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31 décembre 2014

2015, il faudra qu’on en jouisse !...

Les sujets légers foisonnent, en cette toute fin d’année 2014, histoire de nous faire admettre que la vie est belle et qu’il fait bon vivre. Malgré une désolante montée en flèche des obligations et devoirs des citoyens, nos chauffeurs de salles de banquet en sont persuadés.
Par exemple, de Brigode rejoint par Darhmouch, au sommet du patrimoine belge de l’information, se réjouit de l’excellence de sa consœur.
L’émulation gagne les cabinets, le gouvernement fédéral est copié par les régionaux. Chacun veut sa taxe spécifique. Le PS et la N-VA se découvrent des points communs. Charles Michel propose la Tahitienne au lieu de la Suédoise. Il jure que la tête qu’on lui voit n’est pas en carton et que c’est la sienne. Il vire à authentique.
On les adore ! Mais qu’ont-ils fait pour que nous les adorions ainsi ? Mais rien. C’est ça qui fait le génie du peuple. Ce sont des incarnations d’un ailleurs belge, malgré les palmiers et les coupeurs de tête derrière.
Ils n’ont pas besoin de faire. Ils sont là, c’est tout. La foi qu’on retrouve partout dans le monde doit être d’origine belge. Les religions sont réconciliées : « œcuméniques », juste un petit doute sur la couleur de la barbe de Mahomet. Seul Léonard ira en enfer d’avoir trop désiré être cardinal.
La célébrité n’est plus le fait d’un destin surprenant ou l’aboutissement d’un génie, mais le triomphe du fonctionnariat au service de l’information encadrée, dirigée, aseptisée. On a eu l’hygiène des bidets et des injecteurs au siècle dernier, on a la représentation la plus propre au monde pour 2015. On sent que Marcourt ne nous parle jamais sans avoir mis une goutte de vaseline sur son gland, par politesse. Et que Demotte s’est torché avec trois papiers différents avant son rendez-vous à son club Lorraine.

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Demotte, Marcourt, Magnette tant de noms chantés dans les chaumières sur l’air du « petit papa Noël » troublent nos esprits. J’en garde le souvenir ému, lorsqu’à mes huit ans, je lus un conte dans lequel les rivières étaient en chocolat et les fruits des arbres étaient confits naturellement. Borsus bâtissait déjà des pâtés de sable et Laurette faisait des petites gâteries à ses condisciples au nom de la ••• Fraternité.
Les tribulations de Nabila comptent beaucoup dans l’assaut à l’arme blanche pour ravir les chaumières et ridiculiser la justice, qui a besoin d’être ridicule pour ne pas devenir franchement odieuse.
Mais c’est surtout le spectaculaire ravalement de Charles Michel en politicien avisé et ayant le sens du bien public qui est, parmi les sujets légers, celui qui est le plus somptueux et déclaré comme tel par les lauréats De Brigode et Darhmouch.
Pour faire joli, la corde qui va servir à nous pendre est en soie naturelle, griffée d’un grand couturier. Une nasse se dissimule parmi les fleurs et les fusées d’artifice. Les premiers à être traités comme les baleines sur un baleinier japonais, les chômeurs, auront un réveillon pénible, sans autre alternative que mendier, faire appel aux parents ou entrer dans la délinquance. Les bijoutiers qui protègent leur bimbeloterie sont prévenus. Le colt 45 est livré sans sommation. Ces voyous de chômeurs tomberont au milieu de la chaussée, deux montres à quartz Seiko et une bague en or « à rétrécir » dans la main desserrée par la mort et la poigne de l’inspecteur.
À part ça, le génie chauve qui préside à nos destinées se gonfle et s’enivre du pouvoir dont il est amoureux depuis qu’il s’acharnait à battre son père au ping-pong. Il est notre plus belle découverte, notre empereur Qin et nous, son armée de terre cuite, enterrée avec lui à jamais, pour le meilleur et pour l’empire.
La Belgique joyeuse des années cinquante renaît, avec les artistes qui s’attachent au peuple comme les moules à un wharf. Faire rigoler gras ne suffisant pas, les grands reporters dont nos régions sont friandes nous les montre intimes.
Les Frères Taloche en famille, François Pirette, sans son ego habituel, servant sa propre soupe aux restos de son grand cœur et le Grand Jojo, Belge, du caleçon à la chaussette tricolore, tout étonné de savoir qu’il n’est pas encore le premier mort de l’année.
Puis, il y a tous les préparatifs, pour que nous nous épations des planches montoises en l’air, comme il y eut celles de Deauville au sol. Mons, une affaire de famille au bout de table de laquelle Élio nous sert ses Côtelettes à l'merdouille.
Dans des laboratoires N-VA-MR du troisième ou du quatrième sous-sol, des spécialistes du marketing bancaire touillent dans des chaudrons le conte de fée des recettes de TVA et de droits d’accise.
Plié en deux aux pitreries des Frères Taloche, renversé de rire aux bigoudis de Pirette, le bon peuple rigolard pourvu de sacs à confetti et de chapeaux pointus, de sa langue râpeuse lape le chaudron du breuvage magique que le serveur chauve à lunettes a apporté. On est fait comme des rats.
Reste la bombe, le clou final, André Lamy dans son imitation d’Albert II, rewrité en Philippe. Précurseur et en même temps futurologue, André Lamy travaille le personnage d’Élisabeth, l’héritière, pour les alentours de 2025. Par patriotisme, la baronne Cordy a décidé de ne pas décéder tout de suite, histoire de prolonger le formidable éclat de rire.
Ah ! nom de dieu de nom de dieu, si j’avais sous la main le connard qui s’est exclamé dans un moment d’enthousiasme pur, Wallon est mon prénom, Belge est mon nom de famille…

30 décembre 2014

Soyons Zemmour !

Il faudra me résoudre à évoquer le cas d’Eric Zemmour.
Ça me gêne à cause de la publicité gratuite qu’on lui fait, sans le chercher vraiment. Son dernier opus « Le suicide français » n’a pas besoin de ça pour s’arracher comme des petits pains. Pour quelqu’un que je n’aime pas, voilà que je m’apprête à le défendre à mon tour.
Natacha Polony a raison avec Voltaire, tellement cité que je n’en dirai pas plus.
Mais comment, tout en lui laissant dire tout et n’importe quoi, argumenter contre ce que balance ce pamphlétaire ? Il a l’oreille des foules. On se bouscule pour entendre ce qu’il dit et pour voir son petit museau mi-apeuré, mi-jovial, se faufiler là où il a une ouverture.
Il y a une différence de traitement pour l’opposition intelligente, celle qui n’est ni pro Zemmour, ni avec les antis. Elle n’a pas de tribune et on ne la perçoit pas ! En gros, Natacha Polony s’en est faite la porte-parole, sans le vouloir. Elle est la seule des opposants qui ait compris, en n’aboyant pas avec la meute.

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Les deux camps sont aussi dangereux l’un que l’autre.
Zemmour nous renvoie à sa propre caricature d’islamophobe, d’homophobe et de misogyne.
Et ses adversaires irréductibles me font souvenir des paroles prophétiques de Kant, que je préfère à celles de Voltaire « Instaurer ou vouloir instituer un tribunal des consciences dans ce monde-ci, et vouloir surtout que ce tribunal rende des sanctions, ou prenne des décisions dans le domaine de la morale, cela constitue le ferment de toutes les formes de despotisme ».
Ce que Kant n’avait pas prévu, c’est l’indéniable percée de la sottise dans l’engouement populaire pour et contre Zemmour. C’est aussi le syllogisme permanent qu’est Zemmour qui balance une vérité, accompagnée aussitôt d’une autre, pour en arriver à la connerie finale du genre « un cheval bon marché est cher », ou bien c’est l’évidence tellement plate qu’on en reste soufflé « Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme, etc. »
Je dirai qu’il faut préserver Zemmour, parce que Zemmour est un symbole de ce qui arrive à la société dans laquelle nous vivons de plus en plus mal. Avec lui, nous atteignons des sommets de perplexité. Il brouille les esprits, parce que naturellement les esprits sont brouillés et n’ont pas besoin de Zemmour pour l’être. Mais en même temps, nous sentons bien que dans le raisonnement de Zemmour, il y a quelque chose qui cloche. L’âme d’airain a une fêlure et sa musique est discordante.
C’est pourquoi il est utile. Il donne à réfléchir. La réflexion aujourd’hui est ce qui manque le plus. Sous le philosophe, après avoir gratté, on trouve le pitre. Alors tout s’éclaire et il nous amuse, après nous avoir inquiétés.
Aussi dangereux sont les cafards en face qui agissent pour que disparaisse le bouffon de Marine, avant qu’il prenne sa place sur le trône, comme si cela pouvait être un jour !
Ils sont plus nuisibles que Zemmour parce qu’ils veulent le faire taire et interdire son business, sous prétexte qu’il pourrait être dangereux pour les esprits faibles. Le comble, c’est que les opposants à Zemmour ont fait tout pour que les esprits restent faibles, afin de les dominer. Ce qu’ils font d’ailleurs. Mais la concurrence les trouble. Ils adoreraient être seuls à balancer aux alentours des contrevérités, aussi pernicieuses que celles du camp d’en face.
Ils sont surtout attachés à détruire toute contradiction qui mène à l’esprit critique, donc à courir le risque de se voir critiquer aussi.
C’est Kant, encore, qui aura le dernier mot « Malheur au législateur qui voudrait établir par la contrainte une constitution à des fins éthiques, car non seulement il ferait ainsi le contraire de cette constitution, mais de plus il saperait sa constitution politique et lui ôterait toute solidité. »
On en a déjà trop fait dans les interdictions – même si les idées sont mauvaises – dans cette société à la dérive. Le législateur en entrant chez les gens et en lisant dans les consciences pour prêcher la « bonne » parole et interdire la séditieuse, est le premier acte terroriste qu’une vraie démocratie aurait à combattre.
Laissons donc Zemmour s’exprimer. Si nous le voyons répandre des idées contraires aux nôtres, combattons-les avec des arguments et non des injures.
Seuls obstacles à la parité, nos idées auront moins de retentissement, donc resteront inaudibles.
C’est là l’appropriation de Zemmour et l’injustice dont il bénéficie.
C’est un tambour qui s’entend de loin, mais ce n’est jamais qu’un tambour.

29 décembre 2014

Le public est effondré…

…l’œuvre aussi.
Arne Seize, après Arne Quinze, a tout vérifié. Le Conseil communal est rassuré. Mons accrochera cinq années l’art moderne autrement que par des sarcasmes et des haussements d’épaule, entre les réverbères du centre ville.
L’art échappe à l’entendement des masses. Le public ne comprendra jamais, et ce depuis Picasso, pourquoi les nez ne sont plus au milieu de la figure. Personne n’a été blessé rue de Nimy, par une écharde, un boulon…. C’est Arne dix-sept qui paie les réparations. Les pompiers rassurent.
Cette forme audacieuse de sculpture ultra moderne, c’est le style échafaudage. Si d’autres planches dans l’enchevêtrement avaient empêché les planches mal arrimées de s’écraser au sol, celles-ci seraient restées en suspension et personne ne s’en serait aperçu. Vu d’en bas, on est au rez-de-chaussée d’une maison sans mur. On s’attend à voir l’urinoir de Duchamp sur le palier du quatrième.
Qui aurait cru les Montois si férus d’art ultramoderne ?
À moins, ce qui est plus vraisemblable, Mon Mons a très bien pu décider tout seul. En effet, le conseil communal socialiste et la section locale ne brillent pas par leurs connaissances dans l’histoire de l’art. Ils en sont restés au figuratif (le singe de la Grand-place). Le beffroi baroque, n’approche même pas Arne Quatorze par le style.
Il n’y a que la gare de Calatrava à l’instar de celle de Liège qui pourrait se comparer. Élio devrait faire gaffe. À Liège, la modernité de la gare est telle, que pour assortir le reste de la ville, il faudrait la raser ! On a fait le nécessaire au quartier des Guillemins. À vue d’œil, ce n’est pas assez.

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Ceux qui se moquent de l’art d’aujourd’hui feraient bien de se méfier. Ils risquent de passer pour des béotiens et au pire pour des imbéciles par les Bobos, les clubs branchés et les échevins de la culture francophones, tous plus ou moins incultes, mais qui se protègent des médisants par une fuite en avant résolument avant-gardiste.
Et puis, ils ne sont pas responsables des chefs-d’œuvre qu’on leur confie. Le chef du parti au pouvoir décide, non sans l’avis des experts, tous plus ou moins à 10 % et en cheville avec des filières d’artistes officiels.
Un artiste officiel, c’est quelqu’un qui vend sa pièce avant de l’avoir ébauchée, qui écrit un livre juste après qu’on lui ait annoncé un concours doté d’un bon prix. Il a le droit de sauter les autres candidats et présenter directement son travail au jury.
Je ne veux pas dire qu’Arne Quinze est sans talent ou qu’il a été pistonné. Il pourrait avoir bénéficié de la volonté de Di Rupo d’être à nouveau premier ministre dans cette législature et qui devait impressionner la Flandre par un grand coup, en demandant à un artiste flamand de créer quelque chose pour Mons 2015.
C’est raté. C’est Charles Michel qui arrache la floche du carrousel. C’est tout juste si Mon Mons n’a pas reçu une planche de l’œuvre, sur le coin de la figure ! Et malgré tout, il doit se farcir le Flamand.
Il paraît que le plancher aérien a été baptisé « The Passenger », Arne n’a pas voulu « Het passagier » qui la fichait mal dans une ville francophone. Vous me direz, on pouvait appeler cela « Le passager », mais c’était trop simple et pas assez chic.
La rue de Nimy pourrait rester fermée en attendant la contre-expertise. Les commerçants commencent à prendre l’art contemporain en grippe.
La Fondation Mons 2015 est sur les dents. L’ouverture de l’année de la culture, c’est pour dans deux jours.
Les discours sont prêts. Il y aura du monde. L’événement sera commenté. Di Rupo a remis une couche de notoriété sur ses mandats.
Il aura droit un jour à sa statue, en face de la gare Calatrava. Qu’on ne demande surtout pas à Arne Quinze l’œuvre représentant le futur citoyen d’honneur. En cas d’effondrement, il risquerait de faire des morts parmi les usagers des transports ferroviaires. Et puis en bon hédoniste, Di Rupo s’aime tellement, qu’il n’a pas envie de ressembler à un puzzle de poutres mal équarries.

28 décembre 2014

Les parfaits, les impurs et les exclus.

Sans recourir à des références de gens connus pour des raisons d’espace dans ce blog, les économistes d’aujourd’hui se divisent en trois catégories distinctes.
La première, la plus classique, la plus conforme à l’empirisme actuel, est celle qui participe au pouvoir économique, gère les livres de compte, conseille les politiques, sinon les suggère.
Nous voyons ses principaux interlocuteurs aux radios et télévisions. Nous lisons leurs chroniques et nos ministres des finances boivent leurs paroles.
Cette catégorie accompagne l’économie mondiale en admiratrice empressée. Son objectif est de mettre en adéquation la rentabilité avec ce qui se fait de meilleur marché, punissant sous forme de crédit à rembourser, les États qui conserveraient une attitude passéiste afin de préserver les valeurs sociales. Ces États, du monde occidental, produisent avec des salaires trop élevés par rapport au salaire mondial de base. Les pays à bas salaires ne prennent pas à charge les dépenses maladies et les dépenses d’inadaptation aux lois du productivisme, comme le chômage. Il est évident, que l’État qui peut puiser dans une réserve de mains d’œuvre à bas coûts et qui n’a pas de lois sociales (ce fut le cas longtemps de la Chine) donne le « la » et induit par son PIB à être approché et imité par les États « dépensiers ».
Les économistes de la deuxième catégorie épinglent les dérives de l’économie mondiale, profondément destructrice. La loi de l’offre et de la demande conduit à l’anéantissement de toute structure à valeur humaine et pousse l’humanité à sa perte. D’énormes réserves, résultant du travail des hommes, sont stockées dans des banques au profit de quelques propriétaires sous formes de devises, chaque jour voit s’accroître ce pactole. Il faut bien qu’il ait été tiré de quelque part. ? C’est le résultat d’un appauvrissement général, ce que les économistes de la première catégorie contestent.

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Les économistes de la deuxième catégorie considèrent que le système économique mondial est amendable et qu’il conviendrait de le réformer par de nouvelles règles freinant les appétits, diluant les concurrences afin qu’elles n’appauvrissent pas les pays « riches », de sorte que la concurrence ne joue pas sur les salaires, puisque par définition, elle les voudrait identiques partout. Il existe évidemment des barrières douanières et toutes sortes de mesures protectionnistes (les États-Unis en cette matière sont les champions), mais aucune règlementation mondiale n’a jusqu’à présent protégé un travailleur de base d’une société évoluée et bénéficiant de lois sociales. Ces économistes, plus vertueux que les premiers souhaiteraient que le nivellement mondial du travail ne se fasse pas par le bas, mais par le haut. Il est évident que naturellement la pratique journalière ne le permettra pas et qu’au contraire, le niveau s’effectue par le bas. Le processus est en marche depuis plus vingt ans déjà. D’où l’urgence que cette deuxième catégorie soit écoutée. Elle ne l’est pas. Bien du contraire, les efforts des États européens endettés pour alléger leur passif vont dans la voie des premiers.
Enfin la troisième catégorie d’économistes est essentiellement composée de ceux qui pensent que le capitalisme mondial n’est pas réformable et qu’il faut le détruire pour construire autre chose. Par rapport aux deux autres, cette catégorie est plus logique, mais elle est utopiste, parce que concrètement irréaliste. C’est le rêve postmarxiste des héritiers du socialisme des premiers temps. Il est fort improbable qu’une même envie de se débarrasser de la chape de plomb d’une économie mondiale oppressive vienne en même temps dans plusieurs grands pays du monde. Il faudrait pour cela que la vérité sur la mondialisation et des horreurs qu’on entrevoit sautent aux yeux de la multitude. Ce n’est pas ainsi que cela fonctionne. Quant à faire « sa » révolution tout seul, les autres États capitalistes n’ont même pas à se donner le mot pour tomber à bras raccourci sur le téméraire.
La Belgique voit le triomphe des économistes de la première catégorie. Tous les pays d’Europe pratiquent la même politique. Est-ce pour autant qu’elle soit la bonne ? On sait ce que valent les certitudes et les risques d’un effondrement. Ceux qui ont analysé les causes de la crise de 2008-2009 n’auraient encore rien vu !

27 décembre 2014

Bonimenteur à la RTBF !

En recevant Didier Reynders ce matin à la RTBF comme un prince, le pressant de jouer les rédacteurs du journal, lui demandant son avis sur des questions d’actualité, les responsables de nos gazetiers francophones jouent un jeu dangereux.
À quel titre ont-ils préféré l’Incomparable à Hedebouw ou Emily Hoyos, par exemple ?
Je n’ai pas souvenir que Mon Mons ait paradé au JT boulevard Reyers !... quoiqu’on l’y ait vu plus souvent qu’à son tour.
Si c’est parce que l’Ucclois est ministre des affaires étrangères, voilà qui est singulier.
Par contre, si c’est par tirage au sort et que mon nom est dans le chapeau avec les quelques millions d’électeurs francophones, je m’incline, tout en me posant la question de la chance folle qu’à ce type, tellement déjà vu partout et à tout propos, de gagner au Loto des Étranges lucarnes.
Une espèce d’omerta, entre les dispensateurs de nouvelles, règne sur l’info pour adouber le gouvernement Michel qui a du mal à passer dans l’opinion.
Fini le gouvernement kamikaze, on préfère la Suédoise ; terminés les retours en arrière d’avant les élections sur les discours de Charles Michel d’une rare violence contre la N-VA et Bart De Wever.
On peut dire que la démonstration est faite de l’opportunisme du MR et de l’empirisme qui a saisi tous les MR « qui en sont ».
Cette visite de l’Important Reynders, l’onctuosité de Julie Morelle, on se serait cru à l’accueil d’un grand hôtel !
On veut bien que c’est Noël, le public en a marre de la Grande Vadrouille et de Didier Reynders en prime time. On ne nous inflige pas Louis de Funès cette année, on aurait pu aller jusqu’au bout de notre bonheur et ne pas nous faire loucher sur cette caricature de politicien sponsorisé par les banques.

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En recevant ce postulant naturel à tout ce qui sent l’argent, la RTBF est descendu au niveau de RTL. Même en la jouant modeste, l’homme cherche à influencer le téléspectateur. Il a le sens de la formule diffamatoire, mais dite de manière à ce que l’on ne puisse pas la lui reprocher, sauf lorsque sa haine de l’autre est trop grande ou que son ambition est contrariée, comme on a pu le voir à l’avènement de Charles Michel.
Il n’a pas l’air d’être méchant. Mieux, chez lui, la méchanceté passe pour une exception, quand il étouffe dans un rôle qui le contrarie. Sa rancune ne désigne-t-elle pas souvent une relation avec la loi ? N’agit-il pas pour le bien de tous ?
L’électeur se méprend ainsi sur les véritables intentions de l’homme. Avec un bon faire-valoir devant lui, il passe pour un grand serviteur de l’État, alors qu’il n’a jamais servi que lui-même.
Il n’est qu’à regarder sa carrière politique pour être rapidement au fait.
Didier Reynders s’excepte de la loi. Une loi produit un certain nombre d’obligations. En s’en soustrayant, par exemple dans son prêche sur l’austérité et la manière de renflouer les caisses de l’État, il prend la tête des réformateurs et des autres citoyens qui eux sont régis par ces obligations, alors que tombent ses indemnités diverses et variées comme une pluie régulière et bienfaisante dans ses affaires.
Il utilise la loi – il n’est pas le seul – au nom d’une universelle nécessité, à seule fin d’enlever aux autres, une partie d’un travail pour protéger le sien dans son intégralité.
Et pas une seule question de la diplômée de journalisme de l’ULB en face qui aurait pu la réconcilier avec le métier qu’elle exerce et retrouver l’estime du téléspectateur !
Par exemple, quelles sont les lois que Michel veut que le roi contresigne avant le premier janvier, au point qu’il a fait revenir toute la famille dans le fameux Falcon qui est en lui-même une catastrophe financière ?
Navrant.

26 décembre 2014

L’escadrille en espadrille.

« Il faut parmi les hommes une vertu aimable » dit Philinte dans le Misanthrope. Les derniers jours de l’an sont à consacrer à la philanthropie, et à la douceur de vivre. Il ne reste plus guère de temps avant le passage à l’an 15.
Le monde est ce qu’il est et le bonimenteur le fait tourner à sa manière. Il transforme l’humain en une machine à faire du cash.
Et la tendresse, bordel ?
Elle profite de l’inattention de la bête politique pour se rappeler que l’homme est bon à tout et qu’il faut saisir le moment opportun pour n’être bon qu’à ce petit rien.
C’est même la seule défense opposable à l’argent. Refuser d’être le meilleur, pour dénoncer le sens ambigu de la morale officielle : la vertu n’est pas d’être un bon gagneur, mais un bon perdant.
C’est pourquoi il est difficile d’apprécier une démocratie qui s’efface devant « les nécessités économiques », et être déclaré « l’heureux » courtier au service de l’industrie et du commerce, une sorte de publicité vivante des entreprises de Belgique.
Où est la part de l’humain dans la promotion de la boutique et des bonnes affaires ?
L’homme sandwiche, qui paraît-il me représente, parle en mon nom et établit la facture de ce que je lui dois pour ce service, alors que je ne lui en demandais pas tant. Il a reçu sa barquette de frites. La dégustation de son repas sur la nappe originale de son veston sera plus longue. Tant mieux, on a tout le temps.
La vertu aimable du jour :
…sera de demander au syndicat socialiste de l’armée, quelle mouche le pique de critiquer le dernier voyage de vacances de la famille royale, en Falcon militaire ?
Un avion n’est pas fait pour rester dans un hangar. Je suppose que les équipages sont formés sur ces appareils et qu’ils doivent avoir quelques centaines d’heures de vol à leur actif.
Didier Reynders et Steven Vandeput utilisent régulièrement le Falcon pour des missions qu’ils s’attribuent, sans que le syndicat y trouve à redire. Est-on bien sûr que ces grands voyageurs font des déplacements indispensables pour la bonne préservation des intérêts de la Belgique à l’étranger ?
Cet avion coûte trop cher pour nos moyens ?
D’accord, alors qu’on le supprime et que tout qui veut voyager achète son billet à Bruxelles National et s’embarque à Zaventem.

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Impossible depuis les frites sur le veston de Michel. La sécurité de nos illustres redevient la priorité. Je suppose que la famille royale en fait partie ? On ne les voit pas faire la file pour la pesée des bagages, passer par le portique de sécurité, tandis que le flic de service mate le cul de la reine, des fois qu’elle aurait un pétard coincé dans son porte-jarretelles !
À défaut du Falcon, il doit faire quoi, Philippe ? Aller à la mer à vélo ? Rester chez lui ?
D’accord, il a de la place, il n’habite pas un mobil home. Alors qu’il appartient à une classe voyageuse parce qu’il en a les moyens, il ne pourrait pas faire comme tous les autres riches, se la couler douce sous les cocotiers ?
C’est avec nos sous ? Et alors, les riches, vous croyez que c’est avec quoi ?
Le bouquet, c’est la demande du syndicat de ne pas trop faire voler le Falcon. Ces engins là, ce n’est pas un chauffe eau de chez Vaillant qu’un « technicien » vient reluquer une fois pas an, juste le temps de vous prendre deux cents euros.
Envisager des destinations moins coûteuses. Toulouse-Blagnac est tout à fait approprié. On voit mal le roi et la reine au Holiday-in de Toulouse, et faire la file au restaurant self-service.
Nos F16 font bien des loopings coûteux dans le ciel de l’Irak et encore, s’ils étaient la cible de l’EI, je ne vous dis pas ce que ça nous coûterait d’indemniser les veuves.
Le syndicat socialiste, devrait aussi réfléchir au coût des munitions et même des mitrailleuses. Si on tirait une balle sur deux, la guerre d’Irak nous reviendrait moins cher.
Mais c’est Noël, d’accord avec Raymonde, il doit encore y avoir un Raymond maladroit dans le syndicat socialiste de l’armée. Il ne lui reste plus qu’à offrir une boîte de Mon Chéri à Laeken.
Évidemment, on est passé à côté de l’information intéressante.
Le roi en montant avec femme et enfants dans le Falcon est en contravention avec la loi et les usages qui veulent que l’héritière du trône voyage dans un autre avion.
Autrement dit, il aurait fallu un deuxième Falcon. Vous voulez voir Laurent et Astrid en alternance sur le trône ou merde ?

25 décembre 2014

Un Galant Cornu.

Voilà un bout de temps que ce blog s’est calé sur la politique et les histoires belges. Les années précédentes, il y avait alternance avec les événements français et européens traitant de l’économie, de la politique et parfois du fait-divers, pour faire court. Plus avant dans le passé, il abordait l’histoire et la philosophie.
Bref, le touche-à-tout s’est mué en observateur spécialiste du pisse-pot de l’Europe. Le gouvernement Di Rupo n’était pas triste, et en plus du génie montois, il y avait une belle collection de hâbleurs et de coincés du fion à faire pâlir Harpo et Groucho dans un sketch des frères Marx. Voilà que Charly-la-frite débarque et ses marionnettes de l’info belge sont aussi drôles que les précédentes personnalités.
Malgré le drame belge que chaque citoyen lucide doit vivre assez mal, ce blog devrait revenir à un meilleur équilibre dans le courant de l’année prochaine. Cependant, on peut difficilement parler d’un autre pays dans l’état de délabrement de celui-ci. Ce serait laisser la bride sur le cou à des gens qui dans une semaine auront perpétré l’acte le plus ignoble que Di Rupo a amorcé et que Charles Michel s’empresse d’accomplir : la liquidation de quelques 35.000 chômeurs du droit au chômage, étant entendu que les autorités n’en resteront pas là.
C’est « près de chez vous » que ça se passe aujourd’hui.
Le drame du chemin de fer !
La ministre de la Mobilité Jacqueline Galant (bonnet E raison pour laquelle j’ai pour elle de l’admiration) a l’intention de sortir des squelettes du placard de la SNCB. Elle ira jusqu’au fond de l’armoire exhumer les os blanchis.
Un qui n’en mène pas large, c’est Didier Reynders qui se souvient d’avoir débuté grâce à Jean Gol dans la carrière fructueuse de grands commis de l’État, en qualité de chef des chefs de gare, il y a de cela un quart de siècle. Les squelettes de cette époque doivent être en poussière. Néanmoins, cet homme doit sa longévité dans la carrière libérale à la langue de bois qu’un licencié en droit manie en expert, mais aussi à l’extrême précaution qu’il prend d’effacer ses traces comme le sioux sur le sentier de la guerre.
Ce n’est pas anodin que Didjé place un certain Henin, son chef de cabinet depuis des temps immémoriaux, au poste de directeur général des finances (CFO), suivi par le conseil d'administration de la SNCB.
Bonnet E aura ainsi toutes les difficultés du monde à ouvrir les placards des années 80-90.
Avec Jo Cornu, ponte à la SNCB par la grâce des dieux qui nous gouvernent, c’est la chasse aux gaspis. Et comme on est dans les chemins de fer, ceux qui vont trinquer, ce sont évidemment les lampistes.
Bonnet E, avec le CEO Cornu, veux rendre la fierté aux travailleurs, a-t-elle dit dépassant sur l’estrade le dénommé Cornu d’une poitrine. Pour être honnête, elle aurait dû ajouter « …enfin, les travailleurs qui resteront ».
On a compris, quand galant s’écrie "Tout le monde doit concourir au même objectif", elle pensait évidemment à l’ouverture des marchés au rail, avec tous les bradages juteux que l’État sous prétexte d’économie, va pouvoir réaliser avec MM. des banques.

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Pour ce qui est de rendre la SNCB performante, les usagers demandent simplement que les trains arrivent et partent à l’heure. Ce qui est rarement le cas.
Depuis Reynders, des dizaines de filiales de l'entreprise ferroviaire siphonnent les caisses. Il paraît que certaines d’entre elles ne servent à rien, sinon à nourrir quelques braves préretraités des partis politiques. Reynders a failli en être. À la mort de son placeur (Jean Gol) la dispute demeurée dans les esprits entre le successeur désigné, Louis Michel, et l’ange des gares, a failli tourner à l’implantation définitive de Reynders dans les méandres ferroviaires.
Galant prévient la cantonade « Un groupe de travail de haut niveau aura pour mission d'aller en profondeur au sein des structures de la SNCB. Depuis que j'ai pris mes fonctions en octobre, des cadavres sortent du placard tous les jours. C'est une catastrophe ».
À la suite de ce discours tout le MR s’est regardé en souriant « le groupe de travail de haut niveau » ne peut appartenir qu’à la famille.
Ce n’est plus si grave, c’est un peu Corleone nommant ses neveux à la contrebande des cigarettes.
Le Conseil d'Etat a décidé, de son côté, la suspension de l'attribution du marché portant sur une partie du "Masterplan ETCS", vous savez ces patins qui contrôleront la vitesse des trains à partir de 2022, l'attribution du marché par Infrabel à la société momentanée Siemens-Fabricom étant entachée d'illégalités.
En attendant que madame Galant reste telle qu’elle est. Je l’adore, quand elle se cambre dans sa dignité outragée.

24 décembre 2014

Stéphanie giflée…

…l’absence de douleur m’égare !
Le sujet est d’une telle minceur qu’on a peine à croire qu’il fait la Une du Soir : «Emmanuel Deroubaix gifle une réalisatrice de la RTBF ».
On nous raconte la chose façon « veillée de Noël », avec noms et circonstances. Stéphanie De Smedt, journaliste-réalisatrice pour la RTBF a déposé plainte contre Emmanuel Deroubaix, attaché de presse d’artistes (Johnny Hallyday, Gad Elmaleh ou Franck Dubosc) et conseiller communal à Woluwe-Saint-Lambert.
Ça s’est passé en dix secondes et voilà des jours qu’on en parle.
Steph d’RTBF attend le Thalys. Emmanuel survient. Ils se connaissent. Steph a tracé le portrait au caca fumant de Deroubaix dans « Tout ça ne nous rendra pas le Congo », il y a belle lurette. La sémillante croit que l’autre tumesce à la vue de sa talentueuse personne. Elle s’approche, tend la joue pour le bisou entre artistes. Emmanuel lui claque le beignet au douloureux souvenir.
Voilà à quoi les tribunaux vont devoir utiliser l’éclairage et le chauffage d’un bureau, deux hommes de loi, un temps fou dans un prétoire et l’attention des peoples.
La presse garde ses derniers lecteurs, justement par des histoires pareilles.

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On engagerait des journalistes sérieux sur des articles politiques et économiques, il y aurait une avalanche de désabonnements. Notre propre sort ne nous intéresse plus.
Quand dans le fait-divers, une émulation fait tendance : Au cri ‘Allahu Akbar' (Dieu est le plus grand en arabe), un fana-branque fonce dans la foule à Dijon avec sa caisse et blesse onze personnes, un autre entre dans un commissariat, blesse un flic et se fait descendre par un autre, au-delà de l’annonce et du sensationnel, on ne voit plus personne.
Ça ne vaut qu’au niveau du spectaculaire.
Enflammés par l’esprit religieux ou devenu barge dans une société absurde, de plus en plus de personnes marginalisées virent d’insurgés à violents. C’est une vision moins soft de la société, tout qui habite les villes de France ou de Belgique, en pourrait dire dix fois plus que ceux qui sont chargés de tout savoir pour nous l’imprimer.
Quand on est majordome chez les riches, la règle est de fermer sa gueule.
Au poison de la religion naturellement nourri par la connerie générale, nos politiques ajoutent le venin de la misère qu’ils injectent à dose massive dans la population. Il y aura sans doute parmi les 35.000 chômeurs radiés en janvier, quelques âmes hardies qui plutôt que déchoir dans la rue à mendier leur pain, préféreront le risque de la prison et essayeront de survivre par le vol et la délinquance.
Je ne sais pas ce que je ferais si j’étais comme eux brutalement privé de ressources ? Probablement, ne pouvant pas supporter la trop grande pauvreté, finirais-je par des expédients et des délits.
Est-ce raisonnable de fournir par des lois insupportables des contingents entiers venant grossir les rangs déjà bien fournis des fous de dieu et des crapules naturelles ?
C’est ce qui manque le plus chez nos mirliflores du gouvernement, l’empathie qui met tout homme dans la peau d’un autre, pour comprendre, avant de juger.
Et comment nos petits génies le pourrait-il tant leur vision passe bien trop au-dessus de nos têtes pour s’apercevoir de notre existence même.
On ne sait pas si Stéphanie De Smedt est remise de son émotion et si Deroubaix est sur le point de plaider ou non l’entraînement irrésistible d’une joue à gifler qu’on lui tend volontairement.
À vrai dire, on s’en fout complètement.
Personnellement, si Charles Michel me tendait une joue, j’ignore tout à fait qu’elle serait ma réaction ?

23 décembre 2014

Charles Michel a la frite.

Avant Zemmour programmé pour le 13 janvier au cercle de Wallonie à Liège, Charles Michel devait s’exhiber au même bidule, mais à Namur. Il se devait au moins d’égaler le Français dans son discours. On sait que Charles a du mal à être éloquent. Heureusement qu’il a changé de métier !
Il a été accueilli à la frite ketchup par deux LilithS !
La salle très « Belgique attitude », outrée naturellement par atavisme héréditaire, n’eut aucun effort pour l’être devant Charles dégoulinant de sauce et gardant à la british, le sourire des gens qui ne veulent pas montrer que leur égo prend un sale coup !
Après les attentats pâtissiers de Noël Godin, voilà les enfritages! Les pétroleuses ont été chaudement félicitées par le maître de l’entartage. Godin avait sélectionné une série de pompeux personnages, tous entartés, aux cris de « gloup gloup ». C’était drôle et mérité. Une sorte de petite vengeance du peuple qui n’a jamais la parole et qui doit se taper les faits et gestes de ces prétentieux personnages qui nous dirigent (mal).
Les LilithS sortent des enfantillages des tartes à la crème à la Laurel et Hardy pour promouvoir une activité bien de chez nous « la frite » dans un cercle de m'as-tu-vu ? qui n’en consomment probablement jamais, parce que trop populaire.
Elles ont également laissé un communiqué que la presse aux ordres n’a pas reproduit, préférant couronner l’article relatant le fritage de notre glorieux en chef, par un titre sinistre « recrudescence des attentats meurtriers », espérant ainsi que les lecteurs feront l’amalgame des assassins de l’EI avec ses dissidentes Femens, rebaptisées LilithS par elles-mêmes, à la suite d’un différent.
"Le modèle social est détruit au nom d'une compétitivité absurde qui laisse le bien-être de la population à la porte des ministères. Au peuple belge on ne laisse que les frites sauce austérité. C'est pourquoi nous jetons à leur visage le symbole d'une Belgique qu'ils démantèlent" disent ces belles outragées.
C’est plus violent que le jet de vêtements de Raymonde et pourtant la mare aux grenouilles croassera autrement que pour celle qui ne faisait que son boulot. Avoir l’opinion avec soi, c’est mieux que de se faire siffler, mais cela reste un mystère. En principe, celui qui est sur l’estrade à l’avantage sur les concurrents, c’est moins évident quand il est aspergé de sauce avec frites.
Il suffirait que les internautes s’emparent de l’image et la diffuse pour que le Charles devienne ringard et ridicule. Ce qu’il n’aurait pas volé.
Tout arrive !

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M. Michel a ensuite poursuivi sa bafouille après s'être changé, sous les applaudissements on ne peut plus nourris d’une assistance qui n’a de respect que pour les gens qui ne sont pas respectables. Entre commerçants enrichis et politiciens de père en fils, il y a des atomes crochus. L’appartenance de classe, c’est ça.
Un porte-parole d’un système qui a oublié que le peuple est souverain, devait d’être salué par les gens de la rue qui se nourrissent de frites-mayonnaise.
C’est fait.
Mais cette petite plaisanterie en dit plus long qu’il n’y paraît sur un pouvoir qui veut se refaire sur le dos des gens, sans se préoccuper de ceux qui tombent dans le ruisseau à cause de lui.
On voit bien que le fils Michel n’est pas rousseauiste. Il n’en a même rien à foutre. Il croit en un état minimum, comme Locke. Il est, par conséquent, au même titre que Bart De Wever, installé au pouvoir pour détruire l’État social. C’est le rêve des patrons, d’où le succès de ce libéral. Mais les patrons devraient réfléchir qu’à soutenir un pareil homme, ils s’exposent à tout perdre en voulant trop garder.
Les philosophes qui se sont penchés sur la question sociale savent bien qu’en ne limitant pas les appétits de ceux qui détiennent le pouvoir, celui-ci risque de changer de mains.
La scène politique belge est histrionique. L’histrion que les LilithS ont frité, l’est particulièrement, applaudi par sa claque, sifflé par le reste du public.
Il se pourrait que par son échec probable, il entraîne tout le mouvement libéral par le fond.
Le test de l’indexation ou non des salaires, même si ce n’est pas la plus terrible des ponctions dans les poches des travailleurs (c’est la TVA), est devenu au fil du temps le symbole de la résistance aux ukases de Michel et de sa clique.
On va bien voir qui aura raison.
Qu’il reste ou qu’il dégage, Michel a déjà cristallisé toute l’opposition contre lui. Il est devenu en un mois, plus impopulaire que son père… c’est dire !

22 décembre 2014

Un touche-pipi au top !

– Jean-Charles passe-moi le code.
– Tiens, chouquet.
–Pas le gode… le code, abruti !
Ça repart sec pour Luperto, le président du parlement wallon démissionnaire soupçonné d’avoir déballé sa zézette sur l’aire de repos d’autoroute à Spy. Les adeptes de la malle arrière s’y échangent les bonnes adresses et même y déballent leur boutique.
Jusque là rien que du transactionnel de l’offre et de la demande. On y relance ses petites affaires. C’est bon pour le commerce, non ?
Chaque bosquet sert d’étalage et est bien achalandé.
Le routard qui pensait régaler sa famille d’une frite boulet sauce lapin au resto-halte de l’autoroute tombe parfois sur des sans-gêne à fesses découvertes. Le lapin a fichu le camp. Reste plus que la sauce… Pourvu que la gamine qui tue le temps sur son portable, ne pige rien à la version Debussy, de l’après-midi d’un phone. Sinon, il y a outrage.
Le décor est planté. Reste à passer la Porte étroite, dont s’émerveillait André Gide.

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Les vertueux de la grande presse nationale nous en ont mis plein la vue avec leur pseudo connaissance du Code Pénal. Vous dites à un plouc, « ouais, mec, t’as le 385 du code au cul (vous ne croyez pas si bien dire). Or, personne ne va voir et surtout d’après la courte, mais juste description de la scène « du crime », si avec le 385, le présumé innocent n’encourt pas d’autres accusations, tellement gravissimes et lourdes qu’on se demande si ce ne serait pas le moment de s’apercevoir que le code date de 1905 !
Qu’on en juge à la lecture des articles du Code, en commençant par le 385. du chapitre VI. – De la corruption de la jeunesse et de la prostitution [Loi 26-05-1914, art. 4]
Art. 385. Quiconque aura publiquement outragé les mœurs par des actions qui blessent la pudeur, sera puni d’un emprisonnement de huit jours à un an et d’une amende de vingt-six francs à cinq cents francs.
(Si l’outrage a été commis en présence d’un mineur âgé de moins de seize ans accomplis, la peine sera d’un emprisonnement d’un mois à trois ans et d’une amende de cent francs à mille francs.) [L 2000-11-28/35, art. 23, 029; En vigueur : 27-03-2001]
L’outrage est laissé à l’appréciation du juge. Autrement dit, malheur à Madame Arthur si elle tombe sur un magistrat qui vient de pincer sa compagne en galante compagnie et qui développe un ulcère de jalousie, depuis !
Mais le pauvre Luperto n’en aurait pas fini avec Thémis pour « absence de feux à l’arrière », si certains des éphèbes fréquentant Spy et la Nationale avaient un âge critique (en-dessous de 18 ans).
C’est le fameux 379, terreur des pédophiles.
Art. 379. (Voir NOTE sous TITRE) [L 1995-04-13/32, art. 2, 014; En vigueur : 05-05-1995] Quiconque aura attenté aux mœurs en excitant, favorisant ou facilitant, pour satisfaire les passions d’autrui, la débauche, la corruption ou la [prostitution] d’un mineur de l’un ou de l’autre sexe, sera puni de réclusion (de cinq ans à dix ans) et d’une amende de cinq cents francs à vingt-cinq mille francs. [L 2000-11-28/35, art. 13, 029; En vigueur : 27-03-2001]
Il sera puni (de la réclusion) de dix ans à quinze ans et d’une amende de cinq cents francs à cinquante mille francs si le mineur n’a pas atteint l’âge de seize ans accomplis. [L 2000-11-28/35, art. 13, 029; En vigueur : 27-03-2001]
(La peine sera de la réclusion de quinze ans à vingt ans et d’une amende de mille francs à cent mille francs, si le mineur n’a pas atteint l’âge de quatorze ans accomplis.) [L 2000-11-28/35, art. 13, 029; En vigueur : 27-03-2001]
On sait comment s’emballe les choses et comme parfois vérifier à la lampe de poche l’âge de l’impétrant pénétré, fait retomber la pression.
J’arrête la nomenclature des joyeusetés du Code. (Le 380, augmenté du 380bis, ter, quater et quinquies, n’est pas mal non plus). Mais il est si long et il dénonce à peu près tout ce qui dérange la chaisière de Saint-Sulpice, que je me garderai dorénavant de jeter au passage d’une jolie femme, un regard concupiscent, sans lui demander son âge par la même occasion!
Je me suis toujours demandé pourquoi Kroll et Plantu n’ont pas encore illustré les Articles de cette partie haute en couleur du Code ?
Le comble, c’est que Luperto condamné et déchu de ses mandats de parlementaires, ne pourrait même pas tenir la buvette du football club de Mons, étant entendu qu’un condamné pour faits de mœurs n’a pas le droit de tenir un débit de boissons.
– Qu’est-ce que tu lis ?
– Justine ou les malheurs de la vertu ;
– C’est moral un titre pareil. C’est bien…
– Je pourrai lire le suivant ?
– S’il est aussi convenable... C’est quoi ?
– Juliette ou les prospérités du vice.
– C’est la dernière fois qu’on s’arrête à Spy !... Non mais…

21 décembre 2014

Un prêtre malheureux !

C’est la ruée ! Les magasins sont remplis d’acheteurs compulsifs. La crainte de passer à côté de la dernière bûche de Noël, fait lever des foules à des heures indues, alors qu’elles ne sont pas astreintes à l’horloge pointeuse ce jour là.
Il règne un faux/vrai climat de prospérité.
Les gérants des magasins espèrent se refaire sur les deux veillées de Noël et Nouvel An. Les factures s’entassent, les grands patrons s’impatientent. Une semaine après ses jets de fringues, le spectre de Raymonde pourrit toujours la petite communauté bourgeoise autour de Borsus. La minuscule gérante namuroise reprend des couleurs. Elle espère un mot gentil de Sabine Laruelle passée de l’autre côté du miroir.
Les gens défoncent leur tirelire, même les chômeurs à qui Charles Michel retirera le pain de la bouche au mois de janvier – ils seront 30.364 en Wallonie. Les malheureux condamnés au pain sec et à l’eau se disent « on a encore une semaine avant de se clochardiser ». En sept jours des choses peuvent se passer… que le chauve en vacances devienne bardache à la suite d’une rencontre émouvante avec Georges Clooney, que Didjé d’Uccle craque et dise sa passion pour Liesbeth Homans et prenne sa carte à la N-VA, que Borsus soit engagé au Théâtre des Galeries pour un rôle où il n’aura qu’à rouler des yeux, que Bacquelaine, d’encaisser 24 € 48 par logette de petit vieux de la caserne-mouroir des Anges à prescrire des anxiolytiques, se fasse coudre sur le ventre, une mallette d’encaisseur, bref, toutes joyeusetés imprévisibles, propres à tuer l’angoisse.
On sait bien que rien n’arrivera, mais on espère quand même. Les salauds ont la vie dure !
Aux caisses, on n’a pas le temps de faire de la politique autre que celle des chiffres. Une panne a touché Worldline, le réseau de paiement électronique Bancontact, samedi en matinée. Des mémères étaient au bord du suicide : le bout de carton dans la fente et pas le moindre billet de cinquante !...
Le cash !... y a plus de cash, hurlaient des acheteuses en rade, les soutifs gonflés de sanglots. Ah ! on est beau, l’économie paralysée, Poutine à Bruxelles, l’EI enlevant notre jeunesse avenue Louise, Laurette Onkelinx rompant une lance contre une des boules de l’Atomium, Marghem en soirée avec une jupe trop courte pour des mi-bas qui montrent des genoux blancs et grassouillets ! La fin du monde… quoi !
Heureusement, ce n’était ni les Rouges, ni les Noirs, mais le caissier Vaucansson qui suivait pas aux fortes commandes. Enfin, un capitalisme saturé qui crève la gueule ouverte, sans que Raymonde le pousse dans l’escalier : mort naturelle ! Le Calidifontains à 24 € 48 confirme… la victoire de la pègre. Hélas !... durée de la panique une heure et quart, la fin du monde postposée.

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Un qui l’avait sévère, c’était Karel Van Eetvelt patron de l’union des indépendants flamands, « inacceptable, les magasins victimes… ». Kroutchev ne serait pas mort ?
On se rend compte qu’il tient à pas grand-chose, le système.
Goblet est un joli coco et Bodson avec lui qui ne parviennent pas à faire à Karel, ce que la panne lui a fait sortir des tripes, même en mettant trente mille personnes dans la rue !
C’est ainsi qu’on s’est rendu compte de la fragilité du bourgeoisisme de Bart à Élio. Avant, on courait après des pièces d’or, aujourd’hui, on court après des bouts de carton qu’on met dans des machines desquelles sortent des papiers. Tout devient fictif. Si ça se trouve, on n’a déjà plus Charles Michel et Béatrice Delvaux qui n’en sait rien !
On n’aura peut-être plus de livres papier dans cinquante ans ! Tant mieux, plus personne ne lit. On attend un manifeste des cons qui ne lisent pas, pour garder la technique uniquement du papier cornet à frites.
Dans les files, on se donne des coups de coude pour gagner une place.
Les gens s’en foutent sur la Grand-Place en liesse. Si ça se trouve, dans les acheteurs compulsifs, celui qui fait Père Noël sera radié en janvier, avec les 4.694 exclus du chômage bruxellois
La meilleure solution, celle qui rapporte plus et qui fout dans la merde les plus misérables sans que cela se voie et se sache : augmenter la TVA !
Euréka ! Charles est sorti d’une bonne école pour avoir trouvé ça ! Ce n’est pas un « technique niveau inférieur » qui aurait cette fine intuition.
Le vol de nuit pour Chipoti-Chipota, l’île de l’archipel des Fortunées « Jefke à Zaventem », le chauve de génie est en partance. .
En cette Belgique fofolle, insouciante et profondément frivole, un seul au chemin de croix, suffoquant à chaque station « Jésus pourquoi tu m’as fait ça ? », Monseigneur Léonard, complètement ravagé de n’être pas promu cardinal.
Finir sous-chef de gare, c’est un drôle de Réveillon pour un homme d’église comme lui… Jean-Paul l’avait déjà à l’œil, Benoît XVI n’aurait pas dit non! Pas de veine, il est à la retraite abîmé dans les souffrances pour racheter celle des autres, tellement absorbé qu’il a oublié Léonard ! Avec le Jésuite François, l’archevêque peut juste faire Saint-Nicolas chez Brooze. La honte !
Il en faut toujours un pour gâcher la joie. Cette fois c’est un curé ! Au Vatican on se méfie. S’il engageait Raymonde pour aller foutre le bordel dans la sacristie du jésuite ?

20 décembre 2014

Une dictature comme les autres.

S’il y a bien une chose incompréhensible, c’est l’inadéquation entre les désirs de la population qui devraient se concrétiser dans le choix des électeurs et le personnel politique choisi.
Aucun homme politique n’aurait été élu, chez les libéraux, avec un programme sur le saut d’index, la retraite postposée et la préretraite, les restrictions aux allocataires sociaux, l’alliance avec la N-VA, etc. Charles Michel l’a bien compris qui s’est fait élire sur la détestation de la N-VA et qui est resté dans le flou sur les efforts des électeurs pour 2015.
De même, faire une campagne électorale au PS avec les mesures prises par Di Rupo concernant le chômage, aurait conduit à un désastre aux élections.
Si ce qui se passe n’est pas de la malhonnêteté intellectuelle, je me demande ce que c’est !
Si encore, ces hommes de parti une fois au pouvoir s’étaient expliqués, voire avaient présenté des excuses, on aurait pu comprendre la démarche.
Le moindre observateur se serait au moins interrogé sur la capacité d’analyser la situation de l’homme dont il a aidé l’installation, par sa voix.
Ne vaut-il pas mieux passer pour un naïf que pour un voyou ?
À ces constatations, on voit les limites du suffrage universel et la transmission des pouvoirs du peuple pour une longue période à des gens qui se croient autorisés de suivre une autre politique que celle qui les a fait élire.
Le comble, c’est la même situation devant laquelle se retrouverait l’opposition si elle était au pouvoir, puisqu’elle s’est accordée avec la majorité sur le système. L’économie vue par le FMI et le CAC 40 semble être la seule feuille de route pour tout le monde.
C’est ce que pense l'alliance de plusieurs mouvements qui a perturbé avec plus d’un millier de manifestants le sommet européen qui s'est terminé jeudi.
La technique d’attrape-nigauds des campagnes électorales belges semble être de la même farine dans tous les pays d’Europe affiliés à l’UE.
L’Union Européenne apprendrait-elle à nos techniciens du verbe, l’art de combiner la parole doucereuse et l’action douloureuse ?
Les conclusions du conseil sont formelles : il faut accentuer l'austérité et terminer les négociations du TTIP (traité de libre-échange transatlantique) en 2015 !
Les électeurs avec une large majorité dans tous les partis (même ceux de la N-VA) n’ont pas voté pour un pareil programme.
Il existe des alternatives, d’autres équilibres économiques, d’autres sources de financement de la dette publique que le duo Charles Michel-Bart De Wever suit à la lettre. Mais nos têtes de gondole n’osent pas les évoquer, même pas l’opposition !
C’est invraisemblable une situation pareille !
Ces gens essaient de nous convaincre d’une chose avant les élections, pour nous faire avaler une autre, dès qu’ils sont élus !

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Ils ne tiennent pas un langage de vérité avant, parce qu’ils craignent qu’un concurrent mange le morceau et rafle la mise. Plus simplement, nous prennent-ils pour des imbéciles ?
Je veux bien que l’on puisse chipoter sur un programme et qu’il ne soit jamais accompli à 100 %, mais c’est autre chose de proposer un programme et de faire le contraire !
Pourquoi ne pas dire " En vérité, mes chers compatriotes, nous ne sommes plus que des courroies de transmission pour appliquer un programme fixé dans le cadre européen : une austérité sans exemple, pour les plus pauvres."
On n’a jamais vu autant de mauvaises fois réunies par un système que l’on porte toujours au pinacle des droits de l’homme et qui s’appelle la démocratie et dont on dit qu’il est le meilleur au monde… et tromper aussi hardiment autant de gens !
L’étonnant, c’est qu’on s’étonne du désintérêt général pour l’Europe, les partis, la chose publique, les élections, enfin tout ce qui a trait au vivre ensemble !
Et si on commençait à se poser des questions sur les noms divers dont s’affublent les dictatures ? Par exemple, le plus en vogue actuellement, ne serait-ce pas la démocratie ?
La démocratie, une dictature comme les autres ?
Dommage que l’on ne puisse pas demander l’avis d’Aristote.

19 décembre 2014

La bonne cause.

Faire l’état des lieux du parti socialiste belge n’est possible qu’en passant par l’histoire des mouvements politiques de Belgique de 1880 à nos jours. Il n’est pas nécessaire d’être passionné d’histoire, ni expert, mais une lecture ou relecture est indispensable, si l’on veut, comme Philippe Engels (n° 921 de Marianne) écrire sur « Le naufrage des socialistes belges ».
Sans quoi, on débute par la fin probable : le délitement du parti par la corruption de ses élites. Ce qui n’est pas tout à fait exact, tant le « naufrage » n’est encore qu’un « déclin ».
La raison profonde de ce déclin, Philippe Engels ne l’a pas perçue, parce qu’il est loin d’imaginer ce qu’était le PS à ses débuts, lorsqu’il était encore le POB (Parti Ouvrier Belge). Comment faire comprendre aujourd’hui aux jeunes générations, l’espoir énorme qu’il a suscité ? Alors, les méthodes employées par ses chefs étaient largement acceptées par les militants et les sympathisants, dans la véritable guerre sociale des travailleurs, contre un pouvoir libéralo-chrétien et un patronat aux manières brutales.
Les industriels avaient pour eux des lois violentes et iniques. La résistance ouvrière était l’œuvre de clandestins. Les militants, peu à peu sortis de cette période noire par la reconnaissance du socialisme des autorités, avaient été obligés de se défendre du vol par le vol, de la brutalité par la brutalité et de la défense des grands emplois d’État par la prise d’assaut de ceux-ci, d’abord dans les communes, puis jusqu’au Parlement. C’étaient les années 20. Tous les protagonistes du drame social sont morts depuis longtemps.
Mais, cette guerre dans laquelle les scrupules et la morale étaient remises à plus tard, c’était pour la bonne cause.
Il faut pouvoir reconstituer les assemblées socialistes jusque dans les années 50-60, pour avoir une petite idée du dévouement des gens pour le « parti ». Ce nom était sacré, c’était comme parler de sa famille, l’amour que l’on doit à sa mère.
Si même dans l’entre-deux guerres des appétits particuliers et des plans de carrière ont commencé leur travail de sape des consciences et des devoirs, l’ensemble de la classe politique socialiste ne s’enrichissait pas et pouvait aller jusqu’au sacrifice de sa propre situation pour se consacrer au Parti.
Philippe Engels, fragile écolo, navigant entre désir d’exercer le métier de journaliste dans lequel on ne fait pas fortune et un parti politique qui passe pour ne pas proposer des emplois lucratifs à ses dirigeants, ne peut imaginer ce que cela signifiait être socialiste en ces temps lointains.
Tous les militants espéraient pouvoir arracher des mains indignes des lambeaux de leur sort misérable pour les gérer dans la dignité. C’était cela la bonne cause et pour l’atteindre, que cela soit par le suffrage récemment universel ou la force du nombre de la rue, renverser le despotisme était l’objectif à atteindre par tous les moyens.
Puis vinrent les congés payés, les 45 heures, le repos du samedi. Des élections censitaires on était passé au suffrage universel, les hommes d’abord, puis tout qui était en âge d’aller voter, sans distinction de sexe.
Les mœurs changèrent. Beaucoup de socialistes semi-clandestins, puis reconnus, promirent sans encore l’oser pouvoir dire dans les corons, qu’ils amélioreraient plus rapidement encore le sort de leurs camarades, alors qu’ils ne pensaient déjà plus qu’au leur.
C’était toujours pour la bonne cause et les lendemains qui chantent.
Rideau.

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C’est ici que l’article de Philippe Engels prend du sens.
Les dirigeants du parti socialiste ont renoncé à réformer fondamentalement le système économique. Ils s’y trouvent bien, y font de bonnes affaires, perçoivent des traitements au même titre que ceux dont ils combattaient naguère les pratiques, etc.
Ils ont gardé les réflexes de « la bonne cause » sauf qu’elle est passée de collective à personnelle. Certains, suivant le mode d’enrichissement par tous les moyens que génère l’économie, s’en mettent plein les poches.
Ils ne sont pas les seuls, les autres partis en font autant.
Le PS compte sur son passage dans l’opposition pour se dédouaner de la « trahison » et retrouver un peu des couleurs « pour la bonne cause ». Di Rupo compte ainsi faire oublier sa politique libérale de la législature précédente.
Reste qu’il n’y en a pas moins rupture. Plus la crise fait mal, plus les travailleurs seront furieux de la métamorphose du PS.
Philippe Engels – avec un nom pareil – ne peut pas leur donner tort.

18 décembre 2014

The Devil Wears Prada (1)

En voilà une d’affaire, après celle de Raymonde, qu’aiment particulièrement les culs ronds pour chaises Louis XVI !
« Laurette Onkelinx a jeté le trouble ce matin en indiquant que les dirigeants de la FGTB n’étaient pas membres du bureau du parti ! »
– Mon dieu ! Est-ce grave docteur ?
– Il faudrait voir un spécialiste.
Bien entendu, Laurette Onkelinx a menti. Elle ment quand elle soupire, c’est pire quand elle respire…
Elle est diablement au courant, depuis l’ascension de son père, que pour atteindre un certain niveau dans la hiérarchie syndicale, il faut être nécessairement membre du parti. Et alors, en externe qu’est-ce que ça change ? Rien. Même si en interne, c’est assez troublant que la frange anarcho-syndicaliste ou extrême-gauchiste ne puisse jamais obtenir des galons, place Saint-Paul et ailleurs.
Messieurs des banques et de la politique réunis devraient être heureux de cette barrière peu démocratique qui laisse à la manœuvre une social-démocratie entichée du capitalisme, amoureuse de la vie bourgeoise et tendrement accouplée au vice de l’argent triomphant !
Qu’arriverait-il à leurs douillettes existences si, dans une période qui voit foirer l’économie, d’authentiques représentants de gauche poussaient à la révolte des citoyens que l’on abrutit de travail, de taxes injustes et de restrictions arbitraires ?
Pour une fois Messieurs de la prébende légale auraient mieux fait de ne pas contester, et laisser croire aux badauds que Laurette Onkelinx avait dit vrai.
Le terrible dans cela ; les gens sans mémoire qui lisent les journaux et qui « découvrent » une situation quasiment centenaire, lancée dès 1922 par un PS anticapitaliste et pour lequel il allait de soi que les membres influents du syndicat soient anticapitalistes.
En 2014, le PS, même dans l’opposition, est pour le système, comme Michel, Gérard Deprez et Reynders… et les chefs de la FGTB.
C’est même gravissime, dans une situation de crise aigüe sur les structures même d’un système économique qui révèle sa monstrueuse nature et son improbable avenir.
En somme, Onkelinx a commis un mensonge pieux, espérant que sa connivence avec le beau monde ferait passer la pilule et que « l’élite » fermerait sa grande gueule, la brave Raymonde servant de repoussoir pour tout le monde.

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La gentry et son semblable, le voyou bobo de banlieue, se braquent sur le saut d’index. Les amoureux du système sont divisés. Les socialistes veulent supprimer le saut, les libéraux y tiennent. On est suspendu aux lèvres de Bart De Wever. S’il donne le feu vert à Michel, tout le monde s’embrasse. Laurette fait le grand écart sur une table de brasserie. Le premier ministre, en héros du jour, peut faire son ping-pong dominical chez papa.
De Wever et accessoirement son faire valoir, Charles Michel, devraient faire un geste qui ne leur coûterait rien, puisque dans la lancée de cette ouverture aux « amis » de gauche, la droite passerait en douce, d’autres manières de fouiller les poches des malheureux, comme de foutre sur la paille 30.000 jeunes chômeurs et démolir le système des prépensions qui évitaient aux sans travail des plus de 54 ans, le pain amer du chômage ! Quant à étrangler les vieux, avec les pensions les plus basses d’Europe, c’est fait !
Mais sont-ils malins ?
On en doute. À force d’avoir travaillé les esprits de leurs électeurs par des fumisteries répétées, Charles Michel et ses deuxièmes couteaux ne peuvent faire machine arrière, sur ce qu’il est convenu d’appeler leur bataille d’Hernani.
Le Belge moyen, par nature bouché à l’émeri, éprouve d’énormes difficultés à récuser une idée qu’on lui a fondue dans la tête comme dans le creuset d’une linotype. Il ne comprendrait pas qu’abandonner l’index à Goblet, les socialistes n’embêteraient plus leurs homologues sur des réformes pour lesquelles ils sont d’accord sans l’oser pouvoir dire, rapport à leurs troupes.
Voilà les grèves générales futures sciées à la base, les socialistes contents et les syndicalistes baisés.
Reste, le mensonge de la diva et le sauvetage raté de la communication ci-dessous du PS.
« Le secrétaire général de la FGTB, Marc Goblet, et le patron de son interrégionale wallonne, Thierry Bodson, sont bien membres du bureau du PS, mais ils ne sont pas présents systématiquement, souligne-t-on au boulevard de l’Empereur. Ce qui explique que Laurette ne les a pas vus lors de la dernière séance, a indiqué à Belga la porte-parole du parti. »
Avant eux Demelenne l’était aussi, comme les cadors de la mutuelle socialiste, comme au temps heureux de la préhistoire des magasins de la Coop (Coopérative socialiste).
Merde, faudrait un peu connaître l’histoire, avant d’emmerder le monde avec des conneries.
Onkelinx pas au courant ! Ce sera quoi la suivante ? Que madame ignore comment on cuit un œuf à la coque ?
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1. « Le Diable s'habille en Prada » : un roman américain de Lauren Weisberger sorti en 2005 et ayant fait l'objet d'un film avec Meryl Streep et Anne Hathaway en 2006. L’expression est restée pour désigner les nunuches prétentieuses et tyranniques.

17 décembre 2014

Raymonde – Christine : match nul !

On ne sait pas ce qui fait le plus plaisir à Charles Michel et Willy Borsus, si c’est la danse du scalp de Raymonde Le Lepvrier ou Christine La Garde du FMI, s’inclinant devant le drapeau libéralo-flamand brandi par Johan Van Overtveldt, ministre des finances, pour conduite conforme à l’économie bon chic, bon genre.
Pour Raymonde, en voilà une salade pour une permanente du Setca qui a fait son boulot. Deux merdeux de la télé ont filmé la scène, comme s’ils avaient pris sur le fait des talibans massacrant une école au Pakistan !
Les réactions imbéciles ont dû ravir Borsus. Les Internautes font souvent la démonstration d’une débilité mentale inquiétante. Les petits mufles réalistes doivent ne voir que par les lunettes de Michel et saliver depuis les mâchoires carrées de Borsus.
Les serrés du cul auront eu leur petit bonheur. J’espère que Raymonde passera au travers des gouttes, quitte à faire le dos rond pour ne pas émoustiller les bourgeois qui veulent sa peau.
Un mot pour la petite gérante récalcitrante. Être gérante d’une grande société est peut-être la pire des situations qui soit, bien plus à risques qu’être vendeuse. La « patronne » n’en est pas une et souvent les patrons du textile, comme le quidam de « Lola & Liza », qu’elle ne voit jamais, sont de belles ordures qui tiennent pour responsables du chiffre d’affaire, des vols de la clientèle et de l’état du magasin, les malheureuses qui croient s’en sortir en se jetant dans des merdes commerciales injouables. Souvent, la gérante perd la caution en cas de catastrophe financière et peut être poursuivie devant les tribunaux de commerce. Elle travaille 12 heures par jour et vient parfois le dimanche « jeter un drap entre les rayons », pour faire l’économie d’une femme d’ouvrage.
Ces deux femmes là pouvaient s’entendre. Elles ont un ennemi commun, mais elles ne le savent pas. La gérante n’espérait pas grand-chose du lundi de grève, peut-être aurait-elle, à la limite eu assez d’argent pour payer une journée de loyer et les frais d’éclairage. Les larmes me viennent à la pensée de ce gâchis de deux femmes qui auraient tant d’intérêts communs, si c’était possible de discuter ! J’ai même un faible pour cette gérante si petite, face aux biscotos de Raymonde.

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Cela aurait été chouette, le soir, après le bilan des grèves, que Raymonde soit venue en douce aider la fluette gérante à remettre les vêtements à leur place, sans les caméras de ces deux trous du cul des informations cancanières.
Tout cela évidemment, les deux cinéastes indignes, les internautes débiles et l’opinion publique cadenassée dans les bisounours de fin d’année ne le savent pas et, sans doute, ne le sauront jamais.
Christine La Garde, toujours témoin assisté dans l’affaire Adidas-Crédit Lyonnais du scandale des 403 millions d’euros octroyés à titre de compensation à Bernard Tapie par le tribunal arbitral, reste sous la suspicion de n’avoir pas fait appel, à ce jugement arbitral assez singulier.
Propulsée par la droite française au FMI à la suite du sulfureux Dominique Strauss-Kahn, elle est à son affaire pour distribuer les bons points aux dirigeants les plus obséquieux du système économique mondialisé. Ces temps-ci, Charles Michel étant le plus dévoué, il était logique que le gouvernement reçoive un mot gentil du FMI pour ses mesures « allant dans le bon sens ».
L’économie belge tellement controversée intra muros avait besoin de ce bel enthousiasme de la tôlière de Big Brother. Les journaux ont évidemment célébré la nouvelle qui tombait, on ne peut mieux, juste après la grève, pour requinquer les « forces vives » et baiser sec les partageux..
"Le Fonds s'est penché sur notre sécurité sociale et indique que la politique en la matière doit être modifiée", a dit en flamand le ministre des finances.
Reste plus qu’à taper le carton avec Bernard Tapie et croiser les doigts pour que la grande perche ne finisse pas en tôle.
Pour ma part, mon seul regret : j’aurais aimé que Raymonde eût giflé sur sa lancée Johan Van Overtveldt dans son ministère.
Et là, les deux merdeux des infos cancans eussent pu y être, sans que cela m’eût démoralisé le moins du monde.

16 décembre 2014

Sous la coupe des voyous.

D’un grand dégoût à l’égard d’une Belgique rivée à son conformisme bourgeois, je couvais le mal depuis longtemps. À présent il m’accable.
Il m’arrive d’appeler voyous, ceux qui nous gouvernent. J’exprime par là, l’estime dans laquelle je les tiens.
À une époque de grande conformité et d’expression convenues, désigner comme voyous des personnages que la société bourgeoise vénère, fait hurler tout le monde d’horreur, même l’opposition, (On pourrait lui retourner la pareille, le jour où elle retrouvera le pouvoir).
Les guillotines des musées Carnavalet et de la vie wallonne sont dans des coins sombres. Les « foutre » et les « pendez les à la lanterne » ont été bannis du langage propre à charmer les foules. Le Père Duchesne est un infâme et Robespierre un salaud, responsable des 13.800 guillotinés. Sur cela, la droite et la gauche sont de connivence. Que vous pensiez différemment, vous range dans le même opprobre général.
Marc Eyskens avait dédié la phrase célèbre « tout ce qui est excessif est insignifiant » à tous ceux qui, en-dehors des bienséances journalistiques, ont une position contraire à la sienne.
Historiquement, « voyou » désigne un titi parisien, dépenaillé et pauvre, sombrant dans la pègre et la délinquance. Il n’est donc pas étymologiquement employable pour désigner des gens bien élevés, vivant dans le luxe sinon dans l’abondance grâce aux deniers d’une Nation généreuse. L’indignité doit elle nécessairement revêtir les hardes de la misère ? De ce point de vue, le mot « voyou » me plaît par goût de l’étendre à toutes les couches sociales, ne voyant pas pourquoi il serait connoté au seul fait d’être pauvre. Le caractère du voyou n’est-il pas d’être peu scrupuleux et par tous les moyens d’assurer sa « matérielle » ? Ne colle-t-il pas aux hommes de pouvoir par leur bassesse, dans une société dont le seul vrai critère est l’argent ?
L’interprétation moderne du mot comprendrait Messieurs et Mesdames du gouvernement, quoiqu’on ne dise pas « voyoute » à propos d’une dame.

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La seconde signification n’est pas dans le Littré des origines. Un voyou, c’est un individu aux manières brutales ou à l’allure inquiétante, sans moyen d’existence avouable, susceptible de commettre des délits graves, des actes de violence, des agressions (Dico Lobos).
Combien de MM. de la haute société et des partis de pouvoir n’ont pas des moyens d’existence avouables ? De temps à autre, une affaire judiciaire affleure, presque toujours suivie d’un non-lieu. Quant aux allures inquiétantes, je pense souvent que je n’aimerais pas tourner le dos à ces Messieurs au haut d’une falaise, un jour de grève générale.
Il est courant qu’un voyou devant son public retourne le terme et s’en serve pour désigner ses adversaires. Oh ! pas si crûment, avec des adoucissants, des synonymes moins forts, c’est le cas De Wever, à propos des casseurs dont la spécialité de violence déteindrait sur l’ensemble des grévistes et lui emboîtant le pas, la presse nationale et régionale insistant sur le déni de justice des piquets de grève « empêchant les non grévistes de travailler ».
Que d’actes délictueux ne prête-t-on pas aux syndicalistes ? Quels efforts les ministres ne font-ils pas pour retenir le mot « voyou » qui leur vient naturellement à l’esprit, comme Borsus pour Goblet, ce soir aux infos d’RTL-TVi !
Dans l’attente qu’ils s’en servent, il me plaît assez de m’en servir à leur intention.
Comment appeler des gens qui vivent dans le confort parce qu’ils sont payés pour mener une politique rendant les citoyens satisfaits, et qu’ils ne font pas ?
Comment appeler des responsables qui dépouillent leurs compatriotes les plus pauvres et qui ne montrent pas l’exemple, en se dépouillant eux-mêmes ?
Comment appeler des leaders qui vivent en bande organisée sous le prête-nom de parti et qui multiplient les postes à hauts revenus à partager entre eux, alors que d’une seule voix, ils condamnent l’enseignement, la poste et les chemins de fer sur le nombre trop élevé des petits personnels ? Ils ont même une expression « dégraisser le mammouth », alors qu’ils participent le plus à l’arrondissement de la panse ?
Mais, ce sont des voyous !
Ce ne sont pas que de simples administrateurs, il y a parmi eux des prévaricateurs, des menteurs, des concussionnaires, des suborneurs, enfin des mots résumés à un seul : des voyous !
Que nous les ayons choisis, c’est un fait. Mais les moyens de faire autrement, quand dans les réserves, les remplaçants ont les mêmes appétits... des gens aptes à nous faire les poches pour faire à peu près la même chose.
Certes, les manières changent ! Elles seront moins brutales avec un clan, plutôt qu’avec un autre. Quelle importance, puisque ce sera le même résultat !
Ceci n’est pas une sempiternelle lamentation d’un populiste. Ce n’est pas de l’antiparti. C’est le résultat de l’analyse d’un effondrement moral, le désir de voir au pouvoir des gens honnêtes, des altruistes au service de la multitude.
Cette époque manque singulièrement de grands hommes. Elle appelle un nouveau 1789.

15 décembre 2014

Veillée d’armes.

Les débats sur les politiques du gouvernement et de l’opposition sont d’une profonde bêtise par leur inutilité. À quoi bon s’obstiner à croire en des négociations qui ne sont pas comprises de la même manière selon que l’on se trouve dans le camp de ceux à qui on va retrancher outre l’index, quelques petites avancées sociales acquises en d’autres temps de haute lutte et ce gouvernement des droites des plus convenues et des plus classiques.
On voit tout de suite les pauvres gueules navrées de Charles Michel et de Didier Reynders, si leurs employeurs, c’est-à-dire les électeurs, leur renvoyaient la pareille et sabraient dans leurs revenus. Le petit Chastel « qui ne peut pas s’empêcher de penser », ce qui est bien dommage, prendrait sa carte au PS de Charleroi, Marie-Christine Marghem reprendrait la sienne au CDH et Bacquelaine majorerait en douce ses consultations en série dans les homes pour les vieux de Chaudfontaine et environs.
Ce qui est consternant, c’est le caractère dépassé, obsolète même, des arguments patronaux et gouvernementaux qui portent sur la comparaison avec les grands pays voisins et notamment l’Allemagne pour justifier la « purge » sociale qui débute.
Complexe d’un petit pays, de petits esprits se sont crus autorisés (majorité flamande + minorité libérale francophone) d’infliger un net recul à des travailleurs qui n’en peuvent, aux noms des sacro-saints exemples allemand et hollandais.
Il est clair que le « miracle » allemand n’est pas tout à fait le même que Charles Michel nous le vend, comme l’a encore voulu vendre dimanche encore Marie-Christine Marghem, chez Dominique Demoulin.
Angela Merkel a suivi et approfondi la politique de Gerhard Schröder pendant deux législatures, ce qui a valu à l’Allemagne une balance extérieure incomparable avec d’autres pays européens, mais qui plombe son avenir en interne, dans bien des domaines. À moins d’investir des milliards d’euros tout de suite pour remettre à neuf une infrastructure délabrée, redonner de l’espoir à des millions d’Allemands en-dessous du seuil de pauvreté et d’autres acculés à la misère tout en exerçant une profession, les dirigeants et la bourgeoisie ont fini de manger leur pain blanc (le reste de la population étant depuis Schröder au pain de seigle et à l’eau).
L’alliance de Merkel avec son ex-concurrent le SPD (Parti social-démocrate d'Allemagne) tend à remettre de l’huile dans les rouages et notamment à relever les salaires, à améliorer les transports publics et à refaire les routes et les ponts. Y arrivera-t-elle ? Serait-ce trop tard ? L’excellence d’un côté et un zéro pointé de l’autre, l’adéquation n’est pas facile à trouver.
Toujours est-il que consciente d’être allée trop loin, madame Merkel n’affiche plus la confiance absolue en une méthode qui est exactement celle dont le gouvernement Michel s’est emparé et ce malgré l’exemple de la Hollande qui a quelques longueurs d’avance en ce domaine sur nous, et qui plonge actuellement dans le rouge, par le même défaut que l’Allemagne.
Petite par la dimension du territoire, mais grande par la bêtise de son personnel politique, la Belgique est perçue à l’étranger comme un paradis fiscal baroque et il n’y a pas de quoi être fier.

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Le seul qui pose les bonnes questions et remet la situation du pays à sa juste place en montrant du doigt les responsables est encore monsieur Hedebouw, qu’on invite de plus en plus souvent à la télé et dont la persévérance finit par payer. En effet, devant lui, les politiciens des autres partis sont moins goguenards et on les voit moins assurés de fournir des réponses satisfaisantes aux propos du leader PTB. On a vu madame Marghem de la mouvance de Gérard Deprez, réajuster sa moue méprisante, après les répliques du dernier Ruy Blas de la gauche.
Je ne sers la soupe à personne, puisqu’il reste entre ce représentant de la population et moi, le contentieux sur la façon d’amener la Belgique au changement.
Peut-être même qu’un jour, dépassés par un tsunami social, nous soyons emportés lui et moi, par une vague balayant indistinctement les voyous qui nous gouvernent et leurs opposants jugés trop tièdes.
Nous sommes dans une ambigüité redoutable avec la collusion des notables et des politiques. Difficilement prouvable par voie de justice, elle ne peut se résoudre par le jugement des urnes, lui-même faussé et ambigu, puisque tous les outils de propagande, les journaux et les hommes influents sont entre des mains liées par des intérêts économiques..
Si c’est pour faire de la lutte des classes une gentille mise en scène en faveur de la bourgeoisie, autant attendre que les masques tombent par le poids des inégalités, si bien que le capitalisme ne soit plus fréquentable par la majorité des gens, comme une chose allant de soi.

14 décembre 2014

Regards par en-dessous.

Pierre Louÿs est un de ces nombreux Belges mort à Paris (+ 1925) bourré de talent, écrivain exquis et qui fut surtout abhorré par les intégristes chrétiens pour avoir célébré la pluralité des dieux dans l’univers Antique. Traité d’érotomane par les mêmes milieux, les cafards de bénitier ont réussi leur coup, puisqu’il n’est guère lu de nos jours.
Les humains ont besoin de satisfaire leur soif du merveilleux par des contes et des légendes et contenir leur peur par la protection d’une divinité supérieure plus aimable que rébarbative et terrible.
Les frères Grimm, Perrault et quelques autres ont fait ce qu’ils ont pu avec ce bon Monsieur La Fontaine, pour nous faire supporter les prêtres et leurs lois divines qu’ils nous pondent depuis plus de mille ans et qui, loin de nous conduire à la vertu, nous en écartent le plus souvent par la lourdeur des textes, leurs inexactitudes historiques, leurs à-peu-près controversés, quand ils ne sont pas proprement ridicules.
Qui d’autres que les anciens de nos gréco-latines pouvaient rêver de ce monde disparu où la vigne avait Bacchus et quand Jupiter, l’inamendable amoureux, enlevait Europe, fille d’Agénor, roi de Phénicie ?
Ce monde qui était ouvert à qui avait quelque peu des lettres, s’est noyé dans l’Achéron poussé par la société de consommation et les sermons jubilatoires des pubs, dans des cathédrales à parking gratuit, succursales des maisons de dieu défaillantes.
Aujourd’hui on apprend à la jeunesse studieuse ce qu’est un ratio de liquidité générale, à faire les moyennes du Dow-Jones sur trente sociétés cotées, sans oublier les vertus du Consensualisme, qui n’est pas ce que vous pensez, mais le principe d’un acte juridique soumis au seul consentement des parties.
En foi de quoi, nous aurons affaire à des imbéciles instruits qui seront chargés de nous administrer, comme s’ils en avaient les compétences.
Moralité, nous sommes dans une société dans laquelle l’échec n’a jamais été aussi fortement condamné, sans doute parce que la société elle-même en est la preuve la plus retentissante.
Et voilà que d’autres intégristes se mêlent des mêmes crimes au Moyen-Orient, que les nôtres plus anciens, et que nous poussons des cris d’horreur, tout en gardant en nous les virus religieux qui nous déterminèrent jadis à des assassinats ! ! !
Mais relisez donc, avant d’être complètement lobotomisés par l’obligation de réussite « Les Chansons de Bilitis, Aphrodite, La Femme et le Pantin, Les Aventures du roi Pausole, le Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation, Trois filles de leur mère, Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses, des Poésies érotiques, Pybrac et Douze douzains de dialogues, » etc, de Pierre Louÿs !

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Et qu’on ne croie pas qu’il s’agit de touche-pipi dans une garçonnière bourgeoise ou d’écrits pornos sur mesure pour être vendus aux malades mentaux. Les narrations sont ses semis sur
« J’écris un con, un con parce que j’ai plaisir à l’écrire », s’amuse-t-il. «Ne dites pas: "Il bande comme un cheval." Dites : "C’est un jeune homme accompli."».
N’en déplaise à ceux qui veulent gâcher la vie des autres, parce que la religion à gâcher la leur, Pierre Louÿs n’est pas que l’admirateur des jambes écartées « interdites », c’est aussi un homme libre, d’une liberté qu’on ne nous apprend plus dans cette démocratie convenue, faite des faux-nez de la politique, des rentiers insatiables et des chauves à lunette qui se veulent premier ministre.
Extrait des « Aventures du Roi Pausole » :
« – Monsieur, l’homme demande qu’on lui fiche la paix !
Chacun est maître de soi-même, de ses opinions, de sa tenue et de ses actes, dans la limite de l’inoffensif.
Les citoyens de l’Europe sont las de sentir à toute heure sur leur épaule la main d’une autorité qui se rend insupportable à force d’être toujours présente. Ils tolèrent encore que la loi leur parle au nom de l’intérêt public, mais lorsqu’elle entend prendre la défense de l’individu malgré lui et contre lui, lorsqu’elle régente sa vie intime, son mariage, son divorce, ses volontés dernières, ses spectacles, ses jeux et son costume, l’individu a le droit de demander à la loi pourquoi elle entre chez lui sans que personne ne l’ait invitée. »
Et qu’on ne vienne pas nous dire : c’est de nous que le régime s’inquiète ! Dans le budget, le social y entre moins que pour le train de vie et l’organisation de l’État, si l’on considère que ce sont les travailleurs qui cotisent pour la sécurité sociale, les pensions et le chômage.
Nos véritables assistés sociaux de luxe et heureux de l’être, occupent la chambre et le sénat, les gouvernements multiples et autres organisations, comme les lieux de culte, églises et bourses, en foi de quoi nous devrions avoir une démocratie en état de fonctionner et c’est tout le contraire !
Cherchez l’erreur !

13 décembre 2014

Grève générale !

Le scandale est permanent !
Oui, il faut faire des économies. Oui, il faut faire des coupes sombres dans certains revenus, salaires et pensions des notables. Oui, il faut changer les mœurs de ceux, qui dans une démocratie à bout de souffle, s’acharnent sur les revenus, salaires et pensions des plus pauvres.
C’est tout le drame d’aujourd’hui. Il y a des coupes faciles que l’on ne fera pas.
La réorganisation des pouvoirs est de la plus urgente nécessité. Cinq gouvernements, des milliers de mandataires publics gérant des administrations se chevauchant, faisant double ou triple emplois, un système de Province devenu coûteux et inutile, voilà qui plombe les finances de l’État et qui continuera de le faire. Les coups de rabot sur les revenus des plus misérables d’entre nous, sont des actes criminels. Ils ne servent qu’à montrer qui sont nos maîtres.
Tous les jours apportent leurs lots d’étonnements.
Celui du jour est ce gouffre sans fond du circuit de Francorchamps, à l’heure où il est question d’économiser les carburants et à la voiture tout électrique, la Région wallonne, seule actionnaire, distribue toujours les mêmes salaires et les mêmes avantages à une kyrielle de prébendiers dont un frère Happart, déficit assuré et perspectives d’avenir bouchées.
Dans le genre « argent jeté par les fenêtres », il y a ce dédoublement de la Région et de la Communauté Wallonie-Bruxelles, afin de permettre à Rudy Demotte de toujours vivre sur un grand pied et à Paul Magnette de prendre la place de l’autre, à la Région.
Exemples parmi des centaines d’autres.
Nous sommes donc sous la coupe de gens qui défendent avant tout leurs propres intérêts et quand ceux-ci sont en balance avec l’intérêt général, on voit bien ce qu’ils choisissent.
Dans l’attribution des pensions aux citoyens, il faudrait sabrer sur tout ce qui bougent au-dessus de 3.000/4.000 €. Les millions économisés pourraient soulager les victimes de ces malfaisants, en allant aux petites pensions.
On se heurte à la réticence des personnels politiques, les hauts fonctionnaires de l’Administration, de la Justice, des Universités et parfois des professions libérales… et pour cause.
Pour l’anecdote, la reine des pauvres dont on finit les funérailles nationales a laissé 100 millions de magot personnel à sa fondation. On ne sait pas à qui iront les biens immobiliers.
Et voilà pourquoi les gouvernements successifs tournent le dos aux réformes nécessaires. Il s’avère qu’à chaque absence de réforme, adhèrent des personnels et des gestionnaires qui ont partie liée avec les gouvernants, auxquels s’ajoutent les patriotes et les zinzins qui, tout exploités et fauchés qu’ils sont, trouvent des mérites à Charles Michel et Didier Reynders.
C’est donc à toute une maffia que le peuple se heurte à chaque protestation de sa part. Et il est le seul à vouloir de vraies réformes, puisque les autres ont, par intérêts divers, toutes les raisons du monde de ne pas les faire.
Assez curieusement, la démocratie se retourne contre les électeurs, un peu par manque de clairvoyance de ceux-ci qui n’ont pas trouvé malice à déléguer leurs pouvoirs à des voyous.

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Charles Michel incarne la quintessence de ces monstrueuses inégalités de droit qui, à chaque jour qui passe, creusent un fossé qui est en passe de devenir infranchissable par la voie du raisonnable et du « démocratique ».
La provocation de Charles Michel en ce 15 décembre est claire. Il fait passer ses arrêtés royaux sur les crédits temps, les prépensions, le chômage et les indemnités de maladie-invalidité de la population, alors que les indemnités, salaires, jetons de présence, pensions après deux mandats, exonérations diverses, adjonctions d’usage de biens, prîmes de sortie, retour à l’administration d’origine avec promotion, etc. etc. n’ont jamais été aussi florissants et appliqués avec largesse par les gouvernements successifs… à eux-mêmes !
Aussi, je me trouve pour une fois en plein accord avec les organisations syndicales qui vont protester ce 15 décembre, par une grève générale.
Je chipoterai seulement sur l’absence des solutions que j’ai exposées à diverses reprises dans ces rubriques. Des économies peuvent se faire de manière indolore pour les plus pauvres et immédiatement. Il suffit de retrancher aux plus riches, de réorganiser l’État, de mettre en correspondance les revenus des personnels politiques avec les revenus moyens des travailleurs, de refondre les lois et règlements octroyant des fonds ou ménageant les taxes des entreprises, les intérêts notionnels, etc. Il est inadmissible qu’une société comme Arcelor-Mittal paie moins d’impôt en pourcentage, qu’un pensionné à 1200 €.
Que les syndicats se braquent sur la seule fraude fiscale, c’est trop court, même si des milliards peuvent être récupérés avec un peu plus de volonté que n’en montre le ministère des finances.
Pour arriver au discours que je tiens, les responsables syndicaux devraient être complètement détachés des partis politiques auxquels ils appartiennent par obligation, pour ne voir que l’intérêt du peuple.
Mais ça, c’est une autre histoire.

12 décembre 2014

Tout autre chose.

Dans les sales moments, il y a toujours eu un club, une mouvance, un rassemblement de personnalités souvent bien fourni en artistes bobo, qui s’élève contre la situation faite au plus grand nombre pour « redonner de l’oxygène à la démocratie et montrer qu’elle peut se régénérer ».
C’est sympathique et on applaudit. Mais, cela ne dépasse pas l’idée que ce système est mal parti. Des patriotes en-dehors de tout courant et de toute coterie sentent le besoin de s’assembler. De l’âge des cavernes à l’enterrement de la reine Fabiola, on a moins peur quand est groupé, afin de partager les mots, les rires ou les pleurs.
On n’arrive pourtant pas à se débarrasser de l’impression pénible que l’économie, après laquelle tout le monde court pour en profiter, n’est rien d’autre que ce que veulent en faire, ceux qui en tirent profit.
C’est donc logiquement, vu les circonstances, qu’un groupe d’artistes, de chercheurs, de profs de philo et de conservatoire lance « Tout autre chose » ce jeudi 11 décembre.
Je n’y suis point convié et n’en éprouve aucune jalousie, attendu que je sais à l’avance comment cela va se passer : « Tout autre chose » va se structurer pour devenir « La même chose » : un président, un secrétaire et un curé quelque part dans le comité.
Cela fait penser au ministère des réformes que Giscard d’Estaing créa en 1974.
L’enfer est pavé de bonnes intentions, mais c’est fou malgré tous ses carreleurs adroits, comme la voirie de l’enfer reste parsemée de nids de poule.
La réclame affichée au-dessus du portail est une autre manière que celle des moines qui avaient buriné dans la pierre, il y a bien longtemps « passant, si tu franchis ce seuil, abandonne tout espoir ». « Tout autre chose » veut dire à peu près pareil : « Stop ! Les idées de solidarité, de consensus et de concertation sont remises en question. Le seul horizon qui nous est désormais imposé est celui de l’austérité. Comme si, au nom d’une prétendue rigueur, il n’y avait d’autre solution que de rogner dans les salaires, les pensions, les services publics, la culture, la recherche scientifique, l’aide au développement… Nous, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, salarié-es, indépendant-es, pensionné-es, sans emploi, parents, profs, étudiant-es, artistes et associations, appelons à prendre le chemin de la confiance et de la solidarité ! ».
J’adore les artistes qui se mêlent de faire de la politique. Ils n’y connaissent rien, et c’est pourquoi ils gardent toute leur candeur et leur naïveté.
On sent le théâtre dès qu’ils ouvrent la bouche. Ces comédiens, je les adore, mais je ne les prends pas au sérieux. Ils ont le melon, dès qu’ils descendent des tréteaux, comme les professions « intellectuelles », comme les metteurs en scène et les directeurs de conservatoire, comme à l’ULB, l’ULg et à tous les U quelque chose.
C’est ainsi que la charmante Delphine Noels, réalisatrice, commence ainsi « Un cri de l’âme, celui d’une société déchirée aujourd’hui, en lambeaux demain, si l’on ne fait rien ». On croirait entendre Much ado about nothing (Beaucoup de bruit pour rien) de Shakespeare traduit par Marcelle Sibon !

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Mais, c’est qu’elle a raison la bougresse !
Le comble, c’est que nous ne ferons rien et elle non plus. Parce que le théâtre, c’est un endroit absolument sensationnel. On s’assied, on voyage par la pensée dans le beau, le grandiose ou l’ignoble avec des personnages que l’on ne rencontre nulle part ailleurs, puis on rentre chez soi avec l’intention en lavant les légumes, de faire une avance pour le lendemain.
Le changement est devenu une valeur en soi, un nouvel acte gratuit. Pour qu’il y ait un changement, il faut qu’il ait quelque chose qui change, si c’est parce qu’Andrea Réa a changé de coiffure ou que Jean-Louis Colinet s’est mis à la barbe de trois jours, ça n’est pas la peine de m’inscrire au bout de la liste prestigieuse : « Richard III, abonné au gaz et à l’électricité ».
Que ce catalogue de bonnes intentions fasse l’objet d’une publication dans Le Soir est un des signes de la notoriété. Évidemment, si c’est Isabelle Cassiers ou Barbara Delcourt qui le dit, ça ne peut être qu’intelligent, tout en restant de bon aloi.
Reste à expliquer pourquoi cet élan du cœur artistico-universitaire restera lettre morte. L’explication se retrouve chez un auteur de théâtre (évidemment) fort oublié de nos jours Georges Courteline, qui n’a pas écrit que des « premières parties ».
« L’homme est un être délicieux ; c’est le roi des animaux. On le dit bouché et féroce, c’est de l’exagération. Il ne montre de férocité qu’aux gens hors d’état de se défendre, et il n’est question si obscure qu’elle lui demeure impénétrable : la simple menace d’un coup de poing en pleine figure, et il comprend à l’instant même. »
Tant que les poignards de scène seront rétractables et les pistolets chargés à blanc, les politiciens se ficheront éperdument de la « révolte » des intellectuels.

11 décembre 2014

La gauche porte à droite.

Là où l’on voit qu’il y a quelque chose de détraqué, c’est en regardant du côté des mouvements qui portent l’ensemble du corps électoral européen, tantôt à gauche, tantôt à droite.
Compte-tenu de la mauvaise passe actuelle du système économique qui régit presque le monde entier, on aurait pu s’attendre à un renforcement des gauches, en réaction à l’échec libéral. C’est tout le contraire qui se produit !
Le courant est nettement en faveur d’un renforcement des droites !
Il est vrai que la social-démocratie inventée par les partis socialistes est en net déclin. Le coup de grâce pourrait venir de la France, aux élections de 2015, quand le lendemain du scrutin la rue de Solferino se réveillera avec la gueule de bois. Les projections, comme on dit, pronostiquent une soixantaine de députés « réchappés » du parti de François Hollande. Du jamais vu, un parti pratiquement en liquidation, sauf si, pour sauver les meubles, le président de la République se lance dans le scrutin à la proportionnelle.
L’osera-t-il complètement, puisque dans les propositions du candidat Hollande, il devrait en permettre, mais un peu par un savant saupoudrage ?
Le comble, les voix de gauche perdues vont à des partis de droite et parfois d’extrême droite, des partis nationalistes qui rassemblent des électeurs disparates, par seulement par la magie du verbe, mais aussi par un dégoût des menteurs au pouvoir ! Curieusement, tous, ou à peu près des partis d’extrême droite, par leurs outrances s’affichent avec des propos… d’extrême gauche, comme c’est le cas de Marine Le Pen. À la différence que les petits partis d’extrême gauche, comme Lutte ouvrière de la courageuse Nathalie Arthaud, ont une conception diamétralement opposée au Front National sur l’économie. Le parti des Le Pen n’a jamais prétendu remplacer le système capitaliste par un système communautariste, dans ses élucubrations autarciques. Ce parti n’est qu’un décor dans lequel ses leaders prennent des poses et théâtralisent leur fumisterie basée sur le nationalisme, la fermeture des frontières et la sortie de l’Euro, dans une sorte de délire inchiffrable qui pousserait leur pays à la ruine.
Les petits partis à la gauche du PS ne parviennent pas à s’unir et tenir un discours cohérent et rassembleur, malgré les envolées lyriques de Jean-Luc Mélenchon, la sincérité d’Olivier Besancenot et de Nathalie Artaud, alors qu’ils apportent des solutions autrement plus crédibles du point de vue d’économistes sérieux, qui n’ont que le tort de retrancher aux bourgeois ce qu’il manque à la classe en-dessous.
Le nouveau visage de l’Europe politique d’aujourd’hui tendrait à rassurer le monde libéral et industriel, qui souligne, du coup, la période transitoire, faite de l’échec de la social-démocratie.
Le devenir incertain du socialisme qui a fait le pari du succès d’une économie de marché ultralibérale, est l’élément clé de l’échec de la gauche, puisqu’il s’avère que le consensus de l’électeur s’arrête quand le succès s’arrête et que le social rétrécit.
La loi Macron est une fois de plus l’occasion d’assister à la dérive libérale d’un PS profondément divisé, montrant un président désemparé.
Le PS de Di Rupo en Belgique a fait un choix plus ambigu. Il est adhérent au social-libéralisme comme son homologue français, mais dans l’opposition il retrouve ses marques anciennes… tout en ne condamnant pas le système qui nous a poussés dans une crise sans précédent.

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Reviendrait-il au pouvoir qu’il changerait à nouveau de langage pour s’acoquiner avec Charles Michel et consort, qu’il conspue dans l’opposition.
Que ceux qui sont responsables en premier de la situation actuelle gèrent leurs propres errements et leurs propres fautes.
La gauche doit dénoncer le système et préconiser des modifications profondes, à défaut de quoi, envisager autre chose.
Hélas ! en Belgique nous n’avons pas de partis suffisamment soutenus par l’opinion pour offrir une alternative crédible au capitalisme mondialisé.

10 décembre 2014

Veulent-ils vraiment ?

Depuis longtemps, on sait que la démocratie est un grand corps malade, dont on peut améliorer la longévité par des moyens assez simples, dont celui du référendum d’initiative populaire.
Les rapports entre les gouvernés et les gouvernants sont exécrables. Les citoyens ont l’impression que les gens qui vivent de ce système se moquent d’eux.
Cette défiance s’accroît au fur et à mesure que la crise se développe et produit des ravages dans les classes sociales les plus pauvres.
Les citoyens observent que ce n’est pas le chauffeur qui conduit, mais des voix venant d’ailleurs qui commandent au moteur. Ces voix viennent tout aussi bien de Washington que de Pékin. Le chauffeur freine, accélère, met le clignotant, cependant l’engin poursuit le chemin à sa vitesse et tourne quand cela lui plaît. Pendant ce temps, la société consacre les inégalités et on sent de la complaisance du chauffeur vis-à-vis de personnalités qui n’en ont rien à foutre de la démocratie. Ces personnalités exercent sur le régime une telle pression, qu’on peut la qualifier de dictatoriale. L’Écho de la Bourse n’y comprend rien, Trends Tendances fait semblant de comprendre pour le bourgeois qui tremble pour ses placements.
Un seul moyen de feinter avec ces cafards : le référendum ! Ce n’est pas le nirvâna ; mais c’est un pas dans le bon sens…
En gros, la consultation serait accessible dès 16 ans sans condition de nationalité.
« L'organisation d'une telle consultation appartiendra au parlement, mais son recours pourra se faire à l'initiative de la population (100.000 signatures) ou d'un tiers des députés wallons, et enfin du gouvernement. »
À l’époque de l’accord de principe, Di Rupo terminait son dernier tour de piste en premier ministre et il n’était pas possible d’emballer et peser la Loi avant les élections.
Stéphane Hazée (Ecolo), Willy Borsus (MR), Marc Bolland (PS) et Maxime Prévot (cdH), les rédacteurs du texte de loi, étaient donc partant pour une action permettant davantage à l’électeur de participer à la politique de la Région wallonne.
Tout le monde en étant conscients, même les partis politiques !

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Qu’est-ce que la majorité wallonne a bien pu mijoter pour que le consensus sur une consultation populaire des quatre partis, faite en avril dernier, trouve son chemin de croix en décembre ?
« La majorité PS-cdH en Wallonie a annoncé mardi sa volonté de retirer au parlement et au gouvernement l'initiative de lancer une consultation populaire régionale et de limiter cette initiative aux seuls citoyens, afin d'éviter une instrumentalisation particratique. "Seuls les idiots ne changent pas d'avis", ont affirmé les chefs des groupes PS et cdH au parlement wallon, Christophe Collignon et Dimitri Fourny, en présentant à la presse leur nouvelle proposition de décret spécial » (La Libre Belgique).
Selon Collignon "tous les mois, un groupe parlementaire pourrait soumettre à la consultation populaire un débat sur lequel il n'aurait pas obtenu raison en recourant aux armes démocratiques dont il dispose déjà ».
Vu sous cet angle, Collignon n’aurait pas tout à fait tort, si ce n’était que l’on pourrait trouver des conditions strictes à l’emploi des référendums d’initiatives parlementaires ou gouvernementales, puisqu’on en a bien trouvé pour l’initiative populaire, comme celle défendant de faire une consultation sur la politique financière et des budgets.
Le CDH et le PS ont-ils plutôt derrière la tête, le désir d’enterrer cette initiative, quand on sait que pour faire passer la loi, il faut une majorité des deux tiers ?
Les débats auront lieu en commission à partir du 5 janvier prochain.
Le pouvoir en démocratie, comme en dictature, se partage difficilement, mais en rendre une parcelle à ceux qui l’ont délégué relève de l’exploit.
Une démocratie par procuration, c’est comme un vote délégué à quelqu’un d’autre. Personne ne saura jamais si le dépositaire a suivi la volonté de l’autre.
Nous sommes tous victimes de cette mystification.

9 décembre 2014

La Brosse à Reluire d’Honneur.

Chaque génération politique a son Trissotin grandiose.
Un pareil Trissotin ne se révèle pas tout de suite au grand public, ni à lui-même.
Il fait un jour une déclaration intempestive qui paraît tomber sous le coup du bon sens, comme par exemple la limitation du droit de grève.
D’autres Trissotin prennent le relais. Ils disent « bon sang ! pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt ! ». Mais, on y a pensé, parfois il y a très longtemps. Ces Trissotin là le sont tellement, qu’ils n’ont aucune connaissance de l’histoire. On situe le droit de grève en 1921, mais avec un ensemble de lois instaurant parallèlement un droit au travail, la sauvegarde de certains outils sensibles, des hôpitaux à maintenir en activité, etc. Il serait redondant d’en commettre une nouvelle qui rendrait incompréhensible la précédente et brouillerait l’esprit du public. N’en a-t-on pas assez de lois pour ci et pour çà, tellement qu’on ne sait plus ou donner de la tête, ce qui fait les délices des avocats ?
Par contre, ni la police, ni l’armée n’ont le droit de faire grève. La police vient de s’en passer. Qu’attend donc un Trissotin MR d’en faire une ?
Tous les Trissotin acclamant le Trissotin initiateur ne le sont pas réellement. Il y a dans le monde politique, des pervers qui se glissent dans la peau d’un Trissotin pour mieux se moquer ou accabler l’initiateur.
C’est le cas, ces moments-ci de quelques vieux routiers du MR, dont monsieur Reynders, qui joignent leurs voix aux Trissotin acclamant : Denis Ducarme !
À la RTBF, il s’est vanté que des députés MR souhaitaient protéger le « droit de travailler ».
On peut dire qu’à la veille d’un grand mouvement de grève nationale, cette proposition tombe à pic pour exciter tout le monde. Denis Ducarme s’y entend pour galvaniser les foules.
Il y a comme ça des Trissotin magnifiques dont l’intention secrète est de plaire à leur clientèle, les petits commerçants aigris après des faillites retentissantes, des industriels fascisants (ce qui va très bien avec le courant N-VA) et quelques vieux nostalgiques du temps des charbonnages, quand la troupe tirait à feu roulant sur les mineurs en grève.
De patriote exalté francophone, Denis Ducarme est passé à la collaboration avec la dernière génération flamingante, plus revancharde que jamais.
Voilà un Trissotin ex francophile d’une incroyable souplesse ! il est vrai qu’il a l’exemple de son chef de rayon, Charles Michel.

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Donc Monsieur Ducarme se lance dans les zonings, comme les anciens libéraux se lançaient sur le carreau des mines, réclamant une loi coupe-file, pour ceux qui ne veulent pas affronter la dure réalité sociale.
En général les Trissotin sont très pointilleux sur leur niveau. Celui-ci a pris certaines précautions pour que l’on sache « qu’il n’est pas bête du tout ». Ce sont les pires, décidés à ne jamais assumer ce qu’ils ont dit et défendu. Notre homme termine son «Steuerung-Gondrôle bitte » en jetant d’une petite voix absente au micro de la RTBF que « Le droit de grève doit être garanti. Les mouvements sociaux doivent pouvoir s’exprimer », pour aussitôt revenir à son grand rôle de libéral exceptionnel et « réfléchir davantage à la liberté de ceux qui veulent avoir la garantie d’aller travailler ».
Ce grand architecte de l’achèvement du temple dédié à Alexis de Tocqueville poursuivra sa mission : « des textes sont en construction ».
C’est donc avec grand plaisir, en vertu des pouvoirs que personne ne me confère, que je décerne la Brosse à Reluire d’Honneur à Monsieur Denis Ducarme, libéral et fier de l’être.

8 décembre 2014

Bren Tendances.

Évidemment c’est « Trends Tendances » qui l’écrit « La Belgique reste attractive pour y vivre » et savez-vous pourquoi le journaliste apprend à ses lecteurs que le pays « est encore largement désavantagé » ? Je cite : "par une sécurité sociale élevée et illimitée" !
Après ça, l’article que j’ai commis hier n’était pas encore assez dur pour que je puisse exprimer mon dégoût !
Bien entendu, si « Trends Tendances » le sent dans sa moelle que la misère n’est pas assez éclatante en Belgique (ce qui ferait hésiter les riches dans la peur de n’y pas trouver une domesticité abondante et pas chère), c’est Patrick Dertoo aux commandes de la patache du cabinet d’audit Deloitte, qui le lui a soufflé.
Le répugnant pour ce magazine à l’usage des toilettes « à la feuillée », ce n’est donc pas d’avoir inventé cet étron, mais de l’avoir répandu sans y ajouter un commentaire indigné.
Pour le reste, ça gaze. Le bourgeois s’y retrouve. On peut encore être entre gens du beau monde, à parler de choses sérieuses en regardant passer, derrière la vitre d’un salon de thé, « une foule interlope et dangereuse ».
Le ménage distingué « Papa, maman, la bonne et moi » peut encore se loger à Bruxelles sur des surfaces impossibles à Paris.
Dans d’autres domaines (je cite toujours) « l'Etat "a réussi à diminuer de façon considérable son handicap salarial" pour devenir finalement un des moins chers, grâce à la mesure permettant à l'employeur de récupérer une grande part du précompte professionnel sur ses employés. »
Les bourges doivent ces bienfaits à Di Rupo, nul doute que Charles Michel aura un point d’honneur à poursuivre le travail du maître de Mons.
Et Patrîîîck d’ajouter « Il est dès lors important que la Belgique se positionne et se profile comme pionnière sur la scène internationale".

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Et ce n’est pas tout.
La Belgique, selon ce Râpe-tout de l’écriture, est heureuse de signaler à son aimable clientèle qu’elle commence à imposer très bas, c’est-à-dire ceux qui gagnent très peu et passent quand même à la casserole "En Belgique le taux marginal de 53,5 % (compte tenu d'un impôt communal de 7 %) est déjà appliqué à partir d'un niveau substantiellement inférieur à celui pratiqué dans d'autres pays appliquant un taux marginal élevé (jusqu'à 8 fois plus bas qu'en Espagne, par exemple)".
Ainsi par exemple, le pensionné qui perçoit une pension modeste de 1200 € se voit ratiboiser environ un mois de cette pension par ceux là-même qui la lui ont versées. C’est une sorte de treizième mois à l’envers.
C’est donc l’endroit rêvé pour le fortuné nomade, qu’il soit parisien effaré de laisser une énorme part de la sueur des autres à l’État français ou du cosmopolite venu des fins fonds du Moyen-Orient contempler des hauteurs d’Uccle son pays d’adoption.
Pour ceux là, il n’est pas question des suspicieux regards de Theo Francken, secrétaire d’État à l’asile, cerbère délégué de la N-VA pour interdire l’accès du territoire aux pouilleux.
Ils trouveront en Belgique, avec l’appui du gouvernement, bon gîte, bons couverts et bonne baise à des prix d’émir.
Voyons, la situation n’est pas si mauvaise que ça pour tout le monde.
Il suffirait de raser les taudis avec locataires et cloportes compris, pour faire de nos grandes villes des îles de paix et de bonheur !
On a les bulldozers, la volonté intacte de Charles Michel, les grutiers de la NVA, les désinfecteurs de talent du MR, les promoteurs, l’opinion favorable et les riches disposés au financement et surtout un contremaître actif en la personne de Bart De Wever, chef de chantier à Anvers.
En six mois, on est débarrassés. On voulait des grands travaux pour relancer le bazar, on les a !
Deux questions. Si on fait disparaître les taudis où ira-t-on chercher la main d’œuvre ?
Et qui va cirer les pompes des nouveaux arrivants ?

7 décembre 2014

Jean Jambon, oxyure…

…ou la curiosité stomacale diantrement nécessaire !

L’affaire Jean Jambon n’a pas fini de faire rouler des mécaniques à toute l’opposition. Que la N-VA soit un parti de recrus d’idées fascisantes, flamandisantes et obsessionnellement de droite, c’est aussi vieux que le jour où son leader s’est promené avec une charrette de faux euros en braillant que c’était ce que les Wallons coûtent par an à sa Flandre chérie.
Qu’un tiers de Flamands votent pour ce guignol, que les politiques francophones se soient bien jurés que ces voyous ne mettraient jamais les pieds dans une coalition fédérale, c’est vrai également.
C’est tout le drame de la télévision qui rend populaire aussi bien le prix Nobel de la paix, la Pakistanaise Malala Yousafzaï, que Bart De Wever bon client des jeux télévisés sur VTM et consorts.
Et alors ? Tous les partis qui en veulent d’une économie au plus fort qui casse la gueule à l’autre, n’ont-ils pas quelque chose des tarés de la N-VA ?
Si c’est le niveau atteint de notre démocratie qu’il faille se faire connaître des électeurs en brillant à des jeux de société, c’est un peu la faute d’une dérive générale des partis, qui n’élisent pas la fleur des pois en tête de gondole, souvent par manque de démocratie interne.
Ça fait doucement rigoler quand la gentry politique met dans le même panier les pitreries de Bart De Wever et les élucubrations des gauchistes.
Ces messieurs de la Fédération convenable oublient que le partenaire idéal, le bourgeois patriote est le plus souvent un pitre rentré pour lequel ils se dévouent, au même titre que Bart De Wever adore les biftons de la banque et Zij zullen hem niet temmen, de fiere Vlaamse Leeuw, au même titre qu’un Flamand sincère, sans les biftons !
C’est que, du monde fascisant à la sphère socialisante, en passant par le libéralisme gollien, ils sont partants pour la même bonne affaire.
Alors, quand l’un d’entre eux dépasse les bornes de la bienséance et du bon goût, il faut les voir s’effaroucher. Jean Jambon est un nostalgique de l’Ordre Nouveau, bon c’est entendu. Et Charles Michel, c’est quoi ? Un grand libéral souffrant le martyr pour sauver le pays de la ruine par amour de ses compatriotes ? Vous voulez rire ?
Oui, Charles Michel renie tout ce qu’il a prétendu être, et mettons même de côté son ambition, est-il vraiment l’homme que l’on a cru ?
Ce qu’il veut sauver c’est la Belgique à l’ancienne, avec les messieurs en gibus qui fument de gros cigares et les femmes en crinoline qui s’effraient des putes que leurs maris fréquentent, des ouvriers en blouson qui roulent leurs casquettes dans leurs gros doigts en parlant à leurs maîtres, et des boniches qui montent par l’escalier de service et qui vont se faire engrosser quelque part dans les étages, pour suivre la tradition des amours ancillaires 1900.

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Ce qu’il veut sauver, le fils de Louis, c’est la vie façon comme les Anciens Belges censitaires l’entendaient, certes arrangée, moderne même, tout en ne sachant pas bien ce que cela veut dire. C’est son papa et sa maman, la dernière épousée et le dernier rejeton. C’est de finir honoré avec son buste en plâtre dans les couloirs de la chambre, ses vacances au diable Vauvert, sa maison de campagne et cette satisfaction intérieure qu’il ressent à chaque fois qu’un plouc le salue avec respect.
Le comble, c’est qu’instinctivement, de Bart de Wever à Guy Lutgen, en passant par Elio Di Rupo, ils veulent tous sauver la même chose !
Et que font-ils ces bourgeois honorables ?
Ils taillent leurs steaks sur la bête pardi !
Vous ne voudriez tout de même pas qu’ils se dépouillent pour nous !
Ce qu’ils ne voient pas, c’est que nous ne sommes plus dans le monde qu’ils défendent. Nous sommes revenus à la case départ.
De ce point de vue, il a raison Charles Michel. Pour faire la politique qu’il veut faire, il lui faut des hommes de main. La N-VA a tout ce qu’il faut de voyous. Il n’a que l’embarras du choix, des peu honorables au franchement dégueulasses.
Á droite, les bourgeois en retrait comptent sur leur police, à gauche claquemurés dans leurs deux pièces, les pauvres s’effraient de leurs propres casseurs. C’est bien la différence entre ces passifs : l’espérance sournoise des uns qui espèrent que les matraques seront lourdes et les autres, envahis par le remord distillé par RTL, ralliant l’indignation de la droite sur l’exaction des voyous de gauche. Non ! on ne crève pas les pneus des gens qui veulent travailler, on ne casse pas les vitrines des commerçants qui s’obstinent à rester ouverts, etc. Il faut rester gentils même envers ceux qui ne respectent rien et qui jettent les gens à la rue.
Alors Jean Jambon, dans tout cela, sa naïveté en brassard et casquette à tête de mort, son orangisme pour les vacances d’un Monsieur Hulot flamand, qu’est-ce que ça peut foutre ?
Vous n’espérez tout de même pas qu’ils adoptent tous des gueules à la façon du père Tommy Scholtès larmoyant sur le décès de Fabiola et que ça se poursuive dans le grand guignol institutionnel, à courir après l’honneur de tenir les cordons du poêle ?
Pour en revenir à l’indignation du pauvre ralliant la cause bourgeoise à propos des casseurs, c’est là l’important. Le jour où le pauvre n’aura plus honte des siens, je ne donnerai pas quinze jours pour que le gouvernement Michel tombe dans les oubliettes de l’histoire.

6 décembre 2014

La crise est partout !

Malgré les coups de chaud de Laurette Onkelinx au parlement et un vent favorable des socialistes dans l’opposition, le PS n’est pas bien dans sa peau. Le temps passé De Di Rupo au gouvernement a laissé l’impression d’un malaise dans l’opinion de gauche.
N’a-t-il pas facilité la tâche de Charles Michel en ouvrant la voie des réformes nuisibles aux travailleurs, sans oublier celle contre les chômeurs, tout en ménageant le monde de la finance qui fait de la Belgique, un paradis fiscal pour nos voisins français ?
Il ne s’agit pas d’une crise passagère du capitalisme. La donne a considérablement changé. À qui pourrait-il faire croire qu’en négociant, on pourra tirer à nouveau des griffes des financiers, une amélioration du sort du plus grand nombre, quand on aura vaincu la crise ?
Le plein emploi ne le sera plus de longtemps.
Politiquement, faire de la social-démocratie une force d’accompagnement du libéralisme dans sa descente aux enfers, ce sera de plus en plus difficile à vendre aux électeurs socialistes.
On est au cœur du malaise du socialisme en Europe.
Pour tenter de raccommoder les morceaux, les socialistes français auront à débattre d’une « Charte des socialistes » qui sera bientôt soumise aux votes des militants.
Bien entendu, en Belgique, on est loin d’ouvrir un pareil chantier. Les cadres du parti ne contestent pas le gourou de Mons. Néanmoins, on peut être persuadé que le débat français sera suivi par la base militante, qui n’est pas de cet avis.
La charte des socialistes français se décompose en deux parties.
La première tente de dépeindre objectivement la situation. L'avenir y est traduit comme particulièrement inquiétant. La crise économique mondiale plonge la société dans une remise à plat inattendue des conquêtes socialistes que l’on croyait immunisées de toute transgression. On constate dans la population un puissant courant individualiste qui ressemble à un « sauve qui peut ».
La deuxième partie, plus instructive (1), est consacrée à un projet de société qui serait moins conformiste et collaborationniste, au point de contrarier le pouvoir économique actuel. Là, c’est le grand vide. Si lucidement Cambadélis voit bien le piège dans lequel le socialisme est tombé, il hésite encore sur les moyens d’en sortir… sans heurter Hollande et Valls.
Coup de sabre dans l’eau de cette deuxième partie de la charte ! Le capitaine de pédalo est toujours au gouvernail.
On sent que reprendre le débat là où l’avaient laissé les cadres socialistes, c’est-à-dire au Congrès de Tours de 1920, n’est pas à l’ordre du jour..
Pourtant, c’est à cette occasion que fut créée la Section française de l'Internationale communiste faisant scission de la SFIO (l’ancêtre du PS) qui se structurait en parti non marxiste, ce qui allait aboutir au réformisme actuel. Ce fut l’événement majeur qui divise encore la gauche française. Il y a suffisamment d’éléments nouveaux aujourd’hui, pour reprendre les débats. On ne le fera pas, puisque les cadres ne le souhaitent pas.

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Alors, à quoi servira cette charte ?
Probablement à rien, sinon mettre l’accent sur la gauche en crise et souligner qu’elle n’a pas de troisième voie, entre marxisme et capitalisme. Ce qui devrait pousser tous les théoriciens à faire montre d’initiatives et de hardiesses. Les millions de chômeurs attendent autre chose que des parlottes à l’infini. La pauvreté monte et inquiète.
Ce n’est pas seulement la classe ouvrière qui est aux abois, mais cette classe moyenne bas de gamme, ces petits entrepreneurs qui ont des projets pour créer des emplois et qui se trouvent au bord de la banqueroute, faute de fonds et de clients.
Quand la barque des naufragés se charge dangereusement, plutôt que périr noyés, ses occupants montent à l’abordage du vaisseau amiral et saccagent la salle de bal en buvant le champagne qui ne leur était pas destiné.
Pour éviter cet écueil, les autorités ont intérêt à bien payer leur police.
On ne sait jamais, par les temps qui courent avec la date du 15 décembre qui approche.
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1. « Plus instructive » parce qu’elle ne conduit qu’à montrer l’incapacité des socialistes à sortir de l’aporie actuelle.

5 décembre 2014

Eine neue Weimarer Republik

Jean Jambon, orangiste de l’Intérieur, a menti sur sa participation à l’accueil réservé à Jean-Marie Le Pen au club VNDK, au temps heureux où être adolphin n’était pas honteux. Heureusement que Jean Jambon peut compter sur le président de l’assemblée, Siegfried Bracke, pour museler l’opposition.
Des explications ? Pour quoi faire ? N’est-ce pas leur maître à penser, Adolphe soi-même, qui écrivit jadis dans Mein Kampf « Si vous désirez la sympathie des masses, vous leur dites les choses les plus stupides et les plus crues ». Alors si Jambon avait souhaité la sympathie de Laurette Onkelinx, il ne se fût pas prié de balancer des stupidités sur le VNKD. Et cela aurait servi à quoi ?... sinon ajouter des mensonges aux mensonges.
Ce n’est tout de même pas la première fois qu’on ment dans ce genre d’assemblée.
Le parlement est dorénavant dans de bonnes mains. Ce n’est pas encore le Reichstadt au temps de Marinus van der Lubbe, mais ça commence à en avoir l’allure.
Rien que la coupe de cheveux de Wilfried Bracke, ça fait remonter des souvenirs. Alors, si en plus, on a les mensonges de Jean Jambon, on est comblé.
Reste à peaufiner une Nuit de Cristal pour la Noël. Ce ne sera pas difficile avec le secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, Theo Francken, les joyeusetés pourront commencer.
Du temps où Michel n’avait pas l’ambition de devenir adolphin, il n’avait pas de mots assez durs pour exprimer sa désapprobation des nationalistes flamingants de la N-VA, aujourd’hui qu’il est affilié au club, il faudra bien qu’il s’habitue aux manières de voyous de ce parti et convenir qu’avec les hommes de main de Bart De Wever, il a les moyens de tenir le pays.
Pourvu qu’il ne se fasse pas avaler par la force obscure anversoise.
Intéressant le chemin parcouru par le MR. Quand on pense qu’il y a à peine deux ans, Charles Michel faisait de la danse du ventre pour charmer Olivier Maingain du FDF et Didier Reynders lui offrait des loukoums, tout ça pour le retenir dans les bagages bruxellois des libéraux ! Vous voyez d’ici Maingain ministre à côté de Jean Jambon ?
Plut au ciel de la finance que le départ du fransquillon l’ait été dans les délais.
Quant aux honneurs partagés avec les adolphins authentiques de la N-VA, Bruxelles vaut bien un « heil » disait déjà Henri IV à propos de Paris.
Il y a des places à pourvoir et de l’argent à gagner. Il est de bon ton que ce soit le parti du commerce et de l’industrie qui rafle la mise. D’ailleurs la collaboration, c’est une longue tradition bourgeoise et libérale. Il ne manquerait plus que les faquins de “werkloos” et les « arbeiders» stupides croquent dans les bonnes choses !

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Di Rupo a cru sauver la dynastie. Eh bien non ! Ce sera Karl Michel, un point c’est tout.
De quoi se plaint-on ? Le MR a trouvé les partenaires qui lui convenaient pour le partage des biens. La démocratie est accueillante aux clubs d’adolphins. Ces braves gens ne demandent rien d’autre que prospérer grâce à une économie généreuse à leur égard. Que peuvent-ils demander de mieux ? Mais rien, voyons.
Avec la brochette des „Freiwillige von einem neuen Land“, il faut adjoindre le distingué Denis Ducarme, MR de son état et il s’en excuse auprès de la N-VA, et il le prouve pour l’exemplarité de son dévouement à sauver Jean Jambon.
Une "tentative de déstabilisation orchestrée par le Parti socialiste" a dit le stratège des parlementaires MR. Cette terminologie définitive à quelque chose de tranchant qui rappelle de biens mauvais souvenirs : la manière dont l’Occupant en 40-45 dirigeait le pays, on posant des affiches au coin des rues.
« Achtung ! Destabilisierung Versuch von der Sozialistischen Partei orchestrierten“.
Ça sonne mieux en allemand, vous ne trouvez pas ?
Et le fils Ducarme de poursuivre « die Diktatur der Minderheit »… pardon, "la dictature de la minorité", condamnée avec une rare énergie. On a vu ce morceau de bravoure à la télé. Le petit Ducarme m’a fait peur, il était tout rouge et avait des veines saillantes au cou.
Franchement, lui aussi est en bonne place pour être membre d’honneur du VNKD (Vlaams Nationale Debatclub).

4 décembre 2014

L’art de faire les poches !

Leur imagination est sans borne, quand il s’agit de faire du fric sur le dos des citoyens.
Le secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, Theo Francken, va nous emberlificoter dans une nouvelle loi fixant à 225 euros la redevance qui sera réclamée aux étrangers demandant à séjourner en Belgique.
Il paraît qu’elle vise à couvrir les frais administratifs résultant du traitement des demandes. Si l'étranger ne s'acquitte pas de la somme réclamée, sa demande sera irrecevable. Ah ! mais…
Si on ne soupçonnait pas Theo Francken de chercher la petite bête entre les cheveux plus crépus que les nôtres, on pourrait dire que voilà une taxe de plus qui fera rentrer moins d’argent qu’elle va coûter en paperasses et en fonctionnaires, tant les exemptions sont nombreuses.
D’autres vous diront qu’en qualité de Belges tout court, certains doivent s’acquitter d’une taxe bien plus importante pour avoir le droit de survivre là où ils sont nés, à défaut de quoi l’administration et Theo Francken saisiraient leurs meubles et vendraient leur maison.
Les ligues contre le racisme pourraient se demander, après la liste des exceptions suivante : les citoyens européens et leur famille, les citoyens de l'Espace économique européen et leur famille ainsi que les ressortissants suisses, les bénéficiaires de l'accord d'association entre l'Union européenne et la Turquie, les demandeurs d'asile, les membres de la famille d'un réfugié ou d'une personne sous protection subsidiaire, les étrangers demandant une autorisation de séjour médical, les bénéficiaires d'une protection temporaire, les mineurs étrangers non accompagnés et les victimes de traite des êtres humains… si Théo Francken ne serait pas en train de montrer du doigt le Maghreb et l’Afrique noire ?
C’est tellement biscornu cette loi d’origine flamande que le Conseil d'Etat s'interroge sur la compatibilité de la mesure avec le droit européen et international.
Il est vrai que le gouvernement flamand sous l’influence de la N-VA lui aussi, n’est pas à une entorse près, du droit des gens.

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Quand on pense que le gouvernement Michel allait s’attacher uniquement à faire redémarrer l’économie et à réduire le chômage autrement qu’en supprimant des allocations à certaines catégories de chômeurs (Di Rupo avait amorcé cette détestable pratique) ! Le transfert des richesses continue du travail à la rente... et Francken s’amène avec ses 225 euros !
Sous cette bizarrerie nouvelle se cache la possibilité de faire payer par le contribuable chaque formulaire à un prix restant à déterminer.
Il y a de l’idée là-dessous. On paie pour une nouvelle carte d’identité, pourquoi pas pour sa feuille d’impôt ? Et celui qui ne la réclamerait pas serait taxé d’office.
Peut-être bien que le citoyen, par représailles, exigerait que les parlementaires paient le café qu’on leur sert gratuitement aujourd’hui, dans de belles tasses aux armes de la Belgique, que les ministres louent au prix du marché de location, les voitures avec chauffeur que nous leur offrons actuellement et qu’à la fin du mois, on envoie à Charles Michel, les factures d’eau et d’électricité, au 16, rue de la Loi, avant de lui faire payer le loyer.
Mais cet illusoire attendu que le citoyen n’a aucun pouvoir sur ceux qu’il élit et que la démocratie, avec cette forme de blanc-seing, crée en réalité des électrons libres en Haut lieu qui font exactement ce qui les arrange. Connaissant l’âme humaine, c’est donc tout naturellement que, la roue tournant en leur faveur, la plupart de nos ministres et parlementaires tournent à voyous, par entraînement !
Puisque nous en sommes là, et attendu que nous sommes les patrons fictifs de ces fines fleurs de citoyens élus, rêvons qu’on nous rende le droit de les payer au mérite !
Je crois bien que rien qu’à ce dernier poste, nous pourrions reverser au ministère des Finances une part importante de l’intérêt de la dette.
Cela permettrait de dégager des sommes dont le pays a le plus grand besoin, sans trop priver ces messieurs, attendu qu’ils émargent aux budgets de nos Institutions publiques bien plus longtemps, pour la plupart, que nos chômeurs de longue durée et qu’ils ont eu le temps d’en mettre un beau paquet « de côté ».
Comme dirait Richard Miller « Servir l’État est un honneur » et un honneur, c’est comme un mérite moral, c’est gratuit, mon pote !

3 décembre 2014

Richard Miller golliste-michelin.

De même qu’on s’est marré jadis, quand un comité de « jeunes » s’est appelé « giscardien ».
Jacques Martin en avait fait un thème récurrent dans son émission Le Petit Rapporteur, voilà que ça se répète quarante ans plus tard.
Saviez-vous qu’il existe un centre d’études MR ? Il s’appelle Centre Jean Gol, du nom de l’initiateur qui a donné la becquée à Louis Michel et Didier Reynders, quand ils étaient maigres et sans le sou !
Et qui est, selon-vous, le giscardien relooké en golliste-michelin (pas celui de Saint-Etienne, mais de Wavre) ?
L’ineffable Monsieur Je-sais-tout Richard Miller !
La boîte à idées à lui tout seul du MR est l’administrateur-délégué de cette planque de parti (tous les partis en ont une).
Miller est un conservateur déguisé en modéré. Le changement qu’il préconise est un sacré bond en arrière, au temps où les libéraux étaient paternalistes. On voit le genre.
Et que nous dit le golliste-michelin à la question « les grèves actuelles sont politiques ? ».
La suite vaut son pesant de cacahouètes :
« La grève n’est pas un instrument mineur du combat social et faire grève, c’est prendre une responsabilité importante par rapport à l’ensemble de la société… Or, ici, que voit-on ? M. Goblet qui met son syndicat, la FGTB, fer de lance du mouvement, au service du PS. Ils ont d’ailleurs organisé tout cela ensemble. »
D’après cette référence du « comment dépenser son argent, surtout quand c’est celui d’un autre », le MR peut attenter aux salaires, aux droits acquis, afin de poursuivre la paupérisation des habitants de ce fichu pays, saquer dans les chômeurs, brader les conventions sociales, tout cela parce qu’il s’est acoquiné, lui le minoritaire dans deux Régions, avec une majorité flamande et ce serait « légal », selon monsieur Miller ?

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Que Goblet soit en cheville avec le PS, c’est bien connu et ce n’est pas nouveau. Avant lui Demelenne était aussi fourrée dans les congrès socialiste jusqu’au bout du foulard rose, et alors ? En quoi la position de ces porte-flingue du PS change la donne ?
La croyance de l’administrateur-délégué du centre Jean Gol en l’immaculée conception du suffrage universel est à géométrie variable. L’élection du Président Chavez, élu au Venezuela en 1998 démocratiquement, a été faite dans les règles et au suffrage universel. Si vous saviez ce qu’on pense au Centre Jean Gol de cette élection-là !
C’est comme ça, on ne se refait pas.
Pour que la démocratie soit effective, il faut encore l’aval du mouvement libéral et la certification par monsieur Miller, que le suffrage colle au système capitaliste.
Nous voilà bien avec une double légitimité sur le dos, pour avoir droit au label de « bon citoyen ».
Les syndicats sous la conduite des rosés contreviennent aux règles libéralo-démocratiques. Ce sont donc des « communisants » de la pire espèce, dirait notre « brillant » administrateur-délégué.
Et dire qu’indirectement nous payons ce type par nos impôts, pour l’entendre proférer de telles âneries !
Le golliste-michelin de conclure à propos de la CGSLB (syndicat libéral) « Ils se sont fourvoyés. Ce combat n’est pas le leur, l’agenda de M. Goblet n’est pas le leur : le président de la FGTB fait cette grève afin que les mesures gouvernementales échouent, il veut empêcher qu’elles produisent leurs effets. »
Votre syndicat aussi, cher subventionné, la CGSLB ne souhaite pas l’application des mesures gouvernementales !
Si je souhaite qu’une partie de mes impôts aillent payer votre salaire, au nom de la légitimité du suffrage universel ? Je dis non, sans hésiter.
Êtes-vous naturellement stupide ou le faites-vous exprès ?

2 décembre 2014

Le doux chant des lingots.

Les admirateurs des gens à pognon se frottent les mains en Belgique. Ils sont prêts à accueillir les « pauvres » riches qui pourraient prendre le chemin de l’exil. Plutôt la Belgique que la Suisse, non ? Ça paie pas d’impôt, mais ça chie dans la soie, ces bestiaux-là ! Nos officiels aiment le luxe et ceux qui vivent dedans.
La concurrence reste forte avec les Helvètes. On réussit quelques coups avec nos élégants dans les ministères, mais les autres restent au top.
Par l’effet d’une démocratie sans doute plus ouverte au beau monde qu’en Belgique, les Genevois, par initiative référendaire, vont avoir l'occasion de dire ce qu'ils pensent des conditions très avantageuses offertes aux riches étrangers. L’initiative cantonale en faveur de l'abolition des forfaits fiscaux, en même temps qu'une initiative nationale sur le même sujet aura lieu bientôt. Genève aura ainsi l'occasion de suivre la décision prise par Zurich en 2009.
Les forfaits fiscaux sont destinés à attirer des contribuables étrangers fortunés n’exerçant pas d’activité professionnelle en Suisse. Ces riches sont imposés sur leur train de vie et leurs dépenses locales. Un peu comme on le faisait en Belgique dans l’entre deux guerres, une taxe à la « tête du client », belle bagnole, maîtresse habillée par un grand couturier, château et piscine privée, ça vaut tant…. Voilà qui arrange les résidents qui ne sont pratiquement jamais dans leur propriété en Suisse. Comment taxer un Delon, un Hallyday ? Par exemple, pour le chanteur résidant à Gstaad (canton de Berne), il aurait payé 583.000 euros d'impôts en 2011. Soit seulement 10% de ses revenus gagnés la même année.
Les Suisses qui sentent passer la crise comme nous, la trouvent mauvaise. Ils ont décidé que chacun, selon ses moyens, devait contribuer à sortir de l’impasse dans laquelle les a fichus l’économie en train de battre de l’aile.
En 2014, la Suisse comptait 5.634 cas d'imposition à la dépense, dont 710 à Genève.
Bart De Wever et Charles Michel qui aiment tant les riches – ils viennent encore de repousser l’idée d’une taxe sur la fortune – s’attendent à un nouvel arrivage d’émigrés de luxe, en cas de victoire du "oui" suisse. Partis sur l’idée d’un nouvel exil, les riches étrangers trouveraient en Belgique un pays qui leur tend les bras, surtout que la N-VA, par ailleurs impitoyable pour les demandeurs d’asile et les chômeurs, adore ce parasitisme-là.
Le Plat Pays regorge d’expatriés français pour lesquels il n’y a aucune exigence, ni financière, ni linguistique. Les rentiers et les actionnaires qui n’ont que la seule activité de couper les coupons une fois l’an dans la banque de leur choix, grâce à l'absence d'impôt sur la fortune (ISF), trouvent un havre de paix fiscale à Uccle et à Knokke.
La Belgique aime tellement les oisifs aisés, qu’elle taxe surtout les revenus du travail. Si bien qu’à partir d’un certain niveau, ne rien foutre est même encouragé par Bart De Wever, pourtant impitoyable pour ceux qui n’ont pas de travail et qui en cherchent..

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Nous avons l’air, comme ça de ne pas savoir où puiser des recettes à cause de notre extravagance politique avec cinq gouvernements au point que Moscovici, aux finances de la Commission européenne, nous somme de réaliser des économies, mais avec notre bonté fiscale à l’égard des gros magots, nous exonérons toujours les plus-values mobilières liées à la cession de titres d’une société, etc…
Et puis Bruxelles, la cosmopolite, est à deux tours de roue de Paris par le Thalys.
Ce référendum suisse, Charles Michel croise les doigts pour qu’il réussisse.
Mais, il faudra que son gouvernement joue serré avec les pressurés qui font des grèves et perturbent les séjours des bienheureux du CAC 40.
C’est que Michel a des concurrents à la résidence. Il paraît que l’Angleterre et l’Irlande sont très attirantes aussi, Monaco, quoiqu’on n’en fait plus la réclame ; dernier venu dans les paradis fiscaux à portée du chemin de fer : le Portugal.
Les retraités européens ayant des pépettes par millions y sont comme chez eux tout de suite. Pas de passeport, pas de formalités gênantes, rien que des courbettes de l’administration. Les résidents « non-habituels », les pigeons voyageurs à gros pognon sont totalement exonérés au Portugal.
De Wever s’inquiète, Charles Michel s’insurge à l’Europe, d’une concurrence déloyale du Portugal.
La Commission va revoir le cas…
Ah ! mais… la Belgique défend ses intérêts.
Et nous là-dedans, que fait-on ?
Rien. On bosse. On paie. Normal !

1 décembre 2014

Autopsie Chanel.

Je m’étais juré de ne plus ouvrir la télé aux spectacles navrants de Controverse et Mise au point, sur les deux chaînes dites « favorites ».
Malgré tout, pour une dernière chance, j’ai zappé sur ses bijoux de bourges dépressives.
Pas très longtemps, l’esprit un peu voyeur, dois-je le dire.
La RTBF, avec Gadisseux à la grosse caisse, depuis que Maroy sauve ses hypothèques en pointant au MR, j’ai été déçu. Ce n’était pas l’autre qui le retenait par ses bretelles, c’est tout simplement la trouille de perdre son emploi. Je l’ai reconnu tout de suite, d’un terne, d’une apathie, qui le ferait reconnaître parmi les épouvantails d’un champ de navets.
Il fallait se rabattre sur RTL, avec les mêmes invités, pour le même sujet.
Un synchronisme étonnant ! En zappant de l’une à l’autre, je suis tombé sur le speech de Marc Goblet, le successeur d’Anne Demelenne à la FGTB, sur les deux chaînes en même temps ! Ce n’était pas de l’ubiquité, mais l’une en différé, l’autre en direct. C’est dire le peu d’imagination, l’argent jeté par les fenêtres !
J’allais me résigner à subir le charme campagnard du nouveau chef rosé des syndiqués, quand M’ame Demoulin donna la parole à la seule invitée inconnue et qui pouvait donc être un témoin issu du peuple et y retournant aussitôt l’émission mise en boîte.
Enfin, une invitée qui n’est pas « maison », ni astreinte aux mots attendus, grâce à un cursus de grande école, un être vivant, quoi, une femme du peuple, une nouvelle Théroigne de Méricourt.
J’aurais dû me méfier d’RTL, après les trains hollandais de miss Darhmouch, je me disais que c’était impossible d’aller plus loin.

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Eh bien non ! Domino a lancé le disque vingt centimètres plus loin.
En effet, cette dame d’un certain âge, se mit à se farcir le représentant de la FGTB sur le thème « nous sommes tous dans le même bateau… les grèves sont nuisibles… etc. » usant de la comparaison d’un ascenseur pour l’usage de tous à quelque étage que vous descendiez, pour marquer sa solidarité, du petit commerçant au grand mercanti. Pendant ce temps, Goblet ne cilla pas. Pendant qu’il ne cillait pas, j’ai trouvé qu’il avait tout à fait la tête de Danton au départ pour l’échafaud.
« Riches et pauvres, sont nos prénoms, Belge est notre nom de famille ».
Mais où RTL va-t-il les chercher ? Son chasseur de têtes est de première !
Goblet, aurait pu rétorquer que la plupart des gens montent dans les étages par des escaliers et même dans certains cas, les riches usent de l’ascenseur et les domestiques empruntent l’escalier de service. Mais à quoi bon. Il y a des rivières impétueuses que nul ne saurait remonter. On voyait bien que ce témoin avait été choisi avec le plus grand soin.
Comme Goblet n’a pas d’esprit (heureusement qu’on ne peut pas le lui reprocher, les autres en sont tout autant que lui dépourvus), pendant que les autres pouffaient, il s’est contenté de réciter un prospectus de la FGTB. Heureusement qu’il le savait par cœur !
Je l’ai déjà dit cent fois : je n’ouvrirai plus jamais « le poste » sur les babillards du dimanche midi.
Enfin, on en est encore à se renvoyer la patate chaude des responsabilités dans cette société malade.
Le jour où l’on aura vraiment un débat digne de ce nom, que Domino me prévienne, que Gadisseux me fasse un signe.
Une fois pour toute, ce système est détraqué. Quand va-t-on s’en apercevoir ?
Tous les dés sont pipés et les grèves pour rattraper un peu de l’acquis social qui fiche le camp, sont utiles.
Que la société fourmillent de demeurés comme cette pauvre femme dégoisant des conneries et donnant l’impression que le peuple est con et que son sort est amplement mérité, RTL n’a pas de mal à en trouver. Son carnet d’adresses en est rempli.
Ce n’est pas de ça qu’il s’agit.
Le seul débat intéressant aura lieu le jour où nos enflures politiques, nos célébrités syndicales fermeront leurs gueules pour ouvrir une tribune avec des économistes et des gens du peuple qui n’ont pas leur langue dans la poche.
Le système est nase et les docteurs Mabuse qui veulent le sauver, le sont aussi !
Ce n’est pas de la grippe dont nous souffrons, mais d’Ebola.
Ils ont ouvert la boîte de Pandore avec trois milliards de pauvres types mal payés qui veulent que nous le soyons aussi, plutôt qu’essayer de nous ressembler.
Ce n’est pas de remède de cheval dont nous avons besoin, mais d’une bonne autopsie du cadavre qui pourrit sous notre nez, mais que les riches ne sentent pas grâce à leur Numéro Cinq. (voir le titre)