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31 janvier 2023

OÙ WALLON-NOUS !

2024 sera-t-elle la dernière législature de l’usine à gaz Belgique dans sa forme fédérale ?
C’est possible vu la déclaration de Bart de Wever et pas que… l’insolvabilité financière imminente du niveau fédéral et des niveaux wallon et bruxellois, est criante. Elio Di Rupo nous a raconté tellement de craques sur l’argent en caisse, qu’il a endormi les gens, tandis que son gouvernement y allait de bon cœur dans les dépenses inutiles.
Les deux Régions francophones par leur mauvaise gestion apportent de l’eau au moulin de Bart De Wever qui n’a plus qu’à souligner que la Flandre ne peut plus cohabiter avec des paniers percés.
Mais il y a aussi la tension (financière) entre les Bruxellois francophones et les Wallons qui défendent manifestement des intérêts différents. Si bien que nos élites vent debout contre le projet De Wever partent à la castagne dispersés et plus que jamais opposés.
Bart De Wever propose de passer outre l’État de droit (2/3 des voix pour changer la Constitution) pour imposer l’autonomie de la Flandre de manière extra-légale.
Et bon sang de bon sang ! en tant que Flamand, il a raison !
Les citoyens francophones de ce pays sont coupables d’avoir voté pour des fossoyeurs qui n’ont fait que creuser notre propre tombe depuis vingt ans !
Quant à l’État de droit, depuis le temps qu’on s’arrange pour l’oublier, voir le Traité de Maëstricht, les accords avec l’Europe sans consultation populaire et les labyrinthes juridiques de la frontière linguistique, on ne comprend pas que Nollet s’étrangle à la pensée qu’on risque de perdre le fil de la Constitution, si ce n’est pour nous jouer un acte de Tartuffe, quand celui-ci tente de séduire la femme de son bienfaiteur.
A bien regarder nous n’avons que ce que nous méritons.
La Flandre agit selon les critères du capitalisme. Ce système n’est-il pas celui que nos dirigeants admirent le plus, et en redemandent jusqu’à la boulimie ? Ne veulent-ils pas nous américaniser à fond dans leur obsession néolibérale ?
Dans ce contexte, le pognon est roi. Une entreprise florissante se débarrasse au plus vite de filiales au bord de la faillite ? Fin décembre, on a vu la Société mère de MAKRO liquider un poids mort, au point que le personnel licencié ne touchera probablement aucune indemnité !
Alors, de quoi se plaint-on ?
Pascal Delwit, politologue de l’ULB, gourou de la bienpensante Belgique, s’en prend vertement à la N-VA dans La Libre : « Pour outrepasser la constitution avec une forme d’acceptation sociale et politique, il faudrait un large accord. Sinon, c’est un coup d’État au sens littéral. »
Ce sera probablement le thème de nos partis de gouvernement quand sonnera l’heure de la propagande électorale. « Surtout ne pas toucher à la Constitution quand le quorum des députés n’est pas requis ».
Alors que depuis 1919 à Lophem en approuvant le vote unique universel, on a bricolé les moyens de contourner la Constitution, depuis on n’a fait que ça, pratiquement à chaque annexe ajoutée à notre usine à gaz, avec ou sans législature réformatrice du bidule sur le droit et l’État.
Bart De Wever et d’autres fins pronostiqueurs sont convaincus qu’avec le Vlaams belang et le PTB, la N-VA sera incapable de passer la réforme confédérale en 2014. Alors, il veut y aller par la force. Il n’a pas tort par expérience, puisque les Régions francophones ont toujours fini par accepter les ukases de la Région flamande. Il n’est même pas dit qu’elles n’approuveront pas cette dernière, à condition que la Flandre leur jette un sac d’écus.

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Voilà encore une différence avec la Flandre, les Régions francophones marchent au pognon ! Les achète qui y met le prix. Il pourrait se dessiner un accord sur le confédéralisme lié à une assistance financière de plusieurs années. Pourquoi pas ? À Namur, au Parlement, on est rompu aux marchandages et à la nécessité de penser au renflouement des caisses.
C’est insupportable pour les Wallons qui ont un reste d’honneur et qui voient leur Région comme jadis les pauvres, aux portes des églises tendre une sébile aux riches paroissiens.
Car on en est là, malgré les rodomontades de Nollet et les versions latines que Paul Magnette échange avec son ami Bart.
Il en a oublié une « Si vis pacem, para bellum » (Si tu veux la paix, prépare la guerre »). Or la Région n’a rien préparé du tout. Elle n’a fait aucun plan par précaution pour le cas de figure qui se présente. Elle avait et a toujours confiance dans le bourgeoisisme ambiant qui voit l’avenir dans la certitude d’une Belgique unie et européenne, même si des replâtrages sont nécessaires.
Bref, l’usine à gaz en partie son œuvre, est avant tout une œuvre commune avec la Flandre.
Alors qu’il eût été d’une grande sagesse de mettre ensemble les francophiles, les rattachistes, les royalistes unitaristes et les quelques survivants des thèses de François Perrin et des fondamentaux qui ont produit André Renard et le Mouvement Populaire Wallon, afin de trouver un compromis et d’avoir un but à atteindre en cas de séparation.
Mais cela, PS, MR et Écolo n’y ont jamais pensé.
Si bien que la paire effarante que sont les deux incapables Di Rupo et Borsus, sera notre représentante à ce moment de notre histoire où il eût fallu un Metternich et un Talleyrand.
On a les chefs qu’on mérite en démocratie… ces deux-là, c’est le pompon !

30 janvier 2023

TOUS CRIMINELS !

Cela se passe encore comme du temps de Zola, sauf que la paie du samedi soir, l’ouvrier ne l’a plus dans la pogne en liquide. C’est la banque qui gère en intermédiaire obligatoire, entre celui qui débourse et celui qui reçoit, à la fin du mois. Sauf qu’en 1900 comme en 2023, la peine, c’est pas lourd.
La suite est identique, l’homme va droit au troquet de l’autre côté de la rue de sa boîte de quincaille. Il va boire quelques bières, histoire de s’apercevoir qu’il existe encore et qu’il fait ce qu’il lui plaît !
Parfois il se saoule. C’est toujours lui qui décide, non ?
Toutes les embrouiles, les brimades de la journée et des autres jours lui remontent du fond des tripes.
À la troisième bière, le courage lui vient.
« Merde, on est des cons », dit-il sentencieux à son voisin de beuverie qui a sa petite idée sur sa connerie à lui et qui n’est pas d’accord que l’autre l’assimile dans la connerie générale.
– Non, c’est-à-dire…
– C’est pas à dire, on est des cons ! le coupe le premier, pértemptoire. Et pas des petits… des gros… des énormes !
Là, il faut qu’il s’explique.
– On est les plus nombreux, pourquoi est-ce que le nombre, ça fait que dalle en démocratie ?
Qu’on doit essuyer leur merde, et encore, pas comme on veut, comme ils le veulent !
Ce samedi-là, il en a dur sur le caisson. L’instinct tricoteuse chez Guillotin l’illumine.
– C’est qu’on prendrait leur place à ces fumiers ! À nous les gonzesses, le luxe, les bains moussants, le pognon à plus savoir qu’en faire… Et le temps qu’on veut à faire ce qu’on veut. Mais faut les éliminer ces ordures.
Il se voit devant six téléphones comme dans un film américain, laisse à une secrétaire la responsabilité de décrocher celui qu’elle veut. Lui s’en fout. Ce qu’il veut, c’est sortir, partir de la boîte où c’est le patron et sa famille qui ont pris le relais de Mimile, Gaston, Perclus et les autres, tous endimanchés et déjà au large pour une java. Sous les ordres du contremaître Ernest Lerugueux et du directeur Lemploie, qui sont restés au poste, stoïques, serviles à jamais, la famille Dublé, propriétaire, s’affaire dans les mêmes contorsions béhavioristes que leur ancien personnel, l’air soudain abêti exactement comme les cols bleus disparus.
– Nom de dieu de nom de dieu, dit l’ouvrier à son sixième demi, taïaut, taïaut… faut les crever ces paillasses…
La suite est imprécise et même confuse.
L’ouvrier que cela soit en 1900 ou en 2013, quand son inhibition sociale s’évacue par n’importe quel moyen, il voit rouge, l’Homme, mais il voit clair !

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Quels sont les bonnes ou les mauvaises raisons qui font la sensibilité des gens à l’énoncé de ce que gagnent les parlementaires, les chefs syndicalistes, les hauts fonctionnaires et, étendu au privé, les actionnaires qui se gavent par rapport aux salaires de leurs ouvriers ?
L’envie est une des mauvaises raisons, quoique souvent compréhensible, devant l’exposition du luxe éhonté qui s’étale dans les magazines sur papier glacé, dans les salles d’attente des Facultés et aux devantures des marchands de journaux.
« Se voir à leur place » entre dans la même conception de la société qui va du milliardaire au président de la CSC ou de la FGTB. Procède de la même envie d’être « comme eux », un bon nombre d’anonymes qui confond justice pour tous et promotion spéciale personnelle, un peu comme le plouc qui ramasse un paquet au Loto et qui, le jour avant, se demandait comment il allait payer son loyer !
Parmi les bonnes raisons, la lutte contre la pauvreté est la plus importante.
Distraire le moindre euro pour sortir de la misère des familles entières, hommes, femmes et enfants, quelle que soit l’origine de leur malheur, tout le peuple en souffrance en somme, oui, dans une vraie démocratie, c’est un crime !
Le voilà avec l’utopie de la société égalitaire, diront les libéraux moqueurs.
Eh bien non, il faut distinguer des différences au mérite, à l’effort, à la situation plus ou moins élevée hiérarchiquement, aux responsabilités. C’est au nombre de fois le salaire moyen de l’ouvrier qualifié qu’il faut chercher le mètre étalon.
S’il est inqualifiable de prétendre que Thierry Bodson de la FGTB vaille cinq salaires d’ouvrier, il est encore plus outrageant pour le citoyen des voir Georges-Louis Bouchez se mettre en poche un salaire de sénateur-coopté sans en faire une secousse pour le bien public.
Ne parlons pas de l’actionnaire, souvent héritier, qui n’en fera jamais une secousse et qui est un parasite complet choyé par ceux qu’on envoie nous représenter dans cette grande bouffonnerie de l’état belge !

29 janvier 2023

Jean-Claude et Georges-Louis.

Dans la Cité jadis ardente, il n’y a plus de journaux antagonistes, comme le furent le journal La Meuse quand il avait ses rotatives boulevard de la Sauvenière et le journal « La Wallonie » propriété de la FGTB, rue de la Régence.
Il y avait quelques chroniqueurs célèbres, Fauconnier pour la Wallonie, rédacteur en chef Coppé, au temps ou Gabriel l’était pour La Meuse. André Renard qui fut directeur de la Wallonie, s’en servit comme outil de propagande. La Meuse avec ses patrons bruxellois ne fut pas en reste dans le sens opposé.
Le journal La Wallonie fermé par manque de lecteurs, son grand rival prit naturellement le relais, regroupa les deux clientèles et tire depuis le diable par la queue, les lecteurs fondent. L’idéologie libérale, sans rivale, est aujourd’hui diffusée depuis Le Soir de Bruxelles, dont la famille Rossel est propriétaire. Il n’y a plus de polémiques, ni de contradictions possibles, à Liège, la chronique locale des chiens écrasés supplée à toutes les informations. La Meuse, c’est un ou deux plumitifs, en tout.
Les bons chroniqueurs sont à la retraite, ceux qui les remplacent ont une mission bien spécifique, apprise à l’école du journalisme : culpabiliser l’infortune et glorifier la fortune. Ce n’est pas mis à l’instruction de la sorte, mais la formule se tient.
Les chômeurs indélicats, les filous des CPAS et en général, les loustics citadins à la main leste qui peuplent les trottoirs, font les délices des lecteurs liégeois. On se sent concerné quand le chenapan habite la rue à côté et qu’on aurait pu le croiser.
Rassurez-vous, les grands voyous n’habitent pas près de chez vous. Ils vivent ailleurs, entre eux, dans des avenues silencieuses, sillonnées de nuit comme de jour par une police protectrice.
Ainsi, le journal, sans opinion, dissimule mal sa nature qui veut nous faire croire que : « qui vole un œuf, vole un bœuf », sinon que les bœufs sont plutôt volés par une catégorie supérieure, bien au-dessus de celle des quartiers populaires.
La tactique est évidente, c’est de faire croire aux gens que c’est le petit voleur qui porte atteinte aux fondements de l’État, touche au bien-être des habitants en mordant sur des sommes réservées au malheur (petite pension, indemnisation des malades, des chômeurs et des démunis complets).
Le lecteur naïf en conclut que, vu leur nombre, les nuisibles sont parmi le peuple. Ce que le journal local recherche n’est pas tant de relater tous les faits divers, mais d’établir une sélection afin d’écarter un fraudeur s’il est richissime, laissant au Soir et à la Chroniqueuse en chef, madame Delvaux, le soin de leur cirer les pompes. Les ennemis jurés de la société, sont plutôt à trouver dans la haute bourgeoisie et le personnel politique établi de génération en génération dans les partis traditionnels, bien préparés au cousu-main parfaitement légal et de façon pérenne.

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On a pu lire il y a quelques semaines dans le journal « La Meuse » sans opinion (sic), l’articulet suivant : « L’Auditorat du travail de Liège a requis sévèrement contre le « Hells Angels » qui touchait des allocations à Liège et au Grand-Duché via une domiciliation fictive. En un peu plus de 7 ans, Jean-Claude a perçu plus de 200.000 € d’aides sociales dont 75.000 indûment. Jean-Claude mangeait à tous les râteliers sociaux ».
Non, ce n’est pas de « notre » Jean-Claude amoureux du Qatar, dont il s’agit. Les doubles prénoms seraient-ils des fatalités qui, jadis, auraient mené son homme à l’échafaud ? À défaut d’un aussi funeste destin, ne sont-ils pas aussi la conséquence d’une certaine fatuité, comme les personnages de Proust ? Comment imaginer que l’on pût, par exemple, s’appeler Georges-Louis, sans quelque vanité ?
Voilà qui est honteux qui n’est certainement pas flatteur pour la classe sociale à laquelle le motard
« Hells Angels » appartient. Plus fortiche que lui, on se remémore, ce prêtre zaïrois marié, percevant des allocations de chômage ailleurs que dans la commune où il officiait et même des allocations familiales en plus de son traitement de prêtre catholique.
Le « Hells Angels » a donc bel et bien carotté l’usine à gaz Belgique de quelque chose comme 892 € par mois durant 7 ans. Les grands filous ayant pignon sur rue à Bruxelles doivent bien rire, eux qui carottent plus en un an que l’autre en 7 !
Le « Hells Angels » ira-t-il en prison ? On réclame une certaine indulgence des juges, en leur faisant remarquer que la prison est réservée aux petits délinquants, les gros n’y vont pratiquement jamais.
Le cas est sans doute exemplaire à plus d’un titre puisque, parmi les plus indignés, on trouve Georges-Louis Bouchez qui met en parallèle les profiteurs et les travailleurs, ceux-ci ayant à charge ceux-là.
Aïe ! encore un double prénom ! Ce redresseur de tort, ce pourfendeur des injustices est parmi les plus gros assistés de l’État. Sénateur, sans siéger au Sénat, il faut le faire, non ?
Personnellement, s’il m’échoyait de me farcir 8.000 € par mois de contribution de vous tous, je fermerais ma gueule devant un malchanceux qui n’en barbotte que 892.

28 janvier 2023

Déchetterie.

Nos Pères-Ma-Gloire devraient lire plus souvent Machiavel qui invitait les hommes de pouvoir à ne pas se tromper de guerre. Les voilà qui se ruent dans des causes perdues à l’avance, telle leur vision de l’économie dans une démocratie bricolée à la pâte à papier de leurs journaux, au lieu de s’investir dans des batailles autrement plus importantes : la pauvreté et l’avenir de l’Homme dans une nature qu’ils offensent tous les jours.
Les voilà avec une vraie guerre en Ukraine, quasiment l’Europe. Ils ne savent qu’en faire, sinon donner de l’argent et des tanks pour que les Ukrainiens se fassent tuer à notre place. Une guerre par procuration donne aussi à Poutine un délai pour se mesurer à l’OTAN.
Quand ils nous jugent ne plus être d’accord avec eux, ils crient à “la dictature” des minorités, ce culot, quand eux le sont davantage au décompte des voix et des abstentions. Ils nous vendent ça, comme Bouchez à la minque d’Ostende nous liquiderait de ces merlans aux yeux exorbités de putréfaction, rien qu’avec son sourire d’avocat-gavroche montois !
Et méprisant avec ça, nous ravalant au rôle du consommateur idiot, alors qu’il s’affiche avec le dernier iPhone, tout en mettant des sous sur Instagram et FB pour qu’on le voie de partout !
Le PS et les grands chefs des deux syndicats, sont plus prudents. On se demande où ils vont pouvoir dépenser leur fric sans que nous le sachions ? Comment ils s’habillent le dimanche et dans quoi ils sont logés ? Ont-ils des résidences secondaires ? Ils doivent avoir deux garde-robes, l’une pour la montée aux estrades devant les camarades, l’autre pour des soirées de l’entre-soi.
Ou alors, leur salaire de ministre, ils le mettent de côté. Un grand chef pensionné, on finit par l’oublier, qui le remarquerait derrière ses lunettes de soleil assis à la terrasse d’un bar à Saint-Tropez ?
Ils devraient savoir que la définition du mot “dictature” (la concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’un individu du genre Poutine ou Erdogan, ne s’applique encore à personne en Belgique. Mais c’est provisoire. On en est au stade intermédiaire : l’oligarchie. Étonnons-nous qu’au soir d’une grande explication, pour « sauver » le pays, un nouveau Pétain fasse l’offrande de son corps à la Nation.
Ainsi, à la suite des complications des virus dues à l’épidémie, on a vu naître des vocations de médecin épidémiologiste. La guerre en Ukraine fait éclore des chefs d’état-major. Lors des dernières inondations catastrophiques, une ministre a joué la secouriste de première urgence chez des sinistrés, juste pour la photo.

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Antonio Gramsci a mis en garde contre les “gens qui pensaient une chose et faisaient l’inverse”. Voilà qui nous rappelle que Karine Lalieux a promis qu’avant la fin de la législature, la pension minimale complète serait de 1500 € net par mois.
Une augmentation générale des pensions a quand même eu lieu sous ce gouvernement. Karine Lalieux a sans doute été à la base de ce coup de pouce. Dont acte.
Le tout est de conserver son discours, de le polir savamment, de cultiver cette “colère contre le système”, ferment de notre identité en marge. La pensée antisystème tourne bien souvent en rond.
L’embêtant chez Zemmour, c’est son idée qu’une fois résolue la politique trop en faveur de l’immigration, tout irait à nouveau comme par le passé ! Comme si l’économie à l’américaine que nous subissons n’avait pas détérioré davantage notre façon de vivre et depuis plus longtemps que l’immigration incontrôlée !
J’écoutais Michel Onfray dernièrement évoquer “la fin de notre civilisation”, la “décadence totale” de la France et “l’enfer moral” dans lequel nous tombons jour après jour. Il me rappelait les gosses qui s’excitent sur le joystick de leur Amstrad. Ce monde est fini, parce qu’il est totalement dépendant du système économique.
Personne ne s’est avisé qu’il existe d’autres scénarios. Quand une pièce est mauvaise, on passe à une autre. C’est ce qu’on a toujours fait au théâtre.
Il y a la Belgique qui risque et la Belgique qui préfère discourir sans risquer. Il est peut-être plus commode et jouissif pour beaucoup de crier à la catastrophe, plutôt que de mettre les mains dans le cambouis.
Le hic, c’est la difficulté pour l’isolé de se faire entendre. Normal, puisqu’il est seul réplique-t-on. Sauf qu’en Belgique, il y a plus de dix millions de solitaires. Comment ne se rencontrent-ils pas ? C’est simple, le système a trouvé la parade : une place pour chaque case et chacun à sa case.
Pour rendre l’électeur inoffensif, on n’a rien trouvé de mieux jusqu’à présent.

27 janvier 2023

À couteaux tirés.

Quelle mouche pique les gens aujourd’hui ? Dans la rue, on y sent une tension, un air hostile, sans que les apparences des citadins comme « autrefois » soient différentes. Les gens vont et viennent vêtus ou non à la mode, comme naguère.
La population lorsqu’elle se dilue au tout-venant laisse des espaces entre les groupes, fait des écarts en n’approchant pas certains passants, les évitant… comme si elle en avait peur !
Les rapports sont devenus discourtois, voire hostiles. Un rien, un mot de travers, pourrait déclencher des injures et aller jusqu’aux coups. Serait-on devenu irritable et tatillon en l’espace d’une génération ?
Les automobilistes sont prêts à la guerre pour une priorité non respectée, un coup de volant malencontreux. Un froissement de carrosserie soulève des drames. Sans qu’il y ait collision, un automobiliste s’arrête laissant se former un bouchon derrière lui, rien que pour menacer le chauffeur d’un autre véhicule, le visage collé contre la vitre, l’air menaçant.
Il doit bien y avoir autre chose entre un constat d’accident de gens civilisés et l’invective envers celui supposé avoir commis la faute. On voit même certains chauffards qui prennent les devants et accusent l’autre de leurs propres erreurs. La mauvaise foi règne en maîtresse absolue.
Le piéton quand il n’est pas chauffeur l’agresse et vice versa.
La mauvaise foi est une sorte de préservatif de l’amour propre. On en entend des vertes et des pas mûres de la part de ceux qui débordent de préjugés et de parti pris. On mêle à la querelle la mère de celui qu’on invective sans la connaître. Peut-être est-ce par ce que c’est la seule personne que l’on respecte encore dans certaines familles ?
Sur le trottoir, un instinct de préservation fait baisser le regard des plus timorés devant certains passants ! Regarder franchement dans les yeux est compris comme une provocation par des petits caïds. Il y a des voleurs à la castagne qui profite de la panique de l’agressé pour le dépouiller. Baisser le regard devant quelqu’un peut aussi susciter le désir de tourmenter le peureux, rien que par la jouissance d’une domination avérée. Certains choisissent « leur » victime.
L’hostilité entre les générations s’aggrave d’année en année. Les jeunes ne respectent plus le grand âge. La vieille se tasse, accrochée debout à la barre d’un bus sans aucune illusion à trouver où s’asseoir. Des jeunes gens s’avachissent sur les sièges, sans un seul regard pour l’accrochée à sa barre, comme si elle n’existait pas.
Ce n’est même plus un manque d’éducation. C’est une absence d’humanité. Peut-être que les parents ne font pas mieux. C’est une nouvelle façon d’être dans une société à la dérive, dans un chacun pour soi farouche.
Politesse et bienveillance ont disparu. Pas tout à fait, il reste des résistants affables et souriants, prompts à rendre service à plus faible que soi. Pour les autres, ils sont dans l’attente d’un affrontement avec n’importe qui, l’esprit en alerte.

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Les psychologues pensent que ce courant brutal et dangereux qui règne en ville, est venu d’une Amérique saisie par la violence, comme on la voit dans la plupart des films d’Outre Atlantique depuis une bonne cinquantaine d’années.
L’abus des séances de télévision, des lectures de bandes dessinées, des sorties en boîte et de la drogue répandue partout et à des prix bradés seraient les grands responsables de cette dérive inquiétante. La société de consommation en somme, dans ce qu’elle a de plus caricatural.
C’est le dernier mot jusqu’où le psychologue s’aventure : une société consommant et ne se préoccupant de rien d’autre. Nous serions devenus des machines de digestions placides, des possédés par nos sens dans l’impossibilité d’y résister et submergeant tout, le sentiment que ce sont les autres qui cherchent à nous mettre en danger.
Certains ne résistent pas à accabler tout qui paraît être de naissance lointaine par le vêtement ou la couleur de peau, rendant cette société multiculturelle, c’est-à-dire victime d’une inculture quasiment générale, réduisant l’homme à ses instincts primitifs.
Les nouveaux économistes ont cependant malgré eux exposé les origines du fléau dans leurs traités d’économie. Il suffirait de les consulter pour se rendre à l’évidence.
La société est devenue ce que la culture néolibérale en a fait. L’Amérique a donné le ton. Nous avons suivi comme toujours.
Le groupe, la famille, le clan, enfin tout ce qui pouvait unir ls gens ont disparu.
Nous sommes dans le sacre de l’individu. Chacun tire son épingle du jeu, que les autres se débrouillent. La liberté concerne d’abord celui qui la cherche et la gagne au détriment d’autrui.
Le néolibéralisme fait de l’homme son propre entrepreneur. Le but est d’arriver premier, en savonnant la planche pour les suivants. C’est la nouvelle formule du capitalisme.
Cette course à l’échalote fait devenir les gens fous. Des malins ont créé des « pouponnières » d’entreprises. Des sociétés comme Uber font florès dans des contrats léonins !
Comme arnaque mondiale, on n’a pas trouvé mieux.
Nous avons désormais une société à l’image d’une économie qui ne rapporte gros qu’à ses seuls inventeurs. Les gens s’y ruent et en sortent transformés en bêtes fauves, prêts à tout pour s’adjuger le plus possible de grades, de salaires, de puissance !

26 janvier 2023

Un cri du cœur !

On le savait, mais on en n’était pas certain ; il s’agissait des salaires que les patrons des deux grandes centrales CSC et FGTB (ne parlons pas de la CGSLB, le syndicat libéral corrompu jusqu’à la moëlle par le système).
Maintenant on le sait et on est édifié.
Au niveau du pognon, on pouvait dire que les « élites » du système politique se gavent, pendant que la population crève la dalle. On peut dorénavant y associer les chefs du syndicalisme belge !
Faut-il que le syndiqué soit ballot-ballot pour encore leur verser le denier du pauvre !
Voilà longtemps que ces organisations que l’on croyait par nature ouvrière ne sont plus que des moyens pour le système et les patrons, à réfréner les ardeurs de lutte pour la justice sociale.
Enfin , il est temps de lâcher la bombe, la voici dans toute son efficacité recueillie dans un grand journal belge, non socialiste, ni chrétien peut-on écrire.
« La liste 2021 relative aux mandats exercés en 2020, publiée au Moniteur, permet de constater que Marc Leemans a déclaré un revenu brut de 100.000 euros en tant que président de la Confédération des syndicats chrétiens (CSC), ainsi qu’un montant compris entre 5.000 et 10.000 euros en tant que membre du conseil de régence de la Banque nationale.
Le nom du président de la FGTB, Thierry Bodson, n’apparaît pas sur cette liste. Mais bien celui de son prédécesseur Robert Vertenueil, qui a, comme Marc Leemans, déclaré un revenu brut autour de 100.000 euros, plus entre 1.000 et 5.000 euros comme régent de la BNB. Mario Coppens (CGSLB) déclarait quant à lui des revenus d’environ 200.000 euros pour sa présidence du syndicat libéral, soit deux fois plus que ceux des deux grands syndicats. »
Ces fines ordures se font au minimum 9.500 euros pas mois et sûrement davantage quand on sait toutes les ramifications et les petites chapelles où la présence du chef est payante.
Rien qu’à voir Bodson, sa dégaine, son air malheureux, venir à la tribune plaider pour les petits, les écrasés par le système et dénoncer les sans scrupules qui exploitent la détresse, le cœur de tout honnête homme devrait se soulever de dégout ! Il manque juste à ce discours le reproche que les riches font aux pauvres : leur peu de courage et de volonté à remonter la pente !

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Maintenant, que preuve en main, ces asticots ne valent pas la corde pour les pendre, que pourrait faire les syndicalistes qui pensent – et j’en suis – que des associations ouvrières ont toujours et plus que jamais un rôle de défense sociale important à avoir dans un pays comme le nôtre, corrompu dans toutes ses structures supérieures, même ouvrières (hélas) ?
Les foutre à la porte avec de grands coups de pied au cul ? Mais, ils ne sont qu’à moitié responsables. Ce ne sont pas eux qui ont sauté dans le pot de beurre, mais leurs prédécesseurs, les Gillon, les Renard, déjà… Ce qu’on leur reproche, c’est le manque de réflexe devant cette manne mensuelle et sans s’écrier « Ah ! mais non, je ne vais pas tenir en tribune des propos sur la grande misère des petits, alors que je me fourre près de dix mille euros par mois dans la poche ! ».
Ce réflexe de l’honnête homme leur a manqué lors de leur accession à la fonction. C’est ça qu’on leur reproche. En outre, déjà bien placé pour décocher le schmilblick, qui sait s’ils n’ont pas postulé l’emploi, rien que pour se farcir tous les avantages de la fonction, sans aucun idéal, ni cœur sensible au malheur ?
Reste que tout ça est fort gênant et montre bien que le peuple est tout seul à faire le dos rond pour éviter les coups et qu’il n’y a guère de monde dans les niveaux de la joncaille et du luxe pour lui tendre une main secourable.
On regrette que pas un de ces messieurs-dames (il ne faut pas oublier l’ineffable madame Ska du syndicat chrétien) ne dise à la cantonade « Comme vous avez raison et comme j’aurais honte de prendre tant d’argent des caisses syndicales ! C’est autant de possibilités d’actions que je prélève chaque mois. C’est au-dessus de mes forces. Je ne peux pas vous faire ça ! »
Ce discours-là, vous pouvez toujours l’attendre, mais il ne viendra pas.
Démasqués que vont-ils faire ?
Rien, ils sont fermement assis à la place qu’ils occupent et les flatteurs qui gravitent autour d’eux iront dans leur sens « Vous pensez les responsabilités. Ils n’en dorment pas de la nuit, les malheureux ! ».
Les organisations syndicales poursuivront leur quotidien de collaboration avec le système, l’État d’abord, puisqu’elles servent d’intermédiaires pour les indemnités dues aux chômeurs syndiqués, à toutes les embrouilles conventionnelles et à la collaboration avec les Offices de placement. Au patronat ensuite, dans des marchandages sur les métiers et les contrats qui s’en réfèrent, pour des Conventions à la mords-moi-le fion qui, dans la plupart des cas, tiennent le travail pour rien et l’ouvrier pour de la merde !
Ah ! ce qu’on est mal et comme cette engeance nous est néfaste et comme nous devons nous préserver de partout, y compris de ceux en qui nous avions confiance !

25 janvier 2023

Il était une fois… la Belgique !

Risquons un métalepse que tout le monde comprendra, en nous écriant « Nous pleurons la Belgique » pour « la Belgique est morte ». Car elle l’est bel et bien, noyée dans ses contradictions, ramenée sur la berge par une Europe qui lui maintient la tête hors de l’eau, comme s’il était possible de la sauver.
Mieux ce mélange de germanité et de latinité qui ne devait pas être, survivra à la rouerie de Metternich, Palmerson et Talleyrand, par on ne sait quel mélange de résignation et d’indifférence.
Avant la combine de ces messieurs jouant avec les peuples pour assurer un no mans’ land garantissant l’île anglaise à l’invasion des Germains, le Liégeois Etienne de Gerlache réclamait en décembre 1825 le droit des libéraux à défendre la liberté sur tous les terrains, sans nullement l’intention d’y associer les Germains, en armes à deux de nos frontières linguistiques sur trois : les Pays-Bas et l’Allemagne, avec seulement l’intention de rattacher l’ancienne principauté de Liège aux trois-quarts francophones, à la France.
La révolution qui éclata en France le 27 juillet 1830 contre Charles X porta en trois jours le roi-bourgeois Louis-Philippe au pouvoir, dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle. Le roi devint le « roi des Français par la volonté nationale ». Cette révolution libérale échauffa les esprits en Belgique. Entre 1829 et 1831, d'autres révolutions éclatèrent en Europe. Elles avaient plutôt un caractère nationaliste, inspiré par les idéaux du romantisme, qui voulaient que chaque peuple eût droit à une nation et à l'autonomie.
C’est alors que les trois mauvais génies firent un coup en soudoyant probablement une partie de la bourgeoisie bruxelloise dans le but de construire un État tampon artificiel. Les ouvriers étaient en proie à de sérieuses difficultés financières, le chômage augmentait dangereusement, les vols et les pillages étaient en augmentation. Le Parlement de La Haye sentait monter la tension dans sa province la plus au Sud.
Ils écrivirent le scénario un peu par hasard, profitant de l’agitation des étudiants au sortir d’une représentation à Bruxelles de « La Muette de Portici » le 25 août 1830, au théâtre de la Monnaie.
Les autorités gouvernementales prirent des mesures de prudence (interdiction de La Muette de Portici, renforcement des garnisons, annulation de l'exercice de la garde communale de Bruxelles, du feu d'artifice et des illuminations prévus pour l'anniversaire du roi).

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Deux piquets d'infanterie arrivèrent sur les lieux après le pillage d’une demeure d’un Orangiste, tandis que les ouvriers amusés regardaient de leurs mansardes, les bourgeois s’échauffer dans la rue.
Á quoi tient la naissance « d’un pays » ! Ce jour-là, les trois grands fripons de la diplomatie européenne eurent du bol ! Le commandant de police F.P. de Wageneer, fut atteint par un meuble à la tête lors du pillage, avant d'avoir donné l'ordre d'intervenir. Sans instructions, les piquets d’infanterie n'osèrent ouvrir le feu. Quelques coups de feu au fusil Charleville eussent sans doute suffi.
Voyant cela le groupe de pillards s’était grossi de gens du petit peuple. Plus tard, un groupe se dirigea vers l'immeuble du directeur de la police, Pierre De Knyff de Gontrœuil, qui fut également mis à sac. Là, les tirs des services d'ordre font des victimes, dont deux morts, parmi les insurgés, ce qui mit fin à l'agitation. Au Grand Sablon, les tirs sur les manifestants firent une vingtaine de morts.
N’ayant pas grand-chose à se mettre sous la dent, les historiens du jeune royaume chrétien, se mirent à la tâche pour donner aux écoles les belles histoires qu’on assène à nos enfants, avec force enluminures de Charlier Jambe-de-bois tirant du canon, pour la gloire du nouvel État !
Le dernier champion de l’enluminure qui fit des événements une histoire de la Révolution belge que des éditeurs reprirent en images d’Épinal sur carte-postale, fut Henri Pirenne (1862-1935).
On n’a pas fait mieux depuis, puisque ces mini-événements passent encore en Belgique pour éclipser l’Histoire de la Révolution française de Michelet.
Cent nonante trois ans plus tard, que reste-t-il de la construction perverse de Metternich, Palmerson et Talleyrand ?
La Belgique se dissout dans l’indifférence générale parce qu’elle ne remplit plus aucune fonction claire et déterminée. Il n’y a pas de vrais patriotes, seulement des citoyens qui trouvent confortable toute situation du moment qu’elle existe, dans l’horreur de défaire pour faire, cela exigeant efforts et volonté.
La Flandre ayant réussi sa métamorphose en un État structuré, la Wallonie deviendra une terre abandonnée qui finira par tomber dans la mouvance française. Ses dirigeants planqués à Namur sont aujourd’hui parmi les plus incompétents que nous ayons eus de longtemps. Ces ignares n’ont même pas tenté de nous monter en théorie, un destin en propre, au cas où les Flamands nous sortiraient de « chez eux » !
Quant à Bruxelles, ce coin oublié de France encerclé de Germains, est une aberration pour la Flandre qui tarde à l’annexer. Elle est, dit-on, gouvernée mollement par un ministre président PS acquis à la cause flamande. La preuve en est dans les pouvoirs extravagants accordés à une minorité flamande qui se venge de n’avoir pas un droit absolu sur Bruxelles capitale, en humiliant et en se moquant des francophones habitant en Flandre par mesure de rétorsion.

24 janvier 2023

UN PIÈGE À CONS !

En Europe depuis 1980, les partis de gauche ont, année après année, perdu les liens avec leur base. En Belgique, le PS a cependant mieux résisté que le PS français. Ce n’est que depuis les deux dernières législatives que le PTB, prenant le relais, entame le matelas de voix que le PS avait conservé malgré ses positions libérales.
Après l’abandon de la Charte de Quaregnon, lors d’un Congrès à Liège, le parti pouvait orbiter autour du MR et jouer la carte du libéralisme-social, une utopie qu’un mystificateur comme Di Rupo exploita à fond. Peine perdue. Le parti s’est littéralement coupé de sa base depuis la catastrophique séquence du même Di Rupo, premier ministre.
Outre, le confortable des dirigeants du PS voguant gaillardement et sans scrupule vers le bourgeoisisme, il faut aussi compter le néolibéralisme parmi les causes de ce déclin. La vague libérale des années 2000 avait réussi à convaincre les populations qu’il était porteur de progrès et de prospérité, jusqu’à la pandémie du Covid-19. Quand les masques tombèrent (dans tous les sens du terme), il était trop tard. Les entreprises avaient, pour la plupart, émigrés vers des pays à bas salaires réduisant leurs anciens personnels au chômage. Le néolibéralisme avait vécu dans l’esprit des gens, mais pas dans celui de leurs dirigeants.
Aujourd’hui, l’Europe est restée farouchement néolibérale, malgré toutes les preuves de la nocivité de cette vision globale des marchés, alors que le peuple accablé par cette funeste économie ploie sous les coups du système, dans la stagnation sociale, sinon dans la misère.
Le néolibéralisme condamne le libéralisme d’Adam Smith au profit d’oligopoles par des ententes tacites des prix. L’économie qui en ressort est complètement déshumanisée. Elle est en passe d’anéantir ce qu’il reste de conquête sociale en Europe.
Les électeurs ont raison de rendre les partis au pouvoir responsables de la catastrophe d’une Europe désindustrialisée au moment où le contraire serait l’évidence pour lutter contre le chômage, contrer la guerre en Ukraine et surmonter la stagflation.

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L’autodéfense légitime des peuples a disséminé l’électorat d’opposition en deux parts inégales, la plus grosse revenant à l’extrême droite. C’est la géographie actuelle des Vingt-sept. Elle semble même se renforcer d’année en année, selon un sondage de Science-Po.
Le néolibéralisme est la forme de capitalisme qui donne systématiquement priorité aux impératifs politiques sur les impératifs économiques. Il s’attaque à la santé, à l’éducation et à la culture, avec les dégâts qui se voient autour de nous.
Cette action politique concerne, au premier chef, la promotion d'un nouveau modèle de sujet humain. Le but déclaré est d'amener tout le monde à penser et à se comporter en entrepreneur !
« Le programme néolibéral tend à favoriser la coupure entre l’économie et les réalités sociales. C'est un programme de destruction méthodique des collectifs, c'est-à-dire de toutes les structures collectives capables de faire obstacle à la logique du marché pur : nation, dont la marge de manœuvre ne cesse de décroître ; groupes de travail, avec, par exemple, l’individualisation des salaires et des carrières en fonction des compétences individuelles et l’atomisation des travailleurs qui en résulte ; collectifs de défense des droits des travailleurs, syndicats, associations, coopératives ; famille même, qui, à travers la constitution de marchés par classes d’âge, perd une part de son contrôle sur la consommation ». (Pierre Bourdieu).
Après ce constat accablant, il ne reste plus qu’à trouver une politique de raison autre que celle de l’extrême-droite, car sans que cela ne se voie trop, l’extrême droite malgré sa propagande populiste, fait partie du consensus néolibéral.
Mais comment y parvenir avec un socialisme grillé dans l’opinion publique et une extrême-droite dont on va voir ce dont elle est capable, car quoique les partis centristes en disent, elle arrivera au pouvoir.
La politique de rejet, le fameux plafond de verre, le cordon sanitaire et tout ce que l’on voudra n’a jamais été que de la poudre aux yeux jetée aux électeurs. Après la catastrophe communiste dans le plouf de l’URSS et l’assimilation de tous les partis à la gauche du PS à cet échec, il ne restait plus qu’à la bourgeoisie centriste de se prémunir du courant sur sa droite.
Cette politique fut une réussite au grand détriment de la démocratie qui devint une chasse-gardée pour l’entre-soi des partis de pouvoir.
Que la chance tourne et que l’extrême-droite qui poursuit sa marche en avant se présente favorite et indispensable à la formation d’un gouvernement, vous verriez le PS, le MR et les Engagés aussitôt à l’accueil et aux ronds de jambe.
Rapidement ces partis trouveraient des accointances et des points communs. Pour sûr qu’il y en a, ne serait-ce que le néolibéralisme.

22 janvier 2023

L’EUROPE INTERLOPE.

Bientôt pénurie de députés européens ?
Les Vingt-sept vont devoir passer des petites annonces : « Cherche d’urgence personnes honnêtes pour députation. Bon salaire avec possibilité d’extension. »
Après Eva Kaili, vice-présidente du Parlement européen, en tôle préventive pour corruption, c’est au tour de la présidente d’être sur la sellette. Roberta Metsola aurait été invitée par la viticulture française dans un hôtel 5 étoiles à Beaune, avec vins fins et cinq services à table, qu’elle avait accepté pour elle et son mari !
Évidemment, ce n’est pas de la toute grosse corruption, genre mallette de biftons avec le bonjour d’un Mohamed planqué au Qatar, mais quand même, c’en est bien une, modeste, mais qui vole un œuf, vole un bœuf, dit le dicton.
Nos deux « Innocent et Simplicie », lire Charles Michel et Ursula von der Leyen, ont tellement magnifié leur mandature qu’il eût été inconcevable à leur intronisation, que ces deux-là nous fassent le coup de la pyramide de Ponzi ou reçoivent pour prix de renseignements fournis, une enveloppe de Moscou. Ils ont mis la barre trop haut pour l’Europe du temps présent. Si bien que dans le troupeau, les moutons noirs se voient comme un nez au milieu de la figure.
Ce n’est pas qu’ils soient honnêtes, loin s’en faut ; mais, ces deux-là ont placé leur malhonnêteté ailleurs. Ils nous racontent des craques à propos de l’Europe grosses comme des maisons.
C’est un autre genre de malhonnêteté. Ils emploient une stratégie du langage qui montre à quel point ils nous prennent pour des imbéciles. Ils visent à nous conditionner à une Europe néolibérale par une sorte de chantage idéologique sur les marchés ouverts au monde, sans lesquels la vie et l’Europe perdraient leur sens, nous forçant d’adhérer aux valeurs dominantes – les leurs évidement. Nous n’avons plus qu’à accepter les normes imposées sans discussion possible.
Au diable les États souverains, la démocratie ne s’exerçant qu’à leur niveau. Nous voilà beaux avec nos votes tous les quatre ou cinq ans. Déjà que ce n’était pas terrible, mais à présent ceinturés et incapables de réagir face au parlement des 27, nos derniers endroits de rencontre entre le pouvoir et le citoyen ne sont plus que des chambres d’entérinement. Le changement par les urnes, devient de la franche rigolade.

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Les techniques d’inoculation de ces beaux masques, leur permettent d’exercer une emprise discrète pour camoufler la manipulation et nous faire croire que leur message, nous est acquis par conviction.
C’est à ce titre qu’on peut parler d’appareils idéologiques hors système démocratique.
Les prix du gaz et de l’électricité sont retirés aux États membres, le temps de travail, jusqu’à l’âge de la retraite, aussi, voire la France et Macron avec sa réforme « recommandée » par l’UE, ainsi que des détails de politique extérieure comme, par exemple, le pouvoir ou non d’envoyer des chars lourds à l’Ukraine, suivant la demande pressante du président Zelensky. Là c’est pire, l’interdiction vient de l’Europe, elle-même assujettie au pouvoir de l’OTAN, dont les USA tirent les ficelles !
Les deux mirliflores mettent l’accent sur les grands principes, transmués en une grande évidence sur l’indiscutable excellence des buts supranationaux, donc ne relevant pas de nos misérables opinions, mais sur l’absolue supériorité de leur point de vue de notre système social.
Leur discours idéologique se confond avec celui de la bourgeoisie qui proclame son idéal de liberté en ne se référant qu’à la liberté qu’elle vit, selon son optique et ses propres privilèges.
La mystification ne s’arrête pas là. La sélection des informations joue sur la façon dont nous réagissons.
On pourrait dérouler le script sans fin des artifices de leur langage. C’est celui du pouvoir, d’autant insistant qu’il est usurpé ; car enfin, le peuple n’a même pas voté pour ce parlement supranational et ses vedettes de la politique qui doivent d’être là sur proposition des chefs d’État.
D’évidence pour ne pas être déçu, il faut n’attendre rien de l’Europe, sinon des coups bas, des pressions sur les salaires, des admonestations sur la lenteur avec laquelle on passe à 65 ans, puis 67 ans de l’âge de la retraite.
Toute leur politique est là : changer l’opinion des citoyens par la manipulation des esprits sans trop toucher aux choses et, surtout pas, à l’équilibre social et à la hiérarchie.
En conséquence, les dominés ainsi conduits par le bout du nez, on ne saurait dire de quoi ils sont capables, quand ils allient la conscience professionnelle des producteurs robotisés par la perversité du pouvoir, jusqu’au fanatisme que suscite l’identification au chef admiré et craint.
Juste ciel, comme disent encore les derniers curés, s’ils nous mentent comme ils respirent, Charles Michel et Ursula von der Leyen, fort heureusement, n’ont pas le charisme minimum pour une identification maximale.

21 janvier 2023

Tombe la neige…

On pouvait faire la réflexion à propos de la dizaine de centimètres de neige qui est tombée sur Liège : tout le monde a été surpris ! À commencer par les pouvoirs publics, qui, en principe, sont payés pour ne pas l’être ! Une pagaille monstre est survenue aussi vite. Dans les rues en pente – et Liège n’en manque pas – des inconscients non équipés tentaient de monter leur véhicule jusqu’au seuil de leur maison !
Toute la nuit dernière, les riverains des rues pentues ont entendu des moteurs vrombissant, des portières claquer et jusqu’aux cris de fureurs des automobilistes coincés entre trottoir et chaussée impraticable.
Devant le chaos, les gens des pays de l’Est doivent bien rire, eux qui roulent aussitôt après que des chasse-neige aient dégagé la neige d’une épaisseur de plus de cinquante centimètres !
Le ridicule de la situation pouvant dégénérer en accidents graves, on se demande d’où nous est venue subitement cette inconscience ou cette vanité de penser que dans nos sociétés hyper évoluées tout est surmontable dans des délais courts, grâce à notre haute capacité technique et à notre intelligence pratique ?
C’est tout le contraire qui s’est produit. La spécialisation a joué son rôle de cloisonnement, la pagaille par le manque d’une organisation collective a fait le reste. On dirait que le système économique de spécialisation extrême pour diminuer les coûts de production a joué son rôle néfaste aussi dans un fait météorologique, bien qu’annoncé, celui, tout à fait naturel, d’une chute de neige.
Celle-ci fut suffisante pour alerter la vigilance des services d’épandage, de la police de la route, des bureaux de signalisations et de contrôles routiers. Préventivement, les camions chargés de sel à répandre auraient été placés à des endroits stratégiques, que cela eût été une sage mesure, de même qu’aux grands axes dispatchant les véhicules, des dépanneuses et des policiers auraient pu être postées.
Rien de tout cela !
Les Autorités de la Ville qui ont une part de responsabilité et non des moindres dans ce désastre organisationnel, n’ont pas été le vecteur et l’aiguillon d’une alerte danger, comme elles se sont contentées de regarder la neige de derrière le double vitrage de leur bureau, tandis que quelques ouvriers rappelés de chez eux barraient les rues dangereuses.
Ont-elles seulement donné des instructions aux garages de la Ville pour rassembler les chauffeurs des camions-épandeurs et des autres véhicules de lutte contre la neige ?
Cette incapacité à prévoir de ceux qui ont le pouvoir de commander et faire-faire, en un mot l’élite politique élue, remet celle-ci en question.
Oui, bien sûr, il y a des gens qui ont la capacité de donner des instructions pour agir au bon moment en usant de la capacité maximale d’utiliser effectifs et matériels. Sont-ils en poste avec tous les leviers de commande en main ? Pas certain.

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Il y a une élite à peu près disséminée comme dans un filet de pommes. Il y en a qui sont en dessous et d’autres dessus. Nul, dans l’état actuel de nos capacités de jugement, n’a qualité – surtout pas l’école dispensatrice des diplômes – pour faire le tri et établir un ordre de sélection.
Il semble de plus en plus patent que cette époque placée d’office – pourrait-on dire – dans le système néolibéral par la volonté de l’Europe et des pays chapeautés par les partis du type MR, se fait surtout remarquer par sa médiocrité. Talents, vertus, caractères et audaces, tout y est incertain, tandis qu’on se contente de demi-résultats. Rien n’est complet, de la défense contre la neige à l’hôpital, de la poste au transport en commun, tout y va par moitié, dans une incapacité de faire des choses à fond, autres que celles de produire pour l’enrichissement des uns qui trouvent même du bonus sur le malheur des autres.
On est entré à plein temps dans le règne du toc, du simili et du demi. Il manque toujours quelque chose qu’on aurait pu prévoir dans les Services aux gens, mais qu’on n’a pas prévu, jusqu’à détruire des stocks de masques au temps du Covid-19 !
On célèbre Hanouna sur le même ton qu’un Chateaubriand, Kylian Mbappé qu’un Alain Aspect, prix Nobel de physique. Les Révolutionnaire du PS, devenus libéraux siègent au Parlement et organisent des voyages au Qatar. Tous s’évaluent non plus en capacités innovantes et découvertes profitables à l’Humanité, mais en salaires.
La dernière découverte tient dans l’enseignement : une nouvelle capacité expresse de s’instruire en accéléré. On peut passer sans problème de l’école primaire au lycée sans diplôme élémentaire, sachant que dans certaines sections « de la réussite » on sort bachelier en incapacité de lire et écrire correctement ! On n’a plus le souci du savoir. On a l’air d’avoir « fait des études », papier timbré et paraphé des plus hautes instances, en poche, qu’importe la qualité de l’étudiant. De toute manière, poussé par la main invisible, pistonné ou gravissant les échelons à la force du poignet, tous se retrouveront, quoi qu’il arrive, à leur niveau d’incompétence. Quelques-uns réalisent le tour de force d’y être, sans même avoir commencé !
Alors la neige, les flocons… Tombe la neige, impassible manège, puisque c’est Adamo qui le susurre…

20 janvier 2023

Les retraites d’une traite.


La réforme des retraites de Macron a pris un sacré coup hier lors des manifs des opposants. Deux millions de personnes pour l’Hexagone et 400.000 à Paris, c’est un début en fanfare.
Pressé par l’Europe, le charmant jeune homme de l’Élysée, qui remit d’un sacre à l’autre sa big réforme, a beau gloser sur la nécessité d’allonger le temps de travail, on se demande s’il en est convaincu lui-même.
À force de dire tout et son contraire, il apparaît comme le bon élève de la banque Rothschild qui aura réussi un coup politique à un moment favorable et qui n’a finalement rien apporté d’original en transposant son petit bagage d’économiste aux Finances de François Hollande, jusqu’à sa propre candidature à la présidence de la République. Son succès auquel personne ne croyait, avant le tour final contre Marine Le Pen, ne faisait pas un pli. Il serait élu par défaut !
Sa grande réforme des pensions le met aujourd’hui face à ses contradictions dans le programme repris de son premier mandat. Celui du second n’a, semble-t-il, jamais existé.
Il est vrai qu’à la suite du recul des gauches, quasiment tous les membres de l’UE ont allongé le temps de travail, comme le lui a fait remarquer la Commission européenne qui le presse d’en faire autant.
C’est sans compter sur le peuple français qui n’en veut pas.
Que va-t-il se passer ? Persister dans son projet, contre l’opinion publique, d’autant qu’au Parlement, il est presque certain qu’il disposera sur sa droite des votes nécessaires pour que Madame Borne n’ait pas à rejouer du 49.3.
Quid de la rue ? Lui qui a frôlé le désastre lors de la crise des Gilets Jaunes, devra y regarder à deux fois avant d’imposer sa réforme telle qu’elle plaît à Ursula von der Leyen et Charles Michel.
Un deuxième grand mouvement d’ensemble, hors des partis et des syndicats, c’est une lame de fond qui pourrait cette fois tout emporter.
Sur le principe, de quoi l’Europe se mêle ? Et s’il plaît aux gens de poursuivre le régime actuel des pensions, quitte à en améliorer ici ou là quelques paragraphes aux bénéfices des plus fragiles exerçant des métiers contraignants, « femmes de ménage », aides-soignantes et encore bien d’autres métiers dont la pénibilité n’est pas reconnue. L’argent ? Il y en a. il suffit d’avoir le courage d’aller le chercher là où on le planque.
Comme les choses vont selon les directives du locataire de l’Élysée, on court vers un rapport de force entre une majorité dans la rue, contre une courte majorité des députés siégeant au Parlement, pour tout autant qu’une partie des Républicains d’Éric Ciotti qui avait déjà exprimé son attachement au recul de l’âge de la pension, ne se dégonfle pas.
Les jours qui viennent seront scrutés avec attention par toutes les parties en présence. En cas de force majeure pour sortir de l’impasse, le pouvoir pourrait imaginer un referendum. Si le tollé se transforme en manifestations spontanées et en émeutes, le gouvernement Borne pourra craindre le résultat en préparant sa lettre de démission. Ce sera son chant du cygne, une sorte de capitulation devant l’hostilité générale, sa dernière parade pour que retombent les tensions.
Le temps plus ou moins long de la mise en place du processus peut être utile pour Macron qui se lancerait dans un dialogue sans intermédiaire avec le « peuple », cette sorte de bavardage vain qu’il avait entrepris avec des foules complices, au temps des Gilets Jaunes.

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Deux perspectives qui en découlent scelleront le destin du président Macron. En maintenant sa loi sur les pensions contre l’avis des gens, il sera haï le restant de son mandat. Dans le cas contraire, il passera pour pusillanime et on rira sous cape de ses discours et de sa personne.
Comme les possibilités d’échappatoire sont circonscrites à ces deux perspectives, la fin de son mandat sera de toute manière une longue marche tristounette vers la sortie, sans aucune possibilité de revenir, après qu’un autre président se soit installé à sa place durant cinq ans.
Tout reste pendant du côté de l’Europe. Si la réforme ne se fait pas, ce sera un pied de nez au système ultralibéral d’Ursula von der Leyen et un encouragement des gauches à relever la tête pour des jours meilleurs.
Quoi qu’on dise, le Peuple français a toujours montré la voie dans le social et le droit des gens, depuis 1789, au reste de l’Europe.
Gonflé à bloc par l’unanimité des syndicats, des associations et du peuple de la rue, il porterait un coup dur aux thuriféraires d’une société néolibérale, déjà fragilisée de ses échecs.
On reste suspendu aux nouvelles venues de France pour la suite du bras de fer.
La Belgique est directement concernée par ce qui pourrait advenir en France.

19 janvier 2023

Quand Panzeri déballonne !


Les « incorruptibles » sur les rembourrés des Assemblées de l’Europe à Bruxelles vont avoir du souci à se faire. L'ex-eurodéputé socialiste italien Pier Antonio Panzeri, suspect clé actuellement écroué, a accepté mardi de collaborer avec la justice belge et de livrer ce qu'il sait sur le scandale de corruption présumée au profit du Qatar.
Ce n’est pas beau de cafter sur ses anciens collaborateurs qu’il a lui-même corrompus en leur passant sous le nez des liasses de billets. Pier Antonio n’a pas hésité, entre cinq ans de tôle ou un an, même pas, puisqu’une partie sera sous bracelet, à condition qu’il dénonce ses petits camarades, un maffioso n’hésite pas. Quand on s’engage dans la trahison, pourquoi devrait-il y avoir des trahisons qui ne se font pas ?
Le corrompu novice ne se méfie pas assez. Comment peut-il penser que celui qui est payé par le Qatar pour le corrompre a encore suffisamment d’honneur pour taire son nom, en cas de pétard avec la Justice ?
Panzeri déballe tout sur le modus operandi de la fraude, y compris l'éventuelle implication de personnes "non encore connues dans le dossier".
Il doit y avoir chez les planqués à l’Europe du MR, du PS et des Engagés quelques confrères de la députée grecque Kaili, qui ont des insomnies.
Et dire que Panzeri dirigeait l'ONG « Fight Impunity » ! L’impunité, le rêve de tout corrompu ! L’impunité derrière le mot « Fight » (lutte), les corrompus auraient dû se méfier. Mais quand on a l’amour de l’argent, on ne raisonne plus… on ramasse ce qu’on peut. Quand on sait que le Qatar distribue les billets par mallettes pleines, le corrompu attend la sienne et rien d’autre !
La nouveauté tient dans la remise de peine au cas où l’inculpé collabore, comme la Justice italienne procède dans sa lutte contre la maffia sicilienne.
Panzeri, l’ami de longue date de Marie Arena, avait envie de « déballer », c’est chose faite. On s’attend dans les jours prochains à d’autres inculpations. De la bouche de l’intéressé, il a qualifié ses contacts avec le Maroc et le Qatar de criminels !
Cette envie de déballer inquiète Charles Michel et Ursula von der Leyen. Ils redoutent que cette envie ne décime les travées de l’hémicycle de l’Europe des 27.
Et dire que la première chose que l’on a exigée de l’Ukraine pour être candidate à l’Europe, ce sont des efforts contre la corruption !
Les motifs des deux pays corrupteurs sont connus, le Maroc comme point d'entrée pour appuyer ses intérêts au Parlement européen, le Qatar s’il a fermement contesté ces allégations de corruption, n’en était pas moins le bailleur de fonds pour redorer son image de Nation civilisée, appliquant à la lettre la déclaration des droits de l’homme !
C’est dire le point de dépravation morale des corrompus pour soutenir ces deux pays sur des sujets pareils.

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L’eurodéputé Marc Tarabella (PS) a de nouveau vivement contesté d’être l'un des "corrompus", alors que le processus de la levée de son immunité parlementaire a débuté. Les 140.000 € que lui aurait versé Panzeri n’ont pas été retrouvé au domicile perquisitionné du socialiste. Quand on perquisitionne chez un membre du PS, on trouve rarement du fric sous la pile de caleçons. Ils ont de la bouteille ces gens-là, de l’expérience… chez Alain Mathot et les autres « corrompus » du PS on n’a jamais rien retrouvé ! Les cueilleurs de champignons fréquentant les bois de Seraing auront peut-être un jour une agréable surprise ?
Le système européen de représentation des 27 est tout sauf démocratique. On n’y est pas élu, mais désigné par les partis qui ont un quota de sièges à leur disposition dont ils usent à leur guise. On n’y envoie pas des compétents, amoureux de l’Europe ou en contradiction avec elle, pour enrichir les débats, mais des pantouflards dont on veut couronner la carrière. En 2014, Anne Delvaux est évincée de la liste européenne du CDH par Benoît Lutgen, président, au profit du syndicaliste Claude Rolin, retraité du syndicat chrétien et nouveau pantouflard, à qui on ne peut rien refuser.
Georges-Louis Bouchez, gêné par l’ancien homme de main des Michel, Olivier Chastel, le propulse à l’Europe. Depuis, on est tranquille à la présidence, GLB allant lui-même cafter en soirée chez les Michel.
Les socialistes ne sont pas en reste. Marie Arena fait partie des cadres délaissés du parti, mais dont ne peut se séparer sans un emploi rémunéré. Ce sera une députation à l’Europe. Etc.
Le public n’est pas dupe de ces politicards qui n‘ont pas plus envie de défendre les gens à l’Europe ou ailleurs et qui trouvent que l’Europe, c’est la planque rêvée pour fin de carrière et si, en plus, il est facile de s’y sucrer en stoemelings, pourquoi se gêner ?

18 janvier 2023

Voyage… voyage !..

On se souvient du tube des années 80 « Voyage, Voyage » de la chanteuse Desireless, à la coupe de cheveux au carré. La Belgique pourrait en faire un second hymne national, tant « la voyagite » est une maladie répandue dans la crème de la crème du pot parlementaire et ministériel, et pas seulement…
La dernière en date, celui de Marie Aréna, dans son désir de répandre l’idée de l’Europe jusqu’au Qatar, a fait resurgir des dizaines d’autres, toutes à nos frais, conservées dans nos mémoires. Quand c’est pour la bonne cause, on ne compte pas !
La voyagite de l’année dernière de Jean-Claude Marcourt et du greffier régional, mofette revenue dans l’actualité de cette année, lui fit perdre la présidence du Parlement wallon et celle du Bureau. On passe sur des projets de constructions pharaoniques au Grognon namurois à la hauteur de la gare de Mons, pour ne revenir que sur le Desireless de Jean-Claude.
Qu’ont-ils à aimer les voyages gratis à ce point, nos chers élus ? Ils conservent, bien précieusement dans un placard du bureau, le petit nécessaire du voyageur première classe : savon parfumé, slips de rechange, atlas de poche pour ne pas confondre la Zambie avec la Namibie, pochette de préservatifs, vaseline et rasoir triple-lames, le tout dans un placard en vue d’un départ immédiat, en sauveur de la patrie qui se sacrifie sur l’autel de la nécessité.
Porter le renom du Pays et des Régions au cœur des Républiques les plus exotiques ? Ramener des brassées de commandes à nos industries à bout de souffle ? Faire déguster nos fins produits culinaires, de la frite au fromage de Herve ? Quel grand biographe à découvrir parmi les thuriféraires à la hauteur de leur dévouement, ils en rêvent en Thalassa ou sous les alizés flanqués de leur Escort-girls !
Oui, c’est ce qu’ils disent dans un lyrisme exaltant la patrie, mais pas avec le matériel didactique et les albums touristiques magnifiant les grottes de Han et le Doudou d’Elio. Juste une valisette Vuitton et veston de ville quand ils partent en classe affaire à la chasse aux commandes ! Dans la Vuitton, un peigne et un maillot de bain, sans oublier le nécessaire du placard !
Le plus illustrissime des voyages fut celui aux Amériques des membres du Parlement Wallon sous la baguette du chef José Fouron-Happart, alors au poste que Marcourt vient de quitter sur la pointe des pieds. Voyage éminemment sérieux en guise de pot de départ de José, il fut organisé de main de maître à la Région qui fit dans le sérieux pour une fois.

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Avec obligation à la clé, quand même, d’un rapport promis de Monsieur José sur l’état de la balance du commerce extérieur de la Région avec les USA, pas moins ! Rapport qui fut attendu longtemps et qui fut rendu la veille du départ définitif de l’arène politique de notre grand José, écrit sur le verso d’une affichette de Disneyland, il disait à peu près ceci « Je m’ai bien instrui sur le pot tansiel pocible de la vante de nos produys à Wachingueton (escuse mon anglè) é ki va bien, mèresi ». Le temps de passer à la caisse pour les 550.000 € de bonus légalement attribué pour son ancienneté à la présidence, l’impétrant disparaissait de la scène publique ravi que l’action fouronnaise l’ait jadis propulsé aussi loin et aussi haut.
Ce scandale maîtrisé par le bagout de José ne fut pas trop énorme, les temps n’étaient pas encore mûrs pour un esclandre au Parlement et une démission massive des intrépides voyageurs.
La honte a toujours été un sentiment refoulé et rare, sinon tardif chez nos illustres.
En ces temps préhistoriques des voyages d’étude pour le grand renom de la Belgique, on admirait le courage de la princesse Astrid flanquée de son sigisbée attitré que fut un temps Didier Reynders. Appliquée aux serrements de mains, elle ramena presque toujours, à défaut de travail pour nos entreprises, les souvenirs impérissables d’un album de photos, vision printanière d’une princesse gracieuse aux baise-mains qu’ils soient d’un émir ou d’un président sud-américain élu de la veille, bardé des plus hautes distinctions dont il donnait généreusement une poignée aux alentours.
Cette dispersion des élites fut quand même l’utile déclic qui permit aux gens de les tenir à l’œil. Cette méfiance soudaine retint la sagacité des gazetiers qui, depuis, en parlent plus librement.
C’est le premier ministre Alexander De Croo qui donne le « la » sautant de cheval pour bondir dans un avion au couleur de la Belgique, afin de montrer notre drapeau devant les trois couleurs duquel tremblent Biden et Poutine.
Ces jours derniers, il y a regain de représentations en costumes pour deuil répétitif de Mathilde et Philippe. Benoît XVI d’abord dans la Rome éternelle, pape pensionné, mais pape quand même dans le décorum du Vatican La caméra a surpris notre couple royal en pleine dévotion, dans le carré des chefs d’État.
Puis, en plus soft, ce fut le tour de la descente en terre de la dépouille de Constantin II dernier roi de Grèce. Costumes moins sévères pour nos ambassadeurs royaux. Juste une simple question : en quoi la Belgique actuelle est-elle concernée par un particulier qui fut un temps roi de Grèce ? Les factures de déplacement seraient-elles aussi à soustraire de nos comptes plongeant ceux-ci dans le rouge ?
Ah ! fichue Desireless, elle nous fout un de ces spleens avec son Voyage, voyage !

17 janvier 2023

Innocent comme Innocent III !

On a oublié les fautes politiques des papes dans leur obsession de mêler la religion à tout sous leur haute direction.
La quatrième croisade fut une campagne militaire des plus funestes. Les chevaliers à la croix bloqués à Venise faute de pouvoir payer leur transport sur les galères du doge, promirent de solder leur dette au retour en partageant avec la République les fruit des pillages et des rapines qu’ils comptaient bien faire à Jérusalem.
Levée à l'origine par Innocent III en vue de reconquérir les lieux saints sous domination musulmane, la quatrième croisade n’alla pas plus loin que la ville chrétienne de Constantinople, qu’elle mit à sac en 1203, égorgeant tout qui était à portée, violant les femmes qui n’avaient pas pu fuir, brisant les statues qu’ils ne purent emporter, détruisant les palais et les maisons.
L’Empire byzantin ne put jamais se rétablir de ce désastre qui lui valut deux siècles et demi plus tard, le 29 mai 1453, d’être anéanti par les troupes ottomanes conduites par Mehmed II, lors d’un siège mémorable.
1453 marque la disparition de l’Empire romain d'Orient, aussi qualifié d'Empire byzantin, et sa fin définitive en tant qu’entité politique et juridique.
Bravo Innocent III !
Depuis, Recep Tayyip Erdoğan le nouveau Mehmed II rêve d’agrandir ses terres conquises, absolument et irrémédiablement turques par la loi du plus fort aux noms des tribus primitives venues
d'Asie centrale, dans un état de dénuement tel que seules les lois de la guerre tournant à leur avantage pouvaient les en sortir. En Anatolie depuis le XIme siècle à travers les conquêtes seldjoukides, ils firent progressivement basculer la région d'une terre grecque et chrétienne à une terre turque et musulmane, anéantissant sur leur passage le rêve d’un Kurdistan et, cerise sur le gâteau, auteurs du génocide arménien.
Cette imbécillité des Croisés jointe à la sottise d’un pape vaut à l’Europe de 2023 d’être le témoin d’une guerre en Ukraine fomentée par Poutine au nom de la Russie, un peu comme à la fin du Crétacé, les vélociraptors attaquaient en bande les dinosaures mangeurs d’herbe, par nature inoffensifs et pacifiques.
Jamais la Russie n’eût osé s’attaquer à l’Ukraine si Byzance avait, tout au moins, conservé son hégémonie sur les Dardanelles reliant la mer Egée à la mer de Marmara.
À quoi ça tient quand même un conflit majeur comme celui-là.

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Il faut chercher dans ces lointaines origines les raisons de la décadence de l’Europe moderne.
Si l’on veut une consolation dans l’imbroglio actuel d’une Europe coincée entre la Russie, une puissance cependant de deuxième ordre et notre grand allié Américain, championne du monde en armement et en nombre de militaires aguerris, c’est dans le péché mignon du dictateur qui fait penser que sa guerre chez son voisin pourrait ressembler à la quatrième croisade, l’œuvre imbécile d’Innocent III.
Même scénario, Kiev, sa Jérusalem, semble pour lui hors de portée. Et que font ses troupes, elles tuent et martyrisent surtout des civils, mais ce qui fait surtout penser à la quatrième croisade, ce sont les mercenaires du groupe Wagner, véritable armée dans l’armée du tsar, menant une guerre apparemment indépendante de l’État-major russe. A-t-on déjà vu cela dans une armée régulière au monde ? De l’inédit, cette manière de s’acoquiner de la part d’un État avec la lie des prisons et des bas-fonds, une sorte de corps-franc, armés de bric et de broc de matériel russe. Ils pourraient passer pour des francs-tireurs, fusillés sur place quand ils sont pris.
Wagner est non seulement en Ukraine, mais aussi en Afrique où ses combattants mènent une lutte acharnée contre les derniers soldats réguliers français sensés protéger les populations contre les djihadistes de toutes les obédiences. Une fois installé, Wagner pille et se renforce des richesses des mines d’or et de diamants.
Après cela, tous les discours destinés au peuple russe de pure propagande devraient quand même ouvrir à la raison les populations de Moscou et de Saint-Pétersbourg pour mettre fin à cette « opération spéciale » qui n’est qu’une sale guerre surgie de l’imaginaire d’un malade mental.
Pour ceux que cela intéresse, le dernier ouvrage de Jean-François Colosimo retrace le parcours de cette Europe jusqu’à la guerre en Ukraine dans un excellent ouvrage de vulgarisation « La crucifixion de l’Ukraine – Mille ans de guerre de religion en Europe », chez Albin Michel.

16 janvier 2023

Grégarisation de l’avenir.

Cette époque est formidable pour parodier le film de Jugnot.
En effet, on a fait des progrès gigantesques dans des connaissances qui naguère passaient pour impossibles, notamment en médecine et en compréhension de l’univers. Dans le monde Occidental, tout le monde va à l’école et chacun bénéficie des droits inhérents à la démocratie. On n’encourt nulle sanction pour une opinion inorthodoxe.
On pourrait ainsi longuement étaler tout ce qui nous différencie en mieux et en plus performant des siècles précédents, jusqu’à célébrer la trottinette électrique, en passant par le four à micro-ondes, pour finir par le graal du téléphone qu’on met dans sa poche et qui est un ordinateur en réduction ouvrant sur le monde.
Et pourtant !
On cherche en vain une façon d’éprouver sa satisfaction et on ne le peut à la vue d’un monde en train de se perdre, comme un idiot qui scie la branche sur laquelle il s’est assis du mauvais côté !
Le génie humain ne peut pas tout, mais entre ne pas embrasser toutes les sciences et toutes les philosophies et se trouver devant l’alternative de changer sa manière de vivre du tout au tout ou la fin du monde, on a dû perdre quelque chose en route !
Sans compter sur les avatars de l’espèce humaine, ces monstres mythologiques qui nous rongent les entrailles. Les trois-quarts de l’Humanité crient famine, l’autre quart ne va pas mieux avec ses pauvres, enfin l’ensemble n’a pas réussi à éradiquer les guerres et s’est gobergé de s’en préserver par l’invention de la bombe atomique.
On croit toujours faussement que les religions sont des messages de paix et d’amour et que, faute d’une parfaite connaissance de l’univers, l’invention d’un dieu supérieur expliquerait tout ! Non seulement il n’explique rien, mais en plus les religions brandissent leurs vérités absolues et se combattent à mort sur la question de leur authenticité !
Le fanatisme y est monnaie courante et, dans certaines pratiques plus l’amour du dieu est fort, plus la haine de ceux qui n’y adhèrent pas est grande. C’en est au point qu’on agresse au hasard des innocents qui sont étonnés, au moment de mourir, que cela soit possible.

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« La disparition du sens commun aujourd’hui est le signe le plus sûr de la crise actuelle. À chaque crise, c’est un pan du monde, quelque chose de commun à tous, qui s’écroule » (Hannah Arendt « La crise de la culture »)
Le travail tant encensé, celui qui finalement a permis toutes les découvertes et tous les possibles n’a débouché que sur un manque de solidarité entre les travailleurs par la compétition implacable qui tient à la réussite ou à l’échec de chacun. Si bien que de découragement en découragement, d’exploitation éhontée en esclavage pur et simple, le travail accable plus qu’il ne récompense ceux qui s’y astreignent, soit par contrainte, soit par l’envie de faire.
Les rapports entre les personnes dans les foules sont devenus exécrables et tendus, avec une dérive vers la violence gratuite pure et simple. Une terrible hiérarchisation entre dans tout, tandis que la masse se fond dans les endroits chauds et violents, comme les bus ou les rues non surveillées, l’élite se protège des intrus comme de la pluie, dans des quartiers réservés et paie des milices supplétives à celles de la police.
Penser que cela soit les effets d’une manière de vivre ensemble qui s’appelle la démocratie paraît incroyable. On se berce de mots. En effet, la loi dictée par le plus grand nombre paraissant impossible, ce sont des délégués qui effectuent le travail à notre place. À en juger aux résultats, c’est un ratage complet.
Il doit y avoir en-dessous de tout cela quelque chose que nous n’avons pas compris et qui nous empoisonne l’existence. Certains reviennent à l’esprit religieux, d’autres s’en prennent à l’immoralité naturelle du genre humain.
Il doit y avoir quelque chose de vrai dans cette croyance de l’Homme néanderthalien non éteint. Nous avons conservé l’espèce par accouplement mixte. Il aurait alors suggéré un système économique, au profit des plus forts et des plus criminels.
Ce serait le drame actuel : les guerres, les haines, les famines, les désolations. L’hallali final serait cet environnement que des milliards d’hommes cassent à coup de masse « pas vu, pas pris », dans l’exacte attitude de chacun au quotidien.
Cela doit être notre fatalité. Notre cerveau est incapable de comprendre qu’entre les milliards d’autres, nous nous préférerons toujours en priorité et que les autres périssent.
Mentalement nous n’avons jamais quitté la caverne primale. Nous y retournons aux pas accélérés.

15 janvier 2023

Écolo, Quichotte ou Penza ?

L’ardent jeune homme de 52 ans, Georges Gilkinet, vice-premier ministre du gouvernement d'Alexander de Croo, Écolo de son état, vient de découvrir les effets de l’eau chaude, en déclarant que les lois édictées par ceux qui en profitent avaient quelque chose d’antidémocratique.
Voilà cinquante ans que le scandale existe sur les indemnités allouées aux représentants du peuple, presque l’âge de l’impétueux ministre, sans que jamais aucun membre de son parti ait trouvé à redire.
Avec humour, l’ami Georges a envoyé un grand « merci » à Stefaan De Clerck et à José Happart pour
avoir quitté la scène politique en touchant le jackpot. Stefaan De Clerk va conserver son indemnité parlementaire, alors qu’il va devenir président de Belgacom et on se souvient que José est descendu du perchoir de président du parlement wallon pour une retraite bienheureuse au plateau de Herve.
On se rappelle sa déclaration, en septembre 2009, quand il se verra octroyer 530 000 euros au titre d'indemnités de départ « Pourquoi devrais-je avoir honte d'une rétribution qui est légale et parlementaire, et qui a été décidée par d'autres que moi ? »
Raisonnement imparable, en effet, ce n’est pas parce que la mentalité populaire a changé sur les largesses d’esprit qui prévalurent jadis à la rétribution de nos élus, qu’il faille priver José de son droit de passer à la caisse, comme tous ces grands Anciens qui l’ont précédé. Quitte à voir ce « vertueux » continuateur des traditions, se retrouver sur les bancs de la Correctionnelle pour une affaire louche de briques et de ciment, quelques temps plus tard.

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Le ministre Gilkinet rappelle "les exemples" d’Emily Hoyos et d’Olivier Deleuze "qui ont renoncé à leur indemnité de sortie", quand ils ont accédé à la fonction de co-présidents du parti. Et s'il admet que certains parlementaires ont certainement profité de cette prime - "on n’est pas parfait", dit-il -, il invite tous les parlements à emboîter le pas : "c’est le bon moment pour légiférer".
On pourrait aussi citer d’autres exemples de l’argent public rétribuant des parlementaires pour des prestations fantômes, telle celle de Georges-Louis Bouchez, sénateur coopté, percevant des indemnités de sénateur, alors qu’il ne met jamais les pieds au Sénat.
Outre des réformes touchant à la fiscalité et les pensions, ainsi qu’un paquet de moyens nouveaux dans la lutte contre la corruption et la criminalité financière, Écolo propose de « baisser les salaires des ministres et les rémunérations des parlementaires – via la suppression des indemnités forfaitaires – de 30 %, cela à tous les niveaux de pouvoir dans le pays ». Les coprésidents d’Ecolo expliquent que leurs représentants déposeront cette proposition sur la table des gouvernements, afin de « susciter le débat, avant, nous l’espérons, l’adoption des lois nécessaires ».
Est-ce naïveté ? Calcul électoral ? Les deux à la fois, sans doute, car où trouveront-ils une majorité pour sabrer dans les dépenses parlementaires ? Le PTB et le Vlaams Belang ne font pas la majorité, du moins pas encore !
On se rappelle les déclarations qui valurent aux générations de politiciens de se faire des couilles en or au service du peuple « Il faut rétribuer largement les élus de la Nation pour qu’ils ne soient pas corrompus par l’argent du privé ».
On a vu les effets de cette belle philosophie. Les scandales n’ont jamais cessé, mais encore ils étaient le fait des nantis de la politique comptant jusqu’à trois ou quatre législatures. Les nouveaux devant attendre leur tour pour plonger dans le tiroir-caisse et ramasser les enveloppes sous la table, les gloires de l’hémicycle se sont gavées jusqu’à la nausée.
C’est une question de logique, tout aurait pu en aller autrement, si, au départ, les élus avaient eu des indemnités calculées sur le barème d’un ouvrier qualifié, majorées de quelques pour cents pour les frais de représentation.
A tous le moins, cette règle si elle avait été appliquée aurait découragé les prébendiers déjà pourvus, les avocats et les autres professions libérales. Il ne serait resté que les gens de conviction, croyant en la démocratie.
La dureté de l’existence pour la plupart des gens de ce pays aurait été partagée par leurs élus. Cela peut paraître anodin, mais parler de ce qu’on vit soi-même est autrement plus authentique que parler de ce que vivent les autres, alors qu’on est le cul dans le beurre.
La démarche des écolos sur les indemnisations des élus a peu de chances d’aboutir. Elle fera partie de nombreuses autres tentatives vouées à l’échec. Nous conserverons jusqu’à la fin du système et de la Belgique une classe politique socialement nantie qui peut légitimement remplacer la classe sociale d’artisans et de commerçants en voie de disparition.
Sauf renversement de cette pseudo-démocratie qu’on nous impose, il n’y a aucun moyen de baisser les indemnités que le citoyen alloue sans le vouloir et contre son gré à ceux qui gèrent si mal ce pays.
Faut pas toucher au grisbi, jamais, chez nos Huiles. Tu devrais le savoir, Gilkinet ! T’as envie de te faire repasser par la fleur du vice ?

14 janvier 2023

LES COULEURS DU TEMPS

Quelle est la couleur que vous donneriez au temps que nous traversons ? Est-il rose, bleu, blanc, noir ou rouge ?
La question peut paraître idiote, cependant elle est loin d’être anodine. Il s’agit de savoir ce que chacun ressent des rapports avec les autres. Est-on dans une période de calme et de consensus malgré une guerre en Europe et une industrie à la peine ? Est-ce qu’on vit une démocratie profondément modifiée vu l’état actuel des choses, mais néanmoins prospère et pleine d’avenir ? La période est-elle d’attente, comme la pause entre deux rounds de boxe ? Ou entrons-nous dans un processus, une sorte de moment révolutionnaire à ses prémices et que nous ne discernons pas encore ?
Autrement dit ce que les gens ressentent, sous forme de convictions peu à peu établies, en contact avec les autres, devrait nous éclairer sur les tendances de ce que vers quoi nous allons.
Tout de suite tempérons la volonté de la majorité, en sachant que seules les décisions du dessus influencent le cap à prendre et que la majorité d’en dessous à peu de prise sur ces décisions. Que cela ne soit pas de notre entière faute, ne doit pas nous déculpabiliser pour autant. Le laxisme des décideurs est aussi notre laxisme !
D’après certains, c’est un découragement qui prédomine, une lassitude devant un mur.
Qu’y a-t-il derrière ce mur ? Toute la question est là.
Le contrat de départ du libéralisme comme on l’entendait jusqu’au sortir de la dernière « grande » guerre était bien celui fixé d’après les théories d’Adam Smith corroborées par Alexis de Tocqueville sur la liberté d’entreprendre et la légitimité d’en tirer profit. Avant lui, d’Aristote à Turgot, tous s’y étaient essayés, mais aucun n’avait autant mis l’accent sur le marché et la libre concurrence. Avec Smith, nous entrons dans l’ère de l’économie politique.
Cela se résumait à une liberté de créer une entreprise, d’en gérer librement les productions et d’entretenir un rapport entre la prospérité de l’entreprise et ceux qui y contribuaient. Il était acquis que toute entreprise dépassant un seuil devait revenir à l’État, après avoir indemnisé le ou les propriétaires et actionnaires.
Quel était le seuil ? Celui qui par la taille de l’entreprise pouvait inquiéter les prérogatives de la démocratie sur le privé.

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Il était hors de question pour les initiateurs du libéralisme moderne de laisser un particulier monter en puissance par la seule force des personnels et cadres à son service et faire pression ou pire, se substituer à l’État, pour la gestion au-dedans et au-dehors de l’entreprise de la vie même des gens.
Certes, pendant la période « heureuse » du capitalisme certains grands groupes montraient déjà le nez. Cela se faisait presque derrière des prétextes et avec beaucoup de retenue. Les PDG n’exagéraient pas dans leurs salaires et les actionnaires avaient le sentiment que les investissements dans l’entreprise protégeaient la plus-value de leurs actions. Henry Ford fut un des premiers à faire trembler l’État.
Dans les années 80, l’Asie et sa formidable capacité de mains-d’œuvre abondantes et bon marché fut comme la découverte d’un eldorado avec des produits finis pas chers dégageant des profits impossibles dans les pays dits démocratiques, en raison des lois, des syndicats et du passé social.
Ce fut le néolibéralisme avec le départ de centaines d’entreprises vers des pays peu regardant sur le social et les salaires.
Les démocraties ne réagirent pas. Le hic et qui ne fut dénoncé par personne, le capitalisme sortait des clous, devenait une sorte de nouveau système qui n’avait pas beaucoup à voir avec l’autre.
Il aurait fallu mettre le monstre hors la loi tout de suite, avant qu’il ne dévore ceux qui l’avaient enfanté.
Aujourd’hui, accablées par les vicissitudes du néolibéralisme, les démocraties européennes sont à genoux, font connaissance avec les rayons vides et regardent amèrement ce qu’ils ont perdu à laisser s’en aller les entreprises les plus innovantes travailler sous des bannières chinoises, thaïlandaises ou vietnamiennes, brader les brevets aux plus offrants et verser d’incroyables royalties à leurs actionnaires.
Si la situation paraît sans issue, c’est parce que les acteurs de cette métamorphoses ne sont pas conscients du tort qu’ils font à leur pays d’origine et qu’ils persistent dans cette évolution du système d’Adam Smith qu’ils pensent irréversible. N’en arrivent-ils pas à trouver que le néolibéralisme est la suite logique du capitalisme à l’ancienne !
Malgré la crise, la guerre, les pénuries que nous avons vécues lors de la pandémie, les délocalisations se poursuivent sous le manteau parfois, au grand jour le plus souvent, comme un droit acquis. Si à cela, on ajoute la vente aux grands groupes américains des petits groupes européens innovants, on aura à peu près fait le tour de ce qui nous conduit au désastre.
La braderie continue !
Si à ce drame on ajoute celui de la gestion des services publics, hôpitaux compris qui, chose nouvelle, doivent gérer leur personnels, médecins et infirmières en proportion du nombre de lits, comme une entreprise privée, on voit se profiler le crash final des démocraties européennes.
Alors, l’ambiance environnementale, quelle couleur ?

12 janvier 2023

Flamme blanche !

Dans le film « Tirailleur » Omar Sy campe un soldat sénégalais engagé dans la guerre de 14-18. Lors de l’émission « C ce soir », Karim Rissouli, interviewait l’acteur sur la levée en masse, souvent contre leur gré, de jeunes africains faisant partie de l’empire colonial français.
Ceux qui échappèrent au massacre, vétérans glorieux de la guerre, malgré les assurances qu’ils seraient établis au même titre que les autres Poilus dans les avantages des vétérans français, il n’en fut rien. Tous retournèrent dans leur village, sans aucune pension, ni autre avantage, aussi pauvres qu’ils étaient venus défendre la France.
Omar Sy, lors de l’émission, émit l’hypothèse que le soldat inconnu sous l’arc de triomphe était peut-être sénégalais ? Pourquoi pas, après tout, ce serait une belle revanche à jamais invérifiable. Seule une exhumation permettrait une autopsie.
Cet épisode d’actualité fait remonter aux faits historiques, des péripéties qui valurent les honneurs pour un seul, choisi entre les millions de morts de cette boucherie sans nom.
En 1919, encore secoués par les événements, pris dans une autre hécatombe, celle de la « Grippe espagnole », le gouvernement français et l’État-major des Armées cherchèrent les moyens de ne jamais oublier cette guerre.
Je laisse la suite du récit à Paul Léautaud qui le transcrivit dans son « Journal Littéraire ».
« Et l’histoire de la flamme éternelle ! Ce sacré Boissy qui a inventé cela. Comme on reconnaît bien là un homme de théâtre. C’est bien une nouvelle religion : la religion de la guerre ; cette flamme perpétuelle, c’est la lumière de l’adoration perpétuelle dans les églises. Nous avions encore bien besoin de cette bigoterie-là. »
Gabriel Boissy (1879-1949) propose au-dessus de la dépouille du soldat enterré sous l’Arc de Triomphe « …qu’ une lumière marquât constamment ce lieu symbolique. [...] Non point une lumière électrique, sèche, fixe et froide, qui se confondrait avec le luminaire environnant… mais, suspendue à un fil invisible ou supportée par un trépied massif, une flamme dansante, une petite flamme palpitante, émergeant d'une lampe d'argile garnie de l'huile traditionnelle. ». Cette idée, inspirée des cimetières italiens, soulève l'enthousiasme général.
Le 11 novembre 1923 la Flamme du souvenir sur la tombe du Soldat inconnu est allumée par le ministre de la Guerre, André Maginot.

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Léautaud peu sensible à tout ce qui touche à la guerre poursuit « il n’y a rien à espérer. Le progrès moral n’existe pas. On ne sait de quel côté se tourner… Je lui rappelais le mot d’Herzen, que Clémenceau a si bien plagié dans son « Voile du Bonheur ». « L’Autorité est impuissante, la révolte est impuissante… ». et c’est vrai ; l’autorité ne peut rien, au fond, et la révolte ne peut rien non plus. il n’y à rien à faire. Il n’y a qu’à s’en foutre. C’est le mieux. Qu’à s’en foutre, je vous dis… Je ne sais pourquoi, je me suis rappelé un mot qu’on a prêté à Clémenceau quand il a pris en main les affaires de la guerre : «La guerre est une affaire trop sérieuse pour qu’on la confie à des militaires. ». Évidemment cela ressemble à une boutade, peut passer pour un paradoxe. Pourtant, il semble bien qu’il y ait là l’expression d’un grand bons sens, d’un jugement clairvoyant à l’égard des capacités intellectuelles du monde des officiers en général. » (Journal Littéraire)
Dès l’Armistice, la France se cherche un symbole. Et c’est au cœur de la citadelle de Verdun que le Soldat inconnu va être choisi. La veille de la commémoration de l'Armistice, le 10 novembre 1920, le ministre André Maginot met à l’honneur un jeune soldat, Auguste Thin. Il est choisi parce qu’il est engagé volontaire dès janvier 1918, il a combattu au front, il a été blessé et gazé. Le ministre lui demande de désigner l’un des huit cercueils de soldats posés devant lui au cours d’une cérémonie militaire. Il désigne le 6e, car il correspond à la somme des chiffres de son régiment d’appartenance, le 132. Il y dépose un bouquet de fleurs. Le soir-même, le cercueil part pour Paris afin d’être enterré sous l’Arc de Triomphe.
Le 8 novembre 1920, une loi est votée pour qu'un hommage soit rendu aux restes d'un soldat non identifié "mort au champ d'honneur". Point de départ de la célébration de la figure du Soldat inconnu. Son cercueil arrive le 11 novembre 1920, porté par les compagnons d’arme de ce Soldat inconnu.
C’est ici qu’on est désolé pour Omar Sy et sa suggestion selon laquelle un Sénégalais pourrait être enterré sous l’Arc de Triomphe. Des hommes de la compagnie du soldat inconnu, aucun n’appartenait à une unité sénégalaise : tous Blancs !
Pour le consoler, cette pensée d’Héraclite « Le lien que l’on ne voit pas est plus fort que celui qu’on voit ».

11 janvier 2023

SURVIVRE

On le sait bien que tout n’ira jamais plus comme avant. Le ressort du rebondissement d’un nouveau départ est cassé. Le « comme avant » n’a pas son pesant de nostalgie pour le temps qui fuit et ne se rattrape pas. Le « comme avant » n’est que le constat d’une perte : celle de l’espoir.
Le terrible dans la chose tient dans la division de l’opinion sur le sujet.
Les irréductibles du libéralisme poursuivent le rêve d’une économie dynamique momentanément en sommeil et qui va se réveiller. Ils croient encore au néolibéralisme et au redémarrage de la croissance, C’est-à-dire aux sornettes de nos gouvernements chapeautés en ce sens par l’Europe de Bruxelles.
Tout le MR et une grosse partie du PS tiennent ce pari. Pauvres fous qui ne voient pas ou pauvres hypocrites qui feignent de ne pas voir comme le monde est divisé sur la question de l’humanisme et de la permissivité de dire son ressenti. Il y a des pays, comme l’Iran et la Chine et depuis la guerre d’Ukraine, comme la Russie où il ne fait pas bon dire « je ne suis pas d’accord ».
Comment encore pouvoir vivre et commercer avec un état qui pend des gens rien que parce qu’ils ont protesté en rue sur le port du voile islamique ? Échanger des connaissances, vendre et acheter des biens de consommation avec la Russie semblent aléatoire, en tout cas actuellement hors de question, quand des citoyens sont condamnés à huit ans de déportation en Sibérie pour avoir osé critiquer la guerre que Poutine mène en Ukraine. Commercer avec la Chine, c’est oublier les droits de l’Homme, accepter le parti unique et faire semblant d’avoir chassé Tian'anmen de sa mémoire. Ne parlons pas de l’Afghanistan, de la Syrie, du Yémen et des dictatures africaines rongées par les despotes-présidents et les groupuscules armés islamistes.
Le néolibéralisme qui englobait le monde entier dans un vaste marché et qui ne tenait la corde rien que pour ça, doit déchanter. Il n’est plus de saison. Mettre hommes et marchandises en concurrence n’était déjà pas au départ une bonne idée. Cela allait sous-entendre du chômage et des bas salaires pour l’Europe. Exporter nos savoir-faire avec les machines était tout aussi préjudiciable. La triste expérience des années Covid nous en laisse l’amère résultat. Nous sommes nus et sans arguments devant la Chine. Nous attendons d’elle qu’elle nous dépanne en tout. Le comble, elle le fait avec nos techniques et nos savoirs dans les entreprises anciennement européennes qui s’y sont installées ou, encore mieux, qui y ont été recopiées avec toute la précision orientale, puis priées de déguerpir.
Le pire était encore dans les profits tous essentiellement pour les actionnaires et les banques d’un pareil système. Mort – mais pas pour tout le monde – avant la finition, il était déjà bien avancé pour nous laisser voir un aperçu des nuisances. L’accaparement des fruits de la productivité n’était même plus discutable. Alors que des fortunes monstrueuses dégageaient des sommes astronomiques, la population ouvrière se paupérisait. On voyait, se mêlant à la foule des chômeurs, de nouveaux misérables dans la classe inférieure moyenne.

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Aujourd’hui l’argumentaire libéral est plombé davantage par son moteur même : la croissance !
Comment expliquer que dans un monde fini qui non seulement ne se renouvelle plus, mais encore perd chaque année des moyens de se régénérer, on puisse encore parler de croissance ?
Allez-y les gars disent le libéraux, il y a encore du gras avant d’arriver à la couenne ! Et ils sont crus par une partie non négligeable de gens !
Dans leur démonstration que tout est encore possible, les libéraux ne manquent pas d’expliquer l’arrêt momentané, la stagflation de l’économie : la guerre bien sûr à nos portes, mais surtout ceux qui ne veulent plus travailler, quand les indemnités de remplacement permettent de vivre de la même manière que le gus qui se lève tôt matin et rentre tard le soir, pour pas grand-chose.
Voilà le mal, beugle GL Bouchez et je suis le remède. Sabrons dans l’argent que l’État accorde à la paresse et à l’antithèse sociale. Forçons-là à sauter du lit et à lire les offres d’emplois.
Le reproche que l’on puisse faire dans le déroulement de cette démocratie subjuguée par le productivisme et la croissance est là. Le travail n’est plus rétribué à sa juste valeur. Les gens qui n’ont plus de travail sont condamnés à être montré du doigt par la foule inconsciente. Pour obtenir la paix sociale, on rétribue un peu plus les diplômés, c’est tout.
L’aveuglement de nos mandataires politiques est effrayant. La plupart sont élus par des citoyens qui souffrent dans leur mal être. Ils ne s’en rendent pas compte et poursuivent contre l’électeur lui-même un dialogue complaisant avec les holdings et les banques, dans la parfaite indifférence des appels de détresse des populations.
Résultat, le peuple s’est détourné aussi de la démocratie, ce moyen pacifique de faire autrement selon la volonté exprimée de celui-ci.
Sans espoir, comme il faut bien s’assumer avec ce qui reste des débris d’une désindustrialisation qui semble se poursuivre malgré tout, le peuple se débrouille dans ce qui n’est plus que son ultime obsession : survivre !

10 janvier 2023

L’âme du peuple.

En quoi les foules d’aujourd’hui sont différentes de celles observées par Gustave Le Bon dans son livre « Psychologie des foules » ?
La réponse est dans la courte préface de l’auteur qui fut écrite à la parution de la première édition en 1895.
« L’ensemble de caractères communs imposés par le milieu et l’hérédité à tous les individus d’un peuple constitue l’âme de ce peuple. » Quelques lignes plus loin, Le Bon observe néanmoins « qu’aux caractères ancestraux s’ajoutent une série de caractères nouveaux fort différents parfois de ceux de sa race ». (Inutile d’insister sur le terme inapproprié de « race »)
Les foules de 1900 étaient essentiellement celles des grandes villes nouvellement étendues dans des faubourgs peuplés du transfert des campagnes, d’une population qui passait du travail de la terre au travail en usines. L’ensemble avec les citadins de souche formait un tout ethniquement cohérent, parlant la même langue, ayant les mêmes mœurs et la même religion.
Avec une proportion croissante des composants extérieurs au groupe du type 1900, la foule n’est plus du tout homogène en 2023. Le cosmopolitisme a changé son comportement. Le multiculturalisme a brouillé les pistes.
Mine de rien, c’est l’homogénéité du peuple de la Belle Époque qui fit les grandes grèves, surtout celle sur le carreau des mines comme on peut le lire dans Germinal de Zola. On y vit alors une foule opposée au pouvoir, celle du sabre et du goupillon, rempart des maîtres de forge et de la bourgeoisie rentière et toujours nobiliaire.
De l’agrégat humain de la foule en 2023, la cohérence faisant défaut, il serait donc quasiment impossible de réussir une grève générale dans l’enthousiasme populaire. On pourrait voir dans l’afflux de réfugiés économiques en Europe une perversion du monde capitaliste noyant le peuple dans des situations d’intérêts divergents.

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Les meneurs de foule se recrutent selon Le Bon parmi les sujets peu clairvoyants, les névrosés, les excités, ces demi-aliénés qui côtoient les bords de la folie. Tout raisonnement s’émousse contre leur conviction. Le mépris et les persécutions ne font que les exciter davantage. J’arrête ici le portrait du meneur de foule selon Le Bon, il pourrait être transposé au comportement d’un Frère musulman débarquant en Belgique pour y soulever les foules.
C’est sur cette hypothèse que les partis de gauche travaillent. Ils croient pouvoir, en contre-feu, créer la foi politique ou sociale s’ajoutant à la foi religieuse. « De toutes les forces dont l’humanité dispose, la foi a toujours été une des plus considérables » (Le Bon, page 70)
D’où l’intérêt marqué des partis de gauche pour les mœurs et coutumes des musulmans en voie d’intégration dont il n’est plus question d’inquiéter les croyances par des objectifs de laïcisation des populations multiculturelles, comme ce fut le cas jusque dans les années 80.
Il n’y a probablement aucun mot d’ordre chez les Écolos, au PS et au PTB sur la ligne politique à suivre concernant le flux migratoire, ni même chez les partis centristes et de droite. Il n’y a que le constat d’une montée des précarités, pur produit du système économique et non pas de la surcharge due à l’immigration, comme voudraient le faire croire certains.
Que viendrait faire la laïcité parmi une population dont les nouveaux membres seraient parmi les plus défavorisés et dont le seul soutien moral serait la religion, pour la plupart d’entre eux ?
Il est certain que dans ce raisonnement « pratique » entre un calcul électoral qui l’est moins.
Parmi les naturalisés et leurs enfants d’une deuxième génération nés belges, quelle est la personne qui aurait réussi à s’élever comme l’entend l’ordre bourgeois ? Certes il y en a, GL Bouchez vient de parfaire l’ascension de l’une d’entre elles, passant de la notoriété par la télévision à la notoriété politique, sans passer par la case électorale. Voilà bien l’exception qui confirme la règle. Les apports en population de ce pays par un flux extérieur sont voués à la dure réalité de la rue, de la misère et du chômage.
C’est le champ tout trouvé des deux formations de gauche rivales. C’est l’occasion pour l’écologie d’afficher ses préoccupations humaines en saluant le courage des organisations parallèles à Green- Peace et celles tournant autour d’SOS-Racisme.
Adhérer de façon à ce que tout le monde le sache à ces mouvements indiscutablement humains et bienveillants, n’a jamais fait de tort à personne, bien du contraire.
Et la laïcité, dans tout ce brol politique ? Allez voir à Molenbeek, Commune dotée d’une administration socialiste où en est le mouvement laïc ? Vous aurez tout compris.

9 janvier 2023

Croyants de gauche ?

La gauche a proprement déserté le camp de la laïcité ! PS et PTB même combat ! Le bébé de leurs épousailles : une sorte d’islamo-gauchiste à la Mélenchon ! On y reviendra dans ces chroniques.
En attendant, un petit voyage dans les hérésies, histoire d’entrer dans le sujet par les fantasmes et génuflexions des mythomanes de la croyance.
Toute religion a eu, a et aura des hérésies dans son long cheminement depuis le prophète qui révèle jusqu’aux extrapolations de ses disciples, puis des prêtres qui prolongent l’aventure première en la nourrissant de leur imagination féconde.
L’hérésie est donc une histoire déviante issue du tronc commun, imaginée par une minorité au sein de la croyance, comme il se peut très bien qu’elle soit le fruit de la majorité auquel cas, elle revêt la forme d’une vérité révélée, tandis que le dogme ancien devient hérésie.
C’est troublant que personne ne se soit intéressé à ce qu’il faut croire ou à ce qu’il ne faut pas croire selon les modes, les caprices et les opportunités du moment, jusqu’au schisme qui sépare des croyants d’une religion pour en faire deux, parfois distinctes l’une de l’autre par d’infimes différences.
Plus elles sont infimes, plus, évidemment, elles sont importantes pour garder le cap de la foi asymptomatique.
Ces remarques, aucun croyant ne les fait pour la simple raison qu’arrivé à ce stade de la réflexion, c’est difficile de perdurer dans la foi.
Il ne reste plus qu’au nouvel impie à tourner le dos à tout ce qu’il a révéré ou de passer du bon temps en instruisant son hérésie, devenu athée ou agnostique, nourri de toutes les fadaises que les anciennes religions ont accumulées au cours des siècles.
Les prêtres des différentes religions sont sans aucun doute les inventeurs de la science-fiction.
La barque doit être aussi chargée du côté de la musulmane que de la chrétienne. La première a déraillé très tôt, à la succession du prophète. La querelle a éclaté entre les chiites et les sunnites, à savoir entre les partisans d’Ali et ceux de Mouawiya, son rival. La suite est une longue histoire d’assassinats, dont la tradition ne s’est, certes pas, éteintes de nos jours. Elle s’est même étendue en-dehors des explications à couteau tiré entre croyants, par des illuminés qui s’en prennent aux « infidèles », pour un oui ou pour un non.
Chez le catho, c’est l’interprétation de la parole de Jésus qui a mis le feu aux bûchers des hérétiques « moi je suis le cep ; vous, les sarments… Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors et il sèche ; puis on ramasse les sarments, on les jette au feu et ils brûlent. »
Aller à la rencontre des hérésies, c’est non pas aller à la pêche de ceux qui sont tombés dans le ravin, mais revenir au début de la folie amoureuse des foules. Un peu comme un bigbang de la fascination à la pensée unique.
Beaucoup d’hérésies paraissent aujourd’hui surfaites, obéissant à des impératifs dont on cherche encore les motifs.

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Il y eut les Abécédariens. Anabaptistes allemands du 16me siècle. Ils prétendaient que pour être sauvés, ils ne devaient même pas apprendre l’alphabet. Le Saint-Esprit devait leur donner la science infuse. Pour les dissuader de leur erreur, il ne fut même pas besoin d’une consumation de sarments. L’illettrisme ravagea leurs rangs puisque la transmission écrite était devenue impossible. Quant à la transmission orale, il faut croire qu’il existe une corrélation entre l’intelligence et l’écriture.
On saute les Adoptiens qui croyaient que Jésus n’était que le fils adoptif de Dieu !
Au 8me siècle on eut les Bagnolais qui passèrent à la casserole en prétendant que Dieu n’était pas bon. Ce dont leurs bourreaux firent la preuve, hélas trop tard pour que les Bagnolais triomphent.
Il y eut les Basilidiens au 2me siècle. Leur idée est celle d’un Dieu « qui n’est pas ». L’évêque qui les condamna aux sarments fit le rapprochement entre ce qui n’est pas et ce qui n’existe pas. Sans doute avait-il lu Parménide.
Les Caïnites s’étaient entichés de tout ce qui est contre. Ils vénéraient Caïn, fils du dieu supérieur ! Ils avaient poussé le bouchon trop loin pour qu’il soit récupéré par la génération suivante. Ils ne firent pas long feu.
Les disciples d’un certain Dosithée faisaient preuve d’un certain littéralisme strict. Ils respectaient à ce point le sabbat qu’ils demeuraient 24 heures immobiles. Ils furent sans doute appréhendé un samedi pour plus de commodités.
A côté des farfelus, il y eut évidemment des schistes qui mirent la chrétienté à deux doigts de sa perte.
Le plus célèbre fut Luther, tandis que dans la campagne française se répandait le calvinisme.
Par la révocation de l’Édit de Nantes, Louis XIV ne contribua pas peu à affaiblir la France par le départ en masse des calvinistes pour l’Allemagne. Le roi avait trahi son grand-père sur les conseils d’une bigote, son épouse morganatique.

7 janvier 2023

Pecunia non olet

On a tort d’accorder peu d’intérêt aux touche-à-tout et s’esbaudir devant les spécialistes d’une unique spécialisation. Qui connaît encore Ernest Bornemann, sauf quelques amateurs de jazz ?
« La psychanalyse de l’argent » est devenu un livre rare. Il a été écrit par Ernest Bornemann, né le 12 avril 1915 à Berlin et mort le 4 juin 1995 ; voilà un écrivain de roman policier, un scénariste, un anthropologue, un ethnomusicologue, un musicien de jazz, un critique de jazz, un psychanalyste, un sexologue et un militant socialiste allemand, qui pourrait prétendre dans au moins une branche : la psychanalyse, rivaliser avec les plus grands, James, Freud, Young, Piaget, Lacan, etc.
Son essai « La psychanalyse de l’argent » remet en question la réponse de Vespasien à son fils Titus à propos d’une taxe sur l’urine « Sens… l’argent n’a pas d’odeur ».
Selon Bornemann l’argent ne sent pas l’urine, plutôt la merde…
« Les cas d’intérêt anal pour l’argent décrits par Freud lui-même, montrent sans exception que s’unissent l’analité des pulsions orales, refoulées, sans parler de la participation active des pulsions partielles. La forme de l’intérêt anal pour l’argent, l’attachement à l’argent, est impossible si l’on ne possède pas d’argent, et présuppose donc le désir de l’appropriation, qui est conditionné par l’oralité. André Amar (1908-1990) exprime le choix ainsi : pour rester pauvre on n’a pas besoin de faire quoi que ce soit. Celui qui veut s’enrichir est au contraire obligé de faire quelque chose. Et à vrai dire, il doit faire quelque chose d’agressif : il doit soustraire de l’argent à quelqu’un. Gagner de l’argent est donc une forme d’agression du point de vue étiologique, appartient à la seconde étape orale, celle de la morsure, dans laquelle il y a toujours des pulsions partielles sadiques qui s’associent au désir d’incorporation. » (Psychanalyse de l’argent, page 39)
On se doutait que les excès de propreté chez les CIO, tirés à quatre épingles et semblant sortir de leur salle de bain, chez certains politiques, comme Georges-Louis Bouchez, volontairement négligé, mais imprégné d’eaux de toilette ou poudré à la Didier Reynders pour s’aller faire admirer sur RTL-Tvi, parce que dans leur profondeur sui-generis, ils sentent la merde !
Divine odeur pour certains, mais qu’il faut cacher comme un trésor, surtout pour ne pas éveiller la convoitise d’un concurrent jouant d’une autre martingale anti-sceptique.

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Il semblait bien ainsi que leur intérêt pour « la réussite » à savoir la domination par la ruse et par une forme d’escroquerie morale pour faire « rendre » à des individus, la plus grande partie de ce qu’ils ont gagné en travaillant, ne pouvait venir que d’une constipation du chef, signe évident d’une « retenue », fruit occlusif de ses réflexions !
Poussant plus loin l’étron bienfaisant dans leur satisfaction de le conserver jalousement dans leurs tréfonds, ils ont multiplié l’excédent de profit par la division du travail.
Cette idée ne pouvait venir que d’un ingénieur constipé, naturellement rêveur sur la lunette, tirant des plans sur les rouleaux de papier toilette. Aussitôt admise comme une prodigieuse découverte, le béhaviorisme est bien né d’une paresse intestinale.
Ainsi, ils ont compris qu’acheter de l’humain puis le bien encadrer pour produire, était une occupation à plein temps. Comment éviter la distraction ou la négligence qui était pour eux comme une sorte de vol sur l’heure payée ? Mais en tuant toutes les satisfactions de l’être humain qui résulterait de l’usage équilibré de ses facultés. Par suite logique, ils ont condamné leur personnel à l’entérite, service rapide défécatoire avant l’entrée dans le circuit de la chaîne de montage ou du bureau à prise directe sur les performances.
Alors que le CEO se complaît des heures au « lieu », il serait inconvenant que le salarié en fît autant.
Le top, c’est d’épurer le travailleur en le débarrassant de toutes les facultés et besoins du corps et de l’esprit. Aussi sûrement que les organes dépérissent lorsqu’ils ne sont pas utilisés, la spécialisation et la désaffection de tout facteur extérieur inhérents à la division du travail poussent l’être humain à la maladie physique et psychique. Une certaine atrophie du corps et de l’esprit est absolument inséparable de la division du travail dans son ensemble.
De cela le CEO avide et le PDG ondoyés d’eau de toilette cherchent avec inquiétude cette odeur de remugles personnels, assurance de leur réussite, par le pouvoir olfactif nidoreux subtilement présent.
L’ascétisme de ceux qu’ils dépouillent est le gage de leur réussite. Il y a toute une littérature là-dessus, montrant le bien fondé de leurs actions. Quand ils ont des doutes sur le coulage de leur méthode et comment peuvent encore s’en sortir ceux qu’ils exploitent, on prétend que certains de leurs psychologues leur suggèrent de tirer quelques chasse d’eau sur les infimes brens qu’ils laissent par mégarde s’échapper de leur magistrale entité.

6 janvier 2023

LES SYNDICATS ENTRE VORACES ET CORIACES.

Le peuple au travail ne se bat contre lui-même qu’à son corps défendant, à défaut de s’en prendre à ses suborneurs, hors d’atteinte encore, qu’il en soit crédité.
Une des plus navrantes aventures fut celle des Comités associatifs ouvriers, syndicats corporatistes d’une gauche hors PS. Sur la fin des Trente Glorieuses, ces Comités rêvaient encore d’un chambardement politique et économique, alors que les « affiliés » partaient sur la pointe des pieds commander leur nouvelle bagnole chez le concessionnaire du coin.
Un délire comitard fut celui de l’AAG, syndicat du Livre indépendant, probablement la plus ancienne opposition au patronat, inscrite dans l’Histoire des mouvements ouvriers dès 1846 sous le nom de « Société Typographique Liégeoise ».
Ce premier acte de résistance fut camouflé sous la forme d’une mutuelle secourant les plus accablés par le mauvais sort. Les associations syndicales étaient interdites par la loi Le Chapelier, appliquée depuis 1791. Jamais, par après, dans l’histoire syndicale, il ne fut question d’abandonner le principe de la Lutte des Classes, inscrit dans la Charte de Quaregnon (1894).
Pourquoi ce rappel ?
Parce que jusqu’à sa disparition, le syndicat du Livre avalé par le SETCA, offrait la curiosité d’avoir un comité marxiste, régulièrement réélu par des membres qui étaient aux antipodes, rêvant aux possibilités qu’offraient les crédits, de goûter au charme de la consommation.
Ce comité était loin d’être homogène. Il y avait l’espion des patrons, le pantouflard se croyant aux urgences en cas où il serait licencié, le drôle de type qui ne disait jamais rien et quelques marxistes suspectant les maoïstes et même deux staliniens d’accord avec personne.
Seule, l’extrême gauche, regroupée pour la circonstance, occupait tous les postes. Les autres n’en fichaient pas une secousse, goguenardant sur l’activité débordante des « rouges ». ceux-ci fort inoffensifs sans partisans parmi les syndiqués, mais honnêtes, abattaient tout le travail, ordre du jour et secrétariat compris.

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Les discours sur la lutte des classes touchaient au grandiose, les plus inventifs se voyaient aux barricades comme Gavroche en 1832, rue de la Chanvrerie, pendant l'Insurrection parisienne de juin.
Il y avait un tel décalage entre ce que pensaient les membres actifs du comité et les syndiqués, qu’on se demande encore aujourd’hui à quoi tenait un tel aveuglement ?
Touchant à la réalité des rapports de force entre les employeurs et leurs personnels, l’observation était facile et ce qui en découlait l’était davantage, personne ne prenait au sérieux les désirs de table rase des extrémistes, surtout pas les affiliés bien d’accord avec les patrons.
Finalement, les Jaunes, les nonchalants et les pas-sérieux étaient dans le vrai.
Ce comité marxiste n’était pas le seul. D’autres syndicats avaient les mêmes fervents de la Charte, fiers d’en être et sûrs de la proche échéance où les comptes allaient se régler entre exploiteurs et exploités.
Les quelques expériences de grève ciblée tournaient au désastre. En assemblée le personnel était pour la grève. Le jour « J » les marxistes et quelques farfelus à la porte de l’entreprise se faisaient bousculer par les mêmes qui avaient voté pour et avaient changé d’avis au cours de la nuit, prêts à se battre contre le syndicat pour défendre le droit au travail !
Cinquante ans plus tard, les marxistes ont disparu des Comités syndicaux, ils ont été remplacés au fur et à mesure des départs à la retraite par des professionnels diplômés en guichet d’accueil, pourvu d’une connaissance aléatoire minimale pour répondre à toute question de droit du travail, peu intéressés par la Charte de Quaregon, l’ignorant même pour la plupart, n’ayant par ouï dire en mémoire qu’un certain Marx avait écrit jadis « Das Kapital », traduit en français et toujours vendu en librairie, un ramassis de conneries que d’anciens militants lisaient encore la larme à l’œil.
Figurez-vous que l’ex friand consommateur, touriste syndical désœuvré, est revenu de son rêve américain, avec le sentiment d’avoir été cocu par les propagandistes de la société libérale. Encore quelques colères et quelques chômeurs de plus, il regrettera les farfelus des années soixante prenant au sérieux dans des discussions interminables, la différence entre stalinisme et léninisme. Bien sûr, aujourd’hui encore, ces conversations d’un autre âge sont toujours aussi stériles et peu compatibles avec le marasme économique-écologique qui nous tombe dessus. Ils nous manquent ces décrocheurs de lune, à l’affût d’un grand soir avec barricades et mortiers à fusées d’artifice. Ils incarnaient malgré tout et sans le savoir, la liberté de penser en faisant la nique à l’autorité, tout en échafaudant des plans d’évasion pour des ailleurs illusoires, mais ils étaient si naïfs et chaleureux !

5 janvier 2023

Quel rapport entre immigration et délinquance ?

Faut-il être gonflé pour aborder un sujet pareil, de quoi se faire injurier par une moitié des lecteurs et se faire encenser par l’autre !... sauf si on est assez con pour se croire assez malin à passer entre les gouttes.
Du point de vue électoral, le peuple se sent privé de représentation et dépourvu de prise sur la décision politique. De ne l’avoir pas compris, le PS, tout en restant le premier parti de Wallonie, perd de sa superbe à chaque législative.
La cécité de ses leaders qui s’imaginent qu’on adhère au parti pour eux est sidérante.
Le dernier à s’en mordre les doigts fut Jean-Claude Marcourt qui crut que les militants le retiendraient par la manche, l’empêchant de descendre du perchoir du parlement wallon. Alors que sa chute s’accompagne d’un « ouf » de soulagement général.
Non seulement cette gauche-là ne reconnaît plus le peuple, mais elle est amenée par des combinaisons de parti à le réprouver dans des gouvernements de coalition, droite-gauche. Qu’avons-nous retenu d’Elio Di Rupo lorsqu’il fut premier ministre, sinon des mesures restrictives rendant plus contraignant l’accès des jeunes au chômage ?
Un mur s’est dressé entre les élites et la population, entre une Belgique officielle avouable, pétrie de nobles sentiments et un pays des marges déposé dans l’ignoble, qui puise dans le déni opposé à ses difficultés d’existence l’aliment de sa rancœur.
Aujourd’hui, l’abandon des buts et des moyens du socialisme est opportunément masqué par une campagne antiraciste à propos de la montée des violences qu’infère la responsabilité de l’immigration clandestine, sur la partie la plus éprouvée de la population.
En couvrant leur corruption du sceau de la morale, les partis sont en campagne contre un racisme fruit de l’exaspération populaire qui semble être l’avatar bienvenu, dans le cas d’une économie en état de crise raclant les fonds de tiroir. La preuve, les Lois contre les mots et l’interdiction de s’en servir.
La démocratie est un régime qui prend le risque d’ouvrir la porte aux démagogues. Avec cette campagne permanente contre le racisme, nous y sommes.

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La société politique belge n’a pas été capable de faire face au problème de l’immigration. Les pays voisins non plus d’ailleurs. Cependant, c’est trop facile de faire porter le chapeau à l’Europe en reportant sur celle-ci toutes les erreurs que nous avons commises du chef d’un Etat souverain.
Ce problème a été longtemps évité par un accablant portrait du citoyen raciste qui refuse d’ouvrir grands les bras à l’infortune venue d’ailleurs.
Deux sentiments contradictoires se sont immédiatement opposés tenant les partis en éveil. Le mauvais avec au sommet une extrême droite prête à accréditer la thèse du grand remplacement. Le bon avec toutes les associations bénévoles dans un bouquet dont l’ornement principal est SOS Racisme et ses dérivés. Ces derniers, fussent-ils les meilleurs, ne sont pas une politique, ce dont nos partis ne se sont pas aperçus.
Abandonner le terrain avec le secret espoir que le bon vaincra le mauvais est une illusion qu’Alexander de Croo cultive avec tendresse.
La vocation de tout gouvernement est de se résoudre à l’action quand il y a urgence. Ce serait une grave erreur d’abandonner le terrain à l’affrontement entre le délire xénophobe et la « fantasmagorie égalitaro-différentialiste » (Marcel Gauchet). C’en serait une autre de se focaliser sur la seule question de l’immigration.
La petite délinquance, l’incivilité dans les écoles et l’insécurité dans les transports en commun ont plus fait que maints autres facteurs communément évoqués, pour modifier le climat des rapports entre les gens.
Abandonner la question de l’immigration aux seuls acteurs de la philanthropie accueillante serait donner à croire qu’il y a un rapport étroit entre la question de l’immigration et la délinquance que l’on veut nous cacher en surinformant sur les sauvetages en mer, mais aussi les noyades, etc. Or, s’il en existe indubitablement un, il est important d’en limiter l’exacte proportion pour n’en pas accabler la population immigrée et d’en faire une cible à toutes les malveillances.
Une technocratie moderniste et un engorgement des dossiers dans les procédures dû au manque de personnel sont propices au renoncement de fait devant « la petite délinquance », justement celle qui affecte les habitants des quartiers. Le ménage est fait entre l’important et le subalterne, d’où le nombre inquiétant de dossiers sans suite, voire de plaintes non instruites et abandonnées parfois à l’insu du plaignant. C’est inadmissible.
Manquer au devoir de protection qui engage le pouvoir envers les citoyens, c’est remettre en cause les raisons qui font la démocratie. Nous avons besoin d’être informé sur la petite délinquance, ses origines, ses causes, comme de connaître avec exactitude la part qu’y prend l’immigration. Enfin, nous attendons de tous les futurs gouvernements des actions sérieuses de lutte contre ce fléau.

3 janvier 2023

DES CRIS SILENCIEUX…

Ras la frange de cette démocratie au faîte d’une violence physique jamais égalée qui réfugie sa morale de façade dans des interdits de mots comme « nègre » ou « youpin », soi-disant pour prévenir les susceptibilités des uns, devant la montée du racisme des autres.
C’est bien Samuel Leroy Jackson dans le film de Tarantino « Jackie Brown » qui se traite lui-même de « négro ». Mon meilleur copain du temps des écoles, hélas décédé aujourd’hui, était Juif et adorait raconter à la bande de potes des histoires de Youpins ! Quand on l’est, on peut. Quand on ne l’est pas, c’est interdit ! On pouvait croire avant que les Lois étaient faites pour tous. C’était faux !
À l’époque, personne ne s’en émouvait, même les « gros » racistes ne pouvaient s’empêcher d’en rire.
Incapable de rendre la Ville paisible, cette société se défoule sur les intempérances verbales dont elle cannibalise et ostracise les locuteurs. Plus facile de verbaliser un mot qu’un type dangereux sur le trottoir qui menace les passants.
Des mauvaises pensées, Paul Valéry en eut de pleins cahiers. Il n’est pas dit que celles-ci épluchées ne lui valussent pas la correctionnelle en 1936, si cette année-là avait été la jumelle de 2023. Quant à Voltaire, on ne sait pas les années de prison…
Voilà le hic, la Belgique ne rit plus et clôt le bec par la Loi à ceux qu’avant on considérait comme des petits cons racistes, mais que leur connerie ne mettait pas au ban de la société.
Ce respect réglementé ne découle pas de la morale, mais d’une culpabilité sans cesse rappelée des Blancs qui, du temps des colonies, ont humilié et fait souffrir les Noirs, disent les autorités morales.
Admettons. Mais c’était il y a cent ans. Je n’y étais pas. L’Histoire nous apprend aussi que tous les colons n’étaient pas des salauds qui faisaient leurs petites saloperies jusqu’à tard dans la nuit, ni les Pieds-Noirs d’Algérie, ni les Békés, ni les Blancs-péyi aux îles, avant de voir le film « il est minuit docteur Schweizer ».
Cette société qui se veut « purifiée » n’a même pas le respect des morts. Le roman policier d’Agatha Christie « Dix Petits Nègres » renommé en 2020 « Ils étaient dix » le fut sans son autorisation puisqu’elle est morte en 1976, à une époque où l’on n’était pas encore les culs coincés que nous sommes devenus.
Bien entendu les suiveurs du courant d’opinion, les partis politiques ont sauté dans la brèche et sont entrés en compétition sur l’implacabilité d’une loi enfermant les racistes dans une détestation qu’ils voudraient générale, alors que les gens s’en fichent au point que chacun cultive son petit racisme rigolo sous cape.

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C’est à croire que tous les Blancs sont racistes et que les Noirs, « toujours » victimes, ne le sont pas !
En bridant les cons sans oublier la muselière, aurait-on peur de leur nombre et des réactions d’une frange nouvelle de la population qui s’impose en s’invitant sans être nécessairement attendue, d’une couleur de peau autre que la nôtre ?
Qu’est-ce que les imbéciles heureux qui sont nés quelque part et qui sont encore majoritaires dans ce pays en peuvent de la diversité des mœurs et des cultures que les transhumances du SUD vers le NORD ont facilitée par les moyens accrus de transport ?
S’il fait bon vivre mieux ici qu’ailleurs, c’est que nous n’avions jadis pas si mal réussi. Est-ce une raison de changer nos mœurs et notre culture, parce que d’autres estiment que la leur est supérieure ?
Qu’est-ce que ces politiques de droite qui aboient sur des malheureux poussés par le désir capitaliste d’améliorer leur barbaque et qui campent sous nos ponts en espérant nos lits ? Qu’est-ce que les vitupérations imbéciles d’une gauche au bord de la crise nerveuse dès qu’on trouve l’islamisme encombrant et sa religion aussi abscons que la chrétienne et qui invective leurs propres citoyens dont le point de vue n’est pas le même sur un père Ubu enturbanné et barbu ?
Si on en est là, c’est la faute à cette Europe asexuée qui rapetisse tout à l’aune du CAC 40 et qui se fout du reste. C’est la faute à cinquante ans de politiques politiciennes du « Je vais voir ce que je peux faire » et qui se résume à « Ça va s’arranger tout seul ! ».
Plus on avance dans ce brouillard anti-permissif, plus on aura à déplorer l’obligation qu’on a de la fermer, sur ce qui n’était déjà qu’une esquisse de la démocratie en train de nous filer entre les doigts.
Scutenaire, ce bon vieil anar bruxellois, en avait une bien bonne « moi raciste ?... je déteste aussi bien les Blancs que les Noirs ». N’en détestant qu’un seul, les beaufs ne peuvent même plus être modestes par l’obligation de la loi.
Le sommet de la tartuferie réside à Laeken, parmi quelques hectares de verdure, au milieu des taudis de 50 m² et des villas à 300 m² du faubourg, dans la parfaite conformité aux règles nouvelles qui fait du dynaste, un surveillé de près par la bienséante Chambre des représentants, et qui, mine de rien, vous a finalement les allures d’un Napoléon III, avant ses pierres aux reins. Poli, courtois et tout, hautement bienveillant, parangon des vertus, le dynaste couvre sous ses ors et décorations une répression de l’oser dire comme sous le règne du neveu de Bonaparte.
Personne dans ce pays ne moufte contre le vent mauvais qui empêche tout le monde de l’ouvrir parfois de travers, ce qui fait tellement de bien en ces temps de chien qu’on a l’étau des sphincters qui se desserre !
C’est si bon de rire ! De soi d’abord, par élégance, des autres ensuite par une bénigne méchanceté qui, au moins, ne fait pas de morts au nom de l’Islam !
Ah ! la panse de Gargantua secouée de son rire devant nos petites gueules tristes !...

2 janvier 2023

Liberté et égalité.

De l’éternel débat entre liberté et égalité depuis la définition d’Alexis de Tocqueville (1805-1859), jusqu’à l’économiste Rawls, résulte une incompatibilité insoluble.
Écrit de la sorte, l’affaire est entendue et le lecteur n’a que se débrouiller s’il n’a pas lu « De la démocratie en Amérique », ce qui pour un auteur publié au milieu du XIXme siècle, ne doit pas être fréquent. L’œuvre de Rawls (1921-2002) plus récente, ne se lit que dans les milieux spécialisés.
Comment rendre des informations importantes compréhensibles pour tous ? Tout le monde n’est pas économiste. Comment se faire une opinion, dès lors que l’on sait les journalistes, spécialisés en économie et en philosophie des valeurs traitant de la liberté, étant tous des menteurs ?
Il manque un vulgarisateur honnête capable d’écrire en toutes lettres que le système économique libéral, quand il s’analyse à propos de la « liberté », est incompatible avec une démocratie tendant à l’égalité entre les citoyens.
Ce n’est pas rien ! Quand Georges-Louis Bouchez feint une grande émotion en parlant de la Liberté pour tous, il ment effrontément, sauf s’il est lui-même la dupe de ses grands prédécesseurs qui ont martelé ce mensonge sur tous les tréteaux de la propagande, comme la représentation la plus pure de la vérité.
Inutile de revenir sur la prétention du MR de donner du sens à cette liberté. Tout le monde aura compris qu’il s’agit seulement, pour ce parti, de la liberté d’entreprendre, dispensatrice de toutes les autres liberté, jurent-ils, alors qu’en réalité, elle les étouffe.
Ce courant de pensée libérale jette le trouble dans l’égalité naturelle de tous, qui supposerait le même accès aux libertés essentielles, par exemple que nous soyons tous en bonne santé avec un quotient intellectuel identique et que nous ayons été éduqués de la même manière, par des parents procédant à l’identique. C’est évidemment impossible. Cela supposerait que la société corrige les handicaps des malchanceux par des avantages sur la ligne de départ. S’il y a bien une chose que le libéralisme déteste, c’est bien un système de compensation qui réduirait les inégalités avant la confrontation.
Tocqueville, fin connaisseur de l’âme humaine, en a limité l’influence « Il y a en effet une passion mâle et légitime pour l’égalité qui excite les hommes à vouloir être tous forts et estimés. Cette passion tend à élever les petits au rang des grands ; mais il se rencontre aussi dans le cœur humain un goût dépravé pour l’égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté. » Comme si l’inégalité dans la liberté n’était pas la première des servitudes ! À supposer que Didier Reynders, grand lecteur de Tocqueville, soit d’accord sur l’individualisme, chacun devrait aller à la bagarre avec les armes qu’il a et tant pis pour ceux mal armés d’un lance-pierre.

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« L'individualisme est un sentiment réfléchi qui dispose chaque citoyen à s'isoler de la masse de ses semblables de telle sorte que, après s'être créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même », ainsi Tocqueville prône l’individualisme comme l’élément central pour la conquête de la liberté, tout en reconnaissant que ceux qui réussissent se détournent de ceux qui échouent, créant les ferments de l’inégalité dans sa conception de la démocratie. L’hystérésis persiste chez Rawls comme le souligne Francisco Vergara « …fortement influencé par le vocabulaire et certaines formes de raisonnement issus de la théorie économique néoclassique, Rawls donne une version biaisée de l'utilitarisme, consistant à confondre « bonheur » avec « satisfaction des désirs ».
Une démocratie libérale est donc un non-sens puisque les principes du libéralisme ne concourent pas à l’amélioration de la démocratie dont le but, ne l’oublions jamais, est de rendre à chacun le même pouvoir dans la liberté d’être ce que l’on veut, sans attenter au même principe chez les autres. Or, ce qui sépare à jamais la plus grande partie des citoyens de ceux qui ont réussi à se hisser au-dessus d’eux, ce sont justement les inégalités qui ont joué à leur avantage, empêchant ainsi de donner à plein le même principe chez les autres.
À partir de ce fait, la sanction tombe. Le citoyen passe du statut d’homme libre à celui d’employé chez autrui, ouvrant toutes les spéculations sociales et politiques entre exploitants et exploités. Quand bien même eût-il persisté dans sa quête de la liberté en s’installant « à son compte », on peut aujourd’hui mesurer les galères qui l’attendent, pour finir au constat de l’effondrement de la classe moyenne inférieure, dont il aspirait en être.
C’est même un caillou dans la chaussure de GLB, l’échelon du petit commerce dont il faisait un marchepied pour un accès à la haute bourgeoisie, casser net sous la tempête économique.
Ce n’est pas ce seul strate social qui échappe au libéralisme mais le fonctionnement global.
Intellectuellement tous les signes indiquent que l’aventure libérale telle qu’elle se survit actuellement est à son déclin, matériellement elle poursuit sa course folle au profit et à son proguctivisme, sans tenir compte de ses nuisances.
Qui pourra arrêter cette vieille bête économique à temps ?

1 janvier 2023

VŒUX DE RICHARD3.COM

Un pognon de dingue ! Cette répartie de Macron lors de ses shows-propagandes pourrait être des vœux à prononcer pour les Belges qui ne s’en sortent plus, quoique ayant un emploi régulier. Une grande maison, chauffée et éclairée sans limite, un grand jardin et dans le garage, les premiers moyens d’explorer le monde, c’est ce que mérite qui travaille sans rechigner et lever la tête.
Mais oui, où passe ce pognon de dingue dont on ne voit pas la couleur ?
On devine en lisant les journaux que certaines réussites ne sont pas étrangères à la disparition des masses d’argent. Les CIO qui tiennent à leur carrière, en mettent suffisamment de côté pour rémunérer grassement leurs actionnaires. Metro Group, la maison-mère allemande des supermarchés Makro, par la vente de ces magasins en Belgique, échappe aux défrayement des personnels licenciés. Cette vente-délestage va contribuer à l’encaisse de l’année 2022. Les dividendes de l’actionnaire de Metro Group vont certainement augmenter.
Les mécanismes financiers mettent suffisamment à l’abri des masses d’argent pour que, quoi qu’il arrive, l’actionnaire d’un grand groupe soit toujours largement ondoyé par des flots de rétribution des capitaux engagés.
Ces gens qui ne produisent rien font en sorte d’imposer au travail sa dîme envers eux. De plus en plus conséquente d’année en année, elle atteint dans certains grands groupes des sommes tellement faramineuses qu’elles mettent parfois l’entreprise en danger.
Ce tour de passe-passe entre capitalisme et néolibéralisme est à l’origine du triomphe de l’actionnariat.
Qui pourrait contrôler en Europe, un actionnaire dont l’entreprise décentralisée fabrique au Vietnam ou en Inde, des médicaments dont nous avons besoin ?
Un autre capteur du travail des gens se trouve au-dessus de nos têtes régissant nos destinées collectives. La part de cet autre pouvoir sévit dans les taxations sur les revenus du travail et les prix des biens et marchandises, les héritages, les services, les baux, jusqu’à l’air qu’on respire suspect de CO².
Les prélèvements sur le travail des citoyens sont-ils équitables par rapport aux prélèvements sur le capital ? Question non tranchée par les partis qui ne se sont jamais accordés jusqu’à présent et qui ne sont pas près de l’être.

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Cette question sans réponse en cache une autre glissée sous le tapis. Elle concerne les dépenses de l’État en notre nom. Les coûts de sa représentation que le citoyen approuve à chaque élection sont depuis toujours disproportionnés dans les rémunérations et le nombre de rémunérés qui siègent de la Commune au Fédéral dans toutes les instances. Le fonctionnement de la machine administrative est en proportion à peu près prohibitif et donc semblable.
Cette perte de revenus du travail s’élève à plusieurs dizaines de milliards chaque année.
Lorsqu’un premier ministre à un budget en déséquilibre, ce n’est jamais dans ce pactole qui s’évapore aussi vite que celui versé à l’actionnaire du privé, qu’il cherche des économies, mais dans le social et dans la précarité de ceux qui sont dans la maladie et le chômage.
Il existe au niveau de l’État des officines de contrôle, comme la Cour des Comptes, qui ne sont pas autorisées à donner des avis sur les rémunérations des personnels représentatifs, puisque celles-ci sont du domaine du Parlement, c’est-à-dire que la responsabilité revient à ceux qui en bénéficient. C’est comme si on laissait aux employés le soin de déterminer leur salaire, plutôt qu’aux employeurs !
Assaillis de toute part, dépouillé par un néolibéralisme agressif, l’employeur et l’État, le citoyen lambda est mal parti au démarrage de 2023.
Il porte tout sur ses épaules : le bourgeois parasite qui vit de son travail directement, l’actionnaire qui prélève sa part loin des regards jaloux de la multitude, l’État enfin, mi-figue mi-raisin, qui y va carrément, tout en jouant les mères-poules en sauvant, de-ci de-là, certaines franges de la population en grand péril.
Pourquoi en ce début d’année ressent-on plus le poids du parasitisme actif du système que les années précédentes ? L’usure du temps y est pour quelque chose. On ne peut pas entendre les mêmes discours sur la politique et l’économie depuis tant d’années sans bouillir intérieurement. Le ras-le-bol et la dépression sont les signes d’un trop plein de ressentiments et d’amertume. La crise économique, conséquence de la grossière erreur de l’État de n’avoir pas été plus ferme sur les méfaits du néolibéralisme et aussi pente naturelle du capitalisme allant de soubresaut en soubresaut, vers on ne sait quelle finalité. La vision enfin, de ce que ce système a dégradé la nature et le monde. Conséquence de ce que les riches coûtent aux pauvres, car en fin de course, quand il sera l’heure de payer les conséquences du saccage de l’environnement, les pauvres qui n’auront jamais vécu l’euphorie du désir accompli, devront payer les dégâts au même prix ceux qui s’en sont tapés bien au-delà du raisonnable. .