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28 février 2011

A la ramasse et à la récup…

Les quelques professionnels, qui ont un pied dans le journalisme et un autre dans les blogs, sont des êtres hybrides qui finissent par s’exprimer différemment selon qu’ils reçoivent des sous pour leurs piges dans les journaux ou paient un blog de leur poche, histoire d’avoir une appellation réservée.
C’et ainsi que commence une différence touchant aux nuances que l’on s’accorde sans arrière-pensée, selon que l’on soit sous la tutelle d’un patron ou d’une humeur indépendante et sans entrave.
L’évolution actuelle de l’opinion plaide en faveur des anonymes qui se défoulent dans l'écriture électronique, comme jadis, on avait un journal intime. Sauf qu’en 2011, on ne le laisse plus dans un tiroir. Il est lu par des internautes. On entre dans une sorte de domaine public. Tout en n’étant que le porte-voix de sa propre opinion, on risque d’influencer l’opinion des autres.
Après Sartre, le citoyen a perdu l’idée de monter sur un tonneau pour haranguer la foule.
Une fausse idée de la démocratie avait permis de faire taire la voix du peuple au bénéfice de ses délégués. Les blogs sont venus déranger la donne, brouiller les cartes, rassembler des blogueurs et des internautes. Les gens ordinaires en ont marre que l’on pense pour eux, comme s’ils étaient des débiles légers.
Du point de vue de l’éthique, l’écriture électronique est une bonne école, quand l’effort est spontané, de bonne foi et gratuit. Mais, la presse récupère les opinions multiples des blogs et s’en sert à des fins politiques et mercantiles. Pour ce faire, elle organise des forums afin de recueillir « l’opinion des lecteurs », qu’elle entremêle d’articles détachés du journal ou d’écrits spécialement conçus pour l’occasion par des professionnels de la chose écrite.
La soi-disant liberté avec laquelle les blogueurs sont accueillis dans les rubriques spécialisées est pour le moins suspecte. A côté des blogs maladroitement ficelés par des blogueurs en rupture d’orthographe – ce qui est un moindre mal – et en défaut d’imagination – ce qui est pire - rarissimes sont les blogs sélectionnés qui vont à l’encontre de la société bourgeoise, quand des clichés sur le patriotisme et le consumérisme abondent.
C’est à croire qu’il n’y a pas un seul blogueur indépendantiste, anarchiste ou simplement facétieux ! Sinon, parfois, quand il s’agit d’un texte ennuyeux ou tellement décalé qu’il en devient incompréhensible, donc publiable pour l’effet contraire produit.
Je lis tous les jours des blogs qui donnent de la situation belge une vue originale et remarquable qui ne sont jamais repris dans l’échantillonnage des journaux.
Enfin, les journalistes qui tiennent à jour la rubrique des blogs se taillent la part du lion dans l’orientation du sujet et des articles qu’ils citent. Et leur notoriété, quoique relative, rejaillit immanquablement sur l’appréciation que l’on peut avoir des faits, même si, certains jours et comme tout le monde, il leur arrive de balancer des conneries qui se révéleront comme telles dans les semaines qui suivent leur inspiration.

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Ils établissent par la même occasion des classements tout aussi arbitraires que les concours de poésie des centres culturels.
Encore une fois, influencer l’opinion n’est pas une faute quand on n’avance pas masqué ; mais, dans le cas de quelqu’un qui vit de sa plume d’un côté, et qui « balance » de l’autre, on peut penser à de la supercherie.
L’opinion, de portable en Smartphone, d’ordinateur fixe à ordinateur-valise, bouleverse la donne.
Dorénavant, il faudra compter sur ces vecteurs inédits. Ce sont eux qui font l’opinion d’une population de laquelle on ne s’inquiétait guère, celle de la jeunesse ! Une jeunesse qui s’est émancipée des circuits traditionnels de diffusion de la « bonne parole » centriste ou conservatrice.
Une jeunesse particulièrement malmenée par la société de consommation et qui n’y accède que par la bonne volonté des parents, puisque outre aller à l’école fort tard pour certains, la plupart ont des boulots mal payés, quand ils en ont.
Or, c’est cette jeunesse qui demain fera pratiquement toute l’opinion.
D’où l’urgence des élus et des gazettes de faire quelque chose dans le domaine des nouvelles communications.
Vous ne voudriez tout de même pas que nos Ben Ali prennent la poudre d’escampette poursuivis par une jeunesse du genre de celle de Tunis ?
Et déjà la sélection s’opère, le filtre du bourgeoisisme fonctionne. La récupération est en marche.
Certains blogueurs ne se recommandent pas d’un collectif et ne sollicitent pas que l’on parle d’eux sur la Toile. Et si cela survient, malgré tout, c’est à leur corps défendant, même s’ils s’en trouvent flattés. Dame quand on publie sur la Toile, c’est pour être lu !

27 février 2011

Des beaux et des laids.

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Encore une belle connerie dans votre magazine préféré, à propos d’une histoire finlandaise.
« Les candidats de droite sont jugés plus beaux et en profitent aux élections, selon une étude réalisée par trois économistes suédois et finlandais. »
En histoire belge, personne n’y aurait cru. Il fallait donc qu’elle fût étrangère à notre surréalisme proverbial et notre sens décalé de l’humour.
Pensez, on voit leurs gueules tous les jours. C’était difficile de faire passer Kubla, Van Rompuy l’aîné, Francis Delpérée et Louis Michel pour des apollons. Si l’on excepte les belles mains de Francis… franchement. Je ne vois pas ce qui pourrait attirer les dames.
"Une explication possible, les gens jugés beaux ou qui se considèrent comme beaux ont plus tendance à être anti-égalitaires, donc de droite", déclare à l'AFP Nicolas Berggren, un des trois coauteurs de l'étude.
Les gens deviennent moches, parce qu’ils sont égalitaires ou égalitaires parce qu’ils sont moches ? Vous saisissez la différence ? Elle est fondamentale. Dans le premier cas, ce serait à force de lire Karl Marx qu’on deviendrait moche ! Dans le second, dès le départ on est de gauche parce qu’on est moche de naissance.
C’est ainsi que L.-F. Céline voit la chose « Un patron se trouve toujours un peu rassuré par l’ignominie de son personnel… Un ensemble de petites tares chroniques morales et physiques justifient le sort qui l’accable. La terre tourne mieux ainsi puisque chacun se trouve dessus à sa place méritée ».
Tout ça, c’est vacherie et compagnie contre le peuple. Manière de dire que relooké, esthétisé, massé et manucuré on est beau et de droite. Façon de voir que c’est le pognon qui est à la base des critères de la beauté.
Pour ne pas passer pour avoir une sale gueule, il vaut mieux se dire de droite. C’est entendu. Passer à droite après un lifting, on en a connu.
On voit où ça conduit !... Tout le monde est de droite, même à gauche.
Et les moches de droite ? Certains libéraux seraient des gens de gauche qui essaient de faire croire qu’ils sont de droite, tant dans des cas désespérés ce n’est pas possible de passer pour, même après des opérations de ravalement à grands frais.
J’ai connu un habitué du Conseil communal qui disait, depuis la place du Marché, « Aux Ouhais », à qui voulait l’entendre « Dji n’a nin quo veyou in’ bel d’jin ouye (1) ».
Mais alors, Paul Magnette ? Le beau mec du PS, serait de droite ? Ses déclarations inspirées par Di Rupo, tranchent le débat. Charles Magnette est bien de droite.
Les Finlandais ne seraient donc pas si stupides ?
On s’ennuie beaucoup dans les saunas, on a le temps de réfléchir. Les chercheurs se sont basés sur les résultats des élections de 2003 et 2004, avec une enquête de beauté menée auprès d'internautes étrangers sur quelques 1.357 candidats finlandais.

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Foin de ces balivernes, les électeurs belges croient que la beauté est intérieure. Bart De Wever doit être beau intérieurement. Ça ne se voit pas, mais électoralement c’est prouvé.
Bart en Finlande serait de gauche, handicapé par son aspect extérieur en latex et polystyrène, calqué sur mickey du Disneyland.
Le cas de Reynders est tout à fait particulier. Beau plus jeune, il s’est gauchisé à la lecture d’Alexis de Tocqueville ! Seuls les cheveux sont restés de droite. Des cheveux blancs d’artiste, classés monument national par les coiffeurs, régulièrement shampouinés par « Reflets bleutés » de Liliane Bettencourt. Charles Michel, disgracié de ce côté par dame nature, n’a dû son salut qu’à Gérard Deprez, ex-beau et tenancier du club Renaissance.
Pour reprendre le fil de l’étude finlandaise, ce sont plus de 2.500 étrangers au pays des Lacs qui ont cerné le physique idéal de l’homme du Nord.
Classé de 1 (très laid) à 5 (très beau), l’inventaire n’ayant pas la cote 0 (horrible), il ne pouvait être adapté aux critères de notre belgitude, n’ignorant pas que si nous sommes très beaux dans la foule, on ne sait pourquoi, une fois au pouvoir, ça se dégrade... Ben Ali en a trouvé la raison : la foule aurait la beauté du diable !
Les chercheurs finlandais ont expliqué la philosophie qui ressort de leur étude : "la gauche a peut-être aussi employé plus souvent une approche plus rationnelle fondée sur les arguments, alors que la droite a été plus consciente des facteurs extérieurs".
La gauche serait donc plus intellectuelle, sinon plus intelligente que la droite ! C’est papa Daerden qui va être content !
Et c’est ici que les Finlandais perdent toute crédibilité. Ils citent Ronald Reagan et Sarah Palin pour les Etats-Unis, en qualité de beautés types. Pour le premier, on l’imagine mal en adonis intelligent. Même dans les films de ses débuts, on voit très bien qu’il ne tiendra jamais un rôle de jeune premier et encore moins d’intellectuel. Quant à Sarah Palin, je ne savais pas que c’était un homme. Et de ce point de vue, je trouve qu’elle fait trop « efféminée » pour qu’on puisse dire qu’elle est un bel homme.
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1. Je n’ai pas encore vu une belle personne aujourd’hui !

26 février 2011

Wie einst Lily Marleen

Vor der Kaserne / Vor dem großen Tor / Stand eine Laterne / Und steht sie noch davor / So woll'n wir uns da wieder seh'n / Bei der Laterne wollen wir steh'n / Wie einst Lily Marleen

On est passé bien vite à autre chose au mois de janvier dernier.
Pourtant, comme Danton prétendant que sa tête « en valait la peine » avant la guillotine, celles de ces Messieurs de la Flandre-Unie présentant une nouvelle fois une demande d’amnistie des collabos de la dernière guerre, avaient une pointure qui permettait largement de ceindre un casque à pointe !
Dans les faits, janvier dernier, la Chambre rejeta par 68 non (PS, MR, cdH, Ecolo/Groen!, PP et sp.a) contre 57 oui (N-VA, CD&V, VB, Open Vld, LDD) la proposition de loi du Vlaams Belang relative à l’amnistie.
C’est qu’ils ne désarment pas, les nationalistes de la Flandre éternelle !
Alors que la décence eût voulu que l’on clôturât cette vieille affaire par le silence, pas gênés pour un sou, les intégristes d’en face poursuivent leur tapage et il s’en était fallu d’un cheveu que la chose passât l’obstacle.
Il faut dire qu’ailleurs, on a passé l’éponge depuis longtemps, justement parce que personne ne le demandait et que l’opinion avait tourné la page. En Belgique, c’est différent. Tout y prend une couleur communautaire. Du coup, on s’embarque dans des haines qui n’en finissent plus. C’est que les nazis firent la distinction entre Wallons et Flamands, bien avant le parlement flamand dans les communes périphériques. Adolphe avait des idées d’annexion derrière la tête en considérant les gens du Nord comme faisant partie de la race des élus. Ce dont ils profitèrent largement : rapatriement des prisonniers de guerre flamands, régime particulier favorisant la collaboration d’où un enthousiasme massif des milieux catholiques flamands à la cause du fou de Nuremberg, avec départ massif du scoutisme flamingant sur le front de l’Est.
Si aujourd’hui on en parle encore, c’est inscrit dans le caractère flamand d’exclure ceux qui n’ont pas l’amour du sol natal, n’adhèrent pas à la cause de l’économie libérale dans toutes ses conséquences : mise sous tutelle des « inutiles », salaires fixés sur les concurrents, foi aveugle dans le libéralisme, à tel point que chez eux, Di Rupo passe pour un extrémiste de gauche !
Staf De Clercq, dirigeant des nazis flamands du VNV, l'un des piliers de la collaboration pro-allemande durant la Deuxième Guerre mondiale est toujours « l’idole des jeunes » du Vlaams Belang et de la N-VA de Bart De Wever et on ne jurerait pas que certains hommes en vue du CD&V et du parti libéral flamand n’ont pas sa photo sur leur table de nuit !
Enfin, si ça les branche, ces pro-Teutons, chacun fait ce qu’il veut de son corps et de son esprit. Bien entendu, ça fait aussi un obstacle supplémentaire pour que la conversation devînt amicale entre eux et moi.

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Voilà tellement longtemps que ces différences perdurent, qu’on commençait à s’y habituer. Il a fallu qu’une formation sœur du Vlaams Belang vienne mordre dans l’électorat du CD&V et propulse en tête de gondole Bart De Wever, pour que l’ancienne plaie suppure !
Depuis, les nerfs à vif de 30 % de Flamands dont aucun n’a connu les horreurs de la guerre, sinon par parents interposés, rappellent les mauvais souvenirs, à nous aussi, par le témoignage de nos vieux.
Tantôt, c’est la baronne Hilde Kieboom, présidente de la Communauté San’Egidio, un petit mouvement catholique flamand, qui revendique auprès de Bart De Wever et Elio Di Rupo une amnistie pour une réconciliation nationale, tantôt et chez nous, c’est un des derniers survivants « des camps de la mort » qui rappelle à nos jeunes écoliers la férocité des temps anciens.
Pour rappel à ceux, de plus en plus nombreux, qui placent Adolphe et les adolphins sur la même étagère des livres d’histoire que Nabuchodonosor et Gengis Khan : à la fin du nazisme en 1945, des milliers de citoyens flamands, mais aussi wallons et bruxellois, furent poursuivis par les autorités militaires et judiciaires belges. Leur trahison fut multiple : militaire (en partant sous l'uniforme allemand sur le front de l'Est), répressive contre les résistants, les réfractaires et les Juifs (dans le cadre d'organisations nazies engagées pour faire la police), économique (une partie du patronat belge continua ses affaires sous le nazisme, en commerçant directement avec lui), administrative (des membres et des responsables de services publics se mirent à la disposition des nazis avec un engagement sympathisant), politique (du Palais royal aux mouvements d'extrême droite, des alliances opportunistes se firent pour cogérer le pays sous l'autorité allemande)...
A la Libération, plus de deux cents collaborateurs furent fusillés. D'autres resteront en prison plusieurs années et perdront leurs droits sociaux, civils et politiques. Pour éviter la justice belge, des milliers de pronazis s'en iront sur les chemins de l'exil. Ils s'installeront en Espagne, en France, en Allemagne, en Argentine, en Afrique du sud... Ainsi, jamais, ils ne répondront de leurs crimes.
Voilà qui est bien connu des parties. Seules les conclusions ne sont pas identiques.
Tous ces événements que nous n’avons pas vécu fermentent et s’ajoutent aux prétentions du pré carré flamand à la manie qu’ils ont de se croire lésés en lésant les autres.
Que s’y ajoutent l’amour des uniformes, les tambours, la tour de l’Yser, le Gordel, et les souvenirs de la Werbestelle, merde… y en a marre d’eux !
Bref, ce n’est plus une pomme de discorde, c’est un pommier…
Et pourtant je me dis, comme tous les gars qui ont bon cœur de part et d’autre de notre ligne
de démarcation « Si la haine répond à la haine, comment la haine finira-t-elle ? ».

25 février 2011

Des voyous qui vont trop loin !

L’excellent journaliste Jacques Julliard a fait son éditorial hebdomadaire dans Marianne, sur le thème « 750 euros par mois ». C’est ce que gagne et parfois moins, six millions de travailleurs et surtout de travailleuses au pays de France !
Seuls des hyper centristes, démagogues professionnels, le cuir endurci par trois générations d’encanaillement dans la politique nutritive, comme Melchior Wathelet ou Alexandre De Coo, pourraient contester les chiffres – s’il en existe - pour la Belgique, qui, toutes proportions gardées et ayant une population évaluée au sixième de celle de la France, nous ferait quand même un million de travailleurs avec leurs familles, dans un état de besoin alarmant.
Que sont devenues les grandes perspectives d’une jeunesse « de plus en plus diplômée » ? Certains en viennent à disputer des emplois comme livreur de pizzas à des jeunes gens qui n’ont pas fait d’études, avec la honte de voler quelque chose à plus mal loti que soi.
Nous sommes loin d’être un pays de cocagne avec nos caissières à mi-temps, nos intérimaires éternels, nos emplois minables et nos travailleurs honteux parce que non-déclarés dans la catégorie fourre-tout des services. L’égérie malsaine du petit commerce étranglé, la libérale Sabine Laruelle, a bien une vague idée de la désolation d’un parcours d’employé de base, d’ouvrier saisonnier ou de n’importe qui se lançant dans n’importe quoi, mais sa commisération s’arrête à la misère du petit commerçant lui-même et pas à ses commis. Ce n’est donc pas chez elle, dans ce gouvernement depuis six mois sur le départ, qu’on trouvera des statistiques sur une misère qui se développe en Belgique, tout en travaillant !
Ce n’est pas nouveau, dans le luna-park de la société de consommation, mais il est en forte augmentation : de nombreux travailleurs n’arrivent plus à se nourrir !
On est encore loin de la misère des corons du Borinage et du Pays de Liège dans les années 20-30, mais on s’en rapproche !
Comme le dit très bien Julliard « …ce n’est pas seulement le principe de la démocratie que l’inégalité est en train de détruire, c’est l’idée même de la société. » Qu’oser encore demander à un travailleur qui ne peut nourrir correctement les siens ? Du civisme ? De l’altérité ? En a-t-on envers lui ?
Les gens d’en bas ne sont pas idiots. On leur a inculqué le sens du devoir, la honte d’être à charge de la société. Ils y ont répondu avec leurs moyens de toute leur force et en toute honnêteté. Et c’est ainsi qu’on les considère ? Qu’on leur donne quitus de leur courage et de leur volonté d’être des citoyens à part entière ?
Mais le dernier des possédants, le dernier des politiciens de la gauche à la droite devrait avoir honte de poursuivre les chimères de l’économie qui tue et qui dégrade ses compatriotes.
Le peuple lui clouerait la gueule à coups de briques, qu’il ne l’aurait pas volé !
Le type qui ramène 1500 euros par mois pour faire la soupe – et encore pas très grasse – et qui coupe à leurs discours au point de les applaudir aurait plutôt à se demander depuis quand il lui arrive d’applaudir à l’assassinat de plus d’un million de personnes, sans état d’âme !
Mais ceux qui devraient massivement en rougir et changer de discours sont les socialistes. Ils sont en train de conduire le tombereau du riche rempli des cadavres de leurs victimes vers des fosses communes dont, quand même, ils devraient avoir idée.
Car, je les tiens pour les premiers fautifs de la catastrophe qui pointe son vilain museau. La social-démocratie à laquelle ils ont poussé les travailleurs était la mèche qu’ils ont allumée pour faire sauter le pays, sur le fric roi et l’économie de marché qui nous déshumanise. Ce sont eux qui se sont posés en intermédiaires entre celui qui entreprend et les autres qui sont entrepris. Ils sont comme les bateleurs d’une mauvaise parade qui font entrer les badauds à l’intérieur d’un chapiteau où il n’y a rien à voir !
La maltraitance faite à des travailleurs sous-payés, n’est pas une fatalité. C’est le résultat d’une lâcheté d’une gauche qui partage avec les riches les bénéfices de l’exploitation des intérimaires, des mi-temps et des contrats à durée déterminée.
Depuis la fin des Trente Glorieuses, la paupérisation correspond aux progrès dans la crapule des moyens d’assécher les salaires d’un côté, pour gonfler les profits de l’autre.

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Bart De Wever et Di Rupo sont les deux pôles de la parfaite illustration d’un monde politique inadéquat, inadapté, qui ne sait pas encore qu’il ne sert plus qu’à entraver la marche du progrès. Nous sommes dans l’aventure qui va se jouer dans les dix prochaines années, un peu dans l’attente, comme l’étaient les pays du Maghreb en décembre dernier, juste avant le soulèvement de la Tunisie. Il est bien question de nationalisme là-dedans, de partage du territoire, quand on bute sur le délicat problème du partage de la gamelle !
Le propre des inconditionnels du fric, c’est qu’ils ne peuvent arrêter leur deal. Il y aura toujours un voyou qui ira plus loin et qui inventera une escroquerie nouvelle.
C’est ainsi que les tragédies débutent par des excès incontrôlés.

24 février 2011

Rétrécissement.

A force de scruter notre belgitude, nous faisons une crise d’autisme. Celle de Bruno Bettelheim dans son livre si explicite « La forteresse vide ». Car elle est bien vide de sens notre forteresse !
Nous voilà beaux avec nos défenseurs tellement imprégnés de leur devoir et de l’obligation de résultat, que depuis six mois, ils se sont neutralisés, courent aux créneaux en trompe-l’œil et crient au meurtre à la moindre ombre chinoise !
Salle des pas perdus, la Belgique n’est plus que jeux de mots, fantasmes, idolâtries de l’inutile, délires nationalisant, prosternations religieuses, enculages de mouches, pour une seule nouveauté : il y a de plus en plus de travailleurs pauvres !
Tout est parti du gloupier et sa joie de tartrer les pontifiants. Vingt ans plus tard, la révolution de la frite danse la carmagnole pour rire ! Comment voulez-vous que nous soyons sérieux ?
Pourtant, des malins se faufilent, des malfaisants explorent les chambres sans vie, ne serait-ce que pour démonter la plomberie, sortir un marbre de la cheminée, affirmer son anarchisme en chiant sur le parquet marqueté.
Comme la démocratie est en séjour prolongé en Atlantide, que le gouvernement de passage s’incruste, il est difficile d’estimer les pièces du mobilier qui disparaissent et comment certains trouvent leur compte dans le délabré des biens publics.
Pieter De Crem, onze minister van Landsverdediging, est du nombre des gentlemen cambrioleurs. Ce type travaillerait pour le compte du gang de la Région flamande. C’est un colonel, un des rares francophones, qui le dit.
Son job – alors qu’il est ministre de passage – consiste à déménager les forces opérationnelles de l’armée en territoire flamand et à nommer à tour de bras des chefs du Nord à la tête des états-majors. La frontière linguistique imaginaire transformée en ligne Maginot, qui l’eût cru ?
On rigole comme ça… l’armée belge, pensez donc, juste bonne à produire des techniciens de surface afin de récurer les toilettes de l’armée américaine en Afghanistan ! Oui, mais dans un espace réduit ? Mettons le territoire belge ? Des fois qu’on la ramènerait trop devant l’appétit flandrien ? Pieter De Crem chef des 12 chars en état de fonctionner, entouré des généraux nationalistes du CD&V et N-VA ? Et quoi en face ? Un figurant en Saint-Georges terrassant le dragon furieux… Guy Coeme à Waremme recevant un missile sur la gueule tiré par un Agusta qu’il a tant voulu, que pour eux, il a failli aller en tôle ? Willy Demeyer en cuissarde et imperméable Balmain Clouté, brandissant son parapluie sur le canal Albert comme en 40, Daerden en « alcoolonel révizor » d’infanterie coloniale dévalant la colline d’Ans avec ses employés municipaux…

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Un autre filou-boy dont on ne se méfiera jamais assez, Guy Vanhengel, Open VLD, est le type même du libéral bon-enfant, qui a fait son beurre à Bruxelles. Personne ne pourrait se prendre de querelle avec un homme aussi aimable ! Et pourtant… humble et balbutiant, et pour cause, les 15 % de Flamands vivant à Bruxelles sont surreprésentés dans la capitale avec un personnel quasiment à parité aux administrations et à la gouvernance de la Région. Le but à peine dissimulé de Guy est des reprendre par le revers la capitale aux « fransquillons » et ainsi hériter du Lion d’Honneur de la Flandre combattante !
Le propre des vers à bois : ils passent inaperçus. Jusqu’au jour où les tunnels se rejoignent et tout tombe en poussière.
Les Flamands trustent les directions et les hauts emplois dans l’Administration fédérale. Ils tiennent le haut du pavé dans tous les organismes qui représentent la Belgique à l’étranger, commerce extérieur, affaires étrangères, tourisme, etc. Certaines circulaires ont fait scandale qui ne représentaient que la Flandre et feignaient ignorer l’existence de l’autre Communauté !
On pourrait mettre sous les spots de notre cinéma intime le travail patient des déménageurs de la forteresse vide. On cherche la vrille du béton complétant le travail de l’insecte, capable de mettre la brique wallonne en poussière. Bart De Wever serait sur le point de trouver… une inspiration qui lui serait venue à l’enterrement de Marie-Rose, une sorte de lumière venue du ciel. « Et le mal n’est jamais que dans l’éclat qu’on fait ».
Et nos bisbilles avec le Congo, vous savez pourquoi ?
Nous avons quitté notre ancienne colonie sans nous rendre compte que nous n’y aurions plus une place de choix, pourtant nous y avions tissé des liens d’amitié et laissé la trace d’une certaine compétence. Mais voilà, les Kinois se sont trop bien adaptés à la langue française. Les colons flamands y ont dû apprendre le français, comble de la vexation. Le français est la langue officielle du pays. C’en était trop pour les ministres des Affaires étrangères et du commerce extérieur, tous Flamands depuis longtemps. Ils ont préféré céder l’influence de la Belgique à des puissances étrangères pourvu qu’elles ne parlassent pas le français ! La Chine s’y installe paraît-il, puisqu’elle parle chinois !
Les francophones ne voient rien, n’entendent rien. Bientôt, assis autour de la table ronde, on leur enlèvera les chaises sur lesquelles leurs culs reposaient, et ils ne s’en apercevront que ridiculement par terre !
Notez, on a un point commun avec la majorité flamande de Belgique, nous ne savons rien de la révolution qui se généralise au Maghreb. Nous serions étonnés que Kadhafi disparût des bunga-bunga partouzes de son ami Berlusconi, sans faire un rapprochement avec les événements de Benghazi, le bain de sang qui s’y perpètre. Nous ne prêtons plus vraiment l’oreille aux rumeurs qui circulent sur l’état de la société américaine, la Chine nous fait peur, sans que nous sachions pourquoi, etc.
Notre aporie nous rend bête ! Notre anomie tend à nier tout principe. Nous n’évoluons pas.
Si un bruit venait de Flandre d’un redémarrage de la société de consommation et du plein emploi, nous le croirions.
La jeunesse la plus éduquée et la plus conservatrice fait des frites !
Acataleptiques, tout ce qui est vrai n’est que probable et ce qui est probable est risqué.
Nous sommes cons « a piacere » comme dirait le multiculturel montois. Et je sais de quoi je cause, puisque c’est un con qui vous le dit !

23 février 2011

Play off.

Bien établis dans la société, les psychanalystes, quoique profitant des avantages financiers que leur donne leur statut, n’en sont pas moins de bons observateurs de l’évolution de l’homme moderne confronté au système économique.
Le grand public s’inquiète parfois, en lisant des magazines dans la salle d’attente du dentiste, de l’inquiétante montée de la consommation des neuroleptiques.
Certaines appellations lui sont devenues familières. Pour la sédation de l’angoisse et contre les états maniaques, les antipsychotiques sédatifs comme le Tercian et le Barnetil, voisinent avec le Leponex et le Zyprexa faisant effet sur le délire et les hallucinations. L’autisme et le déficit intellectuel se traitent au Dogmatil. Enfin contre le déficit de l’affect, nous avons les drogues atypiques comme le Leponex. Pour en finir avec la panacée des grands crûs pharmaceutiques, tout le monde connaît le Prozac, quand le chlorhydrate de fluoxétine « dosé pour la clientèle du désespoir » devint la pilule du bonheur.
Est-ce se soigner que se mettre sous tranquillisant ?
Peu importe, mais cet afflux de molécules n’est pas qu’un signe de la grande richesse d’invention des laboratoires, il est aussi l’indication de la forte demande d’une population qui se sent victime d’une angoisse générée par un jeu d’élimination des plus faibles. L’entreprise moderne joue exactement le jeu d’un laborantin qui met en compétition des spermatozoïdes pour sélectionner celui qui entrera seul dans l’ovule. Or, il n’y a plus ici de projection de sperme par pulsion et désir, mais des êtres construits par la nature et peu à peu déconstruits par la société dans une sélection subjective.
C’est un constat qu’un psy, un tant soit peu honnête, ferait sans avoir besoin de statistique.
Nous sommes les héritiers d’un misérabilisme social que nous transmettons à nos enfants par défaut et à notre corps défendant.
La question n’est plus de savoir en quoi consiste la disposition collective à la névrose actuelle. Elle est le résultat d’une vision de l’économie à ce point catastrophique qu’elle n’est même plus perçue par ceux qui en sont les premières victimes, pour la même raison qu’un nuage de criquets obscurcit le ciel.
Les palliatifs ne sont pas que médicamenteux. La masturbation joue un rôle de plus en plus important, comme le facteur vaso-moteur s’améliore par des prescriptions dans la névrose d’angoisse.
La décomposition des milieux joue en faveur d’un repli sur soi-même. Cette transformation progressive vers l’autisme organisé est le pire des remèdes, en ce qu’il détourne le productif de l’altérité et de l’empathie, nécessaires à la survie des communautés.

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Ahurissant est le constat que cette société dans son processus d’adaptation, tout en étalant au grand jour son hétérosexualité et son indulgence à l’homosexualité, est en train de transformer en manie héréditaire, une masturbation généralisée ! La conséquence directe est la disparition à terme des relations sexuelles, et le remplacement par des palliatifs, dont la masturbation est l’acte essentiel.
C’est évidemment tabou d’aborder des sujets de cette espèce pour le grand public.
Ce qui est « gênant » est qualifié de « dégoûtant » et vite relégué à la réflexion de la seule communauté scientifique qui ne peut faire que des communications entre experts.
Une masturbation systématique et exclusive n’aurait que le seul heureux effet d’éteindre « la civilisation du profit », faute de mains-d’œuvre.
Les éléphants ont, dit-on, cette supériorité sur l’homme qu’ils ne se reproduisent pas en captivité !
Vous me direz au point où nous en sommes !
Allez, je vais me faire une assiette devant la télé. Je m’emmerderai ferme au feuilleton du soir, puis je me taperai le petit rassis du coucher, afin de pouvoir m’endormir détendu, sachant qu’il me faudra des forces demain, pour affronter les autres, dans une lutte sans merci.

22 février 2011

DSK, candidat idéal ?

Prestation parisienne de Dominique Strauss-Kahn la semaine dernière.
Il n’y en eut que pour lui, au long du G 20. En sera-t-il ? N’en sera-t-il pas ? A quoi ? Au grand rallye du PS pour désigner le candidat de gauche à la présidence, pardi.
Les journaux ont écrit qu’il avait été impressionnant. L’ego du petit Nicolas a dû ne faire qu’un tour !
C’est selon on l’accepte ou on le déteste, DSK. La main en poche, l’air goguenard du type à qui on ne la fait pas, les Français, une certaine gauche qu’on dit bobo, se sont assottés du personnage. Il faut dire que l’opposition offre un triste spectacle. De travailler à Washington lui donne l’avantage de ne pas patauger rue de Solferino en attendant son heure. Mais, c’est un inconvénient aussi. Son boulot le tient à l’écart des électeurs. On n’en a plus que pour son devoir de réserve et lui en joue aussi. On ne saura qu’en dernière minute s’il se présente ou comme son ancien patron Delors, le père de Martine Aubry, s’il cale devant l’obstacle.
En attendant, il joue les vertueux et met toute son ardeur à défendre l’économie mondiale.
On ne sait pas s’il est pour la social-démocratie ou s’il la mettra en pièces dans ses discours quand il se sera décidé. Ses prestations américaines nous montrent un DSK bien amarré à l’économie capitaliste, à l’aise dans la bonne bourgeoisie d’affaires, roulant sur l’or et, ce qui ne gâte rien, époux d’une Anne Sinclair richissime. Ses directives sur l’effondrement de l’économie grecque et ses avertissements auprès des pays comme le Portugal et l’Espagne feraient plutôt penser à un capitaliste orthodoxe, ressemblant comme deux gouttes d’eau à Nicolas Sarkozy dans ce qu'il aurait fait, s’il avait été à sa place au FMI.
C’est sa femme, l’ancienne star de TF1, Anne Sinclair, qui fait la promo et qui donne des pistes afin de ménager le suspense, histoire qu’on n’oublie pas son homme. Primo, elle s’ennuie à Washington et ne désire pas qu’il prenne un nouveau mandat. Secundo, DSK est socialiste !
Bizarre, quand même, qu’elle ait été obligée d’authentifier l’opinion de son mari. C’est qu’une partie de la gauche en doute, et pas même celle de Mélenchon qui, lui, est persuadé qu’il ne l’est pas, mais au sein même du PS.
En apothéose, DSK est venu « causer » sur FR 2 dimanche soir de l’économie française, avec Delahousse, journaliste. On ne peut pas dire qu’il ait ménagé Sarkozy. L’économie française ne se porte pas bien, les mesures prises ne sont pas bonnes, etc. C’est un débinage en règle de la politique de Sarko. Le Président devrait la trouver mauvaise, puisque c’est lui qui a dégoté la place en or de DSK au FMI.
On a pu y entendre sur FR2 que la crise n’est pas finie en Europe. Voilà qui contredit Guy Quaden, le gourou de Leterme, qui assure le contraire en Belgique.
En gros, les prestations de DSK ont été décrites comme parfaites, un peu trop léchées quand même. Les réponses sur FR2 sentaient trop la préparation.Mais comme la rareté crée la valeur et qu’on ne voit pas trop souvent DSK en France, on peut dire qu’il a marqué des points.
Les mois qui viennent seront déterminants. Il a besoin pour passer l’élection au PS et gagner son ticket pour affronter Sarko, de faire du social et séduire les antis sociaux-démocrates. Justement Marianne donne à lire cette semaine, un article selon lequel six millions de salariés en France vivent avec un salaire de 750 euros par mois ! En le citant, cela lui a permis de passer pour un homme soucieux des travailleurs, à peu de frais. S’il obtient le feu vert de son parti pour se lancer dans la présidentielle, c’est l’électeur centriste qu’il devra attirer dans un raisonnement fort différent.
On connaît la souplesse d’esprit dont DSK est capable. Mais, quand même, ce n’est pas gagné.

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Frédéric Lefebvre, actuellement secrétaire d'État, chargé du Commerce, de l'Artisanat, des PME, du Tourisme, des services, des Professions libérales et de la Consommation (ouf) du gouvernement Fillon, dit à qui veut l’entendre que DSK ne se présentera pas, car « on a des dossiers ». Est-ce que le rottweiler de l’Elysée fait allusion aux aventures galantes du sémillant jeune premier de 61 ans qui trompa l’année dernière Anne Sinclair ? Aurait-il des photos ? DSK a-t-il exporté le bunga-bunga de Berlusconi dans la pudibonde Amérique ?
On ne saurait dire, sinon que tous les coups sont permis. Et ça ne fait que commencer.

21 février 2011

Table ronde et excuses…

252me jour de réflexion collective.
Dimanche midi d’excuses à la RTBF. Quand on dit « je m’excuse », on ne laisse aucune possibilité que l’autre accepte ou refuse. Il serait plus logique de « présenter des excuses. »
Mais la Belgique est un pays d’à-peu-près.
On pourrait même écrire « Je m’excuse de vous prendre pour un con. » Ce qui signifierait qu’on éprouverait pour soi une grande indulgence et que cette qualification de con pourrait n’être que le début d’appréciations encore moins flatteuses.
Avant « Mise au point » les G.O. de la maison avaient demandé à quelques éminents confrères de la presse écrite de passer un quart d’heures en leur compagnie. Ces journalistes ont été les premiers biens placés à la séance d’excuse, d’autant que Bart De Wever qui n’aime plus la RTBF avait exigé dans les journaux flamands que Béatrice Delvaux (Le Soir) vienne publiquement présenter les siennes pour avoir ridiculisé la mémoire de Marie-Rose Morel, en laissant imprimer dans son journal, un commentaire de l’enterrement. Le papier avait offensé le plus grand nationaliste de Flandre.
Bart a une fine perception du plouc de base. Il sait y faire. C’est un grand artiste, jusqu’à tirer un vaste mouchoir blanc d’une de ses poches afin d’éponger ses larmes, pile poil devant la caméra. Il y a du Lionel Barrymore dans cet homme-là.
Ebouriffée comme un oiseau tombé du nid, chère Béatrice a démontré l’incongruité de la demande de Bart en rappelant que la mission de journaliste consistait à informer et qu’il y avait bien d’autres personnes que des proches, ce jour-là, autour du cercueil de l’ex-miss Flandre. Un éloge funèbre « corsé » s’imposait.
Quant aux excuses de Jean Quatremer, journaliste français en poste à Bruxelles, vu qu’il n’était pas présent dimanche, on n’a fait qu’effleurer une autre demande du citoyen flamand indigné des commentaires du plumitif dans Libé.
Après le quarteron de roule-ta-bille, la chorale des pleureuses se retrouva sur le plateau, à croire qu’elle y avait campé toute la semaine. Je ne saurais dire si c’est côté flamand ou côté wallon, quelqu’un a demandé qu’Elio Di Rupo s’excuse de se poser des questions sur la poursuite des négociations du siècle. Charles Magnette transmettra.
Dans l’avalanche de mea-culpa, j’ai presque envie de m’excuser aussi, si moi je ne sais pas pourquoi, au moins le lecteur trouvera bien une bonne raison.
Enfin, après les excuses pour la perte de l’art du compromis et celui de gouverner ensemble, on en est venu à parler de la difficulté d’entraîner aux négociations autour d’une table ronde.
C’est toute la légende du roi Arthur dans la quête du Graal transposée à la belgitude ! Nos chevaliers étaient Sept, le Templier Reynders aurait voulu qu’ils fussent Neuf pour assurer la paix du royaume. On n’en est encore qu’à la dimension de la Table et comment on pourrait y faire asseoir la fine fleur de la chevalerie.
Des Frituristes, appelés frituriers, comme on dirait « roturier » à la cour d’Albert, ont défilé dans les bourgs pour que les chevaliers s’excusent du peu de hâte d’enfourcher leurs palefrois.
On fit semblant d’écouter leur chef, un étudiant de Louvain, ce fut tout.

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Le débat ne fut pas inutile, quoiqu’il ne fut pas utile non plus. Delpérée y fit son show hebdomadaire. Francis excelle à parler avec les mains. On dirait qu’il s’apprête à faire disparaître quelque chose et on espère secrètement que ce soit lui. Et comme il est toujours là, forcément, on est déçu !
Les jumeaux écolo-groen réjouirent les patriotes par leur bon vouloir et on s’achemina doucement vers le journal de 13 heures, sans qu’on ait avancé d’un iota. C’est naturel, puisque personne ne sait sur quoi on avancerait ?
A vrai dire, il manquait la fameuse Table ronde, bien que les chevaliers eussent été rangés en cercle. Si elle avait été là, on eût mis Arthur-Albert II à la place de Maroy. Cela eût été des bons débuts, pour un colloque singulier en public.
Ce n’est quand même pas difficile de trouver une table ronde ! La RTBF manque de moyens, mais à ce point !

20 février 2011

Foutre des moines et des prêtres !

Depuis le chevalier de la Barre exécuté par les cathos pour ne pas avoir soulevé son chapeau au passage du saint-sacrement, jusqu’à nos jours, pas que les barbus et les saints qui épouvantent les villes qu’ils assiègent de leur foi.
Tout le monde se met à la rengaine de la libre expression des cultes, foi personnelle affichée dans les rues et promulguée par haut-parleurs, clouant sur place la laïcité toute bête !
Je préfère mille fois les fausses confidences et le socialisme à la noix d’une Laurette Onkelinx à la connerie militante, quand elle est religieuse. Au moins avec la diva, on peut se marrer de sa social-démocratie, sans encourir l’anathème du dieu-président montois.
Toute religion ne survit que par l’émerveillement qu’elle procure à une population qu’elle prospecte et instrumentalise, tels sont aujourd’hui les cultes, alors que se terminent l’ère du pouvoir absolu de nos curés de campagne, que nos cathédrales sont désertées et que les cathos nous fichent enfin la paix.
Notre crainte serait qu’un Ahmadinejad bis venu d’Iran ne vienne assassiner les libertés par ici, sous prétexte qu’il a vu quelque chose au-dessus des figuiers.
Certes, la Loi garanti la pratique de la foi de l’individu, en groupe ou en famille. Cependant, dès qu’ils sont groupés, les religieux de quelque religion trouvent normal de casser les pieds des laïcs. Et si ce n’étaient que les pieds !
Tout ça pour remettre en mémoire un certain Claude Le Petit, né à Paris en 1638 et exécuté le 1er septembre 1662, à peine âgé de 24 ans.
Histoire malheureuse et pourtant banale d’une victime d’un jésuite pédophile. Voyant la Loi et sa famille plutôt d’accord avec l’auteur du forfait, le jeune Claude poignarde le scélérat et s’enfuit à l'étranger. Il a environ 14 ans.
Pour se faire oublier, il voyage en Espagne, en Italie, en Bohème, en Autriche, en Hongrie, aux Pays-Bas et en Angleterre où il passe sept à huit ans avant de revenir en France. A l’époque, Interpol n’existant pas, il s’installe à Paris où il fait des études de droit, vit de sa plume comme on pouvait en vivre, c’est-à-dire mal. Il fait à nouveau parler de lui en défendant par un sonnet un certain Chausson louant sa force d’âme durant son supplice pour sodomie. Nous sommes en 1661.
Claude Le Petit rédige alors son chef d'œuvre, « Le Bordel des Muses » ou « Les neuf pucelles putains, caprices satyriques de Théophile le Jeune ». Ces pages, a priori, n'étaient destinées qu'à divertir ses amis. Elles furent proposées à l'impression. Ce fut son malheur.
On ne dira jamais assez combien est dangereuse la vanité des auteurs de voir leur nom sur la page de couverture d’un livre.
Par ordre du roi (Louis XIV) la prévôté de Paris détruisit les feuilles et les morasses de l'ouvrage sous presse. Le malheureux fut incarcéré sur le champ.
Athée, libertin et libre-penseur, on se doute que pour l’exemple, d’autant qu’il n’était pas noble, Claude passa rapidement en procès. On avait trouvé dans ses élucubrations poétiques quelques traits contre Mazarin, prêtre qui s’était enrichi à la minorité du roi.
L'instruction du procès et l'arrêt de la Chambre criminelle du Châtelet furent rapides : l'accusé fut brûlé vif, en place de Grève, après qu’au préalable, on lui eut coupé le poing.
Avec quelques autres vers, le texte ci-dessous lui fut reproché.
Amis, on a brûlé le malheureux Chausson,
Ce coquin si fameux, à la tête frisée ;
Sa vertu par sa mort s'est immortalisée :
Jamais on n’expira de plus noble façon.
Il chanta d’un air gai la lugubre chanson
Et vêtit sans pâlir la chemise empesée,
Et du bûcher ardent de la pile embrasée,
Il regarda la mort sans crainte et sans frisson.
En vain son confesseur lui prêchait dans la flamme,
Le crucifix en main, de songer à son âme ;
Couché sous le poteau, quand le feu l'eut vaincu,
L'infâme vers le ciel tourna sa croupe immonde,
Et, pour mourir enfin comme il avait vécu,
Il montra, le vilain, son cul à tout le monde.

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En 2011, le cinéaste Jafar Panahi est condamné à six ans de prison, selon son avocat. La justice iranienne lui interdit également de réaliser des films ou de quitter le pays pendant les 20 prochaines années. L’année dernière, au nom d’Allah, deux gays des Emirats furent ligotés l’un à l’autre et fouettés jusqu’à ce que mort s’en suive.
Comme l’a écrit Claude Le Petit :
Foutre du cul, foutre du con,
Foutre du Ciel et de la Terre,
Foutre du diable et du tonnerre,
Et du Louvre et de Montfaucon.
Foutre des valets et des maistres,
Foutre des moines et des prestres…

19 février 2011

Onkelinx ou l’art de durer.

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La récente interview de Laurette Onkelinx parue dans le journal Le Soir, dresse à contre-courant de ses déclarations le portrait d’une femme qui n’a rien compris au sens de ce qui fait la grandeur de la politique et qui compte pour rien l’usage de la démocratie dans la vie courante d’un peuple.
Ce n’est même pas son adhésion au socialisme illustré par la social-démocratie qui fait problème, c’est elle-même son obstination à vouloir jouer un rôle dont elle n’aperçoit pas le sens.
Si elle avait eu la curiosité de s’intéresser à l’histoire des démocraties, elle aurait compris que le système qui permet à un représentant de s’afficher toujours au premier plan et contre vents et marées, revenir aux commandes afin d’y faire la même politique, quel que soit le suffrage qui apparaît au soir du scrutin, n’est qu’une démocratie d’apparence dont les vices secrets finissent par la ronger de l’intérieur, sans qu’il y paraisse.
Madame Onkelinx est un peu dans le cas de Michèle Alliot-Marie qui ne voit pas en quoi sa conduite lors de la révolution tunisienne a de préjudiciable à la République. La vice-ministre est coresponsable avec les autres dirigeants de parti de la situation burlesque dans laquelle est plongée la Belgique, et elle ne le voit pas !
Au contraire. Il lui semble qu’elle n’est pour rien dans le ridicule dans lequel nous avons sombré et qui pourrait déboucher sur une tragédie.
Dans son cas, il vaut mieux, en effet, gloser sur le pernicieux du nationalisme, que sur la situation de l’économie capitaliste qui est au cœur du problème social. Car, en effet, son parti est au gouvernement. Il y a été en alternance depuis cinquante ans et là aussi, madame Onkelinx nie sa coresponsabilité dans le cheminement fatal vers des lendemains qui déchantent après avoir cru que les Trente Glorieuses ouvraient la voie à une collaboration heureuse entre le capital et le travail. Car, que je sache, madame Onkelinx est bien encore socialiste avec tout ce que cela implique comme devoir envers les classes sociales qui votent pour le PS et que le PS ne défend plus que du bout des lèvres.
Qu’est-ce que c’est ce charabia concernant la N-VA ?
Ce n’est pas après six mois de négociation et en ayant lu les déclarations de principe et les statuts de la N-VA le premier jour des négociations, si ce n’est bien avant, que l’on fait en sorte de négocier sans avoir envie d’aboutir. Le courage politique était de dire tout de suite aux citoyens que les propositions de la N-VA même amendées ne pouvaient convenir en aucune manière au PS, tant du point de vue des réformes de l’Etat, que des vues sur l’économie et la solidarité entre les Régions du dossier social.
Conseillère particulière du président Di Rupo, il semble qu’elle ait suivi aveuglément son chef de file dans une partie de majong qui serait sans fin. Au lieu de discerner la faiblesse de Di Rupo, sa visible hésitation pour tout, que l’on peut qualifier de prudente, mais qui, hélas, n’est qu’une peur viscérale de la prise de responsabilité, un œil fixé sur les sondages, elle l’a suivi de manière délibérée dans sa frilosité, dans son manque d’imagination et de perspectives hardies. Ainsi, a-t-elle fait preuve d’un manque du sens de l’histoire.
Sans être de la Gironde, elle fait partie de ce camp de la Plaine de 1792. C’est une madame Roland qui a de belles phrases, s’entourent de grands noms et qui finit sur l’échafaud en 1793, encore indignée que l’on ne l’ait pas comprise !
Le PS n’a-t-il pas claironné au début des négociations, comme les autres partis wallons, qu’il n’était demandeur de rien ? Ce n’est que beaucoup plus tard qu’il a fait des propositions comme on allume un contrefeu. Aujourd’hui, le voilà convaincu qu’il était nécessaire de réformer l’Etat ! Je cite JP Marcourt « …c’est en ayant plus de Wallonie que nous… pourrons construire la société libre » etc. Autrement dit, Di Rupo et Onkelinx faisaient avant De Wever une politique irresponsable ! C’est le nationaliste anversois qui les a réveillés…
Evidemment madame Onkelinx ne finira pas sur l’échafaud comme Madame Roland et on en est heureux pour elle, mais elle cessera ses activités fortune faite, entourée des plus grands égards, dans l’absolue indifférence du peuple qu’elle n’aura guère défendu, mieux encore, sa contribution ayant conduit ce dernier à mettre un genou en terre devant le capital et à sombrer dans la misère.
Pour l’anecdote, madame Onkelinx se moque du pigiste du Soir quand elle évoque sa vie dans les magasins à remplir son panier de la ménagère afin de préparer le repas du soir de son actuel mari, maître Uyttendaele, et que les clientes lui disent entre deux rayons « Allez, courage !, il faut que vous y arriviez ! », et d’autres : « Ah ! les Flamands ! »
Comme les gens de sa sorte, Madame Onkelinx a fait d’un sacerdoce pour le bien de la collectivité un métier lucratif qu’elle pratique sans état d’âme. Il ne faut pas lui en tenir grief à elle, spécialement, ils en sont tous là.
C’est du reste la raison essentielle à ce qu’ils s’y accrochent avec la ténacité d’un employé d’usine qui tient à son emploi, sachant bien qu’il ne retrouvera jamais un autre doté des mêmes avantages.
C’est leur problème qui est devenu le problème de la démocratie, notre problème.
Depuis, qu’ils ont commencé par la faute qui les fit connaître (Paul Valéry), ils ont développé un ego et une satisfaction d’eux-mêmes qui les rend inaptes à se soucier des autres. Ce qui est le comble quand on gère la chose publique.

18 février 2011

Les gaspards aux commandes !

Les gaspards qui avaient mission de nous proposer un avenir « de progrès », c'est-à-dire meilleur, à moins que pour eux le progrès ne soit que la croissance du produit intérieur brut, ne sont pas pour autant désœuvrés entre deux parlottes d’un compromis fédéral qui tarde.
Guy Quaden, au nom de la Banque Nationale, aime s’exprimer en leur nom. En général, ces messieurs écoutent le stratège du fric. Et que dit-il ce brave soldat Svejk ? (1)
Nous devons resserrer les rangs les yeux fixés sur l’Allemagne, sur sa capacité à encaisser les coups et à rebondir. En clair, il faudrait reformater les salaires et les coûts de l’Administration, en descendant de plusieurs crans les prétentions salariales et les avantages sociaux.
Nos gaspards ne s’entendent sur rien, sauf sur l’économie façon Guy Quaden. Le consensus est si fort que droite et gauche poussent à l’augmentation des pouvoirs de Leterme et son cabinet d’affaires courantes, afin de concrétiser en actes légaux la parole du maître.
Quand on suit d’un autre regard le monde de l’économie que nos bêlants personnages, on est saisi que 2008 n’a eu aucun effet sur les mauvaises manières des banques, qu’elles sont reparties de plus belle vers des bénéfices records, des primes accordées aux grands patrons et des prises de bénéfice sur des spéculations qui touchent les produits de première nécessité, comme au bon temps des titrisations d’hypothèques hasardeuses, affamant des populations entières. De même, les extravagances capitalistes ne se bornent pas à cela. Les dettes des Etats devraient pouvoir être remboursées sur le dos des populations. Et à qui doit-on rembourser ? Mais aux banques elles-mêmes pardi !...
Sans gazer la taupinière, le PS aurait une occasion de se démarquer des maffieux du complot bancaire en s’intéressant à l’économiste Thomas Piketty. Celui-ci, en modifiant le système d’imposition, permet de réformer au plus juste l’impôt sur le revenu.
Quoique apportant des solutions pour la France, les permanents du PS du boulevard de l’Empereur, les « chercheurs » de l’Institut Vandervelde et même les syndicalistes, feraient bien de revenir à l’essentiel de notre système d’imposition, rendu opaque par sa complexité, et donc inexplicable aux citoyens, en le rendant plus compréhensible, et en faisant ressortir l’évidence : ce sont les gens modestes qui paient la plus grosse part des impôts !
A mesure qu'on monte dans l'échelle des revenus, le taux effectif d'imposition diminue.
Par exemple l’impôt sur le patrimoine. C’est anormal que le propriétaire d’un bien qu’il habite et qui ne bénéficie d’aucun abattement pour des charges familiales, soit taxé de la même manière qu’un propriétaire qui le loue. Un barème progressif très simple peut être proposé par le PS, même s’il n’a aucune chance d’être suivi par les libéraux et la NV-A.

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Il est indécent de taxer les revenus des pensionnés et des chômeurs qui ont autour de 1.000 euros (2) pour vivre !
Piketty considère (pour la France) que jusqu'à 6 000 euros de revenu mensuel brut par personne (plus de 95 % des gens), tout le monde y gagnerait un peu de pouvoir d'achat. Autour de 7 000 euros, la réforme serait neutre. En revanche, à partir de 8 000 euros, l'effort demandé aux contribuables serait plus élevé qu'aujourd'hui.
Enfin, il reste la taxe de la TVA sur la consommation des produits de première nécessité, perçue à quasiment 95 % des seuls petits contribuables. Les spéculations sur les farines et les pommes de terre sont toujours, ne l’oublions pas, grevées du prélèvement de l’Etat sur les produits, rendant du coup, l’augmentation plus dure à supporter, l’Etat touchant sa part sur la spéculation, comme l’intermédiaire à un gain prélevé sur celui du dealer. .
Enfin, les taxations pourvoyant l’Etat de façon contradictoire et malhonnête. Si fumer donne le cancer, l’Etat s’occupe à la fois d’en persuader le fumeur, en même temps qu’il le rançonne ! De même dans son discours de propagande contre les dangers de la route et des précautions à prendre, il y excelle… tout en chargeant les pneus neufs de la taxe maximale et tout ce qui contribue dans un véhicule à la sécurité routière.
Que voilà bien un étrange animal, que ce gaspard en rade depuis 250 jours !
Et dire que nous élevons ces monstres, que nous les supportons et que nous les réélisons régulièrement !
C’est à se demander si nous ne méritons pas le mauvais sort qu’ils ont jeté sur nous !
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1. Comme Svejk symbole de l'absurdité de la Première Guerre mondiale, et peut-être de toutes les guerres en général, par son caporalisme à la botte des Bourses mondiales, Guy Quaden devient le symbole belge involontaire de l’absurdité du système capitaliste.
2. Un pensionné percevant 1.100 euros net par mois se verra demandé une rallonge à la fin de l’année pouvant aller jusqu’à 500 euros selon les communes. C’est-à-dire que l’Etat en plus du prélèvement mensuel provisionnel de l’Office des Pensions, prend encore plus de 3 % de l’argent perçu !

17 février 2011

Didier Reynders : l’Ange Pitou.

« La fille de Mme Angot » de Charles ( !)… Lecocq.
Dans le rôle d’Ange Pitou, chansonnier royaliste . . . . . Didier Reynders
« C'n'était pas la peine, c'n'était pas la peine, non pas la peine assurément de changer de gouvernement ! (bis) »
Théâtre, quand tu nous tiens !
Le Vieux donne 15 jours de rabiot à l’artiste libéral pour redonner du corps à la grande discussion institutionnelle. Reynders n’aura pas le blues de l’après présidence. Il reste en mission. Ange Pitou, mais aussi Lagardère, Didier ferraille dans les fossés de Laeken pour sauver le King. Il met au point une nouvelle botte de... revers.
On est où ? Au vaudeville, en pleine Régence, à la cour de Byzance ?... dixit l’épisode d’André Paléologue qui vend son titre d’empereur à la France pour s’acheter un plat de lentilles…
Ils ne s’en rendent pas compte, les p’tits gars du système, mais on a touché le fond !
Par contre, le plat de lentilles, c’est sans danger qu’ils y soient réduits. Pensez, le Moniteur belge publie un avis fixant les rémunérations et les rétributions maximales en 2011 pour les parlementaires belges. Le montant s'élève à 169.546,56 euros brut, soit 3.000 euros de plus qu'en 2010. Selon Belga « Le montant maximal concernant les autres mandats publics part lui aussi à la hausse. Ce plafond ne concerne pas les activités professionnelles exercées à titre privé par le député. »
Pas question de sombrer dans le pessimisme à la Chambre. Moins ils foutent, plus ils gagnent !
C’est simple, les ministres font le minimum syndical. Pas pour ça qu’ils doivent crever la dalle…objecte-t-on, au contraire… Si vous avez été inactif une fois dans votre vie, vous savez que glander, passer des journées au café, draguer la minette du côté de la Bourse, ça coûte cher. Côté toilette, ces dames passent plus souvent qu’avant devant les caméras qui campent devant le 16. Trois jours, trois toilettes pour Onkelinx, vous ne voudriez tout de même pas qu’elle arrondisse ses fins de mois dans le quartier de la gare du Nord !
Juste comme on apprenait le nouveau tarif du Moniteur, contribution non-négociable pour nos zigotos, le comique Guy Caden de la Banque du Chose (474 792 euros de salaire annuel) suggérait de ne plus indexer les salaires because l’inflation !
Faut le faire !...
Rien, aucun rapprochement rubrique « Indécence » dans le Soir, ni dans La Libre et encore moins la Dernière Heure, Béatrice était chez sa coiffeuse, Vincent Slits, au café, les blogueurs maison de ces messieurs dames, en pâmoison dans l’affaire Alliot-Marie, il est vrai une ministre française gonflée du bulbe.
Même si on a tout perdu, y compris l’honneur, telles les coupes des tournois du coude à cours de tennis (voir les malheurs de Justine), jamais ils pourront nous reprendre la coupe de champion du monde de 250 jours sans gouvernement !
Avec les 15 jours de rabiot d’Ange Pitou-Reynders, reste plus que 100 jours pour faire l’année.

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Tenez bon les gars. Les étudiants auront beau jeu, la révolution de la frite de ce jeudi n’arrêtera pas les champions du monde !
A ce point de déliquescence, une seule façon de reprendre du souffle : plonger dans les fondamentaux. Pas les vieux juteux du genre Pirenne, fieffés coquins du front bourgeois du triomphe monarchiste, non, les types qui en avaient avant qu’on ne leur coupe la tête au Neuf Thermidor.
Saint-Just, en Alsace, voit bien dans cette mission qu’il est difficile d’animer un pouvoir véritablement démocratique. Les Conventionnels qui étaient autrement membrés que nos eunuques, se heurtaient, à chaque instant, à la passivité des masses attachées à leurs valeurs traditionnelles et à l’hostilité souterraine de la classe moyenne.
Mais, les gars, pourtant inventeurs des Droits de l’Homme, avaient un argument qui n’a plus court aujourd’hui et qui pourtant fit ses preuves. Le sieur Gâteau, lui-même y ayant perdu la tête, nous renseigne « Sainte Guillotine est dans la plus brillante activité. La bienfaisante terreur produit ici d’une manière miraculeuse, ce qu’on ne devrait espérer d’un siècle au moins par la raison et la philosophie ».
On n’irait pas jusque là avec nos feignasses payés à prix d’or. On se contenterait d’un solide pied au cul et une diminution des salaires. Des jeunes on déjà commencé en tartrant Melchior Wathelet, qui s’était vanté d’avoir fichu hors du pays un maximum d’étrangers.
Oui, mille fois, Saint-Just avait raison « Les malheureux sont les puissances de la terre ; ils ont le droit de parler en maîtres aux gouvernements qui les négligent ».
Qu’est-ce que les révolutionnaires de la frite attendent pour tartrer Reynders-Ange Pitou ?

16 février 2011

Max Weber l’illusionniste.

S’intéressant aux religions, Max Weber publie deux articles « L’Ethique protestante » et « L’esprit du capitalisme » qui analyse la réforme protestante dans ses effets sur l’économie du capitalisme. Ces deux articles, parus en 1904 et en 1905, sont devenus un modèle classique d’analyse du social.
On ne dira jamais assez combien le monde occidental a subi l'influence des croyances religieuses chrétiennes dans la construction de son développement économique pour aboutir à l’obsolescence programmée que nous connaissons aujourd’hui, devenue incontrôlable, dépassant les projets les plus fous, faisant dire aux historiens et aux pouvoirs religieux « Non, les hommes du XXme siècle ne voulaient pas ça ! ».
Ce qui est frustrant, c’est que Weber ne tire aucune conclusion générale de ses observations. C’est regrettable, car cela aurait permis de les mettre en parallèle avec la finalité établie dans l’œuvre de Marx : la dictature du prolétariat, qui s’est révélée un autre bras monstrueux du capitalisme, comme l’ont fabriquée les dirigeants ayant confisqué la révolution de 17.
Weber agit comme si l’accablante formule ne découlait pas des formes anciennes de l'économie : le capitalisme ne serait plus contrôlable par les démocraties !
Pourtant la société industrielle de 1900 portait en elle les stratégies devant y conduire.
Weber n’a pas vu que le « sens des affaires » violerait les règles morales par un « oubli des devoirs » !

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Dans la logique de réduire les prix et d’augmenter le chiffre d’affaires, ne voyait-il pas les germes d’une compétition qui loin d’être bénéfique réduirait progressivement en esclavage l’ensemble des travailleurs ?
Comment peut-on imaginer qu’une spécialisation outrancière n’allait pas produire ce que nous observons en 2011 ?
Les Peuples ne sont pas plus bêtes aujourd’hui qu’ils ne l’étaient hier, au contraire, ils voient bien où se trouve le vrai pouvoir. Il est dans les mains d’un adversaire intouchable et invisible. Tout qui détient ce qui reste du pouvoir politique ne peut pas l’ignorer et donc en fait plus ou moins partie, et, en conséquence, en est singulièrement complice !
L’interprétation que le monde moderne fait de la Bible protestante : la glorification du travail et sa fin : l’enrichissement produit de ce travail, montre à satiété combien la naïveté des masses et la perversité des dirigeants ont engendré une économie radicale loin de ce qu’en pensait Alexis de Tocqueville… et les pasteurs anglicans.
Weber tisse des couronnes de laurier à la rationalisation qui faisait alors ses premiers pas
« La conséquence habituelle d’un tel processus de rationalisation n’a pas tardé à se manifester : ceux qui n’emboîtaient pas le pas étaient éliminés. L’idylle s’effondrait sous les premiers coups de la concurrence; des fortunes considérables s’édifiaient qui n’étaient pas placées à intérêt, mais réinvesties dans l’entreprise. L’ancien mode de vie, confortable et sans façons, lâchait pied devant la dure sobriété de quelques-uns. Ceux-ci s’élevaient aux premières places parce qu’ils ne voulaient pas consommer, mais gagner, tandis que ceux-là, qui désiraient perpétuer les anciennes mœurs, étaient obligés de réduire leurs dépenses. »
C’est beau comme l’antique, sauf que tout sonne faux. Ces clichés auront été véhiculés jusqu’en 2011. Ils font partie encore des livres de morales et sont à la base de la traque des chômeurs et des officines gérées par l’Etat, pour mettre les gens au pas !
Les conséquences du formidable aveuglement de Weber, nous les voyons à Detroit, capitale de l’automobile au sortir de la guerre de 14-18, chant de ruine aujourd’hui, patrie de Henry Ford et des premières chaînes de montage passant de la théorie à l’activité pratique.
C’est là que le capitalisme a touché son bâton de maréchal avant d’être son talon d’Achille.
Jamais le travail humain n’était arrivé à ce point d’intensité en faisant fi de la capacité de l’homme à subir pareil traitement, prisonnier de jour, libre de nuit, avec une réduction inquiétante des activités cérébrales dans le confinement d’une journée de travail orientée par d’autres, tout aussi affectés par leur dépendance, mais sur un autre plan.

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C’est Henry Ford lui-même qui montra le premier jusqu’où on irait dans ce domaine par la recherche qu’il faisait « d’esprits médiocres, propres à des tâches répétitives et qui ne montrent ni impatience, ni révolte », afin de peupler ses chaînes de montage.
Ce principe s’est étendu à tous en 2011. Sauf qu’il n’y a pas que des idiots contraints de gagner leur pain quotidien dans des conditions similaires. Comment penser sérieusement que l’on pourrait sans heurt impliquer les gens dans des actions qu’ils ne sont pas amenés d’imaginer ni disposés à accomplir et qu’on baptise encore du nom de travail, sur le temps qu’on formait des universitaires qui allaient se retrouver sans travail acceptable et qui feraient office « d’ouvriers à l’activité cérébrale réduite » ?
S’adapter à ça, ou mourir de faim, n’est-ce pas là une stratégie voulue par le mouvement libéral et les banques que l’on peut qualifier de militaire ?
Que ce soit en mettant en cause la religion bafouée ou l’homme dégradé, cette stratégie militaire ne justifiait-elle pas la réplique terroriste ? Ce que nos sociétés rejettent avec horreur n’est-il pas la conséquence de ce que l’on a fait du traitement de l’homme et du sacré ?
Peut-on résister au capitalisme autrement que par l’usage de la kalachnikov ?
C’est toute la portée de l’action politique et de son efficacité qui est en cause. Quand les sociétés occidentales abusées se réveilleront de leur long sommeil, sera-t-il encore temps aux forces de changement d’enrayer les processus d’avidité d’un côté et de contestation violente de l’autre ?
Y aura-t-il encore place pour une révolution intelligente et pacifique, respectant à la fois l’homme et le sacré, sans que celui-là soit assujetti par celle-ci ? Après avoir écarté de son chemin la folie capitaliste, cela serait désolant qu’il sortît d’un piège pour tomber dans un autre.

15 février 2011

Une soirée de fichue !

A peine revenu de vacances somptueuses et somptuaires au Maroc avec Dulcinée, Sarkozy endosse une robe de bure sur TF1 pour l’ambiance « grand malheur » côté populo. A l’écoute de la France profonde de neuf citoyens, il excelle en paroles confondantes.
La mine grave et convaincante « pour le bien général », le président est surtout là pour répondre longuement à de courtes questions. Le faire-valoir officiel maison : Jean-Pierre Pernaut, tel qu’en lui-même... est aux manettes.
Les téléphages assistent alors médusés à un pseudo exercice de démocratie, dont le but secret est de débuter en douce la campagne électorale de 2012. La sarkozye mord ainsi sur « les temps de parole » des candidats à la présidence, avant la lettre… plus de deux heures d’avance non inscrites au compteur du futur candidat à sa propre succession.
On avait assigné à Jean-Pierre Pernaut une tâche ingrate, si l’on en juge par les sondages, celle de relancer la popularité du sire de l’Elysée.
Sarkozy excelle dans le contact citoyen. Pas n’importe quel citoyen, cela va de soi, des doux, des compréhensifs, des timides, avec juste un petit bout de question. Il faut que Pernaut fasse gaffe, au moindre reproche le petit Nicolas se met en boule. Il sort de son rôle de président. Alors, c’est l’homme du chantier de Saint-Nazaire, l’accrocheur jargonnant, le lutteur de foire à l’injure facile.
Le matin de l’interview, les magistrats en robe dans les villes de juridiction protestaient contre la condamnation de leur travail par Sarko. Le premier intervenant posa la question de la sécurité, comme par hasard. Le président débuta son show sur « la maîtrise de la rue et des quartiers ». Voilà huit ans qu’il s’occupe du problème, en prétendant être victime du temps où c’était Jospin qui conduisait la France à sa perte.
Nouvel épouvantail à moineaux, les jurés populaires dans les tribunaux correctionnels. On se demande déjà ce que ça va avoir comme effet, puisque c’est une mesure de plus en amont de la délinquance, alors qu’il est criant que tout se joue en aval. Quant au dernier scandale imputé au laxisme des responsables du suivi du multirécidiviste impliqué dans le meurtre de Laetitia, « s’il y a faute, il y aura sanction ».

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Le déblocage d'un demi-milliard d'euros supplémentaire, pour lutter contre le chômage de longue durée, et développer l'apprentissage des jeunes est à peu près une politique identique à celle suivie par la Belgique, depuis que Joëlle Milquet y fait son numéro. S’il faut en juger par ce qui se passe chez nous, voilà encore un demi-milliard de perdu pour la France. Certes, on va rayer un peu plus de chômeurs « abusifs », on va permettre à d’autres de surfer sur les « apprentissages » en école et les stages en milieu réel, mais le résultat mathématique est là. S’il y a un million de demandeurs d’emploi, pour deux cent mille postes à pourvoir, il restera à 800.000 personnes le risque de se faire rayer des Agences.
Personne n’a eu l’idée, parmi les « bons élèves » de J-P Foucaut, de suggérer que le demi-milliard soit utilisé pour monter deux ou trois entreprises à forte utilisation de personnel et/ou prendre des parts dans des entreprises de ce type ! Il est vrai que Sarko étant pour un capitalisme pur et dur, cette solution d’étatisation n’entre pas dans ses prises possibles de décision. Quant à son "bonus-malus" pour inciter les entreprises à embaucher, qu’il téléphone à Joëlle, il sera édifié.
La nouveauté - sans doute son thème « empathie » de la future campagne - concerne la dépendance des personnes âgées. L’apitoiement est cousu de fil blanc. Le problème de la vieillesse est dans le coût des maisons de repos. Un pensionné qui a une retraite de mille - ou parfois moins - euros par mois, comment peut-il payer une location dans une Maison adaptée à son cas, si la moins chère des chambres « tout confort » tourne autour de 1.700/1.800 euros le mois. A moins d’être aidé par des enfants qui ont souvent eux-mêmes des difficultés financières ou par les aides des municipalités, la première dépendance est économique.
Sarko est le premier promoteur en France d’une société qui fabrique deux sortes d’égoïstes, ceux qui ont réussi et ceux qui ont échoué. Alors, sa solidarité…
Après deux heures et demie de monologue, Sarko a donné quelques coups d’archet sur les voyages des ministres de son gouvernement aux vacances de Noël. Affaire délicate sur laquelle il valait mieux ne pas trop s’étendre. Bref, personne ne démissionne. Les ministres sont formidables et la France est fière d’avoir Fillon au gouvernail.
J’ai un peu sommeillé entre les murmures polis des invités de JP Foucaut et les paroles anesthésiantes du grand communicateur. Il m’est même arrivé de me faire une assiette et de consulter mes mail, vu le texte suivant à l’occasion de la Saint-Valentin : « Elle lui envoie le SMS Suivant : Mon amour : Si tu es en train de dormir, envoies moi tes rêves / Si tu es en train de rire, envoies moi tes sourires / Si tu es en train de pleurer, envoies moi tes larmes / Je t'aime ». Réponse de l’être aimé : Je suis aux chiottes / Je t'envoie quelque chose ?
Nicolas le névrosé aura réussi son tour de chauffe, en me faisant perdre ma soirée. Alors, sadique comme toujours, j’ai le vague pressentiment que je vous ai fait perdre la vôtre.

14 février 2011

L’Anschluss de De Wever.

D’où vient ce nationalisme qui s’est emparé d’un Flamand sur trois ?
Comment se fait-il que sous ce nationalisme le racisme soit aussi perceptible ?
Bart De Wever est un nationaliste sincère, pourtant intelligent et cultivé ! Comment cela est-il compatible ? On peut comprendre que l’injustice et la misère conduisent certains à l’extrême gauche. Mais à l’extrême droite ? Quelle est la cause de la révolte ? Elle n’est ni sociale, ni économique. Elle est favorable au renforcement de l’ordre établi dans un système capitaliste à défendre et qu’on ne critique pas.
S’arrêter à la protection exclusive des intérêts du seul territoire, est-ce l’aimer ? N’y aurait-il pas mieux à faire qu’y satisfaire un ordre nouveau ?
Est-ce bien une politique responsable, au pourtour d’un sol controversé par l’histoire, que d’y vouloir des miradors ?
Pourquoi De Wever est-il raciste ?
Soupçonné Bart De Wever de racisme n’est pas une sotte idée que l’on pourrait avoir à l’encontre d’un politicien engagé en face, on n’a pas le même soupçon en écoutant Alexandre De Croo ou Caroline Gennez, y compris lorsqu’ils tiennent des propos comparables.
C’est que sous la bonhomie et l’apparent détachement se perçoit une obstination qui est celle d’un croyant, d’un mystique, d’un Savonarole à la flamande ; tandis que sous l’ironie perce la haine de l’autre.
Méfions-nous de cet homme-là, sa foi le dispense de raison.
De Wever croit fermement au destin de la Flandre Nation. Il est convaincu qu’ainsi libérée de l’Etat belge, elle prendra un essor grandissant, débarrassée de son poids mort la Wallonie.
De Wever n’aime pas le brassage des populations, la diversité, et les Wallons dont il sent l’aversion qu’ils ont pour sa vision du futur. Il veut la Flandre épurée des autres.
Le vide qu’il veut créer autour de son joyau national, le mène au haut d’un toboggan. La descente aboutit au racisme pur et dur, le racisme imbécile et qui sourde des êtres atteints par cette folie !
Sa propagande électorale cumule la mauvaise foi à la propagation de pseudo vérités, dans un art consommé de faire gober des mouches aux populations sans malice. C’est qu’il a le sens du people, le président de la NV-A ! Il sait comment remuer les foules. Sans physique, c’est un acteur né. Son peu de mobilité lui acquiert de la présence. Ses gestes ont du poids. C’est un des rares gros à n’être pas dans les emplois comiques, ne serait-ce que par la fixité du regard. La graisse le fige et en même temps le fait craindre. C’est un schupo pour baraque STO.
Son discours atteint au pathétique calculé. L’éloge funèbre à Marie-Rose Morel est à réécouter. Il ne désarme jamais. Même devant la mort, le sens du people ne lui échappe pas. Il fait ses choux gras de tout. Pour gagner la une des journaux, il surfe sur l’émotion du peuple flamand qu’il rend tributaire de la sienne !

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Les brimades administratives, le nationalisme baroque qui change la couleur des poteaux de signalisation routière, qui détermine l’accès à des biens d’après la connaissance du flamand, de l’absence aussi de scrupule de s’admettre dans la gestion de Bruxelles à parité avec l’autre Région, ont été initiés par d’autres, mais c’était comme si tout cela avait été naturellement pensé par lui. Il s’y associe, s’y incorpore et, s’en inspirant, trouve encore quelques singularités à y ajouter que les autres avaient négligées.
L’extrême complaisance dont les Francophones font preuve dans les pourparlers actuels est aussi pour beaucoup dans la conviction partagée par d’autres nationalistes que la cause de la Flandre peut tout.
Bart De Wever est un des chantres d’une petite musique aux accents militaires. Sa sincérité et ses convictions devraient faire peur aux démocrates aussi convaincus qu’il a grandement tort, que lui croit avoir raison..
Le propre de ce nationaliste sera d’aller jusqu’au bout de l’aventure, quel qu’en soit le prix à payer.
Les Flamands viennent seulement de prendre conscience que, majoritaires dans un Etat de droit, ils peuvent faire en sorte que leurs lubies, leurs moindres désirs et leurs caprices soient satisfaits.
La lecture des journaux flamands est édifiante.
Nous n’avons plus rien à faire avec ces gens-là.

13 février 2011

La mort de Marie-Rose Morel.

Pour avoir connu le combat d’un être proche contre un cancer inflammatoire du sein et d’avoir vécu son décès, je sais ce que c’est pour l’entourage d’avoir à déplorer la fin de Marie-Rose Morel. Ce serait particulièrement vil de s’en prendre dans ces circonstances à la cause qu’elle défendait, en vilipendant le militantisme de cette dernière dans les rangs de la NV-A, puis du Belang.
Il y a le simple respect de l’humain que des adversaires sur le plan politique doivent observer.
Je salue donc le courage de Madame Marie-Rose Morel et assure ses parents et amis de toute ma compassion.
Aussi bien, l’événement malgré tout, permet de revenir d’une façon plus large sur le fossé Nord-Sud, dépassant l’actualité du décès d’une star, par le décalage entre le peuple flamand et le peuple wallon sur l’usage que l’on peut faire de la popularité.
Si le vedettariat en Wallonie a permis à certaines figures de proue de la télé de passer sans coup férir du devant des caméras au devant du peuple en Assemblée législative, en Flandre, cette manière de surfer sur le clinquant et les paillettes et passer outre au mérite a atteint des proportions qui sont bien au-dessus de ce qui est imaginable ailleurs, si l’on excepte l’Italie.
C’est ainsi que les anciens piliers des partis flamands, souvent des héritiers de familles militantes, cèdent la place à tout qui répand son image dans l’opinion par des truchements jadis peu ou pas utilisés : milieux sportifs et hospitaliers, concours de beauté, jeux télévisés, héros positifs de faits-divers, etc.
La personnalité de Madame Marie-Rose Morel ne sera connue en Wallonie qu’à l’occasion de son enterrement, l’émoi qu’il suscite et des personnalités qui s’y sont montrées ; alors, que là-bas, ses démêlés avec les dirigeants du Belang, son nationalisme « intransigeant », la mise-en-scène de sa vie privée, faisaient régulièrement la « une » des journaux flamands !
Rétrospectivement à la lecture des prises de parole de la défunte, on est surpris par le décalage de ce qu’elle a osé dire en Flandre et le consensus positif qui se percevait dans les réactions y compris de ceux qui ne partageaient pas ses convictions, par rapport à une égérie – encore à venir – qui aurait proféré des propos identiques, mais en faveur de la francophonie ! En Wallonie, une telle « passionaria » aurait été regardée avec méfiance, qu’elle eût été socialiste ou libérale. Il n’est même pas sûr que les rattachistes et les mouvements séparatistes l’eussent adoptée !
Cela est probablement dû en partie au décalage qui existe entre les informations traitées en Flandre et celles du reste du pays. Contrairement à l’opinion répandue en Wallonie, la presse flamande est beaucoup plus libre dans ses écrits que la presse francophone. Cette dernière semble figée dans un conformisme anti-people, qui consiste non pas à dénoncer le caractère futile du people, mais à se rigidifier sur les schémas conservateurs d’une Belgique bourgeoise compassée et finalement encore plus critiquable dans son passéisme que l’autre l’est, pour son modernisme criard et son « matuvuisme » tapageur.
C’est pourquoi les blogs d’information ou de réflexion sont si courus en terrain francophone.

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Il y a belle lurette que la curiosité malsaine du « people » envahit nos écrans de télévision, les revues et les magazines. Une majorité de naïfs et de paumés passent leur loisir à assouvir leur curiosité dans une nouvelle forme de voyeurisme renouvelant l’esprit de la concierge qui - comme chacun sait – n’est jamais si performant que dans l’escalier. Le portrait de « Monsieur de Source Sûre » qu’en fit Stéphane Collaro dans l’émission de Jacques Martin « le petit rapporteur », reste inégalé. Le voyeurisme se nourrit de la vie d’une minorité de « people », croissant sur le terreau des medias.
Closer, Ici Paris, France Dimanche, Public, Gala, Point de vue, Voici, complètent Soir illustré, Télépro, Moustique, Match spécial Belgique, etc dans nos kiosques.
Ces médias loin d’offrir une variété d’opinion confinent les lecteurs aux petits potins et faits-divers. C’est une manipulation qui joint le contrôle de l’information à l’avantage d’y faire de plantureux bénéfices.
Comment se fait-il que la presse avec de vrais journalistes et une vraie pensée intellectuelle n’ait pas encore compris que pour lutter efficacement contre ces sous-produits qui paraissent avoir triomphé en Flandre au point de déborder sur la presse d’opinion (1), elle ne se soit pas débarrassée du carcan conformiste de la pensée unique, issu d’un centrisme dans lequel patauge tous les partis francophones ?
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1. La presse flamande semble plus libre de propos que la presse francophone. Cependant, il convient de déplorer que cette liberté n’y associe pas toujours la qualité. La forme compassée et entendue de la presse francophone, vaut-elle mieux ? C’est un débat que nous n’aurons probablement pas, hélas !

12 février 2011

Les Arabes nous montrent le chemin.

Les caves guettent l’accord pour une Belgique liftée par l’esthéticienne De Wever.
C’est un truc vieux comme le monde : le complice du pickpocket amuse la galerie, tandis que celui-ci fait les poches. On a les yeux rivés sur l’accord impossible… Pendant qu’on écarquille les yeux, on nous vole notre carte de banque.
Explication. Le roi bille en tête, les ministres démissionnaires, les partis tous centristes, les constitutionalistes en stand by, feraient bien, en attendant l’accord chimérique, une transfusion à Leterme and C° pour rendre son pack plus gaillard, plus… enfin vous voyez ce que je veux dire ? Histoire de trouver le premier milliard du déficit, une manière de faire plaisir à Merkel !
On est en plein dans la phase délicate, quand le petit voleur, deux doigts en ciseau, sort le portefeuille de la poche révolver du pédezouille. Ça tombe bien, avec l’accord qui tarde, le pigeon s’esbaudit aussi de la fuite de Moubarak.
Il s’agit de monter un plan d’austérité qui ne dit pas son nom, avec les pouvoirs qui ne veulent pas dire le leur non plus, pour un gouvernement en intérim !
Des impatiences s’expriment. Les étudiants patriotes glapissent qu’il est temps d’arrêter de jouer autour des tables rondes, pour entrer dans le vif du sujet « Si vous n’épongez pas la dette, le pays est fichu ». Madame Houard monte au grenier chercher le drapeau !
Archicapitaliste comme il n’est permis qu’en Flandre, Bart se dit qu’à défaut d’accord, assainissons ! Di Rupo sort de sa garde-robe le costume grand commis de l’Etat. - Il y a des priorités devant lesquelles nous ne pouvons plus attendre !
C’est qu’à défaut du grand schlem de la Flandre conquérante, Bart et nos pusillanimes se contenteraient d’un petit machin pour faire des économies… On n’ose pas encore prononcer le mot « sacrifice », mais ça va venir.
Personne n’imagine que se refaire sur le dos des travailleurs signifie moins de consommation intérieure, donc moins de croissance !

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Alors pour les prochaines semaines, Reynders n’aboutissant à rien, on refera des tables rondes de 3,1416 façons différentes. Pour le coup, l’Europe nous tanne pour qu’on assainisse les finances publiques.
Sans plus attendre, on étale le contenu du portefeuille du pédezouille sur la table ronde de la planque. On sort les cartes de crédit, de banques, la photo de sa mère, deux coupures de dix euros, une prière à Sainte Trique et une photo de Béatrice.
Le gang se pose une question : combien on pourra taxer le petit con qui s’est fait avoir ? Jusqu’où on descend les allocs du chômedu ? Comment pousser les vioques au suicide ?
Voilà les questions majeures fin février 2011 et pas que les conneries de « tu parles flamand et je te tiens par la barbichette, tu parles français et t’auras une tapette ».
C’est qu’ils sont emmerdés nos lascars de la bonne société ! Les malfaisants mondiaux nous ont fait les poches en spéculant sur les denrées et les matières premières. Nos voyous nationaux passent en deuxième rideau. Finir la bête n’est pas drôle…. faut se contenter des bas morceaux.
La pomme de terre est hors de prix, l’essence n’en parlons pas et bientôt avec le prix de dix pains on pourra se payer un téléviseur 98 pouces Samsung !
De Wever, le libertarien de la bande, lance « Vous n’allez pas faire les fines gueules sur le social aussi, nom de dieu ! Vous ne voyez pas que si nous n’avons pas leur peau, ils auront la nôtre ? ». Di Rupo hésite. C’est un hésitant de naissance. Joëlle doit aller chercher sa fille à la danse, elle n’a plus le temps, elle est pour. Reynders est ravi. Il embrasserait bien Bart si cela ne donnait pas des arguments au pervers qui va lui succéder à la tête du MR. Les partis flamands exultent. Le cadet des Van Rompuy s’achète un lot de rustine en prévision des clous des francophones du prochain Gordel. Le roi enfonce bien sa couronne, comme il l’a vu dans le Napoléon peint par David. Philippe attendra encore un peu.
Champagne pour tout le monde.
C’est Marianne qui raconte la dernière chez les petites gens « Quelle différence entre le cadavre d’un chat écrasé sur la route et celui d’un banquier écrasé sur la même route ? Réponse : avant le chat, il y a des traces de freinage… »
C’est un humour que nos minets du rang supérieur ne comprennent pas.
La truanderie de la rue de la Loi n’est plus ce qu’elle était. En se reconvertissant en Centre, elle a perdu l’Omerta. Les hommes ont changé. Avant, ils se contentaient de mettre quelques malheureuses sur le bitume, histoire de faire de la thune, pendant qu’ils jouaient le produit de la sueur de leurs marmites aux courses. Maintenant, ils veulent y mettre tout le monde et à l’amende pour un oui ou un non.
Bart jouit du dernier sondage qui le crédite d’un électeur flamand sur trois. Di Rupo progresse aussi. Ils se disent « Quand est-ce qu’on les purge, ces cons-là ? »…
Eh merde !... J’ai fait la pute pour les nourrir jusqu’à présent. C’est fini. Que les julots pointent comme tout le monde ou bien, s’ils leur restent des couilles, qu’ils se fassent une banque et qu’ils me foutent la paix. Je leur donne pas un cent de plus. Je me suis souvenu que j’avais des bouches à nourrir. Les Arabes nous ont montré le chemin. Faudra finir par descendre dans la rue aussi, exprimer un peu notre enthousiasme pour la démocratie !

11 février 2011

A l’ombre des dictateurs.

Le petit agneau tunisien en a fait de belles, en réveillant des Arabes endormis ! Avec sa révolution au jasmin, ça sentait plutôt la merde pour les caïds du coin. Même Alliot-Marie la championne française de la droite la plus bête du monde est tombée dans le panneau. Elle n’a pas cru à l’histoire de l’immolé dans ses légumes. Michèle n’a pas senti la forte odeur de merde qui montait à ses narines dès qu’elle eut mis le pied sur le tarmac de l’aéroport de Tunis et les balles qu’elle n’a pas entendues siffler dans l’avion spécial Ben Ali, elle y a eu droit au retour à Paris.
Quoi ! Quoi ! On a voulu gâcher ses vacances dont a tant besoin une archi fourbue de travail, une bûcheuse comme elle !... Vu le scandale, elle l’a moins ramené, jusqu’à finir par convenir qu’elle n’aurait pas dû !
Quand on est ministre des affaires étrangères et qu’on n’est pas au courant, ça fait mal fichu pour la France. En réalité, la moukère à Patrick Ollier croyait Ben Ali capable de matraquer et d’embastiller une poignée de voyous intégristes, en redressant la situation par ses conseils avisés. Qui sait, elle avait peut-être des offres de service dans son baise-en-ville ? Cela n’allait pas outre mesure l’empêcher de s’allonger sur des coussins à voir tournoyer les bayadères et sucer des loukoums.
Sans péripétie, même pas violée par un voyou de la future république tunisienne, la voilà qui rentre au pays, en n’ayant pas même eu le temps d’embrasser la famille de Leïla Trabelsi et son hôte Zine el-Abidine Ben Ali, qui ont foutu le camp sans régler sa note d’hôtel, ce qui est un manque de savoir-vivre.
Du coup son patron, revenant du Maroc avec Carla encore en mules Jabador, a marqué le coup, pour l’opinion et sa réélection de 2012, il a demandé que les ministres aient à l’avenir plus de retenues quant aux destinations « de rêve ».
Direction Tremblay-lès-Gonesse à voir partir les longs courriers depuis le tarmac de Charles-de-Gaule.
Forcément, la Charente, même maritime ou la région Paca, ça fait moins rêver… d’où la gueule des autres, y compris celle de Fillon en délicatesse avec le peuple égyptien.
Voilà tous les milliardaires du Mahgreb et des pays limitrophes en transe complète pour leur pognon, non pas qu’ils aient fait confiance aux banques de leurs pays, pas folle la guêpe, les paquets seraient plutôt en Suisse et au Lichtenstein, mais l’Europe et quelques malveillants d’Amérique seraient capables de geler les comptes !
Par exemple, Mohammed VI a beau avoir le comique parisien Jamel Debbouze à sa babouche et recevoir le couple Sarko-Bruni dans ses palais, son père et lui ont tellement fait tenailler des gens depuis Oufkir et Ben Barka, qu’il se pourrait que quelques survivants s’en souviennent. Bachar al-Assad est dans le même cas en Syrie, qui doit voir ses nuits peuplées des fantômes des hommes qu’il fit assassiner.
Les dictateurs en général aiment refiler la patate chaude à leur fils aîné, c’est comme dans les dynasties anciennes, ça les rend légitimes… Pour avoir cédé à ce péché mignon, Moubarak à 82 piges reste coincé dans la salle du trône, alors qu’il aurait bien pu, comme Ben Ali, compter ses milliards et s’acheter une île du Pacifique, tout de suite après la première émeute. Il avait une chance de garder tout son fric. Maintenant, il ne compte plus que sur l’armée, triste fin pour un dictateur ! Surtout on remarque que dans les déménagements précipités, on oublie toujours des valises et puis, on ne peut pas prendre tout ce qui est attaché au sol. On ne voit pas Moubarak partir avec « ses » pyramides, comme les temples d’Abou Simbel sauvés par l’UNESCO avec notre flouze, les repiquer sur Hollywood et réclamer un droit d’entrée pour son fils chéri.
Mais ce n’est pas tout, d’autres « gentils organisateurs des peuples » sont assis sur une cocotte minute. Le doyen d’entre eux est du nombre. Depuis quarante et un an Mouamar Khadafi siphonne le pétrole de la Lybie à son compte. Voisin direct de Ben Ali, il doit se demander s’il passera l’année à l’aise dans sa tente d’apparat avec ses amazones soldats, que lui envie Silvio Berlusconi.
Celui qui dérange le plus le peuple en ce moment, après l’Égyptien Moubarak, c’est Abdelaziz Bouteflika qui doit réprimer au jour le jour des émeutes permanentes. Lui serait plutôt à la tête d’un consortium des prébendiers de la révolution algérienne, ainsi dénommée « nationale » contre la France qui, faute des adversaires traditionnels rentrés chez eux, s’est retournée contre les habitants d’Algérie.

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On pourrait encore citer ce doux rêveur en islamisme qu’est Mahmoud Ahmadinejad en Iran, champion des élections truquées et grand pourvoyeur de prisons au nom d’Allah ; au Yémen, Ali Abdallah Saleh, qui parvient à se faire du blé sur le dos d’une population qui est parmi les plus pauvres du monde ; Abdallah II en Jordanie, etc…
La politique occidentale vis-à-vis de ces pays a toujours privilégié les dictatures d’hommes forts, plutôt que le peuple, et cela dans la peur d’Al-Qaïda !
C’est une faute diplomatique dont nous n’avons pas idée des conséquences.
C’est aussi une aberration de se recommander de la démocratie pour soutenir des tyrans ! Prendre les gens pour plus bêtes qu’ils ne sont conduits à se surestimer soi-même et donc à déconner à longueur d’année.
Mais, c’est comme ça que la droite voit le monde. Cette même droite qui gagne l’Europe et empoisonne actuellement la Belgique par son nationalisme imbécile.
Et c’est pourquoi Alliot-Marie en Sarkozye a encore quelques beaux mois devant elle, avant 2012.

10 février 2011

A tort plus qu’à raison !

Les partis du gouvernement d’affaires courantes se divisent sur le sort du projet d’accord interprofessionnel de Milquet, rejeté par la FGTB et la CSC.
Ici, pas de clivage apparent communautaire, mais l’avis différent des gens du dessus et des gens du dessous. Cependant, à y regarder de près, on n’est pas loin du communautaire quand même !
D’abord, la droite contre la gauche, sauf qu’il n’y a plus de gauche. Ensuite en cas de désaccord complet, et quoi qu’il arrive, ce gouvernement ne peut pas démissionner puisqu’il est démissionnaire !
On se demande ce qui arriverait si un ministre claquait la porte ? Par exemple, s’il venait de l’amour propre à De Crem! Il serait remplacé par le parti dont il fait partie, mais tout de même, ce n’est inscrit nulle part dans la Constitution. Delpérée pourrait ergoter que si quelqu’un s’en allait, qu’il ne pourrait être remplacé. On s’aperçoit du point de vue de la démocratie, que cet état de chose depuis plus de six mois ne pourra s’éterniser davantage.
Parmi les gens du dessus, il y a quand même une nuance, le CD&V veut que les accords interprofessionnels soient appliqués intégralement, Reynders souhaite rester « au plus près » de la proposition à l’examen et ne s’oppose pas à certaines améliorations.
C’est ainsi que revient à la surface le caractère nuancé de la droite en Belgique qui touche au communautaire. L’aile radicale est en Flandre, l’aile accommodante en Wallonie. Les dirigeants n’y font qu’interpréter une volonté collective régionale. Cela ne paraît pas grand-chose, c’est pourtant ce qui fait tout. Nous ne sommes plus faits pour vivre ensemble si, à tout propos resurgissent des différences.
Pour l’autre bord, il est normal que la gauche soit obligée de tenir compte de l’avis des syndicats. Elle ne rejette pas les textes intégralement. C’est assez curieusement grâce à la position de centre-gauche du PS wallon que Di Rupo est en harmonie avec madame Genez du SPA et pas que sur les accords interprofessionnels.
C’est de cette gauche-là et des Ecolos que vient le seul vrai consensus communautaire !

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Quant à la ministre de l’Emploi, Joëlle Milquet, elle a préparé de nouvelles propositions pour « sauver l’accord ». Cela veut quand même dire que ce qui avait été mis sur la table et qui convient bien à la droite flamande, convenait bien aussi au CDH francophone.
Il faut voir comment Onkelinx et Magnette plaident pour une refonte des accords. Ils ne sont pas déchirés en conscience, il leur semble même que les accords interprofessionnels sont valables par ces temps de crise et de déficit, mais voilà, ils se doivent de ne pas perdre la face du côté de leurs électeurs. Alors si dans le centre-droit, le MR et le CD&V voulaient bien les comprendre, cela dépannerait le centre-gauche. Elle ne se montrerait pas ingrate sur l’avenir des discussions communautaires, en renvoyant l'ascenseur.
Bart De Wever doit bien rigoler dans son coin. Il avait tout prévu, sauf la rapidité avec laquelle ses adversaires dégringolent et avec eux la Belgique à l’ancienne.
Il doit avoir un calendrier dans son bureau sur lequel il comptabilise avec délices les jours de crise.
Ce n’est pas difficile dans ces conditions de faire de la politique. Il suffit d’attendre. Comme les autres n’ont encore rien compris, il faut juste allier un rien d’hypocrisie à la patience.
Tout le monde veut un accord sur tout, les accords interprofessionnels et au-delà, tous les autres accords, communautaires et économiques. Bart De Wever, comme les autres, monte au créneau à chaque fois et jure sur la Flandre que c’est son vœu le plus cher, comme Di Rupo, comme Javaux, comme Milquet, comme toute la communauté flamande.
C’est à celui qui criera le plus fort « Nous voulons un accord d’urgence. »
Alors, pourquoi n’en a-t-on pas ?
Pourquoi sur les accords interprofessionnels, y a-t-il des bisbilles ?
C’est tout simplement que le Nord ne comprend plus le Sud et que le Sud en a marre du Nord.
Reste à accoucher du plus difficile : la conclusion.
Tout le monde le sait, chacun le nie comme un beau diable, c’est pourtant simple : il faut divorcer.
Alors, ces accords interprofessionnels ?
Même la FGTB s’en fout !...

9 février 2011

Quand les députés emballent !

A quoi passeront le temps, ces males dominants qui ont choisi de faire de la politique, si celle-ci, loin de les épanouir et les voir rayonnant, finit par leur clouer le bec sous les lazzis des électeurs écœurés ?
Que devient l’ego de ceux qui traduisent la pensée des autres et qui ne la traduisant plus, s’obstinent à battre l’air de leurs bras, à prendre des poses inutiles et à proférer des raisonnements abscons ?
N’est-ce pas ce qui arrive aujourd’hui à nos mentors de la politique ?
La pratique du pouvoir assure au mâle dominant une popularité dont son image a besoin.
L’apparence fait l’homme, dans un monde bâti sur la futilité pour une compétition dérisoire à faire du fric !
Le pouvoir actuellement tourne à vide, les élus taxés d’incapacité pédalent dans la semoule, alors qu’il reste un bonus de quatre ans pour se refaire, si on ne revote pas !
Malgré le prestige disparu, les tribunes sans intérêt, ils gardent quelque chose qui ne disparaît pas facilement : la séduction par le contact intime. Ils y conservent leurs chances, supérieures à l’anonyme des fonds de salle. Leur charme dans le tête à tête est intact.
Les gloires mises en réserve des partis en pourraient dire fort long là-dessus.
La conquête par la drague, ce n’est pas si mal quand quelques fans et des épouses obstinées s’accrochent à l’idole déchue, tandis que les maris ricanent et traitent le mandataire dévalorisé de has been et parfois, sans qu’ils imaginent la portée de ce qu’ils disent de « cocu » !
C’est pareil pour le show-biz. Chantal Goya et Hallyday-le-vieux feraient encore bien des ravages parmi les cœurs sensibles de quarante ans plus jeunes !
Pourtant, le moins que l’on puisse dire, ils ne paient plus de mine.
On devrait faire une étude sur le prestige qu’une célébrité exerce sur une personne qui « l’a vue à la télévision ».
Michel Charasse, député PS, en convient « J’ai rencontré beaucoup de créatures parfois splendides à l’Elysée et à Bercy, qui m’invitaient quelques fois à dîner avec des convives choisis. Je me suis toujours méfié. …Tous les hommes de pouvoir sont approchés. »
La grogne du public, loin de réfréner les ardeurs, les renforce au contraire, dans la volonté de séduire l’homme politique déchu, parce qu’il est malheureux et que le public s’en détourne.
L’exclu « peopolarisé » est glamour, du ministre à… Dutroux et Fourniret !
Giscard, au moment de la désaffection des Français, s’est vanté d’avoir eu plus de chance auprès des femmes, au point d’avoir pris un malin plaisir à laisser supposer que lui et Lady Di... Auparavant, on avait beaucoup jasé dans les chancelleries au sujet de madame Bokassa !
Michel Cointat, ministre sous Chaban-Delmas proposait même un pourcentage « 82 % des femmes disent ‘oui’ à un ministre ».
Après le cabinet Rocard, Jean-Paul Huchon regrettait cette période faste « Je n’ai jamais eu autant de succès potentiel que pendant la guerre du Golfe. Certaines femmes sont fascinées par les policiers qui posent leur arme à feu sur la table de chevet, alors vous imaginez quand on parle des missiles qui décollent ! »
Philippe Laporte dans son livre « L’érotisme ou le mensonge de Freud » avance les explications de Jacques Gorgel, du cabinet Savary « L’attrait du pouvoir est phénoménal. Des gens sont prêts à se rouler par terre pour le sourire d’un homme de pouvoir. Mussolini n’était pas un amant de grand talent. Un sablier de trois minutes suffisait. Mais les femmes disaient qu’elles avaient connu une extase. »
Philippe Sollers va plus loin « qui goûte les plaisirs de la chair et aime à discerner le rapport des dirigeants au sexe. » Car pour lui, aucun doute, le pouvoir est lié aux femmes ; on le conquiert pour les avoir et il exerce sur elles un fort magnétisme.

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Il doit en être ainsi de la femme de pouvoir. Mais elles sont plus discrètes, quoique désinhibées par rapport aux mâles qui ne les dominent plus. Elles ont lutté plus que leurs confrères afin d’assurer leur pouvoir dans une société de mecs. Souvent les maris de ces dames ne jouent aucun rôle public. On ne les voit presque jamais. Elles paraissent vivre seules. On devine leurs mâles assidus à des tâches domestiques, prenant soin de la progéniture de l’illustre. Au lit, on suppose ces messieurs endurer de fichus quart d’heure !
Pour le « quand dira-t-on », les enfants de ces dames jouent un grand rôle dans leur apparente modestie à la conquête des médias. En-dehors des poses obligées, elles profitent largement des facilités de mœurs que leur apportent les postes en vue qu’elles occupent. On pourrait établir, par exemple, que les divorces y sont plus fréquents que la moyenne nationale. La fonction semble donner à la responsable un caractère viril qui n’est pas sans déplaire à certains hommes qui apprécient l’illusoire protection qu’ils croient percevoir dans le caractère de ces créatures, toutes dotées d’une forte personnalité.
Autrement dit, la situation actuelle défavorable à la crédibilité des élus, n’a pas enlevé les moyens de séduction aux titulaires d’un emploi de la nation. Certains vieux ténors, vieillis sous les honneurs, gavés de la reconnaissance publique, même en perte de vitesse, emballent toujours aussi sec, et pas que des quinquagénaires.
En témoignent des mariages de vieux barbons à des jeunesses exotiques, pataugeant dans les eaux du pouvoir.
Evidemment, si c’est pour le bon motif…

8 février 2011

Chewing-gum et gouvernement !

Qui dit que les Flamands ont désormais horreur de copier ce qui vient de France ?
L’Hexagone a Michèle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères et vacancière impénitente en Tunisie où elle était à « tu et à toi » avec les dignitaires de Ben Ali, en fuite.
La Belgique a son pendant en Pieter De Crem, ministre de la Défense nationale et américanolâtre tout azimut, au point de préférer l’Amérique à son propre pays !
Dans ses « Mémoires d’outre-tombe » Chateaubriand avait senti venir De Crem deux siècles avant « Pour faire de la politique, il n’est pas besoin de qualités, il faut en perdre ». Doté d’un remarquable talent pour en perdre, De Crem ne pouvait qu’y réussir.
Plus personne ne démissionne de nos jours. Il suffit de montrer un front serein en démentant des faits avérés, avec l’assurance du maquignon qui vend un cheval panard pour un champion du steeple et c’est gagné.
La Katholieke Universiteit van Leuven n’aura pas à rougir de son aptitude à produire dans la nouvelle éthique, ce qui se fait de plus accrocheur dans le commerce, la politique et l’industrie.
Que les habitants d’Aalter se rassurent, Pieter De Crem ne démissionnera pas.
Pourtant, il y aurait de quoi s’alarmer. Selon Wikileaks, Pieter De Crem « aurait soufflé certaines questions à l'ambassadeur des Etats Unis, quelques questions qu'Hillary Clinton devrait poser pour faire pression sur le gouvernement belge afin de renforcer l'engagement militaire en Afghanistan. » (De Standaard)
Si cela ne s’appelle pas de la haute trahison, on se demande ce qu’il faudrait de nos jours pour que cela en soit.
Heureusement, il y a encore des socialistes en Belgique et tant pis pour Elio s’ils sont flamands, Dirck Vandermaelen (sp.a) s’est inquiété du manque de fiabilité du ministre de la Défense : "Je me pose la question, si c'est un ministre belge de la Défense ou est-ce qu'on a un sous-sous-ministre des Etats Unis qui gère notre Défense en Belgique ?".
C’est tout à fait mon avis.
Comme tout part « en couilles » dans nos deux moitiés de pays, nous avons donc une commission de défense chargée d’évaluer, entre autres, le pourcentage de gènes flamands de chaque ministre. De Crem satisfaisant amplement à l’examen, il ne pouvait que sortir blanchi de la confrontation avec ses pairs (Je n’ai pas osé écrire la tête haute dans son cas).
C’était sans compter sur les cabalistes d’André Flahaut du ministre de la Défense. Des mots très durs à l'encontre du ministre De Crem, du genre : pion, espion, chihuahua ( ?) ont été prononcés.

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Et voilà où nous rejoignons la super crise que nous traversons depuis plus de six mois : comme le gouvernement est démissionnaire, Pieter De Crem l’est aussi. Vous me direz, puisque les accusations sont d’une telle gravité qu’on ne peut décemment pas laisser un « plus que sympathisant » des Américains comme ministre de la défense, et que l’intéressé lui-même devrait avoir la décence de partir sur la pointe des pieds et chercher un autre emploi du côté de Washington !
C’est mal connaître le punch du ministre De Crem, confondant dignité avec dignitaire !
La défense de l’américanolâtre est assez surprenante.
"Ça me laisse tout à fait indifférent, en fait, ce qui a été repris dans Wikileaks, correspond plus ou moins à la réalité, c'est-à-dire qu'il y a eu donc une circulation diplomatique intense, visant donc (sic) à augmenter nos efforts en Afghanistan. Bien entendu, c'est le gouvernement belge qui en a décidé, et même, il y a eu une réunion du cabinet restreint justement le matin où la réunion avec madame Clinton, s'est tenue".
Passons sur la lourdeur de la phrase. De Crem n’est pas là pour faire du style, pourtant n’est-il pas licencié en philologie romane ? …évidemment à Leuven.
Voilà qui est admirable : l’accusation repose « plus ou moins » sur la réalité !
Et c’est au nom de « la circulation intense » que De Crem en profite pour se défausser sur le gouvernement. Puisque c’est en cabinet restreint que De Crem passait le pot de chambre à Madame Clinton, elle a donc pu faire ses besoins pour la bonne cause devant tout le monde, sans que Pieter n’en assume la responsabilité.
On se demande, de Leterme ou lui, qui a présenté le rouleau de toilette ?
Si Michèle Alliot-Marie avait été belge, elle aurait beaucoup apprécié.
Il faut rendre justice au député Dirck Vandermaelen qui a demandé la démission du ministre, celui-ci serait devenu démissionnaire… d’un gouvernement démissionnaire, une première dans le monde !
On n’en pas fini avec les embrouilles, conséquences d’un Bart De Wever résolu à défendre le baroque d’un gouvernement qui ne peut appliquer une politique quelconque, avec l’espoir que la Belgique fédérale partira en quenouilles d’elle-même et sans effort.
En ce sens De Crem est parfait.

7 février 2011

Délire sur antennes.

Propos à peine déformés par un patchwork délibéré et entendu à nos deux chaînes nationales. L’une peu sérieuse et non commerciale, et l’autre encore moins sérieuse et commerciale.
Traduire la bouffonnerie en mots, là est la question…

-Que pensez-vous de la mission de Didier Reynders ?
Gérard Deprez – Il y a trois conditions…
-Blabla…
-J’ai l’impression que Reynders est dans une position exceptionnelle… blabla.
Moureaux – J’ai dit « I L S » au pluriel…
-Bizarre langue. Il faudrait dire dans ce cas, ils « faudront »…
Laruelle – S’ils veulent d’un côté et de l’autre d’une table ronde…
-Une table ronde n’a pas de côté !
-Blabla… une table ronde n’a pas de côté ! Il faudra bien qu’il y en ait au moins un…
Laruelle – Nous vivons une situation particulière. On doit y aller de son tour de rein…
-On doit dire « coup de rein »
Laruelle – Un coup c’est pire !... Non, c’est bien un tour de rein… blabla.
Un p’tit chef du CDH – L’accord n’est pas un accord tant qu’il n’y a pas d’accord… si vous voyez ce que je veux dire ?
La madame de la psychologie (Stéphanie Demoulin) – La préconsultation, tout tourne autour. Ce n’est pas une consultation… blabla… une préconsultation de… couac... (Moureaux interrompt).
-De couac ?
-Pardon ?
-De couac ?
-Moi, j’ai dit de couac ?
-Oui.
-C’était de quoi…

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Gérard Deprez – Il y a trois conditions…
Benoît Cerexhe -…ne pas partir à partir d’une page blanche… blabla.
-A partir de quoi ? Par économie de papier ?
Le Chœur des pleureuses, chef de Chœur Delwit - …minorité et majorité permanentes, c’est dur (Il se met à pleurer enfin on le croirait)… inextricable… (Il paraît serein. Pourtant, on avait cru…)
Behrendt, profession constitutionnaliste fort demandée – Gurcht… dernier remède…
Verkerstraeten, CD&V – On prrrrend des rrrrrisques…
Vrebos – Reynders, un coach ?
Gérard Deprez – Il y a trois conditions…
Verherstraeten - …notre opinion est de ne pas lâcher les Flamands de Brrrruxelles.
-Quels Flamands ?
Behrendt - …le double danger…
Moreaux – S’il y a une ouverture… le suffrage universel accordé en 1918 n’était pas constitutionnel…
Cerexhe – Les affaires courantes coûtent 200 millions de plus que les affaires non courantes…
Laruelle – A situation particulière, il faut des solutions particulières. Il faut des solutions avec l’aval…
Deprez – Il y a trois conditions…
-Le parlement doit éviter…
Hercek, expert en communication – débat apaisé – apaisant – à vouloir construire vers le bon sens. Nous ne reculons pas. Nous avançons vers une autre direction…

Ce sera le mot de la fin de cette affligeante matinée, plus éprouvante que ce petit montage.
De ce charabia ressort tout de même la folle aventure d’un gouvernement en affaire courante qui va prendre des décisions d’un gouvernement en exercice. C’est tout à fait anticonstitutionnel puisque Leterme est démissionnaire et qu’on ne peut donc pas le renverser ! Si on estime que les partis siégeant aux parlements peuvent en décider autrement, nous entrons dans une ère d’illégalité. C’est ainsi que tout peut basculer dans un système où il n’est pas exclu de penser que les partis flamands majoritaires prendraient le pouvoir, puisque les lois seront inventées au fur et à mesure !... C’est, tout au moins, le chemin que les parlementaires sont en train de prendre qui le permettrait.
Les « Oh oui !, mais non, on ne peut mal », on connaît ça depuis 39.
Quand on pense que Hercek a trouvé le climat apaisant !... A moins que cet apaisement-là soit les prémices d’une forme de régime autoritaire, à mi-chemin entre une démocratie formelle et une dictature informelle ?
Nous ne sommes pas gâtés par les lascars que notre inconséquence a mis au pouvoir !

6 février 2011

La haine des autres.

Clémenceau aurait pu le dire aussi, après les militaires : la politique est une affaire trop sérieuse pour la confier aux politiciens !
Pour une fois, les éditorialistes des deux communautés sont d’accord. Les dirigeants des partis ne communiquent plus : ils monologuent. Les négociations restent sans issue, même si la Gazet van Antwerpen désigne les francophones responsables. A défaut d’appliquer aux négociateurs un devoir de résultat, la réflexion de Cheron, pour un gouvernement sans Bart De Wever, tient la route.
Mais personne parmi les médias et, ce qui est le plus surprenant, parmi les élus, n’a mis en rapport la déclaration de principe statutaire de la N-VA, à savoir la fin du royaume de Belgique, avec l’échec des négociations !
C’est pourtant clair !
Qu’on défende ce principe de séparation définitive qui est celui de la N-VA ou qu’on souhaite la pérennité du royaume, cela n’a rien à voir avec le fait qui plus est, s’écrit et s’expose au grand jour : la N-VA est un parti séparatiste et indépendantiste.
Dès lors, pourquoi faire le reproche à son président de ne pas souhaiter conclure un accord, quand il sait que de nouvelles élections lui seraient encore plus favorables et qu’il pourrait entraîner le CD&V vers le séparatisme qu’il souhaite ?
Le Club des Sept n’est pas un rassemblement d’imbéciles instruits comme les humoristes veulent bien le laisser croire.
Les trois partis francophones n’ont pas délégué des inaptes ou des incapables. Ils savent bien qu’il n’y a que trois issues aux négociations.
1. On accepte toutes les propositions de la N-VA et ont fait un gouvernement qui sous l’impulsion de Bart De Wever sera une entreprise de longue haleine chargée de la déposition du roi, des Institutions et de la Belgique, par petites étapes, mais dès son premier coup de pioche.
2. On ergote à chaque nouveauté introduite par la N-VA et on retarde à l’infini la formation d’un gouvernement, dans l’espoir de faire basculer l’opinion flamande vers le CD&V et ainsi dégonfler la N-VA en chargeant ce parti de tous les péchés du monde, jusqu’à ce que le CD&V soit assuré de ne pas être traité de traître à la cause flamande.
3. Si le CD&V hésite à faire un accord de gouvernement sans la N-VA, il reste l’alternative de poursuivre des pourparlers que personne ne veut rompre pour des raisons électorales, afin de pousser le roi le plus tard possible à dissoudre les chambres et à refaire des élections, suite à l’exaspération du public.
Didier Reynders, raccommodeur de porcelaine, est mis sur le coup. Est-ce le bon truc, dans ce magasin de théière et d’objets délicats, d’y voir entrer aussi l’éléphant Maingain ?

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Ce dernier point comporte un risque aussi grand que le premier. C’est celui de voir l’opinion flamande ramassée derrière la N-VA et augmenter son score, plutôt que reprendre le chemin du CD&V. En cas de succès de la N-VA, le risque est grand de se rapprocher encore plus vite du moment où la Belgique n’existera plus.
De ces trois points, aucun n’est meilleur que les deux autres. Il se peut même qu’un gouvernement sans la N-VA soit le pire. Personne n’ignore, dans la logique libérale qui est la nôtre, que la population sera appelée à de grands sacrifices touchant à l’économie afin de rétablir les finances publiques à une moyenne européenne voulue par Trichet. Cela signifie que les partis dans l’opposition vont voir leur crédit augmenter auprès de l’opinion publique et à l’inverse, les partis composant le gouvernement verront le leur décroître. Ce qui ne laisserait qu’un répit de trois ou quatre ans aux loyalistes pour renflouer la barque Belgique et retourner l’opinion flamande.
C’est fort peu !
Reste bien une solution dont on parle peu et qui consisterait à jouer la carte de la démocratie par référendum.
Il faudrait poser la question clairement aux gens : « Voulez-vous encore de l’Etat belge dans sa formule fédérale ? ». Et si le référendum y est favorable, il faudrait dans la foulée un vote d’une loi qui proposerait l’interdiction pendant une période de dix ans de toute réforme séparatiste comme étant contraire à la Constitution ou toute formule allant dans ce sens.
Si le référendum est favorable à la fin de la Belgique, reste à organiser des états généraux pour les formes que devront prendre les actes de séparation afin d’établir les inventaires des biens et propriétés appartenant à chacune des Régions et donner à la frontière linguistique le statut de frontière.
Cela prendra du temps. Un gouvernement intermédiaire sera nécessaire pour la liquidation.
Personnellement, je préfère cette dernière formule et un retour à la France des francophones, dans le cadre d’une association autonome. Et si c’est impossible et qu’on chicane à Mons et du côté de Charleroi, alors que renaisse le Département de l’Ourthe et de son chef-lieu, Liège et que les autres aillent se faire foutre.
Je ne sais si je suis Français. La seule chose que je sais, c’est que je parle la langue et que je n’en veux point d’autre, parce qu’elle est ma culture et donc ma seule et vraie attache. Quant au patriotisme et sa verrue, le nationalisme, je pense à Voltaire qui a écrit « Le patriotisme, c’est l’amour des siens, le nationalisme la haine des autres. »

5 février 2011

Rouslan et Ludmilla

Pour bien connaître les gens ordinaires de là-bas et pour y avoir des attaches amicales, je pense que les médias vont avoir du fil à retordre et du blé à moudre quand les Russes vont secouer le régime actuel, envoyant Dmitri Medvedev et son mentor Vladimir Poutine rejoindre Ben Ali en Arabie des mille et une nuits d’exil.
On ne saurait dire quand cela arrivera, mais quand cela sera, je vois la tête d’ici de nos éditorialistes qui n’avaient pas senti venir le coup, comme de nos personnages politiques, tous bien éberlués et certains, comme madame Alliot-Marie pour la Tunisie, s’astreignant à détacher quelques casseroles qui risquent de les poursuivre un temps dans leur carrière.
La semaine dernière à Saint-Pétersbourg, fief de Poutine, contre toute raison et sans preuve, ils étaient sans doute des millions dans cette ville géante depuis la perspective Nevski d’entre les deux bras de la Neva, jusqu’à l’anneau des boulevards, à croire que l’attentat de l’aéroport de Moscou Demodedovo du 24 janvier n’était pas l’œuvre d’un terrorisme caucasien, mais du régime lui-même, comme un moyen de détourner l’attention de la dégradation rapide des conditions de vie du Russe moyen.
Accusation infondée, monstrueuse même, mais qui en dit long sur la méfiance qui s’est installée dans toutes les couches de la société russe vis-à-vis du régime.
A partir d’un certain gâchis social, les masses deviennent ingouvernables. Elles croient l’invraisemblable par la seule raison que ce n’est pas le pouvoir d’Etat qui en décide et que le bouteillon est hors contrôle, donc plus autorisé que toute déclaration officielle !
Un peuple qui n’espère plus rien de l’avenir est une bombe à retardement.
Non seulement le gouvernement est impuissant à stopper le terrorisme islamique, mais encore incapable de mettre fin à la manière dont les fonctionnaires, du garde-barrière aux plus hauts dignitaires, se font des rentes « sur le côté » en monnayant le moindre service résultat de son travail ou de son pouvoir pour lequel, en principe, ce fonctionnaire est payé par l’Etat. Il faut avoir débarqué souvent dans les aéroports russes pour savoir qu’un pourboire habilement glissé dans une main « presque tendue » dispense de tout contrôle. Poutine aura beau prendre des mesures, licencier le directeur de l’aéroport de Moscou, il n’y changera rien ! Si ça se trouve, le malheureux qui va faire les frais de l’attentat, est peut-être le type le plus honnête du secteur !
Reliquat du système communiste ? Habitude inscrite dans les gènes ? Le bakchich est un sport national comme moyen de défense d’un niveau de vie mis à mal par le système capitaliste à l’état pur, succédant à un étatisme économique sans pareil.
Cette habitude ancienne ronge la société et la ferme à tout progrès.

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Les Russes sont de tous les Européens ceux qui sont les plus diplômés, les plus cultivés. La vie là-bas, si elle n’est pas drôle, a une compensation que nous n’avons plus : les arts !
Tous les Russes un peu cultivé s’y adonnent. Comme Popov, ils réinventent au fur et à mesure ce que nous croyions avoir inventé, non pas comme les Chinois en duplicata, mais par un génie propre au pays.
La musique, la littérature, la peinture sont parmi les conversations du quotidien les sujets préférés. Il n’est pas rare qu’un homme rencontré par hasard dans la rue, mal habillé, pauvre visiblement, habitant un ensemble ressemblant à une caserne stalinienne, à vingt kilomètres du centre, soit aussi un ingénieur à la retraite obligé de consacrer ses dernières forces à des petits boulots pour survivre et qui fait des heures supplémentaires, rien que pour assister depuis l’amphi, à une première au Bolchoï.
Il vous citera des passages entiers des œuvres de Dostoïevski et finira par un poème de Pouchkine qu’il analysa, dans sa jeunesse, à un cours d’Abramov.
Le drame du Caucase, dont Medvedev ne sait comment se dépêtrer, montre à quel point il est difficile aux anciens dignitaires du régime communiste de se débarrasser des habitudes héritées de feue l’URSS.
Ce pays vaste, riche de ses forêts et de ses ressources minéralogiques est exploité comme une république bananière par ses dirigeants. Il leur est forcément pénible de se séparer des morceaux que les anciens tsars avaient taillés dans les territoires voisins d’au-delà de l’Oural, comme les tensions restent toujours vives dans les relations que le pouvoir actuel entretient avec les pays baltes.
Longtemps, la population a cru que les rivalités avec le monde occidental persistaient comme du temps de la guerre froide. Obama leur a donné à voir qu’elle se trompait. La Russie n’est plus ce grand rival craint. A côté de la Chine qui s’éveille au rêve d’être bientôt la première puissance mondiale, la Russie est tout à fait sortie de son rôle de concurrente au leadership.
Les gens de Saint-Pétersbourg et d’ailleurs savent aujourd’hui que les tensions avec les anciennes républiques, les rapports internes maladroits avec des populations disparates et parfois fort éloignées de « l’âme russe » sont principalement dus à l’inadaptation des responsables politiques et de l’administration du pays à une économie moderne et au dialogue d’égal à égal avec le reste du monde, sans oublier les anciens pays du bloc soviétique aux premières loges.
Tout fait croire que la machine peut s’emballer et que tout est possible.

4 février 2011

Le PS dans l’impasse.

Que reste-t-il dans le filet de la ménagère avec cette Europe pour quartier chic ?
Pas grand-chose. La social-démocratie, au secours des banques depuis 2008, a siphonné les portemonnaies, réduit l’espérance d’une meilleure qualité de vie et anéanti le progrès d’une justice vers l’égalité des droits.
Le pré carré du socialisme, le réformisme en continu, la dénonciation des excès du libéralisme et les remèdes proposés à gauche ont disparu des discours, pourtant déjà minimalistes depuis la crise de 2008. A croire qu’inconsciemment la gauche de collaboration s’est sentie aussi responsable du gâchis, au point de s’en culpabiliser comme si elle se rendait soudain compte qu’être contremaître d’un patron libéral, c’était aussi être à la roue du système pour le désembourber.
Et c’est vrai, si nous en sommes là, le socialisme a pris part au malheur de l’économie, refusant d’assumer ses torts. Que reste-t-il à faire au PS par rapport aux autres partis de gauche européens, sinon rester avec les libéraux au volant de la machine en espérant que le moteur reprenne ?
Alors, idéalisant le collaborationnisme relationnel, on peut admettre que Dominique Strauss-Kahn soit le meilleur serviteur du capitalisme « modéré » au point qu’une sorte de ralliement ait pu se faire sur son nom rue de Solferino, au PS français.
Si en Belgique le PS a encore quelques difficultés à surmonter pour rejoindre Bart De Wever dans son volet social, il est possible que le jour où Di Rupo aura trouvé le moyen d’entrer dans un gouvernement avec la droite flamande pour faire leur politique, en passant pour le martyr se sacrifiant à la cause de la Belgique, nul doute qu’il y entrera.
C’est justement parce que le plan d’assainissement du social est extrême que le PS hésite. S’il n’était question que de s’allier au CD&V, les socialistes italiens n’ont-ils pas formé une coalition avec les démocrates chrétiens ?
Cela plaît fort à Di Rupo, cette gauche lisse et centriste, au point qu’elle transparaît dans ses discours et notamment le dernier devant le patronat wallon. Il y a montré sa peur d’apparaître de gauche et n’a parlé de ses différends avec De Wever que sous le rapport du refus du nationalisme. De nombreux engagements auxquels Di Rupo souscrit ressemblent à ceux du CDH, l’assistanat « généreux » mais pas trop, appuyé sur un contrôle « sévère » des chômeurs, en fin de compte la fin de la tolérance de la délinquance sociale, sans qu’elle soit assortie de la raison qui signifierait en clair « pourquoi traquerai-je le petit délinquant, quand on laisse courir le gros ? », ce qui serait le départ d’un combat ! Enfin, le mondialisme compréhensif qui va de la mansuétude pour une immigration clandestine, à la montre ostentatoire des gens de couleur aux noms fleurant bon d’autres continents, parmi les cadres du parti et jusqu’aux portefeuilles ministériels, dans une politique délibérée de la pêche aux voix des cités fraîchement naturalisées. En somme, un contre racisme qui en est quand même un et qui bricole un Etat de droit à géométrie variable.
Evidemment, plus aucun militant ne se retrouve dans le parti socialiste actuel, en-dehors de ceux attachés au parti par le clientélisme et les prébendes. Et on aurait préféré à la base que le doigt d’honneur de la passionaria du parti fût adressé au capitalisme ravageur, plutôt qu’à un pâle représentant de la droite flamande.
Le PS belge va droit vers la comparaison avec le New Labour ! Di Rupo ne serait pas mécontent qu’on le désignât comme le Tony Blair belge. Alors que les disparités sociales ont dépassé le seuil du tolérable en Grande Bretagne où la privatisation des services publics n’a jamais été poussée aussi loin en Europe, poursuivant une politique initiée par Margaret Thatcher, réduisant ce pays à vivre de plus en plus mal.

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Le socialisme belge est devenu eunuque par la vision de son président !
Le PS est en train de se spécialiser dans la défense exclusive des droits des minorités : des femmes, des immigrés, des homosexuels, des détenus ; une politique estimable pour des populations qui souffrent certes, et qui a toute la sollicitude des humanistes, mais n’est-ce pas un peu juste ? N’y a-t-il pas un dessein plus large et une démarche plus essentielle à accomplir ?
Et si le PS revenait à ses fondamentaux afin de réfléchir à une transformation du modèle économique et aux moyens de sortir du libre-échange ?

3 février 2011

Le vérificateur.

Chargé des finances courantes, Didier Reynders voyait l’échéance du 15 février lui tomber dessus avec l’angoisse de remettre à Charles Michel d’autres affaires courantes, au MR cette fois, dont le parti venait de le décharger.
Alerté de la période difficile de deux semaines que son ministre des Finances allait traverser, le roi, fort ému le sachant migraineux, résolut de le charger des affaires courantes du royaume, avec mission de l’informer sur les possibilités d’arriver à un accord institutionnel. Reynders présentera son rapport écrit le 16 février.
C’est par pure charité chrétienne que le roi agit de la sorte.
En effet, il ne se passe pas un jour sans que Didjé se plaigne de n’être au courant de rien, qu’il a été laissé à l’écart des discussions des Sept, et n’a reçu aucun des rapports intermédiaires, de même que personne n’a pris la peine de lui communiquer la note de Vandechose !
Et c’est à cet homme qui n’est au courant de rien à qui le roi confie la mission d’être au courant de tout !
C’est bien pour lui éviter un début de dépression que l’Haut-lieu lui fournit matière à remplir ses journées. Didjé traverse des heures sombres. Il ne sera plus bientôt aux réunions publiques du parti, qu’un membre assis au premier rang, certes, mais plus jamais seul, au milieu de la scène, au petit pupitre à sa mesure, en train de toucher les cœurs, la chevelure argentée s’harmonisant avec l’arrière plan d’un bleu outremer !
Et que va faire notre futur ex président durant les quinze jours où l’on parlera encore de lui ?
La vérification de l’existence d’une volonté politique d’aboutir à un accord institutionnel entre la N-VA et le PS. Ordre du palais !
Le vérificateur vérifiera donc, si le désaccord persiste pour BHV et le refinancement de Bruxelles, le transfert de compétences aux entités fédérées, leur financement et leur responsabilisation, le financement dans la durée de l’Etat fédéral, etc.
Comme il passe après tout le monde et que les prédécesseurs ont tous confirmé qu’il n’y avait pas d’accord, on pense qu’il s’agit d’une vérification pour rire venant après plusieurs autres vérifications. On serait étonné que Didjé, dans ces conditions, fasse autre chose qu’un show d’adieu.
Enfin, on peut dire que les deux semaines seront perdues pour tout le monde, sauf pour ceux qui pensent que c’est toujours ça de gagné sur l’échéance fatale de l’échec certain.
A moins d’avoir menti aux gens en prétendant qu’il ne savait rien des pourparlers, c’est en 24 heures que Reynders assimilera les dossiers des experts et les propositions des partis, avant de rencontrer Vande Lanotte. Ce qui constitue une belle performance.
Sauf d’être un prématuré de sept mois, l’enfant de Bart et d’Elio ne sortira pas des tables qui resteront grosses de leur mésentente. Vraisemblablement, pas plus que les autres, Didjé n’accouchera la nouvelle Belgique.
Après le SP, Didjé arbitrera le sempiternel match De Wever Elio Di Rupo, moins captivant qu’un Standard Anderlecht.
Pour le reste, le roi lui donne carte blanche.
A moins d’improviser, le sortant du MR ne devra pas oublier d’écrire un beau discours entre les réunions, qu’il lira à la tribune du parti et que toutes les gazettes reprendront en chœur le jour où il remettra les clés de son bureau à Charles, sous le regard mouillé de Michel père.
S’il lui reste du temps, il verra éventuellement les autres pointures des partis, histoire de jouir une dernière fois du titre de chargé de mission.

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Dès sa sortie de Laeken, Didjé a livré à la presse des commentaires d’une affligeante banalité, qui passeront pour des réflexions de pur génie : « Notre pays est dans une situation particulièrement sérieuse. Je suis prêt à faire de mon mieux pour le sortir de l’impasse politique. Cette mission est particulièrement difficile ».
Les journalistes s’en contenteront.
La méthode Didjé est celle que le juge des divorces pose régulièrement aux couples qui se présentent devant lui « Souhaiteriez-vous faire encore quelque chose ensemble ? » Jusqu’à présent cette question n’a jamais dissuadé un couple à divorcer. Franchement, j’avais bien envie de retourner une main sur la gueule à Béatrice le jour de la comparution, mais je n’ai pas osé le dire au juge, une femme charmante, et si j’avais répondu franchement à la question, je me serais immanquablement coupé de toute relation avec Véronique. Ce qu’elle et moi nous eussions regretté…
La mission de Reynders est tellement dépourvue d’intérêt que je n’ai pas pu m’empêcher de l’agrémenter de ce pittoresque épisode privé.
C’est dommage, qu’un gazetier ne nous livre pas une parcelle de son intimité, quand il sent que le sujet qu’il traite n’intéressera pas le lecteur.
Par exemple, Béatrice Delvaux, pourquoi n’émaille-t-elle pas ses éditoriaux des petits riens de sa vie privée ? Elle m’intéresse, cette femme-là ! Que mange-t-elle au petit déjeuner ? Que grignote-t-elle au bureau ? A-t-elle une relation intime pendant les heures de veille, dans l’excitation d’un scoop ? Enfin, toutes choses intéressantes que le lecteur adorerait, plutôt que ces mortelles relations écrites sur des imbéciles d’Etat dans leurs tribulations de pieds-nickelés de la politique. Je suis un peu comme Léautaud qui parlait de ses chats au lieu d’une pièce de théâtre dont il avait la critique au Mercure, quand il la trouvait assommante, et qu’il avouait à Alfred Vallette que la plume, rien que d’y penser, lui tombait des mains.

2 février 2011

Dernier avertissement avant saisie.

Elio rêve d’union nationale. Son désir d’être aimé passe tout. Pour lui, le mariage entre les deux communautés est indissoluble. N’avons-nous pas été unis par l’évêque de Bénévent avec la bénédiction des coalisés ?
Parmi les autres motifs en-dehors de Dieu, il a aussi celui de conserver la forme politique dans laquelle il détient des mandats qui ont fait de lui, quelqu’un.
Di Rupo s’est engagé à apprivoiser la mégère flamingante pour la ramener au pied du trône. Bart serait un bon nounours qui pleure la nuit en cachette, dans le regret de ne pouvoir verser des larmes sur une forte épaule de déménageur.
Vu sous cet angle Di Rupo le comprend mieux.
A l’émission le 7me jour (De Zevende Dag) devant son public, Bart s’est dit prêt à reprendre l’initiative. Si c’est pour ajouter une exigence de plus, il vaudrait mieux qu’il n’en prenne pas.
Il s’agirait de reparler à Di Rupo. Ils communiquent en laissant trainer une feuille de papier sur les genoux quand ils franchissent la grille du château de Laeken. Les photographes s’empressent et le destinataire peut lire sa lettre le lendemain dans les journaux.
On ne savait pas qu’ils étaient brouillés à ce point là ! A moins que cela ne soit pour l’économie d’un timbre.
Si parler à Di Rupo passe pour un événement, on n’est pas près de les voir prendre une chambre d’hôtel, histoire d’une table ronde de cinq à sept. Pour Bart, déjeuner ensemble, ne signifie qu’une chose : l’Anversois a faim !
Le gros aime tellement bouffer qu’il est capable de se réconcilier avec Milquet, rien que pour savoir si, avec l’appétit d’oiseau de madame Non, il ne pourrait pas finir son assiette.
De toute manière, c’est le palais qui décide si la table suivante sera ronde.
On aurait dû commencer par là, il y a six mois. Albert aurait nommé Di Rupo premier ministre et Bart De Wever, ministre premier. On construisait un étage supplémentaire rue de la Loi et on n’en parlait plus. A moins qu’une nouvelle guerre ne s’allume, afin de savoir qui monterait au deuxième.
On n’a plus de nouvelles élections en vue. Nollet pense le contraire, enfin pas tout à fait, puisqu’il avoue un faible pour un référendum.
Nollet se demande, depuis que des élections "enverront un signal que chacun interprétera différemment" à quoi les élections serviraient ? On a compris qu’en Belgique, voter ne sert pas à grand-chose. Même quand un parti sort gagnant, on sait bien qu’il n’est pas élu pour réaliser un programme, mais pour placer les enfants de ses chefs qui attendent leur tour depuis les élections précédentes.
C’est idiot d’avoir peur de la consultation populaire. Ça ne sert à rien non plus. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement y pense. Tout l’art est dans la façon de poser la question. Di Rupo n’a pas voulu consulter les citoyens sur le Traité européen, parce qu’il n’avait pas la formule du « oui » certain.
Elio est déçu ! Il vient de perdre Justine Henin, ce serait triste de perdre aussi le pays. Il est vrai qu’il lui resterait Adamo, la baronne Cordy et Benoît Poelvoorde, pour un gouvernement de centre-gauche de prestige d’un Etat belge réduit à la Région wallonne.

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Date de la montée en ligne de Charles Michel, le 15 février va peut-être changer la donne. Les chœurs de l’Opéra de Wallonie vont se renforcer d’un Gérard Deprez-Scapin. Exit Didjé, Christine Defraigne, autre future vedette, pourrait enfin devenir ministre avant la ménopause. Le camp des dames s’en trouverait renforcé.
Laurette Onkelinx a plus qu’assez de Milquet comme marchepied. Et puis l’ex-sérésienne s’irrite trop facilement, tantôt sur la N-VA, tantôt sur le CD&V. Pourtant, l’irritation la rajeunit. Le majeur levé, façon meuf de banlieue, elle a décrit Stefaan De Clerck (CD&V) comme un beauf qui se cache derrière les autres. Depuis, j’observe les impressionnantes carrures.
Si un train peut en cacher un autre, pourquoi pas un député ? Derrière De Wever et même Stefaan De Clerck, ils se mettent à plusieurs pour guetter des places à l’abri des épaulettes des confections de Maasmechelen !
Si en Wallonie on pouvait voter Flamand, il n’y aurait plus de frontière linguistique. Bart, pour nous récompenser, nous accorderait des facilités.
Rien ne serait scindé. Di Rupo reprendrait ses cours de prof de chimie et Onkelinx, majeur levé, pourrait enfin commencer une carrière d’avocate et valoriser son diplôme au cabinet de son mari.
Albert II reprendrait le gouvernail de son yacht afin de cingler vers Monaco pour le mariage du siècle et Gendebien nous enverrait des lettres d’exil depuis les Ardennes françaises. On serait félicités par l’Europe et les agences de notation nous remettraient un point.
On aurait la flemme au travail, puisque les Flamands bosseraient pour nous. Les week-ends ils viendraient nous voir au parc animalier où nous serions les chouchous des gardiens.
Dominique Strauss-Kahn serait président de la République française et nous soupirerions d’aise de l’avoir échappé belle, en étant devenus Flamands à part « rentière ».

1 février 2011

Des dictateurs et des hommes.

Ne sachant que penser des énergumènes qui nous promènent dans un circuit de plus en plus surréaliste, le nationalisme à fleur de peau des uns et le désarroi imbécile des autres, je brosse les cours d’éducation civique du dernier carré de patriotes belges, pour m’enthousiasmer de la jubilation des Tunisiens et de l’exaltation des Egyptiens.
Au moins, si ça foire au Caire comme à Tunis, auront-ils essayé de se dépêtrer de leurs dirigeants pot de colle.
Ce n’est pas rien d’être au pouvoir par la seule volonté de l’armée. Ils y sont, ils s’y accrochent par la seule décision des armes. Quand on s’aperçoit qu’ils squattent le pouvoir, contre la volonté des autres, et que ces autres crèvent de faim, on les prie de déguerpir. Quoi de plus compréhensible ? Ils s’obstinent, ils risquent de finir pendus. Et c’est là la difficulté de cesser ses activités, quand on est dictateur.
Ben Ali s’est réfugié en Arabie, mais il ne voulait pas y finir ses jours. Etre riche et ne pouvoir se rendre avec trois camions de bagages où l’on veut, vivre dans la paix et l’oubli avec le pactole qui a été planqué par paquet de dix briques dans trente six banques, c’est dur. Certains finissent par retourner sur les lieux de leurs crimes, poussés par une folle inconscience. Voyez Duvalier !
Sans compter les albums de photos que l’on feuillette avec les enfants. « Là, c’est papa en grand uniforme et le petit monsieur à côté, c’est Nicolas Sarkozy. »
-Vous ne vous parlez plus ?
-Je lui ai écrit afin de passer en France reprendre des vêtements que j’avais laissés dans ma villa de Ramatuelle.
-Et alors ?
-Il ne m’a pas répondu.
Sort pénible de Ben Ali et enseignement pour Moubarak qui s’accroche au pouvoir, comme un morpion à un poil de son cul.
Moubarak, on l’a vu est toujours au PC de l’armée en train de donner des ordres. Il ne se voit pas fini, contrairement à des millions d’Egyptiens qui se demandent ce qu’ils mangeront demain.
Un peu comme Adolphe dans son bunker du Reichstadt de la fin, Hosni déplace ses militaires, ses policiers, ses spéciaux sur une grande carte étalée sur la table. Il s’aide d’un petit râteau, comme le croupier d’un casino.
-Vous entourez le Caire de deux divisions. Vous faites mouvement vers Alexandrie et vous massez les spéciaux derrière la grande pyramide. A l’annonce de la grève générale vous foncez vers les quartiers pauvres. Vous rasez quelques maisons pour aider à la manœuvre, puis vous progressez jusqu’à la rue Al Azhar, là les spéciaux se déguisent en islamistes et font sauter la mosquée El-Hussein en criant au sacrilège… L’Islam s’embrase, les Occidentaux s’inquiètent, et je reprends la main.
Les généraux qui l’entourent, tous pourtant nourris par le régime depuis 30 ans, lèvent les yeux au ciel. Il faut six mois de préparatifs pour déplacer seulement dix chars et 1.500 hommes ! Israël mit jadis 200.000 hommes en fuite avec deux compagnies en tenue légère.
Quelqu’un chuchote « Hosni a beaucoup vieilli ces temps derniers ». Le plus ancien en grade se hausse sur ses talonnettes, il se voit déjà Raïs !...
On entend une vitre qui vole en éclat. Moubarak se jette sous la table.
C’était une fausse alerte. Il faudra un bon quart d’heure pour qu’il arrête ses tremblements.
Nous, en Belgique, c’est plus calme. On n’a plus de gouvernement. Les élections n’ont rien donné. Les Sept s’engueulent. Laurette fait un doigt à la N-VA. Pourtant, on ne voit pas des bandes de jeunes dans la rue qui veulent Laurette à poil et le gros au réverbère place de la Nation. On fait comme si la N-VA était un parti bien normal, avec des responsables raisonnables. Bart est un nouveau Jean Bart. Il saborderait sa goélette plutôt que la rendre aux Wallons !

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Les événements s’enchevêtrent, se juxtaposent ici et ailleurs.
Je roule vers Bruxelles. Je me sens mal à l’aise. Normal, après Waremme, on est tout de suite en Flandrie. Ils n’ont pas encore installé un poste frontière, mais on se sent en territoire hostile. Se faire « avoir » par un policier local, il y a du ragout !...
Peut-être que demain Bart De Wever sera lui aussi devant une grande table avec un petit râteau à la main poussant des chevaux-de-frise… « Si on barre ici, comme je l’ai demandé, Bruxelles sera complètement ceinturé. On masse des étudiants de Leuven derrière l’Atomium, puis des hauteurs de l’avenue Louise mes flamingants foncent sur le palais royal.
Ainsi on aura résolu BHV et tout le reste.
-Après Charles Quint, je prends le nom de Charles Sixte !
Les pointus et les anciens de la Tour de l’Yser hochent la tête, même eux, ils voient bien que Bart n’est pas dans un état normal.
Sauf qu’il est leur Raïs. Il y a dans l’âme flamande, comme dans l’âme allemande, une trop grande confiance dans les chefs. L’obéissance absolue n’est pas une vertu. C’est souvent une connerie avant d’être un drame. On les hisse sur le pavois, puis il faut vingt ans pour s’en débarrasser…
Je suis perdu. J’arrête la voiture dans un village d’Absurdie. Des jeunes passent à côté de mon véhicule. Ils voient bien à cause de l’enfoiré qui a fait de la pub à côté de ma plaque minéralogique que je suis liégeois. Ils vont au moins me casser mes essuie-glaces si je les aborde. Ils viennent vers moi. Je descends la vitre l’air embarrassé. Je baragouine un flamand comme seul Di Rupo ose. Je m’attends au pire. Ils me répondent dans un bon français et me remettent sur le bon chemin.
Merde, c’est plus compliqué la Belgique que les deux dictatures en faillite !