ?
Attendez, cela va venir, rétorqueraient Isabelle et les autres.
Avec une hypertrophie de la tête, les membres macrocéphales du Bureau d’écolo sont entrés par la porte cochère. Ils éprouvent, par contre, une grande facilité à s’insérer dans le concept actuel de société.
Tous les problèmes soulevés par la pollution et l’environnement dégradé sont importants ; mais, les solutions théoriques d’Ecolo sont impraticables. Quand Ecolo cessera-t-il de rêver ?
Qu’on s’entende bien.
Envisager les catastrophes qui nous pendent sous le nez comme probables, c’est évident. Ne serait-il pas sage de montrer du doigt le premier responsable de l’effondrement des valeurs éthiques qui engendrent ces catastrophes ? A savoir, ce qui nous fait courir et vivre à la diable, le système économico-politique, afin d’envisager des réformes ?
Il semblerait logique de chercher une organisation de substitution plus adaptée à la société que veulent les Ecolos, l'actuelle étant, d’après des hommes éminents, inamendable..
Les autres partis y ont réfléchi, de la droite à la gauche, ils ont choisi de ne pas choisir pour suivre, vaille que vaille, le capitalisme probablement jusqu’à ses ultimes soubresauts.
Les socialistes en 2006 suivent les libéraux, pourvu que le PNB augmente…
Que fait Ecolo ? Mais du réformisme comme tout le monde !
Autrement dit, rêver, c’est bien ; mais, avec interdiction d’appliquer ses rêves.
Le dilemme est simple. Une cheminée d’usine pollue, mais l’usine offre de l’emploi, donc la cheminée d’usine est utile. Ecolo objecte : pourrait-on installer un épurateur de fumée ? Di Rupo tempête : « On travaille sans épurateur aux USA. Si nous étudions le coût d’une pareille installation et surtout qu’on la réalise, on peut fermer l’usine. »
Sur ce superbe raisonnement Ecolo se rendort.

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Chaque pollution à sa solution alternative, c’est ce que dit Ecolo. C’est inutile de proposer des alternatives non rentables dans le royaume du fric. Et voilà le hic. Ecolo, le CDh et le PS pensent que la démocratie est associée à vie à l’économie libérale et que tout doit se négocier avec l’économie en place.
Ne conviendrait-il pas de réfléchir à l’avenir et imaginer autre chose ?
Ne conviendrait-il pas que les Ecolos ouvrent le débat d’une démocratie directe ?
Les mandataires politiques, mêmes libéraux, sont pour des changements, des dépollutions massives, etc. Mais, dès que l’on discute entreprises et augmentation de la surface des terrains industriels, la politique de l’emploi passe devant le reste ! On se demande ce que l’application du plan Marshall va encore coûter en pollution et dégâts divers ?
Isabelle Durant a dit lors du Congrès qu'accorder sa voix à Ecolo offrait une triple garantie: «C'est voter 100 pc éthique - Nous sommes les seuls à n'avoir jamais été entachés du moindre scandale politico-judiciaire. C'est voter 100 pc énergique - Nous sommes les seuls à travailler sans relâche à la mise en oeuvre des promesses que nous faisons. Et c'est voter 100 pc créatif -Nous sommes les seuls à alimenter le débat politique avec des idées novatrices, qui ne sont pas polluées par les querelles politiques ambiantes.»
Parfait.
Mais Isabelle Durant et les autres « créatifs » le sont beaucoup moins quand ils composent avec le système, et cela chaque fois qu’ils accèdent au pouvoir.
On se rappelle les grandes grèves de 60-61 et la volonté d’André Renard d’imposer aux forces politiques les réformes de structure et le fédéralisme. Les socialistes étaient contre. C’était l’époque où Jacques Yerna, président du Mouvement Populaire Wallon, était exclu du PS.
Les temps ont changé et le PS est devenu fédéraliste. L’action d’André Renard avait semblé un acte désespéré aussitôt moqué par les patrons, le journal La Meuse et torpillé par le PS. Mais, c’était une action et elle a payé. Même si la grève a échoué.
Cela pour souligner qu’il manque au parti Ecolo des actions de ce type et la volonté de les entreprendre, afin de placer le système devant ses responsabilités. La faiblesse du parti Ecolo est un mauvais argument. Pensons aux actions de GreenPeace et des militants paysans de José Bové. Bien sûr, Ecolo mène parfois des campagnes de ce type, mais en bobos bien élevés et avec peu d’effets sur la population.
S’il faut en croire les gazetiers présents au Congrès « Ecolo n'a guère évoqué les autres partis, il a, en revanche, beaucoup parlé de lui-même. ».
Jean-Michel Javaux a questionné le miroir de la reine, Blanche-neige (lui) est toujours la plus désirable.
Isabelle Durant a fait mieux : elle a demandé à la salle de se lever et a suggéré aux militants de s'applaudir !!!
On entre en période électorale, mais quand même…

11 septembre 2006

A charge et surtout à décharge

Quel rapport les jeunes ont-ils à la pornographie ?
Voilà encore un sondage qui fera date dans la fabrique de cornichons : le questionnaire délivré à 847 jeunes sur la pornographie, par les mutualités socialistes.
L’article de la Dernière Heure et de la Libre nous avertissent : La moitié des jeunes y touchent. L’autre moitié n’a pas Internet ! On pourrait même dire : La moitié des jeunes se touchent. L’autre moitié a au moins eu une relation.
Qu’est-ce qu’on veut nous faire croire ? Que les générations plus anciennes avaient de la vertu ? Qu’est-ce que c’est encore que cette connerie ? Il semble que la nouvelle génération soit moins hypocrite que les aînées. Aujourd’hui, on parle librement entre jeunes de ce qu’avant on n’osait même pas dire à trente ans après cinq ans de mariage à la dame qui dort à nos côtés, ni aux dames des guichets de la FMSS, pourtant prunelles ardentes et jupes croisées à mi-genoux. Ce qui ne veut pas dire qu’on était moins cochons qu’aujourd’hui, plutôt plus tordus.
On revient à Cioran : « …J’ai toujours pensé que Diogène avait subi, dans sa jeunesse, quelque déconvenue amoureuse : on ne s’engage pas dans la voie du ricanement sans le concours d’une maladie vénérienne ou d’une boniche intraitable ».
Ces dames de la FMSS ne sont pas toutes des laissées pour compte. Il y a là quelques personnes, ma foi, bien bandantes…
L’étalage en librairie et sur le NET de toutes ces viandes vautrées dans les sofas de la pornographie n’est pas lié directement au relâchement des mœurs, si relâchement il y a, au contraire, la connaissance de l’anatomie du sexe opposé enlèverait même de la pulsion, compensée par une meilleure connaissance des trois petits trous et puis s’en vont, dont la nature a pourvu ces dames en toute impartialité (la nature du mâle étant plus frustre et moins mystérieuse).
Ce qui ne veut pas dire que les éditions des ouvrages et des films pornographiques sont faits par des enfants de chœur au bénéfice de l’équilibre des adolescents.
Il est de bon ton de nos jours de s’attaquer aux effets plutôt qu’aux causes, à l’utilisateur plutôt qu’au fabricant, on le voit avec la cigarette, demain avec l’alcool, aujourd’hui avec le sexe.
Si on trouve de tout dans le commerce de la chose, c’est que ce tout s’y vend avec la bénédiction des autorités et des pères-la-pudeur qui descendus de leur perchoir où ils dénoncent les infamies vont directement vérifier sur leur compte, s’ils sont rémunérés correctement pour leur laxisme.
Les vrais pornographes qui corrompent vraiment la jeunesse, ne sont-ils pas ceux qui prêchent contre le vice et se font des couilles en or, en ayant l’air d’y mettre le holà ?
Ce qui est marrant dans ce formulaire-sondage, c’est qu’il a été distribué à des jeunes qui ont entre 15 et 24 ans, autrement dit parmi les consommateurs naturels de la chose érotique et pornographique ! Les autres, plus âgés, les routards du Viagra et les secoués de la braguette n’ont pas besoin de formulaires pour consommer.
Quand on feuillette les revues du genre, les sites du NET, que l’on fréquente les chats, on est comme le badaud devant un étal de boucherie et on se demande « Bordel de merde, comment quelqu’un d’un peu délicat peut-il y prendre son pied ? ».
Mais jamais, on ne pense à la pauvre figurante dans les mains des macs et des tôliers.
La malheureuse qui gagne sa vie en se faisant déformé le derrière devant l’œil de la caméra, qui n’est pas celui de Georges Bataille, a toute notre compassion attristée.
On ne peut pas dire que les scénettes soient interprétées par des pensionnaires du Français. Il est vrai que les scénars ne sont pas signés Molière.
Produit de consommation laborieux, la pornographie n’est qu’une marchandise comme d’autres : elle ne sert pas à grand-chose et tout le monde pourrait s’en passer, donc elle doit pour être vendue touiller le fond de la vase.
C’est ce qu’elle fait, en oubliant que la viande exposée a aussi une âme qui nous dégrade en se dégradant.

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Notre société hétérosexiste et libérale entretient les comportements sexistes et violents à l'endroit des femmes. Les pornographes ne sont pas exclusivement les tâcherons tachés d’encre d’imprimerie ou derrière les portes, quand des malheureuses se font injecter par des somnambules des amours ersatz. Ce sont aussi ceux qui accablent les jeunes de formulaires ridicules, qui s’agitent dans les médias pour nous faire les épouvantails de nous-mêmes. Ceux, enfin, qui vivent ni plus ni moins que les autres avec leurs tracas d’argent et de quéquettes et qui nous jurent le contraire.
En un mot, notre société est incapable d’aimer.
Elle bande et cette tumescence tient lieu de sentiment, tient lieu de tout. L’affect se termine dans son cylindre creux naturel où elle dépose son sperme.
Alors qu’on laisse les jeunes se poigner, qu’on les laisse voir ce que nous voyons nous-mêmes par désoeuvrement et ennui. N’ajoutons pas à leur apprentissage raté notre angoisse existentielle.
En un mot, foutons-leur la paix.
Notre seule conduite ne pourrait être que référentielle. Nous pourrions par exemple au lieu de cette pornographie en toc, leur indiquer la vraie, celle qui touche aux ressorts humains et qui a un sens. Celle qui fait bander le prédicateur sous sa soutane et qui remue le philosophe du fond de sa caverne, comme Loth devant ses filles, qui ferait même palpiter l’intégriste (qui dit qu’il ne palpite pas derrière ses moucharabiehs ?). Nous pourrions vanter les qualités des œuvres de Sade, Bataille, même celles de d’Annunzio, Miller et certaines scènes de Céline in « Mort à crédit », de Léautaud dans son journal littéraire avec « la panthère », etc.
Cela éviterait des mécomptes, des détours inutiles, remettraient les jeunes sur les chemins de la conscience entre plaisir et vice… que l’érotisme est supérieur à la pornographie.
Bref, cela les ferait peut-être ressembler aux vicieux que nous sommes, mais au moins sauraient-ils pourquoi ?

10 septembre 2006

Tu as lu Wittgenstein ?

Il vaudrait mieux se tirer une balle dans le pied, plutôt que d’ouvrir un débat.
Cela va me faire du tort.
Pourtant, il y a au moins à Liège une trentaine de personnes qui savent qui est ce type.
Comme vous êtes parmi elles, je ne vous ferai pas l’injure de vous le rappeler. Mais, il est possible que l’un ou l’autre utilisateur du WEB, cliquant par hasard sur ce site, se pose la question.
Pour lui seulement, en deux coups de cuiller à pot, Ludwig Wittgenstein, né en 1889 et mort en 1951, est un philosophe matheux qui après avoir soutenu que la philosophie pour éviter les pièges du langage se condamnait au silence, ne cessa plus depuis de la ramener sur à peu près tout, d’où extase des lecteurs qui crièrent au génie devant son œuvre « Tractatus logico-philosophicus ».
C’est le cas ces temps-ci de gens d’habitude raisonnables qui, lorsqu’ils s’assemblent, ne le sont plus du tout, moi compris évidemment, sinon, je ne me permettrai pas d’émettre la moindre critique. Ils le crient dans tous les salons et cafés du commerce : Wittgenstein est un pur diamant de la métaphysique, voire de l’ontologie !…
On sait comme il faut être prudent en philosophie pour critiquer un philosophe statufié, publié à cent mille exemplaires, si on ne veut pas passer pour un con. D’autant qu’admirer est plus confortable que critiquer. On n’a pas besoin d’arguments pour dire les yeux mi-clos de bonheur « Wittgenstein, j’aime ! ». Par contre, avant d’affirmer que le type vous gonfle, il est souhaitable de prendre des notes, de relever des points de contradiction et de conclure de façon pertinente. Certes, cela ne sert à rien, tant quelqu’un qui trouve Wittgenstein formidable ne peut pas débattre de l’avis contraire de son voisin de table, et abdiquer toute prétention à la vérité. Vous pensez, un type qui publie en allemand et qu’on traduit en français, ce ne peut être qu’un crack.
Toute publication impressionne et dispense d’avoir un jugement personnel sur le tas, c’est-à-dire sur l’œuvre elle-même, d’autant que l’œuvre de Wittgenstein, ce n’est pas une oeuvrette. C’est copieux, dense, pratiquement illisible et fortement marqué de l’esprit matheux de l’auteur.
Le traducteur de Wittgenstein en français a dû passer de fichus quarts d’heure, le lecteur aussi.
J’ai essayé de mettre en pratique l’œuvre du Maître lorsque dans son chapitre « proposition. Sens de la proposition », il m’a mis sur la piste d’une martingale en prétendant « qu’avec un bon dé je sors en moyenne un as tous les 6 coups ». Mon dé ne l’était sans doute pas, puisque quinze pages d’équations plus loin, je n’avais toujours pas trouvé le moyen de faire sauter la banque d’un casino rétif à la théorie du philosophe. S’il n’y a aucune raison pour qu’un chiffre sorte plus souvent qu’un autre, il existe six milliards sept cent millions de combinaisons possibles pour que mon lancé ne coïncide pas avec le bon numéro au moment où je le décide, soit treize ans et demi de lancés !
Je l’ai toujours pensé : les mathématiques sans philosophie ont la vision basse, tandis que la philosophie des mathématiques sans mathématiques vivantes est creuse.
Wittgenstein est un mathématicien philosophe qui réfléchit sur des mathématiques abstraites, donc creuses.

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Il eut tort d’affirmer que mathématiques et philosophie n’ont plus rien à se dire.
C’est peut-être grâce à cette outrance que certains trouvent du génie à Wittgenstein. L’analyse démagogique de ce dernier ne peut être que le résultat d’un formalisme étroit au service d’un constructivisme outrancier, disent ceux qui voient dans l’œuvre du grand homme bien des contradictions...
« Le principe créateur se trouve dans les mathématiques » écrit Einstein, en cela en harmonie avec les aristotéliciens. Il était, sans doute, plus proche d’un Lautmann qui pensait que l’amour, la poésie, la vue des œuvres d’art et les mathématiques sont une même chose. Un peu comme la logique de l’esprit grec qui fit que les mathématiques eurent un style, comme la sculpture. Telles furent sculptées les statues du Parthénon et l’édifice lui-même conçu selon des fuites et des perspectives architecturales qui ne pouvaient être édifiées sans passer par des pages de calculs.
Mais, je vous embête avec mes réticences à trouver Wittgenstein génial. Peut-être demain me viendra-t-il des arguments pour dire le contraire d’aujourd’hui, avec tout autant d’aplomb.
Il a peut-être du génie Wittgenstein ?


9 septembre 2006

Liège tutûte.

C’est fait, Paul-Emile Mottard, le fils de l’autre, député permanent chargé de la culture, sort sont carnet d’adresses pour la troisième édition des Zurbaines, des fois que vous auriez envie de lui adresser un petit mot d’encouragement à la veille des élections d’octobre.
Vous ne savez pas ce que c’est les Zurbaines ? Vous n’êtes pas les seuls à être hors du coup, déculturés à vie, façon officielle. Les Zurbaines, c’est le festival international des arts de la rue qui sévira sur nos places et espaces libres, ces 8, 9 et 10 septembre.
-Avec les patrichoses citoyennes, dis donc ! Ça va en faire du tintouin…
C’est que tous les pauvres types qui perdent leurs quilles ou qui accordéonisent rinforzando l’année durant et à qui les Autorités permettent d’exercer « leur art » sont mobilisés, avec quelques renforts d’orphéons descendus du plateau de Herve. Pas de quoi trouer le plafond du conservatoire, de remettre la piste en état au théâtre des variétés, même si certains de ces pauvres gars ont du talent, je pense au saxo place Cathédrale, entre autres.
Nous revoilà beaux, au milieu de cette culture en sabot post-15 août !
Avec une mention particulière à ceux qui veulent dormir chez eux autour de la place du Marché le samedi après minuit, on peut le dire fièrement bourgeois de Liège, la culture est à la marge, le crayon rouge pointé à la cote maximale. On ne sait pas si Paul-Emile sera en blanc et en paillettes, mais ce qu’on sait, c’est qu’il sera là pour gloser culture du haut de l’estrade Tivoli, poil pile quand la Télé-Radio locale aura mis ses moteurs en marche.
« Paul-Emile l’indubitable culturel vous parle ! » On en pleure à l’avance ;
Ce sera l’occasion, peut-être, de répertorier les féaux du rucher de la gaudriole liégeoise. Car enfin, ils ne sont pas tout seuls à s’autoadmirer, les gens d’estrade ? Il faut des barons pour entraîner le badaud.
Car, si la culture sera à ranger au plus vite avec les accessoires électoraux passés octobre, il faut quand même que les orphéons sonnent des cuivres, que les femmes des éligibles se remuent un peu les fesses pour animer les gigues, et que les « amis de toujours » se poussent au premier rang des fans.
Si c’est un dur métier pour Paul-Emile, la culture liégeoise ; celui de fan est plus dur encore ; car le fan est personnellement responsable du succès ou de l’insuccès. Le succès n’est évidemment pas la qualité du spectacle. Il est dans l’adresse à faire-valoir le chef, sans que cela se sache trop.
On ne peut pas savoir comme la métaphore admirative est contraignante. Si la culture, tout le monde s’en fout, par contre, l’Autorité est intransigeante sur la qualité du rapport mentionnant ses membres éminents. En dessous du génie proclamé, les fans folliculaires commis à l’interview sont en péril.

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Pour les aider, j’ai préparé un petit texte qui rend compte à l’avance des cérémonies.
« Nous n’oublierons jamais les festivités de ce…. 2006. Les Autorités communales ont contribué largement au succès sous la responsabilité de…… et de….. (à remplir selon les intérêts des fans). Nous avons, pendant trois jours, assisté à des spectacles de classe internationale (recopier le programme) ; mais c’est surtout le discours de…. qui nous a rendu confiance en l’avenir culturel de notre cité. Liège peut-être fière de ses élus. J’ai noté particulièrement l’enthousiasme et les qualités d’organisateur de l’excellent…., membre du …. , parti que tous les Liégeois apprécient. Nous remercions (suit une liste de gens qui ont un intérêt à être vu et à participer à ces 3 journées, sans oublier les noms des éclairagistes et même ceux des petits gars des voiries communales, du service d’horticulture pour la décoration et de l’école d’hôtellerie pour la collation et la table (toujours placer somptueuse avant ou après table) dressée au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville, et surtout (viennent les noms des sponsors dans l’ordre d’adhésion au parti dominant.)
Il est recommandé au folliculaire, qui aurait effectivement assisté en tout ou en partie aux festivités, à rehausser de petits détails, comme le pèkèt offert aux conseillers communaux, l’extrait de poésie qui doit toujours figurer dans tout événement culturel.
En l’occurrence, il y a celui tout approprié d’Apollinaire. On aurait pu citer une gloire locale, Jacques Izoard, par exemple, si seulement il était connu du public en-dehors des Chiroux !
« Dans la plaine, les baladins s’en vont au long des jardins… ».
Cette poésie convient à merveille. Elle a été interprétée par une vedette de la chanson, ce qui la rend facile à retenir et accessible à une érudition sans prétention. Pour les plus fins, elle suggère déjà la saison théâtrale de décentralisation de Stavelot.

8 septembre 2006

Guerre et paix.

Ce n’est pas d’un ouvrage de Tolstoï qu’il est question ici. La belle Natacha Rostova n’est pour rien dans ces mouvements de millions d’hommes en guerre. Il ne s’agit que d’essayer de comprendre cette passivité misérable que nous avons tous qui nous pousse à obéir à ceux qui commandent de tuer ou de se faire tuer.
Les peuples seraient-ils devenus plus raisonnables ? Toujours est-il qu’il leur faut plus d’arguments qu’avant pour se ruer sur un adversaire qu’on leur désigne, sauf dans le cas de la « patrie en danger » - ce qui est valable dans les deux sens – agresseurs, agressés même combat. Evidemment, derrière les beaux décors, les phrases ronflantes et les Déroulède enveloppés dans les plis du drapeau, les raisons économiques sont plus floues, mal perçues, souvent estompées volontairement. Mais ce sont principalement elles qui sont à la base de tous les conflits.
De nombreuses théories courent sur les conflits. Certaines sont oubliées et, nous venant du fond des âges, meurent en cours de route dans les douves d’un château fort. D’autres ont la peau dure.
Dans l'utilisation d'une théorisation des cycles économiques, Gaston Imbert va loin. Il s’approprie les cycles de type Kondratieff (50 ans environ) pour la société française d'ancien régime dont il fait l’application à la période contemporaine.
C’est en étudiant les quatre économies les plus développées de son temps (Etats-Unis, Angleterre, France, Allemagne) que Kondratieff a mis en évidence l’alternance de longues phases d’expansion (dites phases A) et de ralentissement, voir de déclin (dites phases B) de l’activité économiques d’une durée moyenne de 25 ans chacune.
Imbert a imaginé qu’il pouvait appliquer ce concept pour l’étude des conflits armés. Il a étudié le cycle des guerres et confronté des points de vue divergents. Parmi de nombreuses explications, il a retenu celles qui appuient leurs démonstrations sur l’alternance des générations. C’est ainsi que la génération qui a connu les horreurs de la guerre se veut résolument en faveur de la paix. Au contraire, la génération qui n’a connu que la paix se laisse bercer par le souvenir des heures guerrières des grands parents. Le cycle étant de 25 ans, viendrait ainsi une génération belliqueuse succéder à l’ancienne pacifique et vice versa.
Toute keynésienne soit-elle, cette théorie élaborée juste avant la deuxième guerre mondiale tient la route. Si l’on considère la guerre froide comme un véritable conflit, on en est après le 11 septembre 2001 à la période chaude qui verrait l’Islam s’enflammer contre les Etats-Unis.
Je ne sais pas si Bush partage ces théories, en tous cas elles reposent sur la perception qu’en a l’église évangéliste US, adepte de Keynes. Si c’est l’hypothèse du président américain, elle a tout lieu d’inquiéter le reste du monde.
D’après les sources du Pentagone : les dépenses militaires sont bonnes pour la croissance, parce qu’elles dynamisent les activités économiques. Les guerres engendreraient la prospérité. On a tout lieu de penser que même perdues, comme celle à deux doigts de l’être d’Irak, les guerres redonnent de la vigueur à l’économie. La paix, au contraire, est un facteur de récession. Prenons l’exemple du Liban. Après les occupations, les péripéties entre musulmans et catholiques, les massacres à Sabra et Chatila, la résistance palestinienne et les destructions folles d’Israël, soit 25 ans d’histoire, le Liban va connaître une période de reconstruction et de prospérité, la paix va supprimer peu à peu les débouchés en matière de défense, l’euphorie de l’apport de capitaux étrangers à fonds perdus (merci l’Europe) se terminera et coïncidera avec le ralentissement de la croissance et le marasme économique. Ainsi le Liban aura à peine fini sa période de paix, qu’il retombera dans un processus guerrier.

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Pour ce qui concerne le partenaire privilégié d’Israël, comme l’indique Imbert, les guerres coïncident avec la fin de la période de croissance. Beaucoup de gens en 2006 considèrent que ce sont les cycles économiques qui poussent à la guerre et non l’inverse.
Il faudra donc que les Etats-Unis trouvent les moyens de soutenir leur économie par une nouvelle guerre, celle d’Irak étant jugée insuffisante par les experts.
Il est évident que de la richesse économique découle la puissance militaire. Or dans la phase économique descendante, la nation la plus puissante du monde ignore si dans sa récession, une nation concurrente ne va pas changer le rapport de forces. Ce pourrait être le cas de la Chine, de l’Inde ou d’une coalition des pays Arabes regroupés sous la bannière du prophète. Sous couvert d’une guerre de religion, il ne faudrait qu’y voir la résultante d’une économie planifiée bénéficiant des dernières montées des prix du brut.
Dans le fond, il n’y a rien de changer sous le soleil.
Les guerres entre Etats ne sont au service que de leurs bourgeoisies.

7 septembre 2006

Les journées verbeuses du patrimoine.

-La 18me, c’est votre première ?
-Voilà.
-Qu’est-ce que ça vous fait ?
-A quel point de vue ?
-Patrimonialement, je veux dire ?
-J’ouvre ma cave dès le 8 septembre.
-Aux visiteurs ?
-Bien sûr. Ils pourront voir la buanderie où mon épouse met sécher le linge, la cave à charbon…
-Vous vous chauffez toujours au charbon ?
-Non. Mais, c’est très curieux avec des logettes pour l’anthracite, le schlamm…
-Le schlamm ?
-Oui, le schlamm. C’est du charbon en poudre…
-Tiens comme c’est étrange. Bref, votre cave fait partie des 138 monuments, châteaux et musées à visiter ?
-Non, moi je fais partie des clowns de la troupe Arcipelago et comme je n’habite pas trop loin du palais des Princes-Evêques, c’est l’occasion.
-Qui fait le larron !
-Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
-Un réflexe… trop longtemps à Radio Liège. Vous comprenez ?
-Bien sûr.
-C’est tout ce que vous montrez dans votre cave ?
-On y accède par une petite porte en bois, juste sous la cage d’escalier du bel étage.
-Une porte dérobée ?
-Dites tout de suite que je l’ai volée !
-On a parlé du patrimoine. Si on parlait maintenant de la citoyenneté ?
-Si vous voulez. Quoique d’habitude, les beaux discours, c’est l’aréopage.
-C’est quoi l’aréopage ?
-Bon. Vous faites de la radio, ce serait trop long à expliquer…
-Donc les beaux discours ne sont pas pour vous ?
-Moi je fais le clown. Les autres aussi, mais eux font semblant de ne pas le savoir. Est-ce que je peux continuer ?
-Ne vous tracassez pas, ce sera coupé au montage.
-Ma citoyenneté s’arrête à ma cave.
-Vous êtes descendu bien bas !
-Mais au moins j’y vais tout seul.

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-C’est donc ça votre citoyenneté ! Vous boudez dans votre cave. Vous boudez qui ?
-Tout ce qui est gouverneur, bourgmestre et affilié du PS…
-Ça fait beaucoup de monde !
-Je boude aussi l’opposition.
-Les écolos ?
-Ne m’en parlez pas !
-Reynders , Vous n’allez pas me dire que vous boudez Reynders, un grand Liégeois à l’applaudimètre !
-Comme les autres.
-Vous n’avez pas une couleur ? Vous n’êtes pas comme certains qui à l’approche des élections d’octobre vont crier partout qu’ils voteront PS ?
-De ma cave, je ne vois pas qui aurait besoin que j’aille bramer partout que je vote pour quelqu’un ? Mais si ça peut vous être utile, vous pouvez l’annoncer. Je m’en fous.
-Votre cave elle-même, peut-être, qui aurait besoin d’être rafraîchie ? Vous pourriez voter utile, pour elle ? Pourquoi ne la faites-vous pas classer ?
-Les cloportes qui y vivent paisiblement seraient trop perturbés. Et puis, vous ne croyez pas que j’ai assez d’emmerdes ainsi sans encore faire classer ma cave pour avoir un bon pour dix litres de peinture ?
-Eh bien ! cher Monsieur Ronchon…
-Oui, Monsieur Rond de Jambe…
-J’ai été heureux de contribuer aux journées du patrimoine par la visite d’un site non-classé, mais qui mériterait de l’être. Ici, Roland Rond de Jambe, à vous les studios.

6 septembre 2006

Laissez passer les voyous…

Quand il y a une vanne à distribuer, un paquet cadeau merdique, c’est toujours aux employés, et aux ouvriers qu’on s’adresse. « Ils foutent rien. Ils mettent à mal l’entreprise. » Même les pontes des partis sont d’accord avec les blaireaux qui rendent le troupeau plus ergonomique, plus au rythme de la belle cadence : il faut gagner en productivité. Faut les motiver !... Jusqu’ici on n’a rien trouvé de mieux que d’en flanquer de temps à autre à la porte. Histoire de voir qui commande à qui.
Rien de tel que l’épée de Damoclès motivante. C’est fou le résultat.
Tout l’édifice tient plus qu’à ça : le pouvoir de l’un à ramener du fric par rapport aux autres, qui ramènent que des clous. Vous pensez à ce qu’il se passerait si on bossait qu’à des choses intéressantes avec les moyens d’envoyer se faire voir le prétentieux qui voudrait qu’on se farcisse son chantier à mille euros le mois ?
Et si on parlait un peu des cadres ? Des actionnaires-directeurs-gérants ? Des neveux à tonton ?
C’est pas qu’on travaille longtemps aux étages à moquette, c’est qu’on travaille mal. Ne parlons pas des conditions matérielles et psychologiques. Parlons du temps réellement passé à la production.
Qué production ?
Puisqu’il appert qu’aux étages tout est dans le cigare et pas dans les muscles. D’après les statistiques, sur 8 heures, « Soyons simples, appelez-moi Fred » travaille pas 2 heures !
En gros dans la parade des temps perdus, les ouvriers et employés – proportionnellement – tirent au flan 1/3 et les rigolos du bel étage 2/3 !... Mais voilà, c’est ce 1/3 là qui intéresse Etienne, passionne Albert, dérange Lakshmi.
Mais qu’est-ce qu’on ferait bien pour que l’Haut-lieu se bouge les fesses ?
En réalité, la production des cadres n’a fait l’objet d’aucune étude.
Celle des dirigeants encore moins.
C’est peu dire que l’anarchie vient pas des lieux où on transpire le plus. Dame, quand on se sent maître de tout ce qui existe aux pieds, quand on n’a pas un contremaître payer à la prime de rendement aux fesses, l’homme est fait pareil partout. C’est que du vice, dans les étages.
Le caprice y a la cote. Coups de téléphone, réunions urgentissimes, stratégies, n’y sont généralement que des conneries avortées parce qu’on bosse quand même ailleurs et que le fric ne s’y gagne que dans la soute à touiller dans la merde.
Bien sûr, ça geint et ça fait croire ; mais faut pas tomber dans le piège comme les petits cons de journalistes qu’éblouissent des façades versaillaises, des réceptions où la femme du patron, comme toutes les femmes de patrons, sont pareilles à la duchesse de Proust : charmantes et exceptionnelles. Ah ! ce qu’ils s’affèrent et comme ils donnent les ordres à transpirer de compétence… Sauf un, l’Etienne. Il a toujours l’air de dormir. On croit que sa pipe va foutre le feu à son grimpant en tombant des lèvres. Mais on l’interviewe quand même, mieux on interviewe que lui. C’est son style : ce type travaille le plus quand il a l’air de dormir. Mais, c’est le seul. Même les octogénaires en secouent encore, pour pas que leurs fils arrêtent de souffrir sur la côte d’azur ou ailleurs, tellement loin qu’on sait plus où ils sont…
Pourtant, tous les journalistes ne sont pas à la botte. Certains relèvent l’honneur de la profession. Bien sûr, on les voit pas longtemps. S’ils refont surface, c’est qu’ils portent une livrée.
Ainsi, l’enquête d’un courageux portait un titre anodin – c’est pourquoi les censeurs n’ont vu que du feu – « Qui sommes-nous, nous qui travaillons ». Avant de se faire virer, le malheureux avait fait ses comptes.
A la question aux chefs d’entreprise « Vous réservez-vous du temps pour penser ? », 10 % répondirent non ; 13% qu’ils pensaient une fois par jour ; 16% une fois par semaine ; 4% « de temps à autre » et enfin 8% qu’ils pensaient la nuit, que c’était pendant les heures consacrées au sommeil qu’ils cherchaient des solutions aux problèmes sur lesquels ils n’avaient pas eu le temps de se pencher pendant la journée.
On en était aux aveux. Les patrons ne pensent à rien ou si peu que ça ne vaut pas l’argent qu’ils s’octroient sans que personne ose rouspéter. Au point que certains PDG ont foutu leur entreprise à la faillite à force de poigner dans la caisse.

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On voit comme notre plan Marshall est mal parti. Tout cet argent dans d’aussi mauvaises mains. On n’est pas rassuré.
Un directeur de la pire espèce d’un centre de productivité eut l’idée d’en réunir une brochette lors d’un colloque sur le thème « Je n’ai pas le temps ».
Il ne fut pas outre mesure surpris qu’à son séminaire personne ne s’y inscrivit !
Tandis que dans les autres salles on s’y pressait « ergonomie », « management », « perspective » « nouveaux marchés ».
C’était réjouissant de voir la joyeuse pagaille et d’entendre ce patron français à particule se prendre pour Chamfort : « J’agis avec mes cadres comme avec mes chevaux : je leur donne largement l’avoine et je les mène à la cravache » !
Vers où ? pauvre crétin, dirait Richard III.

5 septembre 2006

L’heure supp…

Ce qu’on croit du bénef pur, les heures supp risquent pas de nous mettre à niveau des grossiums fous de l’industrie, ces maniaques qui se vantent de salaires équivalant à 1500 fois la valeur de dernier minus de la maison…
Pourtant on y tient au rab ! C’est ce qui ressort des enquêtes. En vrai, cet appétit de l’heure supp n’est pas lié à la volonté de diminuer les heures légales de prestation. Sinon de façon indirecte par le raisonnement que moins on fera des heures légales, plus on pourra faire des heures supp.
Il est clair que dans la plupart des cas, l’heure supp est l’appoint nécessaire aux petits salaires.
Les patrons l’ont bien compris. Moins on est payé, plus on a envie de faire des heures supp.
Pour accroître son niveau de vie, le type au bas de l’échelle ne revendique plus un meilleur salaire, il revendique des heures supp ! Le patron qui peut faire travailler son bonhomme 12 heures quand il en a envie, aime mieux ce système que d’engager un ouvrier supplémentaire.
Sans y regarder de trop près, tout le monde est content, sauf qu’il y en a quand même un qui est baisé, on devine lequel.
Alfred Sauvy - qu’est-il devenu ? – faisait remarquer en son temps que si la consommation des petites gens était restée identique à 1900, on n’aurait besoin que de travailler 20 heures semaine. Il oubliait, ce vieux gamin, que ses « si » n’étaient valables que pour autant que les appétits patronaux restassent au niveau modeste de leurs prédécesseurs.
Cette pratique des heures supp n’est pas sans risque. Certains fans de la chose ne sont pratiquement plus chez eux. On ne dit pas les dégâts dans le ménage, sans parler des déficits de sommeil et du stress des intéressés. Car les limites à ne pas dépasser sont floues et fluctuantes. A partir de quel nombre d’heures hors de chez soi court-on un risque plus grand d'être cocu ? Ce n’est pas Sauvy qui nous le dira. Par contre, on sait que la résistance physique a des limites et que si on veut mourir jeune, c’est toujours le moment de les dépasser.
Les loustics qui revendiquent plus rien sauf de travailler en supp allongent la journée par tous les bouts. Ils rétrécissent les heures de lit, pardon madame, rentre plus tard et saucissonnent sur un quart d’heure à midi. Bonjour l’ulcère !...
Le système s’appelle la journée continue. Les patrons qui aiment tout condenser ont même trouvé la semaine globale. En gros, on fait le plus d’heures possibles en continu. Ce non-stop permet des deux, voire trois jours de liberté en plus. On ne dit pas dans quel état on sort du turbin et combien il faut de jours pour s’en remettre.
Aux States, les inventeurs des pires conditions de travail, la nourriture est distribuée dans les appareils automatiques. On mange sur place ou dans des cafétérias la bouillie prémâchée à base de sucre, de féculents et de produits chimiques. C’est ce qui s’appelle la libre entreprise ou le travailleur y est laissé libre d’y subir la liberté de l’entreprise et d’y sacrifier la sienne ou de dégager et d’aller rejoindre la cohorte des râleurs sans travail.
Vous tracassez pas, ici, on y vient aussi. C’est tout prévu dans le plan Marshall. Tout y est nickel, jusqu’à l’écuelle du chien… pardon, du travailleur.

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Parkinson, pas celui qui a découvert la tremblote des vieux, non, celui qui a inventé la tremblote du travailleur à la chaîne de montage, a montré que les cantines révélaient le degré d’évolution et d’organisation des entreprises. Les champions sont ceux qui font manger et dégager en dix minutes. Cela s’appelle le repas rapide.
Un expert US – évidemment – est pour la pâtisserie riche en lipide avec arachide et chips. Ce héros de la gastronomie industrielle a démontré qu’on peut être repu en 5 minutes ! Le repas de midi ne serait plus ainsi comptabilisé en « heure de table » mais en pose pipi. On voit l’intérêt pour l’heure supp !
-Où tu vas ?
-Je vais pisser. J’arrive dans 5 minutes…
-OK. Je décompte rien…
Les médecins du travail qui pensaient qu’il fallait au moins 30 minutes pour un repas équilibré, sont priés de la fermer. De toute façon, les embarras gastriques et les ulcères à l’estomac, c’est ce qui fournit la clientèle.
Dans ces conditions, le guss qui fonce dans l’heure supp est bon pour l’inculture. Comment voulez-vous qu’il prenne le temps de s’intéresser à… C’est tant mieux pour l’entreprise qui redoute l’intelligence diversifiée, celle qui ne se borne pas à faire correctement le boulot, mais qui se demande à quoi il sert, et d’une manière générale, à quoi ça rime ?

4 septembre 2006

Morale et éthique

On a trouvé un mot pour remplacer le mot « morale ». On dit maintenant « éthique ». C’est plus chic et c’est plus nuancé. Déjà en 1991, Hassan II disait de façon suave « Il n’existe pas au Maroc de prisonniers politiques, il n’y a que des prisonniers d’éthique. »
Ethique fait tendance.
Aux peuples démoralisés de la vieille Europe, il fallait adoucir les admonestations. Ainsi les éthiques – le pluriel c’est mieux encore – se sont substituées à la morale. La morale au singulier passe la main aux éthiques au pluriel. Parmi les éthiques chacun y pourra faire son petit marché et rapporter chez soi des éthiques bourrées de conformisme, l’édulcorant ersatz de l’ancienne et vieille morale.
Certes, le mot n’est pas complètement abandonné, même si on en parle de façon légère de manière a en montré le peu de valeur qui reste. La morale des curés et la morale laïque pèsent moins dans l’inconscient collectif. On ne sait pourquoi, l’une évoque l’Inquisition et les lourds après-midi du collège à regarder voler les mouches, l’autre l’instit en manches de lustrine lisant d’un lorgnon enthousiaste l’histoire de la Révolution française..
Pour le présent, l’obscurité sied bien aux acteurs sociaux qui proposent une éthique des rapports dans les entreprises ou dans le secteur public, comme le produit d’une nouveauté, plus légère, tout en restant vigilante et ferme.
Le citoyen-travailleur perdu dans les éthiques ne discerne plus dans les partitions hétérogènes qu’il décrypte, le sens du mot. Il perd ce que son éthique signifie par rapport à la morale et ne voit dans cet obscurcisement qu’une approche qui dispense le voleur de l’être absolument et la canaille espérer passer pour un honnête homme.
Ce siècle du boutiquier hissé au rôle d’industriel s’est admirablement adapté aux lois du marché sauf que l’offre éthique ne répond plus à la demande de morale. Les éthiques subséquentes au siècle n’ont qu’un lointain rapport avec le fond moral et exigeant qui différencie un homme capable de se juger, d’un raisonneur adéquatement né pour biaiser entre morale et éthique, à seule fin de tirer son épingle du jeu.
Le terme de valeur, quand il n’est pas galvaudé est tourné en dérision. Puisqu’on n’attribue de la valeur qu’à l’argent, comment voulez-vous que l’on en attribuât à la morale ?
A trop vouloir distinguer l’éthique de la morale, on en oublie la seconde pour s’arranger de la première. Les gens qui veulent à tout prix convaincre deviennent immoraux par excès. Ainsi l’éthique est leur joujou qui ne sert à rien, sinon à nous faire oublier la morale.
La nouvelle éthique - car l’ancienne selon le Littré n’est que la science de la morale, comme les Ethiques n’est qu’un livre d’Aristote qui traite de la morale – se garde d‘une opinion générale d’un corpus habilis, mais grignote le fait moral par petit morceau, si bien que l’éthique remplace aujourd’hui la morale, mais façon puzzle.
Quand tout fout le camp, il faudrait des yeux d’abeilles afin de regarder partout à la fois l’éthique en suif de marine colmater, sans empêcher l’eau, de monter dans les cales.
L’espace est toujours plein lorsque le peintre graticule à expliquer le vide qui ressort de la mort de la morale.

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La recherche scientifique se paie une fièvre d’éthique sur les gènes et oublie de qualifier le sida qui envahit la planète ; les entreprises jadis coupables de la misère du prolétariat retrouvent des couleurs sous la houlette des socialistes réformateurs ; orchestrant les nouvelles éthiques, les partis politiques jouent aux parangons exclusifs des vertus, tout en se moquant des hommes et de la justice ; enfin, tout le monde s’embrasse comme si de se sentir plus ou moins en délicatesse avec une certaine éthique annulait les culpabilités.
Face à ce tableau où chacun se noie à côté de sa bouée, les philosophes et les moralistes ressassent les anciennes calamités que la morale jadis dénonçait et contre lesquelles ils avaient résolu de se battre en sachant que ce ne serait qu’un simulacre de velléitaires dépassés.
La gauche toute ébaubie a abandonné ses repères. On a même vu d’anciens maoïstes et des soixante-huitards se reconvertir dans le prêt-à-porter, avec comme pompon, cette envolée de Bernard Liscia épinglée par le philosophe Alain Etchegoyen : « En tant que militants, nous vendions des idées dans lesquelles nous croyions. Aujourd’hui, je vends des produits dans lesquels je crois, j’applique la même éthique. »
Entre-temps, la morale s’était fait la malle.

3 septembre 2006

L’Afghanistan un pays prospère…

…grâce au président des Etats-Unis.

C’est du propre !
Où en est le grand programme moral de Bush en Afghanistan après la défaite des Talibans ? La production d'opium dans ce pays a atteint un niveau record en 2006, avec 6.100 tonnes, soit 49% de plus qu'en 2005.
Et encore, quand on dit défaite des Talibans, rien n’est moins sûr. Dans la seule province méridionale du Helmand, les forces anti-gouvernementales - rebelles talibans et trafiquants de drogue - multiplient les attaques contre les forces de sécurité afghanes et internationales. La culture du pavot y a bondi de 162% et occupent 42% de la surface cultivable.
Les drogués peuvent remercier le très méthodiste Bush. Grâce à lui 90 % de la production mondiale vient d'Afghanistan ; pour la raison simple que du temps des talibans une sorte de cordon sanitaire empêchait l’Afghanistan de vendre sa camelote au monde entier. Les trafiquants devaient passer par le Pakistan. Aujourd’hui, grâce à l’intervention américaine, à elle seule la production afghane excède de 30 % la demande de consommation à l'échelle de la planète.
Avis aux candidats, ils peuvent s’y mettre pour éponger la production. Il paraît que c’est de la « bonne » !
Antonio Maria Costa, le très officiel directeur de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, l’a annoncé solennellement : "La culture de l'opium en Afghanistan est hors de contrôle" et, par la même occasion, on pourrait ajouter « les talibans aussi » !
La dernière offensive des forces alliées contre les talibans vient encore de le démontrer. C’est à une partie de cache-cache que se livrent les forces en présence. Décidément les armées cuirassées régulières ne servent plus à grand-chose quand l’ennemi est insaisissable. Alors qu’est-ce qu’on fait ? La même chose qu’Israël au Sud Liban, on jette des bombes à fragmentation en espérant que de temps en temps ce ne soit pas un enfant qui écope, mais un combattant d’en face. De toute manière, la bombe-piège, c’est notre spécialité. Nos démineurs se sont fait une réputation de la débusquer et de la détruire. N’importe, on aurait souhaité qu’on ne la diffuse pas aussi généreusement.
Quant à Costa, il a entrepris un voyage à Kaboul afin de dénoncer le crime. Hamid Karzaï, le président du coin, lui a demandé ce qu’il pensait de sa nouvelle cape, tout en soie naturelle avec de grandes poches invisibles dans la doublure pour approvisionner Washington en petites douceurs du pays, quand son ami lui envoie l’avion présidentiel pour une surprise-party.
Les problèmes de corruption et de sécurité rongent l'Etat afghan. Kaboul est la plaque tournante par où transitent les matériels militaires achetés avec l’argent de la drogue qui sert aussi bien à équiper les talibans que l’armée régulière. Les commerçants américains y sont comme des poissons dans l’eau. Ils ont carte blanche pour négocier. Comme on connaît l’armée américaine en campagne, ses membres ne sont pas les derniers dans le trafic.
"L'opium afghan alimente les insurrections en Asie occidentale, nourrit les mafias internationales et cause la mort de 100 000 personnes par surdose chaque année", a dit M. Costa à Hamid Karzaï.
Le fatalisme musulman a fait le reste.

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Costa aboie et la caravane passe.
Une profession annexe à la culture et à la vente du pavot n’est pas non plus à négliger.
Les ferblantiers et les maréchaux-ferrants afghans sont des ouvriers de génie Avec une vieille tuyauterie de chauffage central ils font à l’identique n’importe quelle nouveauté en matière d’armes de poing et même d’armes lourdes, que c’en est une merveille.
Un GI veut-il faire un cadeau au frère de sa petite amie ? Il laisse son pistolet-mitrailleur dernier cri chez un artisan et le soir vient chercher l’arme et la réplique, tellement bien faite qu’il est facile de confondre l’une et l’autre.
La situation est tellement difficile à Kaboul pour les puissances « du bien » que Costa est doublé par Doug Wankel, directeur de la cellule américaine de lutte contre la drogue.
L’Américain vient récemment de défoncer une porte ouverte : « La production et le trafic de la drogue en Afghanistan sont un danger pour la sécurité de l'Afghanistan, pour la région et pour le monde".
Ceci dit, on se demande par quoi Kaboul pourrait remplacer l’argent qu’il tire de la drogue pour payer ses ministres et ses fonctionnaires. Un pays qui a une économie basée sur la production du pavot équivalent à au moins 35% de son P.I.B, on se demande en effet comment faire autrement ?

2 septembre 2006

Les beaux zemplois du FOREm

Aujourd’hui tabacologue.

-Monsieur About Phil comment devient-on tabacologue ?
-Une grande expérience de la cigarette s’impose.
-Vous avez beaucoup fumé ?
-Plusieurs paquets par jour.
-Vous fumez toujours ?
-Juste pour mon projet pédagogique.
-Combien ?
-Pas une pendant les vacances, par contre parfois un paquet sur un après-midi quand je suis en démonstration.
-Et en consultation ?
-Lorsque je convaincs un fumeur d’abandonner son paquet sur mon bureau, je le finis, par souci de ne pas gâcher la marchandise.
-Bref, vous ne fumez plus ?
-Pour le plaisir, non. Uniquement pour le travail.
-Que faisiez-vous avant de faire tabacologue
-J’étais gestionnaire de stress à la STIL.
-Pourquoi en êtes-vous parti ?
-Selon une méthode américaine, j’ai voulu prendre sur moi tous les stress et je suis devenu un grand stressé moi-même, sans que les victimes d’agression soient déstressées. Cela devenait insupportable.
-Comment avez-vous été engagé à la Communauté comme tabacologue ?
-Vous savez, ce n’est pas difficile. On engage tout le monde, sous condition d’un petit examen.
-Vous l’avez réussi ?
-J’ai battu le record de dix cigarettes en dix minutes.
-Vous avez des résultats ?
-Les gens disent qu’ils ne fument plus et on les croit. Le personnel n’est pas armé pour contrôler. J’ai voulu les doter, mais avec la nouvelle loi sur les armes, cela devient difficile.
-C’est une question de ressources ?
-Oui, les gens sont sans ressources. J’ai beau leur dire du moment que les ressources humaines sont satisfaites – et elles le sont puisqu’ils sont là – être sans ressources tout court ça peut s’arranger. Ils me croient dificilement.
-Vous avez des exemples ?
-Oui, moi. Après mon départ de la STIL j’étais sans ressources. La tabacologie m’a permis de mêler ressources et ressources humaines. Aujourd’hui je fume des clopes et je suis payé pour.
-Que conseilleriez-vous aux jeunes qui débutent ?
-Surtout de ne pas les rouler eux-mêmes. Les tabacs en vrac sont de mauvaise qualité.
-Je veux dire ceux qui ne fument pas ?

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-De leur dire que s’ils n’ont jamais fumé le mérite n’est pas grand. Pour ne plus fumer et avoir du mérite, il faut avoir fumé. Logique, non ?
-Vous leur conseillez de fumer ?
-Ecoutez, si vous êtes ici pour m’interviewer, ce n’est pas pour me tirer la fumée du nez. Cependant, je leur dirais qu’il faut fumer pour montrer la volonté de ne plus le faire.
-Que pensez-vous, monsieur About Phil, des taxes sur le tabac ? Est-ce de nature à dissuader le fumeur ?
-Le fumeur, s’il est conducteur, est le premier à contribuer au renflouement des caisses de l’Etat. C’est donc un patriote. Il n’est pas comme Juste Hennin qui ne fume pas et va dépenser ses millions à Monaco. Accorder un prix élevé au tabac, c’est montrer sa grande valeur. Je vous donne un exemple qui ne concerne pas le tabac. Vous savez combien coûte une dose d’héroïne ? Les journaux en chiffrant en millions d’euros les saisies effectuées sur des trafiquants donnent des idées à la délinquance et poussent ces produits à la hausse.
-Que devraient-ils faire selon vous ?
-Ne parler des prix qu’en termes de clinique. A l’hôpital, l’héro ne coûte presque rien.
-Vous êtes donc pour la réduction des prix du tabac et de la drogue ?
-Au moins, on devrait essayer.

1 septembre 2006

Eddie De Block en immersion de connerie

Non, décidément c’est trop beau. Les blogueurs qui jouent du clavier en politique vont faire des gammes sur le sujet : « Le néerlandais est dorénavant la seule langue tolérée dans les cours de récréation des écoles communales de Merchtem ! ».
Voilà une information qu’elle est chouette, dis donc !...
Est-ce le vent solaire Leterme qui irradie les penseurs flandriens ? Ce qui est certain, voilà les faibles d’esprit francophones - qui ne peuvent apprendre le flamand - surclassés par des enseignants de Merchtem, eux, complètement idiots.
D’accord, les sbires de la moedertaal pourront sanctionner les élèves qui s’expriment en français dans la cour d’école, encore que si les parents ne portent pas la chose devant des instances sensibles aux droits de l’homme, mais les citoyens attendant leurs chérubins ? Quelle serait la sanction que les pointus pourraient appliquer ?
Ils n’iraient pas jusqu’à renvoyer l’élève dont les parents parleraient le français sous le préau en attendant la sortie des classes ?
Il est vrai que les nazis fusillaient bien des otages innocents pendant la dernière guerre.
Il en est toujours resté un petit quelque chose chez les nationalistes flamands. Mais tout de même…
A moins… hypothèse machiavélique, supposons que le conseil communal de Merchtem soit secrètement affilié au FDF et admiratif d’Olivier Maingain. Comment lui rendre un grand service pour les élections communales d’octobre ? C’est de prendre en septembre une décision d’interdiction du beau langage fransquillon !
Ce qui me fait douter de cette mirobolante stratégie, c’est l’unanimité du conseil à ce choix unilinguisme. Il n’est pas possible qu’au milieu de la francophonie renaissante et encore secrète de Bruges à Gand, il n’y ait pas un seul Hub Broers tapi sous les plafonds armoriés de cette commune périphérique et prêt à une nouvelle bataille des éperons d’or.
Dorénavant le flamand, langue universelle comme chacun sait, sera d’application également lors des contacts avec les parents. Le mandarin parlé par un milliard de Chinois, l’anglais et le russe à côté du flamand sont méprisantes choses, a fortiori le français, langue horriblement difficile pour les demeurés de Merchtem, il fallait donc réduire l’horizon de cette admirable commune au strict minimum. Le flamand unique langage correspondrait bien aux frustrés de la périphérie. L’idiome est écorchant, certes, mais simple. Dit avec un accent guttural, il invite à l’engagement militaire. Bref, il est l’émanation même de l’âme flamande. Seule difficulté, lorsqu’il n’y aura plus qu’Yves Leterme et le conseil communal de Merchtem a préservé la pureté de ce joyau contemporain de la culture européenne, que feront-ils, les malheureux ?
Ils seront obligés d’interdire le français en français, s’ils veulent être compris !
Gravissime dilemme !...
Où l’on retrouve l’interrogation de Leterme sur l’aptitude des francophones à l’ouverture de la langue des langues, c’est dans la justification d’Eddie De Block (VLD), le bourgmestre de Merchtem, à l’interdiction du « vranzais » : « Cette nouvelle réglementation répond à une demande des directions des écoles qui sont de plus en plus confrontées à des parents ne parlant que le français. Ceux-ci sont, de fait, incapables d'aider leurs enfants à étudier ou à faire leurs devoirs. »
-Moeder… een en een = ?
-Tu peux pas compter comme tout le monde, dis ? Ce que tu es devenu con, Henri, pardon, Hendrik, depuis que tu parles un machin dont personne ne comprend rien !...

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C’est heureux, Eddie n’en veut pas aux francophones, pas du tout. Il veut simplement la bonne intégration à l’école. La preuve, au cours de français, pour favoriser l’insertion, on ne parlera plus que le flamand. Enfin, le cours de français, parlons-en, il a lieu une fois par mois, jumelé avec le cours de science en qualité de maladie honteuse. Quand on pense qu’à côté de cette commune à prétention unilingue, il y a un million de francophones bruxellois ! Comme c’est bizarre d’élever les petits flamands dans le mépris d’une si importante communauté ! Ne seront-ils pas privés, eux aussi, de la connaissance d’une langue aussi répandue à la porte de leurs maisons ? Le problème ne sera pas avec les francophones. Ils disent oui-oui à tout de peur que la Belgique et la dynastie partent en couilles… Non. Le problème ce sera avec les musulmans. S’il interdit l’arabe, Eddie doit faire gaffe aux intégristes. Un coup de fil à Oussama et il pourrait se retrouver avec une fatwa au cul.