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31 août 2006

Concentration et frustration.

Est-ce un truisme de déclarer que la cité est une invention humaine ?
Oui. Et pourtant ce qui va de soi n’est pas évident pour tout le monde.
Cette grande concentration d’humains que représente la ville si elle se voit aussi chez d’autres espèces semble être maîtrisée partout ailleurs que chez l’homme. Le problème de la régulation numérique, par exemple. Les ruches à l’état naturel, les nids de fourmis et les termitières semblent parfaitement s’autoréguler, quittent à ce qu’une partie de la population émigre pour fonder ailleurs une nouvelle colonie. Cependant, ce sont avec les structures hiérarchiques et selon un ordre bien établi que s’accomplissent les « déménagements », si bien que c’est presque toujours avec succès.
On est effrayé de l’expansion démentielle de certaines villes comme Mexico, Bombay ou Kinshasa. Dans tous les cas, les nouveaux arrivés sont rejetés à la périphérie sur des terrains de fortune pour y vivre dans des formes extrêmes de précarité. Si bien que les conditions sanitaires et les dangers de la pollution ne se limitent pas à ces nouveaux quartiers mais dégradent l’ensemble de la ville, mettant en danger la santé et le bien-être de toute la population.
Il y a dans la concentration urbaine quelque chose d’imprévu et qui ne se compare à rien ; car la termitière est tributaire des lois biologiques et génétiques.
Nous n’avons par conséquent aucun exemple naturel de notre expansion sur des points géographiques précis et si nous pouvons vivre dans nos villes comme des insectes sociaux, en tant que vertébrés nous ne sommes pas génétiquement propres à cette concentration.
Le malaise actuel mondial n’est pas seulement dû à l’antagonisme des religions, des nationalités et des pouvoirs économiques contradictoires et égoïstes, mais aussi à cette modification profonde de notre mode de vie dans des grands ensembles, alors que nos origines sont autres dans des groupes beaucoup plus restreints et en contact permanent avec une nature presque complètement éliminée dans des villes de grande concentration d’individus.

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Les haines, les luttes de pouvoir naissent dans les bidonvilles, pour envahir l’ensemble des cités où plus que jamais se confirme que l’homme est un loup pour l’homme, dès lors qu’il oublie ses origines dans une manière de vivre qui n’est pas la sienne.
Nous contrarions la nature par des concentrations de pollution, nous modifions les climats, nous changeons la nature de nos relations, bref nous apprenons à vivre autrement en un si court laps de temps que nous ne pouvons qu’aller à l’échec.
Nous sommes menacés par l’environnement urbain que notre hubris a créé.
Sans référence, parce que sans exemple d’une vie quasiment concentrationnaire avec ses nouvelles règles et par conséquent ses nouvelles contraintes, l’homme « moderne » s’efforce, tant bien que mal, d’atténuer l’effet des changements par une « ristourne » des richesses produites aux plus démunis, sans y parvenir vraiment.
Alors que le groupe devrait assurer à tous ses membres inégaux une chance égale de développement, il se contente d’une simulation de justice égalitaire qui ne fait que renforcer les rancoeurs et les haines.
La Belgique comme tous ses autres partenaires européens développe ainsi une forme nouvelle de vie dont on voit bien ses limites, sans pour autant être capable de freiner cette concentration insensée des individus, tant par la limitation des naissances que par l’afflux des personnes des confins ne possédant pas la même culture et dont justement la principale protection est dans le nombre d’enfants !
On peut se référer à de nombreuses études sur les conséquences violentes produites par une forte densité de population.
On a observé chez des primates un type de comportement identique conséquence directe du surpeuplement.
L’impression d’une violence urbaine accrue n’est pas fausse.
Si les statistiques s’équilibrent sur des périodes avant et après les concentrations urbaines, c’est qu’elles ont été faites globalement, villes et champs. Autrement dit, l’accroissement significatif des délits et agressions des villes est compensé par l’ensemble plus pacifique des petites entités des campagnes.
On agresse plus facilement à Bruxelles qu’à Houffalize. On dégrade l’environnement plus souvent à Liège qu’à Comblain-au-Pont.
Non pas que les gens y soient plus respectueux des autres et de l’environnement qu’en ville, mais parce que plus près de leur milieu naturel que chaussée d’Ixelles, ils sont moins stressés et donc moins agressifs.
Comment dégraisser les grandes villes ? Ce n’est pas en dynamitant les bidonvilles et en « relogeant » les exclus que l’on y arrivera ; mais en persuadant les jeunes qu’ils auront une meilleure façon de vivre dans des petites unités que dans des grandes. Encore que, cette évidence ne soit pas inscrite dans les priorités de la politique actuelle.

30 août 2006

Le chaland qui passe.

Quand on touche au statut des professions libérales, c’est comme si on touillait dans la chair vive d’une certaine couche aisée de la population. On a vu le peu d’intérêt qu’a suscité le quota des étudiants en médecine. Il fallait défendre les privilèges qui s’attachent aux professions élitistes et protégées. Quoi de mieux que cela pour évincer les malchanceux et ceux qui manquent de relations ? On a mofflé des jeunes gens fort capables d’être de bons médecins, afin de réduire le nombre de praticiens de sorte que cette catégorie de travailleurs restât dans des normes « raisonnables » d’accession, et non pas parce qu’il y avait trop de candidats pour soigner trop peu de malades.
Et pourquoi la « libre » concurrence ne pourrait-elle jouer partout non seulement sur les salaires, mais encore sur les arrhes et les honoraires – donc sur les prix – comme partout ailleurs ?
Dans un pays où les applications de la loi se font à la tête du client et suivant des habitudes de ségrégation, comment voulez-vous que la population ait confiance dans les principes généraux d’une démocratie trafiquée ?
La plupart des étudiants en médecine filtrés par Simonet – une élite ? - vont vers des spécialités, donc exercent indirectement une pression sur les généralistes conventionnés qui voient leurs rangs s’éclaircir, ce qui va créer à l’avenir une situation de pénurie qui ne pourra que maintenir les honoraires à la hausse.
Je suis parmi ceux qui croyaient tout bêtement que ce pays était un pays libre dans lequel les citoyens avaient le choix d’un métier. Pas du tout. C’est un pays dont les libertés sont conditionnées par des normes indépendantes de toute vocation. Ainsi l’élite sans concurrence reste l’élite issue du passé paternaliste. Qu’on s’étonne alors du bourgeoisisme qui accable toutes les professions libérales, si l’on excepte quelques caractères bien trempés, je pense aux jeunes avocats qui luttent souvent sans rétribution pour de justes causes ou des médecins qui travaillent dans des coopératives médicales au prix coûtant de mutuelle et dans des organisations caritatives.
La pression de la demande profuse n’est vraie que dans des professions moins valorisantes. Si un plombier polonais, pour employer l’exemple le plus répandu dans les médias, peut exercer sa profession en Belgique moyennant certaines règles, il est impossible à un médecin polonais d’en faire autant, sinon en descendant de catégorie. C’est ainsi que l’on a vu des médecins étrangers devenir brancardiers et n’exercer, après un parcours de reconnaissance des diplômes relevant de l’exploit, tardivement leur vrai métier, et encore à des conditions de salaires contestables.
Madame Simonet remet ça pour les quotas d’étrangers faisant des études vétérinaire ou de kinésithérapie.

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Alors que l'on nous casse les oreilles sur la promotion des savoirs et de la mobilité estudiantine au niveau européen, le texte de Simonet enferme les étudiants dans leur propre pays, sous prétexte que c'est l'endroit où leurs parents payent leurs impôts.
Je croyais que c’était valorisant pour les universités quand leur réputation dépassant les frontières attire des jeunes gens de la Communauté européenne et même au-delà !
La CDh a un point de vue différent. N’était-ce pas elle au temps du Port autonome de Liège qui voulait faire l’Europe fluviale par l’accueil des bateliers du Rhin au Rhône ?
Cet apport de jeunes étrangers surtout Français, dans nos villes universitaires, non seulement assoit la réputation des Ecoles, mais en plus anime les centres villes et fait vivre les commerces.
Autre chose est l’accueil subsidié par l’Etat des étudiants des pays sous-développés. On sait que cette politique au départ généreuse servait à former des cadres et des médecins pour aider à relever l’économie et la santé des pays dont ils étaient originaires. Il courait même le bruit dans les couloirs des facultés que certains diplômes se donnaient plus qu’ils ne se méritaient.
Or, ces universitaires une fois formés se sont presque tous arrangés pour rester en Belgique, davantage intéressés par les salaires attractifs que par le goût de servir à la qualité de vie dans leurs pays d’origine.
Ne conviendrait-il pas pour ces derniers que les bourses octroyées stipulent que le retour au pays fasse partie du programme ?
Pour revenir aux Européens priés par Madame Simonet de débarrasser le plancher des vaches et les salles de revalidation, des recours en suspension, voire en annulation du décret ont été introduits.
Espérons que ces jeunes gens obtiendront gain de cause.
Sinon, c’est le tirage au sort qui décide, comme avant 14 lorsqu’on tirait le bon ou le mauvais numéro pour le service militaire. Il est vrai qu’à l’époque, les riches malchanceux achetaient les bons numéros des pauvres qui n’avaient plus qu’à aller se faire casser la gueule à leur place.
Moderne Miss Simonet ? Et si elle retournait aux écluses de l’île Monsin ? Il parait qu’elle y était d’une grande efficacité

29 août 2006

Gâchis.

Se rend-on compte en Belgique et en Europe où la politique américaine nous entraîne ?
Le bilan de l’actuel Président des Etats-Unis est catastrophique.
Il n’y a que l’Angleterre, ce valet irréprochable des States, pour prétendre le contraire.
Quant à la Belgique, les faire-valoir de l’impérialisme économique des Etats-Unis ont convaincu nos industriels et nos financiers de la vertu de notre grand allié, la population, c’est moins sûr.
Cependant de par nos alliances, nos amitiés anciennes et la volonté de nos mandataires, nous sommes par la force des choses impliqués dans le gâchis.
Personne n’a un bilan aussi lourd de désastres que Dobeliou Bush.
Un rapide coup d’œil et on est fixé.
De violents combats ont opposé d'importants groupes de talibans aux troupes afghanes et étrangères, faisant 75 morts parmi les rebelles mais coûtant aussi la vie à quatre soldats américains et à une douzaine de membres des forces gouvernementales.
Le problème afghan n’est pas résolu. La paix ne règne qu’à Kaboul. Partout ailleurs, c’est le retour des intégristes religieux. Pourtant, Bush se disait certain qu’entre les barbus et la démocratie, il n’y avait pas photo. Echec !...
La pétaudière libanaise dans laquelle l’armée d’Israël s’est engouffrée, n’est-elle pas le résultat de la politique pro-juive des Etats-Unis, armant jusqu’aux dents des revanchards, des frustrés, des démagogues et des criminels d’un côté, se faisant donner la réplique par des revanchards, des démagogues et des criminels de l’autre ?
N’aurait-il pas mieux valu limiter les ambitions juives à un pré carré initial qui s’est singulièrement arrondi à coups de canon et suscité une haine irréversible du camp adverse ?
Et quel est l’argument majeur, je vous le demande ? Israël est un pays démocratique, les autres pas.
Dobeliou est assez stupide pour vouloir imposer « sa démocratie » dont on voit les effets pervers partout dans le monde, sous prétexte que c’est la meilleure ! La meilleure par rapport à quoi, et avec quels arguments pour convaincre, sinon la force, comme ceux d’en face ?
Le ministre libanais de la Défense, Elias Murr, a menacé samedi d'interrompre le déploiement de l'armée libanaise au Liban sud si l'Onu ne se prononçait pas sur l'opération commando menée à l'aube par Israël dans l'est du Liban. Les Français demandent des garanties pour prendre la direction des forces d’interposition onusiennes. Le conflit risque de reprendre d’un jour à l’autre. Enfin, la force d’intervention se monte, mais avec moins d’effectifs que prévu. Si bien que la Belgique fait l’appoint de quelques centaines d’hommes.
Bush n’a aucune politique de rechange à proposer à ses amis Israéliens.
On est en pleine panade. Echec !
Les relations avec Téhéran se sont dégradées, en cause les Etats-Unis qui ont filé en douce l’arme atomique aux incendiaires de Tel-Aviv. Et on voudrait que l’Iran ne s’en inquiète pas et souhaite à son tour disposer du même joujou, comme l’Inde et le Pakistan ?
Par mimétisme à la politique américaine, voilà que les Européens réprouvent l’armement atomique dans les mains de Téhéran, mais ne crachent pas sur la vente de minerais d’uranium du Congo à l’Iran.
L’Iran n’est pas une puissance convenable. Elle est du côté des méchants. Même si l’on peut à juste titre se méfier d’un Etat dirigé par des religieux fanatiques, quel est le bel exemple de démocratie que nous donnent les USA ? Qu’est-ce qui pourrait justifier un engouement pour cet Etat singulièrement doué pour faire du fric sur le dos de tout le monde ?
Enfin, pour la bonne bouche, le fiasco le plus patent, celui de l’intervention américaine en Irak !
Là, la catastrophe atteint au génie…
Tous les jours la modification de l’insurrection en guerre civile fait des progrès.
Une série d'attaques contre des pèlerins rassemblés pour l'un des temps forts du calendrier chiite a fait au moins 16 morts et 230 blessés, dimanche 20 août à Bagdad, a annoncé le ministère de la santé irakien. Alors que des centaines de milliers de fidèles viennent commémorer le martyr, en 799, de Moussa Al-Khadim, septième des douze imams chiites, des snipers ont visés la foule dans les rues menant au mausolée de Kazimiyah, dans l'ouest de la capitale.

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Des faits comme celui-là minent les espoirs qu’on pouvait espérer à la chute de Saddam.
L’Irak est ingouvernable. Les trois communautés qui cohabitaient tant bien que mal se tirent dessus. Le désordre règne. Le gouvernement provisoire irakien est dépassé. Les Américains ne se risquent plus à patrouiller avec l’armée et la police irakienne. 30.000 militaires US supplémentaires stationnent à Bagdad. Les attentats continuent.
A cette anarchie, l’occupant ne propose rien. La démocratie restera dans l’histoire irakienne et peut-être dans celle de tout le Moyen Orient comme le synonyme de l’impérialisme américain.

28 août 2006

Aux universités des PS.

Les PS français et belges traversent des turbulences à la fois différentes et parallèles.
A l’Université d’été de La Rochelle, Lionel Jospin vient de péter les plombs. Lui qui a tout raté, y compris l’essentiel, la course à la présidence, qui n’est pas socialiste pour un sou et qui l’a dit avec tellement de conviction lors de son investiture de 2002 que tout le ponde en a été convaincu, voilà qu’il donne des leçons aux candidats à la candidature ! A quel titre ? A celui de son « expérience » de ratage complet ?… Enfin, à part Ségolène Royal qui reste souriante (son meilleur argument) les autres fulminent, s’inquiètent, s’observent, se positionnent. Résultat sous des dehors amusés (Lang), d’économistes rigoureux (Strauss-kahn) ou professoral (Fabius), on s’aperçoit de deux choses, la première qu’ils ont vieilli et la seconde qu’une grande inquiétude les anime.
Quant aux candidats incertains, Lionel, on l’a vu tel qu’en lui-même et Hollande, rondouillard et les yeux écarquillés en public et probablement le même dans le lit à côté de Ségolène. Si bien qu’on ne pourrait imaginer sa candidature que comme une tactique commune avec madame Royal. Monsieur ferait diversion.
On ne voit pas bien en cas du triomphe de la dame, comment les autres candidats pourraient s’y rallier sans manger leur chapeau.
Quant au socialisme belge, il attend le vent dans une mer d’huile, mais qui cache des récifs et des hauts fonds du côté de Liège et Charleroi. Dans un discours prononcé à l'occasion de la clôture des Universités d'été du PS, Elio Di Rupo a reproché au MR son "manque de loyauté". "Je souhaite savoir si le MR est toujours dans le gouvernement (...) On ne peut pas continuer comme ça", s’est-il exclamé.
Laissons de côté la stérilité d’un discours destiné à dire quelque chose et reprocher aux autres, par manque d’idées, ce qu’il pourrait reprocher à soi-même. Ce qui était à la fois amusant et inquiétant, c’est l’homme, son enthousiasme feint, sa façon de résumer ce que le parterre de ministres et de hauts responsables pensent, c'est-à-dire rien !... et dans les moments où il convenait de hausser le ton en parlant du MR, cette petite voix de fausset, si féminine dans l’aigu qu’elle faisait penser à Gérard Jugnot dan un film récemment passé à la télévision « papy fait de la résistance » avec le même timbre de voix lorsqu’il tempête, fulmine, à la différence que l’acteur était volontairement ridicule.
Il y a de ces petits détails dont on ne se relève pas, Di Rupo devrait le savoir.
Quant au dossier des prisons, même si le scandale émane d’un centre fermé (drôlement ouvert en l’occurrence), on n’y est pas si mal que cela puisqu’on y laisse des assassins présumés assister à des matchs de foot,
Pour revenir à la loyauté, Di Rupo et ses ministres sont plus loyaux que les autres au pacte libéral du gouvernement. C’est bon à savoir.
A quand la fusion ?
Ainsi, Di Rupo comme Maingain et Deprez pourrait épouser toutes les formes de loyauté à domicile, dans un même local.
Il est vrai qu’on sent chez lui un goût pour la chose chrétienne, qui passerait avant son amour de la société libérale. Alors son mysticisme prendrait le pas sur son libéralisme. La fusion avec Dieu, évidemment c’est autre chose !... Vaste mission, doux rêve !...
L’Utopia belge serait une sorte d’intégrisme socialo-libéral et divin. Evidemment, si Di Rupo peut mettre Dieu dans sa manche, on se demande qui aurait pu lui résister aux Universités d’été, le concierge, peut-être ?

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Quant aux rodomontades récentes du ministre-président flamand Yves Leterme, Di Rupo a battu le tambour de 1830 pour lancer un appel aux forces vives du nord et du sud du pays afin de réfléchir sur "ce que ce qui nous unit ». Ce qui nous unit le plus, c’est la pluie qui chausse la Flandre de bottes en caoutchouc. Les perspectives de la montée générale des eaux, rappellent à Yves Leterme que les points culminants se trouvent en Wallonie et qu’il ferait bien de s’en souvenir. Mais, évidemment, Di Rupo est trop passéiste et attaché au mythe de la Muette de Portici, pour savoir que l’avenir est « à la porte d’ici ».
En résumé, le PS franco-belge bat le beurre. N’est plus socialiste qu’olivier Besancenot qui n’est ni du PS, ni belge, mais dont les idées sont proprement sociales, justes et filles du vrai socialisme.
C’est ainsi. C’est lamentable. Qu’est-ce que vous voulez ? A force de tirer les gens vers le bas, les deux PS nous ont rendu médiocres.
C’est la raison pour laquelle il faut s’attendre à ce que la nullité recueille une fois de plus le maximum de voix.

27 août 2006

Le roman de Jean-Claude de Charleroi.

-Vous vous foutez de moi ?
-Je ne comprends pas !
-Vous ne croyez tout de même pas que je vais publier ça ?
-M’en fous… La « dernière Heure » le prendra moyennant quelques modifications.
….
La nouvelle a traumatisé Charleroi.
Jean-Claude est devenu Natacha !
Voilà une de ces bizarreries que même la nature explique difficilement.
On savait la nouvelle hardeuse fatiguée, pleurant à chaudes larmes d’anciens amis désormais ignorés. On ne savait pas que Jean-Claude Natacha tenait une maison de passe dans la Ville basse à Charleroi !
Le Père Samuel était au courant depuis longtemps de la volonté de Jean-Claude de devenir Natacha. Il aurait, paraît-il, baptisé la jeune femme et il l’aurait mariée morganatiquement à un certain D. R.
Mais le ménage est en grande difficulté. En cause les récentes affaires et les descentes de police.
La vie de Natacha n'a rien d'un long fleuve tranquille. Née garçon, baptisée Jean-Claude, devenue femme à la suite d’une querelle avec une figure montoise incontournable, Natacha a roulé sa bosse avant d'atterrir finalement dans la région où elle, tente, en compagnie de son mari, de mener une vie normale...
Rien n'est facile quand on est transsexuelle. C'est ce qu'est devenue, presque malgré elle, Natacha. "Je n'avais rien d'un garçon. À partir de ce moment-là tout est devenu plus compliqué..."

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Plongée dans le milieu carolorégien, ce n'est qu'il y a deux ans que Natacha en est sortie après que la maison de passe qu'elle tenait rue de la Moulinette ait fait l'objet d'une descente de la police judiciaire. "Cela s'est produit le 14 décembre 2004. L'établissement fonctionnait bien depuis plus de dix ans et j'ai été punie pour avoir engagé deux membres du parti venant des pays de l'Est, une Roumaine et une Bulgare, que j'ai finalement remerciées, car elles n'avaient pas de permis de séjour et mon protecteur ne voulait pas s’attirer d’ennui. Elles se sont vengées en déposant plainte contre moi en disant qu'elles avaient été mal logées dans des habitations sociales. Elles auraient été violées et battues dans les corridors privés d’électricité depuis six mois pour cause de manque d’ampoules ! »
C'est sur cette base-là que les policiers sont venus chez moi, où ils n'ont rien trouvé. « Qu’auraient-ils pu trouver depuis que je ne cotise plus au gang des forts en gueule ? En plus de la fermeture, cela m'a valu 8 jours de prison, avec les hommes, ce qui signifie, pas de préau, douche à minuit avec interdiction de ramasser les savonnettes, réveil toutes les dix minutes, impossibilité de laver ma lingerie. C’est là que j’ai revu mes anciennes camarades, qui, si elles avaient mieux réussi que moi, s’étaient quand même fait avoir par un excès de gourmandise. J’avais ébauché une romance avec un maton. Quand il a été découvert, on l’a muté à la prison de Termonde, le pauvre. »
Selon Natacha la terrible loi du monde de la nuit a détruit sa vie. L’amour du pouvoir et de l’argent sont les pires fléaux de cette Région du centre que Natacha aime tant !
Et de poursuivre : « J'ai cru bien faire en leur donnant de bonnes conditions de travail et en les mettant en règle de cotisation. Je ne comprends toujours pas pourquoi on nous empêche de les mettre en ordre alors qu'on les laisse importer par la mafia qui est dirigée d’où vous savez par qui vous savez. Elles payent très cher leurs fautes. En prison elles étaient en larmes. Quoique aujourd’hui depuis que les gens pensent à autre chose, elles sont presque toutes sorties de l’enfer. Mais leurs familles sont prises en otage par les réviseurs. Moi, elles me respectaient. Je cumulais peu de pourboires et je les laissais se repaître de petites broutilles que je leur concédais pour mieux les asservir à mon lieu de travail ... On a fermé mon établissement parce qu'elles étaient illégales. Je peux vous assurer qu'elles sont encore dans la rue à l'heure actuelle. Et on entendra parler d’elles en octobre, c’est moi qui vous le dis ! Sinon, elles, au moins les membres de leurs familles qui vont monter aux créneaux. »
Jean-Claude Natacha a confiance dans l’avenir.
Elle est restée très populaire à Charleroi où son bordel était fréquenté par des personnalités dont elle tait les noms.
Elle nous a reçus très simplement dans son salon où tant de fessiers illustres se sont posés. Dans un pêle-mêle retiré du mur dont on voit encore la trace sur le tapis rose à roses rouges délavées, elle nous a montré ses faux amis qui l’ont abandonnée au moment où elle avait besoin de leur chaude présence.
Elle a pleuré très sincèrement sur mon épaule, ce qui a laissé des traces de rouge à lèvre sur mon col blanc de pigiste, qui ne va pas favoriser mon retour au foyer.
Lorsqu’elle m’a quitté, elle m’a glissé dans un murmure « pourquoi tant de haine ».
Oui, pourquoi ?
Firmin Legrouillot, journaliste pluraliste.

26 août 2006

La conjecture de Poincaré.

Ou la dimension sans bord
Par Grigori Perelman

-On n'est pas là pour être ici."
-Si, quand même. Il ne faut pas oublier que pour être ici, il a d’abord fallu être là.
-Oui, mais si on est ici, on n’est pas là et inversement.
-Si ça continue, il va falloir que ça cesse !
-Pour que cela cesse on a besoin cependant que cela continue ! Oui, mais comment savoir à quel moment ce qui continue cesse, pour que cela cesse ?
-Considérons une variété compacte V à 3 dimensions sans bord. Est-il possible que le groupe fondamental de V soit trivial bien que V ne soit pas homéomorphe à une sphère de dimension 3 ?
-Parce qu’alors un train ne pourrait en cacher un autre, sans que l’inverse puisse arriver sur l’autre quai en regard de la voie opposée.
-Babouchka arrête. Je sens que tu es presque à la solution que je cherche depuis trois heures. Tu n’es que ma maîtresse, n’oublie pas. C’est moi le mathématicien retiré de tout et qui fuit les honneurs. C’est bien la traduction de la conjecture de Poincaré ? Ce n’est pas encore une astuce de ta part pour que ce soit toi qui trouves la première ?
Je n’y comprends rien. De toute manière, que je réussisse ou non, je refuse le prix Field. Alors, allons plutôt chercher des champignons derrière la datcha. Sur le temps que tu t’habilles – que dirait Ivanov notre voisin, s’il te voyait nue ? -, je vais y réfléchir, histoire de ne pas passer pour un matheux occidental et pour avoir le plaisir de leur filer la solution sous le nez et dire ce que je pense de leur concours. Ainsi, si je ne suis pas en Suisse pour le prix, je serai à Peter pour les champignons et j’aurai résolu la chose. Promets-moi, Babou que tu ne réfléchiras plus à la conjecture de Poincaré pendant que tu enfiles tes bottes ?
-Promis.
-Pour bien répondre à la question, il convient de s'accorder sur le sens que l'on octroi au verbe cacher. Prouver qu’un train peut en cacher un autre sous-tend qu'un con peut en cacher un autre. Nous montrerons qu'un con ne cache pas nécessairement un autre. Nous aborderons la question d'un point de vue heuristique, en imaginant un con qui se cache.
Qu'un con cache un autre en se plaçant devant l'autre, cependant un train qui en cache un autre n’est jamais sur la même voie pour le masquer de sa masse dans l'axe qu'il forme par rapport à l'observateur. Le premier cache le second si sa masse n’est pas transparente. Par exemple une vitre ne pourrait en cacher une autre. Cette opacité est un phénomène bien connu des loueurs de verres fumés aux éclipses solaires. Le con qui en cache un autre possède par ce raisonnement une opacité qui nous fait dire que nous avons affaire à "sombre con". Donc, un con opaque peut en cacher un autre.
Un con ne réfléchit pas la lumière.

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-Je suis prête. Tu en étais où ?
-Un con qui ne réfléchit pas…
-Oui. Mais si un con qui ne réfléchit pas est opaque et cache naturellement un autre, comment pourrait-il chercher à en cacher un autre ? Et l’autre, pourquoi chercherait-il à se cacher sans l’aide du premier con ? Aussi con qu'il soit, le con a des chances de demander de l’aide à un autre con !
-C’est ici que nous rejoignons la dimension sans bord de Poincaré qui n’en peut cacher un autre.
-Un autre Poincaré ?
-Non. Un autre bord.
-Si bien que le déroulé de la bande de con devient sans bord tant l’abîme des cons est insondable.
-Génial. Tu viens de démontrer l’infini !...
-Non. C’est toi, vu que j’ai toujours été cachée par toi C’est une question de stature. Tu es sûr que la médaille ne t’intéresse pas ? Il y a peut-être moyen de la revendre sur les quais de la Neva dimanche prochain ?

25 août 2006

Privatisation.

-Que pensez-vous de la privatisation des prisons ?
-La liberté d’entreprendre étant un droit absolu, nous verrions cela d’un bon œil.
-Oui, mais en attendant ?
-Des initiatives peuvent être prises parmi nos jeunes entrepreneurs. Cela pourrait déboucher sur une offre d’incarcération du particulier aux particuliers particulièrement délinquants. C’est une question de coût. Si le lit de prison revient moins cher dans le privé, pourquoi pas ?
-Il y aurait une concurrence entre le ministère de la justice et la chambre de commerce de l’HORECA ?
-Exactement.
-Qui déterminerait de la prison d’Etat de la prison privée, laquelle accueillerait tel ou tel type de délinquants ?
-Le délinquant lui-même. Le consommateur aurait eu, au préalable, les éléments qui lui permettraient de comparer les services et les prix.
-Et les remises de peine ?
-Nous préparons une brochurette sur la question. Vous savez comme elles sont distribuées à environ la moitié de la peine. Nous proposons le quart, avec ristourne pendant les soldes.
-Et l’opinion publique ?
-Justement, elle nous est favorable.
-Vous n’allez pas me faire croire que l’opinion publique souhaite que Marc Dutroux sorte de prison au quart de sa peine ?
-Evidemment non. Aussi avons-nous déjà étudié avec l’intéressé un emploi fixe dans notre société d’incarcération. Ainsi, il resterait chez nous jusqu’à sa pension.
-Qu’y ferait-il ?
-Du marketing dans la pré-délinquance. Nous pensons qu’il y serait convainquant.
-Quelle serait votre expansion naturelle ?
-Nous pensons offrir aux citoyens une meilleure qualité prix dans les élections et finaliser la formation d’un gouvernement privatisé.
-L’Etat ferait des économies ?
-Enormes.
-Et le citoyen ?
-Aucunes. Cependant, il y trouverait son compte.

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-Comment ?
-Dans les offres d’emploi que nous reformulerions pour les différents ministères, le premier ministre et même le roi.
-Vous privatiseriez le roi aussi ?
-Oui. Nous avons reçu des offres de dix-sept milliardaires belges qui sont prêts à nous verser des sommes jusqu’à présent que nous gardons confidentielles en raison de la concurrence, pour ce poste suprême.
-Et les partis politiques ?
-Il y a déjà longtemps qu’ils sont privatisés.
-Comment cela ?
-Vous n’imaginez tout de même pas que les responsables dont vous entendez parler pendant des décennies et à travers toutes les législatives ne sont pas des actionnaires incontournables des partis, voire pour certain des industriels majoritaires ?
-Ah bon ! J’ignorais. Quelles seraient alors vos perspectives d’avenir ?
-Un accroissement de la délinquance et une augmentation du nombre de postes dans les ministères.
-Mais ce serait contraire au principe de rentabilité ! Comment paieriez-vous tout ce personnel ?
-Par l’inflation et en faisant appel à la main-d’œuvre étrangère.
-Vous iriez jusque là ?
-Il y a bien des plombiers polonais. Pourquoi pas un premier ministre polonais à la tête de notre gouvernement ?
-Et pour le roi ?
-Bill Gates est sur les rangs.
-Que vous resterait-il à privatiser ? La connerie ?
-Non. Celle-là, c’est déjà fait. Nous pensons aux serviteurs des cultes. Un curé, ce n’est pas grassement payé, mais cela a ses avantages.
-Comment susciteriez-vous les vocations ?
-Nous nous entremettrions à Rome pour le mariage des prêtres.
-Vous avez déjà obtenu des résultats ?
-Oui. Mais nous luttons pour de nouveaux avantages. Par exemple, le droit pour un prêtre marié d’avoir une ou deux maîtresses.
-Je vois. Vous auriez beaucoup de candidats.
-C’est l’avenir, je vous dis.

24 août 2006

Rénovation.

La prison de Termonde en rénovation, on se demande pourquoi la justice court après des détenus qui se sont fait la belle…
Ça libère des places, non ?
Tout se rénove en Belgique. Cela va de mieux en mieux.
Voilà 28 ménages recomposés, des familles en joie et des filles du même nom complètement rassurées par le retour de leurs protecteurs.
La confiance dans la Ministre de la justice, complètement rénovée aussi !... Laurette était radieuse au Parlement. Les prisons vétustes, c’est fini.
On dit même que grâce à cette évasion plusieurs travaux d'infrastructure seront avancés et le cadre du personnel rempli !
Alors de quoi le personnel se plaint-il ?
Laurette a même rencontré les délégués syndicaux toute une journée. Elle qui ne savait plus ce que c’était un syndicat, elle s’est retrempée dans le militantisme actif. C’est bon quand même pour les futures élections. Ainsi, elle pourra dire à ses nouveaux et prochains administrés de Schaerbeek : « Le socialisme, je connais ! J’ai vécu une journée en immersion sociale ».
On était comme au théâtre, vu que les journaux ont comparé les matons en grève de Termonde à des acteurs du monde pénitentiaire.
En voilà des cabots, ils laissent filer 28 détenus et au lieu de les engueuler, on les applaudit ! C’est bon à savoir dans les autres prisons. Si j’étais de Saint-Gilles, j’en laisserais filer cinquante, afin qu’on s’intéresse un peu à moi, qu’on me rénove aussi…
C’est de la cellule 15, en cause dans l'évasion massive, que le guignon est venu. La porte était en bois, les autres aussi, mais celle-là particulièrement. Aussi pour la punir, un prototype de porte métallique sera installé à sa place.
Si ce modèle est concluant, il sera demandé à l’ancien détenu de la cellule 15 de le tester une ultime fois devant les autorités carcérales, des fois que l’incarcération sous porte blindée aurait un vice caché. Depuis qu’Arcelor est devenu Mittal, on n’a plus confiance dans la qualité du minerai luxembourgeois.
Si l’essai est concluant, toutes les portes en bois seront remplacées. Pendant une semaine, le va et vient des ouvriers remplaçant des portes et le fait qu’à cinq heures la journée se termine, il se pourrait que quelques détenus passent quelques soirées sans porte. On compte sur le sérieux des incarcérés pour ne pas sombrer dans le même besoin de changer d’air que leurs collègues en fuite.
Idem du remplacement des serrures qui viendront équiper les portes blindées dans la mesure des dépenses prévues au budget sous la rubrique quincaillerie administrative.
La reprogrammation du système d'alarme, l’évaluation et le remplacement des caméras défectueuses, tout sera rebranché et remis en activité selon une nouvelle procédure qui sera publiée au Moniteur dont les fascicules seront mis à la disposition des détenus qui entreprennent des études de droit.

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Le personnel de la prison de Termonde, en grève depuis lundi qui réclamait 15 gardiens supplémentaires, ayant fait la preuve que même lorsqu’ils ne sont pas là, les détenus qui ne veulent pas s’évader restent sagement dans leurs cellules, Laurette Onkelinx souhaiterait les regrouper dans des maisons d’arrêt sans gardien.
Aux autres, elle offrirait ses bracelets dont ses admirateurs l’ont couverte.
D’après les comptes de la ministre, ils sont 88,7 gardiens à temps plein. On se perd en conjectures sur les sept dixièmes de gardien. Tout laisse à supposer que si les sept dixièmes sont restés fidèles à l’administration, les trois dixièmes restant ont pris la tangente avec les évadés.
L’enquête est en cours dans les bureaux du ministre des finances pour le versement des indemnités de rupture entre les dixièmes.
Pendant la durée des travaux de sécurisation, le nombre maximal de détenus à Termonde ne pouvant pas dépasser les 175, il est recommandé aux excédentaires de sortir momentanément de l’établissement. Les modalités de départ doivent encore être discutées en comité de concertation de base.
Les matons ont réagi froidement aux propositions de la ministre, certains allant jusqu'à parler de se plaindre au ministre de la région flamande Leterme, du fait que la ministre ne parle pas le flamand dans son intimité avec son actuel mari, Marc Uyttendaele.
Comme on voit, la pasionaria du socialisme bobo n’est pas encore sortie du bilinguisme qui avait déjà entaché sa carrière à Liège, mais dans l’autre sens.

23 août 2006

Un parti Royal ?

La situation du PS français à trois mois de la désignation du candidat socialiste à la présidence de la République s'est alourdie par la pléthore de candidats.
Où est-il le temps de Lionel Jospin où seul Henri Emmanuelli lui donnait la réplique ?
Par exemple en Belgique, le PS est incarné par Di Rupo. Si les mœurs belges s’écoulaient jusqu’à la rue de Solferino, seul François Hollande serait le candidat naturel et personne ne s’y opposerait.
Ce qui ne veut pas signifier qu’en Belgique, c’est mieux et que se succéder à soi-même dans les bravos et les sourires est une marque de démocratie.
C’est un fait, le public n’aime pas trop choisir quand il y a trop de choix. Deux, à la rigueur trois candidats lui suffisent amplement.
Les Français n’échappent pas à la règle. Ils veulent du pré-mâché. Trop de données et ils ne retiennent rien.
Les candidats offrent le pitoyable spectacle de potaches qui se bousculent dans la cour de l’école le jour de la rentrée.
On ne parle pas assez d’eux, de leur parcours, de ce qu’ils ont accompli. Ils ont dirigé la France à différentes époques et leur passage aux affaires, si personne ne s’en souvient plus très bien, ce n’est pas parce qu’ils se sont montrés insignifiants, mais parce qu’ils ont accompli parfaitement leur mission. C’est du moins ce qu’ils répandent partout, avec le sourire du vainqueur, le même qu’en Belgique, une sorte de sourire international et passe-partout.
Seul Fabius y a laissé des traces.
On se souvient du sang contaminé, alors qu’il était premier ministre, et la réponse de Georgina Dufoix qui était le ministre de la santé publique à l’époque : « responsable, mais pas coupable ».
C’est exactement ça. Rien n’a changé. Certes, ils sont responsables, le moyen de nier ? Quant à être coupable, c’est autre chose.
A-t-on jamais vu un ministre coupable ?
Si, quand même, nous avons vu un Ministre démissionner : Louis Tobback, après l’affaire du Heysel.
Mais, c’était en Belgique.
En résumé, tous les candidats français à l’investiture du PS sont donc responsables et jamais coupables, leur parcours est parfait et ils n’attendent des militants socialistes que leur approbation unanime.
C’est une incongruité que Ségolène Royal sur la foi des sondages veuille tenter sa chance aussi.
Qu’a-t-elle comme bilan, se récrient les amis des autres candidats ?
Tant aujourd’hui il faut garder une certaine réserve quitte à laisser s’en donner à cœur joie les amis de Jack Lang, de DSK, de Fabius et même de Lionel Jospin qui se tient à la disposition du parti, selon une belle formule.
Des autres candidats, c’est normal, mais de la part des amis de Lionel Jospin se lâcher ainsi sur Ségolène relève d’un cas de conscience. La dame n’est pas vraiment socialiste, Jospin non plus, voilà qui devrait les rassembler ?

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C’est le papa des enfants de Ségolène, François Hollande, qui est le plus en porte-à-faux au cas où son égérie serait effectivement sur la liste des candidats.
Pourrait-il décemment diriger le Congrès d’éligibles avec le plus d’équité possible ?
N’y aura-t-il aucun murmure dans la salle s’il ne cède pas son fauteuil, ne serait-ce que pour cette seule élection ?
Bref, le parti socialiste français, s’il veut jouer le rôle de rassembleur de la gauche ferait bien de sortir de son chapeau le nom de sa ou son candidat, sans que les évincés ne la ramènent trop.
On peut observer que chez les Verts, Voinet n’a pas fini de s’imposer, tandis que chez les communistes, l’ancien réflexe stalinien joue toujours au profit de la Secrétaire di Parti.
Bref, tout le monde est suspendu aux lèvres de François et des autres candidats, avec une mention particulière pour les lèvres purpurines de Ségolène, celles de Dominique Strauss-Kahn étant largement battues dès le premier tour.

22 août 2006

Des Germains et des Latins.

C’était prévu, dans le désert de l’info estivale, c’est Leterme qui ramasse tout.
Il nous fait une crise flamingante d’un bel effet. Mais, dans cette haine rémanente des fransquillons il y a une autre haine que nos patriotes exacerbés ne veulent pas voir, celle de l’Etat belge.
Là-dessus, Olivier Maingain, l’ineffable, porte plainte pour les propos qu’il a tenu, en quoi les partisans de la liberté d’expression ne peuvent être d’accord. Enfin, cette plainte relevant d’un folklore pré-électoral n’est que l’expression d’un ridicule dont le Bruxellois est coutumier.
C’est triste à dire, mais le flamand n’est ni plus ni moins qu’une langue bâtarde, un peu comme le français risquera de le devenir un jour par rapport à l’anglais.
D’où cette frustration incessante que l’on rencontre chez les politiques et les intellectuels flamands.
Reste l’autre haine, celle d’un Etat belge dont par compensation nos « hommes d’Etat » francophones portent au pinacle.
Et ils n’aiment l’Etat, ces Pygmalion, que parce que l’opinion générale en wallonie est pour le Roi, la Loi et tout le saint tremblement. La tendance « retour à la France » deviendrait à la mode, vous les verriez parler du « département de l’Ourthe » et des exploits de l’Armée des Sans-culottes.
C’est l’inverse de l’autre côté de la ligne Siegfried-Thyl Uilenspiegel. Puisqu’on en est à la lourdeur belge, disons que ce qui accentue la lourdeur générale, c’est le plomb de la lourdeur flamande. Là, on n’aime pas l’Etat belge à cause de cette aigreur germanique prévenue par atavisme et préjugés contre l’insouciance latine. Nous sommes dépensiers de leur argent, tandis qu’eux sont économes et prévoyants. Nous sommes peu instruits et immatures, tandis qu’eux sont réfléchis et polyglottes. Cela bien ancré dans leur esprit comme dans celui d’Yves Leterme. Quant au fond, c’est pire. L’âme flamande est profondément nationaliste et viscéralement de droite. Tout nous sépare d’eux. Ce qui est extraordinaire c’est que nous n’avons pas d’Yves Leterme en Wallonie. Certes nous avons aussi nos séparatistes, nos rattachistes, mais tout cela dans le folklore et la bonne humeur. Nous entendons le chant des sirènes, un peu comme si nous assistions au Conseil de la république Libre d’Outremeuse. Nous n’y croyons pas. Et nos élus non plus.
C’est notre drame, les Flamands sont demandeurs et comme on ne peut les satisfaire qu’en liquidant l’Etat belge, on leur abandonne sous forme de concessions notre âme et finalement notre honneur.

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Pour raccommoder la porcelaine Di Rupo sait qu’il ne peut pas tenir fermement une position wallonne et francophone devant des gens qui ne demandent pas mieux qu’il y ait rupture.
Ce n’est pas une tactique chez Leterme et ses semblables, c’est l’expression d’un dégoût de la francophonie et la volonté de se défaire d’un Etat fédéral de plus en plus lamentable à leurs yeux.
La faute incombe à nos dirigeants, les anciens comme ceux d’aujourd’hui. Di Rupo l’a écrit. Nous avons débuté dans la lâcheté à la création d’une frontière linguistique arbitraire, injuste et déjà conçue pour retenir les Flamands.
Nous n’avons pas cessé depuis de nous pendre à leurs basques à implorer qu’ils restent avec nous, alors que nous n’avons rien en commun à part le roi, le foot et la bière, comme a dit Leterme à quoi peuvent s’ajouter les frites et l’humour à la belge qui est un condensé de l’almanach Vermot et des lieux communs de la connerie occidentale.
Reste que malgré les rodomontades et les prurits nazis, les Flamands sont couillonnés sur leur territoire artificiellement gonflé par le rôle linguistique apparemment favorable, de la montée du Français dans la périphérie bruxelloise et la persistance des habitants de régions entières de la Flandre à s’exprimer en français lorsqu’il s’agit d’avoir une pensée précise.
C’est là que nos pitoyables défenseurs trouvent des forces dont ils auraient tort de se priver. Les Flamands ne peuvent plus annexer Bruxelles à leur fuite en avant. Ils ne pourraient pas condamner 90 % de la population « aux facilités » dont ils accablent les résidents francophones qui campent sur « leur » terre
Ils ont beau établir leur quartier général dans la capitale, bénéficier à leur tour des facilités pour une représentation proportionnelle à la peur que nos élus ont qu’ils nous abandonnent, jamais ils ne pourraient fonder un Etat flamand en faisant de Bruxelles leur capitale. Ce serait une première dans le monde d’un Etat raciste et unilingue ayant pour capitale une ville qui ne parle pas la langue élue !
Que nos petits lâches se rassurent, leurs positions devant les Flamands tiennent sans eux. C’est à se demander si nos ministres ne sont pas un peu pervers en souhaitant la lente pénétration des thèses flamandes, comme les derrières appellent certaines natures à vite baisser les pantalons.

21 août 2006

La Tour prends garde…

…de te laisser abattre !

Les anciens de la BSR, les polices intégrées et tout le tremblement des « spéciaux » vont être sur les dents les 24 et 31 août du côté de la Tour de l’Yser.
Ce sera le moment de comptabiliser les sympathisants de l’extrémisme flamingant fortement divisé cette année.
Le pèlerinage flamand de Dixmude est le rendez-vous incontournable des nombreux nationalistes d’Europe qu’affolent ceux qui sont nés quelque part, sauf là où il faudrait. C’est une grand’messe que les hallucinés de la conscience flamande ne manqueraient sous aucun prétexte. Cette année, la réunion des purs se coupe en deux : les ultras, le 24 et les conciliants, le 30. Les échauffourées étant le lot des années précédentes, peut-être s’y tapera-t-on moins sur la gueule au nom du lion noir sur fond jaune.
La situation qui en découle est suffisamment confuse pour mériter des explications.
Le Pèlerinage était, jusqu’à l’année passée, organisé par un comité officiel, ambitionnant le respect de la pluralité du mouvement flamand.
En réalité, les activistes Flamands entre eux ne savent pas se sentir. D’un côté les régionalistes (proches des partis coutumiers des salades habituelles sur la Belgique éternelle) qui défendent une autonomie culturelle et financière de la Flandre, sans remettre en cause l’existence de l’Etat belge, des sortes de di-rupoliens en moedertaal qui pleurent de joie quand la Belgique gagne un match de foot à l’extérieur ; de l’autre, les nationalistes attachés à l’idée d’indépendance, dont les troupes du Vlaams Blok constituent le principal apport, tous suspects du plat pays. Ils sont travaillés de l’intérieur par les artistes du renseignement, et dans le collimateur des polices du Royaume.
On a compris, pour le palais et les partis de gouvernement, les régionalistes sont des interlocuteurs, les nationalistes des ennemis de Manneke Pis, donc de la noble cause de l’harmonie de l’Etat autour de la Brabançonne.
Depuis des années, ça tourne au vinaigre. Devant la Tour de l’Yser, on a même vu la fine fleur linguistique du Nord en venir aux mains au nom de la Patrie flamande.

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Les pointus ont trouvé cette année la solution préférable au rentre dedans.
Les régionalistes se retrouveront seuls à la « Tour » le 31 août prochain à Dixmude, débarrassés des remuants nationalistes, ceux-ci ayant choisi une prairie limitrophe pour remplacer les bœufs qui y paissent d’hatitude le 24 dudit mois.
L’âme flamande aura donc deux pèlerinages, ce qui ne peut que renforcer et durcir contre les fransquillons ceux qui auront à cœur d’assister aux deux cérémonies, comme on n’est jamais assez catholique et fréquenter deux messes consécutives, c’est mériter le Walhalla qui doit bien se trouver quelque part entre Bruges et Anvers.
Les nationalistes sont les plus excités d’amour de la Flandre. Ils ont publié un communiqué
que tout qui n’est pas flamand n’est pas le bienvenu. On voit déjà le contraste entre le Vlaams Belang et les européens convaincus qui cohabiteront sur le sol flamand herbeux, comme à l’heureux temps de la bataille sacrée des Eperons d’or.
Comment accueilleront-ils les skinheads qui traversent la Manche pour hurler quelques slogans racistes avant de reprendre la Malle pour Douvres, bien encadrés par nos Hercule Poirot bilingues ?
Affaire à suivre le 24 ?
A l’avance divisés, les spécialistes ne s’attendent pas à voir un spectaculaire rassemblement. Ce n’est pas sur l’Yser que se perdra l’Etat.
La traditionnelle bourse nationaliste au café « Hof Van Vlaanderen » aura bien lieu le 31 à dixmude. On pourra y verser une larme sur ceux qui sont morts sans avoir été amnistiés de leur passé nazi et réfléchir à une stèle à la mémoire des martyrs du Front de l’Est.
Bref, rien que du banal.
A moins qu’une initiative ne prenne tout le monde de vitesse, y compris les organisateurs pour un nouveau round entre Régionalistes et Nationalistes.
Heureusement pour nous, les Fourons ont été digérés par nos voisins qui n’envisageront pas une nouvelle marche. On ne sait pas si Hub Broers, le bourgmestre flamand des Fourons, fera le voyage à la Tour, ni si ce sera le 24 ou le 31.
Ce qu’on sait, c’est que la Commune qu’il administre est tombée dans l’anonymat et que c’est mauvais pour la Flandre.
Il est temps pour tous les flandriens que tout cela sorte un peu des polders. Les élections, ce n’est pas pour tout de suite, mais il faut y penser…
A quand la carte d’identité précisant le régime linguistique de chaque Belge ?

20 août 2006

Un animal bien stupide.

On se demande pourquoi l’aventure humaine ne se terminerait pas un jour tragiquement.
Tous les ingrédients sont réunis pour le scénario catastrophe. Guerres, pollutions, problèmes religieux, migrations, surpopulations, la prolifération de l’arme atomique, le tout en vrac et sans priorité, chaque facteur de risque mal contrôlé pouvant conduire à une catastrophe majeure, comme d’autres facteurs extérieurs ou indirectement liés à l’activité humaine : pandémie incontrôlable, propagation par défaut de précaution d’un virus ou d’une bactérie sorti d’un laboratoire, sans oublier les phénomènes naturels, notre aventure sur cette planète phagocytée ne tient qu’à un fil.
C’est évidemment les risques qui nous échoient et qui sont issus de nos travers que nous devrions supprimer de la liste, si nous étions plus sages et moins obnubilés par l’appât du gain, une volonté de domination et un goût démentiel pour un « progrès » essentiellement économique et peu rationnel, basé sur l’hégémonie d’un pouvoir le plus souvent établi par les armes.
Il faudra bien prendre son parti.
Depuis la nuit des temps, on le sait, l’homme n’est pas sage.
Le fruit le plus élaboré de son imagination est là pour nous le rappeler.
On ne peut concevoir nulle part dans le monde une régression volontaire afin d’atteindre à un équilibre universel.
Prenons l’automobile. Comment faire comprendre que ce « progrès » est condamné à disparaître ? Entre-temps, il est impossible d’en restreindre l’usage, si ce n’est en privant les pauvres de cet avantage. Ainsi donc, nous nous battrons jusqu’au bout, jusqu’à la dernière goutte de pétrole pour en conserver l’usage par un réflexe d’appropriation quasiment mécanique qui pourrait pousser les Etats riches à faire la guerre pour conserver les ultimes sources fossiles.
Il en va de même pour tout.
Le système économique que nous avons mis en place est singulièrement efficace pour nous rendre jouisseurs et égoïstes, sans que nous puissions rien faire qu’en jouir dans la mesure de nos moyens. C’est un déni à la morale et à la conservation de l’espèce.
Nous l’abandonnerions à son immoralité foncière ? D’autres prendraient notre place et invinciblement poursuivraient la marche folle à la mort.

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C’est le même principe qui pousse à la guerre.
L’inéluctabilité de cette projection rend fou !
L’Ancien Régime, la démocratie, la dictature, d’autres systèmes encore, sous tous les climats les responsables n’ont su protéger la paix. Nous naissons pour combattre et nous mourrons en combattant. C’est une sorte de fatalité d’autodestruction imbécile malgré les leçons de l’histoire et l’évidence que les conflits armés ne résolvent jamais rien et que, tôt ou tard, un peuple qui s’éveille sous le joug d’un autre, cherchera à retrouver sa liberté.
Alors, que faire ?
La solution la plus simple serait de canaliser cette énergie destructrice vers des objectifs d’intérêt universel qui seraient situés en-dehors de notre planète, comme la conquête de l’espace ou la connaissance de l’univers, en faisant miroiter – afin de ne pas attaquer de front le système égoïste qui correspond si bien à l’égoïsme général – l’intérêt économique d’une telle conquête.
Ce n’est pas la panacée, mais cela aurait le mérite de faire rêver, de mettre au premier plan les progrès de toute nature qui en découleraient, de changer la destination des milliards investis pour la guerre et surtout de faire participer l’ensemble de l’humanité à un programme collectif.
Quand on voit l’imbécillité du dernier conflit au Moyen-Orient, les destructions en quelques semaines du Liban qu’il faudra des années pour reconstruire, la non résolution du problème de la cohabitation d’un Etat juif au cœur d’une population musulmane, donc la précarité de cette drôle de paix, on se demande si le génie humain à la capacité de se surpasser et d’abandonner ses misérables performances pour se consacrer à un projet fort de diversion.
Avec les responsables des « Etats souverains » qui s’égalent en bêtise et en cupidité, qui font de la politique à la petite semaine en suivant les cours du dollar, on est vraiment mal parti pour les grands projets.
On est vraiment mal parti pour tout.
Heureusement qu’il nous reste le rire et la conviction qu’il n’y a plus qu’à s’en foutre.
Alors, en attendant, que les économistes, les politiques et les généraux aillent se faire voir.

19 août 2006

Exploits.

-J’ai fait la face Nord de l’Eiger en hiver et une main liée derrière le dos.
-La belle affaire ! Je l’ai faite en patins à roulettes avec un bras dans le plâtre.
-Franchement, mes Loulous, l’alpinisme ne me tente pas.
-La traversée de la manche sous l’eau, pas plus tard que la semaine passée, on en a parlé dans les journaux, c’était moi.
-L’année dernière, je l’ai faite en hiver, en aller et retour, Douvres-Le Havre, et le tout en apnée. J’avais droit de ne remonter que cinq fois pour l’aller et quatre pour le retour.
-Pourquoi cette différence ?
-A cause du Gulf stream.
-Vous allez vous vanter longtemps ? Moi, j’ai besoin d’un homme sur qui je peux compter et qui ne me raconte pas des craques. Un sportif, sans doute, mais pas de ces sports là, si vous voyez ce que je veux dire ?
-Au Club, on m’appelle six coups.
-C’est de country dont tu parles ?
-Non, de lit.
-Evidemment, en cow-boy, tu fais moins d’un mètre cinquante… Tu monterais un poney de la foire d’octobre qu’il te faudrait quand même un escabeau.
-Parle pour toi, l’échalas.
-Rivaux, certes, mes Loulous, mais courtois. Et l’échalas, pardon, Félicien, qu’est-ce qu’il nous dit de ce côté-là ?
-Il ne dit rien. Tant je n’aime pas les fanfarons des nuits chaudes, le hussard sous la couette des lendemains d’entrées triomphales…
-C’est bon, c’est bon. On a compris.
-Et si je vous tirais à la courte paille ? Plutôt non, j’ai une meilleure idée. Je prendrai celui qui répondra à ma question.
-Facile.
-Quel est l’auteur de la « Cigale et la fourmi » ?
-Pas facile.
-C’est un contemporain ?
-Paul-Loup Sulitzer ?
-Puisque la culture, c’est raté, montrez-moi votre fiche de paie ?
-Mon patron me paie de la main à la main.
-Moi aussi.
-Alors, combien gagnez-vous ?
-Cinq, six mille, par là…
-Sur un an ?
-Non, sur la semaine.
-Moi, je fais plus.
-Comme je vois, c’est impossible de vous départager. Qui est-ce qui paie les consommations ?

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-Ecoute, je suis pressé. Demande-le, à l’autre.
-J’ai oublié mon carnet de chèques dans la voiture.
-T’as une voiture ? J’ai vu que tu retirais tes pinces à vélo en entrant à la discothèque.
-Parce que t’as une voiture, le mariolle ?
-Parfaitement.
-Où elle est ?
-Au garage, un type ne supportait pas la marque et il a fait une griffe sur le capot juste en-dessous du cheval cabré.
-Arrête de déconner. Elle est partie.
-Tu fais quelle pose ?
-Le matin.
-Pareil.
-Faudra y aller, sans quoi on pourra pas se lever.
-T’es d’accord. La tienne s’appelait Fernande et la mienne Clarence ?
-Est-ce qu’on n’avait pas déjà employé ces prénoms ?
-Peut-être. Mais les copains ne s’en souviendront plus.
-Et qui est-ce qui a couché le premier ?
-Moi.
-C’était encore toi la semaine dernière.
-Tu crois ?
-Certain.
-Alors, on va dire que c’était deux sœurs et qu’on y est allés en même temps.

18 août 2006

Leterme dimane keû !

C’est déjà la rentrée politique. Et pour cause : la proximité des élections communales.
On voit déjà les ténors des deux communautés jouer les mâles qui se défient devant les femelles (nous).
Dans une entrevue publiée jeudi à Paris par le quotidien français "Libération", M. Leterme, ministre-président de la Région flamande, parle durement des francophones, mais c’est uniquement pour qu’il soit entendu des pointus de son bord.
Du coup Di Rupo qui a ses « tchèsses di bwès » réplique de la même manière.
Mais les journaux qui n’ont rien à se mettre sous la dent en cette période creuse rapportent les propos des uns et des autres suite à l’interview de Leterme. Et ça fait un mini scandale.
Rapporter les propos aigre-doux de ces pintades à la parade amoureuse dans ce blog ? Pas question, sinon de les résumer de la façon suivante :
Leterme – Ti m’fès potchî foû d’mès clicotes, nom di diu !...
Di Rupo – Clô t’gueûye vormint.
C’est que pour Leterme, les Francophones de la périphérie ne s’adaptent pas à cette langue si merveilleuse qui est la sienne et ça l’énerve. Et de parler avec frénésie de la ligne Maginot de sa frontière linguistique.
A vrai dire nous ne nous adaptons pas non plus aux discours approximatifs dans la langue de Molière des Flamands du gouvernement. Ils pourraient faire un effort quand même ?
Di Rupo s’est-il trouvé personnellement insulté au point que notre Mazarino national renvoie la balle au bond ? N’était-ce pas comme toujours la confusion des temps du conditionnel chez nos amis du Nord qui l’aurait énervé à tort ?
Mais, la suite des propos du Président « d’avô châle » est très éclairante sur la façon dont les Wallons et les Bruxellois ont été bradés par les « Anciens » des partis traditionnels de l’époque, lorsqu’il dit : « …la frontière linguistique a été artificiellement tracée sur base des rapports de force politique, sans se soucier de la volonté d'appartenance de la population. »
Ainsi, dès les années soixante ont été vendus des gens qui sont passés d’un régime linguistique à un autre pour ménager la susceptibilité flamande et permettre à l’Etat belge de se fédéraliser à notre désavantage pour qu’il survive encore un peu !
Mais qu’elle est belle la démocratie en Belgique, quand des individus trahissent la confiance de leurs électeurs pour des questions de tiroir-caisse.

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Quand je pense que les mêmes poussent des cris d’horreur quand ils constatent que les Israéliens ont fait pareil avec leur mur de la honte !...
Quant à dire ce qui est juste ou ce qui ne l’est pas dans cet Etat d’opérette, c’est autre chose. Songeons qu’à Bruxelles 90% de francophones et 10% de néerlandophones sont nécessaires pour qu’un Parlement généreusement représentatif de cette minorité fonctionne afin de satisfaire Leterme. Dans ces conditions, les francophones doivent s’attendre à ce que leurs mandataires les déculottent pour qu’à l’issue de ce marché de dupes, ces derniers puissent laper encore l’assiette au beurre.
Quant au reste de la basse-cour francophone, c’est la crise nerveuse simulée.
Chez les lilliputiens Isabelle Durant stigmatise la virulence des déclarations d'Yves Leterme. Selon elle, sur ce point, le ministre-président flamand ne se distingue guère du Vlaams Belang.
Milquet du CDH, se rappelle Nothomb et ses courbettes aux Autorirés en critiquant comme l’aurait fait son prédécesseur l’indécence de Leterme de s’exprimer devant une opinion publique étrangère.
On passe les vaticinations de Reynders sur le thème et on a ainsi fait le tour des répliques des Compagnons de la chanson de 1960 à nos jours.
Voilà, on est contents. C’est la rentrée. Il était temps. On commençait franchement à s’emmerder aux informations de 19 heures 30.
La RTBf va faire la soudure avec le contingent de l’ONU qui va appuyer les soldats libanais à la frontière avec les Juifs.
Leterme et le Moyen-Orient au secours d’une télévision francophone, il fallait le faire.

17 août 2006

Un commerce honnête.

Chaque image de guerre dans les pays pauvres de la planète nous renvoie à la même interrogation : mais qui arme donc ces gens dépenaillés, ces enfants soldats, ces paysans n’ayant plus que la peau sur les os et qui traînent des fusils plus qu’ils ne les portent ?
Les chefs de guerre me direz-vous, tous plus ou moins riches d’anciennes rapines et de meurtres et seuls capables de s’offrir des kalachnikovs, des bazookas et des centaines d’armes de poing de tous modèles et de tous calibres.
J’entends bien. Mais, il y a bien des marchands d’armes raflant les surplus de l’ancienne armée de l’URSS, des représentants des compagnies d’import-export, des manufacturiers spécialisés dans l’explosif, des fabricants de copies conformes de tous l’assortiment de guerre qui reconvertissent des tubes de plomberie en fusils à pompe… Bref, il y a une industrie qui sous-traite les armes, qui les vend et qui les expédie là où elles sont nécessaires aux affrontements.
Il peut sembler paradoxal que ces « industriels » passent partout à travers les mailles équiper des « patriotes » comme des « rebelles » sans se faire pincer ! Certes pas par des polices locales, souvent complices et pratiquant le bakchich, mais par les polices des Etats démocratiques partisans d’un contrôle sévère.
Le prix d’une seule pétoire suffirait à équiper de chaussures tout un bataillon ! Les seules munitions susciteraient l’envie des gangs siciliens !
Alors ? Les Occidentaux sont probablement avec les Chinois les fournisseurs occultes, même si l’organisation des trafics incombe à des maffias familières des Conseils d’administration de l’offshore chargés du port et de l’emballage.
Pourtant, parfois une pointure tombe et en tombant lève un coin de voile du mystère.
Le Hollandais Frans van Anraat s’est fait cueillir par la Justice de son pays et passe ces temps-ci devant le tribunal de La Haye qui le juge depuis pour complicité de crimes de guerre et de génocides.
Ce vieillard bien propre et aux cheveux blancs a fourni à Saddam Hussein 800 tonnes de substances chimiques qui auraient pu produire assez de gaz moutarde pour anéantir la population du globe ! Seuls – si l’on peut dire – cinq mille Kurdes et quelques centaines de militaires et de civils iraniens lors de la guerre Irak-Iran, ont fait les frais des expériences sur le terrain par Ali le chimique, un des lieutenants du dictateur.
Ce collègue d’Ali le chimique a évoqué l’autodéfense pour justifier cette vente massive de produits toxiques à l’Irak !

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Il s’entremet partout de par le vaste monde, achète aux USA (oui-oui), au Japon, déjeune à Berne et passe le week-end à Rome, s’envole pour Singapour… tandis qu’on embarque à Anvers ses saloperies sans difficulté. Elles vont faire le détour par Akaba pour finir dans les bunkers de Saddam !
Du vrai travail bien libéral, bien mondialiste, Frans innove et cumule les sociétés paravents, les mirages anonymes qu’une police n’aurait aucun mal à percer si elle avait à l’époque reçu « l’autorisation » des autorités pour le faire !
C’est sur un quiproquo que Frans s’est retrouvé en Hollande, après avoir fuit Bagdad. Il s’y croyait à nouveau sous la protection de ceux qui ont « le bras long ».
Cet exemple nous ramène aux responsabilités des industriels et des exportateurs de ces jouets particuliers qu’on donne à des gamins pour jouer à la guerre.
Frans n’est rien qu’un importateur malin qui s’est fait du fric par un commerce international réprouvé par tous, mais qui existe et que nul n’ignore..
Combien d’industriels comme lui font tous les jours ce que Frans ne fera plus pendant un certain temps ?
On ne sait pas.
Mais, en voyant tous ces pauvres types de hasard, tous ces mercenaires aux pieds nus, ces enfants perdus, en Amérique du Sud, au Moyen Orient et surtout en Afrique, on peut sans se tromper écrire que des Frans le chimique, il doit y en avoir beaucoup.
On les devine portant beau, parlant fort. On a vu un prétendant à une dynastie déchue sombrer dans le proxénétisme. Alors, pourquoi pas des criminels d’autres bricoles ?
Sur la côte d’Azur, sont amarrés des yachts somptueux dont on n’est pas sûr qu’ils sont le fruit de l’épargne d’honnêtes travailleurs, ou la vitrine de parfaits salauds.
Dans certains containers de ces philanthropes ont voisiné peut-être des mines anti-personnels, des jouets et des prothèses (pourquoi pas ?) pour les enfants nécessiteux et infirmes de ces contrées ravagées par les guerres tribales et les ambitions des caïds locaux…
Si ça se trouve, certains de ces industriels spéciaux sont décorés et admirés dans leur pays…

16 août 2006

L’alexandrin du verre à dents

-Louise, j’ai perdu mon dentier !
-Tu l’avais encore hier soir, Pitchou…
-Je sais bien, puisque j’ai posé pour toi en Saint-Antoine.
-Exact. On a mangé la tête de cochon après.
-Ce matin, on était où ?
-J’étais à Médiart, pour mesurer les panneaux.
-J’ai coupé la ficelle d’un emballage avec les dents.
-C’est donc que tu les avais encore.
-Puis j’ai parlé avec Arthuro, ton prof de l’histoire de l’art.
-Tu ne les as pas perdues en parlant, comme c’est déjà arrivé ?
-Tu parles de la fois où je me suis disputé avec ton prof de nu ?
-Comment se fait-il que tu les perdes sans t’en rendre compte ?
-C’est pas comme tes pinceaux et ta peinture, mes dents ne font pas partie de moi.
-Je le sais tout de suite quand tu les as perdues, tu as une diction particulière.
-C’est pas difficile, déjà quand je dis « ami de la poésie bonsoir » je sens qu’elles vont tomber.
-Tu fais fuir mes clients potentiels.
-Quelle blague, ta poésie… et tes clients potentiels ! Ton idée de faire de la peinture poétique, c’est d’un con. Tu ne lis que des magazines !...
-Tu ne vas pas recommencer, dis ?
-Je te promets, si je retrouve mes dents.
- As-tu ris ? Tu les perds vite quand tu ris.
-T’es marrante, toi. Qu’est-ce qu’on emballe pour le moment ?
-Les rosses de la vie.
-Elles ne sont pas dedans ? On dirait la crémière du coin.
-C’est elle.
-C’est tellement réaliste que la toile sent le camembert.
-La pauvre. Elle a fermé boutique.
-Et celle-là « ô temps suspends ton viol », c’est à propos de quoi ?
-Pourquoi, tu dis ça ?
-Mais parce que van Dyke ne t’a pas violée à son vernissage… Tu voulais que ça…

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-Cherche tes dents tu ferais mieux.
-Par contre « La nuit d’étang » j’aime bien.
-T’aimes bien quoi dans « La nuit d’étang » ?
-Le jeu de mots. Et « Hitler », tu ne prends pas Hitler pour Médiart ?
-Elle n’est pas sèche.
-C’est ça, j’ai perdu mes dents en descendant dans l’atelier pour reclouer un cadre ! C’est alors que tu me les as demandées pour les copier.
-C’était pour Hitler.
-Non ! Hitler a mes dents ?
-Je voulais lui faire une gueule avec des dents de la mutuelle, comme toi.
-Qu’en as-tu fais ?
-Attends, je les avais posées sur le rouleau de papier WC.
-Dis tout de suite qu’elles te dégoûtent ?
-C’est répugnant, tes fausses dents. Ça dégoûterait tout le monde. Alors, tu penses une artiste comme moi qui peint comme Mallarmé écrirait sa poésie… Elles étaient à côté de mon coude gauche…
-Tu fais de grands gestes quand l’inspiration à ta poésie picturale te met en transe. Surtout quand tu t’attaques aux cheveux… A vrai dire, eux sont bien faits. On les compterait. Tu aurais dû te faire coiffeuse.
-J’y suis… la mèche.
-Quoi la mèche ?
-La mèche d’Adolphe. Elles ont glissé, pendant que j’esquissais la mèche d’Adolphe. J’ai regardé par terre. Je n’ai rien vu. Puis je les ai oubliées.
-On voit bien qu’elles ne te servent pas.
-On va les chercher.
-Inutile.
-Quoi inutile ?
-Regarde dans ton pot de vert Wehrmacht.
-Tes dents !...
-Faudra les essuyer.
-Peintes à l’acrylique !... les décaper au chalumeau, plutôt…
-Qu’est-ce que je vais faire ?
-Tes dents vertes ? C’est à peu près la couleur qu’elles ont d’habitude… J’ai une idée. Je les signe et elles deviennent une œuvre d’art !

15 août 2006

La femme du prêtre.

Selon les gazettes, un prêtre sur cinq aurait une maîtresse. On ne sait pas ce que font les quatre autres, à moins qu’ils n’attendent leur tour ?
C’est la Magdalénienne Adrie de Jong-Otte qui le dit : 20 % de prêtres fricotent avec des paroissiennes, sans compter les intermittents de l’amour qui ont le cœur artichaut ou la soutane flottante.
Cela fait du monde parmi les mécontents et pourtant l’Eglise a mis ce sujet à l’index. Défense d’en souiller les cucules.
Verboten ! Le pape actuel ne veut pas en entendre là-dessus. Ce n’est pas pour tout de suite que les sacristies s’égayeront des cris du nouveau né du bon pasteur.
Le drame, c’est qu’il y a de moins en moins de candidat au célibat et les vocations sacerdotales se font rares. L’interdit n’a jamais empêché quoi que ce soit, au contraire. Certains prêtres ont levé le voile sur leur vie privée. C’est ainsi qu’il existe aux Philippines une fédération des prêtres mariés. Le président de cette rébellion des pruderies vaticanes est un certain Justino Cabazares. D’après ce chaud partisan de la chose : « deux tiers des 6800 prêtres philippins sont, d’une façon ou de l’autre, concernés par une relation sexuelle. » Que veut-il dire par « d’une façon ou de l’autre » ? Peut-être eût-il pu préciser sa pensée en changeant les termes : « …6.800 prêtres, par devant ou par derrière, sont concernés par une relation sexuelle ». Benoît XVI, lui, est positivement consterné des deux côtés.
Les femmes de prêtres sont en général satisfaites. Un prêtre, ça travaille pas lourd. Il a le temps de songer à se documenter, à parfaire sa technique. Mais, les bénéficiaires des saintes burettes souffriraient de la clandestinité. Certaines même ne veulent plus rien savoir de l’Eglise. Les couples mixtes sont souvent en butte à une crise de la foi.
C’est la « fermeture » des « Maisons » qui est la cause du désordre moral actuel.
A la Belle époque, il y avait même des clandés pour prêtres. Les dames qui y officiaient montraient leurs culs avec bienséance aux chalands des diocèses. Au moment de l’élévation, elles savaient chanter des psaumes, comme celui des filles de Camarés.
C’était si convenable qu’il n’y eût jamais l’ombre d’une réclamation pour abus de la position dominante, quand une ou l’autre péronnelle prenait les choses en mains devant les timidités maladives des jeunes séminaristes.

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On savait vivre, alors.
L’époque actuelle a perdu le sens du péché et sa rémission nécessaire. Tout y est plus vulgaire. On ne va pas rendre visite à une paroissienne dans le besoin, aujourd’hui on va tout simplement au claque pour baiser.
Certes cela a le mérite de la franchise, mais la manière n’est pas prisée par l’Eglise qui aime la discrétion et les mots choisis par Bourdaloue pour le dire. D’autant que sans soutane, on voit bien que le bon pasteur a une braguette.
Des dragueurs de la foi en profitent pour refuser le mariage sous prétexte qu’ils sont prêtres.
Tineke Ferwerda a écrit un bouquin sur la question « Sœur Philothea ». Tineke en connaît un bout, vu qu’elle a tenu l’objet du contentieux pendant 35 ans dans une relation clandestine de longue haleine.
C’est que ça dure, une relation avec un homme d’Eglise. C’est du solide. Bon père, courageux, levé dès les matines, le prêtre, s’il ne gagne pas lourd, a des rentrées fixes. Lorsqu’il rompt, c’est du pain et, tempérant, il met toujours de l’eau dans son vin de messe. Le problème, ce sont les enfants. Aux Pays-bas, toujours en avance sur tout le monde, il y a des cas d’avortements dramatiques.
Quant aux fils de pêtre, il n’est pas dit qu’ils reprendront le métier du père. Comme les mineurs et les typographes, la profession se perd. La concurrence est rude. Gourou d’une secte rapporte davantage. A force de s’offrir sur des prie-dieu inconfortables dans des églises non-chauffées, leurs mères sont percluses avant l’âge et c’est à défaut d’encore plaire à d’autres qu’elles sont fidèles à leurs vieux ecclésiastiques.
Si bien que l’association Magdala a envoyé une lettre à Benoît XVI lui demandant d'agir. Evidemment, si le pape convolait en justes noces, il donnerait l’exemple. L’affaire serait entendue. Mais à 78 ans, on n’est plus si vaillant. Et si, par malheur, son épouse allait le tromper avec un Suisse ?
Et si le pape avait un enfant, comme Alexandre Borgia, le fameux Alexandre VI, qui fut père de cinq enfants, dont César Borgia ?
Reste la masturbation comme soins palliatifs. Ce n’est pas drôle !...

14 août 2006

Allo Barchon ? A vous…

Afin de combler les trous d’une actualité languissante, la RTBf a trouvé un truc qu’elle exploite depuis peu : elle fait des rétrospectives sur un thème.
Par exemple : le Mur.
Le plus célèbre, de toute évidence, c’est le Mur de Berlin. Sous toutes ses dimensions, il aurait mérité d’entrer dans le Guinness des Records, autant de longueur, de hauteur, date de construction, date de destruction.
On voit le filon.
Des Murs, les Civilisations n’en ont pas manqué, à commencer par celui des lamentations et toujours des mêmes, le Mur de protection de Sharon. L’indépassable reste la Grande Muraille de Chine. Le Mur des Fédérés a son caractère. L’anecdote n’est pas loin avec les pieds au mur et faire le mur pour celui de Lantin, avec les évasions célèbres, à croire que la RTBf arpente toute la Hesbaye et les Ardennes un mètre ruban à la main, à mesurer les murs.
Il y a peut on a eu les Commémos. Celle de l’Affaire Dutroux, avec bandes d’actu et de sons, ne manque pas de matière. Les Commémos, c’est un champ quasiment vierge avec toutes nos guerres, nos libérations, nos fondations à commencer par l’Etat belge. On n’a pas la voix de Léopold I, mais en passant par le théâtre des Galeries, ce serait bien le diable si on ne trouvait pas un comédien endetté qui souhaiterait être dépanné d’un petit cacheton.
Heureusement, la grande saga du sport s’est enrichie du coup de boule de qui vous savez et depuis les 3 médailles d’or, les Commémos ont un coup dans l’aile.
Encore une nuit à dormir et on va faire la soudure avec le 15 août en Outremeuse. Ils en ont jusqu’à la fin de la semaine.
Bien sûr, il y a l’actu qui ne chôme pas. Mais, les gens en ont marre des décomptes des voitures piégées en Irak. Le Liban se défraîchit rapidement, d’autant qu’Israël ne tient plus qu’on parle des ponts qu’il fait sauter et des immeubles sous lesquels meurent des gens. Alors on gaze le tout des 35.000 onusiens qui vont s’interposer. C’est promis, d’ici lundi plus de conflit. On cesse le feu. Seulement, il faut encore faire gaffe 48 heures. Juste le temps d’une dernière salve. Ceux qui mourront encore entre la proclamation du cessez le feu et le moment dudit cessez le feu sont des malchanceux et des ballots.
On revient vite au livre des records.
La hauteur des pyramides, les irruptions du Vésuve et les merveilles englouties, tout… vous saurez tout une deuxième ou une troisième fois, car se sont des rediffs.
En espérant qu’à la prochaine Commémos on lâchera des ballonnets ou qu’on tirera un feu d’artifice, la consternation règne dans le camp du standard avec deux défaites pour débuter le championnat.
Qu’est-ce qu’on peut y faire ?
Rien. Alors, une rediff ?
La Révolution liégeoise de 1795 ? Ça vous dit ?
Non ?
Alors quoi ? Les morts sur les routes ? Le prix du mazout ou encore un bond sur l’Affaire Dutroux ? Objection votre Honneur ! C’est depuis Arlon que des Américains essaient de comprendre la Justice en Belgique, des Japonais ?… mieux, des habitants de la ville massés derrière les balustrades mettent des noms sur des têtes d’avocats. « T’as vu, c’est Magnée ! ».
Et l’actualité qui se traîne se rappelle à notre bon souvenir. Un vignoble à Bruxelles menacé de disparition, un incendiaire fils de fermier et petit fils de fermier ! « On aurait préféré un enfant de la ville. »
Est-ce que ça ne va pas être bientôt la rentrée ?
En attendant un intérimaire fait fondre les glaces du Groenland. On se rassure, c’est pour 2050 le gros coup.
Voilà que Hermann De Croo revient sur les déclarations de patrimoine.
Jean-Marie le frère jumeau de José Happart sauve l’info. Avec un gars du CD&V et un autre du Vlaams Belang, en compagnie de l’oncle de la Princesse Mathilde, il n’a pas rentré sa déclaration.
C’est grave ? Pas vraiment, il encourt mille euros d’amende. Ça vaut peut-être le coup de passer son tour ?

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Le jumeau n’a rien à craindre pour le moment, le maestro Di Rupo est en attente des élections communales. On verra après. Gare à la contre-performance. Les Frères sont en perte de vitesse. Les électeurs ont oublié les Fourons et le parcours admirable. Merde, c’est plus vieux que la chute du Mur, ce truc.
Faudra bien que les Happart se résignent à ne plus être connus un jour.
En attendant c’est Dehaen, ex-premier ministre, qui a à son palmarès le plus de mandats rémunérés, non pas grâce à ses mérites qui sont pourtant considérables, mais surtout grâce à son entregent aux négociations à la porte de sortie d’un Gouvernement d’une autre législature.
Un exemple pour tous et que chacun pourra méditer à l’aise.
Bientôt l’automne sera de retour tandis que s’en iront les beaux jours avec tous les navets rererediffusés, les informations bidons et les combats Tsahal-Hezbollah.
Voilà quand même de la fraîche : les attentats déjoués de Londres. Scotland yard et la CIA exultent. On a évité un nouvel effondrement d’une tour quelque part entre Manhattan et Philadelphie.
Ce n’est pas que cela soit un problème, mais « déjoué » un attentat perd de son intérêt. La RTBf le sait. Les exploits ne sont plus ce qu’ils étaient. Reste la médaille de Kim Gevaert.

13 août 2006

Plafonneur liftingueur.

On le savait sans que cela produise autre chose que des haussements d’épaule, toutes les stars, aux irréprochables silhouettes, aux seins parfaits, aux lèvres comme des ventouses de WC, c’est du bidon, du toc, de la tromperie sur la marchandise. C’est à coup de dollars qu’elles se fabriquent une « magazine attitude ».
Autrement dit, si la laideur est gratuite, la beauté a un prix et il est gratiné.
Reste à savoir ce qu’est la laideur et ce qu’est la beauté ?
Parfois certaines imperfections ont du charme.
On a vu des beautés aidées par la chirurgie esthétique, se racornir par des tirages de peau accélérés et devenir en quelques mois des espèces de momie égyptienne.
Je ne citerai pas des noms ; mais, certaines « vieilles » de l’écran auraient mieux réussi leur fin de parcours en ne se faisant pas retendre comme la peau d’un tambour.
Le cinéma au contraire du théâtre, par le jeu du gros plan est parfois cruel. Les maquilleurs ont beau replâtré les visages, rien n’y fait, on devine les craquelures. Au théâtre, la distance est invariable et la convention est telle qu’on y a vu des jeunes premières de cinquante ans, sans que cela suscite le rire.
Quand le décor est naturel et que la star doit courir pieds nus à la frange des vagues vers son amant de tournage, à la voir avec toutes ses peintures de guerre, la vaste poitrine tressautante et les fanons sous les bras, embrasser à pleine bouche un jeune premier qui pourrait être son petit fils, on est pliés en quatre.
Mais nous sommes dans le domaine de l’illusion. Celles qui passaient pour un bon coup un quart de siècle avant, ne résistent pas à la tentation une dernière fois de tourner dans la catégorie nymphette. Alors, botox, implants, chirurgie sont les charges de cavalerie qu’elles entreprennent pour nous montrer une dernière fois leurs seins qui jaillissent des bonnets 95 C, leur visage soudain rajeunit dont la bouche avale la langue du partenaire, comme l’avaloir les papiers gras.
Elles n’hésitent pas à se nouer l’estomac, à maigrir à force de produits et, résultat, la sveltesse artificielle les font apparaître squelettiques. Au premier relâchement, c’est le ventre qui reprend ses droits.
Et c’est le drame.
L’embonpoint fait disparaître les rides, tandis que la maigreur creuse des sillons profonds sur des visages émaciés.
Un journal de Bruxelles s’est amusé à dresser la liste de ces impératrices de charme qui se sont fait retoucher le portrait. Peine perdue. Plus simple aurait été de dresser la liste des courageuses qui s’acceptent telles qu’elles sont, elle eût été plus courte. Dans le fond, ce sont elles qui vieillissent mieux et qui occupent les emplois adaptés à leur âge véritable.

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La beauté exposée est affaire de mode.
Voilà dix ans, le grand chic, la spécialité parisienne était la lèvre pulpeuse. Moralité, il y eut une compétition et la championne que tout le monde connaît et que je ne nommerai pas, promena pendant dix films une bouche de canard, à faire gerber le bellâtre chargé de lui donner la réplique.
Puis, le nec fut le botox. Des ravagées comme Mars par ses canaux, à coup de botox, ont réduit leurs sillons et comblé quelques ravines. Sauf que ce produit n’a pas d’effets à long terme et que l’opération, qui n’est pas sans danger, doit être répétée régulièrement.
Tout ça pourquoi ? Pour dire au temps, ce bourreau implacable : « encore un moment, s’il vous plaît ? »
Il y a une sorte de justice immanente à la gloire des ménagères de cinquante ans, c’est qu’elles sont aujourd’hui bien plus jolies que certaines stars du même âge qui ne ressemblent plus, que de loin, à l’image qu’elles s’entêtent à donner aux journaux. Parce que, oh ! miracle, à force d’une vie régulière, on peut très bien se passer de tous ces produits que l’on se met partout, de ces manipulations d’ajouts et d’extractions, de ces cures et ces séances de jouvence.
C’est un peu la revanche des unes à l’excès de richesse des autres. Une façon de se moquer du diktat imbécile des magazines féminins qui veulent faire de leurs lectrices des esclaves d’une silhouette impossible à moins d’être anorexiques.
Si ces dames à l’écran veulent conserver leurs robes de jeune fille jusqu’à passer la soixantaine, ça les regarde. Mais, qu’elles ne fassent illusion qu’à elles-mêmes, c’est ce que l’on constate tous les jours..

12 août 2006

Musset et Sand, version 2006.

-Tu sais je n’aime que toi.
-Moi pareil.
-Je me retire ou je reste ?
-Tu te retires.
-Tu sais que tu me plais ?
-Toi aussi.
-Pourquoi je me retire ? Tu ne prends plus la pilule ?
-Je ne l’ai jamais prise.
-Ah ! bon…
-Tu sais tu m’as plu tout de suite.
-Quand je t’ai vue attendant le bus, moi aussi...
-Il pleuvait à verse.
-Tu n’es jamais tombée enceinte ?
-J’ai mis longtemps un stérilet.
-Je me suis arrêté et je t’ai dit : « Vous allés au Pairay ? ». J’avais lu la destination sur la plaque jaune…
-J’ai été surprise. Mais, je ne sais pourquoi, je me suis installée à côté de toi.
-C’est romantique !
-Tout à fait comme dans la Chartreuse de Parme.
-Pourquoi tu l’as enlevé ?
-Il me faisait saigner. C’est un tour de main de le mettre, mon gynéco ne l’avait pas…
-Ce que tu es belle. Tu crois que c’est bien ce qu’on fait ? Tout ça au premier jour ?
-Pourquoi pas puisqu’on s’aime ?
-Pour s’aimer, on s’aime.
-Mon amour !
-Mon adorée…
-D’habitude, quand je ne connais pas, je demande un préservatif.

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-Pourquoi tu l’as pas demandé ? T’as raison, j’en avais pas. J’ai fini la boîte hier.
-Oh ! J’en ai dans le tiroir de la toilette. Mais toi, ce n’est pas pareil. Je suis en confiance. Je ne sais pas pourquoi ? Puis, je n’ai que des « smal »…
-C’est l’amour…
-J’en frissonne… J’ai bien l’anneau contraceptif, que je sais mettre moi-même, mais je l’oublie. Il faut compter…
-C’est compliqué ?
-Non. C’est déconseillé aux femmes souffrant de prolapsus utérin ou de constipation chronique, du fait d’un risque accru d’expulsion accidentelle. Tu n’y es plus !...
-T’es souvent constipée ?
-Non, ça va. Qu’est-ce que tu fais ?
-J’y mets un doigt…
-Je ne laisse pas faire ça à tout le monde, mais toi, tu peux tout faire. C’est le coup de foudre.
-Autant pour moi, le coup de foudre immédiat. Raide bleu…
-Je l’oubliais une fois sur deux… et puis je ne suis pas régulière…
-Oh ! Tu bouges bien. Ah ! tu as de l’allure, de la classe… Quoi tu oubliais ?
-L’anneau contraceptif…
-Je t’ai donné mon veston. Tu étais trempée.
-Oui, on ne peut pas garer devant chez moi. Te voir en chemise sous la pluie, j’ai craqué.
-Tu m’as dit, montez une minute, pour vous essuyer…
-Nous nous aimons depuis au moins vingt minutes… On performent !
-Avec toi le temps passe vite.
-On s’est tutoyé tout de suite.
-Pourtant ce n’est pas dans mes habitudes. Je sens que ça vient…
-Moi aussi…
-Tu vois qu’on l’aurait en même temps…
-Attends un peu…
-Je ne peux plus. Qu’est-ce que je fais ?
-Tu restes !
-Mais…
-Tu restes, je te dis… Tous les draps de lit sont à la lessive.
-Ah !...
-Oh…
-Ouf, ça va mieux…
-Oui, c’était nécessaire que ça aille vite…
-On n’avait plus te temps d’attendre.
-Je ne sais plus ce que j’ai dit.
-…que nous sommes fous amoureux.
-Tu te rhabilles déjà ?…
-Oui, il a cessé de pleuvoir. J’en profite pour aller à ma voiture.
-Eh bien ! Au revoir.
-Au fait, je n’ai pas demandé comment tu t’appelles. ?
-Est-ce que ça a de l’importance ?
-Non. Tu as raison.
-Allais… tchao…
-Tu trouveras le chemin ?
-Ce n’est pas difficile, ça descend jusqu’à la Meuse.
-C’est qu’on s’y perd avec les sens uniques. Tu comptes revenir ?
-C’est impossible, je ne sais pas comment je suis venu jusqu’ici...

11 août 2006

Pathos métaphysique.

Parfois, on s’écarte du droit fil des vies assemblées vers lesquelles courent les gens.
L’uniformité ne séduit plus.
On ne serait plus rien qu’un infime atome, que cela vaudrait mieux que le boulet de plus en plus pesant que l’on traîne de soi.
Cela arrive sans qu’on le veuille. On lève la tête et l’on voit la voie lactée que des millions d’années avant nous, des hommes ont contemplée, si différents de nous et pourtant avec le même regard.
Et l’on disjoncte.
On se désintéresse des événements, des hommes, de soi.
Amours, joie, angoisse, on ne se sent ni bien ni mal. On se sent ailleurs.
On reste la dupe de l’autre enchaîné qui nous ressemble qui ne se débat jamais, qui ne montre pas ses sentiments et qui rie pour pleurer.
Souvent alors descendant en nous-mêmes nous nous arrêtons à cette évidence que l’on ne peut être celui que l’on est. Il y a quelque chose qui toujours se met entre deux aspects du tout. Quelque chose que l’on ne pourrait définir. Une sorte de masque qui s’effeuille et laisse apparaître un autre masque et ainsi à l’infini.
Il n’y a pas d’apparence finie. Nous changeons d’aspect tous les jours. On appelle cela les modifications pour atteindre à la vieillesse, au portrait définitif – enfin que nous croyons définitif – le dernier en tous cas que nous laisserons derrière nous, tandis que dans le secret de la tombe, nous nous modifierons encore, jusqu’à ne plus être rien, mais de ce rien qui confine à l’univers.
Plus on avance plus on se retient à des mots comme aux herbes d’une pente qui accélère notre descente du poids de notre corps.
Nous n’avions pas l’intention de nous agripper aux mots, mais à quoi s’agripper d’autre ?
L’aventure n’est pas dans la vie, elle est inscrite au passé sur des photos, dont nul autre que nous ne mettrait un nom sur les visages.
L’aventure est toujours au passé. Vécue, on n’en a pas conscience. Et ces visages en deux dimensions sur du papier glacé sont-ils vraiment ceux que l’on a connus ?
Ne sont-ils pas plutôt des illusions qui vivent par procuration, dans nos rêves et notre souvenir ?
La nostalgie nous condamne à des recréations.
Nous abandonnons un être sur le bord de la route, à moins que ce soit lui qui nous abandonne. Dans notre souvenir, il ne vieillit pas.
Souvent, les seuls êtres dont on se souvienne, ne sont que les portraits de nous-mêmes à nos différentes étapes de notre destinée. Ceux que nous conservons dans nos tiroirs de la mémoire ont épousé nos traits depuis longtemps.
La conscience d’avoir tout raté et de ne jamais avoir été ce que l’on ne connaît de nous n’est pas une chose à dire. Cette conscience n’atteint les fats et les importants qu’à la longue.
C’est peut-être la seule vérité de l’honnête homme. Celle que l’on ne dit pas lorsque la position sociale est acquise, que les dés sont jetés et que tout sonne faux dans un décor qui resserre toute action dans la convention et l’artifice.
A la place de quoi, on s’écrie « J’ai réussi. » sans bien savoir ce qui nous fait dire cela qui se réduit le plus souvent à l’estime de soi par les moyens dont on dispose.
Nous croyons être spontanés, vrais, alors que nous fabriquons nos vérités et nos spontanéités en fonction de tout sauf de notre conscience.
Nous sommes comme ces psychopathes qui nient les faits qui les accablent avec l’impudeur de la parfaite mauvaise foi, tant nous savons ainsi ébranler la conviction dans le cœur des hommes par nos mensonges.
Sommes-nous coupables ? Non, nous ne le sommes jamais. Et ceux qui le croient vivent sous Prozac.
Cette innocence est de la même nature que celle du pervers.
Mentir nous sert à vivre.

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Nous mentons tous plus ou moins bien. Seuls les menteurs publics se voient parfois reprocher leurs mensonges de la bouche de ceux qui mentent autant qu’eux.
J’ai la faiblesse de croire que les certitudes sont des erreurs et que ce sont parmi nos vérités, les pires mensonges.

10 août 2006

Inscription

-Je vais m’inscrire au concours de « Mériterroires ».
-Un concours local de poésie ?
-Non. C’est pour récompenser des personnes méritantes.
-Tu es méritant, toi ?
-Aussi bien qu’un autre.
-Qu’est-ce que tu as fait pour ?
-J’existe et je tiens le coup dans un climat difficile.
-Ce n’est pas assez. Pour être méritant, il faut avoir souffert. Tu as beaucoup souffert, toi ?
-Je lis La Meuse, je vote socialiste et je m’emmerde au travail.
-Ce n’est pas suffisant. Il y en a des centaines de mille comme toi…
-Pas pour La Meuse. Ils tirent à moins de cent mille.
-Enfin, tu n’as pas la moindre chance. D’autant qu’on ne s’inscrit pas soi-même, on se fait inscrire par un autre.
-Il faut des références, en somme.
-Et toi comme références, qu’est-ce que tu as ?
-Tu vas encore me dire que je suis un affreux égoïste et que ce n’est pas toi qui m’inscrirais pour la récompense.
-Dans quelle catégorie voudrais-tu t’inscrire, sport, culture, citoyenneté ?
-Tu sais ce que je pense des sportifs.
-On connaît la chanson.
-Oui. La compette ou comment casser la gueule à l’autre sans se faire voir de l’arbitre ne m’intéresse pas, se doper aux saloperies pour ramasser du blé en fin de parcours, non merci…
-Dis plutôt que t’es gras et sans muscle et que tu n’as aucune chance de ce côté-là.
-…la culture, là c’est autre chose.
-Revoilà l’artiste incompris, le génie qui précède son temps, celui qui parle au milieu des lourds… Tu vises pas le prix de « Mériterroires 2006 », mais la plaque commémorative « Ici vécut Philidor Grosstouff, écrivain naturiste. »
-Tiens, pourquoi naturiste ?
-Tu ne t’es pas vu le matin devant la page blanche ? Y a pas que la page blanche à ce qu’on peut voir, surtout de dos.
-Nonolle, tu ne m’aimes plus !
-Si, mais je suis lucide. C’est vrai que parfois je me le demande. Avant tu me disais des choses comme si tu m’offrais un bouquet de fleurs, maintenant, tu ne dis plus rien et je n’ai toujours pas de fleurs.
-Attends que ça me revienne. Franchement, je n’ai plus d’inspiration
-Dis que je ne t’inspire plus.
-C’est un tout. C’est le manque d’argent qui me taraude l’esprit. Ce truc « Mériterroires » ça va chercher dans les combien ?
-Pas lourd.
-Bref, tu veux pas poser ma candidature ? Je te ferai une belle lettre avec plein de bonnes choses à mon égard. Reste la citoyenneté. Si je te pondais un texte enflammé sur l’amour du terroir, sur Liège la vibrante, la mouillante, l’époustouflante ? J’appellerais ça « Fils de Liège ». Je commencerais par « Fils d’ouvrier, né place Delcour, au cœur de ce quartier d’Outremeuse qui s’apprête à faire revivre le passé ce 15 août… ».

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-T’es né place Delcour, toi ?
-Je suis né où tu veux. Je m’en fous…
-T’as même pas la fierté de tes origines.
-Tu l’as toi ?
-Parfaitement. Je suis de Seraing, et j’en suis fière.
-Pourquoi tu postulerais pas, si t’es si fière ?
-Je n’ai aucun mérite.
-Moi non plus. Et tu crois que les clowns qui seront plébiscités par d’autres clowns en ont, du mérite ?
-Tu ne crois à rien, toi, je sais. Tu critiques tout, je sais aussi.
-C’est faux. Je crois que nous sommes nés et que nous mourrons ; que nous vivons en attendant, et que, pour vivre au mieux, il faut s’emmerder le moins possible. Et en ce moment, je m’emmerde. J’entends d’ici les discours misérables des lauréats de cette nouvelle connerie. Je vais envoyer ma lettre de démission.
-A quoi ?
-A ma candidature aux « Mériterroires 2006 ».
-Mais personne ne t’a proposé et te proposera jamais.
-Justement. Si j’écris « J’ai appris que des personnes bien intentionnées me proposaient pour le prix. Je suis bien trop modeste et trop amoureux du terroir et de son folklore pour postuler une reconnaissance quelconque à mes mérites », tu crois que ça n’aurait pas un meilleur effet qu’une lettre enthousiaste faussement écrite par un ami dont j’aurais imité la signature ?

9 août 2006

T’avales la fumée ?

C’est reparti pour un tour. Fumer tue, on le savait.
Que ceux qui fument le savent, ce n’est pas peu dire avec ce qu’on lit sur les paquets de clopes. S’ils continuent à fumer, ça les regarde. Au pire, on pourrait dire : « C’est bien fait pour leurs gueules. »
Il y a temps de façon de se tuer, à commencer par naître, qu’on n’est plus là-dessus.
Travailler tue aussi, et pas que sous un pont roulant d’Arcelor, ou à Ghislenghien. Travailler tue surtout à l’usure, par intoxication, par épuisement, par stress, par ennui, par dégoût, etc.
Alors, va-t-on mettre sur les fiches de paie « Attention, le travail tue. » et d’énumérer le nombre de morts chaque année ?
Ce n’est pas pour demain.
Mais la ministre de la Justice poursuit sa carrière altruiste, poussée dans le dos par la Commission européenne, en concoctant une phrase définitive sur les étiquettes des bouteilles d’alcool. « A consommer avec modération » n’est pas assez éloquent pour le requiem annuel des 195.000 morts de cirrhose dus à l’alcoolisme.
Ce n’est pas tant que les alcooliques intéressent l’Europe, à part les PDG qui se sacrifient sur l’autel du Commerce et de l’Industrie par des rendez-vous au bar, les autres poivrots une fois morts ne perturbent plus les entreprises, non, ce qui préoccupent ce sont les coûts médicaux, 22 milliards d’euros ! Ce qui mettrait la bouteille de whisky à bien plus cher que son prix d’étalage.
Comme l’asbestose, l’alcool ne tue pas son homme tout de suite. C’est la mort lente qui coûte.
C’est insupportable pour Laurette qui pense redresser les entreprises par une leçon de tempérance avec une étiquette supplémentaire sous celle de l’appellation contrôlée.
Ainsi nous voilà prévenu : le fumeur qui boit est un double meurtrier : de lui-même et éventuellement des autres.

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Loi inutile ?
Oui, si l’analphabétisme de nos citoyens les empêche de lire l’avertissement. Et si, même le lisant, ils s’en fichent.
Loi de contrainte qui n’entre plus dans le cadre général des lois, mais intègre le domaine privé des gens et empiète sur leur liberté et leur manière de vivre.
Si un fumeur choisit sa mort, comme un alcoolique la sienne, cela ne regarde qu’eux ! Est-ce qu’on va demander à Laurette si la vie de femme politique ne va pas écourter ses belles années de quinqua, et pourquoi fait-elle ce métier à risques que l’on dit être une drogue ?
Depuis quand Laurette s’intéresse-t-elle à nos mœurs, à nos habitudes, au point de nous retirer le cendrier de sous le lit et nous supprimer la canette de bière qui rafraîchit dans l’évier ?
Puisqu’il faut mourir un jour, ce ne sera plus que d’ennui en écoutant les leçons de Laurette.
Ce qui est gênant, c’est la manière.
On nous prévient, nous courons à la mort en usant de ces produits dangereux ; mais, en même temps, quel merveilleux moyen pour l’Etat de se faire des recettes d’accises et pour l’industrie et le commerce de se goinfrer des milliards de bénéfice.
Bref tout le monde serait content, l’industriel, l’Etat, le consommateur, si on ajoute la morale, c’est complet…
L’aspect économique de la consommation de l’alcool et du tabac est le domaine le plus sensible. Jusqu’à présent, il a empêché Laurette de faire fusiller les fumeurs et condamner les ivrognes à la prison.
L'Europe réalise un quart de la production mondiale et plus de la moitié du seul vin, qu’on se le dise.
Au nom du plan Marshall, on ne va quand même pas condamner les industriels qui promeuvent les cancers du foie ! Autant fermer les raffineries et autres usines de produits chimiques qui distillent le cancer aux populations environnantes.
Le secteur de la bibine n’a pas à se faire des cheveux blancs, les incinérateurs à Charleroi non plus.
Il y a d’autres secteurs où Laurette percevra demain un danger supplémentaire.
On sait que faire l’amour pour les hommes de plus de 60 ans est dangereux. Pourquoi pas un petit mot sur les paquets de préservatifs seniors, du genre « Si la branlette soulage la prostate, le coït à 60 ans prépare aux maladies cardio-vasculaire ».
La plupart des accidents de la route ont lieu lors des trajets pour aller et revenir du travail, pourquoi ne pas prévenir « Ne vous rendez pas au travail. Vous courez un grand danger ».
On sait l’émotion ressentie au soir des élections lorsque votre candidat les gagne ou les perd. Il y a eu des cas de rupture d’anévrisme par excès de joie ou de chagrin.
Pourquoi pas une loi afin de connaître les élus à l’avance ?
Ainsi, on pourra à Schaerbeek voter pour Laurette Onkelinx sans crainte de tomber roide.
La dame nous a déjà désarmés, nous livrant sans défense à la pègre et à la police, on ne fume plus qu’avec mauvaise conscience, boire est nuisible. A quand le bracelet électronique pour les dix millions de couillons de ce foutu pays ?

8 août 2006

Un citoyen illustre.

-Gustave Rimarien nos auditeurs ne vous connaissent pas bien. On pourrait même dire pas du tout. Est-il vrai que vous n’êtes pas l’inventeur du préservatif ?
-C’est exact. Je ne m’en suis même jamais servi.
-Même à titre expérimental ?
-Tout à fait.
-Et dans le domaine musical. On chuchote que vous n’êtes pour rien dans la 3me symphonie de Beethoven ?
-Ni dans les suivantes du reste. Je ne sais pas pourquoi on m’a prêté des dispositions musicales. Je chantonne parfois, c’est tout.
-Vous auriez écrit quand même « Le véritable exil n’est pas d’être arraché à son pays ; c’est d’y vivre et de n’y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer. »
-Cette légende m’a longtemps collé à la peau. Cependant, cette pensée n’est pas de moi. Cela m’a fait du tort en me prêtant une intelligence que je n’ai pas.
-Si elle n’est pas de vous, elle est de qui ?
-Montalembert.
-C’est le monde à l’envers, alors ? A la rédaction on m’a dit « va donc interviewer Gustave Rimarien. Tu seras surpris. »
-Vous ne l’êtes pas ?
-Si…
-Alors quel est votre problème ?
-Je me demande ce que je fais ici.
-C’est extraordinaire à la fin. Tant de gens accordent des tas d’interviews tous plus inintéressants les uns, les autres, et avec moi vous faites des histoires.
-C’est que vous, personne ne vous connaît.
-Mais c’est magnifique au contraire. Enfin, voilà un anonyme qui n’a pas à dire davantage que des vedettes, et qu’on interroge. C’est quand même intéressant le point de vue de quelqu’un qui n’a rien sous le coude au même titre que ceux que les journaux et magazines photographient à longueur d’année.
-Vous n’avez rien à dire sur quoi ?
-Poseriez-vous la question de cette façon à Johnny Hallyday ?
-Lui a une actualité. Bien sûr, tout le monde s’en fout un peu ; mais on le connaît, on sait vaguement qu’il chante. Il a une jeune femme et lui c’est un vieux monsieur. Il a adopté un enfant avec l’appui de Bernadette Chirac.
-C’est bien ce que je disais. Vous faites des chichis pour des non-événements. A peine quelques centaines de gens savent de quoi on parle. Moi, je vous propose des non-événements inédits.
-Par exemple ?
-J’ai eu un malaise cet après-midi.
-A cause de quoi ?
-Voyez ça vous intéresse…
-Pas plus que ça.
-Et savoir ce que j’ai mangé ce matin ?
-Franchement non.
-Eh bien ! la preuve est faite. Vous ne vous intéressez pas aux Belges moyens. Voulez-vous que je vous dise, monsieur, vous êtes un mauvais Belge.
-Je vous la retourne.
-Quoi ?
-La question.
-Laquelle ?
-Etes-vous un bon patriote ?
-Pas plus que vous.
-Là, vous voyez.
-Non, je ne vois pas. Parce que moi, je ne vais pas embêter les gens pour savoir s’ils font usage du préservatif.
-Reprenons le début. Savez-vous que Mac Cartney va être grand-père ?
-Voyez-vous ça.
-…que Jimi Hendrix est mort à 28 ans.
-Non. Et c’est bien dommage de mourir si jeune.
-Et qu’est-ce que ça vous inspire ?

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-…que les gens ont tort de vivre par procuration. Et qu’ils feraient mieux de cultiver le talent qu’ils ont, même s’il est petit, que d’aller s’évanouir de bonheur devant les pitres qui nous font passer le temps ; car le temps, leur temps, s’ils l’utilisaient pour eux-mêmes sans se le faire bouffer par les autres, il y aurait tellement à voir dans les rues, que plus personne ne ferait attention. On ne compterait plus les natures et les génies. On ne pourrait plus leur dire n’importe quoi, surtout qu’ils sont des imbéciles parce qu’ils n’ont pas le look de Boy George, et ils se méfieraient des prétentieux qui se bousculent devant le micro pour nous faire part de leurs petits riens, leurs chichis, leurs femmes, leurs règles, l’âge qu’elles ont, souvent la moitié de celui de l’artiste, sur quel ponton ils les ont rencontrées, basculées dans la coursive, frotter leurs culs au don Pérignon ; ils ne nous les briseraient plus des récits de leurs voyages et combien ils gagnent, tout ça, dit négligemment, la gueule en coin et le sourire carnassier ; à moins qu’ils ne prennent l’air franchement modeste de Zidane, si bien que tout le monde croit qu’il en a derrière la casquette, alors qu’il en ait ou pas, qu’est-ce que ça peut foutre ? Le tout évidemment dit comme s’ils avaient été surpris dans leur intimité, l’air faussement outré que l’on s’intéressât de si près à leur personne, à la limite menaçant de porter plainte et le faisant parfois, pour que les projecteurs balaient davantage leurs piscines, leurs stupres et leurs vies privées, les fouilles dans les tréfonds jusqu’à compter dans leurs vomis les carottes qu’ils ont mangées la veille et combien de feuilles de haschich ils consomment par pétard.

7 août 2006

Liban : il est urgent d’attendre

Tous les Dupont-Liban brûlent d’amour pour les Libanais. Les Cohenliban en raffolent. Les Bush-Beyrouth sont prêts à quitter l’église évangéliste rien que pour le sourire d’un enfant de Cheebaa. Bush-Beyrouth envisage la fin de la violence sur le terrain. Son porte-parole a souligné "je ne crois pas qu'il se fasse la moindre illusion sur ce qui reste à faire". En effet, le porte-container américain qui doit débarquer des munitions urgemment demandées va arriver sous peu à Haïfa et il serait dommage qu’on n’utilisât point sa cargaison à cause d’un cessez-le-feu trop rapide. Il faut dire aussi que le porte-parole de la Maison Blanche s’appelle Tony Slow, c’est dire s’il s’agit d’être lent.
Même les Tsahal-Nabatiyeh réclament des mariages mixtes avec la famille Hezbollah.
Kofi Annan se dit décidé à envoyer ses enfants étudier le chiisme à Ansar.
Depuis quinze jours tout le monde adore ce petit pays.
S’il ploie sous les bombes, c’est un affreux malentendu.
Le projet de résolution franco-américain sur le Liban appelant "à une cessation complète des hostilités" a été jugé samedi "très important" par le ministre du tourisme israélien, Yitzhak Herzog, porte-parole des amoureux de la paix du gouvernement de Tel-Aviv. "C'est très important car ce projet montre que l'on entre dans la phase de la diplomatie",
Peu après cet élan d’amour, le cabinet de sécurité israélien a approuvé la poursuite de l'offensive au Liban, tout bêtement parce que le premier ministre s’était trompé de papier, il pensait à la pêche au gros en mer Rouge !... C’est ballot quand même. Même le ministre israélien de la Justice Haïm Ramon, celui qui fait ses communiqués depuis la radio des armées, a estimé que le projet de résolution de l'ONU était bon…
Notez qu'Israël a encore quelques objectifs militaires à atteindre. Oh ! pas des masses… Bien entendu les excuses et la peine du Ministre le plus haut en grade de Tsahal sont garanties à la suite des bombes qui tomberaient par inadvertance dans des écoles et sur des villages, tuant des enfants.

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Le Liban enthousiasmé de l’amour universel est donc sauvé. La paix est presque faite. Juste le temps d’ensevelir les derniers morts avant les fêtes de la réconciliation. Quant à la démocratie et au suffrage universel, personne ne trouverait à redire si le Hezbollah était rayé des listes électorales, des fois qu’il deviendrait majoritaire au Liban comme en Palestine.
En attendant que la résolution entre en vigueur « l'armée « incomparable joyau annoncé déjà du temps de Moïse » continuera d'agir. Cependant le temps presse. L'armée devra achever dans les prochains jours son offensive, nous dit d’un ton suave le ministre israélien de la défense.
A cette nouvelle délectable, Sharon s’est retourné sur son lit d’hôpital. « Tiens, a remarqué un de ses médecins, il s’est retourné comme s’il était déjà dans sa tombe ».
Que Chirac discute d’une virgule que Condoleezza dans une traduction imparfaite du cessez-le-feu aurait déplacée, et vlan, voilà une bombe garantie Kacher qui tue une poignée de civils en plus. C’est dire si les traducteurs et les grammairiens ont intérêt à faire des heures sup.
Blair a évidemment assuré Condoleezza de son soutien inconditionnel parce qu’elle a de jolies jambes, qu’elle joue bien du piano et accessoirement qu’un accord sur le Liban à l'ONU est "un premier pas vital pour mettre fin à cette crise tragique".
On va vers une séquence de sortie de crise en trois étapes : cessez-le-feu, accord politique entre toutes les parties, puis envoi d'une force internationale sous l'égide des Nations unies.
C’est la première séquence qui est dure à enclencher. A force de tirer des salves les artilleurs des chars sont devenus sourds, pareil en face à cause du sifflement des roquettes.
On cherche un traducteur français-anglais en langage sourd-muet. On en a bien trouvé un, mais il est au chevet de Castro, dépêché par les cubains de Santa-Monica qui restent sourds au chant des sirènes de La Havane. De toute manière, il ne parle qu’espagnol.
Tandis qu’on meurt toujours au Liban, la première résolution, celle d’un cessez-le-feu n’est pas encore annoncée qu’on parle déjà de la seconde, des fois que la première serait sans effet.
Faut-il qu’on l’aime, le Liban pour vouloir refaire tout le pays à neuf, quand il n’y aura plus un immeuble debout. Quant à la population, l’Europe a prévu le parcage des gens dans des zones de reconstruction, afin de sauver l’espèce en voie de disparition. C’est ainsi que la RTBf nous donne chaque jour des nouvelles des Beyrouthins de Bruxelles. Ils vont bien merci. Knock-le-Zout qui n’a pas d’oiseau mazouté en ce moment, pourrait en accueillir quelques-uns.
Les réfugiés n’attendent qu’un peu moins d’amour de la communauté internationale pour retourner chez eux.
Ce qui pourrait encore prendre un certain temps. Celui de retrouver les deux soldats de Tel-Aviv toujours portés disparus.
On se demande qui, après le Liban, Israël va aimer beaucoup. On lui prête déjà tant d’amour pour la Syrie et l’Iran ! Quant à l’Irak, qu’Israël aimait à la passion du temps de Saddam, Tel-Aviv se réjouit que ce sera bientôt la révolution à Bagdad pour y déverser ses torrents d’amour, grâce à son grand complice aux sentiments élevés qui prêche la paix et la fraternité à longueur d’année à Washington.

6 août 2006

L’art de rompre.

-Tu sais que je t’aime, toi, Louise…
-Denise…
-Oui, Denise. On ne se voit pas souvent, mais quand on se voit…
-On s’est encore vus hier au Panier Rose…
-C’est vrai. Deux fois en trois semaines…
-Non. trois fois en deux semaines…
-C’est à peu près pareil. Tu es belle, tu sais, quand tu dénoues ton chignon.
-C’est un faux chignon.
-Quand tu l’enlèves, veux-je dire et que tu te montres à moi…
-C’est la première fois que j’en mets un.
-De quoi ?
-De faux chignon.
-Tu le sais, je n’aime pas l’artifice. Ton corps me suffit. Au fait, est-ce que nous avons couché, ou pas ?
-Tu ne t’en souviens plus ?
-Je suis très émotif… Je plaisante bien sûr… je me souviens de tout. Ton mari était parti faire son dur métier…
-Je ne suis pas mariée !

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-J’aime mieux t’imaginer mariée. Enfin, si tu ne l’es pas, tant mieux.
-Je l’ai été, tu le sais bien, je te l’ai dit à cette fameuse soirée…
-C’est ce que j’ai voulu dire. Et cette fameuse soirée… sous les arbres…
-C’était chez moi et je n’ai pas de jardin…
-On avait la perspective des grands arbres… des platanes du bord de route…
-En face, c’est le mur d’Arcelor !
-Oui. C’était si triste que je m’imaginais loin de la banlieue, quelque part en forêt ! Ah ! Maryse…
-Denise !
-Qu’ai-je donc à confondre ton charmant prénom avec toutes ces pétasses ? C’est la confusion des mots en « ise »
-…comme bêtise !
-Non. Laisse-moi te regarder encore. Tu sais Denise…
-Voilà, tu y es.
-J’ai pu te blesser hier à propos d’une certain tatouage à la fesse droite…
-Quel tatouage ?
-Oui, quel tatouage !
-Tu viens de me dire que tu avais pu me blesser hier, à propos d’un certain tatouage…
-Moi, j’ai dit ça ?
-Oui.
-Tu as même précisé « à la fesse droite ».
-Evidemment, il ne s’agit pas de toi… mais de moi.
-Toi, tu as un tatouage à la fesse droite ? Je n’ai rien vu…
-Ecoute Maryse… Louise… enfin, je ne sais plus…
-Denise…
-…Denise, je peux t’avouer une chose ?
-Oui, tu peux…
-J’ai envie d’un tatouage sur la fesse droite… voilà, le secret est lâché. Je t’ai dit ça hier, tu ne t’en souviens pas ?
-Non. Et comme je ne m’en souviens pas, ça n’a pas l’air de m’avoir blessée beaucoup…
-Enfin, n’en parlons plus.
-Pourquoi, tu n’en as plus envie ?
-Je ne veux pas te blesser davantage.
-Mais, tu peux te faire tatouer pour moi.
-Non. N’en parlons plus.
-C’est comme tu veux.
-Je voudrais te dire encore une chose avant que tu ne reprennes le volant de ta Fiat Uno…
Je meurs d’impatience de te retrouver au bar « La flibuste » avant de monter chez toi, demain à 15 h comme d’habitude…
-J’en assez entendu, pauvre cloche. Je m’appelle Gisèle, je ne sais pas conduire et demain j’ai rendez-vous avec mon dentiste.
(Elle se lève furieuse et part en claquant la porte du café des Sports. Lui, resté seul, sort son agenda d’un air satisfait et rature une page)
-On peut dire que la vie n’est pas facile quand on a plusieurs fers au feu. Je supprime ce pot de colle qui fait l’amour comme mon pied et je cours chez Angèle, pour voir si ce n’est pas mieux !

5 août 2006

Freud et l’art..

Entre l’herméneutique de la création et l’inventivité de la psychanalyse de Freud, le livre déjà ancien de Sarah Kofman « L’enfance de l’art » (1970) nous balade avec beaucoup de compétence dans l’esthétique freudienne.
Comment Freud comprenait-il l’art et que doit-on retenir de sa pensée ?
Comme l’a si bien écrit Elie Faure, « …l’énigme de la transposition de pulsions dans la création, révélant par là le mystère de la jouissance esthétique… » est ce que Baudelaire traduit par « le style c’est l’homme ».
Les peintres et les écrivains le savent bien, l’œuvre est une improbable analyse.
Freud avait déjà observé avec d’autres que la création artistique n’est pas le privilège de tous et chez les mêmes qu’elle ne surgit pas à tous les moments, mais qu’elle a ses fuites, ses saillies brusques, ses épanchements féconds.
Pour Freud, l’art c’est avant tout l’homme qui se projette et qui nous montre avec la forme d’expression qu’il a choisie, ses craintes, ses désirs, ses vertus et ses vices.
Ce qui dérange aujourd’hui, par rapport à cette analyse, c’est la placidité de l’expression lorsque l’Officiel l’avalise.
Ainsi, prenons l’exemple de ce qui s’écrit parmi les poètes et est honoré par l’Echevinat de la Culture de la Ville de Liège : l’espace de l’amour et de la cruauté, les vicissitudes de la sexualité et de la mort et cette folie créatrice rejetant la vision bourgeoise du monde y sont proscrits. Simple oubli ? Non. Volontairement rejetés parce que n’édifiant pas une barrière de certitudes morales et de conformisme d’éducation entre l’artiste en liberté et l’autre encagé dans les honneurs et les manifestations de reconnaissance.
Le quoi de l’art, c’est l’inconscient.
Charles Baudelaire avait anticipé la pensée freudienne en écrivant en 1866 « plus l’homme cultive les Arts, moins il bande ». On a l’impression que les Artistes liégeois consacrés ne bandent plus depuis des décennies. Ils ont trop cultivé l’art dans les endroits publics, flattés trop de gens, parce qu’avides de reconnaissance synonyme de médiocrité.
La plus évidente dimension est celle du rapport de l’art avec la pathologie mentale. Ici, on entre dans le domaine de Freud : la psychologie.
Avoir conscience de soi, n’est-ce pas sentir que l’on pourrait être tout autre ? (Paul Valéry). Ainsi les créateurs lorsqu’ils montrent au public ce qu’ils ont créé paraissent souvent aux antipodes des songes et des héros qu’ils nous invitent à contempler.
Freud s’incline « la psychanalyse ne découvre rien que les poètes n’aient pressenti depuis longtemps ».
Venue des profondeurs indéchiffrables, l’œuvre d’art est intraduisible par des mots qui découlent de la raison.

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Est-ce le même processus que le rêve, l’imagination qui crée des villes qui n’existent pas et des héros que l’on ne voit nulle part ailleurs ?
La démarche freudienne est simple, elle s’apparente à la tragédie antique. Les héros meurent parce qu’ils en sont dignes, dira par ailleurs un humoriste qui n’avait pourtant pas tort.
Freud ne s’est pas attardé dans le distinguo entre la primauté des différents processus, alors qu’il élaborait son ouvrage « L’interprétation des rêves », tout à son concept de l’inconscient.
Encore aujourd’hui, on n’a pas trouvé mieux que le rêve mis en forme pour échapper à la censure. C’est dans la fantasmagorie ainsi annoncée que le défoulement de l’artiste s’exerce enfin sans pathologie.
Le revers de cette « action-soupape » gît dans sa réduction de contrainte. L’artiste se déguise et en se déguisant se mutile. Ce n’est plus une force vive, mais une résistance.
Freud y pensera toute sa vie et restera sceptique sur les « vrais espaces de liberté » en matière d’art.
C’est pourquoi, dans son œuvre, l’analyse fine des formes de l’art, ne sera jamais pleine et entière.
C’est plus l’inconscient que l’art qui s’y voit disséqué.
Il n’en est résulté qu’une seule vérité. Et quand bien même, il n’y aurait que celle-là, elle réjouira les artistes et effrayera les pisse-froid : l’art est placé sous la soumission du principe de plaisir.
En témoigne cet extrait de « Contributions à la vie amoureuse » : …les écrivains sont sous la nécessité de produire un plaisir intellectuel et esthétique, aussi bien que certains effets émotionnels, c’est pourquoi ils ne peuvent reproduire la matière de la réalité sans la changer ».
C’est assez mince comme conclusion. J’entends bien que l’art ne renonce pas au plaisir, voilà qui est parfait et d’une certaine manière m’arrange bien dans cette chronique au jour le jour et suivant les fortunes diverses de mes désirs, de mes regrets, de mes observations. Personne n’a encore trouvé le lien entre cette seule vérité et les autres constructions idéologiques d’une réalité qui échappe à notre compréhension.

4 août 2006

Les croissants chauds.

On en entend tous les jours du chômage, son origine, sa persistance, sa résorption, tellement que l’on se croit au fait et gavé d’informations.
Nos hommes politiques en ont fait leur cheval de bataille.
On a vu s’y atteler tous les cadors du libéralisme au socialisme. Et pour quel résultat ?
On en est arrivé au point qu’un ministre, selon que la conjoncture soit favorable ou non dans le domaine de l’emploi, verra sa cote de popularité monter ou descendre, sans qu’il y soit pour grand-chose.
Première ânerie dite à longueur d’année par les économistes et nos responsables : la croissance serait trop basse pour réduire le chômage. En dessous de 2 % l’an, on perd des emplois et pour en gagner, il faudrait une croissance de 3 % au moins !
En vérité rien ne justifie une pareille affirmation. Historiquement, il a existé des sociétés de plein emploi totalement immobiles. Le Japon pendant longtemps en fut un exemple. Et si l’on veut bien passer sur d’autres aspects plus négatifs des systèmes totalitaires communistes en Europe, jusqu’à la fin de l’URSS, il existait très peu de chômages dans les Pays de l’Est.
Si le taux de croissance fait gagner des emplois, par les progrès techniques qu’il entraîne, il en fait perdre aussi.
Nous sommes attachés à une logique de perdant et de gagnant. A vous d’être dans cette dernière catégorie. Si vous ne le pouvez pas, n’en attribuez la malchance qu’à vous-même. Ne sortent de ce dilemme que les sociétés très solidaires ou très individualistes. La Belgique comme d’autres pays d’Europe navigue d’un bord à l’autre, sans savoir quel parti définitif il faut prendre. On voit le résultat : la montée du chômage.
Car enfin, les demi-mesures, les aides, les remises au travail et les sanctions promises en cas d’échec, qu’est-ce que c’est, sinon un accompagnement mou d’un système dont on redoute les effets sur les citoyens, non pas parce qu’ils s’y sentent mal, mais parce qu’aux abois, le peuple devient redoutable et aspire à son autogestion. Voyez-vous « une marche blanche » des chômeurs de Belgique réunis à Bruxelles. Y aurait-il une force de police capable de l’arrêter ? Alors, on verrait tout de suite les responsables aller dans le sens d’un véritable socialisme, quitte le lendemain, la fièvre tombée, à retomber dans les ronrons du quotidien.
Si l‘on veut obéir à la logique socialiste, il faut donc prendre des mesures d’une solidarité évidente, à commencer par renverser la tendance actuelle à pousser les gens à faire n’importe quoi à n’importe quel salaire.
A moins de vingt ans d’une pénurie gravissime des carburants, ne serait-il pas temps de se demander où cette volonté de croissance va nous mener ? Certainement pas au plein emploi, mais au contraire à des catastrophes qu’en comparaison, la crise de 1929 serait une plaisanterie.
Mais non, les discours restent les mêmes dans l’axe très libéral d’une économie en expansion continue qui n’a que le mérite d’allèger les dettes de l’Etat. C’est-à-dire exonère la responsabilité de l’Haut-lieu en accablant d’un excès de taxe et de TVA, les petites gens.
Aristote déjà n’assignait pas une autre place au progrès technique que celle d’abolir le travail des esclaves. 2500 ans plus tard, Alfred Sauvy ne dit pas autre chose.
Le progrès technique symbolisé par la machine ne détruit-il pas plus d’emplois qu’il n’en crée?

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Des temps modernes, on se souvient des débuts des luttes ouvrières et de la « Révolte des canuts de Lyon ». Toute l’histoire du progrès technique cohabite avec la richesse qu’elle produit et la misère qu’elle engendre.
La question n’est pas de revenir en arrière pour réutiliser les bras devenus inutiles ; mais, tout simplement de savoir les raisons qui font que la Société est incapable à proposer des emplois convenables à ceux qui sont largués et surtout de faire bénéficier l’ensemble de la population du progrès techniques, à commencer par ceux qui sont privés de leur travail grâce ou à cause de la machine ou de la nouvelle technique ?
C’est Sismondi, bien avant Keynes, c’est-à-dire dès la première moitié du XIXme siècle qui répond le mieux à cette question : « Du fait de leur licenciement, la consommation des ouvriers diminuera et, par suite, leur demande. De ce fait les machines sont néfastes, sauf si leur introduction est précédée d’un accroissement des revenus, et, par suite, d’une possibilité nouvelle pour les ouvriers remplacés ». (1)
En fait de possibilité nouvelle, on culpabilise le chômeur et on lui prêche la mobilité et les prospectives accompagnées pour une autre voie incertaine, avec au bout la culpabilité de l’échec.
C’est que les possibilités nouvelles ne sont pas créées et, au fur et à mesure de la disparition de l’énergie fossile les chances de l’être s’amenuiseront davantage.
Ne nous cassons pas la tête, le système actuel restera sourd jusqu’au bout aux cris de détresse des gens, comme nos dirigeants, du reste.
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1. Sismondi ; Nouveaux principes d’économie politique, ou de la richesse dans les rapports à la population.

3 août 2006

Portrait des States.

Qui a traîné ses grolles aux USA comprend mieux la mentalité générale, encore qu’elle englobe des variantes considérables.
Quand on essaie de pénétrer la mentalité américaine, c’est toujours « en gros » ou, si l’on veut, selon l’apparence générale, de sorte que la sociologie reste vague. Quand, par exemple, Bush parle au nom du Peuple américain, on devine que le consensus n’est pas général, cependant l’on se doute qu’avec ses conseillers et ses politologues, le Président est toujours en harmonie avec une majorité d’Américains.
C’est donc cette frange importante de la population qui nous intéresse.
Ces Américains-là qui forment donc l’opinion majoritaire vivent dans un monde abstrait. L’argent y est si important qu’il symbolise presque à lui seul l’Amérique.
Ce n’est pas que les majorités soient avares, avec des vues étroites sur toute chose, les Américains n’amassent pas et sont si prompts à dépenser que la plupart vivent à crédit. Mais l’argent, sans lequel vous n’êtes rien aux USA est si important dans leur vie, que même ceux qui donnent sans compter à des œuvres caritatives, ne peuvent s’empêcher de le considérer comme le pivot de la société.
C’est de ce point de vue la même mentalité qui prévaut à Tel-Aviv et, sans compter la diaspora juive si importante dans des Etats comme New York, l’Américain moyen se retrouve dans le monde du commerce et de l’argent de la même manière qu’en Israël. Cela explique en partie le soutien actuel des USA.
Si l’argent est pour la plupart le seul but dans la vie américaine, c’est qu’il est le commun dénominateur de toutes les activités humaines, confondant les moyens avec le but, au point de ne plus savoir quel il était au temps de l’illusion que le monde appartenait à la jeunesse. Les valeurs concrètes passées sous silence, voire effacée par l’argent, les Américains pataugent dans le vide de leur existence sans s’en apercevoir, la réussite, toujours établie en dollars, n’étant que fictive.
Le jour où les Américains redonneront un sens à cette valeur abstraite, il se pourrait bien qu’ils nous étonnent encore, comme jadis, lorsque l’industrie de Boston et de New York était naissante.
Ce qui est étonnant pour ce peuple dynamique, c’est l’apathie dans laquelle l’élite est tombée dans la remise en question du monde et d’eux-mêmes.
Le système capitaliste est fini, dans le sens qu’il est parfait. Quasi une œuvre d’art à laquelle on ne touche pas. Cela fait un monde dichotome. Il y a le Bien (eux) et le Mal (ceux qui ne pensent pas comme eux). De cela se déterminent la démocratie dans laquelle ils croient être et la Liberté qui en est le résultat. Ce peuple se refuse à faire la part du mal, à imaginer d’autres systèmes ou à perfectionner le leur, puisqu’il est parfait donc accompli.
Le mal est un aléa des peuples sur une mauvaise voie. Le Bien l’éliminera progressivement, parce que c’est dans la nature des choses. C’est le discours de Bush, partagé par les républicains et les Démocrates.

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Ce discours directement issu de la guerre froide avec l’URSS est resté le fondement de la politique américaine dans toutes ses stratégies et ses conflits depuis 50 ans.
Certes, les Européens ont beaucoup copié des Etats-Unis, ne serait-ce que le lien qui existe entre capitalisme = liberté du commerce et démocratie = liberté tout court. Comme eux, nous n’avons pas d’autre alternative que celle de suivre les dérives du capitalisme en essayant désespérément de lui donner un sens moral comme un sens social, ce qu’il n’a jamais eu ; mais, il y a chez nos élites plus de scepticisme et moins de valeur ajoutée au seul critère de l’argent roi. La gauche européenne a des courants qui sont nettement hostiles à la tournure que prend le système unique. Et c’est en cela que la gauche européenne ne ressemble pas aux Démocrates américains.
Néanmoins, on peut penser que la crise de confiance qui traversera la gauche européenne devant les fiascos répétés du capitalisme aveugle, feront un jour bouger l’assurance monolithique qu’il n’y a rien à faire contre le dollar et le commerce sauvage. Ce jour-là, les partis socialistes européens retrouveront un peu de coloration.
Quant aux Américains, leur manque de nuance et leur psychologie de parvenu les ont privés de la sympathie de la moitié de la planète. On voit bien encore aujourd’hui dans leur aveuglement à soutenir Israël, comme ils auront du mal à passer pour des interlocuteurs valables afin d’aider au règlement du conflit au Moyen-Orient.
Ils sont ainsi. Cela fait partie d’une identité américaine que ce grand pays a bien difficile de faire évoluer.
C’est dommage que l’Europe, poussée dans le dos par l’Angleterre, a si difficile de se démarquer des Etats-Unis pour mener une autre politique qui ne soit pas la survivance de l’ancienne et toujours présente Alliance atlantique.

2 août 2006

Solipsisme en maison

.Duvannier avait juré à sa mère la veille de sa disparition, que jamais il n’abandonnerait l’oncle Alphonse, à la maison de retraite « Leonardo da Vinci ».
En accord avec le pensionnaire, le mercredi serait le jour de visite du neveu.
C’est ainsi que débuta une relation qui rapidement se figea dans des règles.
A 14 heures du jour prévu, Duvannier franchissait la porte du home et croisait madame Cacao, la directrice métisse à l’imposant derrière. Il la taquinait sur la fascination qu’elle exerçait sur lui, sans penser une seule seconde à ce qu’il disait. Flattée, madame Cacao rapportait les galanteries à son mari, comme font parfois les femmes délaissées, dans l’espoir de susciter un regain de sentiment, ne serait-ce que de jalousie. Le mari se demanda un moment comment tirer parti des confidences de madame Cacao au profit des idylles qu’il entretenait parmi les garde-malade et les infirmières, il n’en trouva pas et oublia Duvannier.
Le visiteur saluait les pensionnaires sur son passage. Rares étaient celles et ceux qui répondaient à son salut. Ils souffraient tous de la diathèse maison : le grand âge
A la chambre 42, il frappait à la porte de façon convenue : deux coups brefs et deux longs.
La première fois, la voisine d’Alphonse, agrippée à un déambulatoire, le supplia d’ouvrir sa porte. Duvannier s’était approché, serviable. Elle l’avait alors copieusement injurié en criant au viol ! Le personnel rassura Duvannier, cette maniaco-dépressive engueulait tout le monde à longueur de journée. Les mercredis qui suivirent, elle guetta Duvannier, histoire de rester en forme. Celui-ci slaloma pour l’éviter avec succès.
Restait deux heures à passer avec Alphonse.
Cela n’avait pas été pénible tout de suite. Les familles étaient proches. L’oncle et le neveu avaient de nombreux souvenirs en commun. Il y avait matière. Mais les faits sans spéculations philosophiques et sans nouveautés tarissent rapidement l’intérêt. Viennent alors les redoutables redites et Duvannier avait de la mémoire.
Tous les parents étaient morts. De se savoir les seuls dépositaires de trois générations les rendait solidaires. Les récits s’enrichirent d’une commune cénesthésie.
Hélas ! il y a peu d’histoires qui ne lassent à force d’être ressassées..

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Un an plu tard, tout était dit.
Ils avaient fait plusieurs fois le tour des réunions de famille, répertorié les personnages et dressé un arbre généalogique complet dont ils étaient les chétifs rameaux.
Ils avaient l’un et l’autre horreur des silences. Le pensionnaire de « Leonardo da Vinci » eut l’idée d’introduire des variantes aux histoires rabâchées.
Il compléta à sa façon des faits obscurs que Duvannier pouvait difficilement contredire, puis des faits avérés auxquels le neveu lâchement soumis apporta sa caution..
Les variantes connurent des versions invraisemblables. Il y eut dans les didascalies du pensionnaire tant d’interprétations différentes qu’ils s’y perdirent plus d’une fois.
Au moindre doute de Duvannier, Alphonse s’emportait de telle manière que le neveu s’accusait d’un trou de mémoire..
L’oncle se révéla un grand égoïste. Il était impossible qu’il ne sut pas qu’il mentait. C’était pour lui une revanche sur les fantômes du passé.
Duvannier se rendit compte que l’oncle ne l’écoutait pas, le jour où il tenta de lui parler d’un rhumatisme de la cuisse droite. Alphonse noya les plaintes de son neveu dans les siennes. L’oncle s’empara des maux à la cuisse droite du neveu, pour en faire un calvaire à sa cuisse gauche !
Duvannier ne résista pas. C’était un bon garçon qui n’allait pas une fois par semaine à Stavelot pour s’engueuler avec son oncle. Il se résigna aux versions d’Alphonse. Il poussa même l’abnégation jusqu’à parfois orner de détails les anecdotes d’Alphonse les sachant fausses !
A la cinquième année, Duvannier connut à fond les variantes du pensionnaire. Il y en avait de plusieurs sortes : l’histoire du poncho qu’Alphonse avait acheté pour la mère de Duvannier, lors d’un voyage à Palma, était rémanente.
L’oncle séparait les membres disparus de la famille en deux, les bons et les avares. Et question d’avarice, Alphonse était un orfèvre.
A défaut du service militaire qu’il n’avait pas fait, les histoires de la vie professionnelle d’Alphonse avaient la cote.
Soudain, la mémoire de l’oncle prit un tour singulier. Elle se gendarma au point de ne plus tolérer aucune information fantaisiste autre que les siennes, comme il ne toléra plus que Duvannier fût malade autant que lui.
Que Duvannier lui parlât d’une mauvaise nuit, la sienne avait été plus épouvantable encore. Alphonse n’écoutait son neveu que le temps de reprendre son souffle, qu’il avait court.
Ses constipations étaient un autre grand sujet.
Entré à 14 heures, le neveu partait à 16 heures, comme s’il sortait d’un bagne. Quand l’impatience le gagnait, au bord de la crise de nerfs, il faisait mine de se lever, aussitôt Alphonse remarquait qu’il s’en fallait d’un quart d’heure que la visite fût terminée.
Duvannier se jura qu’il ne laisserait plus passer aucune affabulation, qu’à la moindre fantaisie, il rectifierait au nom de la vérité. La semaine suivante, il retombait dans sa lâcheté complice et aidait aux mensonges de l’autre en mentant lui-même en signe d’allégeance.
Ce fut le neveu qui mourut le premier.
Ce mercredi-là, Alphonse dit à son infirmière : « Il aurait bien fait de me prévenir qu’il ne viendrait pas aujourd’hui. C’est malheureux qu’à mon âge, je ne puisse plus compter sur personne ».

1 août 2006

Anomie sociale.

Dès la guerre froide et le « triomphe » du capitalisme, la politique de gauche en Belgique a basculé au centre dans les années cinquante. La ligne Di Rupo que l’on pratique en 2006 n’a plus rien à voir avec le socialisme de la théorie marxiste de la lutte des classes. Le POB, plus tard le PS tout en se différenciant du parti communiste trop proche de l’URSS, voulurent la rupture avec le système capitaliste, tout au moins le transformer en profondeur.
Depuis, le PS a rejoint les économistes libéraux et est littéralement vissé au pouvoir économique en cours.
Les libéraux sont restés dans leur logique, la gauche pas.
En effet, le credo libéral n’a pas changé : le « progrès » n’est rien d’autre que celui des entreprises. Rejoint par la gauche, celle-ci pense dorénavant que le social dépend exclusivement du progrès économique. Si cela est vrai dans une certaine mesure, par contre la nature des relations entre les citoyens, l’extraterritorialité du social par rapport à l’économie, la conquête de nouveaux droits, disparaissent, au mieux, restent à la portion congrue.
Comme les économistes libéraux, le PS jure qu’il ne se reconnaît pas dans ce qui précède.
Pourtant, il suffit de survoler le plan Marshall pour être convaincu que les millions dépensés, résultat du travail des citoyens donc de tous, iront aux seuls besoins des entrepreneurs dans l’espoir – tout à fait aléatoire – de créer quelques emplois. Cercle vicieux, car ces quelques emplois créés serviront à conforter l’autorité des entrepreneurs et à asseoir leurs profits, sans guère de compensation pour les bailleurs de fonds initiaux.
Les lacunes et les erreurs de ce plan Marshall ont été malheureusement escamotées par les affaires de Charleroi et par le feuilleton de Francorchamps. A première vue, ce plan sert à boucher des trous et à renflouer les industries wallonnes chancelantes. Ce plan n’offre aucune chance de décoller afin d’atteindre le niveau de vie de notre voisin flamand.
Si c’est cela faire une politique de gauche !...
C’est à peu près la politique d’un Guy Dollé : dépenser le cash-flow pour convaincre les actionnaires de ne pas tomber dans les bras de Mittal. On voit le résultat…
Les « smithiens » et autres adorateurs du système nous font croire qu’ils ont éliminé le pouvoir de leurs préoccupations.
Selon eux, l’économie ne serait qu’une science des choix rationnels dans l’utilisation des ressources. Elle ne serait qu’une méthode de calcul indépendante d’une réalité sociale en progrès.

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Ils ne nient pas l’exploitation et l’affrontement des intérêts opposés, mais ils considèrent que l’abondance amène finalement une satisfaction minimale, voire atteignant à la satiété. Et comment produire abondamment, sinon en travaillant ferme, en silence et à bas salaire !
Avant la gauche considérait la société par rapport à la morale et à la philosophie. Aujourd’hui, la gauche ne s’intéresse plus qu’aux moyens, comme les économistes. En dernier ressort, le régulateur social échappe aux politiques. Les rapports de pouvoir ne sont palpables qu’à travers le jeu de la concurrence. C’est-à-dire que le pouvoir est devenu une force essentiellement économique.
Pourtant, la concurrence des marchés n’a nul besoin d’un rapport de pouvoir pour exister. Où trouver de la rationalité, quand le pouvoir est inexistant ?
La réalité est cruelle pour le monde politique, quand tout concourt à montrer son impuissance. Il fait semblant d’exister. Ce n’est qu’une manière adroite de se placer du côté des entreprises.
Cette réduction des pouvoirs de l’Etat n’est pas une remarque nouvelle.
Say, Smith et Ricardo, les fondateurs de l’école classique, luttaient contre des pouvoirs monarchiques, mal préparés à l’ère industrielle. Leur vœu était de réduire le pouvoir politique au minimum. L’Etat donnerait seulement la garantie d’un travail assuré dans des frontières sûres, la fameuse paix publique.
La machine lancée, les monarchies de droit divin disparues firent place à des monarchies constitutionnelles, les républiques succédèrent aux dictatures, tout enfin allait transformer l’organisation sociale en profondeur.
Sauf que l’argument de Smith, Say et Ricardo ne changeant pas au vu des progrès de la démocratie, le pouvoir des citoyens malgré le suffrage universel resta ce qu’il était sous l’Ancien Régime.
Aujourd’hui, le « despote éclairé » celui dont tout dépend et qui peut tout, c’est l’argent. Quand un Bill Gates est reçu comme un monarque, on peut s’attendre à tout, sauf à une politique de distanciation à l’égard du système capitaliste.
Keynes nous a tous fait prendre des vessies pour des lanternes lorsque, dans l’immédiate après-guerre, il s’est dit convaincu que la démocratie et le capitalisme s’accoupleraient pour un monde de bien-être et de plein emploi.
Les chercheurs, les économistes sérieux (mais y en a-t-il ?) et même les gens doués de bon sens, en sont revenus, les socialistes belges, pas encore.